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La. question de la souveraineté et du nationalisme africain face aux processus d'intégration sous régionale en Afrique subsaharienne: le cas de l'Afrique centrale

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par Willy MUKADI SABUE
Université Officielle de Mbujimayi - Licence en Relations Internationales 2016
  

Disponible en mode multipage

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EPIGRAPHE

« Si nous ne voulons que l'Afrique centrale soit le dernier wagon du train de l'émergence, abandonnons nos égoïsmes et nos nationalismes au profit d'une politique volontariste d'intégration, au profit de nos populations. Créons un véritable espace politico-économique intégré. »

IDRISS DEBY

IDRISS DEBY

DEDICACE

L'honnêteté socio-spirituelle nous oblige de nous acquitter du devoir spirituel de bien reconnaitre la primauté en tout et dans tout du Père Tout Puissant, Dieu des Apôtres qui nous a créé à son image, et pour ce il nous a doté d'intelligence et de sagesse d'être à la hauteur de l'essence créatrice, et ainsi devenir des créateurs scientifiques. A lui gloire, humilité, louange et obéissance.

C travail étant une production d'inspiration scientifique et sociale nous oblige de le dédier à tous les scientifiques africains et tout le peuple africain dont la seule vision reste la conviction d'appartenir et d'édifier l'unité africaine.

AVANT-PROPOS

Le processus d'intégration régionale lancé depuis les heures du réveil africain semble jusqu'à ce jour être un cauchemar. La réalisation d'une intégration économique présente plus d'avantages que d'inconvénients pour le groupe intégré dans son sens original. Mais la réalité africaine nous témoigne un coup raté de l'intégration, cela suite aux obstacles qui sont d'ordre politique, économique, idéologique et socioculturel.

De ces obstacles les plus majeurs sont couverts par le nationalisme et le souverainisme africains qui bloquent l'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale. Cet état de chose semble trouver une majeure part de réponse dans les mutations récentes connues par le continent en matière d'instruction de son élite qui est aujourd'hui quantitative et qualitative, mais aussi des implications de nouvelles technologies de l'information et de la communication, bien qu'en phase de démarrage. L'éveil scientifique et la prise de conscience restent les seules caractéristiques qui doivent marquer les africains partout où le débat sur l'Afrique est engagé.

C'est dans cette perspective que nous avons, à la fin de nos études universitaires, souhaité nous marquer aussi dans cette logique en confirmant notre part de responsabilité dans la réalisation du recours à l'africanisme.

Cependant, ce travail est le fruit des connaissances que nous avons accumulées dans notre cursus universitaire à l'Université Officielle de Mbujimayi, et cela grâce aux enseignements méthodologiques et objectifs y reçus à travers le concours des professeurs, des Chefs de Travaux et des Assistants que cet alma mater a mis au service de la communauté scientifique. Ce qui nous pousse d'être très reconnaissants envers toutes les autorités académiques et enseignantes de cette institution publique d'intérêt commun.

L'encadrement et l'orientation de nos idées qui au départ ont été ramassées en vogue ont bénéficié de l'approbation savante du Professeur Ordinaire Godefroid KABENGELE DIBWE qui malgré ses infinies occupations a accepté la direction de ce mémoire. Ce geste plein d'enthousiasme et de constructivisme lui vaut estime, mérite, dévouement, considération et gratitude de notre part.

Le sacrifice scientifique plein d'amour du Chef de Travaux Guy Lebel NTAMBUE nous a été très propice pour parvenir à la réalisation de cette oeuvre scientifique car il a été à tout moment disposé à nous critiquer, nous orienter et nous perfectionner dans l'analyse des phénomènes socio-scientifiques afin que nous devenions aussi partisans de l'école des meilleurs et des savants.

Nous élevons à cette occasion la force vitale de ce que nous somme en ce jour, Christine KABINDA, ma très chère mère, et Beatrice ILUNGA, ma très chère et aimable marâtre pour nous avoir soutenu malgré les hauts et les bas, depuis notre premier jour sur cette terre jusqu'en ce jour historique de notre vie. Avec toute mon affection, que vos souffrances endurées puissent trouver à travers ce travail une récompense continue.

A vous cher Oncle maternel Lebon KABUE nous présentons nos sincères remerciements pleins de reconnaissance pour votre soutien tant spirituel, moral que matériel qui a été pour nos études une grande contribution. Une reconnaissance toute particulière et singulière est unilatéralement orientée vers l'Honorable Prosper BUKASA NGOYI pour son soutien combien propice à notre édification scientifique depuis des moments.

Nous tenons à encourager la bravoure et la compassion de nos plus proches, ceux qui ont été avec nous dans tous les moments difficiles de notre vie dont Moïse MULOMBA, Alphonse TSHIBANGU, Jacques BONDO, Augustin ILUNGA, John TSHIBANDA, Steve SABUE, Emmanuel SULU, Sylvie KABONGO, Tantine MUSAU, René BUKASA, Lyly NZEBA, Alice NTUMBA, Johnny MPOYI, Beatrice KANYEBA, Elysée NTUMBA, Dédé BUKASA, Eric BUHANGU.

Que nos camarades et connaissances scientifiques dont Isabelle MBUYI, Joseph NYANDUE, Rachel NDJIBU, Patrick Bishop KATAYI, et ceux dont les noms ne sont pas cités dans ce travail trouvent une reconnaissance et une gratitude toute particulières dans ces lignes.

IN MEMORIUM

A vous notre regretté père géniteur, Dieudonné SABUE Santos qui nous avez quitté tant que nous vous aimions beaucoup et que nous avions besoin de vous.

A vous notre regretté frère, Michel KADIATA qui venez de nous quitter aussitôt qu'on a encore besoin de votre encadrement professionnel.

A vous tous qui nous avez précédé, que l'Eternel Dieu de grâce vous préserve et que la terre de nos ancêtres vous soit une meilleure demeure car un jour nous nous verrons.

SIGLES ET ACRONYMES

BDEAC : banque de développement économique de l'Afrique centrale

BDEGL : banque de développement des Etats des grands lacs

BEAC : banque des Etats de l'Afrique centrale

BVMAC : bourse des valeurs mobilières en Afrique centrale

CAE : communauté de l'Afrique de l'Est

CEDEAO : communauté économique pour le développement des Etats d'Afrique de l'Ouest

CEE : communauté économique européenne

CEEAC : communauté économique des Etats d'Afrique centrale

CEMAC : communauté économique et monétaire d'Afrique centrale

CEN-SAD : communauté des Etats sahélo-sahariens

CEPGL : communauté économique des pays des grands lacs

CER : communauté économique régionale

CESR : communauté économique sous régionale

CIRGL : commission internationale sur la région des grands lacs

COBAC : commission bancaire de l'Afrique centrale

COI : commission de l'océan indien

COMAI : conférence des ministres africains de l'intégration

COMESA : marché commun pour l'Afrique australe et orientale

COPAX : conseil de paix et de sécurité de l'Afrique centrale

COSUMAF : agence de régulation et de supervision du marché financier

CPIL/CER : comité de pilotage de la rationalisation des communautés économiques régionales en Afrique centrale

DSIR : document stratégique d'intégration régionale

EGL : organisation de la CEPGL pour l'énergie

FCFA : franc de la coopération franco-africaine (lors de la colonisation) ou franc de la communauté financière africaine

FOMAC : force multinationale de l'Afrique centrale

IGAD : autorité intergouvernementale pour le développement

IRAZ : Institut de recherches agronomiques et zoologiques des grands lacs

MARAC : mécanisme d'alerte rapide de l'Afrique centrale

MC : marché commun

MRU : union du fleuve Mano

NEPAD : nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique

NOEI : nouvel ordre économique international

NTIC : nouvelles technologies de l'information et de la communication

OIR : organisation d'intégration régionale

OMC : organisation mondiale du commerce

ONU : organisation des nations unies

OUA : organisation de l'unité africaine

PAL : plan d'action de Lagos

PMI : programme minimum d'intégration

PRSA : programme régional de sécurité alimentaire

RDC : république démocratique du Congo

SACU : communauté économique pour le développement de l'Afrique australe

SINELAC : société internationale pour l'électricité des grands lacs

SOCIGAZ : société commerciale et industrielle de gaz

TEC : tarif extérieur commun

UA : union africaine

UAM : union africaine et malgache

UD : union douanière

UDAC : union douanière de l'Afrique de l'Ouest

UDAE : union douanière de l'Afrique équatoriale

UDEAC : union douanière et économique de l'Afrique centrale

UE : union économique ou union européenne

UEAC : union économique de l'Afrique centrale

UEM : union économique et monétaire 

UEMOA : union économique et monétaire ouest africaine

UMA : union du Maghreb arabe

UMAC : union monétaire de l'Afrique centrale

USA : united state of america/ Etats unis d'Amérique

ZLE : zone de libre échange

INTRODUCTION

1. Présentation du sujet

Depuis les heures des indépendances, les dirigeants africains ont toujours aspiré à l'émergence et au développement intégral du continent. Cette raison a été matérialisée trop tôt au lendemain de la décolonisation dans la mise en place d'une structure internationale, l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) chargée de promouvoir l'émancipation totale du continent et de la promotion du développement.

Indépendance acquise, il faut dès lors penser à l'intégration régionale et la création d'un marché commun africain afin de concilier les tendances mondiales en matière du commerce et des relations économiques, sociales, politiques et le renforcement accru du processus d'intégration. Dans la plupart des pays, les efforts d'intégration se sont multipliés donnant ainsi naissance à des nombreux regroupements sous régionaux d'intégration.

En effet, la mise sur pied du plan d'action de Lagos (PAL) de 1980 et la signature du Traité d'Abuja en 1991, ont démontré la volonté commune des pays africains de créer la Communauté Economique Africaine (CEA) instituée par ce traité comme base du processus d'intégration régionale en Afrique. Cette communauté est dès lors le mécanisme incontournable du processus d'intégration africaine.

Dans une appréhension plus sémantique, l'intégration régionale en Afrique obéit au schéma classique fondé sur la proximité géographique, le voisinage immédiat des pays et la coopération politique à travers la coopération économique.1(*) Cela étant, des forces internes et externes puissantes commencent à modifier profondément les relations économiques au sein de l'Afrique et avec le reste du monde.

Au nombre de ces forces figurent le nouveau partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD), la nouvelle géographie économique où les pays riches cherchent une plus grande intégration avec les pays pauvres par le trais des accords commerciaux bilatéraux, et de nouvelles institutions du commerce international, à l'image de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Cependant, la multiplicité des Organisations sur le continent brouille l'analyse sur le régionalisme africain. Un trait commun à la politique étrangère des Etats africains au lendemain des indépendances a été l'activisme diplomatique. En effet, l'Etat nouvellement indépendant a besoin d'affirmer et de consolider sa souveraineté internationale à laquelle il vient d'accéder. Cet état de chose a laissé ces pays dans une psychose bidimensionnelle : d'abord de nouer les relations amicales avec ses voisins et d'autres pays pour consolider sa paix et sa sécurité ; et enfin de faire face à la puissance coloniale.

De ce fait, dans la plupart des cas, les pays africains se sont comportés comme des bifaces. Donc, pris dans l'agir collectif, ces pays se comportent comme partisans au processus d'intégration régionale enclenché sur le continent. De ce point de vue, tous les pays africains ont affirmé leur engagement à faire de l'intégration régionale un moyen par excellence d'amener le continent au développement durable.2(*)

Ensuite, l'agir ensemble des africains se heurte toujours à leur désir engagé contre toute tentative tendant à amenuiser leur souveraineté internationale acquise au prix du sang, et considérée comme domaine réservé de tout Etat digne de ce nom, indépendant et souverain.

De ce point de vue, le nationalisme couplé à la promotion de la souveraineté semblent les moyens adéquats du renforcement de la puissance de ces Etats dans un environnement où les plus forts ont tendance à assujettir les faibles et les exploiter. Cet état de chose est à la base de la résurgence des conflits armés interminable qui ont fondé leur foyer de tension en Afrique centrale.

Ce bidimensionalisme dans l'analyse de la question du développement de l'Afrique fait naitre ces deux volontés contradictoires qui couplées à d'autres problèmes qui guettent l'Afrique constitue un lot majeur des défis qui sapent tous les efforts ménagés pour le décollage du continent noir.

Face à ce tableau lugubre sur la situation de l'Afrique, nous avons estimé convenable de circonscrire notre réflexion sur la thématique suivante : `'La question de la souveraineté et du nationalisme africain face au processus d'intégration sous régionale en Afrique Subsaharienne : « le cas de l'Afrique Centrale ».

2. Etat de la question

Aborder une question d'analyse scientifique nous soumet au rythme de la comparaison des énoncés de plusieurs analystes des phénomènes internationaux et arriver ainsi à ressortir une démarcation afin d'apporter notre contribution à l'évolution des Relations Internationales comme discipline scientifique et/ou phénomène social. C'est la justification de cette partie du travail qui consiste à la révision de la littérature existante en la matière. En effet, un certain nombre d'ouvrage très significatif se récence autour de la question du processus d'intégration régionale en Afrique. Mais au regard de l'encours même de la problématique de la souveraineté et du nationalisme africain face au processus d'intégration sous régionale en Afrique centrale, une très peu abondante littérature se présente.

A cet effet, au nombre d'ouvrages consultés nous avons celui écrit par Louis Davin portant sur : l'« Economie régionale et croissance »3(*). Partant de la construction européenne, Davin constate qu'elle est née dans l'après-guerre, de la prise de conscience des dangers du nationalisme et des théories géographique qui définissent les ennemis en fonction de leur situation géographique et des prétendues «  leçons de l'histoire ». Un changement s'est en conséquence opéré au niveau de la stratégie des dirigeants politiques qui ont cessé de voir un ennemi en leurs voisins et sont allés au-delà d'une logique de politique étrangère reposant essentiellement ou exclusivement sur la politique de puissance. En fait, rompant radicalement avec la doctrine traditionnelle en matière de défense nationale, la France et l'Allemagne sont devenues le pivot de l'intégration européenne dans l'après-guerre. Cette nouvelle culture stratégique a permis la création de l'Union Européenne.

Par rapport à la réalité africaine, l'auteur précise que chaque région se développe en fonction de la situation spécifique dans laquelle elle se trouve et propose l'intégration ouverte. Cette ouverture implique avant tout, une société plurielle qui défende les valeurs de la démocratie politique, de la diversité culturelle et religieuse, de la libre concurrence, de la participation des citoyens, de l'associationnisme et de la souveraineté partagée. Ceci doit s'opposer fermement à la création des blocs fermés et doit défendre le multilatéralisme fondé sur le régionalisme.

Cependant, cette conception se référant sur la construction européenne implique d'abord des Etats qui ont déjà un vécu démocratique très poussé comme c'est le cas avec les pays européens qui au sortir de la seconde guerre mondiale, ont pris en mal de conscience leurs divergences au profit du communautarisme. Ensuite il faut ajouter le degré de développement que ces pays avaient déjà atteint avant de se lancer dans le régionalisme. C'est ainsi que nous propose un autre auteur, le modèle d'intégration des pays sous-développés.

En effet, Kaninda Kasonga Citenga dans son ouvrage intitulé ; « Regroupements régionaux et développement économique en Afrique noire » il propose l'intégration régionale dans son aspect volontariste ou dirigiste car selon lui, ce modèle d'intégration repose sur l'idée de solidarité. Cet espace ainsi intégré est pris pour espace de solidarité consciente : tous les membres du groupe doivent prendre conscience de leur mutuelle dépendance, de la communauté de leurs intérêts et de leurs responsabilités ; ils doivent ainsi acquérir peu à peu une disposition à obéir aux règles s'appliquant à la communauté entière.

C'est dire que l'intégration dépasse le cadre des seuls phénomènes économiques, elle met en jeu « la totalité de la vie sociale ». C'est ainsi qu'il faut bien réfléchir avant de se lancer dans l'aventure de l'intégration économique : le prix que l'on devra payer (Abandon de la souveraineté, sacrifices à la cause commune) n'est-il pas trop élevé par rapport aux avantages que l'on tirera de l'union ?4(*)

Certes, beaucoup de pays africains connaissent encore des particularismes ethniques ou locaux puissants. Leur unité nationale semble être récente ou en voie de se faire, en tout cas, elle reste fragile.

Paraphrasant les velléités et initiatives qui ont débouchés à la création de l'Organisation de l'Unité Africaine, Boutros Boutros Ghalil trouve que dès le départ, les leaders africains ont manifesté de très grandes divergences idéologiques sur l'avenir du continent africain postcolonial. L'auteur nous amène dans l'analyse sur le panafricanisme qu'il considère comme la prise de conscience africaine visant d'abord l'unité du continent africain.

Le leader ghanéen, Kwamé Nkrumah considéré comme père du panafricanisme postcolonial invite ses paires à la prise de conscience sur l'avenir du continent, qui, selon lui, doit former une dynamique agissante à mesure de permettre le continent de se soigner des blessures de la colonisation et intégrer le monde compétitif où il y a des blocs forts, disposant des moyens nécessaires pouvant manipuler la marche du monde.

Mais à cause de leur attachement à la souveraineté acquise de la colonisation, les dirigeants africains n'ont pas tardé à s'opposer à une telle idée de faire ide l'Afrique un seul espace politique et économique. C'est avec Léopold Cedar Senghor que nous comprenons ce contrepoids quand il déclare : « Nous avons sous-estimé la force actuelle, en Afrique du territorialisme, du micro-nationalisme. L'unité africaine n'est pas demain, pas même sous la forme des Etats-Unis d'Afrique pour lesquels je me suis battu...5(*)

De tout ceci, l'auteur constate que l'Afrique était morcelée tant par le nombre des Etats qui la composaient que par le nombre des Organisations interétatiques regroupant ces Etats. Cette double balkanisation présentait plus d'un risque pour le continent noir. D'abord parce que dans leur majorité, les nouveau Etats n'étaient pas de véritables nations et qui à tout moment le principe de self-détermination, qui dans une certaine mesure était à l'origine de leur indépendance, pouvait provoquer leur désagrégation.

En second lieu, la faiblesse et le sous-développement de la plupart de ces nouveaux Etats risquaient de les mettre à la merci des convoitises tant africaines qu'extra-africaines.

En troisième lieu, ce micro-nationalisme africain a provoqué l'éclosion des régimes autoritaires, peu favorables à la coopération interafricaine par ce que donnant la priorité aux problèmes de sécurité interne, au détriment de la sécurité continentale.

Enfin, l'élaboration des regroupements régionaux rivaux devait accentuer les tensions les rivalités africaines sur le plan continental, soit que ces regroupements aient une base linguistique, soit qu'ils traduisaient des liens spéciaux avec les anciennes métropoles, ou soit qu'ils expriment ces options politiques.6(*)

Fondant son espoir sur le progrès du continent africain, Jean Claude Masangu Mulongo arrive à conclure que le regain d'intérêt que suscite l'intégration régionale en Afrique constitue la recherche d'une identité socioculturelle dont les racines et la légitimité sont plus fortes que celle des Etats actuels. Il ajoute que la dimension régionale dans laquelle les Etats africains se sont engagés implique l'abandon progressif de certains éléments constitutifs de leur souveraineté au profit de la nouvelle structure panafricaine au-dessus de leurs compétences étatiques.7(*) Donc l'intégration en Afrique doit d'abord s'imposer comme l'unique moyen pour le continent de faire face aux défis de la mondialisation, à la compétitivité très poussée qui caractérise le commerce international, qui aujourd'hui est l'apanage des firmes multinationales.

Tous ces auteurs que nous avons lit à propos de cette question d'étude nous ont aidé de manière indispensable pour l'orientation de nos analyses. Cependant, ils ont proposés pour les uns la quintessence des efforts fournis par différentes élites africaine qui ont balisé le chemin de l'intégration afin que l'Afrique s'impose aussi dans le concert des nations comme une force parmi tant d'autres. Pour ces auteurs, dans la recherche des moyens pour la construction de l'Afrique, les divergences n'ont pas tardées à se manifester dans le chef de leaders africains sur la question d'un Etat africain et d'un espace africain composé des pays indépendants et souverains, mais qui resserrent leurs forces pour l'avancement du continent entier. Pour les autres, les avantages que le régionalisme comme mode d'organisation du continent qui vient à peine de se libérer de l'impérialisme européen présente pour le continent africain sont d'un apport capital l'érection d'une structure économico-politique africaine supranationale. Certes, point n'est le fait de détailler la conséquence de ces efforts qui se résument toujours en un processus balbutiant ou encore du comportement des élites africaines qui de ce fait, nous a conduit dans le régionalisme à double vitesse, c'est-à-dire le régionalisme qui doit toujours maintenir les Etats jouir de leur compétences souveraines contrarie avec la conception classique du régionalisme qui stipule la perte progressive ou totale de la souveraineté étatique au profit de l'émergence d'une structure supranationale comme le seul cadre d'ordonnancement politique, économique et juridique comme c'est le cas de l'Union Européenne.

Il faut donc à ce niveau, chercher d'abord les vraies causes de toutes ces divergences qui aujourd'hui ont produit un processus d'intégration atypique où il y a chevauchement entre les intérêts des Etats et l'intérêt régional. Au départ il faut comprendre que les africains ont été, avant l'occupation étrangère, bien organisés en des structures ethnico-politiques stables à l'instar des Empires et Royaumes. L'avènement de la colonisation qui se dit d'une mission civilisatrice, cette structure organisationnelle des Etats africains a été détruite sous prétexte d'instaurer un système de gestion et d'organisation moderne importé de l'Occident. De ce choc de civilisation est né une civilisation hybride qui ne répond ni au modèle original africain, ni à celui importé de l'Europe.

Toujours sur ce point, les colonisateurs, en traçant les frontières des pays africains à la conférence de Berlin de 1884-1885 après la chasse, ils n'ont pas tenu compte des réalités africaines, celles liées à l'appartenance à un ancêtre commun pour certains peuples ou appartenir à une nation8(*), à une même culture ou partageant les même liens sociologiques. Pour eux, ils ont utilisé la stratégie de « diviser pour mieux régner ». Cependant, après la colonisation, le premier défi pour les leaders africains était soit redéfinir les frontières des Etats avant de le déclarer indépendants et souverains, soit d'unifier tout le continent en un seul Etat fondé sur le panafricanisme, ou encore en une unité fédérale avec des Etats fédérés. Ces efforts entrepris par le panafricaniste ghanéen Kwamé Nkrumah ont été vite combattus par le modérés qui ont déjà été déculturés par les occidentaux avec lesquels ils avaient des liens très serrés. C'est le cas de Léopold Sédar Senghor et Modibo Keita qui pensaient que l'unité africaine reposait sur le respect intégral de tous les pays issus de l'héritage colonial, c'est-à-dire le maintien des frontières fixées à Berlin en 1885. Ces divergences ont engendré pour tous les leaders africains, la jalousie de leurs souverainetés sur les frontières issues de la colonisation d'une part, et l'instauration aux lendemains des indépendances des systèmes politiques fondés sur le parti inique totalitaire.

Donc, c'est cet état de chose qui fait à ce que, tous les pays se soient engagés dans le processus d'intégration, mais sans accepter de renoncer à leurs souverainetés et au primat de l'intérêt national, au détriment de l'intérêt régional. Ces divergences ont encore conduit les Etats africains à se regrouper dans des structures sous régionales très multiples soit afin de partager la même idéologie, ou soit les affinités mesquines. Ces nouveaux regroupements sous régionaux chevauchent dans leurs activités et bloquent le continent d'atteindre l'étape néo-fonctionnelle de tout processus d'intégration.

