Romain RIBEIRO
Mémoire de Master
Soutenu en Juin 2014
ADMINISTRER PAR L'ECRIT
Le Grand cartulaire de l'évêché
de Laon
Sous la direction de Laurent FELLER
1
Couverture : extrait de la table des matières du
Grand cartulaire de l'évêché de Laon ; G2, A. D. de
l'Aisne, f° 2v°-3r°.
2
3
Table des matières
Remerciements 8
Avant-propos 9
SOURCES
Sources manuscrites 11
Source principale 11
Sources secondaires 12
Sources éditées 18
Introduction
Historiographies, problématiques et enjeux
HISTORIOGRAPHIES
Scripturalité et cartulaires 21
Renouveau de l'approche socio-économique des
sociétés médiévales 25
Contextualisation historique de l'évêché de
Laon 28
Les origines de l'évêché de Laon
28
Les événements de 1112 29
Splendeurs et misères d'un évêché
31
L'évêché de Laon à la fin du
XIIIe siècle 40
Processus historique et cartularisation 42
PROBLEMATIQUES
Étude des conditions d'élaboration du cartulaire
44
Les dimensions mémorielle et identitaire du cartulaire
47
Le cartulaire : un outil référentiel 49
ENJEUX 53
4
Première Partie
Usages et représentations de l'écrit dans le Grand
cartulaire de l'évêché de Laon
CHAPITRE I - LE GRAND CARTULAIRE DE L'EVECHE DE LAON : ASPECTS
CODICOLOGIQUES ET PALEOGRAPHIQUES
Composition matérielle 56
État général du cartulaire 56
L'agencement des cahiers 56
Foliotation 58
Dimensions et mises en page 59
Structure interne 62
Etat des lieux 62
Hypothèses d'agencement 62
Identification des phases d'écriture 63
CHAPITRE II - LE CARTULAIRE : UN INSTRUMENT RATIONALISE PAR UN
USAGE PRAGMATIQUE DE L'ECRIT
La table des matières : un listage structuré mais
non exhaustif des rubriques
67
Description codicologique 67
Description archivistique 67
Un cahier annexe mais structurant : l'effet de liste
68
Table des matières et corpus textuel : analyse
comparative des phases
d'écriture 69
Les systèmes de repérage graphique 71
Les systèmes de renvoi 72
Les indices graphiques d'ordonnancement 74
Les réclames : l'agencement logique et
séquentiel des différents cahiers 76
Le cahier n°13 : vers une archéologie archivistique
de la cartularisation 77
Un foliotage indépendant 77
Une mise en page brouillonne 79
Une codification alphabétique des actes 80
5
CHAPITRE III - INTERTEXTUALITE, SELECTION ET LOGIQUES DE
REMPLOI AU SEIN DU GRAND CARTULAIRE DE L'EVECHE DE LAON
Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon :
entre continuité et innovation
textuelles 84
Le Grand cartulaire et le Petit cartulaire 85
Le Grand cartulaire et les archives épiscopales
87
Le codex : une condensation textuelle pour un usage pratique
de
l'information 92
Le cartulaire : un objet dynamique 93
Un instrument issu d'un travail collectif 93
Les signes d'une utilisation postérieure à la
compilation primitive 95
Conclusions partielles 96
Seconde Partie
Administrer ou commémorer ? L'ambivalence du
processus de cartularisation au sein du Grand cartulaire de
l'évêché de Laon
CHAPITRE I - LE CARTULAIRE EN TANT QUE SUPPORT REFERENTIEL
DANS LE CADRE D'UNE GESTION PATRIMONIALE DE L'EVECHE DE LAON
L'écrit comme établissement d'une
référence jurisprudentielle dans une
société conflictuelle 101
Norme référentielle et validité pratique
101
Une normalisation des rapports de force 102
L'établissement de dossiers 103
Un outil de gestion des intérêts patrimoniaux de
l'évêché 105
L'utilisation d'une base de données relationnelle : un
recensement
systématique du patrimoine épiscopal
106
Patrimoine foncier 107
Patrimoine juridique 112
Patrimoine socio-politique 113
La confection du cartulaire : point d'ancrage d'une mainmise plus
accrue de
l'évêque sur son territoire ou testament
institutionnel ? 115
L'affirmation d'une puissance institutionnelle 115
... ou un outil de commémoration ? 117
6
CHAPITRE II - « LES PAROLES S'ENVOLENT, LES ECRITS RESTENT
». L'ECRIT COMME AFFIRMATION SYMBOLIQUE DE LA MEMOIRE ET DE L'IDENTITE
EPISCOPALES
Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon ou le
principe de monumentalisation
par l'écrit 120
La cartularisation : réflexion sur la valeur de
l'écrit 121
De l'oral à l'écrit 121
La cristallisation d'une discontinuité
spatio-temporelle 123
Un panorama de près de deux siècles sur la
représentation de l'espace au sein
de l'évêché de Laon 124
Pouvoir et territoire : l'affirmation spatio-temporelle de
l'autorité épiscopale
125
Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon :
une cartographie scripturale de
l'aire d'influence épiscopale ou le principe
d'inscripturamento 128
CHAPITRE III - LE CARTULAIRE : UN INSTRUMENT DE
LEGITIMATION DU MINISTERE
EPISCOPAL
Un instrument performatif dans un processus de coopétition
politique 132
L'évêque et les communes du paysage laonnois
134
L'évêque et ses ministériaux 136
L'évêque et les seigneurs concurrents
142
Une légitimation symbolique de l'ordonnancement
traditionnel du monde
144
Un usage ritualisé de l'écrit 144
L'écrit comme mise en scène de l'ordre social
145
L'esquisse d'une analyse réticulaire de la
société laonnoise sous le prisme du
Grand cartulaire de l'évêché de Laon 149
Conclusions générales et perspectives de recherche
153
ANNEXES
Annexe n°1 : Foliotation et agencement
codicologique des cahiers composant le Grand
cartulaire de l'évêché de Laon 157
Annexe n°2 : Liste des abréviations, des
unités de mesures et des différents droits
seigneuriaux présents dans le cartulaire 165
Annexe n°3 : Recensement prosopographique et social
à travers le Grand cartulaire de
l'évêché de Laon 169
7
Annexe n°4 : Tableau analytique du Grand
cartulaire de l'évêché de Laon 187
Table des illustrations 237
Bibliographie 239
Glossaire 249
REMERCIEMENTS
Dans le cadre de la réalisation de ce mémoire,
j'aimerais remercier ici :
Laurent Feller, pour sa disponibilité et ses
précieux conseils ;
L'ensemble des enseignants et intervenants que j'ai eu
à côtoyer, pour leur sympathie et leur apport dans mes recherches
;
Le personnel des Archives départementales de l'Aisne,
pour leur bienveillance et leur aide toujours pertinente ;
8
Mon entourage, pour l'intérêt qu'ils ont pu porter
à mes travaux et leur soutien.
9
AVANT-PROPOS
À mon arrivée en master d'Histoire
médiévale à l'Université de Paris 1
Panthéon-Sorbonne, il m'a fallu trouver, avec l'aide de Laurent Feller,
un sujet de mémoire qui répondait à mes exigences
intellectuelles et scientifiques, à savoir travailler sur un
thème d'histoire culturelle. L'hypothèse d'un sujet s'intitulant
« administrer par l'écrit » a tout de suite retenu mon
attention, car portant sur une thématique transversale, relevant
à la fois de l'histoire économique, sociale et culturelle. Nous
nous sommes donc entendus, mon directeur de recherche et moi, pour trouver un
cartulaire* dont l'analyse serait alors inédite.
Or, étant originaire de Laon, j'avais à coeur de
travailler sur ma ville, dont le rôle et l'importance au Moyen-Âge
fut prépondérant, et qui, inconsciemment sûrement, m'amena
à me spécialiser dans cette période. Des études
ayant déjà été effectuées sur la
commune1 et la chapitre cathédral2, je me suis
alors mis en tête de travailler sur le cartulaire d'une des abbayes de la
ville : l'abbaye Saint-Martin. Mais lors de mon premier recensement des fonds
liés à cette abbaye, je me suis aperçu qu'elle avait
été l'objet d'un récent sujet de mémoire qui, de
surcroît, recoupait les différentes approches que je
m'étais assigné de traiter3. Les cartulaires des deux
autres principales abbayes - Saint-Vincent et Saint-Jean - se trouvant au
Vatican pour l'une, en Allemagne pour l'autre, je me suis alors
intéressé à une autre institution majeure de la ville :
l'évêché.
En effet, hormis un bref article dans un Bulletin de la
Société académique de Laon4, aucune
étude spécifique n'avait été entreprise au sujet
des deux cartulaires assimilés à cette institution - le Petit et
le Grand, tous deux constitués durant la seconde moitié du
XIIIe siècle. C'est donc ainsi qu'il se décida que la
principale source de mon mémoire serait le Grand cartulaire de
l'évêché de Laon, la majorité des actes du Petit
cartulaire, antérieur, ayant été retranscrite dans le
Grand.
Ce travail se donne donc pour but de réinsérer
le Grand cartulaire dans un contexte économique, social, politique et
culturel - on pense notamment à son insertion dans une période
d'évolution et de transition tant codicologique, paléographique
que philologique -, trame de fond de son élaboration, et ainsi de
découvrir les conditions de sa réalisation,
1 HUART-FLEURY Suzanne (D'), Les institutions
communales de la ville de Laon (1128-1331), thèse de l'École
Nationale des Chartes, 1947.
2 MILLET Hélène, Les chanoines du
chapitre cathédral de Laon, Rome, École française de
Rome, 1982.
3 LACOURTE Audrey, L'abbaye de Saint-Martin de
Laon sous les abbatiats de Garin (1151-1171), Barthélémy de Mons
(1171-1179) et Gautier II (1179-1186), mémoire de Master, Reims,
2007.
4 THILLOIS, "Deux cartulaires de
l'évêché de Laon", Bulletin de la Société
académique de Laon, t. 2, 1853, p. 207-228.
10
les choix opérés lors de sa confection, ainsi
que le rapport qu'il peut entretenir avec le codex*
antérieur.
11
SOURCES
Sources manuscrites
La totalité des sources manuscrites convoquées
et étudiées dans cette étude sont issues du fond G des
Archives départementales de l'Aisne. La source principale correspond
bien évidemment au Grand cartulaire de l'évêché de
Laon, mais mon étude nécessite aussi la consultation d'actes
originaux - s'ils existent encore - ou de registres annexes afin de les
comparer à leur transcription finale.
Source principale
* G 2 : Grand cartulaire de
l'évêché de Laon
Stein1
1877 - Grand cartulaire de l'évêché de
Laon ; ms. du XIVe siècle, sur parchemin, contenant 276 actes
des années 1125-1320, in-folio de 111 ff. à 2 col. (Archives
dép de l'Aisne, G2)
Cf. Deux cartulaires de l'évêché de Laon,
Par Thillois (Bulletin de la Société académique de
Laon, II, 1853, p. 207-228). Cf aussi Varin : Archives administratives de
la ville de Reims, I, p. CLX.
Analyse du précédent, faite au XVIIIe
siècle [1768], mais défectueuse, sur papier (Archives
dép. de l'Aisne, G3).
Extraits faits au XVIIIe siècle (Biblioth.
nationale, coll. Dom Grenier, vol. CX, ff. 26, 43, 45, 50, 77, 96 et
164).
1 Il s'agit ici du numéro de catalogue du
répertoire d'Henri Stein, Bibliographie générale des
cartulaires français, paru en 1907 et dans lequel sont
répertoriés et inventoriés la plupart des cartulaires de
l'espace français et espaces environnants.
12
Sources secondaires
* G 1 : Petit cartulaire de
l'évêché de Laon, consistant en 6 cahiers
détachés qui contiennent 105 chartes, dont deux
incomplètes.
Stein
1876 - Petit cartulaire de l'évêché de Laon ;
ms. du XIIIe siècle, sur parchemin, contenant 125 actes des
années 975 à 1267, in-4° de 46 ff. (Archives dép.
de l'Aisne, G1) Manuscrit incomplet ; le reste se trouve à la
Biblioth. Gheltenham, ms. 1322 (14 ff.) Analyse du même, faite
au XVIIIe siècle, sur papier, in-folio (Archives dép. de
l'Aisne, G5)
* G 3 : Inventaire analytique,
rédigé vers 1768, de 275 chartes du Grand cartulaire de
l'évêché de Laon.
* G 4 : Inventaire, rédigé vers
1768, de titres du trésor des chartes de l'évêché de
Laon, concernant le chapitre cathédral de Laon
* G 5 : Inventaire général des
titres de l'évêché de Laon
* G 7 : Fondations religieuses dans le
diocèse de Laon de 1112 à 1625
- Fondation et dotation par Thomas de Coucy d'une
chapellenie au-dessous de son manoir de Landouzy (1226)
- Reconnaissance par Renaud, curé de Chermizy des
rentes dues à la chapellenie de La-Ville-aux-Bois et assignées
sur des immeubles sis à Pargnan, Cerny-en-Laonnois, Chivy, Troyon,
Martigny-en-Laonnois et Pancy (1252)
* G 9 : Acquisition par l'évêque
de Laon de divers droits sur la vicomté de Mons-en-Laonnois
- Vente par Gobert le Cat à l'évêque
de Laon des droits de vicomté à Mons-en-Laonnois, Laniscourt,
Bois-Roger et les Creuttes, le vendeur se réservant les maisons,
prés, vignes, terres, bois et autres héritages, ainsi que le
droit de rouage qui relevait de ladite vicomté (1236)
- Ratification de cette vente par Gérard de Clacy,
vidame du Laonnois (1236)
* G 10 : Négociations à propos de
la forêt de Wois
- Confirmation par Philippe IV d'un accord passé
entre Enguerrand de Coucy l'évêque de Laon à propos des
modalités de partage de ladite forêt entre les deux
13
protagonistes (1287)
* G 11 : Acquisitions par
l'évêque de Laon de biens fonciers et de prérogatives
seigneuriales sur la prévôté du Laonnois
- Vente par Simon de Valavergny, écuyer et
prévôt du Laonnois, à l'évêque de Laon de 20
livrées de terre à percevoir annuellement sur la grande taille du
Laonnois qu'il tenait en mouvance de l'évêché, à
cause de la prévôté du Laonnois qu'il tenait de son
frère Jean de Valavergny (1292)
- Vente par Gaucher, sire de Châtillon et
connétable de Champagne, et Isabelle de Dreux, sa femme, à
l'évêque de Laon de la châtellenie de Laon ainsi que de la
seigneurie de Barenton-Cel, vassale de l'évêché
(1297)
- Le même Gaucher invitant ses vassaux à
obéir désormais audit évêque (1297)
- Abandon par Jean, châtelain de Torte, sire
d'Honnecourt et chevalier, au profit de l'évêque de Laon de ses
droits dans ses fiefs ainsi que des 20 livrées de terre affectées
sur la prévôté de Valavergny (1301)
* G 14 : Limites et franchises
(méridionales) du Duché
- Ratification par Louis VIII d'une sentence arbitrale
fixant les limites des domaines de l'évêque de Laon et du comte de
Soissons entre Urcel et Martigny, la rivière d'Ailette étant
confortée dans son rôle de frontière naturelle
(1225)
- Choix d'arbitres pour le règlement des limites
des seigneuries respectives de ces deux seigneurs (1262)
* G 22 : Démarcations territoriales et
seigneuriales autour du bois de Ronceloi
- Vidimus par Raoul Li Jaunes, garde scel du bailliage de
Vermandois, d'une charte datée de 1214 où Enguerrand de Coucy
reconnaît à l'évêque de Laon les droits d'entrecours
pour la partie de la forêt lui appartenant, conformément à
la division préalablement opérée ; de même qu'il
reconnaît ne pouvoir conduire en chevauchée ni mettre parmi ses
troupes d'autres hommes de Laval, Nouvion-le-Vineux et de Maimeçon que
ceux qui seront ses vassaux (1331)
- Vidimus par Hugues Aubriot, garde de la
prévôté de Paris, d'un accord passé en 1237 entre
l'évêque de Laon et le sire de Coucy au sujet du bois de Ronceloi
(1380)
- Accord entre l'évêque de Laon et l'abbaye
de Prémontré pour la démarcation de ladite forêt et
des dépendances des moulins d'Achery (1287)
14
* G 27 : Accords et transactions effectués
autour d'Achery-Mayot
- Accord entre l'abbé de Saint-Nicolas-aux-Bois et
l'évêque de Laon à propos de l'acquisition par l'abbaye
d'Isle de Saint-Quentin d'Anguilcourt et Saucet, dépendant des
châtellenie et prévôté de Ribemont, en premier lieu,
et de la confirmation d'appartenance d'Achery à
l'évêché de Laon dans un second temps. Il est
précisé que les habitants des lieux susnommés exercent un
droit de pâturage, bien que le pré de l'évêque en
soit affranchi. De plus, l'abbé abandonne à l'évêque
de Laon une rente annuelle de 20 muids de vin à Chevregny (1287)
* G 32 : Transactions effectuées autour de
biens et droits sis à Anizy-le-Château
- Vente par Baudouin de Chevregny et Jeanne de
Caulaincourt, sa femme, à l'évêque de Laon de ce qu'ils
possèdent à Anizy-le-Château, tant en redevances
économiques et foncières qu'en droits seigneuriaux (1229)
- Reconnaissance de cette vente par les abbés de
Saint-Jean et Saint-Vincent de Laon (1229)
- Ratification par Gérard de Caulaincourt qui
renonce à ses droits de suzeraineté (1229)
* G 38 : Accords passés entre
l'évêque de Laon et l'abbaye de Prémontré
- Vidimus par Henri de Taperel, garde de la
prévôté de Paris, de la ratification faite par le roi
Philippe V, d'une transaction passée en 1313 entre l'évêque
de Laon et l'abbaye de Prémontré, attribuant la haute justice du
moulin de Liébuin audit évêque, la basse et la moyenne
à l'abbaye, sous la condition que l'officier qui la rendra aux vassaux
abbatiaux prêtera serment devant l'évêque. Les sujets
épiscopaux de Brancourt ne pourront plus faire paître leurs
bestiaux dans les pâtures de Moilleval (1316)
* G 39 : Droits, ventes et franchises sis
à Bruyères, Vorges, Chéret et possessions alentours
- Concession par Louis VI, sur la somme de 20 livres due
par les habitants de Bruyères et de Vorges pour leur érection en
commune, un tiers à l'évêque de Laon et un autre tiers
à Clarembaud du Marché ; ainsi qu'un tiers à chacun de la
taille de ceux qui entreront en la paix de Laon, dans les endroits où la
taille est perçue. Les profits seront partagés entre le roi et
l'évêque, et le monarque assigne à Béatrix, cousine
de l'évêque Barthélémy et femme de Clarembaud, ainsi
qu'à son fils, en témoignage de l'affection qu'il porte à
l'évêque, un domaine sis à Bruyères et Chéret
(1129)
15
- Confirmation de la charte communale de Bruyères par
Philippe-Auguste (1186)
- Vente par Roger de Rozoy à l'évêque
de Laon de ce qu'il possédait à Bruyères, Chéret,
Cherequel, Martigny, Montbérault et Vorges, et des dîmes, cens,
justice, hommes de corps, vinages, de la mouvance de
l'évêché de Laon, tout en se réservant sa grande
grande vigne de Martigny ainsi que divers autre biens fonciers de ce lieux,
tout en se reconnaissant vassal de l'évêque et noble serviteur de
l'église de Laon (1247)
- Ratification de cette vente par Aelide, dame
d'Audenarde, soeur dudit Roger (1248)
* G 41 : Droits et ventes sis à
Chevregny
- Reconnaissance par l'abbé de Braine que
l'évêque de Laon lui a accordé le droit de pâturage
de la ferme de Certaux (Sarteau) moyennant une rente annuelle de 10 sous
tournois, tout en définissant les limites de ce territoire
(1265)
- Vente par Gilon, dit Gros-Ami, et Perrée, sa
femme, à l'évêque de Laon de droits de vinage, cens et
rentes sur des maisons, terres et jardins sis à Chevregny (1292)
* G 50 : Ventes de maisons sises à Laon
en faveur de l'évêque et accords passés avec la commune
à propos de leurs droits respectifs dans cette même ville
- Ventes à l'évêque de Laon de maisons
et d'une partie des droits attenants par Gérard de Clacy issus de sa
vidamie et de sa châtellenie du Laonnois (1230)
- Accord passé entre l'abbé de Vauclair et
l'évêque de Laon à propos d'une maison sise à Laon
(1261)
- Vidimus par le garde de la prévôté
de Paris d'une confirmation de 1241 de Louis IX relative aux droits
réciproques de l'évêque de Laon et de la commune de cette
même ville (1292)
- Copie d'un acte de bornage entre l'évêque
de Laon et l'abbaye de Saint-Vincent, vidimé en 1280 par Philippe III
(1619)
* G 56 : Liasse relative aux fiefs de Laval,
Nouvion-le-Vineux, Mailly et Maimençon
- Vente par Enguerrand de Coucy à
l'évêque de Laon, accompagnée d'une ratification de
celle-ci par sa femme Marguerite, de ses possessions sises dans ces
territoires, ainsi qu'une quittance apportée par
le-dit Enguerrand (1267)
- Vente par Pierre de Courtisot, sire de Crandon, à
l'évêque de Laon de ses biens sis à Laval et
Nouvion-le-Vineux, accompagnée d'une série de ratifications de
ladite vente par les officialités de Laon et de Troyes, ainsi que de
Béatrix, sa femme
16
(1292)
* G 61 : Concessions sises à Lizy
- Thomas de Coucy, seigneur de Vervins, et Enguerrand de
Coucy, seigneur de Marle, concèdent aux habitants de Lizy des bois et
pâturages moyennant un cens qui n'est pas déterminé
(1212)
- Énumération d'une série d'accords
passés entre l'abbaye de Prémontré et
l'évêque de Laon à propos de bois et de possessions
attenantes situés près de Lizy (1292)
* G 62 : Opérations foncières
effectuées sur le domaine de Mons-en-Laonnois
- Vente par un bourgeois de la ville de Laon à
l'évêque de cette même ville d'une rente affectée sur
divers immeubles dudit domaine (1270)
* G 65 : Opération foncières
effectuées sur la ferme de Pouilly
- Vente par Roger d'Acy à l'évêque de
Laon et quelques-uns de ses hommes de Pouilly de 11 jalois de terres
labourables sises sur ladite ferme (1221)
* G 73 : Accords passés à propos du
domaine de Versigny et des possessions attenantes
- Accord passé entre Enguerrand de Coucy et
l'évêque de Laon à propos de d'un ruisseau sis à
Versigny et devant leur servir de limite (1292)
* G 74 : Accord passé entre Enguerrand
de Coucy et l'évêque de Laon à propos de l'usufruit du bois
de Tranlois
- Ledit Enguerrand reconnaît que
l'évêque de Laon lui a vendu 3 charrues de terres labourables
à prendre dans son bois de Tranlois moyennant un surcens annuel de 4
muids de blé (1202)
* G 76 : Liasse relative aux exactions des
sires de Coucy dans le domaine de Versigny, propriété de
l'évêché de Laon
- Reconnaissance par Philippe III que la garenne dudit
lieu appartenait à l'évêché ; que le sire de Coucy
avait eut tort d'y faire prisonnier un homme de corps de l'évêque
; et que ceux qui gardaient la régale pendant la vacance du siège
épiscopal avaient eu raison d'informer (1277)
17
* G 78 : Opérations foncières
effectuées sur le domaine de Vorges
- L'évêque de Laon cède un champ
à différents habitants de Vorges moyennant une rente annuelle de
5 muids de vinage (1218)
* G 83 : Acquisitions par
l'évêché de Laon de prérogatives
féodo-vassaliques sur son pagus
- Abolition par Louis VI des offices de vidame et de
prévôt du Laonnois, regardés comme oppresseurs des pauvres
et de l'église, les unissant ainsi de manière perpétuelle
à l'évêché de Laon (1125)
- Dénombrements et hommages de la vidamie du Laonnois
(1281, 1284 et 1292)
* G 86 : Liasse relative aux prérogatives
de la prévôté du Laonnois
- Vente par Simon de Valavergny à
l'évêque de Laon de divers droits dans sa
prévôté du Laonnois (1297)
* G 93 : Liasse relative aux prérogatives
seigneuriales dans le fief de Marcilly
- Simon de Sart, châtelain de Laon, abandonne
à l'évêque de Laon la suzeraineté du fief de
Marcilly sis à Faucoucourt, en échange de droits féodaux
autrefois cédés sans le consentement du prélat
(1265)
- Vidimus de cette charte par Hugues Aubriot, garde de la
Prévôté de Paris (1380)
* G 94 : Liasse relative aux prérogatives
seigneuriales dans le fief de Dammarie
- Milon, seigneur de Soupir, et Gérard, son fils,
cèdent à l'évêque de Laon la suzeraineté de
Dammarie, cession suivie d'une reconnaissance par Jean de Juvincourt,
chevalier, fils de feu Renaud dit Le Govie, chevalier (1248)
- Abandon par Jean et Bertrand de Juvincourt de leurs
droits de censives de Dammarie au profit de l'abbaye de Saint-Thierry de Reims
(1248)
* G 99 : Liasse relative aux
prérogatives féodo-vassaliques pour les châtellenies de
Montaigu, Pierrepont et Sissonne
- Décision arbitrale sur l'obligation faite au
comte de Roucy de rendre deux hommages distincts à l'évêque
de Laon pour les châtellenies de Montaigu et de Pierrepont (1260)
- Fois, hommages et dénombrements desdites trois
châtellenies (1322-1474)
18
* G 103 : Liasse relative aux prérogatives
féodo-vassaliques pour le domaine de Pouilly
- Sentence arbitrale mettant sous la suzeraineté de
l'évêque de Laon les possessions de Richard de Cervenay,
chevalier, à Pouilly, et obligeant ce seigneur à recevoir,
à le volonté dudit prélat, le remboursement d'une
prestation de 3 muids de grains exigibles sur l'évêché
(1250)
- Dénombrements et saisies féodales de ce
domaine, ainsi que de ceux des fiefs Gruet et de Flavigny, sis à
Pouilly
* G 105 : Liasse relative aux
prérogatives féodo-vassaliques pour la châtellenie de
Sissonne
- Enguerrand de Coucy atteste qu'il a acquis ladite
châtellenie, dans le comté et la baronnie de l'évêque
de Laon, avec l'intention formelle de ne pas changer la condition
féodale (1225)
Sources éditées
Mais il existe aussi des sources éditées,
correspondant aux témoignages laissés par les deux principaux
chroniqueurs du XIIe siècle laonnois :
NOGENT Guibert (de), De vita sua. Autobiographie d'un
moine du XIIe siècle, Clermont-Ferrand, Paleo (traduit
du latin par M. Guizot et R. Fougère), 2002.
TOURNAI Hériman (de), Les Miracles de Sainte Marie
de Laon, (
éd. et trad. Alain Saint-Denis),
Paris, CNRS éditions, 2008.
19
20
INTRODUCTION
HISTORIOGRAPHIES, PROBLEMATIQUES ET ENJEUX
21
Historiographies
L'intitulé de mon sujet - « Administrer par
l'écrit : le Grand cartulaire de l'évêché de Laon
» - m'oblige à m'inscrire dans une double mouvance
historiographique : il s'agira, en premier lieu, d'appréhender et
d'intégrer à mon propos les concepts proposés et largement
développés par l'historiographie culturaliste, et plus
particulièrement la branche se basant sur l'étude rigoureuse de
la scripturalité, tout en insérant mon étude dans le
renouveau actuel des approches socio-économiques qui régissent
l'observation des sociétés médiévales.
Scripturalité et cartulaires
Longtemps, les historiens n'avaient recours aux sources
écrites que dans un unique but de recensement des informations contenues
dans ladite source, lequel recensement prévalait sur l'analyse purement
formelle du document. Plus simplement, les historiens privilégiaient les
idées et les thèmes développés aux moyens
techniques mis en oeuvre pour les transmettre.
Toutefois, et ce dès le XVIIe siècle
- pensons ici à dom Jean Mabillon, dont l'ouvrage De re diplomatica
parût en 1681 -, certains spécialistes favorisèrent
l'essor de l'analyse technique et scientifique des diplômes : la
diplomatique. De nos jours, elle s'inscrit davantage dans des
problématiques relevant de l'histoire culturelle en
général, et de l'histoire des pratiques de l'écrit en
particulier. Souvent associée aux autres sciences dites «
auxiliaires » de l'histoire, la diplomatique peut se définir comme
étant l'étude rigoureuse des actes écrits, où se
trouvent consignés « soit l'accomplissement d'un acte juridique,
soit l'existence d'un fait juridique, soit encore éventuellement un fait
quelconque dès lors que l'écrit est rédigé sans une
certaine forme propre à lui donner validité »2.
Il s'agit donc d'une réflexion sur la valeur et l'authenticité de
ces documents, notamment grâce à tout un arsenal de
procédures, de classifications et de dénominations propres
à cette discipline3. En France, l'un des précurseurs
de cette discipline fut Arthur
2 CARCEL ORTI Maria Milagros (éd.),
Vocabulaire international de diplomatique, Valence, 1994.
3 Diplomatique médiévale,
GUYOTJEANNIN Olivier, PICKE Jacques et TOCK Benoît-Michel, Turnhout,
Brepols (« Collection du Centre d'Études Médiévales
de Nice »), n° 1, 1993.
22
Giry4, un médiéviste du XIXe
siècle, bien que ce soit au siècle suivant que cette discipline
acquit ses lettres de noblesse, notamment grâce travaux d'Alain de
Boüard5 puis d'Olivier Guyotjeannin6.
Néanmoins, la diplomatique s'est aussi profondément
diversifiée grâce aux recherches et aux contributions
récentes d'historiens tels que Laurent Morelle, Michel Parisse, Pierre
Chastang ou encore Étienne Anheim, pour ne citer qu'eux.
Mais il ne faut pas oublier non plus les disciplines connexes
à la diplomatique, qui connurent un essor et acquirent une rigueur
scientifique de manière concomitante à la diplomatique. Il s'agit
en premier lieu de la philologie, qui demeure essentielle quant à
l'analyse formelle et stylistique des textes ; puis vient la
paléographie, discipline fondamentale pour ce qui concerne
l'étude des textes médiévaux (à ce sujet il existe
quelques ouvrages de synthèse clairs et accessibles7) ; et
enfin la sigillographie, certains actes originaux étant parfois
accompagnés d'un sceau, ou sinon en faisaient référence,
le sceau n'ayant longtemps pas été l'objet d'une même
attention de conservation que les actes écrits8. De
même, la seconde moitié du XXe siècle a vu
s'épanouir et se développer une discipline qui trouve un
écho direct dans notre étude : la codicologie*. En effet, la
codicologie correspond à l'étude des manuscrits reliés en
codex, ancêtres de nos livres modernes. Cette discipline tend
à analyser l'objet dans toute sa matérialité,
c'est-à-dire de son principe de confection, en passant par le choix du
support, de la mise en page ou de ses conditions de
réalisation9. De ce fait, on assiste encore aujourd'hui
à un renouvellement de l'approche des manuscrits, qui sont
étudiés comme des objets en soi et non plus comme de simples
supports d'informations10.
4 GIRY Arthur, Manuel de Diplomatique, Paris,
1925 (1894).
5 BOÜARD Alain (de), Manuel de Diplomatique
française et pontificale, Paris, 1949 (1929).
6 GUYOTJEANNIN Olivier, « Le vocabulaire de la
diplomatique en latin médiéval (noms de l'acte, mise par
écrit, tradition, critique, conservation) », in O. WEIJERS (dir.),
Vocabulaire du livre et de l'écriture au Moyen Age, Turnhout,
Brepols, 1989, p. 120-134. ; GUYOTJEANNIN Olivier, « Antiqua et authentica
praedecessorum nostrorum nos ammonent. Appel et rejet du passé chez les
rédacteurs d'actes occidentaux (VIIIe-XIVe siècle) », in
L'autorité du passé dans les sociétés
médiévales, Jean-Marie Sansterre (dir.), Rome, École
française de Rome (« collection de l'École française
de Rome »), n° 333, 2004, p. 9-25.
7 BISCHOFF Bernhard, Paléographie de
l'Antiquité romaine et Moyen Age occidental, (trad. Harmat Atsma et
Jean Vez), Paris, Picard, 1985. ; POULLE Emmanuel, Paléographie des
écritures cursives en France du XVe au XVIIe siècle. Recueil de
fac-similés de documents parisiens avec leur transcription,
précédé d'une introduction, Genève, Droz, 1966.
8 Jusqu'au IInd Empire, il était
d'usage chez les conservateurs de séparer les sceaux des documents
auxquels il été adjoints, ce qui, de nos jours, correspond
à une véritable mutilation de l'acte, la charte ne pouvant alors
se comprendre sans le sceau qui l'accompagne, véritable gage
d'authentification ainsi que de datation et de localisation. Or, bien qu'il
existait certains dessins et descriptions antérieurs, il fallut attendre
le règne de Napoléon Bonaparte pour que les sceaux soient
reproduits de façon systématique sous forme de moulages et
conservés dans les dépôts publics.
9 LEMAIRE Jacques, Introduction à la
codicologie, Louvain-La-Neuve, Institut d'études
médiévales de l'Université catholique de Louvain, 1989.
10 Pour une synthèse globale sur la notion
de scripturalité, voir l'article de Joseph MORSEL, « Ce
qu'écrire veut dire au Moyen Âge. Observations
préliminaires à une étude de la scripturalité
médiévale », Memini. Travaux et documents de la
Société des études médiévales du
Québec n° 4, 2000, p. 3-43.
23
Qui plus est, ce ne sont pas des actes isolés qui
occuperont principalement le développement de notre propos, mais bien un
recueil d'actes compilés : un cartulaire. On désigne du mot
cartulaire [liber c(h)artarum, c(h)artularium, codex aureux, etc.]
toute transcription organisée (sélective ou exhaustive) de
documents diplomatiques, réalisée par le détenteur de
ceux-ci ou pour son compte, afin d'en assurer la conservation et d'en faciliter
la consultation (on le distingue du recueil de chartes, établi
par un érudit, ancien ou moderne, et non pas par
l'intéressé lui-même à l'aide de ses propres
documents)11.
Les cartulaires ont toujours été un
réservoir de données pour les historiens, les originaux des actes
transcrits ayant souvent disparu. C'est pourquoi un processus de compilation de
ces manuscrits a été entamé à partir de la fin du
XIXe siècle et a abouti en 1907, sous la férule
d'Henri Stein, à la publication de la Bibliographie
générale des cartulaires français12. Point
d'orgue d'une série d'inventaires réalisés
antérieurement et indice du perfectionnement de l'archivistique, l'ordre
suivi est l'ordre alphabétique des localités, et concernant la
description de chaque cartulaire, nous avons adopté cette classification
: titre du cartulaire, date de sa composition, dates extrêmes des
documents qu'il contient, nombre de pages ou de folios, lieu où il est
actuellement conservé. Toutefois, cet inventaire fut rapidement
dépassé par l'apparition de nouveaux manuscrits, tandis que
d'autres connurent les ravages des deux conflits mondiaux, changèrent de
cotes ou de lieu de dépôt. C'est pourquoi il connut et
connaît encore une perpétuelle mise à jour, grâce
notamment aux entreprises de la section diplomatique de l'Institut de Recherche
et d'Histoire des Textes (IRHT), qui s'attacha tout d'abord à
l'élaboration de révisions régionales13, puis
au développement d'un travail de microfilmage de tous les cartulaires
conservés en France - toujours en cours d'ailleurs -, et enfin, avec
l'aide de l'informatique, à la conception d'une base de données
perfectible mais qui se veut globale et regroupant l'ensemble des cartulaires
« au sens large » tel que l'envisageait d'ailleurs Henri Stein. C'est
ainsi que naquit le répertoire CartulR14, basé sur la
Bibliographie de Stein, complétée et corrigée, et
qui se veut ouvert à tous les chercheurs.
C'est donc dans ce terreau propice que se développe
depuis une vingtaine d'années en France une véritable
réflexion sur les cartulaires, non plus en tant que vecteur
d'informations, mais bien en tant qu'objet matériel et social. L'un des
événements fondateurs de cette impulsion historiographique fut
certainement la Table ronde organisée en décembre 1991 par
l'École nationale des chartes et le Groupe de recherche 121 du CNRS,
dont les interventions devinrent l'objet d'une publication15. Cet
ouvrage traite
11 Diplomatique médiévale,
GUYOTJEANNIN Olivier, PICKE Jacques et TOCK Benoît-Michel, Turnhout,
Brepols (« Collection du Centre d'Études Médiévales
de Nice »), n° 1, 1993, p.277.
12 STEIN Henri, Bibliographie
générale des cartulaires français, Paris, 1907.
13 LE BRAZ Jacqueline, Répertoire des
cartulaires de l'ancienne France, dans Bulletin de l'Institut de
recherche et d'histoire des textes, 1963.
14
www.cn-telma.fr/cartulR/index/
15 GUYOTJEANNIN Olivier, MORELLE Laurent, PARISSE
Michel, Les cartulaires : actes de la Table ronde organisée par
l'École nationale des chartes et le GDR 121 du CNRS, Paris, 5-7
décembre 1991,
24
notamment de l'insertion des cartulaires dans l'histoire de
l'écrit, leurs principes de réalisation et de confection, leurs
contenus, ainsi que des limites qui persistent dans l'histoire et
l'historiographie des cartulaires. De surcroît, cette étude
collégiale fut le précurseur de nombreuses autres études,
locales ou régionales16, ainsi que de multiples travaux
d'éditions. Or, ce travail de fond s'inscrit surtout dans un
foisonnement conceptuel et scientifique autour de la scripturalité, au
sein duquel les cartulaires ne représentent finalement qu'un objet
d'étude parmi tant d'autres17.
En outre, cette tendance historiographique s'inscrit dans le
courant plus général de l'histoire culturelle18, la
culture étant entendue ici comme l'ensemble des représentations
collectives propres à une société, l'histoire culturelle
pouvant alors apparaître comme une modalité de l'histoire sociale,
une histoire sociale des représentations. Elle se distingue ainsi des
histoires qualitatives (histoire des arts, des sciences, des idées...)
davantage articulées sur le jugement de valeur et attachées
à la recherche prioritaire de la singularité, bien que certains
historiens les incluent dans leur définition19. Pascal Ory,
fondateur et président de l'Association pour le Développement de
l'Histoire Culturelle, insiste sur la triple approche que sous-tend l'histoire
culturelle : approche factorielle tout d'abord, le système culturel
étant régit par un triple déterminisme (technique,
économique et social, politique) ; approche pratique ensuite (usages
sociaux des objets étudiés, etc) ; et approche formelle enfin.
Néanmoins, et de manière paradoxale en vue de
notre objet d'étude, la cristallisation de cette discipline se
construisit contre une histoire politique ou économique qui ignoraient
l'effet des représentations, mais à côté de la
sociologie de la culture ou de l'étude des politiques culturelles. Ce
qui, sur ce point, la rapproche des cultural studies anglo-saxonnes,
a-historiques et implantées dans les départements
littérature des universités, non en histoire. Mais la
spécificité française résulte justement par le fait
de rabattre vers l'histoire le savoir anthropologique, qui permet une mise
à
Paris, École des chartes, 1993.
16 CHASTANG Pierre, Lire, écrire,
transcrire. Le travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc
(XIe-XIIIe), Paris, éditions du Comité des Travaux
Historiques et Scientifiques, 2001. ; LE BLÉVEC Daniel (dir.), Les
cartulaires méridionaux. Actes du colloque organisé à
Béziers les 20 et 21 septembre 2002 par le Centre historique de
recherches et d'études médiévales sur la
Méditerranée occidentale avec la collaboration du GDR 2513 du
CNRS, Paris, École des chartes, 2006. ; JEANNE Damien, « Une
"machina memorialis". Les cartulaires des léproseries de la
province ecclésiastique de Rouen », Tabularia «
Études », n° 12, 2012, p. 29-62. ; ROSÉ Isabelle,
« Panorama de l'écrit diplomatique en Bourgogne : autour des
cartulaires (XIe-XVIIIe siècles) », Bulletin du centre
d'études médiévales d'Auxerre, BUCEMA, n°11,
2007.
17 BERTRAND Paul, « À propos de la
révolution de l'écrit (Xe-XIIIe siècle).
Considérations inactuelles », Médiévales,
n°56, 2009, p. 75-92. ; CHASTANG Pierre, ANHEIM Étienne (coll.),
« Les pratiques de l'écrit dans les sociétés
médiévales » Médiévales, n°56,
2009, p. 5-10.
18 ORY Pascal, L'histoire culturelle,
Paris, PUF (coll. « Que sais-je ? »), 2004. ; BERTRAND Anne-Marie,
« L'histoire culturelle du contemporain », in Bulletin des
bibliothèques de France, n°6, 2004, p. 116117.
19 SIRINELLI Jean-François (dir.), RIOUX
Jean-Pierre, Pour une histoire culturelle, Paris, Seuil, 1997.
25
distance nécessaire. On perçoit alors le noyau
dur de l'histoire culturelle française, l'histoire des
représentations, une approche ethno-anthropologique des
sociétés, qui permet à Pascal Ory d'affirmer que «
c'est le regard qui crée le champ », c'est-à-dire qu'il
semble nécessaire de percevoir le culturel comme un regard, non comme un
domaine.
C'est ainsi qu'un élargissement des approches,
notamment vers l'anthropologie, a permis et permet encore de redécouvrir
sous un oeil neuf ou selon des angles d'analyse différents des
thèmes qui semblaient jusque-là épuisés. A ce
sujet, on pense par exemple à l'apport indéniable de Jack Goody
qui, par sa vision historique de l'anthropologie, a profondément
renouvelé les études portant sur la
scripturalité20. Mais cette interpénétration
des disciplines est encore perceptible aujourd'hui, en témoigne le titre
arboré par le n° 59 de la revue d'ethno-anthropologie
française Terrain, paru en septembre 2012 - « L'objet
livre »21 - où sont interrogées les implications
sociales et culturelles de l'aspect concret du livre.
Renouveau de l'approche socio-économique des
sociétés médiévales
L'historiographie française de l'époque
romantique se fondait essentiellement sur l'histoire des grands personnages,
des grandes batailles, des grands règnes de l'histoire de France. Par la
suite, l'école historique positiviste fut le chantre de ce que l'on
appelle « l'histoire bataille ». Or, c'est en réaction
à cette pratique de l'histoire événementielle et politique
que s'imposa l'approche socio-économique et le temps long au sein de la
discipline historique, courant qui acquit ses lettres de noblesse à la
fin des années 1920 lors de la création de l'École de
Annales par Lucien Febvre et Marc Bloch, et de son pendant éditorial
avec la Revue des Annales, de nos jours Annales. Histoire,
Sciences sociales, productrice d'un dialogue innovant et raisonné
entre les différentes sciences sociales22.
L'ouvrage qui semble faire une synthèse de cette
approche est celui de Fernand Braudel, La Méditerranée et le
monde méditerranéen à l'époque de Philippe
II23, où, à l'image de son plan en trois parties,
l'auteur introduit son propos en développant un véritable
programme historiographique. Il préconise effectivement de
décomposer
20 GOODY Jack, La raison graphique : la
domestication de la pensée sauvage (traduit de l'anglais par Jean
Bazin et Alban Bensa), Paris, les éditions de Minuit, 1978.
21 « L'objet livre », Terrain, n°59,
2012/2, 184 p.
22 Historiographies. Concepts et
débats, DELACROIX Christian, DOSSE Françoise, GARCIA
Patrick, OFFENSTADT Nicolas, Paris, Folio histoire, 2010.
23 BRAUDEL Fernand, La
Méditerranée et le monde méditerranéen à
l'époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1990 (9e
éd.).
26
l'histoire en trois niveaux non cloisonnés et
interdépendants et utilise la métaphore maritime pour exposer
cette manière de procéder : la couche profonde correspond au
temps géographique, la couche intermédiaire au temps
économique et social, et la surface à l'événement,
au temps individuel. Ainsi, les positivistes ne s'intéressaient
qu'à l'histoire de surface, captivante, mais simple récit,
contrairement à l'histoire telle que la concevaient les Annales,
c'est-à-dire fondée sur des explications de fonds. On ne comprend
en effet le fonctionnement économique et social d'une
société qu'en l'insérant dans un substrat
géographique et environnemental, le temps économique et social
représentant ensuite la trame de fond des événements
historiques, qui ne sont alors que la partie émergée du processus
historique. De ce fait, on observe la nécessité pour l'historien
de s'inscrire dans une pluridisciplinarité tendant à converger
vers une histoire globale. Et même si l'influence des Annales
n'est plus aussi prégnante en ce début de XXIe
siècle, leurs fondements historiographiques continuent de marquer et
d'inspirer les historiens contemporains, notamment concernant
l'interpénétration des sciences sociales afin d'embrasser un
maximum de points de vue.
C'est donc bien dans cette mouvance que s'inscrivent les
actuelles recherches socio-économiques des sociétés
médiévales. A l'instar d'un Georges Duby qui faisait office de
précurseur dans les années 1960/1970, notamment pour ses ouvrages
et contributions sur l'économie et la société
rurales24, ou d'un Robert Fossier, spécialiste lui-aussi des
développements économiques et sociaux des sociétés
rurales25, les récents travaux opèrent un
véritable tournant dans le renouvellement des approches et des
perspectives, après un relatif désintérêt de la
question socio-économique durant les années 1980, voire le
début des années 1990, du fait d'un sentiment d'essoufflement de
la question d'un point de vue quantitatif. Car, effectivement, les
études menées depuis une quinzaine d'années se basent
davantage sur des analyses de type qualitatif. Pour ce faire, les historiens,
malgré un manque évident et cruel de sources (on connaît
rarement les transactions ou les diverses opérations économiques
d'un paysan lambda, tandis que celles des seigneurs le sont pour une grande
majorité), mettent surtout l'accent sur les conditions de fonctionnement
de l'économie, plus que sur ses conséquences sur la
société. C'est en tout cas dans ce sens que vont les programmes
de recherche récents portant sur des thèmes
dévalorisés par le passé, tels que le salariat, le
marché de la terre26, les conditions socio-économiques
de formation de communautés d'habitants27 ou encore le
phénomène de
24 DUBY Georges, L'économie rurale et la
vie des campagnes dans l'Occident médiévale (France, Angleterre,
Empire, IXe-XVe siècles). Essai de synthèse et perspectives de
recherches, Paris, Aubier, 1962, 2 vol. ; Hommes et structures du
Moyen Age, Paris, 1973 ; Histoire de la France rurale, dir.
Georges DUBY et Armand WALLON, 4 t., Paris, Éditions du Seuil, 1975
(rééd. Paris 1992).
25 FOSSIER Robert, La terre et les hommes en
Picardie jusqu'à la fin du XIIIe siècle, Paris, 1968.
26 Marché de la terre au Moyen Age
(Le), dir. Laurent FELLER et Chris WICKHAM, Rome, École
française de Rome, 2005 ; Fortune de Karol (La). Marché de la
terre et liens personnels dans les Abruzzes au Haut Moyen Age, Laurent
FELLER, Agnès GRAMAIN, Florence WEBER, Rome, École
française de Rome, 2005.
27 MORSEL Joseph, « Appropriation
communautaire du territoire, ou appropriation territoriale de la
27
retournement de la conjoncture économique à
partir de la fin du XIIIe siècle28,
rediscuté à la lumière de nouveaux systèmes
d'interprétation.
Or, ce qui a permis ce redéploiement de l'approche
socio-économique des sociétés médiévales,
c'est sans aucun doute l'apport conceptuel des autres sciences humaines que
sont l'anthropologie et la sociologie. En effet, comment comprendre les
conditions préalables des transactions financières ou des
donations pieuses sans avoir, en arrière-plan, un certain arsenal
théorique sur l'anthropologie du don ou de l'échange29
? Comment mettre en évidence les régimes de domination qui
existent dans la question du salariat, du commerce ou du regroupement en
communauté d'habitants parfois socialement éloignés, si ce
n'est en interrogeant les théories développées par les
sociologues30 ?
De ce fait, les recherches engagées dans ce sens se
doivent quelque peu de s'inscrire dans les débats et les courants de
pensées de ces sciences humaines. Or, concernant l'anthropologie
économique, les historiens se sont davantage tournés vers le
courant substantiviste31 plutôt que vers le courant
formaliste, en ce sens que ce dernier se base sur un présupposé
selon lequel l'économie obéit et a toujours obéi à
la loi de l'offre et de la demande, selon la vision néo-classique.
Ainsi, ce qui rapprocha les études historiques du modèle
substantiviste tient en ce que ce courant convoque des procédures
non-économiques dans la régulation des systèmes
économiques, les phénomènes économiques ne pouvant
être séparés de la société. C'est en tout cas
le système invoqué par de nombreux anthropologues tel que Marcel
Mauss qui, dans son Essai sur le don, a présenté le don
et l'échange comme un phénomène social total où
s'enchevêtrent aspects économiques, sociaux, politiques et
religieux32. Qui plus est, certains travaux d'économistes
valident ce parti pris, comme ceux d'André Orléan, pour qui le
fonctionnement économique d'une société repose sur des
rapports d'ordre subjectifs, mettant ainsi en avant la valeur
profondément social des échanges33.
communauté ? » Observations en guise de conclusion,
Hypothèses, 2005/1 p. 89-104.
28 Sur ce thème, on pense notamment aux
travaux menés conjointement par Monique BOURIN et François
MENANT, mettant en avant les conditions propres de la conjoncture de 1300 dans
l'espace méditerranéen contre le schéma plus septentrional
qui s'était depuis longtemps imposé.
29 MAUSS Marcel, Essai sur le don : forme et
raison de l'échange dans les sociétés
archaïques, Paris, PUF, 2012 (2e éd.) ; GODELIER Maurice,
L'énigme du don, Paris, Fayard, 1997.
30 WEBER Max, Économie et
société (trad. Julien Freund, Pierre Kamnitzer, Pierre
Bertrand, et alii), Paris, Plon, 1971 (1921) ; BOURDIEU Pierre, «
Les modes de domination », in Actes de la Recherche en Sciences Sociales,
1976/2, p.122-132.
31 SAHLINS Marshall, Age de pierre, âge
d'abondance. L'économie des sociétés primitives,
Paris, Gallimard, 1976 ; POLANYI Karl, La grande transformation. Aux
origines politiques et économiques de notre temps, Gallimard, 1994
[1983] ; ORLEAN André, L'Empire de la valeur, éd. du
Seuil, 2011.
32 MAUSS Marcel, op. cit.
33 ORLEAN André, L'Empire de la
valeur, éd. du Seuil, 2011. ; « La monnaie contre la
marchandise », L'Homme, 162, avril-juin 2002 ; La Monnaie
entre violence et confiance, avec Michel Aglietta, Paris, éd. Odile
Jacob, 2002.
28
Contextualisation historique de
l'évêché de Laon
De nos jours, la ville que l'on désigne par des
périphrases telles que « montagne couronnée » ou encore
« promontoire sacré »34, tout comme ses faubourgs,
villages et campagnes environnants, regorge d'une histoire ancienne et
fortement ancrée dans l'histoire de France : forteresse
stratégique durant l'Antiquité tardive, dernière «
capitale » des Carolingiens, centre névralgique de
l'économie et du royaume capétiens, ligueuse durant le
règne d'Henri IV, terrain d'affrontement lors des guerres
franco-prussienne et mondiales dans un passé plus
récent35. Le Laonnois est une terre d'histoire, dont les
historiens ne cessent, depuis le XVIIIe siècle - si ce n'est
depuis le Moyen Age -, d'inventorier toute la richesse. Il me semble alors
nécessaire d'en réaliser une brève synthèse et de
l'insérer à une contextualisation historique de
l'évêché, le cartulaire étant le fruit d'un long
processus d'affirmation de l'institution épiscopale.
Les origines de l'évêché de
Laon
Il est possible de faire débuter l'histoire de
l'évêché de Laon lors du règne de Clovis qui,
après s'être converti au christianisme, s'est vu
félicité par le pape sur sa conversion, le priant d'être le
protecteur de l'Église, ce qu'il fit en étendant l'empire de la
religion et en augmentant ses états. Clovis donna à saint
Rémy plusieurs terres, dont Anizy, Coucy et Leuilly, des villae
proches de Laon. Le saint prélat les employa à former de
nouveaux évêchés et à fonder plusieurs
églises. Revêtu de l'autorité d'archevêque et de
légat apostolique, il établit en 498 un évêque
à Laon, qui n'était alors qu'une simple bourgade du
diocèse de Reims, mais ancienne place forte des Gaules - selon Annie
Dufour-Malbezin, toutefois, le démembrement de
l'évêché de Laon du diocèse de Reims semble
plutôt avoir eu lieu au VIe siècle, vers 551, avec pour limite
méridionale la rivière de l'Ailette36. Saint
Rémy érigea ensuite en cathédrale l'église
Sainte-Marie où il avait été élevé, et
assignant la terre d'Anizy à l'évêque, fit de grands biens
à cette église, afin qu'on put y célébrer l'office
divin avec dignité. Peu de temps après,
l'évêché fut élevé en
duché-pairie37. L'évêque de Laon est donc pair
ecclésiastique du royaume et titulaire d'un
34 MARTINET Suzanne, Laon. Promontoire sacré
des druides au IXe siècle, Laon, Courrier de l'Aisne, 1994.
35 BUR Michel (dir.), Histoire de Laon et du Laonnois,
Éditions Privat, Toulouse, 1987.
36 DUFOUR-MALBEZIN Annie (éd.), Actes des
évêques de Laon : des origines à 1151, Paris, 2001
(Documents, Études et Répertoires, publiés par l'Institut
de recherche et d'histoire des textes, 65), p. 11
37 LE LONG Nicolas (dom), Histoire
ecclésiastique & civile du diocèse de Laon,
rééd. 1980 (Impression analistique de l'édition de
Châlons, 1783, in-4°), p. 44.
29
ducatus tenu du roi, position le plaçant
à la tête d'une hiérarchie féodale puissante et lui
permettant de recevoir l'hommage, le roi conservant toutefois d'importants
pouvoirs sur la ville. Il tenait d'ailleurs, avec le roi, la monnaie de Laon et
son entrée dans la cité devint une cérémonie
complexe, chargée de symboles38.
Au sommet de la hiérarchie du clergé local,
l'évêque, duc de Laon, menait donc la vie d'un grand seigneur
temporel, soucieux de défendre ses intérêts39.
Mais cet aspect, le mieux connu, sera développé un peu plus tard
dans l'analyse.
Les événements de 1112
La notoriété de ces événements
doit beaucoup au témoignage contemporain des événements
d'un Guibert, abbé de Nogent-sous-Coucy, qu'il compile dans son
Autobiographie40 ou d'un Hériman de
Tournai41. Elle résulte aussi de la force symbolique de cet
événement dans l'essor du mouvement communal en France du
Nord.
En effet, Laon, vieille cité royale et marché
régional (vin, céréales, fibres textiles), connaît
au XIe siècle une prospérité enviable. Le
siège de l'évêque-comte du Laonnois est devenu un enjeu
majeur dans la rivalité des groupes aristocratiques. Les tensions et les
excès proviennent du double pouvoir, royal et épiscopal, qui
s'exerce sur la ville. Le roi et l'évêque se sont attachés
un certain nombre d'hommes qui, riches de nouveaux domaines, rassemblent leurs
propres partisans. La situation de la population de Laon devient alors de plus
en plus confuse. En 1098, à la mort de l'évêque
Hélinand, collaborateur du roi, son successeur, Enguerrand de Coucy,
partisan de l'aristocratie locale, sépare le pouvoir épiscopal du
pouvoir royal. En 1106, Enguerrand de Boves, châtelain de Coucy,
réussit à y faire élire Gaudry, chancelier du roi
d'Angleterre. Le nouvel évêque, confirmé par le pape,
fomente complots et assassinats pour accroître son influence42
et abuse d'une fiscalité arbitraire pour remplir ses caisses. Il
s'engage dans
38 SAINT-DENIS Alain, Apogée d'une
cité : Laon et le Laonnois (XIIe-XIIIe siècles), Nancy,
Presses universitaires de Nancy, 1994, p. 470.
39 id., ibid., p. 525
40 NOGENT Guibert (de), De vita sua.
Autobiographie d'un moine du XIIe siècle, Clermont-Ferrand, Paleo
(traduit du latin par M. Guizot et R. Fougère), 2002. Guibert,
abbé bénédictin de Nogent-sous-Coucy, au diocèse de
Laon, de 1104 à 1125 environ, écrivit ce De Vita sua,
vers 1114. L'ouvrage comporte trois parties: la première est
l'autobiographie de Guibert de 1055 à 1104| la deuxième est
l'histoire du monastère de Nogent| la troisième est l'histoire de
Laon et de ses évêques. Ce récit, très incisif, est
celui d'un témoin oculaire dont les informations sont directes,
d'où l'intérêt et la valeur de son témoignage.
41 TOURNAI Hériman (de), Les Miracles de
Sainte Marie de Laon, (
éd. et trad. Alain Saint-Denis),
Paris, CNRS éditions, 2008.
42 À la suite d'une querelle,
l'évêque fomente une conjuration contre Gérard de Quierzy,
châtelain royal et le fait assassiner dans la cathédrale en 1111.
Le roi, avec les hommes de l'abbaye Saint-Jean, châtie ceux qui avaient
osé troubler la paix de Dieu et souiller l'église
cathédrale. Ce meurtre révèle la
30
une lutte de clans qui désorganise la vie locale et
crée l'exaspération. Les bourgeois influents, soudoyant les
grands de son entourage, obtiennent, en son absence, l'octroi d'une
première commune (droit de prêter un serment d'entraide pour
assurer la protection de chacun et la paix publique), assortie d'avantages
fiscaux (1111). Le tout est confirmé par le roi Louis VI. Gaudry,
s'estimant lésé, réitère, à son retour,
extorsions arbitraires et manipulations de monnaie, ruinant l'économie
locale. Décidé d'en finir avec la commune, il achète
l'approbation du monarque (18 avril 1112) et rompt le contrat, provoquant la
conjuration des bourgeois et le déclenchement de la révolte.
Le jeudi 25 avril 1112, en début d'après-midi,
un groupe de conjurés, à la tête d'une foule
d'insurgés, prit d'assaut, pilla et incendia la maison fortifiée
de Gaudry, l'évêque de Laon, aux cris de « Commune ! Commune
! ». Ce dernier, après avoir combattu, trouva refuge dans un
tonneau de son cellier. Bientôt découvert, il en fut tiré
par les cheveux, roué de coups, frappé à mort avec une
hache double et son cadavre mutilé, traîné au coin de la
rue la plus proche, fut exposé aux railleries et aux jets de pierres,
tandis que le feu détruisait le chevet de la cathédrale et une
partie du coeur de la cité43.
Les désordres, répressions et vengeances ne
cessent pas avant 1115, date à laquelle le roi envoie Etienne de
Garlande pour pacifier la cité. Un peu avant, le souverain avait
imposé un nouvel évêque, Hugues, sacré le 4
août 1114, dont l'action rapproche de nouveau les deux pouvoirs.
Toutefois, la documentation est quasi muette sur la mise en place d'un nouvel
ordre social et économique. Le successeur d'Hugues, Barthélemi de
Jur, est, lui, élu sans intervention extérieure. Le calme revenu
dans la ville, le roi, Louis VI, bien que mécontent de son peuple de
Laon, accepta de lui donner des marques de bonté dans une
assemblée tenue à Compiègne en 1128 : il y publia une
charte de Paix contenant 22 articles en faveur de la ville de Laon et son
territoire depuis Ardon jusqu'à Breuil, en y comprenant Leuilly. Il
rappella tous les bannis et n'excepta de l'amnistie que 13 personnes. Ce
fragile compromis accordait à l'élite bourgeoise une juridiction
municipale et des privilèges fiscaux, mais sans préjudice
à ceux des seigneurs, de l'évêque, du chapitre et
même du châtelain, s'il a des droits44. L'opposition
acharnée de l'évêque Roger de Rozoy (1174-1207)
empêcha l'extension de ce régime au comté du Laonnois
pourtant intimement lié à la cité. Un siècle de
procès incessants avec le chapitre affaiblit l'institution.
Malgré une révolte sanglante en 1295, cette Paix sera maintenue
jusqu'en 1331, où de nouveaux soulèvements incitent Philippe VI
à briser définitivement la commune et à installer un
prévôt royal45, ce qui montre à quel point cette
situation
concurrence entre les aristocrates, l'évêque et le
roi.
43 SAINT-DENIS Alain, op. cit.
44 LE LONG Nicolas, op. cit., p.241
45 BAUDOT Jean-Louis., « La Commune de Laon :
organisation et fonctionnement d'une institution médiévale
(1128-1331) », in Mémoires de la Fédération des
sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, 44
(1999), p. 105-144 ; HUART-FLEURY Suzanne (D'), Les institutions communales
de la ville de Laon (1128-1331), thèse de l'École Nationale
des Chartes, 1947.
31
favorisa l'intervention croissante de la monarchie
capétienne dans les affaires de la ville46.
Dès lors, l'émergence et l'affirmation
progressives de la commune marquèrent un tournant dans l'histoire de
l'évêché de Laon, l'évêque devant composer
avec un pouvoir concurrent - et qui plus est laïc - au sein-même de
la cité, voire au-delà. De ce fait, il n'est pas surprenant que
le cartulaire s'ouvre sur une charte de 1190 qui indique la suppression de
ladite commune par Philippe-Auguste. Or, le cartulaire contient nombre de
chartes relatives à la commune et visant notamment à restreindre
ses prérogatives. De là à affirmer que le cartulaire a
été confectionné dans le but d'affaiblir la commune, il
n'y a qu'un pas. Mais il serait erroné de concevoir l'élaboration
du cartulaire sous le prisme de cette unique perspective. En effet, l'histoire
de l'évêché de Laon ne se conditionne pas à son seul
rapport avec la commune, mais s'incrit dans un régime
d'historicité beaucoup plus large, que le cartulaire permet
d'aperçevoir.
Splendeurs et misères d'un
évêché
Tout d'abord, malgré ces tensions, Laon et son
évêché connurent aux XIIe et XIIIe
siècles une certaine prospérité, à laquelle
l'oeuvre des différents évêques qui se
succédèrent durant cette période n'y est pas
étrangère, bien que le pouvoir épiscopal fut de plus en
plus obligé de composer avec des puissances concurrentes (siège
apostolique, roi, bourgeoisie urbaine).
Le redressement semble clairement s'être mis en marche
à partir du canonicat de Barthélémy de Jur47,
qui eut la lourde tâche de réparer ces désastres et de
rétablir l'ordre. Ancien trésorier de la cathédrale de
Reims et chanoine de Laon, il est familier du clan aristocratique des Roucy et
fut recommandé par Anselme, le grand maître de l'École de
Laon. L'oeuvre engagée par Barthélemy contraste avec celle de ses
prédécesseurs, car la période de son épiscopat
correspond à un retour au calme de la société laonnoise et
du diocèse48, à un développement intellectuel
accompagné d'un certain rayonnement religieux, en parfaite
adéquation avec la mise en place de la réforme
grégorienne, notamment par le biais de donations à des abbayes
d'autels récupérés auprès de laïcs ou
provenant de la mense épiscopale. Dans le même temps, il tenta de
limiter les spoliations
46 AUBERT, R. (dir.), Dictionnaire d'histoire
et de géographie ecclésiastiques, Paris : Letouzey et
Ané, [s.d.], 2008, Fascicule 175b-176, p. 522
47 TÉTARD Jean-Louis, «
Barthélémy, évêque de Laon, moine cistercien de
Foigny », in Mémoires de la Fédération des
sociétés d'histoires et d'archéologie de l'Aisne,
tome XLVI, 2001, p. 7-20 ; FLORIVAL, « Barthélémy de Jur,
évêque de Laon », in Études historiques sur le
XIIe siècle, 1877.
48 Barthélémy essaya continuellement
de faire revenir à de meilleurs sentiments les seigneurs de son
diocèse, encouragea ses fidèles à entrer en lutte aux
côtés de Louis VI contre Thomas de Marle qui dévastait le
diocèse, le tout en employant tant la persuasion que l'excommunication,
pour le bien de son diocèse, comme celle prononcée le 6
décembre 1114 contre Thomas de Marle, lors du concile de Beauvais.
32
des avoués et de limiter leur puissance en
définissant leurs droits avec exactitude49. Mais son action
spirituelle s'exprima surtout par l'accueil des ordres naissants
(prémontrés, cisterciens, templiers), action qui franchit les
limites de son diocèse (donations à Saint-Denis, Saint-Amand ou
encore à Saint-Martin de Tournai).
Fondateur ou protecteur d'abbaye, l'évêque n'en
était pas moins administrateur et homme politique. Effectivement,
Barthélemy, tout au long de son épiscopat, fut amené
à rédiger de nombreux cartulaires, actes de
propriété et chartes pour différents seigneurs et
communautés religieuses. C'est aussi durant son canonicat que l'on
observa les prémisses de ce que l'on pourrait appeler la «
centralisation » du commandement temporel du diocèse autour de
l'autorité épiscopale, comme le stipule cette charte royale
octroyée en 1125 à la demande de Barthélémy,
où Louis VI unit à l'évêché de Laon les
offices onéreux de vidame et de prévôt du Laonnois sous la
condition expresse qu'ils ne soient jamais aliénés, ces offices
étant alors occupés par des laïcs sous prétexte que
la décision des affaires séculières troublait le repos de
l'évêque et l'exercice de son ministère50.
Toutefois, l'oeuvre politique majeure de Barthélemy fut sans doute la
charte de 1128 qu'il favorisa dans le Laonnois, dont il fut, sinon
l'initiateur, tout au moins le protecteur, et qui prit le nom «
d'Institution de paix », le nom de commune étant probablement trop
difficile à lui donner après la première expérience
qui l'amena sur le siège épiscopal.
Finalement, après avoir tenté en vain de
réformer le chapitre cathédral, il résigna son
épiscopat, pourtant marqué par une restauration politique et
religieuse efficace du diocèse, en 1151 et se retira en l'abbaye
cistercienne de Foigny en qualité de simple moine.
L'abbé de Saint-Martin, Gautier de Saint-Maurice, lui
succéda, mais décéda en 1153. Gautier de Mortagne devint
alors évêque de Laon. Ancien doyen du chapitre de Laon, il
s'était déjà opposé à Barthélemy
quand celui-ci voulait réformer ce chapitre, et avait de grandes
ambitions, comme en témoigne sa volonté de reconstruire la
cathédrale et le palais épiscopal, ravagé par l'incendie
de 1112 mais dont ses prédécesseurs avaient quelque peu
délaissé la réfection, réfection qui aurait
été contraire à leur recherche monastique de
pauvreté51. Or, cet exemple est-il un marqueur de sa
volonté d'affirmer son opposition à Barthélemy, un
désir d'affermir son autorité ou plus simplement un
révélateur de son besoin d'argent ? Nul ne sait. Fidèle
à sa ligne de conduite, il s'en prit d'abord, en vain, à l'ordre
des prémontrés et aux donations faites par Barthélemy
à cet ordre, ce qui apparaît, aux yeux d'Alain Saint-Denis, comme
une manifestation de la rancoeur du chapitre contre les deux
précédents prélats, accusés d'avoir enrichi les
49 Parmi quelques faits d'armes, il exhorta puis
contraignit Enguerrand II, en 1138, à remettre l'église
collégiale du château de Coucy, détenue contre le droit
ecclésiastique et desservie par des chanoines séculiers. Il
obtint également la restitution à l'abbaye Saint-Vincent des
biens usurpés par Thomas de Marle.
50 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 241.
51 SAINT-DENIS Alain, op. cit., p. 187.
33
Prémontré52. Débouté,
il attaqua alors directement Barthélemy auprès du pape et
reprocha à son prédécesseur d'avoir dilapidé les
biens du diocèse, attaque dont s'acquitta le principal
intéressé53. L'affaire se termina par un compromis
passé en la cathédrale de Laon, en présence du jeune Louis
VII et de l'archevêque de Reims, assisté de tous les
évêques de sa province, ainsi que seize abbés du
diocèse54.
Perçu de nos jours comme un évêque
bâtisseur55 et un gestionnaire rigoureux, Gautier fut attentif
à toutes les questions d'argent, car pour financer toutes ces
constructions, il tenait à avoir des finances saines. En effet, il
surveillait avec un soin méticuleux les domaines ruraux de la mense
épiscopale tout en oeuvrant pour leur rationalisation économique
(défrichements, constructions d'exploitations, plantations de vignes ou
imposition du droit de vinage pour les locataires des vignes). Aussi,
grâce à sa ligne de conduite pragmatique et rationnelle, Gautier
fit reconstruire de nombreuses maisons en ruine dans la cité,
conjointement à de nouvelles acquisitions sur l'ancien parvis qui lui
valurent la possibilité de revendiquer un certain nombre de droits de
justice sur le nouveau marché56, et, pour protéger les
terres de son évêché des entreprises des Coucy, seigneurs
de Marle, il fit élever à Pouilly-sur-Serre une tour
entourée de murs puissants et protégée par de profonds
fossés57. L'épiscopat de Gautier de Mortagne fut donc
marqué par un certain accroissement du temporel épiscopal, mais
surtout par une mise en valeur d'un potentiel préexistant et une gestion
plus rigoureuse des domaines négligés58.
52 Id., ibid. p. 151.
53 « Lorsque je fût entré dans
l'évêché de Laon, je l'ai trouvé dans un état
déplorable, ruiné par les séditions et par le feu. La
cathédrale tombait en ruine et les revenus en étaient modiques.
