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Administrer par l'écrit : le grand cartulaire de l'évêché de laon

( Télécharger le fichier original )
par Romain RIBEIRO
Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Master II Recherche 2014
  

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Romain RIBEIRO

Mémoire de Master

Soutenu en Juin 2014

ADMINISTRER PAR L'ECRIT

Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon

Sous la direction de Laurent FELLER

1

Couverture : extrait de la table des matières du Grand cartulaire de l'évêché de Laon ; G2, A. D. de l'Aisne, f° 2v°-3r°.

2

3

Table des matières

Remerciements 8

Avant-propos 9

SOURCES

Sources manuscrites 11

Source principale 11

Sources secondaires 12

Sources éditées 18

Introduction

Historiographies, problématiques et enjeux

HISTORIOGRAPHIES

Scripturalité et cartulaires 21

Renouveau de l'approche socio-économique des sociétés médiévales 25

Contextualisation historique de l'évêché de Laon 28

Les origines de l'évêché de Laon 28

Les événements de 1112 29

Splendeurs et misères d'un évêché 31

L'évêché de Laon à la fin du XIIIe siècle 40

Processus historique et cartularisation 42

PROBLEMATIQUES

Étude des conditions d'élaboration du cartulaire 44

Les dimensions mémorielle et identitaire du cartulaire 47

Le cartulaire : un outil référentiel 49

ENJEUX 53

4

Première Partie

Usages et représentations de l'écrit dans le Grand cartulaire de l'évêché de Laon

CHAPITRE I - LE GRAND CARTULAIRE DE L'EVECHE DE LAON : ASPECTS CODICOLOGIQUES ET PALEOGRAPHIQUES

Composition matérielle 56

État général du cartulaire 56

L'agencement des cahiers 56

Foliotation 58

Dimensions et mises en page 59

Structure interne 62

Etat des lieux 62

Hypothèses d'agencement 62

Identification des phases d'écriture 63

CHAPITRE II - LE CARTULAIRE : UN INSTRUMENT RATIONALISE PAR UN USAGE
PRAGMATIQUE DE L'ECRIT

La table des matières : un listage structuré mais non exhaustif des rubriques

67

Description codicologique 67

Description archivistique 67

Un cahier annexe mais structurant : l'effet de liste 68

Table des matières et corpus textuel : analyse comparative des phases

d'écriture 69

Les systèmes de repérage graphique 71

Les systèmes de renvoi 72

Les indices graphiques d'ordonnancement 74

Les réclames : l'agencement logique et séquentiel des différents cahiers 76

Le cahier n°13 : vers une archéologie archivistique de la cartularisation 77

Un foliotage indépendant 77

Une mise en page brouillonne 79

Une codification alphabétique des actes 80

5

CHAPITRE III - INTERTEXTUALITE, SELECTION ET LOGIQUES DE REMPLOI AU SEIN DU GRAND CARTULAIRE DE L'EVECHE DE LAON

Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon : entre continuité et innovation

textuelles 84

Le Grand cartulaire et le Petit cartulaire 85

Le Grand cartulaire et les archives épiscopales 87

Le codex : une condensation textuelle pour un usage pratique de

l'information 92

Le cartulaire : un objet dynamique 93

Un instrument issu d'un travail collectif 93

Les signes d'une utilisation postérieure à la compilation primitive 95

Conclusions partielles 96

Seconde Partie

Administrer ou commémorer ? L'ambivalence du processus de cartularisation au sein du Grand cartulaire de l'évêché de Laon

CHAPITRE I - LE CARTULAIRE EN TANT QUE SUPPORT REFERENTIEL DANS LE CADRE D'UNE GESTION PATRIMONIALE DE L'EVECHE DE LAON

L'écrit comme établissement d'une référence jurisprudentielle dans une

société conflictuelle 101

Norme référentielle et validité pratique 101

Une normalisation des rapports de force 102

L'établissement de dossiers 103

Un outil de gestion des intérêts patrimoniaux de l'évêché 105

L'utilisation d'une base de données relationnelle : un recensement

systématique du patrimoine épiscopal 106

Patrimoine foncier 107

Patrimoine juridique 112

Patrimoine socio-politique 113

La confection du cartulaire : point d'ancrage d'une mainmise plus accrue de

l'évêque sur son territoire ou testament institutionnel ? 115

L'affirmation d'une puissance institutionnelle 115

... ou un outil de commémoration ? 117

6

CHAPITRE II - « LES PAROLES S'ENVOLENT, LES ECRITS RESTENT ». L'ECRIT COMME
AFFIRMATION SYMBOLIQUE DE LA MEMOIRE ET DE L'IDENTITE EPISCOPALES

Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon ou le principe de monumentalisation

par l'écrit 120

La cartularisation : réflexion sur la valeur de l'écrit 121

De l'oral à l'écrit 121

La cristallisation d'une discontinuité spatio-temporelle 123

Un panorama de près de deux siècles sur la représentation de l'espace au sein

de l'évêché de Laon 124

Pouvoir et territoire : l'affirmation spatio-temporelle de l'autorité épiscopale

125

Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon : une cartographie scripturale de

l'aire d'influence épiscopale ou le principe d'inscripturamento 128

CHAPITRE III - LE CARTULAIRE : UN INSTRUMENT DE LEGITIMATION DU MINISTERE

EPISCOPAL

Un instrument performatif dans un processus de coopétition politique 132

L'évêque et les communes du paysage laonnois 134

L'évêque et ses ministériaux 136

L'évêque et les seigneurs concurrents 142

Une légitimation symbolique de l'ordonnancement traditionnel du monde

144

Un usage ritualisé de l'écrit 144

L'écrit comme mise en scène de l'ordre social 145

L'esquisse d'une analyse réticulaire de la société laonnoise sous le prisme du

Grand cartulaire de l'évêché de Laon 149

Conclusions générales et perspectives de recherche 153

ANNEXES

Annexe n°1 : Foliotation et agencement codicologique des cahiers composant le Grand

cartulaire de l'évêché de Laon 157

Annexe n°2 : Liste des abréviations, des unités de mesures et des différents droits

seigneuriaux présents dans le cartulaire 165

Annexe n°3 : Recensement prosopographique et social à travers le Grand cartulaire de

l'évêché de Laon 169

7

Annexe n°4 : Tableau analytique du Grand cartulaire de l'évêché de Laon 187

Table des illustrations 237

Bibliographie 239

Glossaire 249

REMERCIEMENTS

Dans le cadre de la réalisation de ce mémoire, j'aimerais remercier ici :

Laurent Feller, pour sa disponibilité et ses précieux conseils ;

L'ensemble des enseignants et intervenants que j'ai eu à côtoyer, pour leur sympathie et leur apport dans mes recherches ;

Le personnel des Archives départementales de l'Aisne, pour leur bienveillance et leur aide toujours pertinente ;

8

Mon entourage, pour l'intérêt qu'ils ont pu porter à mes travaux et leur soutien.

9

AVANT-PROPOS

À mon arrivée en master d'Histoire médiévale à l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il m'a fallu trouver, avec l'aide de Laurent Feller, un sujet de mémoire qui répondait à mes exigences intellectuelles et scientifiques, à savoir travailler sur un thème d'histoire culturelle. L'hypothèse d'un sujet s'intitulant « administrer par l'écrit » a tout de suite retenu mon attention, car portant sur une thématique transversale, relevant à la fois de l'histoire économique, sociale et culturelle. Nous nous sommes donc entendus, mon directeur de recherche et moi, pour trouver un cartulaire* dont l'analyse serait alors inédite.

Or, étant originaire de Laon, j'avais à coeur de travailler sur ma ville, dont le rôle et l'importance au Moyen-Âge fut prépondérant, et qui, inconsciemment sûrement, m'amena à me spécialiser dans cette période. Des études ayant déjà été effectuées sur la commune1 et la chapitre cathédral2, je me suis alors mis en tête de travailler sur le cartulaire d'une des abbayes de la ville : l'abbaye Saint-Martin. Mais lors de mon premier recensement des fonds liés à cette abbaye, je me suis aperçu qu'elle avait été l'objet d'un récent sujet de mémoire qui, de surcroît, recoupait les différentes approches que je m'étais assigné de traiter3. Les cartulaires des deux autres principales abbayes - Saint-Vincent et Saint-Jean - se trouvant au Vatican pour l'une, en Allemagne pour l'autre, je me suis alors intéressé à une autre institution majeure de la ville : l'évêché.

En effet, hormis un bref article dans un Bulletin de la Société académique de Laon4, aucune étude spécifique n'avait été entreprise au sujet des deux cartulaires assimilés à cette institution - le Petit et le Grand, tous deux constitués durant la seconde moitié du XIIIe siècle. C'est donc ainsi qu'il se décida que la principale source de mon mémoire serait le Grand cartulaire de l'évêché de Laon, la majorité des actes du Petit cartulaire, antérieur, ayant été retranscrite dans le Grand.

Ce travail se donne donc pour but de réinsérer le Grand cartulaire dans un contexte économique, social, politique et culturel - on pense notamment à son insertion dans une période d'évolution et de transition tant codicologique, paléographique que philologique -, trame de fond de son élaboration, et ainsi de découvrir les conditions de sa réalisation,

1 HUART-FLEURY Suzanne (D'), Les institutions communales de la ville de Laon (1128-1331), thèse de l'École Nationale des Chartes, 1947.

2 MILLET Hélène, Les chanoines du chapitre cathédral de Laon, Rome, École française de Rome, 1982.

3 LACOURTE Audrey, L'abbaye de Saint-Martin de Laon sous les abbatiats de Garin (1151-1171), Barthélémy de Mons (1171-1179) et Gautier II (1179-1186), mémoire de Master, Reims, 2007.

4 THILLOIS, "Deux cartulaires de l'évêché de Laon", Bulletin de la Société académique de Laon, t. 2, 1853, p. 207-228.

10

les choix opérés lors de sa confection, ainsi que le rapport qu'il peut entretenir avec le codex* antérieur.

11

SOURCES

Sources manuscrites

La totalité des sources manuscrites convoquées et étudiées dans cette étude sont issues du fond G des Archives départementales de l'Aisne. La source principale correspond bien évidemment au Grand cartulaire de l'évêché de Laon, mais mon étude nécessite aussi la consultation d'actes originaux - s'ils existent encore - ou de registres annexes afin de les comparer à leur transcription finale.

Source principale

* G 2 : Grand cartulaire de l'évêché de Laon

Stein1

1877 - Grand cartulaire de l'évêché de Laon ; ms. du XIVe siècle, sur parchemin, contenant 276 actes des années 1125-1320, in-folio de 111 ff. à 2 col. (Archives dép de l'Aisne, G2)

Cf. Deux cartulaires de l'évêché de Laon, Par Thillois (Bulletin de la Société académique de Laon, II, 1853, p. 207-228). Cf aussi Varin : Archives administratives de la ville de Reims, I, p. CLX.

Analyse du précédent, faite au XVIIIe siècle [1768], mais défectueuse, sur papier (Archives dép. de l'Aisne, G3).

Extraits faits au XVIIIe siècle (Biblioth. nationale, coll. Dom Grenier, vol. CX, ff. 26, 43, 45, 50, 77, 96 et 164).

1 Il s'agit ici du numéro de catalogue du répertoire d'Henri Stein, Bibliographie générale des cartulaires français, paru en 1907 et dans lequel sont répertoriés et inventoriés la plupart des cartulaires de l'espace français et espaces environnants.

12

Sources secondaires

* G 1 : Petit cartulaire de l'évêché de Laon, consistant en 6 cahiers détachés qui contiennent 105 chartes, dont deux incomplètes.

Stein

1876 - Petit cartulaire de l'évêché de Laon ; ms. du XIIIe siècle, sur parchemin, contenant 125 actes des années 975 à 1267, in-4° de 46 ff. (Archives dép. de l'Aisne, G1) Manuscrit incomplet ; le reste se trouve à la Biblioth. Gheltenham, ms. 1322 (14 ff.) Analyse du même, faite au XVIIIe siècle, sur papier, in-folio (Archives dép. de l'Aisne, G5)

* G 3 : Inventaire analytique, rédigé vers 1768, de 275 chartes du Grand cartulaire de l'évêché de Laon.

* G 4 : Inventaire, rédigé vers 1768, de titres du trésor des chartes de l'évêché de Laon, concernant le chapitre cathédral de Laon

* G 5 : Inventaire général des titres de l'évêché de Laon

* G 7 : Fondations religieuses dans le diocèse de Laon de 1112 à 1625

- Fondation et dotation par Thomas de Coucy d'une chapellenie au-dessous de son manoir de Landouzy (1226)

- Reconnaissance par Renaud, curé de Chermizy des rentes dues à la chapellenie de La-Ville-aux-Bois et assignées sur des immeubles sis à Pargnan, Cerny-en-Laonnois, Chivy, Troyon, Martigny-en-Laonnois et Pancy (1252)

* G 9 : Acquisition par l'évêque de Laon de divers droits sur la vicomté de Mons-en-Laonnois

- Vente par Gobert le Cat à l'évêque de Laon des droits de vicomté à Mons-en-Laonnois, Laniscourt, Bois-Roger et les Creuttes, le vendeur se réservant les maisons, prés, vignes, terres, bois et autres héritages, ainsi que le droit de rouage qui relevait de ladite vicomté (1236)

- Ratification de cette vente par Gérard de Clacy, vidame du Laonnois (1236)

* G 10 : Négociations à propos de la forêt de Wois

- Confirmation par Philippe IV d'un accord passé entre Enguerrand de Coucy l'évêque de Laon à propos des modalités de partage de ladite forêt entre les deux

13

protagonistes (1287)

* G 11 : Acquisitions par l'évêque de Laon de biens fonciers et de prérogatives seigneuriales sur la prévôté du Laonnois

- Vente par Simon de Valavergny, écuyer et prévôt du Laonnois, à l'évêque de Laon de 20 livrées de terre à percevoir annuellement sur la grande taille du Laonnois qu'il tenait en mouvance de l'évêché, à cause de la prévôté du Laonnois qu'il tenait de son frère Jean de Valavergny (1292)

- Vente par Gaucher, sire de Châtillon et connétable de Champagne, et Isabelle de Dreux, sa femme, à l'évêque de Laon de la châtellenie de Laon ainsi que de la seigneurie de Barenton-Cel, vassale de l'évêché (1297)

- Le même Gaucher invitant ses vassaux à obéir désormais audit évêque (1297)

- Abandon par Jean, châtelain de Torte, sire d'Honnecourt et chevalier, au profit de l'évêque de Laon de ses droits dans ses fiefs ainsi que des 20 livrées de terre affectées sur la prévôté de Valavergny (1301)

* G 14 : Limites et franchises (méridionales) du Duché

- Ratification par Louis VIII d'une sentence arbitrale fixant les limites des domaines de l'évêque de Laon et du comte de Soissons entre Urcel et Martigny, la rivière d'Ailette étant confortée dans son rôle de frontière naturelle (1225)

- Choix d'arbitres pour le règlement des limites des seigneuries respectives de ces deux seigneurs (1262)

* G 22 : Démarcations territoriales et seigneuriales autour du bois de Ronceloi

- Vidimus par Raoul Li Jaunes, garde scel du bailliage de Vermandois, d'une charte datée de 1214 où Enguerrand de Coucy reconnaît à l'évêque de Laon les droits d'entrecours pour la partie de la forêt lui appartenant, conformément à la division préalablement opérée ; de même qu'il reconnaît ne pouvoir conduire en chevauchée ni mettre parmi ses troupes d'autres hommes de Laval, Nouvion-le-Vineux et de Maimeçon que ceux qui seront ses vassaux (1331)

- Vidimus par Hugues Aubriot, garde de la prévôté de Paris, d'un accord passé en 1237 entre l'évêque de Laon et le sire de Coucy au sujet du bois de Ronceloi (1380)

- Accord entre l'évêque de Laon et l'abbaye de Prémontré pour la démarcation de ladite forêt et des dépendances des moulins d'Achery (1287)

14

* G 27 : Accords et transactions effectués autour d'Achery-Mayot

- Accord entre l'abbé de Saint-Nicolas-aux-Bois et l'évêque de Laon à propos de l'acquisition par l'abbaye d'Isle de Saint-Quentin d'Anguilcourt et Saucet, dépendant des châtellenie et prévôté de Ribemont, en premier lieu, et de la confirmation d'appartenance d'Achery à l'évêché de Laon dans un second temps. Il est précisé que les habitants des lieux susnommés exercent un droit de pâturage, bien que le pré de l'évêque en soit affranchi. De plus, l'abbé abandonne à l'évêque de Laon une rente annuelle de 20 muids de vin à Chevregny (1287)

* G 32 : Transactions effectuées autour de biens et droits sis à Anizy-le-Château

- Vente par Baudouin de Chevregny et Jeanne de Caulaincourt, sa femme, à l'évêque de Laon de ce qu'ils possèdent à Anizy-le-Château, tant en redevances économiques et foncières qu'en droits seigneuriaux (1229)

- Reconnaissance de cette vente par les abbés de Saint-Jean et Saint-Vincent de Laon (1229)

- Ratification par Gérard de Caulaincourt qui renonce à ses droits de suzeraineté (1229)

* G 38 : Accords passés entre l'évêque de Laon et l'abbaye de Prémontré

- Vidimus par Henri de Taperel, garde de la prévôté de Paris, de la ratification faite par le roi Philippe V, d'une transaction passée en 1313 entre l'évêque de Laon et l'abbaye de Prémontré, attribuant la haute justice du moulin de Liébuin audit évêque, la basse et la moyenne à l'abbaye, sous la condition que l'officier qui la rendra aux vassaux abbatiaux prêtera serment devant l'évêque. Les sujets épiscopaux de Brancourt ne pourront plus faire paître leurs bestiaux dans les pâtures de Moilleval (1316)

* G 39 : Droits, ventes et franchises sis à Bruyères, Vorges, Chéret et possessions alentours

- Concession par Louis VI, sur la somme de 20 livres due par les habitants de Bruyères et de Vorges pour leur érection en commune, un tiers à l'évêque de Laon et un autre tiers à Clarembaud du Marché ; ainsi qu'un tiers à chacun de la taille de ceux qui entreront en la paix de Laon, dans les endroits où la taille est perçue. Les profits seront partagés entre le roi et l'évêque, et le monarque assigne à Béatrix, cousine de l'évêque Barthélémy et femme de Clarembaud, ainsi qu'à son fils, en témoignage de l'affection qu'il porte à l'évêque, un domaine sis à Bruyères et Chéret (1129)

15

- Confirmation de la charte communale de Bruyères par Philippe-Auguste (1186)

- Vente par Roger de Rozoy à l'évêque de Laon de ce qu'il possédait à Bruyères, Chéret, Cherequel, Martigny, Montbérault et Vorges, et des dîmes, cens, justice, hommes de corps, vinages, de la mouvance de l'évêché de Laon, tout en se réservant sa grande grande vigne de Martigny ainsi que divers autre biens fonciers de ce lieux, tout en se reconnaissant vassal de l'évêque et noble serviteur de l'église de Laon (1247)

- Ratification de cette vente par Aelide, dame d'Audenarde, soeur dudit Roger (1248)

* G 41 : Droits et ventes sis à Chevregny

- Reconnaissance par l'abbé de Braine que l'évêque de Laon lui a accordé le droit de pâturage de la ferme de Certaux (Sarteau) moyennant une rente annuelle de 10 sous tournois, tout en définissant les limites de ce territoire (1265)

- Vente par Gilon, dit Gros-Ami, et Perrée, sa femme, à l'évêque de Laon de droits de vinage, cens et rentes sur des maisons, terres et jardins sis à Chevregny (1292)

* G 50 : Ventes de maisons sises à Laon en faveur de l'évêque et accords passés avec la commune à propos de leurs droits respectifs dans cette même ville

- Ventes à l'évêque de Laon de maisons et d'une partie des droits attenants par Gérard de Clacy issus de sa vidamie et de sa châtellenie du Laonnois (1230)

- Accord passé entre l'abbé de Vauclair et l'évêque de Laon à propos d'une maison sise à Laon (1261)

- Vidimus par le garde de la prévôté de Paris d'une confirmation de 1241 de Louis IX relative aux droits réciproques de l'évêque de Laon et de la commune de cette même ville (1292)

- Copie d'un acte de bornage entre l'évêque de Laon et l'abbaye de Saint-Vincent, vidimé en 1280 par Philippe III (1619)

* G 56 : Liasse relative aux fiefs de Laval, Nouvion-le-Vineux, Mailly et Maimençon

- Vente par Enguerrand de Coucy à l'évêque de Laon, accompagnée d'une ratification de celle-ci par sa femme Marguerite, de ses possessions sises dans ces

territoires, ainsi qu'une quittance apportée par le-dit Enguerrand (1267)

- Vente par Pierre de Courtisot, sire de Crandon, à l'évêque de Laon de ses biens sis à Laval et Nouvion-le-Vineux, accompagnée d'une série de ratifications de ladite vente par les officialités de Laon et de Troyes, ainsi que de Béatrix, sa femme

16

(1292)

* G 61 : Concessions sises à Lizy

- Thomas de Coucy, seigneur de Vervins, et Enguerrand de Coucy, seigneur de Marle, concèdent aux habitants de Lizy des bois et pâturages moyennant un cens qui n'est pas déterminé (1212)

- Énumération d'une série d'accords passés entre l'abbaye de Prémontré et l'évêque de Laon à propos de bois et de possessions attenantes situés près de Lizy (1292)

* G 62 : Opérations foncières effectuées sur le domaine de Mons-en-Laonnois

- Vente par un bourgeois de la ville de Laon à l'évêque de cette même ville d'une rente affectée sur divers immeubles dudit domaine (1270)

* G 65 : Opération foncières effectuées sur la ferme de Pouilly

- Vente par Roger d'Acy à l'évêque de Laon et quelques-uns de ses hommes de Pouilly de 11 jalois de terres labourables sises sur ladite ferme (1221)

* G 73 : Accords passés à propos du domaine de Versigny et des possessions attenantes

- Accord passé entre Enguerrand de Coucy et l'évêque de Laon à propos de d'un ruisseau sis à Versigny et devant leur servir de limite (1292)

* G 74 : Accord passé entre Enguerrand de Coucy et l'évêque de Laon à propos de l'usufruit du bois de Tranlois

- Ledit Enguerrand reconnaît que l'évêque de Laon lui a vendu 3 charrues de terres labourables à prendre dans son bois de Tranlois moyennant un surcens annuel de 4 muids de blé (1202)

* G 76 : Liasse relative aux exactions des sires de Coucy dans le domaine de Versigny, propriété de l'évêché de Laon

- Reconnaissance par Philippe III que la garenne dudit lieu appartenait à l'évêché ; que le sire de Coucy avait eut tort d'y faire prisonnier un homme de corps de l'évêque ; et que ceux qui gardaient la régale pendant la vacance du siège épiscopal avaient eu raison d'informer (1277)

17

* G 78 : Opérations foncières effectuées sur le domaine de Vorges

- L'évêque de Laon cède un champ à différents habitants de Vorges moyennant une rente annuelle de 5 muids de vinage (1218)

* G 83 : Acquisitions par l'évêché de Laon de prérogatives féodo-vassaliques sur son pagus

- Abolition par Louis VI des offices de vidame et de prévôt du Laonnois, regardés comme oppresseurs des pauvres et de l'église, les unissant ainsi de manière perpétuelle à l'évêché de Laon (1125)

- Dénombrements et hommages de la vidamie du Laonnois (1281, 1284 et 1292)

* G 86 : Liasse relative aux prérogatives de la prévôté du Laonnois

- Vente par Simon de Valavergny à l'évêque de Laon de divers droits dans sa prévôté du Laonnois (1297)

* G 93 : Liasse relative aux prérogatives seigneuriales dans le fief de Marcilly

- Simon de Sart, châtelain de Laon, abandonne à l'évêque de Laon la suzeraineté du fief de Marcilly sis à Faucoucourt, en échange de droits féodaux autrefois cédés sans le consentement du prélat (1265)

- Vidimus de cette charte par Hugues Aubriot, garde de la Prévôté de Paris (1380)

* G 94 : Liasse relative aux prérogatives seigneuriales dans le fief de Dammarie

- Milon, seigneur de Soupir, et Gérard, son fils, cèdent à l'évêque de Laon la suzeraineté de Dammarie, cession suivie d'une reconnaissance par Jean de Juvincourt, chevalier, fils de feu Renaud dit Le Govie, chevalier (1248)

- Abandon par Jean et Bertrand de Juvincourt de leurs droits de censives de Dammarie au profit de l'abbaye de Saint-Thierry de Reims (1248)

* G 99 : Liasse relative aux prérogatives féodo-vassaliques pour les châtellenies de Montaigu, Pierrepont et Sissonne

- Décision arbitrale sur l'obligation faite au comte de Roucy de rendre deux hommages distincts à l'évêque de Laon pour les châtellenies de Montaigu et de Pierrepont (1260)

- Fois, hommages et dénombrements desdites trois châtellenies (1322-1474)

18

* G 103 : Liasse relative aux prérogatives féodo-vassaliques pour le domaine de Pouilly

- Sentence arbitrale mettant sous la suzeraineté de l'évêque de Laon les possessions de Richard de Cervenay, chevalier, à Pouilly, et obligeant ce seigneur à recevoir, à le volonté dudit prélat, le remboursement d'une prestation de 3 muids de grains exigibles sur l'évêché (1250)

- Dénombrements et saisies féodales de ce domaine, ainsi que de ceux des fiefs Gruet et de Flavigny, sis à Pouilly

* G 105 : Liasse relative aux prérogatives féodo-vassaliques pour la châtellenie de Sissonne

- Enguerrand de Coucy atteste qu'il a acquis ladite châtellenie, dans le comté et la baronnie de l'évêque de Laon, avec l'intention formelle de ne pas changer la condition féodale (1225)

Sources éditées

Mais il existe aussi des sources éditées, correspondant aux témoignages laissés par les deux principaux chroniqueurs du XIIe siècle laonnois :

NOGENT Guibert (de), De vita sua. Autobiographie d'un moine du XIIe siècle, Clermont-Ferrand, Paleo (traduit du latin par M. Guizot et R. Fougère), 2002.

TOURNAI Hériman (de), Les Miracles de Sainte Marie de Laon, ( éd. et trad. Alain Saint-Denis), Paris, CNRS éditions, 2008.

