Annexe n°4 : Questionnaire adressé aux
infirmières éducatrices
Sexe
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Age
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type de diplôme
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Ancienneté globale?
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Ancienneté dans le service?
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Quel est votre parcours professionnel ?
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L'activité ETP représente-elle un choix pour vous
?
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Que représente pour vous l'ETP ?
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Quelle distinction faites-vous entre les termes : Information,
Éducation et persuasion ?
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Comment percevez-vous le rôle éducatif dans votre
activité ?
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Percevez-une différence entre le rôle
éducatif et le rôle infirmier ?
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Pouvez-vous me décrire la réalisation d'une
activité éducative ?
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Dans votre exercice quotidien, mettez-vous en pratique ces
mesures éducatives de l'ETP ? Si oui, de quelle manière et quel
intérêt y trouvez-vous ?
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Avez-vous suivi une formation spécifique concernant l'ETP
?
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Quels sont les éléments qui vous paraissent
favorables et défavorables à sa réalisation ?
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La pratique d'ETP influence-elle la relation
infirmière/patient ?
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Si vous serez contraint de pratiquer l'ETP :
Pensez-vous que cette pratique transformerait votre
système d'activité actuel ?
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Si vous pratiquez l'ETP :
Quelle est la place de l'ETP dans les soins quotidiens ?
Quelle est la place et le rôle de l'infirmier dans une équipe
pluridisciplinaire ? Le rôle propre légitime à
l'infirmière ne sera t- il pas dissous dans cette équipe ?
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A votre avis quelles sont les qualités professionnelles
à adopter pour avoir une posture éducative ?
Les soignants ont -ils besoin d'une formation pour être
éducateurs ?
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Avez-vous des observations à apporter sur le thème
évoqué lors de cet entretien ?
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132
Annexe n°5 :
Script de l'entretien avec Infirmière à
l'Hôpital de Jour Hôpital de Blois
Entretien réalisé le 29/05/2015
Nous allons faire un entretien d'une quarantaine de minutes,
si vous êtes d'accord, cet entretien concerne votre activité
d'éducatrice. Je vais donc vous poser quelques questions pour orienter
le discours. Notre objectif n'est pas de juger votre façon de
travailler. La majorité des questions sont ouvertes volontairement pour
vous laisser répondre le plus spontanément possible, sans vous
influencer.
0'00
|
Malika
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C'est quand vous voulez!
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0'01
|
Marie
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Ça enregistre?
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0'02
|
Malika
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Oui.
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0'03
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Marie
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Ben, je suis infirmière depuis 8 ans et
référente en éducation thérapeutique depuis 3 ans
à l'HDJ. Euh...on dit HDG. C'est l'hôpital de jour...Avant
j'étais en médecine interne puis en cancérologie, je suis
resté 5 ans.
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0'08
|
Malika
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Le poste d'éducatrice thérapeutique est-il un choix
pour vous ?
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0'10
|
Marie
|
Oui, oui c'est un choix. En fait, j'avais une collègue
qui occupait ce poste. En fait ce n'est pas vraiment de l'éducation
thérapeutique, mais elle éduquait les patients aux soins. Et
quand elle est partie, j'ai demandé d'occuper son poste de
référente...et voilà 3 ans déjà. Donc, suite
au départ de ma collègue... alors, qu'il n'avait pas encore
était fait...euh...donc, en 2011, j'ai en fait repris le premier atelier
qui n'avait pas encore était fait.
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0'34
|
Malika
|
Comment vous avez commencé la pratique d'ETP dans votre
service ?
|
0'37
|
Marie
|
Alors, en fait en 2011, on a commencé comme ça.
On a eu une réunion de travail avec la coordinatrice de l'ETP,
médecins, diète, kiné, cadre. Donc, on a bien sûr
fait une fiche pédagogique avec les déroulements de tous les
thèmes. On nous a installé un logiciel pour entrer les infos des
patients et créer le dossier éducatif. Euh...donc, il y a
déjà toute la partie administrative à faire, ensuite le
patient est recruté.
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0'58
|
Malika
|
Comment se déroule le recrutement du patient ?
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0'60
|
Marie
|
A l'HDJ on fait le recrutement sur l'ordi...on a dossier patient
éducatif, on fait l'admission et on propose les ateliers après
l'entretien éducatif.
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1'05
|
Malika
|
A qui proposez-vous le recrutement ?
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1'07
|
Marie
|
En fait au début ça a commencé comme
ça. Donc, le recrutement des patients se fait directement à
l'hôpital de jour. On recevait les patients qui venaient pour avoir leur
injection, ou bien pour avoir une éducation sur les sous cutanés,
et qui repartaient. On leur proposait de participer aux ateliers.
|
1'25
|
Malika
|
D'accord, donc ils ne peuvent participer que s'ils sont
recrutés ?
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1'27
|
Marie
|
A oui, il faut faire le dossier éducatif d'abord, le
diagnostic éducatif.
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1'30
|
Malika
|
Le recrutement des patients relève-il d'une prescription
médicale ?
|
1'33
|
Marie
|
Au début c'était la rhumatologue de l'HDJ.
Maintenant on n'est plus à ce niveau. C'est à dire que la rhumato
nous les adressait et nous on faisait le diagnostic, on leur présentait
les ateliers...euh...mais maintenant on propose aussi
l'éducation...voilà.
|
1'46
|
Malika
|
Et ça se passe comment ?
|
1'48
|
Marie
|
Maintenant...d'ailleurs récemment, j'ai fait un p'tit
flayer pour représenter un p'tit peu ce que l'éducation
thérapeutique et présenter un p'tit peu tout...euh...les
ateliers. Donc, on leur présente en fait à quoi sert un atelier,
comment améliorer la qualité de vie, devenir acteur, mieux
gérer sa pathologie chronique ... euh ... éviter les
complications et les hospitalisations...En gros, c'est ça...créer
un lien aussi, de rencontrer d'autres patients atteints de la même
pathologie...voila ...mais qui ont des objectifs différents.
|
2'17
|
Malika
|
La participation aux ateliers thérapeutiques est - elle
obligatoire ?
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133
2'20
|
Marie
|
Non, non. Ils valident ou pas. On ne peut obliger les patients
à participer. En gros...c'est comme ils veulent...
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2'25
|
Malika
|
Dans ces conditions. Vous les attirez comment ?
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2'28
|
Marie
|
En fait, durant la première rencontre du diagnostic
éducatif qui dure à peu près entre une demi-heure et une
heure même...euh...ça dépend. Et ensuite, on propose les
trois ateliers.
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2'42
|
Malika
|
Comment se fait le déroulement de ces trois ateliers ?
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2'45
|
Marie
|
Donc, le premier atelier intitulé « parlons-on
» c'est avec moi-même et le rhumatologue...euh...et un pharmacien.
Donc, à chaque fois, soit polyarthrite, soit spondyno-arthrite.
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2'56
|
Malika
|
D'accord.
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2'57
|
Marie
|
Le deuxième atelier avec une
diététicienne. C'est sur comment adapter l'alimentation. Et le
troisième atelier avec un kiné et un ergo...euh...un
ergothérapeute. C'est sur les outils...enfin, les appareils, le
matériel utilisé par les patients...son nom c'est pour votre
quotidien.
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3'14
|
Malika
|
Vous proposez les ateliers qu'aux patients de l'hôpital
?
|
3'17
|
Marie
|
Dans un premier temps le recrutement se passait qu'à
l'hôpital de jour avec les patients du suivi. Ensuite on a essayé
de s'ouvrir euh... on a présenté notre programme aux
rhumatologues de ville. Pour qu'eux même puissent nous adresser des
patients. Euh...on a aussi présenté le programme aux
médecins traitants. Et en fait, on s'est retrouvé avec...voir des
gens qui nous appellent. Voilà, on s'est retrouvé avec des gens
qui sont suivi déjà même à Tours. Qui n'sont pas du
tout suivi ici et qui ont leurs rhumatologues à Tours, et qui ont
entendu parler de nos ateliers et qui prennent contact avec nous.
|
3'56
|
Malika
|
Et vous les recrutez ces gens ?
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3'58
|
Marie
|
Oui, oui, moi je fais un premier contact...je fais un
diagnostic éducatif et ils participent aux ateliers.
Voilà...là c'est varié que depuis des années...et
maintenant, on s'est vraiment ouvert.
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4'12
|
Malika
|
Comment procédez-vous pour la réalisation d'un
atelier éducatif ?
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4'48
|
Marie
|
En fait le premier atelier...euh...en fait, moi j'ai
déjà rencontré les patients lors d'un diagnostic
éducatif. On fixe des dates. Je fais un planning sur l'année avec
des dates pour les ateliers. Ben...et on bloque les dates et on convoque les
patients. Généralement moi, la semaine d'avant je les rappelle
deux mois avant pour confirmer les dates. Et je réserve la salle.
Ah...je n'arrête pas de demander une collègue qui m'aide à
faire l'éduc avec moi...euh...à deux c'est mieux.
|
4'45
|
Malika
|
Combien d'atelier réalisez-vous par an ?
|
4'48
|
Marie
|
Euh...ça nous fait 10 à 12 ateliers à peu
près dans l'année.
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4'51
|
Malika
|
Le nombre de patient est-il limité par rapport aux
ateliers ?
|
4'55
|
Marie
|
Euh...alors...par exemple l'année dernière, j'ai
fait 31 diagnostics éducatifs...et...on a fait si ma mémoire est
bonne 12 ateliers. Alors...les ateliers...Enfin le premier atelier c'est
toujours un choix de notre part qu'il y ait 5-6 patients pas plus. Parce que
c'est vraiment ...euh...déjà la découverte et il faut
vraiment un temps de parole...euh...c'est le premier...le fait d'accorder un
temps de parole c'est vraiment important à chacun.
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5'22
|
Malika
|
Et pour les autres ateliers ?
|
5'24
|
Marie
|
Et ben...le deuxième atelier et le
troisième...enfin l'atelier diététique jusqu'à 8
personnes et le kiné on peut aller à 10. Parce que les
kinés on a deux. Il y a des moments où on se sépare en
deux groupes...voilà. Donc, le nombre euh...c'est un p'tit peu ...c'est
aléatoire. Par contre des fois les gens ils n'viennent pas...euh
voilà.
|
5'45
|
Malika
|
Procédez-vous de l'éducation en individuel ?
|
5'47
|
Marie
|
Alors...euh...je propose toujours les éducations
à l'auto injection en individuel. Après...euh...les ateliers sont
collectifs. Oui des fois ça nous arrive de faire un...En fait, moi je
participe aux trois ateliers depuis maintenant 3 ans. C'est vrai que je
commence un p'tit peu à maîtriser le sujet. Et par exemple au
fait, on est arrivé à condenser les trois pour une dame qui est
en fait assistante maternelle et qui ne pouvait pas du tout se libérer.
Et l'atelier a duré à peu près deux heures. On s'est vu
que toute les deux voilà. Elle avait le diagnostic éducatif, mais
elle ne pouvait pas venir aux ateliers...
|
134
6'32
|
Malika
|
Avez-vous un jour programmé pour les ateliers ?
|
6'34
|
Marie
|
Oui, c'est tous les jeudis. Voilà, et cette dame ne
pouvait pas venir en semaine. Aussi, pour les jeunes qui ont des polyarthrites
et qui travaillent. Ce n'est pas du tout pris en charge sur leur temps de
travail. C'est sur leur temps personnel...Et pareil les bons de transport ne
sont pas pris en charge. Donc...notamment pour ces gens qui ont des
polyarthrites, c'est difficile pour eux par fois de pouvoir venir par leurs
propres moyens. Et ça crée malheureusement des difficultés
à les suivre et les patients ne viennent pas...
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7'11
|
Malika
|
Comment vous gérez dans ces conditions ?
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7'13
|
Marie
|
Et ben...on ne fait rien, on propose d'autres dates et on
attend...En fait c'est pour ça qu'on pense...euh...qu'à l'avenir
de sortir carrément de l'hôpital et d'aller vers les gens. Par
exemple, il y a des gens qui habitent à plusieurs kilomètres, ils
ne peuvent pas se déplacer... Nous, on aimerait trouver un
lieu...euh...au hasard...un lieu, un local, une pièce, où on
pourrait prendre en charge les patients.
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7'42
|
Malika
|
Et c'est réalisable ?
|
7'43
|
Marie
|
Non pour l'instant ce n'est pas réalisable... non c'est
juste un souhait... ou un projet on va dire. Il n'y a pas le budget pour.
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7'47
|
Malika
|
Comment vous vous organisez pendant l'atelier ?
|
7'50
|
Marie
|
En fait, maintenant... Je disais que l'éducation
thérapeutique c'est le jeudi. Normalement c'est tous les jeudis. Ce qui
n'est pas forcément réalisable. Notamment au niveau des vacances,
des disponibilités du médecin...euh...kiné...et tout
ça. On s'organise...en fait les ateliers sont toujours les jeudis matin
de 9h30 à 12h30, ou l'après-midi de 14h à 16h30.
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8'18
|
Malika
|
Pratiquez-vous la même organisation pour les autres
ateliers ?
|
8'21
|
Marie
|
Oui, les trois ateliers c'est les programmes. On fait un
atelier en 4h enfin 3h et demi... C'est vrai que ça déborde
parfois. On fait l'atelier de traitement. Le deuxième atelier, c'est de
deux mois plus tard et le troisième aussi.
|
8'33
|
Malika
|
C'est votre propre organisation ?
|
8'35
|
Marie
|
Oui, oui ....à Tours par exemple il fonctionne
différemment. Ils font tout sur la matinée. Par contre le moment
est restreint. Nous...on a choisi de prendre 3h pour chaque
thème...euh...voilà. Alors, il y a certains endroits qui font
tout sur la journée. Les gens mangent sur place...euh...voilà.
Nous...on a choisi ça parce qu'on a trouvé...déjà
qu'une dense comme même car c'est beaucoup d'informations, en plus ce
n'est pas tout le monde qui peut payer le manger sur place.
|
9'02
|
Malika
|
Assez dense par rapport à quoi ?
|
9'04
|
Marie
|
C'est trop d'information pour les patients voilà. Trop
d'info tue l'info. C'est un moment ...aussi un temps sur beaucoup
d'émotions, beaucoup d'échanges...voilà.
|
9'17
|
Malika
|
Sollicitez-vous des outils spécifiques pour
réaliser un atelier ?
|
9'20
|
Marie
|
Le premier atelier c'est sur les maladies et les traitements.
On fait on utilise des cartes symptomatiques comme cela. Par exemple cette
carte représente assez bien...euh...donc, c'est mes santés, vie
affective, santé physique, vie sociale, vie sexuelle, équilibre
psychologique. Ça c'est un p'tit peu pour la définition.
|
9'46
|
Malika
|
Et comment se déroule un atelier éducatif ?
|
9'48
|
Marie
|
En fait le premier atelier...euh...comment ça se
déroule ? En fait moi, j'ai rencontré les patients lors d'un
diagnostic éducatif. On fixe des dates. Je fais un planning sur
l'année avec des dates pour les ateliers. Ça fait 10 à 12
ateliers à peu près dans l'année.
|
10'09
|
Malika
|
Vous arrivez à réaliser un atelier par mois ?
|
10'11
|
Marie
|
A peu près. On essaie de rester dans les normes à 1
par mois. Dès fois on fait deux ateliers par mois. Et puis
après...euh...il n'y n'en a pas, voilà.
|
10'20
|
Malika
|
Cette programmation est-elle liée à des contraintes
?
|
10'22
|
Marie
|
En fait, la réalisation d'un atelier, c'est en fonction
des disponibilités de chacun. Il y a des pharmaciens, des
médecins, des rhumatologues, des kinés. Il faut que tout le monde
soit disponible...euh... voilà.
|
135
10'33
|
Malika
|
Que tout le monde soit disponible c'est ça ?
|
10'35
|
Marie
|
Oui, par exemple les kinés eux ils n'ont pas de temps
....eux c'est sur leur temps.
|
10'40
|
Malika
|
De quel temps s'agit-il ?
|
10'42
|
Marie
|
En fait les kinés n'ont pas de temps
dédié à l'éducation. Autant moi, j'ai le jeudi
à 20% dédié à l'éducation. Eux, ce n'est pas
le cas. C'est sur leur temps de travail. C'est vrai qu'on fonctionne selon
l'emploi du temps de chacun voilà.
|
10'56
|
Malika
|
Pouvez-vous me décrire une journée d'atelier ?
|
10'58
|
Marie
|
Ben...on bloque les dates, on convoque les patients.
Généralement moi, la semaine d'avant je les rappelle pour les
dates qu'on a pris deux mois avant. On se donne rendez-vous à 9h30 dans
le hall de l'hôpital. Donc, moi avant....j'ai réservé la
salle....on prépare un p'tit café, un p'tit peu
d'accueil...euh....pour que ce soit plus convivial.
|
11'22
|
Malika
|
Vous faites l'accueil en tenue de travail ?
|
11'24
|
Marie
|
Justement là on est en civile. Nos badges avec nos noms
c'est tout.
|
11'27
|
Malika
|
C'est un choix ou une obligation ?
|
11'29
|
Marie
|
Oui, oui c'est un choix. Ça me semble logique. C'est
important...
|
11'32
|
Malika
|
Qu'est ce qui est important ?
|
11'34
|
Marie
|
Ben, oui c'est important pour le patient, on n'est pas dans un
cours...dans un ...euh... En fait la blouse met la barrière. Oui, oui,
exactement ça crée tout de suite une différence
...euh...le soignant...le soigné. Et on n'est pas trop dans le mode
soignant soigné. On est plutôt éducateur et pas
soignant.
|
11'51
|
Malika
|
Et les autres professionnels sont-ils de même avis que vous
?
|
11'53
|
Marie
|
A oui. Le médecin déjà vient sans. Le
kiné...euh...tout le monde. Aucun souci. Au contraire tout le monde est
content et tout le monde est bien conscient...euh...de ce que ça
représente pour le patient. Et tout le monde et bien content de
l'ôter. On en a discuté d'ailleurs et tout le monde est
d'accord.
|
12'14
|
Malika
|
Et après l'accueil vous faites quoi ?
|
12'16
|
Marie
|
Euh...j'ouvre la salle, je fais des photocopies, je
prépare la paperasse. Ensuite je vais chercher les patients dans le hall
de l'hôpital... on se retrouve...on discute 5 mn dans le hall en
attendant les autres. Ensuite on va s'installer dans la salle. On fait une
présentation...de...en fait je...on est le fil rouge, on fait tous les
ateliers avec les patients d'a à z, voilà. En fait les autres
sont là en épisode. En fait c'est vrai qu'on est les
référentes. Donc, c'est nous qui sommes un peu...le...comment
dire? ...les régulateurs...voilà. Après les
présentations, on instaure un peu les règles pour qu'on
s'écoute et que ça ne déborde pas. Après ...c'est
vrai qu'en groupe...voilà.
|
12'54
|
Malika
|
Vous utilisez les mêmes outils pour les trois ateliers ?
|
12'57
|
Marie
|
Pour le premier atelier avec les rhumatologues et moi-même,
on dispose les cartes sur la table.
|
12'60
|
Malika
|
Qui choisit les thèmes?
|
13'02
|
Marie
|
A oui, oui, on leur demande de choisir deux cartes : soit
parce que ça les interpelle, soit parce qu'ils connaissent et ils
veulent en parler. Soit par ce qu'ils ne connaissent pas du tout, et ils
aimeraient s'avoir. Voilà...par exemple le thème de la douleur,
tout le monde est intéressé...euh... et tout le monde peut
intervenir pas que la personne qui a choisi cette carte.
|
13'27
|
Malika
|
Et ensuite?
|
13'28
|
Marie
|
Ensuite, une fois chaque patient a choisi deux cartes, on
essaye d'aborder ces thèmes un p'tit peu dans la logique comme
même. On essaie de commencer par les définitions, qu'est-ce que
l'inflammation, tout de suite on va partir sur la douleur, tout de suite on va
partir sur la fatigue, tout de suite on va partir sur ce qui est d'ordre
psychologique...voilà.
|
13'52
|
Malika
|
Vous préparez les thèmes avant la séance
?
|
13'54
|
Marie
|
Ça suit naturellement en fait. Nous on essaie de suivre
un acheminement. Quand on connaît bien le sujet, en fait...je ne dis pas
que la première fois c'était aussi bien
présenté...mais...là quand on connaît le sujet...en
fait naturellement les patients nous guident. Nous...on est comment dire...on
est régulateurs de
|
136
|
|
l'atelier...le fond de l'atelier c'est les patients qui parlent
90% du temps.
|
14'18
|
Malika
|
Vous intervenez comment?
|
14'20
|
Marie
|
Donc la personne qui a choisi une carte. Nous, on lui demande
pourquoi ce choix. De nous parler un peu plus du choix. Donc pour la douleur le
patient dit...moi ça se passe comme si...comme ça...euh...et
voilà. Très bien...et ensuite on demande...et qu'est-ce que vous
faites pour la douleur, des trucs, des techniques...euh...Et pour vous madame
untel... ça se passe comment. En fait on fait un tour de table pour
chaque carte. Ça se passe comme ça.
|
14'46
|
Malika
|
D'accord?
|
14'47
|
Marie
|
On arrive en dernier...euh...alors avec le médecin,
soit le médecin qui intervient, soit moi ça dépend...donc
le syndrome sexe, c'est moi qui anime et le médecin qui note. Et ...la
douleur ça peut être...euh...voilà. On a des rôles
interchangeables. Donc, pendant que les patients parlent, on note les mots
clés. Bien sûr on arrive un p'tit peu en fin de parcours sur ce
thème. Et on va dire...euh...ben...par exemple madame untel nous a
dit...ceci cela...qu'est-ce que vous en pensez. Et si quelque chose n'a pas
été dit en rajoute.
|
15'18
|
Malika
|
Et vous passez toutes les cartes ?
|
15'20
|
Marie
|
On a fait le deuil au début. C'est vrai qu'il y a
certaines cartes importantes pour les patients que d'autres et qu'il faut
passer ce jour. Et on laisse les autres cartes et on fait le deuil. Parce qu'il
faut prendre plus de temps pour certaines et ben et les autres...
|
15'34
|
Malika
|
Le deuil par rapport à quoi ?
|
15'36
|
Marie
|
Le deuil de ne pas faire ce qu'on a envie de faire. On a
toujours envie de faire le maximum. Quand on sait qu'on a des objectifs
à atteindre. Et euh...parfois...en atelier on a pas le temps de parler
de tout, mais on a compris rapidement ...ben parfois on ne peut pas et il faut
s'adapter. Il faut s'adapter aux patients qu'on a en face de nous. Ils n'ont
pas tous les mêmes besoins et souvent on va plus accès sur la
douleur. Un autre jour ça va être autre chose et puis on va moins
parler de certaines choses. Ce n'est pas grave, par contre on n'a quand
même un temps donné, on ne peut pas passer 6h ...voilà. On
essaie de répondre au besoin du groupe, du patient qu'on a en face de
nous, de s'adapter. Et ben...c'est tout n'est pas dit...tout n'est pas dit. Au
moins ce qui est important ce jour là pour les patients est dit.
|
16'32
|
Malika
|
Comment procédez-vous pour finir l'atelier ?
|
16'34
|
Marie
|
Euh...on finit par un quiz...donc, c'est des p'tites questions
vrai ou faux... en fin bref...vite...voilà. Et ensuite un quiz, un
questionnaire de satisfaction...la séance...l'ambiance...voilà.
