La coopération sino-africaine et le processus d'intégration en en Afrique subsaharienne cas cas de la RDC, du Nigeria et du Congo Brazzavillee( Télécharger le fichier original )par Willy MUKADI SALUE Université Officielle de Mbujimayi - Graduat 2013 |
INTRODUCTIONPRESENTATION DU SUJETSelon le sens commun de l'après guerre froide et de l'ère libérale, le continent africain était destiné à une marginalisation croissante causée par ses ressources naturelles et leur exploitation illégale par ses anciens colonisateurs. C'est pour cela que l'Afrique était entrée dans une période radicalement nouvelle. L'histoire s'accélère, les blocs se dissolvent, la démocratie gagne du terrain ; acteurs et enjeux nouveaux surgissent1(*). Ainsi, on constate que depuis quelques années l'Afrique redevient un enjeu international de première importance pour des raisons essentiellement sécuritaires, énergétiques, migratoires ou sanitaires. Elle est devenue aussi un espace de compétition économique entre les grandes puissances notamment les Etats-Unis d'Amérique, la France, L'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Union Européenne et la Chine, dans une version globalisée du «scramble for Africa» (nuée sur l'Afrique). A côté de ces raisons, il convient d'ajouter deux autres de taille, à savoir l'approvisionnement en matières premières et le lieu de recherche des débouchés pour les produits manufacturés. Ici il s'agit du commerce international. « La Chine sera pour toujours un pays ami, partenaire et frère du continent africain ». Ces paroles de l'ancien Président chinois HU JINTAO traduisent clairement le regain d'intérêt de la Chine pour l'Afrique et l'importance du continent noir dans la politique extérieure de l'Empire du Milieu2(*). En effet, la Chine et l'Afrique inaugurent une nouvelle ère dans leurs relations et s'engagent dans un type nouveau de partenariat stratégique pour le développement réciproque. Sans passé colonial en Afrique et après plusieurs efforts pour son autodétermination dans l'émergence de son économie sur la scène internationale et d'imposer dans une expérience singulière et réussie pour le développement, la Chine marque de plus en plus sur tous les plans sa présence sur le continent africain. Aujourd'hui, le terme « Chinafrique » provoque des avis divergents. En effet, les détracteurs de la présence chinoise en Afrique prêtent à la Chine des ambitions néocolonialistes par rapprochement à la dimension économiquement impérialiste attachée à la «Françafrique ». Les espoirs que les uns placent dans la coopération sino-africaine notamment les africains sont également à la mesure des critiques que les autres reformulent à son encontre dont les puissances occidentales et les institutions de Breton Wood3(*) Les domaines d'intervention de la Chine en Afrique sont aussi multiples que variés et sa présence y est largement perceptible. Que ce soit sur le plan diplomatique, commercial, économique, industriel ou politique, la Chine noue et renforce ses liens de coopération avec les pays africains tels que le Nigéria, le Congo-Brazzaville et la RDC,... qui voient en elle un modèle pour leur développement. De ce fait, « la Chine est le plus grand pays en développement du monde alors que l'Afrique est le continent qui regorge le plus grand nombre de pays en développement ». Il s'agit donc d'un prototype de coopération sud-sud4(*). Bien qu'elle s'appuie sur un discours tiers-mondiste fondé sur un passé constamment rappelé de lutte commune contre l'impérialisme et la colonisation, l'esclavage, le commerce triangulaire ; la réalité révèle qu'il existe des profondes disparités entre elle et l'Afrique, lesquelles ne laissent pas présager qu'il y a une coopération d'égal à égal entre les deux partenaires. En effet, avec un taux de croissance économique de plus de 15%, la Chine est la deuxième puissance économique du monde après les Etats-Unis d'Amérique alors que l'Afrique ne réalise qu'une croissance économique de plus ou moins 6%. De même, sur le plan économique, il existe un fossé considérable entre la Chine et l'Afrique en ce sens que l'économie chinoise est trop avancée que celle de l'Afrique encore balbutiante. Eloignée même géographiquement de l'Afrique, la Chine n'éprouve aucun obstacle au développement de ses relations avec le continent noir car, en matière de coopération il y'a suppression des frontières entre Etats impliqués dans celle-ci. Très éloignée de la Chine, l'Afrique est considérée comme une proche voisine