On sait tout ce que j'ai fait pour réparer les maux ; je n'ai cependant
rien donné aux chanoines de la manse épiscopale que les porcs
mâles dont je me trouvais même embarrassé. Il n'y avait
à mon arrivée dans le diocèse que cinq abbayes pauvres et
portées au relâchement. On y a vu par le secours de Dieu fleurir
la piété et l'abondance. J'ai aidé aussi à fonder
neuf autres monastères qui font l'édification du diocèse ;
mais je ne me suis pas servi pour cela des biens de
l'évêché. Le pape Calixte m'ayant recommandé St
Norbert, pour lui procurer une solitude conforme à ses désirs, je
ne lui ai donné de l'évêché qu'une terre inculte de
deux charrues au plus, dont une partie est à Versigny et l'autre
à Cuissy. Des seigneurs donnèrent à la
vérité, de mon consentement, des terres qu'ils tenaient de moi en
bénéfice ; mais je me suis toujours réservé les
cens et le vinage. Au reste l'évêché n'est-il pas bien
dédommagé par la gloire d'avoir donné naissance à
tant d'église qui en dépendent et qui sont desservies par des
personnes d'une vie pure et exemplaire » : lettre apologétique de
Barthélemi de Jur, transcrite dans LE LONG Nicolas (dom), op.
cit., p. 268.
54 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 268 : ce
compromis offrit la possibilité aux religieux de rester les paisibles
possesseurs de leurs biens moyennant contrepartie financière au
bénéfice de l'évêque.
55 MARTINET Suzanne, « Un évêque
bâtisseur : Gautier de Mortagne », in Mémoires de la
Fédération des sociétés d'histoire et
d'archéologie de l'Aisne, tome VIII, 1961-1962, p. 81-92.
56 SAINT-DENIS Alain, op. cit., p. 189.
57 MARTINET Suzanne, « Un évêque
bâtisseur... », p. 84.
58 SAINT-DENIS Alain, op. cit., p. 152
34
De ce fait, craignant que les biens de son
évêché et ses nouvelles acquisitions ne fussent saisis
après sa mort au profit du roi qui s'emparait des revenus et des biens
qu'il n'avait pas affranchis, l'évêque Gautier obtint de Louis un
privilège qui affranchit à perpétuité ses
acquisitions, plantations, améliorations, granges, bétails,
vignes, les maisons de l'évêque situées à Laon et
hors de la ville avec leurs meubles, de sorte que si l'évêque,
avant sa mort, avait fait un testament, il serait valable ; si au contraire il
venait à mourir intestat, son argent, ses provisions de toute
espèce appartiendraient au roi, excepté le grain
nécessaire aux semailles et à l'entretien des fermiers. Le vin
provenant des vignes plantées ou acquises par ledit Gautier furent aussi
réservés à son successeur ou a l'extinction des dettes. Si
l'évêché tombait, par la mort de l'évêque,
à la nomination du roi, ses officiers, pour lever les revenus, ne
pourraient demeurer dans les maisons de Laon ou dans d'autres endroits non
fortifiés, car ceux à qui l'évêque avait loué
les biens en auraient l'administration et resteraient dans les maisons ou
fermes de l'évêché59.
Alors que le transept de la cathédrale se trouvait en
voie d'exécution, la mort saisit Gautier en juillet 1174. Le roi
exerça alors ses droits sur l'évêché et octroya
à l'ensemble des villae episocpi une Paix et une commune,
modelée sur celle de Bruyères. Or, la fin du XIIe siècle
étant marqué par une période d'essor économique,
accompagné du fait que les terres d'églises étaient
exploitées sans concessions (corvée, taille à merci,
contrôle des mobilités), les paysans devinrent désireux
d'accéder aux mêmes avantages que leurs confrères des
terres communales60. De même que l'expansion de la charte de
Bruyères au domaine épiscopal pouvait représenter un
intérêt certain pour les citadins désireux d'étendre
le droit urbain aux campagnes environnantes.
C'est pourquoi le chapitre réagit à ce qui
apparaissait pour lui comme une menace, du fait de la présence
d'enclaves stratégiques. Gautier II de Mortagne, neveu du
précédent et trésorier du chapitre fut donc
élevé à la dignité d'évêque, mais
mourut peu de temps après. L'élection de son successeur fut donc
actée le 9 août 1175, en la personne Roger de Rozoy, doyen du
chapitre de Châlons-sur-Marne, ancien chanoine de Notre-Dame de Laon et
fils cadet de Clarembaud, seigneur de Rozoy, lignage dont les alliances -
à savoir la famille de Hainaut et celle de Champagne - se
révèlent peu favorables à Louis VII.
Contrairement à Gautier de Mortagne, Roger voulut se
démarquer par son action politique. En effet, il entreprit des
démarches en direction du pape dans le but de dissoudre la commune du
Laonnois, en vain. Il réitéra alors sa requête en direction
du roi, pour une issue semblable. Ces deux échecs successifs
convainquirent l'évêque de se tourner vers les bourgeois de Laon,
devenus des interlocuteurs dotés d'une certaine influence au sein de la
cité. Il leur concéda de nombreux droits ainsi qu'une place pour
la construction d'un beffroi, signe de sa volonté de conciliation.
Néanmoins, tout cela n'empêcha pas, en 1178,
59 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 269.
60 SAINT-DENIS Alain, op. cit., p.
248-255.
35
de voir se renouveler des troubles liés à la
commune qui, rétablie par Louis VII, portait préjudice à
l'évêque, du fait que les bourgeois, en payant un cens annuel,
étaient libres, avaient une justice particulière de maire et
d'échevins, qui ne punissaient les délits que par des amendes
pécuniaires et, souvent, empiétait sur les droits et
privilèges de l'évêque et du clergé.
Ces événements marquèrent donc une
rupture définitive dans le comportement de l'évêque envers
la commune et poussèrent Roger à mander la protection du roi et
le crédit de ses amis pour abolir cette commune. Mais le roi n'ayant
point d'égard à ses pressantes sollicitations, le prélat
mortifié et piqué de ce refus, engagea ses parents et ses amis
à prendre les armes pour réduire un peuple ingrat et rebelle.
Renaud de Rozoy, son frère, Jacques d'Avesnes, le comte de Rethel et
d'autres seigneurs marchèrent avec leurs troupes contre la commune de
Laon, soutenue des vassaux de Saint-Médard, de la commune de
Crépy et de celle de Vailly. Les défenseurs de la commune ne
purent tenir contre de tels soldats aguerris. Mais cette défaite
infligée aux milices communales, dirigées par le
prévôt royal, apparut comme un camouflet pour le roi, qui
s'indigna contre Roger et ses partisans et engagea une expédition royale
en ordonnant la saisie du domaine épiscopal. Pour venger ce massacre, il
s'avança avec des troupes sur Renaud de Rozoy, ne pouvant faire tomber
sa colère sur l'évêque réfugié cher Gautier,
évêque de Langres. Louis VII arrivé au château de
Nizy, appartenance du comte de Roucy, y trouva des députés du
seigneur de Rozoy qui lui firent satisfaction et conclurent la paix, à
condition que Renaud reconnaisse tenir du roi son château de Rozoy.
Roger, ayant voulu supprimer la commune dans son diocèse, dut,
à cause de cela, faire amende honorable devant le roi, et passer devant
un tribunal ecclésiastique, car il avait été accusé
de s'être trouvé en armes au combat et d'avoir tué des
bourgeois, ce qu'il nia après avoir prêté un serment
probatoire sous l'injonction du pape. Il n'obtint le pardon de Louis VII que
l'année suivante61.
Ainsi, Roger sortit blanchi de ce simulacre et
récupéra siège de Laon, tout comme les biens qui lui
étaient attachés. Preuve de ce retour en grâce de Roger aux
yeux d'un roi vieillissant, l'évêque célébra
à Bapaume, en 1180, le mariage de son fils Philippe avec Isabelle, fille
du comte Baudouin. Mais son accord passé avec le comte de Flandres en
1185 contraria fortement le nouveau roi Philippe Auguste, qui chercha à
contrecarrer les plans de l'évêque tout en cherchant à
ménager le clergé et les paysans du Laonnois (possibilité
d'en référer à justice royale, plafonnement des
prélèvements...). Roger, pour revenir dans les bonnes
grâces royales, lui abandonna donc La Fère en 1188, le roi
étant engagé dans une phase d'expansion
territoriale62, moyennant suppression de la commune, ce que le roi
fit en 119063. Il dut, par la suite, prêter allégeance
au roi de France contre
61 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 272-273.
62 Le Vermandois fut réuni à la couronne
en 1183 (cf. LE LONG Nicolas, op. cit., p. 274).
63 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 276 : « Je
casse totalement cette commune comme contraire aux droits et à la
liberté de l'église de Laon, et je le fais pour l'amour de Dieu,
de la Sainte Vierge, en vue de la justice et du voyage de Jérusalem que
je suis prêt d'accomplir ». Cf G2, A. D. de l'Aisne, 1, f° I
r° : [...] communiam Laudunensii contra jura et libertatem ecclesie beate
Marie Laudunensis institutam omnio quassamus et omnes cartas et scripta super
institutione vel confirmatione communie facta ;
36
1000 livres, ce qui l'amena à lever des tailles
exceptionnelles, très mal supportées par les paysans. De ce fait,
le chapitre, en 1197, l'accusa de mauvaise gestion de
l'évêché. S'en suivit une enquête pontificale qui
humilia Roger, apparaissant comme un personnage négligent et corrompu. A
la mort de l'évêque Roger, le 21 mai 1207, on pouvait observer la
prééminence du chapitre, ennemi juré des institutions
bourgeoises et de l'arbitraire, qui joua un rôle de modérateur
face à l'évêque, dont il ne cessa désormais
d'affaiblir les pouvoirs, et qui se donna pour devoir de protéger les
paysans contre les excès des officiers épiscopaux.
Son successeur, Rainaud de Surdelle, chanoine de
l'église de Notre Dame de Laon ne tint le siège épiscopal
que 3 ans et mourut le 16 mars 1210. Robert de Châtillon, fils de Guy et
d'Adélaïde de Montmorency, représentant de la haute
aristocratie, lui succéda. Il se croisa avec l'archevêque de Reims
et d'autres prélats lors de la croisade contre les Albigeois. Revenu de
Languedoc, il gouverna son diocèse avec zèle, soutint les droits
de son église, affranchit des serfs du Laonnois, à condition
qu'ils ne serviraient point contre l'église et qu'ils ne transmettraient
leurs biens qu'à ses vassaux. Il fut fortement impliqué dans les
affaires temporelles, notamment à Anizy où il avait fait
construire des maisons à Anizy dans une enceinte de murs flanqués
de tours. Soutien logistique de Philippe Auguste lors de la bataille de
Bouvines, il mourut l'année suivant, le 29 octobre 1215.
1215 correspond donc à l'année de
l'élection d'Anselme de Mauny64, ancien chanoine devenu
archidiacre. Accusé de népotisme, Anselme mena une politique
indépendante le faisant sans cesse entrer en conflit avec le chapitre,
qui désirait ardemment le mettre sous tutelle. Fort de la suppression de
la commune du Laonnois, il en profita pour consolider ses positions dans le
domaine épiscopal, n'ayant de cesse de remanier le temporel en
multipliant les acquisitions - de biens fonciers ou de droits divers.
Mais parallèlement, comme le suppose Alain Saint-Denis,
il semble que l'évêque taxa lourdement les habitants des
campagnes, ce qui eut pour conséquence une certaine vague
d'émigration de ceux-ci vers les terres du seigneur de Coucy. Cette
remarque, anecdotique mais significative, apparaît alors comme
révélatrice d'un état conflictuel latent entre les deux
seigneurs. En témoigne l'excommunication prononcée par Anselme de
Mauny envers Enguerrand de Coucy, accusé d'avoir ravagé les
terres de l'Église et violé la tranquillité de la
cathédrale en y enlevant de force le doyen qui avait fait mettre en
prison certains de ses vassaux pour les obliger à restituer les biens
qu'ils avaient enlevés à l'église de Laon. Mais Enguerrand
finit par faire amende honorable.
amore dei et beate Virginis et justicie et respectu
peregrinationis nostre Jerosolyma penitus infirmamus [...].
64Id., Ibid., p. 286-294 ; SAINT-DENIS Alain, op.
cit., p. 469-471.
37
L'évêque Anselme, qui avait assisté au
sacre de Saint Louis comme duc et pair, et transigé avec le comte de
Soissons pour les limites de leurs domaines respectifs, mérita l'estime
du roi par sa fidélité et sa soumission. Louis IX recherchant le
consensus en réponse aux agitations bourgeoises et communales (Reims,
Saint-Quentin, Compiègne, Senlis), il n'en oublia pas de favoriser la
paix et l'avantage des églises. La ville de Laon n'était pas
moins agitée, mais en 1233, Anselme, dans une nouvelle
démonstration de largesse, leva l'excommunication portée contre
le maire et les échevins, qui avaient mis en prison des vassaux de
l'église. Il mourut le 3 septembre 1238, mais son épiscopat fut
marqué par l'efficacité de son action temporelle.
A peine élu, Garnier, son successeur, ancien doyen et
archidiacre de Laon, contraignit les maire et échevins à lui
faire, comme à ses prédécesseurs, hommage et serment de
fidélité, et à jurer solennellement de conserver sa
personne, son honneur et sa vie, et de l'accompagner partout où il
voudrait, pourvu qu'ils pussent revenir chez eux le même jour. Les
échevins n'osant contredire ces droits de l'évêque,
voulurent de leur côté l'obliger à conserver la commune et
leurs privilèges. On convint de s'en rapporter à l'arbitrage de
Henri de Dreux archevêque de Reims, sous peine de 300 livres pour le
récusant. D'après la sentence de l'archevêque, les maires
et les échevins se présentèrent dans la cour de
l'évêché accompagnés du peuple, se mirent à
genoux et firent à l'évêque serment de
fidélité65, ce qui amena Garnier à leur assurer
de sa bonne foi, selon les termes de leur accord passé66. Ce
jugement fut observé et confirmé par Saint Louis en 1241 et en
1331 par Philippe de Valois qui dans son diplôme reconnaît que
l'évêque a droit après son sacre de rappeler les bannis.
Cet usage de faire prêter serment étant devenu une source de
dispute entre le clergé et le peuple, on en dispensa par la suite les
maire et échevins moyennant 2000 livres payables en 5 ans.
On observe donc chez Garnier une certaine fermeté
à l'égard de la commune, tout comme son
prédécesseur, mais contrairement à ce dernier,
l'épiscopat de Garnier fut marqué par une plus grande
coopération avec le chapitre. De même, tout comme ses
prédécesseurs, il fut soucieux de mettre en valeur le temporel
épiscopal, et c'est sous son canonicat que la maison de
l'évêque se transforma en palais épiscopal, suite à
une série de travaux67. Croisé lors de la
première expédition de Saint Louis en Terre sainte, il trouva la
mort en 1249.
65 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 296 :
« Je vous jure, Garnier évêque de Laon, que je garderai de
bonne foi votre vie, vos membres et votre honneur temporel, sauve la
fidélité due au seigneur Roi ».
66 Id., Ibid., p. 296 : « Moi Garnier
évêque en vertu de la consécration que j'ai reçu
à Reims, je vous conserverai votre honneur et votre tranquillité,
suivant la charte du seigneur roi, et conformément à l'usage de
mes prédécesseurs »
67 CREPIN-LEBLOND Thierry, « Recherches sur
les palais épiscopaux en France du Nord au Moyen-Age (XIIe-XIIIe
siècles) d'après divers exemples des provinces
ecclésiastiques de Reims et de Sens », in École
nationale des Chartes. Positions des thèses, 1987, p.63-69.
38
L'année suivante fut marquée par
l'élévation au siège épiscopal d'Itier de Mauny,
ancien archidiacre et doyen de l'église de Laon, frère d'Anselme.
Sacré en 1250 par évêque de Senlis dans l'église St
Arnoul de Crépy en Valois, et en vertu d'un privilège
accordé par une bulle du pape aux évêques de Laon, Itier,
en l'absence de celui de Soissons, sacra cette année-là
archevêque de Reims Thomas de Beaumets, fils de Gilles Châtelain de
Bapaume et d'Agnès de Coucy. Perçu par ses contemporains comme un
évêque doué de toutes les qualités de l'esprit et
corps, il joignit une prudence consommée à la piété
la plus solide. En effet, c'est sous son impulsion que fut construit
l'Hôtel-Dieu de Laon, qu'il soumit à son chapitre en y
plaçant des religieuses de l'ordre de Saint-Augustin et en y rattachant
les maladreries de Pouilly, Pontavert, Bruyères, etc68. Il
mourut le 22 mai 1260.
L'évêque qui lui succéda se
prénommait Guillaume de Moustier, dit de Troyes, un ami et compatriote
de Jacques Pantaléon, ancien chanoine de Laon et futur Urbain IV. Sa
collaboration avec le chapitre, devenu alors maître de l'église de
Laon et menant seul la guerre contre la commune, fut donc étroite. Il
établit notamment un compromis avec le roi en 1266, compromis qui
garantissait et renforçait sa juridiction dans la ville. A sa mort, en
1270, il fut remplacé par Geoffroy de Beaumont, dont la mort brutale en
1273 provoqua une crise de succession qui laissa le siège vacant pendant
6 ans. Or, ni le roi - qui faisait alors valoir son droit de régale -,
ni le chapitre - qui disposait alors d'une marge de manoeuvre et d'une
autonomie accrues - n'avaient intérêt à abréger
cette vacance.
Cet état de cause était toutefois symbolique de
la prédominance générale acquise par les chapitres
cathédraux de la province de Reims qui, de fait, s'attirèrent le
mécontentement de leurs évêques respectifs, notamment parce
qu'ils faisaient cesser régulièrement l'office divin et mettaient
les villes en interdit. L'archevêque de Reims décida alors
d'assembler à Compiègne un concile qui fit rentrer les
évêques dans leurs droits et réprima les prétentions
des chapitres69. C'est ainsi qu'au sujet de la vacance du
siège épiscopal, la rivalité entre Jean de Rumigny,
chanoine de Laon, et Guillaume de Châtillon, chantre de la
cathédrale d'Auxerre et préconisé par le pape Nicolas III,
tourna à l'avantage du second, qui fut élevé sur le
siège de Laon en 1279.
Sa première action fut donc, on ne s'en étonne
pas, de chercher à étendre les bornes de sa juridiction et de son
duché devant la recrudescence d'autorité et de pouvoir
qu'acquirent ses principaux rivaux dans le diocèse durant cette vacance
de 6 ans (roi, chapitre, commune, seigneurs locaux). Mais cette entreprise fut
contrariée en 1282, lorsque le bailli de Vermandois, représentant
de la justice royale, restreignit le duché de 18 villages, faisant
défense à son official de connaître des affaires du
Laonnois et du comté de Roucy. Son action épiscopale fut donc
largement entravée par l'action des
68 SAINT-DENIS Alain, Institution
hospitalière et société. L'Hôtel-Dieu de Laon,
1150-1300, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1983.
69 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 305-306.
39
pouvoirs concurrents, notamment le pouvoir royal.
C'est pourquoi, c'est contre la commune qu'il mena bataille,
lui intentant notamment un procès devant le Parlement de Paris cette
même année 1282, trois ans avant sa mort. Ainsi,
l'évêque porta « un coup décisif en obtenant du
Parlement de Paris un long document précisant les limites de sa
juridiction et les droits de ses hommes, qui se voient dispensés de
payer les taxes du marché... »70.
De surcroît, dans la lignée de son
prédécesseur, Robert de Thorote, fils de Jean, châtelain de
Noyon, et de Lucie d'Honnecourt, eut à coeur d'améliorer la
cohésion du domaine épiscopal en multipliant les acquisitions.
Désireux de porter le coup de grâce à la commune, il
profita des émeutes qui secouèrent la ville en 1294 pour
affaiblir celle-ci, en faisant expressément appel à Philippe le
Bel, qui condamna très sévèrement les bourgeois de Laon
suite à l'emprisonnement d'un clerc (forts dommages et
intérêts, détention des sergents de la commune,
cérémonie de réparation), et démit de leur fonction
le maire et les jurés de la ville. Mais toutes ces mesures
n'empêchèrent pas une nouvelle révolte urbaine qui
éclata en 1295 dans un contexte d'extrême tension. Deux
écuyers, qui s'étaient querellés avec un des membres les
plus influents de la commune, et un clerc de leur parenté, furent
traînés hors de la cathédrale par le peuple, puis
lapidés. L'un d'eux succomba à ses blessures. Le chapitre fit
cesser les offices divins et se plaignit auprès du roi et du pape
Boniface VIII, qui jeta l'interdit sur la cité de Laon et excommunia les
coupables. L'année suivante le roi abolit la commune et y installa un
gardien royal. Toutefois, il la rétablît à titre provisoire
en 1297, année de la mort de l'évêque Robert. En
contrepartie, les bourgeois durent verser de très importants
dédommagements au chapitre et acceptèrent une
cérémonie de réparation fort sévère. Le
pape, quant à lui, accorda son absolution aux responsables de
l'émeute en 1298, tout en levant l'interdit et les excommunications
qu'il avait pronconcés.
Les évêques qui suivirent restent moins connus,
mais leur contribution à l'élaboration du Grand cartulaire
nécessite d'effectuer une brève contextualisation de leur
épiscopat. Robert de Thorote mourant en 1297, c'est un certain Gazon de
Savigny qui lui succéda. Cet évêque, bien que
réalisant de nouvelles acquisitions foncières au compte de
l'évêché, s'est davantage fait remarqué par son mode
de vie courtisan que par son action effective en tant qu'évêque de
Laon. En effet, faisant parti de l'entourage de Philippe le Bel, il
vécut très souvent à Paris. A sa mort, en 1307, il fut
remplacé, du consensus du roi et du pape, par Gazon de Champagne, ancien
chanoinde de Saint-Quentin et docteur em droit canon. Il abdiqua cependant en
1315 et mourut l'anné suivante. C'est alors que Raoul Rousselet fut
transféré de l'évêché de Pampelune à
celui de Laon. Habile dans les affaires et propre aux négociations, le
roi l'employait souvent avec succès et le nomma même
70 BUR Michel (dir.), op. cit., p. 123.
40
exécuteur de son testament. Mort le 16 octobre 1323, il
fut alors remplacé par Albert de Roye, qui ne semble pas avoir
contribué à l'achèvement du cartulaire.
L'évêché de Laon à la fin
du XIIIe siècle
Le Laonnois représentait une des régions les
plus riches d'Europe, en particulier grâce à la réputation
de ses vignes, le XIIIe siècle étant alors
apparenté à une période d'apogée pour la
cité et ses évêques, ducs et pairs de France, bien que
ceux-ci durent de plus en plus composer avec des pouvoirs qui pouvaient leur
apparaître comme concurrents (commune, chapitre, roi, seigneurs
locaux)71. C'est pourquoi, les différents
évêques qui se succédèrent eurent à coeur de
consolider leurs positions dans le domaine épiscopal en alliant toute
une série d'acquisitions foncières et juridiques à un
développement d'institutions judiciaires évoluées - la
centralisation était telle que l'on observe, au début du
XIIIe siècle, l'apparition d'une véritable cour
épiscopale - et à un contrôle de plus en plus étroit
des officiers épiscopaux par le biais d'instruments de pouvoir modernes,
le cartulaire pouvant apparaître comme un de ces instruments. Mais ces
efforts furent bien souvent générateurs de conflits et devinrent
un ferment d'instabilité. Ce fut tout d'abord le cas au sein de la
cité, la faute à une interprétation différente du
texte de 1128 par les différents protagonistes, en particulier par les
magistrats communaux qui, trop souvent combatifs à mauvais escient sous
prétexte de maintenir la paix urbaine, faisaient saisir par leurs hommes
les responsables du désordre sans se soucier de leur appartenance - le
motif d'arrestation de sergents ou de serviteurs du chapitre ou de
l'évêque représentaient en effet 50% des procès. De
plus, les rivalités quasi permanentes entre les autorités royale
et épiscopale modifièrent souvent une toile de fond rendant la
situation politique peu claire aux yeux des acteurs72.
Mais le Laonnois, marqué par l'aboutissement d'une
forte poussée démographique longue de plus d'un siècle,
comme ce fut le cas dans de nombreuses régions du royaume73,
ne fut pas épargné par ce climat d'instabilité
générale qui régnait alors en ville, et les
évêques durent s'adapter aux évolutions sociales que ce
phénomène impliquait. En effet, le pouvoir judiciaire du
prélat s'étendant à tous ses hommes de corps, y compris
ceux qui vivaient dans la Paix, c'est en toute prudence qu'il devait agir et
dans un certain esprit de conciliation. Ce fut par exemple le cas d'Anselme de
Mauny qui, semble-t-il, taxait lourdement les habitants des campagnes, ce qui
entraîna, comme l'avance Alain Saint-Denis, une vague d'émigration
de ces habitants vers les terres de Coucy, plus avantageuses fiscalement.
Dès lors, l'affaire se conclut par l'établissement d'une charte
réglant le droit d'entrecours entre les deux seigneuries, charte
présente dans le cartulaire. Tout comme en
71 AUBERT, R. (dir.), op. cit., p. 530
72 SAINT-DENIS Alain, Apogée d'une
citée..., p. 598-599.
73 FOSSIER Robert, La terre et les hommes en
Picardie jusqu'à la fin du XIIIe siècle, Paris, 1968.
41
1259 lorsque l'évêque Itier accorda à ses
hommes d'Anizy une charte de franchise - et non une commune -, imposant la
suppression de la mainmorte et du formariage parallèlement à
l'instauration de quelques privilèges fiscaux, dans une volonté
de repeupler le bourg74.
Quoi qu'il en soit, et outre ces situations conflictuelles qui
marquèrent l'histoire de l'évêché, l'institution
épiscopale bénéficia largement du prestige acquis par la
ville, que ce soit lors de la période carolingienne, en tant que centre
politique, ou lors de la période capétienne, qui vit se
développer et rayonner l'école de Laon, la ville étant
alors devenue un centre intellectuel et culturel reconnu à travers
l'Europe entière, en témoigne l'influence qu'eut le maître
Anselme sur toute une génération de théologiens
européens. De ce fait, cet essor intellectuel permit à la
cité, à ses institutions et à tous les espaces
environnants, de bénéficier d'une visibilité accrue et
d'une meilleure insertion dans l'évolution des systèmes de
représentation. Chaque entité voulant sa part du gâteau, ce
fut certainement un facteur déclenchant de nombreux rapports de forces
qui s'instituèrent à partir de là. La diffusion
progressive de l'écrit au sein de la société - certains
laboureurs usaient de l'écrit pour officialiser une transaction
foncière par exemple - et un souci accru de sa conservation
participèrent et contribuèrent à un processus de «
rationalisation » sociétale via l'usage de
l'écrit75. Ce n'est donc pas un hasard si
l'évêché décida de l'élaboration de
cartulaires durant ce XIIIe siècle où fleurissaient
les cartulaires et autres manuscrits menant à cette rationalisation de
la pensée médiévale76.
Notre étude se devra donc de considérer ce
contexte culturel lié à un usage pragmatique de l'écrit
dans une société qui devient de plus en plus rationnelle, et dont
les cartulaires en sont l'une des finalités les plus abouties, ceux de
l'évêché de Laon ne dérogeant pas à la
règle.
74 SAINT-DENIS Alain, op. cit., p.471.
75 GOODY Jack, La raison graphique : la
domestication de la pensée sauvage (traduit de l'anglais par Jean
Bazin et Alban Bensa), Paris, les éditions de Minuit, 1978 ;
Pouvoirs et savoirs de l'écrit, Paris, La Dispute, 2007.
BERTRAND Paul, « À propos de la révolution de l'écrit
(Xe-XIIIe siècle). Considérations inactuelles »,
Médiévales, n°56, 2009, p. 75-92.
76 BERTRAND Paul, loc. cit. ; CHASTANG
Pierre, ANHEIM Étienne (coll.), « Les pratiques de l'écrit
dans les sociétés médiévales »
Médiévales, n°56, 2009, p. 5-10 ; DEFLOU-LECA
Noëlle, « L'élaboration d'un cartulaire au XIIIe siècle
: le cas de Saint-Germain d'Auxerre », in Revue Mabillon, n. s.,
8 (1997), p. 183-207.
42
Processus historique et cartularisation
Outre les rapports entre les évêques de Laon et
les différent(e)s institutions ou seigneurs, cette contextualisation
historique nous permet de mettre à jour quelques
présupposés latents et d'établir nos premières
hypothèses quant aux conditions d'élaboration du Grand cartulaire
de l'évêché de Laon.
En effet, bien que l'appel au Parlement de Paris datant de
1282 de l'évêque Guillaume de Châtillon contre la commune
paraît avoir été l'un des premiers éléments
déclencheurs de la rédaction du cartulaire (nous verrons
effectivement plus loin dans l'analyse qu'une première phase
d'écriture semble s'être opérée à partir de
1287), d'autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte.
En premier lieu, la vacance de 6 ans que connut
l'évêché entre 1273 et 1279, durant laquelle les pouvoirs
concurrents de l'évêque purent étendre leur capacité
d'action, peut apparaître comme une justification quant à une
volonté épiscopale de réaffirmation, voire de
restauration, de son autorité rognée, si ce n'est
accaparé. Dès lors, la confection d'un cartulaire fut
peut-être le moyen pour l'institution épiscopale de cristalliser
à travers le recours à l'écrit des états de fait
anciens, de consolider des acquis territoriaux antérieurs menacés
et ainsi de patrimonialiser un espace à reconquérir.
Toutefois, ceci ne reste qu'hypothétique. Car, en
second lieu, dans l'éventualité que les années qui
suivirent la vacance du siège épiscopale ne furent pas une
période de perte d'influence de l'évêque sur sa
juridiction, cette hypothèse ne saurait être corroborée. En
effet, le cartulaire n'est-il pas plutôt une démonstration de la
richesse et de la puissance de l'autorité épiscopale, la
confection d'un cartulaire demeurant onéreuse et n'étant, la
plupart du temps, l'apanage que de personnes ou d'institutions influentes ?
Dans cette optique, il faudrait alors percevoir le cartulaire en tant
qu'ambition politique, le tout adjoint à un processus de
monumentalisation par le biais de l'écrit. Il est tout à fait
probable qu'à l'instar d'un Gautier de Mortagne qui entreprît la
reconstruction de la cathédrale dans les années 1150, d'un
Garnier qui, dans les années 1240, permît la transformation de la
maison de l'évêque en un véritable palais épiscopal,
ou d'un Itier de Mauny qui, une décennie plus tard, dans un élan
de magnanimité et de charité symboles de sa puissance, ordonna la
construction de l'Hôtel-Dieu de Laon, l'institution épiscopale des
années 1280 eût à coeur de matérialiser plus de deux
siècles de domination temporelle au sein d'un codex,
véritable document-monument de par son format et son contenu.
Néanmoins, ces deux hypothèses n'apparaissent
pas nécessairement comme contradictoires, car le caractère
monumental du cartulaire peut correspondre à une manoeuvre ostentatoire
en réponse à une perte d'influence, prétendue ou
avérée. Pourquoi une telle compilation ne fut
décidée qu'à la fin du XIIIe siècle et
non dès l'émergence de pouvoirs concurrents ? S'agirait-il alors
d'une décision réactionnaire destinée à mettre en
scène une autorité et un faste perdus, ou plutôt d'une
reprise en main - dans toute sa portée symbolique, notamment si l'on se
réfère au caractère manuscrit de la rédaction du
43
cartulaire - d'un territoire, de sa juridiction et de ses
privilèges de la part de l'autorité épiscopale ? C'est
donc à partir de ce terreau conjecturel que des tentatives de
réponse essayeront de germer tout au long de notre analyse.
44
Problématiques
Transcriptions d'actes à des fins juridiques ou
économiques, les cartulaires ont été envisagés,
depuis peu nous l'avons dit, comme des constructions volontaires,
révélatrices d'une idéologie, témoignant des
systèmes de valeurs à l'honneur dans les milieux qui les ont
élaborés. C'est pourquoi les perspectives adoptées
portèrent une attention tant aux spécificités
codicologiques de ces registres qu'au contexte historique qui les a vu
naître, afin de donner sens à la rédaction des cartulaires
: phénomènes de mémoire et d'oubli, instrumentalisation
des archives au service d'un projet politique ou d'une défense d'un
patrimoine, notamment lorsque la mise en page et la mise en série des
chartes procèdent d'une subite mise en scène, mais aussi
perception de l'espace vécu et administrée sur lequel le
commanditaire a des droits. Il s'agit alors de comprendre comment des
gestionnaires s'emparent du patrimoine à travers l'écrit, dans
une période d'essor d'une administration épiscopale, issue plus
ou moins directement des directives de la réforme grégorienne.
De ce fait, nous recouperons notre étude à
travers trois axes principaux qui paraissent englober les problématiques
soulevées par le sujet : c'est en effet après s'être
interrogé sur les conditions d'élaboration du cartulaire que nous
analyserons la fonction mémorielle qui peut être assignée
ou non au Grand cartulaire de l'évêché de Laon, pour enfin
en proposer une étude anthropologisante, étudié dans cette
approche en tant qu'outil normatif.
Étude des conditions d'élaboration du
cartulaire
Tout d'abord, le processus de « cartularisation »
correspond à une mise en ordre des archives, c'est-à-dire que la
confection et la rédaction d'un cartulaire représentent un
travail archivistique de fond basé sur une rationalisation de
l'accès aux documents, de par notamment la condensation formelle de
l'information, ainsi que sur une hiérarchisation de ces mêmes
documents selon leur importance et sur la place qu'ils doivent occuper ou non
dans le codex. Un cartulaire est donc le fruit d'un long et minutieux
travail de choix, de classement et de recopiage des actes, et procède
dès lors d'un lien indéfectible avec les archives et/ou le
chartrier de l'institution. Il s'agit ainsi de traiter le cartulaire par
rapport « à tout un ensemble documentaire et narratif, de
manière à mettre à jour les stratégies textuelles
adoptées par les établissements pour consolider leurs
acquisitions patrimoniales
45
et leur position dans le réseau de pouvoir
local77 ».
Si pour certains cartulaires les procédés de
sélection tiennent de l'importance typologique accordée à
l'acte78, d'autres prennent davantage en compte des critères
d'ordre géographique79, chronologique - c'est le cas pour les
cartulaires-chroniques par exemple, la linéarité de l'histoire
étant un principe constitutif de la confection du codex - ou
encore purement économique80. Mais qu'en est-il de notre
objet d'étude ? Quels furent les procédés de
sélections des actes et les logiques de rédaction ? Pour tenter
de répondre à ces interrogations, nous nous attarderons sur deux
éléments qui semblent apporter des éléments de
réponse : le Petit cartulaire de l'évêché de Laon (G
1) et la table des matières liminaire du Grand cartulaire. En effet,
s'interroger sur les raisons ayant poussé l'institution
épiscopale à confectionner un second cartulaire tout en reprenant
une majorité des actes transcrits dans le G1, souvent conservés
dans leur enchaînement logique, légèrement remaniés
ou insérés dans des dossiers plus étoffés, peut
éventuellement nous permettre de cerner la ou les logique(s) qui ont pu
prédominer à la confection même du cartulaire. De plus, le
fait que certains actes du G 1 aient été retranscrits dans le
Grand cartulaire de l'évêché de Laon (G 2) et non d'autres
serait révélateur d'une finalité différente
accordée à chaque codex. Si le G1 s'ouvre sur une
série de quatre bulles papales consacrant l'autorité de
l'évêque en matière de justice spirituelle, suivie d'une
autre de quatre chartes chargeant les évêques du royaume en
général et celui de Laon en particulier d'excommunier les barons
de France hostiles aux immunités et aux droits de l'Église, puis
se poursuit par toute une suite d'affaires propres au temporel
épiscopal, le G 2, quant à lui, s'ouvre sur un dossier concernant
les rapports conflictuels que les évêques de Laon connurent avec
la commune, puis s'ensuivent les affaires portant sur le pagus
épiscopal, plus ou moins développées et
complétées par rapport au G 1, voire complètement absente
du précédent cartulaire.
77 CHASTANG Pierre, Lire, écrire,
transcrire. Le travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc
(XIe-XIIIe), Paris, éditions du Comité des Travaux
Historiques et Scientifiques, 2001, p. 219.
78 « Classer et compiler : la gestion des archives du
Mont-Cassin au XIIe siècle », CHASTANG Pierre, FELLER Laurent, in
Écritures de l'espace social. Mélanges d'histoire
médiévale offerts à Monique Bourin, BOISSEUIL Didier,
CHASTANG Pierre, FELLER Laurent, MORSEL Joseph, Paris, Publications de la
Sorbonne, 2010. Dans cette contribution, les auteurs indiquent, à la
p.350, que le cartulaire de Pierre Diacre n'est pas organisé selon
l'ordre d'une chronique, mais de manière typologique, avec un classement
manifestement hiérarchique et diplomatique (privilèges
pontificaux, préceptes impériaux et royaux, donations,
livelli, renuntia, serments).
79 Certains classements sont en effet
organisés selon une progression géographique qui va du centre
vers périphérie, c'est-à-dire des espaces les plus
importants du point de vue patrimonial vers ceux qui ne regroupent que quelques
biens. Parfois même, le classement épouse le parcours
géographique, plus ou moins rationnel, qu'un collecteur a pu
effectuer.
80 Nombre de cartulaires sont organisés en
dossiers selon des aires économiques prédéfinies (tenures,
villae), ce qui participe à une gestion rationnelle de
l'espace, symbolisée par une organisation rationalisée du
codex.
46
Ainsi, doit-ont voir les deux cartulaires comme
indépendants l'un de l'autre, ou doit-on plutôt percevoir le G 1
comme une construction séquentielle préalable et
nécessaire à l'élaboration du G 2, adapté,
remanié et complété selon un contexte et une
finalité différent(e)s ? Dès lors, si le G 1 semble
consacrer l'autorité de l'évêque, et ce depuis plus de
trois siècles81, le G 2 paraît être un instrument
chargé d'assurer et d'inventorier les possessions, biens et
prérogatives alloués aux évêques de Laon, comme si
face à l'émergence et à l'affirmation grandissante des
pouvoirs concurrents - le chapitre, la commune, le roi, pour ne citer qu'eux -
l'autorité épiscopale se voyait dans la nécessité
d'assurer ses acquis. De ce fait, cette hypothèse pourrait être un
facteur d'explication quant à l'ordonnancement quelque peu épars
et illogique de certains actes se retrouvant isolés du dossier auquel
ils auraient pu être insérés. Qui plus est, les
différentes phases d'écritures, repérées à
travers des changements de mains particulièrement significatifs,
correspondent à une compartimentation chronologique et peuvent
correspondre à différentes phases de recensement d'archives non
coordonnées. Ou alors, ces ajouts successifs furent-ils transcrits au
fil des revendications de l'évêché ? C'est ce que nous
tenterons de vérifier dans cette étude.
Il n'en reste pas moins qu'un second élément
nous permettrait éventuellement d'ordonner ce qui peut apparaître
comme du désordre : la table des matières. « Ordonner le
chaos, voilà la création » se plaisait à dire
Guillaume Apollinaire, bien qu'il ne s'agisse pas ici de « chaos »
à proprement parlé, les archives étant à
considérer comme un système d'ordonnancement à part
entière. En effet, le listage des rubriques*, même s'il
apparaît ici comme partiellement achevé, correspond à une
utilisation pragmatique de l'écrit, chargée d'apporter de la
lisibilité à un support qui reste opaque - la centaine de
feuillets et la longueur inégale des actes rendent la lecture et le
repérage particulièrement complexes. Or, l'absence d'une telle
liste dans le G 1 renforcerait l'idée que le G 2 en serait un
prolongement plus abouti et pragmatique dans son utilisation de l'écrit.
Toutefois, l'absence de rubriques de certains actes ou, dans le cas contraire,
la mention de rubriques absentes du cartulaire sont révélateurs
de la non-coordination des scribes lors des différentes phases de
rédaction et peut représenter une faille dans notre tentative de
compréhension de l'ordonnancement du codex. De même, le
caractère rétrospectif, c'est-à-dire rédigé
a posteriori, de cette table des rubriques abonde dans le sens de
l'hypothèse d'une relative absence de logique de classement a
priori, si ce n'est selon l'ordre préétabli par le G 1 par
exemple.
Tous ces éléments sur les conditions
d'élaboration du cartulaire symbolisent bien le renouveau des approches
tant codicologiques que paléographiques opéré depuis
quelques années à propos des cartulaires. Il s'agit ici de mettre
en évidence et de
81 G2, A.D de l'Aisne, 110, f° XXXIX r° :
charte de Lothaire II, datée de 975, qui, sollicité par
l'évêque de Laon confirme les biens des religieux
bénédictins de l'abbaye de Saint-Vincent considérée
comme le second siège de Laon et le lieu de sépulture des nobles
laïques de la ville. Par cette charte, il est reconnu aux
évêques de Laon une légitimité qui remonte jusqu'au
Xe siècle, comme pour témoigner de l'ancrage historique de
l'institution épiscopale et ainsi consolider son autorité.
47
comprendre les moyens mis en oeuvre dans le but d'atteindre
une ou des finalité(s) précise(s) et déterminée(s).
Or, ces finalités sont doubles : matérielles - le codex -
et symboliques - l'usage de l'écrit permet à l'institution
épiscopale d'ancrer son action dans le temps. En même temps qu'une
construction matérielle, le cartulaire est donc producteur d'une
construction mémorielle de l'évêché.
Les dimensions mémorielle et identitaire du
cartulaire
Bien qu'onéreux et long à réaliser, un
cartulaire n'en demeure pas moins un choix intentionnel de l'institution
commanditaire. Le cartulaire devient alors un instrument d'identification, un
outil mémoriel permettant à une communauté de
perpétuer une certaine histoire et de consolider sa
mémoire82. Or, afin d'illustrer notre propos, nous aurons ici
recours à l'exemple invoqué par Pierre Chastang dans sa
thèse de doctorat83 : dans ce passage, l'auteur aborde
l'élaboration de cartulaires monastiques du début du XIIe
siècle sous le regard de la querelle entre deux abbayes
bénédictines : Aniane et Gellone. Leur opposition datant de 1066,
avec pour principal enjeu la prééminence d'Aniane sur Gellone,
qui, sachant qu'elle n'a pas les moyens documentaires de lutter sur le terrain
des origines carolingiennes du monastère, oppose à Aniane une
« stratégie hagiographique » autour du personnage de saint
Guilhem. Dans la production textuelle, l'offensive est toujours anianaise
(l'abbé d'Aniane se plaint par exemple que les moines de Gellone
auraient élu leur abbé seuls ; revendications autour de la Vraie
Croix, que Charlemagne aurait donné à Aniane ; accusations de
simonie), mais Gellone en sortit toujours vainqueur. Ainsi, alors que les
Anianais rédigent un codex d'une complexe architecture, les
moines de Gellone, sans doute sûrs de leur bon droit, ne copièrent
en tête du manuscrit que leur version de l'acte de dotation de Guilhem,
qui daterait du 14 décembre 804. Pierre Chastang démontre ainsi
que la rédaction de cartulaires correspond à une mise en
perspective critique (par l'opération de tri) des documents
conservés au chartrier.
Dès lors, on s'aperçoit que même si,
effectivement, le caractère juridique ou économique semble
prédominer, c'est bel et bien l'ancrage mémoriel d'une grandeur
passée ou tout simplement d'acquisitions diverses accroissant et
légitimant l'autorité du commanditaire qui motiva essentiellement
les demandeurs84. En remobilisant les documents d'archives, les
cartularistes font littéralement histoire, bien que cette histoire
82 GEARY Patrick J., La mémoire et
l'oubli à la fin du premier millénaire (traduit de l'anglais
par Jean-Pierre Ricard), Paris, Flammarion, 1996.
83 CHASTANG Pierre, op. cit., p. 153.
84 JEANNE Damien, « Une "machina
memorialis". Les cartulaires des léproseries de la province
ecclésiastique de Rouen », Tabularia « Études
», n° 12, 2012, p. 29-62. Dans cet article, l'auteur
énumère plusieurs léproseries, dont celles de Saint-Gilles
de Pont-Audemer, qui ont, semble-t-il, rédigé un cartulaire dans
le but de sauvegarder des privilèges menacés et ainsi garantir
leurs droits dans une période de déclin progressif de ces
institutions.
48
soit largement biaisée et fragmentaire. En effet,
l'écrasante majorité des actes transcrits sont le fruit d'une
légitimation centripète, c'est-à-dire en faveur de
l'évêché, que ce soit en matière de justice ou de
ventes.
Quoi qu'il en soit, le cartulaire représente une
photographie de près de deux siècles de gestion patrimoniale du
temporel épiscopal, accordant, par l'usage de l'écrit, un
caractère éternel et perpétuel aux transactions et
acquisition effectuées, ainsi qu'aux accords passés. De plus, la
robustesse et la longévité du support - le parchemin - sont
censées aller symboliquement de pair avec celles de l'institution et de
son action. De même qu'indirectement, c'est la mémoire de toutes
les personnes impliquées dans les affaires présentes dans le
cartulaire qui sont entretenues, personnes physiques (donateurs, contractants,
rois, papes) ou ce que l'on appelle aujourd'hui « morales »
(communes). Cet aspect des choses peut donc nous amener à nous
interroger sur la valeur de l'écrit, certaines chartes
n'étant que la mise par écrit de traités oraux (dons de
terres, transferts de droits). Doit-on nécessairement cliver
écriture et oralité ? Sont-ils au contraire imbriqués dans
un processus linguistique uniforme, et non dual, l'écrit n'étant
au final qu'une retranscription fictive d'un discours entre individus ? Il
s'agit là d'un point qu'il semblerait intéressant d'approfondir,
le cartulaire, en tant que transcription figée de rapports humains,
pouvant mettre à jour l'ambivalence de l'écrit dans une
perception contemporaine souvent abusivement caricaturale de la
société médiévale, séparant lettrés
et illettrés.
Néanmoins, si le cartulaire peut apparaître comme
un outil mémoriel pour l'institution commanditaire à un temps
donné, il le devient à double sens pour l'historien, qui y trouve
les données quantitatives et qualitatives nécessaires à
son travail de recensement. Par exemple, il serait intéressant
d'observer les occurrences de la monnaie employée lors de transactions
afin d'analyser le degré d'ouverture et de développement de
l'économie locale, de son insertion ou non dans un réseau
d'échanges, de dégager les évolutions des monnaies
employées selon les périodes, ou bien encore d'étudier les
variations du prix d'un même produit au fils des ans.
De plus, une telle étude pourrait aisément
être complétée par un examen attentif des divers lieux
d'exploitations au sein d'un même espace, espace qu'une analyse
lexicométrique des noms de lieux pourra matérialiser à
travers une carte. Ainsi, le Grand cartulaire de l'évêché
de Laon est censé nous permettre de réaliser une certaine
spatialisation du diocèse - du pagus épiscopal tout du
moins - ainsi qu'une analyse statistique de l'espace étudié sur
une période donnée.
Toutefois, bien que l'aspect mémoriel joue un
rôle non négligeable dans la décision de rédaction
d'un cartulaire, celle-ci répond souvent à un contexte
particulier enjoignant à l'institution désignée de
réaliser une compilation de ses droits. Par ce biais, tout cartulaire
devient alors un support normatif de référence.
49
Le cartulaire : un outil
référentiel
Comme nous l'avons souligné plus haut, un cartulaire
correspond à une légitimation centripète des droits d'une
communauté. Or, cette légitimation s'effectue essentiellement
dans un processus de régulation ou d'anticipation des conflits, tant
militaires que d'intérêts. De ce fait, l'évêque est
largement perçu comme seigneur temporel plutôt que comme pasteur
spirituel. Ainsi, en tant que seigneur temporel - les évêques de
Laon sont ducs et pairs du royaume de France - l'évêque se doit de
consolider son pouvoir de type féodal qu'il détient sur son
territoire. De même qu'à partir de la réforme
grégorienne, l'autonomisation de l'Église l'incita de plus en
plus à dominer le pouvoir laïc, en leur enlevant notamment les
pouvoirs traditionnels qu'ils exerçaient sur leurs territoires, ce qui
donna naissance à des bases de domination beaucoup plus fortes et
entraîna des renégociation de liens, bien que toujours au profit
de l'Église85. Le cartulaire apparaît alors comme une
arme juridique dans un rapport de force entre l'évêque et ses
subordonnées ou rivaux : affaiblissement de la commune, du
prévôt, du vidame86, délimitations de
seigneuries dans des conflits de cospatialité ou
d'interface87, la relation d'autorité étant à
la fois socio-politique et spatiale - un conflit d'interface
révèle en effet un rapport de force entre un centre et une
périphérie.
Dès lors, la compilation d'actes à valeur
juridique s'apparente à une normalisation des rapports de
force, c'est-à-dire que la mise par écrit des actes
nécessaires à la résolution d'un conflit équivaut
à l'établissement symbolique de normes, en tant que règles
jurisprudentielles, régissant un territoire donné. Ici, le
caractère normatif du cartulaire ne s'apparente donc pas à une
norme-résultat, qu'il est possible de définir comme un
énoncé général réglant un certain nombre de
problèmes, mais plutôt à une norme-processus,
c'est-à-dire une activité dialogique destinée à
rétablir un certain ordre, en ce sens que la rédaction du
cartulaire fut décidée justement parce que la
réalité pratique (les comportements des acteurs) différait
du discours normatif (les chartes)88. Ainsi, bien que
85 MAZEL Florian, La noblesse et
l'Église en Provence, fin Xe-début XIVe siècle. L'exemple
des familles d'Agoult-Simiane, de Baux et de Marseille, Paris,
Éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques,
2002.
86 SAINT-DENIS Alain, Apogée d'une
cité..., p.473
87 Dans le G2, les principaux conflits d'interface
entre la seigneurie épiscopale et les autres seigneuries portent sur la
frontière sud du diocèse, commune avec le territoire du comte de
Soissons, ainsi que sur la frontière ouest, lors des conflits avec les
seigneurs de Coucy.
88 BOURDIEU Pierre, Le sens pratique,
Paris, Éditions de Minuit, 1980 : dans cet ouvrage, Bourdieu
établit clairement une distinction entre norme, comprise en tant que
règle, et pratique, c'est-à-dire les usages, qui par ailleurs
dépassent souvent le cadre des normes, implicites ou explicites, du fait
notamment d'une adaptation aux nécessités du monde social. Les
pratiques n'apparaissent donc pas comme de simples exécutions des normes
explicites, mais traduisent un sens de jeu que les acteurs acquièrent
par le biais de l'habitus : le sens pratique. Ainsi, c'est sous cet
arrière-plan conceptuel qu'il nous est possible d'observer l'efficience
normative du cartulaire, en ce sens qu'il normalise l'ordre des choses en
rappelant les règles que les usages transgressent.
50
le cartulaire apparaisse comme une compilation d'actes
pratiques, il devient effectivement normatif et référentiel dans
son établissement via la symbolique de l'écrit.
Toutefois, peut-on affirmer que l'outil normatif que
représente le cartulaire est une conséquence nécessaire
des séries de conflits qui impliquèrent sa rédaction ? Ou
sa conception n'est-elle pas plutôt le moyen pour l'institution
commanditaire de prévenir tout conflit potentiel en établissant
une forme de jurisprudence lui étant favorable ? Une réponse
claire et définitive ne saurait être donnée à ces
interrogations, mais le recours aux classifications de l'anthropologie
juridique semble pouvoir orienter l'analyse de cette étude. En effet, il
existe trois approches anthropologiques concernant la régulation des
conflits au sein des sociétés : l'analyse normative, l'analyse
processuelle et l'approche synthétique.
1° Pour les théoriciens de l'analyse normative, le
droit consiste en un certain nombre de normes explicites, écrites et
codifiées, qui s'imposent aux individus, les infractions étant
sanctionnées par contrainte ou menace. Dès lors, le
présupposé serait que la norme impose les pratiques et que tout
écart des pratiques par aux normes doit être sanctionné, ce
qui implique la nécessité d'une institution centralisée
dotée d'un appareil judiciaire, d'une police. Dans cette optique, le
cartulaire serait bien cet outil de jurisprudence nécessaire à la
régulation des conflits, c'est-à-dire des pratiques qui
s'écarteraient des normes présentes dans le cartulaire. Les
contraintes employées peuvent alors prendre différentes formes :
autorité papale, royale ou encore archiépiscopale, menace
d'excommunication, de suppression d'une commune, etc. De ce fait, le rôle
de la chancellerie épiscopale89 et des hommes de corps de
l'évêque - vidame, prévôt, sergents - serait de
contrôler et de gérer les potentiels sources de conflits.
Toutefois, l'appareil judiciaire n'apparaît pas toujours assez fort pour
imposer ces normes écrites et codifiées, le rapport de force
pouvant jouer en sa défaveur. C'est ici que l'analyse processuelle
apporte un élément de réponse à cette possible
défaillance.
2° En effet, l'analyse processuelle consiste à
suivre le déroulement d'un conflit ou d'une infraction afin d'observer
tous les moyens utilisés par les parties et autorités
concernées pour les régler. Dans cette approche fonctionnaliste,
le droit n'aurait pas pour fonction de punir mais d'assurer la
réciprocité des individus - non leur égalité - pour
assurer la cohérence de la société. D'où
l'importance du compromis, pouvant se faire devant un tribunal, à
défaut d'imposer une peine. Tout conflit aboutissant souvent à la
paix90, s'impose l'idée que pour arriver la paix, tout
conflit apparaît comme une nécessaire instance de
régulation, car il ferait repartir les acteurs sur de nouvelles bases et
produirait ainsi de nouvelles normes. Par conséquent, une telle approche
semble pouvoir s'insérer dans notre étude, car la constitution de
dossiers s'inscrit dans cette démarche processuelle,
89 BRUNEL Ghislain, « Chartes
et chancelleries épiscopales au Nord de la France », in A
propos des actes d'évêques (dir. Michel PARISSE), Nancy,
Presses universitaires de Nancy, 1991, p. 228-243.
90 Vengeance (La), 400-1200, BARTHELEMY
Dominique, BOUGARD François, LE JAN Régine, Rome, École
française de Rome, 2006.
51
l'agencement des actes transcrits correspondant au
déroulement des conflits en question. De même que la
récurrence ou non des décisions prises tout au long d'une affaire
permettent d'en mesurer leur efficience ou leur défaillance.
Néanmoins, cette analyse comporte des limites : en effet, cela
reviendrait à analyser les normes d'une société uniquement
à travers ses conflits, mais les conflits seuls ne peuvent expliquer
toutes les normes. Dans le même temps, tous les conflits ne se terminent
pas par la paix ou peuvent avoir pour seul but de faire reconnaître des
droits et non d'aboutir à un compromis. C'est pourquoi, certains optent
pour une troisième voie, que l'on nomme approche synthétique.
3° Effectivement, l'approche synthétique
s'intéresse au contenu et à l'utilisation des normes, qui
deviennent alors un enjeu, un objet de négociation. Ainsi,
l'évolution des normes est censé aller de pair avec
l'évolution de la société. De ce fait, les
différentes phases d'ajouts repérées dans le G2
serait-elles une adaptation des normes parallèlement à
l'évolution des rapports de force au sein du diocèse entre les
différents protagonistes ? Par exemple, le cartulaire contient de
nombreuses chartes royales supprimant la commune. Or, celle-ci ne fut
définitivement abolie qu'en 1331, bien que la charte la plus
récente date de 1321, ce qui montre que le cartulaire ne
représente pas forcément un objet fixe, mais mouvant et flexible,
s'adaptant aux évolutions sociétales. Ainsi, Pierre Bourdieu,
dans une réflexion sur la dialectique entre norme et pratique - analyse
qui rejoint quelque peu celle de Max Weber - développa l'idée
selon laquelle toute « norme officielle contraignante ne détermine
la pratique que lorsque l'intérêt à lui obéir
l'emporte sur l'intérêt à lui désobéir
»91, c'est-à-dire que c'est le droit qui
détermine les rapports de force, l'adaptation des normes aux pratiques
qui permet à la société d'avancer.
Qui plus est, la table des matières renforce cette
conception normative du cartulaire, car cette liste implique un
caractère excluant, tout acte n'y étant pas retranscrit
étant implicitement invalidé par l'institution épiscopale.
A la manière des listes d'invités, tout individu - ici toute
charte - n'étant pas inscrit est de facto exclut du groupe
inclus92. De même, cette démarche exclusive sous-tend
un principe de hiérarchisation fort, chaque acteur étant
dépositaire des choix opérés par le commanditaire. Ainsi,
le cartulaire devient littéralement un objet révélateur de
la domination symbolique que souhaite imposer l'évêque sur ses
concurrents93.
91 BOURDIEU Pierre, Le sens pratique, Paris,
Editions de Minuit, 1980, p.170
92 GOODY Jack, La raison graphique...,
Paris, Editions de Minuit, 1978, p.184 : « Ranger des mots (ou des
"choses") dans une liste, c'est en soi une façon de classer, de
définir un « champ sémantique », puisqu'on inclut
certains articles et qu'on en exclut d'autres. De plus, ce rangement place ces
articles en ordre hiérarchique. Aux articles ainsi ordonnés on
peut affecter des chiffres (des logogrammes représentant des nombres) de
manière à les numéroter de 1 à n tout au long de la
liste.
93 BOURDIEU Pierre, « Les modes de domination
», in Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 1976/2,
p.122-132.
52
Mais sans aller jusque-là, il semble que le cartulaire,
en tant qu'instrument normatif, est aussi à percevoir par son efficience
sociale au sein d'un réseau donné, c'est-à-dire que son
élaboration serait une étape dans la normalisation des rapports
entre les individus, assurant ainsi leur réciprocité comme
l'analyse processuelle le souligne. En effet, il est possible de
caractériser le cartulaire comme un livre d'échanges (financiers,
épistolaires, féodaux, religieux, etc.), tout échange
devant alors être perçu comme la recherche d'un lien sans
forcément la recherche d'un quelconque profit ou intérêt,
tel que le don fait aux églises, bien que sur ce point les avis
divergent94. Quoi qu'il en soit, c'est cette
réciprocité qui garantirait le caractère légal du
don, en tant que créateur de lien social. Il serait alors
intéressant d'observer la valeur accordé à
l'échange dans le Grand cartulaire de l'évêché de
Laon (serments, ventes, etc.) parallèlement à une étude
sur la valeur de l'écrit et du support employé,
problématiques déjà soulevée dans le premier
paragraphe de notre deuxième axe de réflexion95.
94 En effet, si l'on à tête le
modèle maussien du don, celui-ci implique la notion de contre-don,
c'est-à-dire qu'ici les donateurs, en échange de leur don,
espèrent que l'église en question prie pour le salut de leur
âme afin de leur permettre d'accéder au paradis. De ce fait, il ne
serait plus question ici de don, mais d'échange, comme en
témoigne la thèse de Jacques CHIFFOLEAU sur la
comptabilité de l'au-delà, à savoir que les
ecclésiastiques marchanderaient leurs prières contre de l'argent,
que la morale chrétienne nommerait « don ».
95 « Quoi qu'il en soit, le cartulaire représente
une photographie de près de deux siècles de gestion patrimoniale
du temporel épiscopal, accordant, par l'usage de l'écrit, un
caractère éternel et perpétuel aux transactions et
acquisition effectuées, ainsi qu'aux accords passés. De plus, la
robustesse et la longévité du support - le parchemin - sont
censées aller symboliquement de pair avec celles de l'institution et de
son action. De même qu'indirectement, c'est la mémoire de toutes
les personnes impliquées dans les affaires présentes dans le
cartulaires qui sont entretenues, personnes physiques (donateurs, contractants,
rois, papes) ou ce que l'on appelle aujourd'hui "morales" (communes) »,
p.48.
53
Enjeux
L'un des enjeux majeurs de notre étude se constituerait
du fait de s'insérer au sein d'une mouvance historiographique qui se
développe et se renouvelle, mais qui reste encore à parfaire. Il
s'agira donc de fonder l'analyse sur des concepts préexistants tout en
ayant une approche détachée de tels carcans
épistémologiques. L'examen approfondi du Grand cartulaire de
l'évêché de Laon ne devra donc pas négliger cet
arrière-plan historiographique, mais devra, dans le même temps,
effectuer une mise en perspective du corpus documentaire spécifique
à un territoire.
Dans premier temps, il sera donc question d'étudier le
cartulaire en tant qu'objet, en tant qu'outil scriptural ayant des
caractéristiques qui lui sont propres, autant dans sa conception
matérielle que dans sa composition interne. Néanmoins, il est
essentiel de ne pas isoler cette analyse et ainsi de la confronter aux
études préexistantes, car le manuscrit s'inscrit dans une
tradition documentaire particulièrement riche et significative. Qui plus
est, l'examen codicologique et paléographique du cartulaire ne doit pas
amener à faire l'écueil du contenu informationnel qu'il
recèle.
En effet, dans un second temps, nous tâcherons
d'extraire et d'interpréter au mieux les informations que contient le
codex, celles-ci étant à analyser dans leur état
brut comme au regard d'un arrière-plan socio-anthropologique. Par
exemple, si nous avons à faire à un acte relatant une
transaction, il s'agira d'en étudier les informations brutes (individu,
prix, objet) tout en l'insérant dans analyse contextuelle
nécessaire à sa compréhension. Dès lors, nous nous
attèlerons à cerner les visées ayant amenées
à la confection du cartulaire.
Quoi qu'il en soit, il semble nécessaire de ne pas
omettre le fait que le cartulaire représente un instrument
matériel mis au service d'un discours. De ce fait, les deux grands axes
développés ici ne sont pas à étudier
séparément, mais ont vocation à s'interroger et se
répondre mutuellement dans une certaine interdépendance
épistémologique.
54
PREMIERE PARTIE
USAGES ET REPRESENTATIONS DE L'ECRIT DANS LE GRAND
CARTULAIRE DE L'EVECHE DE LAON
55
Chapitre I
Le Grand cartulaire de l'évêché de
Laon : aspects codicologiques et paléographiques
De nos jours, le livre médiéval est
étudié comme un véritable objet archéologique, un
objet d'étude à part entière, indépendant de la
pensée et du texte dont il est le support. En effet, s'intéresser
à la genèse d'un manuscrit, aux modalités ayant
amené à sa confection, ainsi qu'aux divers constituants qui
composent le codex, permet souvent de mieux appréhender le
contexte qui l'entoure, un manuscrit s'apparentant à un précieux
témoin matériel de la période qui l'a vu naître.
Dès lors, l'analyse codicologique du Grand cartulaire
de l'évêché de Laon - couplée à une analyse
comparative des spécificités paléographiques
présentes dans le cartulaire - nous permettra de révéler
et d'interpréter les conditions de la production originelle du
manuscrit, l'archéologie du livre permettant de constater des faits
matériels et ainsi de vérifier des indices que des yeux
non-avertis ne sauraient voir, l'histoire achevant ce processus en tentant de
proposer une explication de ces faits et de ces indices, ce qui sera le cas
dans la seconde partie de notre étude.
C'est donc après avoir étudié les
différentes composantes de la composition matérielle du
cartulaire que nous tenterons d'en dégager une structure interne,
à l'aide notamment des indices codicologiques et paléographiques
repérés au fil de l'analyse.
* *
*
56
Composition matérielle
Le G 2 est un registre in-folio composé d'une
table des matières, formée de quatre feuillets de parchemin, puis
d'une succession de 16 cahiers* - bien que la reliure moderne constitue un
frein quant à l'identification certaine de certains de ces cahiers -
regroupant 118 feuillets* sur lesquels sont transcrites 276 chartes, dont
certaines en double voire en triple exemplaires. Dans ces 276 chartes, 242 sont
rédigées en latin, tandis que les 34 restantes le sont en
français.
État général du
cartulaire
La reliure du cartulaire, en matière boisée, est
une conception moderne, l'état des feuillets situés au
début et à la fin du codex laissant indiquer qu'une
telle reliure était inexistante auparavant, ou en tout cas ne
protégeait pas assez le document. En effet, le tout premier feuillet est
fendu de manière verticale dans sa moitié, puis les trois autres
feuillets complétant la table des matières sont endommagés
de l'ordre d'1/8e du document à chaque coin inférieur,
tandis que les cinq suivants - contenant les premiers actes du cartulaire -
n'apparaissent que faiblement endommagés, avec notamment un trou qui
s'estompe peu à peu au fil des feuillets (f° 5 à 9). Du
reste, tout au long du cartulaire, les feuillets apparaissent dans leur
intégralité et dans un bon état de conservation, mis
à part deux d'entre eux, dont une partie a été
amputée, peut-être pour récupérer des bouts de
parchemin vierge (f° 76 et 94). Les trois derniers feuillets du cartulaire
(f° 115 à 118), quant à eux connaissent une
détérioration importante (encre effacée, noirceurs, pages
fendues, trous...).
L'agencement des cahiers
Si la délimitation de certains cahiers se fait
aisément, grâce notamment à la présence de
réclames*, d'autres en revanche ne bénéficient pas d'un
tel système de repérage et la reliure moderne représente
parfois un frein quant à une délimitation nette et précise
d'un cahier. Néanmoins, l'observation minutieuse et patiente des indices
matériels d'agencement des cahiers m'a amené à
l'établissement d'un tableau récapitulatif, qui m'est possible de
certifier de manière quasi-certaine (cf tableau ci-dessous).
57
Cahier
|
Type de cahier
|
Actes
|
Feuillets
|
|
|
|
|
1
|
Quaternion*
|
1 à 10
|
I à VIII
|
2
|
Quaternion
|
10 (suite) à 28
|
IX à XVI
|
3
|
Quaternion
|
28 (suite) à 59
|
XVII à XXIV
|
4
|
Quaternion
|
60 à 93
|
XXV à XXXII
|
5
|
Quaternion
|
93 (suite) à 115
|
XXXIII à XL
|
6
|
Quaternion
|
115 (suite) à 135
|
XLI à XLVIII
|
7
|
Quaternion
|
135 (suite) à 158
|
XLIX à LVI
|
8
|
Quaternion
|
158 (suite) à 179
|
LVII à LXIIII
|
9
|
Binion*
|
179 (suite) à 188
|
LXV à LXVIII
|
10
|
Binion
|
189 à 194
|
LXIX à LXXII
|
11
|
Binion
|
195 à 207
|
LXXIII à LXXVI
|
12
|
Binion
|
207 (suite) à 212
|
LXXVII à LXXX
|
13
|
Quinion*
|
213 à 228
|
LXXXI à LXXXIII + Excroissance 88 à
94 (foliotation contemporaine en chiffre arabe)
|
14
|
Quaternion
|
229 à 237
|
LXXXIIII à LXLI
|
15
|
Quaternion
|
237 (suite) à 255
|
LXLII à IC
|
16
|
Quaternion
|
255 (suite) à fin
|
C à CVII
|
Tableau 1 : Tableau synthétique de la
répartition des actes présents dans le cartulaire par
feuillets et par cahiers
Dès lors, on remarque que la composition des cahiers
(cf annexe n°1) apporte un indice quant aux différentes
phases d'élaboration du cartulaire. En effet, il est possible de noter
une continuité entre les neuf premiers cahiers, assemblés en
quaternions jusqu'au neuvième cahier, un binion, comme pour marquer
l'arrêt d'une phase de compilation, le reste des informations à
compiler ne nécessitant certainement pas l'élaboration d'un
nouveau quaternion.
Puis, la succession de trois binions est un possible
révélateur de phases de compilation occasionnelles
répondant à un intérêt circonstanciel.
Néanmoins, il est important de préciser la discontinuité
entre le cahier 10 et les deux suivant, du fait que le dernier acte retranscrit
à la fin du cahier 10 n'empiète pas sur le cahier suivant,
contrairement aux cahiers 11 et 12, où l'acte 207 marque une certaine
forme d'articulation entre les deux cahiers.
58
Vient ensuite le cas du cahier 13, véritable exception
au sein du cartulaire du fait de sa composition en quinion. Or, cette
composition particulière n'est pas la seule caractéristique qui
distingue ce cahier : la foliotation, l'épaisseur du parchemin - plus
fin -, la mise en page et le type d'écriture sont effectivement autant
de facteurs qui le singularisent du reste du manuscrit. Mais une analyse plus
approfondie sera effectuée dans le chapitre suivant.
Ce qui nous amène à l'observation des trois
derniers cahiers du cartulaire, marqués par une continuité
matérielle - ce sont tous trois des quaternions, comme les neuf premiers
cahiers - et séquentielle - les actes pivots se prolongent d'un cahier
à l'autre. De ce fait, il nous est possible d'aboutir aux mêmes
conclusions que pour l'agencement des neuf premiers cahiers : les cahiers 14
à 16 sont le support d'une nouvelle phase de compilation,
linéaire et homogène.
Foliotation
Il existe tout d'abord une foliotation moderne en chiffres
arabes, numérotant le cartulaire de manière continue du premier
feuillet, en partant de la table des matières, jusqu'au dernier feuillet
du manuscrit, et ce au recto de chaque feuillet. Ainsi, c'est cette
numérotation qui nous permet d'affirmer le nombre total de feuillets
présents au sein du cartulaire, table des matières comprise.
Dans le même temps, il existe une numérotation en
chiffres romains, contemporaine du manuscrit et à l'encre rouge des
feuillets I à LXX (f° 5 à 74 en numérotation moderne)
- hors table des matières, qui ne dispose pas de numérotation en
chiffre romain, ce qui nous amènera dans le chapitre suivant à
nous interroger sur son appartenance initiale ou non au cartulaire -, puis
à l'encre noire des feuillets LXXI à CVIII (f° 75 à
118).