Aussi s'ils ont des remarques.
|
16'49
|
Malika
|
Les patients vous proposent des améliorations ?
|
16'51
|
Marie
|
Oui...oui...oui, les patients proposent des idées,
notamment...d'autres sujets...ou parfois des idées. Pour l'atelier
diététique on a souvent. Oh...ça serait bien qu'on mange
ensemble, qu'on fasse un repas ensemble, notamment... dans ce genre
voilà. Ensuite on fait une pose...euh...pose café...pose toilette
pour ce qui ont besoin. Ça permet aussi...euh...là c'est des
patients qui ont des rhumatismes inflammatoires et la position statique aurait
prolongé leur déficit...ça permet aux gens de...de bouger
un p'tit peu voilà. Donc on prend un p'tit café, on se pose
quoi...
|
17'22
|
Malika
|
L'après-midi se passe comment ?
|
17'24
|
Marie
|
En fait c'est là que le pharmacien arrive. Donc,
l'après-midi le pharmacien arrive avec une grande valise pleine de
médicaments. On met tous les médicaments au milieu et on leur
demande de choisir pareil deux des médicaments. Alors un des
thèmes important de cette deuxième partie c'est de faire la
différence entre le traitement de fond et le traitement de
symptomatique. On leur demande déjà s'ils savent prendre un
traitement de fond. Ce qu'ils considèrent par traitement de fond et un
traitement symptomatique et puis on parle là-dessus. On fait pareil...on
fait un tour de table, donc il y a des traitements qui sont commun.
|
17'57
|
Malika
|
Quel est votre rôle en ce moment ?
|
17'59
|
Marie
|
Ben...là quand je suis avec le pharmacien, c'est plus
son rôle d'intervenir, moi je note le script, les
connaissances...euh...bien sûr des fois j'interviens mais...et...à
force de connaître le sujet, quand je vois qu'il y a quelque chose qui
ressort pas ou qui est oublié...up... je... j'interviens.
|
18'15
|
Malika
|
Vous éduquez aux traitements?
|
137
18'17
|
Marie
|
Tout à fait c'est mon rôle aussi d'éduquer
aux traitements, mais par exemple tout ce qui est injection notamment des
traitements c'est moi qui...plus...enfin... le pharmacien apporte sa partie,
moi j'apporte ma partie plus pratico pratique...euh...il y a certains
médicaments...euh...et puis voilà c'est aussi le rôle qu'on
s'est donné. En fait on est complémentaire. Par exemple moi je
dis à un patient : Quand vous prenez le traitement et euh...est ce que
vous connaissez les effets secondaires, qu'est-ce que vous faites. Pourquoi
vous regardez votre prise de sang, est ce que vous regardez... là je dis
ça comme ça. Ça paraît euh...des questions...mais en
fait les patients ils parlent seuls. On s'adapte aussi au type de patient. Il y
en a qui ne parle pas forcément beaucoup. Ils sont là, ils
écoutent, il faut s'adapter à ça. On n'est pas non plus
...euh...on n'est pas là pour forcer les gens...euh...voilà,
c'est une participation volontaire. Là on est dans l'éducation,
je n'impose pas le soin, ni la méthode.
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19'15
|
Malika
|
Ils maîtrisent tous la gestion de leur traitement ?
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19'18
|
Marie
|
Pas du tout. La majorité des patients ne maîtrise
pas leurs traitements. Heureusement qu'il y a ces ateliers. Il y a des gens qui
apprennent des choses...énormément...Et donc après, on
finit par un quiz aussi et un questionnaire de satisfaction. Et
généralement sont tous ravis parce que c'est aussi un temps pour
eux, ils parlent de leurs difficultés, ils parlent beaucoup des aidons,
parfois les conjoints, les familles... voilà. Il y en a qui pleure. Ce
n'est pas très souvent mais ça arrive. Il y a des moments
où on se lâche.
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19'44
|
Malika
|
Les familles assistent aux ateliers ?
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19'46
|
Marie
|
Oui. Il y a des accompagnons des patients. Ces derniers temps
ça arrive de plus en plus d'ailleurs. C'est souvent les maris ou les
femmes. Euh...et c'est intéressant. Notamment je pense à un
atelier qu'on a fait il n'y a pas très longtemps ou il y avait un
monsieur qui avait accompagné sa femme qui a une polyarthrite et une
dame qui a accompagné son mari. Donc c'était vraiment super
intéressant, ils intervenaient beaucoup. Voilà...et...l'atelier
se termine en leur proposant de participer à d'autres ateliers avec la
diététicienne et avec le kiné et l'ergo.
|
20'15
|
Malika
|
Tous les patients acceptent de revenir ?
|
20'17
|
Marie
|
Il y en a qui ont déjà un suivi
diététique donc qui ne souhaitent pas participer. Enfin,
dès qu'ils font le premier atelier ils adhèrent. C'est
très rare que quelqu'un fasse un atelier et qui ne fasse pas le
deuxième. C'est un vrai moment de partage, d'échange, sans
jugement...sans...voilà. Ils rencontrent d'autres patients qui ont les
mêmes problèmes. Mais, tout ça sans aide. Moi, une dame m'a
dit je n'ai pas envie de pleurer sur mon sort entre guillemets. Et on n'est pas
là pour ça pas du tout. Le but n'est pas du tout...ah...c'est
dur...ben...oui c'est dur. On essaie d'être à leur place pour les
comprendre. Et les patients se rendent compte rapidement que ce n'est pas
ça du tout. On ne fait pas du tout de choix dans nos patients.
|
20'59
|
Malika
|
Comment vous vous voyez dans ce rôle ?
|
21'01
|
Marie
|
Je me considère plus comment dire dans...dans l'aide, dans
l'accompagnement que dans le soin. C'est plutôt un accompagnement
là. On soutient, on
propose, on a un rôle d'écoute. Je dirai qu'on
passe énormément de temps à
écouter...écouter... reformuler. Et souvent on se rend compte que
les solutions viennent des patients eux-mêmes.
|
21'21
|
Malika
|
Comment vous vous définissez pendant le moment
éducatif ?
|
21'24
|
Marie
|
A partir du moment où les patients participent aux
ateliers...même au diagnostic éducatif...moi...je change de
casquette...je passe vraiment plutôt à un autre style, au
rôle d'éducateur ...euh... d'éducatrice voilà.
|
21'36
|
Malika
|
Comment vous différenciez l'éducation au soin de
l'éducation thérapeutique ?
|
21'39
|
Marie
|
Quand on fait les éducations pour les auto injections,
on reste plus dans le soin...Déjà on n'a pas de technique. Quand
on fait l'éducation à l'auto injection. Je vais parler
du...de...la technique d'injection, du matériel voilà. Et quand
on fait une éducation dans l'atelier on se regarde dans les yeux.
Ben...dans le soin...je suis plus concentré sur l'acte. c'est hyper
prônant même au niveau fatigue et tout. Moi quand je fais un
atelier je sens bien que c'est...vraiment...on est à cent pour cent
quoi. Et quand on fait une éducation thérapeutique dans l'atelier
c'est des séances qui demandent des techniques, des
préparations...En ETP, l'approche du patient n'est pas la même, on
se regarde dans les yeux. Ben...dans le soin...je suis plus concentré
sur l'acte. Quand je fais le diagnostic éducatif c'est un choix, on a un
support informatique. Le choix ce n'est pas de prendre l'ordinateur et de taper
en même temps. Non...je me mets face à la personne,
j'écoute, je reformule...si j'ai besoin je prends des notes... En soin,
je fais par exemple la prise de sang, je ne discute
|
138
|
|
pas avec le patient sur sa vie, je le réassure, je fais
mon soin, il y a d'autres tâches qui m'attendent...
|
22'26
|
Malika
|
Dans quelle posture vous êtes au moment de l'ETP ?
|
22'29
|
Marie
|
Au niveau de l'écoute, au niveau de
...voilà...on est vraiment dans une posture ouverte au moment de
l'éduc. On est...c'est différent...beaucoup d'attention, il faut
vraiment être-là quoi. Il ne faut pas passer à
côté de quelque chose. Du fait d'avoir le diagnostic
éducatif, d'avoir rencontré le patient à deux. Souvent les
gens se confient, on se retrouve avec des histoires de famille jusqu'au grand
père parfois. Et c'est hyper intense...
|
22'54
|
Malika
|
Quelle distinction faites-vous entre l'information, la persuasion
et l'éducation ?
|
22'56
|
Marie
|
On se rend compte que les gens...en fin...on parle de la
pathologie et ça ouvre des portes énormes. Donc on a
aussi...ben...le débat reste ouvert. C'est la base pour qu'on parle de
tout ça. Il ne faut pas oublier qu'on est quand même là
pour ça. Parfois au moment des ateliers. On est obligé de
recentrer un p'tit peu voilà. Il ne faut pas non plus trop
s'écarter du sujet. On n'est pas là...non plus...pour faire une
thérapie de groupe...et ce n'est pas juste des infos qu'on donne. Alors
que l'information, c'est sur la maladie, ou des réponses à des
questions précises, par rapport aux traitements, prises en
charges...voilà. Je dirai que l'éduc commence par l'information
d'abord à mon. Par contre la persuasion, pour moi ce n'est plus
d'actualité, je ne pense pas que ça marche pour la maladie
chronique, c'est dure pour le patient d'obéir à la lettre en plus
il a le droit de refuser le soin... Je peux lui proposer le soin ou
l'éduc mais s'il n'est pas convaincu ça ne sert à rien de
le forcer. Il vaut mieux de lui expliquer, discuter, connaître ses
appréhensions pour trouver la bonne méthode et ça
ça peut se faire avec l'éducation.
|
23'27
|
Malika
|
Comment percevez-vous la relation soignant/soigné par
rapport aux deux activités ?
|
23'30
|
Marie
|
Et ben...déjà au niveau du dialogue, au niveau
du temps ça change. Un patient qui vient faire une injection notamment
ici en traitement IV. C'est sûr. Comment ça va. Je prends la
température, je prends la tension. Au niveau douleur, est ce que
ça va...machin. Enfin ça reste très...euh...pratico
pratique quoi...Je dirais je veux savoir s'il a eu une infection ou pas. Pour
pouvoir lui faire son traitement, s'il a eu des problèmes...par exemple
il ne va pas me confier ...ben...tiens, l'autre jour je suis allé
à Auchan, j'ai pas pu...et puis on voit que je suis une personne
handicapée, on me dit...euh...et ben dit donc...vous marchez bien. On ne
va pas loin. On ne va pas jusqu'au là. On n'a pas le temps. Le lieu
n'est pas propice. Il y a d'autres patients qui
attendent...voilà...c'est complètement différent.
|
24'15
|
Malika
|
Qu'est ce qui est différent ?
|
24'17
|
Marie
|
C'est là la différence...euh...en
hospitalisation je n'vais pas dire qu'ils subissent. Ce n'est pas le bon terme
je pense. Ils ne sont pas du tout acteurs. C'est moi qui perfuse, c'est moi qui
leur prend la tension, je leur pose des questions...c'est vraiment...on essaie
que ce ne soit pas un interrogatoire...voilà...ils nous donnent des
renseignements que nous transmettons aux médecins et tout ça.
Mais la participation on va dire c'est de notre côté.
|
24'44
|
Malika
|
Et pendant l'atelier?
|
24'45
|
Marie
|
Et pendant l'atelier on va dire même un diagnostic
éducatif c'est un échange. Ce n'est pas la même chose. Le
patient est acteur. Nous on a le second rôle. Moi je trouve qu'on a un
rôle d'accompagnement, de guide un p'tit peu. Même je dis souvent
c'est passer un cours...voilà. En essaie de guider pour qu'ils trouvent
des solutions...des solutions eux-mêmes.
|
25'03
|
Malika
|
Avez-vous suivi une formation d'ETP ?
|
25'05
|
Marie
|
Oui, de 40 heures, proposée par l'Hôpital.
|
25'07
|
Malika
|
Recommanderiez-vous cette formation à vos pairs ?
|
25'10
|
Marie
|
Oui, il y a quand même des clés qui nous sont
données, qui sont vraiment important. Des compétences comme la
posture...la posture éducative n'est pas du tout la même que
...par exemple ben...déjà l'écoute, la reformulation, la
valorisation. Savoir que des fois ce n'est pas évident dans notre
profession. On va dire...infirmière classique...ben...des fois il y a
des temps de pose, des temps de silence à respecter aussi
voilà...c'est nous quand même on fait de la chimiothérapie,
on fait déjà l'accueil, il y a des clés qui sont
déjà là. Mais quand on fait la formation, on fait beaucoup
de jeux de rôle et c'est hyper intéressant moi je trouve.
|
25'48
|
Malika
|
Comment percevez-vous votre activité avant et après
la formation d'ETP ?
|
139
25'51
|
Marie
|
Quand on fait la formation, on se rend vite compte qu'il y a
quand même...que tout le monde ne peut pas faire de l'éducation et
j'ai insisté là-dessus. J'ai présenté il n'y a pas
longtemps...j'ai présenté un peu ce que je fais à l'IFSI.
Et à la fin j'ai posé comme question : est-ce vous...vous voyez
comme éducateur. Est-ce que s'est donné à tout le monde.
Je ne suis pas convaincu, et d'ailleurs quand j'ai posé la question
c'était des 2ème années...et
voilà...j'ai dit : est-ce que ça vous intéresse, est ce
que vous vous voyez faire ce genre de chose. Et plus d'un quart qui a
répondu...ben...pas du tout. Et je...euh...ça ne m'étonne
pas. Il faut quand même un côté relationnel, une
approche...je pense que ceux qui travaillent en psychiatrie ont
déjà ça encore plus naturellement.
|
26'36
|
Malika
|
Pour vous le soignant peut-il choisir de faire ou pas l'ETP ?
|
26'39
|
Marie
|
Ben...on est tous différent moi je pense. J'ai
travaillé dans d'autres services avec plusieurs collègues, on a
tous comme même des capacités différentes...des...je ne
dirai pas de don...mais si...un p'tit peu quand même. On a des choses sur
lesquelles on accède plus que d'autres. Par exemple, il y a des patients
qui ont une capacité d'écoute plus que d'autres. Donc, certains
soignants peuvent être en difficultés par rapport à
ça...et...ça...ça veut pour les médecins, ça
veut pour...en tant que personne...euh...c'est personnel...après c'est
mal se connaître...je serai étonné que des personnes
s'orientent à faire la formation si déjà d'emblée
n'ont pas ces capacités d'écoute.
|
27'16
|
Malika
|
Pour vous. La pratique d'ETP relève d'un choix ?
|
27'18
|
Marie
|
On choisi ce métier au début. Les études
puis on plonge dedans les premières années. Après on prend
du recule. Je serai étonné si on s'oriente à faire de
l'éducation et on s'aperçoit qu'on n'a pas cette capacité
d'écoute...euh...mais après c'est personnel la vision des choses.
Je ne sais pas si j'ai raison d'ailleurs. Après, moi ce que j'ai pu
observé c'est...c'est une impression. Moi je vois bien qu'il y a des
collègues qui ne seraient pas à l'aise de faire
l'éducation thérapeutique. Et je trouve que c'est dommage de les
mettre en difficultés et de ne pas apporter au patient l'écoute.
Donc...ben...quand on fait le soin, parfois on est dans l'action...c'est
vrai...euh...on est vraiment dans l'action. Et je trouve quand on est dans
l'éducation...et ben...des fois ce n'est pas facile en fait. C'est un
peu exagérer mais c'est vraiment laisser parler le patient...voila...se
mettre un peu en arrière quoi...prendre le second rôle...vraiment.
Le rôle soignant c'est autre chose, on travail avec les collègues,
on prend pas les decisions seul, vis-à-vis du patient on est dans une
position de soigneur, d'acteur voila.
|
28'03
|
Malika
|
Et quand avez-vous perçu ce second rôle ?
|
28'05
|
Marie
|
C'est vrai que le fait de faire la formation, je pratiquais
déjà...euh...j'ai observé...mais on voit bien que ce n'est
pas du tout la même chose. On voit bien qu'on n'est pas du tout dans la
même posture. On voit bien que c'est complètement différent
de faire de l'éducation au soin et l'éducation
thérapeutique. Ce n'est pas du tout pareil.
|
28'23
|
Malika
|
Qu'est ce qui est différent pour vous ?
|
28'25
|
Marie
|
On fait parfois je discute avec d'autres collègues qui
font de l'ETP, je vois bien qu'ils ne sont pas au second rôle...enfin je
ne peux pas leur dire...ce n'est pas mon rôle à
moi...mais...euh...il y a des gens qui font tout en 4 h. ce qu'on fait nous en
3 matinées...eux en 4 h. faire de l'éducation avec 10 patients en
4 h moi j'ai du mal. Je n'arrive pas. Déjà nous...par exemple on
est obligé de couper de ceci et que des fois on pourrait y passer la
journée quoi. Donc...euh...
|
28'55
|
Malika
|
Par rapport à quoi cette différence ?
|
28'57
|
Marie
|
Il y a une notion de temps qui est importante quand on fait de
l'éducation...en fait quand on est dans le soin... on est toujours
pressé. Des temps de passage des traitements, des temps de faire ceci
cela. On n'a pas...il faut finir à telle heure et on commence à
telle heure. Alors...dans l'éducation, cette notion du temps n'est pas
gérée pareil.... Il faut prendre du temps, ...il faut laisser le
temps aux patients, le temps de parler, ...on n'est pas pressé, il n'y a
pas d'autres taches, on fait que ça sur la journée...sinon ce
n'est pas de l'éducation... En soins, le temps est partagé entre
les patients et les autres taches, déjà, il faut consacrer du
temps à chaque patient, il y en a qui te prennent une demi-heure,
d'autres un quart d'heure, d'autre voir une heure et si ce n'est pas
prévu, ça déborde et on sera obligé de rester plus
dans le service, ce qui peut engendrer le stress et tout ça...
|
29'32
|
Malika
|
Comment définissez-vous le moment de l'ETP ?
|
140
29'34
|
Marie
|
Les trois quarts du temps c'est les patients qui...qui
interviennent et c'est ça l'éducation. On intervient
après...pour rajouter des choses importantes voilà. En fait c'est
les patients qui parlent à leur niveau bien sûr...euh...ils en
ressortent des problèmes, ils en ressortent des solutions. Et c'est
là...aussi que l'effet groupe est important. C'est à dire c'est
souvent quand un patient est en train d'exposer un problème et un autre
intervient... : Et ben...tient vous devriez faire si...vous devriez faire
ça. Bien sûr nous on l'avait vu...on l'avait pensé
évidement. Mais ce n'est même pas venu de nous quoi. C'est aussi
important que ça vienne d'un autre patient. C'est vraiment un moment
d'échange au sommet...quoi...
|
30'08
|
Malika
|
Et avant c'était comment pour vous ?
|
30'10
|
Marie
|
Euh...ben...je pensais comme certains soignants qui pensent
faire de l'éducation thérapeutique. Et... en faite ils font de
l'information...ils font tout...euh...très bien...euh...je n'ai pas
aucun jugement là-dessus. Mais je me demande toujours si le temps de
parole accordé au patient est suffisant.
|
30'27
|
Malika
|
Comment vous gériez votre activité avant ?
|
30'29
|
Marie
|
Ah...oui oui. Je donnais des documents et écrire au
tableau et dire il faut faire si...faire ça. Je réalise que ce
n'est pas ça de l'éducation. De toute façon quand on a
fait la formation ce n'est pas ça qu'il faut faire.
|
30'42
|
Malika
|
Et qu'est ce qu'on vous a appris à la formation ?
|
30'44
|
Marie
|
Ben...déjà l'écoute. Et entre guillemets
l'état des lieux, c'est-à-dire déjà avant de mettre
le moindre truc, il faut faire un état des lieux. Qu'est ce qu'on va
faire avec ce patient, où sont les besoins. C'est pour ça qu'on
fait le diagnostic éducatif. Situer les besoins, les objectifs. C'est
des patients différents qui ont des objectifs différents. C'est
déjà à partir de là, si déjà on ne
sait pas de quoi le patient a besoin, on ne peut pas apporter des choses. Si on
prend un groupe de 10 et on dit ben voilà on va parler nanana et ben on
sort tout ce qu'on veut dire. Il y a des gens qui savent déjà, ou
bien, ils ne savent même pas ce qu'on veut dire. Il faut qu'ils y
trouvent un intérêt pour qu'ils adhèrent.
|
31'24
|
Malika
|
Et après l'atelier vous faites quoi ?
|
31'26
|
Marie
|
Après l'atelier ETP, je...je viens ici, je
dépose mon matériel, je classe mes documents et après je
retourne me changer. Et c'est vrai que...à ce moment-là...c'est
vrai...c'est complètement différent.
|
31'37
|
Malika
|
Qu'est ce qui est différent ?
|
31'39
|
Marie
|
Par ce que là...euh...allez up...j'enfile ma blouse et
je change de casquette. Malgré que le jeudi après-midi je reste
encore dans l'éducation thérapeutique...je vais faire de
l'éducation des auto injections.
|
31'52
|
Malika
|
Vous restez dans la continuité ?
|
31'54
|
Marie
|
Oui oui je reste quand même dans la continuité.
