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Impact de l'introduction de l'ETP sur les transformations des systèmes d'activités et les transformations identitaires des infirmières devenant aussi "éducatrices"

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par Malika Salhi-Bouyagoub
Université Paul-Valéry Montpellier II - Master 2 2015
  

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II- Présentation du métier de l'infirmière

L'infirmière exerce son métier dans le respect des articles R.4311-1 à R.4311-15 et R.4312-1 à 4312-49 du code de la santé publique.

1- Définition du métier de l'infirmière

L'infirmière prévoit, prodigue et évalue des soins de nature préventive, curative ou palliative, visant à promouvoir, maintenir et restaurer la santé de la personne, elle contribue à l'éducation, à la santé et à l'accompagnement d'une personne ou d'un groupe dans leur parcours de soins, elle intervient de manière autonome et en collaboration avec une équipe pluridisciplinaire. C'est la définition donnée par le référentiel du métier de l'infirmière (2009), que nous avons résumée. Ce référentiel décrit les activités du métier de l'infirmière et les compétences requises pour l'exercer. Ces dernières doivent être maîtrisées et attestées par l'obtention du diplôme d'état (IDE), décrit et inscrit dans la réglementation figurant au code de la santé publique. L'infirmière est soumise au respect des règles professionnelles et notamment, au respect du secret professionnel, dans l'ensemble de ses activités.

En effet, ce métier d'infirmière s'exerce en clinique, à l'hôpital public ou privé, dans des services de courts séjours, de longs séjours avec des patients jeunes, âgés, dialysés...ou dans des services très technique (service de réanimation...), ou très relationnel (service de psychiatrie...). L'infirmière travaille seule (soins à domicile), en binôme (infirmière/aide-soignante pour un secteur de 10 à12 patients) ou en équipe (dans un service hospitalier). En plus de son travaille, elle peut s'inscrire dans la « réserve sanitaire » ou elle peut apporter les premiers soins d'urgences aux personnes touchés par des catastrophes. Le métier de l'infirmière est extrêmement varié, sans oublier les aléas d'être amené à travailler de tout temps : la nuit, le week-end et les jours fériés.

De cette présentation du métier de l'infirmière, nous tentons de développer la compétence de l'infirmière en lien avec la pratique de l'ETP et les principales activités en lien avec la pratique infirmière.

2- La compétence infirmière en lien avec l'ETP

Parmi les dix compétences de l'infirmière décrites par le référentiel de son métier (2009), la compétence 5 intitulée « Initier et mettre en oeuvre des oeuvres éducatifs et préventifs » incite l'infirmière à éduquer le patient. Ce qui explique l'intégration de l'ETP dans le cursus de la formation initiale, en application de l'arrêté du 31 juillet 2009, relatif au Diplôme d'Etat des Infirmières. Cette compétence doit initier l'infirmière à « concevoir et mettre en oeuvre une

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démarche d'éducation thérapeutique ». Elle repose sur quatre unités d'enseignement, soit plus de 150 heures théoriques et pratiques, réparties sur les trois années de formation. Ainsi, l'infirmière peut assurer pleinement son rôle d'éducatrice (Bulletin officiel santé/ n°7, 2009, p. 276).

Selon l'Ordre National des Infirmiers (ONI, 2010), bien que l'activité ETP soit très investie par la profession, elle reste très mal connue étant « le contenu des pratiques peu étudié par la recherche en soins, elle reste souvent occultée, dans une perspective organisationnelle et financière médico- centrée, [...j » (p. 3).

En effet, si les différentes compétences de l'activité de l'infirmière l'incitent à réaliser des soins somatiques et thérapeutiques. Quelle définition peut-on donner à l'activité infirmière ? C'est dans cette perspective que nous voulons définir la notion de l'activité.

