EPIGRAPHE
« Si nous ne voulons que l'Afrique centrale soit
le dernier wagon du train de l'émergence, abandonnons nos
égoïsmes et nos nationalismes au profit d'une politique
volontariste d'intégration, au profit de nos populations. Créons
un véritable espace politico-économique
intégré. »
IDRISS DEBY
IDRISS DEBY
DEDICACE
L'honnêteté socio-spirituelle nous oblige de nous
acquitter du devoir spirituel de bien reconnaitre la primauté en tout
et dans tout du Père Tout Puissant, Dieu des Apôtres qui nous a
créé à son image, et pour ce il nous a doté
d'intelligence et de sagesse d'être à la hauteur de l'essence
créatrice, et ainsi devenir des créateurs scientifiques. A lui
gloire, humilité, louange et obéissance.
C travail étant une production d'inspiration
scientifique et sociale nous oblige de le dédier à tous les
scientifiques africains et tout le peuple africain dont la seule vision reste
la conviction d'appartenir et d'édifier l'unité africaine.
AVANT-PROPOS
Le processus d'intégration régionale
lancé depuis les heures du réveil africain semble jusqu'à
ce jour être un cauchemar. La réalisation d'une intégration
économique présente plus d'avantages que d'inconvénients
pour le groupe intégré dans son sens original. Mais la
réalité africaine nous témoigne un coup raté de
l'intégration, cela suite aux obstacles qui sont d'ordre politique,
économique, idéologique et socioculturel.
De ces obstacles les plus majeurs sont couverts par le
nationalisme et le souverainisme africains qui bloquent l'intégration de
l'Afrique dans l'économie mondiale. Cet état de chose semble
trouver une majeure part de réponse dans les mutations récentes
connues par le continent en matière d'instruction de son élite
qui est aujourd'hui quantitative et qualitative, mais aussi des implications de
nouvelles technologies de l'information et de la communication, bien qu'en
phase de démarrage. L'éveil scientifique et la prise de
conscience restent les seules caractéristiques qui doivent marquer les
africains partout où le débat sur l'Afrique est engagé.
C'est dans cette perspective que nous avons, à la fin
de nos études universitaires, souhaité nous marquer aussi dans
cette logique en confirmant notre part de responsabilité dans la
réalisation du recours à l'africanisme.
Cependant, ce travail est le fruit des connaissances que nous
avons accumulées dans notre cursus universitaire à
l'Université Officielle de Mbujimayi, et cela grâce aux
enseignements méthodologiques et objectifs y reçus à
travers le concours des professeurs, des Chefs de Travaux et des Assistants que
cet alma mater a mis au service de la communauté scientifique. Ce qui
nous pousse d'être très reconnaissants envers toutes les
autorités académiques et enseignantes de cette institution
publique d'intérêt commun.
L'encadrement et l'orientation de nos idées qui au
départ ont été ramassées en vogue ont
bénéficié de l'approbation savante du Professeur Ordinaire
Godefroid KABENGELE DIBWE qui malgré ses infinies occupations a
accepté la direction de ce mémoire. Ce geste plein d'enthousiasme
et de constructivisme lui vaut estime, mérite, dévouement,
considération et gratitude de notre part.
Le sacrifice scientifique plein d'amour du Chef de Travaux Guy
Lebel NTAMBUE nous a été très propice pour parvenir
à la réalisation de cette oeuvre scientifique car il a
été à tout moment disposé à nous critiquer,
nous orienter et nous perfectionner dans l'analyse des phénomènes
socio-scientifiques afin que nous devenions aussi partisans de l'école
des meilleurs et des savants.
Nous élevons à cette occasion la force vitale de
ce que nous somme en ce jour, Christine KABINDA, ma très chère
mère, et Beatrice ILUNGA, ma très chère et aimable
marâtre pour nous avoir soutenu malgré les hauts et les bas,
depuis notre premier jour sur cette terre jusqu'en ce jour historique de notre
vie. Avec toute mon affection, que vos souffrances endurées puissent
trouver à travers ce travail une récompense continue.
A vous cher Oncle maternel Lebon KABUE nous présentons
nos sincères remerciements pleins de reconnaissance pour votre soutien
tant spirituel, moral que matériel qui a été pour nos
études une grande contribution. Une reconnaissance toute
particulière et singulière est unilatéralement
orientée vers l'Honorable Prosper BUKASA NGOYI pour son soutien combien
propice à notre édification scientifique depuis des moments.
Nous tenons à encourager la bravoure et la compassion
de nos plus proches, ceux qui ont été avec nous dans tous les
moments difficiles de notre vie dont Moïse MULOMBA, Alphonse TSHIBANGU,
Jacques BONDO, Augustin ILUNGA, John TSHIBANDA, Steve SABUE, Emmanuel SULU,
Sylvie KABONGO, Tantine MUSAU, René BUKASA, Lyly NZEBA, Alice NTUMBA,
Johnny MPOYI, Beatrice KANYEBA, Elysée NTUMBA, Dédé
BUKASA, Eric BUHANGU.
Que nos camarades et connaissances scientifiques dont Isabelle
MBUYI, Joseph NYANDUE, Rachel NDJIBU, Patrick Bishop KATAYI, et ceux dont les
noms ne sont pas cités dans ce travail trouvent une reconnaissance et
une gratitude toute particulières dans ces lignes.
IN MEMORIUM
A vous notre regretté père géniteur,
Dieudonné SABUE Santos qui nous avez quitté tant que nous vous
aimions beaucoup et que nous avions besoin de vous.
A vous notre regretté frère, Michel KADIATA qui
venez de nous quitter aussitôt qu'on a encore besoin de votre encadrement
professionnel.
A vous tous qui nous avez précédé, que
l'Eternel Dieu de grâce vous préserve et que la terre de nos
ancêtres vous soit une meilleure demeure car un jour nous nous
verrons.
SIGLES ET ACRONYMES
BDEAC : banque de développement
économique de l'Afrique centrale
BDEGL : banque de développement
des Etats des grands lacs
BEAC : banque des Etats de l'Afrique
centrale
BVMAC : bourse des valeurs
mobilières en Afrique centrale
CAE : communauté de
l'Afrique de l'Est
CEDEAO : communauté
économique pour le développement des Etats d'Afrique de
l'Ouest
CEE : communauté
économique européenne
CEEAC : communauté
économique des Etats d'Afrique centrale
CEMAC : communauté
économique et monétaire d'Afrique centrale
CEN-SAD : communauté des Etats
sahélo-sahariens
CEPGL : communauté
économique des pays des grands lacs
CER : communauté
économique régionale
CESR : communauté
économique sous régionale
CIRGL : commission internationale sur
la région des grands lacs
COBAC : commission bancaire de
l'Afrique centrale
COI : commission de
l'océan indien
COMAI : conférence des
ministres africains de l'intégration
COMESA : marché commun pour
l'Afrique australe et orientale
COPAX : conseil de paix et de
sécurité de l'Afrique centrale
COSUMAF : agence de régulation
et de supervision du marché financier
CPIL/CER : comité de pilotage de
la rationalisation des communautés économiques régionales
en Afrique centrale
DSIR : document
stratégique d'intégration régionale
EGL : organisation de la CEPGL
pour l'énergie
FCFA : franc de la
coopération franco-africaine (lors de la colonisation) ou franc de
la communauté financière africaine
FOMAC : force multinationale de
l'Afrique centrale
IGAD : autorité
intergouvernementale pour le développement
IRAZ : Institut de recherches
agronomiques et zoologiques des grands lacs
MARAC : mécanisme d'alerte rapide
de l'Afrique centrale
MC : marché commun
MRU : union du fleuve Mano
NEPAD : nouveau partenariat pour le
développement de l'Afrique
NOEI : nouvel ordre
économique international
NTIC : nouvelles technologies de
l'information et de la communication
OIR : organisation
d'intégration régionale
OMC : organisation mondiale du
commerce
ONU : organisation des nations
unies
OUA : organisation de
l'unité africaine
PAL : plan d'action de Lagos
PMI : programme minimum
d'intégration
PRSA : programme régional de
sécurité alimentaire
RDC : république
démocratique du Congo
SACU : communauté
économique pour le développement de l'Afrique australe
SINELAC : société
internationale pour l'électricité des grands lacs
SOCIGAZ : société
commerciale et industrielle de gaz
TEC : tarif extérieur
commun
UA : union africaine
UAM : union africaine et
malgache
UD : union douanière
UDAC : union douanière de
l'Afrique de l'Ouest
UDAE : union douanière de
l'Afrique équatoriale
UDEAC : union douanière et
économique de l'Afrique centrale
UE : union économique
ou union européenne
UEAC : union économique de
l'Afrique centrale
UEM : union économique et
monétaire
UEMOA : union économique et
monétaire ouest africaine
UMA : union du Maghreb arabe
UMAC : union monétaire de
l'Afrique centrale
USA : united state of america/
Etats unis d'Amérique
ZLE : zone de libre
échange
INTRODUCTION
1. Présentation du sujet
Depuis les heures des indépendances, les dirigeants
africains ont toujours aspiré à l'émergence et au
développement intégral du continent. Cette raison a
été matérialisée trop tôt au lendemain de la
décolonisation dans la mise en place d'une structure internationale,
l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) chargée de promouvoir
l'émancipation totale du continent et de la promotion du
développement.
Indépendance acquise, il faut dès lors penser
à l'intégration régionale et la création d'un
marché commun africain afin de concilier les tendances mondiales en
matière du commerce et des relations économiques, sociales,
politiques et le renforcement accru du processus d'intégration. Dans la
plupart des pays, les efforts d'intégration se sont multipliés
donnant ainsi naissance à des nombreux regroupements sous
régionaux d'intégration.
En effet, la mise sur pied du plan d'action de Lagos (PAL) de
1980 et la signature du Traité d'Abuja en 1991, ont
démontré la volonté commune des pays africains de
créer la Communauté Economique Africaine (CEA) instituée
par ce traité comme base du processus d'intégration
régionale en Afrique. Cette communauté est dès lors le
mécanisme incontournable du processus d'intégration africaine.
Dans une appréhension plus sémantique,
l'intégration régionale en Afrique obéit au schéma
classique fondé sur la proximité géographique, le
voisinage immédiat des pays et la coopération politique à
travers la coopération économique.1(*) Cela étant, des forces internes et externes
puissantes commencent à modifier profondément les relations
économiques au sein de l'Afrique et avec le reste du monde.
Au nombre de ces forces figurent le nouveau partenariat pour
le Développement de l'Afrique (NEPAD), la nouvelle géographie
économique où les pays riches cherchent une plus grande
intégration avec les pays pauvres par le trais des accords commerciaux
bilatéraux, et de nouvelles institutions du commerce international,
à l'image de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Cependant, la multiplicité des Organisations sur le
continent brouille l'analyse sur le régionalisme africain. Un trait
commun à la politique étrangère des Etats africains au
lendemain des indépendances a été l'activisme
diplomatique. En effet, l'Etat nouvellement indépendant a besoin
d'affirmer et de consolider sa souveraineté internationale à
laquelle il vient d'accéder. Cet état de chose a laissé
ces pays dans une psychose bidimensionnelle : d'abord de nouer les
relations amicales avec ses voisins et d'autres pays pour consolider sa paix et
sa sécurité ; et enfin de faire face à la puissance
coloniale.
De ce fait, dans la plupart des cas, les pays africains se
sont comportés comme des bifaces. Donc, pris dans l'agir collectif, ces
pays se comportent comme partisans au processus d'intégration
régionale enclenché sur le continent. De ce point de vue, tous
les pays africains ont affirmé leur engagement à faire de
l'intégration régionale un moyen par excellence d'amener le
continent au développement durable.2(*)
Ensuite, l'agir ensemble des africains se heurte toujours
à leur désir engagé contre toute tentative tendant
à amenuiser leur souveraineté internationale acquise au prix du
sang, et considérée comme domaine réservé de tout
Etat digne de ce nom, indépendant et souverain.
De ce point de vue, le nationalisme couplé à la
promotion de la souveraineté semblent les moyens adéquats du
renforcement de la puissance de ces Etats dans un environnement où les
plus forts ont tendance à assujettir les faibles et les exploiter. Cet
état de chose est à la base de la résurgence des conflits
armés interminable qui ont fondé leur foyer de tension en Afrique
centrale.
Ce bidimensionalisme dans l'analyse de la question du
développement de l'Afrique fait naitre ces deux volontés
contradictoires qui couplées à d'autres problèmes qui
guettent l'Afrique constitue un lot majeur des défis qui sapent tous les
efforts ménagés pour le décollage du continent noir.
Face à ce tableau lugubre sur la situation de
l'Afrique, nous avons estimé convenable de circonscrire notre
réflexion sur la thématique suivante : `'La
question de la souveraineté et du nationalisme africain face au
processus d'intégration sous régionale en Afrique
Subsaharienne : « le cas de l'Afrique
Centrale ».
2. Etat de la question
Aborder une question d'analyse scientifique nous soumet au
rythme de la comparaison des énoncés de plusieurs analystes des
phénomènes internationaux et arriver ainsi à ressortir une
démarcation afin d'apporter notre contribution à
l'évolution des Relations Internationales comme discipline scientifique
et/ou phénomène social. C'est la justification de cette partie du
travail qui consiste à la révision de la littérature
existante en la matière. En effet, un certain nombre d'ouvrage
très significatif se récence autour de la question du processus
d'intégration régionale en Afrique. Mais au regard de l'encours
même de la problématique de la souveraineté et du
nationalisme africain face au processus d'intégration sous
régionale en Afrique centrale, une très peu abondante
littérature se présente.
A cet effet, au nombre d'ouvrages consultés nous avons
celui écrit par Louis Davin portant sur : l'« Economie
régionale et croissance »3(*). Partant de la construction européenne, Davin
constate qu'elle est née dans l'après-guerre, de la prise de
conscience des dangers du nationalisme et des théories
géographique qui définissent les ennemis en fonction de leur
situation géographique et des prétendues «
leçons de l'histoire ». Un changement s'est en
conséquence opéré au niveau de la stratégie des
dirigeants politiques qui ont cessé de voir un ennemi en leurs voisins
et sont allés au-delà d'une logique de politique
étrangère reposant essentiellement ou exclusivement sur la
politique de puissance. En fait, rompant radicalement avec la doctrine
traditionnelle en matière de défense nationale, la France et
l'Allemagne sont devenues le pivot de l'intégration européenne
dans l'après-guerre. Cette nouvelle culture stratégique a permis
la création de l'Union Européenne.
Par rapport à la réalité africaine,
l'auteur précise que chaque région se développe en
fonction de la situation spécifique dans laquelle elle se trouve et
propose l'intégration ouverte. Cette ouverture implique avant tout, une
société plurielle qui défende les valeurs de la
démocratie politique, de la diversité culturelle et religieuse,
de la libre concurrence, de la participation des citoyens, de
l'associationnisme et de la souveraineté partagée. Ceci doit
s'opposer fermement à la création des blocs fermés et doit
défendre le multilatéralisme fondé sur le
régionalisme.
Cependant, cette conception se référant sur la
construction européenne implique d'abord des Etats qui ont
déjà un vécu démocratique très poussé
comme c'est le cas avec les pays européens qui au sortir de la seconde
guerre mondiale, ont pris en mal de conscience leurs divergences au profit du
communautarisme. Ensuite il faut ajouter le degré de
développement que ces pays avaient déjà atteint avant de
se lancer dans le régionalisme. C'est ainsi que nous propose un autre
auteur, le modèle d'intégration des pays
sous-développés.
En effet, Kaninda Kasonga Citenga dans son ouvrage
intitulé ; « Regroupements régionaux et
développement économique en Afrique noire » il propose
l'intégration régionale dans son aspect volontariste ou dirigiste
car selon lui, ce modèle d'intégration repose sur l'idée
de solidarité. Cet espace ainsi intégré est pris pour
espace de solidarité consciente : tous les membres du groupe
doivent prendre conscience de leur mutuelle dépendance, de la
communauté de leurs intérêts et de leurs
responsabilités ; ils doivent ainsi acquérir peu à
peu une disposition à obéir aux règles s'appliquant
à la communauté entière.
C'est dire que l'intégration dépasse le cadre
des seuls phénomènes économiques, elle met en jeu
« la totalité de la vie sociale ». C'est ainsi qu'il
faut bien réfléchir avant de se lancer dans l'aventure de
l'intégration économique : le prix que l'on devra payer
(Abandon de la souveraineté, sacrifices à la cause commune)
n'est-il pas trop élevé par rapport aux avantages que l'on tirera
de l'union ?4(*)
Certes, beaucoup de pays africains connaissent encore des
particularismes ethniques ou locaux puissants. Leur unité nationale
semble être récente ou en voie de se faire, en tout cas, elle
reste fragile.
Paraphrasant les velléités et initiatives qui
ont débouchés à la création de l'Organisation de
l'Unité Africaine, Boutros Boutros Ghalil trouve que dès le
départ, les leaders africains ont manifesté de très
grandes divergences idéologiques sur l'avenir du continent africain
postcolonial. L'auteur nous amène dans l'analyse sur le panafricanisme
qu'il considère comme la prise de conscience africaine visant d'abord
l'unité du continent africain.
Le leader ghanéen, Kwamé Nkrumah
considéré comme père du panafricanisme postcolonial invite
ses paires à la prise de conscience sur l'avenir du continent, qui,
selon lui, doit former une dynamique agissante à mesure de permettre le
continent de se soigner des blessures de la colonisation et intégrer le
monde compétitif où il y a des blocs forts, disposant des moyens
nécessaires pouvant manipuler la marche du monde.
Mais à cause de leur attachement à la
souveraineté acquise de la colonisation, les dirigeants africains n'ont
pas tardé à s'opposer à une telle idée de faire ide
l'Afrique un seul espace politique et économique. C'est avec
Léopold Cedar Senghor que nous comprenons ce contrepoids quand il
déclare : « Nous avons sous-estimé la force
actuelle, en Afrique du territorialisme, du micro-nationalisme. L'unité
africaine n'est pas demain, pas même sous la forme des Etats-Unis
d'Afrique pour lesquels je me suis battu...5(*)
De tout ceci, l'auteur constate que l'Afrique était
morcelée tant par le nombre des Etats qui la composaient que par le
nombre des Organisations interétatiques regroupant ces Etats. Cette
double balkanisation présentait plus d'un risque pour le continent noir.
D'abord parce que dans leur majorité, les nouveau Etats n'étaient
pas de véritables nations et qui à tout moment le principe de
self-détermination, qui dans une certaine mesure était à
l'origine de leur indépendance, pouvait provoquer leur
désagrégation.
En second lieu, la faiblesse et le sous-développement
de la plupart de ces nouveaux Etats risquaient de les mettre à la merci
des convoitises tant africaines qu'extra-africaines.
En troisième lieu, ce micro-nationalisme africain a
provoqué l'éclosion des régimes autoritaires, peu
favorables à la coopération interafricaine par ce que donnant la
priorité aux problèmes de sécurité interne, au
détriment de la sécurité continentale.
Enfin, l'élaboration des regroupements régionaux
rivaux devait accentuer les tensions les rivalités africaines sur le
plan continental, soit que ces regroupements aient une base linguistique, soit
qu'ils traduisaient des liens spéciaux avec les anciennes
métropoles, ou soit qu'ils expriment ces options politiques.6(*)
Fondant son espoir sur le progrès du continent
africain, Jean Claude Masangu Mulongo arrive à conclure que le regain
d'intérêt que suscite l'intégration régionale en
Afrique constitue la recherche d'une identité socioculturelle dont les
racines et la légitimité sont plus fortes que celle des Etats
actuels. Il ajoute que la dimension régionale dans laquelle les Etats
africains se sont engagés implique l'abandon progressif de certains
éléments constitutifs de leur souveraineté au profit de la
nouvelle structure panafricaine au-dessus de leurs compétences
étatiques.7(*) Donc
l'intégration en Afrique doit d'abord s'imposer comme l'unique moyen
pour le continent de faire face aux défis de la mondialisation, à
la compétitivité très poussée qui
caractérise le commerce international, qui aujourd'hui est l'apanage
des firmes multinationales.
Tous ces auteurs que nous avons lit à propos de cette
question d'étude nous ont aidé de manière indispensable
pour l'orientation de nos analyses. Cependant, ils ont proposés pour les
uns la quintessence des efforts fournis par différentes élites
africaine qui ont balisé le chemin de l'intégration afin que
l'Afrique s'impose aussi dans le concert des nations comme une force parmi tant
d'autres. Pour ces auteurs, dans la recherche des moyens pour la construction
de l'Afrique, les divergences n'ont pas tardées à se manifester
dans le chef de leaders africains sur la question d'un Etat africain et d'un
espace africain composé des pays indépendants et souverains, mais
qui resserrent leurs forces pour l'avancement du continent entier. Pour les
autres, les avantages que le régionalisme comme mode d'organisation du
continent qui vient à peine de se libérer de
l'impérialisme européen présente pour le continent
africain sont d'un apport capital l'érection d'une structure
économico-politique africaine supranationale. Certes, point n'est le
fait de détailler la conséquence de ces efforts qui se
résument toujours en un processus balbutiant ou encore du comportement
des élites africaines qui de ce fait, nous a conduit dans le
régionalisme à double vitesse, c'est-à-dire le
régionalisme qui doit toujours maintenir les Etats jouir de leur
compétences souveraines contrarie avec la conception classique du
régionalisme qui stipule la perte progressive ou totale de la
souveraineté étatique au profit de l'émergence d'une
structure supranationale comme le seul cadre d'ordonnancement politique,
économique et juridique comme c'est le cas de l'Union Européenne.
Il faut donc à ce niveau, chercher d'abord les vraies
causes de toutes ces divergences qui aujourd'hui ont produit un processus
d'intégration atypique où il y a chevauchement entre les
intérêts des Etats et l'intérêt régional. Au
départ il faut comprendre que les africains ont été, avant
l'occupation étrangère, bien organisés en des structures
ethnico-politiques stables à l'instar des Empires et Royaumes.
L'avènement de la colonisation qui se dit d'une mission civilisatrice,
cette structure organisationnelle des Etats africains a été
détruite sous prétexte d'instaurer un système de gestion
et d'organisation moderne importé de l'Occident. De ce choc de
civilisation est né une civilisation hybride qui ne répond ni au
modèle original africain, ni à celui importé de l'Europe.
Toujours sur ce point, les colonisateurs, en traçant
les frontières des pays africains à la conférence de
Berlin de 1884-1885 après la chasse, ils n'ont pas tenu compte des
réalités africaines, celles liées à l'appartenance
à un ancêtre commun pour certains peuples ou appartenir à
une nation8(*), à une
même culture ou partageant les même liens sociologiques. Pour eux,
ils ont utilisé la stratégie de « diviser pour mieux
régner ». Cependant, après la colonisation, le premier
défi pour les leaders africains était soit redéfinir les
frontières des Etats avant de le déclarer indépendants et
souverains, soit d'unifier tout le continent en un seul Etat fondé sur
le panafricanisme, ou encore en une unité fédérale avec
des Etats fédérés. Ces efforts entrepris par le
panafricaniste ghanéen Kwamé Nkrumah ont été vite
combattus par le modérés qui ont déjà
été déculturés par les occidentaux avec lesquels
ils avaient des liens très serrés. C'est le cas de
Léopold Sédar Senghor et Modibo Keita qui pensaient que
l'unité africaine reposait sur le respect intégral de tous les
pays issus de l'héritage colonial, c'est-à-dire le maintien des
frontières fixées à Berlin en 1885. Ces divergences ont
engendré pour tous les leaders africains, la jalousie de leurs
souverainetés sur les frontières issues de la colonisation d'une
part, et l'instauration aux lendemains des indépendances des
systèmes politiques fondés sur le parti inique totalitaire.