C'est sur la journée de l'éducation thérapeutique.
Après je téléphone...je fait du recrutement...les
dossiers...les rendez vous ...tout ça.
|
32'06
|
Malika
|
Vous n'avez pas de secrétaire ?
|
32'08
|
Marie
|
Non non on n'a pas de secrétaire, on fait nous
même la partie administrative. Ce n'est pas la partie la plus
désirée, ça nous prend beaucoup de temps, mais
voilà il faut passer par là. Ce n'est pas non
plus...mais...passer des coups de fil, faire de l'administratif... Voilà
il faut le faire tout simplement ça...ça permet aussi une vue
globale de la chose.
|
32'25
|
Malika
|
Et le suivi c'est comment ?
|
32'27
|
Marie
|
Alors justement. Déjà il y a le questionnaire de
satisfaction. Et euh...en fait cette année ce qu'on veut initier...on
s'est inspirer en fait de... j'ai rencontré...j'ai fait un
échange avec une patiente ressource qui fait des ateliers sur Paris.
Cette dame charmante en journée d'échange...moi j'adore les
journées d'échanges avec les autres hôpitaux parce qu'en
fait...je...je vais à la pèche aux idées...aux. Moi
ça m'apporte à chaque fois et notamment...elle utilise en fait
une fiche...elle rappelle les patients à distance. Elle pose quelques
questions et voilà...elle fait de l'évaluation. Donc elle m'a
gentiment donné sa fiche et je vais la retravailler puis la mettre en
pratique.
|
32'59
|
Malika
|
Elle fait son propre suivi ?
|
33'00
|
Marie
|
En fait pour le suivi...euh...normalement on devrait refaire un
diagnostic. Au niveau timing c'est un peu difficile. Ça prend du
temps...euh...moi je passerai
|
141
|
|
trois quarts d'heure sur...mine de rien...et j'essaie de ne
pas dépasser une heure avec chaque patient. Et après on a les
retranscriptions. Je ne veux pas utiliser l'informatique devant les patients.
Donc ça prend 1/4 d'heure 20mn. C'est vrai que...faire revenir les gens
pour discuter ce n'est pas évident. Les gens ne sont pas
forcément disponibles c'est vrai. Il y a des gens qui viennent de loin.
Donc j'ai trouvé que c'est assez pratique le suivi au
téléphone pour tout le monde en fait.
|
33'42
|
Malika
|
Avez-vous un modèle de diagnostic éducatif ?
|
33'44
|
Marie
|
Une base de diagnostic pour tous les programmes ETP sur
l'hôpital et le reste chaque service à fait son programme
d'éducation.
|
33'49
|
Malika
|
Comment abordez-vous les patients en dehors de l'éducation
?
|
33'51
|
Marie
|
En fait en dehors de l'éduc, la relation
diffère, le patient reçoit les soins, on n'a pas vraiment
d'échange. Je n'ai pas le temps pour les patients, oui surtout quand je
suis en chimio et quand on vient me poser une question. Je me rappelle un
mercredi je faisais des dépistages et tout...et un patient m'a
interpellé. C'est vrai qu'on n'a pas la même casquette à ce
moment là. Et le changement tout de suite machin...ce n'est pas toujours
évident...c'est difficile, il faut bien être au claire.
|
34'08
|
Malika
|
Par rapport à qui?
|
34'09
|
Marie
|
Et ben par rapport à moi déjà puis aux
patients.
|
34'11
|
Malika
|
Vous dites quoi à ce moment ?
|
34'13
|
Marie
|
Je dis au patient, ce n'est pas le moment de répondre et
qu'ils m'appellent le jeudi je suis là pour ça et c'est plus
facile pour moi.
|
34'18
|
Malika
|
Dès que les patients vous voient ils s'adressent à
vous ?
|
34'20
|
Marie
|
A oui oui bien sûr dès qu'ils me voient en dehors
de l'éduc, ils ne se disent pas là...elle est en soin. Et ils ne
savent pas forcément...euh...quand ils me croisent dans le couloir, ils
ne savent pas forcément que je suis en train de passer une chimio juste
à côté. Si je ne suis pas disponible. Je leur dis
voilà. Donc...euh...il y a des fois où il faut se rendre
disponible aussi c'est selon la demande. Si c'est quelque chose quand
même on ne va pas laisser les gens. Je renvois vers mes
collègues...vers le médecin.
|
34'47
|
Malika
|
Vous êtes la seule référente dans le service
?
|
34'50
|
Marie
|
Oui parmi les 7 infirmières à l'HDJ, je suis la
référente principale et maintenant j'ai une
collègue...elle a commencé quand...oui...depuis décembre
on va dire qu'elle m'a rejoint.
|
35'00
|
Malika
|
Vous avez géré toute seule les années
d'avant ?
|
35'02
|
Marie
|
Oui oui avant, j'ai géré toute seule. C'est
aussi c'est pour ça qu'on a choisi d'être à deux à
cause des vacances. L'année dernière...ah...oui...j'ai dû
me faire opéré...voilà...un truc pas grave et tout...mais
ben...en fait quand j'étais en arrêt...voila...euh...c'est un peu
le feu artistique quoi. C'est rare mais ça arrive.
|
35'19
|
Malika
|
Comment vous vous organisez si tous les soignants de votre
service sont formés à l'éducation ?
|
35'24
|
Marie
|
Je suis lucide que ce n'est pas possible. C'est surtout un
budget...euh...au jour d'aujourd'hui...euh...on est à l'hôpital
quand même. Je suis quand même assez lucide que ce n'est pas
possible. Il y en a aussi ceux qui ne vont pas aimer. Après il y a des
collègues qui n'aiment pas faire ça. Puis on ne peut pas
être trop à faire ça déjà. Si on était
5 ou 6 à faire ça...ce n'est pas possible on perd le fil. Pas au
niveau des patients parce que la posture une fois qu'on l'a on l'a. Mais au
niveau de la gestion administrative ... paperasse...voilà.
|
35'55
|
Malika
|
C'est le changement d'activité qui fait peur ?
|
35'57
|
Marie
|
Oui il faut remettre à jour son...ses connaissances
aussi...et...c'est que les jeudis. Quand même ce n'est pas rien il faut
suivre quand même.
|
36'07
|
Malika
|
Un temps de 20% d'ETP est-il suffisant pour la gestion de l'ETP
?
|
36'10
|
Marie
|
Ça dépend des périodes il y a des moments
où il faudrait plus d'une journée d'ETP par semaine. C'est un peu
juste et puis il y a d'autre moment...voilà.
|
36'15
|
Malika
|
Pourriez-vous me parler de votre activité de soignante
?
|
36'17
|
Marie
|
A l'hôpital du jour...euh... la matinée
cancérologie...en fait...il y a des gens qui viennent pour la
chimio...les gens qui ont des scléroses en plaques pour un traitement en
IV, des gens qui souffrent de polyarthrites, des maladies de crohn, et certains
examens qui doivent se faire dans la journée...voilà. Ensuite
on
|
142
|
|
fait la chimiothérapie des cancers gastro, ORL,
hématologie qui viennent faire leur chimio...en fin le suivi de tout
ça. on fait le suivi de tout ça. On prend les constantes, donne
les traitements sous perfusion, on surveille si complication, on appelle le
médecin, on répond au téléphone, on gère le
dossier du patient, on fait les transmissions écrites...
|
36'41
|
Malika
|
Si on vous propose d'être à 100% en éducation
?
|
36'43
|
Marie
|
Là...je ne sais pas si je voudrai faire que de l'ETP.
Parce que j'aime aussi ce que je fais en...en cancérologie. En fait se
sont deux activités différentes que j'aime ...euh...mais si je
devais faire un choix entre les deux. Je serais bien embêtée.
|
36'58
|
Malika
|
C'est comment par rapport à votre identité ?
|
37'00
|
Marie
|
Une identité de soignante ...avant tout...avant tout
oui, de base oui, c'est sur. Bien sûr. Après j'ai
développé des qualités d'éducatrice qui
étaient déjà présentes le fait d'être
soignante. Ça c'est sûr. Et il y a une partie dans ma pratique qui
s'est améliorée...euh...l'écoute, l'organisation...C'est
vrai que c'est deux choses différentes. J'aime les deux.
L'éducation...c'est peu être un complément.
|
37'23
|
Malika
|
Au niveau identitaire que représente les deux
activités pour vous ?
|
37'26
|
Marie
|
L'éducation pour moi c'est valorisant en tant que
soignante. Parce que soignante on va dire dans un service classique euh...on
n'a pas toujours le retour. Quand on fait de l'éducation moi je trouve
qu'on a beaucoup de retour. De part la part administrative, on demande aux
patients s'ils sont contents. Si je fais une chimio à un patient, au
moment ou il part... je lui demande pas...alors ça vous a plu cette
journée avec moi, est ce que vous êtes satisfait,...je ne parle
pas de l'ambiance, est ce que ça vous a plu machin. Je vois bien que la
journée c'est bien passée. Moi je suis contente parce que le
patient n'a pas souffert, je me suis bien organisé, il ne part pas tard,
c'est très bien. C'est valorisant...c'est hyper valorisant...on n'a pas
forcément le même retour c'est dommage...moi je trouve.
|
38'04
|
Malika
|
Le patient perçoit-il le changement dans votre rôle
?
|
38'07
|
Marie
|
En fait, le patient voit en moi l'éducatrice, pas la
soignante, et du coup je le sens plus proche. Parce qu'il y a le lien qui s'est
crée de part sa participation aux ateliers. De part le diagnostic
éducatif aussi. C'est intense. Donc il y a une complicité, le
patient se sent plus proche de moi et c'est réceptive du fait...ben...il
m'a vu dans cette posture d'écoute...de...voilà. C'est peu
être à tord par rapport à d'autres collègues parce
que c'est dommage. C'est vrai je le sens des fois, ils viennent me solliciter
plus par rapport à mes collègues. Mais je comprends aussi. C'est
aussi mon rôle...je suis bien référente en éducation
thérapeutique. Ça les concerne et ça fait partie de mon
rôle. Ils le savent aussi et quand je me présente je me
présente comme ça.
|
38'43
|
Malika
|
Je reviens à votre identité actuelle ?
|
38'45
|
Marie
|
J'ai...j'ai acquis des choses de part cette formation
d'éducatrice, de part aussi de mettre en pratique. C'est bien jolie
qu'on a cette formation c'est chouette. Mais il faut pouvoir mettre tout
ça en pratique...voila. Moi j'ai de la chance de pouvoir mettre tout
ça en pratique. C'est souvent...c'est sûr que ça modifie
certains domaines dans ma pratique. Je dirais de l'influence...ça
questionne quand même mon identité. Quand on fait cette formation
et quand on la met en pratique on développe vraiment cette
capacité d'écoute.
|
39'13
|
Malika
|
Il y a eu un changement dans vos pratiques ?
|
39'16
|
Marie
|
Un p'tit peu oui... forcément, il y a eu un changement
dans ma pratique en tant qu'infirmière. Après...euh...il y a
quelque chose que je mets en pratique tout le temps même dans ma vie
personnelle.
|
39'25
|
Malika
|
Ce changement par rapport à quoi vis à vis du
patient ?
|
39'28
|
Marie
|
J'essaie de le rendre plus actif. Il participe plus. Il
communique plus. Il parle de sa maladie. Moi je mets plus d'écoute. En
fait c'est un peu compliqué parce que moi tout s'est fait en même
temps. Je suis arrivé en cancérologie après j'ai
commencé l'éducation. Tout s'est un peu imbriquer mais ce qu'on
fait à l'hôpital de jour c'est des maladies chroniques. Avant de
faire des chimio on prévient des effets secondaires. On donne des
conseils à suivre...En fait c'est une forme d'éducation...c'est
une éducation au soin. On évalue, on éduque à la
cure. C'est ce qu'on fait maintenant en faite c'est les mêmes
pratiques...en gros.
|
39'58
|
Malika
|
Et au niveau de l'organisation c'est comment ?
|
143
40'00
|
Marie
|
On est toute seule en ETP. Autonome. Responsable quoi...On se
débrouille comme on peut...Aussi au moment du soin...mettre à
plat les prescriptions ça fait partie aussi de mon travail. Je suis
infirmière...ce n'est pas frustrant...après c'est agréable
d'être autonome aussi et ne pas avoir de pression. Après je suis
contente de faire toute seule mon travail comme à l'ETP mais je connais
mes limites.
|
40'22
|
Malika
|
Qu'est ce qui a changé pour vous ?
|
40'25
|
Marie
|
C'est différent maintenant à l'hôpital de
jour on est assez autonome avec les patients du début à la fin.
Le rôle propre est bien développé moi je trouve. On prend
des initiatives...la réflexion...l'organisation surtout. C'est pareil...
dans ma vie privée je suis devenu plus qu'avant...euh...on passe notre
temps à organiser, à savoir ce qu'on doit faire en premier, en
second...donc c'est surtout ça...ça...ça.
|
40'45
|
Malika
|
Vous voulez dire ça se développe ?
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40'47
|
Marie
|
A oui oui ça se développe. C'est des
capacités qui se développent... qui évoluent.
|
40'51
|
Malika
|
Comment voyez-vous votre approche actuelle pour le soin, pour le
patient après la pratique d'ETP ?
|
40'55
|
Marie
|
Les éducations pour les auto- injections
forcément sont influencées par ma posture d'éducatrice.
Après je ne peux pas faire que ça. C'est quand même un
planning et forcément...comment dire...je m'inspire...je m'inspire sur
ce que je fais en éducation... c'est de la formation quand même.
On n'est pas au même niveau. Je dirais qu'on s'inspire. On n'a pas la
même posture quand même.
|
41'18
|
Malika
|
Pouvez-vous me retracer un peu votre organisation à l'HDJ
?
|
41'21
|
Marie
|
Depuis qu'on pratique l'éducation on a changé
d'organisation, maintenant, sur la journée on est
échelonné. On est 5 à 6 infirmières dont une
infirmière en programmation qui gère que la paperasse...euh...les
coups de fil...reprogramme les patients des collègues, prépare
les dossiers pour le lendemain voilà...Ce n'est pas
évident...euh...on est au top de l'organisation ici.
|
41'38
|
Malika
|
Qu'entendez-vous par au top de l'organisation ?
|
41'41
|
Marie
|
Ça tourne...et puis après dans la journée
on arrive à des heures un peu différentes. Il y en a qui arrivent
à....à 9h. Une à 9h et demie. Une à 10h et une
à 10h et demie. Et puis on prend en charge nos patients du début
jusqu'à la fin. On fait toutes les pathologies. Tous les jours il y a
quelqu'un qui reste jusqu'à 19 h.... et...Mais en éducation on
est seul. Là par exemple ce matin je suis arrivé à 9h...il
n'y a pas de relève... je travaille toute seule du début à
la fin.
|
42'03
|
Malika
|
Et avant?
|
42'04
|
Marie
|
Avant...quand ont été à l'étage il
y avait un coté médecine un coté cancéreux. Et on a
toujours fait les deux. Mais il y ceux qui faisaient que coté
médecine voilà...elles sont moins à l'aise avec les prises
en charge hors médecine parce qu'elles ne connaissent pas. On ne
travaille pas en équipe forcément...mais si on travaille quand
même en équipe. On se relaye pour des patients. On est là
les unes pour les autres en cas de besoin. Mais ce n'était pas aussi
organisé.
|
42'31
|
Malika
|
Et c'est comment l'organisation avec votre collègue ?
|
42'34
|
Marie
|
Euh...ben...il y a des moments on se laisse des p'tits mots.
On s'appelle. Moi j'ai un agenda... on essaie de faire un agenda un peu plus
général pour écrire des choses.
|
42'45
|
Malika
|
Que représentent pour vous les mesures éducatives
?
|
42'47
|
Marie
|
Euh...déjà c'est les programmes
d'éducation...euh...aussi la technique qu'on apprend en formation de 40h
comme l'écoute la reformulation, laisser le patient parler,
découverte des compétences, aussi rendre le patient acteur. Avant
le patient il subissait le soin on va dire maintenant, il a son mot à
dire, en fait ce n'est pas la même prise en charge...euh...avant on
l'éduqué aux médicaments, au soin sans plus. On lui ne
demande pas son avis, s'il a des questions on répond, mais sans un vrai
échange...aussi là on fait le diagnostic éducatif, il y
avait pas ça pour les maladies chroniques...c'est tout un parcours
éducatif de l'accueil jusqu'au suivi et stabilisation on va dire.
|
43'22
|
Malika
|
Comment procédez-vous à l'évaluation de
l'activité éducative ?
|
43'25
|
Marie
|
En fait, on n'a pas d'outil d'évaluation de
l'activité je pense...euh...l'évaluation de l'atelier je le fait
avec le questionnaire, mais notre travail, je ne sais pas on n'a jamais
évalué.
|
43'44
|
Malika
|
Vous avez des choses à rajouter ?
|
144
43'46
|
Marie
|
C'est une activité dans laquelle je m'épanouie.
...Je me considère plus ...dans l'aide, dans l'accompagnement que dans
le soin. C'est plutôt un accompagnement là. On soutient, on
propose, on a un rôle d'écoute. Je dirai qu'on passe
énormément de temps à écouter...écouter...
reformuler. Et souvent on se rend compte que les solutions viennent des
patients eux-mêmes. Aussi, le fait de changer un peu de
casquette...euh...parce que le fait d'être soignante notamment je dis
c'est quand même assez puissant. La maladie chronique ce n'est pas
quelque chose de simple n'en plus. Mais voilà c'est quelque chose qui me
plait. Je trouve que c'est assez...assez...formateur. Faire un atelier c'est un
rôle formateur.... C'est un bon moment rien que de voir les patients
partir avec le sourire...je suis ravie. ...c'est un retour. En soin on a les
deux rôles, le prescrit et le propre...euh...en éducation, c'est
le rôle propre, on est autonome. Finalement c'est bien de mettre en
pratique ce qu'on connaît par rapport à l'autre
activité...En fait elles se complètent assez bien. Faire un
atelier c'est vraiment un moment que j'adore quoi. C'est un bon moment rien que
de voir les patients partir avec le sourire...je suis ravie. C'est super
égoïste...oh lala...ce que je dis. Mais c'est un retour. On est
quand même dans une profession ou on donne beaucoup de nous et on n'a pas
toujours...euh...ce retour un p'tit peu...un peu de considération
voilà. On sent quand même...que voilà...une valorisation et
c'est vrai que dans l'éducation thérapeutique on a beaucoup
ça plus qu'en soins. C'est complètement différent la
relation.
|
45'52
|
Malika
|
Merci pour cet entretien et bonne continuation.
|
145
Script de l'entretien avec Infirmière en
unité de Diabétologie Hôpital de Blois
Entretien réalisé le 08/06/2015
Nous allons faire un entretien d'une quarantaine de minutes,
si vous êtes d'accord, cet entretien concerne votre activité
d'éducatrice. Je vais donc vous poser quelques questions pour orienter
le discours. Notre objectif n'est pas de juger votre façon de
travailler. La majorité des questions sont ouvertes volontairement pour
vous laisser répondre le plus spontanément possible, sans vous
influencer.