3. Problématique et hypothèses du travail

a. Problématique du sujet

Le processus d'intégration en Afrique tire sa révérence dans l'idéologie panafricaine de faire de l'Afrique un espace culturel, sociopolitique et économique intègre. Cette démarche se concrétise avec la création en 1963 à Addis-Abeba de l'OUA qui est au départ une organisation de coopération politique avec mission principale, l'accélération de la décolonisation, et ensuite la formation de l'unité africaine.

Afin d'atteindre sa deuxième mission, celle de l'intégration économique et politique du continent, l'organisation a encouragé la création des regroupements sous régionaux d'intégration afin d'accélérer ce processus. Dès le départ, cette ambition a été confrontée au micro-nationalisme et s'est heurtée à la souveraineté stricte des Etats-membres de ces organisations. Ce qui devient aujourd'hui un champ de bataille pour les acteurs du processus d'intégration.

Face à cette situation dialectique justifiée par la volonté des Etats africains d'adhérer ou de créer des organisations sous régionales d'intégration, mais aussi de maintenir leur attachement au nationalisme et à l'intégralité de leurs frontières héritées de la colonisation, il nous vient en idée la question majeure de savoir, pourquoi le processus d'intégration régionale en Afrique cohabite-t-il toujours avec le strict respect de la souveraineté étatique et de l'émergence, voire la montée en puissance du nationalisme ? Quels défis présentent la souveraineté et le nationalisme africain au processus d'intégration dans lequel le continent s'est lancé ? C'est alors sur base de ces questions qui constituent la problématique de cette étude, nous allons tenter de donner des réponses à travers nos hypothèses.

b. Hypothèses du travail

Ce travail s'inscrivant dans une perspective dialectique des faits et idées que constitue la démarche scientifique, l'hypothèse est une idée ou un ensemble d'idées qui présente une interprétation anticipée et rationnelle des phénomènes. Dans cette perspective, on peut dire que les hypothèses sont à la fois des questions que l'on se pose à propos de l'objet de la recherche et des faits recueillis par l'observation et les propositions de réponses à ces questions.9(*)

Ainsi, au regard des questions posées dans la problématique de cette analyse, il faut reconnaitre que face à l'accession à leur souveraineté internationale, les jeunes Etats africains ont d'abord besoin de confirmer leur souveraineté comme cadeau d'une lutte acharnée contre le colonialisme. Ceci se justifie par leur adhésion massive à l'organisation des Nations Unies en 1960 et dans d'autres organisations internationales afin de se confirmer comme acteurs majeurs de la vie internationale au même titre que leurs anciennes métropoles et bien d'autres pays.

Cependant, comme dit-ont la satisfaction d'un besoin engendre un autre besoin supérieur. Plus ils se confirment comme acteurs majeurs et complets de la vie internationale, plus ils doivent résoudre les problèmes internes du continent et faire face au retour néo colonial des Occidentaux. Face à cette nouvelle menace de recolonisation, un seul Etat pris isolement ne peut s'y mesurer, d'où la nécessité de s'unir pour se lancer dans cette lutte. C'est ainsi que Ntumba Luaba Lumu écrit : « le défi et risque de marginalisation économique et politique de l'Afrique indépendante a suscité une prise de conscience des leaders africains sur la nécessité de construire des blocs régionaux capables de l'aider à répondre à un double défi : faire face aux défis de la mondialisation économique, politique, et culturelle, mais aussi de resserrer les liens entre les Etats pour prendre en charge les besoins des populations qu'un Etat-seul ne peut faire ».10(*) C'est la raison même de la création de l'UA en 2002, le NEPAD en 2003,... donc, cette réalité impose aux africains d'opter pour l'intégration afin de faire face à ces nouveaux défis post coloniaux et de renforcer leurs structures nationales afin de répondre aux besoins internes de leurs Etats.

C'est ainsi que le leader guinéen, Sékou Touré explique cela en ces termes : « aucune de nos nations prise isolément ne saurait représenter valablement l'Afrique, ni réhabiliter totalement ses peuples. La civilisation africaine, la culture africaine, l'humanisme africain, en un mot `'la contribution de l'Afrique à la vie de l'humanité'', requiert de tous les peuples africains leur présence consciente et leur unité d'action sur le chantier de l'édification du bonheur universel »11(*)

Bien que lancés tous dans le processus d'intégration afin d'affirmer le dicton « union fait la force », ces jeunes Etats africains qui viennent de recouvrir leur indépendance et leur souveraineté internationale se veulent d'abord protecteurs de cet acquis arraché au prix des luttes sanglantes et des sacrifices en vue de faire face aux nouvelles tentatives de recolonisation et affirmer ainsi leur égalité souveraine avec leurs anciennes métropoles et avec d'autres pays africains qui s'avèrent puissants que les autres. A cet effet, Modibo Keita affirme que «  Si vraiment nous sommes les un et les autres animés de la volonté ardente de faire l'unité africaine, il faut que nous prenions l'Afrique telle qu'elle est ; il faut que nous renoncions aux prétentions territoriales si nous ne voulons pas instaurer en Afrique ce qu'on pourrait appeler l' « impérialisme noir ». L'unité africaine exige de chacun de nous le strict respect intégral de la totale souveraineté et de l'héritage que nous avons reçu du système colonial, c'est-à-dire le maintien des frontières actuelles de nos Etats respectifs. »12(*)

Cependant, le maintien du souverainisme et du nationalisme africains présente plusieurs défis au processus d'intégration régionale dans lequel le continent est engagé pour atteindre » son développement intégral. Le premier de ces défis c'est le détournement du gain régional au profit de l'intérêt national car tout Etat souverain met toujours au premier plan de ses efforts la prospérité nationale. Le régionalisme vise également à briser les frontières étatiques au profit du libre-échangisme et de la libre circulation des personnes, des biens et des services, alors que le souverainisme ou le nationalisme prône la primauté de l'intangibilité des frontières nationales et soumet les entrées au régime douanier et de contrôle pour la sécurité nationale et assurer ainsi le bien-être de la population grâce aux impositions ou barrières douanières ou une sorte de protectionnisme national qui est souvent exorbitant.

Enfin, le régionalisme vise à ériger une autorité supranationale ou régionale au-dessus de toutes ses composantes qui sont les Etats et leurs populations tandis que le principe de la souveraineté étatique stipule que l'Etat souverain ne peut subir ni injonction, ni limitation, ni soumission quant à affirmer son absolutisme sur ses sujets et son indépendance à une autre autorité externe qui se prévaudrait supérieure à son autorité. Ce qui peut trancher ce dilemme de choix ou ce dualisme c'est le choix optimum des leaders africain. Et ce choix doit privilégier le régionalisme parce que présentant plusieurs avantages au continent.

4. Choix et intérêt du sujet

a. Choix du sujet

Il est fondé de constater que depuis ce début du XXIesiècle,le débat sur l'avenir du continent africain s'articule autour des défis à relever dans le processus d'intégration régionale africaine.

Il s'agit des obstacles bloquant le processus d'intégration en Afrique. Ces obstacles ne se manifestent pas seulement dans le cadre de l'Union Africain qui est la seule Organisation continentale et régionale, mais aussi dans les communautés Economiques Régionales(CER), qui lui donnent sens.

Aujourd'hui, s'il est vrais que la dynamique de l'émergence de l'Afrique qui repose sur l'Union Africaine et l'actuelle avancée du continent dans ce processus avec l'apport très significatif des CER dans le cadre de l'accélération de son intégration sont des acquis majeur, que l'on ne peut remettre en cause, il est aussi nécessaire que l'on se donne le devoir de faire comprendre aux africain, à travers la crème intellectuelle africaine les contraintes auxquelles fait face le continent noir. Cette dynamique est devenue aujourd'hui une question d'actualité et tient toujours le haut du pavé dans l'arène aussi bien régionale qu'internationale. Raison pour nous d'y consacrer tout un travail scientifique à l'instar du mémoire de licence afin d'en analyser les dimensions et les contours.

b. Intérêt du sujet

Dans les discussions-critiques sur le processus `intégration sous régionale ou régionale en Afrique, il s'avère que la question de la souveraineté des Etats face aux exigences classiques d'un processus d'intégration, et celle fondée sur le primat de l'intérêt national sur l'intérêt collectif présente un triple intérêt : un intérêt scientifique, un intérêt sociopolitique et un intérêt économique.

Un intérêt scientifique dans le sens qu'en élaborant ce travail, nous sommes à une seconde tentative de contribution à la science. En effet, après avoir élaboré notre travail de fin de cycle à la fin du premier cycle, nous somme entrains de mettre en place un outil de recherche et d'analyse scientifique susceptible d'aider les générations futures dans l'élaboration de leurs travaux scientifiques, ou encore quiconque voudra aborder la question du genre aura le plaisir de nous lire afin de se fixer sur telle ou telle autre approche. Aussi, les Relations Internationales contemporaines reposent sur les questions multiples touchant tous les domaines de la vie. Alors, aborder cette question sur le processus d'intégration en Afrique centrale, qui est indissociable de l'intégration régionale africaine c'est une façon pour nous de nous inscrire dans les débats majeurs sur l'avenir de ces relations qui sont à la fois un phénomène international et une discipline scientifique.

Un intérêt sociopolitique du fait que le mal à contourner dans le processus d'intégration dans lequel plusieurs sous-régions africaines se sont lancées est que ce processus est une oeuvre de seuls dirigeants africains sans le concours des populations africaines. Si l'émergence de l'Afrique n'est pas une réalisation du mariage populations-dirigeants et que ces derniers s'en servent uniquement pour leurs intérêts personnels, le manque d'un consensus régional bloquera à jamais le continent africain de décoller.

Enfin, un intérêt économique parce que le processus d'intégration implique en première position l'unification de l'économie d'une région donnée, cela avec le transfert des technologies et le développement ou l'accroissement des échanges commerciaux interétatiques, tout ceci posé sur une dotation infrastructurelle modernisée.

5. Méthodologie de recherche

a. Méthodes du travail

La question sous examen nous impose un rythme total pour bien l'appréhender. En rapport avec les relations entretenues entre les Etats africains qui se fondent sur la recherche de la genèse des faits en établissant des liens entre le fait étudié et les faits antécédents, la méthode historique répond à cette exigence étant donné qu'elle replace les Institutions dans le milieu social où elles ont pris naissance, offre le tableau de leur condition d'existence et permet leur compréhension. Cependant, la question de la cohabitation entre le régionalisme et le nationalisme associé au souverainisme présente une dialectique étant donné qu'elle explique les relations de contradiction dans la réalité sociale.13(*) Cette dialectique est associée au concept de totalité par ce qu'elle perçoit la réalité sociale comme constituée par l'ensemble des interactions entre ses différents niveaux ou instances et entre les groupes que déterminent les différentes conduites sociales.

Le fait que cette question relève de l'analyse des relations internationales, nous nous referons aussi à l'approche des « areas studies » qui étudie l'ensemble d'Etats présentant une unité politique et sociale, afin de situer leur place dans le système international.14(*) Cette approche nous permet dès lors d'étudier bien le processus d'intégration dans la sous-région d'Afrique centrale.

b. Technique de recherche

La technique de recherche nous servant d'un ensemble des phases de collecte, d'enregistrement de diverses informations sur base des individus, des groupes d'individus, des Institutions,15(*) la technique documentaire et l'interview directe nous guiderons dans cette démarche.

C'est ainsi que nous allons recourir aux différents documents et entrer en contact avec différents personnages disposés à nous éclairer sur les lacunes de la recherche scientifique.

6. Délimitation du sujet

Cette étude se fixant dans le temps et dans l'espace, nous circonscrivons sa sphère d'étude en Afrique et plus précisément l'Afrique centrale. Et cela place comme borne inférieure l'année 2011, ceci pour ne pas tomber dans la constipation de la matière et comme la borne supérieure l'année 2016 étant donné que ce processus est dynamique et continu. Toutefois, pour raison d'historicité, nous revisiterons les années antérieures pour fixer l'opinion.

7. Présentation sommaire

Outre l'introduction et la conclusion générale, notre travail se subdivise en trois chapitres.

Le premier chapitre se fonde sur le nationalisme africain et la question de la souveraineté des Etats d'Afrique Subsaharienne.

Le second chapitre analyse le processus d'intégration régionale en Afrique : bilan et perspectives.

Le troisième et dernier porte sur les paradigmes souveraineté et nationalisme face aux processus d'intégration sous régionale en Afrique centrale.

CHAPITRE I : LE NATIONALISME AFRICAIN ET LA QUESTION DE LA SOUVERAINETE DES ETATS D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE

A partir de la fin des années 1950, les pays africains anciennement sujets de domination coloniale affichent un nouveau vent inspiré d'un esprit nationaliste ou panafricaniste afin de se libérer de cette domination. La décennie 1960 vient confirmer les résultats de cette aspiration en accordant la souveraineté internationale à plus d'une dizaine de pays. Dès lors, ils sont des Etats modernes souverains et égaux envers tous les autres Etats. C'est ainsi que dans ce point, nous parlerons du nationalisme africain, de la question de souveraineté dans les Etats africains. Tout ceci est précédé par un sous point sur l'Afrique subsaharienne.

I.1. Présentation de l'Afrique Subsaharienne

Il nous semble impérieux dans cette partie du travail de circonscrire le continent d'Afrique et les événements historique qui l'ont construit. Sa dotation et situation naturelle seront également dans cette section.

I.1.1. Bref historique de l'Afrique

Berceau de l'humanité, l'Afrique a été depuis plusieurs années le vivrier de nombreuses découvertes géologiques.16(*) En effet, les australopithèques et homosapiens en témoignent l'existence. Longtemps mythes et préjugés de toute sorte ont cachés au monde l'histoire de l'Afrique. Les sociétés africaines passaient pour des sociétés qui ne pouvaient avoir l'histoire.17(*)

L'histoire du Nord-Saharien est liée à celle du bassin méditerranéen que ne l'a été l'histoire de l'Afrique Subsaharienne, il est largement reconnu aujourd'hui que les civilisations du continent africain, à travers la vérité des langues et des cultures, forment à des degrés divers, les versants historiques d'un ensemble de peuples et de sociétés qu'unissent les liens séculaires.

La désertification du Sahara vient de provoquer les migrations des Bantous vers le Sud du Sahara, qui devient Afrique Subsaharienne. Les conquêtes des arabes, des romains et des byzantins en antiquité avaient révolté les autochtones qui se sont organisés en Empires et Royaumes dont les plus importants sont : l'Empire du Ghana, l'Empire du Mali, l'Empire Songhaï et le Royaume Kongo. Les explorations du XVème Siècle ouvrent en Afrique le chemin de la traite négrière et le commerce triangulaire, ce qui, après l'abolition de la traite en 1833 par ABRAHAM LINCOLN en Amérique et en Angleterre ; puis en 1848 par la France pour ouvrir la voie de la colonisation européenne sur le continent noir.18(*) En effet, entre 1830 et 1885, le continent devient le théâtre des rivalités entre les puissances européennes à la recherche d'influence et des matières premières pour répondre aux exigences industrielles de leur continent.

Entre 1884 et 1885, lors de la conférence internationale de Berlin, le continent africain est partagé entre les puissances européennes, en l'occurrence la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne, la France, le Portugal et le Roi Léopold II pour l'Etat Indépendant du Congo qui deviendra en 1908 Congo-Belge ou une colonie Belge. A cette époque, seuls deux pays (Libéria et Ethiopie) restent non occupés sur l'ensemble du continent.19(*) La colonisation a servi, pour le colonisateur, de pillage systématique des ressources naturelles et l'exploitation inhumaine de l'homme noir par les blancs. C'est ainsi que Césaire disait : « Entre colonisateur et colonisé, il n'y a de place que pour la corvée, l'intimidation, les cultures obligatoires (...) aucun contact humain, mais, des rapports de domination et de soumission.20(*) Ce qui va vite éveiller les consciences nationalistes des africains pour faire face à l'occupation coloniale.

Dès les années 1945, ce réveil devint un phénomène incontournable de l'histoire du monde. A cette époque, l'indépendance devient un mot magique pour les africains.21(*) Les mouvements nationalistes ou panafricanistes anticolonialistes imposent un autre vent au monde grâce à l'évolution économique, politique et culturelle. Les Nations Unies appuient la décolonisation en la consacrant dans le chapitre XI de leur Charte. L'année 1960 est alors une année spéciale où beaucoup des pays africains recouvrent leur indépendance et adhèrent à l'ONU. Dans cette organisation mondiale, les pays africains sont alors des Etats indépendants et souverains, au même titre que leurs anciennes métropoles.

I. 1.2. Panorama géographique de l'Afrique

Le continent africain est un ensemble des données géographiques et naturelles. Il couvre 6% de la surface terrestre soit 20% des terres émergées. Avec une superficie de plus de 30 millions de Km2, l'Afrique est le troisième continent par son étendue après l'Asie et l'Amérique. Le continent, africain chevauche l'équateur et englobe de nombreux climats ; tempérés, humide, chaud et désertique, tropicaux et est couvert du grand plateau au sud. Il s'agit du désert de Kalahari et à l'Est par des chaines de montagnes de Kilimandjaro, de plaines et de dépressions dans la région de Grands Lacs. Quatre bassins d'eau occupent la majeure partie du continent dont les fleuves Niger, Nil, Congo et Tchad. En plus, d'autres fleuves importants sont le Zambèze, le Sénégal, l'Orange, le volta et le Limpopo. Les terres agricoles y sont inégalement réparties. Sa population consomme les eaux souterraines. 22(*)

Politiquement parlant, le continent comprend 61 entités politiques dont 54 souveraines. Ces Etats sont regroupés en cinq sous-régions principales qui sont : l'Afrique du Nord, l'Afrique l'Est, l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique Central et l'Afrique Australe. Quatre de ces régions constituent la zone Subsaharienne ou l'Afrique noire, la région qui reste de cette configuration c'est l'Afrique du Nord ou Afrique blanche. L'Afrique du Nord compte 6 Etats dont l'Algérie, Egypte, Libye, Maroc, Soudan et Tunisie.

L'Afrique Subsaharienne comprend 48 pays regroupés en 4 sous régions c'est notamment :

Afrique Australe : Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Namibie et Swaziland ;

Afrique Centrale : Angola, Cameroun, Congo-Brazzaville, Guinée Equatoriale, République Centre Africaine, République Démocratique du Congo, Sao Tomé et principe, Tchad et Soudan du Sud ;

Afrique de l'Est : Burundi, Comores, Djibouti, Erythrée Ethiopie, Kenya, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Ouganda, Rwanda, Seychelles, Somalie, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe ; enfin

Afrique de l'Ouest : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Cote d'ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone et Togo.

L'Afrique est le deuxième continent le plus peuplé du globe derrière l'Asie. Sa population est de plus de 1,5 milliards d'habitants, soit 16% de la population mondiale, l'Afrique subsaharienne en compte plus de 900 millions d'habitants. Le continent connait une forte pression démographique, mais aussi est buté à des difficultés structurelles et sociologiques dont la pauvreté, le taux de mortalité très élevé, le sous-développement de l'économie, les maladies endémiques ; ... ces réalités contredisent la dotation naturelle du continent car c'est un continent naturellement très riche constituant un réservoir mondial des ressources naturelles (pétrole, minerais, forêt équatoriale, sol cultivable, les eaux favorables à la pèche)...

Cependant, malgré la récente baisse des prix des matières premières dans le marché mondial, la croissance économique de l'Afrique subsaharienne demeure robuste jusque l'an passé où elle est évaluée à plus ou moins 5%. Cette croissance s'appuie sur l'investissement dans les ressources naturelles et les infrastructures ainsi que sur l'augmentation de la production agricole.

I.1.3 : situation stratégico-diplomatique de l'Afrique

Depuis les premières indépendances africaines, le monde a connu le bouleversement complet et simultané de trois composantes majeures du système international : les relations politico-stratégiques, les échanges économiques, financières et l'environnement. Les moyens classiques de régulation n'ont pas suffi à maitriser une telle évolution, accélérée dans la décennie 80, et de nouvelles règles manquant pour un jeu d'interdépendance où l'on voit les forces économiques et sociales bousculer un peu partout les pouvoir de l'Etat tandis que se combinent dans le plus grand désordre dans la planétarisation des problèmes, polycentrisme de la puissance, mondialisation de l'économie et dualisme de la croissance23(*)

Une telle mobilisation d'énergie, de temps et d'argent introduit déjà une stratification entre les Etats ; bien des pays d'Afrique n'ont pas les ressources humaines et financières leur permettant d'être présents partout parce que les bénéfices escomptés du jeu multilatéral varient selon la position respective des joueurs.

L'entrée des pays africains à l'ONU fut comme une naissance. Les jeunes Etats se voyaient conférer par l'organisation tous les attributs extérieurs nécessaires à l'existence internationale : droit de parole, droit de vote, droit d'entrée dans toutes les conférences mondiales, égalité garantie par les règles strictes du protocole. Pendant plus de vingt ans, l'Afrique fut portée par la grande poussée du Tiers-monde dans les institutions internationales. Entre 1960 et 1980, la décolonisation, la lutte contre la discrimination raciale, la reconnaissance des droits des palestiniens, l'établissement d'un nouvel ordre économique international (NOEI) furent mis successivement à l'ordre du jour dans toutes les instances des Nations Unies jusqu'à se trouver pratiquement confondus dans une sorte de nébuleuse appelée « conflit Nord-Sud ». Malgré son hétérogénéité et ses divisions confondues, le groupe africain jouait alors un rôle non négligeable. Il représentait près de tiers des voix à l'ONU et se voyait courtisé en conséquence. Dans la mesure où les deux grands poursuivaient leurs compétitions en Afrique et le conflit Nord-Sud recoupait le conflit Est-Ouest, le point de vue des pays africains était à considérer.24(*) Non point qu'ils aient la capacité de déterminer seuls l'issue d'un conflit ou d'une négociation, mais par leurs discours et leurs résolutions, ils créaient une ambiance avec laquelle les acteurs devaient compter. La décolonisation portugaise, les sanctions contre l'Afrique du Sud, les conflits d'Afrique Australe, une plus forte implication dans le conflit Israélo-palestinien à partir de 1973, donnèrent au groupe africain une certaine importance, proportionnelle au poids de l'Assemblée générale des Nations Unies dans la gestion de ces dossiers.

La fin de la guerre froide a modifié la place de l'Afrique dans le système international. La logique bipolaire poussait à un quadrillage planétaire par les superpuissances, soit directement soit par le recours à des puissances intermédiaires. L'Afrique disposait ainsi d'un intérêt stratégique, et même si sa valeur était moindre que celle du Moyen -Orient ou de l'Extrême-Orient par exemple, le fait que tout territoire soit convoité conduisait à une homogénéisation géostratégique du système international.25(*) La politique étrangère des pays africains trouvait dans cette géopolitisation du système international ses principaux déterminants.