Donc, c'est cet état de chose qui fait à ce que,
tous les pays se soient engagés dans le processus d'intégration,
mais sans accepter de renoncer à leurs souverainetés et au primat
de l'intérêt national, au détriment de
l'intérêt régional. Ces divergences ont encore conduit les
Etats africains à se regrouper dans des structures sous
régionales très multiples soit afin de partager la même
idéologie, ou soit les affinités mesquines. Ces nouveaux
regroupements sous régionaux chevauchent dans leurs activités et
bloquent le continent d'atteindre l'étape néo-fonctionnelle de
tout processus d'intégration.
3. Problématique et hypothèses du travail
a. Problématique du sujet
Le processus d'intégration en Afrique tire sa
révérence dans l'idéologie panafricaine de faire de
l'Afrique un espace culturel, sociopolitique et économique
intègre. Cette démarche se concrétise avec la
création en 1963 à Addis-Abeba de l'OUA qui est au départ
une organisation de coopération politique avec mission principale,
l'accélération de la décolonisation, et ensuite la
formation de l'unité africaine.
Afin d'atteindre sa deuxième mission, celle de
l'intégration économique et politique du continent,
l'organisation a encouragé la création des regroupements sous
régionaux d'intégration afin d'accélérer ce
processus. Dès le départ, cette ambition a été
confrontée au micro-nationalisme et s'est heurtée à la
souveraineté stricte des Etats-membres de ces organisations. Ce qui
devient aujourd'hui un champ de bataille pour les acteurs du processus
d'intégration.
Face à cette situation dialectique justifiée par
la volonté des Etats africains d'adhérer ou de créer des
organisations sous régionales d'intégration, mais aussi de
maintenir leur attachement au nationalisme et à
l'intégralité de leurs frontières héritées
de la colonisation, il nous vient en idée la question majeure de savoir,
pourquoi le processus d'intégration régionale en Afrique
cohabite-t-il toujours avec le strict respect de la souveraineté
étatique et de l'émergence, voire la montée en puissance
du nationalisme ? Quels défis présentent la
souveraineté et le nationalisme africain au processus
d'intégration dans lequel le continent s'est lancé ?
C'est alors sur base de ces questions qui constituent la problématique
de cette étude, nous allons tenter de donner des réponses
à travers nos hypothèses.
b. Hypothèses du travail
Ce travail s'inscrivant dans une perspective dialectique des
faits et idées que constitue la démarche scientifique,
l'hypothèse est une idée ou un ensemble d'idées qui
présente une interprétation anticipée et rationnelle des
phénomènes. Dans cette perspective, on peut dire que les
hypothèses sont à la fois des questions que l'on se pose à
propos de l'objet de la recherche et des faits recueillis par l'observation et
les propositions de réponses à ces questions.9(*)
Ainsi, au regard des questions posées dans la
problématique de cette analyse, il faut reconnaitre que face à
l'accession à leur souveraineté internationale, les jeunes Etats
africains ont d'abord besoin de confirmer leur souveraineté comme cadeau
d'une lutte acharnée contre le colonialisme. Ceci se justifie par leur
adhésion massive à l'organisation des Nations Unies en 1960 et
dans d'autres organisations internationales afin de se confirmer comme acteurs
majeurs de la vie internationale au même titre que leurs anciennes
métropoles et bien d'autres pays.
Cependant, comme dit-ont la satisfaction d'un besoin engendre
un autre besoin supérieur. Plus ils se confirment comme acteurs majeurs
et complets de la vie internationale, plus ils doivent résoudre les
problèmes internes du continent et faire face au retour néo
colonial des Occidentaux. Face à cette nouvelle menace de
recolonisation, un seul Etat pris isolement ne peut s'y mesurer, d'où la
nécessité de s'unir pour se lancer dans cette lutte. C'est ainsi
que Ntumba Luaba Lumu écrit : « le défi et risque
de marginalisation économique et politique de l'Afrique
indépendante a suscité une prise de conscience des leaders
africains sur la nécessité de construire des blocs
régionaux capables de l'aider à répondre à un
double défi : faire face aux défis de la mondialisation
économique, politique, et culturelle, mais aussi de resserrer les liens
entre les Etats pour prendre en charge les besoins des populations qu'un
Etat-seul ne peut faire ».10(*) C'est la raison même de la création de
l'UA en 2002, le NEPAD en 2003,... donc, cette réalité impose aux
africains d'opter pour l'intégration afin de faire face à ces
nouveaux défis post coloniaux et de renforcer leurs structures
nationales afin de répondre aux besoins internes de leurs Etats.
C'est ainsi que le leader guinéen, Sékou
Touré explique cela en ces termes : « aucune de nos
nations prise isolément ne saurait représenter valablement
l'Afrique, ni réhabiliter totalement ses peuples. La civilisation
africaine, la culture africaine, l'humanisme africain, en un mot `'la
contribution de l'Afrique à la vie de l'humanité'', requiert de
tous les peuples africains leur présence consciente et leur unité
d'action sur le chantier de l'édification du bonheur
universel »11(*)
Bien que lancés tous dans le processus
d'intégration afin d'affirmer le dicton « union fait la
force », ces jeunes Etats africains qui viennent de recouvrir
leur indépendance et leur souveraineté internationale se veulent
d'abord protecteurs de cet acquis arraché au prix des luttes sanglantes
et des sacrifices en vue de faire face aux nouvelles tentatives de
recolonisation et affirmer ainsi leur égalité souveraine avec
leurs anciennes métropoles et avec d'autres pays africains qui
s'avèrent puissants que les autres. A cet effet, Modibo Keita affirme
que « Si vraiment nous sommes les un et les autres animés de
la volonté ardente de faire l'unité africaine, il faut que nous
prenions l'Afrique telle qu'elle est ; il faut que nous renoncions aux
prétentions territoriales si nous ne voulons pas instaurer en Afrique ce
qu'on pourrait appeler l' « impérialisme
noir ». L'unité africaine exige de chacun de nous le strict
respect intégral de la totale souveraineté et de
l'héritage que nous avons reçu du système colonial,
c'est-à-dire le maintien des frontières actuelles de nos Etats
respectifs. »12(*)
Cependant, le maintien du souverainisme et du nationalisme
africains présente plusieurs défis au processus
d'intégration régionale dans lequel le continent est
engagé pour atteindre » son développement
intégral. Le premier de ces défis c'est le détournement du
gain régional au profit de l'intérêt national car tout Etat
souverain met toujours au premier plan de ses efforts la
prospérité nationale. Le régionalisme vise
également à briser les frontières étatiques au
profit du libre-échangisme et de la libre circulation des personnes, des
biens et des services, alors que le souverainisme ou le nationalisme
prône la primauté de l'intangibilité des frontières
nationales et soumet les entrées au régime douanier et de
contrôle pour la sécurité nationale et assurer ainsi le
bien-être de la population grâce aux impositions ou
barrières douanières ou une sorte de protectionnisme national qui
est souvent exorbitant.
Enfin, le régionalisme vise à ériger une
autorité supranationale ou régionale au-dessus de toutes ses
composantes qui sont les Etats et leurs populations tandis que le principe de
la souveraineté étatique stipule que l'Etat souverain ne peut
subir ni injonction, ni limitation, ni soumission quant à affirmer son
absolutisme sur ses sujets et son indépendance à une autre
autorité externe qui se prévaudrait supérieure à
son autorité. Ce qui peut trancher ce dilemme de choix ou ce dualisme
c'est le choix optimum des leaders africain. Et ce choix doit
privilégier le régionalisme parce que présentant plusieurs
avantages au continent.
4. Choix et intérêt du sujet
a. Choix du sujet
Il est fondé de constater que depuis ce début du
XXIesiècle,le débat sur l'avenir du continent africain
s'articule autour des défis à relever dans le processus
d'intégration régionale africaine.
Il s'agit des obstacles bloquant le processus
d'intégration en Afrique. Ces obstacles ne se manifestent pas seulement
dans le cadre de l'Union Africain qui est la seule Organisation continentale et
régionale, mais aussi dans les communautés Economiques
Régionales(CER), qui lui donnent sens.
Aujourd'hui, s'il est vrais que la dynamique de
l'émergence de l'Afrique qui repose sur l'Union Africaine et l'actuelle
avancée du continent dans ce processus avec l'apport très
significatif des CER dans le cadre de l'accélération de son
intégration sont des acquis majeur, que l'on ne peut remettre en cause,
il est aussi nécessaire que l'on se donne le devoir de faire comprendre
aux africain, à travers la crème intellectuelle africaine les
contraintes auxquelles fait face le continent noir. Cette dynamique est devenue
aujourd'hui une question d'actualité et tient toujours le haut du
pavé dans l'arène aussi bien régionale qu'internationale.
Raison pour nous d'y consacrer tout un travail scientifique à l'instar
du mémoire de licence afin d'en analyser les dimensions et les
contours.
b. Intérêt du sujet
Dans les discussions-critiques sur le processus
`intégration sous régionale ou régionale en Afrique, il
s'avère que la question de la souveraineté des Etats face aux
exigences classiques d'un processus d'intégration, et celle
fondée sur le primat de l'intérêt national sur
l'intérêt collectif présente un triple
intérêt : un intérêt scientifique, un
intérêt sociopolitique et un intérêt
économique.
Un intérêt scientifique dans le sens qu'en
élaborant ce travail, nous sommes à une seconde tentative de
contribution à la science. En effet, après avoir
élaboré notre travail de fin de cycle à la fin du premier
cycle, nous somme entrains de mettre en place un outil de recherche et
d'analyse scientifique susceptible d'aider les générations
futures dans l'élaboration de leurs travaux scientifiques, ou encore
quiconque voudra aborder la question du genre aura le plaisir de nous lire afin
de se fixer sur telle ou telle autre approche. Aussi, les Relations
Internationales contemporaines reposent sur les questions multiples touchant
tous les domaines de la vie. Alors, aborder cette question sur le processus
d'intégration en Afrique centrale, qui est indissociable de
l'intégration régionale africaine c'est une façon pour
nous de nous inscrire dans les débats majeurs sur l'avenir de ces
relations qui sont à la fois un phénomène international et
une discipline scientifique.
Un intérêt sociopolitique du fait que le mal
à contourner dans le processus d'intégration dans lequel
plusieurs sous-régions africaines se sont lancées est que ce
processus est une oeuvre de seuls dirigeants africains sans le concours des
populations africaines. Si l'émergence de l'Afrique n'est pas une
réalisation du mariage populations-dirigeants et que ces derniers s'en
servent uniquement pour leurs intérêts personnels, le manque d'un
consensus régional bloquera à jamais le continent africain de
décoller.
Enfin, un intérêt économique parce que le
processus d'intégration implique en première position
l'unification de l'économie d'une région donnée, cela avec
le transfert des technologies et le développement ou l'accroissement des
échanges commerciaux interétatiques, tout ceci posé sur
une dotation infrastructurelle modernisée.
5. Méthodologie de recherche
a. Méthodes du travail
La question sous examen nous impose un rythme total pour bien
l'appréhender. En rapport avec les relations entretenues entre les Etats
africains qui se fondent sur la recherche de la genèse des faits en
établissant des liens entre le fait étudié et les faits
antécédents, la méthode historique répond à
cette exigence étant donné qu'elle replace les Institutions dans
le milieu social où elles ont pris naissance, offre le tableau de leur
condition d'existence et permet leur compréhension. Cependant, la
question de la cohabitation entre le régionalisme et le nationalisme
associé au souverainisme présente une dialectique étant
donné qu'elle explique les relations de contradiction dans la
réalité sociale.13(*) Cette dialectique est associée au concept de
totalité par ce qu'elle perçoit la réalité sociale
comme constituée par l'ensemble des interactions entre ses
différents niveaux ou instances et entre les groupes que
déterminent les différentes conduites sociales.
Le fait que cette question relève de l'analyse des
relations internationales, nous nous referons aussi à l'approche des
« areas studies » qui étudie l'ensemble
d'Etats présentant une unité politique et sociale, afin de situer
leur place dans le système international.14(*) Cette approche nous permet
dès lors d'étudier bien le processus d'intégration dans la
sous-région d'Afrique centrale.
b. Technique de recherche
La technique de recherche nous servant d'un ensemble des
phases de collecte, d'enregistrement de diverses informations sur base des
individus, des groupes d'individus, des Institutions,15(*) la technique documentaire et
l'interview directe nous guiderons dans cette démarche.
C'est ainsi que nous allons recourir aux différents
documents et entrer en contact avec différents personnages
disposés à nous éclairer sur les lacunes de la recherche
scientifique.
6. Délimitation du sujet
Cette étude se fixant dans le temps et dans l'espace,
nous circonscrivons sa sphère d'étude en Afrique et plus
précisément l'Afrique centrale. Et cela place comme borne
inférieure l'année 2011, ceci pour ne pas tomber dans la
constipation de la matière et comme la borne supérieure
l'année 2016 étant donné que ce processus est
dynamique et continu. Toutefois, pour raison d'historicité, nous
revisiterons les années antérieures pour fixer l'opinion.
7. Présentation sommaire
Outre l'introduction et la conclusion générale,
notre travail se subdivise en trois chapitres.
Le premier chapitre se fonde sur le nationalisme africain et
la question de la souveraineté des Etats d'Afrique Subsaharienne.
Le second chapitre analyse le processus d'intégration
régionale en Afrique : bilan et perspectives.
Le troisième et dernier porte sur les paradigmes
souveraineté et nationalisme face aux processus d'intégration
sous régionale en Afrique centrale.
CHAPITRE I : LE NATIONALISME AFRICAIN ET LA
QUESTION DE LA SOUVERAINETE DES ETATS D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE
A partir de la fin des années 1950, les pays africains
anciennement sujets de domination coloniale affichent un nouveau vent
inspiré d'un esprit nationaliste ou panafricaniste afin de se
libérer de cette domination. La décennie 1960 vient confirmer les
résultats de cette aspiration en accordant la souveraineté
internationale à plus d'une dizaine de pays. Dès lors, ils sont
des Etats modernes souverains et égaux envers tous les autres Etats.
C'est ainsi que dans ce point, nous parlerons du nationalisme africain, de la
question de souveraineté dans les Etats africains. Tout ceci est
précédé par un sous point sur l'Afrique subsaharienne.
I.1. Présentation de l'Afrique Subsaharienne
Il nous semble impérieux dans cette partie du travail
de circonscrire le continent d'Afrique et les événements
historique qui l'ont construit. Sa dotation et situation naturelle seront
également dans cette section.
I.1.1. Bref historique de l'Afrique
Berceau de l'humanité, l'Afrique a été
depuis plusieurs années le vivrier de nombreuses découvertes
géologiques.16(*)
En effet, les australopithèques et homosapiens en témoignent
l'existence. Longtemps mythes et préjugés de toute sorte ont
cachés au monde l'histoire de l'Afrique. Les sociétés
africaines passaient pour des sociétés qui ne pouvaient avoir
l'histoire.17(*)
L'histoire du Nord-Saharien est liée à celle du
bassin méditerranéen que ne l'a été l'histoire de
l'Afrique Subsaharienne, il est largement reconnu aujourd'hui que les
civilisations du continent africain, à travers la vérité
des langues et des cultures, forment à des degrés divers, les
versants historiques d'un ensemble de peuples et de sociétés
qu'unissent les liens séculaires.
La désertification du Sahara vient de provoquer les
migrations des Bantous vers le Sud du Sahara, qui devient Afrique
Subsaharienne. Les conquêtes des arabes, des romains et des byzantins en
antiquité avaient révolté les autochtones qui se sont
organisés en Empires et Royaumes dont les plus importants sont :
l'Empire du Ghana, l'Empire du Mali, l'Empire Songhaï et le Royaume Kongo.
Les explorations du XVème Siècle ouvrent en Afrique le chemin de
la traite négrière et le commerce triangulaire, ce qui,
après l'abolition de la traite en 1833 par ABRAHAM LINCOLN en
Amérique et en Angleterre ; puis en 1848 par la France pour ouvrir
la voie de la colonisation européenne sur le continent noir.18(*) En effet, entre 1830 et 1885,
le continent devient le théâtre des rivalités entre les
puissances européennes à la recherche d'influence et des
matières premières pour répondre aux exigences
industrielles de leur continent.
Entre 1884 et 1885, lors de la conférence
internationale de Berlin, le continent africain est partagé entre les
puissances européennes, en l'occurrence la Grande-Bretagne, l'Italie,
l'Allemagne, l'Espagne, la France, le Portugal et le Roi Léopold II pour
l'Etat Indépendant du Congo qui deviendra en 1908 Congo-Belge ou une
colonie Belge. A cette époque, seuls deux pays (Libéria et
Ethiopie) restent non occupés sur l'ensemble du continent.19(*) La colonisation a servi, pour
le colonisateur, de pillage systématique des ressources naturelles et
l'exploitation inhumaine de l'homme noir par les blancs. C'est ainsi que
Césaire disait : « Entre colonisateur et colonisé,
il n'y a de place que pour la corvée, l'intimidation, les cultures
obligatoires (...) aucun contact humain, mais, des rapports de domination et de
soumission.20(*) Ce qui va
vite éveiller les consciences nationalistes des africains pour faire
face à l'occupation coloniale.
Dès les années 1945, ce réveil devint un
phénomène incontournable de l'histoire du monde. A cette
époque, l'indépendance devient un mot magique pour les
africains.21(*) Les
mouvements nationalistes ou panafricanistes anticolonialistes imposent un autre
vent au monde grâce à l'évolution économique,
politique et culturelle. Les Nations Unies appuient la décolonisation en
la consacrant dans le chapitre XI de leur Charte. L'année 1960 est alors
une année spéciale où beaucoup des pays africains
recouvrent leur indépendance et adhèrent à l'ONU. Dans
cette organisation mondiale, les pays africains sont alors des Etats
indépendants et souverains, au même titre que leurs anciennes
métropoles.
I. 1.2. Panorama géographique de l'Afrique
Le continent africain est un ensemble des données
géographiques et naturelles. Il couvre 6% de la surface terrestre soit
20% des terres émergées. Avec une superficie de plus de 30
millions de Km2, l'Afrique est le troisième continent par son
étendue après l'Asie et l'Amérique. Le continent, africain
chevauche l'équateur et englobe de nombreux climats ;
tempérés, humide, chaud et désertique, tropicaux et est
couvert du grand plateau au sud. Il s'agit du désert de Kalahari et
à l'Est par des chaines de montagnes de Kilimandjaro, de plaines et de
dépressions dans la région de Grands Lacs. Quatre bassins d'eau
occupent la majeure partie du continent dont les fleuves Niger, Nil, Congo et
Tchad. En plus, d'autres fleuves importants sont le Zambèze, le
Sénégal, l'Orange, le volta et le Limpopo. Les terres agricoles y
sont inégalement réparties. Sa population consomme les eaux
souterraines. 22(*)
Politiquement parlant, le continent comprend 61 entités
politiques dont 54 souveraines. Ces Etats sont regroupés en cinq
sous-régions principales qui sont : l'Afrique du Nord, l'Afrique
l'Est, l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique Central et l'Afrique Australe. Quatre de
ces régions constituent la zone Subsaharienne ou l'Afrique noire, la
région qui reste de cette configuration c'est l'Afrique du Nord ou
Afrique blanche. L'Afrique du Nord compte 6 Etats dont l'Algérie,
Egypte, Libye, Maroc, Soudan et Tunisie.
L'Afrique Subsaharienne comprend 48 pays regroupés en 4
sous régions c'est notamment :
Afrique Australe : Afrique du Sud, Botswana,
Lesotho, Namibie et Swaziland ;
Afrique Centrale : Angola, Cameroun,
Congo-Brazzaville, Guinée Equatoriale, République Centre
Africaine, République Démocratique du Congo, Sao Tomé et
principe, Tchad et Soudan du Sud ;
Afrique de l'Est : Burundi, Comores, Djibouti,
Erythrée Ethiopie, Kenya, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique,
Ouganda, Rwanda, Seychelles, Somalie, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe ; enfin
Afrique de l'Ouest : Bénin, Burkina Faso,
Cap-Vert, Cote d'ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau,
Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal,
Sierra Leone et Togo.
L'Afrique est le deuxième continent le plus
peuplé du globe derrière l'Asie. Sa population est de plus de 1,5
milliards d'habitants, soit 16% de la population mondiale, l'Afrique
subsaharienne en compte plus de 900 millions d'habitants. Le continent connait
une forte pression démographique, mais aussi est buté à
des difficultés structurelles et sociologiques dont la pauvreté,
le taux de mortalité très élevé, le
sous-développement de l'économie, les maladies
endémiques ; ... ces réalités contredisent la
dotation naturelle du continent car c'est un continent naturellement
très riche constituant un réservoir mondial des ressources
naturelles (pétrole, minerais, forêt équatoriale, sol
cultivable, les eaux favorables à la pèche)...
Cependant, malgré la récente baisse des prix
des matières premières dans le marché mondial, la
croissance économique de l'Afrique subsaharienne demeure robuste jusque
l'an passé où elle est évaluée à plus ou
moins 5%. Cette croissance s'appuie sur l'investissement dans les ressources
naturelles et les infrastructures ainsi que sur l'augmentation de la production
agricole.
I.1.3 : situation stratégico-diplomatique de
l'Afrique
Depuis les premières indépendances africaines,
le monde a connu le bouleversement complet et simultané de trois
composantes majeures du système international : les relations
politico-stratégiques, les échanges économiques,
financières et l'environnement. Les moyens classiques de
régulation n'ont pas suffi à maitriser une telle
évolution, accélérée dans la décennie 80, et
de nouvelles règles manquant pour un jeu d'interdépendance
où l'on voit les forces économiques et sociales bousculer un peu
partout les pouvoir de l'Etat tandis que se combinent dans le plus grand
désordre dans la planétarisation des problèmes,
polycentrisme de la puissance, mondialisation de l'économie et dualisme
de la croissance23(*)
Une telle mobilisation d'énergie, de temps et d'argent
introduit déjà une stratification entre les Etats ; bien des
pays d'Afrique n'ont pas les ressources humaines et financières leur
permettant d'être présents partout parce que les
bénéfices escomptés du jeu multilatéral varient
selon la position respective des joueurs.