0'00
|
Malika
|
C'est quand vous voulez!
|
0'01
|
Laura
|
D'accord...j'ai 36 ans, je suis infirmière. Ça fait
12 ans que je suis déjà en diabéto...et
référente en éducation depuis 2011.
|
0'05
|
Malika
|
Avez-vous travaillé dans d'autres services ?
|
0'07
|
Laura
|
Oui, en médecine interne. En fait, cette unité
relève du service de médecine et on prenait en charge les
patients diabétiques, il n'y avait pas cette unité de
diabète avant. Tous étaient ensemble. Donc, j'ai fait trois ans
en service de médecine ensuite au moment où on s'est dit : on
passe à l'aide médicale, il y a douze ans, j'ai voulu être
dans cette unité de diabétologie.
|
0'22
|
Malika
|
Le travail D'ETP représente-t-il un choix pour vous ?
|
0'24
|
Laura
|
Oui. En fait, on n'avait pas vraiment le choix. Au
départ, on était l'aide médicale. Donc c'est
déjà ça et puis on a changé, on a parlé de
l'éducation thérapeutique dans tout l'hôpital en 2011, et,
on a changé de contenu. Et on a établi des programmes
d'éducation et on a crée l'unité de diabétologie,
avant les patients diabétiques c'était pour la
médecine.
|
0'33
|
Malika
|
La pratique d'ETP relève-elle d'une prescription
médicale dans votre service ?
|
0'35
|
Laura
|
Oui, forcément, c'est le médecin qui voit le
patient d'abord, ensuite il le dirige vers nous pour commencer
l'éducation...euh, mais nous on peut proposer l'éduc, si on voit
que le médecin n'a pas encore eu le patient. En diabéto, le
patient vient pour un séjour. Donc, nous on commence l'éduc
même si le médecin ne l'a pas prescrit, il est au courant bien
sûr.
|
0'48
|
Malika
|
Par quoi est représenté ce changement de l'aide
médicale à l'éducation thérapeutique ?
|
0'51
|
Laura
|
En fait, avant on faisait le questionnaire. Je sais faire. Je
ne sais pas faire. Donc après, on a changé un peu la
méthode. Tout ça...ça a évalué. Au fil des
années, on s'est plus adapté aux besoins du patient... on a
changé un peu de méthode tout ça...ça..., on s'est
plus adapté aux besoins du patient qu'on lui impose à faire.
Avant, c'est vraiment : faites 3 glycémies..., faites 6 glycémies
par jour...Maintenant, on a dit : qu'est-ce que vous êtes en mesure de
faire... On a changé de formulation des questions. Ce n'est pas des
questions fermées : oui, non, machin... Ce sont plutôt des
questions ouvertes. Enfin, mais ça...on l'a travaillé avec la
formation en éducation qui a pris plus de place à l'hôpital
et dans...dans partout, je n'pense pas qu'à l'hôpital.
|
1'26
|
Malika
|
Comment définissez-vous l'information de
l'éducation et de la persuasion ?
|
1'29
|
Laura
|
C'est vrai qu'il a un apport d'information dans le but ensuite
de pouvoir réfléchir à quelque chose et pouvoir prendre
conscience de ce qu'on fait...euh...pourquoi on le fait et qu'est ce qu'on peut
en tirer. Parce que pouvoir faire des glycémies ce n'est pas facile...et
si on ne fait rien derrière...ça ne sert pas à
grand-chose. Le conseil, on peut le faire sans éducation, à moins
qu'il réponde à un besoin éducatif, oui,
donner...donner...ce n'est pas faire de l'éducation. Donc
automatiquement l'éducation vient après l'information. C'est
beaucoup de l'apprentissage à réfléchir. Si tu donnes
toutes les informations au DG...oui je veux dire le Diabète
Gestationnel. Et elles font ce qu'elles veulent...après c'est à
elles aussi...l'éducation ça se commence dans un deuxième
temps. Elle ne se fait pas comme ça. Mais la persuasion, je ne pense pas
que ça marche si un patient refuse de s'injecter, quoi qu'on fasse on ne
peut pas le convaincre, il vaut mieux discuter ensemble et trouver une
méthode d'aide qui le conviendra le plus à mon avis.
|
2'25
|
Malika
|
Que représente pour vous l'éducation
thérapeutique ?
|
2'27
|
Laura
|
Pour moi c'est la seule méthode qui aide le patient
à prendre en charge sa maladie et vivre avec on va dire. En
éducation on passe vraiment par cette phase de conseil. Parce que nous
en tant qu'infirmière déjà, pouvoir éduquer et
pouvoir réfléchir sur ce qu'on fait ou sur ce qu'on va obtenir
comme résultat, il y a
|
146
|
|
quand même des incontournables en éducation
thérapeutique. C'est-à-dire que s'il y a un traitement sous
insuline, il faut bien apprendre à se le faire. Si c'est une
glycémie...de toute façon il faut savoir lire la glycémie
ou en tout cas...devant un lecteur, ils vont comprendre le chiffre.
|
2'56
|
Malika
|
Avez-vous suivi une formation pour la pratique ETP ?
|
2'59
|
Laura
|
Oui, oui une formation de 40h. c'est programmé par
l'hôpital. En fait dans cette unité de diabéto, on est que
6 infirmières formées en éducation parmi 24
infirmières entre médecine et diabéto. Donc on est les
seules référentes.
|
3'08
|
Malika
|
Avez-vous des journées spécifiques à la
pratique ETP ?
|
3'10
|
Laura
|
Le groupe c'est le mercredi matin, il y a le psychologue qui
est là. Le jeudi matin, il y a l'atelier diète. On redonne les
bonnes bases. C'est pareil ça dépend du public. C'est des
généralités sur les aliments, sur les associations.
Sachant que ces gens on les voit d'abord individuellement pour personnaliser.
Tout le monde ne mange pas trois fois par jour. Il y des gens qui travaillent
en équipe...voila. Ensuite on les voit en groupe. Ensuite jeudi...il y a
l'atelier pieds. Le médecin note les patients qui ont besoins...enfin
qui semblent. Après il va y avoir une demande pour le psychologue...il y
a le groupe...il y a l'individuel. Aussi là...c'est le psy qui voit en
fonction du passé...un p'tit peu de ce qui est noté dans le
dossier médical. Le kiné est demandé ponctuellement pour
des gens qui ont des problèmes de la
réadaptation...à...à la marche... quelque chose comme
ça. Pour l'activité physique pure, il n'y a pas de kiné.
Parce que malheureusement dans certains jours on n'est pas prioritaire.
Nous...on leur propose les plaquettes...on peut prendre contact pour eux. Libre
à eux après de s'y rendre ou pas voilà. On leur donne des
informations...ils n'ont pas de prise en charge au niveau du transport...donc
ce qui fait que...voilà.
|
4'29
|
Malika
|
Comment procédez-vous à la réalisation de
l'ETP ?
|
4'31
|
|
Moi je suis là en consultation. On a le temps de
recevoir les patients. On ne fait pas d'autres soins effectivement qui nous
rappellent en timing on va dire. Mais après...ça commence dans
les chambres...le but c'est quand même c'est que ce soit en continu dans
la chambre ou débuter en chambre. C'est vraiment un lien avec le
diabétologue ...avec le psychologue...ça peu etre le kiné.
L'éducation thérapeutique sur l'activité physique par
exemple. Le fait qu'il est dans la chambre, ma collègue ne va pas lui
dire enfin...qu'il est bien au lit en fait...euh...c'est vraiment un travail de
groupe...c'est dans la continuité. On ira les voir dans les chambres, on
parle du diabète, de leur vie de tout les jours, de leur entourage, de
leur famille, s'ils connaissent le diabète ou pas. Ensuite une fois le
patient mieux, on commence le l'entretien éducatif. Danc moi
j'interviens là, je commence le diagnostic, donc mon rôle en
second plan, on ne va pas lui proposer l'éduc le premier jour.
|
5'12
|
Malika
|
Comment gériez-vous avant d'introduire de l'ETP dans le
service ?
|
5'15
|
Laura
|
En fait, avant on n'était pas à
l'éducation thérapeutique. Le médecin voyait le patient en
consulte. Nous, nous, on le voyait une demi-heure avant. On faisait une
glycémie, on lui demande de faire pipi dans un...dans un p'tit pot pour
l'albuminurie, une prise de sang... En fait, tout ce qui est lié
potentiellement avec les complications du diabète. On faisait
l'électrocardiogramme...En fait, c'était un peu speed. C'est le
bazar, on va dire. Dans la consulte, il fallait...ben...on
dépatouillait, la consultation médecin en gros...on va dire
ça. Ensuite, il y a eu une amélioration sur les lecteurs de
glycémie. Avant, on faisait les moyennes tout seul, on faisait les
tests...voilà. Tout ça, on n'avait pas besoin de le faire.
Maintenant c'est la machine, et, même le patient peut le faire, c'est
pour ça que l'on fait recours à l'éducation pour que le
patient devienne autonome et tout ça.
|
5'57
|
Malika
|
Comment se passe l'organisation de l'ETP dans le service ?
|
5'59
|
Laura
|
En fait, on ne travaille pas en même temps. C'est un
planning. Par exemple moi là je fais l'éducation pendant 2 mois
consécutifs, après c'est le tour d'une autre collègue et
moi je ferai que les soins. En fait en gros je suis éducatrice que deux
mois dans l'année on va dire.
|
6'11
|
Malika
|
Et vous arrivez facilement à basculer entre les deux
activités ?
|
6'13
|
Laura
|
Ben, non au début c'est dur après on s'habitue
forcément.
|
6'15
|
Malika
|
C'est dur par rapport à quoi ?
|
6'16
|
Laura
|
Par rapport aux taches. Les soins et l'éducation ce
n'est pas pareil déjà. En soins je commence à 6h30, les
trans, les médoc, les pansements, la tournée avec les
médecins, le stress, la gestion du temps, des fois ça
déborde sur des heures sup voila. Euh...mais en éduc,
déjà j'arrive à 9h et je fini à 17h. je ne suis pas
lié au timing. Si un peu mais pas de stress comme en soin.
|
147
6'35
|
Malika
|
Comment se déroule une activité ETP ?
|
6'37
|
Laura
|
En fait c'est les patients qui parlent la majorité du
temps. C'est le patient qui emmène les informations et nous on
répond sans ce coté pouvoir ou savoir. Logiquement sur
l'éducation, nous, on amorce. Mais c'est quand même lui qui nous
donne les éléments. Après on réajuste en fonction
de ce qu'il nous dit et de ce qu'il a envie. Est ce qu'il n'a pas envie, est ce
qu'il a besoin. On ne va pas lui emmener. Enfin moi, en éduc, on n'a
même pas toutes les informations. Je veux dire que des fois par
barrière de compréhension ou de langue, on ne rentre pas dans les
mêmes détails que certaines personnes. Il y a des patients qui ne
veulent pas savoir comment marche le pancréas par exemple. Il y en a qui
me disent non...D'accord, moi je leur dis pourquoi je suis là...
pourquoi je les prends...et je leur demande de ce qu'ils attendent de moi...de
ce qu'ils connaissent. Je ne veux pas leur donner...D'ailleurs, il y a qui ont
du diabète depuis 40 ans, je ne vais pas leur demander s'ils savent
faire une glycémie. Je me doute a priori qu'ils font des
glycémies. Donc je ne vais pas leur réapprendre s'ils le font
bien. Mais...ça, on se rend compte au fur et à mesure au cours de
l'entretien. Je me dis : tiens s'il procède comme ça, c'est
normal que ça ne donne pas les bons résultats. Mais je ne vais
pas lui expliquer la surveillance glycémie. Il y en a qui ont du
diabète avant que je sois née d'accord. Toutes ces
compétences là je ne les revois pas, je les mets sur le
diagnostic éducatif. Mais je vais travailler d'autres
compétences. Je sais qu'il a un appareil et qu'il sait faire et tout
ça.
|
7'48
|
Malika
|
Comment définissez-vous votre rôle éducatif
?
|
7'50
|
Laura
|
...On l'oriente, on répand à ses soucis, on
l'accompagne dans sa maladie, pour qu'il retrouve on va dire sa nouvelle vie.
...pour lui ça ne va être comme avant, forcement. Et toutes ces
infos qu'on donne doivent être adaptées à la personne
diabétique. Les conseils sur les apports en général qu'il
faut... Pour lui c'est nouveau, c'est de l'apprentissage. Et c'est de notre
rôle de lui apprendre à gérer sa maladie. C'est lui
l'acteur. C'est un rôle éducatif. Nous on est au second
rôle. L'activité infirmière c'est différent. C'est
curatif, c'est un rôle prescrit, nous on est acteur, on décortique
les prescriptions en gros...c'est du concret.... Euh... il n'y a pas
d'échange, pas d'apprentissage pour le patient...euh... le rôle
éducatif, c'est une activité ou on a plus d'autonomie sans
pression, ...ça complète l'activité soignante, c'est
valorisant, ça rend pédagogue, il faut aimer...en fait c'est un
tout, ça apporte beaucoup pour notre activité, ça guide
notre façon de voir le patient, on n'est plus dans le jugement s'il ne
s'est pas faire, ça nous rend plus compréhensif...voila.
|
8'16
|
Malika
|
Tous les patients atteints de diabète gestationnel
participent au groupe ETP ?
|
8'19
|
Laura
|
En groupe les patients participent d'emblé...euh ...on a
des groupes ou très mal ou très bien ou un peu...du coup on
adapte.
|
8'24
|
Malika
|
Quelle est la durée des séances éducatives
?
|
8'25
|
Laura
|
Les séances individuelles c'est lundi, mardi et
vendredi ça dure...euh... de 45mn à 1h. En groupe...on a deux
programmes, le DG et les autres...les ateliers durent à peu près
trois heures et demi. Les DG c'est 2h 30... Euh...il y en a...je ne prends pas
de p'tit déjeuner, il y en a ...que des boissons sucrées. On a
une dame qui mange en continu...en continu...elle va au supermarché,
elle ne pouvait même pas ramener ses courses jusqu'à la maison,
elle fait que manger. En fait... quand on a ce genre de situation...on n'va pas
détaillé... l'acide pas essentiel...voila. On s'adapte. En fait
l'éducation thérapeutique c'est aussi avoir la capacité de
s'adapter...voila.
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8'57
|
Malika
|
A quel moment vous intervenez pendant l'activité ETP ?
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8'60
|
Laura
|
En individuel, ...je lui apporte les connaissances, je
l'accompagne dans son apprentissage...c'est moi qui gère... moi je
travaille sur pourquoi le diabète est perturbé. Après, il
m'explique qu'il fait son insuline toujours au même endroit et quand il
se souvient de la faire. Là, moi je peux rebondir sur ça et je
travaille là-dessus. Mais spontanément, je ne vais pas prendre le
catalogue dès le début. C'est quand même quelqu'un qui
connaît sa maladie. Qui sait à peu près faire ses
dextros...son insuline...voilà. Il vit ça au quotidien. En
groupe, si avec la diète, elle apporte sa partie, moi je note si besoin,
j'interviens si ça à un lien avec la physiologie...si avec le
médecin, pareil...après moi je rajoute des explications si
besoins...c'est vrai que je n'interviens pas beaucoup, mais chacun son
rôle. On peut apporter des conseils ou des réponses
supplémentaires si a besoin à un moment donné. Parce que
s'il est là c'est qu'il a quelque chose qui cloche. Au niveau de la
prise des trois mois ou en est-il. Il va vous dire que ça a
augmenté. Donc, on essaie de creuser pourquoi...voilà. Ça
peut être lier à je ne sais pas moi. On peut partir sur plein de
pistes. Ça peut être le stress...euh...à ce moment on
essaie de savoir qu'est ce qui se passe...voilà. Des fois, il en a
mare...euh...il en peut plus en ce moment, il a un peu lâcher prise sur
l'alimentation...sur l'activité sportive. On s'aperçoit qu'il n'y
a pas
|
148
|
|
de contrôle. Qu'est ce qui fait qu'il n'y a plus de
contrôle..,voilà. C'est souvent quand même un contexte
général.
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9'58
|
Malika
|
Pouvez-vous me décrire votre activité pendant une
journée d'ETP ?
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10'01
|
Malika
|
J'écoute les transmissions pour voir un peu..,je ne
peux pas commencer sans savoir..,souvent on se parle un p'tit peu..,et puis ma
collègue me dit..,il faudra le voir parce qu'il connaît rien..,ni
à la physiopathologie ni au diabète..,ça ça va
être des infos. Ensuite on va apporter un peu les outils pour savoir un
peu ce qui se passe. Ensuite on fera de l'éducation..,voilà.
|
10'22
|
Malika
|
De quels outils s'agit-il ?
|
10'23
|
Laura
|
Sur une découverte je le vois en chambre..,les
représentations qu'il a..,est ce qu'il a un grand père qui a un
diabète. Je dessine sur le tableau. J'explique c'est quoi le rôle
du pancréas..,comment se fait l'absorption du sucre en gros..,tout
ça. Et après seulement on fait de l'éducation parce qu'il
faut d'abord faire le point..,puis après..,forcément..,ce que je
dis c'est un peu speed. Il va retourner dans sa chambre, il va encore avoir des
infos..,c'est une façon de dire mais c'est quand même c'est des
choses qui vont être répétés. La
glycémie..,les mots déjà..,parce que rien que les
mots..,glycémie..,glycémie capillaire..,je ne sais pas
moi..,l'hémoglobine..,et il va entendre des choses comme ça. Il
n'va pas tout retenir d'emblé. Ça va être
répété..,répété. Et puis tout ce
qu'on fait..,on transmet sur le dossier patient.
|
11'05
|
Malika
|
Comment procédez-vous au choix des thèmes en ETP
?
|
11'08
|
Laura
|
Le choix des thèmes en séance individuelle,
ça diffère d'un patient à un autre. Par exemple hier,
j'avais un patient qui est arrivé..,je lui dit..,c'est bon alors la
surveillance glycémie..,mais alors ce patient sans insuline retard rien
du tout..,il mange des repas complètement farfelus, l'activité
physique néant. Enfin rien..,il ne bouge pas..,donc lui
d'emblé..,il va rien faire. Donc..,lui..,on se dit : est ce qu'on peut
en tirer un peu de positif. Qu'est ce que vous seriez près à
faire en négociation un peu voilà. Là où il peut
nous aider. Nous..,on peut faire le traitement. Mais après..,lui
à domicile..,il faut que les choses se poursuivent. Il a dit par
exemple..,moi l'activité physique c'est hors de question voilà.
Donc ce n'est pas la peine de proposer d'emblé..,euh..,lui.., il l'a dit
c'est ça..,donc ce n'est pas ça qu'on va travailler..,s'il n'est
pas près..,il n'est pas près voilà. Quand même on
peut entendre ça. Il y a des gens qui ont des activités..,ce
n'est pas évident même s'il faudrait faire 3 injections
d'insulines. Pour l'instant à défaut de tout lâcher ou de
ne rien faire c'est mieux. Si on l'oblige ça va le faire un mois deux
mois et après on voit que ça décroche. Par contre le
DG..,là c'est vrai que c'est un peu urgent. Je vois que le
DG..,elle..,elle réalise qu'il y a un bébé..,ils sont
deux..,
|
12'08
|
Malika
|
Proposez-vous l'ETP à tous les patients atteints du
diabète ?
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12'11
|
Laura
|
Sur la chronicité..,on a le temps de travailler l'ETP.
Je veux dire qu'on n'est pas à 15 jours. Ce n'est pas en 15 jours qu'il
va mettre sa vie en péril. Il y en a qui n'font jamais tout seul.