Néanmoins, une anomalie s'insère dans la
numérotation des feuillets au sein du cahier 13, pour lequel une
numérotation en chiffres arabes, potentiellement contemporaine à
la phase de rédaction, poursuit la numérotation
précédente en chiffre romains, mais entre en décalage avec
le feuillet qui marque le retour de la numérotation en chiffres romains,
et ne correspond pas à l'ordonnancement séquentiel des autres
feuillets (cf annexe n°1). Clairement, cette discontinuité
apparaît entre les feuillets LXXXIII (f° 87) et LXXXIV (f° 95),
et concerne un ensemble de 7 feuillets, c'est-à-dire qu'il existe une
béance numérique des feuillets 88 à 94.
Or, nous le verrons par la suite, ce cahier apparaît
comme le plus récent, du fait qu'il contient les seules chartes
datées de 1320, date extrême du cartulaire. Qu'en est-il alors ?
Qu'est-ce que cela peut nous apprendre sur les logiques de rédaction
ayant régi la cartularisation ? Ceci nous amène-t-il à
concevoir la cartularisation comme autant d'étapes de rédactions
indépendantes les unes des autres, c'est-à-dire comme un
projet
59
toujours dynamique valorisant l'accumulation quantitative
plutôt que l'ordonnancement qualitatif ?
Dimensions et mises en page
Si l'on se réfère aux dimensions globales du G
2, celui-ci mesure 304 mm de hauteur pour une largeur équivalente
à 205 mm. C'est ainsi que ce manuscrit a été
qualifié de « Grand » cartulaire de
l'évêché de Laon, en comparaison au « Petit »
cartulaire de l'évêché de Laon qui, lui, ne mesure que 260
x 180 mm. Or, la question de la taille d'un manuscrit peut apparaître
comme primordiale dans l'étude de son insertion au sein d'un mode de
pensées et de représentations. En effet, il serait possible
d'imaginer, dans une société où le coût des
matières premières pour un objet d'un tel acabit demeure
relativement élevé, que la confection d'un manuscrit de cette
sorte, matériellement plus imposant que le premier, transcrive une
expansion symbolique de la capacité d'action du commanditaire.
Néanmoins, cette interprétation reste hypothétique et
cette représentation symbolique liée à la taille du
cartulaire n'a peut-être jamais été envisagée par
l'institution épiscopale.
Quoi qu'il en soit, un autre élément
métrique du cartulaire mérite une attention toute
particulière : la mise en page des feuillets. En effet, la mise en page,
si elle évolue tout au long du manuscrit, est révélatrice
de phases de rédaction successives, car la réglure est
généralement un travail préliminaire à celui de la
copie.
Or, pour ce faire, nous avons répertoriés dans
un tableau synthétique les différentes dimensions des
réglures et mises en page présentes au sein du cartulaire selon
le modèle présenté ci-dessous :
60
Intercolonne
Marge de tête
|
Colonne
|
|
Colonne
|
|
|
|
Marge de
petit fond
|
|
|
Interligne
|
|
Marge de
gouttière
|
Hauteur de page
|
|
|
|
Marge de pied
|
|
|
|
|
|
61
Feuillets
|
Marge
|
Marge
|
Marge
|
Hauteur
|
Colonnes
|
Intercolonne
|
Interligne
|
Nombre
|
de tête
|
de pied
|
de
gouttière
|
de page
|
de lignes
|
|
(en mm)
|
(en mm)
|
(en mm)
|
(en mm)
|
(en mm)
|
(en mm)
|
(en mm)
|
|
I r° - LXIV v°
|
23
|
52,5
|
34 à 40
|
225
|
69
|
12,5
|
5
|
42
|
LXV r°
- LXVII v°
|
idem
|
35
|
idem
|
245
|
idem
|
idem
|
idem
|
40 - 42
|
LXVIII r°-v°
|
20
|
52
|
35
|
235
|
152,5
|
0
|
0
|
40
|
LXIX r° - LXX v°
|
14
|
55
|
40
|
232
|
69
|
13
|
5
|
40
|
LXXI r°-v°
|
16
|
55
|
38,5
|
230
|
148
|
0
|
idem
|
40
|
LXXII
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
8
|
LXXIII r°
- LXXX r°
|
15
|
55
|
42,5
|
227
|
70
|
12,5
|
5
|
39-40
|
LXXXI r°
- LXXXIII v°
|
23
|
50
|
35
|
230
|
69
|
13
|
5
|
39
|
84 r° - 94 v°
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
23-32
|
LXXXIV r°
- CVII v°
|
25
|
52,5
|
41
|
223
|
69
|
13
|
5
|
38-39
|
Tableau 2 : Tableau récapitulatif des
dimensions des différentes mises en page du
cartulaire
Ainsi, ce tableau récapitulatif des différentes
dimensions de mise en page visibles dans le cartulaire révèle la
discontinuité matérielle, matrice d'une discontinuité
intellectuelle, c'est-à-dire que le choix d'une disposition implique des
répercussions quant à la réception d'une transcription.
Par exemple, la création préalable d'une mise en page nette et
précise donnera nécessairement plus de crédit à une
information, contrairement à une transcription à main
levée, sans points d'ancrage. Dès lors, tout ceci nous
amène à réfléchir sur l'importance du paratextuel
dans le processus d'écriture, l'écrit apparaissant comme un
procédé quasi-ritualisé, avec tous ses principes
organisateurs qui tendent à crédibiliser l'information.
C'est pourquoi, mise à part le feuillet LXXII qui ne
correspond qu'à la retranscription sauvage que d'un seul acte - l'acte
194 -, il semble utile de s'interroger sur l'insertion primitive ou non du
cahier 13, support des feuillets LXXXI à 94, car même si les trois
premiers feuillets du cahiers disposent d'une mise en page relativement
régulière, les feuillets suivants, quant à eux, sont
caractérisés par leur absence d'organisation structurelle. A
contrario, les fluctuations de réglure tout au long du cartulaire
est un possible révélateur des différente phases
d'élaboration du manuscrit, à rapprocher notamment des
évolutions paléographiques qu'il est possible de repérer.
Or, tous ces éléments sont autant d'indices quant à
l'identification et la démarcation d'une structure interne au Grand
cartulaire de l'évêché de Laon.
62
Structure interne
Etat des lieux
Les dates les plus extrêmes qu'il est possible de
repérer lors de l'identification des phases d'écriture nous
permet d'affirmer que l'entreprise d'élaboration de ce cartulaire a
débuté lors du dernier quart du XIIIe siècle,
pour s'achever dans le premier quart du XIVe. Ce codex est
donc le fruit d'un processus de près de 50 ans de sélection et de
recopiage des actes, dont le plus ancien date de 1125 et le plus récent
de 1320, soit un éventail chronologique de presque deux
siècles.
Toutefois, il reste difficile de définir et de
repérer l'ordre suivi dans le cartulaire - si tant est qu'il y en est
un. En effet, la discontinuité chronologique et géographique des
actes ne nous laisse pas à penser à un type de classement de cet
ordre. Néanmoins, il nous est possible de distinguer quelques
unités cohérentes au sein du codex, unités
d'ordre thématique (notamment lorsqu'il est question de la vente d'un ou
de plusieurs biens) ou patronymique (succession d'actes concernant un individu,
une institution). Dès lors, ces unités, bien que ne formant pas
de réels « dossiers » distincts de l'ensemble du corpus
textuel, peuvent s'apparenter à une volonté du scribe de
constituer des ensembles cohérents, enchâssés dans la
discontinuité apparente des chartes entre elles.
De ce fait, l'une des principales étapes de notre
étude serait alors de tenter de mettre à jour les logiques
d'ordonnancement présentes dans le cartulaire et de conjecturer sur les
procédés d'agencement ayant mené à la
cartularisation. Néanmoins, en l'absence de documents certifiant ou non
de telles hypothèses, celles-ci ne sauraient avoir valeur
d'irréfutabilité.
Hypothèses d'agencement
Comme nous venons de le montrer, l'établissement de
dossiers au sein du cartulaire n'est pas clairement mis en évidence, ces
derniers - lorsqu'ils existent - étant insérés dans le
corps du texte, sans réelle démarcation codicologique. Mais cela
signifie-t-il que la cartularisation ait pu être le fruit d'un
ordonnancement anarchique des actes entre eux ? La présence de la table
des matières, symbole d'une certaine rationalité intellectuelle,
nous amènerait à penser que non. Toutefois, le rôle de
cette table des matières dans le processus de cartularisation demeure
relativement flou. En effet, fut-elle rédigée puis
complétée avant les phases de rédaction, en tant que
dispositif préalable à une rédaction ordonnée et
rationalisée, ou le fut-elle au contraire a posteriori,
considérée alors comme un simple outil de repérage des
actes au fur et à mesure de leur
63
transcription ? Une tentative de réponse sera
apportée au chapitre suivant.
L'une des premières hypothèses qu'il nous est
possible de lever serait que la cartularisation aurait été
conditionnée par le chartrier. Dans cette perspective, le cartulaire
serait à percevoir avant tout comme un registre archivistique
destiné à rendre compte des fonds présents dans le
chartrier. Or, s'il en était ainsi, pourquoi certains actes du G1 n'ont
pas trouvé leur place au sein du G2, tandis que d'autres oui ? Il nous
est donc permis d'affirmer que la cartularisation ne s'assimile pas à
une compilation exhaustive des actes du chartrier. Mais cela annihile-t-il
l'hypothèse d'un réagencement partiel des archives
épiscopales, auquel le cartulaire serait associé dans une
perspective complémentaire de référencement archivistique
?
En effet, il est tout à fait probable que
l'élaboration du cartulaire ait été le fruit d'une
volonté de l'institution épiscopale d'accompagner une mise en
ordre partielle des archives, parallèlement au versement d'archives
familiales à caractère privé, selon le modèle des
munimina96. Dès lors, le cartulaire
apparaîtrait comme le résultat d'une synchronisation archivistique
destinée à favoriser la consultation du chartrier. Toutefois, une
telle conjecture connaît certaines limites face aux
spécificités structurelles du cartulaire, à savoir la
double, voire triple, transcription de certains actes. Assurément, la
cartularisation ne semble pas provenir d'un processus de reclassement
archivistique, mais plutôt d'une volonté de compiler des actes
précis, suivant leur emplacement dans le chartrier ou non, à des
fins rationnelles et pragmatiques.
C'est en tout cas la troisième et dernière
hypothèse d'agencement qu'il nous est possible d'avancer - la plus
crédible à vrai dire -, à savoir que le cartulaire se base
sur un classement qui lui est propre, bien qu'il puisse s'appuyer partiellement
sur celui du Petit cartulaire de l'évêché de Laon. Mais
alors, selon quelles logiques les actes ont-ils été
sélectionnés ? Existe-t-il une homogénéité
globale quant aux actes retranscris ou serions-nous en présence d'un
agglomérat de logiques de rédactions, comme le laissent à
supposer les différentes phases d'écriture qu'il est possible de
mettre à jour ?
Identification des phases
d'écriture
Le Grand cartulaire n'est pas le résultat d'une phase
unique de compilation, mais est au contraire le fruit d'une succession de
phases de rédaction (cf annexe n° 4),
échelonnées sur près de 40 ans. En effet, si l'on
répertorie les occurrences chronologiques de chaque cahier, il nous est
possible d'estimer les dates auxquelles ont été
rédigés les
96 BELMON Jérôme, «" In
conscribendis donationibus hic ordo servandus est..." : l'écriture des
actes de la pratique en Languedoc et en Toulousain (IXe-Xe
siècle)», in ZIMMERMANN Michel (dir.), Auctor et auctoritas.
Invention et conformisme dans l'écriture médiévale,
Actes du colloque tenu à l'Université de
Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 14-16 juin 1999, Paris, École des
Chartes (« Mémoires et documents de l'École des chartes
» 59), 2001, p. 290
64
actes, une phase d'écriture ne pouvant avoir
débuté en-deçà de la date la plus récente
repérée. Ainsi, lorsqu'on projette les résultats obtenus
dans un tableur de type Excel, il est possible d'obtenir un histogramme en 3D
synthétisant graphiquement les occurrences chronologiques
présentes dans le cartulaire, cahier par cahier97, comme
ci-joint :
Figure 1 : Histogramme répertoriant les
occurrences chronologiques par cahier
97 Cette méthode s'inspire des travaux
présents dans le mémoire de Master 2 de Dany ROLLET : Comprendre
l'organisation et les enjeux d'une manuscrit de gestion par son étude
codicologique et économique. L'exemple du Liber Sancti Trudonis,
rédigé sous l'abbatiat de Guillaume de Ryckel (1249-1272),
mémoire de Master 2, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
septembre 2013.
65
Dès lors, il est possible de s'apercevoir que certains
cahiers, par leurs occurrences chronologiques, forment des unités
cohérentes, qui demeurent perceptibles grâce à la
visualisation de certaines ruptures codicologiques. Ainsi, le graphique
ci-dessus met en évidence 4 de ces unités cohérentes :
1° La première s'échelonne du
1er au 7e cahier et se caractérise par un
étalement significatif des occurrences chronologiques tout au long des
cahiers ;
2° La deuxième correspond aux cahiers 8 à
12, marqués par un nombre restreint d'actes - leur format en binion y
est pour beaucoup - et une fourchette chronologique relativement
concentrée ;
3° La troisième, quant à elle, restreinte
au cahier 13, se distingue par la concentration exceptionnelle d'actes datant
de 1320, date la plus récente qu'il est possible de repérer dans
le cartulaire ;
4° La quatrième, enfin, qui conserve une certaine
homogénéité chronologique et qui concerne les trois
derniers cahiers du cartulaire.
Néanmoins, il ne s'agit ici que d'observations d'ordre
codicologique, qui tendront à être confirmées ou
nuancées par l'étude des caractéristiques
paléographiques du cartulaire, dont il sera question dans le chapitre
qui suit. Car, en effet, une identification plus aboutie des phases
d'écriture ne peut se faire qu'en analysant plus en détail les
différentes ruptures paléographiques qu'il est possible de mettre
en évidence tout au long du manuscrit, dont la construction
reflète d'un usage pragmatique et rationalisé de
l'écrit.
66
Chapitre II
Le cartulaire : un instrument rationalisé par un
usage pragmatique de l'écrit
D'une manière générale, le recours
à l'écrit conduit au développement de modes d'accumulation
et de traitements spécifiques de l'information permettant de lier
l'émergence de formes de rationalité et de domination sociale
à l'évolution historique du système
communicationnel98. Ainsi, la révolution documentaire
observée à partir du XIIe siècle en France, et
à laquelle est apparenté le processus de cartularisation, se doit
d'être perçue comme l'aboutissement d'une histoire longue de la
culture graphique, et non comme un point de départ99. En
effet, l'histoire de la cartularisation s'insère dans celle plus
englobante des codices, support de l'écriture et vecteur de
communication du texte, tout codex étant dès lors
appréhendé comme instrument de prestige et un outil aux usages
pragmatiques100. De ce fait, le recours de plus en plus
systématique à ces usages pragmatiques de l'écrit a
nécessairement impliqué un nouveau rapport au texte, qu'il
s'agisse de la mise en page, des outils paratextuels ou alors des outils de
recherche destinés au lecteur afin de trouver dans le continuum
du texte les informations qu'il cherche, dans le but notamment de rendre
maîtrisable un volume de données important101. Il
paraît alors primordial de saisir l'écrit dans sa dimension et sa
fonction pratiques. Or, toute étude sur les pratiques de l'écrit
semble induire une réflexion sur la valeur sociale de l'écrit,
car le document est le produit de mécanismes socio-culturels que
l'historien se doit de déchiffrer, dans le but de mettre à jour
les représentations des réalités, des pratiques et des
pensées, construites à travers eux102.
C'est donc dans cette optique que nous étudierons ici
les éléments pragmatiques de l'écriture présents
dans le Grand cartulaire de l'évêché de Laon,
destinés essentiellement à faciliter et rationaliser
l'utilisation de celui-ci. Pour ce faire, nous structurerons l'analyse en trois
parties sensées refléter les principales composantes du
98 GOODY Jack, La raison graphique..., Paris,
les éditions de Minuit, 1978.
99 BERTRAND Paul, « À propos de la
révolution de l'écrit (Xe-XIIIe siècle).
Considérations inactuelles », Médiévales,
n°56, 2009, p. 75-92.
100 CHASTANG Pierre, « Cartulaires, cartularisation et
scripturalité médiévale : la structuration d'un nouveau
champ de recherche », Cahiers de civilisation
médiévale, n° 49, 2006, p. 21-32.
101 Id., « L'archéologie du texte
médiéval » Autour de travaux récents sur
l'écrit au Moyen Âge, Annales. Histoire, Sciences
Sociales, 2008, p. 245-269.
102 Id., « Introduction », Actes du
colloque consacré aux Cartulaires normands, Tabularia «
Études », n°9,
2009, p. 27-42.
67
pragmatisme scriptural présentes dans le cartulaire :
la tables des matières préliminaire, l'usage d'un système
de repérage graphique paratextuel au sein du registre, et enfin
l'étude détaillée d'un cahier particulièrement
évocateur du travail archivistique propre à l'élaboration
et la rédaction du cartulaire, le cahier n°13.
* *
*
La table des matières : un listage
structuré mais non exhaustif des rubriques
Description codicologique
D'un point de vue purement codicologique, cette table contient
quatre feuillets enchâssés, il s'agit donc d'un binion (cahier
formé de deux bifeuillets, soit deux feuillets pliés en
deux)103. Cependant, les feuillets ne sont pas
numérotés, ce qui laisse à prédire qu'il n'avait
peut-être pas été prévu que cette table des
matières soit insérée dans le cartulaire. Peut-être
cette table avait-elle pour but d'être un document de travail annexe, un
brouillon récapitulatif des rubriques à retranscrire dans le
cartulaire, en témoigne cet acte retranscrit, l'acte n°229,
accompagné de la mention « vacat ». Or, cet acte est le
premier retranscrit dans le 14e cahier104, qui, avec les
15e et 16e cahiers, correspondent à la
dernière main repérable dans le cartulaire, comme s'il s'agissait
d'un entraînement avant la rédaction définitive.
Description archivistique
Dans une perspective plus strictement archivistique, la table
des matières, agencée selon un système de double colonnes,
apparaît comme fortement endommagée, de nombreuses rubriques ayant
soit disparues soit été rongées. En effet, le premier
feuillet a été manifestement coupé, possible
résultat d'une conservation curative destinée à
empêcher la propagation de moisissures trop fortement
imprégnées. De ce fait, seules les
103 Pour plus de précisions, consulter cet ouvrage :
LEMAIRE Jacques, Introduction à la codicologie,
Louvain-La-Neuve, Institut d'études médiévales de
l'Université catholique de Louvain, 1989.
104 AD Aisne, G 2, n° 229.
68
première - malgré une encre pâle du fait
de l'usure du document - et quatrième colonnes - malgré un
léger rognage supérieur - nous sont aujourd'hui parvenues. La
première colonne répertoriant les chartes n° 1 à 21
(soit du f° I au f° XV r°105), tandis que la
quatrième fait l'inventaire des chartes n° 54 à 73 (soit du
f° XXIIII r° à au f° XXIX r°)
Les feuillets suivant, quant à eux, connaissent une
détérioration uniforme due à l'humidité ou plus
certainement à de micro-organismes, le tout conjugué à
l'usure du temps. Les coins supérieurs sont rognés, ce qui
n'entraîne pas cependant la lisibilité des rubriques, tandis que
les coins inférieurs ont été fortement endommagés
(environ 1/8e pour chaque feuillet, ce qui constitue donc ici une perte non
négligeable d'information. Toutefois, il est possible d'effectuer une
reconstitution virtuelle des rubriques endommagées en se
référant aux rubriques présentes au sein du cartulaire,
nous le verrons plus loin lors d'une approche pratique de la table des
matières. En effet, il semble nécessaire d'aborder l'apport
théorique que sous-tend un tel schème de classification afin de
mieux cerner sa dimension fondamentalement pratique.
Un cahier annexe mais structurant : l'effet de
liste
Ainsi, afin de délimiter au mieux les
fonctionnalités théoriques proposées par un tel
agencement, nous nous appuierons essentiellement sur l'ouvrage de
référence de l'anthropologue Jack Goody : La raison
graphique.
Une des idées forces de cette ouvrage est
l'écriture rend visible et « matérialise »
l'articulation inhérente de la langue, grâce à une
projection graphique permettant d'agencer arbitrairement les significations
dans un espace bidimensionnel. De plus, il consacre deux de ses chapitres aux
tableaux et aux listes, qu'il considère comme des matrices formelles
déterminant partiellement le contenu, la symétrie proposée
par cette forme de classification devant alors rendre compte de l'effet de
pensée106. Or, qu'est donc de plus la table des
matières qu'un listage sous formes de colonnes ?
Selon Jack Goody, le tableau s'apparente à un matrice
de colonnes verticales e de lignes horizontales, et dont le caractère
figé et bidimensionnel simplifie la réalité du discours.
De ce fait, il assimile à la forme graphique la caractéristique
de disposer les termes en rangées et en colonnes, c'est-à-dire
linéairement et hiérarchiquement, de manière à
assigner à chaque élément une position unique qui
définit sans ambiguïté et en permanence sa relation aux
autres. Or, ce processus de standardisation, qui se résume dans le
tableau à n colonnes pour x rangées, est
essentiellement le résultat de l'application d'une technique graphique
à un matériel oral. Toutefois, pour notre objet d'étude,
cette
105 Le classement des rubriques se fait selon le foliotage du
cartulaire, chaque rubrique étant précédée du
numéro de feuillet auquel il est rattaché, ce qui permet au
lecteur de se repérer plus aisément dans le codex.
106 GOODY Jack, op. cit.. Il s'agit ici des chapitre IV
et V.
69
application stricte du concept de tableau ne peut être
totalement convaincante, car le nombre de rangées est variable selon la
colonne, chaque rubrique n'étant pas nécessairement semblable aux
autres.
C'est pourquoi l'auteur insiste sur le fait qu'un tableau peut
aussi consister en une ou plusieurs listes verticales, donc le nombre de
rangées reste variable. Ainsi, cette définition correspondrait
davantage à ladite table des matières, qui n'apparaît que
comme une liste - ou une série de listes accolées les unes aux
autres si l'on considère les différentes phases de
rédaction successives - étalée sur plusieurs feuillets
pour des raisons matérielles, le codex, à la
différence du rouleau, qui est par nature discontinu. Si bien que cet
effet de listage est le reflet graphique de l'opération
matérielle de triage des données conservées sur un longue
période aussi bien que des données d'observation
immédiate. Toutefois, à travers l'apparente continuité que
semble indiquer la liste, celle-ci, au contraire, implique la
discontinuité, matérialisée par une certaine disposition
spatiale de triage de l'information facilitant la mise en ordre des articles,
auxquels on peut affecter des chiffres, des logogrammes ou des indications
diverses, une mise en relief par une couleur ou une graphie spéciales
des lettres107, de façon à ce que le langage ainsi
agencé impose une structure totalement artificielle, mais
idéologiquement orientée, manière de transformer les
représentations du monde.
Ainsi, la liste permettrait à l'individu de manipuler
plus aisément l'information, en particulier en l'ordonnant
hiérarchiquement, ce qui est souvent décisif dans le processus de
remémoration, aspect transcendantal dans la logique d'élaboration
de cartulaires.
Table des matières et corpus textuel :
analyse comparative des phases d'écriture
Nous venons d'analyser ici l'apport théorique de la
table des matières. Néanmoins, sa dimension fondamentalement
pratique est essentielle quant à la compréhension des logiques
d'écriture ayant trait au Grand cartulaire de
l'évêché de Laon.
En effet, elle apparaît comme un indice précieux
quant à l'identification des différentes mains ayant
rédigé ce cartulaire, car chaque phase d'écriture
correspond rigoureusement à un changement de main dans ladite table
(cf annexe n°4). Celle-ci nous permet alors d'observer
l'archéologie du texte, chaque phase de rédaction étant
accompagnée d'ajouts successifs des rubriques concernées dans la
table des matières. De ce fait, il nous semble plus aisé de
considérer les phases de rupture et de continuité au sein
même du cartulaire. Car, en effet, au-delà d'un changement
d'écriture, chaque scribe apporte ses propres signes distinctifs
(numérotation, usage ou non de différentes couleurs,
107 Dans la table des matières, de tels indicateurs
sont clairement perceptibles : numérotation des rubriques selon le
feuillet auquel elles appartiennent, certains numéros de feuillets
étant écrits en rouge, pieds-de-mouche.
70
de pieds-de-mouche108*). Ainsi, ces critères
de distinction nous permettent l'identification de X mains, soit un nombre
rigoureusement semblable de phases de rédaction :
- f° I à LXIIII
- f° LXIV à LXX v°
- f° LXX v° à LXXXIII - f° LXXXIIII
à CVII
L'identification des différentes mains nous
amène donc à penser qu'il y aurait eu quatre phases
d'écriture. Dès lors, si l'on se réfère aux dates
extrêmes auxquelles correspondent les actes transcrits selon leur
appartenance à telle ou telle main, on réussit à
distinguer quatre phases de rédaction, concomitantes à des
changements de cahier, ce qui apporte encore un peu plus de crédit
à cette hypothèse :
1° Les deux premières mains repérées
dans la table des matières ont toutes deux une date extrême
commune (1287) et s'échelonnent sur les dix premiers cahiers, dont les
pages restantes ont été remplies par diverses
chartes109 ;
2° Puis, la troisième main rédigea les
rubriques compilées entre les 11e et 12e cahiers,
avec une durée d'espacement des actes de seulement 3 ans (1290-1293)
;
3° Vient ensuite le 13e cahier, qui comporte
les chartes les plus récentes du cartulaire (1320), mais dont la
majorité de celles qui le composent ne sont pas
répertoriées dans la table des matières ;
4° Enfin, la quatrième main correspond aux actes
transcrits à partir du premier feuillet du 14e cahier
jusqu'à la fin du 16e et dernier cahier, avec une date
extrême de 1301.
108 Le pied-de-mouche correspond au « C »
stylisé présent au début de certains actes ou de certaines
rubriques.
109 Il n'est effectivement pas rare que l'une phase primitive
de compilation, travail du cartulariste principal, soit prolongée par
l'intervention ponctuelle de quelques autres copistes, interventions se
laissant
d'ailleurs facilement analyser (numérotation originelle
des actes, numérotation des cahiers...)
71
Ainsi, on s'aperçoit que l'institution
épiscopale échelonnait ses phases de rédaction à
peu près tous les 7 ans (1287, 1293, 1301), avec un écart
exceptionnel de 20 ans concernant l'insertion du 13e cahier, ce qui laisse
à supposer que le choix de poursuivre la compilation du cartulaire
répond sûrement à des événements
extraordinaires. On pense par exemple au fait qu'en 1282, l'évêque
Guillaume de Châtillon intenta un procès à la commune
devant le Parlement de Paris et sortit largement gagnant de cette affaire : la
conception du cartulaire, engagée cinq ans après, apparaît
alors peut-être comme une des conséquences de cette affaire.
Toutefois, si l'on vient à étudier plus en
profondeur l'articulation entre table des matières et corps textuels, il
est possible de remarquer certaines incohérences (oublis de chartes
rubriquées dans la table des matières, non-correspondances du
foliotage indiqué dans celle-ci et le feuillet sur lequel un acte est
effectivement transcrit, différences de rubriques...)
révélatrices de phases d'ajout intermédiaires n'ayant pas
été coordonnées entre elles (cf. la première phase
d'écriture mise en évidence à laquelle ont
été accolées par plusieurs mains quelques chartes afin de
compléter le 10e cahier. Quoiqu'il en soit, des indices inter- et
paratextuels permettent souvent au lecteur de se repérer à
travers le codex.
Les systèmes de repérage
graphique
La table des matières, nous l'avons vu, constitue un
élément structurant à elle seule dans l'élaboration
et l'utilisation du cartulaire. Toutefois, de nombreux éléments
paratextuels, au sein même du registre, sont déployés afin
de guider le lecteur dans le parcours du texte. Ainsi, par ce biais, l'espace
codicologique du cartulaire créé est lui-même
créateur d'effets de sens110. En effet, il apparaît
qu'entre le niveau linguistique et le niveau iconique, il est possible
d'intercaler un niveau de moyens techniques permettant de mieux saisir le
message structurel, c'est-à-dire des moyens qui font qu'un livre,
à part son contenu et son rôle comme objet artisanal,
esthétique ou économique, est aussi un instrument
intellectuel111.
110 CHASTANG Pierre, « Introduction », p. 27-42.
111 Mise en page & mise en texte du livre manuscrit,
MARTIN Henri-Jean, VEZIN Jean (dir.), Préface de Jacques Monfrin, Paris,
1990, p. 111.
72
Les systèmes de renvoi
La transcription d'actes sur un unique support
créé un réseau plus ou moins dense d'interconnexions, de
récurrences, d'associations, produisant ainsi un effet de
cohérence. Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon
n'échappant pas à la règle, de nombreux systèmes de
renvoi, souvent d'une écriture postérieure, permettent au lecteur
de faire correspondre deux informations matériellement
éloignées en lui indiquant la place de chacun par rapport
à l'autre. Ainsi, afin d'illustrer au mieux notre propos, nous allons
étudier un cas particulièrement éclairant : il s'agit des
systèmes de renvoi utilisés entre les chartes n° 4112 et
n° 62113.
Figure 2 : Renvois graphiques amont (acte n°4,
f°IV r°)
Ci-dessus, l'illustration de notre propos, c'est-à-dire
l'utilisation d'un système de renvoi normalisé d'un point de vue
à la fois formel et graphique, grâce à l'utilisation de
signes distinctifs. De ce fait, chaque système de renvoi se structure
ainsi (à l'exception de
112 AD Aisne, G2, n° 4, 1282. Il s'agit d'une sentence
arbitrale royale de Philippe III réglant les droits et devoirs que
doivent respecter l'évêque de Laon et la Commune.
113 AD Aisne, G2, n° 62, 1267. Cette charte est un
vidimus royal d'une sentence arbitrale royale de 1241 établissant les
droits de justice que possèdent respectivement l'évêque de
Laon et la Commune.
73
la deuxième occurrence, qui contient des informations
spécifiques) : Infra XXVI tali signo [signe
distinctif]114
Ne reste plus alors qu'à se référer aux
indications mentionnées et nous conduisant au feuillet n° XXVI :
Figure 3 : Renvois graphiques aval (acte n°62,
f°XXVI r°)
Par conséquent, outre la correspondance entre les
informations reliées entre elles par ces formes de renvoi, nous sommes
ici en présence d'une opération intellectuelle se basant sur
l'articulation linguistique entre un signifiant (le signe graphique) et un
signifié
114 Comprendre « se référer au feuillet XXVI
se trouvant plus bas, à la mention de ce signe [signe distinctif]
»
74
(l'information).
Toutefois, de tels systèmes graphiques de renvoi ne
servent pas seulement à mettre en relation deux informations connexes
matériellement éloignées. En effet, certains symboles
permettent de guider le lecteur vers un rajout présent sur la
page-même, notamment en cas de d'oubli - l'équivalent de notre
astérisque. Ainsi, l'acte n°4, toujours lui, est pourvu d'un tel
système :
Figure 4 : Système d'astérisque (acte
n°4, f°IV r°)
Il est aisé de remarquer ici le signe graphique
présent à la 4e ligne après « Lauduni »
et renvoyant au passage oublié, à savoir « Commissis
nichil omnius episcopus habet et habere debet emendam suam de melleiis jure
delutis Laudunenses »
Les indices graphiques
d'ordonnancement
L'écrit, par nature, est un système de
communication littéralement symbolique (les lettres, les chiffres, les
différentes formes de ponctuation sont avant tout des symboles). De ce
fait, mis à part les systèmes de renvoi exposés ci-avant,
les scribes en général, et les cartularistes en particulier,
usent de différentes techniques graphiques permettent de dissocier les
parties organiques du corpus textuel. Or, si ces techniques peuvent
apparaître comme insignifiantes, leur rôle demeure primordial dans
l'opération intellectuelle que représente la lecture, qui les
intériorise de manière inconsciente. Si bien que nous allons ici
les mettre clairement en évidence :
75
Figure 5 : Indices graphiques d'ordonnancement 1
(acte n°4, f°III v°)
Ci-dessus, deux techniques graphiques sont à analyser
en tant qu'indice d'ordonnancement :
- l'écriture de la rubrique à l'encre rouge,
marquant la séparation entre les deux actes et alertant le lecteur sur
le la nature substantielle de l'acte ;
- l'usage de la lettrine* « P » de « Philippus
», matérialisant ainsi le début de l'acte.
Figure 6 : Indices graphiques d'ordonnancement 2
(acte n°233, f°LXXXVIII r°)
Dans ce cas-ci, outre la lettrine, deux nouveaux symboles
graphiques exercent une fonction semblable :
- le pied-de-mouche en « C », qui indique le passage
à une nouvelle unité textuelle,
76
à défaut d'une encre rouge pour l'écriture
de la rubrique ;
- le symbole stylisé à gauche de la lettrine,
sensé indiqué au lecteur le début de
l'acte115.
Cette brève typologie n'est certes pas exhaustive, mais
semble bel et bien représentative d'un usage pragmatique de
l'écrit au sein du cartulaire.
Les réclames : l'agencement logique et
séquentiel des différents cahiers
Enfin, il nous est possible de répertorier un autre
élément caractéristique d'une utilisation pragmatique de
l'écrit : il s'agit de la réclame, c'est-à-dire
l'inscription, en bas à droite du verso du dernier feuillet d'un cahier,
reprenant les premiers mots du cahier suivant. Toutefois, cette technique n'a
pas été utilisée lors de chaque phase d'écriture,
seulement lors de la première. Ces réclames sont d'ailleurs une
preuve quant à la certitude d'homogénéité de cette
première phase d'élaboration, le reste du cartulaire en
étant dépourvu. Matériellement, cet agencement se
présente ainsi :
Figure 7 : Système de réclame (acte
n°179, f°LXIV v°-LXV r° : passage du cahier 8 au
cahier 9)
Ci-dessus, la dernière réclame présente dans
le cartulaire entre le cahier n°8 et le cahier n°9, dont le lien est
établi avec le mot « deperirent ».
115 A noter que chaque scribe possède sa propre
codification graphique, et qu'il apparaît donc normal que le Grand
cartulaire de l'évêché de Laon, résultat de
plusieurs mains, soit pourvu de différentes formes d'indices
graphiques.
77
Par conséquent, ce détail scriptural pouvant
paraître insignifiant prend tout son sens dans un travail archivistique
de reliure, notamment lorsque la numérotation des feuillets
n'apparaît pas. L'articulation est donc toute trouvée avec la
troisième partie de ce développement, qui traite du cahier 13,
cahier non finalisé nous permettant de mettre à jour les
techniques archivistiques utilisées en amont par les cartularistes
eux-mêmes.
Le cahier n°13 : vers une archéologie
archivistique de la cartularisation
Il apparaît tout d'abord nécessaire d'indiquer
que l'implantation de ce cahier au sein du cartulaire apparaît comme
problématique en quatre points :
- sa numérotation diffère de la
numérotation habituellement présente dans le cartulaire,
- les actes transcrits dans ce cahier ne sont pas
mentionnés dans la table des matières,
- la mise en page et l'écriture ne s'apparentent pas
à un ce que l'on appellerait un « produit fini »,
c'est-à-dire qu'il est possible que ce cahier soit un brouillon n'ayant
pas été mis au propre,
- la datation des actes nous permet de dire qu'il correspond
à la dernière phase de compilation du cartulaire, alors qu'il
s'est vu placé au beau milieu du registre.
Il semble alors probable que ce cahier, de surcroît un
quinion, exception au sein du cartulaire, ait été
incorporé par erreur lors d'une phase de reliure datant de
l'époque moderne. Néanmoins, aucune preuve ne nous permet
aujourd'hui de confirmer une telle hypothèse. Quoiqu'il en soit, ce
cahier demeure intéressant de par justement son caractère
non-fini, qui apporte des indices aux chercheurs quant au travail
préliminaire des cartularistes.
Un foliotage indépendant
Pour commencer, sur les 10 feuillets composant le cahier, 7
d'entre eux ne correspondent pas à la suite logique de la
numérotation du cartulaire et contiennent des actes non
répertoriés dans la table des matières (cf. schéma
ci-dessous) :
78
LXXXI LXXXII LXXXIII 88 89 90 91 92 93 94
En effet, sur ce schéma sont représentés
en chiffres arabes la numérotation contemporaine du cartulaire, et en
chiffres romains la numérotation originelle du codex, celle-ci
n'étant pas indiquée à partir du feuillet 88
(numérotation contemporaine) du fait du caractère
indépendant de cette partie.
Numérotation originelle
|
LXXXI
|
LXXXII
|
LXXXIII
|
/
|
LXXXIIII
|
LXXXV
|
86
|
87
|
88
|
89
|
90
|
91
|
Numérotation contemporaine
|
85
|
86
|
87
|
|
88
|
89
|
90
|
91
|
92
|
93
|
94
|
94 bis
|
De plus, grâce à ce tableau récapitulatif,
on remarque que les feuillets LXXXIIII et LXXXV, bien qu'écrits en
chiffres romains, n'appartiennent pas à la suite logique de la
numérotation. D'ailleurs, la suite des feuillets use d'une
numérotation arabe, comme pour signifier qu'il ne s'agissait pas d'un
cahier fini, mais plutôt d'un brouillon préliminaire à la
rédaction définitive appartenant à ce que l'on appelle
aujourd'hui la littérature grise, c'est-à-dire un document de
travail.
Or, cette remarque semble apporter un indice linguistique
important quant à l'articulation entre latin et langue vernaculaire, la
numérotation arabe étant reléguée au ban de
l'inabouti, tandis que le latin consacre quelque peu la finitude de
l'écrit. Cette parenthèse qui, à ce propos, sera sujette
à une réflexion plus approfondie sur la valeur de l'écrit
dans le cartulaire.
79
Une mise en page brouillonne
Quoiqu'il en soit, la numérotation utilisée est
révélatrice de la discontinuité que représente ce
cahier et illustre sa mise en page brouillonne. En effet, il regroupe quatre
types différents de numérotation, dont le changement entre
numérotation en chiffres latins et arabes que nous venons d'observer.
Figure 8 : Différents types de foliotation du
cahier n° 13
Ci-dessus, sur cinq feuillets d'intervalle, on aperçoit
lesdits quatre changements de styles de numérotation :
- LXXXII
- LXXXIII (LXXX étant numéroté de cette
manière : 4 x indicateur 20) - LXXX&IIII (idem)
- 86
De plus, le caractère brouillon de ce cahier est
accentué par le fait qu'à partir du feuillet 88
(numérotation contemporaine), c'est-à-dire du premier feuillet
hors de la numérotation logique du cartulaire, toute forme de
réglure* est absente. De plus, outre l'absence de réglure
évoquée ci-avant, il apparaît qu'une majorité des
actes transcrits dans ce cahier est rédigée de manière
linéaire et l'écriture semble avoir été
négligée, ce qui tranche fortement avec la mise en colonne et
l'écriture plus ou moins soignée des autres cahiers.
Ainsi, tous ces faits nous entraînent bel et bien
à considérer ce cahier comme un brouillon, un cahier
préparatoire, incorporé dans le reste du cartulaire.
Néanmoins, plus qu'un brouillon, ce cahier est une pièce à
conviction quant au travail archivistique des cartularistes et
révèle alors tout le caractère idéologique
lié à la rédaction de cartulaires116.
116 GOODY Jack, op. cit.., p. 166 : dans ce passage,
l'auteur affirme en effet que les archives représentent la condition
préalable à l'élaboration de toute histoire, celles-ci se
basant sur la conservation du souvenir du passé.
Une codification alphabétique des
actes
80
Le cartulaire témoignant du caractère
idéologiquement construit du classement, c'est-à-dire de la
manière de penser son histoire, de produire et de consolider un lien
social, comme de caractériser les formes d'une domination117,
l'élaboration du codex se doit d'être méthodique.
Or, le cahier n°13 nous apporte des indices sur le travail archivistique
des cartularistes. En effet, les actes portant sur la commune de Laon sont
précédés de lettres préliminaires pouvant
correspondre à une codification alphabétique de renvoi de aux
archives. De plus, ces lettres se suivent, ce qui laisse entrevoir
l'ordonnancement logique voulu et opéré par les cartularistes.
A noter d'ailleurs que les actes insérés dans
cet ordonnancement et n'ayant pas de rapport avec la commune ne sont, quant
à eux, pas suivis de telles lettres, ce qui tend à renforcer
l'impression de cohérence du travail archivistique. Dans le tableau
récapitulatif ci-dessous sont donc inscrit en italique les actes ayant
trait à la commune, afin de mieux repérer leur
homogénéité.
117 BERTRAND Paul, loc. cit.. L'un des axes majeurs
de cet article développe largement cette idée qu'à partir
du XIIe siècle, la « révolution de l'écrit »
observée par les historiens se veut davantage qualitative que
quantitative, c'est-à-dire que les sources écrites se multiplient
non pas seulement du fait d'un recours accru à l'écrit, mais
surtout grâce à un plus grand souci de conservation des
écrits.
81
Tableau 3 : Codification alphabétique
d'actes
Acte
|
Feuillets118
|
Date
|
Lettre
|
Rubrique
|
Émetteur
|
Contenu
|
|
|
|
archivistique
|
|
|
|
|
219
|
89 v°
|
1296
(9 février - Paris)
|
C
|
Restitutio communie Laudunensis
[ Prima restitutio seu
repositio commune Laudunensis J
|
Philippe IV
|
Rétablit la commune
|
220
|
89 v°-
90 r°
|
1243 (juillet)
|
|
Littera capellanie de Monsteriolo que est
de collatione domini episcopi
|
Évêque Garnier
|
Atteste que Pierre Le Valois, autrefois chevalier de
Montreuil, a fondé une chapellenie audit Montreuil et
l'a dotée d'une rente annuelle de 40 livres parisis sur sa grange
de Montreuil. Son fils Gobert, chevalier, aura collation viagère
de ce bénéfice. Après lui, appartiendra à
l'évêque
|
221
|
90 r°
|
1316 (12 mars - Paris)
|
D
|
Hic est gracia facta civibus Laudunensis quod
Regem Philippem super restitutione communie ulteria
[ secunda
restitutio seu repositio commune
Laudunensis J
|
Philippe V
|
Rend aux habitants de Laon leurs offices
d'échevinage & de commune, sauf à les leurs retirer si
cela lui plaît
|
222
|
90 v°-
91 r°-v°
|
1297 (mars)
|
DE
|
Sequitur quedam compositio facta cum
civibus Laudunensis per episcopum et capitulum
post condamptionis commune et restitutionem factam de
dicat communia
|
Évêque de Dôle ;
Guillaume de Crespy, coûtre
de Saint-
Quentin ;
Pierre Flote Hugues de Bonville,
|
Sentence ordonnant que le premier jour de la
rentrée du chapitre en la cathédrale pour y recommencer
le service divin, cent Laonnois, nus pieds et tête nue, en cotte,
sans ceinture, dont les noms seront donnés au bailli du
Vermandois, iront processionnellement deux à deux derrière
les porte-croix et devant les chanoines et le clergé, du bas de
la montagne de Semilly à la cathédrale ; qu'à la
porte Saint-Martin, trois
|
118 La numérotation utilisée ici est la
numérotation contemporaine des feuillets.
82
|
|
|
|
|
chevaliers et commissaires royaux
|
d'entre eux porteront chacun une figure ou une statue de
cire du poids de 20 livres jusqu'à autel de la cathédrale
et les offriront en signe de restitution des trois
personnes arrachées violemment en cette église ; qu'en
outre, la commune donnera au chapitre 60 livres de cire, dotera d'une
rente de 30 livres tournois une chapelle en ladite église, paiera
une somme fixe de 3000 livres et pareille somme à Gaëtan,
diacre cardinal trésorier de la même église
|
223
|
91 v° -
92 r°-v°
|
1320 (15 avril)
|
FG
|
Sequitur quoddam arrestum
seu interloqutoris inter episcopum decanum et capitulum ex
una parte et comes Laudunensis ex altera
|
Parlement de Paris
|
Ordonne la justification dans le mois, par la ville, du
paiement des amendes prononcées contre elle, avant de statuer
définitivement sur le rétablissement de la commune
|
224
|
92 v°-
93 r°
|
1320 (mai)
|
|
|
Jeanne de Dreux, comtesse de Roucy
|
Fonde et dote une chapellenie dans château de
Nizy-le-Comte en l'honneur de la Vierge. Réserve la collation de
ce bénéfice à elle et à ses successeurs
|
225
|
93 r°-v°
|
1320 (3 mars)
|
F G
|
|
Parlement de Paris
|
Déclare qu'il ne lui plaît point que
les habitants de Laon conservent leurs offices d'échevinage et de
commune
|
226
|
93 v°
|
1320 (26 mars)
|
G
|
Sequitur executio dicta arreste
|
Philippe V
|
Mandement au bailli du Vermandois de faire
exécuter cet arrêt
|
227
|
93 v°-
94 r°
|
1320 (26 mars)
|
H
|
|
Parlement de Paris
|
Charge Jean de Vaumoise de mettre sous la main du roi
l'administration de la ville de Laon privée de ses offices
d'échevinage et de commune
|
228
|
94 bis r°
|
1320 (mars)
|
H
|
|
|
Mandement d'exécution de cet arrêt
|
83
Dès lors, on remarque que les actes
précédés des fameuses lettres se suivent dans un ordre
presque chronologique, mis à part la charte n°221, datée de
1316, placée avant la charte n°222, datée elle de 1297, mais
dont le placement est justifié par sa rubrique (secunda restitutio
seu repositio commune Laudunensis), qui répond à la charte
n°219 (Prima restitutio seu repositio commune Laudunensis).
Mais davantage que l'ordre chronologique, c'est l'agencement
alphabétique des lettres qui démontre la rationalisation
archivistique opérée par les cartularistes, bien que nous ne
sachions pas si ces lettres correspondent à leur placement initial dans
les archives épiscopales ou à un système a posteriori
de repérage lors de l'élaboration du cahier :
C - D - DE - FG - G - H
Ainsi, le caractère profondément intellectuel et
idéologique du processus de cartularisation devient évident et
nous amènera à réfléchir sur les raisons qui
amenèrent l'évêché de Laon à constituer un
tel outil normatif. Toutefois, afin de compléter notre analyse sur les
usages et les représentations de l'écrit au sein du Grand
cartulaire de l'évêché de Laon, il nous semblerait
intéressant de replacer le codex dans un corpus documentaire
plus large afin de déceler au mieux les logiques de rédaction des
cartularistes.
84
Chapitre III
Intertextualité, sélection et logiques de
remploi au sein du Grand cartulaire de l'évêché de
Laon
Bien que notre analyse porte sur un cartulaire en particulier,
l'isoler d'un ensemble documentaire et cohérent serait une erreur, car
le codex reste avant tout le fruit d'une maturation archivistique. En
effet, l'essentiel des actes retranscrits sont issus des archives
épiscopales et le G 2 demeure extension du G 1, de nombreux actes de ce
dernier ayant été recopiés dans le premier cité. La
cartularisation reste donc affaire de sélection, notamment en
réaction à l'accroissement documentaire et à un plus grand
esprit de conservation que connut le XIIIe
siècle119. Quoi qu'il en soit, tout texte se construit dans
un rapport intertextuel qui place l'oeuvre présente dans le
réseau des écrits antérieurs. Il est d'usage d'affirmer
que l'on apprend mieux à connaître l'homme en étudiant
l'environnement dans lequel il vit, il sera donc question ici de mieux
appréhender le Grand cartulaire de l'évêché de Laon
en décloisonnant notre objet d'étude.
* *
*
119 BERTRAND Paul, «À propos de la révolution
de l'écrit (Xe-XIIIe siècle). Considérations
inactuelles», Médiévales, n°56, 2009, p.
75-92.
85
87
Le Grand cartulaire de l'évêché de
Laon : entre continuité et innovation textuelles
Comme nous venons de le voir, le G 2 reste unique de par sa
conception et son agencement, mais les informations qu'il contient, elles, ne
sont pas nécessairement inédites. Le Grand cartulaire
apparaît effectivement comme une prolongation du Petit cartulaire, mais
aussi comme le reflet organisé des archives de l'institution
commanditaire, à savoir l'évêché de Laon.
Le Grand cartulaire et le Petit
cartulaire
Postérieur au G 1, le G 2 n'en n'est pas moins un outil
complémentaire, et vice versa. En effet, il est possible d'observer que
le G 1 fut une base de travail à la rédaction du G 2, comme en
témoignent les 59 chartes du premier (sur 105) retranscrites dans le
second (cf annexe n°4). Qui plus est, à l'image de la
construction séquentielle et mémorielle des
cartulaires-chroniques, où la compilation des actes s'est
effectuée selon une trame narrative et historiographique, le Grand
cartulaire de l'évêché de Laon, bien que n'ayant pas de
telle visée narrative, pouvant néanmoins être perçu
comme un prolongement séquentiel du Petit cartulaire en raison d'un
remploi significatif d'actes, parfois réorganisés et souvent
complétés par de nouvelles pièces étoffant
l'organisation primitive. A l'inverse, certains actes présents dans le G
1, insérés dans des dossiers partiellement retranscrits dans le G
2 et répondant à une certaine cohérence documentaire, ont
été écarté de la compilation du G 2. De ce fait,
afin d'avoir une vision exhaustive de la production documentaire
épiscopale, il est nécessaire de ne pas négliger
l'intertextualité qui peut exister entre les différents supports
scripturaires. Or, sachant que le G 1 fut produit aux alentours de 1267 et que
le G 2 plutôt vers 1287, soit 20 ans plus tard, il serait
intéressant de s'interroger sur les conditions qui ont amenées
à la retranscription de certains actes au dépend d'autres, ainsi
qu'à leur insertion dans leur nouveau contexte de compilation afin de
comprendre les logiques de remploi dans le processus de cartularisation.
Document
Tout d'abord, si l'on se réfère aux chartes
placées en préambule de chacun des manuscrits, on
s'aperçoit des différentes méthodes et visées ayant
amené à la cartularisation. En effet, si le G 1 s'ouvre sur un
enchaînement de 5 actes pontificaux, le G 2, quant à lui, s'ouvre
sur une charte de suppression de la commune de Laon, octroyée par
Philippe Auguste en 1190, complétée par la suite de diverses
chartes concernant les délimitations des compétences communales
au sein de l'évêché. Ainsi, cette remarque nous
éclaire sur les intentions de chaque phase de compilation, car si le G 1
nous révèle une construction selon la typologie des actes - ces 5
actes pontificaux sont effectivement suivis de 2 ordonnances royales de Louis
IX mandant à l'évêque de Laon de lutter contre
86
une coalition de barons français formée pour
contester l'autorité de l'Eglise au sein du royaume ; pour ensuite
s'ouvrir sur un ensemble d'actes à valeur patrimoniale (titres de
propriété, acte de ventes, donations...)120 -, le G 2
semble dénoter d'un choix pragmatique, à savoir la défense
des intérêts épiscopaux contre une influence communale
ayant tendance à se propager.
Dès lors, on remarque que le choix porté aux
actes préliminaires d'un cartulaire peut avoir une répercussion
sur les finalités, réelles ou supposées, d'un tel
manuscrit. Si le G 1 se base davantage sur une construction typologique et
hiérarchisée des actes, avec en prime une charte de confirmation
carolingienne datant de 975121, comme pour mettre en perspective la
connivence ancienne des évêques de Laon avec le pouvoir royal,
l'organisation interne du G 2 insiste surtout une volonté d'assurer et
d'inventorier les possessions, biens et prérogatives épiscopales,
dans un contexte de potentielle perte d'influence de l'évêque au
sein d'un maillage territorial qui se densifie et se diversifie.
L'apport d'un exemple concret nous semble pertinent dans cette
perspective d'intertextualité : il s'agit de la charte de Philippe
Auguste cassant la commune de Laon122. En effet, bien que cette
charte occupe la première place dans le G 2, elle n'est pas mise en
exergue dans le G 1 puisque elle ne correspond qu'à l'acte n° 113.
De ce fait, il apparaît que la place accordée à un acte
demeure primordiale dans l'implication et l'orientation que les cartularistes
voulurent donner à leurs manuscrits. Dans le G 1, cet acte, noyé
dans le corpus textuel, ne représente qu'une simple ordonnance royale,
mais, à l'inverse, dans le G 2, ce même acte prend une
résonnance solennelle et quasi-liturgique, tel un préambule :
120 A ce sujet, se référer l'étude
menée conjointement par Laurent FELLER et Pierre CHASTANG, où il
est notamment question d'une analyse typologique au sein du Registrum Petri
Diaconi, où Pierre Diacre, archiviste au sein de l'abbaye
bénédictine du Mont-Cassin, confectionna une chronique dont la
structure se voulait ouvertement typologique et hiérarchisée
selon la nature des actes (privilèges pontificaux, préceptes
impériaux et royaux, donations, livelli, renuntia,
serments ), comme s'il s'agissait d'une nécessité pour les
archivistes de rendre compte de la hiérarchie des autorités qui
structuraient connaissance de leur patrimoine et de leur passé :
CHASTANG Pierre, FELLER Laurent et MARTIN Jean-Marie, «Autour de
l'édition du Registrum Petri Diaconi. Problèmes de documentation
cassinésienne : chartes, rouleaux, registre», Mélanges
de l'École française de Rome, Moyen Âge, 121/n° 1
(2009), p. 99-135 ; CHASTANG Pierre et FELLER Laurent, «Classer et
compiler : la gestion des archives du Mont-Cassin au XIIe
siècle», dans Écritures de l'espace social.
Mélanges d'histoire médiévale offerts à Monique
Bourin, D. Boisseuil, P. Chastang, L. Feller et J. Morsel dir., Paris,
Publications de la Sorbonne, 2010, p. 345-369.
121 AD Aisne, G 1, n°110, 975 : Sollicité par
Roricon, évêque de Laon, le roi Lothaire II confirme les biens des
religieux bénédictins de l'abbaye de Saint-Vincent
considérée comme le second siège de Laon et le lieu de
sépulture des nobles laïques de la ville.
122 Pour consulter une version éditée de cette
charte : Actes de Philippe Auguste, H.-F. (éd.), E. BERGER
(dir.), t. I, p. 455, n°369 ; Sources d'histoire
médiévale, IXe - milieu du XIVe
siècle, G. BRUNEL (trad.), E. LALOU (dir.) Paris, 1992, p.
393-394.
Au nom de la sainte et indivise Trinité, Amen.
Philippe par la grâce de Dieu roi de France. Nous faisons savoir
à tous présents et à venir que par le conseil de nos
évêques et de nos barons, devant la prière
de l'évêque et de tout le chapitre de l'église
Sainte-Marie de Laon et la demande de notre cher maître Michel, doyen
de Meaux, et de maître Gilbert, souhaitant éviter le
péril de notre âme, et pour le remède de notre âme
et de celles de nos parents, nous cassons la commune de Laon,
instituée contre le droit et la liberté de l'église
Sainte-Marie, et nous invalidons toutes les chartes et tous les
écrits instituant ou confirmant la commune, pour l'amour de Dieu et
de la Sainte Vierge et par respect de notre pèlerinage à
Jérusalem. Nous interdisons par notre autorité royale que
quiconque ose vouloir jamais restaurer cette commune. Pour que ceci gagne en
force perpétuelle, nous avons ordonné de munir cette lettre de
l'autorité de notre sceau et du seing royal. Fait à Messine
l'année de l'incarnation 1190, la douzième année de
notre règne, présents au palais ceux dont les noms
sont souscrits. Seing du comte Thibaut, notre sénéchal.
Seing de Guy, bouteiller. Seing de Mathieu, chambrier. Seing de Raoul,
connétable. Donné la chancellerie étant
vacante.
Ainsi, cet exemple nous montre bel et bien que les deux
cartulaires, bien qu'ayant une base commune, ne répondent pas
spécifiquement aux mêmes finalités123. Au
demeurant, si le Grand cartulaire de l'évêché de Laon
représente une certaine continuité textuelle avec le Petit
cartulaire, notamment par la réutilisation d'actes, il symbolise aussi
une rupture dans la visée archivistique de tri, de classement et de
compilation, car outre le fait de réagencer certains actes du G1, il
comporte d'autres actes inédits, mais issus du chartrier de
l'évêché.
123 GOODY Jack, La logique de l'écriture : aux
origines des sociétés humaines, Paris, Armand Colin, 1986,
p. 91 : « Il est important d'insister sur une propriété
majeure de l'écriture, à savoir la possibilité qu'elle
offre de communiquer non pas avec d'autres personnes mais avec soi-même.
Un enregistrement durable permet de relire comme de consigner ses
pensées et ses annotations. De cette manière on peut revoir et
réorganiser son propre travail, reclassifier ce que l'on a
déjà classifié, rectifier l'ordre des mots, des phrases et
des paragraphes. La manière dont on réorganise l'information en
la recopiant nous donne un aperçu inestimable sur le fonctionnement de
la pensée de l'Homo legens. »
Le Grand cartulaire et les archives
épiscopales
88
Il est toujours intéressant d'étudier un
document en le reliant à son contexte de production124.
Concernant notre objet d'étude, bien que le chartrier demeure incomplet,
il est néanmoins possible de noter la reproduction
quasi-systématique des actes encore à notre disposition - qu'il
s'agisse d'originaux, de ratifications postérieurs ou de copies modernes
-, comme en témoigne le recensement par sous-série archivistique,
présenté plus bas sous forme de tableau. En outre, après
avoir analysé et comparé les notes dorsales des originaux encore
conservés avec les rubriques des transcriptions effectuées dans
le cartulaire, il nous sera possible de dégager certaines conclusions
quant aux étapes ayant amenées à la confection du
cartulaire :
124 GUYOTJEANNIN Olivier, Le chartrier de l'abbaye
prémontrée de Saint-Yved de Braine (dir.),
édité par les élèves de l'École nationale
des chartes, Paris, 2000 : dans cet ouvrage, le cartulaire de l'abbaye est mis
en relation avec les archives de l'abbaye, ce qui nous éclaire sur ses
conditions de réalisation.
89
Tableau 4 : Confrontation des sources secondaires
à aux actes retranscrits dans le
cartulaire
Sous-séries
|
Correspondance acte(s) G2
|
Situation archivistique
|
Original conservé
|
Copie et/ou résumé
|
Disparu
|
|
ND* similaire
|
ND
différente
|
moderne
|
|
|
G 7
|
123
|
X
|
|
|
|
|
143
|
X
|
|
|
|
G 9
|
135
|
X
|
|
|
|
|
232
|
X
|
|
|
|
G 10
|
189
|
|
X
|
|
|
|
190
|
|
X
|
|
|
G 11
|
208
|
X
|
|
|
|
|
248
|
X
|
|
|
|
|
249
|
X
|
|
|
|
|
250
|
X
|
|
|
|
G 14
|
110
|
X
|
|
|
|
|
141
|
X
|
|
|
|
G 22
|
32
|
|
|
X
|
|
|
63
|
|
|
X
|
|
|
175
|
|
X
|
|
|
|
179 bis
|
X
|
|
|
|
|
180
|
|
X
|
|
|
|
181
|
|
X
|
|
|
|
244
|
X
|
|
|
|
|
247
|
|
X
|
|
|
G 27
|
182
|
X
|
|
|
|
|
200
|
X
|
|
|
|
|
238
|
|
|
|
X
|
G 32
|
50
|
X
|
|
|
|
|
51
|
X
|
|
|
|
|
52
|
X
|
|
|
|
G 39
|
7
|
|
X
|
|
|
|
19
|
X
|
|
|
|
|
68
|
X
|
|
|
|
|
167
|
X
|
|
|
|
G 41
|
84
|
|
|
|
X
|
|
105
|
|
|
|
X
|
|
236
|
|
|
|
X
|
G 50
|
9
|
|
|
|
X
|
|
10
|
|
|
X
|
|
|
12
|
|
|
|
X
|
|
28
|
X
|
|
|
|
|
62
|
|
|
|
X
|
90
|
107 142 160 217
|
X
|
|
|
X X X
|
G 56
|
132
137
169
|
|
|
|
X X X
|
|
196
|
|
|
X
|
|
|
197
|
|
|
X
|
|
|
198
|
|
|
X
|
|
|
199
|
|
|
X
|
|
|
240
|
|
|
X
|
|
G 61
|
91
|
X
|
|
|
|
|
144
|
X
|
|
|
|
|
205
|
X
|
|
|
|
|
271
|
X
|
|
|
|
G 62
|
77
|
X
|
|
|
|
G 65
|
131
|
|
|
|
X
|
|
155
|
|
|
|
X
|
G 73
|
195
|
X
|
|
|
|
G 74
|
23
|
X
|
|
|
|
G 76
|
11
|
X
|
|
|
|
G 78
|
116
|
X
|
|
|
|
G 83
|
29
|
X
|
|
|
|
|
109
|
|
|
|
X
|
|
201
|
X
|
|
|
|
|
255
|
X
|
|
|
|
G 86
|
59
|
|
|
X
|
|
|
162
|
|
|
|
X
|
|
208
|
|
|
|
X
|
|
211
|
|
|
|
X
|
|
235
|
|
|
|
X
|
|
250
|
|
|
|
X
|
|
272
|
|
|
X
|
|
G 93
|
157
|
X
|
|
|
|
|
274
|
|
|
X
|
|
G 94
|
73
|
X
|
|
|
|
|
102
|
X
|
|
|
|
|
121
|
X
|
|
|
|
|
146
|
X
|
|
|
|
G 99
|
17
|
X
|
|
|
|
G 103
|
93
|
X
|
|
|
|
G 105
|
22
|
|
|
|
X
|
|
150
|
X
|
|
|
|
* ND = notes dorsales
91
On s'aperçoit ici que lorsque les originaux ont
été conservés, leurs mentions dorsales correspondent
presque toujours aux rubriques de leurs transcriptions au sein du cartulaire.
Dès lors, il est possible de suggérer une corrélation
entre annotations préalables des actes du chartrier et compilation du
cartulaire, bien qu'il faille apporter un bémol à cette
hypothèse du fait de l'absence de notes dorsales pour 7 d'entre eux.
Quoi qu'il en soit, ces correspondances majoritaires ainsi que
la présence de notes dorsales pour des actes postérieurs à
la dernière phase de rédaction du cartulaire semblent
démontrer que la confection des deux cartulaires épiscopaux
marqua le début d'une certaine prise de conscience archivistique de la
part de l'évêché de Laon, une meilleure conservation des
chartes se révélant nécessaire face à
l'émergence de nouveaux acteurs - le bailli royal par exemple - et
l'ancrage de plus anciens - les sires de Coucy, la commune. Le Grand cartulaire
de l'évêché de Laon devient alors le symbole de cette
rationalisation documentaire et archivistique instaurée par
l'évêché durant la seconde moitié du
XIIIe siècle, le codex s'apparentant à un
instrument de travail et recherche, à l'image des outils de
l'archivistique contemporaine, la présence d'une table des
matières renforçant cette impression.
Ainsi, le travail des cartularistes facilite l'accès
aux chartes sur deux plans : intellectuel et matériel.
1° Sur le plan intellectuel, le travail mené en
amont de la compilation - classement et ordonnancement des actes, travail de
déchiffrement, précisions péri- et paratextuelles
(analyses succinctes, rubriques, foliotation, table) - aide à
l'appréhension générale du chartrier ainsi qu'à la
compréhension des actes qui le composent ;
2° Sur le plan matériel, la concentration des
pièces permet un accès facilité à l'information.
De ce fait, en rendant lisible le chartrier, le cartulaire
s'impose comme un objet de médiation privilégié
auprès des usagers des chartes. Qui plus est, dans son autorité
référentielle, le cartulaire aurait tendance à remplacer
le chartrier, bien qu'il ne faille oublier que c'est bel et bien le chartrier
qui fonde son autorité125. Quoi qu'il en soit, il
apparaît évident que le cartulaire favorise la condensation
textuelle afin de permettre un usage pratique de l'information.
125 MORELLE Laurent, « Comment inspirer confiance ?
Quelques remarques sur l'autorité des cartulaires » in Julio
Escalona et Hélène Sirantoine (dir.), Chartes et cartulaires
comme instruments de pouvoir. Espagne et Occident chrétien (VIIIe-XIIe
siècles), Toulouse: Méridiennes-CSIC, 2013, p. 153-163.
92
Le codex : une condensation textuelle pour un usage
pratique de l'information
Somme toute, que représente le cartulaire sinon une
liste d'actes établie selon une logique de répartition
horizontale, à la différence des volumines de
l'époque carolingienne ? Dès lors, on remarque clairement que
cette compilation privilégie la continuité textuelle et
matérielle au dépend de la discontinuité primitive des
chartes originales. En effet, la compilation au sein d'un codex rend
possible une nouvelle façon d'examiner le discours,
disséminé en de multiples unités logiques, allant du
cahier jusqu'à la page, en passant par le feuillet. De ce fait, on
observe que la confection d'un cartulaire permet d'accroître le champ de
l'activité critique et favorise la rationalité, la pensée
logique, car la reproductibilité des données
agrémentée des différentes techniques de repérage
destinées à les situer au sein de la masse documentaire sont
autant d'éléments essentiels à tout développement
systématique du savoir, mutatis mutandis du pouvoir. «
Pouvoir reproduire, c'est pouvoir vérifier »126 ;
pouvoir vérifier, c'est pouvoir (ré)agir.
De plus, nous l'avons dit, le cartulaire privilégiant
l'atomicité de l'information127, chaque acte transcrit
s'insère dans une unité documentaire qui fait sens. Or, cette
représentation est primordiale dans la compréhension des doubles,
voire triples, retranscriptions d'actes qu'il est possible de trouver dans le G
2. En effet, ceci correspondrait à une volonté de donner, au sein
de deux sections d'un cartulaire méthodiquement classé, un texte
intéressant l'une ou l'autre des portions, afin de conserver
l'unité logique dans chacune d'entre elles128.
Ainsi, contrairement à la sous-partie
précédente, l'intertextualité, la sélection et les
logiques de remploi sont ici inhérentes au cartulaire, et non en
relation avec un corpus extérieur. De ce fait, on s'aperçoit que
le cartulaire, par sa confection et son agencement, devient un outil
autoréférentiel, dont les éléments constitutifs,
bien que matériellement distincts (cahiers, phases d'écriture
différents), entrent en résonnance les uns avec les autres,
créant alors un maillage textuel dynamique.
126 GOODY Jack, La raison graphique : la domestication de
la pensée sauvage (traduit de l'anglais par Jean Bazin et Alban
Bensa), Paris, les éditions de Minuit, 1978, p. 118.
127 Pour un approfondissement de la question, consulter
l'article de Pierre CHASTANG, « L'archéologie du texte
médiéval » Autour de travaux récents sur
l'écrit au Moyen Âge, Annales. Histoire, Sciences
Sociales, 2008, p. 251.
128 MORELLE Laurent, « De l'original à la copie :
remarques sur l'évaluation des transcriptions dans les cartulaires
médiévaux », in Les cartulaires : actes de la Table
ronde organisée par l'École nationale
des chartes et le GDR 121 du CNRS, 5-7 décembre 1991,
Paris, École des chartes, 1993, p. 94.
93
Le cartulaire : un objet dynamique
Néanmoins, l'intertextualité interne du
cartulaire n'est pas la seule preuve de caractère dynamique. En effet,
si l'on garde en tête la notion d'activité dans la
définition de l'adjectif « dynamique », il est possible de
noter que le dynamisme du cartulaire dépend aussi du caractère
collectif de sa confection ainsi que de son utilisation a
posteriori.
Un instrument issu d'un travail
collectif
Comme nous avons pu l'observer plus haut dans l'analyse, le
cartulaire est le produit de phases de compilation successives,
réparties entre la fin du XIIIe et le premier quart du
XIVe siècle. Ce constat apparaît donc comme le premier
élément qui symbolise l'aspect dynamique du manuscrit,
l'activité scriptoriale se partageant entre différents scribes
dans le temps.
Pourtant, il est possible de repérer, au sein
même des différentes phases d'écriture, des marques
caractéristiques de l'élaboration collective du cartulaire. C'est
le cas notamment des rubriques et des lettrines, réalisées en
aval de l'étape de transcription. Cependant, bien que dans certains cas
il est aisé de repérer l'intervention d'un rubricateur, dans
d'autres, les similitudes scripturales décelables entre la rubrique et
le texte attenant semblent faire pencher vers l'hypothèse d'un
même scribe se chargeant à la fois de la transcription et de
l'ornementation. Dans le Grand cartulaire de l'évêché de
Laon, les deux cas de figure sont observables.
Figure 9 : Exemple d'écriture identique entre
la transcription de l'acte et la rubrique (acte n°229, f°LXXXIV
r°)
94
Figure 10 : Exemple d'une double intervention (acte
n°215, f°LXXXII v°)
Mais il existe aussi quelques cas de figure qui ne rentrent
pas nécessairement dans ce schéma scriptural. En effet, certains
actes sont dénués de toute rubrique, correspondant parfois
à des « trous » de rubricage décelables dans la table
des matières, et/ou de toute lettrine, seule la miniature de la lettre
étant visible, comme c'est le cas dans l'exemple ci-dessous :
Figure 11 : Exemple d'acte sans rubrique et absent
de la table des matières, avec miniature de lettrine, non
finalisée (acte n°180, f°LXVI r°)
A l'inverse, certaines rubriques sont doublement
mentionnées, notamment sur des extensions de feuillet, tels des
marque-pages (cf illustration infra). Dès lors, il est possible
de s'interroger sur la finalité de telles extensions graphiques :
furent-elles rédigées préalablement à la
transcription des actes afin que le scribe sache quelles rubriques inscrire, ou
furent-elles au contraire inscrites a posteriori dans le but d'avoir
un aperçu condensé des actes présents sur la page ? Les
différences d'écriture tendraient à se pencher davantage
sur la seconde hypothèse que sur la première, bien qu'il demeure
difficile de pouvoir répondre clairement à cette question.