L'entrée des pays africains à l'ONU fut comme
une naissance. Les jeunes Etats se voyaient conférer par l'organisation
tous les attributs extérieurs nécessaires à l'existence
internationale : droit de parole, droit de vote, droit d'entrée
dans toutes les conférences mondiales, égalité garantie
par les règles strictes du protocole. Pendant plus de vingt ans,
l'Afrique fut portée par la grande poussée du Tiers-monde dans
les institutions internationales. Entre 1960 et 1980, la décolonisation,
la lutte contre la discrimination raciale, la reconnaissance des droits des
palestiniens, l'établissement d'un nouvel ordre économique
international (NOEI) furent mis successivement à l'ordre du jour dans
toutes les instances des Nations Unies jusqu'à se trouver pratiquement
confondus dans une sorte de nébuleuse appelée « conflit
Nord-Sud ». Malgré son
hétérogénéité et ses divisions confondues,
le groupe africain jouait alors un rôle non négligeable. Il
représentait près de tiers des voix à l'ONU et se voyait
courtisé en conséquence. Dans la mesure où les deux grands
poursuivaient leurs compétitions en Afrique et le conflit Nord-Sud
recoupait le conflit Est-Ouest, le point de vue des pays africains était
à considérer.24(*) Non point qu'ils aient la capacité de
déterminer seuls l'issue d'un conflit ou d'une négociation, mais
par leurs discours et leurs résolutions, ils créaient une
ambiance avec laquelle les acteurs devaient compter. La décolonisation
portugaise, les sanctions contre l'Afrique du Sud, les conflits d'Afrique
Australe, une plus forte implication dans le conflit Israélo-palestinien
à partir de 1973, donnèrent au groupe africain une certaine
importance, proportionnelle au poids de l'Assemblée
générale des Nations Unies dans la gestion de ces dossiers.
La fin de la guerre froide a modifié la place de
l'Afrique dans le système international. La logique bipolaire poussait
à un quadrillage planétaire par les superpuissances, soit
directement soit par le recours à des puissances intermédiaires.
L'Afrique disposait ainsi d'un intérêt stratégique, et
même si sa valeur était moindre que celle du Moyen -Orient ou de
l'Extrême-Orient par exemple, le fait que tout territoire soit
convoité conduisait à une homogénéisation
géostratégique du système international.25(*) La politique
étrangère des pays africains trouvait dans cette
géopolitisation du système international ses principaux
déterminants.
Le monde post-bipolaire a par contre débouché
sur une recomposition des ensembles continentaux, en fonction des ressources
que ceux-ci pouvaient valoriser. Et c'est dans ce contexte que l'Afrique s'est
trouvée confrontée à la menace d'un déclassement
généralisé. Cette mise à l'écart a en
vérité commencé au cours de la décennie
1980-1990 ; pour des raisons économiques et sous l'effet des
pratiques patrimoniales, les Etats africains se retrouvent après dans
une logique de décroissance, se traduisant par une diminution
régulière de leur produit national brut.
Cette période a ouvert sur l'Afrique des profondes
mutations géopolitiques qui ont plongé le continent dans une
série de conflits armés interétatiques ou civils à
l'intérieur d'un même Etat. Face à cette situation, la
diplomatie africaine pivote autour de la recherche des solutions aux
défis majeurs qui affectent le continent. Entre-temps, l'Afrique est
redevenu un site géostratégique d'une importance capitale
où s'affrontent les intérêts
stratégico-économiques des puissances mondiales, surtout avec
l'entrée en scène des émergents du Sud dans la
compétition économique.
I.1.4. l'Afrique dans le processus de
la mondialisation
Dans sa configuration actuelle caractérisée par
plusieurs pôles d'émergence, le système international
connait des mutations plus controversées. Elles sont dues d'une part,
aux efforts des grandes puissances de se confirmer comme les seuls gardiens du
monde ; et de l'autre, l'émergence des puissances du tiers-monde et
enfin, la quête pour les Etats-Unis pour devenir la capitale mondiale,
siège des institutions politiques et économiques du village
planétaire dans le cadre de la mondialisation et de la globalisation.
Ces mutations se sont transplantées vers l'Afrique par le fait de la
quête du leadership continental, surtout dans le cadre de la fameuse
réforme future préconisée par le conseil de
sécurité de l'ONU. Lancée depuis quelques années
dans la mondialisation, le continent africain n'y est que comme nourrisseur des
intérêts économiques des puissances mondiales. Les
manifestations de la mondialisation en Afrique sont relayées par
l'économie informelle, la mondialisation sauvage traduite par les
trafics illégaux ou non régulés d'armes, de diamants, des
drogues, de déchets toxiques ; et par la mondialisation par le bas,
liée au secteur informel.26(*) Parce que ce sont là les grandes
activités à dimension mondiale qui s'intensifient sur le
continent. Ces manifestations ont comme conséquences en Afrique, le
foisonnement des foyers de conflits, la corruption accrue,
l'insécurité et l'instabilité politique.
Le phénomène même de mondialisation qui
est aujourd'hui l'apanage des multinationales implique une
compétitivité des activités économiques, des
structures économiques étatiques très concurrentielles et
stables, le niveau plus élevé d'accès aux technologies de
l'information et de la communication. Cependant, l'Afrique se trouve dans ce
phénomène un acteur marginalisé qui n'y participe que pour
offrir les matières premières aux demandes industrielles des
grandes puissances et grands émergents.
I.2. Le nationalisme africain
Le nationalisme africain est une conséquence de
l'évolution historique de ce continent. En effet, ce nationalisme plonge
ses racines dans l'histoire de la traite négrière ou à
l'esclavagisme, pour mieux se dévoiler à la lutte de
décolonisation face aux métropoles européennes. Il suffit
alors d'en relever les contours théorique afin d'arriver à en
relever les effets en Afrique.
I.2.1. Notion de nationalisme
L'idée de nation est une construction intellectuelle
issue des révolutions américaines et françaises. Mais
d'emblée la nation se présente comme une donnée naturelle
occultant ainsi sa modernité. A l'origine, on assimilait la nation
à un ensemble d'habitants d'une région et même aux
étrangers. Dans son sens moderne, et c'est lui qui sera à
l'origine du nationalisme, est un concept politique qui assimile la nation
à l'Etat, d'où l'expression Etat-nation.
Tout au long du XIXème siècle, la
question nationale exprime un nationalisme populaire encouragé par la
bourgeoisie libérale. La libération nationale est un moyen pour
les peuples, non seulement de se libérer du joug colonial, mais aussi de
créer des Etats dont les économies pouvaient se
développer.
Dans la première moitié du
XXème siècle, le nationalisme est une réponse
au communisme, car il exalte d'autres vertus collectivistes sur lesquelles se
fondent les régimes autoritaires, allemand (nazisme), italien
(léninisme), espagnol,... après la seconde guerre mondiale, le
nationalisme ne disparait pas, mais prend de nouvelles formes qualifiées
de micro-nationalismes, car leurs inspiration est le plus souvent
régionale.
De par sa définition, le nationalisme est un
phénomène qui caractérise la volonté d'une
collectivité humaine consciente de son individualité de se
définir par rapport aux autres collectivités, de créer et
de développer son propre Etat souverain, que le souci de conserver
l'indépendance de cet Etat et de renforcer la cohésion de ses
membres.27(*) Cette
définition se décèle aussi bien dans la dialectique des
relations colonisateurs-colonisés que dans la lutte menée pour un
changement de vision et de dimension, ainsi que pour le renforcement de la
conscience et de la solidarité du groupe national dans la période
postcoloniale.
Dès lors, le nationalisme se révèle une
combinaison de deux éléments : la solidarité que
ressentent les humains qui partagent un trait commun ou un ensemble de traits
communs quelconques (langue, religion, histoire, etc.) ; et la
volonté d'obtenir ou de maintenir, au nom de cette solidarité, un
sort politique distinct (le plus souvent un Etat propre).28(*) Une nation est la
communauté pour laquelle un nationalisme revendique un sort politique
distinct.
I.2.2. La construction de l'Etat-nation en Afrique et
l'émergence du nationalisme Africain
En Afrique, la naissance de l'Etat remonte à
l'antiquité avec l'Egypte. Après pour s'opposer aux
conquêtes des arabes et byzantins, les autochtones vont créer des
empires et royaumes. Ces Etats répondaient à l'autorité de
l'Empereur ou du roi. Dans ces organisations les notables constituent le
gouvernement.
A l'arrivée des explorateurs, leurs rapports ouvrent la
voie de la colonisation. Les colonisateurs sont venus détruire
l'architecture de l'organisation du pouvoir pour imposer la forme moderne
d'organisation politique importée de l'Europe.
C'est avec la colonisation que les autochtones retrouvent la
nécessité de s'identifier en terme des entités leurs
imposées par la civilisation occidentale. Cette ambition va nourrir le
micro-nationalisme qui les a conduits à la résistance et aux
révolutions contre les systèmes coloniaux. Donc, l'Etat ayant
déjà existé, le nationalisme ayant déjà
existé également en Afrique, ont donné naissance à
l'Etat-nation qui va se confirmer après l'accession à
l'indépendance.
S'il faut faire un recul dans l'histoire, le nationalisme
africain a pris beaucoup d'importance dans la lueur des luttes
d'indépendance avec l'affirmation de certains courants
idéologiques à l'image du panafricanisme ou de la
négritude. Mais ce type de nationalisme se veut du modèle
régionaliste où tous les africains mettent de côté
toutes leurs divergences nationales ou ethniques pour la cause d'une
identité africaine.
I.2.3. Le nationalisme africain face à la
colonisation
La colonisation européenne en Afrique au
XIXème siècle se réclamait d'une mission
civilisatrice, c'est-à-dire apporter la civilisation moderne aux peuples
non civilisés.
Cependant, les injustices, le racisme et bien d'autres abus
qui ont caractérisé le système colonial, et l'éveil
d'élites africaines ayant participé à la conférence
de Bandoeng de 1955 (conférence qui a réuni les
représentants des pays du Tiers-Monde en Indonésie pour la
première fois), et surtout la consécration des principes de
l'autodétermination et de souveraineté, sont autant
d'éléments qui ont vite conduit tous les peuples sous domination
extérieure de prendre conscience de leur avenir.
C'est ainsi que le nationalisme commence à se
réveillé avec la création des regroupements
socio-ethniques, la naissance des partis politiques nationalistes et
l'émergence des mouvements syndicaux, religieux à l'instar du
Kimbanguisme et de Kitawala. Tous ces éléments qui ont
constitué la force irréversible ont contraint, même sans
leurassentiment, les puissances coloniales à vider du terrain et laisser
le destin du continent entre les mains des africains.
Toutefois, l'émergence de ces nationalismes et leur
victoire sur le colonialisme ont coûté à l'Afrique des
sacrifices innombrables. Les illustrations sont entre autres la guerre
d'Algérie, les tumultes du Congo-Kinshasa, les révoltes maliennes
ou angolaises, la lutte acharnée contre le régime d'apartheid en
Afrique du Sud, sont autant des cas-preuve.
I.2.4. Le nationalisme africain après les
indépendances
A leur accession à la souveraineté
internationale, les pays africains ont sombré dans les conflits internes
de revendications identitaires entre les différentes ethnies qui ont
été rassemblées sur un même territoire mais dont les
liens historiques communs n'unissent pas.
Ce phénomène est la conséquence de la
conférence de Berlin de 1884-1885 avec le partage de l'Afrique entre les
puissances européennes. Car avant Berlin, les africains appartenaient
aux ensembles politiques traditionnels (Empires, Royaumes)
contrôlés selon le cas par des ethnies réunissant les
individus parlant une même langue, partageant l'essentiel des us et
coutumes ou tout au moins, se reconnaissent relever de l'autorité d'un
même chef traditionnel. A cette époque, la nation se
réduisait essentiellement sinon uniquement aux dimensions de
l'ethnie.29(*)Cependant,
la répartition de Berlin a confié à tel ou tel autre Etat
européen des territoires qui comprenaient dans la plupart des cas des
ethnies différentes, dont les populations n'avaient pas forcément
des rapports cordiaux avant cette configuration.
Aujourd'hui en Afrique cohabitent deux types de nationalismes
dont l'un est civique et l'autre ethnique ou identitaire. Le nationalisme
civique inclut dans la solidarité nationale tous les citoyens d'un Etat.
C'est le cas de l'ivoirité ou de l'authenticité en RDC à
l'époque du Zaïre. Par contre, le nationalisme ethnique ou
identitaire définit la nation à partir de l'origine, de la
langue, de la religion ou de tout autre critère permettant de dissocier
la nationalité de la citoyenneté.
C'est cette dernière forme de nationalisme qui est
d'actualité en Afrique, avec tendance de remettre en cause les
frontières étatiques héritées de la colonisation
pour passer à la recomposition des nouveaux Etats africains en tenant
compte des origines de chaque peuple et ses liens historiques.
Ce phénomène est actuellement une dimension
importante voire fondamentale des enjeux du pouvoir en Afrique. La crise dans
la région de grands Lacs nous le révèle dramatiquement.
Au-delà du phénomène classique caractérisé
par l'exode des populations fuyant la guerre pour gagner une zone de paix, du
phénomène auquel nous avions assisté aux frontières
des pays des Grands Lacs, il faut pointer en particulier le chevauchement des
frontières par un même groupe ethnique dont les membres
résident dans deux ou trois Etats voisins à la fois et peuvent
être citoyens de droit ou de fait à la fois dans deux Etas voir
dans plus de deux.30(*)
Concrètement, dans les grands lacs, ce sont les Hutu, les Tutsi et les
Batsoa qui forment la trilogie ethnique Rwandaise et Burundaise et qui ont
aussi leurs frères, soeurs, cousins et cousines en RDC, ceci dessinant
une « symétrie ethnique relativement
parfaite ».
Ainsi donc, nous sommes en présence d'un
phénomène historique et politique impliquant des individus que
l'arbitraire du partage des terres ancestrales par les puissances
européennes n'a séparé qu'artificiellement avec leurs
institutions, au sens sociologique du terme.
Même si l'OUA avait proclamé dans sa charte le
principe de l'intégrité des frontières
héritées de la colonisation comme étant le fondement des
rapports interétatiques, les africains appartenant à la
même ethnie n'ont jamais considéré dans leurs quotidien
qu'une frontière dont ils ne voyaient pas l'utilité, pouvait
constituer un obstacle aux contacts entre les cousins d'un Etat avec les
cousins résidant dans l'autre Etat.
C'est ainsi qu'en commentant le débat ivoirien sur la
nationalité d'Alassane Dramane Ouattara alors premier ministre de
Félix Houphouët BOIGNY, Ziad LIMAM et Elimane FALL
écrivaient : « le caractère artificiel des
frontières et la cohabitation de plusieurs ethnies au sein d'un
même Etat rendent passablement floue la notion de nationalité. Un
jour on pouvait être malien, le lendemain sénégalais, ou
les deux à la fois. On pouvait être Ivoirien avec des cousins ou
frères Ghanéens. On pouvait être ministre ici, puis
ministre ailleurs. Dans le grand brassage africain, le lignage a aujourd'hui
encore bien plus d'importance que le passeport ».31(*)
Ce chevauchement des frontières des Etats par le
même groupe ethnique est devenu un facteur majeur d'instabilité
pour les Etats concernés. La seule arme que les dirigeants de la
post-colonie avaient trouvée était de préconiser
« la politique de bon voisinage ». Mais cela n'a pas suffi
pour que les uns ne participent à la déstabilisation des autres,
comme hier la Tanzanie en Ouganda, ou l'Ouganda au Rwanda, ou encore le
Zaïre en Angola, dans la période récente entre la RDC et les
pouvoirs Tutsi de ses voisins Rwandais, Ougandais et Burundais. Ceci est
redevenu un enjeu majeur pour les Relations Internationales.
I.3. Les Etats africains et la question de la
Souveraineté
La problématique de la souveraineté
étatique est à notre ère un leitmotiv dans le langage tant
des dirigeants que de leurs populations. En Afrique, malgré l'engagement
quasi-total des pays dans le processus d'intégration régionale ou
sous régionale le principe de la souveraineté internationale
reste un véritable fondement de se prévaloir contre toute
tentative d'intervention étrangère, surtout dans les pays aux
régimes dictatoriaux.
I.3.1. Notion de souveraineté
La notion de la souveraineté a évolué
avec celle d'un pouvoir politiquement organisé sur un territoire
donné. Anciennement, la souveraineté était incarnée
dans la personne du Roi ou de l'Empereur qui était seul au-dessus de
tous. Le discours moderne de la souveraineté est lié à
deux évolutions : la naissance de la monarchie absolue et la
formation de l'Etat moderne.32(*) De ces deux points de vue, affirmer la
souveraineté revient à revendiquer l'autorité
suprême et le contrôle sur un territoire donné. Ce discours
a trouvé sa signification moderne avec la naissance du droit et de la
puissance publics, c'est-à-dire avec le gouvernement comme pratique
autonome exercée à l'intérieur d'un territoire.
Avant le XIXème siècle, la
souveraineté est en général perçue comme politique
et absolue. Selon sa définition classique, la souveraineté est le
pouvoir suprême d'un Etat sur son territoire et ses habitants à
l'intérieur et l'indépendance de toute autorité
étrangère à l'extérieur.33(*)
La souveraineté est devenue le mot pour désigner
la cohérence et l'unité de l'autorité qui gouverne une
communauté politique sur un territoire donné. Cette
souveraineté peut être intérieure ou extérieure. La
souveraineté intérieure c'est l'autorité unifiée,
complète, suprême, exclusive et directe dans les limites d'un
territoire sur tous ses habitants qui deviennent ainsi membres d'une
entité politique, ou ses sujets. De sa part, la souveraineté
extérieure explique une revendication d'autonomie vis-à-vis des
puissances extérieures. Elle prend la forme de l'indépendance
à toutes puissances étrangère, d'une
imperméabilité du territoire à toutes juridictions
émanant d'une autorité extérieure. Dès lors, la
naissance de la souveraineté moderne s'est manifestée comme un
double processus : l'affirmation de l'autorité royale contre
l'ordre médiéval et les revendications universalistes de
l'empereur et de l'Eglise qui ont abouti au processus de formation de l'Etat.
Cette notion de souveraineté débouche sur deux théories de
souveraineté. La théorie de la souveraineté nationale
où la souveraineté appartient à la nation en tant
qu'entité distincte des individus qui la composent et qui n'ont, face
à elle, strictement aucun droit personnel à faire valoir. C'est
de cette théorie qu'il ya le principe de l'électorat fonction qui
jouit de la reconnaissance par la nation aux personnes le droit de vote et le
principe de l'électorat représentatif où le peuple
lègue la représentation de la nation à un groupe
restreint.
La théorie de la souveraineté populaire
reconnait au peuple la souveraineté, non pas collectivement, mais
à titre particulier à chaque individu composant le peuple. Chaque
individu est donc titulaire d'une fraction de la souveraineté et la
volonté générale résulte de l'addition des
volontés particulières à chaque individu.
La souveraineté recouvre une dimension politique et une
dimension juridique. En effet, en tant que concept politique, le discours sur
la souveraineté est lié à l'affirmation du pouvoir royal
dans le contexte de la lutte pour le contrôle politique contre des
puissances intérieures et extérieures. Cependant, la
déclaration de suprématie et l'indépendance implique
également des revendications qui tiennent à la juridiction et
à l'autorité légale d'un certain type de
législateur et de la loi elle-même, sur les droits et pouvoirs
traditionnels et les sources de revendications légales
extérieures. C'est dire que la souveraineté ne se réduit
pas à un pouvoir, contrôle ou force de facto, mais est
également un concept juridique qui implique la capacité à
délivrer des ordres légitimes qui font autorité (loi). La
souveraineté est donc toujours une question de relation entre la loi et
le pouvoir.
I.3.2. La souveraineté comme base de la puissance
en
Relation Internationales.
La souveraineté, elle-même définie comme
la puissance absolue et perpétuelle d'une République,
confère à celle-ci les capacités de se faire accepter et
se faire respecter à tous et dans tout. Dèslors
que l'on est titulaire de la souveraineté, il devient absolu devant tous
les autres. C'est la souveraineté reconnue à l'Etat qui fait de
lui la forme la plus parfaite et la plus contraignante d'organisation sociales.
Un Etat souverain est celui qui reçoit
obéissance de tous ses sujets et reçoit reconnaissance comme tel
des autres Etats sur l'échiquier international. Alors que l'Etat jouit
de l'obéissance totale de ses sujets et qu'il est reconnu par les autres
comme tel, il devient une puissance inaliénable et indéniable
devant ceux-ci.
Le fait même que la puissance publique de l'Etat repose
dans la considération que l'on fait de son existence fait de la
souveraineté une condition sine qua none pour tout Etat-nation dans sa
forme moderne. Internationalement parlant, l'Etat confirme sa puissance
dès lors qu'il est d'abord un pouvoir absolu et accepté de ce
fait par tous ceux qui y vivent, et ensuite, cette puissance interne
réconforte sa position dans la sphère internationale et enfin,
lui confère le statut de puissance. C'est ainsi que la conception
juridique de la souveraineté insiste beaucoup sur la
légitimité du pouvoir incluse dans la loi qui lui confère
son autorité absolue ou suprême car, comme disait Jean Jacques
ROUSSEAU, la loi est l'expression générale de la volonté
populaire qui de ce fait, est au-dessus de tous et est obligatoire.
I.3.3. La conception africaine de la
souveraineté
Les Etats africains sont aujourd'hui tous souverains
internationalement, cependant, comme cette souveraineté est une
importation occidentale venue avec l'histoire coloniale et validée par
l'OUA dans sa charte, la conception que l'on en fait en Afrique diffère
de la conception occidentale de la souveraineté moderne.
La souveraineté en Afrique s'apparente à la
conception que Jean Bodin a qualifié de la souveraineté
absolutiste, celle incarnée par le souverain.34(*) Ce souverain que Thomas HOBBES
a qualifié de Léviathan est pour lui l'Etat, qui est un absolu,
craint et obéi par tous. Cette conception voudrait que la
souveraineté soit incarnée dans le roi ou l'empereur car Hobbes
ajoute que le souverain devient « le souverain
représentant », l'incarnation de l'unité sociale, de
l'identité même et de la cohérence du corps politique.
Il conclut que c'est seulement par la représentation qu'une multitude
peut devenir une seule personne (publique).
En Afrique, on assiste à une accaparation de la
souveraineté par le pouvoir exécutif, plus
particulièrement par les chefs d'Etat. En effet, l'Afrique est l'une des
zones au monde où l'histoire du pouvoir politique est celle de la
confiscation, de sa privation et de sa sacralisation par un individu ou un
groupe d'individus. C'est quand on veut mater une pression politique interne ou
externe en rapport avec le non-respect des constitutions et des lois, des
libertés individuelles ou politique, de mauvaise gouvernance que la
classe dirigeante exhibe la souveraineté dans l'Etat ou de l'Etat pour
se suffire dans la prise de décision.
Or, la souveraineté dans l'Etat se confirme
elle-même, dans la confiance que l'ensemble de la population fait dans la
classe dirigeante. Cela appelle la convergence de tous et l'obéissance
de tous à l'Etat lorsque ceux-là qui ont
bénéficié de la population le pouvoir d'incarner cette
souveraineté et de l'imposer à tous respectent les lois
fondamentales de la société pour laquelle ils agissent. La
souveraineté de l'Etat comme nous l'avons déjà dit, se
confirme lorsque ceux qui sont sensé agir au nom de l'Etat jouissent de
l'obéissance et de l'acceptation de la communauté nationale, ce
qui fonde la puissance dans l'Etat.
La conception africaine de la souveraineté est en perte
de vitesse et correspond à l'Etat médiéval où
c'est l'absolutisme du roi qui gouvernait la cité, comme' ce fut le cas
en France » avec plusieurs monarques dont Louis XIV, où la loi
ou la puissance souveraine de la monarchie ne s'appliquaient sur la population
qu'en cas où semblait être éveillée sur son destin
en mettant de côté tous les abus du monarque et de son
entourage.