Ça va être une infirmière à domicile. Ce n'est pas
grave c'est à nous de s'adapter en fonction d'eux..,Il y en a qui ont
des troubles..,à nous de s'adapter à..,à ceux qui ont des
troubles cognitifs..,ou une incapacité de faire une injection tout
seul..,ou parce qu'ils ne veulent pas..,ou parce qu'ils ont peur. Moi..,je
vois..,il y a un monsieur qui a été hospitalisé plusieurs
fois. Je lui ai expliqué.., ré expliquer en plus de
l'éducation..,mais rien à faire..,là..,il faut juste mieux
trouver quelque chose pour que le diabète reste
équilibré..,qu'il soit bien traité. C'est
l'horreur..,qu'il dit. Là..,c'est plutôt que l'information..,c'est
ce qu'on peut faire pour lui. Il y a une dame qui dit qu'elle a peur de
l'aiguille..,donc on lui montre..,on lui explique..,on lui montre sur un autre
patient..,on essaie de trouver autre chose. C'est-à-dire dans la
chambre..,c'est elle qui le fait. On reste à côté et une
fois que ça se passe bien..,voilà. C'est difficile pour les gens
d'emblé comme ça d'adhérer à tout. Et puis des fois
ça marche deux à trois semaines et puis à la
maison..,ben..,c'est différent..,euh. En fait c'est il y a tellement de
choses qui rentrent en jeu qu'il ne faut pas passer à
côté.
|
13'22
|
Malika
|
Que représentent ces choses?
|
13'23
|
Laura
|
Et ben. En ETP, ça peu être émotionnel, le
coté familier, le coté de rythme de vie, il y a tout plein de
choses. Il y aussi le coté financier pour l'alimentation. Nous on est
bien attentif à tout ça, on travaille sur ça en ETP. En
soin on n'a pas le temps d'aborder ses choses, on est plutôt
centré sur l'acte médical, pas sur le patient. Le temps n'est pas
géré pareil, je dirai on est plus relaxe en éducation. On
va essayer de trouver avec le patient quelque technique qui nous aide pour que
ça évolue favorablement. Il faut qu'on ait une alimentation
standardisée, une hygiène de vie, un peu d'exercice physique
ça peu être la marche par exemple pas forcement en club. Voila. Et
tout ça pour avoir un diabète un peu équilibré on
va dire parce que sur la chronicité ce n'est pas évident de
|
149
|
|
rester sage on va dire. Et tout ça pour nous ce n'est
pas juste des orientations simples. Ce sont des orientations qui pèsent
dans la balance. Ce qui apporte finalement un impact réel sur et sur
l'équilibre glycémique et sur...pour la personne.
|
13'58
|
Malika
|
Comment vous recrutez ces patients ?
|
13'60
|
Laura
|
Le patient quand il vient ici il est adressé par le
médecin diabéto encore souvent par un médecin
traitant...ou des urgences. Et puis nous, on démarre l'entretien, on
leur dit qu'est ce que vous attendez de l'hospitalisation. Qu'est ce que
j'attends : là déjà ils ne sont pas encore acteur. On lui
dit de venir, il obéit, puis, ils finissent par le dire...ben oui je
m'étais quand même aperçu que ce n'était pas
terrible les résultats ou voilà. On a la barrière le
patient ne veut entendre que le médecin. Mais il faut qu'on règle
tout. Comment on va retourner...Finalement le patient il se met comme
même dans le mouvement. C'est-à-dire on se dit quand même
qu'il va pouvoir être acteur de ce qui se passe quand même. Et
puis, il y en a qui disent d'emblé, moi je ne suis pas médecin,
moi je veux régler le problème. Il faut mettre les choses
à plat et tout voilà. Mais ça c'est tout au début.
Ça dépend du début s'il passe en urgence et, de l'urgence
il vient, ou c'est la nuit qu'il arrive, ou par l'intermédiaire d'une
consultation programmé, pas programmé, envoyé
par...enfin...ça c'est à nous justement dévaluer au tout
début de l'entretien. A nous de savoir, qu'est ce qui fait qu'il soit
arrivé ici. Est-ce que c'est vous qui aviez tiré la sonnette
d'alarme. Est-ce que c'est votre femme, votre médecin. Il faut savoir,
qu'est ce qu'il sait faire. Souvent on donne un carnet de suivi...c'est quoi un
carnet voilà.
|
14'12
|
Malika
|
Quelle est la durée d'un entretien thérapeutique
?
|
14'14
|
Laura
|
C'est aléatoire...le diagnostic et les séances
individuelles durent une heure si on fait vraiment un projet avec des...des
objectifs bien précises. Avec une éducation initiale, un suivi et
tout ça.
|
14'24
|
Malika
|
Quelles compétences sollicitez-vous pendant
l'activité d'ETP ?
|
14'27
|
Laura
|
En formation il nous donne une situation. Un...fait le
patient... l'autre fait le soignant. On laisse faire le sketch entre
guillemets. Après, selon l'analyse et le niveau de chacun...on se rend
compte qu'il ne fallait pas faire comme ça...ou...on est peu être
passé par une autre voie. L'attitude aussi...euh...il ne faut pas se
tenir comme ça par exemple de face...alors qu'on devait se mettre sur le
côté. C'est ces petites choses simples juste sur l'attitude.
Déjà le patient quand il se sent écouté...ça
change le contact. Le premier contact est primordial.
|
14'54
|
Malika
|
Faut-il passer par la formation pour avoir ces compétences
?
|
14'57
|
Laura
|
On va dire que la formation nous aide à prendre
conscience de ces compétences. Euh...pour moi un soignant qui va exercer
par exemple dans un service où il va rencontrer des gens d'une
manière ponctuelle, je dis pour des pathologies aiguës dans un
service de chir...par exemple, il ne va pas avoir développé au
cours de son expérience une expertise en éducation
thérapeutique. Par contre, un soignant qui travaille dans un service
où il rencontre des pathologies chroniques depuis une vingtaine
d'années, intuitivement, même sans avoir conscience, elle va
pouvoir développer des compétences qui la dirigent vers les
compétences nécessaires à l'éducation comme
l'écoute, la reformulation, l'attitude et tout ça...
|
15'32
|
Malika
|
Même sans formation?
|
15'33
|
Laura
|
Même sans formation. Après, ça sera des
compétences comment dirais-je, plus personnel...euh...intuitives. Et
ça ne veut pas dire que la formation n'est pas...euh...ne rajoutera pas
une plu value bien évidement. Mais je pense que naturellement, quand on
travaille dans certains services, en pneumologie ou en...euh...en
diabétologie, et puis quand on a aussi...une grande expérience
dans ces services, je pense que ça dépend aussi du
caractère du soignant et de sa personnalité. C'est un ensemble on
va dire. Et ça joue beaucoup sur le comportement du soignant.
|
16'06
|
Malika
|
Pour vous les soignants qui travaillent en chir ne peuvent pas
éduquer ?
|
16'09
|
Laura
|
En fait, ils peuvent éduquer à l'auto sondage
par exemple. Mais ça passe au second plan. Dans les services où
il y a une pathologie chronique, on se rend compte en fait qu'on n'est pas dans
l'urgence. On est dans la qualité et dans une prise en charge à
longue durée et du coup l'éducation thérapeutique est
mieux adaptée. Mais en chir c'est de l'aigu, on développe
beaucoup plus des compétences de soins d'urgences on va dire, le
relationnel et l'écoute du patient sont un peu négligés.
On ne peut pas il y a beaucoup de soins à faire dans ces services. Donc,
je ne sais pas si ces soignants veulent vraiment intégrer l'ETP ou pas,
en plus c'est une question de personne, de caractère, et...et... de
savoir faire et être avec le patient et ce n'est pas tout le monde qui
l'a même
|
150
|
|
en étant soignant...voila.
|
16'44
|
Malika
|
Percevez-vous une différence entre l'éducation au
soin de l'éducation thérapeutique ?
|
16'48
|
Laura
|
Mais c'est un soin qu'on va mettre au même niveau qu'un
autre. Oui oui pour moi c'est évident. Moi je suis sensibilisé
déjà, vu que je fais ça depuis 12 ans, on va dire.
Ensuite, j'ai fait une formation de 40 h. Donc pour moi l'éducation
ça aller de soi. Pour moi c'est comme ça que je vois mon
métier. Je ne le vois pas sans. Sinon c'est un métier qui est
dénué de sens. Donc, pour moi c'est inclus dans la prise en
charge et après le fait de faire la formation ça a
renforcé. Je ne peux pas travailler sans éducation, les deux se
complètent. Ça me donne des outils, ça ouvre les yeux sur
certaines choses. Ça améliore les prises en charges. Ça
renforce les convictions personnelles. Je ne peux pas choisir entre les deux.
L'éducation au soin, est différente de l'ETP, déjà
l'organisation, le temps, la posture, sont pas pareil. On fait l'acte
médical, on informe le patient, mais sans plus. Je ne vais dire au
patient qu'est ce que tu penses du soin je sais que c'est
désagréable...voila. En plus je suis concentrée sur le
soi, pas sur la personne...voila. En plus je suis concentrée sur le
soin, pas sur la personne, il n'y a pas ce face à face qu'on a en
séance éducative...on ne regarde pas le patient, on observe pas
ses réactions, on se centre sur le pansement, sur la perf si elle passe,
mais pas sur le patient...
|
17'21
|
Malika
|
Procédez-vous à une organisation spécifique
pour la réalisation d'ETP ?
|
17'24
|
Laura
|
Des soignants qui se sentent moins à l'aise à
faire de l'ETP, il y en a quand même qui sont un peu durs. C'est vrai que
c'est comme une classe. Si tout le monde pointe à 14h et c'est bien le
bazar, et, qu'il n'y a pas l'accueil de programmer. Déjà le
service complètement désorganisé avec des chariots par
tout. C'est sûr que ça n'donne pas une image très positive
pour la prise en charge. C'est déjà même si la chambre
n'est pas prête et que voilà on arrive à leur dire...
euh...bonjour on vous attend. Déjà on vous attend...ça
change tout...même si ce n'est pas prêt...c'est important de leur
expliquer qu'on les attendait et que la chambre va bientôt être
prête. C'est important de les laisser attendre sur un siège tout
seul. Il se dit il n'y a personne qui vient me voir...il voit que les soignants
passent tous devant sans savoir qui est qui. C'est important d'expliquer. On ne
se dit pas par exemple il n'a pas besoin de savoir si on est près ou
pas. Non...on lui explique qu'il y a eu du retard et qu'on ne l'a pas
oublié. Moi...je trouve que c'est rassurant pour le patient de savoir.
Sinon le patient risque de renter chez lui le fait que personne ne s'occupe de
lui. Et comme il est stressé, et qu'il ne souffre pas, il n'a pas mal,
rien ne le retient, il rentre chez lui, ceci dit il risque de revenir par le
biais des urgences mais pour l'instant il ne réalise pas il n'a pas la
conscience de la maladie. Donc, pour moi l'accueil c'est très important
et surtout l'attitude qu'on a avec ces patients.
|
18'36
|
Malika
|
Adoptez-vous les mêmes attitudes avec les patients en ETP
qu'au soin ?
|
18'39
|
Laura
|
Moi je dis l'accueil dans l'éducation même pour
notre métier en général c'est très important,
même des fois certains soignants semblent dépassés par
l'urgence et passe sans voir le patient qui attend dans le couloir. Moi, avec
du recul je trouve qu'il faut revoir nos habitudes de travail. Prendre du
temps, je ne sais pas s'organiser autrement peut-être et
ça...ça se discute. Enfin je reviens sur l'attitude c'est
important déjà. L'autre jour je me suis retrouver avec un patient
qui a une prescription médicale pour un diagnostic éducatif, il
arrive, il est déjà venu, ce n'est pas mal pour un chauffeur
routier, alors il est tout le temps assis dans son camion et pour
l'alimentation, alors il n'a rien mais rien mais rien à faire mais alors
la qui n'a rien à faire de l'alimentation. C'est...et quand il m'a vu,
je l'observe, il doit se dire : mais qu'est- ce qu'elle va me dire cella. Moi
j'arrive, bonjour je suis la référente éducatrice, il me
regarde, il essaye de faire demi-tour. Mais si je n'ai pas un peu
d'expérience on va dire et je l'aborde pas avec une attitude d'humour.
Alors là c'est mort. Donc le contact c'est un peu compliquer ce n'est
pas comme le soin. Au soin on s'impose, mais en ETP on s'adapte voilà
c'est un peu ça.
|
19'45
|
Malika
|
Faites-vous l'ETP en blouse ?
|
19'47
|
Laura
|
J'aimerai mais ce n'est pas possible. Ben non. Ici dans le
service on est tous en tenu de travail. C'est le règlement, ça
reste un service de soins on va dire.
|
19'55
|
Malika
|
Que représente pour vous l'apport de la blouse en ETP ?
|
19'57
|
Laura
|
Et ben...pour moi c'est l'image de la verticalité de la
relation ça représente la notion du savoir détenir le
savoir c'est moi qui sais. Et on veut partir dans l'idéal je pense que
pour l'éducation c'est quand même important d'oter la blouse du
moment que c'est le patient qui emmène les informations, c'est lui
l'acteur je veux dire. Et nous normalement on doit se positionner au second
plan, second rôle. Et ça...ça ce n'est pas évident,
si on est pas préparé et conscient de ça.
|
151
20'21
|
Malika
|
Et vous, êtes-vous au second rôle en ETP ?
|
20'23
|
Laura
|
Ah, oui. J'en ai pris conscience, ça ne sert à
rien de se braquer, et n'aboutir à rien en fin de compte du moment qu'il
s'agit d'un accompagnement pour le patient et que c'est lui qui nous apporte
l'info, déjà ce qu'il connaît pour pouvoir l'aider et lui
apporter ce qui est nécessaire, s'il est là c'est qu'il y a un
déséquilibre quelque part. Et nous on a le rôle de la
béquille pour que ce patient revoit ses habitudes de vie et
détecte l'événement déclencheur qui fait que ce
patient soit là. Pour moi c'est ça l'éducation.
Déjà dès l'éducation initiale c'est lui qui
parle.
|
20'58
|
Malika
|
Avez-vous des patients qui rechutent malgré
l'éducation ?
|
21'00
|
Laura
|
A oui souvent. Soit parce que le traitement ne marche pas tout
simplement et les résultats ne sont pas bons. Et finalement, ils disent
: ça sert à rien de se soigner. Et finalement, je fais bien mais
ça ne marche pas. Donc l'éducation...on leur explique que le
traitement ce n'est pas la cause. Et là le rôle de
l'éducation c'est de les aider à se rebooster...les
coachés voilà. On ne veut pas que ce soit top au niveau des
résultats, mais sur la chronicité on essaie de rester sur les
normes. C'est ça l'éducation.
|
21'29
|
Malika
|
C'est quoi une éducation initiale ?
|
21'31
|
Laura
|
En fait, on commence par l'éducation initiale, c'est le
diagnostic éducatif qu'on fait sur l'ordi en gros. Puis on
détermine les objectifs avec le patient, on fixe des rendez-vous pour le
suivi. Par exemple ce matin, il y a des personnes qui sont revenues deux mois
après l'hôspi. Ils avaient des objectifs à atteindre et
là on va voir ensemble comment ils ont géré tout
ça.
|
21'50
|
Malika
|
Faites-vous l'initial pour tous les patients ?
|
21'52
|
Laura
|
Nous on fait l'initial pour tous les patients
hospitalisés pour un diabète. On commence l'éduc dans les
chambres, ou dans le bureau, c'est personnalisé, bien sûr. Et puis
on propose le suivi et le renforcement et les ateliers.
|
22'03
|
Malika
|
C'est quoi le renforcement?
|
22'04
|
Laura
|
En fait, le renforcement ce n'est pas pour tous les patients.
C'est que pour les patients qui ont du mal à gérer, ou qui ont
besoin de plus de séance éducative, donc nous, on donne des
rendez-vous pour des entretiens de renforcement.
|
22'16
|
Malika
|
Le suivi se passe comment ?
|
22'18
|
Laura
|
On organise le suivi, en gros, pour les objectifs qui ont
été fixé, les gens reviennent, pour voir s'ils ont atteint
leur objectif ou pas encore. Et le suivi peut se faire aussi au niveau du
réseau, donc ils ont le choix.
|
22'30
|
Malika
|
Tous les patients doivent passer par ces stades éducatifs
?
|
22'33
|
Laura
|
Alors...euh...en fait, ce n'est pas tous les patients qui
passent par ces stades éducatifs, c'est là, la question. Nous on
démarre un diagnostic éducatif, il y en a qui passe par les trois
stade et d'autre non, il y en a qu'on ne voit qu'une fois, et qui ne reviennent
plus, d'autre font que deux stades, et d'autre viennent
régulièrement. Voila.
|
22'48
|
Malika
|
Vous les rappelez ces patients ?
|
22'50
|
Laura
|
Ben, c'est la question, nous on fixe des rendez vous, le jour
même si la personne n'est pas venue, nous on appelle, on laisse un
message, et puis voila.
|
22'58
|
Malika
|
Faites-vous le suivi téléphonique ?
|
22'60
|
Laura
|
Ah, non, non, on ne fait pas le suivi
téléphonique, on n'a pas le temps. En plus on n'a pas
discuté de cette organisation, je sais que ça existe, peut
être que c'est mieux pour les patients, le fait que le déplacement
n'est pas prix en charge et tout ça...mais, il faut tout une
organisation.
|
23'16
|
Malika
|
Ça perturbe votre organisation?
|
23'18
|
Laura
|
Je ne dis pas que ça perturbe. Mais si. Du moment
où je commence à donner des coups de fil, on va dire si j'en
donne 3. On va dire 20 minutes pour chaque patient. Alors que je suis en
consulte, j'ai des patients dans les chambres à voir, sans oublier les
nouvelles consultes. Sans oublier ceux qui se présentent sans
rendez-vous qu'on prend aussi parce qu'ils viennent c'est que ça ne va
pas. Donc, il faut toute une organisation à mon avis.
|
23'45
|
Malika
|
Avez-vous perçu un changement dans vos habitudes de
travail ?
|
23'48
|
Laura
|
Le changement c'est dans la conscience de l'écoute peut
être. Peut être que je faisais naturellement. Mais, je n'en avais
pas forcement conscience...la
|
152
|
|
conscience de l'écoute et d'autres outils...
|
23'59
|
Malika
|
De quels outils s'agit-il ?
|
24'01
|
Laura
|
Il y a quelques outils par exemple utilisés en
entretien motivationnel, donc réemployés, que je ne faisais
pas...euh...pas couramment. L'importance du diagnostic éducatif.
Euh...le...le...ça je le faisais déjà. Ça m'a
renforcé, le fait de ne pas multiplier les objectifs
thérapeutiques et les rendre vraiment adapter au besoin du patient. Et
puis bien explorer tous les domaines du patient. En fait ne pas chercher une
solution qui euh...qui pour lui ne correspond pas à un problème.
Nous ça correspond à un problème, quand on voit la
situation. Mais si pour lui ce n'est pas un problème, ça ne sert
à rien de chercher des solutions. En fait c'est vraiment se coller
à sa vie en fait. C'est un accompagnement. Donc, ces mesures nous
orientent, ... nous cadrent à prendre en charge le patient dans sa
globalité, on ne se centre pas que sur le soin comme avant les
traitements, l'insuline, le régime...on imposait des choses, là
ce n'est pas pareil, on a un programme à suivre, on fait le diagnostic
éducatif, les séances et tout ça.
|
24'42
|
Malika
|
Pourriez-vous me parler de vos outils éducatifs ?
|
24'44
|
Laura
|
Les instruments éducatifs...Il faut bien débuter
par un diagnostic éducatif. Utiliser justement des techniques de
communication, prévoir, planifier un programme...évaluer,
suivi... Et puis, il y a nous, les patients, ce qui accompagne, les ateliers,
l'ordinateur, le diagnostic, ... c'est les moyens, et puis il y a les outils...
visuels comme les cartes, les schémas. C'est la méthode et puis
il y a les outils...euh...et bien il peut en exister autant qu'il n'existe de
personne...euh...je pense. Je ne pense pas qu'il y a un
outil...euh...qui...soit valable pour tous le monde voilà.
|
25'21
|
Malika
|
A quoi est liée cette diversification d'outil ?
|
25'23
|
Laura
|
Etant donné que la population...euh...la
majorité de la population diabétique par exemple pour le DG,
c'est des femmes que j'ai vu jusqu'à présent sont d'origine
Centre Africaine ou Nord Africaine, il y eu des origines...euh...Indou...enfin.
Et bien je voudrai...en fait je viens d'en discuter avec l'externe la
dernière fois et j'ai appelé l'Hôpital de Bobigny, j'ai
appelé à...je voudrai trouver des outils justement qui me... qui
me permettent de mieux m'adapter à cette population. Donc, là je
ne veux pas forcément créer d'outil. Mais, je souhaite reprendre
des outils qui ont été déjà utilisés
dans...dans certaines régions quoi. Donc, là pour l'instant je
suis en recherche...euh...on ne m'a pas donné de suite, j'attends. Sinon
je vais essayer de le créer moi-même, ce n'est pas grave.
|
26'10
|
Malika
|
Et vos outils actuels?
|
26'11
|
Laura
|
Là pour l'instant...euh... les outils qu'on a, ils ne sont
pas suffisamment adaptés, oui.