Le monde post-bipolaire a par contre débouché sur une recomposition des ensembles continentaux, en fonction des ressources que ceux-ci pouvaient valoriser. Et c'est dans ce contexte que l'Afrique s'est trouvée confrontée à la menace d'un déclassement généralisé. Cette mise à l'écart a en vérité commencé au cours de la décennie 1980-1990 ; pour des raisons économiques et sous l'effet des pratiques patrimoniales, les Etats africains se retrouvent après dans une logique de décroissance, se traduisant par une diminution régulière de leur produit national brut.

Cette période a ouvert sur l'Afrique des profondes mutations géopolitiques qui ont plongé le continent dans une série de conflits armés interétatiques ou civils à l'intérieur d'un même Etat. Face à cette situation, la diplomatie africaine pivote autour de la recherche des solutions aux défis majeurs qui affectent le continent. Entre-temps, l'Afrique est redevenu un site géostratégique d'une importance capitale où s'affrontent les intérêts stratégico-économiques des puissances mondiales, surtout avec l'entrée en scène des émergents du Sud dans la compétition économique.

I.1.4. l'Afrique dans le processus de la mondialisation

Dans sa configuration actuelle caractérisée par plusieurs pôles d'émergence, le système international connait des mutations plus controversées. Elles sont dues d'une part, aux efforts des grandes puissances de se confirmer comme les seuls gardiens du monde ; et de l'autre, l'émergence des puissances du tiers-monde et enfin, la quête pour les Etats-Unis pour devenir la capitale mondiale, siège des institutions politiques et économiques du village planétaire dans le cadre de la mondialisation et de la globalisation. Ces mutations se sont transplantées vers l'Afrique par le fait de la quête du leadership continental, surtout dans le cadre de la fameuse réforme future préconisée par le conseil de sécurité de l'ONU. Lancée depuis quelques années dans la mondialisation, le continent africain n'y est que comme nourrisseur des intérêts économiques des puissances mondiales. Les manifestations de la mondialisation en Afrique sont relayées par l'économie informelle, la mondialisation sauvage traduite par les trafics illégaux ou non régulés d'armes, de diamants, des drogues, de déchets toxiques ; et par la mondialisation par le bas, liée au secteur informel.26(*) Parce que ce sont là les grandes activités à dimension mondiale qui s'intensifient sur le continent. Ces manifestations ont comme conséquences en Afrique, le foisonnement des foyers de conflits, la corruption accrue, l'insécurité et l'instabilité politique.

Le phénomène même de mondialisation qui est aujourd'hui l'apanage des multinationales implique une compétitivité des activités économiques, des structures économiques étatiques très concurrentielles et stables, le niveau plus élevé d'accès aux technologies de l'information et de la communication. Cependant, l'Afrique se trouve dans ce phénomène un acteur marginalisé qui n'y participe que pour offrir les matières premières aux demandes industrielles des grandes puissances et grands émergents.

I.2. Le nationalisme africain

Le nationalisme africain est une conséquence de l'évolution historique de ce continent. En effet, ce nationalisme plonge ses racines dans l'histoire de la traite négrière ou à l'esclavagisme, pour mieux se dévoiler à la lutte de décolonisation face aux métropoles européennes. Il suffit alors d'en relever les contours théorique afin d'arriver à en relever les effets en Afrique.

I.2.1. Notion de nationalisme

L'idée de nation est une construction intellectuelle issue des révolutions américaines et françaises. Mais d'emblée la nation se présente comme une donnée naturelle occultant ainsi sa modernité. A l'origine, on assimilait la nation à un ensemble d'habitants d'une région et même aux étrangers. Dans son sens moderne, et c'est lui qui sera à l'origine du nationalisme, est un concept politique qui assimile la nation à l'Etat, d'où l'expression Etat-nation.

Tout au long du XIXème siècle, la question nationale exprime un nationalisme populaire encouragé par la bourgeoisie libérale. La libération nationale est un moyen pour les peuples, non seulement de se libérer du joug colonial, mais aussi de créer des Etats dont les économies pouvaient se développer.

Dans la première moitié du XXème siècle, le nationalisme est une réponse au communisme, car il exalte d'autres vertus collectivistes sur lesquelles se fondent les régimes autoritaires, allemand (nazisme), italien (léninisme), espagnol,... après la seconde guerre mondiale, le nationalisme ne disparait pas, mais prend de nouvelles formes qualifiées de micro-nationalismes, car leurs inspiration est le plus souvent régionale.

De par sa définition, le nationalisme est un phénomène qui caractérise la volonté d'une collectivité humaine consciente de son individualité de se définir par rapport aux autres collectivités, de créer et de développer son propre Etat souverain, que le souci de conserver l'indépendance de cet Etat et de renforcer la cohésion de ses membres.27(*) Cette définition se décèle aussi bien dans la dialectique des relations colonisateurs-colonisés que dans la lutte menée pour un changement de vision et de dimension, ainsi que pour le renforcement de la conscience et de la solidarité du groupe national dans la période postcoloniale.

Dès lors, le nationalisme se révèle une combinaison de deux éléments : la solidarité que ressentent les humains qui partagent un trait commun ou un ensemble de traits communs quelconques (langue, religion, histoire, etc.) ; et la volonté d'obtenir ou de maintenir, au nom de cette solidarité, un sort politique distinct (le plus souvent un Etat propre).28(*) Une nation est la communauté pour laquelle un nationalisme revendique un sort politique distinct.

I.2.2. La construction de l'Etat-nation en Afrique et l'émergence du nationalisme Africain

En Afrique, la naissance de l'Etat remonte à l'antiquité avec l'Egypte. Après pour s'opposer aux conquêtes des arabes et byzantins, les autochtones vont créer des empires et royaumes. Ces Etats répondaient à l'autorité de l'Empereur ou du roi. Dans ces organisations les notables constituent le gouvernement.

A l'arrivée des explorateurs, leurs rapports ouvrent la voie de la colonisation. Les colonisateurs sont venus détruire l'architecture de l'organisation du pouvoir pour imposer la forme moderne d'organisation politique importée de l'Europe.

C'est avec la colonisation que les autochtones retrouvent la nécessité de s'identifier en terme des entités leurs imposées par la civilisation occidentale. Cette ambition va nourrir le micro-nationalisme qui les a conduits à la résistance et aux révolutions contre les systèmes coloniaux. Donc, l'Etat ayant déjà existé, le nationalisme ayant déjà existé également en Afrique, ont donné naissance à l'Etat-nation qui va se confirmer après l'accession à l'indépendance.

S'il faut faire un recul dans l'histoire, le nationalisme africain a pris beaucoup d'importance dans la lueur des luttes d'indépendance avec l'affirmation de certains courants idéologiques à l'image du panafricanisme ou de la négritude. Mais ce type de nationalisme se veut du modèle régionaliste où tous les africains mettent de côté toutes leurs divergences nationales ou ethniques pour la cause d'une identité africaine.

I.2.3. Le nationalisme africain face à la colonisation

La colonisation européenne en Afrique au XIXème siècle se réclamait d'une mission civilisatrice, c'est-à-dire apporter la civilisation moderne aux peuples non civilisés.

Cependant, les injustices, le racisme et bien d'autres abus qui ont caractérisé le système colonial, et l'éveil d'élites africaines ayant participé à la conférence de Bandoeng de 1955 (conférence qui a réuni les représentants des pays du Tiers-Monde en Indonésie pour la première fois), et surtout la consécration des principes de l'autodétermination et de souveraineté, sont autant d'éléments qui ont vite conduit tous les peuples sous domination extérieure de prendre conscience de leur avenir.

C'est ainsi que le nationalisme commence à se réveillé avec la création des regroupements socio-ethniques, la naissance des partis politiques nationalistes et l'émergence des mouvements syndicaux, religieux à l'instar du Kimbanguisme et de Kitawala. Tous ces éléments qui ont constitué la force irréversible ont contraint, même sans leurassentiment, les puissances coloniales à vider du terrain et laisser le destin du continent entre les mains des africains.

Toutefois, l'émergence de ces nationalismes et leur victoire sur le colonialisme ont coûté à l'Afrique des sacrifices innombrables. Les illustrations sont entre autres la guerre d'Algérie, les tumultes du Congo-Kinshasa, les révoltes maliennes ou angolaises, la lutte acharnée contre le régime d'apartheid en Afrique du Sud, sont autant des cas-preuve.

I.2.4. Le nationalisme africain après les indépendances

A leur accession à la souveraineté internationale, les pays africains ont sombré dans les conflits internes de revendications identitaires entre les différentes ethnies qui ont été rassemblées sur un même territoire mais dont les liens historiques communs n'unissent pas.

Ce phénomène est la conséquence de la conférence de Berlin de 1884-1885 avec le partage de l'Afrique entre les puissances européennes. Car avant Berlin, les africains appartenaient aux ensembles politiques traditionnels (Empires, Royaumes) contrôlés selon le cas par des ethnies réunissant les individus parlant une même langue, partageant l'essentiel des us et coutumes ou tout au moins, se reconnaissent relever de l'autorité d'un même chef traditionnel. A cette époque, la nation se réduisait essentiellement sinon uniquement aux dimensions de l'ethnie.29(*)Cependant, la répartition de Berlin a confié à tel ou tel autre Etat européen des territoires qui comprenaient dans la plupart des cas des ethnies différentes, dont les populations n'avaient pas forcément des rapports cordiaux avant cette configuration.

Aujourd'hui en Afrique cohabitent deux types de nationalismes dont l'un est civique et l'autre ethnique ou identitaire. Le nationalisme civique inclut dans la solidarité nationale tous les citoyens d'un Etat. C'est le cas de l'ivoirité ou de l'authenticité en RDC à l'époque du Zaïre. Par contre, le nationalisme ethnique ou identitaire définit la nation à partir de l'origine, de la langue, de la religion ou de tout autre critère permettant de dissocier la nationalité de la citoyenneté.

C'est cette dernière forme de nationalisme qui est d'actualité en Afrique, avec tendance de remettre en cause les frontières étatiques héritées de la colonisation pour passer à la recomposition des nouveaux Etats africains en tenant compte des origines de chaque peuple et ses liens historiques.

Ce phénomène est actuellement une dimension importante voire fondamentale des enjeux du pouvoir en Afrique. La crise dans la région de grands Lacs nous le révèle dramatiquement. Au-delà du phénomène classique caractérisé par l'exode des populations fuyant la guerre pour gagner une zone de paix, du phénomène auquel nous avions assisté aux frontières des pays des Grands Lacs, il faut pointer en particulier le chevauchement des frontières par un même groupe ethnique dont les membres résident dans deux ou trois Etats voisins à la fois et peuvent être citoyens de droit ou de fait à la fois dans deux Etas voir dans plus de deux.30(*) Concrètement, dans les grands lacs, ce sont les Hutu, les Tutsi et les Batsoa qui forment la trilogie ethnique Rwandaise et Burundaise et qui ont aussi leurs frères, soeurs, cousins et cousines en RDC, ceci dessinant une « symétrie ethnique relativement parfaite ».

Ainsi donc, nous sommes en présence d'un phénomène historique et politique impliquant des individus que l'arbitraire du partage des terres ancestrales par les puissances européennes n'a séparé qu'artificiellement avec leurs institutions, au sens sociologique du terme.

Même si l'OUA avait proclamé dans sa charte le principe de l'intégrité des frontières héritées de la colonisation comme étant le fondement des rapports interétatiques, les africains appartenant à la même ethnie n'ont jamais considéré dans leurs quotidien qu'une frontière dont ils ne voyaient pas l'utilité, pouvait constituer un obstacle aux contacts entre les cousins d'un Etat avec les cousins résidant dans l'autre Etat.

C'est ainsi qu'en commentant le débat ivoirien sur la nationalité d'Alassane Dramane Ouattara alors premier ministre de Félix Houphouët BOIGNY, Ziad LIMAM et Elimane FALL écrivaient : « le caractère artificiel des frontières et la cohabitation de plusieurs ethnies au sein d'un même Etat rendent passablement floue la notion de nationalité. Un jour on pouvait être malien, le lendemain sénégalais, ou les deux à la fois. On pouvait être Ivoirien avec des cousins ou frères Ghanéens. On pouvait être ministre ici, puis ministre ailleurs. Dans le grand brassage africain, le lignage a aujourd'hui encore bien plus d'importance que le passeport ».31(*)

Ce chevauchement des frontières des Etats par le même groupe ethnique est devenu un facteur majeur d'instabilité pour les Etats concernés. La seule arme que les dirigeants de la post-colonie avaient trouvée était de préconiser «  la politique de bon voisinage ». Mais cela n'a pas suffi pour que les uns ne participent à la déstabilisation des autres, comme hier la Tanzanie en Ouganda, ou l'Ouganda au Rwanda, ou encore le Zaïre en Angola, dans la période récente entre la RDC et les pouvoirs Tutsi de ses voisins Rwandais, Ougandais et Burundais. Ceci est redevenu un enjeu majeur pour les Relations Internationales.

I.3. Les Etats africains et la question de la Souveraineté

La problématique de la souveraineté étatique est à notre ère un leitmotiv dans le langage tant des dirigeants que de leurs populations. En Afrique, malgré l'engagement quasi-total des pays dans le processus d'intégration régionale ou sous régionale le principe de la souveraineté internationale reste un véritable fondement de se prévaloir contre toute tentative d'intervention étrangère, surtout dans les pays aux régimes dictatoriaux.

I.3.1. Notion de souveraineté

La notion de la souveraineté a évolué avec celle d'un pouvoir politiquement organisé sur un territoire donné. Anciennement, la souveraineté était incarnée dans la personne du Roi ou de l'Empereur qui était seul au-dessus de tous. Le discours moderne de la souveraineté est lié à deux évolutions : la naissance de la monarchie absolue et la formation de l'Etat moderne.32(*) De ces deux points de vue, affirmer la souveraineté revient à revendiquer l'autorité suprême et le contrôle sur un territoire donné. Ce discours a trouvé sa signification moderne avec la naissance du droit et de la puissance publics, c'est-à-dire avec le gouvernement comme pratique autonome exercée à l'intérieur d'un territoire.

Avant le XIXème siècle, la souveraineté est en général perçue comme politique et absolue. Selon sa définition classique, la souveraineté est le pouvoir suprême d'un Etat sur son territoire et ses habitants à l'intérieur et l'indépendance de toute autorité étrangère à l'extérieur.33(*)

La souveraineté est devenue le mot pour désigner la cohérence et l'unité de l'autorité qui gouverne une communauté politique sur un territoire donné. Cette souveraineté peut être intérieure ou extérieure. La souveraineté intérieure c'est l'autorité unifiée, complète, suprême, exclusive et directe dans les limites d'un territoire sur tous ses habitants qui deviennent ainsi membres d'une entité politique, ou ses sujets. De sa part, la souveraineté extérieure explique une revendication d'autonomie vis-à-vis des puissances extérieures. Elle prend la forme de l'indépendance à toutes puissances étrangère, d'une imperméabilité du territoire à toutes juridictions émanant d'une autorité extérieure. Dès lors, la naissance de la souveraineté moderne s'est manifestée comme un double processus : l'affirmation de l'autorité royale contre l'ordre médiéval et les revendications universalistes de l'empereur et de l'Eglise qui ont abouti au processus de formation de l'Etat. Cette notion de souveraineté débouche sur deux théories de souveraineté. La théorie de la souveraineté nationale où la souveraineté appartient à la nation en tant qu'entité distincte des individus qui la composent et qui n'ont, face à elle, strictement aucun droit personnel à faire valoir. C'est de cette théorie qu'il ya le principe de l'électorat fonction qui jouit de la reconnaissance par la nation aux personnes le droit de vote et le principe de l'électorat représentatif où le peuple lègue la représentation de la nation à un groupe restreint.

La théorie de la souveraineté populaire reconnait au peuple la souveraineté, non pas collectivement, mais à titre particulier à chaque individu composant le peuple. Chaque individu est donc titulaire d'une fraction de la souveraineté et la volonté générale résulte de l'addition des volontés particulières à chaque individu.

La souveraineté recouvre une dimension politique et une dimension juridique. En effet, en tant que concept politique, le discours sur la souveraineté est lié à l'affirmation du pouvoir royal dans le contexte de la lutte pour le contrôle politique contre des puissances intérieures et extérieures. Cependant, la déclaration de suprématie et l'indépendance implique également des revendications qui tiennent à la juridiction et à l'autorité légale d'un certain type de législateur et de la loi elle-même, sur les droits et pouvoirs traditionnels et les sources de revendications légales extérieures. C'est dire que la souveraineté ne se réduit pas à un pouvoir, contrôle ou force de facto, mais est également un concept juridique qui implique la capacité à délivrer des ordres légitimes qui font autorité (loi). La souveraineté est donc toujours une question de relation entre la loi et le pouvoir.

I.3.2. La souveraineté comme base de la puissance en

Relation Internationales.

La souveraineté, elle-même définie comme la puissance absolue et perpétuelle d'une République, confère à celle-ci les capacités de se faire accepter et se faire respecter à tous et dans tout. Dèslors que l'on est titulaire de la souveraineté, il devient absolu devant tous les autres. C'est la souveraineté reconnue à l'Etat qui fait de lui la forme la plus parfaite et la plus contraignante d'organisation sociales.

Un Etat souverain est celui qui reçoit obéissance de tous ses sujets et reçoit reconnaissance comme tel des autres Etats sur l'échiquier international. Alors que l'Etat jouit de l'obéissance totale de ses sujets et qu'il est reconnu par les autres comme tel, il devient une puissance inaliénable et indéniable devant ceux-ci.

Le fait même que la puissance publique de l'Etat repose dans la considération que l'on fait de son existence fait de la souveraineté une condition sine qua none pour tout Etat-nation dans sa forme moderne. Internationalement parlant, l'Etat confirme sa puissance dès lors qu'il est d'abord un pouvoir absolu et accepté de ce fait par tous ceux qui y vivent, et ensuite, cette puissance interne réconforte sa position dans la sphère internationale et enfin, lui confère le statut de puissance. C'est ainsi que la conception juridique de la souveraineté insiste beaucoup sur la légitimité du pouvoir incluse dans la loi qui lui confère son autorité absolue ou suprême car, comme disait Jean Jacques ROUSSEAU, la loi est l'expression générale de la volonté populaire qui de ce fait, est au-dessus de tous et est obligatoire.

I.3.3. La conception africaine de la souveraineté

Les Etats africains sont aujourd'hui tous souverains internationalement, cependant, comme cette souveraineté est une importation occidentale venue avec l'histoire coloniale et validée par l'OUA dans sa charte, la conception que l'on en fait en Afrique diffère de la conception occidentale de la souveraineté moderne.

La souveraineté en Afrique s'apparente à la conception que Jean Bodin a qualifié de la souveraineté absolutiste, celle incarnée par le souverain.34(*) Ce souverain que Thomas HOBBES a qualifié de Léviathan est pour lui l'Etat, qui est un absolu, craint et obéi par tous. Cette conception voudrait que la souveraineté soit incarnée dans le roi ou l'empereur car Hobbes ajoute que le souverain devient « le souverain représentant », l'incarnation de l'unité sociale, de l'identité même et de la cohérence du corps politique. Il conclut que c'est seulement par la représentation qu'une multitude peut devenir une seule personne (publique).

En Afrique, on assiste à une accaparation de la souveraineté par le pouvoir exécutif, plus particulièrement par les chefs d'Etat. En effet, l'Afrique est l'une des zones au monde où l'histoire du pouvoir politique est celle de la confiscation, de sa privation et de sa sacralisation par un individu ou un groupe d'individus. C'est quand on veut mater une pression politique interne ou externe en rapport avec le non-respect des constitutions et des lois, des libertés individuelles ou politique, de mauvaise gouvernance que la classe dirigeante exhibe la souveraineté dans l'Etat ou de l'Etat pour se suffire dans la prise de décision.

Or, la souveraineté dans l'Etat se confirme elle-même, dans la confiance que l'ensemble de la population fait dans la classe dirigeante. Cela appelle la convergence de tous et l'obéissance de tous à l'Etat lorsque ceux-là qui ont bénéficié de la population le pouvoir d'incarner cette souveraineté et de l'imposer à tous respectent les lois fondamentales de la société pour laquelle ils agissent. La souveraineté de l'Etat comme nous l'avons déjà dit, se confirme lorsque ceux qui sont sensé agir au nom de l'Etat jouissent de l'obéissance et de l'acceptation de la communauté nationale, ce qui fonde la puissance dans l'Etat.

La conception africaine de la souveraineté est en perte de vitesse et correspond à l'Etat médiéval où c'est l'absolutisme du roi qui gouvernait la cité, comme' ce fut le cas en France » avec plusieurs monarques dont Louis XIV, où la loi ou la puissance souveraine de la monarchie ne s'appliquaient sur la population qu'en cas où semblait être éveillée sur son destin en mettant de côté tous les abus du monarque et de son entourage.

I.3.4. La souveraineté en Afrique centrale : prémices des conflits interétatiques

Dans l'analyse des relations internationales et leur dynamisme qui met l'accent sur les relations qu'entretiennent les Etats, les rapports régissant les Etats sont harmonisés par des garde-fous qui sont en l'image des principes internationaux. Ces principes sont désormais consacrés dans les instruments juridiques et de coopération internationaux, qu'ils soient universels, régionaux et sous régionaux. C'est notamment le principe du respect de la souveraineté des Etats, la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats, l'intangibilité des frontières nationales, la coopération mutuelle, le règlement pacifique des différends, j'en passe les meilleurs.

Parce qu'il s'agit du principe de respect de la souveraineté de l'Etat, celui-ci s'accompagne toujours et exclusivement de l'intangibilité des frontières nationales et de l'intégrité territoriale. Cette combinaison de ces trois principes d'or affirmant la souveraineté internationale fonde même la puissance d'un Etat et sa stabilité interne.

Cependant, le fait que les Etats africains actuels ne sont pas une issue de la réalité originale ou historique de l'organisation politique traditionnelle en Afrique, les frontières héritées du tracé colonial sont aujourd'hui la cause principale qui plonge le continent africain en général, et la région de l'Afrique Centrale en particulier dans une dynamique des conflits qui dépasse même la compréhension humaine. Le brassage de plusieurs ethnies qui dans l'histoire formaient des macro-nations, sur un même territoire impose cette réalité qui oblige aujourd'hui tous les pays africains à abandonner toutes leurs souverainetés au profit du régionalisme.

Depuis les années 1963 qui correspondent à la création de l'OUA, le continent africain a déjà enregistré plus d'une trentaine de conflits interétatiques et plusieurs conflits intra étatiques, opposant souvent des ethnies sur la cohabitation sur un même espace géographique leur imposé par le colonialisme. Le rêve inassouvi de l'unité africaine se heurte malheureusement à la pesanteur d'un espace éclaté dont l'histoire remonte, pour l'essentiel, au XIXème siècle lors du partage colonial qui a façonné la configuration des frontières des Etats actuels. Les crises actuelles montrent avec évidence que les populations vivent mal à l'intérieur des frontières des Etats-nations et posent avec acuité la gestion de cet héritage colonial qui a fixé des frontières aussi bien artificielles qu'arbitraires.

Ces crises touchent aussi bien les grands Etats comme la RDC, l'Angola, le Nigéria, le Mali, que les petits Etats comme le Rwanda, le Burundi, la Sierra Leone, le Sénégal, la Guinée Bissau, ou bien d'autres. Paradoxalement, ces crises reflètent avant tout les conflits internes qui ont des répercussions sur le plan externe et reposent indirectement le problème de la redéfinition des frontières sinon d'un nouvel espace territorial, économique et culturel susceptible de consolider la paix et la sécurité des populations.35(*) Cela dépasse largement le problème des frontières dont l'histoire doit être replacée dans la longue durée si l'on veut appréhender les défis de l'intégration régionale et de l'unité du continent.