I.3.4. La souveraineté en Afrique centrale :
prémices des conflits interétatiques
Dans l'analyse des relations internationales et leur dynamisme
qui met l'accent sur les relations qu'entretiennent les Etats, les rapports
régissant les Etats sont harmonisés par des garde-fous qui sont
en l'image des principes internationaux. Ces principes sont désormais
consacrés dans les instruments juridiques et de coopération
internationaux, qu'ils soient universels, régionaux et sous
régionaux. C'est notamment le principe du respect de la
souveraineté des Etats, la non-ingérence dans les affaires
intérieures des autres Etats, l'intangibilité des
frontières nationales, la coopération mutuelle, le
règlement pacifique des différends, j'en passe les meilleurs.
Parce qu'il s'agit du principe de respect de la
souveraineté de l'Etat, celui-ci s'accompagne toujours et exclusivement
de l'intangibilité des frontières nationales et de
l'intégrité territoriale. Cette combinaison de ces trois
principes d'or affirmant la souveraineté internationale fonde même
la puissance d'un Etat et sa stabilité interne.
Cependant, le fait que les Etats africains actuels ne sont pas
une issue de la réalité originale ou historique de l'organisation
politique traditionnelle en Afrique, les frontières
héritées du tracé colonial sont aujourd'hui la cause
principale qui plonge le continent africain en général, et la
région de l'Afrique Centrale en particulier dans une dynamique des
conflits qui dépasse même la compréhension humaine. Le
brassage de plusieurs ethnies qui dans l'histoire formaient des macro-nations,
sur un même territoire impose cette réalité qui oblige
aujourd'hui tous les pays africains à abandonner toutes leurs
souverainetés au profit du régionalisme.
Depuis les années 1963 qui correspondent à la
création de l'OUA, le continent africain a déjà
enregistré plus d'une trentaine de conflits interétatiques et
plusieurs conflits intra étatiques, opposant souvent des ethnies sur la
cohabitation sur un même espace géographique leur imposé
par le colonialisme. Le rêve inassouvi de l'unité africaine se
heurte malheureusement à la pesanteur d'un espace éclaté
dont l'histoire remonte, pour l'essentiel, au XIXème
siècle lors du partage colonial qui a façonné la
configuration des frontières des Etats actuels. Les crises actuelles
montrent avec évidence que les populations vivent mal à
l'intérieur des frontières des Etats-nations et posent avec
acuité la gestion de cet héritage colonial qui a fixé des
frontières aussi bien artificielles qu'arbitraires.
Ces crises touchent aussi bien les grands Etats comme la RDC,
l'Angola, le Nigéria, le Mali, que les petits Etats comme le Rwanda, le
Burundi, la Sierra Leone, le Sénégal, la Guinée Bissau, ou
bien d'autres. Paradoxalement, ces crises reflètent avant tout les
conflits internes qui ont des répercussions sur le plan externe et
reposent indirectement le problème de la redéfinition des
frontières sinon d'un nouvel espace territorial, économique et
culturel susceptible de consolider la paix et la sécurité des
populations.35(*) Cela
dépasse largement le problème des frontières dont
l'histoire doit être replacée dans la longue durée si l'on
veut appréhender les défis de l'intégration
régionale et de l'unité du continent.
Cependant, les africains ne doivent pas brandir leur
souveraineté comme blocage de leur émergence commune. Car dans le
vrai sens du concept souveraineté, elle est la capacité de faire,
faire faire et interdire de faire à autrui. Leurs souverainetés
sont encore classables dans la catégorie des souverainetés
déchues, dépourvues de la capacité de défense et de
sécurité (Etat gendarme), de la gouvernance des territoires, des
populations, des ressources naturelles (Etat manager), et de penser le futur
étant donné que « gouverner, c'est
prévoir », « prévoir, c'est
savoir » (Etat savant).36(*) Autrement dit, le Pari sur la souveraineté
nationale a été, à quelques exceptions près, perdu
et car il n'existe en Afrique d'Etat gendarme, manager et savant.
CHAPITRE II : LE PROCESSUS D'INTEGRATION REGIONALE
EN AFRIQUE : BILAN ET PERSPECTIVES
L'intégration économique et politique figure
depuis toujours au nombre des objectifs de l'Afrique et de ses peuples. C'est
la raison pour laquelle on a créé l'OUA en 1963 pour favoriser
l'unité du continent et empêcher sa division en camps hostiles en
pleine guerre froide. L'OUA a ajouté un rôle de premier plan en
encourageant la coopération panafricaine et en contribuant à
l'émancipation des pays sous domination coloniale ou raciale. Plus tard
en 1994, le traité d'Abuja instituant la Communauté Economique
Africaine (CEA) a ajouté les bases d'un nouveau cadre et de nouvelles
fondations pour l'intégration de l'Afrique, avec les Communautés
Economiques Régionales (CER) comme pierre angulaire.37(*) Depuis l'entrée en
vigueur du traité d'Abuja, l'Afrique a enregistré des
progrès considérables dans le processus d'intégration,
mais qui restent à cours terme.
Dans cette démarche, les CER sont aussi vouées
à des difficultés énormes d'ordre structurel et
Opérationnel. C'est alors que dans ce point, nous abordons le cadre
conceptuel de l'intégration régionale, l'intégration en
Afrique face au processus de globalisation et l'évaluation du processus
d'intégration régionale en Afrique.
II.1. Brève analyse sur l'intégration
régionale
L'évolution de la dynamique des échanges
internationaux a fait que les Etats arrivent à comprendre finalement que
la compétitivité et la concurrence infernales exigent qu'ils se
protègent, en se constituant en ensembles plus forts, plus avantageux
à tous les membres.38(*) Cette conception ne répond qu'à
l'idée selon laquelle `' l'union fait la force'', et aucun pays
ne peut se suffire à lui-même. Cependant, ce processus de
regroupement ou d'union posé se conçoit en termes de
l'intégration régionale. Il importe dès lors de
procéder à la compréhension définitionnelle du
terme intégration, avant d'en relever les typologies, les
modalités, les principes et la téléologie.
II.1.1 Approche définitionnelle
L'intégration est un mot ou concept pluridirectionnel
et plurisectoriel. Elle s'emploi aussi bien pour les individus que pour les
sociétés dans lesquelles ces dernier vivent. En effet, le terme
s'emploi dans divers domaines de la science depuis la mathématique
jusqu'à la politique, en passant par l'économie, la sociologie,
etc. Dans le cadre de notre travail, nous l'appréhendons sous son aspect
économico-structurel. Dans cette approche, plusieurs définitions
se révèlent dont nous retiendrons celles-ci.
L'intégration est selon Battistella, le processus par
lequel des acteurs politiques de nationalités différentes sont
amenées à transférer leurs allégeances, attentes et
activités politiques vers un centre nouveau dont les institutions ont,
ou cherchent à avoir, compétence sur les Etats nationaux
préexistants.39(*)
Nous constatons qu'à cette définition l'accent est mis sur
l'aspect ou la convergence politique. Le concept `' intégration''
renvoie à l'idée selon laquelle les membres d'une
collectivité entretiennent entre eux des relations satisfaisantes,
s'incorporent et évoluent dans leur milieu selon les normes de celui-ci.
Dans cette définition il y a l'idée du rapprochement
géographique.
Cet angle de traitement et d'analyse de l'intégration
nous conduit dans l'analogie qu'il y a entre l'intégration et le
régionalisme. C'est ainsi que nous abordons dans la suite la notion
d'intégration régionale.
L'intégration
régionale
Cette forme d'intégration prend en compte le
régionalisme qui est un ensemble des rapports qui se tissent dans un
même espace, tendant à en faire un acteur collectif dans la
société internationale.40(*) En Relations Internationales, ce
régionalisme résulte d'un découpage conventionnel de la
scène internationale. La scène globale étant
structurée à l'image de l'ONU, les régions correspondent
aux continents conventionnels dont l'Afrique.
Quant à la définition de l'intégration
régionale, quelques conceptions se dégagent, mais qui tendent
toujours à converger dans leur appréhension.
Ntumba Luaba Lumu définit l'intégration
régionale comme le regroupement plus ou moins formalisé au plan
institutionnel, de plusieurs Etats appartenant à une aire
géographique délimitée, à des fins de
coopération économique et/ou politique à long
terme.41(*) L'abordant
dans ce sens, le concept recouvre en réalité, une
multiplicité de formes en raison du nombre des Etats concernés,
le caractère plus ou moins ambitieux de l'intégration, le projet
de l'intégration qui peut être commercial ou politique, le
degré accepté d'institutionnalisation et de transfert de
souveraineté.
Prenant le cas de l'Afrique Centrale, Barthélemy Biad
écrit : « l'intégration régionale est
le processus par lequel deux ou plusieurs pays réduisent progressivement
et suppriment les obstacles aux échanges entre eux et les
disparités entre leurs économies de manière à
constituer à terme un espace économique
homogène ».42(*) Ce processus implique autant d'aspects commerciaux et
macro-économiques que les politiques sectorielles.
Dès lors, l'intégration régionale vise la
réalisation de grands ensembles au sein desquels différents pays
d'une même ère géographiques, créent les conditions
pour unifier leurs structures et harmonisent leurs institutions sur base
d'accords.
II.1.2. typologies d'intégration
L'analyse de types d'intégration est abordée de
différentes manières. Le professeur Godefroid KABENGELE dans
« les problèmes d'intégration
économique » donne trois formes d'intégration. Il va de
l'intégration nationale qui se réalise par les liens
d'interdépendance entre les différentes composantes
économiques d'un pays. Liens qui sont fonctionnels et structurels dans
le but d'atteindre l'objectif commun ; à l'intégration
internationale qui est le processus par lequel les acteurs politiques de
différentes communautés nationales sont déterminés
à réorienter leurs allégeances, leurs aspirations et
leurs activités politiques vers un nouveau centre dont les institutions
possèdent la juridiction sur les Etats nationaux
préexistants ; en passant par l'intégration régionale
que nous avons déjà défini précédemment.
Cependant, Philipe Hugon donne les formes d'intégration
qui sont entre autres : l'intégration par les échanges, le
protectionnisme minimum, l'intégration par production et
l'intégration par des règles d'harmonisation. Or, la
première et la troisième de ces formes sont classés par le
professeur KABENGELE dans les typologies d'intégration. Toutefois,
typologie et forme ne dégagent que de plus petites nuances.
II.1.3. les modalités et principes
d'intégration
A ce niveau, le Document Stratégique
d'intégration régionale africaine 2011-2015 précise que
l'intégration se réalise par la mise en place de certaines
modalités économiques. Ces mêmes modalités sont
relayées par le professeur KABENGELE43(*), il s'agit notamment de :
a. La zone de libre-échange (ZLE)
Il y a suppression des restrictions quantitatives et des
droits de douane ; ici les pays membres de l'Union éliminent entre
aux le droit de douane et les restrictions quantitative qui freinent la libre
circulation des marchandises. Outre ces privilèges, les Etats de la zone
peuvent même mettre en place des mesures d'effets équivalents
à la création de l'Unions Douanière.
b. L'Union Douanière (UD)
C'est l'unification des tarifs douaniers à
l'égard des pays tiers tout en supprimant entre membres ces tarifs et la
mise en application d'un tarif extérieur commun. Ceci est un
préalable au marché commun.
c. Le Marché Commun(MC)
On supprime toute les restrictions qui entravent la libre
circulation des biens et des facteurs de production. Donc, c'est l'UD à
laquelle s'ajoute la circulation des capitaux et des hommes (main-d'oeuvre).
C'est une communauté économique. C'est le cas du COMESA.
d. L'Union Economique (UE)
C'est l'ensemble des politiques économiques, sociales,
fiscales et monétaires générales du groupe. Ce stade
implique un marché intérieur sans frontière ni restriction
ainsi qu'une forte concurrence entre les entreprises pour éviter que
certaines exploitent leur position dominante ou des monopoles sur le
marché pour former des cartels afin de s'imposer des prix non
équitables. Ce qui justifie la mise sur pied d'un organe de
contrôle de la politique économique.
La réussite de cette étape ouvre le couloir vers
une union économique et monétaire.
e. L'Union Economique et Monétaire (UEM)
Dans cette étape, il y a une légation partielle
de la souveraineté des Etats membres, en matière
économique fiscale, monétaire et sociale au profit de la
structure collective créée par eux. C'est bien la phase ultime
de l'intégration, qui vise en plus de la mise en place des politiques
communes, la création d'une zone monétaire au taux
d'échange stable à l'intérieur de l'union, avec
éventuellement la création d'une monnaie unique.
A ces modalités, Philipe Hugon44(*) ajoute qu'en termes de
l'interaction ou de la compénétration des économies des
Etats dans une région ou sous-région donnée, d'autres
modalités sont recommandées comme :
- La zone d'échanges préférentiels qui
implique la réduction des barrières tarifaires et non
tarifaires ;
- L'intégration économique qui implique
l'élargissement de l'union économique aux politiques
économiques et sectorielles ;
- L'intégration politique où la région se
dote des structures politiques et d'une gouvernance globale ;
- La fédération qui implique le passage du
niveau de l'intégration pour celui d'un Etat fédéral.
Quant aux principes de l'intégration, nous pouvons
retenir :
- Le principe du volontarisme qui fait que les Etats
adhèrent volontairement aux regroupements régionaux
d'intégration et acceptent de perdre certaines de leurs
prérogatives souveraines au profit de l'organisation collective qu'ils
créent ;
- Le principe de subsidiarité qui fait que, dans leurs
relations avec d'autres Etats au sein du regroupement, toutes les initiatives
sont l'émanation des Etats et que l'organisation n'intervient qu'en
second lieu. Ce principe prévoit que l'échelon régionale
ne doit intervenir que si et dans la mesure où les objectifs de l'action
envisagée ne peuvent pas être réalisées de
manière suffisante par les Etats-membres et peuvent donc, en raison des
dimensions ou des effets de l'action envisagée, être mieux
réalisés au niveau communautaire ;
- Le principe de solidarité qui se traduit notamment
par les transferts budgétaires interétatique au profit des pays
et régions défavorisées et par la mise en commun des
réserves d'échange.45(*)
II.1.4. La téléologie de
l'intégration
Dans le processus d'intégration, des Etats qui sont les
acteurs politiques de la société internationale décident
et arrivent à investir des nouvelles institutions régionales et
les dotent d'une autorité et d'une légitimité
égale ou supérieur à celle des gouvernements nationaux
respectifs.46(*) Cela est
apparu comme une exigence, avec le développement des Etats-nations et
qui coïncide avec le renforcement des mécanismes sous-tendant la
coopération régionale africaine afin de répondre à
l'expansion des réseaux d'échanges et de communication et
à la transnationalisation des marchés.
Les objectifs assignés à l'intégration
sont déterminables dès lors qu'il s'agit de la finalité
ultime du processus. C'est à lors que dans ce processus, des Etats et
leurs populations trouveraient ainsi donc des réponses plus
appropriées à leurs besoins dans les secteurs économique,
de l'eau, des transports, de l'éducation ou de la santé au niveau
de politiques intégrées plutôt qu'à travers les
politiques nationales.
Il est d'observation à l'heure actuelle où
l'économie mondiale connait des véritables bouleversements avec
l'entrée en scène d'autres acteurs très
compétitifs à la hauteur des sociétés
multinationales, et vue la complexité de la situation
sécuritaire en Afrique, qu'aucun Etat africain pris isolement ne peut
s'y mesurer, d'où la convergence de leurs forces ensemble afin de
constituer un bloc compétitif à mesure de les intégrer
dans le commerce mondial, ainsi pour répondre aux exigences du
développement auquel toutes les populations africaines aspirent
aujourd'hui. Arriver à ce niveau, nous sommes tenus de faire le point
sur l'intégration régionale en Afrique.
II.2. L'intégration en Afrique face au processus de
globalisation
En Afrique, la question de l'intégration
régionale a préoccupé nombre de dirigeants du continent
depuis les toutes premières années des indépendances. Les
principaux objectifs stratégiques du regroupement des pays africains
étaient la lutte contre les conséquences du colonialisme et
l'édification d'une Afrique unie. Par la suite, l'intégration
régionale est devenue une stratégie africaine de transformation
économique. On a vue alors naitre les CER afin d'appuyer ces processus,
c'est ainsi que nous abordons cette question en commençant par sa
genèse, ses mécanismes et son impact face à la
mondialisation et à la globalisation économique.
II.2.1. La genèse et l'évolution du processus
d'intégration régionale en Afrique
Issus presque tous de la décolonisation, les Etats
africains se sont construits sur le modèle de l'Etat-nation
européen consolidé depuis les traités de Westphalie
(1948). Mais assez rapidement, les limites de ce choix apparurent. Il a donc
fallu avoir une autre vision des choses. La coopération
interétatique s'étant révélée
inopérante, les gouvernements ont dû adopter une démarche
plus audacieuse et plus engagée : l'intégration
régionale. Elle s'est imposée comme un choix incontournable aux
Etats.
Cependant, le processus d'intégration régionale
en Afrique dans sa posture actuelle s'est formalisé après
plusieurs tentatives d'organisation interétatique sur le continent, et
cela même avant l'indépendance de l'Afrique. C'est notamment le
cas de l'union Sabel Benin qui regroupait la Côte-d'Ivoire, la Haute
Volta (Burkina Faso), le Dahomey (Benin) et le Niger sous l'impulsion
d'Houphouët Boigny avec la bénédiction de la
France.47(*) C'est le cas
encore de l'Union Africaine et Malgache (UAM) qui était une organisation
à recrutement continental, qui deviendra en 1965 suite aux modifications
de l'OUA, l'Organisation Commune Africaine et Malgache.
Avant de devenir indépendants les Etats de
l'Afrique Occidentale Française (AOF) et l'Afrique Equatoriale
Française (AEF) ont pratiqué l'intégration
monétaire à travers le FCFA (Franc de la Coopération
Française en Afrique, aujourd'hui Francs de la Communauté
Financière Africaine). En effet, l'intensification des relations au
plan économique et commercial les a conduits à utiliser une
seule monnaie jusqu'à ce jour et a donné lieu à la
création en 1956, de deux unions douanières : Union
Douanière des Etats de l'Afrique de l'Ouest (UDAC) et l'Union
Douanière de l'Afrique Equatoriale (UDAE). Mais bien avant, en 1922
l'Ouganda, le Kenya et la Tanzanie formaient la fédération
britannique d'Afrique Orientale. Revenons à la genèse de l'actuel
processus d'intégration en Afrique.
Il existe aujourd'hui plusieurs initiatives et plusieurs
organisations régionales ou sous régionales en Afrique que sur
tout autre continent. On considérait en effet que l'intégration
régionale offrirait un cadre qui permettrait de surmonter les obstacles
au commerce intra-africain et que la suppression de ces obstacles
créerait des marchés régionaux plus vastes permettant de
réaliser des économies d'échelle, de soutenir les
systèmes de production et les marchés, puis de renforcer la
compétitivité de l'Afrique.
Entre 1960-1980, la première vague de ces efforts
s'ouvre avec la mise sur pied de plus de 200 initiatives intergouvernementales
de coopération technique économique multisectorielle, ainsi que
plus de 120 initiatives bilatérales ou multilatérales pour des
secteurs uniques.48(*)
Cette adhésion au régionalisme s'inscrivait dans l'aspiration
plus large à l'intégration du continent, qui trouverait ses
racines dans le mouvement panafricain pour les valeurs partagées,
l'autonomie collective pour le développement et l'indépendance
économique.
Ces accords régionaux africains d'intégration
sont de nature à favoriser le développement du continent. Le plan
d'Action de Lagos (PAL) signé en Avril 1980 proposait une
stratégie pour engager l'Afrique sur la voie du développement
durable.
Un nouveau chapitre de l'histoire de l'intégration
régionale en Afrique s'est ouvert le 03 juin 1991 à Abuja au
Nigéria, quand le traité instituant la Communauté
Economique Africaine a engagé le continent sur la voie de
l'intégration économique. En 2001 il y a eu
accélération des discussions sur l'intégration
régionale qui ont abouti au lancement du NEPAD et l'établissement
de l'UA à la place de l'OUA.
Depuis lors, les efforts sont multiples dans les commissions
économiques régionales (CER) afin d'accélérer le
processus pour arriver à une intégration totale du continent qui
est le rêve des pères des indépendances africaines.
II.2.2. Les mécanismes d'intégration
régionale en Afrique
Le souci de faire de l'Afrique un grand pool émergent
et un continent comme tant d'autre a conduit les chefs d'Etats africains,
à travers l'OUA aujourd'hui UA, à mettre en place des
mécanismes pouvant permettre l'intégration continentale. Ainsi,
une foison de projets intégrateurs ont eu jour pour booster le processus
d'intégration économique et politique du continent afin de
procurer prospérité, paix et bonheur aux populations
africaines.49(*) Le Plan
d'Action de Lagos (PAL) définissant les programmes et stratégies
visant à promouvoir un développement auto-entretenu et la
coopération entre les pays africains ; le Plan Prioritaire de
Redressement Economique en Afrique élaboré en 1985 ; le
Programme d'Action de Caire de 1995 qui visait à relancer le
développement économique, politique et social en Afrique ;
le Traité d'Abuja (TA) de 1991 qui ouvre un autre horizon au processus
d'intégration en Afrique par la création de la commission
(communauté) économique Africaine (CEA), sont autant des
mécanismes d'intégration régionale en Afrique.
LeTraité d'Abuja institue la Communauté
Economique Africaine comme base du processus d'intégration
régionale en Afrique. Le PAL a pour mission de promouvoir le
développement économique et social, par un développent
autocentré, par l'intégration des marchés régionaux
et une politique industrielle d'import-substitution.
Ce traité qui entre en vigueur en 1994 pose la CEA sur
les piliers qui sont les CER. Actuellement, 8 (huit) CER forment le paysage
africain et sont reconnues parmi tant d'autres comme fondement du
développement économique de l'Afrique. Ces CER sont notamment le
Marché Commun pour l'Afrique de l'Est et Australe (COMESA) ; la
Communauté Economique pour le Développement de l'Afrique de
l'Ouest (CEDEAO) ; la Communauté Economique des Etats de l'Afrique
Centrale (CEEAC) ; la Communauté pour le Développement de
l'Afrique Australe (SADC) ; l'Autorité Intergouvernementale pour le
Développement (IGAD) ; la Communauté des Etats
Sahélo-Sahariens (SEN-SAD) ; la Communauté de l'Afrique de
l'Est (CAE) ; et enfin l'Union de Maghreb Arabe (UMA).50(*) Ces CER avaient pour mission,
accélérer le processus d'intégration en Afrique, et cela,
en six étapes couvrant trois décennies :
Ø Première étape
(1994-1999) : le renforcement des CER existantes et création
d'autres ;
Ø Deuxième étape
(1999-2007) : stabilisation des barrières tarifaires et non
tarifaires ; harmonisation progressive des politiques de mise en oeuvre
des programmes multiples dans les domaines en occurrence, l'agriculture,
l'industrie, les transports, la communication et l'énergie,
création des zones de libre-échange et des unions
douanières ;
Ø Troisième étape
(2007-2017) : Consolidation des zones de libre-échange, des
Unions douanières et adoption d'un tarif extérieur commun
(TEC) ;
Ø Quatrième étape (2017-2019):
Réalisation du marché commun africain pour aboutir à la
libre circulation des personnes et de biens dans la région ;
Ø Cinquième étape
(2019-2023 : consolidation du marché commun Africain au niveau
continental, aboutissement de la quatrième étape ;
Ø Sixième étape (2023-2028) :
consolidation de la vision de la CEA et réalisation d'une
intégration économique, politique, sociale et culturelle totale,
la création d'une Banque centrale africaine unique, d'un parlement
panafricain et d'une union économique monétaire africaine.