Figure 12 : Mentions inférieures de 4
rubriques présentes sur ce côté du feuillet
(f°XII r°)
95
Les signes d'une utilisation postérieure
à la compilation primitive
Outre les systèmes de renvoi repérés dans
le chapitre précédent, d'autres indices graphiques
dénotent d'une utilisation postérieure du manuscrit et
révèlent le caractère profondément dynamique du
cartulaire, dont certaines mentions pratiques sont principalement
destinées à faciliter la consultation du manuscrit. Ainsi, on
peut regrouper ces mentions pratiques selon deux principales catégories
:
? Les annotations résumant certains passages,
généralement juxtaposées auxdits passages et
caractérisées notamment par une écriture de type XIVe
siècle, à l'encre plus claire : il s'agit ici de
condensés d'informations destinés à contourner la lourdeur
syntaxique et juridique d'un acte, en n'en relevant que la «
substantifique moelle » ;
? Les manicules en marge, destinées à indiquer
au lecteur les parties du discours les plus dignes d'intérêt lors
de la consultation. Il serait d'ailleurs intéressant de s'afférer
à l'analyse purement anthropologique du recours à de tels usages
graphiques, qui semblent repousser les frontières de ce qui est
communément nommé « écrit », cet exemple
montrant bien que l'écrit ne saurait se réduire à un
simple caractère alphabétique.
Figure 13 : Manicule (acte n°40, f°XXI
r°)
Qui plus est, ces signes d'utilisation postérieure
illustrent l'importance dont pouvait se voir parée la mise en page des
différents cahiers, où une délimitation claire des marges,
outre une lecture aérée, permettait à d'éventuels
futurs scribes ou secrétaires d'effectuer des modifications ou des
ajouts. C'est donc bien dans cette perspective que l'on peut affirmer le
caractère dynamique du cartulaire, matériellement ouvert aux
manipulations ultérieures. En effet, il est important de rappeler que le
cartulaire demeure un outil de gestion patrimoniale mobilisable bien
après sa confection.
96
Conclusions partielles
Si certains historiens conçoivent l'usage du codex
comme sacralisé du fait qu'il imiterait le support biblique,
véritable écrin des valeurs chrétiennes de la
société médiévale129, d'autres ont
considéré et considèrent toujours qu'avec l'essor de
l'administration à partir du XIIe siècle, l'on observe
une progressive désacralisation des usages de l'écrit,
parallèlement au développement des langues vernaculaires, le tout
lié à l'émergence d'un champ d'usage pragmatique de
l'écrit130.
En effet, le processus de cartularisation est le fruit d'un
travail archivistique méthodique, toute conservation sélective
révélant la constitution d'une mémoire archivistique
organisée. De même, il s'inscrit dans la longue tradition
médiévale de la compilation, proposant alors la lecture d'un
moment figé de la mémoire archivistique d'une institution, bien
que de nombreux cartulaires, dont le Grand cartulaire de
l'évêché de Laon, résultent de phases de compilation
successives qui sont autant de moments particuliers de la mémoire de
l'institution, et qu'il convient par conséquent de traiter comme
tels.
Toutefois, il semble nécessaire de ne pas s'enfermer
dans des conceptions trop formelles concernant la scripturalité, la
rationalisation de l'écrit documentaire permettant par exemple une
meilleure administration et une gestion plus efficace des tenants
économiques et juridiques propres aux institutions
commanditaires131. Ainsi, la partie qui va suivre s'attachera
essentiellement à observer l'insertion du cartulaire au sein d'une
société, d'un mode de représentations et de pratiques bien
définies, et veillera à analyser son efficience sociale et
symbolique dans un réseau donné. C'est donc dans cette optique
que notre objet d'étude nous permettrait d'appréhender les divers
ressorts socio-économiques de l'évêché de Laon car,
effectivement, malgré une certaine
hétérogénéité, tant organisationnelle que
matérielle, il est possible de discerner une
homogénéité globale pour ce qui a trait à la
défense et à la mémoire des droits et du patrimoine
épiscopaux.
129 JEANNE Damien, « Une "machina memorialis".
Les cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de
Rouen », Tabularia « Études », n° 12, 2012,
p. 29-62.
130 CLANCHY Michael, From Memory to Written Record.
England 1066-1307, Oxford/Cambridge, 1979, p. 226 et 234.
131 BERTRAND Paul, loc. cit. : l'auteur
développe par exemple l'idée qu'une telle rationalisation
administrative de l'écrit irait de pair avec une « virtualisation
» de l'économie à partir du XIIe siècle du fait
notamment de la fin des grands domaines exploités directement. Le souci
de conservation serait alors perçu comme un moyen efficace de justifier
le bien fondé de droits et de propriétés.
97
98
SECONDE PARTIE
ADMINISTRER OU COMMEMORER ? L'AMBIVALENCE DU
PROCESSUS DE CARTULARISATION AU SEIN DU GRAND CARTULAIRE DE L'EVECHE DE
LAON
L'historiographie met en évidence l'essor d'une
véritable « administration » épiscopale à partir
du XIIe, ce phénomène pouvant être perçu
comme une des conséquences de la réforme grégorienne. Mais
qu'est-ce que cette « administration » révèle-t-elle
réellement ?
L'étymologie historique du verbe « administrer
» remonte au XIIIe siècle, le verbe
administrare, d'origine ecclésiastique, désignant alors
l'action que mène par délégation le « ministre »
(minister : « serviteur ») de Dieu sur Terre132.
À l'origine, cela désignait donc le serviteur de Dieu qui, par
délégation, menait une action sur Terre. Ainsi, les
évêques se voyaient confier la gestion d'un territoire que Dieu
leur aurait octroyé : l'évêché pour l'administration
temporelle et le diocèse pour l'administration spirituelle. Cette
division du territoire s'avéra si efficace qu'elle fut reprise (avec le
même vocabulaire) par les princes pour administrer leur fief.
Toutefois, le verbe « administrer » reste
équivoque et peut aussi signifier « conférer ». Or, si
un médecin confère des médicaments à son patient
pour favoriser sa guérison, les serviteurs de Dieu peuvent eux
conférer des sacrements afin de sauver l'âme d'un chrétien
de l'Enfer. En ce sens, la notion d'administration acquière une
dimension symbolique et sacralisée.
Dès lors, serait-il possible d'affirmer qu'administrer
par l'écrit, dans le cadre de notre étude, permettrait à
l'évêque de sacraliser une histoire, une mémoire
institutionnelle ? Outre leur caractère purement pratique, le recours
à l'écrit et le processus de cartularisation ne seraient-ils pas
finalement un moyen de consacrer l'identité épiscopale
?
99
132
http://www.cnrtl.fr/etymologie/administrer
100
Chapitre I
Le cartulaire en tant que support
référentiel dans le cadre d'une gestion patrimoniale de
l'évêché de Laon
Le recours à l'écrit n'est pas un acte anodin.
En effet, l'écriture, en tant que discours d'autorité et de
normes, agit en retour sur les relations entre individus et groupes
sociaux133. C'est d'ailleurs sur cet aspect, cette « sociologie
des institutions »134, que le présent chapitre
s'attardera, notamment dans le cadre d'une défense des
intérêts épiscopaux, le cartulaire révélant
« la souplesse d'un matériau à considérer avec les
autres formes de l'écrit comme un instrument polysémique pour la
défense de l'institution. »135.
Mais au-delà de ces considérations, nous
tenterons de développer ici une véritable réflexion sur
l'autorité, la vocation référentielle, que peut renfermer
notre cartulaire, qui semble dépasser sa nature primaire de registre
d'actes copiés et compilés, pour devenir un authentique outil
référentiel et revêtir une autorité que sa simple
conception semble justifier.
* *
*
133 CHASTANG Pierre, « Cartulaires, cartularisation et
scripturalité médiévale : la structuration d'un nouveau
champ de recherche », Cahiers de civilisation
médiévale, n° 49, 2006, p. 21-32.
134 BARRET Sébastien, « La mémoire et
l'écrit : l'abbaye de Cluny et ses archives (Xe-XVIIIe siècle)
», Bulletin du centre d'études médiévales
d'Auxerre | BUCEMA [En ligne], 13, 2009.
135 Id., Ibid.
101
L'écrit comme établissement d'une
référence jurisprudentielle dans une société
conflictuelle
Le XIIIe siècle a été
marqué par deux phénomènes intrinsèquement
liés : la judiciarisation de la société et la
bureaucratisation des institutions. Ainsi, il est intéressant d'aborder
le Grand cartulaire de l'évêché de Laon, dont la confection
date de la fin du XIIIe siècle, au regard de ce double
contexte. En effet, l'écrit s'assimilant à l'acquisition d'une
valeur juridique fondée sur la jurisprudence ou un code, les cours de
justice estimaient souvent que les preuves écrites étaient
empruntes d'une plus grande valeur que les témoignages oraux. C'est
pourquoi cette époque vit se développer l'Eglise en tant
qu'institution bureaucratique, c'est-à-dire littéralement le fait
de posséder un bureau ainsi que des archives écrites, notamment
concernant ses subdivisions institutionnelles telles que les
évêchés. Or, dans une société qui se
judiciarise, l'écrit illustre l'autorité conférée
à l'institution et favorise sa mainmise sur l'espace et les individus
qu'elle entend dominer. Mais plus encore, le recours à l'écrit
influence la structure des normes à travers la création et la
reproduction de textes136, ici à travers le cartulaire.
Norme référentielle et validité
pratique
Comme la notion de droit se distingue de celle de fait, la
notion de de norme s'oppose à celle de pratique. Or, bien qu'il puisse
paraître osé de qualifier le manuscrit d'outil « normatif
», dans son sens purement juridique cela s'entend, il n'est pas incongru
de la présenter ainsi, car effectivement le G 2 demeure normatif dans sa
conception via la symbolique de l'écrit, mais pratique dans son
application.
C'est pourquoi, afin de cerner au mieux cette double
distinction, il nous a semblé utile d'avoir recours à la
terminologie bourdieusienne. En effet, pour Bourdieu, la norme s'apparent
à la fois aux règles édictées ainsi qu'aux usages
qui en découlent. Or, ces derniers dépassent souvent le cadre des
normes, implicites ou explicites, du fait d'une indispensable adaptation aux
nécessités du monde social, les pratiques n'étant pas de
simples exécutions des normes explicites, mais traduisant surtout un
sens pratique acquis par le biais de l'habitus137.
136 GOODY Jack, La logique de l'écriture : aux
origines des sociétés humaines, Paris, Armand Colin, 1986,
p. 105.
137 Ce que Bourdieu montre essentiellement dans le Sens
pratique, c'est que les pratiques ne peuvent être comprises
indépendamment du contexte dans lequel elles sont socialement produites
et qu'elles produisent socialement. De même, les pratiques ne peuvent
être comprises indépendamment les unes des autres, dans la mesure
où elles participent ensemble à la production d'un contexte
symbolique
102
Dès lors, grâce à cet arrière-plan
conceptuel, on s'aperçoit que la confection du cartulaire répond
justement au fait que la réalité pratique (les comportements)
diffère du discours normatif (les chartes), le codex devenant
ainsi une véritable arme juridique dont la validité est
assurée par simple retranscription, les seules références
au « scel », lorsqu'elles sont présentes, accordant une
validité juridique de substitution138. C'est donc en ce sens
que la compilation d'actes acquiert une valeur jurisprudentielle,
chargée de faire prévaloir la norme au dépend des
pratiques, de faire rentrer dans la normale les comportements
jugés anormaux.
Néanmoins, il semble nécessaire de clarifier la
notion de norme développée ici. En effet, est
généralement qualifié de norme toute règle ayant
vocation à s'appliquer à un ensemble. Or, le caractère
normatif du Grand cartulaire de l'évêché de Laon s'applique
ici davantage à des individus en particuliers (les émetteurs et
les destinataires des actes). Ainsi, cet état de fait permet de
distinguer la norme-résultat, fruit d'une concertation
générale, de la norme-processus, issue d'une activité
dialogique et ayant une valeur jurisprudentielle. De ce fait, il ne faut pas
nécessairement voir le cartulaire comme un outil normatif, mais
plutôt comme un outil de normalisation dans un environnement
conflictuel.
Une normalisation des rapports de
force
Le processus de cartularisation correspondant à une
compilation chargée de légitimer les revendications et le pouvoir
du commanditaire139, il s'inscrit dans le domaine du droit, et les
diverses théories de l'anthropologie juridique nous permettent de mettre
en lumière certaines propriétés du grand cartulaire de
l'évêché de Laon.
Concernant l'analyse normative, où le droit consiste en
un certain nombre de normes explicites et écrites, codifiées, qui
s'imposent aux individus, les infractions étant sanctionnées par
contrainte ou menace, le cartulaire semble représenter ces normes,
symbolisées par les chartes transcrites et faisant autorité :
dans l'acte 43, par exemple, datée de 1223, divers chanoines du chapitre
cathédral de Laon attestent que Gérard de Clacy, alors vidame du
Laonnois, cité au chapitre parce qu'il n'avait point rendu à
la
cohérent et spécifique.
138 AD Aisne, G 2, n° 38, 1219 : « In cujus rei
testimonium presentes litteras sigillorum nostrorum munimine fecimus roborari
» ; AD Aisne, G 2, n°195, f°LXXIII r° : « En
tesmoignage de la quel chose nous avons scellées ces présentes
lettres de notre scel ». Ces deux exemples démontrent bel et bien
que la seule compilation d'actes au sein du manuscrit est nécessaire
quant à l'obtention d'une validité juridique par le document. Ce
qui met donc en évidence toute l'autorité accordée
à l'écrit dans le processus de cartularisation, les simples
mentions scripturales d'éléments externes de validation
étant garantes de l'authenticité du document.
139 L'anthropologue Mary DOUGLAS définit ainsi
l'institution ecclésiastique comme « un groupement social
légitimé » (Préface à l'ouvrage de Georges
BALANDIER, Comment pensent les institutions, La Découverte,
2004 [1986], p.21)
103
demande de l'évêque divers prisonniers
détenus à Mons-en-Laonnois, s'est amendé. On a donc bien
là une fonction normative du cartulaire, cette charte affirmant
l'autorité de l'évêque sur son vidame. Or, le
présupposé étant que la norme impose les pratiques et que
tout écart des pratiques par rapport à cette norme doit
être sanctionnée, le cartulaire devient alors un outil pragmatique
aux mains d'une institution centralisée - l'évêché -
dotée d'un appareil judiciaire - tribunal de l'évêque, ses
hommes de corps.
Qui plus est, si l'on s'en réfère à
l'analyse processuelle du conflit, la norme se verrait produite par le conflit,
qui agit de fait comme une instance de régulation. Ainsi, le principe de
classement du cartulaire permet de suivre le déroulement d'un conflit ou
d'une infraction, tout en observant les moyens utilisés et les
autorités invoquées par les parties pour le régler, comme
en témoigne le dossier concernant les rapports conflictuels entre
l'évêque et Gobert de Clacy, vidame140 : dans cette
série d'actes, il est possible de suivre le déroulement du
conflit opposant les deux protagonistes, de 1214 à 1221, et se concluant
par une reconnaissance de l'autorité de l'évêque,
accompagnée d'une vente de ses droits de vidamie par Gobert. De ce fait,
cette analyse se rapproche de l'idée que Malinowski se fait du droit,
qui n'aurait pas pour fonction de punir, mais plutôt d'assurer la
réciprocité des individus - non leur égalité, le
cartulaire étant réalisé pour affirmer l'autorité
de l'évêché -, afin d'assurer la cohérence de la
société. Or, ce système est révélateur de
l'importance du compromis dans la société
médiévale, d'où la valeur accordée au conflit, qui
permet, au mieux, d'aboutir à la paix, sinon de faire reconnaître
des droits. Le droit, à travers le cartulaire, déterminerait
alors les rapports de force, la norme devenant de facto un enjeu, un
objet de négociation privilégié, qui évolue
simultanément aux mutations de la société. Attention
toutefois à ne pas cristalliser un système de normes à
partir des conflits présents dans le cartulaire, ce dernier
n'étant qu'un prisme à travers lequel il nous est possible de
percevoir une réalité biaisée.
Quoi qu'il en soit, on remarque à quel point la
confection du cartulaire répond à une nécessité
juridique de normaliser des rapports de forces, grâce notamment à
une mise en perspective temporelle des différents conflits. Ce qui
confirme le caractère profondément pratique et pragmatique du
manuscrit, décelable dans l'établissement de certains dossiers
qui permettent une visualisation synthétique de certains conflits.
L'établissement de dossiers
Comme nous venons de le voir, il arrive que l'ordonnancement
de certains actes réponde à une certaine cohérence,
à une unicité thématique à défaut d'une
unicité matérielle. En effet, il est possible de mettre en
perspective, au sein même du corps de texte, la réalisation de
véritables dossiers reflétant l'ensemble ou tout du moins une
partie
140 AD Aisne, G 2, n° 33 à 43, 1214-1222.
104
de procédures relatives à une affaire juridique ou
à une transaction économique.
Outre l'exemple de Gobert de Clacy mentionné ci-avant,
il existe d'autres regroupements logiques d'actes tout au long du cartulaire,
et qu'il est souvent possible de repérer grâce aux rubriques.
Concernant les dossiers à caractère juridique, nécessaires
à la visualisation des étapes et des évolutions d'une
affaire, nous ne développerons pas ici d'exemple en particulier, jugeant
suffisant de se reporter à la lecture des rubriques concernant la
commune de Laon et précédées d'une lettre,
éléments se trouvant dans la sous partie dédiée
à l'étude du 13e cahier, bien que ce dossier ne soit
pas matériellement constitué en raison du statut d'ébauche
attribuée à ce cahier.
Néanmoins, dans le cadre de l'analyse d'un dossier
d'ordre économique, il semblerait intéressant d'étudier la
succession des actes n°196 à 199141, qui permettent par
exemple de discerner les acteurs d'une vente ainsi que les procédures
employées afin de ratifier ladite vente, comme le synthétise le
tableau suivant :
N° d'acte
|
Date
|
Rubrique
|
Emetteur
|
Objet
|
196
|
1292 (dimanche de Pentecôte)
|
Littera emptionis de Laval
|
Pierre de Courtisot, chevalier et sire de Crandon
|
Vend à l'évêque, moyennant 200 livres
parisis, des terres, prés, cens, vinages et arrière-fiefs de
Laval
|
197
|
1292 (26 mai)
|
Alia littera de eodem annexa precedenti
|
Official de Laon
|
Précisions relatives à cette vente
|
198
|
1292 (26 mai)
|
[ Item ] Alia littera de eodem
|
Official de Laon
|
Relate cette vente
|
199
|
1292 (juin)
|
[ Item ] Alia littera de eodem
|
Béatrix, femme dudit Pierre de Courtisot
|
Approuve cette vente et renonce à ses droits de douaire
sur les biens vendus
|
Tableau 5 : Rubriques sous-entendant la constitution
d'un dossier documentaire
Ainsi, on note le caractère multipartite qui entoure la
transaction (quatre entités sont mobilisées pour garantir la
vente et son bienfondé : Pierre de Courtisot, son épouse,
l'official de Laon et le destinataire de la vente, l'évêque de
Laon) de même que la proximité chronologique des différents
actes qui indique les différentes étapes nécessaires
à la ratification définitive de l'accord. Mais ce sont aussi et
surtout les rubriques qui
141 AD Aisne, G 2, n° 196 à 199, 1292.
105
permettent au lecteur de rattacher intellectuellement et
mécaniquement les actes entre eux, notamment par l'utilisation de
l'anaphore « Alia littera de eodem », qui articule les
différents actes entre eux et permet leur rattachement logique, sans
nécessairement indiquer l'auteur de l'acte ou son objet.
Quoi qu'il en soit, on remarque à quel point le
cartulaire permet une visualisation synthétique des origines et des
différents modes d'acquisition du patrimoine épiscopal,
caractéristique qui vient s'ajouter à la recension purement
juridique des intérêts épiscopaux sur sa zone
administrée. Car, en effet, la notion d'administration englobe celle de
gestion. C'est donc aussi et surtout le patrimoine de
l'évêché qui semble ici inventorié.
Un outil de gestion des intérêts
patrimoniaux de l'évêché
Dans une période marquée par essor
économique particulièrement prononcé ainsi qu'un
morcellement de plus en plus poussé de l'espace, la gestion domaniale se
transforma en un véritable enjeu politique, la possession et le
transfert de droits sur les terres se trouvant alors au centre de
l'économie politique. Ce n'est donc pas anodin de voir, dans le cadre de
cette administration territoriale et foncière, s'accroître le
nombre de registres sensés devenir la base de cette gestion
patrimoniale. En effet, l'écrit, en tant que moyen profondément
impliqué dans ce processus d'acquisition de bien et légitimation
de certaines aliénations ecclésiales142,
représente un moyen efficace de contrôle des flux, car il en
conserve une trace pérenne. De même, comme a pu l'analysé
Damien Jeanne à propos des cartulaires des léproseries de la
province ecclésiastique de Rouen143, l'ajout de nouveaux
cahiers, comme c'est le cas dans le Grand cartulaire de
l'évêché de Laon, est révélateur d'une
volonté de transmettre tout ce qui peut être utile à la
gestion et au salut de l'établissement, sans distinction. Dès
lors, le processus de cartularisation s'apparenterait à actualisation
continuelle des acquis patrimoniaux de l'évêché.
142 GOODY Jack, La logique de l'écriture : aux
origines des sociétés humaines, Paris, Armand Colin, 1986,
p. 57-60 : dans ces pages, Jack Goody parvient à démontrer qu'en
Mésopotamie, le développement de la comptabilité
économique, principe élémentaire de tout rayonnement
économique, se coupla à l'essor de l'écriture, mise au
point notamment par l'administration sacerdotale chargée de la gestion
des temples. Le lien entre administration religieuse ayant connaissance de
l'écrit et économie n'est donc pas nouveau et s'applique toujours
au XIIIe siècle.
143 JEANNE Damien, « Une "machina memorialis".
Les cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de
Rouen », Tabularia « Études », n° 12, 2012,
p. 29-62.
106
L'utilisation d'une base de données
relationnelle : un recensement systématique du patrimoine
épiscopal
Avant d'évoquer les résultats obtenus quant
à l'analyse du patrimoine épiscopale recensable dans le
cartulaire, il nous a semblé utile d'en expliquer la méthode
permettant son exploitation : une base de données.
Un cartulaire se trouvant le plus souvent être un
registre compilant des actes à caractère patrimonial et/ou
mémoriel, il est intéressant d'en étudier les composantes
économiques afin de déceler les stratégies
économiques et foncières d'une institution. C'est donc dans cette
optique que fut créée ladite base de données, permettant
de recenser les transactions et les entités (individus ou institutions)
productrices de ces transactions, au sein du Grand cartulaire de
l'évêché de Laon.
C'est ainsi que s'est imposée la création d'une
base de données à deux tables, détaillant les
caractéristiques des deux éléments qui
matérialisent l'échange : l'entité (TBL_Entité) -
indifféremment émettrice ou réceptrice - et la transaction
en elle-même (TBL_Transaction). Dès lors, la mise en relation de
ces deux tables est illustrée par l'image présente ci-dessous
:
107
Concernant la table « Entité », il est
possible de remarquer que les variables utilisées nous permettent de
dresser un tableau sociologique des individus présents dans le processus
économique, ainsi que de délimiter leur aire d'influence. De
plus, la variable « Sexe » permettrait de concevoir la part et la
place des femmes dans la production documentaire laonnoise entre le
XIIe et le XIIIe siècle : dans le cas
présent, elles représentent 13,6% - 8 sur 59 - des entités
présentes lors des transactions.
La table « Transaction », quant à elle, rend
possible la confection d'une typologie des échanges (cession, vente,
redimage...), des biens échangés ainsi qu'une reconstitution
chronologique des différentes phases d'acquisition de la part de
l'évêché, outil essentiel quant à la
démarcation d'une politique patrimoniale. Qui plus est, la variable
« Contrepartie » nous permet d'estimer les coûts d'une telle
politique, bien que ces chiffres ne représentent au final qu'une portion
de la somme véritablement dévolue aux acquis patrimoniaux,
certains actes ne faisant pas mention du prix correspondant à une
transaction.
Toutefois, un tel outil ne saurait faire état de
l'ensemble du patrimoine épiscopal, celui-ci ne se cantonnant pas
à son caractère purement économique et foncier. En effet,
la notion de patrimoine embrassant celles d'héritage et de transmission,
il nous semble nécessaire d'analyser, même brièvement, les
informations relevant du patrimoine juridique et socio-politique du cartulaire,
cette typologie nous permettant alors de concevoir de manière
globalisante les intérêts patrimoniaux de
l'évêché que le cartulaire détient en son sein.
Patrimoine foncier
Reste néanmoins que l'essentiel du patrimoine
épiscopal recensé dans le cartulaire est de nature
foncière, preuve du « rôle prédominant joué par
l'Eglise dans la conservation de l'écrit, comme finalité de
garantie du patrimoine foncier assignée à l'archivage
»144. Dès lors, tâchons d'interroger notre base de
données afin de déceler la composition ainsi que la valeur, si
partielle soit-elle, du patrimoine foncier de l'évêché de
Laon acquis tout au long de la période référencée,
car il s'agit bien ici d'un recensement révélant les
différentes phases d'acquisitions par les évêques de Laon,
ceux-ci, en tant que seigneurs temporels, ayant particulièrement
à coeur de développer leurs positions foncières par le
biais d'investissements permettant d'engendrer une plus-value
économique145.
144 BELMON Jérôme, «" In conscribendis
donationibus hic ordo servandus est..." : l'écriture des actes de la
pratique en Languedoc et en Toulousain (IXe-Xe siècle)», in
ZIMMERMANN Michel (dir.), Auctor et auctoritas. Invention et conformisme
dans l'écriture médiévale, Actes du colloque tenu
à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 14-16
juin 1999, Paris, École des Chartes (« Mémoires et documents
de l'École des chartes » 59), 2001, p. 290
145 Fortune de Karol (La). Marché de la terre et
liens personnels dans les Abruzzes au Haut Moyen Age, Laurent FELLER,
Agnès GRAMAIN, Florence WEBER, Rome, École française de
Rome, 2005 : dans cet ouvrage, les auteurs, grâce à une
méthodologie transversale à plusieurs disciplines -
108
Néanmoins, il semble important de préciser une
fois encore que l'analyse du patrimoine foncier de l'évêché
de Laon, à travers le Grand cartulaire, n'en constitue pas une
étude exhaustive, certaines transactions n'étant pas
automatiquement référencées dans le manuscrit, d'autres,
bien que référencées, ne nous dévoilant pas
nécessairement les informations pratiques quant à leurs
conditions de réalisation (absence de mention des biens
concernées, absence de somme d'argent). Quoi qu'il en soit, les
renseignements que nous avons préalablement récoltés nous
permettent de regrouper ces données selon une typologie à triple
variable : les achats purs et simples, les échanges contre redevances et
les échanges contre biens. Dès lors, le croisement des
différentes données nous permet d'établir le tableau
comparatif développé ci-après (pour une meilleure
compréhension des unités mentionnées, se
référer à l'annexe n°2) :
historique, économique et ethnographique - analysent un
dossier de 97 actes présents dans le cartulaire de Casauria en dressant
une typologie documentaire des différents actes, permettant alors de
définir la fortune patrimoniale qu'a pu réunir ledit Karol,
fortune finalement rachetée par le monastère San Clemente de
Casauria. Cette étude se doit donc d'être perçue comme une
mise en perspective sociale des ressorts économiques de cette
région au IXe siècle. En conséquence, c'est de
cette démarche méthodologique que se réclame notre
analyse.
109
|
Acquisitions / Recettes
|
Cessions / Dépenses
|
Biens & droits
|
· 3 maisons
· 3 moulins
· 1 carrière
|
· 1 maison laonnoise
· Hommes et femmes de corps (échanges)
· Droits divers :
|
|
· Pré de la Girondele +
|
4 Forêt de Saint-Gobain
|
|
rivière attenante
|
4 Ruisseau à Versigny
|
|
· Aisances de marais
|
4 Pâturage à Achery
|
|
· 22 jalois de bois (près de
|
· Confirmation de charte communale à
|
|
300 ares)
|
Anizy
|
|
· 6 muids 11 jalois 32 verges de terre labourables
|
|
|
· Hommes et femmes de corps (échange)
|
|
|
· Droits divers :
|
|
|
4 Lods et ventes
|
|
|
4 Garenne
|
|
|
4 Terrage
|
|
|
4 Rouage
|
|
|
4 Chevage
|
|
|
4 Extrahière
|
|
|
4 Chambellage
|
|
Impôts, taxes &
|
· Rente cumulée de 27 £p., 88 s.p., 7
d.p.
|
· Rente de 30 muids de blé
· Rente de 83 muids de vinage
|
redevances
|
· Surcens de 50 s.p., 30 s.l.
|
· Surcens de 10 s.t.
|
|
· Rente cumulée de 7 muids
|
· 20 anguilles annuelles
|
|
3 jalois de blé
|
|
|
· Rente de 15 muids 3 jalois d'avoine
|
|
|
· Rente de 7 jalois de froment
|
|
|
· Rente cumulée de 120 muids 16 setiers de
vinage
|
|
|
+ 200 £p. sur les vinages de
|
|
|
Crécy et Thiérussuelle
|
|
|
· Fouage de 20 d.p. à Laval et
Nouvion-le-Vineux
|
|
|
· Taille
|
|
|
110
?
|
123 chapons
|
|
|
|
|
?
|
1 porc (valeur :
|
7,5 s.p.)
|
|
|
Somme d'argent
|
|
|
|
?
|
7930 £p., 4000 £t (équivalent 3200
£p.), 100 s.p.
|
(cumulée)
|
|
|
|
|
? Soit un total de 11130 £p., 100 s.p.
|
|
|
|
|
|
(équivalent 8904 £t, 80 s.t.)
|
|
Tableau 6 : Tableau récapitulatif du
patrimoine foncier de l'évêché de Laon à travers le
Grand cartulaire de l'évêché de Laon
Ainsi, quelles conclusions ce tableau récapitulatif
nous permet-il de tirer ? Tout d'abord que la politique patrimoniale
cumulée des différents évêques de Laon -
excepté un acte datant de 1129, sous l'épiscopat de
Barthélémy de Jur, tous les autres se situent entre 1218 et 1297,
c'est-à-dire sous les titulatures d'Anselme de Mauny, Garnier, Itier de
Mauny, Guillaume de Moustier, Guillaume de Châtillon et Robert de Thorote
- apparaît comme largement bénéficiaire et
protéiforme, créant dès lors des unités de
réserve essentielles à l'assise du pouvoir
épiscopal146. C'est d'ailleurs cette conclusion qui nous
permet d'induire l'idée qu'une des raisons ayant amené à
la confection du cartulaire serait la défense de ces
intérêts patrimoniaux à caractère foncier, fondement
de l'implantation seigneuriale des évêques.
De plus, il est intéressant de noter que la monnaie la
plus fréquemment utilisée lors des transactions est la livre
parisis, monnaie forte de son état, indice sur la relative
stabilité financière et économique qui entoure
l'évêché de Laon durant cette période147
mais révélateur de l'affaissement de la monnaie laonnoise
face à la monnaie royale148, comme le symbole d'une insertion
accrue du roi dans les affaires du Laonnois, la monnaie
146 Il s'agit ici de la théorie marginaliste
développée par Don PATINKIN, dans son ouvrage La Monnaie,
l'intérêt et les prix, Paris, PUF, 1972 (1ère
édition 1955), mentionnée et explicitée par André
ORLEAN dans son article « La monnaie contre la marchandise »,
L'Homme, 162, avril-juin 2002 : il y explique notamment que la monnaie
est assimilée à un objet de telle sorte que le principe de
l'utilité marginale s'applique à elle de la même
manière qu'aux autres biens. La monnaie aurait alors une double
utilité : détenir et dépenser, la première prenant
le pas sur la seconde, l'intérêt étant alors d'avoir de la
« liquidité » pour se prémunir contre toute sorte de
désagrément, d'une désynchronisation temporaire entre
dépenses et recettes.
147 SAINT-DENIS Alain, Apogée d'une cité :
Laon et le Laonnois (XIIe-XIIIe siècles), Nancy, Presses
universitaires de Nancy, 1994, p. 377-421.
148 DUMAS Françoise, « La monnaie dans le royaume
au temps de Philippe Auguste », in La France de Philippe Auguste. Le
temps des mutations, Paris, 1982, p. 541-574 : dans cet acte issu d'un
colloque international, l'auteur montre l'existence d'une véritable
« zone parisis » au temps de Philippe Auguste.
111
étant perçue comme un véritable «
reflet des pouvoirs » et donc de l'influence de son
émetteur149. De même, la nature des biens acquis -
moulins, bois, pré, marais, rivière - est
révélateur de l'importance du capital foncier à vocation
d'exploitation économique du territoire. De ce fait, il apparaît
que les évêques, au-delà de leur vocation spirituelle
d'origine, se voient surtout confier la gestion et l'administration
économique d'une région donnée. C'est pourquoi il est
possible que le recours à l'écrit ait été
conçu par ces administrateurs comme un moyen de redonner de la
sacralité à ces échanges, en les inscrivant de
manière quasi-immuable sur un support donné, tel un
précepte divin.
Effectivement, la question de la valeur dans
l'économie médiévale semble prendre ici tout son sens. Car
en accordant de la valeur à un échange par le biais de sa
compilation dans le cartulaire, c'est la reconnaissance même de la valeur
de l'échange - au sens purement économique aussi bien que
symbolique - qui est soulignée150. En effet, concernant
l'idée de valeur économique d'un bien, enregistrer une
transaction c'est avant tout reconnaître sa valeur marchande, que
celle-ci soit directe (achat) ou indirecte (prix de revient d'une rente
concédée, avec une nécessaire convertibilité
monétaire fixant la valeur estimée du bien). Cependant,
l'économie médiévale ne se résume pas à son
caractère marchand, mais est aussi le fait de relations humaines
dépassant le cadre strict de l'économie, qui se transforme alors
en un véritable « fait social total »151,
c'est-à-dire qu'il serait erroné de ne réduire
l'échange marchand qu'à sa conception utilitaire, celui-ci se
reposant essentiellement sur une relation entre acteurs économiques
basée sur la confiance, des représentations collectives et des
attentes stratégiques152. De ce fait, la monnaie ne servirait
pas nécessairement à réaliser des échanges de biens
matériels mais apparaîtrait surtout comme un moyen de paiement
pour des obligations non-commerciales, des « paiements sociaux »,
toute transaction relevant alors d'un concept plus global d'échange
cérémoniel153 chargé d'assurer la
réciprocité des contractants. C'est en tout ce qu'il est possible
de constater au sein du cartulaire concernant, par exemple, les cessions
foncières destinées à rédimer l'émetteur du
don154.
149 CORMIER Jean-Philippe, Monnaies
médiévales, reflets des pouvoirs, Paris, Remparts, 1996 ;
LEGIER Henri-Jacques, « L'Église et l'économie
médiévale : la monnaie ecclésiastique de Lyon et ses
vicissitudes » in Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 4, 1957. p. 561-572.
150 ORLEAN André, L'Empire de la valeur,
éd. du Seuil, 2011.
151 MAUSS Marcel, Essai sur le don : forme et raison de
l'échange dans les sociétés archaïques, Paris,
PUF, 2012, [1923-1924].
152 ORLEAN André et AGLIETTA Michel, La Monnaie
entre violence et confiance, Paris, éd. Odile Jacob, 2002.
153 BRETON Stéphane, « Présentation »
Monnaie et économie des personnes, L'Homme, 2002/2 n° 162,
p. 13-26.
154 AD Aisne, G 2, n° 189, 1287 : dans cette acte,
Enguerrand de Coucy affirme avoir constitué une rente de 200 livres
parisis sur ses vinages de Crécy et sur ses châtellenies de Marle,
Vervins et Thierissuelle, pour se rédimer du droit qu'avait
l'évêque Robert de prendre à volonté du bois dans
forêts dudit sire [notamment la forêt de Woiz].
112
Toutefois, le patrimoine épiscopal ne se résume
pas à son caractère foncier, comme peut le montrer le recensement
de différents droits acquis ou conservées par les
évêques de Laon, ces droits pouvant relever du patrimoine foncier
comme nous venons de le voir (garenne, terrage, etc.), mais aussi du patrimoine
purement juridique, comme c'est le cas du droit de justice.
Patrimoine juridique
En effet, si les évêques de Laon, en
accédant au siège épiscopal, héritent d'un
territoire foncier à administrer, leur administration s'applique aussi
par le biais de l'autorité juridictionnelle qui leur est
accordée, dans une perspective notamment de prévention, de
gestion et de régulation des différents conflits ou
désaccords pouvant se produire sous cet espace administré. A
noter d'ailleurs que la recension de ce patrimoine juridique n'est pas anodine,
car rendre justice relève de l'apanage des puissants, à l'image
du roi. C'est pourquoi, la justification via la compilation dans le
cartulaire de divers droits juridiques sur des espaces stratégiques (les
marchés et les foires notamment) ou sur des domaines dépendants
directement du seigneur-évêque veille surtout à consacrer
l'autorité de ce dernier sur des terres et des hommes
administrés.
Pour le premier cas, l'acte n°12 du cartulaire semble
être un exemple particulièrement évocateur : dans cet acte,
Louis IX intervient en tant que médiateur afin d'arbitrer un conflit
opposant la commune de Laon à l'évêque Garnier à
propos de la répartition de leurs différents droits sur le
marché. Finalement, le roi permet à la commune de conserver ses
droits de cambage, de tonlieu, de rouage, de jalage, de lardage (cf annexe
n°3) et d'emplacement du beffroi moyennant redevances annuelles
à l'évêque de Laon, qui parvient à conserver son
droit de justice sur la ville155, preuve de l'importance d'un tel
droit dans un contexte de compétition politique et territoriale.
De même, il n'était pas rare que lors d'une
vente d'un domaine par un seigneur, le droit de justice vienne s'agréger
au lot de biens transférés, comme en témoigne cette vente
effectuée par Gérard, seigneur et chevalier de Caulaincourt,
à l'évêque de Laon de ses diverses rentes ainsi que ses
droits de justice sis à Anizy156. De ce fait, on remarque
aisément à travers ces deux exemples que le patrimoine juridique
conservait une valeur égale, sinon supérieure, au patrimoine
foncier, tous deux demeurant des symboles de
155 AD Aisne, G 2, n° 12, 1241 : « [...] majori et
juratis et comitati Laudunensis in perpetuum remanebant, et iidem major et
jurati dicto episcopo Laudunensis et successoribus ejus episcopis Laudunensis
quadraginta septem libris laudunensis monere infra scriptis terminis annuanti
in perpetuum reddere tenebuntur, videlicet in festo sancti Johanis baptiste,
octo libris laudunensis monere, in festo omnium sanctorum octo libris ejusdem
monere, similiter in festo sancti Andrei viginti libris ejusdem monere, et in
media quadraginta octo libris ejusdem monere. [...] remanet dicto episcopo
Laudunensis justicia sicut usus est. »
156 AD Aisne, G 2, n° 50-52, 1229.
113
l'implantation et de l'autorité des
évêques de Laon sur le territoire dont ils se sont vus
confié l'administration157.
Néanmoins, ces deux types de patrimoine peuvent se
voir compléter par un troisième, et non des moindre : le
patrimoine socio-politique, le plus symbolique mais aussi le plus essentiel
dans la conservation d'une autorité territoriale. Car, en effet, «
toute puissance repose sur le triple fondement de l'autorité, de la
richesse et du prestige. Chacune de ces assises nécessaires se trouve
dans l'Église, avec un mélange de profane et de sacré.
»158
Patrimoine socio-politique
Lorsqu'ils se voient confier leur titulature, les
évêques de Laon héritent dans le même temps du double
titre de duc et pair de France, une des plus hautes dignités du royaume
formant un noyau dur mais restreint autour de la personne du roi159.
A ce titre, ils étaient placés à la tête d'un
véritable évêché-comté, au sein duquel les
traditionnelles obligations féodales leur étaient
dévouées. C'est ainsi que furent essaimés tout au long du
cartulaire divers hommages féodo-vassaliques dont les
évêques étaient les destinataires :
157 GUYOTJEANNIN Olivier, Episcopus et comes :
affirmation et déclin de la seigneurie épiscopale au nord du
royaume de France (Beauvais-Noyon, Xe-début XIIIe siècle),
Genève, Droz, 1987, p. 162 : la justice était toujours l'une des
prérogatives les plus défendues, car il s'agissait d'une
manifestation englobant bien des aspects du pouvoir et de l'administration, ce
qui explique en partie la démultiplication du personnel judiciaire au
début du XIIIe siècle (prévôt, officiaux,
baillis).
158 LE BRAS Gabriel, Institutions ecclésiastiques
de la Chrétienté médiévale (1130-1378), Paris,
1964, p. 235.
159 GUYOTJEANNIN Olivier, op. cit., p. 243 : les
pairs ecclésiastiques formaient un comité de six membres, dont
les évêques de Laon faisaient partie au même titre que ceux
de Reims, Langres, Chalons, Beauvais et Noyon.
114
N° d'acte
Année
|
Contenu
|
6 & 76
|
1239
|
Sentence arbitrale d'Henri, archevêque de Reims,
réglant le mode de serment de la commune à l'évêque,
sacré à Reims
|
17
|
1260
|
Sentence arbitrale enjoignant au comte de Roucy de rendre
hommage à l'évêque de Laon à double pour ses
châtellenies de Pierrepont et Montaigu
|
22
|
1225
|
Enguerrand de Coucy reconnaît qu'il est homme lige de
l'évêque pour ville teutonique de Sissonne & fiefs relevant de
Sissonne
|
75
|
1222
|
Guillaume, archevêque de Reims et légat du
Saint-Siège, relate la mise sous la suzeraineté de
l'évêque Anselme par Milon, seigneur de Sissonne, de toute sa
ville teutonique de Sissonne, qui détenait en alleu, sous réserve
des aubains. Il déclare aussi être l'homme-lige dudit
évêque après le seigneur de Montcornet
|
109
|
1287
|
Pierre, comte d'Alençon et de Blois, sire d'Avesnes,
et Jeanne, sa femme, reconnaissent que l'hommage qu'ils ont fait à
l'évêque à Paris, au Parlement de Pentecôte, ne
pourra préjudicier audit évêque ni à ses
successeurs
|
111 & 216
|
1246
|
Gaucher de Châtillon, sire de Saint-Aignan-en-Berry,
fait foi et hommage à l'évêque Garnier des droits de vinage
de localités qu'il n'indique point
|
124
|
1248
|
Guillaume, seigneur de Salone, promet à
l'évêque Guillaume de se reconnaître comme son homme-lige
|
201
|
s.d.
|
Hugues de Châtillon, comte de Blois et d'Avesnes,
déclare qu'il a fait foi et hommage, à Paris au lieu de
l'évêché, d'un fief qu'il ne désigne pas mais que ce
devoir de vassalité ainsi fait, ne pourra préjudicier aux droits
de l'évêque
|
|
Tableau 7 : Tableau récapitulatif des
hommages rendus au seigneur-évêque
Néanmoins, si la quantité limitée que
représente cette dizaine de reconnaissances socio-politiques peut
interpeller, il ne faut pas oublier que ce type d'obligations était
surtout le produit d'un rituel informel et oral, de telles mises par
écrit ne correspondant surement qu'à des intérêts
d'ordre contingent, comme pour l'affirmation d'une autorité territoriale
à un moment où celle-ci aurait pu être contestée.
Dès lors, il est possible de s'interroger sur les
conditions ayant amenées à la compilation de ces actes,
chargés de recenser et de défendre les intérêts
patrimoniaux de l'évêché de Laon. En effet, pourquoi les
évêques de Laon ont-ils attendus la seconde moitié du
XIIIe siècle pour confectionner leurs premiers cartulaires ?
Ont-ils été réalisés afin de rationaliser
l'administration de l'aire d'influence épiscopale, élargie par
des années de politiques d'acquisitions diverses, ou
représentent-il à l'inverse un moyen de défendre un
territoire de plus en plus en proie aux dissensions et aux luttes de pouvoir
?
115
La confection du cartulaire : point d'ancrage d'une
mainmise plus accrue de l'évêque sur son territoire ou testament
institutionnel ?
Au vue de l'absence de documents attestant les motivations
ayant entraîné la confection du Grand cartulaire de
l'évêché de Laon, il nous semble tout à fait
légitime de nous poser la question. Qui plus est, il s'avère
qu'une telle interrogation n'est pas nouvelle et s'est déjà
posée à d'autres historiens étudiant des cartulaires. Tel
est le cas par exemple de Damien Jeanne, qui, dans son article sur les
cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de
Rouen160, oriente son étude sous le prisme de ce
questionnement dual. En effet, selon lui, la réalisation de ces
cartulaires serait le révélateur de l'extension maximale du
patrimoine des léproseries qu'il faudrait protéger afin de
garantir la pérennité des acquêts, des privilèges et
de l'autonomie des institutions charitables. Il développe alors
l'idée que celles-ci usent de l'écriture, à travers les
cartulaires, afin de guérir les crises dans lesquelles elles se voient
confrontées, l'écrit apparaissant alors comme un remède
pour la victime - les léproseries - et un poison pour les adversaires -
notamment les communes. On retrouve alors l'équivocité du verbe
« administrer », développée dans l'introduction de ce
chapitre, qui peut aussi s'apparenter au verbe « conférer »,
au sens médical du terme. L'usage de l'écrit aurait alors un
rôle davantage symbolique et sacralisé que pragmatique.
L'affirmation d'une puissance
institutionnelle...
Bien que la confection d'un cartulaire puisse répondre
à une politique défensive de protection patrimoniale, il n'en
demeure pas moins que ceci correspond à une mise en scène de la
puissance d'une institution, si affaiblie soit elle. Le manuscrit
apparaît alors comme l'expression de la « domination d'une
seigneurie collective particulière »161, que cette
domination soit effective ou juste fantasmée. Si tel était le
cas, l'entreprise de compilation se transformerait alors en une politique de
légitimation symbolique d'une autorité institutionnelle par
l'écrit, l'autorité des auteurs ou des commanditaires pouvant
rejaillir sur l'entreprise qu'ils cautionnent162. Mais si cette
domination était effective, le cartulaire ne serait alors à voir
que comme un prolongement de cette autorité, une
160 JEANNE Damien, « Une "machina memorialis".
Les cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de
Rouen », Tabularia « Études », n° 12, 2012,
p. 29-62.
161 Ibid.
162 GEARY Patrick, « Auctor et auctoritas
dans les cartulaires du Haut Moyen-Age », in ZIMMERMANN Michel
(dir.), Auctor et auctoritas. Invention et conformisme dans
l'écriture médiévale, Actes du colloque tenu à
l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 14-16 juin 1999,
Paris, École des Chartes (« Mémoires et documents de
l'École des chartes » 59), 2001, p. 61-71.
116
manifestation physique de la puissance institutionnelle, tel un
instrument ostentatoire163.
Concernant le G 2, nous ne pouvons affirmer avec certitude
s'il répond à l'une ou l'autre de ces propositions. Quoi qu'il en
soit, l'historiographie tend clairement à mettre en évidence la
relative perte d'influence du pouvoir épiscopal à l'époque
correspondant à la réalisation du cartulaire - d'où
l'idée de testament institutionnel -, couplé à une vacance
du siège épiscopal entre 1273 et 1279 fragilisant un peu plus
l'autorité épiscopale, bien qu'il serait inadéquat de
qualifier la situation des évêques de Laon de la fin du
XIIIe siècle de catastrophique. Il ne faut oublier que
l'évêque de Laon est duc et pair de France, ce qui lui garantit
une autorité et une légitimité auprès du roi, et
donc ses faveurs, que peu de seigneurs peuvent prétendre avoir. Certes,
le roi de France, à cette époque, tend de plus en plus à
implanter son pouvoir et son influence au dépend notamment de
l'évêque, mais ce dernier devient alors le bras droit de
l'autorité royale dans le cadre d'une sorte de
paréage164, conservant ainsi une certaine autonomie
seigneuriale que le cartulaire tendrait peut-être à renforcer.
De même, l'affirmation de la puissance épiscopale
s'expliquerait aussi dans les caractéristiques matérielles
mêmes du manuscrit. En effet, un cartulaire est une réalisation
coûteuse de par le prix des matières premières
nécessaires à sa conception. Ainsi, comme nous l'avons
proposé dans la partie précédente, « la question de
la taille d'un manuscrit peut apparaître comme primordiale dans
l'étude de son insertion au sein d'un mode de pensées et de
représentations. En effet, il serait possible d'imaginer, dans une
société où le coût des matières
premières pour un objet d'un tel acabit demeure relativement
élevé, que la confection d'un manuscrit de cette sorte,
matériellement plus imposant que le premier, transcrive une expansion
symbolique de la capacité d'action du commanditaire. » Dès
lors, le caractère onéreux du cartulaire et ses dimensions
importantes seraient un moyen pour les évêques d'exprimer leur
puissance, la valeur du support reflétant la noblesse de son
commanditaire.
Toutefois, le principe de compilation, propre à la
cartularisation, ne tend pas nécessairement à représenter
une institution de manière exhaustive, mais applique au contraire le
principe de la mémoire sélective, c'est-à-dire que la mise
en page et en série des chartes procède d'une subite mise en
scène des attributions épiscopales, à une perception
parfois biaisée et idéologiquement orientée de l'espace
vécu et administré165. Qu'en est-il ?
163 Chartes et cartulaires comme instruments de pouvoir.
Espagne et Occident chrétien (VIIIe-XIIe siècles), Julio
ESCALONA et Hélène SIRANTOINE (dir.), Toulouse:
Méridiennes-CSIC, 2013.
164 Etymologiquement « association entre pairs »,
c'est-à-dire la mise en place d'une co-seigneurie.
165 CHASTANG Pierre (dir.), Le passé à
l'épreuve du présent, appropriations & usages du passé
du Moyen-Age à la Renaissance, Paris, Presses de
l'Université Paris-Sorbonne, 2008, p. 492 : dans le chapitre final de
cet ouvrage, Michel ZIMMERMANN va dans ce sens en affirmant que la
réécriture - voire l'écriture - du passé au service
du présent se fait souvent dans une perspective pragmatique,
c'est-à-dire au service d'objectifs politiques ou idéologiques,
le passé invoqué pouvant alors avoir une profondeur variable
selon les visées.
117
... ou un outil de commémoration
?
Il est possible d'assimiler le cartulaire à une
mémoire collective fixée par l'écrit à un moment
particulier d'une institution. La réalisation d'un cartulaire instaure
alors l'unanimité de la collectivité contre un rival, pris en
dehors d'elle. La magie de l'écriture résiderait alors dans
l'efficacité de sa valeur protectrice permettant à la
communauté de retrouver une cohésion perdue, ou du moins à
la renforcer une identité communautaire166. C'est en ce sens
qu'il est possible de parler de « commémoration » concernant
la finalité d'un cartulaire, terme qui implique la mise en place d'une
mémoire collective à travers le manuscrit. Or, ce principe de
commémoration est double : à la fois horizontal et vertical.
Dans un premier temps, effectivement, la disparité
temporelle qui se fait jour dans le Grand cartulaire de
l'évêché de Laon est un moyen pour les commanditaires des
différentes phases d'écriture de célébrer leurs
prédécesseurs, offrant à la cartularisation un
caractère cérémoniel particulièrement
prononcé. Mais leurs successeurs ne sont pas en reste, comme en
témoigne la fréquente allusion aux « successoribus ejus
», présente dans les actes pour désigner les
successeurs de l'évêque émetteur ou destinataire de l'acte.
Il s'agit donc ici d'une commémoration horizontale, centrée
autour de la dignité épiscopale que chaque évêque
hérite et transmet, tel un héritage institutionnel. Ainsi, c'est
en affirmant une identité commune à plusieurs
générations de dignitaires que le cartulaire oeuvre à
célébrer l'évêché de Laon à travers
ses divers représentants.
Mais dans un second temps, certains actes font
référence ou sont entièrement consacrés aux agents
épiscopaux : hommes de corps, sergents, vidames, prévôts,
chambellan. Ceci a pour principale incidence de cerner et de renforcer une
communauté d'individus mis au service de l'évêché,
principe constitutif de ce que nous appelons ici commémoration
verticale167, l'évêché de Laon étant un
territoire administré de manière collective et
hiérarchique.
Quoi qu'il en soit, il semblerait erroné de cloisonner
ces deux hypothèses - affirmation d'une puissance institutionnelle
vs. outil de commémoration -, l'une pouvant être le
complément de l'autre, et vice versa. Par exemple, un cartulaire peut
être un outil affirmant une puissance institutionnelle en invoquant la
mémoire d'illustres personnages. Inversement, il est possible qu'un
cartulaire ait pour vocation de célébrer la mémoire d'une
institution en faisant référence à l'influence qu'elle
détient et/ou détenait sur un territoire donné.
Néanmoins, il serait intéressant d'étudier plus en
détail les éléments présents dans le Grand
cartulaire de l'évêché de Laon qui participent à
l'affirmation
166 JEANNE Damien, art. cit..
167 CHASTANG Pierre, op. cit., p. 12 : dans
l'introduction de cet ouvrage, Pierre Chastang rappelle le rôle de
médiation joué par l'écriture dans les
procédés de réappropriation du passé et de la
confection du mémorable en mettant notamment en avant la finalité
sociale de l'écrit, à savoir celle de produire une
identité, une hiérarchie et une logique d'appartenance.
118
mémoriel et identitaire des évêques de
Laon, la présente partie ayant davantage répertorié les
caractéristiques témoignant de l'autorité
épiscopale dans sa dimension pratique.
119
Chapitre II
« Les paroles s'envolent, les écrits restent
». L'écrit comme affirmation symbolique de la mémoire et de
l'identité
épiscopales
« La menace de l'oubli [constituerait] une condition
sine qua non de la scripturalisation comme source d'un pouvoir
symbolique, fondé sur l'absence de réponse possible et sur la
magie sociale de la mémorisation écrite : tout se passe comme si
ce n'était pas pour pallier le risque d'oubli que l'on a recouru
à l'écrit, mais pour pouvoir recourir à l'écrit en
tant que forme de domination symbolique que l'on a construit l'oubli en
fantasme social collectif. »168. Cette citation issue des
réflexions de Joseph Morsel développe une idée force dans
l'étude des cartulaires : l'écrit n'a de cesse de faire
écho aux notions de mémoire et de pouvoir. En effet,
l'écrit, par son caractère permanent, ancre une
légitimité dans un cadre temporel large et fait acquérir
aux informations mentionnées une autorité
référentielle certaine.
Toutefois, il ne faut pas négliger le fait que
l'écrit n'est qu'un moyen destiné à renforcer une
domination symbolique, c'est-à-dire que qu'il ne constitue pas
en soi un pouvoir effectif, et ne demeure au final qu'un instrument
mis au service d'une finalité sociale et politique. Le cartulaire
devient alors objet de représentations, celles d'une institution
épiscopale désireuse de défendre une mémoire et une
identité institutionnelles à travers le filtre de l'écrit
- la compilation est par définition un filtrage de l'information et
l'écrit se voit surtout comme une production formalisée et
aseptisant bien souvent ses conditions de réalisation -, dans une cadre
réflexif. Dans ces conditions, il est encore une fois possible
d'assimiler l'écrit à un remède administré
afin de lutter contre la maladie historique qu'est
l'oubli169.
* *
*
168 MORSEL Joseph, « Ce qu'écrire veut dire au
Moyen Âge. Observations préliminaires à une étude de
la scripturalité médiévale », Memini. Travaux et
documents de la Société des études
médiévales du Québec n° 4, 2000, p. 18.
169 GEARY Patrick J., La mémoire et l'oubli
à la fin du premier millénaire (traduit de l'anglais par
Jean-Pierre Ricard), Paris, Flammarion, 1996.
120
Le Grand cartulaire de l'évêché de
Laon ou le principe de monumentalisation par l'écrit
Dans les sociétés antiques,
médiévales, modernes ou contemporaines, la
célébration et la commémoration d'un dieu, d'un
personnage, d'un événement ou d'une date s'effectue
quasi-exclusivement par la construction ou l'érection d'un monument :
statues et temples antiques, édifices chrétiens, monuments aux
morts, totems, etc. Tous ces monuments ont donc une caractéristique
commune, à savoir celle de célébrer un passé
mémoriel servant de catalyseur à une communauté toute
entière. Or, qu'est le cartulaire hormis un objet consacrant la
mémoire institutionnelle et patrimoniale de l'évêché
de Laon ? C'est donc en ce sens que le Grand cartulaire de
l'évêché de Laon s'apparente à un monument,
scriptural certes mais monument tout de même170.
En effet, chaque acte constitue une pierre de
l'édifice-cartulaire, ce dernier ayant nécessité plusieurs
phases successives de construction pour devenir l'objet que nous connaissons
aujourd'hui, chaque style d'écriture pouvant s'apparenter aux
évolutions architecturale que peut connaître un édifice
religieux. Et comme tout monument, le manuscrit a pour vocation à
être protégé - c'est notamment le rôle de la reliure
et de l'utilisation de parchemin, support robuste et pérenne - et
transmis - on pense ici aux archives ayant servi à la compilation du
cartulaire, bien que celui-ci nous permet aussi d'avoir connaissance d'actes
aujourd'hui disparus.
Qui plus est, l'édification d'un monument est bien
souvent le moment d'expression d'une puissance, qu'elle soit politique, sociale
ou religieuse. Ainsi, dans les années 1150, c'est sous le
l'épiscopat de Gautier de Mortagne que la cathédrale
commença à être reconstruite ; l'évêque
Garnier, quant à lui, engagea la transformation de la maison de
l'évêque en un véritable palais épiscopal dans les
années 1240 ; son successeur Itier de Mauny, enfin, dans un élan
de magnanimité et de charité, véritables symbole de sa
puissance, ordonna la construction de l'Hôtel-Dieu de Laon. Il n'est donc
pas impossible que le premier commanditaire du cartulaire - vraisemblablement
Robert de Thorote - ait souhaité participer à cette tradition en
établissant un objet symbolique chargé de catalyser les
acquisitions de ses prédécesseurs, comme pour signifier que
l'évêché lui-même serait une construction
s'étalant sur plusieurs siècles et dont la pierre angulaire
serait le cartulaire. Dès lors, il semble qu'il soit possible de parler
ici « d'incodication » de l'évêché de Laon
à travers le cartulaire, comme tend à l'affirmer Laurent
Morelle171, c'est-à-dire une incorporation livresque de
l'institution ainsi que de
170 CHASTANG Pierre, « Cartulaires, cartularisation et
scripturalité médiévale : la structuration d'un nouveau
champ de recherche », Cahiers de civilisation
médiévale, n° 49, 2006, p. 24 : dans cet article, Pierre
Chastang qualifie d'ailleurs l'objet cartulaire de « document-monument
».
171 MORELLE Laurent, « Comment inspirer confiance ?
Quelques remarques sur l'autorité des cartulaires » in Julio
Escalona et Hélène Sirantoine (éd.), Chartes et
cartulaires comme instruments de pouvoir.
121
la conscience de soi. Le cartulaire se transforme alors en un
lieu d'expression du pouvoir, à la fois manifestation d'une puissance et
affichage de revendications.
De ce fait, on s'aperçoit à quel point le
recours à l'écrit est empreint d'une symbolique qui
dépasse la simple transcription d'actes. Telle la lumière qui se
diffracte à la rencontre d'un obstacle, le cartulaire agit tel un prisme
faisant rayonner les informations qu'il contient. C'est donc en ce sens qu'il
est possible de parler de « magie » de l'écrit, conçu
comme un support de diffusion, au sens premier du terme.
La cartularisation : réflexion sur la valeur de
l'écrit
Nous venons de le voir, l'écrit est un dispositif mis
au service d'une idéologie, revendiquée ou non. C'est d'ailleurs
cette finalité qui transforme l'écrit en un instrument de pouvoir
pour celui qui le maîtrise et l'utilise. En effet, le commanditaire
accorde une valeur certaine à l'écrit, qui est sensé
s'accorder à la valeur de son support - au-delà de sa valeur
marchande, le parchemin a aussi une valeur symbolique du fait de son coût
et de sa relative rareté -, une telle combinaison ayant finalement pour
but de valoriser l'information qu'ils recueillent et relatent, une donation
mise par écrit ayant par exemple plus de poids juridique qu'une donation
purement orale. La valeur d'une action se voit donc quelque peu
conditionnée par la valeur d'un support couplée à celle de
l'écrit, chargé d'accorder du crédit à
l'information. C'est ainsi que le recours à l'écrit permet
à une information d'acquérir un nouveau statut, basé
notamment sur sa valeur probante.
De l'oral à
l'écrit172
Comme le souligne Jack Goody, la communication orale impose
des limites à l'organisation de l'administration politique, ce qui
explique le rôle décisif qu'a pu jouer l'écriture dans le
développement des Etats bureaucratiques173, l'écriture
donnant à la parole une forme permanente et faisant passer les mots de
simples signaux auditifs à des objets durables174. Dès
lors, la mise par écrit correspond à une consolidation, un
Espagne et Occident chrétien
(VIIIe-XIIe siècles), Toulouse:
Méridiennes-CSIC, 2013, p. 169-179.
172 Ce titre fait explicitement référence
à l'ouvrage de Jack GOODY Entre l'oralité et
l'écriture, Paris, PUF, 1994.
173 GOODY Jack, La logique de l'écriture : aux
origines des sociétés humaines, Paris, Armand Colin, 1986,
p.97.
174 Id., La raison graphique : la domestication de la
pensée sauvage (traduit de l'anglais par Jean Bazin et Alban
Bensa), Paris, les éditions de Minuit, 1978, p. 143.
122
renforcement de l'accord verbal, l'écriture se
transformant alors en acte de communication symbolique corollaire à la
mémoire175. En outre, le document écrit servait de
preuve et de garantie à la légitimité d'un accord, en
même temps qu'il accroissait la capacité de stockage de la
mémoire, permettant alors de suivre et d'effectuer un plus grand nombre
de transactions ou de rendre compte d'un plus grand nombre de décisions
au même moment. C'est pourquoi, loin d'être des notions
antinomiques, l'oral et l'écrit apparaissent davantage comme des notions
complémentaires.
En effet, par la copie d'actes, le cartulaire impose un
rapport mémoriel de l'oral à l'écrit, ce dernier faisant
état d'un accord oral effectué antérieurement. De plus,
tout acte a vocation à être lu et entendu, comme en
témoigne la formule consacrée « à tous ceux qui ces
présentes lettres verront et orront », ce qui semble bien
démontrer la caducité de la théorie du « Grand
partage » entre oralité et écriture176. Ainsi, on
s'aperçoit que l'écrit est un outil technique apparaissant aussi
bien en amont du discours oral - sa diffusion - qu'en aval - sa transcription.
La cartularisation est donc bien un vecteur de transmission de savoirs dans le
cadre d'une idéologie toute rationnelle, envisageant le recours à
l'écrit comme condition de fixation d'informations. C'est pourquoi il
serait erroné de concevoir l'écrit comme facteur unique de
développement d'une société. De toute évidence,
l'écrit ne fait pas la société, il en rend compte.
Qui plus est, cette maxime est d'autant plus
vérifiable si l'on considère l'écrit dans son
caractère purement artificiel, c'est-à-dire issue d'une
technique. Effectivement, l'écrit correspond à un agencement
d'informations n'ayant pas nécessairement vocation à cohabiter et
permet la cristallisation matérielle d'éléments disjoints
dans le temps et l'espace.
175 BERTRAND Paul, « À propos de la
révolution de l'écrit (Xe-XIIIe siècle).
Considérations inactuelles », Médiévales,
n°56, 2009, p. 75-92 ; MORSEL Joseph, art. cit..
176 Concept anthropologique selon lequel il existerait une
dichotomie entre et au sein des sociétés humaines, clivées
selon un état premier et un état second. Ici, l'état
premier serait l'oralité, l'état second l'écrit, celui-ci
étant conçu comme une technologie faisant entrer
l'humanité dans la civilisation.
123
124
La cristallisation d'une discontinuité
spatio-temporelle
Si l'on devait restreindre le recours à l'écrit
en deux principales fonctions, elles se répartiraient comme
tel177 :
1° Stockage de l'information permettant de communiquer
à travers le temps et l'espace et fournissant à l'homme un
procédé de marquage, de mémorisation et d'enregistrement
plus fiable ;
2° Passage du domaine auditif au domaine visuel rendant
possible d'examiner autrement, de réarranger, de rectifier des phrases
et des mots isolés.
Dès lors, le cartulaire devient un objet de stockage
externe de la mémoire offrant une nouvelle potentialité à
la communication humaine, qui s'affranchit des contraintes spatio-temporelles
dont peuvent faire l'objet les différents actes pris
séparément, l'écriture, par le biais de la compilation, se
chargeant d'extérioriser, de cristalliser voire d'accentuer cette
discontinuité en lui conférant une dimension spatiale et visuelle
- dont le cartulaire est le support - permettant alors de la soumettre à
d'éventuels réarrangements. Or, ce déploiement
spatio-temporel que permet le cartulaire demeure le symbole de l'influence
épiscopale sur la société laonnoise dans la période
et sur le territoire référencés.
Tout d'abord, en compilant des actes s'étalant de 1125
à 1320, avec une classification souvent diachronique des actes entre
eux178, le lecteur se voit obligé d'effectuer une
démarche intellectuelle lui permettant de jongler entre les
périodes mentionnées, créant ainsi une
représentation temporelle, bien que fictive, du cadre dans lequel sont
insérées les informations. C'est pourquoi il est possible
d'affirmer que le cartulaire cristallise une discontinuité temporelle,
car bien qu'il faille souvent exercer un va-et-vient mental, celui-ci se verra
toujours borné par les limites chronologiques imposé par les
actes retranscrits.
De plus, le cartulaire impose un certain rapport à
l'espace, espace dont les évêques de Laon se voient confier
l'administration. Ainsi, on observe que les zones les plus fréquemment
mentionnées ne sont pas la Cité ou la ville-même de Laon,
mais plutôt les domaines environnants, dont la gestion et
l'administration nécessitent un recours à l'écrit plus
systématique du fait de leur éloignement. Le cartulaire
amène donc à concevoir l'espace de manière souvent duale,
avec un rapport centre/périphérie relativement
177 GOODY Jack, op. cit., p. 145 ; Id., La logique
de l'écriture..., p. 72-74.
178 Si l'on accole par exemple les années des 10
premiers actes, on obtiendrait ceci : 1190 ; 1174 ; 1128 ; 1282 ; 1283 ; 1239 ;
1180 ; 1196 ; 1280 ; 1280. Cet échantillon n'est pas
révélateur de l'ensemble du cartulaire, mais il illustre la
diachronie de certains passages.
marqué : le centre en tant qu'espace de pouvoir, la
périphérie en tant qu'espace à administrer. De ce fait, il
nous a semblé intéressant de nous interroger sur la
représentation de l'espace que propose le cartulaire,
c'est-à-dire le fait de savoir comment la notion de territoire est
envisagée à travers le seul prisme du manuscrit, et comment les
commanditaires se représentaient l'espace au sein duquel ils
vivaient179.
Un panorama de près de deux siècles sur
la représentation de l'espace au sein de l'évêché de
Laon
Appréhender l'espace à travers le prisme de
l'écrit n'est pas une approche nouvelle. En effet, en 2009
déjà, Sébastien Barret aborda cette thématique au
sujet de l'espace clunisien en ces termes : « D'un point de vue
structurel, les archives ont joué un rôle intéressant au
sein de l'institution clunisienne, lui permettant avec d'autres
éléments de se créer un temps et un espace propres -
principalement au niveau des représentations, s'entend. Ce faisant,
elles y ont gagné un rôle dépassant celui de simple rouage
technique de l'ensemble clunisien envisagé en tant qu'organisation
matérielle ; elles ont aussi été l'un des
éléments opérants de la mise en oeuvre des
mécanismes institutionnels qui permettaient à l'ensemble de se
stabiliser et de se définir par rapport au monde
environnant180. » Cette citation, concise et tout à fait
éclairante, montre bien à quel point l'écrit,
au-delà de sa dimension technique, demeure un formidable outil de
représentation mentale de l'environnement contextuel au sein duquel il
est intégré. Dès lors, l'écriture se doit
d'être conçue comme un instrument de pouvoir diffusant son
influence sur un territoire soumis à ce pouvoir et cette
autorité.
179 MAZEL Florian (dir.) L'espace du diocèse :
genèse d'un territoire dans l'Occident médiéval (Ve
-XVIIIe siècle), Rennes, PUR (Histoire), 2008 : pour approfondir
cette problématique, se référer à l'introduction de
l'ouvrage proposée par Florian Mazel, qui résume la teneur
générale du livre et tente de synthétiser les
différentes approches possible de ces notions.