Cependant, les africains ne doivent pas brandir leur souveraineté comme blocage de leur émergence commune. Car dans le vrai sens du concept souveraineté, elle est la capacité de faire, faire faire et interdire de faire à autrui. Leurs souverainetés sont encore classables dans la catégorie des souverainetés déchues, dépourvues de la capacité de défense et de sécurité (Etat gendarme), de la gouvernance des territoires, des populations, des ressources naturelles (Etat manager), et de penser le futur étant donné que « gouverner, c'est prévoir », « prévoir, c'est savoir » (Etat savant).36(*) Autrement dit, le Pari sur la souveraineté nationale a été, à quelques exceptions près, perdu et car il n'existe en Afrique d'Etat gendarme, manager et savant.

CHAPITRE II : LE PROCESSUS D'INTEGRATION REGIONALE EN AFRIQUE : BILAN ET PERSPECTIVES

L'intégration économique et politique figure depuis toujours au nombre des objectifs de l'Afrique et de ses peuples. C'est la raison pour laquelle on a créé l'OUA en 1963 pour favoriser l'unité du continent et empêcher sa division en camps hostiles en pleine guerre froide. L'OUA a ajouté un rôle de premier plan en encourageant la coopération panafricaine et en contribuant à l'émancipation des pays sous domination coloniale ou raciale. Plus tard en 1994, le traité d'Abuja instituant la Communauté Economique Africaine (CEA) a ajouté les bases d'un nouveau cadre et de nouvelles fondations pour l'intégration de l'Afrique, avec les Communautés Economiques Régionales (CER) comme pierre angulaire.37(*) Depuis l'entrée en vigueur du traité d'Abuja, l'Afrique a enregistré des progrès considérables dans le processus d'intégration, mais qui restent à cours terme.

Dans cette démarche, les CER sont aussi vouées à des difficultés énormes d'ordre structurel et Opérationnel. C'est alors que dans ce point, nous abordons le cadre conceptuel de l'intégration régionale, l'intégration en Afrique face au processus de globalisation et l'évaluation du processus d'intégration régionale en Afrique.

II.1. Brève analyse sur l'intégration régionale

L'évolution de la dynamique des échanges internationaux a fait que les Etats arrivent à comprendre finalement que la compétitivité et la concurrence infernales exigent qu'ils se protègent, en se constituant en ensembles plus forts, plus avantageux à tous les membres.38(*) Cette conception ne répond qu'à l'idée selon laquelle `' l'union fait la force'', et aucun pays ne peut se suffire à lui-même. Cependant, ce processus de regroupement ou d'union posé se conçoit en termes de l'intégration régionale. Il importe dès lors de procéder à la compréhension définitionnelle du terme intégration, avant d'en relever les typologies, les modalités, les principes et la téléologie.

II.1.1 Approche définitionnelle

L'intégration est un mot ou concept pluridirectionnel et plurisectoriel. Elle s'emploi aussi bien pour les individus que pour les sociétés dans lesquelles ces dernier vivent. En effet, le terme s'emploi dans divers domaines de la science depuis la mathématique jusqu'à la politique, en passant par l'économie, la sociologie, etc. Dans le cadre de notre travail, nous l'appréhendons sous son aspect économico-structurel. Dans cette approche, plusieurs définitions se révèlent dont nous retiendrons celles-ci.

L'intégration est selon Battistella, le processus par lequel des acteurs politiques de nationalités différentes sont amenées à transférer leurs allégeances, attentes et activités politiques vers un centre nouveau dont les institutions ont, ou cherchent à avoir, compétence sur les Etats nationaux préexistants.39(*) Nous constatons qu'à cette définition l'accent est mis sur l'aspect ou la convergence politique. Le concept `' intégration'' renvoie à l'idée selon laquelle les membres d'une collectivité entretiennent entre eux des relations satisfaisantes, s'incorporent et évoluent dans leur milieu selon les normes de celui-ci. Dans cette définition il y a l'idée du rapprochement géographique.

Cet angle de traitement et d'analyse de l'intégration nous conduit dans l'analogie qu'il y a entre l'intégration et le régionalisme. C'est ainsi que nous abordons dans la suite la notion d'intégration régionale.

L'intégration régionale

Cette forme d'intégration prend en compte le régionalisme qui est un ensemble des rapports qui se tissent dans un même espace, tendant à en faire un acteur collectif dans la société internationale.40(*) En Relations Internationales, ce régionalisme résulte d'un découpage conventionnel de la scène internationale. La scène globale étant structurée à l'image de l'ONU, les régions correspondent aux continents conventionnels dont l'Afrique.

Quant à la définition de l'intégration régionale, quelques conceptions se dégagent, mais qui tendent toujours à converger dans leur appréhension.

Ntumba Luaba Lumu définit l'intégration régionale comme le regroupement plus ou moins formalisé au plan institutionnel, de plusieurs Etats appartenant à une aire géographique délimitée, à des fins de coopération économique et/ou politique à long terme.41(*) L'abordant dans ce sens, le concept recouvre en réalité, une multiplicité de formes en raison du nombre des Etats concernés, le caractère plus ou moins ambitieux de l'intégration, le projet de l'intégration qui peut être commercial ou politique, le degré accepté d'institutionnalisation et de transfert de souveraineté.

Prenant le cas de l'Afrique Centrale, Barthélemy Biad écrit : « l'intégration régionale est le processus par lequel deux ou plusieurs pays réduisent progressivement et suppriment les obstacles aux échanges entre eux et les disparités entre leurs économies de manière à constituer à terme un espace économique homogène ».42(*) Ce processus implique autant d'aspects commerciaux et macro-économiques que les politiques sectorielles.

Dès lors, l'intégration régionale vise la réalisation de grands ensembles au sein desquels différents pays d'une même ère géographiques, créent les conditions pour unifier leurs structures et harmonisent leurs institutions sur base d'accords.

II.1.2. typologies d'intégration

L'analyse de types d'intégration est abordée de différentes manières. Le professeur Godefroid KABENGELE dans «  les problèmes d'intégration économique » donne trois formes d'intégration. Il va de l'intégration nationale qui se réalise par les liens d'interdépendance entre les différentes composantes économiques d'un pays. Liens qui sont fonctionnels et structurels dans le but d'atteindre l'objectif commun ; à l'intégration internationale qui est le processus par lequel les acteurs politiques de différentes communautés nationales sont déterminés à réorienter leurs allégeances, leurs aspirations et leurs activités politiques vers un nouveau centre dont les institutions possèdent la juridiction sur les Etats nationaux préexistants ; en passant par l'intégration régionale que nous avons déjà défini précédemment.

Cependant, Philipe Hugon donne les formes d'intégration qui sont entre autres : l'intégration par les échanges, le protectionnisme minimum, l'intégration par production et l'intégration par des règles d'harmonisation. Or, la première et la troisième de ces formes sont classés par le professeur KABENGELE dans les typologies d'intégration. Toutefois, typologie et forme ne dégagent que de plus petites nuances.

II.1.3. les modalités et principes d'intégration

A ce niveau, le Document Stratégique d'intégration régionale africaine 2011-2015 précise que l'intégration se réalise par la mise en place de certaines modalités économiques. Ces mêmes modalités sont relayées par le professeur KABENGELE43(*), il s'agit notamment de :

a. La zone de libre-échange (ZLE)

Il y a suppression des restrictions quantitatives et des droits de douane ; ici les pays membres de l'Union éliminent entre aux le droit de douane et les restrictions quantitative qui freinent la libre circulation des marchandises. Outre ces privilèges, les Etats de la zone peuvent même mettre en place des mesures d'effets équivalents à la création de l'Unions Douanière.

b. L'Union Douanière (UD)

C'est l'unification des tarifs douaniers à l'égard des pays tiers tout en supprimant entre membres ces tarifs et la mise en application d'un tarif extérieur commun. Ceci est un préalable au marché commun.

c. Le Marché Commun(MC)

On supprime toute les restrictions qui entravent la libre circulation des biens et des facteurs de production. Donc, c'est l'UD à laquelle s'ajoute la circulation des capitaux et des hommes (main-d'oeuvre). C'est une communauté économique. C'est le cas du COMESA.

d. L'Union Economique (UE)

C'est l'ensemble des politiques économiques, sociales, fiscales et monétaires générales du groupe. Ce stade implique un marché intérieur sans frontière ni restriction ainsi qu'une forte concurrence entre les entreprises pour éviter que certaines exploitent leur position dominante ou des monopoles sur le marché pour former des cartels afin de s'imposer des prix non équitables. Ce qui justifie la mise sur pied d'un organe de contrôle de la politique économique.

La réussite de cette étape ouvre le couloir vers une union économique et monétaire.

e. L'Union Economique et Monétaire (UEM)

Dans cette étape, il y a une légation partielle de la souveraineté des Etats membres, en matière économique fiscale, monétaire et sociale au profit de la structure collective créée par eux. C'est bien la phase ultime de l'intégration, qui vise en plus de la mise en place des politiques communes, la création d'une zone monétaire au taux d'échange stable à l'intérieur de l'union, avec éventuellement la création d'une monnaie unique.

A ces modalités, Philipe Hugon44(*) ajoute qu'en termes de l'interaction ou de la compénétration des économies des Etats dans une région ou sous-région donnée, d'autres modalités sont recommandées comme :

- La zone d'échanges préférentiels qui implique la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires ;

- L'intégration économique qui implique l'élargissement de l'union économique aux politiques économiques et sectorielles ;

- L'intégration politique où la région se dote des structures politiques et d'une gouvernance globale ;

- La fédération qui implique le passage du niveau de l'intégration pour celui d'un Etat fédéral.

Quant aux principes de l'intégration, nous pouvons retenir :

- Le principe du volontarisme qui fait que les Etats adhèrent volontairement aux regroupements régionaux d'intégration et acceptent de perdre certaines de leurs prérogatives souveraines au profit de l'organisation collective qu'ils créent ;

- Le principe de subsidiarité qui fait que, dans leurs relations avec d'autres Etats au sein du regroupement, toutes les initiatives sont l'émanation des Etats et que l'organisation n'intervient qu'en second lieu. Ce principe prévoit que l'échelon régionale ne doit intervenir que si et dans la mesure où les objectifs de l'action envisagée ne peuvent pas être réalisées de manière suffisante par les Etats-membres et peuvent donc, en raison des dimensions ou des effets de l'action envisagée, être mieux réalisés au niveau communautaire ;

- Le principe de solidarité qui se traduit notamment par les transferts budgétaires interétatique au profit des pays et régions défavorisées et par la mise en commun des réserves d'échange.45(*)

II.1.4. La téléologie de l'intégration

Dans le processus d'intégration, des Etats qui sont les acteurs politiques de la société internationale décident et arrivent à investir des nouvelles institutions régionales et les dotent d'une autorité et d'une légitimité égale ou supérieur à celle des gouvernements nationaux respectifs.46(*) Cela est apparu comme une exigence, avec le développement des Etats-nations et qui coïncide avec le renforcement des mécanismes sous-tendant la coopération régionale africaine afin de répondre à l'expansion des réseaux d'échanges et de communication et à la transnationalisation des marchés.

Les objectifs assignés à l'intégration sont déterminables dès lors qu'il s'agit de la finalité ultime du processus. C'est à lors que dans ce processus, des Etats et leurs populations trouveraient ainsi donc des réponses plus appropriées à leurs besoins dans les secteurs économique, de l'eau, des transports, de l'éducation ou de la santé au niveau de politiques intégrées plutôt qu'à travers les politiques nationales.

Il est d'observation à l'heure actuelle où l'économie mondiale connait des véritables bouleversements avec l'entrée en scène d'autres acteurs très compétitifs à la hauteur des sociétés multinationales, et vue la complexité de la situation sécuritaire en Afrique, qu'aucun Etat africain pris isolement ne peut s'y mesurer, d'où la convergence de leurs forces ensemble afin de constituer un bloc compétitif à mesure de les intégrer dans le commerce mondial, ainsi pour répondre aux exigences du développement auquel toutes les populations africaines aspirent aujourd'hui. Arriver à ce niveau, nous sommes tenus de faire le point sur l'intégration régionale en Afrique.

II.2. L'intégration en Afrique face au processus de globalisation

En Afrique, la question de l'intégration régionale a préoccupé nombre de dirigeants du continent depuis les toutes premières années des indépendances. Les principaux objectifs stratégiques du regroupement des pays africains étaient la lutte contre les conséquences du colonialisme et l'édification d'une Afrique unie. Par la suite, l'intégration régionale est devenue une stratégie africaine de transformation économique. On a vue alors naitre les CER afin d'appuyer ces processus, c'est ainsi que nous abordons cette question en commençant par sa genèse, ses mécanismes et son impact face à la mondialisation et à la globalisation économique.

II.2.1. La genèse et l'évolution du processus d'intégration régionale en Afrique

Issus presque tous de la décolonisation, les Etats africains se sont construits sur le modèle de l'Etat-nation européen consolidé depuis les traités de Westphalie (1948). Mais assez rapidement, les limites de ce choix apparurent. Il a donc fallu avoir une autre vision des choses. La coopération interétatique s'étant révélée inopérante, les gouvernements ont dû adopter une démarche plus audacieuse et plus engagée : l'intégration régionale. Elle s'est imposée comme un choix incontournable aux Etats.

Cependant, le processus d'intégration régionale en Afrique dans sa posture actuelle s'est formalisé après plusieurs tentatives d'organisation interétatique sur le continent, et cela même avant l'indépendance de l'Afrique. C'est notamment le cas de l'union Sabel Benin qui regroupait la Côte-d'Ivoire, la Haute Volta (Burkina Faso), le Dahomey (Benin) et le Niger sous l'impulsion d'Houphouët Boigny avec la bénédiction de la France.47(*) C'est le cas encore de l'Union Africaine et Malgache (UAM) qui était une organisation à recrutement continental, qui deviendra en 1965 suite aux modifications de l'OUA, l'Organisation Commune Africaine et Malgache.

Avant de devenir indépendants  les Etats de l'Afrique Occidentale Française (AOF) et l'Afrique Equatoriale Française (AEF) ont pratiqué l'intégration monétaire à travers le FCFA (Franc de la Coopération Française en Afrique, aujourd'hui Francs de la Communauté Financière Africaine). En effet, l'intensification des relations au plan économique et commercial les a conduits à utiliser une seule monnaie jusqu'à ce jour et a donné lieu à la création en 1956, de deux unions douanières : Union Douanière des Etats de l'Afrique de l'Ouest (UDAC) et l'Union Douanière de l'Afrique Equatoriale (UDAE). Mais bien avant, en 1922 l'Ouganda, le Kenya et la Tanzanie formaient la fédération britannique d'Afrique Orientale. Revenons à la genèse de l'actuel processus d'intégration en Afrique.

Il existe aujourd'hui plusieurs initiatives et plusieurs organisations régionales ou sous régionales en Afrique que sur tout autre continent. On considérait en effet que l'intégration régionale offrirait un cadre qui permettrait de surmonter les obstacles au commerce intra-africain et que la suppression de ces obstacles créerait des marchés régionaux plus vastes permettant de réaliser des économies d'échelle, de soutenir les systèmes de production et les marchés, puis de renforcer la compétitivité de l'Afrique.

Entre 1960-1980, la première vague de ces efforts s'ouvre avec la mise sur pied de plus de 200 initiatives intergouvernementales de coopération technique économique multisectorielle, ainsi que plus de 120 initiatives bilatérales ou multilatérales pour des secteurs uniques.48(*) Cette adhésion au régionalisme s'inscrivait dans l'aspiration plus large à l'intégration du continent, qui trouverait ses racines dans le mouvement panafricain pour les valeurs partagées, l'autonomie collective pour le développement et l'indépendance économique.

Ces accords régionaux africains d'intégration sont de nature à favoriser le développement du continent. Le plan d'Action de Lagos (PAL) signé en Avril 1980 proposait une stratégie pour engager l'Afrique sur la voie du développement durable.

Un nouveau chapitre de l'histoire de l'intégration régionale en Afrique s'est ouvert le 03 juin 1991 à Abuja au Nigéria, quand le traité instituant la Communauté Economique Africaine a engagé le continent sur la voie de l'intégration économique. En 2001 il y a eu accélération des discussions sur l'intégration régionale qui ont abouti au lancement du NEPAD et l'établissement de l'UA à la place de l'OUA.

Depuis lors, les efforts sont multiples dans les commissions économiques régionales (CER) afin d'accélérer le processus pour arriver à une intégration totale du continent qui est le rêve des pères des indépendances africaines.

II.2.2. Les mécanismes d'intégration régionale en Afrique

Le souci de faire de l'Afrique un grand pool émergent et un continent comme tant d'autre a conduit les chefs d'Etats africains, à travers l'OUA aujourd'hui UA, à mettre en place des mécanismes pouvant permettre l'intégration continentale. Ainsi, une foison de projets intégrateurs ont eu jour pour booster le processus d'intégration économique et politique du continent afin de procurer prospérité, paix et bonheur aux populations africaines.49(*) Le Plan d'Action de Lagos (PAL) définissant les programmes et stratégies visant à promouvoir un développement auto-entretenu et la coopération entre les pays africains ; le Plan Prioritaire de Redressement Economique en Afrique élaboré en 1985 ; le Programme d'Action de Caire de 1995 qui visait à relancer le développement économique, politique et social en Afrique ; le Traité d'Abuja (TA) de 1991 qui ouvre un autre horizon au processus d'intégration en Afrique par la création de la commission (communauté) économique Africaine (CEA), sont autant des mécanismes d'intégration régionale en Afrique.

LeTraité d'Abuja institue la Communauté Economique Africaine comme base du processus d'intégration régionale en Afrique. Le PAL a pour mission de promouvoir le développement économique et social, par un développent autocentré, par l'intégration des marchés régionaux et une politique industrielle d'import-substitution.

Ce traité qui entre en vigueur en 1994 pose la CEA sur les piliers qui sont les CER. Actuellement, 8 (huit) CER forment le paysage africain et sont reconnues parmi tant d'autres comme fondement du développement économique de l'Afrique. Ces CER sont notamment le Marché Commun pour l'Afrique de l'Est et Australe (COMESA) ; la Communauté Economique pour le Développement de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ; la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) ; la Communauté pour le Développement de l'Afrique Australe (SADC) ; l'Autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD) ; la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (SEN-SAD) ; la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) ; et enfin l'Union de Maghreb Arabe (UMA).50(*) Ces CER avaient pour mission, accélérer le processus d'intégration en Afrique, et cela, en six étapes couvrant trois décennies :

Ø Première étape (1994-1999) : le renforcement des CER existantes et création d'autres ;

Ø Deuxième étape (1999-2007) : stabilisation des barrières tarifaires et non tarifaires ; harmonisation progressive des politiques de mise en oeuvre des programmes multiples dans les domaines en occurrence, l'agriculture, l'industrie, les transports, la communication et l'énergie, création des zones de libre-échange et des unions douanières ;

Ø Troisième étape (2007-2017) : Consolidation des zones de libre-échange, des Unions douanières et adoption d'un tarif extérieur commun (TEC) ;

Ø Quatrième étape (2017-2019): Réalisation du marché commun africain pour aboutir à la libre circulation des personnes et de biens dans la région ;

Ø Cinquième étape (2019-2023 : consolidation du marché commun Africain au niveau continental, aboutissement de la quatrième étape ;

Ø Sixième étape (2023-2028) : consolidation de la vision de la CEA et réalisation d'une intégration économique, politique, sociale et culturelle totale, la création d'une Banque centrale africaine unique, d'un parlement panafricain et d'une union économique monétaire africaine.

En vue d'atteindre ces objectifs, les CER ont inséré dans leurs traités les quatre piliers reconnus par la CEA pour accélérer le processus d'intégration régionale en Afrique dont nous pouvons souligner :

- L'intégration du commerce et des marchés ;

- La convergence des politiques macro-économiques, l'intégration financière et monétaire ;

- La paix, la sécurité et stabilité ;

- L'harmonisation des politiques sectorielles dans les infrastructures, les ressources naturelles, le climat, l'alimentation, le genre et l'agriculture.

En dépit de ces mécanismes institutionnels pouvant d'office être les pierres angulaires de la CEA, l'organisation continentale considère six autres organisations comme des « communautés économiques sous régionales (CESR) qui sont notamment : la Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC) ; la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) ; l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africain (UEMOA) ; l'Union du Fleuve Mano (MRU) ; l'Union d'Afrique Australe (SACU) et la Commission de l'Océan Indien (COI).51(*)

A la suite des échecs enregistrés par l'OUA dans le domaine de l'intégration régionale, étant donné qu'elle était créée comme une organisation de coopération politique afin de promouvoir et accélérer la décolonisation du continent, le 9 juillet 2001 à Lusaka, l'Union Africaine est créée pour succéder à l'OUA, qui sera inaugurée au sommet de Durban (RSA) de 2002.

L'UA, actrice d'un « nouveau régionalisme ou du renouveau » en Afrique s'est fixée pour objectif de devenir une union économique et monétaire, avec la libre circulation des biens et des services et les facteur de production, grâce à la collaboration des CER pour achever la CEA en 2027 et les Etats-Unis d'Afrique en 2034.

Dans un contexte où les OIR (Organisations d'Intégration Régionale) doivent jouer un rôle de vecteurs d'intégration régionale, l'UA est censée jouer un rôle de « coordination et de suivi de l'intégration au niveau des huit CER qu'elle a reconnues. Dans cette logique, la Commission de l'UA (CUA), à travers son département des affaires économiques dans la division de l'intégration, prépare chaque année depuis 2008, un rapport sur l'Etat de l'intégration en Afrique, approuvé par la conférence des Ministres Africains de l'intégration (COMAI) organisée annuellement en présence des organisations régionales.

Un programme Minimum d'intégration (PMI) a également été élaboré au niveau continental depuis Mai 2009, en vue de traiter de la question de la « rationalisation » des CER grâce à une approche basée sur la concertation et l'harmonisation.

Le NEPAD adopté depuis 2001 avait pour objectifs fondamentaux la fourniture au niveau régional, des biens publics essentiels (transports, énergie, eau, technologies de l'information et de la communication, lutte contre les maladies, prévention de l'environnement et le développement des capacités de recherche au niveau régional), ainsi que de promouvoir le commerce et les investissements intra-africains. L'idée est de rationaliser le cadre institutionnel en vue d'une intégration économique à travers des projets communs compatibles avec les programmes de développement intégré aux niveaux national et régional. Tous ces efforts concertés, qui ont conduit en 2006, l'UA et le NEPAD de concevoir et élaborer le plan d'action pour l'Afrique ne visaient que l'accélération du développement africain à travers le processus d'intégration régionale afin de l'insérer dans l'économie mondiale sous le monopole de la mondialisation.

II.2.3. L'intégration régionale africaine face à la mondialisation

Dans le contexte de la mondialisation, le continent africain, hier accusé d'être mal parti dans les années 1960, se trouve aujourd'hui courtisé par les colosses au XXIème siècle en particulier les Etats Unis d'Amérique, la Chine, l'Inde en plus des amis d'hier, de la Françafrique et du Commonwealth.52(*) Même si le continent fait figure d'un grand absent, il subit et contribue à la nouvelle mondialisation.