En vue d'atteindre ces objectifs, les CER ont
inséré dans leurs traités les quatre piliers reconnus par
la CEA pour accélérer le processus d'intégration
régionale en Afrique dont nous pouvons souligner :
- L'intégration du commerce et des
marchés ;
- La convergence des politiques macro-économiques,
l'intégration financière et monétaire ;
- La paix, la sécurité et
stabilité ;
- L'harmonisation des politiques sectorielles dans les
infrastructures, les ressources naturelles, le climat, l'alimentation, le genre
et l'agriculture.
En dépit de ces mécanismes institutionnels
pouvant d'office être les pierres angulaires de la CEA, l'organisation
continentale considère six autres organisations comme des
« communautés économiques sous régionales (CESR)
qui sont notamment : la Communauté Economique et Monétaire
d'Afrique Centrale (CEMAC) ; la Communauté Economique des Pays des
Grands Lacs (CEPGL) ; l'Union Economique et Monétaire
Ouest-Africain (UEMOA) ; l'Union du Fleuve Mano (MRU) ; l'Union
d'Afrique Australe (SACU) et la Commission de l'Océan Indien
(COI).51(*)
A la suite des échecs enregistrés par l'OUA dans
le domaine de l'intégration régionale, étant donné
qu'elle était créée comme une organisation de
coopération politique afin de promouvoir et accélérer la
décolonisation du continent, le 9 juillet 2001 à Lusaka, l'Union
Africaine est créée pour succéder à l'OUA, qui sera
inaugurée au sommet de Durban (RSA) de 2002.
L'UA, actrice d'un « nouveau régionalisme ou
du renouveau » en Afrique s'est fixée pour objectif de devenir
une union économique et monétaire, avec la libre circulation des
biens et des services et les facteur de production, grâce à la
collaboration des CER pour achever la CEA en 2027 et les Etats-Unis d'Afrique
en 2034.
Dans un contexte où les OIR (Organisations
d'Intégration Régionale) doivent jouer un rôle de vecteurs
d'intégration régionale, l'UA est censée jouer un
rôle de « coordination et de suivi de l'intégration au
niveau des huit CER qu'elle a reconnues. Dans cette logique, la Commission de
l'UA (CUA), à travers son département des affaires
économiques dans la division de l'intégration, prépare
chaque année depuis 2008, un rapport sur l'Etat de l'intégration
en Afrique, approuvé par la conférence des Ministres Africains de
l'intégration (COMAI) organisée annuellement en présence
des organisations régionales.
Un programme Minimum d'intégration (PMI) a
également été élaboré au niveau continental
depuis Mai 2009, en vue de traiter de la question de la
« rationalisation » des CER grâce à une
approche basée sur la concertation et l'harmonisation.
Le NEPAD adopté depuis 2001 avait pour objectifs
fondamentaux la fourniture au niveau régional, des biens publics
essentiels (transports, énergie, eau, technologies de l'information et
de la communication, lutte contre les maladies, prévention de
l'environnement et le développement des capacités de recherche au
niveau régional), ainsi que de promouvoir le commerce et les
investissements intra-africains. L'idée est de rationaliser le cadre
institutionnel en vue d'une intégration économique à
travers des projets communs compatibles avec les programmes de
développement intégré aux niveaux national et
régional. Tous ces efforts concertés, qui ont conduit en 2006,
l'UA et le NEPAD de concevoir et élaborer le plan d'action pour
l'Afrique ne visaient que l'accélération du développement
africain à travers le processus d'intégration régionale
afin de l'insérer dans l'économie mondiale sous le monopole de la
mondialisation.
II.2.3. L'intégration régionale
africaine face à la mondialisation
Dans le contexte de la mondialisation, le continent africain,
hier accusé d'être mal parti dans les années 1960, se
trouve aujourd'hui courtisé par les colosses au XXIème
siècle en particulier les Etats Unis d'Amérique, la Chine,
l'Inde en plus des amis d'hier, de la Françafrique et du
Commonwealth.52(*)
Même si le continent fait figure d'un grand absent, il subit et contribue
à la nouvelle mondialisation.
Aujourd'hui, la mondialisation est la tendance la plus
importante qui est à la base des conditions actuelles du
développement économique. Les principaux modes ou indicateurs de
cette intégration économique mondiale sont le commerce
extérieur, l'investissement direct à l'étranger, et les
mouvements internationaux des capitaux. La preuve de la mondialisation en cours
est le fait que le taux de croissance de chacun de ces indicateurs a
été plus rapide que celui de la production mondiale.
Pour tirer parti de la plus part des opportunités
offertes par la mondialisation, et pour gérer également les
risques, la première chose à faire est de chercher à
comprendre la nature des forces qui dirigent l'économie mondiale ainsi
que leurs incidences pour la gestion de l'économie en Afrique. Un
certain nombre de facteurs semblent alimenter le processus de la
mondialisation53(*)
1) Les progrès rapides de la technologie des
communications et des transports ont fait baisser les coûts du transfert
des marchandises, des capitaux, des personnes et de l'information ;
2) La mondialisation désigne l'élargissement de
la portée géographique des activités commerciales des
sociétés transnationales et des institutions financières
privées.
3) La mondialisation désigne également l'ampleur
accrue de l'intégration multinationale réelle des marchés
des biens, des services et des facteurs de production ;
4) Mondialisation désigne le degré plus
élevé d'uniformité des cadres de politique et des cadres
institutionnels déterminant les règles du jeu des actions et
interactions économiques de la part des agents privés
domiciliés dans divers pays. L'interaction de ces facteurs conduit sans
doute à l'économie mondiale vers une plus grande interaction
comme vers une plus grande intégration des économies
nationales.
Cependant, la géographie économique et politique
de l'Afrique pose des défis pour son développement
économique. De nombreux pays africains sont trop petits et trop
balkanisés pour offrir des économies d'échelle
substantielles à l'appui d'un investissement rentable et 15 (quinze)
pays de la région sont enclavés. Cet état de choses et la
nature régionale plutôt que mondiale de la majeure partie des
relations internationales semble indiquer que les pays africains accordent une
priorité élevée aux efforts visant à créer
un dynamisme sous-régional et régional que leur insertion dans la
compétitivité économique mondiale.
C'est dans ce cadre que le NEPAD a été
adopté comme un levier d'émancipation et de réponse
à la balkanisation de l'Afrique face aux défis posés par
le processus de mondialisation. Ce mécanisme vise à favoriser
l'émergence d'un leadership politique et économique continental
susceptible de servir de base à des relations rénovées de
partenariat avec les pays du Nord et le secteur privé, pour ainsi
insérer le continent dans le commerce et l'économie mondiales.
Les efforts cumulés par l'UA et les CER pour
insérer le continent dans le commerce mondial n'ont enregistré
qu'une marge très insignifiante de l'impact de l'économie
africaine dans le système économique mondial qui est
aiguisé par les multinationales. La marge des échanges
intra-africains est toujours moindre par rapport aux importations qui viennent
d'autres régions du monde. Les productions de l'Afrique ne sont
constituées que d'une monoproduction, c'est-à-dire production des
seules matières premières à l'état brut.
Pour accroitre la participation de l'Afrique dans la
mondialisation, malgré les efforts consentis dans le cadre de
l'intégration régionale, il faut que les africains puissent
s'engager dans la création d'un environnement macro-économique
stable ( maintenir bas leurs taux d'inflation, contrôler leurs
déficits budgétaires, maintenir la stabilité de leurs taux
de change, maitriser leur dette extérieure, maintenir stable et positif
leurs taux d'intérêt réels) ; libéraliser le
commerce mais avec prudence ; mettre à profit les
opportunités d'un dynamisme régional ; l'intégration
des marchés nationaux dans les marchés sous régionaux en
construisant des réseaux régionaux d'infrastructures dans les
domaines divers.
II.3. Evaluation du processus d'intégration
régionale en Afrique
Depuis les années 1990 où le continent s'est
lancé dans le processus proprement dit d'intégration
régionale après plus de deux décennies consacrées
à la décolonisation et à la confirmation de la
souveraineté internationale des pays africains, plusieurs efforts se
sont déployés à travers l'UA, les CER et bien d'autres
mécanismes initiés pour accélérer et appuyer
l'intégration continentale. C'est dans cette perspective que nous sommes
en clin, dans cette partie de ce travail, de présenter les regroupements
d'intégration régionale ou sous régionale en
Afrique ; l'Etat de lieu de ce processus et les défis et
perspectives à relever pour un bon avenir du continent.
II.3.1. Les regroupements d'intégration
régionale et sous régionale en Afrique
L''analyse s'avère très complexe à ce
niveau en ce sens que le continent africain compte une foison d'organisations
d'intégration à différents niveaux. Toutefois, nous
pouvons structurer notre étude autour des CER reconnues par l'UA comme
institutions d'appui au processus d'intégration au niveau
régional ou sous régional. Certes, cette analyse va commencer sur
l'organisation continentale qui est repérée comme le point de
convergence de toutes les politiques d'intégration en Afrique. Cette
dernière sera appréhendée d'abord comme OUA et ensuite
comme UA.
1. L'organisation de l'Unité Africaine (OUA)
L'OUA est l'organisation panafricaine créée en
1963 tirant ses origines du premier congrès panafricain de Londres de
1900. Engagés dans la lutte pour promouvoir la solidarité
africaine et son indépendance, les noirs des USA et des Antilles se sont
réunis plusieurs fois en vue d'y arriver.
Dans le prélude de la confirmation de cette
solidarité, les Etats africains se sont réunis pour la
première fois au Ghana en 1953. Au début des années 1960,
deux blocs apparaissent, l'un de Casablanca rassemblant les Etats les plus
hostiles et radicaux partisans d'une '' indépendance absolue'' et d'une
unité politique africaine sous l'influence du ghanéen
Kwamé Nkrumah. Le second est celui de Monrovia réunissant les
Etats « conservateurs » qui élaborent un programme
d'une unité économique graduelle et ils sont partisans d'une
« indépendance tempérée par des accords de
coopération » avec l'ancien colonisateur.
En 1963, les Etats indépendants africains se
réunissent à Addis-Abeba et fondent le 25 mai, 1963,
l'organisation de l'unité Africaine. Ces Etats sont au total30.
La charte de l'OUA renferme trois principes :
- L'égalité souveraine des
Etats-membres ;
- La non-ingérence dans leurs affaires
intérieures ;
- Le respect de la souveraineté, de
l'intégrité territoriale et du droit inaliénable de chacun
d'eux à une existence indépendante.54(*)
Dans la poursuite de sa mission, l'OUA a
réalisé des résultats positifs tout comme négatifs.
En effets, sa réussite fut la libération totale du continent de
toute forme de colonisation, grâce aux opérations secrètes
de son comité de libération. Mais elle a échoué en
tant que force d'interposition dans les guerres civiles qui se sont
multipliées sur le continent faute des moyens financiers et d'une
solidarité suffisante entre les Etats.
2. L'Union Africaine (UA)
Le projet de l'UA se dessine en septembre 2000, lors d'un
sommet extraordinaire sur initiative du guide libyen, Mouammar El-Kadhafi.
L'acte constitutif de l'UA est adopté à Lomé en juillet
2000, puis lors de son 37ème sommet qui se tient à
Lusaka en juillet 2001, l'OUA ratifie sa transformation en une union africaine.
Celle-ci est inaugurée lors du sommet de Durban de 2002.
Les défis et les contraintes qui freinent la
consolidation de l'intégration régionale en Afrique, la
définition du cadre dans lequel s'exercent ces efforts de consolidation,
ont sous-tendu les décisions des dirigeants africains de créer
l'UA. Celle-ci se fonde sur le traité d'Abuja de 1991 de l'OUA portant
création de la CEA. L'UA entend accélérer le processus
d'intégration en créant, en temps voulu, des institutions
essentielles, notamment le Parlement africain, qui a été
inauguré en mars 2004, la cour Africaine de Justice, la Banque Centrale
Africaine et la Banque Africaine d'Investissement.55(*) Cette ambition vise
également d'accélérer l'intégration
régionale en vue d'insérer le continent dans la mondialisation et
de promouvoir les principes et les institutions démocratiques ainsi que
le respect des droits de l'homme. Le NEPAD contribue aussi à cette
fin.
3. Communauté Economique pour le développement
des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)
La CEDEAO est un regroupement régional de 15 pays, qui
a été fondée en mai 1975. Elle a été
conçue comme moyen d'assurer l'intégration économique et
le développement avec l'intention de déboucher sur une
éventuelle union économique Ouest africaine, renforçant
ainsi la stabilité économique et les relations entre les Etats
membres.
Les Etats membres de la CEDEAO sont : Bénin,
Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée,
Guinée Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigéria,
Sénégal, Sierra Léone et Togo.
Les objectifs de la CEDEAOsont de promouvoir la
coopération et l'intégration dans les activités
économiques, sociales et culturelles, dans le but ultime d'aboutir
à la mise en place d'une union économique, sociale, culturelle et
monétaire à travers l'intégration totale des
économies des Etats membres, relever le niveau de vie de ses
populations, maintenir et renforcer la stabilité économique,
resserrer les relations entre les Etats membres et contribuer au progrès
et au développement du continent africain.
4. Le Marché Commun pour l'Afrique de l'Est et Australe
(COMESA)
Le COMESA a été créé en 1993 pour
succéder à la zone d'Echanges préférentiels pour
l'Afrique de l'Est et Australe (ZEP), qui avait été
créée en 1981. La vision du COMESA est celle d'une
communauté économique entièrement intégrée,
en vue de la prospérité, la compétitivité
internationale, prête à la fusionner au sein de l'UA. Les Etats
membres du COMESA sont le Burundi, les Comores, la RDC, le Djibouti, l'Egypte,
l'Erythrée, l'Ethiopie, le Kenya, la Libye, le Madagascar, le Malawi, le
Maurice, le Rwanda, les Seychelles, le Soudan, le Swaziland, la Zambie et le
Zimbabwe.
Le traité portant sa création et fixant son
programme couvre un grand nombre de secteurs d'activités. Le COMESA vise
plusieurs domaines dont le commerce des marchandises et des services,
intégration monétaire, la promotion et la facilitation de
l'investissement, le développement des infrastructures; le commerce
électronique, la paix et la sécurité.
5. Communauté Economique des Etats d'Afrique
Centrale(CEEAC)
La CEEAC est composée de 10 Etats d'Afrique Centrale:
Angola, Burundi, RDC, Congo Brazza, Guinée Equatoriale, Gabon, Sao
Tomé et principe, RCA, Tchad et le Soudan. Elle a été
créée en 1983 quand l'UDAC a pressé les Etats membres
d'élargir la zone commerciale.
L'objectif de la CEEAC est de réaliser l'autonomie
collective, relever le niveau de vie de ses populations et maintenir la
stabilité économique à travers une coopération
harmonieuse. Son but ultime est l'élargissement d'un marché
commun de l'Afrique Centrale.
6. Communauté de Développement de l'Afrique
Australe(SADC)
La SADC a comme membres: l'Angola, la RDC, le
Lesotho, le Madagascar, le Malawi, le Maurice, le Mozambique, la Namibie, les
Seychelles, la RSA, le Swaziland, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.
Ses objectifs sont les suivants: réaliser
le développement et la croissance économique, en allégeant
la pauvreté et relevant le niveau de vie des peuples de la région
à travers l'intégration régionale; développer les
valeurs et institutions politiques communes, promouvoir et défendre la
paix et la sécurité; promouvoir le développement auto
soutenu sur base de l'autosuffisance collective et l'interdépendance des
Etats membres; réaliser la complémentarité entre les
stratégies et programmes nationaux et régionaux;....Elle a
été créée en juillet 1979 à Arusha.
7. Autorité intergouvernementale sur le
développement (IGAD)
L'IGAD a succédé à l'autorité
intergouvernementale sur la sécheresse et le développement
(IGADD). Créée par un accord international en 1986, l'IGADD
entant qu'organisation sous régionale avait pour membres, six Etats
frappés par la sécheresse : Djibouti, Ethiopie, Kenya,
Somalie, Soudan et Ouganda. C'est lors de la conférence des chefs d'Etat
et de gouvernement de l'OUA de Nairobi de 1996 que l'accord portant
création de l'IGADD a été relativisé en IGAD.
Ses objectifs sont :
- Promouvoir les stratégies conjointes de
développement et harmoniser progressivement les politiques et les
programmes macroéconomiques dans le domaine social, technique et
scientifique ;
- Harmoniser les politiques relatives au commerce, aux
douanes, aux transports et aux communications, à l'agriculture et aux
ressources naturelles ;
- Promouvoir et réaliser les objectifs du COMESA,...
8. Communauté des Etats Sahélo-sahariens
(CEN-SAD)
Elle a été créée par traité
le 4 février 1998. Depuis 2008, elle compte 27 pays situés dans
le Nord, Ouest et l'Est de l'Afrique : Bénin, Burkina Faso, RCA,
Comores, Côte d'Ivoire, Tchad, Djibouti, Egypte, Erythrée, Ghana,
Guinée, Guinée Equatoriale, Kenya, Libye, Mali, Mauritanie,
Maroc, Niger, Nigéria, Sao Tomé et principe,
Sénégal, sierra Léone, Somalie, soudan, Togo et Tunisie et
Soudan du Sud sa création avait pour objectif de réaliser les
buts de l'OUA en matière d'intégration conformément au
traité d'Abuja. Ces objectifs sont entre autres :
- La mise en place d'une Union économique globale dans
les investissements, l'agriculture, l'industrie, les affaires sociales,
culturelles et énergétiques.
9. Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE)
La CAE est une organisation régionale
intergouvernementale qui rassemble le Burundi, Kenya, Rwanda, Ouganda, Tanzanie
et qui a son siège à Arusha. Le traité portant sa
création a été signé le 30 novembre 1999 et
entré en vigueur en juillet 2000.
La CAE vise l'élargissement et l'approfondissement de
la coopération entre les Etats partenaires, notamment dans les domaines
politique, économique, et social, pour en recueillir des avantages
mutuels.
10. L'Union du Maghreb Arabe (UMA)
L'UMA est composée des Etats du Maghreb qui sont
l'Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. Elle a
été créée le 17 février 1989 à
Marrakech. L'UMA vise à renforcer les liens de fraternité qui
unissent les Etats membres et leurs peuples ; réaliser le
progrès et la prospérité des sociétés qui
les composent et la défense de leurs droits ; contribuer à
la préservation de la paix fondée sur la justice et
l'équité ; poursuivre une politique commune dans
différents domaines ; oeuvrer progressivement à
réaliser la libre circulation des personnes des services, des
marchandises et des capitaux.56(*)
Après cette étape, nous passons à
l'évaluation proprement dite du processus d'intégration
régionale en Afrique avant d'en relever les défis et en formuler
les perspectives d'avenir.
II.3.3. Etat de lieu du processus d'intégration
régionale en Afrique
Depuis l'institution de la CEA et la transformation de l'OUA
en UA, plusieurs activités ont été, soit posées,
soit lancées ou réalisées à travers le continent
africain dans le processus d'intégration régionale.
Les acteurs de ce bilan sont aussi bien multiples que divers,
allant de l'UA aux CER et plusieurs autres mécanismes dont le NEPAD.
Cependant, le bilan de l'intégration en Afrique n'est pas largement
positif car beaucoup d'objectifs à atteindre restent soit en cours, soit
à l'état initial, compte tenu de plusieurs obstacles et
contraintes auxquels les CER et l'UA font face. C'est ainsi que dans cette
partie de ce travail, nous allons relever les forces et les faiblesses du
processus d'intégration régionale en Afrique.
a. Les réalisations dans le processus
d'intégration en Afrique
Ces réalisations se situent au niveau continental
à travers l'UA et au niveau régional ou sous régional
à travers les CER et les CESR.
Dans le cadre continental, plusieurs réalisations ont
été enregistrées ces dernières années
à travers la mise en place et l'élaboration de plusieurs
politiques d'intégrations. Plusieurs programmes d'intégrations
dont le plan minimum d'intégration, l'Agenda 2063, les stratégies
de suivi du processus d'intégration régionale ont
été aussi élaborées.
Au niveau des CER, plusieurs actions été
déjà menées à travers différentes
régions. En suivant les étapes définies par la CEA pour
arriver à l'intégration totale du continent, la première
étape a été déjà réalisée
à travers la CEA car celle-ci a déterminé le huit CER
pouvant faire d'office son fondement et a également reconnu certaines
CESR enfin d'harmoniser les efforts au niveau d'abord des sous-régions,
ensuite au niveau régional et enfin au niveau continental.
La deuxième étape qui pouvait aller de 1999
à 2007 et consistant dans la stabilisation des barrières
tarifaire et non tarifaire ; l'harmonisation progressive des politiques de
mise en oeuvre de programme multiple dans tous les domaines ; la
création de ZLE et UD dans les CER est en grande partie atteinte. En
effet, sur les huit CER, tous les programmes sectoriels ont été
déjà élaborés. La mise en place de ZLE est
déjà effective dans plusieurs CER dont la CEDEAO, CAE, SADC,
COMESA et CEN- SAD. L'IGAD a enregistré plusieurs avancées vers
une ZLE. Quelques UD ont été soit réalisées
(COMESA, CAE, SADC, CEN-SAD) soit en cours ou en initiative pour les restes des
CER.
La troisième étape est au lancement dans
certaines CER avec la consolidation des ZLE, des UD et adoption d'un tarif
extérieur commun (TEC) comme à la CEDEAO dans la
coopération avec l'UEMOA. Aujourd'hui, la CEDEAO, la CAE et le COMESA
ont déjà réglé la situation de circulation des
personnes grâce au passeport commun lancé. Les programmes de
convergence macro-économique ont été également
lancés dans plusieurs CER. La démarche pour une zone de
libre-échange continental (ZLEC) est en accélération,
surtout avec la mise en place en juin 2015, de la ZLE tripartite
(COMESA-CAE-SADC) qui rassemble 26 pays africain et une population de plus de
630 millions, couvrant 60% du PIB collectif africain.57(*)
Toutefois, vu les obstacles connus dans les efforts
d'intégration, lors du sommet de l'UA de 2013, les dates ont
été ramenées de 2034 à 2063, et pour ce, l'agenda
2063 maintient la création de la ZLEC en 2017, l'Union Douanière
continentale en 2019, la MC africain renvoyée en 2025, l'union
monétaire continentale en 2030 et en 2063, l'unification politique et
économique du continent et la création des Etats Unis
d'Afrique.58(*)
b. Les échecs dans le processus d'intégration
régionale en Afrique
En dépit des efforts engagés ces
dernières années dans le processus d'intégration
régionale en Afrique, plusieurs échecs ont été
enregistrés que ce soit au niveau continental qu'au niveau
régional et/ou sous régional. En effet, les stratégies de
l'UA de faire de l'Afrique un acteur majeur dans le commerce mondial ou dans la
mondialisation n'ont encore apporté leurs fruits. Comme preuve, jusqu'en
2015, le continent Africain ne participait au commerce mondial qu'avec 1,8% des
importations et 3,1% d'exportations. Les échanges commerciaux
intra-Africains ne représentent que plus ou moins 12% des
échanges commerciaux africains.