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26'14
|
Malika
|
Par exemple?
|
26'15
|
Laura
|
Par exemple pour l'alimentation, il y a tout le monde comment
dirais-je. L'identité alimentaire est vraiment différente en
fonction de...des origines et du coup...elle...euh...toutes les
préconisations, tous les outils sont
adaptés...euh...à...euh...à des plats
traditionnels...français et euh...je souhaiterai que se soit aussi
adapter à des plats traditionnels euh...d'Afrique Centrale, d'Afrique du
Nord. Donc, je pense que c'est tout à fait faisable. Le tout c'est que
je sois suffisamment documentée. Et puis...et puis je m'appuie sur
d'autres expériences quoi. Il faut savoir que la majorité de la
population diabétique on va dire est étrangère je pense.
Donc il faut s'adapter. Au niveau de la maternité ça
représente plus de la moitié de la population, donc à ne
pas négliger je pense.
|
26'57
|
Malika
|
Quel rapport avec la maternité ?
|
26'59
|
Laura
|
En fait la difficulté avec le DG...euh...étant
donné qu'il y en a beaucoup en mater...donc, la mater nous envoie ces
patients et nous, on fait des consultations individuelles après le
premier entretien. Et là, on doit procéder en groupe pour une
première approche. En fait c'est en maternité qui qu'ils nous
inscrivent les femmes qui ont une glycémie à jeun
perturbée. Et après, on a un groupe d'emblé. Ça
commence par 2h d'information pour être le plus personnalisé
possible alors qu'on est en groupe. En donnant un maximum d'info au groupe, il
faut s'adapter, je dirai voila. En rentre plus au moins dans les détails
selon l'intérêt de chacun et puis selon les priorités
définies pour chacun.
|
27'42
|
Malika
|
Puisque le premier entretien se fait en groupe. Comment
procédez-vous à la personnalisation ?
|
27'46
|
Laura
|
En fait c'est ça la difficulté par ce que c'est
ça toute la difficulté. Et bien c'est que c'est qu'on les fait
parler comme même.
|
27'52
|
Malika
|
Et tous les patients participent ?
|
153
27'54
|
Laura
|
En groupe, les patients finissent par participer. Au debout
c'est difficile. Mais ils participent d'emblée. Ils nous expliquent leur
situation. Donc, ce qu'elles ont...donc le diabète gestationnel, si
elles ont déjà vécu ça etc. Ensuite, on fait le
lien avec l'insuline, on explique un peu la physiologie, le pancréas.
Ensuite, on reprend chaque situation sachant que le fait d'entendre l'autre par
exemple on effectue presque des entretiens alimentaires pour chacune. On pose
des questions comme : que prenez-vous au p'tit déjeuner mesdames, et
vous madame... Alors voilà, et tout le monde discute sur le p'tit
déjeuner. Ensuite...qu'est-ce que vous prenez comme boisson. En fait on
essaie de faire quelque chose de très personnalisé en
étant en groupe. Moi je prends note pour chacune d'entre-elles. Aussi en
même temps, on est en groupe, du coup elles se lâchent un p'tit
plus que si elles étaient toutes seules. Et donc, du coup on est plus
proche de la réalité. Finalement, même si on a moins de
temps c'est plus dur pour nous euh...ce n'est pas plus mal. Si vraiment je me
rends compte que nous avons abordé que quelques petites choses, et que
nous n'avons pas beaucoup de temps, et que le chemin va être long.
Contrairement aux autres pathologies le DG...le temps est bien
déterminé. Donc, alors je vais les revoir la semaine suivante,
alors que normalement je ne les revoie pas, c'est le médecin qui revoit
chaque patient avec son carnet. Et bien moi, si je vois que c'est
l'anarchie...et que ça nécessite d'approfondir je les revoie bien
sûr en individuel.
|
29'16
|
Malika
|
Avez-vous choisi cette méthode d'entretien en groupe avant
l'individuel ?
|
29'19
|
Laura
|
Non...Pour le GD, on n'a pas choisi de méthode, mais on
est obligé de procéder ainsi, si en maternité, ils
détectent 4 ou 5 patientes qui ont besoins d'être éduquer.
Nous on ne peut pas procédez en individuel, on n'a pas le temps. Le
mieux c'est le groupe et puis on personnalise si besoin. Mais si les patients
comprennent, et si nous, on a compris leur représentation et on les
écoute un petit peu. Ils adhèrent à cette méthode
d'ETP au début puis ils lâchent forcément après
l'accouchement. C'est comme dans tout. D'autant plus que ce n'est pas
évident de respecter un régime alimentaire français et
qu'on a d'autres habitudes alimentaires je pense.
|
29'55
|
Malika
|
L'introduction de l'activité d'éducation dans le
service a-t-il transformé vos habitudes de travail ?
|
29'59
|
Laura
|
Si forcement obligatoirement dans le sens où on
n'impose pas. On ne va pas dire : on va vous mettre sous insuline. On en
discute, c'est-à-dire...euh...ça prend plus de temps. Il faut
discuter. Il faut négocier et parfois on revient en arrière. Et
puis les gens négocient aussi sur les maladies chroniques, c'est comme
ça. Pourquoi c'est obligatoirement l'insuline et pas les
médicaments.
|
30'22
|
Malika
|
Avant?
|
30'23
|
Laura
|
Avant ça marché avec ce qu'on savait je trouve.
On ne savait pas faire autrement j'ai envie de dire. Donc c'est un peu comme
tout les outils qu'on nous met. Vous voyez maintenant il y a des outils qui
vont nous aider à pouvoir évaluer l'apprentissage de quelqu'un.
Avant on n'était pas ici, il n'y avait pas l'éducation
thérapeutique on était en médecine...tout ça
ça n'existait pas. Vous voyez ce n'est que des outils ça ne
s'adapte pas à tout le monde.
|
30'42
|
Malika
|
Avez-vous perçu un changement par rapport à votre
comportement ?
|
30'45
|
Laura
|
Oui forcément, on change de comportement personnel,
même dans la vie quotidienne on change, on est plus attentif, on change
de méthode on est plus dans la dictée on va dire faites ceci
faites cela. On écoute, on essaie de comprendre les habitudes de chaque
patient, on analyse, on discute avec lui comment il compte s'organiser, est ce
qu'il est prêt de modifier un peu ses habitudes ou pas. Comme pour
l'alimentation. Avant on leur disait de ne pas manger de féculant...ne
manger pas de ceci de cela...le même régime pour tout le monde,
tous pareil. Maintenant on adapte. Tout le monde n'a pas le même travail.
Il y a douze ans de cela. Mais on voit encore des patients qui nous disent qui
pensent encore qu'il ne faut pas du tout manger de sucre...ça arrive de
moins en moins mais ça arrive encore. Ils ont des représentations
du diabète un peu sévère, donc le diabète ça
fait peur, ça représente beaucoup d'interdit...et on ne change
pas comme ça des représentations d'emblé.
|
31'42
|
Malika
|
Comment percevez-vous la relation soignant/soigné en ETP
?
|
31'45
|
Laura
|
En fait, ce n'est pas du tout pareil qu'en soin.
Alors...heu..., en ETP, on est au second rôle comme je l'ai
déjà dit. Déjà ça change tout. Donc, c'est
le patient qui est acteur de sa situation. Nous on a plus le rôle
d'accompagnement et de réajustement on va dire. Donc le patient est plus
alaise, il raconte son vécu, il apporte beaucoup de choses. Nous on est
en position d'écoute, plus d'écoute pour pouvoir
interpréter ce qu'il dit. Ce n'est pas juste une discussion et voila.
Non il faut beaucoup d'attention, de reformulation, s'il n'arrive pas à
voir les choses et tout ça. Donc la relation c'est une sorte
d'entretien, de
|
154
|
|
dialogue, c'est plein d'émotion aussi.
|
32'23
|
Malika
|
Et la relation en soin ?
|
32'24
|
Laura
|
Ben...en soin, c'est nous qui sommes acteurs
déjà. Lui il consent le soin on dire sans trop de questions. On
plus on n'a pas le temps de discuter sur tout, sur tout pas sur son
vécu. Mais le patient quand il voit que le soignant est centré
sur le soin, il ne dérange pas trop on va dire comme si qu'il
connaît son rôle à ce moment. Ça parait bizarre mais
c'est comme ça.
|
32'47
|
Malika
|
Dans vos pratiques par rapport aux soins avez-vous perçu
un changement par rapport à la relation soigné/soigné ?
|
32'53
|
Laura
|
Moi, oui forcement, je fais attention, je regarde le patient
quand je fais le soin, je prête plus d'attention, plus d'écoute.
Et tout ça en lien avec mon statut d'éducatrice je trouve.
|
33'03
|
Malika
|
Et c'est comment par rapport à votre identité
professionnelle ?
|
33'06
|
Laura
|
Ça perturbe forcément mon identité de
soignante à chaque fois qu'il y a quelque chose de nouveau. Je pense que
l'adaptation, elle est aussi pour nous. Ce n'est pas si facile de faire
l'entretien éducatif...je veux dire. Ça nécessite des
compétences...euh...plein de choses voilà. Déjà les
gens attendent plus de réponses derrière. C'est quand même
l'expérience qui fait parfois les choses. Si on n'a pas le regard
incarné et on n'a pas l'expérience sur l'insuline, sur les
délais, sur l'alimentation, sur les petites choses. Je pense que parfois
que c'est l'expérience oui l'expérience de toute situation
vécue, on disant on s'était mal pris...euh...et on revoit nos
façons de travailler c'est important.
|
33'50
|
Malika
|
Et par rapport à la nouvelle organisation ?
|
33'52
|
Laura
|
La nouvelle organisation s'est faite au fur et à
mesure. Après, il y a le côté personnel...euh...et ce qu'on
a envie et ce qu'on n'a pas envie. C'est difficile...euh...il y a des jours ou
c'est difficile d'être à l'entretien. De se dire comment on va
amorcer avec certains patients. Ou parce qu'on ne peut être aussi
découragé parce qu'on voit ce qu'on fait. On n'a jamais
évalué l'éducation thérapeutique, dès fois,
on a quand même l'impression de s'y prendre mal parce que ça suit
pas. Aussi parce que l'équipe ne suis pas, c'est ce que je
dis...euh...le problème c'est qu'on fait l'éduc...mais qui
regarde derrière ce qu'on fait. Qui analyse les pratiques qu'on fait.
Moi, ça fait deux moi que je fais l'éducation, peut etre je m'y
prend à l'envers, peut etre c'est pas du tout ça ce que je fais.
Mais qui nous dit ça...personne.
|
34'44
|
Malika
|
Il n'y a pas de suivi ?
|
34'45
|
Laura
|
Il y a le suivi des patients mais c'est nous qui le faisons.
C'est le questionnaire de satisfaction pour le groupe et le pour le suivi, je
revoie le diagnostic ...pour le suivi ils ont le choix. Soit ici soit au
réseau Pour le suivi ils ont le choix. Soit ici soit au réseau.
Et c'est là que le réseau a son intérêt. Par exemple
pour l'activité sportive, il n'y pas des séances de kiné.
Ils ont tous un programme d'éducation...il y a des activités
diverses...ça peut être la marche...voilà.
|
35'03
|
Malika
|
Et le suivi professionnel?
|
35'04
|
Laura
|
Il n'y a pas le suivi d'un professionnel. Qui nous dirait si
c'est ça ce qu'on fait. L'analyse des pratiques qu'est ce qui la fait.
C'est ce qu'on disait à la réunion du service...l'analyse de
l'activité...il faut justifier de nos formations d'éducation
thérapeutique. Il faut justifier de tout ça. Mais qui vient nous
évaluer sur le terrain pour nous dire que finalement on ne fait pas
juste ce qu'on fait...on prend pas juste un thé avec le patient...et ben
personne...on remplit des dossiers sur l'ordi...qui regarde et remarque ce que
je marque en compte rendu...qui...pas du tout.
|
35'39
|
Malika
|
Et qui regarde ce que vous faites ?
|
35'41
|
Laura
|
Personne, il n'y a personne qui regarde ce qu'on fait... je
pense.
|
35'44
|
Malika
|
Et la continuité du suivi ?
|
35'45
|
Laura
|
Il n'y a pas de continuité pour le suivi, rien pour
l'instant.
|
35'46
|
Malika
|
Où se situe le problème à votre avis ?
|
35'48
|
Laura
|
En fait, le problème c'est l'outil de recueil de
données qui n'est pas assez polyvalent pour que chacun puisse allez
chercher l'information qu'il a besoin.
|
35'55
|
Malika
|
S'agit-t-il de la compatibilité de l'outil ?
|
35'57
|
Laura
|
Non...non je ne suis pas sûr. Mais au-delà de dire
que l'outil n'est pas adapté moi je ne suis pas forcement d'accord.
Quand je vois pour les transversaux en
|
155
|
|
tout cas et puis même pour les autres services le fait que
le compte rendu apparaisse dans les trans. Elles lisent toujours les trans
derrière.
|
36'16
|
Malika
|
A quel niveau se situe le problème à votre avis
?
|
36'18
|
Laura
|
En fait nous on n'est pas dans le dossier patient. Le dossier
éducation thérapeutique est un dossier dissocié du dossier
patient. Il faut ouvrir une autre
session pour que moi, je remets au point, je lui demande s'il est
marié, s'il a des enfants, sinon ça ne me valide pas mon
dossier.
|
36'34
|
Malika
|
Vos patients ont combien de dossiers ?
|
36'36
|
Laura
|
C'est que chaque patient a 2 dossiers, oui mais il faut
inclure le diagnostic éducation au dossier patient. C'est là
où je dis cela veut dire que les filles en hôspi n'ouvrent jamais
quasiment le dossier éducatif. Ce dossier...donc on peut partir sur deux
pistes différentes. C'est là où je me questionne quand le
patient nous dit : C'est hors de question, je ne me piquerai pas. Et qu'on
s'aperçoit qu'au moment de son retour à domicile et qu'on me
dit...euh...et ben...il ne s'est pas s'éduquer...il n'est pas
éduqué. Il ne s'est pas se piquer...euh...Et ben...non. Le
patient ne veut pas se piquer. Il faut lui mettre une infirmière
à domicile...c'est ce que j'avais mis sur son dossier éducatif.
C'est là où je me dis il y a quand même un problème.
Ça fait trois jours que je le vois...euh...je le mentionne sur son
dossier informatisé...mais personne n'a accès aux infos sur
l'ordi c'est la galère de communication entre collègues.
|
37'22
|
Malika
|
Une galère de communication?
|
37'24
|
Laura
|
Oui, forcement. Il y a deux outils différents.
|
37'26
|
Malika
|
Et vous le transmettez verbalement aussi ?
|
37'28
|
Laura
|
Ben...euh...normalement si on l'écrit on n'est pas
censé faire des transmissions à la longueur de la journée
alors. On le fait parce qu'on sait que ce n'est pas lu. Mais c'est difficile
à être derrière tout ça.
Là...là...c'est plus facile parce que c'est nous et...euh...sur
deux moi. Et avant on changeait tous les deux trois jours. C'était la
galère pour l'info.
|
37'48
|
Malika
|
La galère comment?
|
37'49
|
Laura
|
Et ben à chaque fois on fait entrer les données
de nouveau, parce que notre dossier d'éducation thérapeutique
n'est pas relié au dossier de l'hôspi c'est
tout...voilà.
|
37'54
|
Malika
|
D'accord. Et vous faites comment ?
|
37'56
|
Laura
|
En fait, il y a toute une partie administrative qu'il faut
valider à chaque fois. En plus on ne peut jamais rajouter sur une trans
ou revoir ce qui est fait avant. Donc si on n'a pas une bonne mémoire on
repose les mêmes questions à chaque fois, style s'il est
marié ou pas, si ceci si cela. Et tout ça c'est une perte de
temps en plus c'est gênant vis-à-vis du patient.
|
38'17
|
Malika
|
Et comment vous gérez alors ?
|
38'19
|
Laura
|
Et ben...quand le patient revient en entretien...hier par
exemple j'ai eu la chance de prendre monsieur dès l'entrée, donc
j'ai marqué tout et tout. Mais ma collègue pour faire son
entrée administrative elle a du reposer les mêmes questions que
j'avais déjà posé
donc...c'est...c'est...enfin...ça.
|
38'36
|
Malika
|
C'est comment pour le patient ?
|
38'38
|
Laura
|
C'est hyper désagréable. Et quand il revient
pour une autre éducation et répond à chaque fois aux
mêmes questions...lui...tu vois...tu vois...l faut à chaque fois
redire...redire...enfin...tu vois pour lui ce n'est pas pris au
sérieux.
|
38'49
|
Malika
|
Et c'est quoi votre ressenti ?
|
38'51
|
Laura
|
On perd du temps...on perd du temps alors. Maintenant pour moi
comme je connais bien ce logiciel et les trucs intérieurs...c'est facile
d'aborder l'entretien.
|
38'59
|
Malika
|
Et pour vos collègues?
|
39'01
|
Laura
|
Et ben...chacun fait comme il peut, on va dire ça comme
ça.
|
39'04
|
Malika
|
Discutez-vous entre collègues sur ces problèmes de
gestion ?
|
39'07
|
Laura
|
Euh...ben...non. En on parle comme ça sans plus. Mais
il n'y a pas eu de réunion disant on va parler des problèmes de
la gestion de l'éducation. Pour l'outil chacun fait comme il sait on va
dire et galère sûrement. Mais pas de suivi comme j'ai
déjà dit. Après en travaille avec les moyens qu'on a. mais
dommage par ce qu'on perd énormément de temps à transcrire
et retranscrire, alors qu'on pouvait avoir un seul dossier et tout le monde
peut le consulter au lieu de
|
156
|
|
séparer les deux dossiers alors qu'il s'agit du même
patient. C'est dingue, mais voila...
|
39'39
|
Malika
|
Pensez-vous que l'ETP doit être pratiquez par toutes les
infirmières ?
|
39'42
|
Laura
|
Ici, en diabéto je dirai oui, c'est très
important du moment qu'on traite une pathologie chronique, aussi tout le monde
sera sur le même fil pour la continuité, pour l'organisation,
c'est important, en plus si tout le monde pratique l'éduc, on aura les
mêmes visions, regard, euh. Les mêmes compétences, le
même langage quoi. Peut être là moi je procède
autrement, j'ai plus d'écoute, enfin ce n'est pas la même prise en
charge pour le même patient...oui ça serai bien si tout le monde
est formé...Mais, il parait que c'est une question de budget.
|
40'22
|
Malika
|
Travaillez-vous en équipe pluridisciplinaire en ETP ?
|
40'25
|
Laura
|
Oui, les ateliers de groupe c'est avec la diète, le
médecin s'il est disponible, il y a aussi le psychologue mais c'est lui
qui décide s'il voit les patients en groupe ou en
individuel...euh...l'atelier pied c'est avec une aide soignante formée
et moi-même. En fait, c'est un peu dur de travailler vraiment en
équipe pluri...euh, dès fois, les gens n'sont pas disponible, ou
ils ont des réunions, ou ils sont pris ailleurs...euh...donc c'est
vraiment dure de se connecter ensemble on va dire.
|
40'59
|
Malika
|
Pourriez-vous me décrire votre activité de
soignante ?
|
41'02
|
Laura
|
Oui oui, pendant dix mois consécutifs je travaille avec
mes collègues comme infirmière simple médecine et en
diabéto on va dire...donc, je commence à 6h30 jusqu'à
14h30...dès fois ça déborde..., le matin dès
l'arrivée, je fais les trans, je prépare mon tour du matin, donc
mon chariot de soins, les traitements en perf ou en peros, je fais les
toilettes avec l'aide soignante si besoin, les réfections des lits et
tout ça voila. On donne les petits déj, on vérifie les
glycémies, on éduc à l'auto-injection, je fais les
pansements si besoin...euh...le tour avec le médecin, je réponds
aux communications, je fais les entrées des urges, les sortie...voila.
Ensuite je distribue les médocs du midi, je fais ou je vérifie
les dextros...euh...je vérifie si les patients ont mangé ou pas,
donc, j'oriente, je conseil...Et en fin de matinée, je fais mes trans
écrites sur le dossier patient et sur l'ordi...euh...on fait les trans
orales avec l'équipe d'après-midi ...voila...euh... Et si je suis
du soir, c'est de 14h15 à 91h15. En gros c'est pareil, sauf qu'on fait
en plus les sorties et les entrées des patients et on ne propose pas les
toilettes, sinon on fait énormément de paperasse, on
prépare les dossiers des entrées programmées, des staffs,
on fait aussi les réunions...
|
43'35
|
Malika
|
Avez-vous des choses à rajouter ?
|
|
Laura
|
L'éducation ça nécessite d'être
plus compétent et avoir plus de connaissance je trouve. Ils veulent des
réponses plus précises plus adaptées. Le fait de
généralisé les choses par rapport au groupe, moi je trouve
que c'est bien aussi. On n'est pas obligé d'être pointilleux dans
tous les domaines. Alors vraiment si on veut personnaliser la chose il faut
être pointilleux et faire des diplômes dans tout. Ce n'est pas le
but. Les patients, si nous on arrive à expliquer bien les choses et
s'ils connaissent et s'ils imaginent. Le moment privilégié avec
le patient va être transmit aux collègues. Et du coup ces
collègues doivent être dans la même démarche. Si la
personne se sente écouté, se sente respecté et autonome
dans ses choix et ses prises de décisions. Ça ne se
déroulera pas forcement mieux si on l'oblige ça ne va le faire.
Du coup ça nous oblige à nous comporter un peu
différemment malgré tout. Mais pour arriver à faire tout
ça il faut qu'il y ait plus de communication entre nous et que le
logiciel ne beugue pas. Et tout ça il faut du temps, et le temps c'est
le problème de tout le monde je trouve. Voila.
|
45'23
|
Malika
|
Merci pour cet entretien et bonne continuation.
|
157
Script de l'entretien avec Infirmière en service
de Cardiologie Hôpital de Blois
Entretien réalisé le 18/06/2015
Nous allons faire un entretien d'une quarantaine de minutes,
si vous êtes d'accord, cet entretien concerne votre activité
d'éducatrice. Je vais donc vous poser quelques questions pour orienter
le discours. Notre objectif n'est pas de juger votre façon de
travailler. La majorité des questions sont ouvertes volontairement pour
vous laisser répondre le plus spontanément possible, sans vous
influencer.
0'00
|
Malika
|
Vous pouvez commencé.
|
0'01
|
Sophie
|
J'ai la trentaine infirmière à l'hôpital
depuis 13 ans.
|
0'03
|
Malika
|
Depuis quand dans ce service ?
|
0'05
|
Sophie
|
Depuis 9 ans.
|
0'06
|
Malika
|
Vous étiez dans quel service avant ?
|
0'08
|
Sophie
|
Avant j'ai commencé en médecine polyvalente.
J'ai fait 3 ou 4 mois. Donc j'allais dans les services. En fait on est
titulaire dans l'hôpital mais pas dans le service. Ensuite j'ai fait une
structure d'EPAD une structure de gériatrie pendant 6 mois. A
l'époque on faisait 2 mois de nuit. Ensuite j'ai intégré
le service des urgences, je suis resté 2 ans et demi enfin presque 3. Et
après j'ai intégré la cardiologie en remplacement et puis
j'ai postulé et j'y suis resté.
|
0'32
|
Malika
|
Le travail d'ETP représente-t-il un choix pour vous ?
|
0'34
|
Sophie
|
On m'a proposé le poste d'éducatrice. Et j'ai
accepté. En fait on avait les deux programmes qui étaient en
cours en 2011. Le cadre qui est parti m'a proposé le poste. On avait 50%
dédié à l'urgence cardiologique, on faisait le
déchocage lundi mardi mercredi de la semaine, et le jeudi vendredi de
l'autre semaine... on recevait tous les patients qui venaient pour un motif
cardiologique. L'idée c'était de désengorger un p'tit peu
les urgences et puis prendre ce qui était spécifique à la
cardiologie.
|
0'55
|
Malika
|
Dans quel cadre l'ETP a été instauré dans
votre service ?
|
0'59
|
Sophie
|
En fait il y a eu le changement et on fait de l'ETP depuis
2011 parce que l'effectif médical s'est retrouvé réduit.
Les internes sont passés de 4 internes à 1. Donc si vous
voulez...au niveau des urgences de 9h30 à 17h30 il fallait qu'il y ait
toujours quelqu'un et le médecin ne pouvait pas faire les visites le
matin pour se détacher aux urges l'après midi. Depuis 4 ans on
n'en a qu'un interne par semestre. Donc depuis, le cadre a dispatché 20%
sur l'ETP et 30% sur les consultes externes. Ensuite on a augmenté l'ETP
à 50% et là...euh...on est depuis cette année à 20%
ce qui correspond à une journée parce que la file active n'est
pas suffisante il n'y a pas assez de patients.
|
1'34
|
Malika
|
Vous êtes la seule éducatrice dans le service ?
|
1'36
|
Sophie
|
Dans le service sur 15 infirmières, il y avait une
collègue qui a fait le DU en éducation, qui est parti et
là il y a moi. Et là...je vais changer de poste et il va y avoir
une qui me remplacera j'espère.
|
1'47
|
Malika
|
Avez-vous suivi une formation pour la pratique d'ETP ?
|
1'50
|
Sophie
|
Moi j'ai suivi la formation continue de 40 h d'ETP. Le jeudi on
fait de l'ETP et les autres journées on est dans le service. Je suis sur
les deux programmes.
|
1'58
|
Malika
|
Avez-vous un temps dédié à l'ETP ?
|
1'60
|
Sophie
|
Oui j'ai 20% de mon temps sur mon planning du mois. Donc tous
les jeudis. Ce jour là... je suis de journée de 9h à 17h.
Je suis sur les deux programmes en fait.
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2'11
|
Malika
|
De quels programmes s'agit-il ?
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2'13
|
Sophie
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Le programme pour les patients souffrant d'insuffisance
cardiaque...et...euh...le programme pour les patients atteints de troubles du
rythme ou de thromboemboliques.
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2'24
|
Malika
|
Là, je viens d'assister pendant 40 mn à un
entretien entre vous et une patiente. S'agit-il d'un entretien
éducatif?
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158
2'29
|
Sophie
|
On fait non...là...la dame est venue en consulte
externe non programmée. Le médecin a diagnostiqué une
arythmie, il l'a mis sous traitement anticoagulant, il m'a demandé de la
voir. Donc elle est là... sans vraiment comprendre. C'est...que sur
l'information.
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2'41
|
Malika
|
Comment vous définissez l'information de
l'éducation et de la persuasion ?
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2'44
|
Sophie
|
L'information on donne des infos...des indices...je dirais des
explications sur la maladie. On répond aux questions...voilà.
Mais l'éducation on parle sur la qualité de vie. La dame je lui
pose pleines de questions, j'ai l'impression que je suis un extra
terrestre...elle me dit vous avez peur que je me blesse. Et ben...euh...avec la
vie de tous les jours visiblement...il n'y a pas eu de changement au niveau des
habitudes de vie chez cette dame... alors qu'elle souffre d'une insuffisance
cardiaque. Ce n'est pas rien quoi. Vous faites toujours votre jardin. Lorsqu'on
a une insuffisance cardiaque chronique la personne ne peut pas faire tout
ça...Voilà. L'éducation c'est sur les maladies chroniques.
Par contre, si cette dame n'est pas convaincue et ne réalise pas, moi je
ne peux pas être persuasif. En éducation ce n'est pas le but,
déjà on ne peut pas imposer une éducation, en plus, si le
patient n'est pas d'accord pour un suivi thérapeutique ça ne va
pas se faire, on ne peut pas le convaincre, il faut discuter et trouver une
solution. Donc nous on l'aide, on l'accompagne dans sa maladie à trouver
des issues pour se rétablir. Elle... ça reste de l'aiguë et
ce n'est pas encore chronique. Elle parlait d'elle-même, mais elle ne
détaillait pas trop. J'ai un peu l'impression qu'elle est un peu
surprise de ce qui lui arrive. Elle a déjà fait un infarctus il y
a 6 ans... mais après...euh...l'arythmie c'est quelque chose qui arrive
après. Pour eux c'est passé, la crise est passée. Il y a
eu un traitement, il n'y a pas d'incidence pour la suite. Après elle
fait de l'hypertension depuis l'âge de 33 ans. Après l'alcool...ce
qu'elle a pu prendre...on pourrait le prendre en famille. Effectivement pour
certaines personnes ça peut se développer. Il y en a qui vont
sentir le palpitant. Mais après il y a une différence entre le
coeur qui va palpiter d'une façon régulière et
l'arythmie.
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4'06
|
Malika
|
Vous définissez comment cet entretien ?
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4'08
|
Sophie
|
Là pour elle la fonction est
déstructurée. C'est beaucoup plus éducatif mais moins
thérapeutique. Ma dame si je la verrai, on aurait fait le point sur le
comment elle vie, comment elle prend le traitement, est ce qu'il y a une
incidence par rapport à sa vie de tout les jours. Et je lui propose un
diagnostic éducatif. Là elle est venue en consulte, le
médecin lui annonce une arythmie et me demande si je peux la voir. Moi
je ne peux pas lui proposer d'emblé l'éducation, elle ne comprend
pas ce qui lui arrive.
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4'32
|
Malika
|
Pourriez-vous me décrire le déroulement d'une
séance éducative ?
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4'35
|
Sophie
|
Après les transmissions, je vais voir en individuel les
patients dans les chambres, c'est le jeudi...la personne je lui explique un peu
la pathologie, je lui présente un peu les planches pour voir si elle a
compris comment fonctionne son coeur. ...pour détecter ces
compétences... la personne va faire le lien. ...le jeudi en
séance sur rendez-vous, je lui pose des questions sur les facteurs
déclencheurs...je rebondis pour plus de détail...Elle sais que
l'alcool peut déclencher certaines choses, je ne vais pas travailler sur
ça. Elle a compris que c'est un des facteurs. Euh...l'hypertension je
demande comment elle gère...voilà. Après je lui demande si
elle voit quelque chose qui va rester dans le temps. L'arythmie c'est à
vie. Et les traitements...je ne sais pas si elle sait le rôle de chaque
traitement...donc je lui demande. Ce qu'elle a...c'est des crises qui peuvent
revenir. Je lui demande si elle se pose des questions, elle m'a dit...qu'elle
veut faire son jardin comme avant, je sais qu'elle n'aura plus les mêmes
capacités, donc on va travailler sur ce sujet, sur le risque de se
couper, si c'est le cas comment elle va réagir, qu'est ce qu'elle en
pense de tout ça voilà...euh ...à chaque séance, on
revoit les compétences et on réajuste...ensuite je trans sur
l'ordi...
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5'36
|
Malika
|
A qui proposez-vous le programme d'ETP ?
|
5'38
|
Sophie
|
Le programme c'est le médecin et puis l'équipe
car ils sont éduqués sur le temps d'hospitalisation. Si on voit
bien que la personne a des ressources et peut développer des
compétences, on lui propose le programme. Ce n'est pas proposé
d'une manière directe, on ne fait pas remplir un consentement. Ce n'est
pas présenté par le médecin disant...vous aurez une
infirmière qui va vous faire de l'éducation.
|
5'58
|
Malika
|
Ça se passe comment?
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5'60
|
Sophie
|
L'infirmière qui a le patient en charge sur son
secteur. C'est elle qui lui donne le traitement et évalue un peu ses
compétences. Elle l'éduque au traitement, la conduite à
tenir. Pour les patients qui sont sous anti-coagulant...l'infirmière va
prendre un temps donné dans sa journée et va prendre le patient
un p'tit temps pour lui expliquer qu'est ce que c'est le traitement et voir un
peu les compétences à développer s'il peut les
acquérir.
|
159
6'28
|
Malika
|
Pensez-vous que l'ETP doit être pratiqué par toutes
les infirmières ?
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6'31
|
Sophie
|
Je pense que oui mais je ne sais pas si elles veulent
pratiquer l'ETP et changer d'habitude de travail...euh...déjà,
...elles ne sont pas formés pour, je ne sais pas si elles peuvent, car
c'est l'hôpital qui forme...euh...j'ai entendu que c'est une question de
moyens. Mais elles ont à leur disposition l'outil informatique farma
pour expliquer les médocs et pourquoi on les donne. Donc, elles
proposent l'ETP, sauf après, qu'elles ne gèrent pas. Mais pour
faire de l'éducation il faut plus de temps pour chaque patient,
après au moment des soins on ne peut pas faire l'éduc, je ne sais
pas, il faudrait une autre organisation peut être.
|
6'44
|
Malika
|
C'est qui forma?
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6'45
|
Sophie
|
Elles sont formées à farma, c'est un
logiciel...un support qui présente les traitements qu'ils ont en cours.
En fait l'infirmière éduque à la conduite à tenir
en fait c'est pratico-pratique.
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6'54
|
Malika
|
Et vous quel est votre rôle dans cette organisation ?
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6'57
|
Sophie
|
Moi...à ceux qui on propose un diagnostic
éducation. Je retourne la conversation. Est-ce que vous connaissez ce
traitement ? IL va me dire ah ...j'ai un parent...un copain...un voisin...un
collègue par exemple qui le prend. A ce moment je commence à lui
poser des questions ouvertes sur comment son voisin vie...qu'est-ce qu'il fait
comme travail etc. Et là si ça l'intéresse je lui propose
un rendez-vous pour revenir et faire le diagnostic éducatif à
tête reposée.
|
7'32
|
Malika
|
La pratique d'ETP relève-t-elle d'une prescription
médicale ?
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7'35
|
Sophie
|
En fait, le patient va rentrer dans un lit de cardiologie. Le
médecin va prescrire a traitement. Moi, si je vois que c'est un
traitement anticoagulant. En fait, on a deux programmes à proposer
dès la prescription du médicament sur pharma. Donc, le
médecin laisse un mémo sur l'ordi comme quoi le patient doit
être éduqué. Des fois on propose l'éducation sans
prescription du médecin. Mais on voit la posture du patient. Si c'est un
épisode d'une première arythmie le pauvre c'est compliqué.
Donc on attend 3 ou 4 jours pour commencer le parcours éducatif. Je fais
le diagnostic éducatif avec le patient sur l'ordi, je le recrute pour le
parcours éducatif et faire le suivi. Et là le suivi c'est que les
jeudis en individuel.
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8'12
|
Malika
|
C'est quoi le parcours éducatif ?
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8'14
|
Sophie
|
En fait le parcours éducatif...euh...pour rentrer le
patient dans le programme rarement on le fait avec le médecin. Il y a un
diagnostic éducatif initial qui doit être fait pour l'inclure
dedans. Nous... on propose d'emblée dès l'instauration du
traitement. Donc le programme est sur le temps d'hospitalisation. En
général on l'étale sur 3 jours à peu près.
Le diagnostic éducatif dure on va dire une heure. Les séances
éducatives aussi. Ensuite, je propose une date pour ça...pour
revoir les compétences. Par contre les 3/4 du temps les patients sont
hospitalisés. Donc...quand ils font leur séjour dans le
service... on les éduque pendant 3 jours. Puis... on leur propose un
rendez-vous de consultation. Une convocation à peu près 1 mois
après leur sortie de l'hospitalisation. Pour revoir les competences.
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9'28
|
Malika
|
Vous avez un jour précis pour recevoir ces patients en
externe ?
|
9'31
|
Sophie
|
Oui c'est ce qu'on appelle la journée ETP et c'est tous
les jeudis. En fait l'éducation thérapeutique commence dans les
chambres avec mes collègues et moi je fais le suivi programmé les
jeudis en externe.
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9'42
|
Malika
|
Comment procédez-vous pendant cette journée d'ETP
?
|
9'44
|
Sophie
|
Je reçois les patients en externe chaque jeudi qui est
consacré à l'éducation. Ils ont mis sur le marché
depuis 2 ans d'autres médicaments qui sont plus confortables. Les
patients n'ont pas besoin de faire des prises de sang pour voir si le
traitement est efficace et puis on leur demande plus d'avoir un régime
alimentaire particulier. Donc, j'explique c'est quoi le coeur en
présentant des cartes représentatives avec des schémas, on
parle des conséquences des efforts physiques, ce qu'on peut faire ou
pas, si problèmes je lui demande comment il va réagir, ce qu'il
en pense et tout ça, il faut que le patient parle et moi je le guide, et
je l'oriente, j'explique si besoin...Donc, on a réactualisé le
temps d'ETP.
|
10'14
|
Malika
|
Comment avez-vous réactualisé ce temps d'ETP, et en
faveur de qui ?
|
10'17
|
Sophie
|
En fait la séance pour le cognitif... il y a deux temps
éducatif... Chaque séance éducative dure environ
3heures...avant il y a avait 3 temps éducatifs pour les anciens
traitements. Parce que la compétence pratique de la prise de
sang...appeler le médecin.... Appeler l'infirmière pour expliquer
les résultats du sang...savoir lire un bilan sang. Ça on leur
demande plus de les acquérir parce que ça n'existe plus à
partir du moment où ils prennent leurs traitements. On
|
160
|
|
sait que c'est efficace. Donc pour nous c'est un temps
d'éducation en moins.
|
10'53
|
Malika
|
Quel genre de séance éducative pratiquez-vous ?
|
10'55
|
Sophie
|
Les séances c'est individuel, on ne fait pas de
séances collectives. On a fait l'année dernière une
séance collective. Ce n'était pas sur le temps d'hospi. Ça
demande du temps à mes collègues. Ça je ne peux pas faire
toute seule des séances de groupe. Les ateliers cognitifs c'est
impossible à faire sur le temps d'hospi parce qu'il faut faire toutes
les activités éducatives. On mise beaucoup de temps et souvent le
temps qui va être imparti. C'est souvent l'après midi et on a des
entrées et des sorties et des retours de bloc...etc. On ne peut
même pas dégager une heure pour ce genre de chose. Si on avait du
temps dédié pour faire du collective...oui.
|
11'42
|
Malika
|
Comment c'était la séance de groupe que vous avez
réalisé ?
|
11'45
|
Sophie
|
Ben...on l'a fait l'année dernière. Donc ce
n'est pas les collègues qui...euh...donc je l'ai faite. Souvent les
patients ne viennent pas. Sur les 8 patients convoqués, il y a que 4 qui
sont venus. Bon...ça été fait avec un jeu de rôle si
vous voulez et des discutions entre les patients. Ça partait un p'tit
peu dans tous les sens mais on recentrait un p'tit peu. Il y a des attentes.
Après le collectif il faut bien organiser. Il faut être sûr
que tout le monde vienne au bon moment et avoir une salle qui soit bien
adaptée. Là ici dans ce bureau si on est deux ça va
à peu près...euh...cette table je ne peux pas la retirer.
|
12'32
|
Malika
|
Où se passe l'accueil des patients en groupe ?
|
12'34
|
Sophie
|
En fait on n'a pas de salle. Avant ce bureau c'était un
bureau médical si vous voulez. Il y en a eu des départs. Ce
bureau...si toutefois il y a un nouveau médecin qui l'occupe.
Déjà cette table... n'est pas déjà très
confortable. On a d'autres salles à l'hôpital qu'on peut
réserver. Mais souvent le jeudi...peut être vous avez
déjà vu une de mes collègues à l'hôpital de
jour que souvent le jeudi matin prend cette salle. En fin je ne connais pas
trop son programme d'ETP. Il faut essayer de trouver une salle libre disponible
en sachant qu'il y a plusieurs intervenants à travailler ce
jour-là. Donc ce n'est pas évident. Avant c'était une
autre salle. C'était la salle des internes sur notre zone. Maintenant on
met tout le matériel médical du service dedans. Si toutefois il y
un autre médecin qui est recruté, il va demander un bureau et je
pense qu'il aura ce bureau. Je ne sais pas si le médecin m'autorise
à prendre son bureau pour l'activité ETP...ah...ça c'est
une de mes questions de cette après midi en réunion de service
sachant que la cadre va partir en septembre à l'école des cadres
et le nouveau médecin arrive en novembre. Moi je ne serai pas là
mais je m'inquiète pour mes collègues.
|
14'02
|
Malika
|
Comment vous concevez votre rôle par rapport aux deux
activités ?
|
14'05
|
Sophie
|
Quand on est dans l'éducation on n'est pas dans nos
attentes. On est plus sur les attentes des patients. Quand on est dans le
service on a des attentes médicales. On a les choses prescrites. On a de
la surveillance et effectivement on est sur notre activité de
travail...on est dans les deux rôles. Le rôle propre et le
rôle prescrit. L'ETP est intégrée au rôle propre elle
complète le soin. bien sûr.
|
14'38
|
Malika
|
Comment vous percevez votre comportement avec le patient avant et
après la pratique d'ETP ?
|
14'42
|
Sophie
|
Quand on fait la formation de 40 h...on vous parle de votre
positionnement en tant que soignante. Et vous vous rendez compte que même
au niveau de la vie de tous les jours pas que sur la vie professionnelle. On
est souvent dans...on va faire beaucoup de reproches auprès des
patients. On fait juste comme il faut...on va leur reprocher d'apprendre leurs
médicaments correctement, on ne supporte plus de leur expliquer des
choses. Et puis...on pense qu'ils ne comprennent rien...euh...Donc souvent le
soignant va se retrouver en train de dire...mais je perds du temps...On les
juge en fait...euh...oui oui on les juge sans le vouloir en fait. Peut
être parce qu'on a essayé de faire en sorte à tout bien
faire. Moi j'ai eu l'information qu'on materne les patients. On les dirige au
lieu de vouloir savoir qu'est ce qu'ils attendaient de nous. On les laisse dans
une position passive plutôt qu'attractive. Eux aussi ils se laissent
conditionner.
|
16'03
|
Malika
|
Comment vous vous positionnez actuellement par rapport au patient
?
|
16'07
|
Sophie
|
Depuis la formation on fait ça été une
évidence. Ils nous disent...il faut se mettre à la place du
patient. Là on ne voit que de l'extérieur. Mais on n'a pas
été voir ce qu'ils ont à l'intérieur. Et si on ne
pose pas beaucoup de questions ouvertes et on ne donne pas le temps aux
patients de s'exprimer et ben c'est que des questions par oui ou non. Ils vont
répondre par oui ou non. Il faut demander comment ils voient le retour
à domicile et tout ça. Il faut les valoriser et mettre ce qui est
bien en avant.
|
16'40
|
Malika
|
Comment définissez-vous votre posture actuelle ?
|
161
16'43
|
Sophie
|
Ça arrive une période où je me suis
posé beaucoup de questions. Mais aussi dans ma vie personnelle avec mes
enfants. La formation a répondu un p'tit peu à des questions
comme l'autonomie. Je m'aperçois que ma façon d'aborder mes
enfants et là même qu'avec mes patients. Je ne les rendais pas
autonome. Alors je ne fais pas pareil par rapport aux patients. Mais au niveau
de l'autonomie, j'ai réalisé que ma posture elle était la
même à la maison qu'au travail. Cette prise de
conscience...voilà...je me suis posé plein de questions. La
formation m'a apportée une lumière, elle est tombée au bon
moment.
|
17'33
|
Malika
|
Ce changement de comportement vous le constatez où ?
|
17'36
|
Sophie
|
En fait j'ai perçu un changement par rapport à
mes collègues. Je suis plus dans l'écoute que dans l'attente. Ce
n'est pas pour toi que le patient doit faire ça...c'est plutôt
pour lui. Il n'est pas là pour vous faire plaisir et prendre son
médicament. Mais s'il ne veut pas le prendre c'est qu'il a une crainte.
A chaque fois que vous rentrez dans la chambre vous voulez le convaincre. Moi
je ne suis plus dans cette posture de convaincre... Je ne suis plus dans qu'est
ce qui vous empêche... Mais j'essaie de comprendre. Nous...on sait
certaines choses sur le traitement...lui non...Nous on est convaincu...lui
non.
|
18'12
|
Malika
|
Ce changement. C'est que par rapport à l'écoute
?
|
18'15
|
Sophie
|
Le changement par rapport à l'écoute...la
reformulation des questions...toujours la reformulation. L'écoute quand
on est fatigué du boulot on ne l'a pas forcément. Avant on ne le
faisait pas. On cherchait à convaincre le patient. Ça
j'étais forte. C'est une prise de conscience. Je me suis rendu compte
que... ce que je faisais ce n'est pas du tout ça. Je dis que la
formation est arrivée au bon moment. Il faut aussi retirer certaines
barrières.
|
18'41
|
Malika
|
De quelles barrières s'agit-il ?
|
18'43
|
Sophie
|
Comme la blouse, là je porte une blouse...ça
peut être une barrière. Ici c'est compliquer de retirer la blouse
au moment de l'ETP...parce qu'on est dans le même service. Je veux dire
en service de soins.
|
18'56
|
Malika
|
Etes-vous informé de l'introduction de la pratique d'ETP
aux programmes de formation des infirmières depuis 2009 ?
|
19'02
|
Sophie
|
Par rapport à l'ETP les étudiants nous en
parlent. Ils ne sont pas trop en pratique quand ils sont en stage. Le programme
de 2009...je ne le connais pas assez. Justement je sais que l'ETP ça
fait partie des compétences qu'on doit valider. Après...ce qui
est dispensé à l'école ne rend pas compte. Les 40h par
rapport au DE c'est la mise en pratique qu'on fait.
|
19'21
|
Malika
|
Comment vous percevez le rôle du patient en ETP ?
|
19'24
|
Sophie
|
Le rôle du patient je veux dire c'est moi qui change.
Les changements, c'est dans mon organisation. Je ne suis plus dans le
rôle curatif...mes actions curatives. Le patient c'est moi qui lui dit,
qui lui laisse la parole ou pas pendant le soin. En éducation il est
acteur c'est lui qui parle.
|
19'40
|
Malika
|
Comment vous vous organisez dans le service par rapport aux deux
activités ?
|
19'44
|
Sophie
|
Ce n'est pas facile de basculer du soin curatif au soin
éducatif. Il faut se poser. Les soins curatifs...on est dans l'action,
il faut toujours faire les choses vite...vite. Toujours très vite. On a
un timing et si on déborde et bien on sait qu'on va déborder sur
notre fin de journée. Donc on va finir plus tard. Si on ne finit pas le
soin ça engendre le stress. Quand je ne fais pas l'ETP les autres jours
j'arrive dans le service à 6h30 et je finis à 14h30. Il y a des
moments de transmissions. Le temps passé dans les chambres, les
traitements, les prises de sang, faire les pansements, faire le tour avec le
médecin...enfin c'est de l'aigu...donc forcément ils n'sont pas
bien. Il est déjà midi et il faut donner de nouveau les
traitements, il faut expliquer. L'après midi, je travaille de 14h15
à 21h15, généralement c'est la même chose au niveau
des traitements, des soins, sauf qu'on fait en plus les retours de bloc, les
surveillances...les préparations des dossiers.... Les imprévus,
les entrées, les sorties, les staffs, les réunions du service,
les trans écrites... L'éducation passe au second plan. Ce n'est
pas une priorité. Le curatif est prioritaire dans le service.
|
20'34
|
Malika
|
Et pendant l'activité ETP?
|
20'36
|
Sophie
|
En éducation je suis hors maîtrise du temps. Un
temps de 3/4 h est accordé à chaque patient. Je gère le
temps. Ça n'engendre pas le stress...Mais psychologiquement il faut
être très dans l'écoute et c'est très fatiguant
moralement. Il faut retenir ce que dit le patient pour pouvoir reformuler. On
essaie de comprendre tout ce qu'il dit. Il faut être beaucoup dans
l'échange.
|
20'59
|
Malika
|
Avez-vous aperçu des changements par rapport à
votre identité professionnelle ?
|
21'03
|
Sophie
|
L'éducation a renforcé...oui ça a
changé mon identité. Ça bouscule dans mes habitudes. Mais
c'est bien. On a tous des choses cachées. Certaines ne veulent
|
162
|
|
pas être éducatrices. Moi j'ai pris le risque. Je
ressens une transformation identitaire. Elle s'est faite déjà sur
le plan personnel on va dire. Elle continue sur l'axe professionnel. Je sais
ça me permet de grandir...grandir dans mon comportement, dans ma
façon d'être avec l'autre, de mon regard envers l'autre. Je change
de regard...euh...je maîtrise mieux. Maintenant je me questionne plus sur
mon comportement. Pourquoi je dis ça. Pourquoi je fais ça. Je ne
suis plus dans la même posture qu'avant. Je suis vraiment dans une
posture d'écoute. Ça fait 9 ans que je suis dans le service. On
ne remet pas forcément en question ses pratiques. Mais maintenant je
remets en question mes pratiques. Je ne me positionne plus de la même
façon. Il faut se remettre en question par rapport à la relation
soignant soigné. J'aimerai dire à mes collègues maintenant
je comprends pourquoi le patient ne se sent pas écouter par ce qu'on est
centré sur le soin inconsciemment sinon on ne fait pas ce
métier.
|
24'38
|
Malika
|
Vous communiquez entre vous les soignants par rapport à
vos comportements ?
|
24'42
|
Sophie
|
Non non on ne discute pas de façon intime sur nos
habitudes de travail. Sur la prise de conscience, sur l'écoute. Par
exemple je vois ma collègue, il lui parle, elle fait autre chose en
même temps. Elle répond à côté...euh...c'est
normal, elle est centrée sur le soin. Elle n'a pas du tout la posture
d'écoute à ce moment. Après il y en a qui vont se remettre
en question peu être plus tard...euh...forcément. Bon...moi
j'observe ça reste moi. Mais je ne peux pas dire...euh...que c'est comme
ça qu'on doit faire...euh...c'est un peu...moi...j'ai fait la formation
en plus, j'ai plus de connaissance ça reste là. Ce n'est pas
évident de pouvoir écouter l'autre.
|
24'31
|
Malika
|
Travaillez-vous en équipe pluridisciplinaire pendant
l'activité ETP ?
|
24'34
|
Sophie
|
Non, je suis toute seule pendant la séance
éducative, autonome, responsable j'organise et je réalise la
séance... j'accompagne le patient dans son apprentissage...La
diète intervient dans le service pour les patients diabétiques,
pour les régimes en sel. Elle participe aux programmes d'ETP.
Normalement on travaille ensemble le diagnostic éducatif mais faute
d'aménagement du temps en commun on ne peut faire ensemble. Ben...chacun
fait de son côté quoi. Les kinés doivent intervenir
à un moment mais ils n'étaient pas près à
collaborer avec nous. Par contre on travaille avec une association
santé, on envoie les patients.
|
25'04
|
Malika
|
D'après vous. Il y a -t-il une relation entre les deux
activités ?
|
25'07
|
Sophie
|
Se sont deux activités complètement
différentes. Je dis...euh...une purement technique et l'autre beaucoup
plus relationnelle. La pédagogie ça me plaisait.
L'éducation a renforcé mon côté éducatif.
J'aime les deux...j'aime bien le curatif mais l'éducation c'est un autre
moment. Mais je commence à me lasser du curatif parce que c'est
superficiel. « ...Il n'y a pas de communication véritable en soin
mise à part le geste technique...en éducation on est formateur,
le patient apprend pleins de choses c'est lui qui apporte l'information, moi je
réajuste... » On n'va pas connaître les patients, on est
satisfait de bien faire le soin, on n'a pas de retour du patient. La
communication ne va pas s'approfondir. On essaie de connaître la maladie
mais pour le malade s'il n'y a pas d'éducation derrière...pas
d'échange. En 'éducation, il y a l'échange, il apporte
l'information, il apprend.... Les deux se complètent...J'ai l'impression
qu'on apporte peu normalement on doit pratiquer les deux.
|
25'14
|
Malika
|
Comment voyez-vous la bascule entre vos activités ?
|
25'16
|
Sophie
|
Euh...en termes de casquette...ça tourne. Je fais les
soins intensifs. Je fais les soins de médecine. Je fais l'ETP et les
consultations externes aussi. Et quand il y les étudiants, il faut les
encadrer. Ça fait beaucoup de casquettes je veux dire...vous êtes
obligé de vous y adapter. Il y a des jours où on n'est pas
dedans, dans la casquette qu'il faut. Il faut alors...moi je me pose pour faire
le point et revoir les attentes de chaque activité. C'est une charge de
travail énorme. Mais après c'est bien de ne pas faire la routine.
Quand on est dans la routine on ne se remet pas en question. On ne prend pas du
recul sur ce qu'on fait. Je pense qu'il y a des gens qui ont peur du
changement. Même moi je pense que j'ai peur. C'est une charge de travail
en plus. E plus on n'a pas beaucoup de moyens pour bien réaliser l'ETP.
C'est la formation qui m'a aidé à changer...
|
26'18
|
Malika
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Que représente pour vous l'activité ETP ?
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26'20
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Sophie
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L'éducation pour moi, c'est un moment d'échange,
où le patient puisse exprimer ce qu'il ressent, comment il gère
sa maladie. Il parle de son entourage, comment il se voit avec cette
maladie...euh...C'est aussi, un moment d'écoute de notre part,
d'attention, d'orientation, de...de reformulation aussi. Euh...je dirai c'est
à ce moment quand connaît mieux notre patient, du coup, c'est un
autre regard envers le patient, c'est aussi une autre prise en charge de la
maladie
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dans sa globalité. C'est la meilleure façon
d'aborder le patient, c'est une chance pour lui de s'exprimer, de
réaliser, d'en prendre conscience, surtout quand il entend les autres
qui vivent les mêmes choses que lui. Du coup il ne se sent pas seul,
donc, ...euh... c'est un temps de partage pour moi. Euh ...Ce n'est pas un
moment de compassion, ...euh...mais d'apprentissage, beaucoup d'apprentissage,
que ce soit pour nous ou pour les patients, voilà.
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28'01
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Malika
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Sollicitez-vous d'autres professionnels pour la
réalisation de la séance ETP ?
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28'04
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Sophie
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Non, moi je fais seule l'éducation le jeudi. Dès
fois j'assiste à l'entretien avec le médecin. Mais on ne fait pas
les séances de groupe, donc on ne travaille pas ensemble. Par contre je
peux contacter la diète pour un patient, lui prendre un rendez-vous.
Mais pour le kiné ou le psy, on peut orienter les patients vers eux si
le médecin voit que le patient en a besoin. Aussi, on peut contacter le
réseau pour recommander des patients.
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28'41
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Malika
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Quelle distinction faites-vous entre le temps du soin et le temps
ETP ?
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28'44
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Sophie
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La gestion du temps ce n'est pas du tout la même chose,
au moment du soin, on est pris par le temps, notre temps est partagé
entre le soin curatif et les autres taches. Il faut tout faire et finir
à temps, c'est super stressant, il faut être très
concentré dans le soin à faire et dans ce qui reste à
faire, et ça c'est très fatigant physiquement et moralement, on
court tout le temps après le temps...ah oui oui c'est ça. On n'a
pas le temps pour le patient...le soin prime le relationnel. En ETP, on a moins
cette notion du temps. On laisse le temps aux patients, bien sûr nous on
gère.
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29'21
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Malika
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Pourriez-vous me parler de vos outils en ETP.
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29'23
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Sophie
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D'abord, c'est l'informatique pour le diagnostic
éducatif, les entretiens du parcourt éducatif. Aussi pharma pour
l'éducation sur les médocs. On utilise la communication sur les
représentations qu'il a par rapport à la maladie, s'il
connaît. Euh...On explique c'est quoi le rôle du coeur, on utilise
des cartes des schémas, des prospectus ...tout ça. Donc, c'est le
patient qui parle la majorité des temps, nous on est dans
l'écoute, la reformulation si besoin...voila. Le choix des thèmes
c'est avec le patient...ça diffère d'un patient à un
autre. Donc, on prévoit, on planifie un programme éducatif...on
évalue on transmet... et tout ça. C'est la méthode et puis
donc les outils...on n'a pas vraiment le choix à part les cartes...pour
les moyens aussi on n'a pas vraiment les moyens, mes collègues sont pas
disponibles, moi je ne peux pas toute seuls, pas de salle voile, en plus
l'éduc n'est pas prioritaire dans le service et c'est dommage.
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30'32
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Malika
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Que pensez-vous des mesures éducatives ?
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30'34
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Sophie
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C'est vrai qu'avec ces mesures éducatives tout est
claire, on gère mieux l'éducation, les patients sont mieux pris
en charge...euh...il y a les deux programmes déjà...avec un
support éducatif comme le dossier éducatif du patient sur l'ordi.
Euh...avant on n'avait pas le dossier éducatif c'était que le
dossier de soin. Euh...on ne faisait pas l'éducation, si mais pas
thérapeutique, c'est vraiment que sur les traitements, mais actuellement
c'est le patient qui devient acteur de sa maladie. Euh...nous on détecte
ses compétences d'apprentissage après on l'accompagne dans
l'acquisition de cet apprentissage, soit la connaissance de la maladie, comment
la gérer, qu'est- ce qu'il en pense, s'il a des connaissances et
là on intervient. Euh...donc, il y a les séances
éducatives pour ça, c'est vraiment un moment de partage avec le
patient sur son vécu, sa pathologie son entourage, son travail sur
comment il gère, avant il n'y avait pas ça. On n'était pas
formé pour ce genre de prise en charge. En plus il y a le réseau
de santé s'il ne veut pas revenir à l'hôpital, donc c'est
un accompagnement dans sa globalité pédagogique et curatif avant
c'était que le curatif.
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32'02
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Malika
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Comment procédez-vous à l'évaluation de
l'ETP ?
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32'04
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Sophie
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Alors, l'évaluation de l'éducation pour les
patients c'est au moment de revoir les objectifs avec le patient...euh...on
voit s'il a acquis les objectifs visés, si ça nécessite un
renforcement ou bien il faut tout revoir, pour quoi ça ne marche pas
qu'est ce qui fait que le patient rechute, on discute avec le médecin et
tout ça. Euh...sinon évaluer l'activité
thérapeutique en tant que tel, je dirai qu'on n'a pas d'outil pour
ça, pas de suivi pas de réunion pour exprimer nos
difficultés ou parler des problèmes de son application pour
l'instant rien, en fait j'ai l'impression que l'éducation ne passe pas
en priorité c'est l'urgence qui prime, en plus c'est tout nouveau l'ETP
à l'hôpital, ce n'est pas encore dans la culture des soignants.
Euh...et moi la seule référente je ne sais pas comment je vais
parler de l'éducation en réunion de service alors que personne ne
la pratique à part moi et ma collègue donc, voilà.
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33'36
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Malika
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Je reviens à votre attitude. Adoptez-vous la même
attitude par rapport au deux activités ?
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33'40
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Sophie
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Non, non, peut-être avant oui, mais après la
formation, j'ai compris qu'il s'agit de deux activités
différentes. En soin j'ai une attitude de soignante on va dire...euh
concentré sur le soin, les questions son strict pour avoir l'info que je
veux voilà. Mais en ETP, j'ai une attitude d'écoute, plus
d'écoute pour
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pouvoir reformuler. Euh...et pour mettre le patient en
position d'échange...euh... En soin je ne suis pas dans l'écoute
je suis dans l'action, dans le geste...euh, même le patient il me laisse
faire...euh... donc il m'aide à être dans une attitude de... je
dirai... c'est moi qui commande peut-être j'exagère...mais c'est
ça en gros... Alors qu'on éducation mon attitude change,
...euh...je ne suis pas dans c'est moi qui fait, qui sais...voilà. Mais
je suis dans le partage, dans la communication...euh...quoi que mon attitude
à changer un peu j'essaie d'être à l'écoute
même en soin, je ne fais plus à la place du patient pour ce qu'il
peut faire et tout ça...euh...ça... ça s'apprend,
forcément.
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35'02
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Malika
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Sollicitez-vous des qualités spécifiques pour
être dans cette attitude éducative ?
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35'05
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Sophie
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Oui, forcément...euh...des qualités comme
l'écoute, savoir se mettre face au patient, lui donner le temps de
s'exprimer. ...Je dirai le savoir d'échange et de communication ce n'est
pas tout le monde qui l'a...euh...aussi se mettre au second
rôle...euh...ne pas être dans le jugement par rapport au
patient.... Avoir de la patience...euh...c'est difficile tout ça quand
on est pris dans le tourbillon des soins...euh...dès fois on est
dépassé et on remarque pas ou on ne fait pas attention au propos
du patient. ...euh...et si on n'a pas ces qualités on ne peut pas
pratiquer l'éducation et ça même si on l'a un peu dans
notre métier on l'apprend plus et on le renforce en formation.
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35'56
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Malika
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Pensez-vous que l'ETP doit être pratiqué par toutes
les infirmières ?
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35'59
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Sophie
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Pour les prises en charges des chroniques je dirai que oui, la
formation est nécessaire à tous les soignants... euh...ça
donne beaucoup d'outil de travail, le comportement avec le patient...notre
façon de faire, l'attitude et tout ça. Euh...au mois tout le
monde aura le même regard, les mêmes habitudes de travail.... Les
mêmes compétences. Aussi si on discute sur un patient ça
sera le même discours.... Mais je crois que l'éducation dans notre
service n'est pas assez prioritaire, on est toujours centré sur le
curatif, il y a beaucoup d'urgence, c'est la pathologie du coeur et ça
fait peur, c'est aussi une question d'organisation je trouve... Mais si les
soignants ne sont pas formés à l'ETP ils n'seront jamais de ses
pratiques et ne pourront pas l'intégrée à leurs pratiques
quotidiennes. Euh...en fait c'est une question de formation pour les gens, mais
comme je l'ai mentionné c'est aussi une question de budget et de
priorité je pense...voilà.
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37'28
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Malika
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Avez-vous des choses à rajouter ?
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Sophie
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C'est-à-dire que les patients qu'on a...la
majorité c'est des personnes âgées. Ils ne reviennent pas
forcément pour l'éducation. Venir à l'hôpital ce
n'est pas toujours agréable, en plus le transport n'est pas pris en
charge par la sécu. Je pense qu'on doit être une équipe
mobile qui va chez les gens...euh...pas forcément... peut-être il
faut juste un local à l'extérieur de l'hôpital. Une salle
de la mairie par exemple. On pourrait accueillir des patients qui soient
à proximité de leur domicile. Vous imaginez la
représentation. Ce n'est pas la même. Si ça revient
à nous, la consultation est gratuite. Donc ils ne payent pas le
transport ou le taxi. En plus l'hôpital est loin des habitants. Mais
c'est une idée. J'aimerai bien mais ce n'est pas réalisable
aujourd'hui...non. Déjà ce temps d'éducation est
accordé, aménagé. Mais...si l'équipe
médicale était en nombre, ce temps serait forcément
octroyé aux urgences comme avant. Je trouve qu'on en fait de moins en
moins l'éducation à cause des priorités. En plus ce n'est
pas rentable. Ça ne rapporte pas de sou à l'hôpital...ils
veulent des lits. C'est l'hôpital quoi.
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39'25
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Malika
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Merci pour ce temps d'échange.
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