Aujourd'hui, la mondialisation est la tendance la plus importante qui est à la base des conditions actuelles du développement économique. Les principaux modes ou indicateurs de cette intégration économique mondiale sont le commerce extérieur, l'investissement direct à l'étranger, et les mouvements internationaux des capitaux. La preuve de la mondialisation en cours est le fait que le taux de croissance de chacun de ces indicateurs a été plus rapide que celui de la production mondiale.

Pour tirer parti de la plus part des opportunités offertes par la mondialisation, et pour gérer également les risques, la première chose à faire est de chercher à comprendre la nature des forces qui dirigent l'économie mondiale ainsi que leurs incidences pour la gestion de l'économie en Afrique. Un certain nombre de facteurs semblent alimenter le processus de la mondialisation53(*)

1) Les progrès rapides de la technologie des communications et des transports ont fait baisser les coûts du transfert des marchandises, des capitaux, des personnes et de l'information ;

2) La mondialisation désigne l'élargissement de la portée géographique des activités commerciales des sociétés transnationales et des institutions financières privées.

3) La mondialisation désigne également l'ampleur accrue de l'intégration multinationale réelle des marchés des biens, des services et des facteurs de production ;

4) Mondialisation désigne le degré plus élevé d'uniformité des cadres de politique et des cadres institutionnels déterminant les règles du jeu des actions et interactions économiques de la part des agents privés domiciliés dans divers pays. L'interaction de ces facteurs conduit sans doute à l'économie mondiale vers une plus grande interaction comme vers une plus grande intégration des économies nationales.

Cependant, la géographie économique et politique de l'Afrique pose des défis pour son développement économique. De nombreux pays africains sont trop petits et trop balkanisés pour offrir des économies d'échelle substantielles à l'appui d'un investissement rentable et 15 (quinze) pays de la région sont enclavés. Cet état de choses et la nature régionale plutôt que mondiale de la majeure partie des relations internationales semble indiquer que les pays africains accordent une priorité élevée aux efforts visant à créer un dynamisme sous-régional et régional que leur insertion dans la compétitivité économique mondiale.

C'est dans ce cadre que le NEPAD a été adopté comme un levier d'émancipation et de réponse à la balkanisation de l'Afrique face aux défis posés par le processus de mondialisation. Ce mécanisme vise à favoriser l'émergence d'un leadership politique et économique continental susceptible de servir de base à des relations rénovées de partenariat avec les pays du Nord et le secteur privé, pour ainsi insérer le continent dans le commerce et l'économie mondiales.

Les efforts cumulés par l'UA et les CER pour insérer le continent dans le commerce mondial n'ont enregistré qu'une marge très insignifiante de l'impact de l'économie africaine dans le système économique mondial qui est aiguisé par les multinationales. La marge des échanges intra-africains est toujours moindre par rapport aux importations qui viennent d'autres régions du monde. Les productions de l'Afrique ne sont constituées que d'une monoproduction, c'est-à-dire production des seules matières premières à l'état brut.

Pour accroitre la participation de l'Afrique dans la mondialisation, malgré les efforts consentis dans le cadre de l'intégration régionale, il faut que les africains puissent s'engager dans la création d'un environnement macro-économique stable ( maintenir bas leurs taux d'inflation, contrôler leurs déficits budgétaires, maintenir la stabilité de leurs taux de change, maitriser leur dette extérieure, maintenir stable et positif leurs taux d'intérêt réels) ; libéraliser le commerce mais avec prudence ; mettre à profit les opportunités d'un dynamisme régional ; l'intégration des marchés nationaux dans les marchés sous régionaux en construisant des réseaux régionaux d'infrastructures dans les domaines divers.

II.3. Evaluation du processus d'intégration régionale en Afrique

Depuis les années 1990 où le continent s'est lancé dans le processus proprement dit d'intégration régionale après plus de deux décennies consacrées à la décolonisation et à la confirmation de la souveraineté internationale des pays africains, plusieurs efforts se sont déployés à travers l'UA, les CER et bien d'autres mécanismes initiés pour accélérer et appuyer l'intégration continentale. C'est dans cette perspective que nous sommes en clin, dans cette partie de ce travail, de présenter les regroupements d'intégration régionale ou sous régionale en Afrique ; l'Etat de lieu de ce processus et les défis et perspectives à relever pour un bon avenir du continent.

II.3.1. Les regroupements d'intégration régionale et sous régionale en Afrique

L''analyse s'avère très complexe à ce niveau en ce sens que le continent africain compte une foison d'organisations d'intégration à différents niveaux. Toutefois, nous pouvons structurer notre étude autour des CER reconnues par l'UA comme institutions d'appui au processus d'intégration au niveau régional ou sous régional. Certes, cette analyse va commencer sur l'organisation continentale qui est repérée comme le point de convergence de toutes les politiques d'intégration en Afrique. Cette dernière sera appréhendée d'abord comme OUA et ensuite comme UA.

1. L'organisation de l'Unité Africaine (OUA)

L'OUA est l'organisation panafricaine créée en 1963 tirant ses origines du premier congrès panafricain de Londres de 1900. Engagés dans la lutte pour promouvoir la solidarité africaine et son indépendance, les noirs des USA et des Antilles se sont réunis plusieurs fois en vue d'y arriver.

Dans le prélude de la confirmation de cette solidarité, les Etats africains se sont réunis pour la première fois au Ghana en 1953. Au début des années 1960, deux blocs apparaissent, l'un de Casablanca rassemblant les Etats les plus hostiles et radicaux partisans d'une '' indépendance absolue'' et d'une unité politique africaine sous l'influence du ghanéen Kwamé Nkrumah. Le second est celui de Monrovia réunissant les Etats « conservateurs » qui élaborent un programme d'une unité économique graduelle et ils sont partisans d'une « indépendance tempérée par des accords de coopération » avec l'ancien colonisateur.

En 1963, les Etats indépendants africains se réunissent à Addis-Abeba et fondent le 25 mai, 1963, l'organisation de l'unité Africaine. Ces Etats sont au total30.

La charte de l'OUA renferme trois principes :

- L'égalité souveraine des Etats-membres ;

- La non-ingérence dans leurs affaires intérieures ;

- Le respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et du droit inaliénable de chacun d'eux à une existence indépendante.54(*)

Dans la poursuite de sa mission, l'OUA a réalisé des résultats positifs tout comme négatifs. En effets, sa réussite fut la libération totale du continent de toute forme de colonisation, grâce aux opérations secrètes de son comité de libération. Mais elle a échoué en tant que force d'interposition dans les guerres civiles qui se sont multipliées sur le continent faute des moyens financiers et d'une solidarité suffisante entre les Etats.

2. L'Union Africaine (UA)

Le projet de l'UA se dessine en septembre 2000, lors d'un sommet extraordinaire sur initiative du guide libyen, Mouammar El-Kadhafi. L'acte constitutif de l'UA est adopté à Lomé en juillet 2000, puis lors de son 37ème sommet qui se tient à Lusaka en juillet 2001, l'OUA ratifie sa transformation en une union africaine. Celle-ci est inaugurée lors du sommet de Durban de 2002.

Les défis et les contraintes qui freinent la consolidation de l'intégration régionale en Afrique, la définition du cadre dans lequel s'exercent ces efforts de consolidation, ont sous-tendu les décisions des dirigeants africains de créer l'UA. Celle-ci se fonde sur le traité d'Abuja de 1991 de l'OUA portant création de la CEA. L'UA entend accélérer le processus d'intégration en créant, en temps voulu, des institutions essentielles, notamment le Parlement africain, qui a été inauguré en mars 2004, la cour Africaine de Justice, la Banque Centrale Africaine et la Banque Africaine d'Investissement.55(*) Cette ambition vise également d'accélérer l'intégration régionale en vue d'insérer le continent dans la mondialisation et de promouvoir les principes et les institutions démocratiques ainsi que le respect des droits de l'homme. Le NEPAD contribue aussi à cette fin.

3. Communauté Economique pour le développement des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)

La CEDEAO est un regroupement régional de 15 pays, qui a été fondée en mai 1975. Elle a été conçue comme moyen d'assurer l'intégration économique et le développement avec l'intention de déboucher sur une éventuelle union économique Ouest africaine, renforçant ainsi la stabilité économique et les relations entre les Etats membres.

Les Etats membres de la CEDEAO sont : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Léone et Togo.

Les objectifs de la CEDEAOsont de promouvoir la coopération et l'intégration dans les activités économiques, sociales et culturelles, dans le but ultime d'aboutir à la mise en place d'une union économique, sociale, culturelle et monétaire à travers l'intégration totale des économies des Etats membres, relever le niveau de vie de ses populations, maintenir et renforcer la stabilité économique, resserrer les relations entre les Etats membres et contribuer au progrès et au développement du continent africain.

4. Le Marché Commun pour l'Afrique de l'Est et Australe (COMESA)

Le COMESA a été créé en 1993 pour succéder à la zone d'Echanges préférentiels pour l'Afrique de l'Est et Australe (ZEP), qui avait été créée en 1981. La vision du COMESA est celle d'une communauté économique entièrement intégrée, en vue de la prospérité, la compétitivité internationale, prête à la fusionner au sein de l'UA. Les Etats membres du COMESA sont le Burundi, les Comores, la RDC, le Djibouti, l'Egypte, l'Erythrée, l'Ethiopie, le Kenya, la Libye, le Madagascar, le Malawi, le Maurice, le Rwanda, les Seychelles, le Soudan, le Swaziland, la Zambie et le Zimbabwe.

Le traité portant sa création et fixant son programme couvre un grand nombre de secteurs d'activités. Le COMESA vise plusieurs domaines dont le commerce des marchandises et des services, intégration monétaire, la promotion et la facilitation de l'investissement, le développement des infrastructures; le commerce électronique, la paix et la sécurité.

5. Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale(CEEAC)

La CEEAC est composée de 10 Etats d'Afrique Centrale: Angola, Burundi, RDC, Congo Brazza, Guinée Equatoriale, Gabon, Sao Tomé et principe, RCA, Tchad et le Soudan. Elle a été créée en 1983 quand l'UDAC a pressé les Etats membres d'élargir la zone commerciale.

L'objectif de la CEEAC est de réaliser l'autonomie collective, relever le niveau de vie de ses populations et maintenir la stabilité économique à travers une coopération harmonieuse. Son but ultime est l'élargissement d'un marché commun de l'Afrique Centrale.

6. Communauté de Développement de l'Afrique Australe(SADC)

La SADC a comme membres: l'Angola, la RDC, le Lesotho, le Madagascar, le Malawi, le Maurice, le Mozambique, la Namibie, les Seychelles, la RSA, le Swaziland, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.

Ses objectifs sont les suivants: réaliser le développement et la croissance économique, en allégeant la pauvreté et relevant le niveau de vie des peuples de la région à travers l'intégration régionale; développer les valeurs et institutions politiques communes, promouvoir et défendre la paix et la sécurité; promouvoir le développement auto soutenu sur base de l'autosuffisance collective et l'interdépendance des Etats membres; réaliser la complémentarité entre les stratégies et programmes nationaux et régionaux;....Elle a été créée en juillet 1979 à Arusha.

7. Autorité intergouvernementale sur le développement (IGAD)

L'IGAD a succédé à l'autorité intergouvernementale sur la sécheresse et le développement (IGADD). Créée par un accord international en 1986, l'IGADD entant qu'organisation sous régionale avait pour membres, six Etats frappés par la sécheresse : Djibouti, Ethiopie, Kenya, Somalie, Soudan et Ouganda. C'est lors de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'OUA de Nairobi de 1996 que l'accord portant création de l'IGADD a été relativisé en IGAD.

Ses objectifs sont :

- Promouvoir les stratégies conjointes de développement et harmoniser progressivement les politiques et les programmes macroéconomiques dans le domaine social, technique et scientifique ;

- Harmoniser les politiques relatives au commerce, aux douanes, aux transports et aux communications, à l'agriculture et aux ressources naturelles ;

- Promouvoir et réaliser les objectifs du COMESA,...

8. Communauté des Etats Sahélo-sahariens (CEN-SAD)

Elle a été créée par traité le 4 février 1998. Depuis 2008, elle compte 27 pays situés dans le Nord, Ouest et l'Est de l'Afrique : Bénin, Burkina Faso, RCA, Comores, Côte d'Ivoire, Tchad, Djibouti, Egypte, Erythrée, Ghana, Guinée, Guinée Equatoriale, Kenya, Libye, Mali, Mauritanie, Maroc, Niger, Nigéria, Sao Tomé et principe, Sénégal, sierra Léone, Somalie, soudan, Togo et Tunisie et Soudan du Sud sa création avait pour objectif de réaliser les buts de l'OUA en matière d'intégration conformément au traité d'Abuja. Ces objectifs sont entre autres :

- La mise en place d'une Union économique globale dans les investissements, l'agriculture, l'industrie, les affaires sociales, culturelles et énergétiques.

9. Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE)

La CAE est une organisation régionale intergouvernementale qui rassemble le Burundi, Kenya, Rwanda, Ouganda, Tanzanie et qui a son siège à Arusha. Le traité portant sa création a été signé le 30 novembre 1999 et entré en vigueur en juillet 2000.

La CAE vise l'élargissement et l'approfondissement de la coopération entre les Etats partenaires, notamment dans les domaines politique, économique, et social, pour en recueillir des avantages mutuels.

10. L'Union du Maghreb Arabe (UMA)

L'UMA est composée des Etats du Maghreb qui sont l'Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. Elle a été créée le 17 février 1989 à Marrakech. L'UMA vise à renforcer les liens de fraternité qui unissent les Etats membres et leurs peuples ; réaliser le progrès et la prospérité des sociétés qui les composent et la défense de leurs droits ; contribuer à la préservation de la paix fondée sur la justice et l'équité ; poursuivre une politique commune dans différents domaines ; oeuvrer progressivement à réaliser la libre circulation des personnes des services, des marchandises et des capitaux.56(*)

Après cette étape, nous passons à l'évaluation proprement dite du processus d'intégration régionale en Afrique avant d'en relever les défis et en formuler les perspectives d'avenir.

II.3.3. Etat de lieu du processus d'intégration régionale en Afrique

Depuis l'institution de la CEA et la transformation de l'OUA en UA, plusieurs activités ont été, soit posées, soit lancées ou réalisées à travers le continent africain dans le processus d'intégration régionale.

Les acteurs de ce bilan sont aussi bien multiples que divers, allant de l'UA aux CER et plusieurs autres mécanismes dont le NEPAD. Cependant, le bilan de l'intégration en Afrique n'est pas largement positif car beaucoup d'objectifs à atteindre restent soit en cours, soit à l'état initial, compte tenu de plusieurs obstacles et contraintes auxquels les CER et l'UA font face. C'est ainsi que dans cette partie de ce travail, nous allons relever les forces et les faiblesses du processus d'intégration régionale en Afrique.

a. Les réalisations dans le processus d'intégration en Afrique

Ces réalisations se situent au niveau continental à travers l'UA et au niveau régional ou sous régional à travers les CER et les CESR.

Dans le cadre continental, plusieurs réalisations ont été enregistrées ces dernières années à travers la mise en place et l'élaboration de plusieurs politiques d'intégrations. Plusieurs programmes d'intégrations dont le plan minimum d'intégration, l'Agenda 2063, les stratégies de suivi du processus d'intégration régionale ont été aussi élaborées.

Au niveau des CER, plusieurs actions été déjà menées à travers différentes régions. En suivant les étapes définies par la CEA pour arriver à l'intégration totale du continent, la première étape a été déjà réalisée à travers la CEA car celle-ci a déterminé le huit CER pouvant faire d'office son fondement et a également reconnu certaines CESR enfin d'harmoniser les efforts au niveau d'abord des sous-régions, ensuite au niveau régional et enfin au niveau continental.

La deuxième étape qui pouvait aller de 1999 à 2007 et consistant dans la stabilisation des barrières tarifaire et non tarifaire ; l'harmonisation progressive des politiques de mise en oeuvre de programme multiple dans tous les domaines ; la création de ZLE et UD dans les CER est en grande partie atteinte. En effet, sur les huit CER, tous les programmes sectoriels ont été déjà élaborés. La mise en place de ZLE est déjà effective dans plusieurs CER dont la CEDEAO, CAE, SADC, COMESA et CEN- SAD. L'IGAD a enregistré plusieurs avancées vers une ZLE. Quelques UD ont été soit réalisées (COMESA, CAE, SADC, CEN-SAD) soit en cours ou en initiative pour les restes des CER.

La troisième étape est au lancement dans certaines CER avec la consolidation des ZLE, des UD et adoption d'un tarif extérieur commun (TEC) comme à la CEDEAO dans la coopération avec l'UEMOA. Aujourd'hui, la CEDEAO, la CAE et le COMESA ont déjà réglé la situation de circulation des personnes grâce au passeport commun lancé. Les programmes de convergence macro-économique ont été également lancés dans plusieurs CER. La démarche pour une zone de libre-échange continental (ZLEC) est en accélération, surtout avec la mise en place en juin 2015, de la ZLE tripartite (COMESA-CAE-SADC) qui rassemble 26 pays africain et une population de plus de 630 millions, couvrant 60% du PIB collectif africain.57(*)

Toutefois, vu les obstacles connus dans les efforts d'intégration, lors du sommet de l'UA de 2013, les dates ont été ramenées de 2034 à 2063, et pour ce, l'agenda 2063 maintient la création de la ZLEC en 2017, l'Union Douanière continentale en 2019, la MC africain renvoyée en 2025, l'union monétaire continentale en 2030 et en 2063, l'unification politique et économique du continent et la création des Etats Unis d'Afrique.58(*)

b. Les échecs dans le processus d'intégration régionale en Afrique

En dépit des efforts engagés ces dernières années dans le processus d'intégration régionale en Afrique, plusieurs échecs ont été enregistrés que ce soit au niveau continental qu'au niveau régional et/ou sous régional. En effet, les stratégies de l'UA de faire de l'Afrique un acteur majeur dans le commerce mondial ou dans la mondialisation n'ont encore apporté leurs fruits. Comme preuve, jusqu'en 2015, le continent Africain ne participait au commerce mondial qu'avec 1,8% des importations et 3,1% d'exportations. Les échanges commerciaux intra-Africains ne représentent que plus ou moins 12% des échanges commerciaux africains.

Au niveau des CER, les étapes mêmes de la mise en oeuvre de la CEA ne sont qu'à l'étape initiale dans d'autres CER comme l'UMA, l'IGAD et la CEEAC dans la mise en place de zones de libre-échanges. Pour ceux qui les ont déjà, certains Etats membres sont toujours réticents à la mise en oeuvre des règles des ZLE. Les UD de plusieurs CER sont soit inexistantes, soit en lancement. La stratégie de facilitation des échanges intra-communautaires souffre dans certaines CER, et dans d'autres, elle n'est qu'à l'étape de projet. Plusieurs autres échanges s'enregistrent dans presque toutes les CER et que nous ne saurons énumérer ici. Les causes de ces échecs peuvent être relevées à ce stade afin de bien comprendre cette situation.

En premier lieu il faut relever la cause majeure qui a des répercussions dans toutes les démarches d'intégration en Afrique. En effet, l'UA a remplacé en 2001 l'OUA avec comme objectif d'accélérer le processus d'intégration régionale en mettant en place des politiques cohérentes d'intégration. Cependant, au niveau sémantique du mot « intégration régionale », il y a d'abord perte de souverainetés étatiques des Etats qui ont volontairement adhéré au projet communautaire. Or dans l'acte constitutif même de l'UA, le primat de la souveraineté est renforcé dans les objectifs de l'union. En fait, le paragraphe (b) de l'Article 3 de cet acte défend la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance de ses Etats membres. Quant aux principes de l'UA, le point (b) de l'article 4 prône le principe de respect des frontières existant au moment de l'accession à l'indépendance ; dans le point (a) c'est l'égalité souveraine et indépendante de tous les Etats membres de l'union.59(*) Ce statu quo contredit l'objectif majeur de tout processus d'intégration régionale et de certains Etats membres de l'Organisation qui dans leurs constitutions, comme le Sénégal dont le préambule stipule : « le peuple sénégalais, soucieux de préparer la voie de l'unité des Etats d'Afrique et d'assurer les perspectives que comporte cette unité, (...) décide que la République du Sénégal ne ménagera aucun effort pour la réalisation de l'unité africaine, et les abandons de souveraineté ne sont consentis qu'en vue de réaliser l'unité africaine ». C'est le cas de la République Centrafricaine dans son article 67.60(*)C'est le cas également du Mali (article 117), du Burkina Faso (préambule), de la Côte d'Ivoire,...

Dès lors, on comprend que les Etats africains, malgré leurs souverainetés, ont de fois la volonté d'y renoncer au profit de la Communauté alors que celle-ci se veut exister, mais avec des Etats indépendants et souverains en son sein, des souverainetés inaliénables.

En plus, le fait que l'UA ait reconnu l'existence de plusieurs regroupements régionaux et sous régionaux qui de fois, chevauchent entre eux et même avec l'organisation continentale quant à leurs objectifs. Ce qui fait que certains Etats soient membres de l'UA et membres de plusieurs autres regroupements. Ce chevauchement fragilise les efforts d'intégration. Un autre obstacle c'est le manque d'une main-d'oeuvre qualifiée et des ressources financières pouvant permettre ces regroupements d'accomplir leurs mandats, surtout que les Etats membres ne s'acquittent pas de leurs engagements financiers.

Au niveau des Etats, il y a fragilité des structures sociopolitiques et économiques. Cette fragilité a comme conséquences, l'absence de la bonne gouvernance et le manque d'infrastructures de transport et de communication. A cela s'ajoute la faible diversification des économies et de l'insuffisance d'industries de transformation et d'industries industrialisantes qui peuvent favoriser des échanges régionaux et la recherche de marché de proximité, et surtout favoriser le développement industriel et économique.

II.3.3 Les défis et perspectives du processus d'intégration régionale en Afrique

A ce niveau, différents obstacles relevés dans le point suivant constituent des défis majeurs auxquels s'ajoutent la persistance des conflits armés en Afrique, l'absence de la bonne gouvernance et du respect des principes fondamentaux garantissant la protection des droits de l'homme.

Afin d'accélérer le processus d'intégration et atteindre la finalité qui est la construction des Etats-Unis d'Afrique, on doit redéfinir les principes et objectifs de l'UA pour ouvrir la brèche à la dissolution progressive des souverainetés des Etats membres au profit de l'unité africaine, surtout que l'UA est l'unique organisation d'intégration qui regroupe les pays de tout un continent. L'adhésion à l'union doit être conditionnée à certaines conditionnalités afin que les Etats qui y adhèrent se sentent liés à certaines obligations contraignantes. De ce fait ; l'UA ne doit pas être une organisation conservatrice de l'héritage colonial, mais elle doit aller au-delà de ce statu quo pour atteindre le rêve des pères fondateurs du panafricanisme.

Dès maintenant, l'UA doit imposer aux Etats de fusionner les CER existantes afin de donner un ton à l'architecture de la Communauté Economique pour l'Afrique et ainsi concevoir l'intégration au niveau continental que régional.