Au niveau des CER, les étapes mêmes de la mise en
oeuvre de la CEA ne sont qu'à l'étape initiale dans d'autres CER
comme l'UMA, l'IGAD et la CEEAC dans la mise en place de zones de
libre-échanges. Pour ceux qui les ont déjà, certains Etats
membres sont toujours réticents à la mise en oeuvre des
règles des ZLE. Les UD de plusieurs CER sont soit inexistantes, soit en
lancement. La stratégie de facilitation des échanges
intra-communautaires souffre dans certaines CER, et dans d'autres, elle n'est
qu'à l'étape de projet. Plusieurs autres échanges
s'enregistrent dans presque toutes les CER et que nous ne saurons
énumérer ici. Les causes de ces échecs peuvent être
relevées à ce stade afin de bien comprendre cette situation.
En premier lieu il faut relever la cause majeure qui a des
répercussions dans toutes les démarches d'intégration en
Afrique. En effet, l'UA a remplacé en 2001 l'OUA avec comme objectif
d'accélérer le processus d'intégration régionale en
mettant en place des politiques cohérentes d'intégration.
Cependant, au niveau sémantique du mot « intégration
régionale », il y a d'abord perte de souverainetés
étatiques des Etats qui ont volontairement adhéré au
projet communautaire. Or dans l'acte constitutif même de l'UA, le primat
de la souveraineté est renforcé dans les objectifs de l'union. En
fait, le paragraphe (b) de l'Article 3 de cet acte défend la
souveraineté, l'intégrité territoriale et
l'indépendance de ses Etats membres. Quant aux principes de l'UA, le
point (b) de l'article 4 prône le principe de respect des
frontières existant au moment de l'accession à
l'indépendance ; dans le point (a) c'est l'égalité
souveraine et indépendante de tous les Etats membres de
l'union.59(*) Ce statu quo
contredit l'objectif majeur de tout processus d'intégration
régionale et de certains Etats membres de l'Organisation qui dans leurs
constitutions, comme le Sénégal dont le préambule
stipule : « le peuple sénégalais, soucieux de
préparer la voie de l'unité des Etats d'Afrique et d'assurer les
perspectives que comporte cette unité, (...) décide que la
République du Sénégal ne ménagera aucun effort pour
la réalisation de l'unité africaine, et les abandons de
souveraineté ne sont consentis qu'en vue de réaliser
l'unité africaine ». C'est le cas de la République
Centrafricaine dans son article 67.60(*)C'est le cas également du Mali (article 117),
du Burkina Faso (préambule), de la Côte d'Ivoire,...
Dès lors, on comprend que les Etats africains,
malgré leurs souverainetés, ont de fois la volonté d'y
renoncer au profit de la Communauté alors que celle-ci se veut exister,
mais avec des Etats indépendants et souverains en son sein, des
souverainetés inaliénables.
En plus, le fait que l'UA ait reconnu l'existence de plusieurs
regroupements régionaux et sous régionaux qui de fois,
chevauchent entre eux et même avec l'organisation continentale quant
à leurs objectifs. Ce qui fait que certains Etats soient membres de l'UA
et membres de plusieurs autres regroupements. Ce chevauchement fragilise les
efforts d'intégration. Un autre obstacle c'est le manque d'une
main-d'oeuvre qualifiée et des ressources financières pouvant
permettre ces regroupements d'accomplir leurs mandats, surtout que les Etats
membres ne s'acquittent pas de leurs engagements financiers.
Au niveau des Etats, il y a fragilité des structures
sociopolitiques et économiques. Cette fragilité a comme
conséquences, l'absence de la bonne gouvernance et le manque
d'infrastructures de transport et de communication. A cela s'ajoute la faible
diversification des économies et de l'insuffisance d'industries de
transformation et d'industries industrialisantes qui peuvent favoriser des
échanges régionaux et la recherche de marché de
proximité, et surtout favoriser le développement industriel et
économique.
II.3.3 Les défis et perspectives du processus
d'intégration régionale en Afrique
A ce niveau, différents obstacles relevés dans
le point suivant constituent des défis majeurs auxquels s'ajoutent la
persistance des conflits armés en Afrique, l'absence de la bonne
gouvernance et du respect des principes fondamentaux garantissant la protection
des droits de l'homme.
Afin d'accélérer le processus
d'intégration et atteindre la finalité qui est la construction
des Etats-Unis d'Afrique, on doit redéfinir les principes et objectifs
de l'UA pour ouvrir la brèche à la dissolution progressive des
souverainetés des Etats membres au profit de l'unité africaine,
surtout que l'UA est l'unique organisation d'intégration qui regroupe
les pays de tout un continent. L'adhésion à l'union doit
être conditionnée à certaines conditionnalités afin
que les Etats qui y adhèrent se sentent liés à certaines
obligations contraignantes. De ce fait ; l'UA ne doit pas être une
organisation conservatrice de l'héritage colonial, mais elle doit aller
au-delà de ce statu quo pour atteindre le rêve des pères
fondateurs du panafricanisme.
Dès maintenant, l'UA doit imposer aux Etats de
fusionner les CER existantes afin de donner un ton à l'architecture de
la Communauté Economique pour l'Afrique et ainsi concevoir
l'intégration au niveau continental que régional.
L'Afrique doit se doter d'infrastructures de transport et de
communication modernes pouvant faciliter la circulation de personnes, de biens
et des services, cela avec retombée l'accélération des
échanges commerciaux intra-africains ; le mouvement des capitaux et
le transfert des technologies. Au lieu de promouvoir les organisations
régionales, il faut créer des organisations sectorielles
continentales. En effet, si on a une structure ou un réseau africain de
chemin de fer, un réseau aérien africain, une structure commune
de santé, un réseau agricole africain un réseau
d'électricité africain,... cela mettra le pied sur
l'accélérateur du développement concerte du continent
africain, ce qui permettrait d'insérer l'Afrique dans les flux
mondiaux. En effet, il faut que l'UA soit un mécanisme contraignant
dans la gouvernance des Etats membres. Car si elle prône la gestion
démocratique, elle doit d'abord amener les dictateurs africains
à se retirer de pouvoir au nom du principe d'alternance
démocratique et de bonne gouvernance. Si cette dimension est atteinte,
l'on mettra alors fin aux conflits armés qui sont dans bon nombre des
cas, les conséquences de la mauvaise gouvernance en Afrique. Au moment
où ces défis sont relevés, on peut songer aux perspectives
d'avenir.
Le continent africain présente beaucoup
d'opportunités quant à son intégration dans
l'économie mondiale. D'abord par le fait que l'UA est la seule
organisation au monde qui couvre tout un continent. La dotation naturelle fait
de l'Afrique un vivier de l'émergence et présage un continent
offrant beaucoup de chance de développement à ses populations
dans l'avenir. Avec une population la plus jeune du monde, l'Afrique a la
chance d'avoir une main-d'oeuvre efficace et exceptionnelle dans le futur.
L'actuelle croissance économique du continent peut favoriser l'Afrique
de devenir un pool émergent incontournable et un vivier des
intérêts d'autres continents.
Toutes ces perspectives seront une réalité si
seulement les africains mettront de côté toutes leurs divergences
au profit d'une seule et unique communauté africaine
intégrée, dotée des industries industrialisantes pour son
émergence économique ; dotée d'un leadership
politique fondé sur le respect des valeurs universelles dont la
démocratie, la bonne gouvernance, le respect des Droit de l'Homme,... L
'Afrique doit s'unir pour participer au processus de mondialisation comme un
acteur incontournable. Bref, le développement de l'Afrique est entre les
mains des africains, il faut oser dépasser l'imaginaire actuelle pour
recréer l'Afrique sur le pragmatisme organisationnel, politique et
économique.
CHAPITRE III : LES PARADIMES SOUVERAINETE ET
NATIONALISME FACE AUX PROCESSUS D'INTEGRATION SOUS-REGIEONALE EN AFRIQUE
CENTRALE
La région ou sous-région d'Afrique centrale
couvre une dizaine de pays. Tous ces pays ont compris la
nécessité de l'intégration afin de booster leur
développement. C'est ainsi que cet espace renferme une CER reconnue par
la Communauté Economique pour l'Afrique comme pilier du processus
d'intégration de l'Afrique. C'est en l'occurrence la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC). En plus certaines
communautés économiques sous -régionales sont
créées dans cette zone afin d'appuyer les efforts de la CEEAC,
c'est notamment la CEMAC et CEPGL. L'objectif majeur ayant concouru à la
mise en place de ces organisations était le renforcement et
l'accélération du processus d'intégration régionale
dans lequel le continent est lancé en vue d'atteindre le degré le
plus élevé du développement et ainsi, s'insérer
dans la compétitivité économique mondiale.
Certes, cette existence dans une même zone ou
région de plusieurs organisations d'intégration abouti à
un manque d'identité pour le processus d'intégration en Afrique,
car bloquant toutes les initiatives de développement. En effet, les
mêmes pays sont membres de plusieurs organisations. Ces dernières
chevauchent quant à leurs objectifs. Le fait pour les Etats d'appartenir
dans plus d'une organisation est un obstacle quant à leurs
participations financières pour l'atteinte des objectifs que ces
organisations se sont assignées.
C'est en quelques termes les problèmes qui surgissent
dans les organisations d'intégration en Afrique centrale. Ce processus
se heurte également au statu quo du souverainisme et du nationalisme
dans presque tous les pays d'Afrique centrale, eux-mêmes étant
encouragés par l'acte constitutif de l'UA.
III.1.Les problèmes d'intégration en Afrique
Centrale
Les problèmes d'intégration en
Afrique centrale sont aussi bien multiples que complexes. La volonté
pour les Etats d'Afrique centrale de créer les organisations
régionales et/ou sous- régionales d'intégration
témoigne leur engagement dans la vision panafricaniste visant à
faire de l'Afrique un maillon fort du nouveau système international, un
centre d'impulsion de grandes décisions universelles, et un acteur
incontournable des relations économico-politique internationales au
XXIème siècle et pour les siècles à
venir.
Ces problèmes sont d'ordre politique, économique
et socio-culturel. Pour comprendre ces problèmes, il est
inévitable de faire la cartographie des organisations
d'intégration en Afrique centrale, évaluer les acquis du
processus d'intégration sous- régionale en Afrique centrale, en
relever les défis ou les obstacles et enfin, proposer certaines voies de
solution à ces problèmes.
III.1.1. Les organisations d'intégration en
Afrique Centrale
L'Afrique centrale est parmi les régions du continent
africain ayant beaucoup d'organisations ou regroupements d'intégration
économique et politique. En effet, en dehors de la CEEAC qui est une CER
reconnue comme base de la CEA, nous avons dans cette même région
la CEMAC, la CEPGL et la CIRGL. Dans ce point nous allons faire un point sur
chacune de ces organisations sous- régionales.
a. La Communauté Economique des Etats de
l'Afrique Centrale
Comme déjà présentée dans la
partie précédente, la CEEAC est pour l'Afrique centrale ce que
peut être l'UA pour le continent africain. En effet, ce regroupement se
classe, selon le Programme Minimum d'Intégration de l'UA, parmi les huit
CER qui constituent la base ou la pierre angulaire de la Communauté
Economique pour l'Afrique qui est le mécanisme principal de l'UA pour
atteindre ses objectifs d'intégration économique. Les trois
autres regroupements ne sont que sous régionaux faisant de fait, les
piliers de l'intégration sous régionale en Afrique centrale.
C'est ainsi que le document stratégique t'intégration
régionale (DSIR) pour l'Afrique centrale fait de la CEEAC, le point
focal de la coordination régionale du NEPAD en Afrique
centrale.61(*)
Instituée par un traité signé le 20 octobre 1983 à
Libreville (Gabon) et entrée en vigueur le 18 décembre 1984, la
CEEAC a pour mission de conduire le processus de coopération et
d'intégration en Afrique centrale par les marchés. Son
Secrétariat Général a été installé en
1985 à Libreville. Après un démarrage difficile, faute de
moyens financiers, la CEEAC a pratiquement cessé ses activités
entre 1992 et 1997 car la plus part des pays de la zone étaient en
conflit. La conférence des chefs d'Etats de juin 1999 à Malabo
marque sa relance. La conférence des chefs d'Etats et de gouvernement
définit la politique générale et les grandes
orientations de la communauté.
Elle se réunit une fois par an ou sur convocation de
son président. La présidence de la CEEAC est rotative par ordre
alphabétique des Etats membres. Le conseil des ministres est l'organe
qui formule des recommandations à l'attention de la Conférence
sur toute action tendant à la réalisation des objectifs de la
communauté. Il est composé des ministres chargés des
questions de développement économique ou tout autre ministre
désigné à cette fin par chaque Etat membre. Le conseil des
ministres se réuni au moins deux fois par an en session ordinaire.
La conférence de Malabo de juin 2002 adopte plusieurs
règlements et protocoles, relatifs à la création de
nouvelles institutions. Ainsi, les Chefs d'Etats ont adopté la
création du conseil de paix et de sécurité de l'Afrique
Centrale (COPAX) dont le protocole y relatif prévoit la mise en place de
trois organes techniques, à savoir une commission pour la défense
et la sécurité (CDS), la force Multinationale de l'Afrique
Centrale (FOMAC) et un Système d'alerte précoce, le
Mécanisme d'Alerte Rapide de l'Afrique Centrale (MARAC).
b. La Communauté Economique et Monétaire
de l'Afrique Centrale (CEMAC)
La CEMAC a été créée en mars 1994
et est active depuis l'entrée en vigueur de son traité en
décembre 1999. Elle constitue une organisation à la fois jeune et
ancienne, vu qu'elle prend le relais de l'Union Douanière et Economique
de l'Afrique Centrale (UDEAC).62(*) En effet, la déception à l'égard
des progrès seulement faibles de l'organisation dans la
réalisation de sa mission, tout comme les initiatives régionales
à travers le continent entier ont conduit les Etats fondateurs de
l'UDEAC, depuis 1983, à reconfigurer au début des années
1990 leur structure de coopération et à prendre en
considération l'option de la création d'un nouvel ensemble. Ce
fut ainsi en 1994 que les 6 (six) Etats signèrent un nouveau
traité mettant en place la CEMAC.
La CEMAC s'appuie sur deux piliers que sont d'une part l'union
monétaire de l'Afrique centrale (UMAC), et d'autre part l'union
Economique de l'Afrique centrale (UEAC). Ces deux institutions sont
complétées par le parlement communautaire et la cour de justice
communautaire.
Les organes de la CEMAC sont, la conférence des chefs
d'Etats et de gouvernement, le secrétariat exécutif, le conseil
des ministres et le comité inter-Etats, chargés de promouvoir
l'intégration économique, ainsi que le comité
ministériel pour l'intégration monétaire. Les institutions
spécialisées de la CEMAC sont la Banque de Développement
Economique de l'Afrique Centrale (BDEAC) et la Banque des Etats de l'Afrique
Centrale(BEAC) pour l'union économique, et la Commission Bancaire de
l'Afrique Centrale (COBAC) pour l'union monétaire. Les Etats membres de
la CEMAC sont : le Cameroun, la République centrafricaine, le
Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad.
c. La Communauté Economique des Pays des
Grands Lacs (CEPGL)
Fondée le 20 septembre 1976, la CEPGL visait
l'intégration économique et la coopération
transfrontalière pour le développement. Elle était
créée par les chefs d'Etat de l'Afrique centrale dont Mobutu pour
le Zaïre, Habyarimare pour le Rwanda et Micombero pour le Burundi,
engagés tous dans la quête de sécurité et de
puissance régionale du zaïre (RDC) dans le cadre de la
rivalité idéologique et stratégique Est-ouest de la
période de la guerre froide. Elle est composée du Rwanda,
Burundi, Ouganda et RDC. Son siège est à Gisenyi (Rwanda)
où s'était signée la convention de sa
création.63(*) En
dehors des organes fondamentaux qui sont la conférence des chefs d'Etats
et de gouvernement, le secrétariat exécutif et le conseil des
ministres, la CEPGL compte cinq organes spécialisées qui
sont : l'Institut de Recherche Agronomique et Zoologique (IRAZ), la Banque
de Développement des Etats des Grands Lacs (BDEGL), la
Société Internationale pour l'Electricité des Grands Lacs
(SINELAC), l'Organisation de la CEPGL pour l'Energie (EGL) et la
Société Commerciale et Industriel de Gaz (SOCIGAZ).
d. La Conférence Internationale sur la
Région des Grands Lacs (CIRGL)
L'insécurité dans la région et le manque
d'institutions de gestion des conflits sont des problèmes qui ont
poussé à la création de la CIRGL. En effet, fin
décembre 1999, le secrétaire général de l'ONU, Mr
KOFI Annan, charge son représentant dans la région des grands
lacs de recueillir les vues des dirigeants de la région concernant le
projet de création de la CIRGL. Cette volonté a été
vite renforcée par les résolutions 1291 du 24 février 2000
et 1304 du 16 juin 2000 du conseil de sécurité des Nations Unies
qui a mis en exergue les menaces de la paix et la sécurité
internationales que représentait la situation de guerre en RDC.64(*) C'est en novembre 2004 que le
premier sommet des chefs d'Etats et de gouvernement a eu lieu à
Dar-es-Salem et se termine par une déclaration d'intention de
différentes délégations. Les onze
délégations (Angola, Burundi, Centrafrique, Congo RDC, Kenya,
Ruanda, Soudan, Ouganda, Tanzanie et Zambie) décident de constituer une
région des grands lacs ouverte à d'autres régions du
continent en bâtissant leur coopération autour des axes
prioritaires que sont la paix et la sécurité, la
démocratie et la bonne gouvernance, le développement
économique et l'intégration régionale, les questions
humanitaires et sociales.65(*)
Dès après l'adoption de la déclaration de
Dar-es-Salam, les chefs d'Etat et de gouvernement se réunirent à
Nairobi pour signer le Pacte sur la sécurité et le
développement dans la Région des grands Lacs. La signature de ce
Pacte a marqué la fin de la phase préparatoire et ouvert la voie
à la mise en oeuvre et la création du Secrétariat
Exécutif de la CIRGL et de son siège à Bujumbura.
III.1.2 Evaluation de l'intégration en Afrique
Centrale
Le processus d'intégration en Afrique Centrale connait
un bilan en dents de scie étant donné que chaque regroupement
d'intégration dans la région connait soit des avancées,
soit stagne. Cependant, l'analyse dans cette partie semble complexe par le fait
que tous ces regroupements ont presque les mêmes Etats comme membres.
Cette évaluation peut s'opérer positivement tout
comme négativement selon que tout processus peut toujours évoluer
avec cette dialectique.
a. Les forces du processus d'intégration en
Afrique Centrale.
Les avancées positives enregistrées par la CEEAC
portent sur les instruments de la politique régionale en matière
de paix et sécurité ; l'appui au processus électoral,
l'adoption et un début de mise en oeuvre de politique Sectorielles
régionales. Dans le domaine du maintien de la paix, sous
l'égide de la CEEAC, la force Multinationale d'Afrique Centrale (FOMAC)
a réalisé en juin 2010 sa certification aux normes de la Force
Africaine en Attente, permettant de jeter ainsi les bases d'une
coopération renforcée pour la sécurisation des
intérêts vitaux des Etats du Golfe de Guinée.
La coopération entre la CEEAC et la CEMAC est en
impulsion depuis 2010 avec le lancement des travaux du comité de
Pilotage de la Rationalisation des CER en Afrique Centrale (CPIL/CER).Les
avancées déjà soulignées dans la deuxième
partie du travail concernant la CEEAC sont moindres que celles
réalisées par la CEMAC du fait que cette dernière, a une
monnaie unique (FCFA) héritée de la colonisation
française, mais adaptée aux réalités
d'intégration dans la zone. Le renforcement de la collaboration entre la
CEEAC et la CEMAC dans le cadre de l'accord de coopération tripartite
incluant la CAE, constitue un atout majeur pour l'intégration
régionale en Afriques Centrale. 66(*)
La CEEAC a également fait des progrès dans le
développement de la participation effective du secteur privé aux
décisions concernant les questions relatives à
l'intégration aux niveaux régional et continental. Le programme
Régional pour le Développement des Technologies de l'information
et de la communication, le Programme Régional de Sécurité
Alimentaire connu sous le nom de PRSA sont des réalisations majeures en
matière d'intégration en Afrique centrale.
Du côté de la CEMAC on ajoute l'agence de
régulation et de supervision du marché financier (COSUMAF) ;
en plus du Douala Stock Exchange, une bourse des valeurs mobilières en
Afrique Centrale (BVMAC) a été créée en 2005.Les
deux autres organisations d'intégration en Afrique Centrale qui sont la
CEPGL et la CIRGEL n'ont pas connu de succès à cause de la
dynamique des conflits dans cette sous-région.
b. Les faiblesses de l'intégration en Afrique
Centrale.
Le processus d'intégration sous régionale en
Afrique Centrale a subit beaucoup d'échec depuis son lancement. Si la
CEMAC a atteint nombreux de ses objectifs, les restes des regroupements ne
l'ont pas fait à causes des programmes irréalistes, mais surtout
à cause des plusieurs obstacles auxquels les Etats de la région
font face. La réalisation des objectifs d'intégration de
l'Afrique centrale n'a pas connu beaucoup d'avancées comme dans d'autres
régions, notamment l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique de l'Est et l'Afrique
Australe.
Les différents plans et mécanismes mis en place
pour la CEEAC restent beaucoup plus théoriques que pratiques. La CEMAC
qui se félicite d'une intégration à grande partie ne
l'est qu'à cause de sa monnaie unique. Or cette monnaie est un
instrument de la domination néocoloniale de la France en Afrique. Toutes
les fluctuations que peut subir cette monnaie dans la sous région sont
la conséquence de la politique monétaire française.
L'appréciation ou la dépréciation du franc CFA
dépend directement des secousses que subit l'Euro.
La CEPGL qui a été créée par les
anciens dictateurs des grands lacs africains ne s'est pas toujours
montrée robuste dans ses efforts d'intégration, car les pays qui
la constituent sont au même moment des protagonistes dans les conflits
qui surgissent dans la sous région. Les relations entretenues entre ces
Etats dans leur organisation ne sont que des relations des loups qui à
vrai dire, sont chacun ennemi de l'autre, malgré les affinités
qui les lient.
Dès lors, il suffit de relever certains obstacles
liés au processus d'intégration sous régionale en Afrique
centrale afin de conduire la sous région à prendre un autre
tournant d'intégration et ainsi aboutir à la convergence au
niveau continental afin de réaliser le rêve des pères
fondateurs de l'UA.
III.1.3 Les obstacles à l'intégration en
Afrique Centrale
L'approche africaine de l'intégration telle que
définie dans les traités nés du Plan d'Action de Lagos est
plurielle, parce que combinant développement du commerce, production de
biens publics régionaux et intégration par les règles ou
l'encadrement normatifs.67(*) L'unification des marchés nationaux a pour
finalité l'intensification des échanges commerciaux par le biais
de la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires, une plus
grande mobilité de facteurs et un accroissement d'opportunités
d'investissement.