19

20

INTRODUCTION

HISTORIOGRAPHIES, PROBLEMATIQUES ET ENJEUX

21

Historiographies

L'intitulé de mon sujet - « Administrer par l'écrit : le Grand cartulaire de l'évêché de Laon » - m'oblige à m'inscrire dans une double mouvance historiographique : il s'agira, en premier lieu, d'appréhender et d'intégrer à mon propos les concepts proposés et largement développés par l'historiographie culturaliste, et plus particulièrement la branche se basant sur l'étude rigoureuse de la scripturalité, tout en insérant mon étude dans le renouveau actuel des approches socio-économiques qui régissent l'observation des sociétés médiévales.

Scripturalité et cartulaires

Longtemps, les historiens n'avaient recours aux sources écrites que dans un unique but de recensement des informations contenues dans ladite source, lequel recensement prévalait sur l'analyse purement formelle du document. Plus simplement, les historiens privilégiaient les idées et les thèmes développés aux moyens techniques mis en oeuvre pour les transmettre.

Toutefois, et ce dès le XVIIe siècle - pensons ici à dom Jean Mabillon, dont l'ouvrage De re diplomatica parût en 1681 -, certains spécialistes favorisèrent l'essor de l'analyse technique et scientifique des diplômes : la diplomatique. De nos jours, elle s'inscrit davantage dans des problématiques relevant de l'histoire culturelle en général, et de l'histoire des pratiques de l'écrit en particulier. Souvent associée aux autres sciences dites « auxiliaires » de l'histoire, la diplomatique peut se définir comme étant l'étude rigoureuse des actes écrits, où se trouvent consignés « soit l'accomplissement d'un acte juridique, soit l'existence d'un fait juridique, soit encore éventuellement un fait quelconque dès lors que l'écrit est rédigé sans une certaine forme propre à lui donner validité »2. Il s'agit donc d'une réflexion sur la valeur et l'authenticité de ces documents, notamment grâce à tout un arsenal de procédures, de classifications et de dénominations propres à cette discipline3. En France, l'un des précurseurs de cette discipline fut Arthur

2 CARCEL ORTI Maria Milagros (éd.), Vocabulaire international de diplomatique, Valence, 1994.

3 Diplomatique médiévale, GUYOTJEANNIN Olivier, PICKE Jacques et TOCK Benoît-Michel, Turnhout, Brepols (« Collection du Centre d'Études Médiévales de Nice »), n° 1, 1993.

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Giry4, un médiéviste du XIXe siècle, bien que ce soit au siècle suivant que cette discipline acquit ses lettres de noblesse, notamment grâce travaux d'Alain de Boüard5 puis d'Olivier Guyotjeannin6. Néanmoins, la diplomatique s'est aussi profondément diversifiée grâce aux recherches et aux contributions récentes d'historiens tels que Laurent Morelle, Michel Parisse, Pierre Chastang ou encore Étienne Anheim, pour ne citer qu'eux.

Mais il ne faut pas oublier non plus les disciplines connexes à la diplomatique, qui connurent un essor et acquirent une rigueur scientifique de manière concomitante à la diplomatique. Il s'agit en premier lieu de la philologie, qui demeure essentielle quant à l'analyse formelle et stylistique des textes ; puis vient la paléographie, discipline fondamentale pour ce qui concerne l'étude des textes médiévaux (à ce sujet il existe quelques ouvrages de synthèse clairs et accessibles7) ; et enfin la sigillographie, certains actes originaux étant parfois accompagnés d'un sceau, ou sinon en faisaient référence, le sceau n'ayant longtemps pas été l'objet d'une même attention de conservation que les actes écrits8. De même, la seconde moitié du XXe siècle a vu s'épanouir et se développer une discipline qui trouve un écho direct dans notre étude : la codicologie*. En effet, la codicologie correspond à l'étude des manuscrits reliés en codex, ancêtres de nos livres modernes. Cette discipline tend à analyser l'objet dans toute sa matérialité, c'est-à-dire de son principe de confection, en passant par le choix du support, de la mise en page ou de ses conditions de réalisation9. De ce fait, on assiste encore aujourd'hui à un renouvellement de l'approche des manuscrits, qui sont étudiés comme des objets en soi et non plus comme de simples supports d'informations10.

4 GIRY Arthur, Manuel de Diplomatique, Paris, 1925 (1894).

5 BOÜARD Alain (de), Manuel de Diplomatique française et pontificale, Paris, 1949 (1929).

6 GUYOTJEANNIN Olivier, « Le vocabulaire de la diplomatique en latin médiéval (noms de l'acte, mise par écrit, tradition, critique, conservation) », in O. WEIJERS (dir.), Vocabulaire du livre et de l'écriture au Moyen Age, Turnhout, Brepols, 1989, p. 120-134. ; GUYOTJEANNIN Olivier, « Antiqua et authentica praedecessorum nostrorum nos ammonent. Appel et rejet du passé chez les rédacteurs d'actes occidentaux (VIIIe-XIVe siècle) », in L'autorité du passé dans les sociétés médiévales, Jean-Marie Sansterre (dir.), Rome, École française de Rome (« collection de l'École française de Rome »), n° 333, 2004, p. 9-25.

7 BISCHOFF Bernhard, Paléographie de l'Antiquité romaine et Moyen Age occidental, (trad. Harmat Atsma et Jean Vez), Paris, Picard, 1985. ; POULLE Emmanuel, Paléographie des écritures cursives en France du XVe au XVIIe siècle. Recueil de fac-similés de documents parisiens avec leur transcription, précédé d'une introduction, Genève, Droz, 1966.

8 Jusqu'au IInd Empire, il était d'usage chez les conservateurs de séparer les sceaux des documents auxquels il été adjoints, ce qui, de nos jours, correspond à une véritable mutilation de l'acte, la charte ne pouvant alors se comprendre sans le sceau qui l'accompagne, véritable gage d'authentification ainsi que de datation et de localisation. Or, bien qu'il existait certains dessins et descriptions antérieurs, il fallut attendre le règne de Napoléon Bonaparte pour que les sceaux soient reproduits de façon systématique sous forme de moulages et conservés dans les dépôts publics.

9 LEMAIRE Jacques, Introduction à la codicologie, Louvain-La-Neuve, Institut d'études médiévales de l'Université catholique de Louvain, 1989.

10 Pour une synthèse globale sur la notion de scripturalité, voir l'article de Joseph MORSEL, « Ce qu'écrire veut dire au Moyen Âge. Observations préliminaires à une étude de la scripturalité médiévale », Memini. Travaux et documents de la Société des études médiévales du Québec n° 4, 2000, p. 3-43.

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Qui plus est, ce ne sont pas des actes isolés qui occuperont principalement le développement de notre propos, mais bien un recueil d'actes compilés : un cartulaire. On désigne du mot cartulaire [liber c(h)artarum, c(h)artularium, codex aureux, etc.] toute transcription organisée (sélective ou exhaustive) de documents diplomatiques, réalisée par le détenteur de ceux-ci ou pour son compte, afin d'en assurer la conservation et d'en faciliter la consultation (on le distingue du recueil de chartes, établi par un érudit, ancien ou moderne, et non pas par l'intéressé lui-même à l'aide de ses propres documents)11.

Les cartulaires ont toujours été un réservoir de données pour les historiens, les originaux des actes transcrits ayant souvent disparu. C'est pourquoi un processus de compilation de ces manuscrits a été entamé à partir de la fin du XIXe siècle et a abouti en 1907, sous la férule d'Henri Stein, à la publication de la Bibliographie générale des cartulaires français12. Point d'orgue d'une série d'inventaires réalisés antérieurement et indice du perfectionnement de l'archivistique, l'ordre suivi est l'ordre alphabétique des localités, et concernant la description de chaque cartulaire, nous avons adopté cette classification : titre du cartulaire, date de sa composition, dates extrêmes des documents qu'il contient, nombre de pages ou de folios, lieu où il est actuellement conservé. Toutefois, cet inventaire fut rapidement dépassé par l'apparition de nouveaux manuscrits, tandis que d'autres connurent les ravages des deux conflits mondiaux, changèrent de cotes ou de lieu de dépôt. C'est pourquoi il connut et connaît encore une perpétuelle mise à jour, grâce notamment aux entreprises de la section diplomatique de l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes (IRHT), qui s'attacha tout d'abord à l'élaboration de révisions régionales13, puis au développement d'un travail de microfilmage de tous les cartulaires conservés en France - toujours en cours d'ailleurs -, et enfin, avec l'aide de l'informatique, à la conception d'une base de données perfectible mais qui se veut globale et regroupant l'ensemble des cartulaires « au sens large » tel que l'envisageait d'ailleurs Henri Stein. C'est ainsi que naquit le répertoire CartulR14, basé sur la Bibliographie de Stein, complétée et corrigée, et qui se veut ouvert à tous les chercheurs.

C'est donc dans ce terreau propice que se développe depuis une vingtaine d'années en France une véritable réflexion sur les cartulaires, non plus en tant que vecteur d'informations, mais bien en tant qu'objet matériel et social. L'un des événements fondateurs de cette impulsion historiographique fut certainement la Table ronde organisée en décembre 1991 par l'École nationale des chartes et le Groupe de recherche 121 du CNRS, dont les interventions devinrent l'objet d'une publication15. Cet ouvrage traite

11 Diplomatique médiévale, GUYOTJEANNIN Olivier, PICKE Jacques et TOCK Benoît-Michel, Turnhout, Brepols (« Collection du Centre d'Études Médiévales de Nice »), n° 1, 1993, p.277.

12 STEIN Henri, Bibliographie générale des cartulaires français, Paris, 1907.

13 LE BRAZ Jacqueline, Répertoire des cartulaires de l'ancienne France, dans Bulletin de l'Institut de recherche et d'histoire des textes, 1963.

14 www.cn-telma.fr/cartulR/index/

15 GUYOTJEANNIN Olivier, MORELLE Laurent, PARISSE Michel, Les cartulaires : actes de la Table ronde organisée par l'École nationale des chartes et le GDR 121 du CNRS, Paris, 5-7 décembre 1991,

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notamment de l'insertion des cartulaires dans l'histoire de l'écrit, leurs principes de réalisation et de confection, leurs contenus, ainsi que des limites qui persistent dans l'histoire et l'historiographie des cartulaires. De surcroît, cette étude collégiale fut le précurseur de nombreuses autres études, locales ou régionales16, ainsi que de multiples travaux d'éditions. Or, ce travail de fond s'inscrit surtout dans un foisonnement conceptuel et scientifique autour de la scripturalité, au sein duquel les cartulaires ne représentent finalement qu'un objet d'étude parmi tant d'autres17.

En outre, cette tendance historiographique s'inscrit dans le courant plus général de l'histoire culturelle18, la culture étant entendue ici comme l'ensemble des représentations collectives propres à une société, l'histoire culturelle pouvant alors apparaître comme une modalité de l'histoire sociale, une histoire sociale des représentations. Elle se distingue ainsi des histoires qualitatives (histoire des arts, des sciences, des idées...) davantage articulées sur le jugement de valeur et attachées à la recherche prioritaire de la singularité, bien que certains historiens les incluent dans leur définition19. Pascal Ory, fondateur et président de l'Association pour le Développement de l'Histoire Culturelle, insiste sur la triple approche que sous-tend l'histoire culturelle : approche factorielle tout d'abord, le système culturel étant régit par un triple déterminisme (technique, économique et social, politique) ; approche pratique ensuite (usages sociaux des objets étudiés, etc) ; et approche formelle enfin.

Néanmoins, et de manière paradoxale en vue de notre objet d'étude, la cristallisation de cette discipline se construisit contre une histoire politique ou économique qui ignoraient l'effet des représentations, mais à côté de la sociologie de la culture ou de l'étude des politiques culturelles. Ce qui, sur ce point, la rapproche des cultural studies anglo-saxonnes, a-historiques et implantées dans les départements littérature des universités, non en histoire. Mais la spécificité française résulte justement par le fait de rabattre vers l'histoire le savoir anthropologique, qui permet une mise à

Paris, École des chartes, 1993.

16 CHASTANG Pierre, Lire, écrire, transcrire. Le travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc (XIe-XIIIe), Paris, éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, 2001. ; LE BLÉVEC Daniel (dir.), Les cartulaires méridionaux. Actes du colloque organisé à Béziers les 20 et 21 septembre 2002 par le Centre historique de recherches et d'études médiévales sur la Méditerranée occidentale avec la collaboration du GDR 2513 du CNRS, Paris, École des chartes, 2006. ; JEANNE Damien, « Une "machina memorialis". Les cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de Rouen », Tabularia « Études », n° 12, 2012, p. 29-62. ; ROSÉ Isabelle, « Panorama de l'écrit diplomatique en Bourgogne : autour des cartulaires (XIe-XVIIIe siècles) », Bulletin du centre d'études médiévales d'Auxerre, BUCEMA, n°11, 2007.

17 BERTRAND Paul, « À propos de la révolution de l'écrit (Xe-XIIIe siècle). Considérations inactuelles », Médiévales, n°56, 2009, p. 75-92. ; CHASTANG Pierre, ANHEIM Étienne (coll.), « Les pratiques de l'écrit dans les sociétés médiévales » Médiévales, n°56, 2009, p. 5-10.

18 ORY Pascal, L'histoire culturelle, Paris, PUF (coll. « Que sais-je ? »), 2004. ; BERTRAND Anne-Marie, « L'histoire culturelle du contemporain », in Bulletin des bibliothèques de France, n°6, 2004, p. 116117.

19 SIRINELLI Jean-François (dir.), RIOUX Jean-Pierre, Pour une histoire culturelle, Paris, Seuil, 1997.

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distance nécessaire. On perçoit alors le noyau dur de l'histoire culturelle française, l'histoire des représentations, une approche ethno-anthropologique des sociétés, qui permet à Pascal Ory d'affirmer que « c'est le regard qui crée le champ », c'est-à-dire qu'il semble nécessaire de percevoir le culturel comme un regard, non comme un domaine.

C'est ainsi qu'un élargissement des approches, notamment vers l'anthropologie, a permis et permet encore de redécouvrir sous un oeil neuf ou selon des angles d'analyse différents des thèmes qui semblaient jusque-là épuisés. A ce sujet, on pense par exemple à l'apport indéniable de Jack Goody qui, par sa vision historique de l'anthropologie, a profondément renouvelé les études portant sur la scripturalité20. Mais cette interpénétration des disciplines est encore perceptible aujourd'hui, en témoigne le titre arboré par le n° 59 de la revue d'ethno-anthropologie française Terrain, paru en septembre 2012 - « L'objet livre »21 - où sont interrogées les implications sociales et culturelles de l'aspect concret du livre.

Renouveau de l'approche socio-économique des sociétés médiévales

L'historiographie française de l'époque romantique se fondait essentiellement sur l'histoire des grands personnages, des grandes batailles, des grands règnes de l'histoire de France. Par la suite, l'école historique positiviste fut le chantre de ce que l'on appelle « l'histoire bataille ». Or, c'est en réaction à cette pratique de l'histoire événementielle et politique que s'imposa l'approche socio-économique et le temps long au sein de la discipline historique, courant qui acquit ses lettres de noblesse à la fin des années 1920 lors de la création de l'École de Annales par Lucien Febvre et Marc Bloch, et de son pendant éditorial avec la Revue des Annales, de nos jours Annales. Histoire, Sciences sociales, productrice d'un dialogue innovant et raisonné entre les différentes sciences sociales22.

L'ouvrage qui semble faire une synthèse de cette approche est celui de Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II23, où, à l'image de son plan en trois parties, l'auteur introduit son propos en développant un véritable programme historiographique. Il préconise effectivement de décomposer

20 GOODY Jack, La raison graphique : la domestication de la pensée sauvage (traduit de l'anglais par Jean Bazin et Alban Bensa), Paris, les éditions de Minuit, 1978.

21 « L'objet livre », Terrain, n°59, 2012/2, 184 p.

22 Historiographies. Concepts et débats, DELACROIX Christian, DOSSE Françoise, GARCIA Patrick, OFFENSTADT Nicolas, Paris, Folio histoire, 2010.

23 BRAUDEL Fernand, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1990 (9e éd.).

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l'histoire en trois niveaux non cloisonnés et interdépendants et utilise la métaphore maritime pour exposer cette manière de procéder : la couche profonde correspond au temps géographique, la couche intermédiaire au temps économique et social, et la surface à l'événement, au temps individuel. Ainsi, les positivistes ne s'intéressaient qu'à l'histoire de surface, captivante, mais simple récit, contrairement à l'histoire telle que la concevaient les Annales, c'est-à-dire fondée sur des explications de fonds. On ne comprend en effet le fonctionnement économique et social d'une société qu'en l'insérant dans un substrat géographique et environnemental, le temps économique et social représentant ensuite la trame de fond des événements historiques, qui ne sont alors que la partie émergée du processus historique. De ce fait, on observe la nécessité pour l'historien de s'inscrire dans une pluridisciplinarité tendant à converger vers une histoire globale. Et même si l'influence des Annales n'est plus aussi prégnante en ce début de XXIe siècle, leurs fondements historiographiques continuent de marquer et d'inspirer les historiens contemporains, notamment concernant l'interpénétration des sciences sociales afin d'embrasser un maximum de points de vue.

C'est donc bien dans cette mouvance que s'inscrivent les actuelles recherches socio-économiques des sociétés médiévales. A l'instar d'un Georges Duby qui faisait office de précurseur dans les années 1960/1970, notamment pour ses ouvrages et contributions sur l'économie et la société rurales24, ou d'un Robert Fossier, spécialiste lui-aussi des développements économiques et sociaux des sociétés rurales25, les récents travaux opèrent un véritable tournant dans le renouvellement des approches et des perspectives, après un relatif désintérêt de la question socio-économique durant les années 1980, voire le début des années 1990, du fait d'un sentiment d'essoufflement de la question d'un point de vue quantitatif. Car, effectivement, les études menées depuis une quinzaine d'années se basent davantage sur des analyses de type qualitatif. Pour ce faire, les historiens, malgré un manque évident et cruel de sources (on connaît rarement les transactions ou les diverses opérations économiques d'un paysan lambda, tandis que celles des seigneurs le sont pour une grande majorité), mettent surtout l'accent sur les conditions de fonctionnement de l'économie, plus que sur ses conséquences sur la société. C'est en tout cas dans ce sens que vont les programmes de recherche récents portant sur des thèmes dévalorisés par le passé, tels que le salariat, le marché de la terre26, les conditions socio-économiques de formation de communautés d'habitants27 ou encore le phénomène de

24 DUBY Georges, L'économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiévale (France, Angleterre, Empire, IXe-XVe siècles). Essai de synthèse et perspectives de recherches, Paris, Aubier, 1962, 2 vol. ; Hommes et structures du Moyen Age, Paris, 1973 ; Histoire de la France rurale, dir. Georges DUBY et Armand WALLON, 4 t., Paris, Éditions du Seuil, 1975 (rééd. Paris 1992).

25 FOSSIER Robert, La terre et les hommes en Picardie jusqu'à la fin du XIIIe siècle, Paris, 1968.

26 Marché de la terre au Moyen Age (Le), dir. Laurent FELLER et Chris WICKHAM, Rome, École française de Rome, 2005 ; Fortune de Karol (La). Marché de la terre et liens personnels dans les Abruzzes au Haut Moyen Age, Laurent FELLER, Agnès GRAMAIN, Florence WEBER, Rome, École française de Rome, 2005.

27 MORSEL Joseph, « Appropriation communautaire du territoire, ou appropriation territoriale de la

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retournement de la conjoncture économique à partir de la fin du XIIIe siècle28, rediscuté à la lumière de nouveaux systèmes d'interprétation.

Or, ce qui a permis ce redéploiement de l'approche socio-économique des sociétés médiévales, c'est sans aucun doute l'apport conceptuel des autres sciences humaines que sont l'anthropologie et la sociologie. En effet, comment comprendre les conditions préalables des transactions financières ou des donations pieuses sans avoir, en arrière-plan, un certain arsenal théorique sur l'anthropologie du don ou de l'échange29 ? Comment mettre en évidence les régimes de domination qui existent dans la question du salariat, du commerce ou du regroupement en communauté d'habitants parfois socialement éloignés, si ce n'est en interrogeant les théories développées par les sociologues30 ?

De ce fait, les recherches engagées dans ce sens se doivent quelque peu de s'inscrire dans les débats et les courants de pensées de ces sciences humaines. Or, concernant l'anthropologie économique, les historiens se sont davantage tournés vers le courant substantiviste31 plutôt que vers le courant formaliste, en ce sens que ce dernier se base sur un présupposé selon lequel l'économie obéit et a toujours obéi à la loi de l'offre et de la demande, selon la vision néo-classique. Ainsi, ce qui rapprocha les études historiques du modèle substantiviste tient en ce que ce courant convoque des procédures non-économiques dans la régulation des systèmes économiques, les phénomènes économiques ne pouvant être séparés de la société. C'est en tout cas le système invoqué par de nombreux anthropologues tel que Marcel Mauss qui, dans son Essai sur le don, a présenté le don et l'échange comme un phénomène social total où s'enchevêtrent aspects économiques, sociaux, politiques et religieux32. Qui plus est, certains travaux d'économistes valident ce parti pris, comme ceux d'André Orléan, pour qui le fonctionnement économique d'une société repose sur des rapports d'ordre subjectifs, mettant ainsi en avant la valeur profondément social des échanges33.

communauté ? » Observations en guise de conclusion, Hypothèses, 2005/1 p. 89-104.

28 Sur ce thème, on pense notamment aux travaux menés conjointement par Monique BOURIN et François MENANT, mettant en avant les conditions propres de la conjoncture de 1300 dans l'espace méditerranéen contre le schéma plus septentrional qui s'était depuis longtemps imposé.

29 MAUSS Marcel, Essai sur le don : forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques, Paris, PUF, 2012 (2e éd.) ; GODELIER Maurice, L'énigme du don, Paris, Fayard, 1997.

30 WEBER Max, Économie et société (trad. Julien Freund, Pierre Kamnitzer, Pierre Bertrand, et alii), Paris, Plon, 1971 (1921) ; BOURDIEU Pierre, « Les modes de domination », in Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 1976/2, p.122-132.

31 SAHLINS Marshall, Age de pierre, âge d'abondance. L'économie des sociétés primitives, Paris, Gallimard, 1976 ; POLANYI Karl, La grande transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps, Gallimard, 1994 [1983] ; ORLEAN André, L'Empire de la valeur, éd. du Seuil, 2011.

32 MAUSS Marcel, op. cit.

33 ORLEAN André, L'Empire de la valeur, éd. du Seuil, 2011. ; « La monnaie contre la marchandise », L'Homme, 162, avril-juin 2002 ; La Monnaie entre violence et confiance, avec Michel Aglietta, Paris, éd. Odile Jacob, 2002.

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Contextualisation historique de l'évêché de Laon

De nos jours, la ville que l'on désigne par des périphrases telles que « montagne couronnée » ou encore « promontoire sacré »34, tout comme ses faubourgs, villages et campagnes environnants, regorge d'une histoire ancienne et fortement ancrée dans l'histoire de France : forteresse stratégique durant l'Antiquité tardive, dernière « capitale » des Carolingiens, centre névralgique de l'économie et du royaume capétiens, ligueuse durant le règne d'Henri IV, terrain d'affrontement lors des guerres franco-prussienne et mondiales dans un passé plus récent35. Le Laonnois est une terre d'histoire, dont les historiens ne cessent, depuis le XVIIIe siècle - si ce n'est depuis le Moyen Age -, d'inventorier toute la richesse. Il me semble alors nécessaire d'en réaliser une brève synthèse et de l'insérer à une contextualisation historique de l'évêché, le cartulaire étant le fruit d'un long processus d'affirmation de l'institution épiscopale.

Les origines de l'évêché de Laon

Il est possible de faire débuter l'histoire de l'évêché de Laon lors du règne de Clovis qui, après s'être converti au christianisme, s'est vu félicité par le pape sur sa conversion, le priant d'être le protecteur de l'Église, ce qu'il fit en étendant l'empire de la religion et en augmentant ses états. Clovis donna à saint Rémy plusieurs terres, dont Anizy, Coucy et Leuilly, des villae proches de Laon. Le saint prélat les employa à former de nouveaux évêchés et à fonder plusieurs églises. Revêtu de l'autorité d'archevêque et de légat apostolique, il établit en 498 un évêque à Laon, qui n'était alors qu'une simple bourgade du diocèse de Reims, mais ancienne place forte des Gaules - selon Annie Dufour-Malbezin, toutefois, le démembrement de l'évêché de Laon du diocèse de Reims semble plutôt avoir eu lieu au VIe siècle, vers 551, avec pour limite méridionale la rivière de l'Ailette36. Saint Rémy érigea ensuite en cathédrale l'église Sainte-Marie où il avait été élevé, et assignant la terre d'Anizy à l'évêque, fit de grands biens à cette église, afin qu'on put y célébrer l'office divin avec dignité. Peu de temps après, l'évêché fut élevé en duché-pairie37. L'évêque de Laon est donc pair ecclésiastique du royaume et titulaire d'un

34 MARTINET Suzanne, Laon. Promontoire sacré des druides au IXe siècle, Laon, Courrier de l'Aisne, 1994.

35 BUR Michel (dir.), Histoire de Laon et du Laonnois, Éditions Privat, Toulouse, 1987.

36 DUFOUR-MALBEZIN Annie (éd.), Actes des évêques de Laon : des origines à 1151, Paris, 2001 (Documents, Études et Répertoires, publiés par l'Institut de recherche et d'histoire des textes, 65), p. 11

37 LE LONG Nicolas (dom), Histoire ecclésiastique & civile du diocèse de Laon, rééd. 1980 (Impression analistique de l'édition de Châlons, 1783, in-4°), p. 44.

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ducatus tenu du roi, position le plaçant à la tête d'une hiérarchie féodale puissante et lui permettant de recevoir l'hommage, le roi conservant toutefois d'importants pouvoirs sur la ville. Il tenait d'ailleurs, avec le roi, la monnaie de Laon et son entrée dans la cité devint une cérémonie complexe, chargée de symboles38.

Au sommet de la hiérarchie du clergé local, l'évêque, duc de Laon, menait donc la vie d'un grand seigneur temporel, soucieux de défendre ses intérêts39. Mais cet aspect, le mieux connu, sera développé un peu plus tard dans l'analyse.