L'Afrique doit se doter d'infrastructures de transport et de communication modernes pouvant faciliter la circulation de personnes, de biens et des services, cela avec retombée l'accélération des échanges commerciaux intra-africains ; le mouvement des capitaux et le transfert des technologies. Au lieu de promouvoir les organisations régionales, il faut créer des organisations sectorielles continentales. En effet, si on a une structure ou un réseau africain de chemin de fer, un réseau aérien africain, une structure commune de santé, un réseau agricole africain un réseau d'électricité africain,... cela mettra le pied sur l'accélérateur du développement concerte du continent africain, ce qui permettrait d'insérer l'Afrique dans les flux mondiaux. En effet, il faut que l'UA soit un mécanisme contraignant dans la gouvernance des Etats membres. Car si elle prône la gestion démocratique, elle doit d'abord amener les dictateurs africains à se retirer de pouvoir au nom du principe d'alternance démocratique et de bonne gouvernance. Si cette dimension est atteinte, l'on mettra alors fin aux conflits armés qui sont dans bon nombre des cas, les conséquences de la mauvaise gouvernance en Afrique. Au moment où ces défis sont relevés, on peut songer aux perspectives d'avenir.

Le continent africain présente beaucoup d'opportunités quant à son intégration dans l'économie mondiale. D'abord par le fait que l'UA est la seule organisation au monde qui couvre tout un continent. La dotation naturelle fait de l'Afrique un vivier de l'émergence et présage un continent offrant beaucoup de chance de développement à ses populations dans l'avenir. Avec une population la plus jeune du monde, l'Afrique a la chance d'avoir une main-d'oeuvre efficace et exceptionnelle dans le futur. L'actuelle croissance économique du continent peut favoriser l'Afrique de devenir un pool émergent incontournable et un vivier des intérêts d'autres continents.

Toutes ces perspectives seront une réalité si seulement les africains mettront de côté toutes leurs divergences au profit d'une seule et unique communauté africaine intégrée, dotée des industries industrialisantes pour son émergence économique ; dotée d'un leadership politique fondé sur le respect des valeurs universelles dont la démocratie, la bonne gouvernance, le respect des Droit de l'Homme,... L 'Afrique doit s'unir pour participer au processus de mondialisation comme un acteur incontournable. Bref, le développement de l'Afrique est entre les mains des africains, il faut oser dépasser l'imaginaire actuelle pour recréer l'Afrique sur le pragmatisme organisationnel, politique et économique.

CHAPITRE III : LES PARADIMES SOUVERAINETE ET NATIONALISME FACE AUX PROCESSUS D'INTEGRATION SOUS-REGIEONALE EN AFRIQUE CENTRALE

La région ou sous-région d'Afrique centrale couvre une dizaine de pays. Tous ces pays ont compris la nécessité de l'intégration afin de booster leur développement. C'est ainsi que cet espace renferme une CER reconnue par la Communauté Economique pour l'Afrique comme pilier du processus d'intégration de l'Afrique. C'est en l'occurrence la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC). En plus certaines communautés économiques sous -régionales sont créées dans cette zone afin d'appuyer les efforts de la CEEAC, c'est notamment la CEMAC et CEPGL. L'objectif majeur ayant concouru à la mise en place de ces organisations était le renforcement et l'accélération du processus d'intégration régionale dans lequel le continent est lancé en vue d'atteindre le degré le plus élevé du développement et ainsi, s'insérer dans la compétitivité économique mondiale.

Certes, cette existence dans une même zone ou région de plusieurs organisations d'intégration abouti à un manque d'identité pour le processus d'intégration en Afrique, car bloquant toutes les initiatives de développement. En effet, les mêmes pays sont membres de plusieurs organisations. Ces dernières chevauchent quant à leurs objectifs. Le fait pour les Etats d'appartenir dans plus d'une organisation est un obstacle quant à leurs participations financières pour l'atteinte des objectifs que ces organisations se sont assignées.

C'est en quelques termes les problèmes qui surgissent dans les organisations d'intégration en Afrique centrale. Ce processus se heurte également au statu quo du souverainisme et du nationalisme dans presque tous les pays d'Afrique centrale, eux-mêmes étant encouragés par l'acte constitutif de l'UA.

III.1.Les problèmes d'intégration en Afrique Centrale

Les problèmes d'intégration en Afrique centrale sont aussi bien multiples que complexes. La volonté pour les Etats d'Afrique centrale de créer les organisations régionales et/ou sous- régionales d'intégration témoigne leur engagement dans la vision panafricaniste visant à faire de l'Afrique un maillon fort du nouveau système international, un centre d'impulsion de grandes décisions universelles, et un acteur incontournable des relations économico-politique internationales au XXIème siècle et pour les siècles à venir.

Ces problèmes sont d'ordre politique, économique et socio-culturel. Pour comprendre ces problèmes, il est inévitable de faire la cartographie des organisations d'intégration en Afrique centrale, évaluer les acquis du processus d'intégration sous- régionale en Afrique centrale, en relever les défis ou les obstacles et enfin, proposer certaines voies de solution à ces problèmes.

III.1.1. Les organisations d'intégration en Afrique Centrale

L'Afrique centrale est parmi les régions du continent africain ayant beaucoup d'organisations ou regroupements d'intégration économique et politique. En effet, en dehors de la CEEAC qui est une CER reconnue comme base de la CEA, nous avons dans cette même région la CEMAC, la CEPGL et la CIRGL. Dans ce point nous allons faire un point sur chacune de ces organisations sous- régionales.

a. La Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale

Comme déjà présentée dans la partie précédente, la CEEAC est pour l'Afrique centrale ce que peut être l'UA pour le continent africain. En effet, ce regroupement se classe, selon le Programme Minimum d'Intégration de l'UA, parmi les huit CER qui constituent la base ou la pierre angulaire de la Communauté Economique pour l'Afrique qui est le mécanisme principal de l'UA pour atteindre ses objectifs d'intégration économique. Les trois autres regroupements ne sont que sous régionaux faisant de fait, les piliers de l'intégration sous régionale en Afrique centrale. C'est ainsi que le document stratégique t'intégration régionale (DSIR) pour l'Afrique centrale fait de la CEEAC, le point focal de la coordination régionale du NEPAD en Afrique centrale.61(*) Instituée par un traité signé le 20 octobre 1983 à Libreville (Gabon) et entrée en vigueur le 18 décembre 1984, la CEEAC a pour mission de conduire le processus de coopération et d'intégration en Afrique centrale par les marchés. Son Secrétariat Général a été installé en 1985 à Libreville. Après un démarrage difficile, faute de moyens financiers, la CEEAC a pratiquement cessé ses activités entre 1992 et 1997 car la plus part des pays de la zone étaient en conflit. La conférence des chefs d'Etats de juin 1999 à Malabo marque sa relance. La conférence des chefs d'Etats et de gouvernement définit la politique générale et les grandes orientations de la communauté.

Elle se réunit une fois par an ou sur convocation de son président. La présidence de la CEEAC est rotative par ordre alphabétique des Etats membres. Le conseil des ministres est l'organe qui formule des recommandations à l'attention de la Conférence sur toute action tendant à la réalisation des objectifs de la communauté. Il est composé des ministres chargés des questions de développement économique ou tout autre ministre désigné à cette fin par chaque Etat membre. Le conseil des ministres se réuni au moins deux fois par an en session ordinaire.

La conférence de Malabo de juin 2002 adopte plusieurs règlements et protocoles, relatifs à la création de nouvelles institutions. Ainsi, les Chefs d'Etats ont adopté la création du conseil de paix et de sécurité de l'Afrique Centrale (COPAX) dont le protocole y relatif prévoit la mise en place de trois organes techniques, à savoir une commission pour la défense et la sécurité (CDS), la force Multinationale de l'Afrique Centrale (FOMAC) et un Système d'alerte précoce, le Mécanisme d'Alerte Rapide de l'Afrique Centrale (MARAC).

b. La Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC)

La CEMAC a été créée en mars 1994 et est active depuis l'entrée en vigueur de son traité en décembre 1999. Elle constitue une organisation à la fois jeune et ancienne, vu qu'elle prend le relais de l'Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale (UDEAC).62(*) En effet, la déception à l'égard des progrès seulement faibles de l'organisation dans la réalisation de sa mission, tout comme les initiatives régionales à travers le continent entier ont conduit les Etats fondateurs de l'UDEAC, depuis 1983, à reconfigurer au début des années 1990 leur structure de coopération et à prendre en considération l'option de la création d'un nouvel ensemble. Ce fut ainsi en 1994 que les 6 (six) Etats signèrent un nouveau traité mettant en place la CEMAC.

La CEMAC s'appuie sur deux piliers que sont d'une part l'union monétaire de l'Afrique centrale (UMAC), et d'autre part l'union Economique de l'Afrique centrale (UEAC). Ces deux institutions sont complétées par le parlement communautaire et la cour de justice communautaire.

Les organes de la CEMAC sont, la conférence des chefs d'Etats et de gouvernement, le secrétariat exécutif, le conseil des ministres et le comité inter-Etats, chargés de promouvoir l'intégration économique, ainsi que le comité ministériel pour l'intégration monétaire. Les institutions spécialisées de la CEMAC sont la Banque de Développement Economique de l'Afrique Centrale (BDEAC) et la Banque des Etats de l'Afrique Centrale(BEAC) pour l'union économique, et la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) pour l'union monétaire. Les Etats membres de la CEMAC sont : le Cameroun, la République centrafricaine, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad.

c. La Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL)

Fondée le 20 septembre 1976, la CEPGL visait l'intégration économique et la coopération transfrontalière pour le développement. Elle était créée par les chefs d'Etat de l'Afrique centrale dont Mobutu pour le Zaïre, Habyarimare pour le Rwanda et Micombero pour le Burundi, engagés tous dans la quête de sécurité et de puissance régionale du zaïre (RDC) dans le cadre de la rivalité idéologique et stratégique Est-ouest de la période de la guerre froide. Elle est composée du Rwanda, Burundi, Ouganda et RDC. Son siège est à Gisenyi (Rwanda) où s'était signée la convention de sa création.63(*) En dehors des organes fondamentaux qui sont la conférence des chefs d'Etats et de gouvernement, le secrétariat exécutif et le conseil des ministres, la CEPGL compte cinq organes spécialisées qui sont : l'Institut de Recherche Agronomique et Zoologique (IRAZ), la Banque de Développement des Etats des Grands Lacs (BDEGL), la Société Internationale pour l'Electricité des Grands Lacs (SINELAC), l'Organisation de la CEPGL pour l'Energie (EGL) et la Société Commerciale et Industriel de Gaz (SOCIGAZ).

d. La Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL)

L'insécurité dans la région et le manque d'institutions de gestion des conflits sont des problèmes qui ont poussé à la création de la CIRGL. En effet, fin décembre 1999, le secrétaire général de l'ONU, Mr KOFI Annan, charge son représentant dans la région des grands lacs de recueillir les vues des dirigeants de la région concernant le projet de création de la CIRGL. Cette volonté a été vite renforcée par les résolutions 1291 du 24 février 2000 et 1304 du 16 juin 2000 du conseil de sécurité des Nations Unies qui a mis en exergue les menaces de la paix et la sécurité internationales que représentait la situation de guerre en RDC.64(*) C'est en novembre 2004 que le premier sommet des chefs d'Etats et de gouvernement a eu lieu à Dar-es-Salem et se termine par une déclaration d'intention de différentes délégations. Les onze délégations (Angola, Burundi, Centrafrique, Congo RDC, Kenya, Ruanda, Soudan, Ouganda, Tanzanie et Zambie) décident de constituer une région des grands lacs ouverte à d'autres régions du continent en bâtissant leur coopération autour des axes prioritaires que sont la paix et la sécurité, la démocratie et la bonne gouvernance, le développement économique et l'intégration régionale, les questions humanitaires et sociales.65(*)

Dès après l'adoption de la déclaration de Dar-es-Salam, les chefs d'Etat et de gouvernement se réunirent à Nairobi pour signer le Pacte sur la sécurité et le développement dans la Région des grands Lacs. La signature de ce Pacte a marqué la fin de la phase préparatoire et ouvert la voie à la mise en oeuvre et la création du Secrétariat Exécutif de la CIRGL et de son siège à Bujumbura.

III.1.2 Evaluation de l'intégration en Afrique Centrale

Le processus d'intégration en Afrique Centrale connait un bilan en dents de scie étant donné que chaque regroupement d'intégration dans la région connait soit des avancées, soit stagne. Cependant, l'analyse dans cette partie semble complexe par le fait que tous ces regroupements ont presque les mêmes Etats comme membres.

Cette évaluation peut s'opérer positivement tout comme négativement selon que tout processus peut toujours évoluer avec cette dialectique.

a. Les forces du processus d'intégration en Afrique Centrale.

Les avancées positives enregistrées par la CEEAC portent sur les instruments de la politique régionale en matière de paix et sécurité ; l'appui au processus électoral, l'adoption et un début de mise en oeuvre de politique Sectorielles régionales. Dans le domaine du maintien de la paix, sous l'égide de la CEEAC, la force Multinationale d'Afrique Centrale (FOMAC) a réalisé en juin 2010 sa certification aux normes de la Force Africaine en Attente, permettant de jeter ainsi les bases d'une coopération renforcée pour la sécurisation des intérêts vitaux des Etats du Golfe de Guinée.

La coopération entre la CEEAC et la CEMAC est en impulsion depuis 2010 avec le lancement des travaux du comité de Pilotage de la Rationalisation des CER en Afrique Centrale (CPIL/CER).Les avancées déjà soulignées dans la deuxième partie du travail concernant la CEEAC sont moindres que celles réalisées par la CEMAC du fait que cette dernière, a une monnaie unique (FCFA) héritée de la colonisation française, mais adaptée aux réalités d'intégration dans la zone. Le renforcement de la collaboration entre la CEEAC et la CEMAC dans le cadre de l'accord de coopération tripartite incluant la CAE, constitue un atout majeur pour l'intégration régionale en Afriques Centrale. 66(*)

La CEEAC a également fait des progrès dans le développement de la participation effective du secteur privé aux décisions concernant les questions relatives à l'intégration aux niveaux régional et continental. Le programme Régional pour le Développement des Technologies de l'information et de la communication, le Programme Régional de Sécurité Alimentaire connu sous le nom de PRSA sont des réalisations majeures en matière d'intégration en Afrique centrale.

Du côté de la CEMAC on ajoute l'agence de régulation et de supervision du marché financier (COSUMAF) ; en plus du Douala Stock Exchange, une bourse des valeurs mobilières en Afrique Centrale (BVMAC) a été créée en 2005.Les deux autres organisations d'intégration en Afrique Centrale qui sont la CEPGL et la CIRGEL n'ont pas connu de succès à cause de la dynamique des conflits dans cette sous-région.

b. Les faiblesses de l'intégration en Afrique Centrale.

Le processus d'intégration sous régionale en Afrique Centrale a subit beaucoup d'échec depuis son lancement. Si la CEMAC a atteint nombreux de ses objectifs, les restes des regroupements ne l'ont pas fait à causes des programmes irréalistes, mais surtout à cause des plusieurs obstacles auxquels les Etats de la région font face. La réalisation des objectifs d'intégration de l'Afrique centrale n'a pas connu beaucoup d'avancées comme dans d'autres régions, notamment l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique de l'Est et l'Afrique Australe.

Les différents plans et mécanismes mis en place pour la CEEAC restent beaucoup plus théoriques que pratiques. La CEMAC qui se félicite d'une intégration à grande partie ne l'est qu'à cause de sa monnaie unique. Or cette monnaie est un instrument de la domination néocoloniale de la France en Afrique. Toutes les fluctuations que peut subir cette monnaie dans la sous région sont la conséquence de la politique monétaire française. L'appréciation ou la dépréciation du franc CFA dépend directement des secousses que subit l'Euro.

La CEPGL qui a été créée par les anciens dictateurs des grands lacs africains ne s'est pas toujours montrée robuste dans ses efforts d'intégration, car les pays qui la constituent sont au même moment des protagonistes dans les conflits qui surgissent dans la sous région. Les relations entretenues entre ces Etats dans leur organisation ne sont que des relations des loups qui à vrai dire, sont chacun ennemi de l'autre, malgré les affinités qui les lient.

Dès lors, il suffit de relever certains obstacles liés au processus d'intégration sous régionale en Afrique centrale afin de conduire la sous région à prendre un autre tournant d'intégration et ainsi aboutir à la convergence au niveau continental afin de réaliser le rêve des pères fondateurs de l'UA.

III.1.3 Les obstacles à l'intégration en Afrique Centrale

L'approche africaine de l'intégration telle que définie dans les traités nés du Plan d'Action de Lagos est plurielle, parce que combinant développement du commerce, production de biens publics régionaux et intégration par les règles ou l'encadrement normatifs.67(*) L'unification des marchés nationaux a pour finalité l'intensification des échanges commerciaux par le biais de la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires, une plus grande mobilité de facteurs et un accroissement d'opportunités d'investissement.

Les traités instituant la CEEAC, la CEMAC, la CEPGL et les autres institutions d'intégration et de coopération d'Afrique Centrale se situent aussi dans cette approche plurielle. Cependant, la revue de différents programmes d'intégration en Afrique Centrale montre dans l'ensemble les évolutions contrastés, et de résultats en-deçà des attentes formulés. En dépit de sa position de carrefour, de la diversité de ses ressources naturelles et d'un écosystème très favorable, l'espace « Afrique Centrale » reste l'un des moins intégré du continent, en termes de flux commerciaux inter-Etats, des mouvements des personnes et d'interconnexion des infrastructures physiques.

Les obstacles auxquels fait face le processus intégration sous régionale en Afrique Centrale sont aussi bien nombreux que complexes. Mais, nous pouvons les condenser en quelques points saillant qui touchent l'aspect politico-diplomatique et économique.

Sur le plan politique, le plus grand problème qui bloque l'Afrique Centrale c'est la résurgence des conflits armés, civils ou d'agression extérieure. A la base de ces conflits, il y a la recherche du contrôle et de l'exploitation des matières premières dont le point de départ c'est l'Est de la RDC.

Au plan diplomatique, le manque des stratégies efficaces d'une diplomatie préventive reste le plus grand défi auquel fait face la région. Toutes les rencontres diplomatiques entreprises par ces Etats ont souvent été des démarches de plaisanterie. Le recours aux moyens diplomatiques de résolution des différends a souvent été une manière d'habiller Saint Pierre et de déshabiller Saint Paul car c'est de ces pratiques que naissent encore d'autres différends.

Au plan économique, les échanges inter étatiques dans la sous région restent résiduels. A la base, le manque des politiques économiques efficaces ; le blocage de différents accords de libre circulation des personnes et des biens entre l'Etat ; la non application des politiques douanière arrêtées au niveau des organisations sous régionales, et le manque des politique macro-économiques réalités.

En dehors de ces obstacles d'ordre sectoriel, il y a les défis d'ordre structurel ou organisationnel. En effet, la multiplicité d'organisations sous régionales dans une même région, avec des programmes qui chevauchent et la multi-appartenance des Etat aux différentes organisations régionales ou sous régionales visant toutes l'intégration fragilise leurs actions. Ces pays appartenant à des multiples organisations deviennent insolvables à l'égard de leurs engagements financiers. En plus la mauvaise gouvernance des Etats membres de ces organisations, avec des conflits d'accession au pouvoir, étant donné que dans la plupart de ces pays, le pouvoir s'arrache par force et s'exerce au profit de la seule classe dirigeante, au mépris des populations, et c'est un grand frein aux initiatives d'intégration. Le rattachement le plus poussé au nationalisme et au souverainisme met en péril le processus d'intégration au profit de la promotion de l'intérêt national.

III.1.4. Les pistes de solutions

Aux obstacles relevés dans le blocage du processus d'intégration sous régionale en Afrique Centre il faut y remédier en proposant certaines pistes ou voies de solutions susceptibles de refonder l'espoir ou les espoirs africains dans le combat d'émergence à travers ce processus. Au nombre de nos propositions de solutions à l'intégration nous y procédons par des justifications comparatives afin de démontrer là où l'Afrique n'a pas pu mieux faire.

Pour arriver à mieux atteindre le modèle néo fonctionnaliste d'intégration que l'Afrique vise, la stratégie de fragmenter le continent en des régions ou sous-régions géographiques a été la plus mauvaise parce que diviser c'est facile, mais réunifier pour trouver la formule ou l'éléments du départ c'est hypothétique.

Les européens ayant déjà compris ce danger dans leur processus d'intégration, ils avaient procédé par la mise sur pied d'organisation d'intégration sectorielle sans limitation géographique. C'est le cas de la CECA (Commission Européenne du Cuivre et l'Acier,) mécanisme ouvert à tous les pays exportateurs de ces minéraux ; après ce fut la création de l'EURATOME et de la Communauté Economique Européenne (CEE), la création de la monnaie unique, la mise en place des mécanismes de sécurité collective, de diplomatie communautaire, de transport,... ces Etats n'ont pas éprouvé beaucoup de difficulté pour atteindre leur objectif.

En plus, la nature humaine est trop négligente face aux biens acquis sans beaucoup de sacrifice. Le système de conditionnalité est très favorable à la rigueur. En effet, le fait que l'adhésion à l'UA ou à toute autre démarche d'intégration régionale ou sous régionale est sans condition, tous les Etats africains ne se voient pas toujours liés par quoi que ce soit, certains mêmes ont adhéré à ces mécanismes sous forme de complaisance ou soit pour se livrer seulement l'étiquette de membre pour en bénéficier sans se sacrifier objectivement. Or, ce qui fait que l'intégration européenne soit efficace c'est le fait que, pour y être membres, les Etats ont rempli certaines conditionnalités ou certains critères d'éligibilité comme par exemple la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l'homme et certaines réformes dans le secteur économique.

Il faut également compter sur la prise de conscience des leaders africains du gain du régionalisme ou du communautarisme par rapport au gain national. C'est ce qui a conduit les européens à renoncer à certaines de leurs compétences régaliennes au profit de la construction européenne. Cela fait appel au volontarisme étatique à travers leurs animateurs parce que les Etats agissent par l'entremise de leurs animateurs et leurs peuples. Pour atteindre cette étape de réflexion, il faut commencer par démolir l'ancienne architecture de la construction africaine et opter pour une autre voie. Parmi les mécanismes à mettre en place dans cette étape, il faut procéder par la mise en place des mécanismes de convergence économique, politique, sécuritaire,... C'est par exemple créer la communauté africaine des transports et télécommunication, avec des infrastructures de transport supra-étatiques ou communautaires, l'Agence africaines de l'agriculture, pèche et élevage comprenant toutes les politiques agricoles convergentes à compétence communautaire, une union économique et monétaire africaine sans compter sur des unions économiques et monétaires régionales ou sous régionales qui vont converger. Parce qu'on se demande si par exemple la CEDEAO a une monnaie unique, la CEEAC la tienne, l'UMA, la SADC, ... ont chacune sa monnaie, laquelle de ces monnaie sera prise pour monnaie communautaire et lesquelles seront rejetée ? A ce niveau du débat, le professeur Kabengele Dibwe propose l' « AFRO » comme monnaie unique africaine.

D'autres stratégies pouvant redonner une bonne posture à l'Afrique pour sa construction sont légions comme une politique culturelle commune, une politique sociale africaine, une politique sanitaire commune, ... qui conduiront vite à la communautarisation de l'Afrique.