Les traités instituant la CEEAC, la CEMAC, la CEPGL
et les autres institutions d'intégration et de coopération
d'Afrique Centrale se situent aussi dans cette approche plurielle. Cependant,
la revue de différents programmes d'intégration en Afrique
Centrale montre dans l'ensemble les évolutions contrastés, et de
résultats en-deçà des attentes formulés. En
dépit de sa position de carrefour, de la diversité de ses
ressources naturelles et d'un écosystème très favorable,
l'espace « Afrique Centrale » reste l'un des moins
intégré du continent, en termes de flux commerciaux inter-Etats,
des mouvements des personnes et d'interconnexion des infrastructures
physiques.
Les obstacles auxquels fait face le processus
intégration sous régionale en Afrique Centrale sont aussi bien
nombreux que complexes. Mais, nous pouvons les condenser en quelques points
saillant qui touchent l'aspect politico-diplomatique et économique.
Sur le plan politique, le plus grand problème qui
bloque l'Afrique Centrale c'est la résurgence des conflits armés,
civils ou d'agression extérieure. A la base de ces conflits, il y a la
recherche du contrôle et de l'exploitation des matières
premières dont le point de départ c'est l'Est de la RDC.
Au plan diplomatique, le manque des stratégies
efficaces d'une diplomatie préventive reste le plus grand défi
auquel fait face la région. Toutes les rencontres diplomatiques
entreprises par ces Etats ont souvent été des démarches de
plaisanterie. Le recours aux moyens diplomatiques de résolution des
différends a souvent été une manière d'habiller
Saint Pierre et de déshabiller Saint Paul car c'est de ces pratiques que
naissent encore d'autres différends.
Au plan économique, les échanges inter
étatiques dans la sous région restent résiduels. A la
base, le manque des politiques économiques efficaces ; le blocage
de différents accords de libre circulation des personnes et des biens
entre l'Etat ; la non application des politiques douanière
arrêtées au niveau des organisations sous régionales, et le
manque des politique macro-économiques réalités.
En dehors de ces obstacles d'ordre sectoriel, il y a les
défis d'ordre structurel ou organisationnel. En effet, la
multiplicité d'organisations sous régionales dans une même
région, avec des programmes qui chevauchent et la multi-appartenance
des Etat aux différentes organisations régionales ou sous
régionales visant toutes l'intégration fragilise leurs actions.
Ces pays appartenant à des multiples organisations deviennent
insolvables à l'égard de leurs engagements financiers. En plus la
mauvaise gouvernance des Etats membres de ces organisations, avec des conflits
d'accession au pouvoir, étant donné que dans la plupart de ces
pays, le pouvoir s'arrache par force et s'exerce au profit de la seule classe
dirigeante, au mépris des populations, et c'est un grand frein aux
initiatives d'intégration. Le rattachement le plus poussé au
nationalisme et au souverainisme met en péril le processus
d'intégration au profit de la promotion de l'intérêt
national.
III.1.4. Les pistes de solutions
Aux obstacles relevés dans le blocage du processus
d'intégration sous régionale en Afrique Centre il faut y
remédier en proposant certaines pistes ou voies de solutions
susceptibles de refonder l'espoir ou les espoirs africains dans le combat
d'émergence à travers ce processus. Au nombre de nos propositions
de solutions à l'intégration nous y procédons par des
justifications comparatives afin de démontrer là où
l'Afrique n'a pas pu mieux faire.
Pour arriver à mieux atteindre le modèle
néo fonctionnaliste d'intégration que l'Afrique vise, la
stratégie de fragmenter le continent en des régions ou
sous-régions géographiques a été la plus mauvaise
parce que diviser c'est facile, mais réunifier pour trouver la formule
ou l'éléments du départ c'est hypothétique.
Les européens ayant déjà compris ce
danger dans leur processus d'intégration, ils avaient
procédé par la mise sur pied d'organisation d'intégration
sectorielle sans limitation géographique. C'est le cas de la CECA
(Commission Européenne du Cuivre et l'Acier,) mécanisme ouvert
à tous les pays exportateurs de ces minéraux ; après
ce fut la création de l'EURATOME et de la Communauté Economique
Européenne (CEE), la création de la monnaie unique, la mise en
place des mécanismes de sécurité collective, de diplomatie
communautaire, de transport,... ces Etats n'ont pas éprouvé
beaucoup de difficulté pour atteindre leur objectif.
En plus, la nature humaine est trop négligente face aux
biens acquis sans beaucoup de sacrifice. Le système de
conditionnalité est très favorable à la rigueur. En effet,
le fait que l'adhésion à l'UA ou à toute autre
démarche d'intégration régionale ou sous régionale
est sans condition, tous les Etats africains ne se voient pas toujours
liés par quoi que ce soit, certains mêmes ont adhéré
à ces mécanismes sous forme de complaisance ou soit pour se
livrer seulement l'étiquette de membre pour en bénéficier
sans se sacrifier objectivement. Or, ce qui fait que l'intégration
européenne soit efficace c'est le fait que, pour y être membres,
les Etats ont rempli certaines conditionnalités ou certains
critères d'éligibilité comme par exemple la bonne
gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l'homme et
certaines réformes dans le secteur économique.
Il faut également compter sur la prise de conscience
des leaders africains du gain du régionalisme ou du communautarisme par
rapport au gain national. C'est ce qui a conduit les européens à
renoncer à certaines de leurs compétences régaliennes au
profit de la construction européenne. Cela fait appel au volontarisme
étatique à travers leurs animateurs parce que les Etats agissent
par l'entremise de leurs animateurs et leurs peuples. Pour atteindre cette
étape de réflexion, il faut commencer par démolir
l'ancienne architecture de la construction africaine et opter pour une autre
voie. Parmi les mécanismes à mettre en place dans cette
étape, il faut procéder par la mise en place des
mécanismes de convergence économique, politique,
sécuritaire,... C'est par exemple créer la communauté
africaine des transports et télécommunication, avec des
infrastructures de transport supra-étatiques ou communautaires, l'Agence
africaines de l'agriculture, pèche et élevage comprenant toutes
les politiques agricoles convergentes à compétence communautaire,
une union économique et monétaire africaine sans compter sur des
unions économiques et monétaires régionales ou sous
régionales qui vont converger. Parce qu'on se demande si par exemple la
CEDEAO a une monnaie unique, la CEEAC la tienne, l'UMA, la SADC, ... ont
chacune sa monnaie, laquelle de ces monnaie sera prise pour monnaie
communautaire et lesquelles seront rejetée ? A ce niveau du
débat, le professeur Kabengele Dibwe propose
l' « AFRO » comme monnaie unique africaine.
D'autres stratégies pouvant redonner une bonne posture
à l'Afrique pour sa construction sont légions comme une politique
culturelle commune, une politique sociale africaine, une politique sanitaire
commune, ... qui conduiront vite à la communautarisation de
l'Afrique.
III.2. La souveraineté des Etats de l'Afrique
Centrale face au processus d'intégration
Les Etats centrafricains sont plongés tous dans une
confusion sans précédent. En effet, ayant accédé
à leur souveraineté interne et internationale aux heures des
indépendances, ces pays se sont aussitôt engagés dans le
processus d'intégration sous régionale afin de se constituer en
des blocs solides face aux aléas de la guerre froide et de la
mondialisation. Cependant, entre souverainisme et régionalisme ça
ne colle pas parce que le régionalisme enfreint au nationalisme ou
souverainisme et s'y impose parce que comprenant la somme globale de
souveraineté étatiques.
III.2.1 La souveraineté étatique face au
régionalisme
L'éclosion des nouvelles mutations observées
dans le processus de l'intégration mondiale placée sous
l'égide de la dérégulation mais aussi menées sous
l'impulsion des NTIC a eu un impact en Afrique Centrale aux niveaux
socioculturel, politique et économique. Elle a conduit à
l'émergence d'une vision commune et largement partagée sur
l'intégration régionale. Dans cette vision, l'intégration
régionale est considérée comme le véritable moteur
du développement au niveau des pays, pris individuellement, et comme un
puissant ressort pour absorber au niveau national tous les chocs, affronter
toutes les sources de péril et problème, et réaliser
toutes les opportunités tout en profitant de tous les avantages de la
mondialisation.
Cependant, un paradoxe existe en Afrique Centrale, sur la
cohabitation de deux modèles qui sont naturellement contradictoire et
opposés. En effet, la souveraineté est le gage de la puissance
d'un Etat. C'est elle qui est la confirmation de la suprématie d'un Etat
sur ses sujets et de son égalité vis-à-vis d'autre Etats.
Un Etat-nation à l'ère actuelle sans souveraineté est
comme une personne sans conscience. Certes, dans le contexte actuel de la
révolution techno-industrielle et les mutations dues à la
mondialisation, le simple cadre étatique, surtout dans le tiers-monde
n'est pas très compétitif, c'est alors la nécessité
pour les Etats de renoncer à certains de leurs compétences
souverainiste au profit des regroupements régionaux afin de constituer
ainsi, une force dynamique à même d'intégrer l'actuel
système économique international et y prendre part. Dès
lors, le régionalisme parait être un outil ayant pour but la mise
en commun des expériences, des atouts et des ressources de l'Afrique
Centre réputée `' immensément riche en ressources
minières, régulièrement arrosée par l'eau de pluie
et pourvue d'une hydrographie scandaleuse''.68(*)
De cette comparaison entre les avantages offerts par la
souveraineté et le régionalisme ; et face à une
Afrique balkanisée et aux contraintes économiques du monde
moderne, l'unité (le régionalisme) apparait comme une
impérieuse nécessité, parce que prenant en compte
l'harmonisation de plusieurs souverainetés étatiques en une
unique souveraineté globale supranationale. La nécessité
d'une Afrique forte et unie repose sur l'idée que l'intégration
renforce la synergie économique, car les avantages économiques de
l'ensemble d'une communauté régionale sont plus substantiels que
les avantages additionnés de ses Etats membres pris
individuellement.69(*)
C'est dans ce contexte que les CER ont été créées
et légitimées comme des instruments quasi irremplaçables
d'une insertion maitrisée et bénéfique de l'Afrique dans
le monde politique et économique globale.
III.2.2. Le nombrilisme politique comme blocage au
processus d'intégration
Engagés depuis les premières heures des
indépendances africaines dans le processus d'intégration
régionale afin de confirmer leur identité économique et
politique commune, les pays centrafricains sont toujours restés
attachés au nombrilisme politique, c'est-à-dire à
l'égoïsme ou à l'égocentrisme politique. Cette
attitude a été souvent à la base du blocage du processus
d'intégration régionale dans lequel ils se sont
engagés.
Cela se justifie du fait qu'en dehors des contraintes
régionales auxquelles ils doivent faire face dans leur synergie, il y a
des contraintes d'ordre national liées à la gouvernance
politique, au social de leurs populations respectives et à
l'intérêt national. Face à une situation pareille les
dirigeants africains accordent beaucoup d'importance à leurs
intérêts égoïstes, surtout qu'ils sont presque tous
dictateurs et autocrates. Ils perdent beaucoup de temps à consolider
leurs caisses de résonnance politique afin de mater leurs populations et
ainsi s'éterniser au pouvoir. Cet état de chose les conduit
souvent à négliger le fait régional, et
l'intérêt national pour la prospérité de leurs
nations, et adopter des stratégies purement égocentristes pour se
chercher des parrains politiques internationaux.
Face aux Etat avec lesquels ils sont dans la région ou
dans l'organisation, ils adoptent une attitude d'hostilité car ils se
considèrent tous comme ennemis les uns des autres. C'est le cas de la
situation actuelle entre Rwanda et le Burundi. En effet, le Burundi accuse le
Rwanda d'avoir logé et de former les rebelles burundais sur son
territoire afin de les larguer au Burundi pour renverser le régime de
Nkurunzinza. Ces mêmes accusations sont portées même contre
la RDC. Or ces Etats sont tous membres de la CEPGL. Donc nous vivons les
velléités de la fameuse expression `'l'homme est un loup pour
l'homme'', au même moment qu'ils ont dû renoncer à ces
égards pour penser l'intégration de la sous région.
III. 2.3. Les avantages de l'intégration et les
limites du souverainisme
Les Etats, dans la quête de leur
prospérité mettent sur pied des mécanismes susceptibles
à cette fin et adoptent des options multiples pouvant leur faciliter
cette tâche. En Afrique centrale, tous les Etats sont souverains, mais
tous engagés dans la recherche du bonheur national, cela par le biais du
processus d'intégration régional ou sous régional. Pour
justifier ce choix du régionalisme au détriment de leurs
souverainetés respectives, ces Etats ont compris les opportunités
qu'offrent les processus d'intégration face aux limites de leurs
souverainetés singulières.
En effet, l'intégration présente des multiples
opportunités pour ceux qui s'y engagent. Face à la montée
vertigineuse du processus de mondialisation et les mutations
opérées dans les relations économiques internationales
marquées par l'entrée en danse d'autres acteurs plus
compétitifs que les Etats, les africains ont compris que pris
isolément, ils ne peuvent pas s'inscrire dans cette dynamique. Dans
cette perspective, l'intégration régionale ou sous
régionale s'avère comme un moyen pour l'Afrique de
bénéficier des opportunités de la mondialisation
économique, politique et culturelle en cours et de faire face aux
phénomènes de replis identitaires qui se développent dans
différentes zones suite, en partie du moins, à
l'accélération des dynamiques économiques, et culturelles
transnationales. C'est alors que les Etats africains, à travers leurs
leaders ont pris conscience sur la nécessité de construire des
blocs régionaux et sous régionaux capables d'aider à
répondre à un double défi : faire face à la
marginalisation économique et politique, mais aussi resserrer les liens
entre eux pour prendre en charge les besoins des populations qu'un Etats-seul
ne peut faire.
En plus, l'intégration permet d'améliorer la
stabilité politique entre pays voisin et à stimuler le
développement économique dans une région. Sur des
marchés très vastes et largement harmonisés, la libre
circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes permet des
économies d'échelle et stimule les échanges et
investissement. Ainsi, l'intégration économique régionale
entre pays en développement est un vecteur de croissance
économique et peut contribuer à la réduction de la
pauvreté.
La motivation principale sous-jacente de toute
intégration régionale ou sous régionale provient de la
conviction que l'union fait la force dans un monde globalisé où
les équilibres entre les principaux acteurs mondiaux reposent sur des
éléments de rapport de puissance.
Quant aux limites du souverainisme, il faut voir d'abord la
réduction du cadre d'action à un territoire national, jaloux et
orgueilleux de son absolutisme sur ses sujets et son égalité
à l'égard d'autres Etats. En effet, la souveraineté qui se
comprend comme un pouvoir absolu d'être suprême à tous les
autres et de n'être soumis à quelque injonction que ce soit n'a
besoin d'être concurrente avec une autre. La souveraineté limite
son titulaire à vivre dans un vase clos. La souveraineté implique
l'exclusivité de sa compétence sur le territoire national et son
indépendance internationale dans la limite de ses engagements
internationaux. Seulement, les Etats d'Afrique centrale ont du mal à
respecter leurs engagements internationaux, encore moins leurs engagements
communautaires dans le cadre de l'intégration. La sacralisation de la
souveraineté contribue au développement de l'égoïsme
national sur l'esprit communautaire, qui est très indispensable à
la mise en oeuvre des programmes et projets communs de manière
harmonisée entre les regroupements d'intégration dans la
région.
Le fait de sacraliser la souveraineté et le primat de
l'intérêt national sur l'intérêt régional
obère le processus d'intégration. En effet, les frontières
contribuent à ce que chaque Etat se perçoive comme un tout
distinct des autres Etats.70(*) En Afrique centrale, les chefs d'Etat se
considèrent comme des `'princes'' à l'intérieur de leurs
frontières. Ils sont jaloux de leur souveraineté. Ce comportement
est incompatible avec toute éventuelle politique de fusion des
volontés nationales qui donnerait davantage de pouvoir aux
autorités fonctionnelles et limiterait celui des Etats. En Afrique
centrale l'Etat reste l'intelligence personnifiée de la
collectivité, il reste omniprésent, et n'est point
contourné, encore moins remplacé par des autorités
fonctionnelles.
III. 3. L'incidence du nationalisme sur
l'intégration en Afrique centrale
Le fait que les Etats d'Afrique centrale restent toujours
rattachés au souverainisme national conduit à la montée en
puissance du micro-nationalisme latent, avec comme conséquence une
prédominance des intérêts nationaux sur l'esprit
communautaire. La prédominance du nationalisme et du souverainisme
influent souvent négativement sur les engagements d'intégrations
régionale ou sous régionale.
III. 3.1. Les avantages du nationalisme en Afrique
centrale
Le panafricanisme qui est né en Amérique, permet
aux Etats africains à la veille des indépendances de se
constituer en des groupes doctrinaires ou culturels afin d'engager leurs
énergies pour s'émanciper de la domination coloniale. Comme le
panafricanisme, le nationalisme est un concept importé en Afrique. Rares
sont les pays africains qui constituaient des Etats-nations pouvant donner lieu
à l'existence d'un véritable nationalisme endogène.
Le nationalisme est né en Afrique surtout à la
suite d'une opposition au système colonial, à la domination
étrangère. Il est défini par rapport à
l'extérieur, on peut donc dire qu'il y a eu un nationalisme sans nation.
En effet, le plus grand avantage du nationalisme a été celui de
permettre différents peuples africains à se considérer
comme un seul homme et de résister à la colonisation
européenne et d'y mettre fin.
En plus, le nationalisme en Afrique centrale a permis,
après le découpage territorial hérité du
colonialisme, aux différents peuples de s'identifier en une
nationalité donnée, et ainsi pour renforcer l'unité
nationale. Aujourd'hui ; tous ceux qui vivent sur le sol congolais ont un
vif sentiment de s'identifier en congolais, oubliant même les origines
intrinsèques de leurs nationalités historiques.
Cependant, la nouvelle forme du nationalisme en Afrique
centrale est un handicap majeur à la cohésion nationale parce que
dans cette région il y a cumule de nationalisme, à la fois le
nationalisme civique et le nationalisme identitaire ou tribal. En effet, le
génocide Rwandais de 1994 a été la conséquence des
affrontements identitaires au nationalisme entre les hutu et les tutsi, tous
jouissant de la nationalité Rwandaise.
Les conflits en Afrique centrale ont comme dénominateur
principal les revendications micro-nationalistes. Le fait que les Etats actuels
sont l'héritage des frontières délimitées par les
colonisateurs a plongé la région dans une confusion totale
où les gens qui pouvaient constituer une seule nation se retrouvent
éparpillées sur les territoires de plusieurs Etats-nations. C'est
notamment le cas de Hutu ou Tutsi, de Tshokwe qui sont sur plusieurs
territoires. A leur tour, ils se reconnaissent une même nation
définie en termes d'un ancêtre commun, d'une communauté
historique.
En prenant en compte ces réalités à
l'Afrique tout entière ou à l'Afrique centrale, l'unique moyen
qui peut s'avérer indispensable pour conduire à la convergence
sociale c'est le régionalisme, car permettant d'intégrer les
individus vivant dans un espace géographique donné, avec une
sommation de leurs identités en une nouvelle identité
communautaire ou africaine.
III. 3. 2. Le Nationalisme face au régionalisme
africain
En Afrique, l'attachement au nationalisme a été
toujours une source de divergence comme nous l'avons démontré
précédemment étant donné que certaines ethnies se
sont unies dépourvues d'une partie de leurs membres
délocalisés vers d'autres territoires. Le fait de vouloir
maintenir le nationalisme et s'engager dans le processus d'intégration
traduit une grande contradiction des volontés africaines. Souvent cette
attitude se caractérise d'une polygamie socioculturelle et structurelle,
c'est-à-dire vouloir un attachement au régionalisme, mais se
rattacher au nationalisme. Or personne ne peut servir équitablement deux
maitres. C'est ce qui fait qu'aux lendemains des indépendances
africaines , les leaders ont bien vu les risque cumulés d'une Afrique
fragmentée en des unités politiques nationales ,
présentant une certaine fragilité quant à leur
intégration dans le système monde, et alors on a opté
pour l'unité africaine afin de constituer une alternative à
même de s'imposer aussi dans ce système monde constitué des
blocs dynamiques et très compétitifs.
Face au régionalisme, le nationalisme constitue un
frein et un blocage parce que n'intéressant que les
intérêts égoïstes liés à
l'intérêt national. Certes, dans l'analyse des Relations
Internationales, la théorie de `' Balance of power''
prônée par les réalistes dont Hans
Morgenthau, mettant au centre de préoccupation la
prospérité de l'intérêt national conduit souvent les
Etats au recours à des moyens parfois séparatistes ou
conflictuels afin de sauvegarder cet intérêt, car, selon cette
théorie, l'état n'agit qu'en terme de son intérêt
national.
C'est alors que pour s'inscrire à l'ordre du jour de la
villagisation planétaire et de la globalisation économique,
l'Afrique est appelée à créer une autre identité
à la dimension communautaire ou continentale, une identité
mettant en synergie toutes les forces africaines.
III. 3. 3. L'africanisme ou le panafricanisme comme atout
au développement de l'Afrique
A l'ère de la mondialisation et de la globalisation,
l'Afrique représente un continent plein de promesses et de chances mais
encore marginalisé à cause de sa faible participation aux
transactions économiques mondiales. En effet, l'Afrique n'y participe
qu'en termes des matières premières à l'état brut
et comme grand consommateur.
Eu égard à cet état de chose, la prise de
conscience des africains sur leur destinée dans un monde courtisé
par la mondialisation et sous emprise économico-commerciale de grandes
entreprises multinationales est une importance capitale. C'est pourquoi dans le
cadre de ce travail, nous préconisons pour le continent noir, le recours
à l'africanisme ou au panafricanisme qui semble aujourd'hui jeté
dans les oubliettes par l'actuelle génération des leaders, en ne
s'intéressant qu'aux questions de la prise de pouvoir et de
s'éterniser au pouvoir sans toutefois voir les conséquences que
produiraient les grandes mutations mondiales dans l'avenir de ce continent
plein d'espoirs.
Pour la nouvelle Afrique que nous envisageons, pleines
d'enthousiasmes, le recours à l'africanisme stipule l'implication de
toutes les forces, tant mystiques que métaphysiques, culturelles que
politiques dans la construction de l'espace africain uni et unifié. Au
moment où l'Afrique sera une communauté unie, d'une valeur
culturelle africaine, d'une communauté politique africaine, d'une
idéologie africaine, nous quitterons l'étape des
« Afriques » pour intégrer l'étape d'une
Afrique constituant un tout pour son peuple qui s'identifiera non en
`'africains'' mais en `'africain'', l'africanité remplacera les
nationalismes actuels. Et alors, le développement du continent noir sera
au rendez-vous des grands agendas multiformes du mondialisme ou du mondial.
L'africanisme est un atout au développement du
continent parce que, une foi que le débat sur les convergences
structurelles, économiques et politiques, sur l'harmonisation des
politiques sectorielles sera clos, ça sera alors le chapitre des
macro-transformations qui s'ouvrira, avec comme référence une
seule communauté sociale, culturelle et politique panafricaine.Le
panafricanisme est un atout au développement de l'Afrique parce que son
retour mettra fin aux velléités souverainistes, nationalistes ou
étatistes au profit de cette valeur identitaire qui ne vise rien d'autre
que l'édification d'une Afrique grande, puissante et actrice
incontournable par d'autres acteurs de l'actualité
économico-politique mondiale contemporaine et à venir.