3- La notion de l'« activité » dans les pratiques de l'infirmière

Nous avons choisi une entrée par la notion d'« activité » car elle représente pour nous la tâche « réelle » souvent distincte de la tâche « prescrite », assignée par le référentiel des compétences. L'infirmière réalise différentes tâches dans le cadre de son activité de soignante. C'est dans ce sens, que nous voulons définir les termes « tâche et activité » séparément. Etymologiquement, le mot « activité » vient du latin « activitas » dérivé de « activus » (actif, relatif à l'action), de « actus » (action), et de « agere » (agir). Et, le mot « tâche » vient du latin médiéval « tasca » qui signifie : redevable, travail donné à accomplir. Ce terme est défini aussi par le dictionnaire Larousse comme un « travail, ouvrage à faire dans un temps déterminé et à certaines conditions », c'est aussi « une conduite dont on se fait une obligation ». Ici, c'est l'activité représentée en « tâche réelle » relevant du rôle propre de l'infirmière qui nous intéresse, étant donné que la « tâche prescrite » relève du rôle prescrit, le fait qu'elle répond à une exécution hiérarchique (médicale). Dans ce cadre, nous nous appuyons sur la théorie de l'analyse du travail de Ombredane et Faverge (1955, p. 2), qui distingue le « quoi » et le « comment » du travail. Donc, le « qu'est-ce qu'il y a à faire » répond à la tâche prescrite pour l'infirmière, et le « comment les travailleurs le font-ils ? » répond à comment cette infirmière s'organisera pour le faire et dans quelle condition (rôle propre). J. Leplat (1997, pp. 16-17) explique que quelques années plus tard, cette distinction a été retravaillée par Leplat et Hoc (1983), qui parlent de tâche et de l'activité séparément : «la tâche indique ce qui est à faire, l'activité, ce qui se fait ». Selon Leplat, ces chercheurs ont démonté que la notion de tâche et différente de celle de l'activité : la notion de tâche véhicule l'idée de prescription, voire d'obligation ; tandis que la notion d'activité renvoie aux tâches

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réalisées par l'agent pour la réalisation du prescrit, ainsi, il remplit ses obligations. L'activité représente aussi une construction singulière qui « exprime en même temps la tâche prescrite et l'agent qui l'exécute [...]. Elle traduit notamment ses compétences, ses motivations, son système de valeurs... » (Leplat, 1997, p. 33). Alors qu'elle renvoie pour Dubet (1994) à la notion d'« acteur », pour lui, l'expérience est définie comme une combinaison de logiques d'action, qui lie l'acteur à chacune des dimensions d'un système. Dans cette vision « l'acteur est tenu d'articuler des logiques d'action différentes, et c'est la dynamique engendrée par cette activité qui constitue la subjectivité de l'acteur et sa réflexivité » (p. 105).

Au travers de ces interprétations, nous retenons que l'activité (ce qui se fait) désigne une ou plusieurs missions (initiatives) exécutées par l'infirmière dans le cadre de son rôle propre. Alors que la tâche (ce qui est à faire) indique ce qui relève du prescrit pour l'infirmière, que celle-ci réalise seule ou en équipe, en exécutant un processus de soins. Donc, l'activité attribue une place centrale à l'infirmière, la désignant comme acteur dans son service de soins. Nous pouvons alors, dire que l'« activité » pour l'infirmière désigne un ensemble distinct d'actions identifiées, organisées selon un processus logique, observable en tant que tel. Cela peut être le cas aussi de l'« activité ETP » qui doit être exécuté par l'infirmière, ou par une équipe pluridisciplinaire. La réalisation de cette activité ETP requière la mobilisation de certaines compétences éducatives préalablement identifiées. Dans ce sens, la notion de l'activité renvoie notre curiosité à développer les différentes activités de l'infirmière pour distinguer les tâches qui lui ont été attribuées.

3.1- Les différentes activités de l'infirmière

L'activité de l'infirmière est définie et couplée par deux rôles dominants : le rôle prescrit et le rôle propre (code de la santé publique mentionné en page 26 de ce travail).

? Le rôle prescrit est induit par la prescription médicale ;

? Le rôle propre découle de la fonction de l'infirmière.

Parmi ces deux rôles, nous allons développer le rôle propre, par lequel l'infirmière se voit reconnaître l'autonomie, la capacité de jugement et d'initiative. Elle en assume la responsabilité.

a) Le rôle propre de l'infirmière

Avant de définir le « rôle propre de l'infirmière », nous jugeons utile de présenter d'abord la signification du « rôle propre ». Pour le dictionnaire Larousse, c'est un ensemble de normes et d'attentes qui régissent le comportement d'un individu, du fait de son statut social ou de sa fonction dans un groupe. Hesbeen (1997, p. 36), s'est intéressé aux actions relevant de ce rôle

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propre pour l'identifier à une manière de faire, qui est toujours différente d'une personne à une autre. Il s'agit « des petits gestes, des petits détails, au caractère anodin, peu mesurable, non spectaculaire nécessitant une analyse et une adaptation constante » (gestion hospitalière n°323, p. 23). C'est aussi une façon dont se joue une activité d'après Collière (1982), « il est constitué d'une infinie de [variables] qui interfèrent, qui sont en interaction, et vont créer des différences dans la façon de faire, la façon de procéder » (p. 235).

Pour ces définitions, la notion du rôle propre sur le plan professionnel désigne une ligne de conduite, un ensemble d'attitudes requises pour agir en autonomie dans son métier.