III.2. La souveraineté des Etats de l'Afrique Centrale face au processus d'intégration

Les Etats centrafricains sont plongés tous dans une confusion sans précédent. En effet, ayant accédé à leur souveraineté interne et internationale aux heures des indépendances, ces pays se sont aussitôt engagés dans le processus d'intégration sous régionale afin de se constituer en des blocs solides face aux aléas de la guerre froide et de la mondialisation. Cependant, entre souverainisme et régionalisme ça ne colle pas parce que le régionalisme enfreint au nationalisme ou souverainisme et s'y impose parce que comprenant la somme globale de souveraineté étatiques.

III.2.1 La souveraineté étatique face au régionalisme

L'éclosion des nouvelles mutations observées dans le processus de l'intégration mondiale placée sous l'égide de la dérégulation mais aussi menées sous l'impulsion des NTIC a eu un impact en Afrique Centrale aux niveaux socioculturel, politique et économique. Elle a conduit à l'émergence d'une vision commune et largement partagée sur l'intégration régionale. Dans cette vision, l'intégration régionale est considérée comme le véritable moteur du développement au niveau des pays, pris individuellement, et comme un puissant ressort pour absorber au niveau national tous les chocs, affronter toutes les sources de péril et problème, et réaliser toutes les opportunités tout en profitant de tous les avantages de la mondialisation.

Cependant, un paradoxe existe en Afrique Centrale, sur la cohabitation de deux modèles qui sont naturellement contradictoire et opposés. En effet, la souveraineté est le gage de la puissance d'un Etat. C'est elle qui est la confirmation de la suprématie d'un Etat sur ses sujets et de son égalité vis-à-vis d'autre Etats. Un Etat-nation à l'ère actuelle sans souveraineté est comme une personne sans conscience. Certes, dans le contexte actuel de la révolution techno-industrielle et les mutations dues à la mondialisation, le simple cadre étatique, surtout dans le tiers-monde n'est pas très compétitif, c'est alors la nécessité pour les Etats de renoncer à certains de leurs compétences souverainiste au profit des regroupements régionaux afin de constituer ainsi, une force dynamique à même d'intégrer l'actuel système économique international et y prendre part. Dès lors, le régionalisme parait être un outil ayant pour but la mise en commun des expériences, des atouts et des ressources de l'Afrique Centre réputée `' immensément riche en ressources minières, régulièrement arrosée par l'eau de pluie et pourvue d'une hydrographie scandaleuse''.68(*)

De cette comparaison entre les avantages offerts par la souveraineté et le régionalisme ; et face à une Afrique balkanisée et aux contraintes économiques du monde moderne, l'unité (le régionalisme) apparait comme une impérieuse nécessité, parce que prenant en compte l'harmonisation de plusieurs souverainetés étatiques en une unique souveraineté globale supranationale. La nécessité d'une Afrique forte et unie repose sur l'idée que l'intégration renforce la synergie économique, car les avantages économiques de l'ensemble d'une communauté régionale sont plus substantiels que les avantages additionnés de ses Etats membres pris individuellement.69(*) C'est dans ce contexte que les CER ont été créées et légitimées comme des instruments quasi irremplaçables d'une insertion maitrisée et bénéfique de l'Afrique dans le monde politique et économique globale.

III.2.2. Le nombrilisme politique comme blocage au processus d'intégration

Engagés depuis les premières heures des indépendances africaines dans le processus d'intégration régionale afin de confirmer leur identité économique et politique commune, les pays centrafricains sont toujours restés attachés au nombrilisme politique, c'est-à-dire à l'égoïsme ou à l'égocentrisme politique. Cette attitude a été souvent à la base du blocage du processus d'intégration régionale dans lequel ils se sont engagés.

Cela se justifie du fait qu'en dehors des contraintes régionales auxquelles ils doivent faire face dans leur synergie, il y a des contraintes d'ordre national liées à la gouvernance politique, au social de leurs populations respectives et à l'intérêt national. Face à une situation pareille les dirigeants africains accordent beaucoup d'importance à leurs intérêts égoïstes, surtout qu'ils sont presque tous dictateurs et autocrates. Ils perdent beaucoup de temps à consolider leurs caisses de résonnance politique afin de mater leurs populations et ainsi s'éterniser au pouvoir. Cet état de chose les conduit souvent à négliger le fait régional, et l'intérêt national pour la prospérité de leurs nations, et adopter des stratégies purement égocentristes pour se chercher des parrains politiques internationaux.

Face aux Etat avec lesquels ils sont dans la région ou dans l'organisation, ils adoptent une attitude d'hostilité car ils se considèrent tous comme ennemis les uns des autres. C'est le cas de la situation actuelle entre Rwanda et le Burundi. En effet, le Burundi accuse le Rwanda d'avoir logé et de former les rebelles burundais sur son territoire afin de les larguer au Burundi pour renverser le régime de Nkurunzinza. Ces mêmes accusations sont portées même contre la RDC. Or ces Etats sont tous membres de la CEPGL. Donc nous vivons les velléités de la fameuse expression `'l'homme est un loup pour l'homme'', au même moment qu'ils ont dû renoncer à ces égards pour penser l'intégration de la sous région.

III. 2.3. Les avantages de l'intégration et les limites du souverainisme

Les Etats, dans la quête de leur prospérité mettent sur pied des mécanismes susceptibles à cette fin et adoptent des options multiples pouvant leur faciliter cette tâche. En Afrique centrale, tous les Etats sont souverains, mais tous engagés dans la recherche du bonheur national, cela par le biais du processus d'intégration régional ou sous régional. Pour justifier ce choix du régionalisme au détriment de leurs souverainetés respectives, ces Etats ont compris les opportunités qu'offrent les processus d'intégration face aux limites de leurs souverainetés singulières.

En effet, l'intégration présente des multiples opportunités pour ceux qui s'y engagent. Face à la montée vertigineuse du processus de mondialisation et les mutations opérées dans les relations économiques internationales marquées par l'entrée en danse d'autres acteurs plus compétitifs que les Etats, les africains ont compris que pris isolément, ils ne peuvent pas s'inscrire dans cette dynamique. Dans cette perspective, l'intégration régionale ou sous régionale s'avère comme un moyen pour l'Afrique de bénéficier des opportunités de la mondialisation économique, politique et culturelle en cours et de faire face aux phénomènes de replis identitaires qui se développent dans différentes zones suite, en partie du moins, à l'accélération des dynamiques économiques, et culturelles transnationales. C'est alors que les Etats africains, à travers leurs leaders ont pris conscience sur la nécessité de construire des blocs régionaux et sous régionaux capables d'aider à répondre à un double défi : faire face à la marginalisation économique et politique, mais aussi resserrer les liens entre eux pour prendre en charge les besoins des populations qu'un Etats-seul ne peut faire.

En plus, l'intégration permet d'améliorer la stabilité politique entre pays voisin et à stimuler le développement économique dans une région. Sur des marchés très vastes et largement harmonisés, la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes permet des économies d'échelle et stimule les échanges et investissement. Ainsi, l'intégration économique régionale entre pays en développement est un vecteur de croissance économique et peut contribuer à la réduction de la pauvreté.

La motivation principale sous-jacente de toute intégration régionale ou sous régionale provient de la conviction que l'union fait la force dans un monde globalisé où les équilibres entre les principaux acteurs mondiaux reposent sur des éléments de rapport de puissance.

Quant aux limites du souverainisme, il faut voir d'abord la réduction du cadre d'action à un territoire national, jaloux et orgueilleux de son absolutisme sur ses sujets et son égalité à l'égard d'autres Etats. En effet, la souveraineté qui se comprend comme un pouvoir absolu d'être suprême à tous les autres et de n'être soumis à quelque injonction que ce soit n'a besoin d'être concurrente avec une autre. La souveraineté limite son titulaire à vivre dans un vase clos. La souveraineté implique l'exclusivité de sa compétence sur le territoire national et son indépendance internationale dans la limite de ses engagements internationaux. Seulement, les Etats d'Afrique centrale ont du mal à respecter leurs engagements internationaux, encore moins leurs engagements communautaires dans le cadre de l'intégration. La sacralisation de la souveraineté contribue au développement de l'égoïsme national sur l'esprit communautaire, qui est très indispensable à la mise en oeuvre des programmes et projets communs de manière harmonisée entre les regroupements d'intégration dans la région.

Le fait de sacraliser la souveraineté et le primat de l'intérêt national sur l'intérêt régional obère le processus d'intégration. En effet, les frontières contribuent à ce que chaque Etat se perçoive comme un tout distinct des autres Etats.70(*) En Afrique centrale, les chefs d'Etat se considèrent comme des `'princes'' à l'intérieur de leurs frontières. Ils sont jaloux de leur souveraineté. Ce comportement est incompatible avec toute éventuelle politique de fusion des volontés nationales qui donnerait davantage de pouvoir aux autorités fonctionnelles et limiterait celui des Etats. En Afrique centrale l'Etat reste l'intelligence personnifiée de la collectivité, il reste omniprésent, et n'est point contourné, encore moins remplacé par des autorités fonctionnelles.

III. 3. L'incidence du nationalisme sur l'intégration en Afrique centrale

Le fait que les Etats d'Afrique centrale restent toujours rattachés au souverainisme national conduit à la montée en puissance du micro-nationalisme latent, avec comme conséquence une prédominance des intérêts nationaux sur l'esprit communautaire. La prédominance du nationalisme et du souverainisme influent souvent négativement sur les engagements d'intégrations régionale ou sous régionale.

III. 3.1. Les avantages du nationalisme en Afrique centrale

Le panafricanisme qui est né en Amérique, permet aux Etats africains à la veille des indépendances de se constituer en des groupes doctrinaires ou culturels afin d'engager leurs énergies pour s'émanciper de la domination coloniale. Comme le panafricanisme, le nationalisme est un concept importé en Afrique. Rares sont les pays africains qui constituaient des Etats-nations pouvant donner lieu à l'existence d'un véritable nationalisme endogène.

Le nationalisme est né en Afrique surtout à la suite d'une opposition au système colonial, à la domination étrangère. Il est défini par rapport à l'extérieur, on peut donc dire qu'il y a eu un nationalisme sans nation. En effet, le plus grand avantage du nationalisme a été celui de permettre différents peuples africains à se considérer comme un seul homme et de résister à la colonisation européenne et d'y mettre fin.

En plus, le nationalisme en Afrique centrale a permis, après le découpage territorial hérité du colonialisme, aux différents peuples de s'identifier en une nationalité donnée, et ainsi pour renforcer l'unité nationale. Aujourd'hui ; tous ceux qui vivent sur le sol congolais ont un vif sentiment de s'identifier en congolais, oubliant même les origines intrinsèques de leurs nationalités historiques.

Cependant, la nouvelle forme du nationalisme en Afrique centrale est un handicap majeur à la cohésion nationale parce que dans cette région il y a cumule de nationalisme, à la fois le nationalisme civique et le nationalisme identitaire ou tribal. En effet, le génocide Rwandais de 1994 a été la conséquence des affrontements identitaires au nationalisme entre les hutu et les tutsi, tous jouissant de la nationalité Rwandaise.

Les conflits en Afrique centrale ont comme dénominateur principal les revendications micro-nationalistes. Le fait que les Etats actuels sont l'héritage des frontières délimitées par les colonisateurs a plongé la région dans une confusion totale où les gens qui pouvaient constituer une seule nation se retrouvent éparpillées sur les territoires de plusieurs Etats-nations. C'est notamment le cas de Hutu ou Tutsi, de Tshokwe qui sont sur plusieurs territoires. A leur tour, ils se reconnaissent une même nation définie en termes d'un ancêtre commun, d'une communauté historique.

En prenant en compte ces réalités à l'Afrique tout entière ou à l'Afrique centrale, l'unique moyen qui peut s'avérer indispensable pour conduire à la convergence sociale c'est le régionalisme, car permettant d'intégrer les individus vivant dans un espace géographique donné, avec une sommation de leurs identités en une nouvelle identité communautaire ou africaine.

III. 3. 2. Le Nationalisme face au régionalisme africain

En Afrique, l'attachement au nationalisme a été toujours une source de divergence comme nous l'avons démontré précédemment étant donné que certaines ethnies se sont unies dépourvues d'une partie de leurs membres délocalisés vers d'autres territoires. Le fait de vouloir maintenir le nationalisme et s'engager dans le processus d'intégration traduit une grande contradiction des volontés africaines. Souvent cette attitude se caractérise d'une polygamie socioculturelle et structurelle, c'est-à-dire vouloir un attachement au régionalisme, mais se rattacher au nationalisme. Or personne ne peut servir équitablement deux maitres. C'est ce qui fait qu'aux lendemains des indépendances africaines , les leaders ont bien vu les risque cumulés d'une Afrique fragmentée en des unités politiques nationales , présentant une certaine fragilité quant à leur intégration dans le système monde, et alors on a opté pour l'unité africaine afin de constituer une alternative à même de s'imposer aussi dans ce système monde constitué des blocs dynamiques et très compétitifs.

Face au régionalisme, le nationalisme constitue un frein et un blocage parce que n'intéressant que les intérêts égoïstes liés à l'intérêt national. Certes, dans l'analyse des Relations Internationales, la théorie de `' Balance of power'' prônée par les réalistes dont Hans Morgenthau, mettant au centre de préoccupation la prospérité de l'intérêt national conduit souvent les Etats au recours à des moyens parfois séparatistes ou conflictuels afin de sauvegarder cet intérêt, car, selon cette théorie, l'état n'agit qu'en terme de son intérêt national.

C'est alors que pour s'inscrire à l'ordre du jour de la villagisation planétaire et de la globalisation économique, l'Afrique est appelée à créer une autre identité à la dimension communautaire ou continentale, une identité mettant en synergie toutes les forces africaines.

III. 3. 3. L'africanisme ou le panafricanisme comme atout au développement de l'Afrique

A l'ère de la mondialisation et de la globalisation, l'Afrique représente un continent plein de promesses et de chances mais encore marginalisé à cause de sa faible participation aux transactions économiques mondiales. En effet, l'Afrique n'y participe qu'en termes des matières premières à l'état brut et comme grand consommateur.

Eu égard à cet état de chose, la prise de conscience des africains sur leur destinée dans un monde courtisé par la mondialisation et sous emprise économico-commerciale de grandes entreprises multinationales est une importance capitale. C'est pourquoi dans le cadre de ce travail, nous préconisons pour le continent noir, le recours à l'africanisme ou au panafricanisme qui semble aujourd'hui jeté dans les oubliettes par l'actuelle génération des leaders, en ne s'intéressant qu'aux questions de la prise de pouvoir et de s'éterniser au pouvoir sans toutefois voir les conséquences que produiraient les grandes mutations mondiales dans l'avenir de ce continent plein d'espoirs.

Pour la nouvelle Afrique que nous envisageons, pleines d'enthousiasmes, le recours à l'africanisme stipule l'implication de toutes les forces, tant mystiques que métaphysiques, culturelles que politiques dans la construction de l'espace africain uni et unifié. Au moment où l'Afrique sera une communauté unie, d'une valeur culturelle africaine, d'une communauté politique africaine, d'une idéologie africaine, nous quitterons l'étape des « Afriques » pour intégrer l'étape d'une Afrique constituant un tout pour son peuple qui s'identifiera non en `'africains'' mais en `'africain'', l'africanité remplacera les nationalismes actuels. Et alors, le développement du continent noir sera au rendez-vous des grands agendas multiformes du mondialisme ou du mondial.

L'africanisme est un atout au développement du continent parce que, une foi que le débat sur les convergences structurelles, économiques et politiques, sur l'harmonisation des politiques sectorielles sera clos, ça sera alors le chapitre des macro-transformations qui s'ouvrira, avec comme référence une seule communauté sociale, culturelle et politique panafricaine.Le panafricanisme est un atout au développement de l'Afrique parce que son retour mettra fin aux velléités souverainistes, nationalistes ou étatistes au profit de cette valeur identitaire qui ne vise rien d'autre que l'édification d'une Afrique grande, puissante et actrice incontournable par d'autres acteurs de l'actualité économico-politique mondiale contemporaine et à venir.

III.3.4. Quelques alternatives pour l'Afrique unie

Plusieurs alternatives pointent à l'horizon pour une Afrique unie. Ces alternatives, ajoutées aux autres idées ressorties dans ce travail comme pistes de solutions pour l'inscription de l'Afrique à l'ordre du jour des mutations multiformes que subit actuellement le système international constituent notre apport scientifique dans l'appréhension des phénomènes déterminant les réalités africaines dans notre époque.

Une Afrique unie permettra de quitter la marginalisation pour se confirmer comme un bloc très solide dans des discussions déterminant la donne même de notre planète. En effet, le passage de l'Afrique des intégrations régionales et sous régionales à l'Afrique tout court changera l'ordre du jour inscrit aux agendas des impérialistes mondiaux qui profitent souvent de nos divisions internes pour nous fragiliser, nous opposer entre nous et tirer ce dont ils ont besoin sans fournir aucun sacrifice de réciprocité.

Une Afrique unie changera la configuration géopolitique et géostratégique actuelle du concert des nations, car au-delà du bloc nord et du bloc sud, l'Afrique constituera un bloc intermédiaire qui aura le monopole de départager les deux premiers blocs qui sont antagonistes. Ce qui fera qu'en étant juge et arbitre ou médiateur irréversible, les intérêts des autres blocs seront déterminés en fonction de la position que prendra l'Afrique dans le débat d'envergure.

Une Afrique unie se dotera d'une nouvelle population dépourvue de toutes les caractéristiques actuelles de méfiance dont la famine, la pauvreté, médiocrité et produire des africains pleins de bonheur, d'excellence, de leadership à mesure de discuter avec d'autres citoyens du monde. L'unité africaine pourra réparer les abus causés par les divisions souverainistes et nationalistes, parce que ce nouveau type d'africains ne réfléchira qu'en termes de développement, de prospérité et fera tout pour que l'africain jouisse des atouts et opportunités dûs à la dotation naturelle du continent.

Donc, il est temps pour les africains de mettre de côté tout ce qui a trait à la souveraineté nationale, au nationalisme et de renforcer leur engagement dans le régionalisme ou le communautarisme pour mieux comprendre leur rôle à jouer dans la géopolitique et dans la géostratégie, puis, la géo-économie du monde contemporains, courtisé par la mondialisation économique, politique et culturelle. Le panafricanisme ne fut pas la version supranationale du patriotisme des Etats fédéraux africains.

CONLUSION

Au terme de cette analyse portant sur `'la question de la souveraineté et du nationalisme africain face au processus d'intégration sous régionale en Afrique Subsaharienne : le cas de l'Afrique centrale'', notre grande attente est de rendre intelligible, par une analyse très objective, les relations de compatibilité ou d'incompatibilité entre ces réalités sociales souvent contradictoires.

En effet, dans leurs discussions pendant les conférences officielles et dans les traités, les dirigeants politiques africains drainant leurs peuples derrières eux, se montrent depuis longtemps favorables à une plus grande intégration de leurs pays, bien que peu de résultats aient été obtenus en pratique. Cette volonté qu'ils expriment s'inscrit dans la logique du renforcement de l'unité africaine pour resserrer les liens économiques, politiques, et culturels afin de surmonter plusieurs difficultés qui bloquent le continent de s'insérer dans le processus de mondialisation économique, politique, culturelle, et de globalisation.

De ce constat, nous pensons que la croissance de l'Afrique doit être replacée dans le contexte international plus large, où les gains encourageant dans la croissance économique contredisent la faiblesse sous-jacente de la compétitivité à long terme. L'intégration régionale est la clef qui permet de remédier à cette faiblesse en apportant des avantages économiques et sociaux plus larges; elle doit donc être considérée comme prioritaire par les dirigeants africains qui doivent garantir que l'Afrique tienne ses promesses.

Cependant, dans l'expression de cette vision qui a caractérisé les leaders africains aux heures des indépendances, les velléités nationalistes et souverainistes se sont vite fait sentir, parce que chaque Etat devenu indépendant avait besoin de confirmer sa souveraineté internationale et renforcer son unité nationale par l`instauration d'un nationalisme, souvent multi ethnique sur son territoire. Certes, le constat est décevant en Afrique car, dans les Etats multi ethniques africains, le nationalisme se change nécessairement en ethno nationalisme et en xénophobie, parce qu'en absence d'une nation citoyenne construite sur l'abrogation et le dépassement de la multitude des nationalistes ethniques, le nationalisme désigne un faux patriotisme. Son contenu n'est ni le bien commun ni le peuple organiquement uni mais l'identité ethnique. Cette situation met en mal la conception régionale de l'intégration en Afrique.

Ayant déjà opté tous pour le communautarisme ou le régionalisme, les dirigeants africains ne veulent pas résilier avec leur rattachement très poussé au souverainisme, ce qui empêche l'avancement de tout projet d'intégration régionale ou sous régionale. En Afrique centrale, les obstacles au processus d'intégration restent l'attachement au nationalisme (ethnique) et à la souveraineté étatique importée du modèle westphalien mais échouée car aujourd'hui, on n'a ni les Etats-nations en Afrique, ni les micro-nations, mais plutôt des Etats-multi nations à base identitaire.

Toutes ces réflexions nous ont conduits à une problématique principale sur la question de départ, celle de savoir pourquoi le processus d'intégration régionale en Afrique subsaharienne cohabite-t-il toujours avec le strict respect et attachement à la souveraineté étatique et de l'émergence ou la montée vertigineuse du nationalisme en Afrique?, et quels défis présentent ces paradigmes face au processus d'intégration lancé sur ce continent?

A ces questions, nos hypothèses démontrent que ces Etats, à peine d'accéder à leur souveraineté internationale, avaient d'abord besoin de confirmer leur souveraineté comme cadeau d'un déterminisme plein de sacrifice. C'est ce qui a justifié leur adhésion massive en 1960 à l'ONU, aux côtés de leurs anciens maîtres, avec lesquels ils sont désormais appelés de coopérer d'égal à égal suivant la philosophie de la charte de l'ONU.

Certes, cette confirmation de leur souveraineté internationale pouvait vite leur attirer des ennuis de la part des puissances impérialistes. C'est alors qu'ils ont au même moment résolu de se constituer en un bloc africain susceptible d'incarner la somme de leurs puissances individuelles, pour ainsi se confirmer comme une dynamique dans le nouveau système international, caractérisé par le mondialisme économique, politique et culturel; et aussi assurer le bien-être de leurs peuples grâce à un développement concerté et harmonisé.

En cherchant de resserrer ces liens ils ont aussi devant le défis des divisions ethnique à `intérieur de leurs territoires nationaux. Mais cette réalité de cohabitation de plusieurs volontés contradictoires a vite suscité des défis majeurs dont l'incompatibilité du régionalisme opté avec les volontés nationalistes ou souverainistes, puis la restriction du champ d'action du régionalisme par ces réalités.

Dès lors, nous avons recouru à une méthodologie comme démarche scientifique afin de mieux mener nos investigations et aussi bien avant, à une revue de littérature sur la thématique de notre recherche afin d'en relever la teneur des analyses d'autres chercheurs, s'y référer et en suite établir notre démarcation et notre contribution scientifique ou analytique. Ceci nous a conduits à subdiviser ce travail en trois points principaux, en sous-points ou en décomposition thématique de ces points, mais tout ceci précédé par une introduction et parachuté par une conclusion.