180 BARRET Sébastien, « La mémoire et
l'écrit : l'abbaye de Cluny et ses archives (Xe-XVIIIe siècle)
», Bulletin du centre d'études médiévales
d'Auxerre | BUCEMA [En ligne], 13, 2009.
125
Pouvoir et territoire : l'affirmation
spatio-temporelle de l'autorité épiscopale
L'acquisition de biens et de droits, instruments de pouvoir,
s'accompagne nécessairement d'un investissement de l'espace, selon le
modèle du contado italien. Or, tout pouvoir à tendance
à étendre la zone de son exercice, dans un dessein
hégémonique rarement satisfait. Quoi qu'il en soit, de telles
acquisitions, du fait notamment de leur changement de statut, font plus souvent
l'objet de conflits d'intérêts et donc mise par écrit.
C'est en tout cas ce qui se produit pour l'abbaye Saint-Yved de Braine au
regard de la compilation d'un cartulaire qui débuta à partir de
1210181 : en effet, les actes de ce dernier furent compilés
de manière typographique selon le critère d'un éloignement
progressif de la maison-mère. Plus les biens étaient proches, et
moins ils firent l'objet d'actes, la politique patrimoniale se
révélant moins offensive près de l'abbaye que plus loin.
Ceci s'explique notamment par le fait d'une dilatation du patrimoine
après l'adjonction de pôles lointains.
Concernant le Grand cartulaire de
l'évêché de Laon, bien que le choix d'un tel ordonnancement
- typographique - n'ait pas été retenu, il n'en reste pas moins
que la défense de biens nouvellement acquis s'inscrit en filigrane au
sein du manuscrit. Ce dernier apparaît donc comme un instrument
permettant de gérer et de défendre un maillage territorial issu
de politiques successives d'acquisitions de la part de différents
évêques de Laon, comme le révèle le graphique
ci-dessous :
181 GUYOTJEANNIN Olivier, Le chartrier de l'abbaye
prémontrée de Saint-Yved de Braine (dir.),
édité par les élèves de l'École nationale
des chartes, Paris, 2000, p. 23-24.
Guillaume de Châtillon (1279-1285
3%
Guillaume de Moustier (1261-1270)
23%
Robert de Thorote
(1286-1297)
20%
Répartition des actes référençant
des acquisitions foncières par épiscopat
Barthélémy de Jur (1113-1151) Anselme de Mauny
(1215-1238)
Garnier (1238-1249) Itier de Mauny (1249-1261)
Guillaume de Moustier (1261-1270) Guillaume de Châtillon
(1279-1285) Robert de Thorote (1286-1297)
Itier de Mauny (1249-
1261)
10%
Barthélémy de Jur
(1113-1151)
2%
Anselme de Mauny
(1215-1238)
30%
Garnier (1238-1249)
12%
126
Figure 14 : Répartition des actes
référençant des acquisitions foncières par
épiscopat
Ainsi, ce graphique démontre bien le caractère
agrégatif du patrimoine foncier de l'évêché de Laon
qui, l'unique acte de Barthélémy de Jur mis à part,
s'étale sur six épiscopats quasi-consécutivement - le
siège épiscopal est resté vacant de 1273 à 1279 -,
dont cinq représentent 95% des actes référencés. De
ce fait, on remarque que l'emprise territoriale des évêques de
Laon correspond à processus qui s'étend essentiellement de 1215
à 1297, ce qui conforte la thèse assimilant le cartulaire
à la pierre angulaire d'une politique patrimoniale agrégative.
127
Toutefois, l'évêché de Laon étant
composé d'un noyau urbain - la Cité - et d'un
plat-pays182 fournissant la base territoriale et seigneuriale de
l'évêque, on comprend pourquoi la défense de ce dernier fut
une des conditions ayant entraîné la confection du cartulaire,
l'augmentation des conflits de juridiction entraînant une recrudescence
d'enquêtes, d'arbitrages et de sentences, souvent consignés par
écrit183. Mais, surtout, ceci révèle la nature
profondément sociale de l'espace, perçu en tant que lieu
où s'expriment des rapports sociaux184.
En effet, au regard de la territorialisation de plus en plus
prononcée des institutions ecclésiales, la multiplication des
conflits eut pour principal effet de leur faire prendre conscience des enjeux
que représente l'emprise territoriale dans une période de
concurrence et de fragmentation des pouvoirs185. Or, tout territoire
étant davantage une aire de domination qu'un espace
borné186, il s'agissait alors pour les évêques
de Laon de délimiter cette aire relevant du ressort exclusif de la
souveraineté épiscopale. Dès lors, il est possible de voir
dans le cartulaire un vecteur de « représentations spatiales
», c'est-à-dire un imaginaire spatial au sein de
représentations collectives187, l'aire d'influence
épiscopale étant le résultat d'une imbrication d'espaces
revendiqués par les évêques de Laon et les pouvoirs
concurrents (communes, seigneurs locaux). La cartularisation apparaît
donc comme un moyen de fixer et de projeter l'ancrage territorial du pouvoir
épiscopal.
182 MORSEL Joseph « Appropriation communautaire du
territoire, ou appropriation territoriale de la communauté ? »
Observations en guise de conclusion, Hypothèses, 2005/1 p.
89-104 : à la page 97 de son article, Joseph Morsel affirme que
l'appropriation symbolique d'un espace se voit souvent combinée à
l'érection d'un monument ou d'un bâtiment. Cette remarque se
vérifie pour l'évêché de Laon, dont la
cathédrale et le palais épiscopal symbolisent l'ancrage spatial
de l'évêque de Laon au coeur même de la Cité, mais
aussi à travers les nombreuses références faites au
granges épiscopales - Pouilly et Versigny notamment - ainsi qu'aux
divers moulins dépendant de la mouvance épiscopale. Ces monuments
et bâtiments représentent donc bel et bien la
matérialisation de l'ancrage épiscopal sur un territoire
donné.
183 LAUWERS Michel, « Territorium non facere
diocesim... Conflits, limites et représentation territorial du
diocèse (Ve-XIIIe siècle) », in L'espace du
diocèse, p. 43.
184 MORSEL Joseph, art. cit., p. 91.
185 MAZEL Florian (dir.), « Introduction », in
L'espace du diocèse..., p. 19.
186 LAUWERS Michel, « Territorium non facere
diocesim... », Ibid., p. 38.
187 MORSEL Joseph, art. cit..
128
Le Grand cartulaire de l'évêché
de Laon : une cartographie scripturale de l'aire d'influence épiscopale
ou le principe d'inscripturamento
Nous venons de le voir, la compilation d'actes formant le
cartulaire permet une objectivisation ainsi qu'une matérialisation de
l'espace, celui-ci se démarquant par un processus intellectuel issu du
référencement de lieux qui relèvent de la
souveraineté épiscopale. De fait, la cartularisation
s'apparenterait à une véritable « écriture de
l'espace social188 », délimitant ainsi une
véritable circonscription épiscopale, en ce sens qu'il
s'agit d'un espace borné par l'écrit189. C'est
pourquoi il nous semble pertinent d'user du néologisme
d'inscripturamento pour qualifier cette délimitation spatiale
par le biais de l'écrit190. En effet, les mentions spatiales
présentes dans le cartulaire nous permettent, et ont pu permettre aux
personnes l'ayant consulté auparavant, bien que dans une moindre mesure,
de visualiser une cartographie scripturale de l'aire d'influence
épiscopale, tant dans son aspect temporel - les variables « Lieu
» de notre base de données nous permettent de délimiter
cette zone - que spirituel - notamment la consécration de chapelles au
sein du diocèse. Ainsi, le recueillement de toutes ces informations nous
a permis de matérialiser cette cartographie scripturale au travers d'une
carte :
188 Écritures de l'espace social. Mélanges
d'histoire médiévale offerts à Monique Bourin,
BOISSEUIL Didier, CHASTANG Pierre, FELLER Laurent, MORSEL Joseph, Paris,
Publications de la Sorbonne, 2010. Dans cet ouvrage collectif, des pages 613
à 628, Florian Mazel propose un article intitulé « Encore
les "mauvaises coutumes"... Considérations sur l'Église et la
seigneurie à partir de quelques actes des cartulaires de Saint-Victor de
Marseille ».
189
http://www.cnrtl.fr/etymologie/circonscription
: « Emprunté au latin classique circumscriptio «
cercle tracé; espace limité, borne », dérivé
de circumscribere (circonscrire*) ». L'étymologie de ce
terme montre donc bel et bien le bienfondé de l'utilisation de
l'expression « circonscription épiscopale » concernant
l'étude des cartulaires ou de tout autre document écrit faisant
référence à zone spatiale délimitée. Par
exemple, l'acte n°3 du cartulaire, transcription de l'Institution de Paix
accordé en 1128 à la commune de Laon par Louis VI, définit
l'espace placé sous le ressort de la ville : « In nomine sancte
et individue trinitatis, amen. Ludovicus dei gratia Francorum rex, notum fieri
volumus cunctis fidelibus tem futuris quam presentibus institutionem pacis quam
assenssu et consilio proc[erum] nostrorum et Laudunensis civium Lauduni. Hanc
scilicet quod ab Ardone usque ad Brosium ita ut villa Luilliaci infra hos
terminos continuatur quantum ambitus vinearum et murorum montis tenet
» ("Au nom de la sainte et indivisible Trinité, amen. Nous, Louis,
par la grâce de Dieu roi des Francs, nous voulons qu'il soit connu de
tous nos fidèles, tant présents qu'à venir, que nous avons
établi cette institution de paix avec l'accord et sur le conseil de nos
nobles et des habitants de Laon, pour Laon. C'est à savoir ce qui va de
l'Ardon jusqu'au bois du Breuil de telle sorte que le village de Loeuilly soit
contenu à l'intérieur de ces limites avec toutes les vignes et la
colline que renferme son territoire.").
190 Contrairement aux concepts d'incastellamento
définit par Pierre Toubert, d'encellulement proposé par
Robert Fossier, ou d'inecclesiamento prôné par Michel
Lauwers, cette ramification notionnelle que je propose ici s'inscrit davantage
dans le domaine du symbolique.
129
Figure 15 : Carte de de l'aire d'influence
épiscopale sous le prisme du Grand cartulaire de
l'évêché de Laon
|
Siège épiscopal
Principales villes environnantes (toutes sièges
épiscopaux, excepté Saint-Quentin, ancienne capitale du
comté de Vermandois, rattaché au domaine royal au début du
XIIIe siècle)
Places fortes des seigneurs de Coucy (Coucy, La Fère,
Marle, Vervins) Lieux faisant l'objet d'opérations d'ordre temporel et
seigneurial Domaines où l'évêque de Laon est reconnu en
tant que suzerain Lieux faisant l'objet d'une consécration de chapelle
de la part de l'évêque Aire d'influence temporelle des
évêques de Laon : limites de
l'évêché-comté Aire d'influence spirituelle des
évêques de Laon : limites diocésaines
|
|
|
130
Dès lors, on s'aperçoit de la logique spatiale
qu'impose le cartulaire, malgré l'absence d'un ordonnancement
typographique des actes. Toutefois, il semble important de ne pas
négliger le fait que cette dimension territoriale s'insère dans
un réseau d'interactions sociales, où l'identité
épiscopale, par le biais de l'affirmation d'une zone de
souveraineté, tend à se définir par rapport à
d'autres pouvoirs concurrents. En outre, au-delà de la
délimitation scripturaire d'une telle zone d'influence, le cartulaire
apparait davantage comme un moyen de légitimer cette influence et cette
autorité territoriales.
De ce fait, nous nous attèlerons dans ce
troisième et ultime chapitre à dépasser la traditionnelle
dichotomie entre gestion et mémoire que propose l'historiographie en
observant le cartulaire comme un outil de légitimation du
ministère épiscopal, c'est-à-dire un moyen de justifier et
de défendre les prérogatives dont les évêques de
Laon ont été parés, dans un environnement qui tend de plus
en plus à les remettre en cause. Dans cette perspective, le recours
à l'écrit devient un instrument de mise en scène
permettant de recentrer l'histoire autour des évêques de Laon,
place centrale qu'ils ont eu tendance à perdre tout au long des
XIIe et XIIIe siècles avec l'émergence et
l'affirmation de nouveaux acteurs.
131
Chapitre III
Le cartulaire : un instrument de légitimation du
ministère
épiscopal
Concevoir le cartulaire comme un instrument de
légitimation centripète centré sur la gestion interne d'un
territoire ou l'affirmation d'une mémoire et d'une identité
épiscopales est essentiel. Mais percevoir le manuscrit par son
efficience sociale au sein d'un réseau donné l'est encore plus.
En effet, les cartulaires sont généralement conçus lorsque
l'institution concernée se sent menacée, c'est-à-dire
quand les autres acteurs sociaux tendent à remettre en question son
autorité et son influence. C'est notamment ce qui explique la
multiplication des conflits d'ordre politique à partir du
XIIe siècle, avec pour principale doctrine, pour l'Eglise,
qu'idéalement le règne de Dieu devait s'accomplir sur Terre et
que le clergé se devait d'administrer son
domaine191.
C'est donc en ce sens qu'il possible d'étudier le
cartulaire en tant que moyen de légitimation du ministère
épiscopal. L'artificialité du manuscrit, du fait notamment du
caractère subjectif de la compilation, permet donc d'apporter de la
profondeur à l'autorité épiscopale, faisant des
différents évêques de Laon les acteurs principaux d'une
société laonnoise qui serait tributaire de leur domination
d'origine divine. Car, effectivement, l'immense majorité des actes
retranscrits sont au bénéfice des évêques, les rares
où un évêque effectue une concession étant
accompagnés de contreparties192, ce qui tend quelque peu
à neutraliser le rapport de force. Dès lors, le cartulaire se
voit marqué par un « épiscopalocentrisme » censé
réévaluer le rôle des évêques de Laon et les
replacer sur le devant de la scène193.
* *
*
191 GOODY Jack, La logique de l'écriture : aux
origines des sociétés humaines, Paris, Armand Colin, 1986,
p. 31.
192 AD Aisne, G 2, n° 18, 1266 : dans cet acte, Jean de
Bruyères, maire de Laon, et les jurés de la ville, reconnaissent
que l'évêque leur a abandonné moyennant une somme de 1000
livres tournois les droits forains qu'ils réclamaient sur les poireaux,
choux, oignons et noix. Ainsi, pour l'évêque, la perte de droits
s'accompagne alors du gain d'une somme non négligeable amortissant
largement cet abandon.
193 Le vocabulaire théâtral acquiert dans ce
chapitre une importance capitale, notamment dans une perspective toute
goffmanienne de la société. En effet, pour Erving Goffman, toute
société n'est qu'un vaste théâtre où les
individus jouent un rôle défini notamment par leur position social
(GOFFMAN Erving, La mise en scène de la vie quotidienne, t. 1
« La présentation de soi », Paris, Editions de Minuit, 1973
; Les rites d'interaction, Paris, Editions de Minuit, 1974).
132
Un instrument performatif dans un processus de
coopétition politique
Nous l'avons observé dans le chapitre
précédent, le cartulaire s'inscrit dans le cadre d'une
société conflictuelle, renvoyant alors à une vision
instrumentale, sinon fonctionnaliste, de l'écriture, conçue comme
une technologie qui accroitrait le rendement politique et permettrait une
résolution plus efficace des conflits194. Néanmoins,
tous les actes compilés ne font pas nécessairement
référence à des conflits, mais plutôt à des
accords conclus entre des individus ou une institution, et
l'évêque, en notant toutefois le bénéficiaire
principal reste ce dernier : par exemple, cette reconnaissance faite par
Pierre, comte d'Alençon et de Blois, sire d'Avesne, et Jeanne, sa femme,
à l'évêque de Laon que l'hommage qu'ils ont rendus à
l'évêque de Paris ne pourra porter préjudice à
l'évêque ni à ses successeurs195 ; ou encore
cette autorisation accordée par l'évêque à l'abbaye
Saint-Yved de Braine de laisser leur cheptel paître sur son domaine de
Chevregny196. Ces deux exemples montrent donc bien que tout rapport
social n'est pas nécessairement conflictuel, mais participe aussi d'une
forme de coopération. Or c'est cette interaction permanente entre
compétition et coopération qui a fait naître le concept de
« coopétition », c'est-à-dire un principe de
coopération parallèle à un autre de compétition.
Deux seigneurs ont par exemple intérêt à coopérer
afin de contrôler au mieux un certain espace, mais dès que l'un
des deux empiètera sur les prérogatives de l'autre, cette
coopération éclatera en morceaux pour se transformer en une
situation compétitionnante latente.
Il semble donc nécessaire d'analyser le cartulaire
dans le cadre d'un pluralisme juridique, c'est-à-dire qu'il n'y aurait
pas qu'un unique corpus de normes et de règles, mais qu'à
l'inverse, tout agencement se ferait selon des rapports de collaboration, de
coexistence simple ou de compétition. Les représentations
insisteraient alors sur la complémentarité et la
réciprocité des groupes sociaux, la société
n'étant qu'un assemblage de groupes différents, devant tendre
à cette complémentarité. La rédaction d'un
cartulaire est donc significative de cette non-uniformité du droit face
à une volonté de maintenir les particularismes des
différents groupes sociaux.
De plus, le XIIe siècle étant
marqué par la redécouverte du droit écrit par
l'Église, par le biais de la réforme grégorienne, le Grand
cartulaire de l'évêché de Laon, réalisé pour
l'essentiel au XIIIe siècle, s'inscrit dans la droite ligne
de ce mouvement, l'évêque, en faisant le choix de compiler et de
transcrire des chartes, affirmant de ce fait son autorité sur le
territoire où les contenus s'appliquent. C'est ainsi que le cartulaire,
nous venons de
194 MORSEL Joseph, « Ce qu'écrire veut dire au
Moyen Âge. Observations préliminaires à une étude de
la scripturalité médiévale », Memini. Travaux et
documents de la Société des études
médiévales du Québec n° 4, 2000, p. 8.
195 AD Aisne, G 2, n° 109, 1287.
196 AD Aisne, G 2, n° 84, 1250.
133
le voir plus en avant, participe à une affirmation
territoriale de l'évêché et vient renforcer
l'autorité de l'évêque. Ainsi, lorsque ce dernier se sent
injurié, c'est-à-dire que des actions sont commises « contre
son droit », comme c'est par exemple le cas lors de délits, de
rapts, ou d'emprisonnements intempestifs, il répond sous forme violente
ou engage un procès entraînant réparation, souvent
pécuniaire - une amende -, le fautif devant s'en acquitter, ce qui
permet de donner une valeur au jugement et ainsi de payer par d'autres moyens
(vin, chapons, blé, avoine, droits divers...). De ce fait, lorsque les
deux parties acceptent le prix, la charte est produite pour publiciser et
officialiser le règlement. Or, il est tout à fait probable
certaines cessions patrimoniales, dont nous ne connaissons pas
nécessairement les conditions de réalisation, peuvent avoir
été effectuées dans le cadre de tels règlement de
conflits197. Quoi qu'il en soit, il apparaît alors que le but
du conflit, et donc de la mise par écrit de son issue, est soit de voir
reconnaître son droit, soit de renégocier des liens anciens dans
un nouveau rapport de force, souvent l'occasion d'instrumentaliser des normes,
de les redéfinir et de les hiérarchiser. Mais, la plupart du
temps, et dans une perspective grégorienne, le Grand cartulaire de
l'évêché de Laon cherche moins à renégocier
des liens qu'à les rompre à son profit.
Toutefois, les stratégies diffèrent selon les
espaces et les acteurs en question. Par exemple, l'attitude adoptée par
les évêques ne sera pas la même si le rapport de force
s'exprime au coeur même du territoire épiscopal ou s'il s'agit
d'espaces périphériques. De même, les méthodes
employées divergeront s'il s'agit d'individus ou d'institutions
concurrentes ou subordonnés à l'autorité
épiscopale. C'est pourquoi il est possible de distinguer dans le
cartulaire un triptyque d'acteurs répondant à ce principe de
coopétition : les communes implantées dans le Laonnois -
présentes au sein du territoire épiscopal et dont l'existence se
fonde essentiellement sur une indépendance vis-à-vis des
évêques - ; les ministériaux de l'évêque -
présents eux aussi, par nature, dans l'espace de domination des
évêques mais subordonnés à leur autorité - ;
et enfin les différents seigneurs alentours - implantés en
périphérie de l'évêché et concurrents du
pouvoir épiscopal.
197 AD Aisne, G 2, n° 42, 1222 : dans cet acte,
Gérard de Clacy, vidame, se rédime de l'évêque
Anselme de Mauny en lui cédant une rente de 5 muids de blé mesure
de Laon, moyennant la somme de 60 livres provins.
134
L'évêque et les communes du paysage
laonnois
Bien que la commune de Laon occupe une place centrale dans le
cartulaire, les autres communes implantées au sein de
l'évêché ne sont pas en reste. Cependant, leurs relations
avec l'autorité épiscopale diffèrent quelque peu.
L'évêque et la commune de Laon
En effet, concernant la commune de Laon, l'acte liminaire du
cartulaire semble donner le ton - il s'agit de la charte de Philippe Auguste
décidant de casser la commune, analysée plus haut dans le
développement. Ladite commune ayant acquis une Institution de Paix en
1128, c'est-à-dire une zone affranchie de la tutelle épiscopale,
sa principale vocation au fil des années fut donc de garantir cette Paix
au dépend du pouvoir des évêques de Laon. Or, cette zone
délimitée se trouvant au coeur l'espace souverain des
évêques, à savoir la ville de Laon, siège
épiscopal de son état, elle devint rapidement un enjeu
entraînant des conflits de cospatialité. De ce fait, l'institution
épiscopale, à défaut d'obtenir la suppression
définitive de la commune de Laon198, se chargea surtout de
restreindre les prérogatives et l'autorité communales : ainsi, en
1239, Henri, archevêque de Reims, établît une sentence
arbitrale réglant le mode de serment que les maires et jurés de
la ville doivent effectuer devant l'évêque199,
établissant ainsi un rapport hiérarchique entre
l'évêque et la commune et faisant alors pencher le rapport de
force en faveur de l'évêque ; de même, cet affaiblissement
de la commune de la part de l'autorité épiscopale
s'aperçoit lors des sentences prononcées après un conflit
entre les deux institutions, comme en 1282, où Philippe III
décide de condamner la commune après que les maire et
jurés de la ville aient coupé l'oreille d'un voleur pris dans la
censive de l'évêque, renforçant ainsi la
légitimité et l'autorité de ce dernier au détriment
de la commune200.
Néanmoins, selon le principe de coopétition, il
arrive que les protagonistes fassent des concessions l'un envers l'autre,
souvent pour clarifier une situation conflictuelle. C'est par exemple le cas
concernant des reconnaissances mutuelles de droits, chargées de
délimiter des droits dépendants du ressort exclusif de chacun,
comme en témoigne une sentence arbitrale datée de 1283
établissant l'inaliénabilité des droits de rouage et de
tonlieu de l'évêque et de la commune dans leur justice
respective201. Dès lors, on s'aperçoit bel et bien du
fonctionnement coopétitif des relations entre l'évêque et
la
198 On dénombre 3 suppressions de la commune de Laon,
toutes temporaires : 1190, 1295 et 1320. Celle-ci ne sera définitivement
abolie qu'en 1331.
199 AD Aisne, G 2, n° 6, 1239.
200 AD Aisne, G 2, n° 4, 1282.
201 AD Aisne, G 2, n° 5, 1283.
135
commune de Laon, adversaires naturels mais destinés
à cohabiter dans un espace commun.
L'évêque et les communes alentours
Quoi qu'il en soit, ce rapport de force reste singulier au
regard des relations qu'entretiennent les évêques de Laon avec les
autres communes alentours, moins influentes et plus éloignées du
centre d'exercice du pouvoir. En effet, sont présentes trois autres
confirmations communales au sein du cartulaire : la première concerne la
commune de Bruyères, dont les habitants se voient dans l'obligation de
verser une rente de 20 livres de bonne monnaie partagée entre le roi,
l'évêque de Laon et Clarembaud du Bourg, ainsi que leurs
successeurs et descendance202 ; la seconde confirme la commune de
Crandelain203 ; la troisième et dernière est celle
d'Anizy, où chaque ménage est corvéable et doit à
l'évêque, outre taille et autres rentes, une redevance de 3 jalois
d'avoine, de 3 chapons et d'un denier de bonne monnaie204. Ainsi, on
s'aperçoit que pour deux des trois communes, la confirmation communale
s'accompagne de redevances, condition sine qua non de leur maintien,
contrepartie les soumettant symboliquement à l'autorité
épiscopale. La troisième institution communale, bien que n'ayant
pas a priori de redevance à payer - aucune information à
ce sujet n'est mentionnée -, n'en reste pas moins soumise à la
domination du pouvoir central du fait de l'importance relativement faible des
villages concernés205.
Toutefois, il est intéressant de noter qu'Alain
Saint-Denis place ces confirmations communales dans un contexte «
d'ébullition » sociale206, ces chartes étant
créées dans le seul but de pacifier un territoire où
l'autorité épiscopale se verrait contestée. Or, ces actes
ne font aucunement mention de tels bouleversements. C'est donc en ce sens que
l'on perçoit la performativité du cartulaire, qui instaure une
vision biaisée des choses et produit sa propre réalité, en
relativisant le contexte dans lequel les chartes ont été
produites et en rehaussant la figure épiscopale. Mais ce recentrage ne
s'observe pas seulement au regard des relations liant l'évêque aux
communes du Laonnois épiscopal, il s'opère aussi autour
202 AD Aisne, G 2, n° 7, 1180 : l'institution communale
regroupe les villages de Bruyères, Chérêt, Vorges et
Valebon, ancienne dépendance de Vorges aujourd'hui détruite. Elle
est complétée par l'acte n° 68, qui stipule que ladite rente
de 20 livres est à partager entre les trois protagonistes.
203 AD Aisne, G 2, n° 8, 1196 : l'institution communale
regroupe les villages de Crandelain, Trucy, Courtecon, Malval, Colligis et
Lierval.
204 AD Aisne, G 2, n° 193, 1279.
205 A titre de comparaison, le dernier recensement, datant de
2011, dénombra un total cumulé de 477 habitants pour l'ensemble
des six villages mentionnés.
206 SAINT-DENIS Alain, Apogée d'une cité :
Laon et le Laonnois (XIIe-XIIIe siècles), Nancy, Presses
universitaires de Nancy, 1994, p. 378.
136
de ses ministériaux, notamment le vidame et le
prévôt du Laonnois.
L'évêque et ses
ministériaux
C'est au cours du Xe siècle que les
évêques de Laon se sont vus imposer les vidame et
prévôt du Laonnois par le pouvoir royal207. C'est
pourquoi, au fil des siècles, les détenteurs de la cure
épiscopale n'ont cessé de manoeuvrer pour déboulonner
leurs ministériaux et dévitaliser leur pouvoir et leur influence.
Leur premier fait d'arme fut l'unification à
l'évêché, par Louis VI, des offices onéreux de
vidame et de prévôt du Laonnois sous la condition expresse qu'ils
ne seront jamais aliénés208, les plaçant ainsi
sous l'autorité directe des évêques de Laon. Ainsi, si l'on
observe les moyens mis en oeuvre à la concrétisation de cette
politique, on remarque que celle-ci s'opère selon deux principes
concomitants : la décrédibilisation politique et sociale
accompagnée d'un dépouillement foncier, soit les fondements de
leur pouvoir.
L'évêque et les vidames du Laonnois
Concernant la vidamie du Laonnois, si son unification
à l'évêché remonte à 1125,
l'évêque Barthélémy n'hésitant pas, à
la mort du roi, à conférer la charge à un seigneur local,
Gérard de Clacy209, il faut attendre près d'un
siècle pour que cette dévitalisation soit effective, comme en
témoigne le tableau ci-dessous :
207 Ibid., p. 77.
208 AD Aisne, G 2, n° 29, 1125.
209 Histoire de la maison de Châtillon-sur-Marne,
DUCHESNE André et PICART Jean, 1621, p. 587-588.
137
Acte
Date
|
Emetteur
|
Contenu
|
25
|
1218 (juin)
|
Gobert de Clacy, vidame
|
Vend ce qu'il possède comme vidame à Anizy,
Septvaux, Pouilly et Versigny moyennant 600 livres provins
|
|
|
1218
|
Philippe Auguste
|
Ratifie la vente définitive des domaines d'Anizy,
Pouilly, Septvaux et Versigny faite par Gobert, vidame & seigneur de Clacy,
à l'évêque Anselme
|
|
|
1125
|
Louis VI
|
Unit à l'évêché de Laon les
offices onéreux de vidame et de prévôt du Laonnois sous la
condition expresse qu'ils ne seront jamais aliénés
|
|
|
1219 (avril)
|
Gobert de Clacy
|
Inquiété par l'évêque, avoue qu'il
n'a ni command ni droit sur les commands dans les domaines épiscopaux.
En outre il est émendé devant ses pairs
|
|
|
idem
|
idem
|
Gobert atteste que l'évêque a ajourné
à Noël sa décision pour déclarer le droit qu'il
aurait dans garenne du Laonnois
|
|
|
1218 (juillet)
|
idem
|
Cession d'usufruit faite par Gobert, vidame du Laonnois et
seigneur de Clacy, à Anselme, évêque de Laon, moyennant une
rente annuelle de 25 livres parisis payable au Noël dans la maison
épiscopale, des revenus de sa vidamie, sous la réserve de ses
sergents et de son prévôt communs entre lui et ledit
évêque, de la garde des prisons et de ses redevances, et notamment
de ses droits de justice et d'amende de 22 sous et demi.
|
|
|
idem
|
idem
|
Doit garder les prisonniers à l'aide de 4 sergents qui
n'auront aucune action en dehors de la vidamie
|
|
|
1214
|
idem
|
Transige avec l'évêque au sujet des droits de
vidamie du Laonnois pour la durée de l'épiscopat dudit
évêque Robert
|
|
|
1219 (avril)
|
A., doyen ;
Helluin, archidiacre ; R., chantre église de Laon
? pairs de Gobert
|
Reconnaissance de la charte 25, conforme à l'aveu dudit
Gobert
|
74
|
|
|
1219
(décembre)
|
Gobert de Clacy
|
Reconnaît qu'il ne peut changer son prévôt
et ses 4 sergents de la vidamie sans permission de l'évêque
|
163
|
|
|
1221
|
Gérard de Clacy,
vidame
|
Approbation de la vente faite par Gobert, vidame, leur
frère, à Anselme de ce qu'il possédait comme vidame
à Anizy, Pouilly, Septvaux et Versigny
|
|
|
1221
|
Jacques, évêque de
Soissons
|
idem
|
|
|
1222 (mai)
|
Gérard de Clacy
|
Rédime l'évêque, moyennant 60 livres
monnaie de Provins, d'une rente de 5 muids de blé mesure de Laon
|
|
|
1223 (janvier, vigile de Saint- Rémy & Saint-
Hilaire
|
Chanoines de Laon
|
Attestent que Gérard de Clacy, cité au chapitre
parce qu'il n'avait point rendu à la demande de l'évêque
divers prisonniers détenus à Mons, s'est amendé
|
|
|
138
44
1218 (mai)
|
Alard, seigneur de Chimay et sa femme, Mathilde, vidamesse
|
Cèdent à l'évêque, la vie de ce
dernier durant et celle de ladite Mathilde, leur part des extrahières et
tailles de la vidamie du Laonnois, moyennant 120 livres 100 sous parisis
|
|
|
|
idem
|
Et en outre, cèdent leur part éventuelle de droits
sur les garennes du
|
45 &
|
idem
|
|
Laonnois pour le même laps de temps
|
72
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Mathilde
|
Abandonne à l'évêque les droits
d'extrahière dus à cause de la terre
|
46 &
|
1220 (février)
|
|
d'Herbert de Lizy, sous l'épiscopat de Robert
|
106
|
|
|
|
|
|
Alard de Chimay
|
Ratifie l'accord qu'il a fait avec l'évêque
Anselme, par l'intermédiaire de
|
47 &
|
1218 (mai -
|
|
son frère, trésorier de Laon, Henri Putefins,
chevalier, et Yvon Leroux,
|
100
|
lendemain de la
|
|
citoyen de Laon
|
|
Cantate)
|
|
|
|
|
Gobert de Clacy
|
Promet de ne plus porter atteinte aux droits de
l'évêque et à ne plus inquiéter
|
48 &
|
1218 (juillet)
|
|
les vassaux de ce dernier
|
267
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Gobert de Clacy
|
Renonce à ses droits sur les garennes du Laonnois durant
l'épiscopat de
|
49
|
1218
|
|
l'évêque Anselme
|
|
(novembre)
|
|
|
|
|
Baudouin
|
Promet de s'en rapporter à l'arbitrage de G. seigneur
de Dercy, archidiacre de Soissons, et de Pierre Petit, chanoine de Laon, pour
juger ses différents avec Guillaume, évêque. En cas de
désaccord entre ces arbitres, Michel de
|
|
1263 (6e férie
|
|
La Fère, chanoine de Soissons, apportera solution
définitive
|
71
|
avant la Saint-
|
|
|
|
Thomas, apôtre)
|
|
|
|
|
Gérard de Clacy
|
Reconnaît que sur les mandements de l'évêque,
il est chargé du
|
81
|
1223
|
|
recouvrement des tailles et des revenus du Laonnois,
même par contrainte et prise de gages qui sont gardés
jusqu'à parfait paiement
|
|
|
1214 (février)
|
Alard de Chimay & Mathilde
|
Approuve accord fait entre Gobert, vidame du Laonnois &
Robert, évêque de Laon, pour toute la durée de son
épiscopat
|
|
|
1241 (juin)
|
Jean de Blois, chanoine & official de Reims
|
Atteste que Mathilde, mère de Gérard, vidame du
Laonnois, a abandonné à Garnier, évêque de Laon, les
droits qu'elle possédait à Anizy et Septvaux
|
|
|
|
Gérard de Clacy
|
Reconnaît s'être accordé avec
l'évêque Garnier et avoir mis fin à des difficultés
survenues entre l'élection dudit Garnier jusqu'au lendemain de la
|
94
|
1239 (juin)
|
|
St-Barnabé 1239, sans tirer à
conséquence pour leurs droits respectifs de possession et de
propriété
|
|
|
|
Gui, seigneur de Dercy / Pierre de
|
Compromis pour vider les différends opposant
l'évêque Itier et Baudouin, vidame, sur le serment dû par ce
dernier, ses exigences trop grandes à
|
95
|
1254 (mars)
|
Sens, dit Petit, chanoine de Laon
|
l'égard des prisonniers incarcérés
à Mons-en-Lannois, ses droits dans les garennes, et sur les marchands
|
|
|
1230 (avril)
|
Gérard de Clacy
|
Vend, du consentement de sa Marie, sa femme, et de Mathilde
la vidamesse, sa mère, à l'évêque des droits de lods
et ventes, justice et cens à Laon
|
|
|
139
134
1244 (avril)
|
Louis IX
|
Approuve cession faite au mois d'octobre 1244 par
Gérard de Clacy, vidame, à l'évêque Guillaume, de
divers droits qu'il avait en cette qualité sur garennes du Laonnois
|
|
|
1236
|
Gérard de Clacy
|
Ratifie vente faite par Gobin Le Chat, sa mère, et
Guillaume, mari de celle-ci, à l'évêque Anselme, de leurs
droits de vicomté à Mons-en-Laonnois, Laniscourt, Bois-Roger et
les Creuttes, sous réserve de rouage, maison, prés. Habitants de
Tierret, Clacy, Mons et des villages voisins, conserveront leurs droits de
pâturage.
|
|
|
1221
|
Gérard de Clacy, Jacques, évêque de
Soissons, son cousin
|
Vidimus des cessions et ventes faites par Gobert de Clacy
à Anselme, à savoir la cession viagère des revenus des
domaines d'Anizy, Pouilly, Septvaux et Versigny, pour la durée de
l'existence dudit évêque
|
142
|
1230 (avril)
|
Gérard de Clacy
|
Promet à l'évêque de faire ratifier par
sa femme la vente de droits de cens, justice, lods et ventes à Laon
|
|
|
|
|
|
|
Gérard de Clacy
|
Accord sur ses droits dans les garennes et sur les
prisonniers
|
145
|
1245 (octobre)
|
|
|
|
|
|
|
148
|
1239 (juillet - 2e férie après
|
Pierre de Bercenay, chanoine de Laon ;
|
Indiquent termes d'un accord entre évêque et ses
sergents du Laonnois, d'une part, et Gérard de Clacy, vidame, pour
l'attribution des droits de cour
|
|
division des apôtres)
|
Gilles de Trucy, chevalier
|
des officiers de justice du Laonnois
|
|
1239 (juin -
|
|
Accord entre Gérard, vidame, et Garnier sur la jouissance
du bois de
|
|
dimanche après
|
Gérard de Clacy
|
Ronceloi, des terrages, estrahières, gîtes, et cour
dans les maisons des francs
|
152
|
fête de St-
|
|
sergents de l'évêque
|
|
Barnabé, apôtre)
|
|
|
|
|
Mathilde
|
Ratifie la vente faite par son fils Gérard à
évêque Anselme, de droits de
|
160
|
1230 (avril)
|
|
cens, justice, ventes, rentes, et plaids
|
|
|
|
|
|
|
Gobert de Clacy
|
Reconnaît qu'il a assigné à Jean de Dercy,
sur ce que lui doit l'évêque, 40
|
164
|
|
|
livres parisis en 2 termes égaux, Noël 1218 &
Noël 1219, outre 40 muids
|
&
|
1218
|
|
de vin également en 2 termes, aux fêtes de
Saint-Martin des mêmes années
|
266
|
|
|
|
|
|
|
|
217
|
|
Guillaume de Cepy, official de Laon
|
Vidimus d'une charte d'avril 1230 portant vente par
Gérard de Clacy, vidame, à évêque Anselme des lods,
ventes, cens & droits de justice à Laon
|
|
|
|
|
|
|
|
Compromis pour régler par voie d'arbitrage, leurs
différends entre l'évêque
|
218
|
1219
|
|
Garnier et Baudouin, vidame
|
|
|
Tableau 8 : Tableau récapitulatif des actes
émanant de ou portant sur la vidamie du
Laonnois
Ainsi, on remarque l'essentiel de ces actes portent sur une
période relativement courte, essentiellement entre 1214 et les
années 1220. Si les premières occurrences concernent Mathilde,
vidamesse du Laonnois et veuve de Gérard II de Clacy, et Alard IV de
Chimay, son époux en secondes noces, les chartes suivantes sont issues
de sa descendance : Gobert II de Clacy (1218-1219), sans descendance,
Gérard III de Clacy (1221-1230), son frère, Gérard IV de
Clacy (1239-1245), fils de ce dernier, et Baudouin
140
(1254-1263), frère de Gérard IV210.
Or, si les actes les plus anciens ont été
produits par Mathilde, ceci est surement dû au fait que ses fils
étaient trop jeunes pour occuper l'office en 1214. C'est pourquoi la
première mention de Gobert ne daterait que de 1218. Celui-ci mourant en
1221, à un âge surement inférieur à 25 ans, c'est
donc à cette date que l'on a connaissance des premiers actes de
Gérard, son frère cadet. De ce fait, il est possible d'avancer
l'hypothèse que le jeune âge de ces deux vidames ait
été un facteur essentiel quant à la réussite des
acquisitions foncières opérées par l'évêque
Anselme, contrairement à la conjecture d'Alain Saint-Denis, qui affirme
que ces ventes étaient surtout dues à l'endettement cumulé
des différents titulaires de la charge211.
L'évêque et les prévôts du Laonnois
Quant à la prévôté du Laonnois,
les périodes et les procédés de changent guère,
comme le signale le tableau ci-dessous :
29
|
1125
|
Louis VI
|
Unit à l'évêché de Laon les
offices onéreux de vidame et de prévôt du Laonnois sous la
condition expresse qu'ils ne seront jamais aliénés
|
|
|
|
|
|
|
|
Renonce en faveur d'Anselme à sa part des droits
d'extrahière d'Herbert de
|
54
|
|
Geoffroy
|
Lizy
|
/
|
1219 (avril)
|
|
|
268
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Officiaux
|
Attestent qu'Enguerrand, dit Geoffroy, prévôt, se
trouvant dans la chambre
|
57
|
1217 (lendemain
|
|
de l'évêque en son palais, a reconnu que
l'évêque l'avait autorisé à remplacer
|
/
|
de la conversion
|
|
Renier par Robert en qualité de l'un de ses sergents
libres, sans constituer
|
270
|
de St-Paul)
|
|
un service spécial dudit Geoffroy
|
|
|
|
|
|
|
|
S'amende à l'occasion de la prise de sergents libres
d'Anselme, et reconnaît
|
58
|
1217 (lendemain
|
Geoffroy
|
qu'il ne peut instituer ou révoquer aucun sergent que du
consentement dudit
|
/
|
de la conversion
|
|
évêque
|
147
|
de St-Paul)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Consent à unir son manoir de Valavergny à la
prévôté du Laonnois pour
|
59
|
|
Geoffroy
|
n'en constituer qu'un seul fief vassal de
l'évêché
|
/
|
1223 (mai)
|
|
Renonce à des droits de terrage qu'il réclamait
dans les domaines
|
272
|
|
|
épiscopaux, et abandonne à Anselme ses droits
de garenne tant que celui-ci sera évêque
|
|
|
210 Ibid. ; Dictionnaire de la Noblesse,
AUBERT DE LA CHESNAIE DES BOIS François-Alexandre, 1774, p. 467.
211 SAINT-DENIS Alain, op. cit., p. 210.
141
60
1217
(décembre)
|
Albéric, archevêque de Reims
|
Relate une transaction intervenue entre évêque
Anselme et Geoffroy. Ce dernier conservera son héritage et ses rentes,
sa part des droits d'amendes consistant en 2 sous et demi sur 22 et demi, une
rente de 50 livres parisis exigible à Noël ; l'évêque
pourra faire remise des amendes. Cette transaction recevra son effet pendant
toute la durée de l'épiscopat d'Anselme
|
/
257
|
|
|
1217
(décembre)
|
|
Accord entre Enguerrand, dit Geoffroy, prévôt de
Laon, et l'évêque, fixant leurs droits sur les amendes
|
|
|
1214 (mars)
|
Geoffroy
|
Affirme s'être entendu avec l'évêque pour
la fixation de sa part concernant les droits d'amendes, de tailles et
d'extrahières
|
|
|
1257 (mai)
|
Simon de Valavergny
|
Indique l'extension de ses droits de chasse dans le Laonnois
|
|
|
1217
(décembre)
|
Geoffroy
|
Reconnaît que dans les amendes de 22 sous et demi, sa
part est de 2 sous et demi, et qu'une rente annuelle de 50 livres lui est due
par l'évêché pour sa part d'extrahière et de taille,
tant que vivra l'évêque Anselme
|
|
|
1293 (?)
|
Simon de Valavergny
|
Vend à l'évêque, moyennant 400 livres
parisis, une rente de 20 livres parisis sur la grande taille du Laonnois
|
|
|
1293 (janvier - lundi après fête de St-Rémy
& St-Hilaire)
|
Simon de Valavergny ; Marguerite, sa femme
|
Vendent à l'évêque la moitié des
amendes auxquelles ils ont droit dans les domaines épiscopaux
|
/
235
|
|
|
1301 (lundi après
l'Épiphanie)
|
Jean, châtelain de Thorote, sire d'Honnecourt &
chevalier
|
Accord au sujet de la châtellenie de Laon, de
Barenton-Cel et de 20 livrées de terre parisis sur la
prévôté de Valavergny qu'il revendiquait comme
héritier par représentation de Gaucher de Thorote, son
père, et de Robert de Thorote, évêque. Reconnaît la
validité des droits de l'évêché qui solde le
reliquat du prix de vente entre les mains de Clément de Choisy,
mandataire dudit Jean
|
|
|
Tableau 9 : Tableau récapitulatif des acte
émanant de ou portant sur la prévôté du
Laonnois
On remarque en effet qu'il existe une première phase
de transactions répartie entre 1217 et 1223, sous la titulature
d'Enguerrand, dit Geoffroy, puis sous celle de Simon II de Valavergny dans les
années 1290. Or, il semble qu'ici l'hypothèse d'Alain Saint-Denis
sur la vente de biens et de droits due à un endettement des
prévôts du Laonnois se confirme : tout d'abord, si Geoffroy et
Simon Ier de Valavergny - émetteur de la charte de 1257 -
possédaient le statut de chevalier, Simon II de Valavergny, quant
à lui, se définit en tant qu'écuyer212, ce qui
démontre la relative déchéance sociale des titulaires de
la charge, et indique dans les actes n° 208 et 211 qu'il vend ses biens et
droits « pour [sa]
212 MELLEVILLE Maximilien, Dictionnaire historique du
département de l'Aisne, Rééd. 1979 (Impression
anastalique de l'édition de Laon, 1865), vol. 2, p. 396.
142
nécessité et dou conseil de [ses] amis
», ce qui semble bien renvoyer à un endettement certain.
Dès lors, en vertu de la théorie des vases
communicants, on note qu'en dévitalisant le pouvoir et l'autorité
de leurs ministériaux, les évêques de Laon ont vu les leurs
croître de manière inversement proportionnelle. Par le biais de
ces acquisitions, c'est donc l'assise du pouvoir épiscopal qui a eu
tendance à s'étendre et s'affirmer. Ainsi, c'est en
renforçant sa base territoriale que les l'évêché de
Laon put tendre à revendiquer et défendre ses positions
périphériques, sources de conflits avec les seigneurs
concurrents.
L'évêque et les seigneurs
concurrents
Contrairement aux deux précédents types de
rapports socio-politiques, fondés sur un principe de
cospatialité, c'est-à-dire un rapport de force s'exerçant
au sein d'un même espace, le rapport de force entre évêques
et seigneurs locaux répond davantage à un modèle de
rivalité d'interface, c'est-à-dire un rapport de force
s'exerçant sur un espace de contact commun entre deux entités,
une telle zone étant souvent en proie aux dissensions et aux
conflits.
L'un des protagonistes les plus récurrents au sein du
cartulaire demeure le seigneur de Coucy, dont la famille était l'une des
plus influentes de la période213. En effet, le manuscrit
contient de nombreux actes réglant des conflits entre les seigneurs de
Coucy et les évêques de Laon, notamment autour du bois de
Ronceloi214, parcelle de l'actuelle forêt domaniale de
Saint-Gobain et zone de contact entre les deux seigneuries, à
l'ouest du Laonnois. Mais il est aussi question de plusieurs
ventes effectuées par Enguerrand dans plusieurs de ses fiefs, à
savoir Laval, Nouvion-le-Vineux, Mainmeçon, Mailly215 -
sud du Laonnois -, ainsi que de la constitution d'une rente de
200 livres parisis sur ses vinages de Crécy, Marle et Vervins -
nord du Laonnois - pour se rédimer de
l'évêque216. De même, il est question d'un
hommage rendu par Enguerrand de Coucy à l'évêque pour sa
ville teutonique de Sissone - est du Laonnois217.
Dès lors, on remarque que l'étendue géographique de ces
différents actes se répartie équitablement entre les
quatre points cardinaux, signe que la politique épiscopale se concentre
essentiellement sur le maintien et la défense d'une zone concentrique au
sein de laquelle s'exerce sa souveraineté.
213 BARTHELEMY Dominique, Les deux âges de la
seigneurie banale : pouvoir et société dans la terre des sires de
Coucy : milieu XIe-milieu XIIIe siècle, préface de Pierre
Toubert, 2e édition augmentée d'une postface, Paris, Publications
de la Sorbonne, 2000.
214 AD Aisne, G 2, n° 32, 63 et 175.
215 AD Aisne, G 2, n° 132, 1267.
216 AD Aisne, G 2, n° 189, 1287 ; id., n°
230, 1287
217 AD Aisne, G 2, n° 22, 1225 ; n° 150, 1225
143
Autre manifestation de conflits d'interface, ceux opposant
l'évêché de Laon aux comtes de Soissons, au sujet notamment
de leur frontière commune, à savoir la rivière de
l'Ailette218. De fait, les chartes produites lors de ces conflits
portent essentiellement sur les droits de chacun des deux seigneurs - taille,
péage, amendes, pêche, vinage - ainsi que la limite
en-deçà de laquelle ils prennent effet. La rivière de
l'Ailette symbolise donc cette interface, source de conflits et
frontière naturelle de chacune des seigneuries. De plus, il est
intéressant de noter que l'immense majorité des actes faisant
référence à des acquisitions foncières dans le sud
de l'évêché se situent en-deçà de cette
limite naturelle, preuve que les évêques de Laon avaient à
coeur de renforcer leur influence sur un territoire géographiquement
instable.
Toutefois, ce type de rapport de force ne se perçoit
qu'avec des seigneurs dont le rang et l'autorité égalent ceux des
évêques de Laon. En effet, lorsqu'il est fait mention de seigneurs
de moindre rang, les relations tendent le plus souvent à être au
bénéfice des évêques de Laon, qu'il s'agisse de
transactions219, d'amendes honorables220 ou
d'hommages221. Ainsi, on remarque le principe de coopétition
qui se fait jour ici : les évêques de Laon tolèrent la
présence de ces seigneurs sous condition de contreparties. Quoiqu'il en
soit, la cartularisation demeure un moyen de légitimer et de conforter
une situation socio-politique favorable à l'évêché,
dans une période où l'institution épiscopale se sentirait
menacée. Par ce biais, le cartulaire apparaîtrait comme instrument
politique destiné à rehausser symboliquement la place des
évêques de Laon au sein d'un centre de décision ainsi
qu'à consolider leur ancrage socio-économique sur un
arrière-pays en plein redécoupage222.
218 AD Aisne, G 2, n° 110, 1262 ; n° 141, 1225 ;
n° 154, 1260.
219 AD Aisne, G 2, n°19 et 237, 1247 : Roger , seigneur
de Rozoy, vends à l'évêque ses biens sis à Martigny,
Bruyères, Montbéraut, Vorges, Chéret et Cherequel,
consistant en dîmes, vinages, rentes, moyennant 1820 livres parisis
payés comptant ; id., n°50, 1229 : Gérard,
chevalier et seigneur de Caulaincourt, ratifie en tant que suzerain la vente
faite à l'évêque par Anselme par Baudouin de Chevregny,
fils d'Hellin, chevalier, et de Jeanne, sa soeur, de rentes en argent, chapons,
avoine, et de droits de justice. Abandonne en outre ses droits de
suzeraineté sur les biens vendus ; id., n°115, 1234 :
Hector, seigneur d'Aulnois, et Cécile, sa femme vendent à
l'évêque Anselme 6 muids de terres à Aulnois ainsi que des
aisances de marais pour amendement de ces terres : id., n°248 et
249, 1297 : Gaucher, sire de Châtillon et connétable de Champagne,
vend à l'évêque Robert de Thorote sa châtellenie de
Laon ainsi que son domaine de Barenton-Cel moyennant 4000 livres petits
tournois payés comptant, et mande alors à ses vassaux desdits
lieux mentionnés d'obéir désormais à
l'évêque.
220 AD Aisne, G 2, n° 66 et 263, 1229 : acte de Louis IX
relatant un accord où Gautier, chevalier et seigneur d'Autremencourt,
qui, pour avoir fait injustement la guerre à l'évêque
Anselme et s'être livré à des voies de fait contre ses
hommes, prêtres et clercs, avait été bannis du royaume,
puis s'était avisé de revenir malgré ce bannissement et,
pour ce fait, avait été incarcéré. Sorti de prison,
Gautier était venu devant roi et avait promis sous caution de bien se
comporter ainsi que d'abandonner sa terre à l'évêque dans
le cas contraire, sans aucun recours, et de rester banni.
221 AD Aisne, G 2, n°121 et 146, 1248 : Milon, seigneur
de Soupir, abandonne à l'évêque Garnier la
suzeraineté de son fief de Dammarie, arrière-fief de
l'évêché, attesté par jean de Juvincourt,
chevalier.
222 BARTHELEMY Dominique, « Aux origines du Laonnois
féodal : peuplement et fondations de seigneuries aux XIe et XIIe
siècles », in Mémoires de la Fédération
des sociétés d'histoire et
144
Une légitimation symbolique de l'ordonnancement
traditionnel du monde
Nous venons de le voir, le cartulaire s'apparente à un
instrument performatif permettant un recentrage du pouvoir épiscopal au
sein de la société laonnoise, place que le ministère
accordé par Dieu est censé occuper. En effet, « la parole
écrite s'incarne dans une forme matérielle qui lui est propre et
cesse de faire plus ou moins partie intégrante de la culture pour
assumer un rôle distinct, quelques fois déterminant, doté
d'une plus grande autonomie structurelle », c'est-à-dire que la
finalité du cartulaire serait moins de rendre compte d'une vision du
monde que de transmettre une idéologie223. Dès lors,
en plaçant scripturairement les évêques au centre du jeu
social imposé par la société laonnoise224, le
cartulaire devient le support d'une réorganisation symbolique de
l'ordonnancement traditionnel de son contexte de production.
Un usage ritualisé de
l'écrit
S'il est possible de mettre en évidence le
caractère performatif du cartulaire, ceci est avant tout dû
à la dimension profondément ritualisée de l'écrit.
Or, avant d'illustrer notre propos, il semble nécessaire de clarifier la
notion de rite : pour Nicolas Offenstadt225, le rite s'apparente
à des règles et cérémonies en usage, ou à
tout acte répétitif, bien que n'est pas rituel tout acte de la
vie sociale, les paroles, gestes ou objets en présence devant
nécessairement prendre un sens autre que leur sens quotidien et
focaliser l'attention individuelle et collective. C'est alors que le rite
devient un instrument d'ordre social, vecteur d'autorité, ainsi qu'un
marqueur identitaire, car derrière les gestes se dévoilent les
structures. De la sorte, une telle mise en scène de la tradition est
censée permettre le retour à l'ordre après le
désordre, le consensus après la tension.
d'archéologie de l'Aisne, tome XXVI, 1981, p.
67 : ici, l'auteur avance l'idée qu'à partir de la fin du
XIIe siècle se sont affirmées de multiples zones
marginales du pagus épiscopal, unités
micro-territoriales acquérant une consistance sociale nouvelle et
s'émancipant peu à peu du pouvoir central. C'est pourquoi face
à ces évolutions, s'est mis en place un encadrement plus
serré du territoire, dont le cartulaire illustre les évolutions
et permet d'en mesurer les effets.
223 GOODY Jack, La logique de l'écriture : aux
origines des sociétés humaines, Paris, Armand Colin, 1986,
p. 33.
224 Nous faisons clairement référence ici
à la conception du jeu établie par Bourdieu dans Le sens
pratique. En effet, pour lui, le jeu social s'apparente à l'espace
où le sens pratique, c'est-à-dire la capacité des acteurs
à agir et à s'orienter selon la position occupée dans
l'espace social, selon la logique du champ et de la situation dans lesquels ils
sont impliqués, s'exprime. Or, le cartulaire représente justement
un outil permettant à l'institution épiscopale d'agir et de
s'orienter au sein de la société dans laquelle elle
s'insère.
225 OFFENSTADT Nicolas, « Le rite et l'histoire.
Remarques introductives », Hypothèses, 1, 1997, p. 714.
145
C'est donc en ce sens qu'il est possible d'analyser le
cartulaire dans sa qualité intrinsèquement ritualisée, la
cartularisation étant le fait de répéter une parole
consignée dans un premier écrit et l'objet cartulaire
étant un objet de communication, relationnel, à l'interface avec
le monde extérieur et le personnel de l'institution226, tout
document représentant un objet symbolique destiné à
être manipulé publiquement lorsqu'est conclu l'accord. De plus,
comme nous l'avons précisé plus haut dans le
développement, la confection du cartulaire fut instaurée par
l'évêché dans une période où il se sentait
menacé, ce qui fait écho à la définition que
propose Nicolas Offenstadt du rite, à savoir qu'il est censé
favoriser le retour de l'ordre après un épisode de
désordre, de tension ou de conflit. Dès lors, c'est bien
grâce à une analyse d'ordre anthropologique qu'il nous est
possible de formuler une hypothèse concrète sur les conditions de
réalisation du cartulaire, à défaut d'informations
contextuelles et documentaires.
Ainsi, c'est après avoir démontré que le
cartulaire répondait d'un usage ritualisé de l'écrit,
qu'il nous est possible de concevoir la cartularisation, par le biais de
l'écrit, comme une mise en scène de l'ordre social permettant une
légitimation symbolique de l'ordonnancement traditionnel de la
société médiévale.
L'écrit comme mise en scène de l'ordre
social
Pour commencer, si l'on se réfère à
l'analyse structurale de Lévi-Strauss, le cartulaire apparaîtrait
comme une mise en avant de symboles, de constructions et de codifications
symboliques, c'est-à-dire par lesquels l'idéal s'incarnerait dans
des réalités matérielles et des pratiques, liées au
langage - à savoir l'écrit -, l'évêché
mettant en ordre une représentation du monde qui diffère de
l'ordonnancement réel du monde, afin de justifier son entreprise. Le
codex correspondrait alors à ce que Maurice Godelier nomme
l' « imaginaire du symbolique », ou la «
représentation que les humains se font de la nature, de l'origine des
choses, des êtres, réels ou irréels, qui peuplent la nature
»227, c'est-à-dire le monde idéel via
lequel l'évêché a distingué et ordonné
les choses. De ce fait, le Grand cartulaire de l'évêché de
Laon représente à la fois une production culturelle -
basée sur des représentations - et sociale - correspondant aux
pratiques des individus en société -, ayant pour trame
principale, nous l'avons vu, les rapports socio-politiques et religieux des
protagonistes, mais créant dans le même temps sa propre
symbolique. Or, c'est dans cette optique que l'historiographie culturelle a
renouvelé son approche des cartulaires, supports d'un langage
créant sa propre réalité qui, par rapport à la
réalité sociale, est une fiction qui cache cette même
réalité. Ce qui induit que le discours devient alors un objet
226 JEANNE Damien, « Une "machina memorialis".
Les cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de
Rouen », Tabularia « Études », n° 12, 2012,
p. 42.
227 GODELIER Maurice, Au fondement des
sociétés humaines. Ce que nous apprend l'anthropologie,
Albin Michel, 2007.
146
d'étude pour lui-même, déconstruit et
historicisé, nous permettant dès lors d'accéder à
une presque réalité. D'où le nécessaire apparat
critique dont doit se doter l'historien concernant l'étude de
cartulaires, qui apparaissent comme des objets performatifs,
c'est-à-dire créateurs de sens et de réalité, bien
que cette performativité ne soit pas absolue.
Quoi qu'il en soit, l'écrit, en tant que discours
construit et codifié par une série de
symboles matériels, permet effectivement un réagencement
symbolique de l'ordre social, car il permet de fixer un état de fait et
de garantir sa probité. Par exemple, lorsqu'un acte fait mention d'un
hommage effectué par un seigneur à l'évêque de Laon,
c'est bel et bien sa mise par écrit qui garantit sa valeur effective,
par le seul fait qu'il est plus difficile de contester un fait social lorsqu'il
est consigné par écrit et corroboré par des
témoins. On rejoint alors l'analyse précédente sur l'usage
ritualisé de l'écrit, destiné à réordonner
une situation désordonnée, c'est-à-dire ne respectant pas
l'ordre qu'elle devrait suivre. De plus, l'emploi du conditionnel renvoie ici
à la dimension profondément idéelle et symbolique qui
entoure le processus de cartularisation, à savoir l'ordonnancement du
monde tel qu'il devrait être, et non tel qu'il doit
être.
L'acte n° 222 : une mise en scène de la
cérémonie d'expiation après la révolte communale de
1295
De ce fait, le recours à l'écrit apparaît
comme un moyen d'action sur le monde environnant. Or, afin d'illustrer au mieux
notre propos, attardons-nous sur un des actes les plus significatifs du
cartulaire pour ce qui concerne notre axe de réflexion : l'acte n°
222228. En effet, après la révolte des bourgeois de la
ville de 1295, le pape Boniface VIII les excommunia et jeta l'interdit sur la
ville229, action suivie par Philippe IV le Bel, qui décida
d'abolir la commune230, bien que rétablie quelques temps
après231 sous certaines conditions, qui font l'objet de
l'acte n° 222. Dans cette sentence, une commission royale, composée
de l'évêque de Dôle, de Guillaume de Crépy,
coûtre de Saint-Quentin, de Pierre Flote et Hugues de Bonville,
chevaliers, ordonne qu'aux premières fêtes solennelles, cent
excommuniés, tête et pieds nus, sans cotte ni ceinture, dont les
noms seront donnés au bailli du Vermandois, iraient processionnellement
deux à deux derrière les porte-croix, les chanoines et les
membres du clergé, depuis le bas de la montagne, de Semilly à la
cathédrale ; qu'à la porte de Saint-Martin, trois d'entre eux
porteraient une statut de cire du poids de 20 livres jusqu'à l'autel de
la cathédrale, pour réparation des crimes commis
228 AD Aisne, G 2, n° 222, 1297.
229 AD Aisne, G 2, n° 215, 1295 : le pape chargea
l'évêque de défendre aux réguliers et notamment aux
cordeliers, d'ouvrir les portes de leurs églises aux excommuniés
de Laon ainsi que d'enterrer les cadavres de ces derniers dans leurs
cimetières.
230 AD Aisne, G 2, n° 214, 1295.
231 AD Aisne, G 2, n° 219, 1296.
147
en ce lieu, à savoir le meurtre de trois hommes
d'église ; qu'en outre, la commune doterait d'une rente annuelle de 30
livres tournois une chapelle fondée dans ladite cathédrale et
à la collation du chapitre, et payerait une somme de 3000 livres
à l'église et son trésorier, condition sine qua non
pour que les chanoines prient le souverain pontife de lever l'interdit et
l'excommunication dont était affublée la ville.
Ainsi, à travers cet exemple mettant en scène
une cérémonie d'expiation, on s'aperçoit à quel
point l'écrit est devenu un outil de coercition au service d'un appareil
judiciaire, politique et religieux, destiné à assoir une
domination symbolique et sociale dans un environnement compétitif. En
effet, cet acte demeure avant tout un moyen permettant le rétablissement
de l'ordre social après le déséquilibre provoqué
par l'insurrection communale de 1295, le cartulaire participant au renforcement
d'une identité communautaire ecclésiastique, et la transgression
des droits de l'évêque contribuant à la fondation de sa
sacralité, par l'usage de l'écriture.
Les suscriptions ou la mise en scène scripturale de la
hiérarchie ecclésiastique
Mais outre la hiérarchisation des pouvoirs que tente
d'instaurer le codex, c'est une autre forme de hiérarchisation
qu'il tente d'ancrer : la hiérarchie spirituelle. En effet, pour
Lévi-Strauss, l'alliance apparaît comme un, si ce n'est le
principe constitutif de la parenté. Or, le cartulaire met
clairement en évidence la parenté spirituelle qu'il peut exister
entre l'évêque et les diverses institutions ecclésiastiques
qui lui dépendent, ou inversement, son principe de filiation avec le
Saint-Père.
Pour le premier cas, une telle hiérarchisation se
perçoit dans l'ordonnancement des suscriptions lorsqu'un acte est commun
à plusieurs prélats, comme l'illustre cet acte où les
abbés de Saint-Vincent et de Saint-Jean de Laon ratifient une vente
faite par Baudouin de Chevregny et Jeanne, sa femme, à
l'évêque Anselme, de rentes en argent, chapons, avoine, et de
droits de justice à Anizy, abandonnant ainsi leur droit de
suzeraineté sur les biens vendus232. Ce qu'il est
intéressant d'observer ici, c'est la place de chacun des abbés
dans le procédé de suscription : en effet, l'abbé de
Saint-Vincent est mentionné avant celui de Saint-Jean, ce qui s'explique
notamment par la hiérarchie des abbayes laonnoises, celle de
Saint-Vincent étant considérée comme le second
siège de la ville233.
232 AD Aisne, G 2, n° 52, 1229.
233 AD Aisne, G 1, n° 110, 975.
148
Mais au-delà d'une hiérarchisation horizontale,
s'est bien une hiérarchie verticale qu'impose le cartulaire, comme en
témoigne l'acte n° 92 où l'abbé de
Prémontré déclare à l'évêque Anselme
qu'en priant l'évêque de Séez234, présent
en ce monastère, de bénir une chapelle, ils n'ont pas eu
l'intention de se soustraire à la soumission ni à
l'obéissance dues à l'évêque de Laon. Il en va de
même concernant la relation unissant les évêques de Laon
à la papauté, qui se fait jour lorsque les titulaires de la cure
papale leur accordent des privilèges, comme par exemple le droit de
nommer les bénéficiaires de leur diocèse tout en leur
dispensant d'admettre les nominations provenant de la cour de
Rome235.
Quoi qu'il en soit, ces trois exemples soulignent nettement
une mise en scène scripturaire de l'ordre hiérarchique qu'il
existe au sein de la communauté ecclésiastique, certains
abbés étant supérieurs à d'autres, mais tous
inférieurs à l'évêque, qui lui-même
dépend du prélat suprême, le pape.
Le cartulaire en tant que catalyseur des relations
socio-économiques de la société laonnoise
Toutefois, si l'on se réfère à l'analyse
de Maurice Godelier, ces formes de parenté, si symboliques et
artificielles soient-elles, ne sauraient produire ce ciment social, base de
toute communauté, si ce n'est de toute société, qui se
caractérise plutôt par des liens supra-parentaux.
L'identité sociale se verrait alors davantage fondée sur des
rapports politico-religieux, c'est-à-dire que les actions collectives
dépasseraient et intégreraient les groupes de parenté dans
un tout plus vaste - la société - qui se transformerait en
même temps qu'elle se reproduirait. En effet, le cartulaire met en
évidence les relations qu'entretiennent les protagonistes de la
société laonnoise avec l'évêque, dans un
système d'échange généralisé. Or, ces
échanges peuvent être de nature économique236,
vassalique237 ou encore purement foncier238. Ainsi, il
apparaît que les « prestations », pour reprendre le terme
qu'emploie Marcel Mauss dans son Essai sur le don, ne sont jamais
individuelles, mais affectent des groupes contractants (laïques, famille
châtelaine des Coucy, habitants de Vorges, l'évêque en tant
que représentant institutionnel de l'Église), donnant alors
lieu
234 Siège épiscopal aujourd'hui situé dans
l'Orne, Basse-Normandie.
235 AD Aisne, G 2, n° 229.
236 AD Aisne, G 2, n° 15, 1269 : Louis IX accorde aux
laïques la possibilité, pour le salut de leur âme, de donner
ou vendre sans agrément royal aux églises les dîmes de sa
mouvance, l'évêché faisant évidemment partie des
bénéficiaires potentiels.
237 AD Aisne, G 2, n° 22, 1225 : Enguerrand de Coucy
reconnaît qu'il est homme lige de l'évêque pour la ville
teutonique de Sissonne et des fiefs relevant de Sissonne.
238 AD Aisne, G 2, n° 116, 1217 : l'évêque
vend aux habitants de Vorges un champ entre leur village et Ardon, moyennant
une rente solidaire de 3 muids de vinage exigible annuellement à la
fête de Saint-Martin
149
à des échanges cérémoniels, dont
le cartulaire fait acte. Dès lors, en consignant ces prestations, le
cartulaire rend compte de et favorise la bonne marche de ce système de
liens et d'échanges qui, si l'on croise les analyses que proposent
Marcel Mauss et Maurice Godelier, assure la reproduction de cette
société.
Ainsi, en favorisant l'ancrage d'une représentation
symbolique et traditionnelle de la société - «
re-présentation » dans le sens où le principe de compilation
consiste à présenter de nouveau un acte qui avait
déjà été présenté au préalable
-, et en replaçant la figure épiscopale au coeur d'un
système basé sur l'interdépendance des acteurs et la
hiérarchisation de leur rapport, le cartulaire se transforme en un
prisme à travers lequel s'esquisse une portion représentative de
la société laonnoise.
L'esquisse d'une analyse réticulaire de la
société laonnoise sous le prisme du Grand cartulaire de
l'évêché de Laon
Toute production documentaire tend à transmettre une
représentation de la société et des individus qui la
composent, axiome qu'il est possible d'affirmer au regard de l'anthropologie
fonctionnaliste qui replace systématiquement les faits sociaux dans leur
contexte, tout en partant de l'idée que ces faits décrits ont
tous une fonction visant à assurer l'équilibre de la
société et qu'ils sont en relation les uns avec les autres.
Ainsi, le cartulaire n'échappe pas à la règle et peut
s'étudier en tant que catalyseur d'échanges (économiques,
sociaux, féodaux, religieux239) constitutifs d'un maillage
familial et relationnel sur le territoire laonnois. Dès lors, il serait
intéressant d'étudier plus en détail la formation de ces
réseaux d'échanges que le codex nous permet de mettre en
lumière, bien que cette analyse réticulaire ne soit que le fruit
d'une analyse prosopographique des actes présents dans le cartulaire,
c'est-à-dire qu'elle ne saurait prétendre retranscrire de
manière exhaustive l'ensemble de ces réseaux240.
239 Tout échange correspondant à la recherche
d'un lien moyennant contrepartie - contrepartie financière pour une
vente, reconnaissance pour une relation sociale, protection et loyauté
pour un serment féodo-vassalique -, intégrer l'échange
religieux dans ce format n'a rien d'incongru : en effet bien le don à
une église ou une chapelle puisse apparaître comme
intrinsèquement désintéressé, ce dernier se voit
effectué dans la perspective symbolique du salut de l'âme du
donateur, participant alors à ce que Jacques CHIFFOLEAU nomme la «
comptabilité de l'au-delà ». C'est pourquoi la donation
pieuse rentre ici dans la catégorie des réseaux
d'échanges.
240 Pour un approfondissement de l'analyse
réticulaire, consulter les ouvrages suivants : LAZEGA Emmanuel,
Réseaux sociaux et structures relationnelles, Paris, PUF, coll.
« Que sais-je ? », n° 3399, 1998 ; DEGENNE Alain et FORSE
Michel, Les réseaux sociaux. Une analyse structurale en
sociologie, Paris, 1994 ; DEDIEU Jean-Pierre, « Approche de la
théorie des réseaux sociaux », in Réseaux,
familles et pouvoirs dans le monde ibérique à la fin de l'ancien
régime, Paris, 1998, p. 7-
150
C'est pourquoi, grâce à un recensement minutieux
des auteurs, témoins et bénéficiaires de chaque acte, il
nous a été possible de réaliser un schéma
représentatif d'une analyse réticulaire de la
société laonnoise, où la figure de l'évêque
est centrale241. Pour ce faire, nous avons établi un
pourcentage d'occurrence pour chaque entité mentionnée,
pourcentage influant sur leur proximité avec l'évêque. A
noter cependant qu'ont été répertoriées ici
uniquement les entités comptant au minimum 5 occurrences, dans le but
notamment de faire ressortir les principales tendances constituant ces
réseaux d'échanges. C'est ainsi que nous obtenons le
schéma qui suit :
30. DEDIEU Jean-Pierre Dedieu et MOUTOUKIAS Zacarias, «
La notion de réseau en histoire sociale : un instrument d'analyse de
l'action collective », ibid. ; LEMERCIER Claire, « Analyse
de réseaux et histoire », in Revue d'Histoire Moderne et
Contemporaine, avril-juin 2005, n° 52-2, p. 88112.
241 ROSÉ Isabelle, « Modélisation et
représentation graphique des réseaux de pouvoir. Approche des
pratiques sociales de l'aristocratie du haut Moyen Âge, à partir
de l'exemple d'Odon de Cluny ( 942) », in Os medievalistas e
suas fontes. Leiturascruzadas sobre a Alta Idade Média., Actes du
Colloque international organisé par l'Université de São
Paulo et l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Evêque de Soissons
Abbayes diocésaines
Châtelains et maison de Coucy
Comte de Soissons
Seigneurs d'Aulnois
Archevêché de Reims
Seigneurs de Coucy
Eglise de Laon
Abbaye de Prémontré
Papauté
Gérard de Clacy
Maison de Clacy
Baudouin de Clacy
ÉVEQUE
Gobert de Clacy
Abbaye de Saint-Nicolas-aux-Bois
Commune de Laon
Roi et officiers royaux
Abbaye Saint-Jean
Abbaye Saint-Vincent
Geoffroy
Simon de Valavergny
Communes des domaines épiscopaux
Bailli du Vermandois
151
Figure 16 : Schéma résultant de
l'analyse réticulaire de la société laonnoise
152
Dès lors, ce schéma, bien que non-exhaustif,
nous aide à classifier les acteurs qui constituent la
société laonnoise aux XIIe et XIIIe
siècles : en effet, celle-ci se compose essentiellement d'un
clergé séculier, d'un clergé régulier,
d'institutions laïques, d'officiers royaux, d'officiers épiscopaux
et de seigneurs laïques. Telles sont les six composantes de la
société laonnoise en particulier, et de la société
médiévale en générale, ce qui tend à
confirmer la remarque de Pierre Chastang, qui conçoit le texte comme
« un lieu privilégié d'intelligibilité de la
société médiévale242 ».
°3)243.
Quoi qu'il en soit, s'il est possible de mettre en
évidence un schéma du système institutionnelle de la
société laonnoise, certain(e)s individus ou entités ne
sont mentionnés qu'une seule et unique fois, et ne peuvent donc entrer
dans cette configuration schématique. Néanmoins, les voix du
passé étant particulièrement lacunaires, ne les passons
pas sous silence et sachons les remettre à l'honneur, leur seule
présence au sein du cartulaire étant déjà une
commémoration de leur place et de leur rôle - direct(e) ou
indirect(e) - dans l'histoire épiscopale. C'est pourquoi il nous a
semblé nécessaire de créer une annexe où sont
référencés tous les individus composant le cartulaire et
ainsi la société laonnoise (cf. annexe n
De ce fait, la création d'un tel répertoire
d'individus, souvent portés dans l'ombre de la recherche
historique244, rend possible un relatif suivi de leur parcours, la
confrontation avec d'autres sources documentaires où ils se verraient
mentionnés pouvant permettre de compléter cette perspective de
recherche historique, prosopographique et sociale. De plus, rien que dans le
cartulaire, la place accordée aux femmes, en tant qu'acteurs sociaux,
pourrait servir d'argument aux axes de recherches fondés sur le
rôle socio-culturel des femmes dans la société
médiévale des XIIe et XIIIe siècles.
Aussi, l'analyse portée sur les noms de famille permettrait aux
historiens spécialistes d'anthroponymie de réaliser des travaux
de ce type sur les individus référencés ici. Les
perspectives sont multiples, mais elles dépassent le cadre de notre
étude, qui ne se poursuivra pas au-delà de ces mots.
242 CHASTANG Pierre, « Cartulaires, cartularisation et
scripturalité médiévale : la structuration d'un nouveau
champ de recherche », Cahiers de civilisation
médiévale, n° 49, 2006, p. 25.
243 Une telle démarche s'inspire notamment des travaux
d'Hélène Millet, une des pionnières de l'étude
prosopographique, notamment dans son ouvrage Les chanoines du chapitre
cathédral de Laon, 12721412 (1982), où elle parvient
à retracer le parcours des chanoines du chapitre cathédrale de
Laon durant la période mentionnée grâce à
l'élaboration d'une base de données élaborées ; 2
ans plus tard, elle dirigea le programme Informatique et
prosopographie, dont les actes furent édités en 1985 ;
aujourd'hui, Hélène Millet se trouve à la tête de
l'Opération Charles VI (LAMOP), base de données prosopographique
en ligne (www.vif.cnrs.rr/charlesVI/) pour les personnes actives sous le
règne de Charles VI (1380-1422).
244 Alain Saint-Denis, dans Apogée d'une
cité..., propose bien une description prosopographique, utile et
pleine de sens, mais celle-ci ne rend compte quasi-exclusivement que des
puissants et de leur famille, il n'est jamais question d'individus
lambda. C'est donc cet écueil que nous tentons d'éviter
ici, dans une perspective complémentaire à celle d'Alain
Saint-Denis.
153
Conclusions générales et perspectives de
recherche
Bien que l'étude d'un cartulaire unique permette
d'aborder une multitude de problématiques et d'axes de réflexion,
il ne s'agit ici, au final, que d'une micro-analyse de la scripturalité
laonnoise durant le Moyen-Age central, un grossissement volontairement
orienté d'histoire locale. Néanmoins, ceci permet de mettre
à jour, confirmer ou réfuter certaines théories
formulées par ce courant historiographique.
Tout d'abord, l'un des éléments traité
en filigrane de notre étude fut la dimension profondément
pragmatique de l'écrit, tant dans sa conception matérielle que
dans sa finalité pratique. En effet, les paragraphes consacrés
aux systèmes de repérage graphique démontrent à
quel point le recours à l'écrit nécessite l'utilisation de
techniques intellectuelles propres à ce support. Il s'agissait alors,
pour les cartularistes, de projeter une conception mentale de l'information,
malléable, sur un support fixe et immuable. C'est pourquoi il fut
intéressant d'observer les indices éclairant le travail
préparatoire des cartularistes, notamment à travers l'exemple du
cahier n°13, véritable mine d'informations sur les pratiques
archivistiques médiévales, ainsi qu'à travers l'analyse de
la table des matières, dont le listage des rubriques nous éclaire
sur la rationalisation du travail intellectuel au Moyen-Age245. De
plus, en mettant le cartulaire en perspective de l'ensemble de la production
documentaire épiscopale, nous avons observés à quel point
le manuscrit est le résultat d'un processus scriptural qui le
dépasse. En effet, le cartulaire n'est jamais
autoréférentiel, bien qu'il tende à le devenir, son
contenu devant toujours être étudié en relation, directe ou
indirecte, avec le chartrier et les codices qui l'ont
précédé, ainsi qu'avec les traces d'utilisation
postérieures, le cartulaire apparaissant alors comme un objet dont la
finitude ne serait jamais réellement achevée et dont
l'autorité ne s'acquerrait qu'avec le temps.
En outre, nous avons démontré au fil de
l'analyse que les caractéristiques scripturales du cartulaire,
au-delà d'un examen en soi, servaient à un dessein politique et
idéologique, le cartulaire devant être perçu comme un
vecteur matériel d'informations, sélectionnées et
compilées de manière à ce qu'elles forment un tout
cohérent. Ainsi, nous avons observés le cartulaire sous le prisme
des différentes perspectives historiographiques, à savoir
l'étude du cartulaire en tant qu'outil de gestion et en tant qu'outil de
commémoration. Or, dans l'ultime chapitre de ce mémoire, nous
nous sommes efforcés de montrer que vouloir choisir entre l'une ou
l'autre hypothèse rendait l'analyse
245 Les ouvrages de Jack Goody restent la
référence en matière de rationalisation de l'écrit,
et de nombreux projets se basent sur ces travaux : c'est notamment le cas du
projet « Listes et culture de l'écrit au Moyen Âge (c. 750-c.
1550) » initié par le LAMOP, et dont le programme de recherche
s'applique parfaitement à l'étude des cartulaires, qui ne sont au
final que des listes d'actes retranscris.
154
quelque peu inopérante. En effet, utiliser
l'écrit en tant qu'instrument de gestion permet d'ancrer cette politique
gestionnaire dans l'histoire de l'institution, de même qu'avoir recours
à l'écrit dans le but de monumentaliser un passé
correspond à moyen de régir une histoire institutionnelle.
Dès lors, nous avons tentés de dépasser cette dichotomie
historiographique opposant gestion et mémoire, en concevant le
cartulaire comme un instrument fusionnant ces deux principes,
c'est-à-dire qu'il constituerait avant tout un moyen de légitimer
symboliquement - littéralement « par le biais de symboles »,
à savoir l'écrit - l'autorité épiscopale, tant
présente - les actes contemporains des phases de rédaction - que
passée - les actes antérieurs. Ainsi, il semble que le cartulaire
soit créateur d'une spatio-temporalité qui lui est propre,
ordonnancée selon certaines représentations contextuelles
influant sur les conditions mêmes de sa réalisation, le manuscrit
devenant alors un outil performatif, un prisme à travers lequel
l'institution épiscopale réagence l'ordre des choses.
Quoi qu'il en soit, il serait intéressant de
réaliser une étude plus large regroupant l'ensemble de la
production documentaire laonnoise afin de vérifier ou de nuancer ces
conclusions, à la manière d'un Pierre Chastang, dont la
thèse portait sur la production documentaire d'une région toute
entière, à savoir le Bas-Languedoc, entre le XIe et le
XIIIe siècle. Ainsi, si l'on suit cette logique
méthodologique, l'une des perspectives de recherche serait de mettre en
relation l'ensemble des cartulaires issus de la production documentaire
laonnoise, c'est-à-dire les cartulaires épiscopaux, abbatiaux,
canoniaux et communaux. Dès lors, il serait possible de confronter les
visées et les méthodes de réalisation des
différents documents afin d'en dégager les similitudes ainsi que
les dissemblances. Ceci permettrait alors d'obtenir un panorama significatif
des différents processus de cartularisation de la société
laonnoise et ainsi de mettre en perspective les résultats obtenus avec
les différentes études similaires réalisées
jusque-là.
Aussi, il semblerait tout à fait pertinent d'envisager
une prospection d'ordre socio-économique des mécanismes
régissant la société laonnoise, notre analyse ne
représentant au final qu'une partie - biaisée - de cet axe de
recherche. En effet, une telle analyse permettrait d'éclairer la
recherche historique sur les pratiques locales d'un territoire
caractérisé par sa proximité avec Paris et de plus en plus
sous influence du pouvoir royal. Il s'agirait alors d'axer un programme de
recherche autour des notions d'intégration et d'(in)dépendance
culturelles et territoriales au regard des pratiques socio-économiques.
Dès lors, ce potentiel axe de recherche permettrait une relative mise en
perspective de l'histoire institutionnelle de la France, au regard des
débats contemporains autour du concept de décentralisation
administrative et économique, la société laonnoise
apparaissant comme un objet d'étude tout à fait opportun.
155
Enfin, une dernière perspective de recherche, davantage
tournée vers l'archivistique, consisterait en un projet d'édition
du Grand cartulaire de l'évêché de Laon, à l'image
de l'édition du chartrier de Saint-Yved de Braine, dirigée par
Olivier Guyotjeannin. Par ce biais, il s'agirait de mettre en lumière un
exemple de la production documentaire laonnoise, dont les fonds ne nous semble
pas être assez mis en valeur, notamment au regard de certaines
régions documentaires où se concentre la recherche historique
récente - Cluny et le Mâconnais, le nord de la Loire, la Bretagne,
etc. A titre personnel, au-delà du fait de prêcher pour ma propre
paroisse, il s'agirait surtout de réévaluer l'histoire d'une
région souvent délaissée, ou du moins
sous-exploitée, par la recherche historique, ce mémoire ne
représentant au final qu'une pierre qu'il serait possible d'apporter
à un éventuel programme de recherche englobant un territoire et
une production documentaire beaucoup plus vaste.
156
ANNEXES
157
Annexe n°1
Foliotation et agencement codicologique des
cahiers composant le Grand cartulaire de l'évêché de
Laon
L'analyse codicologique de l'agencement des cahiers au sein
du cartulaire nous apporte des informations quant aux logiques de
rédaction ayant amené à la réalisation du
cartulaire. Par exemple, la succession de cahiers de composition identique nous
permet d'avancer l'hypothèse d'une appartenance à une même
phase de rédaction. C'est le cas notamment des huit premiers cahiers,
tous des quaternions.
Cahier n°1
I II III IV V VI VI VIII
Cahier n°2
IX X XI XII XIII XIV XV XVI
158
Cahier n°3
XVII XVIII XIX XX XXI XXII XXIII XXIV
Cahier n°4
XXV XXVI XXVII XXVIII XXIX XXX XXXI XXXII
Cahier n°5
XXXIII XXXIV XXXV XXXVI XXXVII XXXVIII XXXIX XL
159
Cahier n°6
XLI XLII XLIII XLIV XLV XLVI XLVII XLVIII
Cahier n°7
XLIX L LI LII LIII LIV LV LVI
Cahier n°8
LVII LVIII LIX LX LXI LXII LXIII LXIV
160
Ici, l'arrêt des quaternions au profit de binions marque
une rupture dans l'élaboration du cartulaire. Néanmoins, pour les
quatre cahiers qui suivent, les explications divergent. Concernant le cahier 9,
la formation d'un binion est susceptible de marquer l'arrêt de la
première phase de cartularisation, du fait que le dernier acte du cahier
8 se prolonge sur le cahier 9.
Cahier n°9
LXV LXVI LXVII LXVIII
Le cahier 10, quant à lui, apparaît comme
indépendant du reste des binions, ce qui semble illustrer une
nécessité de rédaction basée sur le court terme ou
selon des conditions particulières.
Cahier n°10
LXIX LXX LXXI LXXII
Concernant les cahiers 11 et 12, ceux-ci sont au contraire
caractérisés par une imbrication à la fois
matérielle et séquentielle, répondant certainement aux
mêmes particularités que le cahier précédent.
Néanmoins, il est possible de nous interroger sur les causes d'une
non-fusion de ces deux binions, qui auraient pu former un quaternion
homogène.
161
Cahier n°11
LXXIII LXXIV LXXV LXXVI
Cahier n°12
LXXVII LXXVIII LXXIX LXXX
Codicologiquement, le cahier 13 demeure une exception au sein
du cartulaire du fait de sa composition en quinion. De plus, une partie de sa
foliotation marque une rupture dans l'ordonnancement numérique du
cartulaire, avec notamment l'adoption d'une numérotation en chiffres
arabes. Dès lors, il apparaît évident de s'interroger la
place que devait occuper ou non ce cahier au sein du cartulaire : s'agit-il
d'un brouillon inséré, initialement ou non, a posteriori
ou ce cahier répond-il à des conditions d'élaboration
totalement autonomes ? L'analyse particulière de ce cahier pencherait
davantage pour la première hypothèse au dépend de la
seconde.
162
Cahier n°13
LXXXI LXXXII LXXXIII 88 89 90 91 92 93 94
Enfin, l'agencement des trois derniers cahiers du cartulaire,
tous des quaternions, répond aux mêmes logiques que celui des
neufs premiers cahiers, c'est-à-dire qu'ils forment une
homogénéité à la fois matérielle et
séquentielle.
Cahier n°14
LXXXIV LXXXV LXXXVI LXXXVII LXXXVIII LXXXIX LXL LXLI
163
Cahier n°15
LXLII LXLIII LXLIV LXLV LXLVI LXLVII LXLVIII IC
Cahier n°16
C CI CII CIII CIV CV CVI CVII
164
Annexe n°2
Liste des abréviations, des unités
de mesures et des
différents droits seigneuriaux
présents dans le cartulaire
Liste des abréviations
- £p. / s.p. / d.p. : livre parisis / sous parisis
/ denier parisis
- £t. / s.t. : livre tournoi / sous tournoi
1 livre = 20 sous = 240 deniers
Chaque devise parisis équivaut aux 5/4 de la devise
tournoi correspondante246.
Liste des mesures247
|
Capacité matières sèches (en L)
|
Capacité liquides (en L)
|
Surface
(en m2 / are)
|
Equivalence
|
Muid
|
1900
|
270
|
aléatoire
|
12 setiers secs 36 setiers liquides 33 jalois secs 36 verges
|
Jalois
|
58
|
-
|
6100 / 61
|
1/33e muid sec
|
Setier
|
158
|
7,5
|
|
1/12e muid sec 1/36e muid liquide
|
Verge
|
-
|
-
|
50 / 0,5
|
|
|
246 CORMIER Jean-Philippe, Monnaies
médiévales, Reflets des pouvoirs, Paris, Remparts, 1996.
247 DOURSTHER Horace, Dictionnaire Universel des poids et
mesures anciens et modernes, Bruxelles, 1840.
165
Droits seigneuriaux
Droit de garenne : droit exclusif de chasse à
petit gibier sur un territoire donné ;
Droit de lods et de ventes : droit casual consistant
en des taxes seigneuriales prélevées à chaque fois qu'une
terre censive était vendue, généralement un
prélèvement du 12e sur le prix de vente. Il s'agit en
quelque sorte d'une « commission » à la vente ;
Droit de terrage : droit perçu sur le champ
avant que le paysan n'enlève sa récolte ; Droit de vinage
: impôt prélevé sur le vin récolté ou
transporté ;
Droit de cens : redevance due par le tenancier au
propriétaire du sol ;
Droit de surcens : second cens imposé sur un
héritage censuel et qui est du après le premier cens ;
Taille : contribution pécuniaire, d'abord
arbitraire et exceptionnelle, ensuite déterminée et
régulière, exigée par le seigneur de ses
dépendants. On distingue la taille ordinaire (annuelle et
inégalement répartie) de la taille extraordinaire
(destinée à financer guerre, expéditions, besoins
spéciaux des princes) ;
Droit de régale : droit qu'a le roi de percevoir
les revenus des évêchés vacants ;
Droit d'extrahière : droit de saisir les
biens meubles et immeubles des paysans qui émigraient de la seigneurie,
en les assimilant à des étrangers décédés
sur la terre de ladite seigneurie ;
Droit de formariage : droit payé au seigneur
à l'occasion du mariage d'un serf avec le serf d'un autre seigneur ou
avec une personne de condition libre ;
Droit de mainmorte : droit prélevé sur
les héritages des paysans après leur décès ;
Droit de fouage : redevance due au seigneur par feu ou maison ;
Droit de chevage : redevance annuelle, symbolique,
dont doivent s'acquitter les serfs ou tenanciers, reconnaissant par ce don leur
dépendance ;
Droit de rouage : droit consistant à recevoir
le paiement de la location des places occupées dans les foires ou les
marchés par les marchands étrangers. Le prélèvement
se faisait en fonction du nombre de roue des charriots, d'où le nom ;
Droit de cambage : taxe perçu sur les
bières ;
Droit de jalage : droit sur chaque pièce de
vin vendue en détail avec la permission du seigneur ;
Droit de tonlieu : taxe perçue par un
officier du seigneur sur les marchandises vendues au marché ;
166
Droit de péage : taxe perçue pour le
passage d'un pont, d'un gué ou tout autre obstacle naturel (on le nomme
aussi "travers").
Annexe n°3
Recensement prosopographique et social à
travers le Grand cartulaire de l'évêché de
Laon
Ce recensement ne tend pas à l'exhaustivité,
mais permet d'appréhender de manière globale les individus
constituant la société laonnoise, diocésaine ainsi que les
individus extérieurs au diocèse mais participant aux
évolutions de cette région.
DIOCESE DE LAON
OFFICIERS EPISCOPAUX
Raoul, chambrier de l'évêque (1217)
Henri, chevalier et bailli de l'évêque (1218)
Enguerrand de Riocourt, échevin épiscopal
(1218)
Raoul, chambellan de l'évêque (1220) Laurent,
sergent de l'évêque (1232)
François, sigillant de la cour épiscopale
(1292)
Adam Galet, prévôt épiscopal (1292)
Golone Frevet d'Etouvelles, échevin épiscopal
(1292)
Baudet Godart de Bourguignon, échevin épiscopal
(1292)
HOMMES ET FEMMES DE CORPS DE L'EVEQUE
Duisart de Mons (1218)
Jean, Odard, Thomas et Simon (1232) Jean de Tartarin (1277)
Robert, fils d'Huart Daunoit et de Thiephaine, homme de corps
d'Agnès de Juvincourt puis de l'évêque (1269)
Marguerite, fille d'Herbert dit Barenton et d'Agathe de
Pouilly, femme de corps de l'évêque puis d'Agnès de
Juvincourt (1269)
Sarah, fille de Gilon Craigne et Marie, femme de corps de
l'abbé de Saint-Vincent (1290)
167
Marie, fille de Jacques Aignel de Chevregny et Emeline
Jacquerie, son épouse, femme de corps de l'évêque (1290)
Colart de Bruyères (1297) Léger de Crépy
(1297)
EGLISE DE LAON
Chanoines
Gobert, chanoine (1217)
Robert Balbe, chanoine (1217) Enguerrand, chanoine (1217)
Hubert, chanoine (1217)
Simon Cadoues, chanoine (1217) Henri de Paris, chanoine (1217)
Thorin, chanoine (1217)
Enguerrand, chanoine (1217)
Garnier, chanoine et official (1217 - 1218 - 1223)
Yvain de Bavia, chanoine (1224) Pierre de Bercenai, chanoine
(1239)
Guillaume de Vivier, chanoine et official (1252)
Gilles Lisiard, chanoine (1257)
Pierre de Sens, dit le Petit, chanoine
(1257 - 1260 - 1263)
Jean de Dammarie, chanoine et official de Laon (1259)
Jean de Molinons, chanoine (1260)
Doyens
A, doyen et chapelain (1219 - 1222) Enguerrand de Vorges, doyen
(1232) Roger de Guignicourt, doyen (1232) Pierre de Chivres, doyen (1232)
Jacques de Renval, doyen (1232) Jean de Montigny, doyen (1232) Adam d'Acy,
doyen (1232)
Hugues de Pierremande, doyen (1232)
Renaud de Brissy, doyen (1232) Stéphane de Saint-Algis,
doyen (1232) Richer d'Origny, doyen (1232)
Guillaume le Gallois, doyen et chapelain (1257 - 1260)
Etienne, doyen et chapelain (1279) A, doyen et chapelain
(1282)
Archidiacres Hellin, archidiacre
(1219) Clément, archidiacre (1257 - 1260) Nicolas des Vignes,
chanoine et archidiacre (1282)
Curés
Pierre de Mons, curé et chanoine (1223)
Simon de Trainel, curé et chanoine (1223)
Jean de Dammarie, curé et chanoine (1282)
Milon de Semur, curé et chanoine (1282)
Diacres
Guy de Haudion, diacre et chanoine (1223)
Enguerrand de Ruis, diacre et chanoine (1223)
Roger de Remies, diacre et chanoine (1223)
Simon de Vendeuil, diacre et chanoine (1282)
Sous-diacres
Joseluis de Ligny, sous-diacre et chanoine (1223)
Guillaume de Flaci, sous-diacre et chanoine (1223)
Anselme de Malonido, sous-diacre et chanoine (1223)
Jacques de Noex, sous-diacre et chanoine (1223)
Gazon de Champagne, chanoine et sous-diacre et futur
évêque de Laon (1282)
Henri dit de Boileau, chanoine et sous-diacre (1282)
169
R, chantre de l'église de Laon (1219)
Anselme, chantre de l'église de Laon (1234 -
1250) Guillaume, chantre de l'église de Laon (1260)
Enguerrand, trésorier de l'église de Laon
(1215)
Itier, trésorier de l'église de Laon (1234)
Jean de Rumilly, trésorier de l'église de Laon
(1250 - 1260)
Jean Lefèvre, chapelain de Laon (1217) Pierre,
chapelain de Laon (1269)
ABBAYE
SAINT-VINCENT248 Jean [de la Fère],
abbé (1221 - 1229 - 1232) Thomas [de Bruyères], abbé,
successeur de Baudouin IV (1261) Gui [de Bruyères], abbé
(1280) Jean [de Saint-Quentin Ier], abbé (1290)
ABBAYE SAINT-JEAN Robert, abbé
(1229)
Gilbert Bovelle, chanoine (1217) Hugues, trésorier
(1217)
Guy, chanoine et frère de Gérard de
Caulaincourt (1229)
C, prieur (1232)
Arnoulf, clerc (1232) Odon, chanoine (1253) Drouard, chanoine
(1269) Jean, doyen (1262)
ABBAYE SAINT-MARTIN Gautier, abbé
(1221 - 1232) Jean, abbé (1292)
Milon, prévôt (1292)
ABBAYE DE PREMONTRE C, abbé (1221 -
1226) Gervais, abbé (1219) Jean, abbé (1252) Robert,
abbé (1287) Guillaume, abbé (1291)
170
248 WYARD Robert (dom), Histoire de l'abbaye saint-Vincent de
Laon, St Quentin 1858
171
Hugues, prieur (1234) Gobert d'Origny, moine (1287)
ABBAYE DE SAINT-NICOLAS-AUX-BOIS Renier,
abbé (1232) Henri, abbé (1285) Guillaume, abbé
(1287)
Jean, chapelain (1217)
ABBAYE DE BRAINE G, abbé (1250)
Jacques, abbé (1265)
ABBAYE DE CUISSY Lambert, abbé (1232
- 1233) Conrad, abbé (1234) G, abbé (1248)
Renier de Flavigny, chanoine (1222) Gautier, doyen
(1222)
ABBAYE DE VAUCLAIR P[ierre], abbé
(1232 - 1261)
ABBAYE DE SAINT-MICHEL-EN-THIERACHE
Gui, abbé (1232)
ABBAYE DE SAINTE-MARIE-EN-NOGENT
Gautier, abbé (1232)
ABBAYE DE SAINT-NICOLAS DE RIBEMONT
Mathieu, abbé (1232)
ABBAYE DE BUCILLY Jean, abbé
(1232)
ABBAYE DE BOHERIES Henri, abbé
(1232)
CLERGE DIOCESAIN
Robert Ballmus, archidiacre de Rouen et chapelain du roi
(1217)
Evrard, frère de Margival (1219) Ponchard, curé de
Nouvion (1222)
Bernard, clerc er recteur de l'église de Cilly et de
Saint-Pierre-au-Mont (1245)
Evrard, chapelain de Coucy (1247)
Gui de Basenville, maître de la milice du Temple (1250)
Renaud, seigneur et curé de Chermizy et de Malmaison,
doyen de chrétienté de
Bruyères (1252)
172
Barthélémy, clerc de la chapelle de la
Ville-aux-Bois (1252)
Baudouin, clerc de Bourguignon (1269) Gobert, clerc de
Molinchart (1269) Henri, doyen de Guise (1261)
G, curé de Saint-Clément, doyen de la
chrétienté de Vervins (1261)
Jean Deleuze, écolâtre de l'église
Saint-Etienne de Troyes (1287)
Jean de Ribemont, clerc (1287) Mathieu de Ribemont, clerc
(1287) Gilles de Neuville, clerc (1287)
Jean Heliot, chanoine de l'église de
Saint-Pierre-au-Marché de Laon (1292)
Jacques, curé de Berry (1292)
Jacques, curé de Chavignon (1292)
Bon, chanoine de l'église de
Saint-Pierre-au-Marché de Laon (1292)
Jean Corbel de Laon, clerc (1292) Gobert de Trucy, clerc
(1292)
173
OFFICIERS APOSTOLIQUES Guillaume de
Crépy, notaire apostolique (1292)
OFFICIERS ROYAUX Nicolas de Loisy,
chevalier et bailli royal (1221) Mathieu de Trucy, chevalier et bailli royal
(1221) Thomas de Régny, prévôt royal et bailli de Laon
(1248) Robert de Belne, hommes du roi à Laon (1248) Gilles de
Comin, homme du roi à Laon (1248) Simon du Fossé, bailli du
Vermandois (1253) Gobert Sarrazin, châtelain de Laon et bailli du
Vermandois (1290)
PREVOTE DU LAONNOIS
Enguerrand, dit Geoffroy, prévôt de Valavergny et
du Laonnois
(1214 - 1217 - 1219 - 1223 - 1225 - 1229) Julie,
épouse de Geoffroy (1217) Gui, frère de Geoffroy (1214 -
1217)
Simon de Valavergny, écuyer et prévôt du
Laonnois, frère cadet de Jean de Valavergny,
chevalier et prévôt (1218 - 1257 - 1260 - 1293)
Marguerite, épouse de Simon (1293)
174
VIDAMIE DU LAONNOIS Gobert de Clacy, vidame
(1214 - 1218 - 1219) Gérard de Clacy, frère de Gobert et
vidame (1218 - 1219 - 1221 - 1222 - 1223 - 1230 - 1236 - 1239) Raoul de
Clacy, clerc, frère de Gobert et Gérard (1214 -1218 -
1230) Mathilde, vidamesse et mère de Gobert, Gérard et
Raoul (1214 - 1218 - 1219 - 1220 - 1230) Alard, seigneur de Chimay et
époux de Mathilde en secondes noces (1214 - 1218 -
1219) Petronille de Montmort, soeur de Gobert, Raoul et Gérard
(1218) Sarrazine de Hostel, soeur de Gobert, Raoul et Gérard
(1218) Guy de Montmort, époux de Petronille (1218) Marie,
épouse de Gobert (1218) Marie, épouse de Gérard
(1230) Gérard, fils de Gérard de Clacy, chevalier et vidame du
Laonnois (1244) Baudouin, vidame (1254 - 1260 - 1263)
Jean de Nouvion, homme de corps de Gobert de Clacy
(1218) Jean, bailli de Gérard de Clacy (1244)
COMMUNE DE LAON Guiard Corbeaux, maire
(1221) Gautier le Boucher, juré de Laon (1221) Odard de Braune,
juré (1221) Henri Vitule, juré (1221) Jean de
Bruyères, maire (1253 - 1266)
Colin, fils de Robillard Leroux (1218) Ruffus,
Barthélémy, Henri et Ludard,
frère de Colin (1218)
Guillaume Bouchet (1218)
Robert de Colligis (1221 - 1230) Guillaume de Colligis,
frère de Robert
(1221)
Thomas Bouviers (1221)
Gérard le Boucher (1226)
Pierre Sylvestre (1230)
Henri Sylvestre (1230)
Gérard de Chamouille (1230)
Bertrand de Saint-Quentin (1230)
Ebale le Boucher (1230)
Jean de Versigny (1230)
Henri de Pierrepont (1230)
Pierre Kahadin (1230)
Ernald Baselart (1230)
Evrard de Merival (1230)
Heluydis de Rozoy (1230)
Huard le Jaune (1230)
Jean de Marchais (1230)
Thorin Duval (1230)
Albéric de Remies (1230)
Arnoulf le Moullis (1230)
175
Thomas Pieds Lepreux (1230)
Adam Troche (1230)
Boidekini de Movent (1230)
Gobin le Chat (1236)
Odeline, mère de Gobin (1236)
Guillaume, père de Gobin (1236)
Marie, soeur de Gobin (1236)
Jean Tornator (1248)
Huard Golier (1248)
Huard le Camus (1248)
Raoul Dufour (1248)
Roger Dufour, frère de Raoul (1248)
Aveline, soeur de Raoul
Poncard (1248)
Mathieu Praucelle (1248)
Arnoulf l'Aquitain (1248)
Huard Dufour (1248)
Jean Dufour, son frère (1248)
Anselme l'Hôte (1248
Herbert l'Hôte, son frère (1248)
Herbin Boulet (1248)
Arnoulf Boulet, son frère (1248)
André de Quincy (1248)
Jean Doutertre (1248)
Oudard Crapin (1248)
Raoul Lemoine (1248)
Jean, homme de Gilles et Heymon de
Besny (1248)
Drouard Chasiers (1248)
Adin de Pontois (1248)
Henri Porcelet (1248)
Jean Pingres (1248)
Gérard Brasier (1248)
Thomas de Puteo (1248)
Gobert de Chailvet (1248)
Bobo de Chailvet (1248)
Gilles de Besny (1248)
Pierre Chauvel, son frère cadet (1248)
Jean Cortuis (1248)
Anselme Louvel (1248)
Fabrice de Besny (1248)
Gautier Peret (1248)
Thibault de Chalandry (1248)
Gautier Vietry (1248)
Symon de Barenton (1248)
Colard dit le Vidame (1249)
Richard la Male (1249)
Bérard le Peintre de Laon (1269)
Wede, femme de Bérard (1269)
Jean de Manloues (1290)
Jean de Tremilly (1293)
Jean de Troillet (1293)
Isabelle de Chailly, son épouse (1293)
Jean de Semilly (1298)
176
NOBLESSE URBAINE DE LAON Raoul de Sart,
châtelain (1209) Florentin de la Ville, chevalier (1216) Gautier de
Hanteuil, chevalier (1224) Pierre de la Fontaine, chevalier (1260) Pierre
le Valois, chevalier de Montreuil (1243) Jean de Sart, chevalier et
châtelain de Laon, seigneur de Marcilly (1265)
VORGES
Pierre Marlet (1217) Haudouin (1217)
Gobert (1217) Gobert Framuses (1217)
Jean Bilvet (1217) Hairic Balet (1217)
Jean Prévot (1217) Guillaume Racine (1217)
BIEVRES
Guillaume de Bièvres (1252) Raoul et Simon,
frères (1252)
Constant de Bellerive [Bièvres ?] (1252)
Ourric, chevalier (1252)
Garnier, frère d'Ourric (1252) Gaillet (1252)
Jean (1252)
Richard (1252)
LAVAL - NOUVION-LE-VINEUX - MAINMECON
Hugues de Gournai, seigneur de Nouvion, Laval et
Mainmeçon (?)
Pierre de Courtisot, chevalier et seigneur de Crandon ;
tenancier de Laval (1292)
Béatrice, épouse de Pierre (1292)
Robin de Haute-Verne, écuyer et vassal de Pierre
à Laval (1292)
Colard, châtelain de Chouilly et vassal de Pierre
à Laval (1292)
177
MARTIGNY Robert Espillars (1252) Jean de
Bruyère dit le Cordonnier (1252) Théodore Bonnevoie (1252)
CERNY
Renaud Caillou (1252) Wiard et Rolin [Bardel ?], frères
(1252)
Gautier Boulanger (1252) Jean Ruffius [Leroux] (1252)
Wiard Bardel (1252) Wiard Bardoules (1252)
Gérard le Franc (1252) Drouard de Nouvion (1252)
CHEVREGNY
Gilon dit Gros-Amis (1292) Baudet Champaigne (1292)
Perrée, épouse de Gilon (1292) Gobert Machiers
(1292)
Gérard des Bois (1292) Jean Billart (1292)
Alard Strabon (1292) Jean le Soucant (1292)
Gobin Gravier (1292) Herbert le Douclet (1292)
COLLIGIS - TRUCY - MONAMPTEUIL Gilles de
Trucy, chevalier (1239) Jean de Colligis, chevalier (1252) Droine, fils
de feux Guillaume, chevalier de Monampteuil (1248) Julie, épouse de
Droine (1248)
CHIVY Simon Oiseles (1252) Gérard
(1252) Liegard (1252)
FAUCOUCOURT - LIZY - FOUQUEROLLES - CHAILVET -
URCEL
Jean, maire de Chailvet (1215)
Jean de Marcilly, seigneur de Faucoucourt et de Woiz (1219)
Robert, maire de Marcilly (1219) Herbert, maire de Lizy (1219)
Barthélémy de Lizy, tenancier (1219) Pierre de Lizy, tenancier
(1219) Jean d'Urcel, tenancier (1219) Odon d'Urcel, tenancier (1219) Pierre de
Woiz, tenancier (1219) Guillaume de Montoir, tenancier (1219)
Jean de Montoir, tenancier (1219) Wiard de Fouquerolles,
tenancier (1219) Robert Maroie, tenancier (1219) Robert Lecos, tenancier (1219)
Herbert Dumoulin, tenancier (1219) Raoul Godard, tenancier (1219) Raoul
Gaidons, tenancier (1219)
Guillaume de Montiermont, tenancier (1219)
Wiard Sarrazin, tenancier (1219) Henri Putefins, tenancier
(1219)
Odard Cellier, tenancier (1219)
Raoul de Faucoucourt, chevalier de Marcilly et seigneur de
Faucoucourt (1265)
LANISCOURT - LES CREUTTES - BOURGUIGNON
Alisonne, fille de Thisse de Laniscourt (1269)
Raoul Patius (1269)
Thomas, juré (1269)
Gauchier de Chéry (1269)
Dudard, fils de Robert Ledoyen (1269)
Huard des Creuttes (1269)
Gilles, maire des Creuttes (1269)
Gobin, frère du maire des Creuttes (1269)
Baudoin Leroux (1269)
Huard de Bois-Roger (1269)
Adam, échevin de Bourguignon (1269)
Jean Bousses (1269)
Huard de Courdemaniche (1269)
Robert Brigaus (1269)
Robert Maires (1269)
Thierry des Baisses (1269)
Geoffroy Poce (1269)
BERTAUCOURT - DEUILLET - SERVAIS Pierre,
chevalier de Servais (1223) Jean, chevalier et seigneur de Deuillet
(1244) Gobert, écuyer de Bertaucourt, (1284)
ACHERY - MAYOT - EPUISART - BRISSAY
Anselme d'Epuisart, chevalier (1215)
Renaud, chevalier et seigneur de Faucoucourt (1284)
Clarembaud, chevalier de Mayot (1284)
Guillaume Lemoisnes, alleutier
d'Epuisart (1284)
Jean d'Achery, chevalier (1287)
179
Gérard, écuyer et prévôt d'Achery
(1289)
Jean d'Achery, chevalier (1281)
Hugues de Lier, écyuer d'Achery (1292)
Thomas de Beautor (1270)
Emeline, dame de Brissay, veuve de Baudouin, chevalier et
seigneur de Loizy (1278)
Gui, fils d'Emeline et seigneur de Loizy (1279)
Isabelle, dame de Wiège, tenancière à la
Frette et garante de la chapelle fondée par Emeline (1278)
Anselme Dubois (1278)
Dame Marie de Galardon (1278)
Jean de la Fère (1278)
Jean Oiselet de Landyfay (1278)
Gautier de Regicourt, chevalier (1278)
Jeanne, fille de Gautier (1278)
Gobert Chaurret (1278)
Robert de Mesbrecourt (1278)
Marie, dame de Dercy (1278)
DOMAINE DE POUILLY
Roger d'Acy, alleutier de Pouilly (1221)
Guillaume de Chéry, père de Roger d'Acy (1221)
Richard de Cervenay, écuyer (1250) Gui, chevalier et
frère de Richard (1250) Adam, fils de Walet (1250) Wibert dit La Vache
(1250) Jean de Suzy (1250)
Mathilde Duval, épouse de Jean de Suzy (1250)
Michel Charpentier (1250)
Adèle et Anselme Dufour (1250) Baudouin, fils de
Stéphane (1250) Thibault et Thomas Dufour (1250) Behart Dufour de
Chéry (1250) Gérard de Douai (1250) Widèle de Suzy (1250)
Rémy Dufour (1250) Raoul le Doyen (1250) Houdiard la Boileue (1250)
Gobert Currel (1250) Maire de Pouilly (1250)
181
SEIGNEURIE DE COUCY, LA FERE, MARLE &
VERVINS Enguerrand III de Coucy, comte de Roucy (1202 - 1204 - 1209
- 1214 - 1225) Enguerrand IV de Coucy (1267 - 1277 - 1278 - 1281 - 1287 -
1291) Marguerite de Coucy, d'Oisy et de Montmirail, épouse
d'Enguerrand IV (1267) Thomas de Coucy, seigneur de Vervins (1212 - 1225 -
1239 - 1245) Mathilde, épouse de Thomas de Coucy (1245) Renaud,
châtelain de Coucy (1238)
COMTE D'ANIZY Gérard, chevalier et
seigneur de Caulaincourt (1229) Baudouin de Chevregny, fils d'Hellin,
chevalier (1229) Jeanne de Caulaincourt, épouse de Baudouin de
Chevregny & soeur de Gérard de
Caulaincourt (1229)
SEIGNEURIE D'AULNOIS Raoul d'Aulnois,
chevalier (1217) Philippe, chevalier et seigneur d'Aulnois (1234 -
1250) Clémence, épouse de Philippe (1234) Hector, seigneur
d'Aulnois et fils des précédents (1234 - 1249) Cécile,
épouse d'Hector d'Aulnois (1234) Odon et Jean, frères d'Hector
(1234)
SEIGNEURIE D'AUTREMENCOURT Gautier
d'Autremencourt, chevalier (1229) Thomas, seigneur d'Autremencourt (1237)
SEIGNEURIE DE BARENTON-CEL
Gaucher de Châtillon, seigneur de Saint-Aignan-en-Berry
(1246)
Gaucher de Châtillon, châtelain de Laon, seigneur de
Barenton-Cel et connétable de
Champagne (1297)
Isabelle de Dreux, épouse de Gaucher (1297)
Jean, fils de Gaucher, chevalier, châtelain de Thorote
et seigneur d'Honnecourt et de Barenton-Cel (1301)
Clément de Choisy, bailli de Jean (1301) Guillaume
de Marcilly, écuyer (1301)
SEGNEURIE DE ROZOY Roger, seigneur de Rozoy
(1247) Aélide, épouse de Roger de Rozoy
(1247) Aélide, dame d'Audenarde et soeur de Roger de Rozoy (1268)
SEIGNEURIE DE SISSONE
Milon (1222 - 1225)
Nicolas de Loizy (1222 - 1225) Renaud Troche (1222) Thomas
Troche (1222 - 1225) Gautier (1222 - 1225)
Guillaume de Craonnelle (1222 - 1225) Gérard de
Guignicourt (1222 - 1225) Gui le Chien (1222 - 1225)
Thomas, fils du seigneur Gérard de Balaham (1222 -
1225)
182
COMTE DE ROUCY
Henri, comte de Roucy, Pierrepont et Montaigu (1260) Jeanne
de Dreux, comtesse de Roucy (1320)
SEIGNEURIE DE JUVINCOURT ET DAMMARIE
Jean de Juvincourt, chevalier, seigneur de Dammarie et fils de
feux Renaud dit le Govie,
chevalier (1248)
Bertrand de Juvincourt, chevalier, seigneur de Dammarie et
frère de Jean (1248) Gérard, chevalier et fils de Bertrand de
Juvincourt (1248) Milon, chevalier et seigneur de Soupir, Sissonne et
Dammarie (1248) Gérard, fils de Milon, chevalier et seigneur de
Dammarie (1248) Agnès de Juvincourt, dame de Besny (1269)
183
HORS-DIOCESE
ARCHECHE DE
REIMS249 Renaud [II], archevêque
(1125) Albéric [de Humbert], archevêque (1217) Guillaume [de
Joinville], archevêque (1222 - 1226) Henri [II de Dreux],
archevêque (1239) Jean [Ier de Courtenay-Champignelles],
archevêque (1267 - 1268)
Simon Pied de Loup, chanoine et official (1229) Jean de
Blois, chanoine et official (1236) Jean de Blois, chanoine et official (1240
- 1241 - 1248) Gérard de Menessis, chanoine et official (1248)
Guillaume de Chaumont, clerc de la cour ecclésiastique
de Reims (1248)
EVECHE DE SOISSONS
Jacques, évêque, cousin de Gobert, Gérard et
Raoul de Clacy, vidames du Laonnois
(1218 - 1221)
EVECHE DE BEAUVAIS
Pierre [de Dammartin], évêque (1125)
EVECHE DE CHALONS
Ebles [de Roucy], évêque (1125)
EVECHE DE SENLIS
Clarembaud, évêque (1125) Garin,
évêque (1221)
249 DESPORTES Pierre, Histoire de Reims, 1983.
184
ABBAYE SAINT-MEDARD DE SOISSONS Geoffroy,
abbé (1125) Gui, seigneur de Dercy et archidiacre (1263) Robert de
Saint-Médard, chanoine et archidiacre (1282)
COMTE DE SOISSONS
Jean, comte de Soissons (1248 - 1260 - 1262)
DIVERS
Julienne, dame de Bancigny (1228) Nicolas de Brunehaut,
fils de Julienne (1228)
Wiard de Bussel, fils du seigneur Basile (1240) Hawide,
épouse de Wiard (1240)
Jean, neveu de feu le seigneur Gautier, fondateur de la
léproserie du Vigneux (1261) Isabelle, soeur de Jean (1261)
Jeanne, cousine de Jean et Isabelle (1261)
185
Annexe n°4
Tableau analytique du Grand cartulaire de
l'évêché de
Laon
Pour la réalisation de ce tableau analytique du Grand
cartulaire de l'évêché de Laon, nous nous sommes
essentiellement basés sur l'inventaire-sommaire des archives
départementales antérieures à 1790, rédigé
par Auguste Matton, ancien directeur des Archives départementales de
l'Aisne, durant la seconde moitié du XIXe siècle.
En complément, y ont été adjoints ici
les références internes et externes des actes -
références directe ou non à des actes du Grand cartulaire
et/ou du Petit cartulaire -, la langue dans laquelle ils sont écrits,
ainsi que les mentions des différentes rubriques du cartulaire.
Pour ce faire, nous avons scindé ledit tableau en 8
colonnes dont voici les significations :
· Acte : n° d'acte dans le cartulaire
;
· G2 : références
présentes au sein du Grand cartulaire, qu'il s'agisse d'une double
transcription ou d'une simple allusion, auquel cas les n° d'acte sont
inscrits en italique ;
· G1 : références
présentes au sein du Petit cartulaire, qu'il s'agisse d'une
retranscription ou d'une simple allusion, auquel cas les n° d'acte sont en
inscrits en italique ;
· Lg : langue dans laquelle les actes sont
écrits (L = latin / F = français) ;
· Année : datation précise
ou approximative de l'acte ;
· Rubrique : rubrique inscrite au
préalable de chaque acte ;
· Emetteur(s) : entité(s)
émettrice de l'acte ;
· Contenu : teneur de l'acte
NB : les lignes à fond gris correspondent aux actes issus
du Petit cartulaire de l'évêché de Laon
186
Acte
|
G2
|
G1
|
Lg
|
Année
|
Rubrique
|
Emetteur(s)
|
Contenu
|
1
|
214
|
113
|
L
|
1190
(Messine)
|
Littera regis super
quassatione communie Laudunensis
|
Philippe Auguste
|
Pour le repos de son âme et de celle de ses parents,
l'amour de Dieu et de la Sainte-Vierge, la justice et l'avantage de son voyage
dans la Terre Sainte, de l'avis du conseil de
ses évêques et barons, ainsi qu'à
la sollicitation de l'évêque de Laon, de son chapitre, de
Michel, doyen de Meaux, et de Gilbert, supprime la commune du Laonnois,
contraire aux droits et libertés de l'église de la Sainte-Vierge
de Laon
|
2
|
|
|
L
|
1174
|
Littera domini regis cancellata
|
Louis VII
|
Accorde une institution de paix pour les domaines
épiscopaux de Mons-en-Laonnois et lieux circonsvoisins.
Le dernier mot du titre cancellata, qui signifie
rayée, biffée, indique que cette charte n'a pas été
mise à exécution ou plutôt a été
abrogée, ou ne sait aujourd'hui pour quelle cause, presqu'à sa
naissance.
|
3
|
|
126
|
L
|
1128
|
Littera regis super
institutione pacis Laudunensis
|
Louis VI
|
Donne une institution de paix aux habitants de Laon. Le
territoire de cette commune comprenait le village de Leuilly, et était
borné par la rivière d'Ardon, le bois de Breuil et le contour de
la montagne.
Y sont adjoints des règlements d'administration
à l'usage des maire et échevins de cette ville.
|
4
|
|
|
L
|
1282
|
Sentencia arbitralis domini regis
|
Philippe III
|
Sentence arbitrale sur les droits et les devoirs de la commune
de Laon et de l'évêque. Les hommes de l'évêque sont
exempts du droit d'estallage ; les hommes forains du même sont exempts du
droit de chaussée. Si ses hôtes viennent plusieurs fois la
semaine, ils ne paieront ce dernier droit qu'une seule fois. Un voleur ayant
été pris dans la censive épiscopale et privé d'une
oreille par les
maires et échevins, ceux-ci paieront l'amende
à l'évêque. Ils ne troubleront plus à l'avenir
l'évêque dans l'exercice de la justice. Si celui-ci néglige
cet exercice, les maires et jurés le mettront en demeure ; s'il laisse
passer 15 jours, ils jugeront eux-mêmes. L'évêque peut
percevoir 3 fois l'an, en présence de quelques uns des échevins,
un droit sur les chemins, sur la halle, ainsi que sur les maisons de ceux qui
exposent des marchandises en vente et qui dépendent de
|
187
|
|
|
|
|
|
|
sa justice. Les hommes de corps de l'évêque sont
affranchis de la taille communale. Les maire et jurés n'ont droit
d'amende pour les délits et les mellées que sur les personnes de
leur justice. La commune et l'évêque, dans leurs justices
respectives, peuvent faire jeter le poisson et les viandes gâtées
tout comme le vin corrompu mis en vente, régler les poids et le prix du
pain. Les forains et les
clercs délinquants sont justiciables
de l'évêque auquel la commune rendra les droits de tonlieu et
de péage usurpés
|
5
|
|
|
L
|
1283
|
Ordinatio facta quod
dominum episcopum Dolensis, dominum abbatem sancti Dyonisii
et dominum Nigelle locum tenentes domini regis
|
Évêque de Dôle ;
Mathieu, abbé de Saint- Denis ;
Simon de Clermont, seigneur de Nesle
|
Sentence arbitrale à propos des droits de
l'évêque et de ses vassaux, ainsi que de la commune : un sergent
exercera seul la justice du tonlieu et du rouage pour l'évêque.
Celui-ci pourra, dans sa justice, déléguer une personne pour
faire la visite des viandes, vin
et poissons gâtés, et faire justice
des délinquants.
La commune aura le même droit dans la sienne.
Les changes seront remis dans l'ancien état. S'il y
trop de changeurs, on en pourra réduire le nombre et déplacer
l'endroit où se fait le change.
La commune ne peut avoir de garde-vignes et moissons que dans
les limites de son territoire. Les vassaux épiscopaux jouiront de leurs
droits et libertés sous caution ou serment de leur condition.
Aimard de Reims, sergent royal, qui gardait pour
l'évêque par ordre du Roi, à cause des injures faites
à ce prélat, recevra de la commune une somme de 50 livres
|
6
|
176
|
|
L
|
1239 (Laon)
|
Carta super fidelitate qua cives
Laudunensis tenentur episcopo Laudunensis et idem
episcopus eis
|
Henri,
archevêque de Reims
|
Sentence arbitrale réglant le mode de
serment de la commune à l'évêque,
sacré à Reims
|
7
|
|
|
L
|
1180 (Senlis)
|
Carta communie de Brueriis
|
Philippe Auguste
|
Confirmation de la charte communale
octroyée par ses prédécesseurs aux
habitants de Bruyères, Chérêt, Vorges et Valbon, ainsi que
leurs dépendances, du consentement de l'évêque
Barthélémy et de Clarembaud du Bourg.
|
188
|
|
|
|
|
|
|
Cette charte a été instituée à
l'instar de celle de Laon. Les habitants de cette commune s'imposèrent
l'obligation de payer annuellement au roi 20 livres de bonne monnaie,
partagé en tiers le roi, l'évêque et Clarembaud du
Bourg.
|
8
|
|
127
128
|
L
|
1196 (Villers- Cotterêt)
|
Carta communie de Crandelin
|
Philippe Auguste
|
Confirmation de la charte communale
octroyée aux habitants de Crandelain, Trucy,
Courteçon, Malval, Colligis et Lierval, à la demande Nicolas,
abbé du monastère de Saint-Jean de Laon.
|
9
|
|
|
L
|
1280
|
Carta super esbonnatione territorii sancti Vincencii et
episcopatus Laudunensis
|
Évêque Guillaume
|
Accord pour la démarcation de domaines respectifs de
l'évêque de Laon et de Gui, abbé de Saint-Vincent, de leurs
censives ainsi que du règlement de leurs droits et de ceux de leurs
vassaux.
|
10
|
|
|
L
|
1280 (juin)
|
Carta super esbonnatione territorii
sancti Vicencii et territorii episcopatus Laudunensis
|
Philippe III
|
Confirmation
|
11
|
|
|
L
|
1277 (mars)
|
Carta quod dominus de Couci non habet justiciam
neque garennata apud Versigni
|
Philippe III
|
Enguerrand de Coucy a eu tort de faire incarcérer Jean
Tartarin, homme de corps de l'évêché et habitant des terres
épiscopales de Versigny ; indique aussi n'y avoir aucun droit de
garenne
|
12
|
62
|
|
L
|
1241
(novembre)
|
Carta domini regis pro episcopo Laudunenso
super pace sancta inter ipsium episcopum et majorem
et juratas Laudunensis
|
Louis IX
|
Droits de cambage, de tonlieu, de lardage, de rouage, de
lardage et d'emplacement du beffroi demeurent à la commune ; justice
à l'évêque.
Partage des amendes
|
13
|
53
|
|
L
|
1282 (mars)
|
Carta quod homines episcopi sunt immunes
a Calceya, a Brueriis et de Vorges
|
Philippe III
|
Hommes de corps de l'évêque ne doivent point de
droit de chaussée à Bruyères et Vorges
|
189
14
|
|
|
L
|
1282 (mars)
|
Littera quod custodes garennarum episcopi
possunt de ferre arma apparenter
|
Philippe III
|
Les sergents et garde-bois de l'évêque
détinenent le droit de port d'armes à Laon
|
15
|
|
|
L
|
1269 (mars)
|
Littera quod qui tenent decimas a rege
immediate seu mediate quod eas ipso inrequisitio possit dare vel
vendere ecclesiis
|
Louis IX
|
Possibilité apportée aux laïques de donner
ou vendre sans agrément royal aux églises les dîmes de la
mouvance qu'il possède
|
16
|
|
|
L
|
1263
|
Littera regis pro domo de Marchais
|
Louis IX
|
Enjoint à l'abbaye de Valroi de cesser après an
et jour la possession d'une maison sise à Marchais, revendiquée
par l'évêque Garnier
|
17
|
|
|
L
|
1260 (mercredi après la fête de Saint- Nicolas
d'hiver)
|
Littera quod comes de Roci facit tota homagia pro
totis feodis de Petriponte et Monte Acuto et Sisson
|
Clément, archidiacre de l'église de Laon ;
Guillaume, chantre de la même église ;
Baudouin de Clacy, vidame du Laonnois ;
Simon de Valavergny, prévôt du Laonnois
|
Sentence arbitrale : le comte de Roucy doit rendre deux fois
hommage à l'évêque pour ses châtellenies de
Pierrepont et Montaigu
|
18
|
234
|
|
L
|
1266 (juin)
|
Littera compositionis facte a
episcopo Laudunensis majoris et juratis Laudunensis super
pugneiis, joloneis et quibusdam aliis -- - curie
ducatus
|
Jean, dit de Bruyères, maire de la commune de Laon ;
Jurés de Laon
|
Reconnaissent que l'évêque leur a
abandonné moyennant somme de 1000 livres tournois les
droits qu'il réclamait sur les poireaux, choux, oignons, noix
|
19
|
237
167
|
|
L
|
1247 (samedi après les
|
Carte venditionis facte a domino de Roseto,
de
|
Roger, seigneur de Rozoy
|
Roger vends à l'évêque ses biens sis
à Martigny, Bruyères, Montbéraut, Vorges, Chéret et
Cherequel, consistant en dîmes,
|
190
|
|
|
|
octaves de la Nativité de la Sainte- Vierge)
|
Martigniaco et de Brueriis et de Vorges et
de Cheire et Cherequel episcopo Laudunensis
|
|
vinages, rentes, moyennant 1820 livres
parisis payés comptant
|
20
|
|
|
L
|
1250
(Jeudi, après l'Épiphanie - janvier)
|
Littere Templi super molendino de Poilliaco
|
Guy de Basenville, maître de la milice du Temple
|
Guy abandonne à l'évêque une maison, un
moulin et ses dépendances à Pouilly, ainsi que 7 faulx de
prés sis au-delà de ce moulin et la moitié d'un bois,
territoire de Sart, au-dessus de ce moulin, moyennant rente annuelle de 20
muids de blé tierçain, bon, loyal et mangeable, à la
mesure de Laon, 20 jours après Noël, en la grange dudit
évêque ou à Pouilly
|
21
|
|
20
16
|
L
|
1204 (avril)
|
Littera domini Ingelranni
super intercessunt hominum suorum et hominum Laudunensis
per Mariragium solum
|
Enguerrand de Coucy
|
Reconnaît que les hommes de corps de ses domaines et des
domaines épiscopaux ne peuvent venir à demeure de ces domaines
respectifs que par mariage
|
22
|
|
|
L
|
1225 (juin)
|
Littera domini Ingelranni quod tenet
totam theotunicam villam de Sissonia in feodus
ab episcopo Laudunensis
|
Enguerrand de Coucy
|
Reconnaît qu'il est homme lige de l'évêque
pour sa ville teutonique de Sissonne et des fiefs relevant de Sissonne
|
23
|
|
21
|
L
|
1202
|
Littera Ingelranni quod concessitur ei episcopi
tres carrutatas terre sub annua pensione quatuor modiis
bladi mediocris
|
Enguerrand de Coucy
|
Reconnaît que l'évêque lui a
cédé 3 charrues de terres contenant chacune 12 muids à la
mesure de Laon, à prendre dans le bois de Tranloy moyennant une
redevance annuelle de 4 muids de blé portable à Versigny dans la
maison du maire le jour ou lendemain de la St-Martin
|
24
|
|
|
L
|
1158
|
Deliberitate episcopalis domus et aliarum
rerum
|
Louis VII
|
A la prière de l'évêque Gautier de
Mortagne, exempte l'évêché du droit de régale
certains
biens de l'évêché acquis par
l'évêque Guillaume
|
25
|
|
11
|
L
|
1218 (juin)
|
Littera super venditione quatuor villarum
|
Gobert de Clacy, vidame du Laonnois
|
Vend à l'évêque ce qu'il possède
comme
vidame à Anizy, Septvaux, Pouilly et Versigny
moyennant 600 livres provins
|
191
|
|
|
|
|
scilicet Anisi, Poelli, Sexvaus, Vercegni,
facta vicedomino Laudinesii episcopo Laudinensis
|
|
|
26
|
|
12
|
L
|
1218
|
Confirmatio super dicitur venditione IIII
villarum scilicet Anisi, Poelli, Sexvax, Versigni, facta
a vicedomino Laudunesii episcopo Laudunensis
|
Philippe Auguste
|
Ratifie vente définitive des domaines
d'Anizy, Pouilly, Septvaux et Versigny faite par Gobert,
vidame et seigneur de Clacy, à l'évêque Anselme
|
27
|
|
|
L
|
1281
|
Littera quod captiones facte a domino de Couci et in terra
sua seu nemoribus contra
episcopum Laudunensis quod recredencie fient per manum
regis
|
Philippe III
|
Constate que sa cour a décidé que
évêque de Laon avait recréance par la main royale des
délits commis par les gens dudit évêque dans les bois
d'Enguerrand de Coucy
|
27 bis
|
|
|
L
|
1244 (octobre)
|
Carta domini de Dueillet super quitatione nemoris
de Tranloi quam fecit episcopo Laudunensis
|
Jean, chevalier de Deuillet
|
Reconnaît qu'il a eu tort de considérer comme lui
appartenant 22 jalois de bois en la forêt de Tranloy, vers Effecourt
|
28
|
|
|
L
|
1261 (mars)
|
Littera abbatis Vallclare
quod episcopus Laudunensis retinet omnem justitiam in domo quam
hanc Lauduni
|
Pons, abbé de Vauclair
|
Reconnait que l'évêque a tout droit de justice en
une maison acquise à Laon, paroisse Sainte-Benoîte, et qu'ils ne
peuvent y établir
soit une chapelle soit une église
sans l'autorisation dudit évêque
|
29
|
|
45
|
L
|
1125
|
Quassatio Vicedominatus
|
Louis VI
|
Unit à l'évêché de Laon les offices
onéreux de vidame et de prévôt du Laonnois sous la
condition expresse qu'ils ne seront jamais aliénés
|
192
30
|
|
|
L
|
1257 (octobre)
|
Littera arbitrorum de compositione inter episcopum
Laudunensis et
capitulum
|
Clément, archidiacre de l'église de Laon ;
Guillaume le
|
Sentence arbitrale concernant les droits de justice respectifs
du chapitre cathédral et de l'évêque à
Mons-en-Laonnois, ainsi que les droits de leurs vassaux de prendre des feuilles
et des pierres, et de faire pâturer leurs bêtes
|
|
|
|
|
|
|
Gallois, ancien ;
|
|
|
|
|
|
|
|
Gilles Lisiard, chanoine ;
|
|
|
|
|
|
|
|
Pierre de Sens, dit le Petit, chanoine
|
|
31
|
|
|
F
|
1287
|
Littera ex
|
Jean d'Achery
|
Abandonne à l'évêque son droit sur le
pré de
|
|
|
|
|
(Mercredi avant fête de Saint-Luc,
évangéliste)
|
Jehannes de Acheri quitavit episcopo totum jus
quod habebat vel habere potavit in prato
|
|
Girondele et de la rivière qui l'avoisine, vers les
pâtures d'Achery
|
|
|
|
|
|
Girondele
|
|
|
32
|
63
|
24
|
L
|
1214 (juillet)
|
Littera quod Ingelrannus de
|
Enguerrand de Coucy
|
Garantie à l'évêque le respect des anciens
droits d'entrecours de ses domaines à ceux
|
|
175
|
|
|
|
Couci recognovit
|
|
dudit évêque, et la part de la forêt de
|
|
180
|
132
|
|
|
episcopo
|
|
Ronceloi attribuée au même par l'évêque
de
|
|
205
|
|
|
|
Laudunensis
|
|
Beauvais et le comte de St-Paul ;
|
|
246
|
|
|
|
intercursum terre sue ad sicut
ipsius episcopi
|
|
Promet en outre de ne contraindre à la
chevauchée et au service militaire que ses vassaux de Nouvion-le-Vineux,
Laval et
|
|
|
|
|
|
Laudunensis
|
|
Mainmençon, ainsi que de s'émender sous la
garantie de ses biens en cas de contravention
|
33
|
|
25
|
L
|
1219 (avril)
|
Littera quod Guobertus vicedominus
|
Gobert, vidame
|
Inquiété par l'évêque, avoue qu'il
n'a ni command ni droit sur les commands dans les domaines épiscopaux
;
|
|
|
|
|
|
Laudunesii recogno inter episcopo
|
|
En outre il est émendé devant ses pairs
|
|
|
|
|
|
Laudunensis quod in comitatis hominibus nullum jus
habebat et quod de hiis fecit emendati ipsi episcopo
|
|
|
193
34
|
45
|
27
|
L
|
1219 (mai)
|
Litterere quod
|
Gobert,
|
Atteste que l'évêque à ajourné
à Noël sa
|
|
49
|
|
|
|
Guobertus
|
vidame
|
décision pour déclarer le droit qu'il aurait
|
|
72
|
|
|
|
vicedominus
|
|
dans les garennes du Laonnois
|
|
95
|
|
|
|
Laudunesii
|
|
|
|
134
|
|
|
|
vendidit penitus et
|
|
|
|
145
|
|
|
|
quitavit episcopo
|
|
|
|
|
|
|
|
Laudunensis quicquid juris habebat
in waranna
|
|
|
|
|
|
|
|
Laudunesii
|
|
|
35
|
|
28
|
L
|
1218 (juillet)
|
Littera Guoberti super
|
Gobert, vidame
|
S'accorde avec ledit évêque (cf ch.11 & 12
PC)
|
|
|
11
|
|
|
conventionis et
|
|
|
|
|
12
|
|
|
super omnibus qui habebat in vicedominatu
|
|
|
|
|
|
|
|
Laudunesii
|
|
|
36
|
|
29
|
L
|
1218
(décembre)
|
Littera domini regis quod
|
Gobert, vidame
|
idem
|
|
|
|
|
|
Guobertus de Claci fecit conventionem cum
episcopo
|
|
|
|
|
|
|
|
Laudunensis super omnibusque habebat
in vicedominicatu
|
|
|
|
|
|
|
|
Laudunesii
|
|
|
37
|
|
30
|
L
|
1214
|
De forma compositionis inter episcopum
|
Gobert, vidame
|
Transige avec l'évêque au sujet des droits de
vidamie du Laonnois pour la durée de l'épiscopat de
l'évêque Robert
|
|
|
|
|
|
Laudunensis et
|
|
|
|
|
|
|
|
Gobertum
|
|
|
|
|
|
|
|
Laudunesii vicedomini
super captionibus, exactionibus et aliis
|
|
|
38
|
74
|
31
|
L
|
1219 (avril)
|
Littera
quod Gobertus vicedominus Laudunesii recognovit episcopo Laudunensis
se nullum jus habere in hominibus
|
A., doyen ;
Helluin, archidiacre ;
R., chantre église de Laon ;
|
Reconnaissance de la vente faite par Gobert, vidame, des
domaines d'Anizy, Septvaux, Pouilly et Versigny, conforme à l'aveu dudit
Gobert
|
194
|
|
|
|
|
comitatis
|
[pairs de Gobert]
|
|
39
|
163
|
32
|
L
|
1219
(décembre)
|
Littera quod Gobertus vicedominus Laudunesii
nec heredes suus non possit mutare aliquae de servibus suis
nisi de assensu episcopi Laudunensis
|
Gobert, vidame
|
Reconnaît qu'il ne peut changer son prévôt
et ses 4 sergents de la vidamie sans permission de l'évêque
|
40
|
|
|
L
|
1221
|
Littera super venditione quatuor villarum scilicet
Anisi, Pooilli, Sexvaux, Vercigni quam fecit G[obertus] dominus de
Claci episcopo Laudunensis
|
Gérard de Clacy, vidame du Laonnois
|
Approbation de la vente faite par Gobert, vidame, son
frère, à Anselme de ce qu'il possédait comme vidame
à Anizy, Pouilly, Septvaux et Versigny
|
41
|
|
|
L
|
1221
|
Littera episcopi Suessonensis super
venditione quatuor villarum scilicet Anisi, Poilli, Sesvax
et Vercigny et dominatus quam fecit
vicedominus episcopo Laudunensis
|
Jacques, évêque de Soissons
|
Approbation de la vente faite par Gobert, vidame, son cousin,
à Anselme de ce qu'il possédait comme vidame à Anizy,
Pouilly, Septvaux et Versigny
|
42
|
|
39
|
L
|
1222 (mai)
|
Littera
quod Girardus vicedominus Laudunesii episcopum Laudunensis
de quintus modiis bladis
|
Gérard de Clacy, vidame
|
Rédime l'évêque, moyennant 60 livres
monnaie de Provins, d'une rente de 5 muids de blé
mesure de Laon
|
43
|
|
|
L
|
1223 (janvier, vigile de Saint-Rémy & Saint-
|
Littera quod G[irardus] vicedominus Laudunesii
emandavit
|
Divers
chanoines de Laon
|
Attestent que Gérard de Clacy, cité au chapitre
parce qu'il n'avait point rendu à la demande de l'évêque
divers prisonniers détenus à Mons, s'est amendé
|
195
|
|
|
|
Hilaire
|
Garnero canonicum et officum Laudunensis
quod non reddidat prisonarios de Laudunesii
|
|
|
44
|
|
41
|
L
|
1218 (mai)
|
De compositione vicedominatus Laudinesii
|
Alard,
seigneur de Chimay ;
|
Cèdent à l'évêque, la vie de ce
dernier durant et celle de ladite Mathilde, leur part des extrahières et
tailles de la vidamie du
|
|
|
|
|
|
|
Mathilde, vidamesse du
|
Laonnois, moyennant 120 livres et 100 sous parisis
|
|
|
|
|
|
|
Laonnois, mère de
|
|
|
|
|
|
|
|
Gobert et
|
|
|
|
|
|
|
|
Gérard, épouse d'Alard
|
|
45
|
72
|
42
|
L
|
1218 (mai)
|
Littere Alardi et Mathilidus uxore
|
idem
|
Et en outre, cèdent leur part éventuelle de
droits sur les garennes du Laonnois pour le
|
|
34
|
|
|
|
sue super waranni
|
|
même laps de temps
|
|
49
|
|
|
|
Laudunesii
|
|
|
|
95
|
|
|
|
|
|
|
|
134
|
|
|
|
|
|
|
|
145
|
|
|
|
|
|
|
46
|
106
|
43
|
L
|
1220 (février)
|
Littera quod Mathilidis vicedomina
|
Mathilde, vidamesse
|
Abandonne à l'évêque ses droits
d'extraière dus à cause de la terre d'Herbert de Lizy, sous
l'épiscopat de Robert
|
|
|
|
|
|
Laudunesii quitavit episcopo
|
|
|
|
|
|
|
|
Laudunensis
totam partem suam extraherie de terra Roberti
|
|
|
47
|
100
|
44
|
L
|
1218 (mai - lendemain de Cantate)
|
Et
episcopam Laudunensis littera compositionis vicedominicatu inter
Alardum de
|
Alard de Chimay
|
Ratifie l'accord qu'il a fait avec évêque
Anselme, par l'intermédiaire de son frère, trésorier de
Laon, Henri Putefins, chevalier, et Ivon Leroux, citoyen de Laon
|
|
|
|
|
|
Cimai
|
|
|
48
|
267
|
46
|
L
|
1218 (juillet)
|
Littera quod G[obertus] domino de
Claci emandavit episcopo
|
Gobert, vidame
|
Promet de ne plus porter atteinte aux droits de
l'évêque et à ne plus inquiéter les vassaux de ce
dernier
|
|
|
|
|
|
Laudunensis hoc
|
|
|
196
|
|
|
|
|
quod venatus fuit in waranna sua et milita
alia
|
|
|
49
|
34 45 72 95 134 145
|
47
|
L
|
1218
(novembre)
|
Littera Goberti vicedomini super venditione
et quitatione waranne Laudunesii
|
Gobert, vidame
|
Renonce à ses droits sur les garennes du Laonnois
durant l'épiscopat de l'évêque Anselme
|
50
|
|
48
|
L
|
1229
(décembre)
|
Littera super venditione quam fecit Balduinus
de Chevregni episcopo Laudunensis de hiis quod habebat apud
Anisiacum
|
Gérard, chevalier et seigneur de Caulaincourt
|
Ratifie comme suzerain la vente faite à Anselme par
Baudouin de Chevregny, fils d'Hellin, chevalier, et de Jeanne, sa femme, de
rentes en argent, chapons, avoine, et de droits de justice.
Abandonne en outre ses droits de suzeraineté sur les
biens vendus
|
51
|
|
49
|
L
|
1229 (samedi avant St- Martin)
|
Littera curie Remensis super eo quod Balduinus
de Chevregni vendidit episcopo Laudunensis quod habebat
apud Anisi
|
Simon Pied de Loup, chanoine et official de Reims
|
Relate cette vente faite pour satisfaire des
créanciers. Comprend une rente de 15 muids
d'avoine à la mesure d'Anizy, de 120 chapons, de 15
sous, de domaine avec droits de justice à Anizy
|
52
|
|
50
|
L
|
1229
(novembre)
|
Littere abbatum Laudunensis super venditione rerum
Balduini de Chevregni existencium apud Anisi
|
Jean, abbé de St-Vincent ;
Robert, abbé de Saint-Jean de Laon
|
Donnent une reconnaissance de cette vente et de la
ratification précédente
|
53
|
13
|
|
L
|
1282 (mars)
|
Carta quod homines episcopi Laudunensis
si capiantur apud Bruerias debent sibi remitti etiam si in
presenti melleia capiantur
|
Philippe III
|
Hommes de corps de l'évêque ne doivent point de
droit de chaussée à Bruyères et Vorges
|
54
|
268
|
51
|
L
|
1219 (avril)
|
Littera Gaufridi quod quitavit
episcopo Laudunensis partem quam
|
Geoffroy, prévôt du Laonnois
|
Renonce en faveur d'Anselme à sa part des droits
d'extrahière d'Herbert de Lizy
|
197
|
|
|
|
|
retinverat in extraheria Roberti de Lisiaco
|
|
|
55
|
|
52
|
L
|
1217 (lendemain conversion de St-Paul)
|
Carta quod Ingelrannis dictus Gauffridus
non potest mutare servientes suos sine assensu et voluntate
episcopi Laudunensis
|
idem
|
Reconnaît qu'il ne peut nommer ou révoquer ses
sergents du Laonnois sans l'exprese consentement de l'évêque, et
que s'il a remplacé son sergent Renier par Robert, c'est
à sa sollicitation vers Anselme et du consentement
de celui-ci
|
56
|
103
|
53
|
L
|
1225 (mai)
|
Carta quod Ingelrannis
tenebatur ire in
exercitus episcopi
Laudunensis cum expensis suis
|
idem
|
Déclare que si l'évêque Anselme l'a
conduit à ses frais aux armées de La Rochelle et de Flandre,
c'est sans tirer à conséquence pour leurs droits respectifs
|
57
|
270
|
54
|
L
|
1217 (lendemain de la conversion de St-Paul)
|
Carta quod prepositus Laudunesii non potest
mutare servientes suos sine consensu episcopi
|
Robert Balbe ; Enguerrand ; Hubert ; Simon Ladoues ; Henri de
Paris Thorin, chanoines de Laon
Garnier, official ;
Jean,
chapelain ;
Alelme, chapelain de Saint-Nicolas
|
Attestent qu'Enguerrand, dit Geoffroy,
prévôt, se trouvant dans la chambre de
l'évêque en son palais, a reconnu que l'évêque
l'avait autorisé à remplacer Renier par Robert en qualité
de l'un de ses sergents libres, sans constituer un service spécial dudit
Geoffroy
|
58
|
147
|
55
|
L
|
1217 (lendemain conversion de St-Paul)
|
Littera
quod Gauffridus emandavit episcopo Laudunensis quod ceperat
homines ipsius episcopi et compulerat ad redemptione
|
Geoffroy, prévôt
|
S'amende à l'occasion de la prise de sergents libres
épiscopaux, et reconnaît qu'il ne peut instituer ou
révoquer aucun sergent que du consentement dudit évêque
|
198
59
|
272
|
56
|
L
|
1223 (mai)
|
Carta quod Ingelrannis domum suam de Vallavergni
posuit in feodum domini episcopi Laudunensis et quod ei
fecit homagium de ea
|
idem
|
Consent à unir son manoir de Valavergny à la
prévôté du Laonnois pour n'en constituer qu'un seul fief
vassal de l'évêché ;
Renonce à des droits de terrage
qu'il réclamait dans les domaines épiscopaux, et abandonne
à Anselme ses droits de garenne tant que celui-ci sera
évêque
|
60
|
257
|
57
|
L
|
1217
(décembre)
|
De compositione inter Ingelrannum
|
A., archevêque de Reims
|
Relate une transaction intervenue entre
l'évêque Anselme et Geoffroy.
|
|
133
|
|
|
|
et episcopum
|
|
Ce dernier conservera son héritage et ses
|
|
161
|
|
|
|
Laudunensis
|
|
rentes, sa part des droits d'amendes
|
|
170
|
|
|
|
super captionibus exactionibus et aliis
|
|
consistant en 2 sous et demi sur 22 et demi, une rente de 50
livres parisis exigible à Noël ;
|
|
|
|
|
|
|
|
L'évêque pourra faire remise des amendes.
|
|
|
|
|
|
|
|
Cette transaction recevra son effet pendant toute la
durée de l'épiscopat d'Anselme
|
61
|
|
9
|
L
|
1267
(novembre)
|
Littera regis
super
confirmatione venditionis de
Laval
|
Louis IX
|
Approuve la vente faite par Enguerrand de Coucy à
l'évêché de ce qu'il possède à Laval et
Nouvion.
Exige aussi que ces biens tombent en régale en cas de
vacance du siège de Laon
|
62
|
12
|
|
L
|
1267 (mars
|
Littera super scambio,
|
Louis IX
|
Approbation et confirmation de l'acte n°12 (1241) :
|
|
|
|
|
|
theloneo, rotagio, salagio, lardario et
super quadraginta debentur episcopo
|
|
Droits de cambage, de tonlieu, de lardage, de rouage, de
lardage et d'emplacement du beffroi demeurent à la commune ; justice
à l'évêque.
Partage des amendes
|
|
|
|
|
|
Laudunensis
|
|
|
63
|
32
|
24
|
L
|
1214 (juillet)
|
Litterae domini Ingelranni super
|
Enguerrand de Coucy
|
Garantit à l'évêque le respect des anciens
droits d'entrecours de ses domaines à ceux
|
|
175
|
|
|
|
recognatione
|
|
dudit évêque, ainsi que la part de la forêt
de
|
|
180
|
|
|
|
facta de
|
|
Ronceloi attribuée au même par l'évêque
de
|
|
205
|
|
|
|
intercessum terre
|
|
Beauvais et le comte de St-Paul.
|
|
246
|
|
|
|
sue et
Laudunensii
|
|
Promet en outre de ne contraindre à la
chevauchée & au service militaire que ses vassaux de
Nouvion-le-Vineux, Laval et
|
|
|
|
|
|
|
|
Mainmençon , ainsi que de s'émender sous
la garantie de ses biens en cas de contravention
|
64
|
|
134
|
L
|
1258 (juin)
|
Littera comitis Suessonis quod ipse non retineat homines
episcopi
|
Jean, comte de Soissons
|
Promet de ne pas s'emparer des biens des taillables et hommes
de corps des domaines épiscopaux retirés sur ses terres
|
199
|
|
|
|
|
et de extraheriis eorum
|
|
|
65
|
243
|
|
L
|
1232 (janvier)
|
Littere regis super absolutione major et
jurati Laudunensis
pro hominibus episcopi M°CC°XXXII°
|
Louis IX
|
Relate l'accord passé entre l'évêque et la
commune au sujet d'hommes de l'évêque qu'elle avait fait
incarcérer.
La commune promet d'obéir désormais aux
mandements de l'évêque comme à ceux de l'église et
de payer.
Par suite de cette soumission, l'évêque a
levé l'excommunication lancée contre les maire et jurés,
de même que l'interdit sur la ville, qui paiera les frais
occasionnés par cette incarcération
|
66
|
263
|
|
L
|
1229 (janvier)
|
Littere regis super compositione facta
inter episcopum Laudunensis et Galterum de Ostremencort
|
Louis IX
|
Relate l'accord conclu entre l'évêque de
laon et Gautier, chevalier et seigneur d'Autremencourt,
où Gautier qui, pour avoir fait injustement la guerre audit
évêque, s'être livré à des voies de fait
contre ses hommes,
prêtres et clercs, avait été bannis
du royaume, s'était avisé de revenir malgré
bannissement et, pour ce fait, avait été incarcéré.
Sorti de prison, Gautier était venu devant le roi et avait promis sous
caution de bien se comporter, ainsi que d'abandonner sa terre à
l'évêque dans le cas contraire, sans aucun recours, et de rester
banni
|
67
|
|
|
L
|
1215
(novembre)
|
Littera Ingelranni thesaurus Laudunensis
de molendino de Aile
|
Anselme del Puisat
(d'Epuisart)
|
Enguerrand, trésorier du chapitre, atteste qu'Anselme a
cédé à Jean, maire de Chailvet, moyennant rente de 6 muids
de blé et de 20 anguilles, le moulin de Chailvet dans la censive dudit
trésorier.
1/12e des revenus de ce moulin appartient à
la cathédrale et l'abbaye de Montreuil
|
68
|
|
|
L
|
1129
(12 des calendes de mars)
|
Carta Ludovici regi super eo quod
concessit terciam partem viginti libros bone monere quas habebat
in homines de Brueriis et de aliis quibusdam quae
habet episcopus apud Bruerus
|
Louis VI
|
Louis VI, se trouvant à laon, donne à
l'évêque Barthélémy le tiers d'une rente de 20
livres que lui doivent les habitants de Bruyères et de Vorges pour
l'institution communale.
Donne en outre au chapitre une somme de 100 sous provins
|
200
69
|
|
|
L
|
1268 (Octobre - vendredi avant Toussaint)
|
Littera redemptionis census de
domo magister Hermaldi
|
Maître, frères & soeurs de la maison de
Saint-Lazare de Laon
|
Donnent à l'évêque un surcens de 10 sous
parisis affecté sur une maison à Laon, face à
l'église Sainte-Geneviève, en échange d'une maison qu'il
avait fait construire dans le pourpis de ladite maladrerie
|
70
|
|
|
L
|
1226 (avril)
|
Littera de capellania de Nouviant in domo domini
que est de collatione episcopi
|
Florentin de Ville, chevalier
|
Augmente d'une rente de 10 livres
laonnoises, de 2 chapons, de 4 muids de terre et d'un
ménage, affectés sur ses revenus de Nouvion, revenu de ladite
chapelle, fondée par le legs de Mathilde de Molinchart, femme de
Geoffroi de Brouce, et dont
|
|
|
|
|
|
|
|
Gautier, chapelain de La Fère, a été
pourvu de ce bénéfice par l'évêque, sur instances du
donateur
|
71
|
|
|
L
|
1263
(6e férie avant la Saint-
|
Ad quidenam pasche est dies inter
dominum episcopum
|
Baudouin, vidame du Laonnois
|
Promet de s'en rapporter à l'arbitrage de Guy, seigneur
de Dercy, archidiacre de Soissons, et de Pierre Petit, chanoine de Laon, pour
juger ses différents avec l'évêque.
|
|
|
|
|
Thomas, apôtre)
|
Laudunensis et vite dominum apud Montes
|
|
En cas de désaccord entre ces arbitres, Michel de La
Fère, chanoine de Soissons, apportera une solution définitive
|
72
|
45
|
42
|
L
|
1218 (mai)
|
Littere Alardi et Mathildis uxoris
|
Alard,
seigneur de
|
Cèdent à l'évêque, la vie de ce
dernier durant
et celle de ladite Mathilde, leur part
|
|
34
|
|
|
|
sue super
|
Chimay ;
|
éventuelle de droits sur les garennes du
|
|
49
|
|
|
|
warranam
|
|
Laonnois pour le même laps de temps
|
|
95
|
|
|
|
|
Mathilde, son
|
|
|
134
|
|
|
|
|
épouse
|
|
|
145
|
|
|
|
|
|
|
73
|
|
|
L
|
1248 (aout)
|
Littera curie
|
Jean de Blois
|
Attestent que l'abbaye de Saint-Thierry de
|
|
|
|
|
|
Remensis de feodo quod dominus Johannes de
|
& Gérard de Mennessis, chanoines & officiaux de
|
Reims a réglé par voie d'échange et
autrement ses différends avec Jean et Bertrand de
Juvincourt, chevaliers, quant à la propriété de biens
à Dammarie
|
|
|
|
|
|
Gevincort miles tenet ab episcopo
|
Reims
|
|
|
|
|
|
|
Laudunensis
|
|
|
74
|
38
|
31
|
L
|
1219 (avril)
|
Littera super commandatis non hominibus
a vicedomino
|
A., doyen ;
Helluin, archidiacre ;
|
Reconnaissance de la vente faite par Gobert, vidame, des
domaines d'Anizy, Septvaux, Pouilly et Versigny, conforme à l'aveu dudit
Gobert
|
|
|
|
|
|
|
R., chantre église de
|
|
|
|
|
|
|
|
Laon ;
|
|
|
|
|
|
|
|
[pairs de
|
|
|
|
|
|
|
|
Gobert]
|
|
201
75
|
|
66
67
|
L
|
1222 (février)
|
Littera archiepiscopi Remensis super feodo de
Sessonia
|
Guillaume, archevêque de Reims et légat du
Saint-Siège
|
Relate que Milon, seigneur de Sissonne, met sous
suzeraineté de l'évêque Anselme, toute
sa ville teutonique de Sissonne, qui possédait en
alleu, sous réserve des aubains. Il sera homme dudit évêque
après seigneur de Montcornet
|
76
|
20
|
|
L
|
1250 (Janvier, jeudi après Épiphanie)
|
Carta Templi super molendino de Pooli
|
Gui de Basenville, maître de la milice du Temple
|
Promet de faire promettre au roi, lorsqu'il sera de retour en
France, si toutefois il revient, et, s'il ne peut revenir, par son successeur,
l'accord intervenu entre lui et l'évêque, sur le moulin de Pouilly
et ses dépendances
|
77
|
|
|
L
|
1269 (février)
|
Littera venditionis VII modiorum et sextarum
vinagii a Bernardo pictore
de Laudunensis episcopo Laudunensis
|
Bérard Le Peintre, de Laon ;
Wede, sa femme
|
Vendent à l'évêque, pour 15 livres
parisis, une rente de 7 muids 6 setiers moins un lot de vin de vinage exigible
à la fête de la Saint-Martin d'hiver, d'une multitude de personnes
indiqués
|
78
|
|
|
L
|
1260 (aout)
|
Quod liceat nobis rehabere feodum G[uidonis]
de Vendolio
|
G., doyen du chapitre de Laon
|
Autorisent le rachat par l'évêque, moyennant 55
livres parisis, de 13 muids moins 2 setier de vinage à Merlieux,
légués par Gui de Vendeuil, chanoine audit chapitre
|
79
|
|
|
L
|
1240 (Mai - dimanche où l'on chante Cantate)
|
Carta super quitatione facta Odardo Mailart
de Montibus
|
Jean de Blois, chanoine & official de Reims
|
Atteste que Wiard de Bussel, du
consentement d'Hawide, sa femme, a donné en
aumône à l'évêque de Laon et à ses
successeurs, tous ses droits sur Odard Maillard de Mons
|
80
|
|
107
|
L
|
1222 (février)
|
Littera super illud quod dominus de Clacio tenet
illud quod habet in Laudunesio ab episcopo Laudunensis
|
Gérard de Clacy, vidame
|
Met sous la suzeraineté de l'évêque et ses
successeurs, son fief du Laonnois qui ne relevait que de Dieu.
N'excepte de cette suzeraineté que son domaine en la
banlieue de Laon
|
81
|
|
|
L
|
1223 (octobre)
|
Littera vicedomini quod ad manditum episcopi
et suorum facit violencias et capit pignora
|
Gérard de Clacy, vidame
|
Reconnaît que sur les mandements de
l'évêque, il est chargé du recouvrement des tailles et des
revenus du Laonnois, même par contrainte et prise de gages qui sont
gardés jusqu'à parfait paiement
|
82
|
|
|
L
|
1285 (aout)
|
Littera ne aliqui quicumque sint presumat
deferre
|
Mathieu, abbé de Saint- Denis ;
|
A l'occasion de troubles entre l'évêque et la
commune, défendent à toute personne, notamment aux sergents
épiscopaux et
|
202
|
|
|
|
|
arma per civitatem et pacem Laudunesi
|
Simon de Nesle, lieutenant du Roi de France
|
communaux, de porter les armes, sous toute réserve des
droits de l'évêque et de la commune
|
83
|
|
|
L
|
1222 (février)
|
Littera quod murus refectorii Laudunensis
est episcopi
|
A., doyen du chapitre de Laon
|
Reconnaissent que le mur sur lequel ils ont fait construire
leur réfectoire appartient à l'évêque
|
84
|
|
|
L
|
1250 (lendemain de la Nativité de la Vierge)
|
Littere abbatis de
Brana super gracia pastuarum
de Sarciaus
|
G., abbé de Saint-Yved de Braine
|
Reconnaissent que leurs bestiaux de la ferme de Sarteaux ne
vont paître sur le territoire de Chevregny qu'à titre de
tolérance, sans tirer à conséquence
|
85
|
|
|
L
|
1234
(décembre)
|
Littere abbatis de Cussi super parrochus
de Parniant, de Geny et de Willy
|
Conrad, abbé de Sainte- Marie de Cuissy
|
Reconnaissent que l'évêque Anselme leur a permis
de rendre régulière sous son autorité la cure de Geny,
Pargnan et Oeuilly
|
86
|
|
134
|
L
|
1258 (jour de la chaire de Saint-Pierre)
|
Littera prepositi de mandato egis super extraheria hominum
epicopi
Laudunensis
|
Louis IX
|
Signification, par le prévôt du Laonnois,
d'un mandement adressé de Paris, le mercredi
après la Madeleine, par le roi pour le règlement des amendes dues
audit évêque par ses hommes de corps qui avaient été
habiter les domaines du comte de Soissons
|
87
|
|
|
L
|
1214-15 (février)
|
Littera de consensu Alardus de Cimaco
marici Mathildi vicedomine in pace
|
Alard de Chimay, époux de Mathilde, vidamesse du
Laonnois
|
Approuve l'accord passé entre Gobert,
vidame du Laonnois et l'évêque de Laon, pour
toute la durée de son épiscopat
|
88
|
|
|
L
|
1238 (mai)
|
Carta de tribus hominibus quos castellanus de
Couci dedit
episcopo
Laudunensis
|
Renaud, châtelain de Coucy
|
Donne en aumône à l'évêque, les fils
de Léger, ses frères Jean et Gobert, de Luzilly, hommes de
corps.
Chacun d'eux devra audit évêque un droit de
chevage de 6 deniers laonnois, exigibles à la Saint-Rémy
|
89
|
|
|
L
|
1241 (juin)
|
Carta super quitatione facta inter episcopum
et Mathildim redditubus de Anisiaco
|
Jean de Blois, chanoine & official de Reims
|
Atteste que Mathilde, mère de Gérard, vidame du
Laonnois, a abandonné à l'évêque de Laon les droits
qu'elle possédait à Anizy et Septvaux
|
90
|
273
|
|
L
|
1259
(décembre)
|
Quindecim solidus censuales
|
Jean de Dammarie, official de
|
Atteste que Marie Sarpe, bourgeoise de Laon, a vendu à
Guillaume de Troyes, chantre de l'église de Laon, moyennant 40
|
203
|
|
|
|
|
|
Laon
|
livres parisis payées comptant, un surcens de 15 sous
parisis assignés sur une maison dudit Guillaume, dernière de la
rue du Tronc, à Laon
|
91
|
144
|
|
L
|
1212
|
Confirmatio
|
Thomas de
|
Approuve la concession faite par Robert, son
|
|
271
|
|
|
|
quitationis nemoris quod dicitur li Tristes
|
Coucy, seigneur de Vervins
|
frère, aux hommes de Lizy et à ceux des autres
terres du Laonnois épiscopal, du bois Les Tristes et des pâturages
contigus à ce bois
|
92
|
|
116
|
L
|
1226
(2 des nones de décembre - Prémontré)
|
Littera abbatis et conventus Premonstracensis quod
precerunt benidicendi quamdam capellam
per extraneum episcopum
|
G., abbé de Prémontré
|
Lettre déclarant à l'évêque de Laon
qu'en priant l'évêque de Séez, présent en ce
monastère, de bénir une chapelle, ils n'ont pas eu l'intention de
se soustraire à la soumission et à l'obéissance dues
à l'évêque de Laon, et de se constituer un droit
|
93
|
|
|
L
|
1250 (octobre)
|
Littera super hiis que Richardus de Cervenai tenet
ab episcopo Laudunensis in feodum apud Poilli
|
Anselme, chantre de l'église de Laon ;
Jean, trésorier église de Laon ;
|
Attestent que Richard de Cervenay, écuyer, en la
présence de Guy, chevalier, son frère, a mis son alleu de Pouilly
sous la suzeraineté de l'évêque et a consenti de recevoir,
à la volonté du prélat, le remboursement d'une prestation
de 3 muids de grains affectée sur l'évêché, ainsi
que de faire remploi des nouveaux fonds qui relèveront également
dudit évêché
|
|
|
|
|
|
|
Philippe d'Aulnois, chevalier
|
|
|
|
|
|
|
|
[agissant comme hommes & vassaux de
l'évêque]
|
|
94
|
|
65
|
L
|
1239 (juin)
|
Quod non fiat episcopo prejudicium per hoc quod
fecit vicedominatus
|
Gérard, vidame
|
Reconnaît s'être accordé avec
l'évêque et avoir mis fin à des difficultés
survenues
entre l'élection dudit Garnier jusqu'au lendemain de
la St-Barnabé 1239, sans tirer à conséquence pour leurs
droits respectifs de possession et de propriété
|
95
|
34
|
|
L
|
1254 (mars)
|
Carta
|
Gui, seigneur
|
Compromis entre l'évêque de Laon et
|
|
45
|
|
|
|
compositionis
|
de Dercy ;
|
Baudouin, vidame du Laonnois, pour vider
|
|
49
|
|
|
|
inter episcopum
|
|
leurs différends sur le serment dû par le
|
|
72
|
|
|
|
Laudunensis et
|
Pierre de Sens,
|
vidame, ses exigences trop grandes à l'égard
|
|
134
|
|
|
|
Balduinum
|
dit Petit,
|
des prisonniers incarcérés à Mons-en-
|
|
145
|
|
|
|
vicedominum de
|
chanoine de
|
Laonnois, de ses droits dans les garennes et
|
204
|
|
|
|
|
Laudunesio super jurandicto super personnia
de Montibus, super venatione in garannia, super venditione
panis et aliis
|
Laon
|
sur les marchands
|
96
|
|
|
L
|
1226
(6e férie après fête de Sainte- Madeleine,
lors du siège d'Avignon)
|
De satisfactione illius qui denegavit
|
Guillaume, archevêque de Reims
|
Atteste que Gérard Le Boucher, bourgeois de Laon, qui
contestait à tort à l'évêque le droit de taxe des
viandes à vendre en la cité de Laon, portera à la
procession dominicale, dans la quinzaine du retour de l'évêque,
une morue ou, à défaut, un saumon
|
97
|
|
|
L
|
1249
(septembre)
|
Littera capitoli sancti Johannis quod
episcopus Laudunensis hoc altam justiciam in nemore et terris que
fuerunt domini de Alneto et Richeri la Male
|
Chapitre de Saint-Jean-au- Bourg
|
Accord avec l'évêque concernant leurs droits de
justice en un bois provenant d'Hector d'Aulnois, chevalier, à Aulnois
;
Connaissance des rapts, meurtres et incendies se voit
réservée à l'évêque
|
98
|
|
|
L
|
1218
|
Littera quod H. et capitulum sancti Quintus in
insula stabunt judicio curie episcopi Laudunensis de hiis
quae posside(t in Laudunensum
|
Chapitre de Saint-Quentin
|
Le chapitre promet de se soumettre à la justice de
l'évêque pour ses domaines du Laonnois
|
99
|
|
|
L
|
1260 (avril)
|
Littera compositionis inter episcopum
et thesaurarum Laudunensis super justicus et emendis
hominum eorum per arbitrium
|
Pierre de Sens ;
Jean de Molinons ;
Robert de Saint-Médard ;
chanoines de Laon
|
Sentence arbitrale réglant les droits
respectifs de justice et d'amendes de l'évêque et
du trésorier du chapitre cathédrale à Chailvet et
Royaucourt
|
100
|
47
|
44
60
|
L
|
1218 (mai - lendemain du Cantate)
|
Carta super compositione vicedominatus
|
Alard de Chimay
|
Ratifie l'accord qu'il a fait avec évêque
Anselme, par l'intermédiaire de son frère, trésorier de
Laon, Henri Putefins, chevalier,
|
205
|
|
|
|
|
|
|
et Ivon Leroux, citoyen de Laon
|
101
|
|
114
|
L
|
1217 (avril)
|
Carta de jure camerarii
|
Gobert, chanoine de Laon ;
Jean Lefèvre, chapelain
|
Sentence arbitrale rendue contre l'évêque Anselme
et Raoul, son chambrier.
Ce dernier ne pourra exiger de ceux qui font
hommage à l'évêque que les
chapes, manteaux ou autres vêtements mis au-dessus de la tunique.
S'il veut exiger quelque chose des doyens, abbés et
autres personnages, il déposera sa plainte à
l'évêque ou à un autre pour faire valoir ses droits
|
102
|
|
|
L
|
1248 (aout)
|
Carta super quitatione de Domina Maria
ecclesie de sancto Theodorico et quid loco ejus positum est
in feodo episcopi Laudunensis
|
J., abbé de Saint-Thierry
|
Attestent qu'ils se sont accordés avec Jean et Bertrand
de Juvincourt, chevaliers, sur leurs droits de propriété à
Dammarie sous la suzeraineté de l'évêque
|
103
|
56
|
53
|
L
|
1225 (mai)
|
Littera Ingelranni
prepositi Laudunesii super
eo quod in expensis episcopi Laudunensis fuit in exercitum
pro
dicto episcopo
|
Geoffroy, prévôt du laonnois
|
Déclare que si l'évêque Anselme l'a
conduit à ses frais aux armées de La Rochelle et de Flandre,
c'est sans tirer à conséquence pour leurs droits respectifs
|
104
|
|
|
L
|
1239 (février)
|
Littera funditas capellanie de Buironfosse
|
Gilles, chevalier, avoué de Rochefort
|
Dote la chapelle fondée en son manoir à
Buironfosse par Widèle, sa mère, et lui-même
|
105
|
|
|
L
|
1265 (Férie après fête de St-Luc,
évangéliste)
|
Littera de Brania pro pasturis et pro X
solidus turonensis reddendis episcopo Laudunensis singulis annis
in kalendus octobri
|
Jacques, abbé de Braine
|
S'engagent à payer à l'évêque un
surcens annuel de 10 sous tournois exigible à la Saint-Rémi, pour
concession d'un droit de pacage des bestiaux de la ferme de Sarteau, sur les
territoires de La Royère et de Filain jusqu'au Cessier et Chevregny
|
106
|
46
|
43
|
L
|
1220-1 (février)
|
Littera
quod Mathilidis vicedomina Laudunesii quitavit
episcopo Laudunensis
|
Mathilde, vidamesse
|
Abandonne à l'évêque les droits
d'extrahière dus à cause de la terre d'Herbert de Lizy, sous
l'épiscopat de Robert
|
206
|
|
|
|
|
partem extraherie qui pertinebat sibi de terra
Huberti de Lisi
|
|
|
107
|
217
|
|
L
|
1230 (avril)
|
Carta vicedomini
|
Gérard de
|
Vend à l'évêque, du consentement de sa
|
|
258
|
|
|
|
venditionis
ventarum domus Silvestris et aliorum que habebat
apud
|
Clacy, vidame
|
Marie, sa femme, et de Mathilde la
vidamesse, sa mère, des droits de lods, de
ventes, de justice et de cens à Laon [extension de
la censive épiscopale]
|
|
|
|
|
|
Laudunum
|
|
|
108
|
|
|
L
|
1267 (Lundi après fête de
|
Ordinatio seu statutum
|
Jean,
archevêque de
|
Règlements concernant la réforme qu'il venait de
faire pendant une visite, dans le
|
|
|
|
|
Saint-Denis)
|
archiepiscopi Remensis
super reformatione ecclesio Laudunensis
|
Reims
|
chapitre de la cathédrale de Laon, à la
sollicitation de l'évêque Guillaume. Ce statut
embrasse l'office divin, les ornements
de l'église, les affaires temporelles du chapitre la
collation des bénéfices, la tenue des doyens, chanoines,
chapelains, chantres et généralement tout le personnel
affecté au culte.
|
109
|
111
|
|
L
|
1287 (mardi
|
Littera comitis de
|
Pierre, comte
|
Reconnaissent que l'hommage qu'ils ont fait
|
|
201
|
|
|
après fête de
|
Lancon super
|
d'Alençon et
|
à l'évêque à Paris, au Parlement de
|
|
216
|
|
|
Saint-Pierre
|
homagio facto
|
de Blois, sire
|
Pentecôte, ne pourra préjudicier audit
|
|
248
|
|
|
& Saint-
|
Parisius episcopo
|
d'Avesne ;
|
évêque et à ses successeurs
|
|
255
|
|
|
Paul)
|
Laudunensis
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Jeanne, sa femme
|
|
110
|
154
|
|
F
|
1262
|
Littera comitis
|
Jean, comte de
|
Atteste que son différend avec l'évêque
|
|
|
|
|
(octobre
|
Suessonis super compromissione facta
inter episcopum et ipsium in archidiaconum
|
Soissons
|
Guillaume sur les limites de leurs
seigneuries a été soumis à la
décision de Clément, archidiacre, et de Jean, sire de Pinon, qui
pourront entendre 20 témoins, dont la moitié représentant
chacune des parties en cause
|
|
|
|
|
|
Clementem et dominum
|
|
|
|
|
|
|
|
J[ohanes] de
|
|
|
|
|
|
|
|
Pynon super discordia baroniarum
|
|
|
111
|
216
|
|
F
|
1246 (juillet)
|
Carta super homagio
|
Gaucher de Châtillon, sire
|
Fait foi et hommage à l'évêque des droits
de vinage de localités qu'il n'indique point
|
|
109
|
|
|
|
vinagiorum de
|
de Saint-
|
|
|
201
|
|
|
|
Acheri et de
|
Agnan-en-
|
|
|
216
|
|
|
|
Chasteillon
|
Berry
|
|
|
248
|
|
|
|
|
|
|
207
|
255
|
|
|
|
|
|
|
112
|
|
|
F
|
1269 (juin)
|
Permutatio cujusdem homines
|
Agnès de Juvinvourt, dame de Besny
|
Échange d'homme et de femme de corps entre Agnès
de Juvincourt, dame de Besny, et l'évêque
|
113
|
|
70-
71
|
F
|
1219
|
Littera super jure episcopi in hominibus suis
a Fococort et a Marcilli, gallice
|
Gervais, abbé de Prémontré ;
Hellin,
archidiacre ;
Evrard de Margival
|
Sentence arbitrale réglant les droits
respectifs de Jean de Marcilly et de l'évêque
à Faucoucourt, Marcilly, Huez & Sebacourt
|
114
|
|
106
|
L
|
1220 (juillet)
|
Carta Radulfi cambellani
super venditione cambellanie facta episcopo Laudunensis
|
Guillaume de Langres, chanoine & official de Reims
|
Atteste que Raoul, chambellan, a vendu à
l'évêque Anselme, le droit de chambellage relevant de
l'évêché
|
115
|
125
239
|
|
L
|
1234
(novembre)
|
Carta super venditione sex modiatarum terre site
in territorio de Alneto
[charte supprimée
|
Hector, seigneur d'Aulnois ;
Cécile, sa femme
|
Vendent à l'évêque 6 muids de terres
à Aulnois et des aisances de marais pour amendement de ces terres
|
dans la table]
|
|
116
|
|
|
L
|
1217 (janvier)
|
Carta super concessione campi site inter vias
que protenduntur ab Ardone versus Vorgias pro
quo redduntur quinque modii vinagii
|
Évêque Anselme
|
Vend aux habitants de Vorges un champ entre Vorges et Ardon,
moyennant une rente solidaire de 3 muids de vinage exigible annuellement
à la fête de Saint-Martin
|
117
|
151
|
19
13
18
|
L
|
1209
|
Littera Ingelranni quod potest
eum excommunicare episcopus Laudunensis si non servat
cartam domini episcopi dicti domino Radulfo de
Sart traditam
|
Enguerrand de Coucy
|
Reconnaît que l'évêque a donné sa
charte à Raoul de Sart et qu'il a le pouvoir à cette occasion
d'excommunier ledit Enguerrand, ainsi que de mettre sa terre en interdit s'il
ne respecte pas cette charte
|
208
118
|
99
|
|
L
|
1260 (mars)
|
Littera compositionis inter thesaurarium
et episcopum Laudunensis super hominibus de Chalivet
|
Jean de Rumilly, trésorier de l'église de Laon
|
Atteste qu'il s'est rapporté à la
décision de 3 arbitres pour terminer ses différends avec
l'évêque Itier, à propos de leurs hommes de corps de
Chailvet et Royaucourt
|
119
|
|
|
L
|
|
Littera Hugonis super hiis que habebat a Noviaco,
Laval et Maintmancon
|
Hugues de Gornai
|
Cède ses revenus aux habitants de Nouvion-le-Vineux,
Laval et Mainmeçon moyennant une rente annuelle de 80 muids de vin et 8
chalonges par maison.
Si le nombre de 80 est augmenté, chaque maison
dépassant ce nombre paiera aussi 1 muid de vin et 8 chalonges ; mais si
ce nombre diminue, ladite redevance ne sera pas réduite
|
120
|
|
|
L
|
1262
(vigile de Saint-Pierre & saint-Paul)
|
Littera ordinationis super discussionibus sancti
Johannis in Burgo
|
Chapitre Saint- Jean-au-Bourg
|
Règlement du chapitre pour paiement de ses dettes
|
121
|
146
|
|
L
|
1248
(Juillet - dimanche après fête de Saint-Pierre &
Saint-Paul, apôtre)
|
Littera super feodo de Domina Maria quomodo venit
ad episcopum Laudunensis
|
Jean de Juvincourt, chevalier, fils de feu Renaud, dit Le
Govie
|
Atteste que Milon, seigneur de Soupir,
chevalier, lui a permis de
reconnaître l'évêque comme suzerain pour son fief de
Dammarie, de la mouvance dudit Milon
|
122
|
260
|
|
L
|
1222 (avril)
|
Littera abbatis de Fanu de capellania de Noviant
vicissim ab eo et episcopo Laudunensis conferenda
|
|
Vidimus de J., official de Cambrai (2e férie avant la
fête de Ste-Madeleine, 1252), d'une charte de l'évêque
Anselme, attestant que Vaucher, prévôt, et Marie, sa femme, ont
fondé une chapellenie en l'église du Nouvion,
avec dotation du 6e des grosses et menues dîmes du Nouvion,
sous condition expresse qu'elle ne pourra être conférée
qu'à un prêtre.
Le titulaire prêtera serment au curé du Nouvion
de ne point porter atteinte aux droits de la cure et de celle de la chapelle.
Ponchard, curé du Nouvion, a consenti à cette fondation,
approuvée par ledit évêque.
|
123
|
|
|
L
|
1252
(décembre)
|
Littera super capellania quia instituit
Dudo presbyter de Villa
|
Guillaume de Vivier, official de Laon
|
Attestation de la reconnaissance faite devant Renaud,
curé de Chermizy et doyen de la chrétienté de
Bruyères, par les débiteurs de rentes en argent et en vin
à la chapelle de La-
|
209
|
|
|
|
|
ad Boscum quam habuit R[enaudus] presbyter de
Mala Domo
|
|
Ville-aux-Bois-les-Pontavert
|
124
|
|
|
L
|
1248
(fête de St- André, apôtre)
|
Littera quod dominus Salone est homagia
ligius episcopi Laudunensis
|
Guillaume, seigneur de Salone
|
Promet à l'évêque de se reconnaître
comme son homme-lige
|
125
|
239
115
|
|
L
|
1234
(novembre)
|
Carta super venditione facta episcopo Laudunensis
de sex modiacis terre in territorio de Alneto
|
Renier, abbé de Saint- Nicolas-aux- Bois
|
Atteste que Philippe de Noien, seigneur d'Aulnois, et sa
femme, Clémence, mère d'Hector, seigneur d'Aulnois, ont
ratifié une vente faite à l'évêque Anselme par ledit
Hector de 6 muids de terre à Aulnois
|
126
|
|
|
L
|
1232 (décembre - vendredi après Ste- Luce)
|
Littere testimoniales de redditione et emenda
majoris et juratorum Laudunensis pro hominibus et serviente
episcopi quos ceperantur
|
Arnoul, du chapitre de St- Jean-au-Bourg de Laon ;
divers doyens ruraux
|
Attestent que les maire et jurés de Laon, par suite de
leur excommunication et de la mise en interdit de la ville, ont relaché
Laurent, sergent de l'évêque et 4 autres hommes, donnant ainsi
satisfaction audit évêque après cette
incarcération
|
127
|
|
|
L
|
idem
|
Littera interdicti civitatis Laudunensis propter
quosdam homines quos major et jurati ceperant
|
Abbés de Saint-Vincent, Saint-Michel,
Saint-Nicolas-aux-Bois, Sainte-Marie de Nogent, Saint-Nicolas de Ribemont,
Vauclair, Cuissy, Bucilly & divers prieurs
|
Confirmation
|
128
|
|
|
L
|
idem
|
Littera testimoniales quod major
et jurati emendaverunt captionem Laurencii
|
C., prieur de Saint-Jean
|
idem
|
210
129
|
|
|
L
|
1282 (juin)
|
Ordinationes seu statum canonicorum Laudunensis
in capitulo generali
|
Chapitre de Laon
|
Statuts
|
130
|
|
|
L
|
1252
|
Littera abbatis et conventue Premonstratensis de
proclivia et de jure venandi et de viginti libris quas debent
epicopo Laudunensis singulis annis
|
Jean, abbé de Prémontré
|
Atteste que l'évêque Itier a vendu à son
abbaye le bois des Iarris, depuis le nouveau vivier vers le moulin de
Liébuin avec les aisances du même bois jusqu'audit moulin
derrière le ruisseau, sous réserve de la justice et de la chasse,
moyennant rente annuelle de 20 livres parisis jusqu'au remploi par la
même abbaye d'un domaine équivalent à celui qui a
été cédé
|
131
|
|
115
|
L
|
1221 (octobre)
|
Carta super venditione undecim galegus terre
suarum apud Pooli episcopo Laudunensis et ejus hominibus
|
Gérard, évêque de Cambrai
|
Atteste que Roger d'Acy, chevalier, a vendu à
l'évêque Anselme et à des manants de Pouilly, 11 jalois de
terres labourables sises à Pouilly
|
132
|
|
13
|
L
|
1267
(lundi avant St-Rémy)
|
Littera super venditione ville de Laval
|
Enguerrand de Coucy
|
Vend à l'évêque, moyennant 1500 livres
parisis, ce qu'il possède à Nouvion-le- Vineux,
Laval et Mainmençon, à savoir : rente annuelle de 80 muids 4
setiers et demi de vin, 73 sous 7 deniers parisis ; un droit de terrage
à Laval ;
une carrière et la 1/2 du rouage de Mailly et de
Nouvion-le-Vineux ;
une redevance annuelle de 3 deniers de cens par feu à
Laval ; une autre de 17 deniers sur 3 maisons à Nouvion-le-Vineux ; un
droit de chevage sur les habitants de Nouvion ; une maison avec vivier et bois
aux mêmes endroits ;
droits de justice desdites localités
|
133
|
60 161 170 257
|
|
L
|
1217
(décembre)
|
Littera de compositione facta
inter episcopum Laudunensis et propositum de Laudunesio
|
|
Accord entre Enguerrand, dit Geoffroy, prévôt de
Laon, et l'évêque, fixant leurs droits respectifs sur les
amendes
|
134
|
34
45
49
|
|
L
|
1244 (avril)
|
Carta Gerardi de Claciaco militis super pace
facta
|
Louis IX
|
Approuve cession faite au mois d'octrobre 1244 par
Gérard de Clacy, vidame, à évêque Guillaume, de
divers droits qu'il avait en
|
211
|
72
95
145
|
|
|
|
inter episcopum et ipsium super terragus de
Laudunensis
|
|
cette qualité sur les garennes du Laonnois
|
135
|
232
|
81
|
L
|
1236
|
Carta Gerardi vicedomini
super approbatione venditionis vicedomicatus de Laudunesio
|
Gérard, vidame
|
Ratifie la vente faite par Gobin Le Chat, sa mère et
Guillaume, mari de celle-ci, à l'évêque Anselme, de leurs
droits de vicomté
à Mons-en-Laonnois, Laniscourt, Bois- Roger et les
Creuttes, sous réserve de rouage, maison et prés.
Les habitants de Thierret, Clacy, Mons et des villages voisins
conserveront néanmoins leurs droits de pâturage.
|
136
|
|
82
|
L
|
1236 (octobre)
|
Carta super venditione vicedomicatus
|
Jean de Blois, official de Reims
|
Relate cette vente
|
137
|
|
|
L
|
1267
(fête de la Ste-
Catherine)
|
Littera super satisfactione emptionis de Laval
|
Enguerrand, sire de Coucy, d'Oisy et de Montmirail
|
Donne quittance à l'évêque,
représenté par le chapelain Evrard, de la somme de 700 livres,
reliquat de prix de vente du domaine de Laval
|
138
|
|
|
L
|
1254 (juin)
|
Littere capellanie domini Balthol de modo sementi de
collatione decani et capituli Sancti
Johannis
|
Évêque Itier
|
Règlement pour les distributions à faire au
chapelain de la chapelle fondée par Jean Lenoir en la collégiale
de Saint-Jean-au-Bourg
|
139
|
|
|
L
|
1218 (avril)
|
Littere Mathilidis Sarpe super quidam partem domus
cantoris videlicet super posteriorem partem dicte domus site
versus vicum qui vicus dicitur vicus
de trunco mediantibus duobus denarios bono monere ecclesie
sancti Johannis in abbatia
|
Garnier, official de Laon
|
Atteste que Colin, fils de Robillard Leroux, a
cédé à Guillaume Bouchet un surcens de 30 sous laonnois en
l'abbaye Saint-Jean
|
140
|
|
36
|
L
|
1221
|
Censura ad vitam episcopi a vicedomino
|
Gérard de Clacy, vidame ;
|
Vidimus des cessions et ventes mentionnées acte
n°34 :
Gobert a donné à quittance à Anselme de
|
212
|
|
|
|
|
|
Jacques, évêque de Soissons, son cousin
|
2000 livres, notamment pour la cession viagère des
revenus des domaines d'Anizy, Pouilly, Septvaux et Versigny, pour la
durée de l'existence dudit évêque
|
141
|
|
105
|
L
|
1225
(septembre)
|
Litere regis super compsitione facta inter
A[nselmus] episcopum Laudunensis et comitem Suessonis et
de limitibus
|
Louis IX
|
Affirme qu'il a fait transcrire dans son registre une sentence
arbitrale fixant les limites des censives de l'évêque et du comte
de Soissons entre Urcel et Pargny jusqu'au fil de l'eau de la rivière de
l'Aillette, sous la réserve des droits de péage dudit comte
jusqu'au fossé St-Gervais. L'eau, les herbes
et la pêche de cette rivière
resteront communes entre ces deux seigneurs
|
142
|
|
|
L
|
1230 (avril)
|
Carta super venditione ventarum domus que fuit
Petri
|
Gérard, vidame
|
Promet à l'évêque de faire ratifier par sa
femme la vente de droits de cens, justice, lods et ventes à Laon
|
|
|
|
|
|
Silvestri de laude uxoris ejus habenda
|
|
|
143
|
|
69
|
L
|
1225 (janvier)
|
Carta de capellania de Landozies cujus collatio
ad episcopum pertinebat sub conditione ibi scripta
|
Thomas de Coucy
|
Du consentement de sa femme, Mathilde, fonde une chapellenie
à Landouzy et la dote d'une rente de 30 livres laonnois sur le vinage de
Vervins.
|
144
|
271
91
|
|
L
|
1212
|
Littera concessionis nemoris quod dicitur li
Tristes
|
Enguerrand de Coucy, seigneur de Marle
|
Approuve cession faite par son frère, Robert de Coucy,
aux habitants de Lizy, du bois di Li Tristes, pèrs de Pinon, et de
pâturages contigus à ce bois
|
145
|
34
|
|
L
|
1244
|
Littera Gerardi
|
Gérard de
|
Accord avec l'évêque sur ses droits dans les
|
|
45
|
|
|
(octobre)
|
vicedomini super
|
Clacy, vidame
|
garennes et sur les prisonniers du Laonnois
|
|
49
|
|
|
|
quitatione
|
|
|
|
72
|
|
|
|
waranne et ususii
|
|
|
|
95
|
|
|
|
et quarumdam
|
|
|
|
134
|
|
|
|
aliarum querelarum
|
|
|
146
|
121
|
|
L
|
1248
(Juillet - dimanche après fête de
|
Carta Johannis de Juvincort militis super eo
quod devenit homo
|
Milon, seigneur de Soupir ;
|
Abandonnent à l'évêque la
suzeraineté du fief de Dammarie, arrière fief de
l'évêché
|
|
|
|
|
St-Pierre & St-Paul, apôtres)
|
Laudunensis episcopi de eo quod tenebat in
|
Gérard, son fils, chevalier
|
|
213
|
|
|
|
|
villa de Dona Maria et territorio
dicte ville
|
|
|
147
|
58
|
55
|
L
|
1217 (lendemain conversion de St-Paul)
|
Littera super emendatione quam
fecit Gaufridus prepositus Laudunesii de hominibus
domini episcopi Laudunensis
|
Geoffroy, prévôt
|
S'amende à l'occasion de la prise de sergents libres
épiscopaux, et reconnaît qu'il ne peut instituer ou
révoquer aucun sergent que du consentement dudit évêque
|
148
|
|
|
L
|
1239 (juillet - 2e férie après division des
apôtres)
|
Littera de jure curie quam tenet vicedominus
et quid debent ei
servientes propter
hoc
|
Pierre de Bercenai, chanoine de Laon ;
Gilles de Trucy, chevalier
|
Sentence arbitrale indiquant les termes d'un
accord intervenu entre l'évêque et
ses sergents du Laonnois, d'une part, et Gérard de Clacy, vidame,
pour l'attribution des droits de cour des officiers de justice du Laonnois. Le
vidame se voit obligé de tenir ses assises une fois l'an, et les
sergents qui doivent y assister à lui payer une prestation.
|
149
|
|
134
|
L
|
1258
(fête de St- Pierre)
|
Littere testimonialis prepositi regis
et quorumdam abbatis super extraeriis et emendis hominum qui
recesserant ad terram comitis Suessonis
|
Thomas de Rigniaco, prévôt de la cité &
du bailliage de Laon
|
Reconnaît que l'évêque détient tout
droit d'estrahière sur les biens de divers de ses hommes de corps,
réfugiés sur les terres du comte de Soissons
|
150
|
|
23
|
L
|
1225
(5e férie avant Nativité de St-Jean- Baptiste)
|
Littera domini Ingelranni quod propter hoc
quod emit Sessonia non acquisivit jus quod alias possit emere in
baronia illa
|
Enguerrand de Coucy
|
Affirme qu'il ne veut pas se soustraire à la
suzeraineté de l'évêque pour ses acquisitions faites
à Sissonne et celles qu'il pourra faire ultérieurement dans les
limites de cette suzeraineté
|
151
|
117
|
111
|
L
|
1209
|
Littera quod episcopus Laudunensis habet
potestatem excomunicandi Radulfum de Sarto
|
Raoul de Sart
|
Reconnaî que l'évêque a donné sa
charte à Enguerrand de Coucy et qu'il a, à cette occasion, le
pouvoir d'excommunier ledit Raoul, de mettre sa terre en interdit et de
l'émender en cas d'inobservation
|
214
152
|
|
|
L
|
1239 (juin - dimanche après fête de
St-Barnabé, apôtre)
|
Carta G[erardi]
vicedomini super terragus et venatione de Laudunesii
|
Gérard, vidame
|
Accord entre Gérard, vidame, et Garnier sur la
jouissance du bois de Ronceloi, des terrages, estrahières, gîtes,
et cours dans les maisons des francs sergents de l'évêque
|
153
|
30
|
|
L
|
1279
|
Transcriptum cujusdem compositionis inter
episcopum et capitolum Laudununensis
|
Etienne, doyen du chapitre
|
Vidimus d'un accord daté du mois d'octobre 1257 entre
son chapitre et l'évêque
|
154
|
110
|
|
L
|
1260
(Invention de Ste-Croix)
|
Compromissio in Petrus Halos et Gerardus Poire de
quibusdam discordus inter Johanem comitem Suessonis
et episcopum Laudunensis
|
Jean, comte de Soissons
|
Reconnaît que Pierre Halos, Gérard Poire,
bourgeois de Laon, ont été choisis pour arbitres, afin de vider
ses différends avec l'évêque Itier sur la part de chacun
d'eux en la rivière de l'Ailette au moulin de Craot du côté
de Chavignon et sur la perception des droits de vinage dont
l'évêque prétendait ses sujets affranchis envers ledit
comte entre les rivières de la Serre et de l'Aisne
|
155
|
131
|
119
|
L
|
1221 (octobre)
|
Littera super venditione undecim jaletarum
terre arabilis site apud Pooilliacum
|
J., abbé de Saint-Vincent ;
C., abbé de Prémontré ;
Wautiez, abbé de Saint-Martin ;
abbé de Valsecret
|
Attestent que Roger d'Acy a reconnu en leur présence
avoir vendu à l'évêque Anselme et à quelques uns de
ses hommes de Pouilly, 11 jalois de terres labourables à Pouilly
|
156
|
|
|
L
|
1228
(septembre)
|
De capellania de Banscegnis
|
|
Fondation d'une chapellenie à Bancigny, par Julienne,
dame de Bancigny
|
157
|
|
|
L
|
1265 (2 férie avant fête
de St-Grégoire)
|
Littera de quitatione quam fecit domine de Sarto episcopo
Laudunensis de feodo de Marcilli
|
Simon de Sart, chevalier & châtelain de Laon
|
Cède à l'évêque la
suzeraineté du fief de Marcilly, sis à Faucoucourt
|
158
|
|
|
L
|
1253
(septembre)
|
Littera majoris et juratorum Laudunensis super
inquesta de pasturis
|
Jean de Bruyères, maire de la commune de Laon ;
|
Reconnaissent que Simon des Fossés, ex-
bailli du Vermandois, Simon de Juvigny, bourgeois de
Soissons, et Odon, chanoine de Saint-Jean-au-Bourg, ont été
désignés pour arbitres afin de terminer les différends
opposant la commune à l'évêque au sujet de
|
215
|
|
|
|
|
|
Jurés de Laon
|
de limites réciproques de leurs pâturages.
|
159
|
|
|
L
|
1259 (mai)
|
Littera abbatis Fidemensis
de conferendo alternatum ab ipso et episcopo Laudunensis
duas capellanias in perrochia de Nouviant
|
E., abbé de Fesny
|
Reconnaissent s'être accordés avec
l'évêque au sujet de la collation des chapelles des lépreux
de la Tombelle, à Marle, et de celle de l'autel de Saint-Jean en
l'église de Sainte-Marie de Laon, réservée audit
évêque ; celle des 2 chapelles du Nouvion sera alternative entre
l'abbaye et l'évêque
|
160
|
|
|
L
|
1230 (avril)
|
Carta approbationis facte super domo Petri
Silvestri
|
Mathilde, vidamesse du Laonnois
|
Ratifie la vente faite par son fils Gérard à
l'évêque Anselme de droits de cens, justice, ventes, rentes et
plaids
|
161
|
60 133 170 257
|
|
L
|
1214 (mars)
|
Littera prepositi Laudunesii super captionibus
et exactionibus evenientibus in Laudunensis
|
Enguerrand, dit Geoffroy, prévôt du Laonnois
|
Affirme s'être entendu avec l'évêque pour
la fixation de sa part dans les amendes, tailles et extrahières dans le
Laonnois
|
162
|
|
|
L
|
1257 (mai)
|
Littera domini
Symonis prepositi Laudunesii de
quitatione waranne et de terminis infra
quos potest venari
|
Simon de Valavergny, chevalier & prévôt du
Laonnois
|
Indique l'extension de ses droits de chasse dans le
Laonnois
|
163
|
39
|
32
|
L
|
1219
(décembre)
|
Littere Goberti vicedomini quod mutare non potest prepositum
vel servientem sine consensu episcopi
Laudunensis
|
Gobert, vidame
|
Reconnaît qu'il ne peut changer son prévôt
et ses 4 sergents de la vidamie sans permission de l'évêque
|
164
|
266
|
33
|
L
|
1218
|
Littera
quod Gobertus vicedominus Laudunesii assignavit domino Johani de
Derci XX libros parisienses recipiendis a domino
episcopo Laudunensis
|
Gobert, vidame
|
Reconnaît qu'il a assigné à Jean de Dercy,
sur ce que lui doit l'évêque, à savoir 40 livres parisis en
2 termes égaux, l'un à Noël 1218, l'autre à Noël
1219, outre 40 muids de vin également en 2 termes, aux fêtes de
Saint-Martin des mêmes années
|
216
165
|
|
|
L
|
1261 (octobre)
|
Per litteram
istam dominus episcopus Laudunensis confert capellanias
de Chivrigny et de Montenantholio
|
Thomas, abbé de Saint- Vincent
|
Abandonne à l'évêque la nomination de 2
chapelles, l'une à Chevregny, fondée par
Raoul, curé de ce village, l'autre
à Monampteuil, par Ade d'Urcel. Les autres fondées ou à
fonder seront à sa collation
|
166
|
|
|
L
|
1261 (dimanche avant les Rameaux)
|
Domus leprosarie de Vignero
|
G., curé de Saint-Clément, doyen de la
chrétienté de Vervins
|
Notifie à l'évêque que Jean, neveu de
feu
Gautier, chapelain de la léproserie de Vigneux,
Isabelle, soeur dudit Jean, Sebille, leur cousine, et les époux de ces
femmes, ont donné, pour augmenter les revenus de cette
chapelle, le terrage dit de St-Pierre, à Vigneuxet
quelques pièces de terre et de pré
|
167
|
19
237
|
|
L
|
1248-49 (lendemain de l'Épiphanie)
|
Quod soror domini de Roseto laudavit venditionem
de Martigniaco factam episcopo Laudunensis
|
Aelide, dame d'Audenarde
|
Renonce à ses droits sur des biens à Martigny,
Bruyères et Chéret, vendus par son frère Roger de Rozoy
à l'évêque Garnier
|
168
|
|
|
L
|
1248
(septembre)
|
Littere Cuissacensis super eo
quod Laudunensis episcopus in ecclesia de Willi idem jus
habet quod habebat cum per secularem presbytionem regentur
|
G., abbé de Cuissy
|
Reconnaissent que les titulaires des cures
régulières de Geny, Pargnan et Cuissy seront soumis à
l'autorité de l'évêque comme si ces cures étaient
séculières
|
169
|
132
|
|
L
|
1267 (vigile de St-Rémy)
|
Littera quod Margareta Cociaci
domina confirmat venditionem de Laval et de Noviant factam
a marico suo episcopo Laudunensis
|
Marguerite, dame de Coucy, d'Oisy et de Montmirail
|
Ratifie la vente faite par Enguerrand de Coucy à
l'évêque Guillaume de biens à Laval et Nouvion-le-Vineux
|
170
|
60
133
161
257
|
58-
59
|
L
|
1217
(décembre)
|
Littere prepositi super
captionibus, exactionibus, eventionibus in
|
Enguerrand, dit Geoffroy, prévôt du Laonnois
|
Reconnaît que dans les amendes de 22 sous et demi, sa
part est de 2 sous et demi, et qu'une rente annuelle de 50 livres lui est due
par l'évêché pour sa part d'extrahière et de
|
217
|
|
|
|
|
Laudunesii
|
|
taille, tant que vivra l'évêque Anselme
|
171
|
|
|
F
|
1278
(septembre)
|
Littere capellanie de Brissel de novo fundate
|
Émeline, dame de Brissay
|
Fonde la chapelle de Sainte-Marie en sa maison de Brissay, la
dote d'une rente de 4 muids de blé à la mesure de La Fère,
exigible à la St-Rémy, et de 100 sous parisis.
Elle prie Isabelle de Wiège, sa suzeraine, d'amortir
cette rente
|
172
|
|
|
F
|
1278
(septembre)
|
Littere capellanie de Brissel de novo fundate
|
Isabelle, dame de Wiège
|
Amortit cette rente assignée sur des biens sis à
la Ferté, Mesbrecourt et Richecourt
|
173
|
|
|
F
|
1278
(septembre)
|
Littere capellanie de Brissel de novo fundate
|
Enguerrand, sire de Coucy, d'Oisy et de Montmirail
|
Amortit la même rente
|
174
|
|
|
F
|
1279 (avril)
|
Littere capellanie de Brissel de novo fundate
|
Emeline, dame de Brissay
|
Evalue et s'engage à porter cette rente annuelle
à 20 livres parisis. Son fils Gui, chevalier, sire de Loizy, a
approuvé cette fondation, et en cas d'inaccomplissement s'engage
à payer 5 sous par chaque jour de retard
|
175
|
32 63 180 205 246
|
|
F
|
1237
(jour de la Circoncision)
|
Littera in gallico de quodam tracetatu pacis inter
a episcopum Laudunensis et J. dominum Cociaci qui tum non
fuit completus sit
|
Enguerrand de Coucy
|
Démarcation des domaines de
l'évêché et du sire de Coucy : le bois de Ronceloi
dépend de l'évêché qui y a toute justice
|
176
|
6
|
|
L
|
1239 (2e férie avant division des apôtres)
|
Littera Henrici archiepiscopi Remensis super forma
juramenti de fidelitate presandi a majore et
scabinis episcopo Laudunensis
|
Henri,
archevêque de Reims
|
Indique le mode de prestation du serment de
fidélité que l'évêque et les habitants de Laon se
doivent réciproquement
[Note écrite au bas du feuillet indiquant que ce
serment a été aboli par le Parlement de Paris le 15 janvier 1395,
qui a condamné lesdits habitants à payer à
l'évêque une somme de 4000 livres]
|
Fin de la première liste / début du 1er
rajout / changement de scribe
|
177
|
|
|
L
|
1233 (juillet)
|
Littera abbatis Cussiacensis quod parrochia de
Williaco, de Geni, de Pargnant subdice sunt episcopo
|
Lambert, abbé de Cuissy
|
Reconnaissent que la paroisse d'Oeuilly,
Geny et Pargnan reste soumise à la juridiction de
l'évêque
|
218
178
|
|
|
L
|
1234 (mars)
|
Littera de jure quod sibi
retinuit A[nselmus] episcopus Laudunensis in parrochus
de Pargnant, de Geni et Willi
|
Hugues, prieur de Prémontré
|
Même reconnaissance
|
179
|
|
|
L
|
1221 (mercredi avant St- André)
|
Inquisitio facta
super juribus que rex francorum dicit se habere
apud
|
Garin, évêque de Senlis
|
Enquête sur les droits du roi à Laon et dans le
Laonnois en matière de juridiction et d'appel, surtout à
l'égard de l'évêque et des hommes de ses censives
|
|
|
|
|
|
Laudunensum
|
|
|
179
|
244
|
|
L
|
1287 (avril)
|
|
Robert, abbé
|
Déclarent que Jean de Leuse, écolâtre de
|
bis
|
|
|
|
|
|
de Prémontré
|
l'église Saint-Etienne de Troyes et Jean de
|
|
|
|
|
|
|
|
Ribemont, clerc, ont été désignés
pour arbitres afin de terminer leurs différends avec
l'évêque Robert
|
180
|
246
|
|
L
|
1287 (mai)
|
|
Jean de Leuse, écolâtre de
|
Sentance arbitrale indiquant que l'évêque de Laon
n'a aucun droit d'usage au-delà du bois
|
|
32
|
|
|
|
|
l'église Saint-
|
de Ronceloi ;
|
|
63
|
|
|
|
|
Etienne de
|
il n'a que la justice en matière de vol ou de
|
|
175
|
|
|
|
|
Troyes ;
|
duel concernant le moulin d'Achery, le droit
|
|
205
|
|
|
|
|
Jean de Ribemont, clerc
|
de pêche au-dessous du moulin et le pâturage dans
le pré devant ce moulin ;
l'abbaye pourra prendre des terres dans un pré et dans
les usages pour réparer leurs écluses ? approbation, au bas de la
page, par l'abbaye de Prémontré
|
181
|
245
|
|
L
|
1287 (jeudi après fête de St-Georges)
|
|
Abbaye de Prémontré
|
Procuration générale donné par l'abbaye
à Gobert d'Origny, Mathieu de Ribemont, Gilles de Neuville (religieux de
Prémontré) pour procéder au nom de ladite abbaye afin
d'obtenir cette sentence
|
182
|
|
|
L
|
1287 (juillet)
|
Compositione abbatis de sancto
|
Guillaume, abbé de Saint-
|
Affirme s'être accordé avec l'évêque
au sujet de leurs censives d'Achery, Anguilcourt et
|
|
|
|
|
|
Nicolas in Bosco a
episcopi Laudunensis super Aguillecourt juxta
|
Nicolas-aux- Bois
|
Saucet, et que l'abbaye, en compensation de ces abandons de
droits par ledit évêque, a fait remise à celui-ci d'une
rente annuelle de 20 muids de vin blanc sur les vinages de Chevregny
|
|
|
|
|
|
Acheri
|
|
|
183
|
|
2
|
L
|
1262 (Nones d'avril, 1ère
|
Privilegium ecclesie Laudunensis
|
Urbain IV
|
Mande au chapitre de Laon qu'il lui confirme l'usage de
présenter aux évêques de Laon les sujets
désignés pour être abbés dans les
|
219
|
|
|
|
année de son pontificat)
|
concessum contra abbates Premonstracensis ordinis,
civitatis et dyocesis Laudunensis
|
|
monastères de l'ordre de Prémontré,
situés dans le diocèse de Laon. Les délégués
des religieux se présenteront au chapitre pour y faire part de leur
nomination afin qu'ensuite un ou plusieurs chanoines se rendent avec eux chez
l'évêque pour lui demander la bénédiction du nouvel
abbé. Aussitôt après
sa bénédiction, celui-ci jurera sur l'autel
soumission, respect & obéissance audit
chapitre.
|
184
|
|
|
L
|
|
Se[quitur]
privilegium concessum a sede apostolica abbati
Premonstracensis
[pas dans la table]
|
|
Bulle dans laquelle le pape soumet l'ordre de
Prémontré immédiatement au Saint-Siège
|
|
185
|
|
|
L
|
[1198-1216]
|
[pas de rublique /
|
Innocent III
|
idem
|
pas dans la table]
|
|
186
|
|
|
L
|
idem
|
idem
|
Innocent III
|
idem
|
187
|
|
|
L
|
[1254-1261]
|
idem
|
Alexandre IV
|
idem
|
188
|
|
|
L
|
[1243-1254]
|
idem
|
Innocent IV
|
idem
|
189
|
194
|
|
F
|
1287 (mai)
|
Littera Ingelranni super foresta
de Woiz [cartulaire]
|
Enguerrand de Coucy
|
Constitution d'une rente de 200 livres parisis sur ses vinages
de Crécy et ses châtellenies de Marle, Vervins et Thierissuelle,
pour se rédimer du droit qu'avait ledit évêque de prendre
à volonté du bois dans forêts dudit sire
|
-
Littera domini Ingelranni super foresta de Woiz
de quodam tracetu pacis inter ipsium et
R[obertum] episcopum Laudunensois super usagio quod habebat
dictus R[obertus] in nemoribus domini Couciaco [table]
|
|
220
190
|
|
|
L
|
1287 (janvier)
|
Confimatio ejusdem litterere concessa a
rege (cartulaire) # Se[quitur] confirmatio ejusdem littere facta
concessi a
|
Philippe IV
|
Approbation royale de cet accord
|
rege
|
Fin du premier rajout de la table des matières /
début du 3e rajout de la table / 2e phase
d'écriture
|
191
|
|
141
|
L
|
1260-1
(chandeleur)
|
Carta quod si aliquis foraneus capiatur pro aliquo
forisscerit a majore et juruatis Laudunensis debet
reddi episcopo Laudunensis
|
Parlement de Paris
|
Arrêt du Parlement, en présence de Saint-Louis,
lequel condamne les maires et jurés de Laon à rendre au seigneur
évêque quelques-uns de ses hommes de corps
|
192
|
265
|
|
L
|
1290 (janvier)
|
|
|
Vidimus relatant un échange de femme de corps entre
Jean, abbé de Saint-Vincent et l'évêque Robert
|
193
|
|
|
L
|
1279 (mai)
|
Transcripta carte de Anisiaco
|
Évêque Guillaume
|
Confirmation d'une charte octroyée en
octobre 1259 par l'évêque Itier aux habitants
d'Anizy.
Par cette charte, il était permis aux habitants de ce
bourg de se former en corps de société, mais sans avoir de sceau
de commune, ni le droit d'élire un maire et des échevins,
nommés annuellement par l'évêque
le mercredi après Pâques et qui devront prêter
serment à ce prélat en présence
des habitants. Leurs offices ne leur donneront aucune immunité et ne
devront avoir aucune analogie avec l'institution dite communale. Chaque
ménage est corvéable et doit à l'évêque,
outre la taille et d'autres rentes, une redevance de 3 jalois d'avoine, de 3
chapons et d'un denier de bonne monnaie
|
194
|
189
|
|
L
|
1287 ?
|
Forma littere dare
domino de
Couciaco de
receptione ducentarum libros parisienses quas
|
Évêque Robert (?)
|
Autorise le paiement de la rente de 200 livres due par
Enguerrand de Coucy, conforme à l'acte n°189.
|
221
|
|
|
|
|
domino Laudunensis episcopus percipit annis
singulis in vinagium de Creciaco, de Virvino, de Marla et de
Thireiselle
|
|
|
195
|
|
|
F
|
1291
|
Carta de XL solidus annui redditus
soluendis epicsopo Laudunensis a domino Couciaco pro rivulo
de Versigny
|
Enguerrand de Coucy
|
Accord entre l'évêque Robert de Thorote et
Enguerrand de Coucy. Par cet accord, Enguerrand peut avoir la liberté
d'une partie du ruisseau qui coule dans les aisances de Versigny ;
En outre, l'évêque assigne au seigneur un surcens
de 40 sous parisis sur son domaine de La Fère
|
196
|
|
|
F
|
1292
(dimanche de Pentecôte)
|
Littera emptionis de Laval
|
Pierre de Courtisot, chevalier & sire de Crandon
|
Vend à l'évêque, moyennant 200 livres
parisis, ses terres, prés, cens, vinages et arrière-fiefs de
Laval
|
197
|
|
|
L
|
1292
(26 mai)
|
Alia littera de eodem annexa precedenti
|
Official de Laon
|
Relate cette vente
|
198
|
|
|
L
|
1292
(26 mai)
|
[ Item ] Alia littera de eodem
|
Guillaume, notaire apostolique
|
idem
|
199
|
|
|
F
|
1292 (juin)
|
[ Item ] Alia littera de eodem
|
Béatrix, femme dudit Pierre de Courtisot
|
Approuve cette vente et renonce à ses droits de douaire
sur les biens vendus
|
200
|
|
|
L
|
1289
|
Littera compositione pastus Gerardi prepositi
de Acheri
|
Official de Laon
|
Atteste que Gérard, écuyer et
prévôt
d'Achery, a cédé à l'évêque
de Laon 2/3 de ses droits à un past d'un muid de vin blanc à la
mesure de Laon, de 3 jalois de blé, mesure d'Achery, destinés
à la confection du pain, et enfin d'un porc de la valeur de 7 sous et
demi de bonne monnaie, qui constituaient un arrière-fief de
l'évêché
|
201
|
109 111 216 248 255
|
|
F
|
1292
|
Littera Hugonis comitis Blesis de homagus
quod fecit episcopo Laudunensis Parisius
|
Hugues de Châtillon, comte de Blois & sire d'Avesne
|
Déclare qu'il fait foi et hommage à Paris, au
lieu de l'évêché, d'un fief qu'il ne désigne pas,
mais que ce devoir de vassalité ainsi fait, ne pourra préjudicier
aux droits de l'évêque
|
222
202
|
|
|
F
|
1281
|
Littera quod pratum de Girondele est Laudunensis episcopi
cum
rivieria
|
Jean d'Achery, chevalier
|
Copie de l'acte de cession faite à
l'évêque Guillaume, par Jean d'Achery du pré de la
Girondele et de la partie de la rivière qui passe dessous depuis le
moulin de Prémontré jusqu'à l'eau de St-Nicolas-aux-Bois
et au pont des converts, notamment pour raison de paturage, pêche et
autres droits
|
203
|
|
|
L
|
1286-1297
|
Littera emptionis molendini de Septem
Vallibus
|
Gervais Boulez ;
Emmeline, sa femme
|
Vendent à l'évêque leur moulin de Septvaux
moyennant 48 livres parisis
|
204
|
|
|
L
|
|
Littera emptionis septem jaletorum frumenti
super molendino de Baretel
|
Drouard de Montaigu, clerc
|
Vente à l'évêque d'une rente de 7 jalois
de froment, mesure d'Anizy, sur le moulin de Barthel, sis à Lizy,
moyennant 24 livres parisis
|
205
|
32 63 175 180 246
|
|
L
|
1291 (janvier)
|
Littera abbatis et conventus Premonstericensis de
permutatione molendini de Baretel et vinarii super illud
pro descensibus seu procliviis nemoris de Ronsseloy
|
Guillaume, abbé de Prémontré
|
Cède à l'évêque le moulin de
Barthel pour se redimer d'une rente de 20 livres due à cause des Iarris,
du bois de Ronceloi, cédé par Itier
|
206
|
|
|
L
|
|
Littera emende facte ab illum de sancto
Martino pro quodam excessu ab eis facto apud molendinum
de Croulet
|
Jean, abbé de Saint-Martin
|
Déclare qu'en juillet 1292, Milon, prévôt
de son abbaye, a payé à Bon, receveur de
Saint-Pierre-au-Marché, une amende à cause d'une nacelle qui
avait été brûlée mal à propos par justice
dans le tréfonds de l'évêque sur chemin près du
moulin de Crolet
|
207
|
|
|
L
|
1292
(2 juin)
|
Alia littera de eodem annexa precedenti
|
Guillaume, notaire apostolique
|
Relate le même fait
|
208
|
|
|
F
|
|
Littera emptionis viginti libris redditus a
Symone de Valavrigni quas habebat singulis annis in magna
taillia Laudunesii
|
Simon de Valavergny, écuyer & prévôt du
Laonnois
|
Vend à l'évêque, moyennant 400 livres
parisis, une rente de 20 livres parisis sur la grande taille du Laonnois
|
223
209
|
|
|
L
|
1290
|
Ordinatio status ecclesie de Guisia
|
Évêque Robert
|
Statuts octroyés au chapitre de Guise
|
210
|
|
|
L
|
1293 ?
|
Littera abbatis sancti Dyonisus in Francia per
quam confitetur se nullam jus habere in leprosaria de Rouci
|
Evêque Robert
|
Demande faite par l'évêque à l'abbé
de Saint-Denis de recevoir un homme en la léproserie de Roucy, sans que
cela constitue un droit
|
211
|
235
|
|
F
|
1293 (janvier - lundi après fête de St- Rémy
& St- Hilaire)
|
Littera emptionis a Symone preposito de Valaurigny
et ejus uxore de medietate emandavit quas habebat
in Laudunesum
|
Simon de Valavergny ;
Marquerite, sa femme
|
Vendent à l'évêque la 1/2 des amendes
auxquelles ils ont droit dans les domaines épiscopaux
|
212
|
|
|
L
|
|
Tenor libertatis concedende illum de Laudunesio
qui
petunt a nobis
fieri
|
Evêque Robert
|
Affranchissement de N., homme de corps ou de petit chevage,
sous condition qu'il se fera clerc et n'agira jamais contre l'église
|
213
|
|
|
L
|
1295 (février)
|
Carta immunitatis appellonum pro gentibus
domini Laudunensis episcopi
|
Philippe IV
|
Défend son prévôt de recevoir les appels
des sujets de l'évêque et de laisser citer ces sujets devant
lui
|
214
|
1
219
221
222
223
225
227
|
|
L
|
1295 (mars)
|
Carta condempnationis communie
et pacis Laudunensis
|
Philippe IV
|
Abolition de la commune afin de punir les habitants de cette
ville des actes séditieux et violents auxquels ils s'étaient
récemment portés et dont l'avaient informé les doyen et
chapitre de l'église cathédrale.
|
215
|
|
|
L
|
1295 ? (Ides de novembre, 1e année du pontificat de
Boniface VIII)
|
Papalis littera quod religiosi servent interdictam
que duxit proferenda Laudunensis episcopus servante
ea Laudunensis ecclesia et alii cujusque conditionis et
|
Boniface VIII
|
Charge l'évêque de défendre aux
réguliers, et notamment aux Cordeliers, d'ouvrir les portes de leurs
églises aux excommuniés de Laon et d'enterrer les cadavres de ces
derniers dans leurs cimetières
|
224
|
|
|
|
|
|
|
prossessionis existant in civitate et
dyocesis Laudunensis
|
|
|
216
|
|
111
|
|
|
F
|
1246 (juillet)
|
Fidelitatis littera domini de
|
Gaucher de Châtillon, sire
|
Fait foi et hommage à l'évêque des droits
de vinage de localités qu'il n'indique point
|
|
|
109
|
|
|
|
|
Castellione facte
|
de Saint-
|
|
|
|
201
|
|
|
|
|
domino
|
Agnan-en-
|
|
|
|
248
|
|
|
|
|
Laudunensis quo
|
Berry
|
|
|
|
255
|
|
|
|
|
de vinagiis et aliis quae tenuerent antecessoris sui ab
antecessoris ipsius episcopi
|
|
|
|
Début des actes du cahier n°9 absents de la table
des matières / fin du 3e rajout de la table / dernière
phase d'écriture
|
217
|
|
107
|
|
|
F
|
|
|
Guillaume de
|
Vidimus d'une charte d'avril 1230 portant la
|
|
|
258
|
|
|
|
|
|
Crepy, official de Laon
|
vente par Gérard de Clacy, vidame, à
l'évêque Anselme de ces lods, ventes, cens et droits de justice
à Laon
|
218
|
|
|
|
|
L
|
|
|
Garnier, évêque de
|
Compromis pour régler leurs différends par voie
d'arbitrage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Laon ;
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Baudouin, vidame
|
|
219
|
|
214
|
|
|
L
|
1296
|
Restitutio
|
Philippe IV
|
Revenu à de meilleurs sentiments en faveur
|
|
|
221
|
|
|
|
(9 février -
|
communie
|
|
des habitants de Laon, décide de rétablir leur
|
|
|
222
|
|
|
|
Paris)
|
Laudinensis
|
|
commune dans son ancien état, c'est-à-dire
|
|
|
223
|
|
|
|
|
|
|
avec l'échevinage, déclarant en outre que
|
|
|
225
|
|
|
|
|
|
|
celte commune subsistera sous cette dernière
|
|
|
227
|
|
|
|
|
|
|
forme, jusqu'à ce qu'il lui plaise de la supprimer.
|
220
|
|
|
|
|
L
|
1243 (juillet)
|
Littera capellanie de Monstriolo quod est
de collatione domini episcopi
|
Évêque Garnier
|
Atteste que Pierre Le Valois, autefois
chevalier de Montreuil, a fondé une chapellenie
audit Montreuil et l'a dotée d'une rente annuelle de 40 livres parisis
sur sa grange de Montreuil.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Son fils Gobert, chevalier, aura collation viagère de
ce bénéfice. Après lui, ladite chapellenie appartiendra
à l'évêque
|
221
|
|
219
|
|
|
L
|
1316
|
Hic est gracia
|
Philippe V
|
Déclare qu'en reconnaissance des preuves de
|
|
|
222
|
|
|
|
(12 mars -
|
facta civibus
|
|
fidélité que les habitants de Laon ont
donné
|
|
|
223
|
|
|
|
Paris)
|
Laudunensis quod
|
|
jadis à ses prédécesseurs, il veut et
ordonne,
|
|
|
225
|
|
|
|
|
regem Philippem
|
|
en vertu de son autorité royale, qu'ils
|
|
|
227
|
|
|
|
|
super restitutione communie ulteria
|
|
jouissent pleinement à l'avenir de tous les droits et
privilèges attaches à l'institution
|
225
|
|
|
|
|
|
|
communale.
|
222
|
219
221
223
|
|
F
|
1297 (mars)
|
Aliquodam compositionis facta cum
|
Évêque de Dôle ;
|
Sentence ordonnant que le 1er jour de la rentrée du
chapitre en la cathédrale pour y
recommencer le service divin, cent
|
|
225
|
|
|
|
civibusLaudunens
|
Guillaume de
|
Laonnois, nus pieds et tête nue, en cotte, sans
|
|
227
|
|
|
|
is per episcopum et capitulum
post condamptionis commune et restitutionem factam de
dicta communia
|
Crespy, coûtre de Saint- Quentin ;
Pierre Flote ; chevalier
Hugues de Bonville, chevalier
[commissaires royaux]
|
ceinture, dont les noms seront donnés au
bailli du Vermandois, iront processionnellement 2 à
2 derrière les porte-croix et devant les chanoines et le clergé
laonnois, du bas de la montagne de Semilly à la Cathédrale ;
qu'à la porte Saint-Martin, 3 d'entre eux porteront chacun une figure ou
statue de cire du poids de 20 livres jusqu'à l'autel de la
cathédrale et les offriront en
signe de restitution des 3 personnes arrachées
violemment en cette église ; qu'en outre, la commune donnera au chapitre
60 livres de cire, dotera d'une rente de 30 livres tournois une chapelle en
ladite église, paiera une somme fixe de 3000 livres et pareille somme
à Gaëtan, diacre cardinal trésorier de la même
église
|
223
|
219
|
|
L
|
1320
|
[Sequitur]
|
Parlement de
|
Ordonne la justification dans le mois, par la
|
|
221
|
|
|
(15 avril)
|
quodam arrestum
|
Paris
|
ville, du paiement des amendes prononcées
|
|
222
|
|
|
|
seu interloquitum
|
|
contre elle, avant de statuer définitivement
|
|
225
|
|
|
|
inter episcopum,
|
|
sur le rétablissement de la commune
|
|
227
|
|
|
|
decanum et capitulum ex una parte et cives
|
|
|
|
|
|
|
|
Laudunensis ex altera
|
|
|
224
|
|
|
F
|
1320 (mai)
|
|
Jeanne de Dreux, comtesse de Roucy
|
Fonde et dote une chapellenie dans château de
Nizy-le-Comte en l'honneur de la Vierge. Réserve la collation de ce
bénéfice à elle et à ses successeurs
|
225
|
219
|
|
L
|
1320
|
|
Parlement de
|
Déclare qu'il ne lui plaît point que les
|
|
221
|
|
|
(3 mars)
|
|
Paris
|
habitants de Laon conservent leurs offices
|
|
222
|
|
|
|
|
|
d'échevinage et de commune
|
|
223
|
|
|
|
|
|
|
|
227
|
|
|
|
|
|
|
226
|
|
|
L
|
1320
(26 mars)
|
Sequitur executio dicta arreste
|
Philippe V
|
Mandement adressé au bailli du Vermandois pour faire
exécuter cet arrêt
|
227
|
219
|
|
L
|
1320
|
|
Parlement de
|
Charge Jean de Vaumoise de mettre sous la
|
|
221
|
|
|
(26 mars)
|
|
Paris
|
main du roi l'administration de la ville de
|
|
222
|
|
|
|
|
|
Laon privée de ses offices d'échevinage et de
|
|
223
|
|
|
|
|
|
commune
|
|
225
|
|
|
|
|
|
|
226
228
|
|
|
L
|
1320 (mars)
|
|
|
Mandement d'exécution de cet arrêt
|
Fin du cahier n°9 / début du 4e rajout de
la table / 3e phase d'écriture
|
229
|
|
|
L
|
1250
(janvier - 5 des calendes de février, 7e année de
son pontificat)
|
Indulgentia quod episcopo non teneatur providere
alicui per litteras apostolicas
|
Innocent IV
|
Confère aux évêques de Laon le droit de
nommer aux bénéfices de son diocèse et les
dispense d'admettre les nominations provenant de la cour de
Rome
|
230
|
189
|
|
F
|
1287
(jeudi devant fête de St- Jean- Baptiste)
|
Littera sigillata sigillo episcopi tantum
domino Couciaco facta super quitatione et scambio juris
et usagii quorumdam nemorum
|
Évêque Robert
|
Affirme qu'Enguerrand de Coucy s'est
libéré, moyennant rente annuelle de 200
livres exigible sur les vinages de ses châtellenies
de Vervins, Marle, Crécy et Thierrisuelle, du droit qu'avait ledit
Robert de prendre autant de bois qu'il le voulait dans les forêts de
Coucy, St-Gobain et La Fère
|
231
|
|
|
L
|
1287 (janvier - Paris)
|
Confirmatio regis super scambio usagii
nemorum
|
Philippe IV
|
Approuve cet accord et se réserve le droit de
régale sur ladite rente en cas de vacance du siège
épiscopal
|
231 bis
|
|
|
L
|
|
Processus per tabellionem
factus contra informationem regis factam apud Laudunum
|
|
Accord intervenu entre l'évêque et la
commune
|
232
|
135
|
81
|
L
|
1236
|
Carta Gerardi vicedomini
super approbatione venditionis vicemotitus de Laudunesio
|
Gérard, vidame
|
Ratifie la vente faite par Gobin Le Chat, sa mère et
Guillaume, mari de celle-ci, à l'évêque Anselme, de leurs
droits de vicomté
à Mons-en-Laonnois, Laniscourt, Bois- Roger et les
Creuttes, sous réserve de rouage, maison et prés.
Les habitants de Thierret, Clacy, Mons et des villages voisins
conserveront néanmoins leurs droits de pâturage.
|
233
|
|
|
L
|
1287 (juillet)
|
Compositio abbatis de sancto Nicholao in
Bosco episcopi Laudunensis super Aguillicourt juxta Acheri
|
Guillaume, abbé de Saint- Nicolas-aux- Bois
|
Relate les conditions d'un accord intervenu entre son
monastère et l'évêque Robert, qui a reconnu n'avoir aucun
droit de justice sur les biens de ce monastère à Anguilcourt ;
que ledit monastère a le droit de pâturage pour ses bestiaux
à Achery, excpeté dans le pré sis vis-à-vis de la
maison seigneuriale dudit évêque, en retour d'une renonciation
à une prestation annuelle de 20 muids de vin blanc due par
l'évêque à Chevregny
|
227
234
|
89
|
|
L
|
1266 (juin)
|
Littera episcopi Laudunensis de curia
ducatus videlicet de pongneiis et jaloiniis
|
Louis IX
|
Confirmation royale : Maire et jurés de Laon
reconnaissent que l'évêque leur a abandonné moyennant somme
de 1000 livres tournois les droits qu'il réclamait sur les poireaux,
choux, oignons et noix
|
235
|
211
|
|
F
|
1293 (janvier - lundi après fête de St- Rémy
& St- Hilaire)
|
Littera venditionis facte
domino episcopo Laudunensis per Symonem
de Valaurigni prepositum Laudunenesii et Margaretam
ejus uxore
|
Simon de Valavergny & sa femme, Marguerite
|
Vendent à l'évêque la 1/2 des amendes
auxquelles ils ont droit dans les domaines épiscopaux
|
236
|
|
|
L
|
1292 (samedi après fête de Saint-Marc,
évangéliste)
|
Littera de emptione facta a Gilone Legros et Perrea ejus
uxore de quibusdam rebus existentibus apud Chievrigni
|
Gilon, dit Gros-Amis ; Perrée, sa femme
|
Vendent à l'évêque, moyennant 6 livres
parisis payées comptant, des vinages, cens et redevances sis à
Chevregny
|
237
|
19
167
|
|
L
|
1247
(samedi après les octaves de la Nativité de la
Sainte- Vierge)
|
Littera super venditione de Martigniaco quam
fecit dominus de Roseto domino Garnero dei gratia
quondam Laudunensis episcopo
|
Roger, seigneur de Rozoy
|
Vend à l'évêque ses biens sis à
Martigny, Bruyères, Montbéraut, Vorges, Chéret et
Cherequel, consistant en dîmes, vinages et rentes, moyennant 1820 livres
parisis payés comptant
|
238
|
|
|
L
|
1292 (samedi après brandons)
|
Littera emptionis terre de Acheriaco
|
Official de Laon
|
Affirme que Hugues de Lier, écuyer, a vendu à
l'évêque Robert 32 verges de terre à Achery, lieudit de la
Gerondele, moyennant 100 sous payés comptant
|
239
|
125
115
|
|
L
|
1234
(novembre)
|
Carta Philippi de Alneto et Clementie et Hectoris
et aliorum fratrum super emptione facta ab episcopo Laudunensis
de sex modiatis terre in territorio de
|
Renier, abbé de Saint- Nicolas-aux- Bois
|
Atteste que Philippe de Noien, seigneur d'Aulnois, et sa
femme, Clémence, mère
d'Hector, seigneur d'Aulnois, ont ratifié vente
faite à l'évêque Anselme par ledit Hector, de 6 muids de
terre à Aulnois
|
228
|
|
|
|
|
Alneto
|
|
|
240
|
196
|
|
L
|
1292 (vendredi après fêtes de la Pentecôte)
|
Littera emptionis feodi de Laudunensis
|
Official de Troyes
|
Constate que Pierre de Courtisot, chevalier, et
Béatrix, sa femme, ont vendu au même prélat leur domaine de
Laval
|
241
|
|
|
L
|
1232
(décembre)
|
Littera interdicti
civitatis
Laudunensis propter quosdam quos major et jurati
ceperant
|
Abbés de Saint-Nicolas- aux-Bois, de Nogent, Saint-
Nicolas-des- Prés de Ribemont, de Vauclair, Bohéries, Cuissy
& Buvilly Prieurs de Saint-Vincent, Saint-Jean & St-Martin
|
Attestation de la levée faite, le vendredi après
Ste-Luce, de l'excommunication et de l'interdit prononcés contre la
commune, à l'occasion de l'incarcération, par les maire et
jurés, de divers hommes des
censives épiscopales
|
242
|
|
|
L
|
1232
|
Littera testimonialis quod major et
jurati emendaverunt captionem Laurentii serventis episcopi
|
C, prieur de Saint-Jean de Laon
|
Relate cet acte
|
243
|
65
|
|
L
|
1232 (janvier)
|
Littere regis super absolutione majoris
et juratorum Laudunensis pro hominibus episcopi
quos imprisionari fecerant
|
Louis IX
|
Relate l'accord passé entre l'évêque et la
commune au sujet d'hommes de l'évêque qu'elle avait fait
incarcérer.
La commune promet d'obéir désormais aux
mandements de l'évêque comme à ceux de l'église et
de payer.
Par suite de cette soumission, l'évêque a
levé l'excommunication lancée contre les maire et jurés,
de même que l'interdit sur la ville, qui paiera les frais
occasionnés par cette incarcération
|
244
|
179 bis
|
|
L
|
1287 (avril)
|
Compromissum Premonstratensis super appendiciis abbatie et
aliorum
rerum
|
Robert, abbé de Prémontré
|
Déclarent que Jean de Leuse, écolâtre de
l'église Saint-Etienne de Troyes et Jean de Ribemont, clerc, ont
été désignés pour arbitres afin de terminer leurs
différends avec l'évêque Robert
|
245
|
181
|
|
L
|
1287
(jeudi après fête de St-
|
Procuratorium Premonstratensis
|
Abbaye de Prémontré
|
Procuration générale donné par l'abbaye
à Gobert d'Origny, Mathieu de Ribemont, Gilles de Neuville (religieux de
Prémontré)
|
229
|
|
|
|
Georges)
|
|
|
pour procéder au nom de ladite abbaye afin d'obtenir
cette sentence
|
246
|
180
|
|
L
|
1287 (mai)
|
Sententia arbitralis
|
Jean de Leuse, écolâtre de
|
Sentance arbitrale indiquant que l'évêque de Laon
n'a aucun droit d'usage au-delà du bois
|
|
32
|
|
|
|
Premonstratensis
|
l'église Saint-
|
de Ronceloi ;
|
|
63
|
|
|
|
super appendiciis
|
Etienne de
|
il n'a que la justice en matière de vol ou de
|
|
175
|
|
|
|
abbatie et aliis
|
Troyes ;
|
duel concernant le moulin d'Achery, le droit
|
|
205
|
|
|
|
rebus
|
Jean de Ribemont, clerc
|
de pêche au-dessous du moulin et le pâturage dans
le pré devant ce moulin ;
l'abbaye pourra prendre des terres dans un pré et dans
les usages pour réparer leurs écluses
|
247
|
|
|
L
|
1287 (mai)
|
Littera abbatis et conventus
|
Abbaye de Prémontré
|
Annexe de la sentence précédente
|
|
|
|
|
|
Premonstratensis annexi
litteris ultimo suprascriptus
|
|
|
|
|
|
|
|
[Rubrique barrée
|
|
|
de la table]
|
|
|
|
|
|
|
|
|
248
|
109
|
|
F
|
1297 (juin)
|
Venditio per
|
Gaucher, sire
|
Vendent à l'évêque leur châtellenie de
Laon
|
|
111
|
|
|
|
dominum de
|
de Châtillon,
|
et leur domaine de Barenton-Cel, moyennant
|
|
201
|
|
|
|
Castellione et ejus
|
connétable de
|
4000 livres de petits tournois payés
|
|
216
|
|
|
|
uxoris de
|
Champagne ;
|
comptant
|
|
255
|
|
|
|
Castellania
|
|
|
|
|
|
|
|
Laudunensis terre de Barentoncel
et pertinentiarum ejus episcopo Laudunensis facta
|
Isabeau de Dreux, sa femme,
|
|
249
|
|
|
F
|
1297
|
Mandatum domini
|
Gaucher de
|
Mande à ses vassaux de la châtellenie de
|
|
|
|
|
(dimanche avant St-
|
de Castellione quod episcopo
|
Châtillon
|
Laon et de la seigneurie de Barenton-Cel d'obéir
désormais à l'évêque Robert
|
|
|
|
|
Jean- Baptiste)
|
Laudunensis obtemperent feudatarii
|
|
|
|
|
|
|
|
Castellanie ipsi episcopo vendite
|
|
|
250
|
|
|
F
|
1301
|
Quitatio domini
|
Jean, châtelain
|
Accord au sujet de la châtellenie de Laon, de
|
|
|
|
|
(lundi après Épiphanie)
|
de Thorota Castellanie de Lauduno Barentoncel
et pertinentiarum et XX librarum terre super prepositura
|
de Thorote, sire d'Honnecourt & chevalier
|
Brenton-Cel et de 20 livrées de terre parisis
sur la prévôté de Valavergny qu'il
revendiquait comme héritier
par représentation de Gaucher de Thorote, son père, et de
Robert de Thorote, évêque. Reconnaît la validité des
droits de l'évêché, qui solde le reliquat du prix de vente
entre
|
230
|
|
|
|
|
de Valaurigni
|
|
les mains de Clément de Choisy, mandataire dudit
Jean
|
251
|
|
|
L
|
1301
(mars - 2e férie avant fête de Ste- Vierge)
|
Solutio facta Baillivo domini de Thorota
a Laudunensis episcopo de XIIIIC libros parisenses quas
dominus de Thorota recognovit per suas litteras se habuisse
|
Official de Noyon
|
Atteste que ledit Clément de Choisy, bailli de Jean,
châtelain de Thorote, a reçu de l'évêque Gazon, par
les mains de Guillaume de Marcilly, 1400 livres parisis
|
252
|
|
|
F
|
1301 (dimanche avant les brandons)
|
Solutio facta per episcopum Laudunensis domino
de Thorota de XIIIIC libros
parisenses occasione expensarum factarum
in Castellania Laudunensis
|
Jean de Thorote
|
Donne quittance de ces 1400 livres audit
évêque
|
253
|
|
|
F
|
1301 (samedi après les brandons)
|
Solutio facta Clementi de Choysi de
IIIIC libros parisenses per dominum Laudunensis
pro domino de Thorota
|
Giles de Laon, bailli de Senlis
|
Atteste que Clément de Choisy a reçu de
Guillaume de Marcilly les 1400 livres parisis dues pour ladite vente
|
254
|
|
|
L
|
1298
(mardi après dimanche des Rameaux)
|
Mandatum
quod dominus episcopus Laudunensis gaudeat extraheria Johanis
de Semilli extra terminos pacis Laudunesio
|
Philippe IV
|
Mande au bailli de laisser l'évêque se mettre
en possession des biens immeubles confisqués sur
Jean de Semilly lors de s condamnation à mort, hors des limites du
territoire de la paix de Laon, seulement dans le cas où ces biens
seraient situés dans des lieux où cet évêque aurait
droit de haute, moyenne et basse justice.
|
255
|
109 111 201 216 248
|
|
F
|
1284 (mars - Paris)
|
Receptio comitisse de Alencon in homagium
per episcopum Laudunensis facta
|
Jeanne, comtesse de Blois, d'Alençon & dame
d'Avesne
|
Déclare que si elle n'a pas rendu à
l'évêque de Laon, en son évêché, ses devoirs
féodaux, c'est sans tirer à conséquence
|
231
|
|
|
|
|
Parisius sine cujusque prejudicio
|
|
|
256
|
113
|
70
|
F
|
1219
|
Litterere compromissionis inter episcopum
|
Gervais, abbé de Prémontré ;
|
Sentence arbitrale réglant les droits
respectifs de Jean de Marcilly et de l'évêque
à Faucoucourt, Marcilly, Huez et Sebacourt
|
|
|
|
|
|
Laudunensis et dominum
|
Hellin,
archidiacre ;
|
|
|
|
|
|
|
Johannem de
|
|
|
|
|
|
|
|
Marcilli super captione rerum hominum
dicti episcopi manentium in dominico menso dicti Johannis
|
Evrard de Margival
|
|
257
|
60
|
57
|
L
|
1217
(décembre)
|
Littera
archiepiscopi
|
A., archevêque de Reims
|
Relate une transaction intervenue entre
l'évêque Anselme & Geoffroy.
|
|
133
|
|
|
|
Remensis inter
|
|
Ce dernier conservera son héritage et ses
|
|
161
|
|
|
|
episcopum
|
|
rentes, sa part des droits d'amendes
|
|
170
|
|
|
|
Laudunensis et Ingelrannum dictum
|
|
consistant en 2 sous et demi sur 22 et demi, une rente de 50
livres parisis exigible à Noël ;
|
|
|
|
|
|
Gauffridum prepositum
|
|
L'évêque, quant à lui, pourra faire remise
des amendes.
|
|
|
|
|
|
Laudunesii super exactionibus
|
|
Cette transaction recevra son effet pendant toute la
durée de l'épiscopat d'Anselme
|
|
|
|
|
|
Laudunesii
|
|
|
258
|
107
|
|
L
|
1230
|
Carta super
|
Gérard de
|
Autre copie de la vente des droits de lots et
|
|
217
|
|
|
|
venditione ventarum
quas habebat vicedominum apud Laudunum
|
Clacy
|
ventes d'une partie de la ville de Laon. Le même acte
est déjà rapporté n° 107
|
259
|
|
|
L
|
1245 (janvier)
|
Littera permissionis edificii
seu constructionis abbatie monialium in parrochia de sancti
Petri Monte
|
Évêque Garnier
|
Atteste que maître Bernard, curé de Cilly et de
St-Pierremont, a autorisé Thomas de Coucy, seigneur de Vervins, et
Mathilde, sa femme, à faire construire une abbaye de filles de l'ordre
de St-Victor, en la paroisse
de Saint-Pierremont, vers Bosmont, au
lieudit Beeroche, occupant un espace suffisant pour
ensemencer 4 muids de blé à la mesure de Marle, moyennant une
rente annuelle de 20 sous parisis exigible aux fêtes de Noël
|
232
260
|
122
|
|
L
|
1295 (octobre, 4e férie après la
fête de Saint- Rémy)
|
Transcriptum littere super capellania de
Novion vicissim a
domino et abbate Fidemensis confessenda
|
Officialité de Laon
|
Vidimus d'un autre vidimus, de l'officialité de
Cambrai, de la 2e férie avant fête de Ste-Marie-Madeleine (1252),
d'une charte datée d'avril 1222, de l'évêque Anselme,
adressée à Pierre de Fesmy et à son abbaye, portant que
Gaucher (Walcherus), prévôt , et Marie, sa femme, ont fait remise
entre les mains de Gautier, doyen, et de Renier de Flavigny, chanoine de Guise,
de leurs droits au sixième des grandes et menues dîmes du Nouvion,
acquises de Gui d'Esquechéries, pour la
fondation d'une chapelle en l'église du Nouvion
|
261
|
|
|
L
|
1254 (janvier)
|
Concordia quod capellania hospitalarie de Roseto
vicissim ab episcopo Laudunensis
et capitulo Rosetensis conferatur
|
Évêque Itier
|
Déclare qu'il a la collation alternative de la chapelle
de l'hôpital de Rozoy avec le chapitre de Rozoy
|
262
|
|
|
L
|
1285
(5e férie après octaves de la Trinité)
|
Henricus abbatis quondam sancti Nicholay in
Bosco
|
Officialité de Laon
|
Vidimus d'une requête adressée à
l'évêque Robert par le prieur et l'abbaye de Saint-
Nicolas-aux-Bois, la 6e férie après
le dimanche de la Résurrection (1285), pour
obtenir de ce prélat l'autorisation d'abandonner
à Henri, leur abbé, infirme et démissionnaire, l'usufruit
de la maison du Tortoir avec un étang et un vivier sous le moulin, celle
de Merlains, 2 prébendes monacales pour lui et son chapelain, des
prébendes pour 3 domestiques, du foin et de l'avoine pour la nourriture
de 2 cheveux, et enfin chambre qu'il y habite autant de temps qu'il voudra
l'habiter ; de provision conforme consentie par ledit prélat la
6e férie avant quasimodo la même année
|
263
|
66
|
|
L
|
1229 (janvier)
|
Littera regis super compositione facta
inter episcopum Laudunensis et Galterum de Ostremontcort
|
idem
|
Relate l'accord conclu entre l'évêque de
laon et Gautier, chevalier et seigneur d'Autremencourt,
où Gautier qui, pour avoir fait injustement la guerre audit
évêque, s'être livré à des voies de fait
contre ses hommes,
prêtres et clercs, avait été bannis
du royaume, s'était avisé de revenir malgré
bannissement et, pour ce fait, avait été incarcéré.
Sorti de prison, Gautier était venu devant le roi et avait promis sous
caution de bien se comporter, ainsi que d'abandonner sa
|
233
|
|
|
|
|
|
|
terre à l'évêque dans le cas contraire,
sans aucun recours, et de rester banni
|
264
|
|
|
L
|
1293 (lendemain de la fête de Saint-Luce)
|
De processu regis super causa in curie
episcopi agitata adnullato et commissione facta per regem de
consensu episcopi sine prejudicio et quod fructus de
quibus contenditur cum ipsius bonis reponantur et custodiantur
in manu episcopi
|
Philippe IV
|
Soumet à Etienne de Suisi, clerc et chanoine de
Tournai, et Robert de Résigny, chevalier, sans tirer de
conséquence, du consentement de l'évêque, la solution d'un
procès instruit devant la Prévôté de Laon, entre
Jean de
Tremilly et Isabelle, dame de Chailly, autorisée par
Jean Troillet, son mari ;
Ledit procès s'est alors vu renvoyé devant la
justice laïque de l'évêque. Les biens litigieux restent
provisoirement sous la juridiction temporelle dudit prélat
|
265
|
192
|
|
L
|
1290
|
Littera abbatis sancti Vincentii Laudunensis
de escambio Sarre filie Gilonis dicti Eraigne pro Maria
filia Jaqueri dicti Aignel de Chievrigni
|
|
Echange de femme de corps entre Jean, abbé de
Saint-Vincent et l'évêque Robert
|
266
|
164
|
33
|
L
|
1218
|
De assignatione vicedomini domino Johanni de
Dercy
|
Gobert, vidame
|
Reconnaît qu'il a assigné à Jean de Dercy,
sur ce que lui doit l'évêque, à savoir 40 livres parisis en
2 termes égaux, l'un à Noël 1218, l'autre à Noël
1219, outre 40 muids de vin également en 2 termes, aux fêtes de
Saint-Martin des mêmes années
|
267
|
48
|
46
|
L
|
1218 (juillet)
|
Littere Goberti vicedomini super venditione
et quitatione varenne
|
Gobert, vidame
|
Promet de ne plus porter atteinte aux droits de
l'évêque et à ne plus inquiéter les vassaux de ce
dernier
|
268
|
54
|
51
|
L
|
1219 (avril)
|
Littere prepositi
Laudunensis super extraheria
Herberti de
Lisiaco
|
Geoffroy, prévôt du Laonnois
|
Renonce en faveur de l'évêque'Anselme à sa
part des droits d'extrahière d'Herbert de Lizy
|
269
|
|
|
F
|
1290
(mardi avant Pâques
|
Littera
recognitionis Johannis de
|
Gobert Sarrazin, châtelain &
|
Lettre sous scel de Gobert portant
déclaration de possession par Jean de Manlouez d'une
maison en la rue St-Georges
|
234
|
|
|
|
fleuries)
|
Manlouez de quadam domo Lauduni quam tenet ab
episcopo
|
garde scel pour le Roi du bailliage de Vermandois à
Laon
|
contiguë au presbytère de St-Georges et à
la maison de Guiart de Harsigny, dans la justice de l'évêque
|
270
|
57
|
54
|
L
|
1217 (lendemain de la conversion de St-Paul)
|
Littera testimonialis quod prepositis non potest
mutare servientes sine assensu episcopi
|
Rebalbe, Enguerrand, Hubert, Simon Ladoues, Henri de Paris
Thorin, chanoines de Laon ;
Garnier, official ;
Jean,
chapelain ;
Alelme, chapelain de Saint-Nicolas
|
Attestent qu'Enguerrand, dit Geoffroy,
prévôt, se trouvant dans la chambre de
l'évêque en son palais, a reconnu que l'évêque
l'avait autorisé à remplacer Renier par Robert en qualité
de l'un de ses sergents libres, sans constituer un service spécial dudit
Geoffroy
|
271
|
144
91
|
|
L
|
1212
|
Confirmatio quittationis nemoris quod dicitur li
Tristes
|
Engurrand de Coucy, seigneur de Marle
|
Approuve cession faite par son frère, Robert de Coucy,
aux habitants de Lizy, du bois dit Li Tristes, près de Pinon, et de
pâturages contigus à ce bois
|
272
|
59
|
56
|
L
|
1223 (mai)
|
Littere prepositi Laudunesii
super quittatione terragiorum Laudunesii et super aliis
rebus
|
Geoffroy, prévôt du Laonnois
|
Consent à unir son manoir de Valavergny à la
prévôté du Laonnois pour n'en constituer qu'un seul fief
vassal de l'évêché ;
Renonce à des droits de terrage
qu'il réclamait dans les domaines épiscopaux, et abandonne
à Anselme ses droits de garenne tant que celui-ci sera
évêque
|
273
|
90
|
|
L
|
1259
(décembre)
|
Littera XV solidorum parisienses
censualium super
domum Marie dicte Sarpe
|
Jean de Dammarie, official de Laon
|
Atteste que Marie Sarpe, citoyenne de Laon, a vendu à
Guillaume de Troyes, chantre de l'église de Laon, moyennant 40 livres
parisis payées comptant, un surcens de 15 sous
parisis assignés sur une maison dudit Guillaume,
dernière de la rue du Tronc, à Laon
|
274
|
|
|
F
|
1284 (mai)
|
Carta venditionis homagii quod tenebat
dominus Clarembardus de Mayot, Gobertus de Bertoucourt
et Guillaumus Monachus de
|
Renaud, chevalier & sire de Faucoucourt
|
Vend à l'évêque, moyennant 6 livres
parisis, ses droits de vassalité sur 3 arrière-fiefs de
l'évêché, tenus de lui par Clarembaud de Mayot, chevalier,
Gobert de Bertoucourt, écuyer, et Guillaume Lemoisnes des Puisaz ; ainsi
qu'une rente de 2 muids de blé à la mesure de La Ferté,
que lui devait ledit Guillaume
|
235
|
|
|
|
|
Puisiaus in duorum modiorum bladi quos
debebat dictus fermus quam venditionem fecit Renaldus miles dominus
de Foucoucourt
|
|
|
275
|
|
|
L
|
1293
|
Littera regis ne litte pendente inter regem
et dominum Laudunensis episcopum commemorantes in terra
ipsius episcopi ad appellationes volagias in curie regis
Lauduni venire compellantur
|
Philippe IV
|
Lettre du roi Philippe, lequel défend à son
bailli de Vermandois de recevoir les appels de la cour épiscopale,
à moins que le différend ne soit terminé
|
276
|
|
|
F
|
|
Ordinatio magistri Johannis de Willi
auditoris regis super scabinis Laudunensis
|
|
|
236
TABLE DES ILLUSTRATIONS
TABLEAUX
Tableau 1 : Tableau synthétique de la
répartition des actes présents dans le cartulaire par
feuillets et par cahiers 57
Tableau 2 : Tableau récapitulatif des
dimensions des différentes mises en page du
cartulaire 61
Tableau 3 : Codification alphabétique
d'actes 81
Tableau 4 : Confrontation des sources
secondaires à aux actes retranscrits dans le
cartulaire 89
Tableau 5 : Rubriques sous-entendant la
constitution d'un dossier documentaire 104
Tableau 6 : Tableau récapitulatif du
patrimoine foncier de l'évêché de Laon à travers
le
Grand cartulaire de l'évêché de Laon
109
Tableau 7 : Tableau récapitulatif des
hommages rendus au seigneur-évêque 114
Tableau 8 : Tableau récapitulatif des
actes émanant de ou portant sur la vidamie du
Laonnois 137
Tableau 9 : Tableau récapitulatif des
acte émanant de ou portant sur la prévôté du
Laonnois 140
237
FIGURES
Figure 1 : Histogramme répertoriant les
occurrences chronologiques par cahier 64
Figure 2 : Renvois graphiques amont (acte
n°4, f°IV r°) 72
Figure 3 : Renvois graphiques aval (acte
n°62, f°XXVI r°) 73
Figure 4 : Système d'astérisque
(acte n°4, f°IV r°) 74
Figure 5 : Indices graphiques d'ordonnancement
1 (acte n°4, f°III v°) 75
Figure 6 : Indices graphiques d'ordonnancement
2 (acte n°233, f°LXXXVIII r°) 75
Figure 7 : Système de réclame
(acte n°179, f°LXIV v°-LXV r° : passage du cahier 8 au
cahier 9) 76
Figure 8 : Différents types de
foliotation du cahier n° 13 79
Figure 9 : Exemple d'écriture identique
entre la transcription de l'acte et la rubrique (acte
n°229, f°LXXXIV r°) 93
Figure 10 : Exemple d'une double intervention
(acte n°215, f°LXXXII v°) 94
Figure 11 : Exemple d'acte sans rubrique et
absent de la table des matières, avec miniature
de lettrine, non finalisée (acte n°180,
f°LXVI r°) 94
Figure 12 : Mentions inférieures de 4
rubriques présentes sur ce côté du feuillet (f°XII
r°) 94
Figure 13 : Manicule (acte n°40,
f°XXI r°) 95
Figure 14 : Répartition des actes
référençant des acquisitions foncières par
épiscopat.
126
Figure 15 : Carte de de l'aire d'influence
épiscopale sous le prisme du Grand cartulaire
de l'évêché de Laon 129
Figure 16 : Schéma résultant de
l'analyse réticulaire de la société laonnoise 151
238
BIBLIOGRAPHIE
ASSIER-ANDRIEU Louis, « La communauté villageoise.
Objet historique. Enjeu théorique », in Ethnologie
française, 1986/4, t. 16, p.351-360.
AUBERT, R. (dir.), Dictionnaire d'histoire et de
géographie ecclésiastiques, Paris : Letouzey et Ané,
[s.d.], 2008, Fascicule 175b-176, p. 522-538.
BALDWIN John, Les registres de Philippe Auguste, avec
le concours de Françoise Gasparri, Michel Nortier et Élisabeth
Lalou ; sous la direction de Robert-Henri Bautier, Paris, 1992.
BARRET Sébastien, « La mémoire et
l'écrit : l'abbaye de Cluny et ses archives (Xe-XVIIIe siècle)
», Bulletin du centre d'études médiévales
d'Auxerre | BUCEMA [En ligne], 13, 2009.
BARTHELEMY Dominique, Les deux âges de la seigneurie
banale : pouvoir et société dans la terre des sires de Coucy :
milieu XIe-milieu XIIIe siècle, préface de Pierre Toubert,
2e édition augmentée d'une postface, Paris, Publications de la
Sorbonne, 2000.
- « Aux origines du Laonnois féodal : peuplement
et fondations de seigneuries aux XIe et XIIe siècles », in
Mémoires de la Fédération des sociétés
d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, tome XXVI, 1981, p.
64-71.
- « Raoul de Coucy et de Vervins », in
Mémoires de la Fédération des sociétés
d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, tome XXVII, 1982, p.
139-153.
BAUDOT Jean.-Louis., « La Commune de Laon : organisation
et fonctionnement d'une institution médiévale (1128-1331) »,
in Mémoires de la Fédération des
sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, 44
(1999), p. 105-144.
BERTRAND Anne-Marie, « L'histoire culturelle du
contemporain », in Bulletin des bibliothèques de France,
n°6, 2004, p. 116-117.
BERTRAND Paul, « À propos de la révolution
de l'écrit (Xe-XIIIe siècle). Considérations inactuelles
», Médiévales, n°56, 2009, p. 75-92.
BISCHOFF Bernhard, Paléographie de
l'Antiquité romaine et Moyen Age occidental, (trad. Harmat Atsma et
Jean Vez), Paris, Picard, 1985.
BOÜARD Alain (de), Manuel de Diplomatique
française et pontificale, Paris, 1949 (1929).
BOURDIEU Pierre, Le sens pratique, Paris,
Éditions de Minuit, 1980.
239
- « Les modes de domination », in Actes de la
Recherche en Sciences Sociales, 1976/2, p.122-132.
BOURIN-DERRUAU Monique, Nouvelle histoire de la France
médiévale - tome IV : Temps d'équilibres, temps de
ruptures, XIIIe siècle, Éditions du Seuil, Paris, 1990.
BRAUDEL Fernand, La Méditerranée et le monde
méditerranéen à l'époque de Philippe II,
Paris, Armand Colin, 1990 (9e éd.).
BRETON Stéphane, « Présentation »
Monnaie et économie des personnes, L'Homme, 2002/2 n° 162,
p. 13-26.
BROWN Peter, « La société et le surnaturel.
Une transformation médiévale », in La
société et le sacré dans l'Antiquité tardive,
Peter Brown (éd.), Paris, Les Éditions du Seuil (« Points
Histoire »), n°316, 2002, p. 265-294.
BUC Philippe, « Rituel politique et imaginaire politique
au haut Moyen Âge », Revue historique, 2001, n° 620,
p. 843-883.
BUR Michel (dir.), Histoire de Laon et du Laonnois,
Éditions Privat, Toulouse, 1987.
CARCEL ORTI Maria Milagros (éd.), Vocabulaire
international de diplomatique, Valence, 1994.
CARRUTHERS Mary, Le livre de la mémoire : une
étude de la mémoire dans la culture médiévale,
Paris, Macula (« Argôs »), 2002.
CHASTANG Pierre, Lire, écrire, transcrire. Le
travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc (XIe-XIIIe),
Paris, éditions du Comité des Travaux Historiques et
Scientifiques, 2001.
- « Des archives au codex : les enjeux de la
rédaction des cartulaires (XIe-XIVe siècle) », dans Les
regroupements textuels au Moyen Âge, Paris, LAMOP/CEHTL, 1, 2008.
- « L'archéologie du texte médiéval
» Autour de travaux récents sur l'écrit au Moyen Âge,
Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2008, p. 245-269.
- « Cartulaires, cartularisation et scripturalité
médiévale : la structuration d'un nouveau champ de recherche
», Cahiers de civilisation médiévale, n° 49, 2006,
p. 21-32.
- « Introduction », Actes du colloque
consacré aux Cartulaires normands, Tabularia «
Études », n°9, 2009, p. 27-42.
- « Conclusions » (articles consacrés
à la compilation), Hypothèses 2009. Travaux de l'école
doctorale d'Histoire, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010, p.
8393.
CHASTANG Pierre, ANHEIM Étienne (coll.), « Les
pratiques de l'écrit dans les sociétés
médiévales » Médiévales, n°56,
2009, p. 5-10.
240
CHASTANG Pierre (dir.), Le passé à
l'épreuve du présent, appropriations & usages du passé
du Moyen-Age à la Renaissance, Paris, Presses de
l'Université Paris-Sorbonne, 2008.
CHEVALLIER Marceau-Jacques, « Le vignoble du
département de l'Aisne d'antan et d'aujourd'hui », in
Mémoires de la Fédération des sociétés
d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, tome XXV, 1980, p.
25-33.
CHIFFOLEAU Jacques, La comptabilité de
l'au-delà : les hommes, la mort et la religion dans la région
d'Avignon à la fin du Moyen Age (vers 1320-vers 1480), Rome,
École française de Rome, 1980.
CLANCHY Michael, From Memory to Written Record. England
1066-1307, Oxford/Cambridge, 1979.
- England and its rulers (1066-1272) : foreign lordship and
national identity, Glasgow, Fontana Paperbacks, 1983.
CORMIER Jean-Philippe, Monnaies médiévales,
Reflets des pouvoirs, Paris, Remparts, 1996.
CREPIN-LEBLOND Thierry, « Recherches sur les palais
épiscopaux en France du Nord au Moyen-Age (XIIe-XIIIe siècles)
d'après divers exemples des provinces ecclésiastiques de Reims et
de Sens », in École nationale des Chartes. Positions des
thèses, 1987, p.63-69.
DEFLOU-LECA Noëlle, « L'élaboration d'un
cartulaire au XIIIe siècle : le cas de Saint-Germain d'Auxerre »,
in Revue Mabillon, n. s., 8 (1997), p. 183-207.
DERRIDA Jacques, « La pharmacie de Platon », in
La dissémination, Jacques Derrida (éd.), Paris,
Éditions du Seuil (« Points Essais »), n°265, 2e éd.,
1972, p. 77-213.
DEVISME Jacques-François-Laurent, Histoire de la ville
de Laon, Laon, 1822.
Dictionnaire du Moyen Age, GAUVARD Claude, LIBERA
Alain (de), ZINK Michel (dir.), Paris, PUF (coll. « Quadrige »),
2004.
DOURSTHER Horace, Dictionnaire Universel des poids et
mesures anciens et modernes, Bruxelles, 1840.
DUBY Georges, L'économie rurale et la vie des
campagnes dans l'Occident médiévale (France, Angleterre, Empire,
Ixe-XVe siècles). Essai de synthèse et perspectives de
recherches, Paris, Aubier, 1962, 2 vol.
- Histoire de la France des origines à 1348,
Paris, 1986. - Hommes et structures du Moyen Age, Paris,
1973.
DUFOUR-MALBEZIN Annie (éd.), Actes des
évêques de Laon : des origines à 1151, Paris, 2001
(Documents, Études et Répertoires, publiés par l'Institut
de recherche et d'histoire des textes, 65).
241
DUMAS Françoise, « La monnaie dans le royaume au
temps de Philippe Auguste », in La France de Philippe Auguste. Le
temps des mutations., Paris, 1982.
L'économie médiévale, CONTAMINE
Philippe, BOMPAIRE Marc, LEBECQ Stéphane, SARRAZIN Jean-Luc, Paris,
Armand Colin, 2e éd., 1997.
Écritures de l'espace social. Mélanges
d'histoire médiévale offerts à Monique Bourin,
BOISSEUIL Didier, CHASTANG Pierre, FELLER Laurent, MORSEL Joseph, Paris,
Publications de la Sorbonne, 2010.
FAVIER Jean, Dictionnaire de la France
médiévale, Poitiers, Fayard, 1993.
FLORIVAL, « Barthélémy de Jur,
évêque de Laon », in Études historiques sur le
XIIe siècle, 1877.
Fortune de Karol (La). Marché de la terre et liens
personnels dans les Abruzzes au Haut Moyen Age, Laurent FELLER,
Agnès GRAMAIN, Florence WEBER, Rome, École française de
Rome, 2005.
FOSSIER Robert, La terre et les hommes en Picardie
jusqu'à la fin du XIIIe siècle, Paris, 1968.
- La société médiévale,
Paris, Armand Colin, 1991.
- Ces gens du Moyen-Age, Fayard, 2010.
FOURQUIN Guy, Histoire économique de l'Occident
médiéval, Paris, 1969. GAUDEMET Jean, La
société ecclésiastique dans l'Occident
médiéval, Londres, 1980.
GEARY Patrick J., La mémoire et l'oubli à la
fin du premier millénaire (traduit de l'anglais par Jean-Pierre
Ricard), Paris, Flammarion, 1996.
GENET Jean-Philippe, « Cartulaires, registres & histoire
: l'exemple anglais », dans Bernard Guénée, Le
Métier d'Historien au Moyen-Age, Paris, 1977, p.95-138.
GIRARD René, La Violence et le Sacré,
Paris, Hachette (7e éd.), 2006.
GIRY Arthur, Manuel de Diplomatique, Paris, 1925 (1894).
GODELIER Maurice, L'énigme du don, Paris, Fayard, 1997.
- Au fondement des sociétés humaines. Ce que
nous apprend l'anthropologie, Albin Michel, 2007.
GOFFMAN Erving, La mise en scène de la vie
quotidienne, t. 1 « La présentation de soi », Paris,
Editions de Minuit, 1973.
- Les rites d'interaction, Paris, Editions de Minuit,
1974.
GOODY Jack, La raison graphique : la domestication de la
pensée sauvage (traduit de l'anglais par Jean Bazin et Alban
Bensa), Paris, les éditions de Minuit, 1978.
242
- La logique de l'écriture : aux origines des
sociétés humaines, Paris, Armand Colin, 1986.
- Entre l'oralité et l'écriture, Paris,
PUF, 1994.
- Pouvoirs et savoirs de l'écrit, Paris, La
Dispute, 2007.
GUYOTJEANNIN Olivier, Episcopus et comes : affirmation et
déclin de la seigneurie épiscopale au nord du royaume de France
(Beauvais-Noyon, Xe-début XIIIe siècle), Genève,
Droz, 1987.
- Le chartrier de l'abbaye prémontrée de
Saint-Yved de Braine (dir.), édité par les
élèves de l'École nationale des chartes, Paris, 2000.
- « Le vocabulaire de la diplomatique en latin
médiéval (noms de l'acte, mise par écrit, tradition,
critique, conservation) », in O. WEIJERS (dir.), Vocabulaire
du
livre et de l'écriture au Moyen Age, Turnhout,
Brepols, 1989, p. 120-134.
- « Antiqua et authentica praedecessorum nostrorum
nos ammonent . Appel et rejet du passé chez les rédacteurs
d'actes occidentaux (VIIIe - XIVe siècle) », in
L'autorité du passé dans les sociétés
médiévales, Jean-Marie Sansterre (dir.), Rome, École
française de Rome (« collection de l'École française
de Rome »), n° 333, 2004, p. 9-25.
GUYOTJEANNIN Olivier, MORELLE Laurent, PARISSE Michel, Les
cartulaires : actes de la Table ronde organisée par l'École
nationale des chartes et le GDR 121 du CNRS, Paris, 5-7 décembre 1991,
Paris, École des chartes, 1993.
GUYOTJEANNIN Olivier, PICKE Jacques et TOCK
Benoît-Michel, Diplomatique médiévale, Turnhout,
Brepols (« Collection du Centre d'Études Médiévales
de Nice »), n° 1, 1993.
Histoire de la France rurale, dir. Georges DUBY et
Armand WALLON, 4 t., Paris, Éditions du Seuil, 1975 (rééd.
Paris 1992).
Histoire de la maison de Châtillon-sur-Marne,
DUCHESNE André et PICART Jean, 1621
Historiographies. Concepts et débats,
DELACROIX Christian, DOSSE Françoise, GARCIA Patrick, OFFENSTADT
Nicolas, Paris, Folio histoire, 2010.
HUART-FLEURY Suzanne (D'), Les institutions communales de
la ville de Laon (11281331), thèse de l'École Nationale des
Chartes, 1947.
JEANNE Damien, « Une "machina memorialis". Les
cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de
Rouen », Tabularia « Études », n° 12, 2012,
p. 29-62.
LACOURTE Audrey, L'abbaye de Saint-Martin de Laon sous les
abbatiats de Garin (1151-1171), Barthélémy de Mons (1171-1179) et
Gautier II (1179-1186), mémoire de Master, Reims, 2007.
243
LAZÉGA Emmanuel, Réseaux sociaux et
structures relationnelles, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? »,
n° 3399, 1998.
LE BLÉVEC Daniel (dir.), Les cartulaires
méridionaux. Actes du colloque organisé à
Béziers les 20 et 21 septembre 2002 par le Centre historique de
recherches et d'études médiévales sur la
Méditerranée occidentale avec la collaboration du GDR 2513 du
CNRS, Paris, École des chartes, 2006.
LE BRAS Gabriel, Institutions ecclésiastiques de la
Chrétienté médiévale (1130-1378), Paris,
1964.
LE BRAZ Jacqueline, Répertoire des cartulaires de
l'ancienne France, dans Bulletin de l'Institut de recherche et
d'histoire des textes, n°12, 1963, p.113-125 [diocèse de
Laon].
LEGIER Henri-Jacques, « L'Église et
l'économie médiévale : la monnaie ecclésiastique de
Lyon et ses vicissitudes » in Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 4, 1957. p. 561-572.
LE GOFF Jacques (dir.), CHÉDEVILLE André,
ROSSIAUD Jacques, Histoire de la France urbaine - tome II : La ville en
France au Moyen-Age, des Carolingiens à la Renaissance,
Éditions du Seuil, Paris, 1998 (1ère éd. 1980)
LE JAN Régine, « Malo ordine tenent.
Transferts patrimoniaux et conflits dans le monde franc (VIIe-Xe siècle)
», in Mélanges de l'École française de Rome.
Moyen Age, Temps modernes, 111, 1999, p. 951-972.
LE LONG Nicolas (dom), Histoire ecclésiastique
& civile du diocèse de Laon, rééd. 1980
(Impression analistique de l'édition de Châlons, 1783,
in-4°)
LEMAIRE Jacques, Introduction à la
codicologie, Louvain-La-Neuve, Institut d'études
médiévales de l'Université catholique de Louvain, 1989.
LEMERCIER Claire, « Analyse de réseaux et histoire
», in Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, avril-juin 2005, n°
52-2, p. 88-112.
LUCHAIRE Achille, Les communes françaises à
l'époque des Capétiens directs. Nouvelle édition
revue et augmentée d'une introduction par Louis Halphen. Paris,
Hachette, 1911.
LUSSE Jackie, Naissance d'une cité. Laon et le
Laonnois du Ve au Xe siècle, Nancy, Presses universitaires de
Nancy, 1992.
MALSY Jean-Claude, Dictionnaire des noms de lieu du
département de l'Aisne. Tomes I à III., édité
sous les auspices de la Société française d'onomastique,
Paris, 1999-2001
Marché de la terre au Moyen Age (Le), dir.
Laurent FELLER et Chris WICKHAM, Rome, École française de Rome,
2005.
MARTINET Suzanne, Montloon, Laon, Courrier de l'Aisne,
1972.
- Laon. Promontoire sacré des druides au IXe
sècle, Laon, Courrier de l'Aisne, 1994.
244
- « Un évêque bâtisseur : Gautier de
Mortagne », in Mémoires de la Fédération des
sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, tome
VIII, 1961-1962, p. 81-92.
- « L'abbaye de Cuissy », in Mémoires de
la Fédération des sociétés d'histoire et
d'archéologie de l'Aisne, tome X, 1964, p. 71-79.
MAUSS Marcel, Essai sur le don : forme et raison de
l'échange dans les sociétés archaïques, Paris,
PUF, 2012, [1923-1924].
MAZEL Florian (dir.) L'espace du diocèse :
genèse d'un territoire dans l'Occident médiéval (Ve
-XVIIIe siècle), Rennes, PUR (Histoire), 2008.
- La noblesse et l'Église en Provence, fin
Xe-début XIVe siècle. L'exemple des familles d'Agoult-Simiane, de
Baux et de Marseille, Paris, Éditions du Comité des Travaux
Historiques et Scientifiques, 2002.
MELLEVILLE Maximilien, Histoire de la ville de Laon et de
ses institutions, 2 vol., Paris, 1846.
- Dictionnaire historique du département de
l'Aisne, 2 vol., Rééd. 1979 (Impression anastalique de
l'édition de Laon, 1865).
MICHAUD-QUANTIN Pierre, Universitas. Expressions du
mouvement communautaire dans le Moyen Age latin, Paris, Vrin, 1970.
MILLET Hélène, Les chanoines du chapitre
cathédral de Laon, 1272-1412, Rome, École française
de Rome, 1982.
- Informatique et prosopographie (dir.), Actes de la
table-ronde CNRS, Paris, 2526 octobre 1984, Paris, CNRS éditions,
1985.
Mise en page & mise en texte du livre manuscrit,
MARTIN Henri-Jean, VEZIN Jean (dir.), Préface de Jacques Monfrin, Paris,
1990.
MORELLE Laurent, « Les chartes dans la gestion des
conflits (France du Nord, XIe - début XIIe siècles) », in
Pratiques de l'écrit documentaire au XIe siècle, Olivier
Guyotjeannin, Laurent Morelle et Michel Parisse (éd.),
Bibliothèque de l'École des chartes, 155, 1997, p. 267-298.
- « Comment inspirer confiance ? Quelques remarques sur
l'autorité des cartulaires » in Julio Escalona et
Hélène Sirantoine (dir.), Chartes et cartulaires comme
instruments de pouvoir. Espagne et Occident chrétien (VIIIe-XIIe
siècles), Toulouse: Méridiennes-CSIC, 2013, p. 153-163
- « Instrumentation et travail de l'acte : quelques
réflexions sur l'écrit diplomatique en milieu monastique au XIe
siècle », Médiévales, 56, 2009.
- « Pratiques médiévales de l'écrit
documentaire », Annuaire de l'École pratique des hautes
études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques
[En ligne], 140, 2009.
245
MORSEL Joseph, « Ce qu'écrire veut dire au Moyen
Âge. Observations préliminaires à une étude de la
scripturalité médiévale », Memini. Travaux et
documents de la Société des études
médiévales du Québec n° 4, 2000, p. 3-43.
- « Appropriation communautaire du territoire, ou
appropriation territoriale de la communauté ? » Observations en
guise de conclusion, Hypothèses, 2005/1 p. 89104.
MUZURELLE Denis, Vocabulaire codicologique :
répertoire méthodique des termes français relatifs aux
manuscrits, avec leurs équivalents en anglais, italien, espagnol,
Paris, 1985.
OFFENSTADT Nicolas, « Le rite et l'histoire. Remarques
introductives », Hypothèses, 1, 1997, p. 7-14.
OLLIVIER Françoise, « Documents français
non littéraires du Laonnois au XIIIe siècle :
particularité dialectales », in Mémoires de la
Fédération des sociétés d'histoire et
d'archéologie de l'Aisne, tome XIII, 1967, p. 83-98.
ORLEAN André, L'Empire de la valeur, éd.
du Seuil, 2011.
- « La monnaie contre la marchandise »,
L'Homme, 162, avril-juin 2002
- La Monnaie entre violence et confiance, avec Michel
Aglietta, Paris, éd. Odile Jacob, 2002.
ORY Pascal, L'histoire culturelle, Paris, PUF (coll.
« Que sais-je ? »), 2004.
PARISSE Michel, A propos des actes
d'évêques, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1991.
POLANYI Karl, La grande transformation. Aux origines
politiques et économiques de notre temps, Gallimard, 1994
[1983].
POULLE Emmanuel, Paléographie des écritures
cursives en France du XVe au XVIIe siècle. Recueil de
fac-similés de documents parisiens avec leur transcription,
précédé d'une introduction, Genève, Librairie Droz,
1966.
Réseaux, familles et pouvoirs dans le monde
ibérique à la fin de l'ancien régime, CASTELLANO
Juan-Luis et DEDIEU Jean-Pierre (dir.), Paris, 1998.
Les réseaux sociaux. Une analyse structurale en
sociologie, DEGENNE Alain et FORSÉ Michel, Paris, 1994.
ROLLET Dany, Comprendre l'organisation et les enjeux d'une
manuscrit de gestion par son étude codicologique et économique.
L'exemple du Liber Sancti Trudonis, rédigé sous l'abbatiat de
Guillaume de Ryckel (1249-1272), mémoire de Master 2,
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, septembre 2013.
246
ROSÉ Isabelle, « Panorama de l'écrit
diplomatique en Bourgogne : autour des cartulaires (XIe-XVIIIe siècles)
», Bulletin du centre d'études médiévales
d'Auxerre, BUCEMA, n°11, 2007.
- « Modélisation et représentation
graphique des réseaux de pouvoir. Approche des pratiques sociales de
l'aristocratie du haut Moyen Âge, à partir de l'exemple d'Odon de
Cluny ( 942) », in Os medievalistas e suas fontes.
Leiturascruzadas sobre a Alta Idade Média, Actes du Colloque
international organisé par l'Université de São Paulo et
l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
SAHLINS Marshall, Age de pierre, âge d'abondance.
L'économie des sociétés primitives, Paris, Gallimard,
1976.
SAINT-DENIS Alain, Apogée d'une cité : Laon
et le Laonnois (XIIe-XIIIe siècles), Nancy, Presses universitaires
de Nancy, 1994.
- Institution hospitalière et société.
L'Hôtel-Dieu de Laon, 1150-1300, Nancy, Presses Universitaires de
Nancy, 1983.
SARS Maxime (de), Le Laonnois féodal, 5 vol.,
Paris, 1924-1934.
SIRINELLI Jean-François (dir.), RIOUX Jean-Pierre,
Pour une histoire culturelle, Paris, Seuil, 1997.
SIVÉRY Gérard, L'économie du royaume
de France au siècle de Saint Louis (vers 1180-vers 1315), Lille,
Presses universitaires de Lille, 1984.
SOT Michel (dir.), BOUDET Jean-Patrice, GUERREAU-JALABERT
Anita, Histoire culturelle de la France - tome I : Le Moyen-Age (dir.
Jean-Pierre Rioux, Jean-François Sirinelli), Éditions du Seuil,
Paris, 1997.
STEIN Henri, Bibliographie générale des
cartulaires français, Paris, 1907.
TAIÉE Charles, Prémontré.
Étude sur l'abbaye de ce nom, sur l'ordre qui y a pris naissance, ses
progrès, ses épreuves et sa décadence, (coll. «
Monographies des villes et villages de France »), Paris, Le Livre
d'histoire, 2010 [1ère éd. 1872].
TESTART Alain, Critique du don. Études sur la
circulation non marchande, Paris, Syllepse, 2007.
TÉTARD Jean-Louis, « Barthélémy,
évêque de Laon, moine cistercien de Foigny », in
Mémoires de la Fédération des sociétés
d'histoires et d'archéologie de l'Aisne, tome XLVI, 2001, p.
7-20.
THILLOIS, "Deux cartulaires de l'évêché de
Laon", in Bulletin de la Société académique de
Laon, t. 2, 1853, p. 207-228.
TYRAN Joseph, Laon ville militaire, Cambrai, 1999,
p.11-25.
VAUCHEZ André, « Le christianisme roman et
gothique », in Histoire de la France religieuse (dir. Georges
Duby et René Rémond), Paris, Éditions du Seuil, 1988.
247
Vengeance (La), 400-1200, BARTHELEMY Dominique,
BOUGARD François, LE JAN Régine, Rome, École
française de Rome, 2006.
VERGER Jacques, Les gens de savoir en Europe à la
fin du MA, Presses universitaires de France, 1997.
WEBER Max, Économie et société
(trad. Julien Freund, Pierre Kamnitzer, Pierre Bertrand, et
alii), Paris, Plon, 1971 [1921].
WEINER Annette, Inalienable Possessions : the Paradox of
Keeping-While-Giving, Berkeley, University of Californy Press, 1992.
ZIMMERMANN Michel (dir.), Auctor et auctoritas. Invention
et conformisme dans l'écriture médiévale, Actes du
colloque tenu à l'Université de
Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 14-16 juin 1999, Paris, École des
Chartes (« Mémoires et documents de l'École des chartes
» 59), 2001.
Concernant l'inventaire des cartulaires, il est aussi possible
de consulter la base de données de l'IRHT disponible sur Internet,
Cartul'R.
248
GLOSSAIRE
Binion : Cahier formé
de deux bifeuillets, soit deux feuillets pliés en deux et
assemblés les uns aux autres.
Cahier : Assemblage de
feuilles pliées les unes dans les autres, ou cousues ensemble, et
destinées à recevoir des écrits, des dessins ou des
collages. Plusieurs cahiers forment un livre.
Cartulaire : Registre
contenant les copies de titres de propriété et/ou de
privilèges temporels d'une personne ou d'une communauté.
Codex (codicologie) :
Manuscrit consistant en un assemblage de feuilles de parchemin, de forme
semblable à nos livres actuels, souvent doté d'une couverture,
par opposition au rouleau de papyrus (volumen). La discipline portant
sur les codices s'appelle donc codicologie.
Feuillet (ou folio) : Feuille
pliée une ou plusieurs fois sur elle-même pour former une feuille
double ou un cahier. Plus concrètement, on appelle feuillet l'ensemble
que constituent deux pages, recto et verso.
Lettrine : Lettre initiale de
gros corps, ornée ou non, occupant une hauteur supérieure
à la ligne courante au commencement d'un chapitre, d'un paragraphe, d'un
manuscrit médiéval ou d'un imprimé.
Pied-de-mouche : Signe
typographique dont l'usage propre est d'être placé au début
d'un nouveau paragraphe, afin de marquer un alinéa, lorsqu'en plus du
changement de paragraphe le discours change de sujet.
Piqûres de
réglure : petits trous ou fentes, plus ou moins
discrets, destinés à guider le traçage de la
réglure.
Piqûres
maîtresses : Chacune des piqûres qui
déterminent la configuration générale du schéma de
réglure, en fixant notamment la place des lignes justifiantes et de
l'entrecolonne.
Quaternion : Cahier
formés de quatre bifeuillets.
249
Quinion : Cahier formé de
cinq bifeuillets.
Réclame : Inscription,
en bas à droite du verso du dernier feuillet d'un cahier, reprenant les
premiers mots du cahier suivant. Il s'agit d'un repère quant à
l'articulation des différents cahiers.
Réglure :
Opération consistant à tracer des traits horizontaux et/ou
verticaux sur un support d'écriture. Par extension, manière dont
un papier est réglé, c'est-à-dire l'ensemble des lignes
droites permettant au copiste (ou au décorateur) de disposer son texte
(ou son illustration) selon un agencement bien précis. Dès lors,
il s'agit donc d'un acte qui précède celui de la copie, et il est
rarissime que le copiste néglige totalement le cadre des lignes
tracées, tout comme il est fréquent qu'il les dépasse de
peu. Concrètement, la réglure intervient dans l'organisation
générale de la face du feuillet et aide à
déterminer la mise en page du texte.
Réglures
maîtresses : lignes extrêmes de la justification,
c'est-à-dire les droites qui délimitent l'aire textuelle par
rapport à la marge de petit fond (gauche), à la marge de
gouttière (droite), à la marge de tête (partie
supérieure du feuillet) et à la marge de pied (partie
inférieure).
Rubrique : Indication
résumée d'un contenu textuel. Originellement, il s'agissait de
l'indication portée en lettres rouges dans un livre liturgique pour
préciser les rites de célébration des divers actes
liturgiques.
|
|