-La notion du « rôle propre infirmière » est décrite dans la terminologie des soins infirmiers comme une expression « employée pour désigner le domaine spécifique de la fonction infirmière dans lequel lui sont reconnues une autonomie et la capacité de jugement et d'initiative... » (p. 41). M. Formarier (1990), le considère comme un « rôle toujours nouveau » le fait que chaque patient porte en lui l'originalité de son application ; un « rôle riche » fondé sur la relation ; un « rôle multidimensionnel » car il ne s'agit pas d'un rôle, mais une pluralité. Pour Formarier, bien que ce rôle soit codifié et décrit, il reste identifié comme un « rôle difficile et exigeant » car « il se joue dans une mouvance existentielle ». L'auteur explique que, la complexité de ce rôle propre n'est pas dans le geste en soi, mais en grande partie dans la finalité qui doit intégrer à ce geste toute une dimension unique et humaine. Pour cet auteur, ce rôle ne peut être que « porteur d'avenir », car « bien qu'il étaye son présent sur les étapes de son histoire, il forge son avenir en s'enracinant de plus en plus dans une véritable science infirmière » (p. 52).

b) La définition législative du rôle propre infirmier

Le décret du 15 mars 1993, précise les différentes tâches relevant du rôle propre de l'infirmière et, lui attribut « les soins liés aux fonctions d'entretien et de continuité de la vie et visent à compenser partiellement ou totalement un manque ou une diminution d'autonomie d'une personne ou d'un groupe de personnes ». L'infirmière au début de l'exercice de sa profession, elle n'avait comme rôle que celui « d'exécutante du médecin ». Il a fallu attendre le 31 mai 1978, pour qu'une loi vienne modifier l'article L. 473 du Code de la Santé Publique et instituer le rôle propre. Dans ce cadre, l'infirmière a la compétence pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu'elle juge nécessaires conformément aux dispositions des articles R.4311-5 et R.4311-6. Où elle identifie les besoins de la personne, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs de soins, met en oeuvre les actions appropriées et les évalue. Elle peut aussi élaborer, avec la participation des membres de l'équipe soignante, des protocoles de soins infirmiers relevant de son initiative. Elle est chargée aussi de la

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conception, de l'utilisation et de la gestion du dossier de soins infirmiers. Cette définition législative du rôle propre infirmier renvoie à deux champs d'action : un champ centré directement sur la personne ; et un champ plus administratif centré sur la gestion du dossier de soins.

c) Les caractéristiques du rôle propre infirmier

Les différentes définitions citées plus haut font apparaître deux mots clé que nous voulons développer : la notion d'autonomie et celle de la responsabilité, en lien avec le rôle propre infirmier :

- La notion d'« autonomie » : selon le dictionnaire des Soins Infirmiers (1995), l'autonomie représente la capacité qu'à l'infirmière pour prendre des initiatives et des décisions dans le cadre de son travail. Pour Hesbeen (1997), c'est aussi « la capacité de gérer ses propres limites, de se gouverner à partir de ses propres normes,... » (gestion hospitalière N°323, pp. 123-124). Donc, l'autonomie pour ce rôle propre se représente dans la prise des initiatives d'agir dans et pour l'activité, il s'agit de structurer un savoir être et un savoir-faire qui permettront à l'infirmière d'être reconnue comme une professionnelle à part entière.

- La notion de « responsabilité » : selon le dictionnaire des Soins Infirmiers (1995), la responsabilité est « l'obligation faite à l'infirmière de répondre de ses actes et de ceux qui ont été confiés aux auxiliaires et aux étudiants qu'elle encadre ; elle découle de son habilitation à dispenser des soins infirmiers ». Donc, l'infirmière est responsable de la totalité du processus du soin et des tâches qui l'entourent : elle analyse la situation que vit le patient ; détermine les interventions adaptées pour atteindre les objectifs du soin à réaliser ; supervisionne la tâche de ses collègues aides-soignantes ; encadre les étudiantes infirmières et décide de ce qui est à faire (du comment et du pourquoi le faire), pour enfin pouvoir le réaliser. C'est ce qu'on appelle «la démarche de soins » (gestion hospitalière N°323, p. 169).

Nous tenons à préciser que les écrits qui ont abordé le rôle propre de l'infirmière, ont souvent associé à ce rôle des caractéristiques spécifiques comme l'écoute, l'observation, l'aide... En effet, c'est par la valorisation de ce rôle propre que cette infirmière a pu retrouver une zone d'autonomie et de responsabilité pour exercer pleinement ses différentes activités.