En effet, une certaine littérature a été dans un premier point recensée sur la notion du nationalisme et sur la question de la souveraineté des Etats en Afrique subsaharienne. Nous avons ainsi fait une présentation de notre cadre d'étude avant de parler du nationalisme africain et des Etats africains face à leur souveraineté.

Ensuite, le deuxième point qui a abordé la problématique du processus d'intégration régionale en Afrique: bilan et perspectives a fait un cap sur l'intégration en Afrique face au processus de globalisation et à l'évaluation du processus d'intégration régionale en Afrique.

Enfin, le troisième et dernier point a soulevé les paradigmes souveraineté et nationalisme face aux processus d'intégration sous régionale en Afrique centrale en mettant l'accent sur le problème d'intégration en Afrique centrale; la souveraineté des Etats de l'Afrique centrale et incidence du nationalisme sur l'intégration en Afrique centrale.

Nous ne pouvons pas clôturer cette analyse sans préciser que tout ce que nous avons consenti n'est qu'un sacrifice scientifico-intellectuel pour nous de donner aux lecteurs et chercheurs divers un certain goût et un élan permanent d'aimer la recherche scientifique pour ainsi approfondir ce champ d'investigation.

Toutefois, la science n'est pas un champ absolu, mais plutôt un champ critique qui, à partir des critiques conduits à l'efficience et à la lumière sur les phénomènes et les faits sociaux, ce qui fait que le débat scientifique soit toujours permanent et conduise toujours à l'harmonie quasi-parfaite dans la société. Nous restons donc à ce niveau, très ouverts au débat et différentes critiques constructives, malgré que ce travail met fin à notre second cycle d'études universitaires.

BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE

I. Documents officiels

1. Acte constitutif de l'Union Africaine, Adopté à Lomé le 11 juillet 2000

2. Traité instituant l'UMA, Marrakech, 1989, Art. 2, p. 2.

II. Ouvrages

1. Agenda 2063 de l'UA ; l'Afrique que nous voulons, CUA, mai 2014

2. ARYEETEY E, COURT J., Et alii, le renforcement de la participation de l'Afrique à l'économie mondiale, UNU-CREA, Nairobi, 1998

3. Assemblée Parlementaire de la Francophonie, Bilan de l'intégration Régionale en Afrique, Dakar, Mai 2013

4. BARTELEMY B., Cité par BEN HAMMOUDA A., l'intégration régionale en Afrique Centre, Karthala, Paris, 2003

5. BATTISTELLA D, théorie des Relations Internationales, Presse des Sciences politiques, Paris, 2012

6. BODIN J. les six livres de la République, Fayard, Paris, 1986, p. 5

7. BOUSNINA M., l'Afrique face aux défis de la mondialisation : nécessaire d'un développement humain conséquent, UNESCO, Tokyo, Septembre 2009

8. Boutros B-G, Institutions Internationales : l'organisation de l'Unité Africaine, Armand Colin, Paris, 1968

9. CEA, Etat de l'intégration régionale en Afrique : rationalisation des communautés économiques Régionales, Addis-Abeba, 2006

10. CEA, Etat de l'intégration Régionale en Afrique : vers l'intégration monétaire et financière en Afrique, Addis-Abeba, Septembre 2008

11. CEA, renforcer l'intégration et la mise en oeuvre : le rôle des organismes de développement durable après 2015, ADDUS-ABEBA juin 2015

12. CEA, Etat d'avancement du processus d'intégration en Afrique Centrale : prospectus 2009, St Paul, Yaoundé, n° 22 427, septembre 2009

13. CEA, Etat d'intégration régionale en Afrique : vers une zone de libre-échange continentale Africaine, Addis-Abeba, 2012

14. CEA, Repenser le développement en Afrique Centrale : faire de l'intégration régionale un puissant moteur du développement au niveau national, CDSR-AC Décembre 1998

15. CHEVALIER Y, Perspectives économiques régionales : Afrique Subsaharienne, pour une croissance durable et plus solidaire, Françaises, Paris, 2014

16. CESAIRE A, Discoure sur le colonialisme, Présence Africaine, Paris, 1955

17. COHEN Jean Luc, les transformations de la souveraineté, Gallimard, Paris, 2003

18. DAVIN E.L., Economie régionale et croissance, Genin, Paris, 1984

19. De BENOIST J.R., la balkanisation de l'Afrique Occidentale Française, NEA, Dakar, 1979

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21. DOLLOT L., histoire diplomatique, PUF, Paris, 1961

22. DSIR pour l'Afrique centrale 2011-2015, février 2011

23. GUIHAUMONT P., GEOURJON A-M, et GUERINEAU S, Evaluation des gains attendus de l'intégration économique régionale dans les pays africains de la zone franc, FERDI, Paris, septembre 2012

24. GWENDOLEN M., Independence for Africa, Peager paperback, New york, 1960

25. HARDY. G., vie générale de l'histoire de l'Afrique, Armand colin, Paris, 1949

26. HUGON P., Géopolitique de l'Afrique, SEDES, Paris, 2003

27. IBRAHIMA LO, Méthodologies de recherche en sciences sociales, PUF, Paris, 2013

28. KABAMBA WA KABAMBA G., et TSHILUMBAYI M., relations et organisations internationales Africaines MADOSE, Kinshasa, 2013

29. KABENGELE D., les problèmes d'intégration économique, CAP, Kinshasa, 2008

30. KAMBEMBO, KAZADI, et alii, le nationalisme congolais : idéologie d'authenticité, PUK, Kinshasa, 1971

31. KANINDA, K. C., Regroupements régionaux et le développement économique en Afrique noire : cas de la CEPGL, CEPAC, Lubumbashi, 1979

32. KIRONGOZI S, les malentendus de la démocratisation en Afrique Subsaharienne : le paradoxe Congolais, Sirius, Kinshasa, 2010

33. KONARE A.O, Etat de l'intégration régionale en Afrique II ; Rationalisation des Communautés Economiques Régionales, CEA, Addis-Abeba, 2006

34. LEBALE N, le développement économique en Afrique : renforcer l'intégration économique régionale pour le développement de l'Afrique, CNUCED, Genève, 2009

35. LOUBEL DEL BAYLE, J.L., Initiative aux méthodes des sciences sociales, Harmattan, Paris, 2000

36. MASANGU, M., Pour quoi je crois au progrès de l'Afrique ?, Hachette, Paris, 2009

37. MBWEBWA K, nationalisme et démocratie, quels concepts pour l'Afrique !, Open Access, Kinshasa, 2011

38. MEYER (A), l'intégration régionale et son influence sur la structure, la sécurité et la stabilité d'Etats faibles : l'exemple de quatre Etats centrafricains, thèse RI et sciences politique, institut d'Etudes politiques de paris, CERI, 2006, p.223

39. MILAN P. le continent Africain face au développement et à la mondialisation, LMA, Paris, 2013

40. MOREAU (F-D), Introduction à la géopolitique, Ed. du seul, paris, 2005

41. MULUMBATI, N, Manuel de sociologie générale, Africa, Lubumbashi, 2001

42. MWAKA (A), D'une CEPGL à une autre : quelles alternatives dans les stratégies actuelles d'intégration et de coopération pour le développement, CEP, Kinshasa, 2008, p.10

43. MWAYILA T. l'Afrique face aux défis des futurs, Harmattan, Paris, 2013

44. NIANE D.T., Histoire générale de l'Afrique IV ; l'Afrique du XII au XVIèmesiècle, UNESCO, Paris, 2000

45. NGANDJEU (J) l'Afrique contre son indépendance économique ? Diagnostic de la crise actuelle, Harmattan, Paris, 1988, p.94.

46. NTUMBA LUABA L., L'intégration Africaine face à la mondialisation : Etat des lieux, défis et perspectives, CODERSIA, Rabat, Avril 2013

47. WEISS (H), « la dimension politique des dynamiques des conflits dans les grands-lacs » in dynamique des conflits et crise de développement en Afrique centrale, Duboiris, Paris, 2004

III. Articles

1. BOUBACAR B., « Histoire et perception des frontières en aux XIXème et XXème siècles : les problèmes de l'intégration Africaine » In des frontières en Afrique du XIIème et XXème, UNESCO, Bamako, 1999

2. DESCHAMPS H, « Afrique, histoire des origines en 1945 », In Encyclopédia Universalis, Corpus VI, Paris, 1984

3. NGUETTIA K, l'intégration en Afrique : pourquoi peine-t-on à l'accélérer ?, In revue Africaine d'intégration, vol5, N°1, Addis-Abeba, Octobre 2011

4. NTUDA EBODE J.V., De la politique étrangère des Etats Africains : rupture et continuité d'une diplomatie contestée, In African Journal of international Affairs, vol 2, N° 1, AJIA, Yaoundé, 1999

5. SMOUT M-C., « l'Afrique dans la diplomatie multilatérale », In Etudes internationales, vol 22, N° 2, PUF, Paris, 2010

6. NTUMBA LUABA L., l'intégration africaine face à la mondialisation : Etat des lieux défis et perspective, In forum panafricain de haut niveau, N°2, Rabat, Avril 2013

IV. Thèse

1. DEMERS V. vers de nouvelles modalités d'exercice de la souveraineté : les organisations non gouvernementales et les accords internationaux sur les changements climatiques, Thèse, Environnement, Université du Québec, 2008

V. webographie

1. Encarta 2009, « Géographie de l'Afrique »,In www.encarta.com,2009

TABLE DES MATIÈRES

EPIGRAPHE I

DEDICACE II

AVANT-PROPOS III

IN MEMORIUM V

SIGLES ET ACRONYMES VI

INTRODUCTION 1

1. Présentation du sujet 1

2. Etat de la question 3

3. Problématique et hypothèses du travail 8

a. Problématique du sujet 8

b. Hypothèses du travail 9

4. Choix et intérêt du sujet 11

a. Choix du sujet 11

5. Méthodologie de recherche 13

a. Méthodes du travail 13

6. Délimitation du sujet 14

7. Présentation sommaire 14

CHAPITRE I : LE NATIONALISME AFRICAIN ET LA QUESTION DE LA SOUVERAINETE DES ETATS D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE 14

I.1. Présentation de l'Afrique Subsaharienne 15

I.1.1. Bref historique de l'Afrique 15

I. 1.2. Panorama géographique de l'Afrique 16

I.1.3 : situation stratégico-diplomatique de l'Afrique 18

I.1.4. l'Afrique dans le processus de la mondialisation 19

I.2. Le nationalisme africain 20

I.2.1. Notion de nationalisme 20

I.2.2. La construction de l'Etat-nation en Afrique et l'émergence du nationalisme Africain 21

I.2.3. Le nationalisme africain face à la colonisation 22

I.2.4. Le nationalisme africain après les indépendances 22

I.3.1. Notion de souveraineté 24

I.3.2. La souveraineté comme base de la puissance en 26

Relation Internationales. 26

I.3.3. La conception africaine de la souveraineté 26

I.3.4. La souveraineté en Afrique centrale : prémices des conflits interétatiques 27

CHAPITRE II : LE PROCESSUS D'INTEGRATION REGIONALE EN AFRIQUE : BILAN ET PERSPECTIVES 29

II.1. Brève analyse sur l'intégration régionale 30

II.1.1 Approche définitionnelle 30

II.1.2. typologies d'intégration 32

II.1.3. les modalités et principes d'intégration 32

II.1.4. La téléologie de l'intégration 34

II.2. L'intégration en Afrique face au processus de globalisation 35

II.2.1. La genèse et l'évolution du processus d'intégration régionale en Afrique 35

II.2.2. Les mécanismes d'intégration régionale en Afrique 37

II.3.1. Les regroupements d'intégration régionale et sous régionale en Afrique 42

1. L'organisation de l'Unité Africaine (OUA) 42

La charte de l'OUA renferme trois principes : 43

2. L'Union Africaine (UA) 43

3. Communauté Economique pour le développement des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) 44

4. Le Marché Commun pour l'Afrique de l'Est et Australe (COMESA) 44

5. Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale(CEEAC) 44

6. Communauté de Développement de l'Afrique Australe(SADC) 45

7. Autorité intergouvernementale sur le développement (IGAD) 45

8. Communauté des Etats Sahélo-sahariens (CEN-SAD) 46

9. Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) 46

II.3.3. Etat de lieu du processus d'intégration régionale en Afrique 47

a. Les réalisations dans le processus d'intégration en Afrique 47

b. Les échecs dans le processus d'intégration régionale en Afrique 48

II.3.3 Les défis et perspectives du processus d'intégration régionale en Afrique 50

CHAPITRE III : LES PARADIMES SOUVERAINETE ET NATIONALISME FACE AUX PROCESSUS D'INTEGRATION SOUS-REGIEONALE EN AFRIQUE CENTRALE 52

III.1.Les problèmes d'intégration en Afrique Centrale 53

III.1.1. Les organisations d'intégration en Afrique Centrale 53

III.1.2 Evaluation de l'intégration en Afrique Centrale 57

III.1.3 Les obstacles à l'intégration en Afrique Centrale 59

III.2. La souveraineté des Etats de l'Afrique Centrale face au processus d'intégration 63

III.2.2. Le nombrilisme politique comme blocage au processus d'intégration 64

III. 2.3. Les avantages de l'intégration et les limites du souverainisme 65

III. 3. L'incidence du nationalisme sur l'intégration en Afrique centrale 67

III. 3.1. Les avantages du nationalisme en Afrique centrale 67

III. 3. 2. Le Nationalisme face au régionalisme africain 69

III. 3. 3. L'africanisme ou le panafricanisme comme atout au développement de l'Afrique 70

III.3.4. Quelques alternatives pour l'Afrique unie 71

CONLUSION 72

BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE 77

TABLE DES MATIÈRES 80

* 1CEA, Etat de l'intégration régionale en Afrique : rationalisation des communautés économiques Régionales, Addis-Abeba, 2006, p. 34

* 2CEA, Op.cit., p.36.

* 3 DAVIN E.L., Economie régionale et croissance, Genin, Paris, 1984, pp.108-119

* 4KANINDA, K. C., Regroupements régionaux et le développement économique en Afrique noire : cas de la CEPGL, CEPAC, Lubumbashi, 1979, pp. 12-15.

* 5 Boutros B-G, Institutions Internationales : l'organisation de l'unité Africaine, Armand Colin, Paris, 1968 p.12.

* 6BOUTROS, B.G., Op.cit., pp 8-11

* 7 MASANGU, M., Pour quoi je crois au progrès de l'Afrique ?, Hachette, Paris, 2009 pp. 139.

* 8Ensemble des personnes habitant un même territoire, ayant une communauté d'origine, d'histoire, de traditions, le plus souvent de langue, et constituant une entité politique ; ou l'ensemble des personnes appartenant à un ancêtre commun et partageant la même langue et culture.

* 9LOUBEL DEL BAYLE, J.L., Initiation aux méthodes des sciences sociales, Harmattan, Paris, 2000, p. 2600.

* 10NTUMBA LUABA l., L'intégration Africaine face à la mondialisation : Etat des lieux, défis et perspectives, CODERSIA, Rabat, Avril 2013, p.3.

* 11Boutros B-G, Op.cit., p.11.

* 12Idem, p.49.

* 13IBRAHIMA LO, Méthodologies de recherche en sciences sociales, PUF, Paris,2013, p. 24

* 14LOUBEL DEL BAYLE, J.L, Op.cit., p. 213

* 15MULUMBATI, N, Manuel de sociologie générale, Africa, Lubumbashi, 2001, p. 16

* 16HARDY. G., Vue générale de l'histoire de l'Afrique, Armand colin, Paris, 1949, p.VII

* 17NIANE D.T., Histoire générale de l'Afrique IV ; l'Afrique du XII au XVIème siècle, UNESCO, Paris, 2000, p.10

* 18DESCHAMPS H, « Afrique, histoire des origines en 1945 », In Encyclopédia Universalis, Corpus VI, Paris, 1984, p.382

* 19DOLLOT L., Histoire diplomatique, PUF, Paris, 1961, p.43

* 20CESAIRE A, Discours sur le colonialisme, Présence Africaine, Paris, 1955, p.21

* 21GWENDOLEN M., Independence for Africa, Peager paperback, New York, 1960, p.XI.

* 22Encarta 2009, « Géographie de l'Afrique », In www.encarta.com,2009

* 23CHEVALIER Y, Perspectives économiques régionales : Afrique Subsaharienne, pour une croissance durable et plus solidaire, Françaises, Paris, 2014, p.12

* 24 SMOUT M-C., « l'Afrique dans la diplomatie multilatérale », In Etudes internationales, vol 22, N° 2, PUF, Paris p. 269.

* 25 NTUDA EBODE J.V., « De la politique étrangère des Etats Africains : rupture et continuité d'une diplomatie contestée », In African Journal of international Affairs, vol 2, N° 1, AJIA, Yaoundé, 1999, p. 62

* 26 MILAN P., Le continent Africain face au développement et à la mondialisation, LMA, Paris, 2013, p. 3.

* 27KAMBEMBO, KAZADI, et alii, Le nationalisme congolais : idéologie d'authenticité, PUK, Kinshasa, 1971, p. 10.

* 28DERRIENNIC J-P, Nationalisme et Démocratie : Réflexion sur les illusions des indépendantistes québécois, Boréal, Québec, 1995, p.17.

* 29MBWEBWA K, Nationalisme et démocratie, quels concepts pour l'Afrique!, Open Access, Kinshasa, 2011, p. 12

* 30KIRONGOZI S, Les malentendus de la démocratisation en Afrique Subsaharienne : le paradoxe Congolais, Sirius, Kinshasa, 2010, p. 102.

* 31Idem., pp. 107-108

* 32COHEN Jean Luc, Les transformations de la souveraineté, Gallimard, Paris, 2003, p. 22.

* 33DEMERS V. Vers de nouvelles modalités d'exercice de la souveraineté : les organisations non gouvernementales et les accords internationaux sur les changements climatiques, Thèse, Environnement, Université du Québec, 2008, p. 18

* 34BODIN J. Les six livres de la République, Fayard, Paris, 1986, p. 5

* 35BOUBACAR B., « Histoire et perception des frontières en aux XIXème et XXème siècles : les problèmes de l'intégration Africaine » In Des frontières en Afrique du XIIème et XXème, UNESCO, Bamako, 1999, pp 55-56.

* 36MWAYILA T. L'Afrique face aux défis des futurs, Harmattan, Paris, 2013, p. 8.

* 37 CEA, Etat de l'intégration Régionale en Afrique : vers l'intégration monétaire et financière en Afrique, Addis-Abeba, Septembre 2008, p.10.

* 38 KABENGELE D., Les problèmes d'intégration économique, CAP, Kinshasa, 2008, p.1

* 39 BATTISTELLA D, Théorie des Relations Internationales, Presse des Sciences politiques, Paris, 2012,p.425

* 40 Assemblée Parlementaire de la Francophonie, Bilan de l'intégration Régionale en Afrique, Dakar, Mai 2013,p.7

* 41 NTUMBA LUABA L., « L'intégration africaine face à la mondialisation : Etat des lieux défis et perspective », In Forum panafricain de haut niveau, N°2, Rabat, Avril 213, p.2.

* 42 BARTELEMY B., Cité par BENHAMMOUDA A., L'intégration régionale en Afrique Centre, Karthala, Paris, 2003, p.23

* 43 KABENGELE D, Op.cit., p.47.

* 44HUGON P., Géopolitique de l'Afrique, SEDES, Paris, 2003, p. 5.

* 45 GUIHAUMONT P., GEOURJON A-M, et GUERINEAU S, Evaluation des gains attendus de l'intégration économique régionale dans les pays Africains de la zone franc, FERDI, Paris, septembre 2012, P. 52.

* 46KABAMBA WA KABAMBA G., et TSHILUMBAYI M., Relations et Organisations Internationales Africaines, MADOSE, Kinshasa, 2013, P. 39.

* 47De BENOIST J.R., La balkanisation de l'Afrique Occidentale Française, NEA, Dakar, 1979, p. 18.

* 48LEBALE N, Le développement économique en Afrique : renforcer l'intégration économique régionale pour le développement de l'Afrique, CNUCED, Genève, 2009, p. 8.

* 49NGUETTIA K, « L'intégration en Afrique : pourquoi peine-t-on à l'accélérer » ?, In Revue africaine d'intégration, vol5, N°1, Addis-Abeba, Octobre 2011, p. 59.

* 50CEA, Etat d'intégration régionale en Afrique : vers une zone de libre-échange continentale africaine, Addis-Abeba, 2012, p. Xi.

* 51 SALOMON J.M., MAMATY I, Et alii, Op.cit, p. 14.

* 52BOUSNINA M., L'Afrique face aux défis de la mondialisation : nécessaire d'un développement humain conséquent, UNESCO, Tokyo, Septembre 2009, p.1

* 53ARYEETEY E, COURT J., Et alii, Le renforcement de la participation de l'Afrique à l'économie mondiale, UNU-CREA, Nairobi, 1998, p.14

* 54KABENGELE D, Op.cit, p.152.

* 55KONARE A.O, Etat de l'intégration régionale en Afrique II ; Rationalisation des Communautés Economiques Régionales, CEA, Addis-Abeba, 2006, p.20.

* 56Traité instituant l'UMA, Marrakech, 1989, Art. 2, p. 2.

* 57CEA, Renforcer l'intégration et la mise en oeuvre : le rôle des organismes de développement durable après 2015, Addis-Abeba juin 2015 p. 24.

* 58Agenda 2063 de l'UA ; L'Afrique que nous voulons, CUA, mai 2014, p 31

* 59Acte constitutif de l'Union Africaine, Adopté à Lomé le 11 juillet 2000

* 60La République peut (...) conclure avec tout Etat africain des accords d'association ou de fusion comprenant abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l'unité africaine.

* 61 DSIR pour l'Afrique centrale 2011-2015, février 2011, p.2

* 62 MEYER (A), l'intégration régionale et son influence sur la structure, la sécurité et la stabilité d'Etats faibles : l'exemple de quatre Etats centrafricains, thèse RI et sciences politique, Institut d'Etudes politiques de paris, CERI, 2006, p.223

* 63 WEISS (H), « La dimension politique des dynamiques des conflits dans les grands-lacs » In Dynamique des conflits et crise de développement en Afrique centrale, Duboiris, Paris, 2004, pp 40-42

* 64 MWAKA (A), D'une CEPGL à une autre : quelles alternatives dans les stratégies actuelles d'intégration et de coopération pour le développement, CEP, Kinshasa, 2008, p.10

* 65 MWAKA (A), Op.cit., p.29.

* 66 DSIR Afrique Centrale 2011-2015 p.12

* 67 CEA, Etat d'avancement du processus d'intégration en Afrique Centrale : prospectus 2009, St Paul, Yaoundé, n° 22/427, septembre 2009, p.7

* 68 CEA, Repenser le développement en Afrique Centrale : faire de l'intégration régionale un puissant moteur du développement au niveau national, CDSR-AC Décembre 1998, p.6

* 69 NGANDJEU (J) L'Afrique contre son indépendance économique ? Diagnostic de la crise actuelle, Harmattan, Paris, 1988, p.94.

* 7071 MOREAU (F-D), Introduction à la géopolitique, Ed. du seul, paris,2005, p.33






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