III.3.4. Quelques alternatives pour l'Afrique unie
Plusieurs alternatives pointent à l'horizon pour une
Afrique unie. Ces alternatives, ajoutées aux autres idées
ressorties dans ce travail comme pistes de solutions pour l'inscription de
l'Afrique à l'ordre du jour des mutations multiformes que subit
actuellement le système international constituent notre apport
scientifique dans l'appréhension des phénomènes
déterminant les réalités africaines dans notre
époque.
Une Afrique unie permettra de quitter la marginalisation pour
se confirmer comme un bloc très solide dans des discussions
déterminant la donne même de notre planète. En effet, le
passage de l'Afrique des intégrations régionales et sous
régionales à l'Afrique tout court changera l'ordre du jour
inscrit aux agendas des impérialistes mondiaux qui profitent souvent de
nos divisions internes pour nous fragiliser, nous opposer entre nous et tirer
ce dont ils ont besoin sans fournir aucun sacrifice de
réciprocité.
Une Afrique unie changera la configuration géopolitique
et géostratégique actuelle du concert des nations, car
au-delà du bloc nord et du bloc sud, l'Afrique constituera un bloc
intermédiaire qui aura le monopole de départager les deux
premiers blocs qui sont antagonistes. Ce qui fera qu'en étant juge et
arbitre ou médiateur irréversible, les intérêts des
autres blocs seront déterminés en fonction de la position que
prendra l'Afrique dans le débat d'envergure.
Une Afrique unie se dotera d'une nouvelle population
dépourvue de toutes les caractéristiques actuelles de
méfiance dont la famine, la pauvreté, médiocrité et
produire des africains pleins de bonheur, d'excellence, de leadership à
mesure de discuter avec d'autres citoyens du monde. L'unité africaine
pourra réparer les abus causés par les divisions souverainistes
et nationalistes, parce que ce nouveau type d'africains ne
réfléchira qu'en termes de développement, de
prospérité et fera tout pour que l'africain jouisse des atouts et
opportunités dûs à la dotation naturelle du continent.
Donc, il est temps pour les africains de mettre de
côté tout ce qui a trait à la souveraineté
nationale, au nationalisme et de renforcer leur engagement dans le
régionalisme ou le communautarisme pour mieux comprendre leur rôle
à jouer dans la géopolitique et dans la
géostratégie, puis, la géo-économie du monde
contemporains, courtisé par la mondialisation économique,
politique et culturelle. Le panafricanisme ne fut pas la version supranationale
du patriotisme des Etats fédéraux africains.
CONLUSION
Au terme de cette analyse portant sur `'la question de la
souveraineté et du nationalisme africain face au processus
d'intégration sous régionale en Afrique Subsaharienne : le cas de
l'Afrique centrale'', notre grande attente est de rendre intelligible, par une
analyse très objective, les relations de compatibilité ou
d'incompatibilité entre ces réalités sociales souvent
contradictoires.
En effet, dans leurs discussions pendant les
conférences officielles et dans les traités, les dirigeants
politiques africains drainant leurs peuples derrières eux, se montrent
depuis longtemps favorables à une plus grande intégration de
leurs pays, bien que peu de résultats aient été obtenus en
pratique. Cette volonté qu'ils expriment s'inscrit dans la logique du
renforcement de l'unité africaine pour resserrer les liens
économiques, politiques, et culturels afin de surmonter plusieurs
difficultés qui bloquent le continent de s'insérer dans le
processus de mondialisation économique, politique, culturelle, et de
globalisation.
De ce constat, nous pensons que la croissance de l'Afrique
doit être replacée dans le contexte international plus large,
où les gains encourageant dans la croissance économique
contredisent la faiblesse sous-jacente de la compétitivité
à long terme. L'intégration régionale est la clef qui
permet de remédier à cette faiblesse en apportant des avantages
économiques et sociaux plus larges; elle doit donc être
considérée comme prioritaire par les dirigeants africains qui
doivent garantir que l'Afrique tienne ses promesses.
Cependant, dans l'expression de cette vision qui a
caractérisé les leaders africains aux heures des
indépendances, les velléités nationalistes et
souverainistes se sont vite fait sentir, parce que chaque Etat devenu
indépendant avait besoin de confirmer sa souveraineté
internationale et renforcer son unité nationale par l`instauration d'un
nationalisme, souvent multi ethnique sur son territoire. Certes, le constat est
décevant en Afrique car, dans les Etats multi ethniques africains, le
nationalisme se change nécessairement en ethno nationalisme et en
xénophobie, parce qu'en absence d'une nation citoyenne construite sur
l'abrogation et le dépassement de la multitude des nationalistes
ethniques, le nationalisme désigne un faux patriotisme. Son contenu
n'est ni le bien commun ni le peuple organiquement uni mais l'identité
ethnique. Cette situation met en mal la conception régionale de
l'intégration en Afrique.
Ayant déjà opté tous pour le
communautarisme ou le régionalisme, les dirigeants africains ne veulent
pas résilier avec leur rattachement très poussé au
souverainisme, ce qui empêche l'avancement de tout projet
d'intégration régionale ou sous régionale. En Afrique
centrale, les obstacles au processus d'intégration restent l'attachement
au nationalisme (ethnique) et à la souveraineté étatique
importée du modèle westphalien mais échouée car
aujourd'hui, on n'a ni les Etats-nations en Afrique, ni les micro-nations, mais
plutôt des Etats-multi nations à base identitaire.
Toutes ces réflexions nous ont conduits à une
problématique principale sur la question de départ, celle de
savoir pourquoi le processus d'intégration régionale en Afrique
subsaharienne cohabite-t-il toujours avec le strict respect et attachement
à la souveraineté étatique et de l'émergence ou la
montée vertigineuse du nationalisme en Afrique?, et quels défis
présentent ces paradigmes face au processus d'intégration
lancé sur ce continent?
A ces questions, nos hypothèses démontrent que
ces Etats, à peine d'accéder à leur souveraineté
internationale, avaient d'abord besoin de confirmer leur souveraineté
comme cadeau d'un déterminisme plein de sacrifice. C'est ce qui a
justifié leur adhésion massive en 1960 à l'ONU, aux
côtés de leurs anciens maîtres, avec lesquels ils sont
désormais appelés de coopérer d'égal à
égal suivant la philosophie de la charte de l'ONU.
Certes, cette confirmation de leur souveraineté
internationale pouvait vite leur attirer des ennuis de la part des puissances
impérialistes. C'est alors qu'ils ont au même moment résolu
de se constituer en un bloc africain susceptible d'incarner la somme de leurs
puissances individuelles, pour ainsi se confirmer comme une dynamique dans le
nouveau système international, caractérisé par le
mondialisme économique, politique et culturel; et aussi assurer le
bien-être de leurs peuples grâce à un développement
concerté et harmonisé.
En cherchant de resserrer ces liens ils ont aussi devant le
défis des divisions ethnique à `intérieur de leurs
territoires nationaux. Mais cette réalité de cohabitation de
plusieurs volontés contradictoires a vite suscité des
défis majeurs dont l'incompatibilité du régionalisme
opté avec les volontés nationalistes ou souverainistes, puis la
restriction du champ d'action du régionalisme par ces
réalités.
Dès lors, nous avons recouru à une
méthodologie comme démarche scientifique afin de mieux mener nos
investigations et aussi bien avant, à une revue de littérature
sur la thématique de notre recherche afin d'en relever la teneur des
analyses d'autres chercheurs, s'y référer et en suite
établir notre démarcation et notre contribution scientifique ou
analytique. Ceci nous a conduits à subdiviser ce travail en trois points
principaux, en sous-points ou en décomposition thématique de ces
points, mais tout ceci précédé par une introduction et
parachuté par une conclusion.
En effet, une certaine littérature a été
dans un premier point recensée sur la notion du nationalisme et sur la
question de la souveraineté des Etats en Afrique subsaharienne. Nous
avons ainsi fait une présentation de notre cadre d'étude avant de
parler du nationalisme africain et des Etats africains face à leur
souveraineté.
Ensuite, le deuxième point qui a abordé la
problématique du processus d'intégration régionale en
Afrique: bilan et perspectives a fait un cap sur l'intégration en
Afrique face au processus de globalisation et à l'évaluation du
processus d'intégration régionale en Afrique.
Enfin, le troisième et dernier point a soulevé
les paradigmes souveraineté et nationalisme face aux processus
d'intégration sous régionale en Afrique centrale en mettant
l'accent sur le problème d'intégration en Afrique centrale; la
souveraineté des Etats de l'Afrique centrale et incidence du
nationalisme sur l'intégration en Afrique centrale.
Nous ne pouvons pas clôturer cette analyse sans
préciser que tout ce que nous avons consenti n'est qu'un sacrifice
scientifico-intellectuel pour nous de donner aux lecteurs et chercheurs divers
un certain goût et un élan permanent d'aimer la recherche
scientifique pour ainsi approfondir ce champ d'investigation.
Toutefois, la science n'est pas un champ absolu, mais
plutôt un champ critique qui, à partir des critiques conduits
à l'efficience et à la lumière sur les
phénomènes et les faits sociaux, ce qui fait que le débat
scientifique soit toujours permanent et conduise toujours à l'harmonie
quasi-parfaite dans la société. Nous restons donc à ce
niveau, très ouverts au débat et différentes critiques
constructives, malgré que ce travail met fin à notre second cycle
d'études universitaires.
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
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PUF, Paris, 2010
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à la mondialisation : Etat des lieux défis et perspective, In
forum panafricain de haut niveau, N°2, Rabat, Avril 2013
IV. Thèse
1. DEMERS V. vers de nouvelles modalités
d'exercice de la souveraineté : les organisations non
gouvernementales et les accords internationaux sur les changements climatiques,
Thèse, Environnement, Université du Québec, 2008
V. webographie
1. Encarta 2009, « Géographie de
l'Afrique »,In www.encarta.com,2009
TABLE DES MATIÈRES
EPIGRAPHE
I
DEDICACE
II
AVANT-PROPOS
III
IN MEMORIUM
V
SIGLES ET ACRONYMES
VI
INTRODUCTION
1
1. Présentation du sujet
1
2. Etat de la question
3
3. Problématique et hypothèses du
travail
8
a. Problématique du sujet
8
b. Hypothèses du travail
9
4. Choix et intérêt du sujet
11
a. Choix du sujet
11
5. Méthodologie de recherche
13
a. Méthodes du travail
13
6. Délimitation du sujet
14
7. Présentation sommaire
14
CHAPITRE I : LE NATIONALISME AFRICAIN ET LA QUESTION DE
LA SOUVERAINETE DES ETATS D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE
14
I.1. Présentation de l'Afrique Subsaharienne
15
I.1.1. Bref historique de l'Afrique
15
I. 1.2. Panorama géographique de l'Afrique
16
I.1.3 : situation stratégico-diplomatique de
l'Afrique
18
I.1.4. l'Afrique dans le processus de
la mondialisation
19
I.2. Le nationalisme africain
20
I.2.1. Notion de nationalisme
20
I.2.2. La construction de l'Etat-nation en Afrique et
l'émergence du nationalisme Africain
21
I.2.3. Le nationalisme africain face à la
colonisation
22
I.2.4. Le nationalisme africain après les
indépendances
22
I.3.1. Notion de souveraineté
24
I.3.2. La souveraineté comme base de la puissance
en
26
Relation Internationales.
26
I.3.3. La conception africaine de la souveraineté
26
I.3.4. La souveraineté en Afrique centrale :
prémices des conflits interétatiques
27
CHAPITRE II : LE PROCESSUS D'INTEGRATION REGIONALE EN
AFRIQUE : BILAN ET PERSPECTIVES
29
II.1. Brève analyse sur l'intégration
régionale
30
II.1.1 Approche définitionnelle
30
II.1.2. typologies d'intégration
32
II.1.3. les modalités et principes
d'intégration
32
II.1.4. La téléologie de
l'intégration
34
II.2. L'intégration en Afrique face au processus de
globalisation
35
II.2.1. La genèse et l'évolution du processus
d'intégration régionale en Afrique
35
II.2.2. Les mécanismes d'intégration
régionale en Afrique
37
II.3.1. Les regroupements d'intégration
régionale et sous régionale en Afrique
42
1. L'organisation de l'Unité Africaine (OUA)
42
La charte de l'OUA renferme trois principes :
43
2. L'Union Africaine (UA)
43
3. Communauté Economique pour le
développement des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)
44
4. Le Marché Commun pour l'Afrique de l'Est et
Australe (COMESA)
44
5. Communauté Economique des Etats d'Afrique
Centrale(CEEAC)
44
6. Communauté de Développement de
l'Afrique Australe(SADC)
45
7. Autorité intergouvernementale sur le
développement (IGAD)
45
8. Communauté des Etats Sahélo-sahariens
(CEN-SAD)
46
9. Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE)
46
II.3.3. Etat de lieu du processus d'intégration
régionale en Afrique
47
a. Les réalisations dans le processus
d'intégration en Afrique
47
b. Les échecs dans le processus
d'intégration régionale en Afrique
48
II.3.3 Les défis et perspectives du processus
d'intégration régionale en Afrique
50
CHAPITRE III : LES PARADIMES SOUVERAINETE ET NATIONALISME
FACE AUX PROCESSUS D'INTEGRATION SOUS-REGIEONALE EN AFRIQUE CENTRALE
52
III.1.Les problèmes d'intégration en Afrique
Centrale
53
III.1.1. Les organisations d'intégration en Afrique
Centrale
53
III.1.2 Evaluation de l'intégration en Afrique
Centrale
57
III.1.3 Les obstacles à l'intégration en Afrique
Centrale
59
III.2. La souveraineté des Etats de l'Afrique Centrale
face au processus d'intégration
63
III.2.2. Le nombrilisme politique comme blocage au processus
d'intégration
64
III. 2.3. Les avantages de l'intégration et les limites
du souverainisme
65
III. 3. L'incidence du nationalisme sur l'intégration
en Afrique centrale
67
III. 3.1. Les avantages du nationalisme en Afrique
centrale
67
III. 3. 2. Le Nationalisme face au régionalisme
africain
69
III. 3. 3. L'africanisme ou le panafricanisme comme atout au
développement de l'Afrique
70
III.3.4. Quelques alternatives pour l'Afrique unie
71
CONLUSION
72
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
77
TABLE DES MATIÈRES
80
* 1CEA, Etat de
l'intégration régionale en Afrique : rationalisation des
communautés économiques Régionales, Addis-Abeba, 2006, p.
34
* 2CEA, Op.cit.,
p.36.
* 3 DAVIN E.L.,
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pp.108-119
* 4KANINDA, K.
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Lubumbashi, 1979, pp. 12-15.
* 5 Boutros B-G,
Institutions Internationales : l'organisation de l'unité
Africaine, Armand Colin, Paris, 1968 p.12.
* 6BOUTROS,
B.G., Op.cit., pp 8-11
* 7 MASANGU, M.,
Pour quoi je crois au progrès de l'Afrique ?,
Hachette, Paris, 2009 pp. 139.
* 8Ensemble des
personnes habitant un même territoire, ayant une communauté
d'origine, d'histoire, de traditions, le plus souvent de langue, et constituant
une entité politique ; ou l'ensemble des personnes appartenant
à un ancêtre commun et partageant la même langue et culture.
* 9LOUBEL DEL
BAYLE, J.L., Initiation aux méthodes des sciences
sociales, Harmattan, Paris, 2000, p. 2600.
* 10NTUMBA LUABA l.,
L'intégration Africaine face à la mondialisation : Etat
des lieux, défis et perspectives, CODERSIA, Rabat, Avril
2013, p.3.
* 11Boutros B-G,
Op.cit., p.11.
* 12Idem, p.49.
* 13IBRAHIMA LO,
Méthodologies de recherche en sciences sociales, PUF, Paris,2013,
p. 24
* 14LOUBEL DEL BAYLE, J.L,
Op.cit., p. 213
* 15MULUMBATI, N, Manuel
de sociologie générale, Africa, Lubumbashi, 2001, p. 16
* 16HARDY. G., Vue
générale de l'histoire de l'Afrique, Armand colin, Paris,
1949, p.VII
* 17NIANE D.T., Histoire
générale de l'Afrique IV ; l'Afrique du XII au
XVIème siècle, UNESCO, Paris, 2000, p.10
* 18DESCHAMPS H,
« Afrique, histoire des origines en 1945 », In
Encyclopédia Universalis, Corpus VI, Paris, 1984, p.382
* 19DOLLOT L., Histoire
diplomatique, PUF, Paris, 1961, p.43
* 20CESAIRE A, Discours
sur le colonialisme, Présence Africaine, Paris, 1955, p.21
* 21GWENDOLEN M.,
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* 22Encarta
2009, « Géographie de l'Afrique », In
www.encarta.com,2009
* 23CHEVALIER
Y, Perspectives économiques régionales : Afrique
Subsaharienne, pour une croissance durable et plus solidaire,
Françaises, Paris, 2014, p.12
* 24 SMOUT
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multilatérale », In Etudes internationales,
vol 22, N° 2, PUF, Paris p. 269.
* 25 NTUDA
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Africains : rupture et continuité d'une diplomatie
contestée », In African Journal of international
Affairs, vol 2, N° 1, AJIA, Yaoundé, 1999, p. 62
* 26 MILAN P.,
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mondialisation, LMA, Paris, 2013, p. 3.
* 27KAMBEMBO, KAZADI, et
alii, Le nationalisme congolais : idéologie
d'authenticité, PUK, Kinshasa, 1971, p. 10.
* 28DERRIENNIC J-P,
Nationalisme et Démocratie : Réflexion sur les
illusions des indépendantistes québécois,
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* 29MBWEBWA K,
Nationalisme et démocratie, quels concepts pour
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* 30KIRONGOZI S,
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Subsaharienne : le paradoxe Congolais, Sirius, Kinshasa, 2010, p.
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* 31Idem., pp.
107-108
* 32COHEN Jean Luc,
Les transformations de la souveraineté, Gallimard,
Paris, 2003, p. 22.
* 33DEMERS V. Vers de
nouvelles modalités d'exercice de la souveraineté : les
organisations non gouvernementales et les accords internationaux sur les
changements climatiques, Thèse, Environnement, Université du
Québec, 2008, p. 18
* 34BODIN J. Les
six livres de la République, Fayard, Paris, 1986, p. 5
* 35BOUBACAR B.,
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XIXème et XXème siècles : les
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XXème, UNESCO, Bamako, 1999, pp 55-56.
* 36MWAYILA T.
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2013, p. 8.
* 37 CEA, Etat de
l'intégration Régionale en Afrique : vers
l'intégration monétaire et financière en Afrique,
Addis-Abeba, Septembre 2008, p.10.
* 38 KABENGELE D., Les
problèmes d'intégration économique, CAP, Kinshasa,
2008, p.1
* 39 BATTISTELLA D,
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politiques, Paris, 2012,p.425
* 40 Assemblée
Parlementaire de la Francophonie, Bilan de l'intégration
Régionale en Afrique, Dakar, Mai 2013,p.7
* 41 NTUMBA LUABA L.,
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mondialisation : Etat des lieux défis et
perspective », In Forum panafricain de haut
niveau, N°2, Rabat, Avril 213, p.2.
* 42 BARTELEMY B.,
Cité par BENHAMMOUDA A., L'intégration régionale en
Afrique Centre, Karthala, Paris, 2003, p.23
* 43 KABENGELE D,
Op.cit., p.47.
* 44HUGON P.,
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5.
* 45 GUIHAUMONT P., GEOURJON
A-M, et GUERINEAU S, Evaluation des gains attendus de l'intégration
économique régionale dans les pays Africains de la zone
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* 46KABAMBA WA KABAMBA G.,
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Africaines, MADOSE, Kinshasa, 2013, P. 39.
* 47De BENOIST J.R., La
balkanisation de l'Afrique Occidentale Française, NEA, Dakar, 1979,
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* 48LEBALE N, Le
développement économique en Afrique : renforcer
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développement de l'Afrique, CNUCED, Genève, 2009, p. 8.
* 49NGUETTIA K,
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à l'accélérer » ?, In Revue
africaine d'intégration, vol5, N°1, Addis-Abeba, Octobre 2011,
p. 59.
* 50CEA, Etat
d'intégration régionale en Afrique : vers une zone de
libre-échange continentale africaine, Addis-Abeba, 2012, p. Xi.
* 51 SALOMON J.M., MAMATY I,
Et alii, Op.cit, p. 14.
* 52BOUSNINA M.,
L'Afrique face aux défis de la mondialisation :
nécessaire d'un développement humain conséquent,
UNESCO, Tokyo, Septembre 2009, p.1
* 53ARYEETEY E, COURT J., Et
alii, Le renforcement de la participation de l'Afrique à
l'économie mondiale, UNU-CREA, Nairobi, 1998, p.14
* 54KABENGELE D,
Op.cit, p.152.
* 55KONARE A.O, Etat de
l'intégration régionale en Afrique II ; Rationalisation des
Communautés Economiques Régionales, CEA, Addis-Abeba, 2006,
p.20.
* 56Traité
instituant l'UMA, Marrakech, 1989, Art. 2, p. 2.
* 57CEA, Renforcer
l'intégration et la mise en oeuvre : le rôle des organismes
de développement durable après 2015, Addis-Abeba juin 2015 p.
24.
* 58Agenda 2063 de
l'UA ; L'Afrique que nous voulons, CUA, mai 2014, p 31
* 59Acte
constitutif de l'Union Africaine, Adopté à Lomé le 11
juillet 2000
* 60La
République peut (...) conclure avec tout Etat africain des accords
d'association ou de fusion comprenant abandon partiel ou total de
souveraineté en vue de réaliser l'unité africaine.
* 61 DSIR pour l'Afrique
centrale 2011-2015, février 2011, p.2
* 62 MEYER (A),
l'intégration régionale et son influence sur la structure, la
sécurité et la stabilité d'Etats faibles : l'exemple
de quatre Etats centrafricains, thèse RI et sciences politique, Institut
d'Etudes politiques de paris, CERI, 2006, p.223
* 63 WEISS
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les grands-lacs » In Dynamique des conflits et crise de
développement en Afrique centrale, Duboiris, Paris, 2004, pp 40-42
* 64 MWAKA (A), D'une
CEPGL à une autre : quelles alternatives dans les stratégies
actuelles d'intégration et de coopération pour le
développement, CEP, Kinshasa, 2008, p.10
* 65 MWAKA (A), Op.cit.,
p.29.
* 66 DSIR Afrique Centrale
2011-2015 p.12
* 67 CEA, Etat
d'avancement du processus d'intégration en Afrique Centrale :
prospectus 2009, St Paul, Yaoundé, n° 22/427, septembre 2009,
p.7
* 68 CEA, Repenser le
développement en Afrique Centrale : faire de l'intégration
régionale un puissant moteur du développement au niveau
national, CDSR-AC Décembre 1998, p.6
* 69 NGANDJEU (J)
L'Afrique contre son indépendance économique ? Diagnostic
de la crise actuelle, Harmattan, Paris, 1988, p.94.
* 7071 MOREAU (F-D),
Introduction à la géopolitique, Ed. du seul, paris,2005, p.33
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