Maintenant que nous savons que l'activité ETP doit faire partie des activités de l'infirmière. Peut-on dégager de ce repère que cette pratique est réellement appliquée par toutes les infirmières ? Si c'est le cas, l'ETP représente-elle un soin au regard de ces infirmières ? Ou bien s'agit-il d'un nouveau rôle qu'elles doivent adopter pour l'exercer ? C'est dans ce cadre, que nous voulons aborder la notion des soins infirmiers afin de dégager le lien avec l'activité ETP.

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3.2- Les définitions des soins infirmiers

Le dictionnaire Larousse donne une définition globale au « soin infirmier » le caractérisant par « une attention, une application envers quelqu'un ou quelque chose ». Dans ce contexte, le mot « soin » prend la signification de « moyens par lesquels on s'efforce de rendre la santé à un malade ». Le soin infirmier représente pour le Conseil International des Infirmiers « tous les soins prodigués, de manière autonome ou en collaboration, aux individus de tous âges, aux familles, [...] quel que soit le cadre » (CII, 2015). Selon la théoricienne V. Henderson (1969, p. 65), il s'agit d'« assister l'individu, malade ou bien portant, dans l'accomplissement des actes [...]... » C'est aussi une mission d'aide pour les infirmières, qui doivent accompagner les patients « à réaliser leur potentiel physique, mental et social et à y parvenir dans le contexte de l'environnement dans lequel ils vivent et travaillent » (OMS, 1998). Ce qui explique que l'action du « soin » englobe la notion d'aide mental et social envers les malades. Elle convoque deux questions fondamentales : celle de l'attitude que l'infirmière doit adopter pour soutenir le patient et, celle de la relation infirmière/patient.

Au regard de ces définitions, nous retenons que les soins représentent la « base » de l'activité de l'infirmière, intégrant à la fois la qualité technique, relationnelle et éducative avec le malade. A ce stade, plusieurs points nous ont poussés en effet, à s'interroger sur l'organisation du système d'activités des soins infirmiers. C'est dans ce cadre que nous nous demandons : si dans le système de soins actuel, les infirmières peuvent pratiquer l'activité ETP ? Si ce n'est pas le cas. Ces infirmières doivent-elles réorganiser leur système d'activités pour qu'elles puissent pratiquer l'ETP ? Dans ce cas, cette pratique éducative bouleversera-t-elle l'organisation des soins infirmiers ? Ces différentes interrogations nous ont guidées vers la nécessité de présenter le système d'activités des soins infirmiers actuel, afin de savoir s'il répond aux exigences de l'activité ETP recommandées par la loi HPST, à moins que les infirmières ne pensent à de nouveaux modes d'organisation pour intégrer cette activité éducative aux soins.

4- Le système d'organisation du travail infirmier

Pour comprendre le système d'organisation des soins infirmiers, nous tenons à définir d'abord les notions de « l'organisation du travail » et du « système d'organisation ».

4.1- Définition de l'organisation du travail

L'organisation du travail comme concept donne lieu à de multiples définitions. La définition de St-Onge & al. (2009) la présente comme étant « les moyens utilisés pour diviser le travail en tâches distinctes et le coordonner » (p.16). Pour ces auteurs, elle doit faciliter la réalisation

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des objectifs organisationnels, identifier et reconnaître les capacités et les besoins des employés. Elle ne peut s'accomplir que par l'analyse d'un poste de travail. C'est par l'analyse de celui-ci que l'employeur peut déterminer les activités, les tâches et les responsabilités liées à l'emploi, aux décisions, aux procédures, à la charge de travail, aux équipements nécessaires, aux différents traitements de l'information ainsi qu'aux conditions de travail favorables (pp. 7-11). Les auteurs Fried et Fottler (2010) désignent l'organisation du travail comme un processus qui vise à modifier, enrichir, élargir les fonctions et les tâches des employés (p.162).

Ces deux définitions nous conduisent à interpréter que l'une des premières missions de l'organisation du travail est de mettre en place un mode de répartition des tâches et, de coordonner le travail qui permet d'obtenir la meilleure efficacité possible. Cette organisation doit être réfléchie pour pouvoir modifier et enrichir les tâches identifiées. Et tout cela grâce à un système d'organisation spécifique à chaque domaine.

4.2- Définition du système d'organisation

Pour comprendre le système d'organisation du travail de l'infirmière, nous développons d'abord les significations que sous-entendent les termes « système » et « organisation ». Le dictionnaire Larousse définit le mot « système » par « un ensemble cohérant de notions, de principes liés logiquement ; un ensemble organisé de règles, de moyens tendant à une même fin... » Le mot « organisation » est défini par une « coordination des activités et des tâches en vue d'améliorer les conditions de travail ». Donc pour le travail de l'infirmière, l'organisation du système d'activités représente la répartition des différentes activités d'un service de soins entre les infirmières. Chaque infirmière doit donc réaliser un ensemble de tâches, en vue de la continuité des soins, dans un système ou les différentes tâches sont organisées en fonction des priorités et du but de chaque tâche. Etant le but d'un service de soins est d'assurer des soins de la meilleure qualité possible.