Les événements de 1112

La notoriété de ces événements doit beaucoup au témoignage contemporain des événements d'un Guibert, abbé de Nogent-sous-Coucy, qu'il compile dans son Autobiographie40 ou d'un Hériman de Tournai41. Elle résulte aussi de la force symbolique de cet événement dans l'essor du mouvement communal en France du Nord.

En effet, Laon, vieille cité royale et marché régional (vin, céréales, fibres textiles), connaît au XIe siècle une prospérité enviable. Le siège de l'évêque-comte du Laonnois est devenu un enjeu majeur dans la rivalité des groupes aristocratiques. Les tensions et les excès proviennent du double pouvoir, royal et épiscopal, qui s'exerce sur la ville. Le roi et l'évêque se sont attachés un certain nombre d'hommes qui, riches de nouveaux domaines, rassemblent leurs propres partisans. La situation de la population de Laon devient alors de plus en plus confuse. En 1098, à la mort de l'évêque Hélinand, collaborateur du roi, son successeur, Enguerrand de Coucy, partisan de l'aristocratie locale, sépare le pouvoir épiscopal du pouvoir royal. En 1106, Enguerrand de Boves, châtelain de Coucy, réussit à y faire élire Gaudry, chancelier du roi d'Angleterre. Le nouvel évêque, confirmé par le pape, fomente complots et assassinats pour accroître son influence42 et abuse d'une fiscalité arbitraire pour remplir ses caisses. Il s'engage dans

38 SAINT-DENIS Alain, Apogée d'une cité : Laon et le Laonnois (XIIe-XIIIe siècles), Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1994, p. 470.

39 id., ibid., p. 525

40 NOGENT Guibert (de), De vita sua. Autobiographie d'un moine du XIIe siècle, Clermont-Ferrand, Paleo (traduit du latin par M. Guizot et R. Fougère), 2002. Guibert, abbé bénédictin de Nogent-sous-Coucy, au diocèse de Laon, de 1104 à 1125 environ, écrivit ce De Vita sua, vers 1114. L'ouvrage comporte trois parties: la première est l'autobiographie de Guibert de 1055 à 1104| la deuxième est l'histoire du monastère de Nogent| la troisième est l'histoire de Laon et de ses évêques. Ce récit, très incisif, est celui d'un témoin oculaire dont les informations sont directes, d'où l'intérêt et la valeur de son témoignage.

41 TOURNAI Hériman (de), Les Miracles de Sainte Marie de Laon, ( éd. et trad. Alain Saint-Denis), Paris, CNRS éditions, 2008.

42 À la suite d'une querelle, l'évêque fomente une conjuration contre Gérard de Quierzy, châtelain royal et le fait assassiner dans la cathédrale en 1111. Le roi, avec les hommes de l'abbaye Saint-Jean, châtie ceux qui avaient osé troubler la paix de Dieu et souiller l'église cathédrale. Ce meurtre révèle la

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une lutte de clans qui désorganise la vie locale et crée l'exaspération. Les bourgeois influents, soudoyant les grands de son entourage, obtiennent, en son absence, l'octroi d'une première commune (droit de prêter un serment d'entraide pour assurer la protection de chacun et la paix publique), assortie d'avantages fiscaux (1111). Le tout est confirmé par le roi Louis VI. Gaudry, s'estimant lésé, réitère, à son retour, extorsions arbitraires et manipulations de monnaie, ruinant l'économie locale. Décidé d'en finir avec la commune, il achète l'approbation du monarque (18 avril 1112) et rompt le contrat, provoquant la conjuration des bourgeois et le déclenchement de la révolte.

Le jeudi 25 avril 1112, en début d'après-midi, un groupe de conjurés, à la tête d'une foule d'insurgés, prit d'assaut, pilla et incendia la maison fortifiée de Gaudry, l'évêque de Laon, aux cris de « Commune ! Commune ! ». Ce dernier, après avoir combattu, trouva refuge dans un tonneau de son cellier. Bientôt découvert, il en fut tiré par les cheveux, roué de coups, frappé à mort avec une hache double et son cadavre mutilé, traîné au coin de la rue la plus proche, fut exposé aux railleries et aux jets de pierres, tandis que le feu détruisait le chevet de la cathédrale et une partie du coeur de la cité43.

Les désordres, répressions et vengeances ne cessent pas avant 1115, date à laquelle le roi envoie Etienne de Garlande pour pacifier la cité. Un peu avant, le souverain avait imposé un nouvel évêque, Hugues, sacré le 4 août 1114, dont l'action rapproche de nouveau les deux pouvoirs. Toutefois, la documentation est quasi muette sur la mise en place d'un nouvel ordre social et économique. Le successeur d'Hugues, Barthélemi de Jur, est, lui, élu sans intervention extérieure. Le calme revenu dans la ville, le roi, Louis VI, bien que mécontent de son peuple de Laon, accepta de lui donner des marques de bonté dans une assemblée tenue à Compiègne en 1128 : il y publia une charte de Paix contenant 22 articles en faveur de la ville de Laon et son territoire depuis Ardon jusqu'à Breuil, en y comprenant Leuilly. Il rappella tous les bannis et n'excepta de l'amnistie que 13 personnes. Ce fragile compromis accordait à l'élite bourgeoise une juridiction municipale et des privilèges fiscaux, mais sans préjudice à ceux des seigneurs, de l'évêque, du chapitre et même du châtelain, s'il a des droits44. L'opposition acharnée de l'évêque Roger de Rozoy (1174-1207) empêcha l'extension de ce régime au comté du Laonnois pourtant intimement lié à la cité. Un siècle de procès incessants avec le chapitre affaiblit l'institution. Malgré une révolte sanglante en 1295, cette Paix sera maintenue jusqu'en 1331, où de nouveaux soulèvements incitent Philippe VI à briser définitivement la commune et à installer un prévôt royal45, ce qui montre à quel point cette situation

concurrence entre les aristocrates, l'évêque et le roi.

43 SAINT-DENIS Alain, op. cit.

44 LE LONG Nicolas, op. cit., p.241

45 BAUDOT Jean-Louis., « La Commune de Laon : organisation et fonctionnement d'une institution médiévale (1128-1331) », in Mémoires de la Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, 44 (1999), p. 105-144 ; HUART-FLEURY Suzanne (D'), Les institutions communales de la ville de Laon (1128-1331), thèse de l'École Nationale des Chartes, 1947.

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favorisa l'intervention croissante de la monarchie capétienne dans les affaires de la ville46.

Dès lors, l'émergence et l'affirmation progressives de la commune marquèrent un tournant dans l'histoire de l'évêché de Laon, l'évêque devant composer avec un pouvoir concurrent - et qui plus est laïc - au sein-même de la cité, voire au-delà. De ce fait, il n'est pas surprenant que le cartulaire s'ouvre sur une charte de 1190 qui indique la suppression de ladite commune par Philippe-Auguste. Or, le cartulaire contient nombre de chartes relatives à la commune et visant notamment à restreindre ses prérogatives. De là à affirmer que le cartulaire a été confectionné dans le but d'affaiblir la commune, il n'y a qu'un pas. Mais il serait erroné de concevoir l'élaboration du cartulaire sous le prisme de cette unique perspective. En effet, l'histoire de l'évêché de Laon ne se conditionne pas à son seul rapport avec la commune, mais s'incrit dans un régime d'historicité beaucoup plus large, que le cartulaire permet d'aperçevoir.

Splendeurs et misères d'un évêché

Tout d'abord, malgré ces tensions, Laon et son évêché connurent aux XIIe et XIIIe siècles une certaine prospérité, à laquelle l'oeuvre des différents évêques qui se succédèrent durant cette période n'y est pas étrangère, bien que le pouvoir épiscopal fut de plus en plus obligé de composer avec des puissances concurrentes (siège apostolique, roi, bourgeoisie urbaine).

Le redressement semble clairement s'être mis en marche à partir du canonicat de Barthélémy de Jur47, qui eut la lourde tâche de réparer ces désastres et de rétablir l'ordre. Ancien trésorier de la cathédrale de Reims et chanoine de Laon, il est familier du clan aristocratique des Roucy et fut recommandé par Anselme, le grand maître de l'École de Laon. L'oeuvre engagée par Barthélemy contraste avec celle de ses prédécesseurs, car la période de son épiscopat correspond à un retour au calme de la société laonnoise et du diocèse48, à un développement intellectuel accompagné d'un certain rayonnement religieux, en parfaite adéquation avec la mise en place de la réforme grégorienne, notamment par le biais de donations à des abbayes d'autels récupérés auprès de laïcs ou provenant de la mense épiscopale. Dans le même temps, il tenta de limiter les spoliations

46 AUBERT, R. (dir.), Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, Paris : Letouzey et Ané, [s.d.], 2008, Fascicule 175b-176, p. 522

47 TÉTARD Jean-Louis, « Barthélémy, évêque de Laon, moine cistercien de Foigny », in Mémoires de la Fédération des sociétés d'histoires et d'archéologie de l'Aisne, tome XLVI, 2001, p. 7-20 ; FLORIVAL, « Barthélémy de Jur, évêque de Laon », in Études historiques sur le XIIe siècle, 1877.

48 Barthélémy essaya continuellement de faire revenir à de meilleurs sentiments les seigneurs de son diocèse, encouragea ses fidèles à entrer en lutte aux côtés de Louis VI contre Thomas de Marle qui dévastait le diocèse, le tout en employant tant la persuasion que l'excommunication, pour le bien de son diocèse, comme celle prononcée le 6 décembre 1114 contre Thomas de Marle, lors du concile de Beauvais.

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des avoués et de limiter leur puissance en définissant leurs droits avec exactitude49. Mais son action spirituelle s'exprima surtout par l'accueil des ordres naissants (prémontrés, cisterciens, templiers), action qui franchit les limites de son diocèse (donations à Saint-Denis, Saint-Amand ou encore à Saint-Martin de Tournai).

Fondateur ou protecteur d'abbaye, l'évêque n'en était pas moins administrateur et homme politique. Effectivement, Barthélemy, tout au long de son épiscopat, fut amené à rédiger de nombreux cartulaires, actes de propriété et chartes pour différents seigneurs et communautés religieuses. C'est aussi durant son canonicat que l'on observa les prémisses de ce que l'on pourrait appeler la « centralisation » du commandement temporel du diocèse autour de l'autorité épiscopale, comme le stipule cette charte royale octroyée en 1125 à la demande de Barthélémy, où Louis VI unit à l'évêché de Laon les offices onéreux de vidame et de prévôt du Laonnois sous la condition expresse qu'ils ne soient jamais aliénés, ces offices étant alors occupés par des laïcs sous prétexte que la décision des affaires séculières troublait le repos de l'évêque et l'exercice de son ministère50. Toutefois, l'oeuvre politique majeure de Barthélemy fut sans doute la charte de 1128 qu'il favorisa dans le Laonnois, dont il fut, sinon l'initiateur, tout au moins le protecteur, et qui prit le nom « d'Institution de paix », le nom de commune étant probablement trop difficile à lui donner après la première expérience qui l'amena sur le siège épiscopal.

Finalement, après avoir tenté en vain de réformer le chapitre cathédral, il résigna son épiscopat, pourtant marqué par une restauration politique et religieuse efficace du diocèse, en 1151 et se retira en l'abbaye cistercienne de Foigny en qualité de simple moine.

L'abbé de Saint-Martin, Gautier de Saint-Maurice, lui succéda, mais décéda en 1153. Gautier de Mortagne devint alors évêque de Laon. Ancien doyen du chapitre de Laon, il s'était déjà opposé à Barthélemy quand celui-ci voulait réformer ce chapitre, et avait de grandes ambitions, comme en témoigne sa volonté de reconstruire la cathédrale et le palais épiscopal, ravagé par l'incendie de 1112 mais dont ses prédécesseurs avaient quelque peu délaissé la réfection, réfection qui aurait été contraire à leur recherche monastique de pauvreté51. Or, cet exemple est-il un marqueur de sa volonté d'affirmer son opposition à Barthélemy, un désir d'affermir son autorité ou plus simplement un révélateur de son besoin d'argent ? Nul ne sait. Fidèle à sa ligne de conduite, il s'en prit d'abord, en vain, à l'ordre des prémontrés et aux donations faites par Barthélemy à cet ordre, ce qui apparaît, aux yeux d'Alain Saint-Denis, comme une manifestation de la rancoeur du chapitre contre les deux précédents prélats, accusés d'avoir enrichi les

49 Parmi quelques faits d'armes, il exhorta puis contraignit Enguerrand II, en 1138, à remettre l'église collégiale du château de Coucy, détenue contre le droit ecclésiastique et desservie par des chanoines séculiers. Il obtint également la restitution à l'abbaye Saint-Vincent des biens usurpés par Thomas de Marle.

50 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 241.

51 SAINT-DENIS Alain, op. cit., p. 187.

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Prémontré52. Débouté, il attaqua alors directement Barthélemy auprès du pape et reprocha à son prédécesseur d'avoir dilapidé les biens du diocèse, attaque dont s'acquitta le principal intéressé53. L'affaire se termina par un compromis passé en la cathédrale de Laon, en présence du jeune Louis VII et de l'archevêque de Reims, assisté de tous les évêques de sa province, ainsi que seize abbés du diocèse54.

Perçu de nos jours comme un évêque bâtisseur55 et un gestionnaire rigoureux, Gautier fut attentif à toutes les questions d'argent, car pour financer toutes ces constructions, il tenait à avoir des finances saines. En effet, il surveillait avec un soin méticuleux les domaines ruraux de la mense épiscopale tout en oeuvrant pour leur rationalisation économique (défrichements, constructions d'exploitations, plantations de vignes ou imposition du droit de vinage pour les locataires des vignes). Aussi, grâce à sa ligne de conduite pragmatique et rationnelle, Gautier fit reconstruire de nombreuses maisons en ruine dans la cité, conjointement à de nouvelles acquisitions sur l'ancien parvis qui lui valurent la possibilité de revendiquer un certain nombre de droits de justice sur le nouveau marché56, et, pour protéger les terres de son évêché des entreprises des Coucy, seigneurs de Marle, il fit élever à Pouilly-sur-Serre une tour entourée de murs puissants et protégée par de profonds fossés57. L'épiscopat de Gautier de Mortagne fut donc marqué par un certain accroissement du temporel épiscopal, mais surtout par une mise en valeur d'un potentiel préexistant et une gestion plus rigoureuse des domaines négligés58.

52 Id., ibid. p. 151.

53 « Lorsque je fût entré dans l'évêché de Laon, je l'ai trouvé dans un état déplorable, ruiné par les séditions et par le feu. La cathédrale tombait en ruine et les revenus en étaient modiques. On sait tout ce que j'ai fait pour réparer les maux ; je n'ai cependant rien donné aux chanoines de la manse épiscopale que les porcs mâles dont je me trouvais même embarrassé. Il n'y avait à mon arrivée dans le diocèse que cinq abbayes pauvres et portées au relâchement. On y a vu par le secours de Dieu fleurir la piété et l'abondance. J'ai aidé aussi à fonder neuf autres monastères qui font l'édification du diocèse ; mais je ne me suis pas servi pour cela des biens de l'évêché. Le pape Calixte m'ayant recommandé St Norbert, pour lui procurer une solitude conforme à ses désirs, je ne lui ai donné de l'évêché qu'une terre inculte de deux charrues au plus, dont une partie est à Versigny et l'autre à Cuissy. Des seigneurs donnèrent à la vérité, de mon consentement, des terres qu'ils tenaient de moi en bénéfice ; mais je me suis toujours réservé les cens et le vinage. Au reste l'évêché n'est-il pas bien dédommagé par la gloire d'avoir donné naissance à tant d'église qui en dépendent et qui sont desservies par des personnes d'une vie pure et exemplaire » : lettre apologétique de Barthélemi de Jur, transcrite dans LE LONG Nicolas (dom), op. cit., p. 268.

54 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 268 : ce compromis offrit la possibilité aux religieux de rester les paisibles possesseurs de leurs biens moyennant contrepartie financière au bénéfice de l'évêque.

55 MARTINET Suzanne, « Un évêque bâtisseur : Gautier de Mortagne », in Mémoires de la Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, tome VIII, 1961-1962, p. 81-92.

56 SAINT-DENIS Alain, op. cit., p. 189.

57 MARTINET Suzanne, « Un évêque bâtisseur... », p. 84.

58 SAINT-DENIS Alain, op. cit., p. 152

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De ce fait, craignant que les biens de son évêché et ses nouvelles acquisitions ne fussent saisis après sa mort au profit du roi qui s'emparait des revenus et des biens qu'il n'avait pas affranchis, l'évêque Gautier obtint de Louis un privilège qui affranchit à perpétuité ses acquisitions, plantations, améliorations, granges, bétails, vignes, les maisons de l'évêque situées à Laon et hors de la ville avec leurs meubles, de sorte que si l'évêque, avant sa mort, avait fait un testament, il serait valable ; si au contraire il venait à mourir intestat, son argent, ses provisions de toute espèce appartiendraient au roi, excepté le grain nécessaire aux semailles et à l'entretien des fermiers. Le vin provenant des vignes plantées ou acquises par ledit Gautier furent aussi réservés à son successeur ou a l'extinction des dettes. Si l'évêché tombait, par la mort de l'évêque, à la nomination du roi, ses officiers, pour lever les revenus, ne pourraient demeurer dans les maisons de Laon ou dans d'autres endroits non fortifiés, car ceux à qui l'évêque avait loué les biens en auraient l'administration et resteraient dans les maisons ou fermes de l'évêché59.

Alors que le transept de la cathédrale se trouvait en voie d'exécution, la mort saisit Gautier en juillet 1174. Le roi exerça alors ses droits sur l'évêché et octroya à l'ensemble des villae episocpi une Paix et une commune, modelée sur celle de Bruyères. Or, la fin du XIIe siècle étant marqué par une période d'essor économique, accompagné du fait que les terres d'églises étaient exploitées sans concessions (corvée, taille à merci, contrôle des mobilités), les paysans devinrent désireux d'accéder aux mêmes avantages que leurs confrères des terres communales60. De même que l'expansion de la charte de Bruyères au domaine épiscopal pouvait représenter un intérêt certain pour les citadins désireux d'étendre le droit urbain aux campagnes environnantes.

C'est pourquoi le chapitre réagit à ce qui apparaissait pour lui comme une menace, du fait de la présence d'enclaves stratégiques. Gautier II de Mortagne, neveu du précédent et trésorier du chapitre fut donc élevé à la dignité d'évêque, mais mourut peu de temps après. L'élection de son successeur fut donc actée le 9 août 1175, en la personne Roger de Rozoy, doyen du chapitre de Châlons-sur-Marne, ancien chanoine de Notre-Dame de Laon et fils cadet de Clarembaud, seigneur de Rozoy, lignage dont les alliances - à savoir la famille de Hainaut et celle de Champagne - se révèlent peu favorables à Louis VII.

Contrairement à Gautier de Mortagne, Roger voulut se démarquer par son action politique. En effet, il entreprit des démarches en direction du pape dans le but de dissoudre la commune du Laonnois, en vain. Il réitéra alors sa requête en direction du roi, pour une issue semblable. Ces deux échecs successifs convainquirent l'évêque de se tourner vers les bourgeois de Laon, devenus des interlocuteurs dotés d'une certaine influence au sein de la cité. Il leur concéda de nombreux droits ainsi qu'une place pour la construction d'un beffroi, signe de sa volonté de conciliation. Néanmoins, tout cela n'empêcha pas, en 1178,

59 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 269.

60 SAINT-DENIS Alain, op. cit., p. 248-255.

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de voir se renouveler des troubles liés à la commune qui, rétablie par Louis VII, portait préjudice à l'évêque, du fait que les bourgeois, en payant un cens annuel, étaient libres, avaient une justice particulière de maire et d'échevins, qui ne punissaient les délits que par des amendes pécuniaires et, souvent, empiétait sur les droits et privilèges de l'évêque et du clergé.

Ces événements marquèrent donc une rupture définitive dans le comportement de l'évêque envers la commune et poussèrent Roger à mander la protection du roi et le crédit de ses amis pour abolir cette commune. Mais le roi n'ayant point d'égard à ses pressantes sollicitations, le prélat mortifié et piqué de ce refus, engagea ses parents et ses amis à prendre les armes pour réduire un peuple ingrat et rebelle. Renaud de Rozoy, son frère, Jacques d'Avesnes, le comte de Rethel et d'autres seigneurs marchèrent avec leurs troupes contre la commune de Laon, soutenue des vassaux de Saint-Médard, de la commune de Crépy et de celle de Vailly. Les défenseurs de la commune ne purent tenir contre de tels soldats aguerris. Mais cette défaite infligée aux milices communales, dirigées par le prévôt royal, apparut comme un camouflet pour le roi, qui s'indigna contre Roger et ses partisans et engagea une expédition royale en ordonnant la saisie du domaine épiscopal. Pour venger ce massacre, il s'avança avec des troupes sur Renaud de Rozoy, ne pouvant faire tomber sa colère sur l'évêque réfugié cher Gautier, évêque de Langres. Louis VII arrivé au château de Nizy, appartenance du comte de Roucy, y trouva des députés du seigneur de Rozoy qui lui firent satisfaction et conclurent la paix, à condition que Renaud reconnaisse tenir du roi son château de Rozoy. Roger, ayant voulu supprimer la commune dans son diocèse, dut, à cause de cela, faire amende honorable devant le roi, et passer devant un tribunal ecclésiastique, car il avait été accusé de s'être trouvé en armes au combat et d'avoir tué des bourgeois, ce qu'il nia après avoir prêté un serment probatoire sous l'injonction du pape. Il n'obtint le pardon de Louis VII que l'année suivante61.

Ainsi, Roger sortit blanchi de ce simulacre et récupéra siège de Laon, tout comme les biens qui lui étaient attachés. Preuve de ce retour en grâce de Roger aux yeux d'un roi vieillissant, l'évêque célébra à Bapaume, en 1180, le mariage de son fils Philippe avec Isabelle, fille du comte Baudouin. Mais son accord passé avec le comte de Flandres en 1185 contraria fortement le nouveau roi Philippe Auguste, qui chercha à contrecarrer les plans de l'évêque tout en cherchant à ménager le clergé et les paysans du Laonnois (possibilité d'en référer à justice royale, plafonnement des prélèvements...). Roger, pour revenir dans les bonnes grâces royales, lui abandonna donc La Fère en 1188, le roi étant engagé dans une phase d'expansion territoriale62, moyennant suppression de la commune, ce que le roi fit en 119063. Il dut, par la suite, prêter allégeance au roi de France contre

61 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 272-273.

62 Le Vermandois fut réuni à la couronne en 1183 (cf. LE LONG Nicolas, op. cit., p. 274).

63 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 276 : « Je casse totalement cette commune comme contraire aux droits et à la liberté de l'église de Laon, et je le fais pour l'amour de Dieu, de la Sainte Vierge, en vue de la justice et du voyage de Jérusalem que je suis prêt d'accomplir ». Cf G2, A. D. de l'Aisne, 1, f° I r° : [...] communiam Laudunensii contra jura et libertatem ecclesie beate Marie Laudunensis institutam omnio quassamus et omnes cartas et scripta super institutione vel confirmatione communie facta ;

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1000 livres, ce qui l'amena à lever des tailles exceptionnelles, très mal supportées par les paysans. De ce fait, le chapitre, en 1197, l'accusa de mauvaise gestion de l'évêché. S'en suivit une enquête pontificale qui humilia Roger, apparaissant comme un personnage négligent et corrompu. A la mort de l'évêque Roger, le 21 mai 1207, on pouvait observer la prééminence du chapitre, ennemi juré des institutions bourgeoises et de l'arbitraire, qui joua un rôle de modérateur face à l'évêque, dont il ne cessa désormais d'affaiblir les pouvoirs, et qui se donna pour devoir de protéger les paysans contre les excès des officiers épiscopaux.

Son successeur, Rainaud de Surdelle, chanoine de l'église de Notre Dame de Laon ne tint le siège épiscopal que 3 ans et mourut le 16 mars 1210. Robert de Châtillon, fils de Guy et d'Adélaïde de Montmorency, représentant de la haute aristocratie, lui succéda. Il se croisa avec l'archevêque de Reims et d'autres prélats lors de la croisade contre les Albigeois. Revenu de Languedoc, il gouverna son diocèse avec zèle, soutint les droits de son église, affranchit des serfs du Laonnois, à condition qu'ils ne serviraient point contre l'église et qu'ils ne transmettraient leurs biens qu'à ses vassaux. Il fut fortement impliqué dans les affaires temporelles, notamment à Anizy où il avait fait construire des maisons à Anizy dans une enceinte de murs flanqués de tours. Soutien logistique de Philippe Auguste lors de la bataille de Bouvines, il mourut l'année suivant, le 29 octobre 1215.

1215 correspond donc à l'année de l'élection d'Anselme de Mauny64, ancien chanoine devenu archidiacre. Accusé de népotisme, Anselme mena une politique indépendante le faisant sans cesse entrer en conflit avec le chapitre, qui désirait ardemment le mettre sous tutelle. Fort de la suppression de la commune du Laonnois, il en profita pour consolider ses positions dans le domaine épiscopal, n'ayant de cesse de remanier le temporel en multipliant les acquisitions - de biens fonciers ou de droits divers.

Mais parallèlement, comme le suppose Alain Saint-Denis, il semble que l'évêque taxa lourdement les habitants des campagnes, ce qui eut pour conséquence une certaine vague d'émigration de ceux-ci vers les terres du seigneur de Coucy. Cette remarque, anecdotique mais significative, apparaît alors comme révélatrice d'un état conflictuel latent entre les deux seigneurs. En témoigne l'excommunication prononcée par Anselme de Mauny envers Enguerrand de Coucy, accusé d'avoir ravagé les terres de l'Église et violé la tranquillité de la cathédrale en y enlevant de force le doyen qui avait fait mettre en prison certains de ses vassaux pour les obliger à restituer les biens qu'ils avaient enlevés à l'église de Laon. Mais Enguerrand finit par faire amende honorable.

amore dei et beate Virginis et justicie et respectu peregrinationis nostre Jerosolyma penitus infirmamus [...].

64Id., Ibid., p. 286-294 ; SAINT-DENIS Alain, op. cit., p. 469-471.

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L'évêque Anselme, qui avait assisté au sacre de Saint Louis comme duc et pair, et transigé avec le comte de Soissons pour les limites de leurs domaines respectifs, mérita l'estime du roi par sa fidélité et sa soumission. Louis IX recherchant le consensus en réponse aux agitations bourgeoises et communales (Reims, Saint-Quentin, Compiègne, Senlis), il n'en oublia pas de favoriser la paix et l'avantage des églises. La ville de Laon n'était pas moins agitée, mais en 1233, Anselme, dans une nouvelle démonstration de largesse, leva l'excommunication portée contre le maire et les échevins, qui avaient mis en prison des vassaux de l'église. Il mourut le 3 septembre 1238, mais son épiscopat fut marqué par l'efficacité de son action temporelle.

A peine élu, Garnier, son successeur, ancien doyen et archidiacre de Laon, contraignit les maire et échevins à lui faire, comme à ses prédécesseurs, hommage et serment de fidélité, et à jurer solennellement de conserver sa personne, son honneur et sa vie, et de l'accompagner partout où il voudrait, pourvu qu'ils pussent revenir chez eux le même jour. Les échevins n'osant contredire ces droits de l'évêque, voulurent de leur côté l'obliger à conserver la commune et leurs privilèges. On convint de s'en rapporter à l'arbitrage de Henri de Dreux archevêque de Reims, sous peine de 300 livres pour le récusant. D'après la sentence de l'archevêque, les maires et les échevins se présentèrent dans la cour de l'évêché accompagnés du peuple, se mirent à genoux et firent à l'évêque serment de fidélité65, ce qui amena Garnier à leur assurer de sa bonne foi, selon les termes de leur accord passé66. Ce jugement fut observé et confirmé par Saint Louis en 1241 et en 1331 par Philippe de Valois qui dans son diplôme reconnaît que l'évêque a droit après son sacre de rappeler les bannis. Cet usage de faire prêter serment étant devenu une source de dispute entre le clergé et le peuple, on en dispensa par la suite les maire et échevins moyennant 2000 livres payables en 5 ans.

On observe donc chez Garnier une certaine fermeté à l'égard de la commune, tout comme son prédécesseur, mais contrairement à ce dernier, l'épiscopat de Garnier fut marqué par une plus grande coopération avec le chapitre. De même, tout comme ses prédécesseurs, il fut soucieux de mettre en valeur le temporel épiscopal, et c'est sous son canonicat que la maison de l'évêque se transforma en palais épiscopal, suite à une série de travaux67. Croisé lors de la première expédition de Saint Louis en Terre sainte, il trouva la mort en 1249.

65 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 296 : « Je vous jure, Garnier évêque de Laon, que je garderai de bonne foi votre vie, vos membres et votre honneur temporel, sauve la fidélité due au seigneur Roi ».

66 Id., Ibid., p. 296 : « Moi Garnier évêque en vertu de la consécration que j'ai reçu à Reims, je vous conserverai votre honneur et votre tranquillité, suivant la charte du seigneur roi, et conformément à l'usage de mes prédécesseurs »

67 CREPIN-LEBLOND Thierry, « Recherches sur les palais épiscopaux en France du Nord au Moyen-Age (XIIe-XIIIe siècles) d'après divers exemples des provinces ecclésiastiques de Reims et de Sens », in École nationale des Chartes. Positions des thèses, 1987, p.63-69.

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L'année suivante fut marquée par l'élévation au siège épiscopal d'Itier de Mauny, ancien archidiacre et doyen de l'église de Laon, frère d'Anselme. Sacré en 1250 par évêque de Senlis dans l'église St Arnoul de Crépy en Valois, et en vertu d'un privilège accordé par une bulle du pape aux évêques de Laon, Itier, en l'absence de celui de Soissons, sacra cette année-là archevêque de Reims Thomas de Beaumets, fils de Gilles Châtelain de Bapaume et d'Agnès de Coucy. Perçu par ses contemporains comme un évêque doué de toutes les qualités de l'esprit et corps, il joignit une prudence consommée à la piété la plus solide. En effet, c'est sous son impulsion que fut construit l'Hôtel-Dieu de Laon, qu'il soumit à son chapitre en y plaçant des religieuses de l'ordre de Saint-Augustin et en y rattachant les maladreries de Pouilly, Pontavert, Bruyères, etc68. Il mourut le 22 mai 1260.

L'évêque qui lui succéda se prénommait Guillaume de Moustier, dit de Troyes, un ami et compatriote de Jacques Pantaléon, ancien chanoine de Laon et futur Urbain IV. Sa collaboration avec le chapitre, devenu alors maître de l'église de Laon et menant seul la guerre contre la commune, fut donc étroite. Il établit notamment un compromis avec le roi en 1266, compromis qui garantissait et renforçait sa juridiction dans la ville. A sa mort, en 1270, il fut remplacé par Geoffroy de Beaumont, dont la mort brutale en 1273 provoqua une crise de succession qui laissa le siège vacant pendant 6 ans. Or, ni le roi - qui faisait alors valoir son droit de régale -, ni le chapitre - qui disposait alors d'une marge de manoeuvre et d'une autonomie accrues - n'avaient intérêt à abréger cette vacance.

Cet état de cause était toutefois symbolique de la prédominance générale acquise par les chapitres cathédraux de la province de Reims qui, de fait, s'attirèrent le mécontentement de leurs évêques respectifs, notamment parce qu'ils faisaient cesser régulièrement l'office divin et mettaient les villes en interdit. L'archevêque de Reims décida alors d'assembler à Compiègne un concile qui fit rentrer les évêques dans leurs droits et réprima les prétentions des chapitres69. C'est ainsi qu'au sujet de la vacance du siège épiscopal, la rivalité entre Jean de Rumigny, chanoine de Laon, et Guillaume de Châtillon, chantre de la cathédrale d'Auxerre et préconisé par le pape Nicolas III, tourna à l'avantage du second, qui fut élevé sur le siège de Laon en 1279.

Sa première action fut donc, on ne s'en étonne pas, de chercher à étendre les bornes de sa juridiction et de son duché devant la recrudescence d'autorité et de pouvoir qu'acquirent ses principaux rivaux dans le diocèse durant cette vacance de 6 ans (roi, chapitre, commune, seigneurs locaux). Mais cette entreprise fut contrariée en 1282, lorsque le bailli de Vermandois, représentant de la justice royale, restreignit le duché de 18 villages, faisant défense à son official de connaître des affaires du Laonnois et du comté de Roucy. Son action épiscopale fut donc largement entravée par l'action des

68 SAINT-DENIS Alain, Institution hospitalière et société. L'Hôtel-Dieu de Laon, 1150-1300, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1983.

69 LE LONG Nicolas, op. cit., p. 305-306.

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pouvoirs concurrents, notamment le pouvoir royal.

C'est pourquoi, c'est contre la commune qu'il mena bataille, lui intentant notamment un procès devant le Parlement de Paris cette même année 1282, trois ans avant sa mort. Ainsi, l'évêque porta « un coup décisif en obtenant du Parlement de Paris un long document précisant les limites de sa juridiction et les droits de ses hommes, qui se voient dispensés de payer les taxes du marché... »70.

De surcroît, dans la lignée de son prédécesseur, Robert de Thorote, fils de Jean, châtelain de Noyon, et de Lucie d'Honnecourt, eut à coeur d'améliorer la cohésion du domaine épiscopal en multipliant les acquisitions. Désireux de porter le coup de grâce à la commune, il profita des émeutes qui secouèrent la ville en 1294 pour affaiblir celle-ci, en faisant expressément appel à Philippe le Bel, qui condamna très sévèrement les bourgeois de Laon suite à l'emprisonnement d'un clerc (forts dommages et intérêts, détention des sergents de la commune, cérémonie de réparation), et démit de leur fonction le maire et les jurés de la ville. Mais toutes ces mesures n'empêchèrent pas une nouvelle révolte urbaine qui éclata en 1295 dans un contexte d'extrême tension. Deux écuyers, qui s'étaient querellés avec un des membres les plus influents de la commune, et un clerc de leur parenté, furent traînés hors de la cathédrale par le peuple, puis lapidés. L'un d'eux succomba à ses blessures. Le chapitre fit cesser les offices divins et se plaignit auprès du roi et du pape Boniface VIII, qui jeta l'interdit sur la cité de Laon et excommunia les coupables. L'année suivante le roi abolit la commune et y installa un gardien royal. Toutefois, il la rétablît à titre provisoire en 1297, année de la mort de l'évêque Robert. En contrepartie, les bourgeois durent verser de très importants dédommagements au chapitre et acceptèrent une cérémonie de réparation fort sévère. Le pape, quant à lui, accorda son absolution aux responsables de l'émeute en 1298, tout en levant l'interdit et les excommunications qu'il avait pronconcés.

Les évêques qui suivirent restent moins connus, mais leur contribution à l'élaboration du Grand cartulaire nécessite d'effectuer une brève contextualisation de leur épiscopat. Robert de Thorote mourant en 1297, c'est un certain Gazon de Savigny qui lui succéda. Cet évêque, bien que réalisant de nouvelles acquisitions foncières au compte de l'évêché, s'est davantage fait remarqué par son mode de vie courtisan que par son action effective en tant qu'évêque de Laon. En effet, faisant parti de l'entourage de Philippe le Bel, il vécut très souvent à Paris. A sa mort, en 1307, il fut remplacé, du consensus du roi et du pape, par Gazon de Champagne, ancien chanoinde de Saint-Quentin et docteur em droit canon. Il abdiqua cependant en 1315 et mourut l'anné suivante. C'est alors que Raoul Rousselet fut transféré de l'évêché de Pampelune à celui de Laon. Habile dans les affaires et propre aux négociations, le roi l'employait souvent avec succès et le nomma même

70 BUR Michel (dir.), op. cit., p. 123.

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exécuteur de son testament. Mort le 16 octobre 1323, il fut alors remplacé par Albert de Roye, qui ne semble pas avoir contribué à l'achèvement du cartulaire.

L'évêché de Laon à la fin du XIIIe siècle

Le Laonnois représentait une des régions les plus riches d'Europe, en particulier grâce à la réputation de ses vignes, le XIIIe siècle étant alors apparenté à une période d'apogée pour la cité et ses évêques, ducs et pairs de France, bien que ceux-ci durent de plus en plus composer avec des pouvoirs qui pouvaient leur apparaître comme concurrents (commune, chapitre, roi, seigneurs locaux)71. C'est pourquoi, les différents évêques qui se succédèrent eurent à coeur de consolider leurs positions dans le domaine épiscopal en alliant toute une série d'acquisitions foncières et juridiques à un développement d'institutions judiciaires évoluées - la centralisation était telle que l'on observe, au début du XIIIe siècle, l'apparition d'une véritable cour épiscopale - et à un contrôle de plus en plus étroit des officiers épiscopaux par le biais d'instruments de pouvoir modernes, le cartulaire pouvant apparaître comme un de ces instruments. Mais ces efforts furent bien souvent générateurs de conflits et devinrent un ferment d'instabilité. Ce fut tout d'abord le cas au sein de la cité, la faute à une interprétation différente du texte de 1128 par les différents protagonistes, en particulier par les magistrats communaux qui, trop souvent combatifs à mauvais escient sous prétexte de maintenir la paix urbaine, faisaient saisir par leurs hommes les responsables du désordre sans se soucier de leur appartenance - le motif d'arrestation de sergents ou de serviteurs du chapitre ou de l'évêque représentaient en effet 50% des procès. De plus, les rivalités quasi permanentes entre les autorités royale et épiscopale modifièrent souvent une toile de fond rendant la situation politique peu claire aux yeux des acteurs72.

Mais le Laonnois, marqué par l'aboutissement d'une forte poussée démographique longue de plus d'un siècle, comme ce fut le cas dans de nombreuses régions du royaume73, ne fut pas épargné par ce climat d'instabilité générale qui régnait alors en ville, et les évêques durent s'adapter aux évolutions sociales que ce phénomène impliquait. En effet, le pouvoir judiciaire du prélat s'étendant à tous ses hommes de corps, y compris ceux qui vivaient dans la Paix, c'est en toute prudence qu'il devait agir et dans un certain esprit de conciliation. Ce fut par exemple le cas d'Anselme de Mauny qui, semble-t-il, taxait lourdement les habitants des campagnes, ce qui entraîna, comme l'avance Alain Saint-Denis, une vague d'émigration de ces habitants vers les terres de Coucy, plus avantageuses fiscalement. Dès lors, l'affaire se conclut par l'établissement d'une charte réglant le droit d'entrecours entre les deux seigneuries, charte présente dans le cartulaire. Tout comme en

71 AUBERT, R. (dir.), op. cit., p. 530

72 SAINT-DENIS Alain, Apogée d'une citée..., p. 598-599.

73 FOSSIER Robert, La terre et les hommes en Picardie jusqu'à la fin du XIIIe siècle, Paris, 1968.

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1259 lorsque l'évêque Itier accorda à ses hommes d'Anizy une charte de franchise - et non une commune -, imposant la suppression de la mainmorte et du formariage parallèlement à l'instauration de quelques privilèges fiscaux, dans une volonté de repeupler le bourg74.

Quoi qu'il en soit, et outre ces situations conflictuelles qui marquèrent l'histoire de l'évêché, l'institution épiscopale bénéficia largement du prestige acquis par la ville, que ce soit lors de la période carolingienne, en tant que centre politique, ou lors de la période capétienne, qui vit se développer et rayonner l'école de Laon, la ville étant alors devenue un centre intellectuel et culturel reconnu à travers l'Europe entière, en témoigne l'influence qu'eut le maître Anselme sur toute une génération de théologiens européens. De ce fait, cet essor intellectuel permit à la cité, à ses institutions et à tous les espaces environnants, de bénéficier d'une visibilité accrue et d'une meilleure insertion dans l'évolution des systèmes de représentation. Chaque entité voulant sa part du gâteau, ce fut certainement un facteur déclenchant de nombreux rapports de forces qui s'instituèrent à partir de là. La diffusion progressive de l'écrit au sein de la société - certains laboureurs usaient de l'écrit pour officialiser une transaction foncière par exemple - et un souci accru de sa conservation participèrent et contribuèrent à un processus de « rationalisation » sociétale via l'usage de l'écrit75. Ce n'est donc pas un hasard si l'évêché décida de l'élaboration de cartulaires durant ce XIIIe siècle où fleurissaient les cartulaires et autres manuscrits menant à cette rationalisation de la pensée médiévale76.

Notre étude se devra donc de considérer ce contexte culturel lié à un usage pragmatique de l'écrit dans une société qui devient de plus en plus rationnelle, et dont les cartulaires en sont l'une des finalités les plus abouties, ceux de l'évêché de Laon ne dérogeant pas à la règle.

74 SAINT-DENIS Alain, op. cit., p.471.

75 GOODY Jack, La raison graphique : la domestication de la pensée sauvage (traduit de l'anglais par Jean Bazin et Alban Bensa), Paris, les éditions de Minuit, 1978 ; Pouvoirs et savoirs de l'écrit, Paris, La Dispute, 2007. BERTRAND Paul, « À propos de la révolution de l'écrit (Xe-XIIIe siècle). Considérations inactuelles », Médiévales, n°56, 2009, p. 75-92.

76 BERTRAND Paul, loc. cit. ; CHASTANG Pierre, ANHEIM Étienne (coll.), « Les pratiques de l'écrit dans les sociétés médiévales » Médiévales, n°56, 2009, p. 5-10 ; DEFLOU-LECA Noëlle, « L'élaboration d'un cartulaire au XIIIe siècle : le cas de Saint-Germain d'Auxerre », in Revue Mabillon, n. s., 8 (1997), p. 183-207.

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Processus historique et cartularisation

Outre les rapports entre les évêques de Laon et les différent(e)s institutions ou seigneurs, cette contextualisation historique nous permet de mettre à jour quelques présupposés latents et d'établir nos premières hypothèses quant aux conditions d'élaboration du Grand cartulaire de l'évêché de Laon.

En effet, bien que l'appel au Parlement de Paris datant de 1282 de l'évêque Guillaume de Châtillon contre la commune paraît avoir été l'un des premiers éléments déclencheurs de la rédaction du cartulaire (nous verrons effectivement plus loin dans l'analyse qu'une première phase d'écriture semble s'être opérée à partir de 1287), d'autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte.

En premier lieu, la vacance de 6 ans que connut l'évêché entre 1273 et 1279, durant laquelle les pouvoirs concurrents de l'évêque purent étendre leur capacité d'action, peut apparaître comme une justification quant à une volonté épiscopale de réaffirmation, voire de restauration, de son autorité rognée, si ce n'est accaparé. Dès lors, la confection d'un cartulaire fut peut-être le moyen pour l'institution épiscopale de cristalliser à travers le recours à l'écrit des états de fait anciens, de consolider des acquis territoriaux antérieurs menacés et ainsi de patrimonialiser un espace à reconquérir.

Toutefois, ceci ne reste qu'hypothétique. Car, en second lieu, dans l'éventualité que les années qui suivirent la vacance du siège épiscopale ne furent pas une période de perte d'influence de l'évêque sur sa juridiction, cette hypothèse ne saurait être corroborée. En effet, le cartulaire n'est-il pas plutôt une démonstration de la richesse et de la puissance de l'autorité épiscopale, la confection d'un cartulaire demeurant onéreuse et n'étant, la plupart du temps, l'apanage que de personnes ou d'institutions influentes ? Dans cette optique, il faudrait alors percevoir le cartulaire en tant qu'ambition politique, le tout adjoint à un processus de monumentalisation par le biais de l'écrit. Il est tout à fait probable qu'à l'instar d'un Gautier de Mortagne qui entreprît la reconstruction de la cathédrale dans les années 1150, d'un Garnier qui, dans les années 1240, permît la transformation de la maison de l'évêque en un véritable palais épiscopal, ou d'un Itier de Mauny qui, une décennie plus tard, dans un élan de magnanimité et de charité symboles de sa puissance, ordonna la construction de l'Hôtel-Dieu de Laon, l'institution épiscopale des années 1280 eût à coeur de matérialiser plus de deux siècles de domination temporelle au sein d'un codex, véritable document-monument de par son format et son contenu.

Néanmoins, ces deux hypothèses n'apparaissent pas nécessairement comme contradictoires, car le caractère monumental du cartulaire peut correspondre à une manoeuvre ostentatoire en réponse à une perte d'influence, prétendue ou avérée. Pourquoi une telle compilation ne fut décidée qu'à la fin du XIIIe siècle et non dès l'émergence de pouvoirs concurrents ? S'agirait-il alors d'une décision réactionnaire destinée à mettre en scène une autorité et un faste perdus, ou plutôt d'une reprise en main - dans toute sa portée symbolique, notamment si l'on se réfère au caractère manuscrit de la rédaction du

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cartulaire - d'un territoire, de sa juridiction et de ses privilèges de la part de l'autorité épiscopale ? C'est donc à partir de ce terreau conjecturel que des tentatives de réponse essayeront de germer tout au long de notre analyse.

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Problématiques

Transcriptions d'actes à des fins juridiques ou économiques, les cartulaires ont été envisagés, depuis peu nous l'avons dit, comme des constructions volontaires, révélatrices d'une idéologie, témoignant des systèmes de valeurs à l'honneur dans les milieux qui les ont élaborés. C'est pourquoi les perspectives adoptées portèrent une attention tant aux spécificités codicologiques de ces registres qu'au contexte historique qui les a vu naître, afin de donner sens à la rédaction des cartulaires : phénomènes de mémoire et d'oubli, instrumentalisation des archives au service d'un projet politique ou d'une défense d'un patrimoine, notamment lorsque la mise en page et la mise en série des chartes procèdent d'une subite mise en scène, mais aussi perception de l'espace vécu et administrée sur lequel le commanditaire a des droits. Il s'agit alors de comprendre comment des gestionnaires s'emparent du patrimoine à travers l'écrit, dans une période d'essor d'une administration épiscopale, issue plus ou moins directement des directives de la réforme grégorienne.

De ce fait, nous recouperons notre étude à travers trois axes principaux qui paraissent englober les problématiques soulevées par le sujet : c'est en effet après s'être interrogé sur les conditions d'élaboration du cartulaire que nous analyserons la fonction mémorielle qui peut être assignée ou non au Grand cartulaire de l'évêché de Laon, pour enfin en proposer une étude anthropologisante, étudié dans cette approche en tant qu'outil normatif.

Étude des conditions d'élaboration du cartulaire

Tout d'abord, le processus de « cartularisation » correspond à une mise en ordre des archives, c'est-à-dire que la confection et la rédaction d'un cartulaire représentent un travail archivistique de fond basé sur une rationalisation de l'accès aux documents, de par notamment la condensation formelle de l'information, ainsi que sur une hiérarchisation de ces mêmes documents selon leur importance et sur la place qu'ils doivent occuper ou non dans le codex. Un cartulaire est donc le fruit d'un long et minutieux travail de choix, de classement et de recopiage des actes, et procède dès lors d'un lien indéfectible avec les archives et/ou le chartrier de l'institution. Il s'agit ainsi de traiter le cartulaire par rapport « à tout un ensemble documentaire et narratif, de manière à mettre à jour les stratégies textuelles adoptées par les établissements pour consolider leurs acquisitions patrimoniales

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et leur position dans le réseau de pouvoir local77 ».

Si pour certains cartulaires les procédés de sélection tiennent de l'importance typologique accordée à l'acte78, d'autres prennent davantage en compte des critères d'ordre géographique79, chronologique - c'est le cas pour les cartulaires-chroniques par exemple, la linéarité de l'histoire étant un principe constitutif de la confection du codex - ou encore purement économique80. Mais qu'en est-il de notre objet d'étude ? Quels furent les procédés de sélections des actes et les logiques de rédaction ? Pour tenter de répondre à ces interrogations, nous nous attarderons sur deux éléments qui semblent apporter des éléments de réponse : le Petit cartulaire de l'évêché de Laon (G 1) et la table des matières liminaire du Grand cartulaire. En effet, s'interroger sur les raisons ayant poussé l'institution épiscopale à confectionner un second cartulaire tout en reprenant une majorité des actes transcrits dans le G1, souvent conservés dans leur enchaînement logique, légèrement remaniés ou insérés dans des dossiers plus étoffés, peut éventuellement nous permettre de cerner la ou les logique(s) qui ont pu prédominer à la confection même du cartulaire. De plus, le fait que certains actes du G 1 aient été retranscrits dans le Grand cartulaire de l'évêché de Laon (G 2) et non d'autres serait révélateur d'une finalité différente accordée à chaque codex. Si le G1 s'ouvre sur une série de quatre bulles papales consacrant l'autorité de l'évêque en matière de justice spirituelle, suivie d'une autre de quatre chartes chargeant les évêques du royaume en général et celui de Laon en particulier d'excommunier les barons de France hostiles aux immunités et aux droits de l'Église, puis se poursuit par toute une suite d'affaires propres au temporel épiscopal, le G 2, quant à lui, s'ouvre sur un dossier concernant les rapports conflictuels que les évêques de Laon connurent avec la commune, puis s'ensuivent les affaires portant sur le pagus épiscopal, plus ou moins développées et complétées par rapport au G 1, voire complètement absente du précédent cartulaire.

77 CHASTANG Pierre, Lire, écrire, transcrire. Le travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc (XIe-XIIIe), Paris, éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, 2001, p. 219.

78 « Classer et compiler : la gestion des archives du Mont-Cassin au XIIe siècle », CHASTANG Pierre, FELLER Laurent, in Écritures de l'espace social. Mélanges d'histoire médiévale offerts à Monique Bourin, BOISSEUIL Didier, CHASTANG Pierre, FELLER Laurent, MORSEL Joseph, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010. Dans cette contribution, les auteurs indiquent, à la p.350, que le cartulaire de Pierre Diacre n'est pas organisé selon l'ordre d'une chronique, mais de manière typologique, avec un classement manifestement hiérarchique et diplomatique (privilèges pontificaux, préceptes impériaux et royaux, donations, livelli, renuntia, serments).

79 Certains classements sont en effet organisés selon une progression géographique qui va du centre vers périphérie, c'est-à-dire des espaces les plus importants du point de vue patrimonial vers ceux qui ne regroupent que quelques biens. Parfois même, le classement épouse le parcours géographique, plus ou moins rationnel, qu'un collecteur a pu effectuer.

80 Nombre de cartulaires sont organisés en dossiers selon des aires économiques prédéfinies (tenures, villae), ce qui participe à une gestion rationnelle de l'espace, symbolisée par une organisation rationalisée du codex.

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Ainsi, doit-ont voir les deux cartulaires comme indépendants l'un de l'autre, ou doit-on plutôt percevoir le G 1 comme une construction séquentielle préalable et nécessaire à l'élaboration du G 2, adapté, remanié et complété selon un contexte et une finalité différent(e)s ? Dès lors, si le G 1 semble consacrer l'autorité de l'évêque, et ce depuis plus de trois siècles81, le G 2 paraît être un instrument chargé d'assurer et d'inventorier les possessions, biens et prérogatives alloués aux évêques de Laon, comme si face à l'émergence et à l'affirmation grandissante des pouvoirs concurrents - le chapitre, la commune, le roi, pour ne citer qu'eux - l'autorité épiscopale se voyait dans la nécessité d'assurer ses acquis. De ce fait, cette hypothèse pourrait être un facteur d'explication quant à l'ordonnancement quelque peu épars et illogique de certains actes se retrouvant isolés du dossier auquel ils auraient pu être insérés. Qui plus est, les différentes phases d'écritures, repérées à travers des changements de mains particulièrement significatifs, correspondent à une compartimentation chronologique et peuvent correspondre à différentes phases de recensement d'archives non coordonnées. Ou alors, ces ajouts successifs furent-ils transcrits au fil des revendications de l'évêché ? C'est ce que nous tenterons de vérifier dans cette étude.

Il n'en reste pas moins qu'un second élément nous permettrait éventuellement d'ordonner ce qui peut apparaître comme du désordre : la table des matières. « Ordonner le chaos, voilà la création » se plaisait à dire Guillaume Apollinaire, bien qu'il ne s'agisse pas ici de « chaos » à proprement parlé, les archives étant à considérer comme un système d'ordonnancement à part entière. En effet, le listage des rubriques*, même s'il apparaît ici comme partiellement achevé, correspond à une utilisation pragmatique de l'écrit, chargée d'apporter de la lisibilité à un support qui reste opaque - la centaine de feuillets et la longueur inégale des actes rendent la lecture et le repérage particulièrement complexes. Or, l'absence d'une telle liste dans le G 1 renforcerait l'idée que le G 2 en serait un prolongement plus abouti et pragmatique dans son utilisation de l'écrit. Toutefois, l'absence de rubriques de certains actes ou, dans le cas contraire, la mention de rubriques absentes du cartulaire sont révélateurs de la non-coordination des scribes lors des différentes phases de rédaction et peut représenter une faille dans notre tentative de compréhension de l'ordonnancement du codex. De même, le caractère rétrospectif, c'est-à-dire rédigé a posteriori, de cette table des rubriques abonde dans le sens de l'hypothèse d'une relative absence de logique de classement a priori, si ce n'est selon l'ordre préétabli par le G 1 par exemple.

Tous ces éléments sur les conditions d'élaboration du cartulaire symbolisent bien le renouveau des approches tant codicologiques que paléographiques opéré depuis quelques années à propos des cartulaires. Il s'agit ici de mettre en évidence et de

81 G2, A.D de l'Aisne, 110, f° XXXIX r° : charte de Lothaire II, datée de 975, qui, sollicité par l'évêque de Laon confirme les biens des religieux bénédictins de l'abbaye de Saint-Vincent considérée comme le second siège de Laon et le lieu de sépulture des nobles laïques de la ville. Par cette charte, il est reconnu aux évêques de Laon une légitimité qui remonte jusqu'au Xe siècle, comme pour témoigner de l'ancrage historique de l'institution épiscopale et ainsi consolider son autorité.

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comprendre les moyens mis en oeuvre dans le but d'atteindre une ou des finalité(s) précise(s) et déterminée(s). Or, ces finalités sont doubles : matérielles - le codex - et symboliques - l'usage de l'écrit permet à l'institution épiscopale d'ancrer son action dans le temps. En même temps qu'une construction matérielle, le cartulaire est donc producteur d'une construction mémorielle de l'évêché.

Les dimensions mémorielle et identitaire du cartulaire

Bien qu'onéreux et long à réaliser, un cartulaire n'en demeure pas moins un choix intentionnel de l'institution commanditaire. Le cartulaire devient alors un instrument d'identification, un outil mémoriel permettant à une communauté de perpétuer une certaine histoire et de consolider sa mémoire82. Or, afin d'illustrer notre propos, nous aurons ici recours à l'exemple invoqué par Pierre Chastang dans sa thèse de doctorat83 : dans ce passage, l'auteur aborde l'élaboration de cartulaires monastiques du début du XIIe siècle sous le regard de la querelle entre deux abbayes bénédictines : Aniane et Gellone. Leur opposition datant de 1066, avec pour principal enjeu la prééminence d'Aniane sur Gellone, qui, sachant qu'elle n'a pas les moyens documentaires de lutter sur le terrain des origines carolingiennes du monastère, oppose à Aniane une « stratégie hagiographique » autour du personnage de saint Guilhem. Dans la production textuelle, l'offensive est toujours anianaise (l'abbé d'Aniane se plaint par exemple que les moines de Gellone auraient élu leur abbé seuls ; revendications autour de la Vraie Croix, que Charlemagne aurait donné à Aniane ; accusations de simonie), mais Gellone en sortit toujours vainqueur. Ainsi, alors que les Anianais rédigent un codex d'une complexe architecture, les moines de Gellone, sans doute sûrs de leur bon droit, ne copièrent en tête du manuscrit que leur version de l'acte de dotation de Guilhem, qui daterait du 14 décembre 804. Pierre Chastang démontre ainsi que la rédaction de cartulaires correspond à une mise en perspective critique (par l'opération de tri) des documents conservés au chartrier.

Dès lors, on s'aperçoit que même si, effectivement, le caractère juridique ou économique semble prédominer, c'est bel et bien l'ancrage mémoriel d'une grandeur passée ou tout simplement d'acquisitions diverses accroissant et légitimant l'autorité du commanditaire qui motiva essentiellement les demandeurs84. En remobilisant les documents d'archives, les cartularistes font littéralement histoire, bien que cette histoire

82 GEARY Patrick J., La mémoire et l'oubli à la fin du premier millénaire (traduit de l'anglais par Jean-Pierre Ricard), Paris, Flammarion, 1996.

83 CHASTANG Pierre, op. cit., p. 153.

84 JEANNE Damien, « Une "machina memorialis". Les cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de Rouen », Tabularia « Études », n° 12, 2012, p. 29-62. Dans cet article, l'auteur énumère plusieurs léproseries, dont celles de Saint-Gilles de Pont-Audemer, qui ont, semble-t-il, rédigé un cartulaire dans le but de sauvegarder des privilèges menacés et ainsi garantir leurs droits dans une période de déclin progressif de ces institutions.

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soit largement biaisée et fragmentaire. En effet, l'écrasante majorité des actes transcrits sont le fruit d'une légitimation centripète, c'est-à-dire en faveur de l'évêché, que ce soit en matière de justice ou de ventes.

Quoi qu'il en soit, le cartulaire représente une photographie de près de deux siècles de gestion patrimoniale du temporel épiscopal, accordant, par l'usage de l'écrit, un caractère éternel et perpétuel aux transactions et acquisition effectuées, ainsi qu'aux accords passés. De plus, la robustesse et la longévité du support - le parchemin - sont censées aller symboliquement de pair avec celles de l'institution et de son action. De même qu'indirectement, c'est la mémoire de toutes les personnes impliquées dans les affaires présentes dans le cartulaire qui sont entretenues, personnes physiques (donateurs, contractants, rois, papes) ou ce que l'on appelle aujourd'hui « morales » (communes). Cet aspect des choses peut donc nous amener à nous interroger sur la valeur de l'écrit, certaines chartes n'étant que la mise par écrit de traités oraux (dons de terres, transferts de droits). Doit-on nécessairement cliver écriture et oralité ? Sont-ils au contraire imbriqués dans un processus linguistique uniforme, et non dual, l'écrit n'étant au final qu'une retranscription fictive d'un discours entre individus ? Il s'agit là d'un point qu'il semblerait intéressant d'approfondir, le cartulaire, en tant que transcription figée de rapports humains, pouvant mettre à jour l'ambivalence de l'écrit dans une perception contemporaine souvent abusivement caricaturale de la société médiévale, séparant lettrés et illettrés.

Néanmoins, si le cartulaire peut apparaître comme un outil mémoriel pour l'institution commanditaire à un temps donné, il le devient à double sens pour l'historien, qui y trouve les données quantitatives et qualitatives nécessaires à son travail de recensement. Par exemple, il serait intéressant d'observer les occurrences de la monnaie employée lors de transactions afin d'analyser le degré d'ouverture et de développement de l'économie locale, de son insertion ou non dans un réseau d'échanges, de dégager les évolutions des monnaies employées selon les périodes, ou bien encore d'étudier les variations du prix d'un même produit au fils des ans.

De plus, une telle étude pourrait aisément être complétée par un examen attentif des divers lieux d'exploitations au sein d'un même espace, espace qu'une analyse lexicométrique des noms de lieux pourra matérialiser à travers une carte. Ainsi, le Grand cartulaire de l'évêché de Laon est censé nous permettre de réaliser une certaine spatialisation du diocèse - du pagus épiscopal tout du moins - ainsi qu'une analyse statistique de l'espace étudié sur une période donnée.

Toutefois, bien que l'aspect mémoriel joue un rôle non négligeable dans la décision de rédaction d'un cartulaire, celle-ci répond souvent à un contexte particulier enjoignant à l'institution désignée de réaliser une compilation de ses droits. Par ce biais, tout cartulaire devient alors un support normatif de référence.

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Le cartulaire : un outil référentiel

Comme nous l'avons souligné plus haut, un cartulaire correspond à une légitimation centripète des droits d'une communauté. Or, cette légitimation s'effectue essentiellement dans un processus de régulation ou d'anticipation des conflits, tant militaires que d'intérêts. De ce fait, l'évêque est largement perçu comme seigneur temporel plutôt que comme pasteur spirituel. Ainsi, en tant que seigneur temporel - les évêques de Laon sont ducs et pairs du royaume de France - l'évêque se doit de consolider son pouvoir de type féodal qu'il détient sur son territoire. De même qu'à partir de la réforme grégorienne, l'autonomisation de l'Église l'incita de plus en plus à dominer le pouvoir laïc, en leur enlevant notamment les pouvoirs traditionnels qu'ils exerçaient sur leurs territoires, ce qui donna naissance à des bases de domination beaucoup plus fortes et entraîna des renégociation de liens, bien que toujours au profit de l'Église85. Le cartulaire apparaît alors comme une arme juridique dans un rapport de force entre l'évêque et ses subordonnées ou rivaux : affaiblissement de la commune, du prévôt, du vidame86, délimitations de seigneuries dans des conflits de cospatialité ou d'interface87, la relation d'autorité étant à la fois socio-politique et spatiale - un conflit d'interface révèle en effet un rapport de force entre un centre et une périphérie.

Dès lors, la compilation d'actes à valeur juridique s'apparente à une normalisation des rapports de force, c'est-à-dire que la mise par écrit des actes nécessaires à la résolution d'un conflit équivaut à l'établissement symbolique de normes, en tant que règles jurisprudentielles, régissant un territoire donné. Ici, le caractère normatif du cartulaire ne s'apparente donc pas à une norme-résultat, qu'il est possible de définir comme un énoncé général réglant un certain nombre de problèmes, mais plutôt à une norme-processus, c'est-à-dire une activité dialogique destinée à rétablir un certain ordre, en ce sens que la rédaction du cartulaire fut décidée justement parce que la réalité pratique (les comportements des acteurs) différait du discours normatif (les chartes)88. Ainsi, bien que

85 MAZEL Florian, La noblesse et l'Église en Provence, fin Xe-début XIVe siècle. L'exemple des familles d'Agoult-Simiane, de Baux et de Marseille, Paris, Éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, 2002.

86 SAINT-DENIS Alain, Apogée d'une cité..., p.473

87 Dans le G2, les principaux conflits d'interface entre la seigneurie épiscopale et les autres seigneuries portent sur la frontière sud du diocèse, commune avec le territoire du comte de Soissons, ainsi que sur la frontière ouest, lors des conflits avec les seigneurs de Coucy.

88 BOURDIEU Pierre, Le sens pratique, Paris, Éditions de Minuit, 1980 : dans cet ouvrage, Bourdieu établit clairement une distinction entre norme, comprise en tant que règle, et pratique, c'est-à-dire les usages, qui par ailleurs dépassent souvent le cadre des normes, implicites ou explicites, du fait notamment d'une adaptation aux nécessités du monde social. Les pratiques n'apparaissent donc pas comme de simples exécutions des normes explicites, mais traduisent un sens de jeu que les acteurs acquièrent par le biais de l'habitus : le sens pratique. Ainsi, c'est sous cet arrière-plan conceptuel qu'il nous est possible d'observer l'efficience normative du cartulaire, en ce sens qu'il normalise l'ordre des choses en rappelant les règles que les usages transgressent.

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le cartulaire apparaisse comme une compilation d'actes pratiques, il devient effectivement normatif et référentiel dans son établissement via la symbolique de l'écrit.

Toutefois, peut-on affirmer que l'outil normatif que représente le cartulaire est une conséquence nécessaire des séries de conflits qui impliquèrent sa rédaction ? Ou sa conception n'est-elle pas plutôt le moyen pour l'institution commanditaire de prévenir tout conflit potentiel en établissant une forme de jurisprudence lui étant favorable ? Une réponse claire et définitive ne saurait être donnée à ces interrogations, mais le recours aux classifications de l'anthropologie juridique semble pouvoir orienter l'analyse de cette étude. En effet, il existe trois approches anthropologiques concernant la régulation des conflits au sein des sociétés : l'analyse normative, l'analyse processuelle et l'approche synthétique.

1° Pour les théoriciens de l'analyse normative, le droit consiste en un certain nombre de normes explicites, écrites et codifiées, qui s'imposent aux individus, les infractions étant sanctionnées par contrainte ou menace. Dès lors, le présupposé serait que la norme impose les pratiques et que tout écart des pratiques par aux normes doit être sanctionné, ce qui implique la nécessité d'une institution centralisée dotée d'un appareil judiciaire, d'une police. Dans cette optique, le cartulaire serait bien cet outil de jurisprudence nécessaire à la régulation des conflits, c'est-à-dire des pratiques qui s'écarteraient des normes présentes dans le cartulaire. Les contraintes employées peuvent alors prendre différentes formes : autorité papale, royale ou encore archiépiscopale, menace d'excommunication, de suppression d'une commune, etc. De ce fait, le rôle de la chancellerie épiscopale89 et des hommes de corps de l'évêque - vidame, prévôt, sergents - serait de contrôler et de gérer les potentiels sources de conflits. Toutefois, l'appareil judiciaire n'apparaît pas toujours assez fort pour imposer ces normes écrites et codifiées, le rapport de force pouvant jouer en sa défaveur. C'est ici que l'analyse processuelle apporte un élément de réponse à cette possible défaillance.

2° En effet, l'analyse processuelle consiste à suivre le déroulement d'un conflit ou d'une infraction afin d'observer tous les moyens utilisés par les parties et autorités concernées pour les régler. Dans cette approche fonctionnaliste, le droit n'aurait pas pour fonction de punir mais d'assurer la réciprocité des individus - non leur égalité - pour assurer la cohérence de la société. D'où l'importance du compromis, pouvant se faire devant un tribunal, à défaut d'imposer une peine. Tout conflit aboutissant souvent à la paix90, s'impose l'idée que pour arriver la paix, tout conflit apparaît comme une nécessaire instance de régulation, car il ferait repartir les acteurs sur de nouvelles bases et produirait ainsi de nouvelles normes. Par conséquent, une telle approche semble pouvoir s'insérer dans notre étude, car la constitution de dossiers s'inscrit dans cette démarche processuelle,

89 BRUNEL Ghislain, « Chartes et chancelleries épiscopales au Nord de la France », in A propos des actes d'évêques (dir. Michel PARISSE), Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1991, p. 228-243.

90 Vengeance (La), 400-1200, BARTHELEMY Dominique, BOUGARD François, LE JAN Régine, Rome, École française de Rome, 2006.

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l'agencement des actes transcrits correspondant au déroulement des conflits en question. De même que la récurrence ou non des décisions prises tout au long d'une affaire permettent d'en mesurer leur efficience ou leur défaillance. Néanmoins, cette analyse comporte des limites : en effet, cela reviendrait à analyser les normes d'une société uniquement à travers ses conflits, mais les conflits seuls ne peuvent expliquer toutes les normes. Dans le même temps, tous les conflits ne se terminent pas par la paix ou peuvent avoir pour seul but de faire reconnaître des droits et non d'aboutir à un compromis. C'est pourquoi, certains optent pour une troisième voie, que l'on nomme approche synthétique.

3° Effectivement, l'approche synthétique s'intéresse au contenu et à l'utilisation des normes, qui deviennent alors un enjeu, un objet de négociation. Ainsi, l'évolution des normes est censé aller de pair avec l'évolution de la société. De ce fait, les différentes phases d'ajouts repérées dans le G2 serait-elles une adaptation des normes parallèlement à l'évolution des rapports de force au sein du diocèse entre les différents protagonistes ? Par exemple, le cartulaire contient de nombreuses chartes royales supprimant la commune. Or, celle-ci ne fut définitivement abolie qu'en 1331, bien que la charte la plus récente date de 1321, ce qui montre que le cartulaire ne représente pas forcément un objet fixe, mais mouvant et flexible, s'adaptant aux évolutions sociétales. Ainsi, Pierre Bourdieu, dans une réflexion sur la dialectique entre norme et pratique - analyse qui rejoint quelque peu celle de Max Weber - développa l'idée selon laquelle toute « norme officielle contraignante ne détermine la pratique que lorsque l'intérêt à lui obéir l'emporte sur l'intérêt à lui désobéir »91, c'est-à-dire que c'est le droit qui détermine les rapports de force, l'adaptation des normes aux pratiques qui permet à la société d'avancer.

Qui plus est, la table des matières renforce cette conception normative du cartulaire, car cette liste implique un caractère excluant, tout acte n'y étant pas retranscrit étant implicitement invalidé par l'institution épiscopale. A la manière des listes d'invités, tout individu - ici toute charte - n'étant pas inscrit est de facto exclut du groupe inclus92. De même, cette démarche exclusive sous-tend un principe de hiérarchisation fort, chaque acteur étant dépositaire des choix opérés par le commanditaire. Ainsi, le cartulaire devient littéralement un objet révélateur de la domination symbolique que souhaite imposer l'évêque sur ses concurrents93.

91 BOURDIEU Pierre, Le sens pratique, Paris, Editions de Minuit, 1980, p.170

92 GOODY Jack, La raison graphique..., Paris, Editions de Minuit, 1978, p.184 : « Ranger des mots (ou des "choses") dans une liste, c'est en soi une façon de classer, de définir un « champ sémantique », puisqu'on inclut certains articles et qu'on en exclut d'autres. De plus, ce rangement place ces articles en ordre hiérarchique. Aux articles ainsi ordonnés on peut affecter des chiffres (des logogrammes représentant des nombres) de manière à les numéroter de 1 à n tout au long de la liste.

93 BOURDIEU Pierre, « Les modes de domination », in Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 1976/2, p.122-132.

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Mais sans aller jusque-là, il semble que le cartulaire, en tant qu'instrument normatif, est aussi à percevoir par son efficience sociale au sein d'un réseau donné, c'est-à-dire que son élaboration serait une étape dans la normalisation des rapports entre les individus, assurant ainsi leur réciprocité comme l'analyse processuelle le souligne. En effet, il est possible de caractériser le cartulaire comme un livre d'échanges (financiers, épistolaires, féodaux, religieux, etc.), tout échange devant alors être perçu comme la recherche d'un lien sans forcément la recherche d'un quelconque profit ou intérêt, tel que le don fait aux églises, bien que sur ce point les avis divergent94. Quoi qu'il en soit, c'est cette réciprocité qui garantirait le caractère légal du don, en tant que créateur de lien social. Il serait alors intéressant d'observer la valeur accordé à l'échange dans le Grand cartulaire de l'évêché de Laon (serments, ventes, etc.) parallèlement à une étude sur la valeur de l'écrit et du support employé, problématiques déjà soulevée dans le premier paragraphe de notre deuxième axe de réflexion95.

94 En effet, si l'on à tête le modèle maussien du don, celui-ci implique la notion de contre-don, c'est-à-dire qu'ici les donateurs, en échange de leur don, espèrent que l'église en question prie pour le salut de leur âme afin de leur permettre d'accéder au paradis. De ce fait, il ne serait plus question ici de don, mais d'échange, comme en témoigne la thèse de Jacques CHIFFOLEAU sur la comptabilité de l'au-delà, à savoir que les ecclésiastiques marchanderaient leurs prières contre de l'argent, que la morale chrétienne nommerait « don ».

95 « Quoi qu'il en soit, le cartulaire représente une photographie de près de deux siècles de gestion patrimoniale du temporel épiscopal, accordant, par l'usage de l'écrit, un caractère éternel et perpétuel aux transactions et acquisition effectuées, ainsi qu'aux accords passés. De plus, la robustesse et la longévité du support - le parchemin - sont censées aller symboliquement de pair avec celles de l'institution et de son action. De même qu'indirectement, c'est la mémoire de toutes les personnes impliquées dans les affaires présentes dans le cartulaires qui sont entretenues, personnes physiques (donateurs, contractants, rois, papes) ou ce que l'on appelle aujourd'hui "morales" (communes) », p.48.

53

Enjeux

L'un des enjeux majeurs de notre étude se constituerait du fait de s'insérer au sein d'une mouvance historiographique qui se développe et se renouvelle, mais qui reste encore à parfaire. Il s'agira donc de fonder l'analyse sur des concepts préexistants tout en ayant une approche détachée de tels carcans épistémologiques. L'examen approfondi du Grand cartulaire de l'évêché de Laon ne devra donc pas négliger cet arrière-plan historiographique, mais devra, dans le même temps, effectuer une mise en perspective du corpus documentaire spécifique à un territoire.

Dans premier temps, il sera donc question d'étudier le cartulaire en tant qu'objet, en tant qu'outil scriptural ayant des caractéristiques qui lui sont propres, autant dans sa conception matérielle que dans sa composition interne. Néanmoins, il est essentiel de ne pas isoler cette analyse et ainsi de la confronter aux études préexistantes, car le manuscrit s'inscrit dans une tradition documentaire particulièrement riche et significative. Qui plus est, l'examen codicologique et paléographique du cartulaire ne doit pas amener à faire l'écueil du contenu informationnel qu'il recèle.

En effet, dans un second temps, nous tâcherons d'extraire et d'interpréter au mieux les informations que contient le codex, celles-ci étant à analyser dans leur état brut comme au regard d'un arrière-plan socio-anthropologique. Par exemple, si nous avons à faire à un acte relatant une transaction, il s'agira d'en étudier les informations brutes (individu, prix, objet) tout en l'insérant dans analyse contextuelle nécessaire à sa compréhension. Dès lors, nous nous attèlerons à cerner les visées ayant amenées à la confection du cartulaire.

Quoi qu'il en soit, il semble nécessaire de ne pas omettre le fait que le cartulaire représente un instrument matériel mis au service d'un discours. De ce fait, les deux grands axes développés ici ne sont pas à étudier séparément, mais ont vocation à s'interroger et se répondre mutuellement dans une certaine interdépendance épistémologique.

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PREMIERE PARTIE

USAGES ET REPRESENTATIONS DE L'ECRIT DANS LE GRAND CARTULAIRE DE L'EVECHE DE LAON

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Chapitre I

Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon : aspects codicologiques et paléographiques

De nos jours, le livre médiéval est étudié comme un véritable objet archéologique, un objet d'étude à part entière, indépendant de la pensée et du texte dont il est le support. En effet, s'intéresser à la genèse d'un manuscrit, aux modalités ayant amené à sa confection, ainsi qu'aux divers constituants qui composent le codex, permet souvent de mieux appréhender le contexte qui l'entoure, un manuscrit s'apparentant à un précieux témoin matériel de la période qui l'a vu naître.

Dès lors, l'analyse codicologique du Grand cartulaire de l'évêché de Laon - couplée à une analyse comparative des spécificités paléographiques présentes dans le cartulaire - nous permettra de révéler et d'interpréter les conditions de la production originelle du manuscrit, l'archéologie du livre permettant de constater des faits matériels et ainsi de vérifier des indices que des yeux non-avertis ne sauraient voir, l'histoire achevant ce processus en tentant de proposer une explication de ces faits et de ces indices, ce qui sera le cas dans la seconde partie de notre étude.

C'est donc après avoir étudié les différentes composantes de la composition matérielle du cartulaire que nous tenterons d'en dégager une structure interne, à l'aide notamment des indices codicologiques et paléographiques repérés au fil de l'analyse.

* *

*

56

Composition matérielle

Le G 2 est un registre in-folio composé d'une table des matières, formée de quatre feuillets de parchemin, puis d'une succession de 16 cahiers* - bien que la reliure moderne constitue un frein quant à l'identification certaine de certains de ces cahiers - regroupant 118 feuillets* sur lesquels sont transcrites 276 chartes, dont certaines en double voire en triple exemplaires. Dans ces 276 chartes, 242 sont rédigées en latin, tandis que les 34 restantes le sont en français.

État général du cartulaire

La reliure du cartulaire, en matière boisée, est une conception moderne, l'état des feuillets situés au début et à la fin du codex laissant indiquer qu'une telle reliure était inexistante auparavant, ou en tout cas ne protégeait pas assez le document. En effet, le tout premier feuillet est fendu de manière verticale dans sa moitié, puis les trois autres feuillets complétant la table des matières sont endommagés de l'ordre d'1/8e du document à chaque coin inférieur, tandis que les cinq suivants - contenant les premiers actes du cartulaire - n'apparaissent que faiblement endommagés, avec notamment un trou qui s'estompe peu à peu au fil des feuillets (f° 5 à 9). Du reste, tout au long du cartulaire, les feuillets apparaissent dans leur intégralité et dans un bon état de conservation, mis à part deux d'entre eux, dont une partie a été amputée, peut-être pour récupérer des bouts de parchemin vierge (f° 76 et 94). Les trois derniers feuillets du cartulaire (f° 115 à 118), quant à eux connaissent une détérioration importante (encre effacée, noirceurs, pages fendues, trous...).

L'agencement des cahiers

Si la délimitation de certains cahiers se fait aisément, grâce notamment à la présence de réclames*, d'autres en revanche ne bénéficient pas d'un tel système de repérage et la reliure moderne représente parfois un frein quant à une délimitation nette et précise d'un cahier. Néanmoins, l'observation minutieuse et patiente des indices matériels d'agencement des cahiers m'a amené à l'établissement d'un tableau récapitulatif, qui m'est possible de certifier de manière quasi-certaine (cf tableau ci-dessous).

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Cahier

 

Type de cahier

Actes

Feuillets

 
 
 
 

1

Quaternion*

1 à 10

I à VIII

2

Quaternion

10 (suite) à 28

IX à XVI

3

Quaternion

28 (suite) à 59

XVII à XXIV

4

Quaternion

60 à 93

XXV à XXXII

5

Quaternion

93 (suite) à 115

XXXIII à XL

6

Quaternion

115 (suite) à 135

XLI à XLVIII

7

Quaternion

135 (suite) à 158

XLIX à LVI

8

Quaternion

158 (suite) à 179

LVII à LXIIII

9

Binion*

179 (suite) à 188

LXV à LXVIII

10

Binion

189 à 194

LXIX à LXXII

11

Binion

195 à 207

LXXIII à LXXVI

12

Binion

207 (suite) à 212

LXXVII à LXXX

13

Quinion*

213 à 228

LXXXI à LXXXIII +
Excroissance 88 à 94
(foliotation contemporaine
en chiffre arabe)

14

Quaternion

229 à 237

LXXXIIII à LXLI

15

Quaternion

237 (suite) à 255

LXLII à IC

16

Quaternion

255 (suite) à fin

C à CVII

Tableau 1 : Tableau synthétique de la répartition des actes présents dans le cartulaire
par feuillets et par cahiers

Dès lors, on remarque que la composition des cahiers (cf annexe n°1) apporte un indice quant aux différentes phases d'élaboration du cartulaire. En effet, il est possible de noter une continuité entre les neuf premiers cahiers, assemblés en quaternions jusqu'au neuvième cahier, un binion, comme pour marquer l'arrêt d'une phase de compilation, le reste des informations à compiler ne nécessitant certainement pas l'élaboration d'un nouveau quaternion.

Puis, la succession de trois binions est un possible révélateur de phases de compilation occasionnelles répondant à un intérêt circonstanciel. Néanmoins, il est important de préciser la discontinuité entre le cahier 10 et les deux suivant, du fait que le dernier acte retranscrit à la fin du cahier 10 n'empiète pas sur le cahier suivant, contrairement aux cahiers 11 et 12, où l'acte 207 marque une certaine forme d'articulation entre les deux cahiers.

58

Vient ensuite le cas du cahier 13, véritable exception au sein du cartulaire du fait de sa composition en quinion. Or, cette composition particulière n'est pas la seule caractéristique qui distingue ce cahier : la foliotation, l'épaisseur du parchemin - plus fin -, la mise en page et le type d'écriture sont effectivement autant de facteurs qui le singularisent du reste du manuscrit. Mais une analyse plus approfondie sera effectuée dans le chapitre suivant.

Ce qui nous amène à l'observation des trois derniers cahiers du cartulaire, marqués par une continuité matérielle - ce sont tous trois des quaternions, comme les neuf premiers cahiers - et séquentielle - les actes pivots se prolongent d'un cahier à l'autre. De ce fait, il nous est possible d'aboutir aux mêmes conclusions que pour l'agencement des neuf premiers cahiers : les cahiers 14 à 16 sont le support d'une nouvelle phase de compilation, linéaire et homogène.

Foliotation

Il existe tout d'abord une foliotation moderne en chiffres arabes, numérotant le cartulaire de manière continue du premier feuillet, en partant de la table des matières, jusqu'au dernier feuillet du manuscrit, et ce au recto de chaque feuillet. Ainsi, c'est cette numérotation qui nous permet d'affirmer le nombre total de feuillets présents au sein du cartulaire, table des matières comprise.

Dans le même temps, il existe une numérotation en chiffres romains, contemporaine du manuscrit et à l'encre rouge des feuillets I à LXX (f° 5 à 74 en numérotation moderne) - hors table des matières, qui ne dispose pas de numérotation en chiffre romain, ce qui nous amènera dans le chapitre suivant à nous interroger sur son appartenance initiale ou non au cartulaire -, puis à l'encre noire des feuillets LXXI à CVIII (f° 75 à 118).

Néanmoins, une anomalie s'insère dans la numérotation des feuillets au sein du cahier 13, pour lequel une numérotation en chiffres arabes, potentiellement contemporaine à la phase de rédaction, poursuit la numérotation précédente en chiffre romains, mais entre en décalage avec le feuillet qui marque le retour de la numérotation en chiffres romains, et ne correspond pas à l'ordonnancement séquentiel des autres feuillets (cf annexe n°1). Clairement, cette discontinuité apparaît entre les feuillets LXXXIII (f° 87) et LXXXIV (f° 95), et concerne un ensemble de 7 feuillets, c'est-à-dire qu'il existe une béance numérique des feuillets 88 à 94.

Or, nous le verrons par la suite, ce cahier apparaît comme le plus récent, du fait qu'il contient les seules chartes datées de 1320, date extrême du cartulaire. Qu'en est-il alors ? Qu'est-ce que cela peut nous apprendre sur les logiques de rédaction ayant régi la cartularisation ? Ceci nous amène-t-il à concevoir la cartularisation comme autant d'étapes de rédactions indépendantes les unes des autres, c'est-à-dire comme un projet

59

toujours dynamique valorisant l'accumulation quantitative plutôt que l'ordonnancement qualitatif ?

Dimensions et mises en page

Si l'on se réfère aux dimensions globales du G 2, celui-ci mesure 304 mm de hauteur pour une largeur équivalente à 205 mm. C'est ainsi que ce manuscrit a été qualifié de « Grand » cartulaire de l'évêché de Laon, en comparaison au « Petit » cartulaire de l'évêché de Laon qui, lui, ne mesure que 260 x 180 mm. Or, la question de la taille d'un manuscrit peut apparaître comme primordiale dans l'étude de son insertion au sein d'un mode de pensées et de représentations. En effet, il serait possible d'imaginer, dans une société où le coût des matières premières pour un objet d'un tel acabit demeure relativement élevé, que la confection d'un manuscrit de cette sorte, matériellement plus imposant que le premier, transcrive une expansion symbolique de la capacité d'action du commanditaire. Néanmoins, cette interprétation reste hypothétique et cette représentation symbolique liée à la taille du cartulaire n'a peut-être jamais été envisagée par l'institution épiscopale.

Quoi qu'il en soit, un autre élément métrique du cartulaire mérite une attention toute particulière : la mise en page des feuillets. En effet, la mise en page, si elle évolue tout au long du manuscrit, est révélatrice de phases de rédaction successives, car la réglure est généralement un travail préliminaire à celui de la copie.

Or, pour ce faire, nous avons répertoriés dans un tableau synthétique les différentes dimensions des réglures et mises en page présentes au sein du cartulaire selon le modèle présenté ci-dessous :

60

Intercolonne

Marge
de
tête

Colonne

 

Colonne

 
 
 

Marge
de

petit fond

 
 

Interligne

 

Marge
de

gouttière

Hauteur de page

 
 
 

Marge de pied

 
 
 
 
 

61

Feuillets

 

Marge

Marge

Marge

Hauteur

Colonnes

Intercolonne

Interligne

Nombre

de tête

de pied

de

gouttière

de page

de
lignes

 

(en mm)

(en mm)

(en mm)

(en mm)

(en mm)

(en mm)

(en mm)

 

I r° - LXIV v°

23

52,5

34 à 40

225

69

12,5

5

42

LXV r°

- LXVII v°

idem

35

idem

245

idem

idem

idem

40 - 42

LXVIII r°-v°

20

52

35

235

152,5

0

0

40

LXIX r° - LXX v°

14

55

40

232

69

13

5

40

LXXI r°-v°

16

55

38,5

230

148

0

idem

40

LXXII

0

0

0

0

0

0

0

8

LXXIII r°

- LXXX r°

15

55

42,5

227

70

12,5

5

39-40

LXXXI r°

- LXXXIII v°

23

50

35

230

69

13

5

39

84 r° - 94 v°

0

0

0

0

0

0

0

23-32

LXXXIV r°

- CVII v°

25

52,5

41

223

69

13

5

38-39

Tableau 2 : Tableau récapitulatif des dimensions des différentes mises en page du

cartulaire

Ainsi, ce tableau récapitulatif des différentes dimensions de mise en page visibles dans le cartulaire révèle la discontinuité matérielle, matrice d'une discontinuité intellectuelle, c'est-à-dire que le choix d'une disposition implique des répercussions quant à la réception d'une transcription. Par exemple, la création préalable d'une mise en page nette et précise donnera nécessairement plus de crédit à une information, contrairement à une transcription à main levée, sans points d'ancrage. Dès lors, tout ceci nous amène à réfléchir sur l'importance du paratextuel dans le processus d'écriture, l'écrit apparaissant comme un procédé quasi-ritualisé, avec tous ses principes organisateurs qui tendent à crédibiliser l'information.

C'est pourquoi, mise à part le feuillet LXXII qui ne correspond qu'à la retranscription sauvage que d'un seul acte - l'acte 194 -, il semble utile de s'interroger sur l'insertion primitive ou non du cahier 13, support des feuillets LXXXI à 94, car même si les trois premiers feuillets du cahiers disposent d'une mise en page relativement régulière, les feuillets suivants, quant à eux, sont caractérisés par leur absence d'organisation structurelle. A contrario, les fluctuations de réglure tout au long du cartulaire est un possible révélateur des différente phases d'élaboration du manuscrit, à rapprocher notamment des évolutions paléographiques qu'il est possible de repérer. Or, tous ces éléments sont autant d'indices quant à l'identification et la démarcation d'une structure interne au Grand cartulaire de l'évêché de Laon.

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Structure interne

Etat des lieux

Les dates les plus extrêmes qu'il est possible de repérer lors de l'identification des phases d'écriture nous permet d'affirmer que l'entreprise d'élaboration de ce cartulaire a débuté lors du dernier quart du XIIIe siècle, pour s'achever dans le premier quart du XIVe. Ce codex est donc le fruit d'un processus de près de 50 ans de sélection et de recopiage des actes, dont le plus ancien date de 1125 et le plus récent de 1320, soit un éventail chronologique de presque deux siècles.

Toutefois, il reste difficile de définir et de repérer l'ordre suivi dans le cartulaire - si tant est qu'il y en est un. En effet, la discontinuité chronologique et géographique des actes ne nous laisse pas à penser à un type de classement de cet ordre. Néanmoins, il nous est possible de distinguer quelques unités cohérentes au sein du codex, unités d'ordre thématique (notamment lorsqu'il est question de la vente d'un ou de plusieurs biens) ou patronymique (succession d'actes concernant un individu, une institution). Dès lors, ces unités, bien que ne formant pas de réels « dossiers » distincts de l'ensemble du corpus textuel, peuvent s'apparenter à une volonté du scribe de constituer des ensembles cohérents, enchâssés dans la discontinuité apparente des chartes entre elles.

De ce fait, l'une des principales étapes de notre étude serait alors de tenter de mettre à jour les logiques d'ordonnancement présentes dans le cartulaire et de conjecturer sur les procédés d'agencement ayant mené à la cartularisation. Néanmoins, en l'absence de documents certifiant ou non de telles hypothèses, celles-ci ne sauraient avoir valeur d'irréfutabilité.

Hypothèses d'agencement

Comme nous venons de le montrer, l'établissement de dossiers au sein du cartulaire n'est pas clairement mis en évidence, ces derniers - lorsqu'ils existent - étant insérés dans le corps du texte, sans réelle démarcation codicologique. Mais cela signifie-t-il que la cartularisation ait pu être le fruit d'un ordonnancement anarchique des actes entre eux ? La présence de la table des matières, symbole d'une certaine rationalité intellectuelle, nous amènerait à penser que non. Toutefois, le rôle de cette table des matières dans le processus de cartularisation demeure relativement flou. En effet, fut-elle rédigée puis complétée avant les phases de rédaction, en tant que dispositif préalable à une rédaction ordonnée et rationalisée, ou le fut-elle au contraire a posteriori, considérée alors comme un simple outil de repérage des actes au fur et à mesure de leur

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transcription ? Une tentative de réponse sera apportée au chapitre suivant.

L'une des premières hypothèses qu'il nous est possible de lever serait que la cartularisation aurait été conditionnée par le chartrier. Dans cette perspective, le cartulaire serait à percevoir avant tout comme un registre archivistique destiné à rendre compte des fonds présents dans le chartrier. Or, s'il en était ainsi, pourquoi certains actes du G1 n'ont pas trouvé leur place au sein du G2, tandis que d'autres oui ? Il nous est donc permis d'affirmer que la cartularisation ne s'assimile pas à une compilation exhaustive des actes du chartrier. Mais cela annihile-t-il l'hypothèse d'un réagencement partiel des archives épiscopales, auquel le cartulaire serait associé dans une perspective complémentaire de référencement archivistique ?

En effet, il est tout à fait probable que l'élaboration du cartulaire ait été le fruit d'une volonté de l'institution épiscopale d'accompagner une mise en ordre partielle des archives, parallèlement au versement d'archives familiales à caractère privé, selon le modèle des munimina96. Dès lors, le cartulaire apparaîtrait comme le résultat d'une synchronisation archivistique destinée à favoriser la consultation du chartrier. Toutefois, une telle conjecture connaît certaines limites face aux spécificités structurelles du cartulaire, à savoir la double, voire triple, transcription de certains actes. Assurément, la cartularisation ne semble pas provenir d'un processus de reclassement archivistique, mais plutôt d'une volonté de compiler des actes précis, suivant leur emplacement dans le chartrier ou non, à des fins rationnelles et pragmatiques.

C'est en tout cas la troisième et dernière hypothèse d'agencement qu'il nous est possible d'avancer - la plus crédible à vrai dire -, à savoir que le cartulaire se base sur un classement qui lui est propre, bien qu'il puisse s'appuyer partiellement sur celui du Petit cartulaire de l'évêché de Laon. Mais alors, selon quelles logiques les actes ont-ils été sélectionnés ? Existe-t-il une homogénéité globale quant aux actes retranscris ou serions-nous en présence d'un agglomérat de logiques de rédactions, comme le laissent à supposer les différentes phases d'écriture qu'il est possible de mettre à jour ?

Identification des phases d'écriture

Le Grand cartulaire n'est pas le résultat d'une phase unique de compilation, mais est au contraire le fruit d'une succession de phases de rédaction (cf annexe n° 4), échelonnées sur près de 40 ans. En effet, si l'on répertorie les occurrences chronologiques de chaque cahier, il nous est possible d'estimer les dates auxquelles ont été rédigés les

96 BELMON Jérôme, «" In conscribendis donationibus hic ordo servandus est..." : l'écriture des actes de la pratique en Languedoc et en Toulousain (IXe-Xe siècle)», in ZIMMERMANN Michel (dir.), Auctor et auctoritas. Invention et conformisme dans l'écriture médiévale, Actes du colloque tenu à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 14-16 juin 1999, Paris, École des Chartes (« Mémoires et documents de l'École des chartes » 59), 2001, p. 290

64

actes, une phase d'écriture ne pouvant avoir débuté en-deçà de la date la plus récente repérée. Ainsi, lorsqu'on projette les résultats obtenus dans un tableur de type Excel, il est possible d'obtenir un histogramme en 3D synthétisant graphiquement les occurrences chronologiques présentes dans le cartulaire, cahier par cahier97, comme ci-joint :

Figure 1 : Histogramme répertoriant les occurrences chronologiques par cahier

97 Cette méthode s'inspire des travaux présents dans le mémoire de Master 2 de Dany ROLLET : Comprendre l'organisation et les enjeux d'une manuscrit de gestion par son étude codicologique et économique. L'exemple du Liber Sancti Trudonis, rédigé sous l'abbatiat de Guillaume de Ryckel (1249-1272), mémoire de Master 2, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, septembre 2013.

65

Dès lors, il est possible de s'apercevoir que certains cahiers, par leurs occurrences chronologiques, forment des unités cohérentes, qui demeurent perceptibles grâce à la visualisation de certaines ruptures codicologiques. Ainsi, le graphique ci-dessus met en évidence 4 de ces unités cohérentes :

1° La première s'échelonne du 1er au 7e cahier et se caractérise par un étalement significatif des occurrences chronologiques tout au long des cahiers ;

2° La deuxième correspond aux cahiers 8 à 12, marqués par un nombre restreint d'actes - leur format en binion y est pour beaucoup - et une fourchette chronologique relativement concentrée ;

3° La troisième, quant à elle, restreinte au cahier 13, se distingue par la concentration exceptionnelle d'actes datant de 1320, date la plus récente qu'il est possible de repérer dans le cartulaire ;

4° La quatrième, enfin, qui conserve une certaine homogénéité chronologique et qui concerne les trois derniers cahiers du cartulaire.

Néanmoins, il ne s'agit ici que d'observations d'ordre codicologique, qui tendront à être confirmées ou nuancées par l'étude des caractéristiques paléographiques du cartulaire, dont il sera question dans le chapitre qui suit. Car, en effet, une identification plus aboutie des phases d'écriture ne peut se faire qu'en analysant plus en détail les différentes ruptures paléographiques qu'il est possible de mettre en évidence tout au long du manuscrit, dont la construction reflète d'un usage pragmatique et rationalisé de l'écrit.

66

Chapitre II

Le cartulaire : un instrument rationalisé par un usage pragmatique de l'écrit

D'une manière générale, le recours à l'écrit conduit au développement de modes d'accumulation et de traitements spécifiques de l'information permettant de lier l'émergence de formes de rationalité et de domination sociale à l'évolution historique du système communicationnel98. Ainsi, la révolution documentaire observée à partir du XIIe siècle en France, et à laquelle est apparenté le processus de cartularisation, se doit d'être perçue comme l'aboutissement d'une histoire longue de la culture graphique, et non comme un point de départ99. En effet, l'histoire de la cartularisation s'insère dans celle plus englobante des codices, support de l'écriture et vecteur de communication du texte, tout codex étant dès lors appréhendé comme instrument de prestige et un outil aux usages pragmatiques100. De ce fait, le recours de plus en plus systématique à ces usages pragmatiques de l'écrit a nécessairement impliqué un nouveau rapport au texte, qu'il s'agisse de la mise en page, des outils paratextuels ou alors des outils de recherche destinés au lecteur afin de trouver dans le continuum du texte les informations qu'il cherche, dans le but notamment de rendre maîtrisable un volume de données important101. Il paraît alors primordial de saisir l'écrit dans sa dimension et sa fonction pratiques. Or, toute étude sur les pratiques de l'écrit semble induire une réflexion sur la valeur sociale de l'écrit, car le document est le produit de mécanismes socio-culturels que l'historien se doit de déchiffrer, dans le but de mettre à jour les représentations des réalités, des pratiques et des pensées, construites à travers eux102.

C'est donc dans cette optique que nous étudierons ici les éléments pragmatiques de l'écriture présents dans le Grand cartulaire de l'évêché de Laon, destinés essentiellement à faciliter et rationaliser l'utilisation de celui-ci. Pour ce faire, nous structurerons l'analyse en trois parties sensées refléter les principales composantes du

98 GOODY Jack, La raison graphique..., Paris, les éditions de Minuit, 1978.

99 BERTRAND Paul, « À propos de la révolution de l'écrit (Xe-XIIIe siècle). Considérations inactuelles », Médiévales, n°56, 2009, p. 75-92.

100 CHASTANG Pierre, « Cartulaires, cartularisation et scripturalité médiévale : la structuration d'un nouveau champ de recherche », Cahiers de civilisation médiévale, n° 49, 2006, p. 21-32.

101 Id., « L'archéologie du texte médiéval » Autour de travaux récents sur l'écrit au Moyen Âge, Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2008, p. 245-269.

102 Id., « Introduction », Actes du colloque consacré aux Cartulaires normands, Tabularia « Études », n°9,

2009, p. 27-42.

67

pragmatisme scriptural présentes dans le cartulaire : la tables des matières préliminaire, l'usage d'un système de repérage graphique paratextuel au sein du registre, et enfin l'étude détaillée d'un cahier particulièrement évocateur du travail archivistique propre à l'élaboration et la rédaction du cartulaire, le cahier n°13.

* *

*

La table des matières : un listage structuré mais non exhaustif des rubriques

Description codicologique

D'un point de vue purement codicologique, cette table contient quatre feuillets enchâssés, il s'agit donc d'un binion (cahier formé de deux bifeuillets, soit deux feuillets pliés en deux)103. Cependant, les feuillets ne sont pas numérotés, ce qui laisse à prédire qu'il n'avait peut-être pas été prévu que cette table des matières soit insérée dans le cartulaire. Peut-être cette table avait-elle pour but d'être un document de travail annexe, un brouillon récapitulatif des rubriques à retranscrire dans le cartulaire, en témoigne cet acte retranscrit, l'acte n°229, accompagné de la mention « vacat ». Or, cet acte est le premier retranscrit dans le 14e cahier104, qui, avec les 15e et 16e cahiers, correspondent à la dernière main repérable dans le cartulaire, comme s'il s'agissait d'un entraînement avant la rédaction définitive.

Description archivistique

Dans une perspective plus strictement archivistique, la table des matières, agencée selon un système de double colonnes, apparaît comme fortement endommagée, de nombreuses rubriques ayant soit disparues soit été rongées. En effet, le premier feuillet a été manifestement coupé, possible résultat d'une conservation curative destinée à empêcher la propagation de moisissures trop fortement imprégnées. De ce fait, seules les

103 Pour plus de précisions, consulter cet ouvrage : LEMAIRE Jacques, Introduction à la codicologie, Louvain-La-Neuve, Institut d'études médiévales de l'Université catholique de Louvain, 1989.

104 AD Aisne, G 2, n° 229.

68

première - malgré une encre pâle du fait de l'usure du document - et quatrième colonnes - malgré un léger rognage supérieur - nous sont aujourd'hui parvenues. La première colonne répertoriant les chartes n° 1 à 21 (soit du f° I au f° XV r°105), tandis que la quatrième fait l'inventaire des chartes n° 54 à 73 (soit du f° XXIIII r° à au f° XXIX r°)

Les feuillets suivant, quant à eux, connaissent une détérioration uniforme due à l'humidité ou plus certainement à de micro-organismes, le tout conjugué à l'usure du temps. Les coins supérieurs sont rognés, ce qui n'entraîne pas cependant la lisibilité des rubriques, tandis que les coins inférieurs ont été fortement endommagés (environ 1/8e pour chaque feuillet, ce qui constitue donc ici une perte non négligeable d'information. Toutefois, il est possible d'effectuer une reconstitution virtuelle des rubriques endommagées en se référant aux rubriques présentes au sein du cartulaire, nous le verrons plus loin lors d'une approche pratique de la table des matières. En effet, il semble nécessaire d'aborder l'apport théorique que sous-tend un tel schème de classification afin de mieux cerner sa dimension fondamentalement pratique.

Un cahier annexe mais structurant : l'effet de liste

Ainsi, afin de délimiter au mieux les fonctionnalités théoriques proposées par un tel agencement, nous nous appuierons essentiellement sur l'ouvrage de référence de l'anthropologue Jack Goody : La raison graphique.

Une des idées forces de cette ouvrage est l'écriture rend visible et « matérialise » l'articulation inhérente de la langue, grâce à une projection graphique permettant d'agencer arbitrairement les significations dans un espace bidimensionnel. De plus, il consacre deux de ses chapitres aux tableaux et aux listes, qu'il considère comme des matrices formelles déterminant partiellement le contenu, la symétrie proposée par cette forme de classification devant alors rendre compte de l'effet de pensée106. Or, qu'est donc de plus la table des matières qu'un listage sous formes de colonnes ?

Selon Jack Goody, le tableau s'apparente à un matrice de colonnes verticales e de lignes horizontales, et dont le caractère figé et bidimensionnel simplifie la réalité du discours. De ce fait, il assimile à la forme graphique la caractéristique de disposer les termes en rangées et en colonnes, c'est-à-dire linéairement et hiérarchiquement, de manière à assigner à chaque élément une position unique qui définit sans ambiguïté et en permanence sa relation aux autres. Or, ce processus de standardisation, qui se résume dans le tableau à n colonnes pour x rangées, est essentiellement le résultat de l'application d'une technique graphique à un matériel oral. Toutefois, pour notre objet d'étude, cette

105 Le classement des rubriques se fait selon le foliotage du cartulaire, chaque rubrique étant précédée du numéro de feuillet auquel il est rattaché, ce qui permet au lecteur de se repérer plus aisément dans le codex.

106 GOODY Jack, op. cit.. Il s'agit ici des chapitre IV et V.

69

application stricte du concept de tableau ne peut être totalement convaincante, car le nombre de rangées est variable selon la colonne, chaque rubrique n'étant pas nécessairement semblable aux autres.

C'est pourquoi l'auteur insiste sur le fait qu'un tableau peut aussi consister en une ou plusieurs listes verticales, donc le nombre de rangées reste variable. Ainsi, cette définition correspondrait davantage à ladite table des matières, qui n'apparaît que comme une liste - ou une série de listes accolées les unes aux autres si l'on considère les différentes phases de rédaction successives - étalée sur plusieurs feuillets pour des raisons matérielles, le codex, à la différence du rouleau, qui est par nature discontinu. Si bien que cet effet de listage est le reflet graphique de l'opération matérielle de triage des données conservées sur un longue période aussi bien que des données d'observation immédiate. Toutefois, à travers l'apparente continuité que semble indiquer la liste, celle-ci, au contraire, implique la discontinuité, matérialisée par une certaine disposition spatiale de triage de l'information facilitant la mise en ordre des articles, auxquels on peut affecter des chiffres, des logogrammes ou des indications diverses, une mise en relief par une couleur ou une graphie spéciales des lettres107, de façon à ce que le langage ainsi agencé impose une structure totalement artificielle, mais idéologiquement orientée, manière de transformer les représentations du monde.

Ainsi, la liste permettrait à l'individu de manipuler plus aisément l'information, en particulier en l'ordonnant hiérarchiquement, ce qui est souvent décisif dans le processus de remémoration, aspect transcendantal dans la logique d'élaboration de cartulaires.

Table des matières et corpus textuel : analyse comparative des phases d'écriture

Nous venons d'analyser ici l'apport théorique de la table des matières. Néanmoins, sa dimension fondamentalement pratique est essentielle quant à la compréhension des logiques d'écriture ayant trait au Grand cartulaire de l'évêché de Laon.

En effet, elle apparaît comme un indice précieux quant à l'identification des différentes mains ayant rédigé ce cartulaire, car chaque phase d'écriture correspond rigoureusement à un changement de main dans ladite table (cf annexe n°4). Celle-ci nous permet alors d'observer l'archéologie du texte, chaque phase de rédaction étant accompagnée d'ajouts successifs des rubriques concernées dans la table des matières. De ce fait, il nous semble plus aisé de considérer les phases de rupture et de continuité au sein même du cartulaire. Car, en effet, au-delà d'un changement d'écriture, chaque scribe apporte ses propres signes distinctifs (numérotation, usage ou non de différentes couleurs,

107 Dans la table des matières, de tels indicateurs sont clairement perceptibles : numérotation des rubriques selon le feuillet auquel elles appartiennent, certains numéros de feuillets étant écrits en rouge, pieds-de-mouche.

70

de pieds-de-mouche108*). Ainsi, ces critères de distinction nous permettent l'identification de X mains, soit un nombre rigoureusement semblable de phases de rédaction :

- f° I à LXIIII

- f° LXIV à LXX v°

- f° LXX v° à LXXXIII - f° LXXXIIII à CVII

L'identification des différentes mains nous amène donc à penser qu'il y aurait eu quatre phases d'écriture. Dès lors, si l'on se réfère aux dates extrêmes auxquelles correspondent les actes transcrits selon leur appartenance à telle ou telle main, on réussit à distinguer quatre phases de rédaction, concomitantes à des changements de cahier, ce qui apporte encore un peu plus de crédit à cette hypothèse :

1° Les deux premières mains repérées dans la table des matières ont toutes deux une date extrême commune (1287) et s'échelonnent sur les dix premiers cahiers, dont les pages restantes ont été remplies par diverses chartes109 ;

2° Puis, la troisième main rédigea les rubriques compilées entre les 11e et 12e cahiers, avec une durée d'espacement des actes de seulement 3 ans (1290-1293) ;

3° Vient ensuite le 13e cahier, qui comporte les chartes les plus récentes du cartulaire (1320), mais dont la majorité de celles qui le composent ne sont pas répertoriées dans la table des matières ;

4° Enfin, la quatrième main correspond aux actes transcrits à partir du premier feuillet du 14e cahier jusqu'à la fin du 16e et dernier cahier, avec une date extrême de 1301.

108 Le pied-de-mouche correspond au « C » stylisé présent au début de certains actes ou de certaines rubriques.

109 Il n'est effectivement pas rare que l'une phase primitive de compilation, travail du cartulariste principal, soit prolongée par l'intervention ponctuelle de quelques autres copistes, interventions se laissant

d'ailleurs facilement analyser (numérotation originelle des actes, numérotation des cahiers...)

71

Ainsi, on s'aperçoit que l'institution épiscopale échelonnait ses phases de rédaction à peu près tous les 7 ans (1287, 1293, 1301), avec un écart exceptionnel de 20 ans concernant l'insertion du 13e cahier, ce qui laisse à supposer que le choix de poursuivre la compilation du cartulaire répond sûrement à des événements extraordinaires. On pense par exemple au fait qu'en 1282, l'évêque Guillaume de Châtillon intenta un procès à la commune devant le Parlement de Paris et sortit largement gagnant de cette affaire : la conception du cartulaire, engagée cinq ans après, apparaît alors peut-être comme une des conséquences de cette affaire.

Toutefois, si l'on vient à étudier plus en profondeur l'articulation entre table des matières et corps textuels, il est possible de remarquer certaines incohérences (oublis de chartes rubriquées dans la table des matières, non-correspondances du foliotage indiqué dans celle-ci et le feuillet sur lequel un acte est effectivement transcrit, différences de rubriques...) révélatrices de phases d'ajout intermédiaires n'ayant pas été coordonnées entre elles (cf. la première phase d'écriture mise en évidence à laquelle ont été accolées par plusieurs mains quelques chartes afin de compléter le 10e cahier. Quoiqu'il en soit, des indices inter- et paratextuels permettent souvent au lecteur de se repérer à travers le codex.

Les systèmes de repérage graphique

La table des matières, nous l'avons vu, constitue un élément structurant à elle seule dans l'élaboration et l'utilisation du cartulaire. Toutefois, de nombreux éléments paratextuels, au sein même du registre, sont déployés afin de guider le lecteur dans le parcours du texte. Ainsi, par ce biais, l'espace codicologique du cartulaire créé est lui-même créateur d'effets de sens110. En effet, il apparaît qu'entre le niveau linguistique et le niveau iconique, il est possible d'intercaler un niveau de moyens techniques permettant de mieux saisir le message structurel, c'est-à-dire des moyens qui font qu'un livre, à part son contenu et son rôle comme objet artisanal, esthétique ou économique, est aussi un instrument intellectuel111.

110 CHASTANG Pierre, « Introduction », p. 27-42.

111 Mise en page & mise en texte du livre manuscrit, MARTIN Henri-Jean, VEZIN Jean (dir.), Préface de Jacques Monfrin, Paris, 1990, p. 111.

72

Les systèmes de renvoi

La transcription d'actes sur un unique support créé un réseau plus ou moins dense d'interconnexions, de récurrences, d'associations, produisant ainsi un effet de cohérence. Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon n'échappant pas à la règle, de nombreux systèmes de renvoi, souvent d'une écriture postérieure, permettent au lecteur de faire correspondre deux informations matériellement éloignées en lui indiquant la place de chacun par rapport à l'autre. Ainsi, afin d'illustrer au mieux notre propos, nous allons étudier un cas particulièrement éclairant : il s'agit des systèmes de renvoi utilisés entre les chartes n° 4112 et n° 62113.

Figure 2 : Renvois graphiques amont (acte n°4, f°IV r°)

Ci-dessus, l'illustration de notre propos, c'est-à-dire l'utilisation d'un système de renvoi normalisé d'un point de vue à la fois formel et graphique, grâce à l'utilisation de signes distinctifs. De ce fait, chaque système de renvoi se structure ainsi (à l'exception de

112 AD Aisne, G2, n° 4, 1282. Il s'agit d'une sentence arbitrale royale de Philippe III réglant les droits et devoirs que doivent respecter l'évêque de Laon et la Commune.

113 AD Aisne, G2, n° 62, 1267. Cette charte est un vidimus royal d'une sentence arbitrale royale de 1241 établissant les droits de justice que possèdent respectivement l'évêque de Laon et la Commune.

73

la deuxième occurrence, qui contient des informations spécifiques) : Infra XXVI tali signo [signe distinctif]114

Ne reste plus alors qu'à se référer aux indications mentionnées et nous conduisant au feuillet n° XXVI :

Figure 3 : Renvois graphiques aval (acte n°62, f°XXVI r°)

Par conséquent, outre la correspondance entre les informations reliées entre elles par ces formes de renvoi, nous sommes ici en présence d'une opération intellectuelle se basant sur l'articulation linguistique entre un signifiant (le signe graphique) et un signifié

114 Comprendre « se référer au feuillet XXVI se trouvant plus bas, à la mention de ce signe [signe distinctif] »

74

(l'information).

Toutefois, de tels systèmes graphiques de renvoi ne servent pas seulement à mettre en relation deux informations connexes matériellement éloignées. En effet, certains symboles permettent de guider le lecteur vers un rajout présent sur la page-même, notamment en cas de d'oubli - l'équivalent de notre astérisque. Ainsi, l'acte n°4, toujours lui, est pourvu d'un tel système :

Figure 4 : Système d'astérisque (acte n°4, f°IV r°)

Il est aisé de remarquer ici le signe graphique présent à la 4e ligne après « Lauduni » et renvoyant au passage oublié, à savoir « Commissis nichil omnius episcopus habet et habere debet emendam suam de melleiis jure delutis Laudunenses »

Les indices graphiques d'ordonnancement

L'écrit, par nature, est un système de communication littéralement symbolique (les lettres, les chiffres, les différentes formes de ponctuation sont avant tout des symboles). De ce fait, mis à part les systèmes de renvoi exposés ci-avant, les scribes en général, et les cartularistes en particulier, usent de différentes techniques graphiques permettent de dissocier les parties organiques du corpus textuel. Or, si ces techniques peuvent apparaître comme insignifiantes, leur rôle demeure primordial dans l'opération intellectuelle que représente la lecture, qui les intériorise de manière inconsciente. Si bien que nous allons ici les mettre clairement en évidence :

75

Figure 5 : Indices graphiques d'ordonnancement 1 (acte n°4, f°III v°)

Ci-dessus, deux techniques graphiques sont à analyser en tant qu'indice d'ordonnancement :

- l'écriture de la rubrique à l'encre rouge, marquant la séparation entre les deux actes et alertant le lecteur sur le la nature substantielle de l'acte ;

- l'usage de la lettrine* « P » de « Philippus », matérialisant ainsi le début de l'acte.

Figure 6 : Indices graphiques d'ordonnancement 2 (acte n°233, f°LXXXVIII r°)

Dans ce cas-ci, outre la lettrine, deux nouveaux symboles graphiques exercent une fonction semblable :

- le pied-de-mouche en « C », qui indique le passage à une nouvelle unité textuelle,

76

à défaut d'une encre rouge pour l'écriture de la rubrique ;

- le symbole stylisé à gauche de la lettrine, sensé indiqué au lecteur le début de l'acte115.

Cette brève typologie n'est certes pas exhaustive, mais semble bel et bien représentative d'un usage pragmatique de l'écrit au sein du cartulaire.

Les réclames : l'agencement logique et séquentiel des différents cahiers

Enfin, il nous est possible de répertorier un autre élément caractéristique d'une utilisation pragmatique de l'écrit : il s'agit de la réclame, c'est-à-dire l'inscription, en bas à droite du verso du dernier feuillet d'un cahier, reprenant les premiers mots du cahier suivant. Toutefois, cette technique n'a pas été utilisée lors de chaque phase d'écriture, seulement lors de la première. Ces réclames sont d'ailleurs une preuve quant à la certitude d'homogénéité de cette première phase d'élaboration, le reste du cartulaire en étant dépourvu. Matériellement, cet agencement se présente ainsi :

Figure 7 : Système de réclame (acte n°179, f°LXIV v°-LXV r° : passage du cahier 8 au

cahier 9)

Ci-dessus, la dernière réclame présente dans le cartulaire entre le cahier n°8 et le cahier n°9, dont le lien est établi avec le mot « deperirent ».

115 A noter que chaque scribe possède sa propre codification graphique, et qu'il apparaît donc normal que le Grand cartulaire de l'évêché de Laon, résultat de plusieurs mains, soit pourvu de différentes formes d'indices graphiques.

77

Par conséquent, ce détail scriptural pouvant paraître insignifiant prend tout son sens dans un travail archivistique de reliure, notamment lorsque la numérotation des feuillets n'apparaît pas. L'articulation est donc toute trouvée avec la troisième partie de ce développement, qui traite du cahier 13, cahier non finalisé nous permettant de mettre à jour les techniques archivistiques utilisées en amont par les cartularistes eux-mêmes.

Le cahier n°13 : vers une archéologie archivistique de la cartularisation

Il apparaît tout d'abord nécessaire d'indiquer que l'implantation de ce cahier au sein du cartulaire apparaît comme problématique en quatre points :

- sa numérotation diffère de la numérotation habituellement présente dans le cartulaire,

- les actes transcrits dans ce cahier ne sont pas mentionnés dans la table des matières,

- la mise en page et l'écriture ne s'apparentent pas à un ce que l'on appellerait un « produit fini », c'est-à-dire qu'il est possible que ce cahier soit un brouillon n'ayant pas été mis au propre,

- la datation des actes nous permet de dire qu'il correspond à la dernière phase de compilation du cartulaire, alors qu'il s'est vu placé au beau milieu du registre.

Il semble alors probable que ce cahier, de surcroît un quinion, exception au sein du cartulaire, ait été incorporé par erreur lors d'une phase de reliure datant de l'époque moderne. Néanmoins, aucune preuve ne nous permet aujourd'hui de confirmer une telle hypothèse. Quoiqu'il en soit, ce cahier demeure intéressant de par justement son caractère non-fini, qui apporte des indices aux chercheurs quant au travail préliminaire des cartularistes.

Un foliotage indépendant

Pour commencer, sur les 10 feuillets composant le cahier, 7 d'entre eux ne correspondent pas à la suite logique de la numérotation du cartulaire et contiennent des actes non répertoriés dans la table des matières (cf. schéma ci-dessous) :

78

LXXXI LXXXII LXXXIII 88 89 90 91 92 93 94

En effet, sur ce schéma sont représentés en chiffres arabes la numérotation contemporaine du cartulaire, et en chiffres romains la numérotation originelle du codex, celle-ci n'étant pas indiquée à partir du feuillet 88 (numérotation contemporaine) du fait du caractère indépendant de cette partie.

Numérotation originelle

LXXXI

LXXXII

LXXXIII

/

LXXXIIII

LXXXV

86

87

88

89

90

91

Numérotation contemporaine

85

86

87

 

88

89

90

91

92

93

94

94
bis

De plus, grâce à ce tableau récapitulatif, on remarque que les feuillets LXXXIIII et LXXXV, bien qu'écrits en chiffres romains, n'appartiennent pas à la suite logique de la numérotation. D'ailleurs, la suite des feuillets use d'une numérotation arabe, comme pour signifier qu'il ne s'agissait pas d'un cahier fini, mais plutôt d'un brouillon préliminaire à la rédaction définitive appartenant à ce que l'on appelle aujourd'hui la littérature grise, c'est-à-dire un document de travail.

Or, cette remarque semble apporter un indice linguistique important quant à l'articulation entre latin et langue vernaculaire, la numérotation arabe étant reléguée au ban de l'inabouti, tandis que le latin consacre quelque peu la finitude de l'écrit. Cette parenthèse qui, à ce propos, sera sujette à une réflexion plus approfondie sur la valeur de l'écrit dans le cartulaire.

79

Une mise en page brouillonne

Quoiqu'il en soit, la numérotation utilisée est révélatrice de la discontinuité que représente ce cahier et illustre sa mise en page brouillonne. En effet, il regroupe quatre types différents de numérotation, dont le changement entre numérotation en chiffres latins et arabes que nous venons d'observer.

Figure 8 : Différents types de foliotation du cahier n° 13

Ci-dessus, sur cinq feuillets d'intervalle, on aperçoit lesdits quatre changements de styles de numérotation :

- LXXXII

- LXXXIII (LXXX étant numéroté de cette manière : 4 x indicateur 20) - LXXX&IIII (idem)

- 86

De plus, le caractère brouillon de ce cahier est accentué par le fait qu'à partir du feuillet 88 (numérotation contemporaine), c'est-à-dire du premier feuillet hors de la numérotation logique du cartulaire, toute forme de réglure* est absente. De plus, outre l'absence de réglure évoquée ci-avant, il apparaît qu'une majorité des actes transcrits dans ce cahier est rédigée de manière linéaire et l'écriture semble avoir été négligée, ce qui tranche fortement avec la mise en colonne et l'écriture plus ou moins soignée des autres cahiers.

Ainsi, tous ces faits nous entraînent bel et bien à considérer ce cahier comme un brouillon, un cahier préparatoire, incorporé dans le reste du cartulaire. Néanmoins, plus qu'un brouillon, ce cahier est une pièce à conviction quant au travail archivistique des cartularistes et révèle alors tout le caractère idéologique lié à la rédaction de cartulaires116.

116 GOODY Jack, op. cit.., p. 166 : dans ce passage, l'auteur affirme en effet que les archives représentent la condition préalable à l'élaboration de toute histoire, celles-ci se basant sur la conservation du souvenir du passé.

Une codification alphabétique des actes

80

Le cartulaire témoignant du caractère idéologiquement construit du classement, c'est-à-dire de la manière de penser son histoire, de produire et de consolider un lien social, comme de caractériser les formes d'une domination117, l'élaboration du codex se doit d'être méthodique. Or, le cahier n°13 nous apporte des indices sur le travail archivistique des cartularistes. En effet, les actes portant sur la commune de Laon sont précédés de lettres préliminaires pouvant correspondre à une codification alphabétique de renvoi de aux archives. De plus, ces lettres se suivent, ce qui laisse entrevoir l'ordonnancement logique voulu et opéré par les cartularistes.

A noter d'ailleurs que les actes insérés dans cet ordonnancement et n'ayant pas de rapport avec la commune ne sont, quant à eux, pas suivis de telles lettres, ce qui tend à renforcer l'impression de cohérence du travail archivistique. Dans le tableau récapitulatif ci-dessous sont donc inscrit en italique les actes ayant trait à la commune, afin de mieux repérer leur homogénéité.

117 BERTRAND Paul, loc. cit.. L'un des axes majeurs de cet article développe largement cette idée qu'à partir du XIIe siècle, la « révolution de l'écrit » observée par les historiens se veut davantage qualitative que quantitative, c'est-à-dire que les sources écrites se multiplient non pas seulement du fait d'un recours accru à l'écrit, mais surtout grâce à un plus grand souci de conservation des écrits.

81

Tableau 3 : Codification alphabétique d'actes

Acte

Feuillets118

Date

Lettre

Rubrique

Émetteur

Contenu

 
 
 

archivistique

 
 
 
 

219

89 v°

1296

(9 février - Paris)

C

Restitutio
communie
Laudunensis

[ Prima restitutio
seu repositio
commune
Laudunensis J

Philippe IV

Rétablit la commune

220

89 v°-

90 r°

1243
(juillet)

 

Littera capellanie
de Monsteriolo
que est de
collatione domini
episcopi

Évêque Garnier

Atteste que Pierre Le Valois, autrefois
chevalier de Montreuil, a fondé une
chapellenie audit Montreuil et l'a
dotée d'une rente annuelle de 40 livres
parisis sur sa grange de Montreuil.
Son fils Gobert, chevalier, aura
collation viagère de ce bénéfice.
Après lui, appartiendra à l'évêque

221

90 r°

1316
(12 mars -
Paris)

D

Hic est gracia
facta civibus
Laudunensis
quod Regem
Philippem super
restitutione
communie ulteria

[ secunda

restitutio seu
repositio
commune

Laudunensis J

Philippe V

Rend aux habitants de Laon leurs
offices d'échevinage & de commune,
sauf à les leurs retirer si cela lui plaît

222

90 v°-

91 r°-v°

1297
(mars)

DE

Sequitur quedam
compositio facta
cum civibus
Laudunensis per
episcopum et
capitulum post
condamptionis
commune et
restitutionem
factam de dicat
communia

Évêque de
Dôle ;

Guillaume de
Crespy, coûtre

de Saint-

Quentin ;

Pierre Flote
Hugues de
Bonville,

Sentence ordonnant que le premier
jour de la rentrée du chapitre en la
cathédrale pour y recommencer le
service divin, cent Laonnois, nus
pieds et tête nue, en cotte, sans
ceinture, dont les noms seront donnés
au bailli du Vermandois, iront
processionnellement deux à deux
derrière les porte-croix et devant les
chanoines et le clergé, du bas de la
montagne de Semilly à la cathédrale ;
qu'à la porte Saint-Martin, trois

118 La numérotation utilisée ici est la numérotation contemporaine des feuillets.

82

 
 
 
 
 

chevaliers et
commissaires
royaux

d'entre eux porteront chacun une
figure ou une statue de cire du poids
de 20 livres jusqu'à autel de la
cathédrale et les offriront en signe de
restitution des trois personnes
arrachées violemment en cette église ;
qu'en outre, la commune donnera au
chapitre 60 livres de cire, dotera
d'une rente de 30 livres tournois une
chapelle en ladite église, paiera une
somme fixe de 3000 livres et pareille
somme à Gaëtan, diacre cardinal
trésorier de la même église

223

91 v° -

92 r°-v°

1320
(15 avril)

FG

Sequitur
quoddam
arrestum seu
interloqutoris
inter episcopum
decanum et
capitulum ex una
parte et comes
Laudunensis ex
altera

Parlement de
Paris

Ordonne la justification dans le mois,
par la ville, du paiement des amendes
prononcées contre elle, avant de
statuer définitivement sur le
rétablissement de la commune

224

92 v°-

93 r°

1320 (mai)

 
 

Jeanne de
Dreux,
comtesse de
Roucy

Fonde et dote une chapellenie dans
château de Nizy-le-Comte en
l'honneur de la Vierge. Réserve la
collation de ce bénéfice à elle et à ses
successeurs

225

93 r°-v°

1320
(3 mars)

F G

 

Parlement de
Paris

Déclare qu'il ne lui plaît point que les
habitants de Laon conservent leurs
offices d'échevinage et de commune

226

93 v°

1320
(26 mars)

G

Sequitur executio dicta arreste

Philippe V

Mandement au bailli du Vermandois
de faire exécuter cet arrêt

227

93 v°-

94 r°

1320
(26 mars)

H

 

Parlement de
Paris

Charge Jean de Vaumoise de mettre
sous la main du roi l'administration
de la ville de Laon privée de ses
offices d'échevinage et de commune

228

94 bis r°

1320
(mars)

H

 
 

Mandement d'exécution de cet arrêt

83

Dès lors, on remarque que les actes précédés des fameuses lettres se suivent dans un ordre presque chronologique, mis à part la charte n°221, datée de 1316, placée avant la charte n°222, datée elle de 1297, mais dont le placement est justifié par sa rubrique (secunda restitutio seu repositio commune Laudunensis), qui répond à la charte n°219 (Prima restitutio seu repositio commune Laudunensis).

Mais davantage que l'ordre chronologique, c'est l'agencement alphabétique des lettres qui démontre la rationalisation archivistique opérée par les cartularistes, bien que nous ne sachions pas si ces lettres correspondent à leur placement initial dans les archives épiscopales ou à un système a posteriori de repérage lors de l'élaboration du cahier :

C - D - DE - FG - G - H

Ainsi, le caractère profondément intellectuel et idéologique du processus de cartularisation devient évident et nous amènera à réfléchir sur les raisons qui amenèrent l'évêché de Laon à constituer un tel outil normatif. Toutefois, afin de compléter notre analyse sur les usages et les représentations de l'écrit au sein du Grand cartulaire de l'évêché de Laon, il nous semblerait intéressant de replacer le codex dans un corpus documentaire plus large afin de déceler au mieux les logiques de rédaction des cartularistes.

84

Chapitre III

Intertextualité, sélection et logiques de remploi au sein du Grand cartulaire de l'évêché de Laon

Bien que notre analyse porte sur un cartulaire en particulier, l'isoler d'un ensemble documentaire et cohérent serait une erreur, car le codex reste avant tout le fruit d'une maturation archivistique. En effet, l'essentiel des actes retranscrits sont issus des archives épiscopales et le G 2 demeure extension du G 1, de nombreux actes de ce dernier ayant été recopiés dans le premier cité. La cartularisation reste donc affaire de sélection, notamment en réaction à l'accroissement documentaire et à un plus grand esprit de conservation que connut le XIIIe siècle119. Quoi qu'il en soit, tout texte se construit dans un rapport intertextuel qui place l'oeuvre présente dans le réseau des écrits antérieurs. Il est d'usage d'affirmer que l'on apprend mieux à connaître l'homme en étudiant l'environnement dans lequel il vit, il sera donc question ici de mieux appréhender le Grand cartulaire de l'évêché de Laon en décloisonnant notre objet d'étude.

* *

*

119 BERTRAND Paul, «À propos de la révolution de l'écrit (Xe-XIIIe siècle). Considérations inactuelles», Médiévales, n°56, 2009, p. 75-92.

85

87

Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon : entre continuité et innovation textuelles

Comme nous venons de le voir, le G 2 reste unique de par sa conception et son agencement, mais les informations qu'il contient, elles, ne sont pas nécessairement inédites. Le Grand cartulaire apparaît effectivement comme une prolongation du Petit cartulaire, mais aussi comme le reflet organisé des archives de l'institution commanditaire, à savoir l'évêché de Laon.

Le Grand cartulaire et le Petit cartulaire

Postérieur au G 1, le G 2 n'en n'est pas moins un outil complémentaire, et vice versa. En effet, il est possible d'observer que le G 1 fut une base de travail à la rédaction du G 2, comme en témoignent les 59 chartes du premier (sur 105) retranscrites dans le second (cf annexe n°4). Qui plus est, à l'image de la construction séquentielle et mémorielle des cartulaires-chroniques, où la compilation des actes s'est effectuée selon une trame narrative et historiographique, le Grand cartulaire de l'évêché de Laon, bien que n'ayant pas de telle visée narrative, pouvant néanmoins être perçu comme un prolongement séquentiel du Petit cartulaire en raison d'un remploi significatif d'actes, parfois réorganisés et souvent complétés par de nouvelles pièces étoffant l'organisation primitive. A l'inverse, certains actes présents dans le G 1, insérés dans des dossiers partiellement retranscrits dans le G 2 et répondant à une certaine cohérence documentaire, ont été écarté de la compilation du G 2. De ce fait, afin d'avoir une vision exhaustive de la production documentaire épiscopale, il est nécessaire de ne pas négliger l'intertextualité qui peut exister entre les différents supports scripturaires. Or, sachant que le G 1 fut produit aux alentours de 1267 et que le G 2 plutôt vers 1287, soit 20 ans plus tard, il serait intéressant de s'interroger sur les conditions qui ont amenées à la retranscription de certains actes au dépend d'autres, ainsi qu'à leur insertion dans leur nouveau contexte de compilation afin de comprendre les logiques de remploi dans le processus de cartularisation. Document

Tout d'abord, si l'on se réfère aux chartes placées en préambule de chacun des manuscrits, on s'aperçoit des différentes méthodes et visées ayant amené à la cartularisation. En effet, si le G 1 s'ouvre sur un enchaînement de 5 actes pontificaux, le G 2, quant à lui, s'ouvre sur une charte de suppression de la commune de Laon, octroyée par Philippe Auguste en 1190, complétée par la suite de diverses chartes concernant les délimitations des compétences communales au sein de l'évêché. Ainsi, cette remarque nous éclaire sur les intentions de chaque phase de compilation, car si le G 1 nous révèle une construction selon la typologie des actes - ces 5 actes pontificaux sont effectivement suivis de 2 ordonnances royales de Louis IX mandant à l'évêque de Laon de lutter contre

86

une coalition de barons français formée pour contester l'autorité de l'Eglise au sein du royaume ; pour ensuite s'ouvrir sur un ensemble d'actes à valeur patrimoniale (titres de propriété, acte de ventes, donations...)120 -, le G 2 semble dénoter d'un choix pragmatique, à savoir la défense des intérêts épiscopaux contre une influence communale ayant tendance à se propager.

Dès lors, on remarque que le choix porté aux actes préliminaires d'un cartulaire peut avoir une répercussion sur les finalités, réelles ou supposées, d'un tel manuscrit. Si le G 1 se base davantage sur une construction typologique et hiérarchisée des actes, avec en prime une charte de confirmation carolingienne datant de 975121, comme pour mettre en perspective la connivence ancienne des évêques de Laon avec le pouvoir royal, l'organisation interne du G 2 insiste surtout une volonté d'assurer et d'inventorier les possessions, biens et prérogatives épiscopales, dans un contexte de potentielle perte d'influence de l'évêque au sein d'un maillage territorial qui se densifie et se diversifie.