dans les coeurs des dirigeants et peuples de la Chine et l'Afrique dans le cadre de cette coopération, et pour cause, l'Afrique et la Chine ont des liens historiques d'avoir été toutes colonisées par d'autres pays. Les objectifs de réciprocité dans la coopération sino-africaine épousent ceux des Etats africains depuis la création de l'Organisation de l'Unité Africaine actuellement Union Africaine, notamment l'intégration régionale du continent. Les pays africains ont fait un certain nombre de déclarations entre autres, la Déclaration d'Addis-Abeba de 1973, et la Déclaration de Kinshasa de 1976, dans le but de faire avancer le processus d'intégration de même, le traité d'Abuja du 03 juin 1991 entré en vigueur le 12 mai 1994, le Plan d'Action de Lagos (PAL),... mettent l'accent sur la nécessité de promouvoir ce processus bien qu'il soit buté aux nombreuses difficultés surtout d'ordre politique. Cependant, au-delà de l'euphonie que suscite le renforcement des relations entre la Chine et l'Afrique, il est tout à fait légitime de se demander ce que les deux acteurs et beaucoup plus spécifiquement l'Afrique, peuvent en tirer et les bouleversements qu'il provoque dans la configuration de la géopolitique mondiale. C'est là toute la question des enjeux de la coopération sino-africaine en général et en particulier, avec le Nigéria, le Congo-Brazzaville et la République Démocratique du Congo qui est notre matière à réflexion. 2. CHOIX ET INTERET DU SUJETa. Choix du sujetD'entrée en jeu, il sied de faire remarquer que la problématique de l'intégration et du développement de l'Afrique devient de plus en plus une réalité et, aujourd'hui plus qu'hier sur tout le continent, il n'y a plus qu'un seul leitmotiv : « l'émergence de l'Afrique ». Il s'agit en effet de l'ambition de l'Union Africaine (UA) d'accélérer l'intégration économique, politique, culturelle et technologique entre les pays africains, dans le cadre de la mondialisation, et de promouvoir les principes et les institutions démocratiques ainsi que le respect des droits de l'homme. Le NEPAD, adopté par 16 chefs d'Etats lors du sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine(OUA) d'Abuja, en novembre 2001 participe aussi à cette volonté5(*). De cet objectif principal précité de l'UA s'ajoutent d'autres tels que la promotion de la coopération internationale ; la promotion de la paix, la sécurité et la solidarité sur le continent ; la promotion du développement durable aux plans économique, social et culturel ainsi que l'intégration des économies africaines6(*) sans oublier l'objectif du millénaire pour le développement(OMD) préconisé par les Nations-Unies. Les besoins prioritaires sont dégagés par rapport au développement du continent noir ravagé par une longue période de colonisation européenne avec les puissances coloniales notamment, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie et le Portugal ; des guerres interethniques et tribales puis d'exploitation de l'africain sans profit. Aujourd'hui, s'il est vrai que la dynamique de « l'émergence de l'Afrique » que les africains attendent matérialiser avec le concours et la collaboration de la Chine dans le cadre de la coopération sino-africaine, basée sur un type nouveau de partenariat stratégique d'égal à égal, coopération selon laquelle l'Afrique offre les ressources naturelles à la Chine en contrepartie des investissements chinois sur le continent et l'actuelle avancée du continent africain dans le processus d'intégration régionale surtout avec l'apport des Commissions(communautés) Economiques Régionales (CER) dans le cadre d'accélération de son intégration. Cette dynamique de l'émergence de l'Afrique noire est devenue aujourd'hui une question d'actualité et tient toujours le haut du pavé dans l'arène aussi bien régionale qu'internationale. D'où nous y avons consacré tout un travail de fin de cycle afin d'en analyser les dimensions et les contours, ce qui justifie notre choix. * 1KABAKW. N, L'Afrique et le nouvel ordre politique international, Mémoire RI, UNILU, 1994, p.4. * 2 MONGA. A, Le rôle de la Chine dans le processus de reconstruction de la R.D.C., Mémoire R.I., UNILU, 2009, p.1 * 3MONGA A., Op.cit. p.23 * 4 Allocution du Président chinois JIANG ZEMIN à la cérémonie d'ouverture du forum sur la coopération sino-africaine tenu à Beijing, Octobre 2000. * 5KABENGELE. D., Les problèmes d'intégration économique, CAP, Kinshasa, 2008, p.147. * 6Idem. |
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