4.3- Organisation du travail de l'infirmière

La prise en charge d'un groupe de malades au sein d'un service de soins, demande la mobilisation d'une équipe soignante engageant une organisation spécifique par rapport à la charge de travail. Chaque service de soins a son propre système de répartition des tâches ayant des caractéristiques différentes permettant une prise en charge globale ou personnalisée des patients. C. Mordacq (1972, pp. 86-94), nous présente quatre modèles d'organisation du système de soins infirmiers complètement distincts :

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? Le système de type familial : demande peu d'infirmières pour un nombre déterminé de patients hospitalisés pour une longue durée (exemple : les maisons de retraite). Ce modèle n'exige pas une organisation spécifique, l'infirmière s'organise selon ses priorités ;

? Le système des soins en séries : chaque infirmière effectue des tâches en série dont la technicité correspondant à son niveau de formation. La relation infirmière /patient est limitée à la catégorie des soins. L'interaction entre les différents soignants du même service est horizontale (les infirmières entres-elles, les aides-soignantes entres-elles, les agents entres eux...) Les transmissions écrites et orales sont d'ordres informels. La responsabilité est d'ordre technique dans l'exécution précise des tâches. L'organisation du travail est hiérarchisée, seul le médecin chef est le cadre de santé (responsables du service) seraient en mesure d'avoir la totalité des informations permettant de faire la synthèse de la situation de chaque malade et d'effectuer un contrôle ;

? Le système d'attribution individuelle : chaque infirmière prend en charge un certain nombre de malades selon sa formation et la gravité de l'état du malade. Ce modèle présente peu d'interaction entre les infirmières du même service pendant le travail, à moins que l'infirmière ait besoin d'une aide ou d'un conseil. Ce qui peut provoquer un risque d'isolement pour elle. Les transmissions écrites et orales, inter équipe sont indispensables pour la continuité des soins (système de la relève). Chaque infirmière est responsable de son organisation en fonction de ses capacités. Les responsables supervisionnent l'infirmière et interviennent en cas de besoin ;

? Le système des soins en équipe : l'équipe est composée de soignants de niveau de formation et de capacité différentes, affectés à un même service de soins. Le nombre de l'équipe est délimité chaque jour en fonction de la charge de travail estimé par le cadre de service. Chaque soignant rend compte des résultats de son action. Il est informé et organisateur de l'information. Les transmissions écrites sont individuelles à chaque malade et archivées dans son dossier de soins. Les transmissions orales, inter équipe sont indispensable pour assurer le suivi et la continuité des soins. Des réunions d'équipe sont organisées régulièrement pour discuter de la répartition des tâches et s'informer entre soignants sur des sujets précis. Les relations médecin/infirmière/patient et familles sont directes. Chaque professionnel à la parole pour la prise en charge des malades qui lui sont confiés. L'organisation du travail se

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fait par délégation de responsabilité selon la capacité de chaque soignant. Ce modèle est le plus reconnu dans les établissements hospitaliers de France.

Pour Mordacq (1972), repérer le système de soins dans un service et en connaître les limites peut permettre à l'infirmière de comprendre son fonctionnement et d'adapter la stratégie qui convient pour travailler selon ses capacités, ses valeurs et en trouver de la satisfaction. Nous rajoutons à cette interprétation que l'infirmière travaillant dans un service hospitalier ne peut éviter l'existence de certains éléments, qui peuvent concourir à un remaniement de l'organisation de son système d'activités, à savoir : la loi HPST du 21 juillet 2009, qui organise les services de soins en pôle dans un système de gouvernance hospitalière, en plus de l'intégration de l'ETP aux soins quotidiens de l'infirmière. Ce rajoute à cela, les contraintes budgétaires actuelles subies dans un contexte de crise économique qu'a vu le système de santé ces dernières années (OCDE, 2013). Nous supposons que ces éléments vont sûrement contribuer à de profondes transformations dans le système d'organisation des soins infirmiers. Force est de constater que cette nouvelle situation va certainement emmener les infirmières à s'interroger sur leur identité professionnelle. C'est dans ce cadre que nous voulons aborder dans le chapitre suivant l'identité professionnelle de l'infirmière, afin de comprendre son évolution et sa construction.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand