II- présentation des caractéristiques de
l'accompagnement professionnel
Comme nous l'avons précisé dans la
première partie de ce travail, parmi les missions de l'ETP
attribués à l'infirmière, relèvent les actions
d'accompagnement qui ont pour objectif d'apporter une assistance et un soutien
aux malades souffrant d'une pathologie chronique et/ou à leur entourage.
Dans ce cadre, l'infirmière doit accomplir des actions d'accompagnement
éducative comme : l'accueil et l'écoute du patient et son
entourage ; l'information, le conseil et la transmission de connaissances aux
patients sur leur maladie ; l'organisation et l'animation de séances
éducatives pour l'éducation de ces personnes. C'est dans ce cadre
que nous voulons développer la notion de l'accompagnement professionnel
dans ce chapitre.
1- Les définitions de
l'accompagnement
Le dictionnaire Larousse définit l'«
accompagnement » comme une action d'accompagner, dont la signification
« être avec quelqu'un, lui tenir compagnie, se joindre à
quelqu'un pour aller où il va, en même temps que lui ».
Le terme « accompagner » est définit par « mener,
conduire, soutenir, servir de guide à quelqu'un ou à un groupe
». Donc, l'accompagnement représente l'action et la
façon d'accompagner.
La revue Cahiers Pédagogiques (2001), propose deux
types de lecture pour comprendre le concept d'accompagnement :
? Une lecture symptomatique : l'accompagnement permet de
relier de façon dynamique des pratiques d'aide. Ces pratiques sont
connues dans la formation permanente et la formation professionnelle ;
? Une lecture anthropologique : l'accompagnement est
lié à la relation d'aide et au conseil. Ce terme partage la
même signification que le compagnonnage (le partage du pain et des
activités). La pratique d'accompagnement relève souvent de la
relation duelle d'aide pratiquée dans cinq domaines distincts
à dominante pédagogique, faisant appel aux théories
psychologiques et psychosociologiques :
1. La formation initiale (relation
maître/élève dans le parcours de formation) ;
2. La formation continue (accompagnement d'un professionnel par
un coach) ;
3. Thérapeutique (accompagnement d'un patient par un
soignant) ;
4. Social (accompagnement d'une personne menacée de
marginalisation...) ;
5. Existentiel (prise en charge d'un soutien psychologique).
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2- Les postures de l'accompagnement professionnel
proposées par Paul (2004)
L'accompagnement professionnel pour M. Paul (2004, pp.13-20),
représente un choix politique, une commande sociale, qui s'adresse
à des professionnels (à qui est confiée la mission
d'accompagnement), et à des publics (qui reçoivent
l'accompagnement). Pour l'auteur, cette mise en oeuvre de l'action
d'accompagnement par les institutions, ne garantit rien sur la posture de
l'accompagnateur. Le fait que l'accompagnement n'est pas un métier et ne
réfère à aucun cursus de formation identifié comme
tel. Paul nous propose cinq postures d'accompagnement :
2.1- Une posture éthique
Une posture de non-violence, étant la relation
éthique définit comme un rapport non-violent avec autrui. Elle
nécessite réflexion et critique. Elle résulte d'un
questionnement intransigeant avec soi : « Pour qui je me prends ? Pour
quoi je le prends ? A quel type de relation je collabore ? Pour quel monde je
travaille ? » Cette posture exclut les attitudes de la domination
telles que : la manipulation, l'infantilisation, la réduction, la
séduction, la peur, etc. Pour Paul, le principe de cette posture est de
ne pas se substituer à autrui (penser, dire, faire à sa place).
Cette substitution représente un acte d'ingérence et de
négation pour l'autre. 2.2- Une posture de
non-savoir
Selon Paul, cette posture privilégie l'intelligence qui
naît des échanges et du dialogue avec l'autre. Pour elle, le
professionnel ne doit pas se positionner dans la place de toute-puissance
(c'est moi qui sais). Cette posture sollicite le questionnement plutôt
que l'affirmation. La mission du professionnel ne consiste plus à donner
des recommandations et des interprétations, mais à s'ouvrir au
dialogique encourageant une conversation mutuelle ayant du sens. Pour Paul,
adopter une posture de « non- savoir » ne demande pas aux
professionnels de prétendre l'ignorance ou rester neutre, mais de «
rentrer dans le jeu » pour découvrir les connaissances de
l'autre.
2.3- Une posture de dialogue
Paul explique que c'est dans l'échange et dans des
situations de dialogue (de personne à personne) que s'exerce la place de
chacun, et non pas de professionnel à usager. Pour l'auteur, la relation
de dialogue dépasse la dimension « instituée » qui
définit les rôles de chacun (par exemple
soignant/soigné).
2.4- Une posture d'écoute
Pour Paul, cette posture n'exige pas que d'être
attentif. Elle désigne un processus de négociation des
compréhensions, de délibération interactive et de
conception de partage du sens. Cette posture représente pour l'auteur,
une posture et une technique à la fois. C'est elle
qui soutient la démarche éducative et nourrit
son cheminement. Elle s'accomplit tant dans le silence réceptif qui
approuve et valide la parole de l'autre que dans l'interpellation.
2.5- Une posture émancipatrice
Cette posture vise à recréer un environnement
relationnel. Celui-ci doit représenter une opportunité pour l'un
et pour l'autre de « grandir en humanité ». Paul explique que
si on se met à deux, ce n'est pas parce que l'un serait incapable, mais
le fait que personne ne peut apprendre seul, ni grandir ou se construire seul,
c'est toujours un travail en interaction avec les autres.
En complément à ces différentes postures
décrites par Paul, la notion de « posture » selon le
dictionnaire de l'académie française,26 comprend celle
de « l'attitude », c'est-à-dire la manière dont on
tient son corps, sa tête, ses bras, ses jambes. Cette attitude peut aussi
refléter l'état d'une personne par rapport à sa situation
professionnelle, morale ou sociale. Il est vrai que dans certaines
situations, la personne ne sait plus dans quelle posture se mettre. Ces
postures illustrent pour nous l'attitude qu'une infirmière
éducatrice doit adopter dans ses pratiques de soins et
d'éducation. Si ces différentes postures doivent être
assimilées à l'activité ETP, nous pouvons dire alors que
la posture d'accompagnement dans ce cadre peut être
caractérisée comme une posture mixte en constante
redéfinition et ajustement. Donc, l'accompagnement dans l'ETP fait appel
au changement de posture dans la relation
infirmière/patient.
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26 8ème édition version informatisée
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