L'apport d'un exemple concret nous semble pertinent dans cette perspective d'intertextualité : il s'agit de la charte de Philippe Auguste cassant la commune de Laon122. En effet, bien que cette charte occupe la première place dans le G 2, elle n'est pas mise en exergue dans le G 1 puisque elle ne correspond qu'à l'acte n° 113. De ce fait, il apparaît que la place accordée à un acte demeure primordiale dans l'implication et l'orientation que les cartularistes voulurent donner à leurs manuscrits. Dans le G 1, cet acte, noyé dans le corpus textuel, ne représente qu'une simple ordonnance royale, mais, à l'inverse, dans le G 2, ce même acte prend une résonnance solennelle et quasi-liturgique, tel un préambule :

120 A ce sujet, se référer l'étude menée conjointement par Laurent FELLER et Pierre CHASTANG, où il est notamment question d'une analyse typologique au sein du Registrum Petri Diaconi, où Pierre Diacre, archiviste au sein de l'abbaye bénédictine du Mont-Cassin, confectionna une chronique dont la structure se voulait ouvertement typologique et hiérarchisée selon la nature des actes (privilèges pontificaux, préceptes impériaux et royaux, donations, livelli, renuntia, serments ), comme s'il s'agissait d'une nécessité pour les archivistes de rendre compte de la hiérarchie des autorités qui structuraient connaissance de leur patrimoine et de leur passé : CHASTANG Pierre, FELLER Laurent et MARTIN Jean-Marie, «Autour de l'édition du Registrum Petri Diaconi. Problèmes de documentation cassinésienne : chartes, rouleaux, registre», Mélanges de l'École française de Rome, Moyen Âge, 121/n° 1 (2009), p. 99-135 ; CHASTANG Pierre et FELLER Laurent, «Classer et compiler : la gestion des archives du Mont-Cassin au XIIe siècle», dans Écritures de l'espace social. Mélanges d'histoire médiévale offerts à Monique Bourin, D. Boisseuil, P. Chastang, L. Feller et J. Morsel dir., Paris, Publications de la Sorbonne, 2010, p. 345-369.

121 AD Aisne, G 1, n°110, 975 : Sollicité par Roricon, évêque de Laon, le roi Lothaire II confirme les biens des religieux bénédictins de l'abbaye de Saint-Vincent considérée comme le second siège de Laon et le lieu de sépulture des nobles laïques de la ville.

122 Pour consulter une version éditée de cette charte : Actes de Philippe Auguste, H.-F. (éd.), E. BERGER (dir.), t. I, p. 455, n°369 ; Sources d'histoire médiévale, IXe - milieu du XIVe siècle, G. BRUNEL (trad.), E. LALOU (dir.) Paris, 1992, p. 393-394.

Au nom de la sainte et indivise Trinité, Amen. Philippe par la grâce de
Dieu roi de France. Nous faisons savoir à tous présents et à venir que
par le conseil de nos évêques et de nos barons, devant la prière de
l'évêque et de tout le chapitre de l'église Sainte-Marie de Laon et la
demande de notre cher maître Michel, doyen de Meaux, et de maître
Gilbert, souhaitant éviter le péril de notre âme, et pour le remède de
notre âme et de celles de nos parents, nous cassons la commune de
Laon, instituée contre le droit et la liberté de l'église Sainte-Marie, et
nous invalidons toutes les chartes et tous les écrits instituant ou
confirmant la commune, pour l'amour de Dieu et de la Sainte Vierge
et par respect de notre pèlerinage à Jérusalem. Nous interdisons par
notre autorité royale que quiconque ose vouloir jamais restaurer cette
commune. Pour que ceci gagne en force perpétuelle, nous avons
ordonné de munir cette lettre de l'autorité de notre sceau et du seing
royal. Fait à Messine l'année de l'incarnation 1190, la douzième
année de notre règne, présents au palais ceux dont les noms sont
souscrits.
Seing du comte Thibaut, notre sénéchal. Seing de Guy, bouteiller.
Seing de Mathieu, chambrier. Seing de Raoul, connétable. Donné la
chancellerie étant vacante.

Ainsi, cet exemple nous montre bel et bien que les deux cartulaires, bien qu'ayant une base commune, ne répondent pas spécifiquement aux mêmes finalités123. Au demeurant, si le Grand cartulaire de l'évêché de Laon représente une certaine continuité textuelle avec le Petit cartulaire, notamment par la réutilisation d'actes, il symbolise aussi une rupture dans la visée archivistique de tri, de classement et de compilation, car outre le fait de réagencer certains actes du G1, il comporte d'autres actes inédits, mais issus du chartrier de l'évêché.

123 GOODY Jack, La logique de l'écriture : aux origines des sociétés humaines, Paris, Armand Colin, 1986, p. 91 : « Il est important d'insister sur une propriété majeure de l'écriture, à savoir la possibilité qu'elle offre de communiquer non pas avec d'autres personnes mais avec soi-même. Un enregistrement durable permet de relire comme de consigner ses pensées et ses annotations. De cette manière on peut revoir et réorganiser son propre travail, reclassifier ce que l'on a déjà classifié, rectifier l'ordre des mots, des phrases et des paragraphes. La manière dont on réorganise l'information en la recopiant nous donne un aperçu inestimable sur le fonctionnement de la pensée de l'Homo legens. »

Le Grand cartulaire et les archives épiscopales

88

Il est toujours intéressant d'étudier un document en le reliant à son contexte de production124. Concernant notre objet d'étude, bien que le chartrier demeure incomplet, il est néanmoins possible de noter la reproduction quasi-systématique des actes encore à notre disposition - qu'il s'agisse d'originaux, de ratifications postérieurs ou de copies modernes -, comme en témoigne le recensement par sous-série archivistique, présenté plus bas sous forme de tableau. En outre, après avoir analysé et comparé les notes dorsales des originaux encore conservés avec les rubriques des transcriptions effectuées dans le cartulaire, il nous sera possible de dégager certaines conclusions quant aux étapes ayant amenées à la confection du cartulaire :

124 GUYOTJEANNIN Olivier, Le chartrier de l'abbaye prémontrée de Saint-Yved de Braine (dir.), édité par les élèves de l'École nationale des chartes, Paris, 2000 : dans cet ouvrage, le cartulaire de l'abbaye est mis en relation avec les archives de l'abbaye, ce qui nous éclaire sur ses conditions de réalisation.

89

Tableau 4 : Confrontation des sources secondaires à aux actes retranscrits dans le

cartulaire

Sous-séries

Correspondance
acte(s) G2

Situation archivistique

Original conservé

Copie et/ou résumé

Disparu

 

ND*
similaire

ND

différente

moderne

 
 

G 7

123

X

 
 
 
 

143

X

 
 
 

G 9

135

X

 
 
 
 

232

X

 
 
 

G 10

189

 

X

 
 
 

190

 

X

 
 

G 11

208

X

 
 
 
 

248

X

 
 
 
 

249

X

 
 
 
 

250

X

 
 
 

G 14

110

X

 
 
 
 

141

X

 
 
 

G 22

32

 
 

X

 
 

63

 
 

X

 
 

175

 

X

 
 
 

179 bis

X

 
 
 
 

180

 

X

 
 
 

181

 

X

 
 
 

244

X

 
 
 
 

247

 

X

 
 

G 27

182

X

 
 
 
 

200

X

 
 
 
 

238

 
 
 

X

G 32

50

X

 
 
 
 

51

X

 
 
 
 

52

X

 
 
 

G 39

7

 

X

 
 
 

19

X

 
 
 
 

68

X

 
 
 
 

167

X

 
 
 

G 41

84

 
 
 

X

 

105

 
 
 

X

 

236

 
 
 

X

G 50

9

 
 
 

X

 

10

 
 

X

 
 

12

 
 
 

X

 

28

X

 
 
 
 

62

 
 
 

X

90

 

107 142 160 217

X

 
 

X
X
X

G 56

132

137

169

 
 
 

X
X
X

 

196

 
 

X

 
 

197

 
 

X

 
 

198

 
 

X

 
 

199

 
 

X

 
 

240

 
 

X

 

G 61

91

X

 
 
 
 

144

X

 
 
 
 

205

X

 
 
 
 

271

X

 
 
 

G 62

77

X

 
 
 

G 65

131

 
 
 

X

 

155

 
 
 

X

G 73

195

X

 
 
 

G 74

23

X

 
 
 

G 76

11

X

 
 
 

G 78

116

X

 
 
 

G 83

29

X

 
 
 
 

109

 
 
 

X

 

201

X

 
 
 
 

255

X

 
 
 

G 86

59

 
 

X

 
 

162

 
 
 

X

 

208

 
 
 

X

 

211

 
 
 

X

 

235

 
 
 

X

 

250

 
 
 

X

 

272

 
 

X

 

G 93

157

X

 
 
 
 

274

 
 

X

 

G 94

73

X

 
 
 
 

102

X

 
 
 
 

121

X

 
 
 
 

146

X

 
 
 

G 99

17

X

 
 
 

G 103

93

X

 
 
 

G 105

22

 
 
 

X

 

150

X

 
 
 

* ND = notes dorsales

91

On s'aperçoit ici que lorsque les originaux ont été conservés, leurs mentions dorsales correspondent presque toujours aux rubriques de leurs transcriptions au sein du cartulaire. Dès lors, il est possible de suggérer une corrélation entre annotations préalables des actes du chartrier et compilation du cartulaire, bien qu'il faille apporter un bémol à cette hypothèse du fait de l'absence de notes dorsales pour 7 d'entre eux.

Quoi qu'il en soit, ces correspondances majoritaires ainsi que la présence de notes dorsales pour des actes postérieurs à la dernière phase de rédaction du cartulaire semblent démontrer que la confection des deux cartulaires épiscopaux marqua le début d'une certaine prise de conscience archivistique de la part de l'évêché de Laon, une meilleure conservation des chartes se révélant nécessaire face à l'émergence de nouveaux acteurs - le bailli royal par exemple - et l'ancrage de plus anciens - les sires de Coucy, la commune. Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon devient alors le symbole de cette rationalisation documentaire et archivistique instaurée par l'évêché durant la seconde moitié du XIIIe siècle, le codex s'apparentant à un instrument de travail et recherche, à l'image des outils de l'archivistique contemporaine, la présence d'une table des matières renforçant cette impression.

Ainsi, le travail des cartularistes facilite l'accès aux chartes sur deux plans : intellectuel et matériel.

1° Sur le plan intellectuel, le travail mené en amont de la compilation - classement et ordonnancement des actes, travail de déchiffrement, précisions péri- et paratextuelles (analyses succinctes, rubriques, foliotation, table) - aide à l'appréhension générale du chartrier ainsi qu'à la compréhension des actes qui le composent ;

2° Sur le plan matériel, la concentration des pièces permet un accès facilité à l'information.

De ce fait, en rendant lisible le chartrier, le cartulaire s'impose comme un objet de médiation privilégié auprès des usagers des chartes. Qui plus est, dans son autorité référentielle, le cartulaire aurait tendance à remplacer le chartrier, bien qu'il ne faille oublier que c'est bel et bien le chartrier qui fonde son autorité125. Quoi qu'il en soit, il apparaît évident que le cartulaire favorise la condensation textuelle afin de permettre un usage pratique de l'information.

125 MORELLE Laurent, « Comment inspirer confiance ? Quelques remarques sur l'autorité des cartulaires » in Julio Escalona et Hélène Sirantoine (dir.), Chartes et cartulaires comme instruments de pouvoir. Espagne et Occident chrétien (VIIIe-XIIe siècles), Toulouse: Méridiennes-CSIC, 2013, p. 153-163.

92

Le codex : une condensation textuelle pour un usage pratique de l'information

Somme toute, que représente le cartulaire sinon une liste d'actes établie selon une logique de répartition horizontale, à la différence des volumines de l'époque carolingienne ? Dès lors, on remarque clairement que cette compilation privilégie la continuité textuelle et matérielle au dépend de la discontinuité primitive des chartes originales. En effet, la compilation au sein d'un codex rend possible une nouvelle façon d'examiner le discours, disséminé en de multiples unités logiques, allant du cahier jusqu'à la page, en passant par le feuillet. De ce fait, on observe que la confection d'un cartulaire permet d'accroître le champ de l'activité critique et favorise la rationalité, la pensée logique, car la reproductibilité des données agrémentée des différentes techniques de repérage destinées à les situer au sein de la masse documentaire sont autant d'éléments essentiels à tout développement systématique du savoir, mutatis mutandis du pouvoir. « Pouvoir reproduire, c'est pouvoir vérifier »126 ; pouvoir vérifier, c'est pouvoir (ré)agir.

De plus, nous l'avons dit, le cartulaire privilégiant l'atomicité de l'information127, chaque acte transcrit s'insère dans une unité documentaire qui fait sens. Or, cette représentation est primordiale dans la compréhension des doubles, voire triples, retranscriptions d'actes qu'il est possible de trouver dans le G 2. En effet, ceci correspondrait à une volonté de donner, au sein de deux sections d'un cartulaire méthodiquement classé, un texte intéressant l'une ou l'autre des portions, afin de conserver l'unité logique dans chacune d'entre elles128.

Ainsi, contrairement à la sous-partie précédente, l'intertextualité, la sélection et les logiques de remploi sont ici inhérentes au cartulaire, et non en relation avec un corpus extérieur. De ce fait, on s'aperçoit que le cartulaire, par sa confection et son agencement, devient un outil autoréférentiel, dont les éléments constitutifs, bien que matériellement distincts (cahiers, phases d'écriture différents), entrent en résonnance les uns avec les autres, créant alors un maillage textuel dynamique.

126 GOODY Jack, La raison graphique : la domestication de la pensée sauvage (traduit de l'anglais par Jean Bazin et Alban Bensa), Paris, les éditions de Minuit, 1978, p. 118.

127 Pour un approfondissement de la question, consulter l'article de Pierre CHASTANG, « L'archéologie du texte médiéval » Autour de travaux récents sur l'écrit au Moyen Âge, Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2008, p. 251.

128 MORELLE Laurent, « De l'original à la copie : remarques sur l'évaluation des transcriptions dans les cartulaires médiévaux », in Les cartulaires : actes de la Table ronde organisée par l'École nationale

des chartes et le GDR 121 du CNRS, 5-7 décembre 1991, Paris, École des chartes, 1993, p. 94.

93

Le cartulaire : un objet dynamique

Néanmoins, l'intertextualité interne du cartulaire n'est pas la seule preuve de caractère dynamique. En effet, si l'on garde en tête la notion d'activité dans la définition de l'adjectif « dynamique », il est possible de noter que le dynamisme du cartulaire dépend aussi du caractère collectif de sa confection ainsi que de son utilisation a posteriori.

Un instrument issu d'un travail collectif

Comme nous avons pu l'observer plus haut dans l'analyse, le cartulaire est le produit de phases de compilation successives, réparties entre la fin du XIIIe et le premier quart du XIVe siècle. Ce constat apparaît donc comme le premier élément qui symbolise l'aspect dynamique du manuscrit, l'activité scriptoriale se partageant entre différents scribes dans le temps.

Pourtant, il est possible de repérer, au sein même des différentes phases d'écriture, des marques caractéristiques de l'élaboration collective du cartulaire. C'est le cas notamment des rubriques et des lettrines, réalisées en aval de l'étape de transcription. Cependant, bien que dans certains cas il est aisé de repérer l'intervention d'un rubricateur, dans d'autres, les similitudes scripturales décelables entre la rubrique et le texte attenant semblent faire pencher vers l'hypothèse d'un même scribe se chargeant à la fois de la transcription et de l'ornementation. Dans le Grand cartulaire de l'évêché de Laon, les deux cas de figure sont observables.

Figure 9 : Exemple d'écriture identique entre la transcription de l'acte et la rubrique
(acte n°229, f°LXXXIV r°)

94

Figure 10 : Exemple d'une double intervention (acte n°215, f°LXXXII v°)

Mais il existe aussi quelques cas de figure qui ne rentrent pas nécessairement dans ce schéma scriptural. En effet, certains actes sont dénués de toute rubrique, correspondant parfois à des « trous » de rubricage décelables dans la table des matières, et/ou de toute lettrine, seule la miniature de la lettre étant visible, comme c'est le cas dans l'exemple ci-dessous :

Figure 11 : Exemple d'acte sans rubrique et absent de la table des matières, avec
miniature de lettrine, non finalisée (acte n°180, f°LXVI r°)

A l'inverse, certaines rubriques sont doublement mentionnées, notamment sur des extensions de feuillet, tels des marque-pages (cf illustration infra). Dès lors, il est possible de s'interroger sur la finalité de telles extensions graphiques : furent-elles rédigées préalablement à la transcription des actes afin que le scribe sache quelles rubriques inscrire, ou furent-elles au contraire inscrites a posteriori dans le but d'avoir un aperçu condensé des actes présents sur la page ? Les différences d'écriture tendraient à se pencher davantage sur la seconde hypothèse que sur la première, bien qu'il demeure difficile de pouvoir répondre clairement à cette question.

Figure 12 : Mentions inférieures de 4 rubriques présentes sur ce côté du feuillet

(f°XII r°)

95

Les signes d'une utilisation postérieure à la compilation primitive

Outre les systèmes de renvoi repérés dans le chapitre précédent, d'autres indices graphiques dénotent d'une utilisation postérieure du manuscrit et révèlent le caractère profondément dynamique du cartulaire, dont certaines mentions pratiques sont principalement destinées à faciliter la consultation du manuscrit. Ainsi, on peut regrouper ces mentions pratiques selon deux principales catégories :

? Les annotations résumant certains passages, généralement juxtaposées auxdits passages et caractérisées notamment par une écriture de type XIVe siècle, à l'encre plus claire : il s'agit ici de condensés d'informations destinés à contourner la lourdeur syntaxique et juridique d'un acte, en n'en relevant que la « substantifique moelle » ;

? Les manicules en marge, destinées à indiquer au lecteur les parties du discours les plus dignes d'intérêt lors de la consultation. Il serait d'ailleurs intéressant de s'afférer à l'analyse purement anthropologique du recours à de tels usages graphiques, qui semblent repousser les frontières de ce qui est communément nommé « écrit », cet exemple montrant bien que l'écrit ne saurait se réduire à un simple caractère alphabétique.

Figure 13 : Manicule (acte n°40, f°XXI r°)

Qui plus est, ces signes d'utilisation postérieure illustrent l'importance dont pouvait se voir parée la mise en page des différents cahiers, où une délimitation claire des marges, outre une lecture aérée, permettait à d'éventuels futurs scribes ou secrétaires d'effectuer des modifications ou des ajouts. C'est donc bien dans cette perspective que l'on peut affirmer le caractère dynamique du cartulaire, matériellement ouvert aux manipulations ultérieures. En effet, il est important de rappeler que le cartulaire demeure un outil de gestion patrimoniale mobilisable bien après sa confection.

96

Conclusions partielles

Si certains historiens conçoivent l'usage du codex comme sacralisé du fait qu'il imiterait le support biblique, véritable écrin des valeurs chrétiennes de la société médiévale129, d'autres ont considéré et considèrent toujours qu'avec l'essor de l'administration à partir du XIIe siècle, l'on observe une progressive désacralisation des usages de l'écrit, parallèlement au développement des langues vernaculaires, le tout lié à l'émergence d'un champ d'usage pragmatique de l'écrit130.

En effet, le processus de cartularisation est le fruit d'un travail archivistique méthodique, toute conservation sélective révélant la constitution d'une mémoire archivistique organisée. De même, il s'inscrit dans la longue tradition médiévale de la compilation, proposant alors la lecture d'un moment figé de la mémoire archivistique d'une institution, bien que de nombreux cartulaires, dont le Grand cartulaire de l'évêché de Laon, résultent de phases de compilation successives qui sont autant de moments particuliers de la mémoire de l'institution, et qu'il convient par conséquent de traiter comme tels.

Toutefois, il semble nécessaire de ne pas s'enfermer dans des conceptions trop formelles concernant la scripturalité, la rationalisation de l'écrit documentaire permettant par exemple une meilleure administration et une gestion plus efficace des tenants économiques et juridiques propres aux institutions commanditaires131. Ainsi, la partie qui va suivre s'attachera essentiellement à observer l'insertion du cartulaire au sein d'une société, d'un mode de représentations et de pratiques bien définies, et veillera à analyser son efficience sociale et symbolique dans un réseau donné. C'est donc dans cette optique que notre objet d'étude nous permettrait d'appréhender les divers ressorts socio-économiques de l'évêché de Laon car, effectivement, malgré une certaine hétérogénéité, tant organisationnelle que matérielle, il est possible de discerner une homogénéité globale pour ce qui a trait à la défense et à la mémoire des droits et du patrimoine épiscopaux.

129 JEANNE Damien, « Une "machina memorialis". Les cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de Rouen », Tabularia « Études », n° 12, 2012, p. 29-62.

130 CLANCHY Michael, From Memory to Written Record. England 1066-1307, Oxford/Cambridge, 1979, p. 226 et 234.

131 BERTRAND Paul, loc. cit. : l'auteur développe par exemple l'idée qu'une telle rationalisation administrative de l'écrit irait de pair avec une « virtualisation » de l'économie à partir du XIIe siècle du fait notamment de la fin des grands domaines exploités directement. Le souci de conservation serait alors perçu comme un moyen efficace de justifier le bien fondé de droits et de propriétés.

97

98

SECONDE PARTIE

ADMINISTRER OU COMMEMORER ?
L'AMBIVALENCE DU PROCESSUS DE CARTULARISATION AU SEIN
DU GRAND CARTULAIRE DE L'EVECHE DE LAON

L'historiographie met en évidence l'essor d'une véritable « administration » épiscopale à partir du XIIe, ce phénomène pouvant être perçu comme une des conséquences de la réforme grégorienne. Mais qu'est-ce que cette « administration » révèle-t-elle réellement ?

L'étymologie historique du verbe « administrer » remonte au XIIIe siècle, le verbe administrare, d'origine ecclésiastique, désignant alors l'action que mène par délégation le « ministre » (minister : « serviteur ») de Dieu sur Terre132. À l'origine, cela désignait donc le serviteur de Dieu qui, par délégation, menait une action sur Terre. Ainsi, les évêques se voyaient confier la gestion d'un territoire que Dieu leur aurait octroyé : l'évêché pour l'administration temporelle et le diocèse pour l'administration spirituelle. Cette division du territoire s'avéra si efficace qu'elle fut reprise (avec le même vocabulaire) par les princes pour administrer leur fief.

Toutefois, le verbe « administrer » reste équivoque et peut aussi signifier « conférer ». Or, si un médecin confère des médicaments à son patient pour favoriser sa guérison, les serviteurs de Dieu peuvent eux conférer des sacrements afin de sauver l'âme d'un chrétien de l'Enfer. En ce sens, la notion d'administration acquière une dimension symbolique et sacralisée.

Dès lors, serait-il possible d'affirmer qu'administrer par l'écrit, dans le cadre de notre étude, permettrait à l'évêque de sacraliser une histoire, une mémoire institutionnelle ? Outre leur caractère purement pratique, le recours à l'écrit et le processus de cartularisation ne seraient-ils pas finalement un moyen de consacrer l'identité épiscopale ?

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132 http://www.cnrtl.fr/etymologie/administrer

100

Chapitre I

Le cartulaire en tant que support référentiel dans le cadre d'une gestion patrimoniale de l'évêché de Laon

Le recours à l'écrit n'est pas un acte anodin. En effet, l'écriture, en tant que discours d'autorité et de normes, agit en retour sur les relations entre individus et groupes sociaux133. C'est d'ailleurs sur cet aspect, cette « sociologie des institutions »134, que le présent chapitre s'attardera, notamment dans le cadre d'une défense des intérêts épiscopaux, le cartulaire révélant « la souplesse d'un matériau à considérer avec les autres formes de l'écrit comme un instrument polysémique pour la défense de l'institution. »135.

Mais au-delà de ces considérations, nous tenterons de développer ici une véritable réflexion sur l'autorité, la vocation référentielle, que peut renfermer notre cartulaire, qui semble dépasser sa nature primaire de registre d'actes copiés et compilés, pour devenir un authentique outil référentiel et revêtir une autorité que sa simple conception semble justifier.

* *

*

133 CHASTANG Pierre, « Cartulaires, cartularisation et scripturalité médiévale : la structuration d'un nouveau champ de recherche », Cahiers de civilisation médiévale, n° 49, 2006, p. 21-32.

134 BARRET Sébastien, « La mémoire et l'écrit : l'abbaye de Cluny et ses archives (Xe-XVIIIe siècle) », Bulletin du centre d'études médiévales d'Auxerre | BUCEMA [En ligne], 13, 2009.

135 Id., Ibid.

101

L'écrit comme établissement d'une référence jurisprudentielle dans une société conflictuelle

Le XIIIe siècle a été marqué par deux phénomènes intrinsèquement liés : la judiciarisation de la société et la bureaucratisation des institutions. Ainsi, il est intéressant d'aborder le Grand cartulaire de l'évêché de Laon, dont la confection date de la fin du XIIIe siècle, au regard de ce double contexte. En effet, l'écrit s'assimilant à l'acquisition d'une valeur juridique fondée sur la jurisprudence ou un code, les cours de justice estimaient souvent que les preuves écrites étaient empruntes d'une plus grande valeur que les témoignages oraux. C'est pourquoi cette époque vit se développer l'Eglise en tant qu'institution bureaucratique, c'est-à-dire littéralement le fait de posséder un bureau ainsi que des archives écrites, notamment concernant ses subdivisions institutionnelles telles que les évêchés. Or, dans une société qui se judiciarise, l'écrit illustre l'autorité conférée à l'institution et favorise sa mainmise sur l'espace et les individus qu'elle entend dominer. Mais plus encore, le recours à l'écrit influence la structure des normes à travers la création et la reproduction de textes136, ici à travers le cartulaire.

Norme référentielle et validité pratique

Comme la notion de droit se distingue de celle de fait, la notion de de norme s'oppose à celle de pratique. Or, bien qu'il puisse paraître osé de qualifier le manuscrit d'outil « normatif », dans son sens purement juridique cela s'entend, il n'est pas incongru de la présenter ainsi, car effectivement le G 2 demeure normatif dans sa conception via la symbolique de l'écrit, mais pratique dans son application.

C'est pourquoi, afin de cerner au mieux cette double distinction, il nous a semblé utile d'avoir recours à la terminologie bourdieusienne. En effet, pour Bourdieu, la norme s'apparent à la fois aux règles édictées ainsi qu'aux usages qui en découlent. Or, ces derniers dépassent souvent le cadre des normes, implicites ou explicites, du fait d'une indispensable adaptation aux nécessités du monde social, les pratiques n'étant pas de simples exécutions des normes explicites, mais traduisant surtout un sens pratique acquis par le biais de l'habitus137.

136 GOODY Jack, La logique de l'écriture : aux origines des sociétés humaines, Paris, Armand Colin, 1986, p. 105.

137 Ce que Bourdieu montre essentiellement dans le Sens pratique, c'est que les pratiques ne peuvent être comprises indépendamment du contexte dans lequel elles sont socialement produites et qu'elles produisent socialement. De même, les pratiques ne peuvent être comprises indépendamment les unes des autres, dans la mesure où elles participent ensemble à la production d'un contexte symbolique

102

Dès lors, grâce à cet arrière-plan conceptuel, on s'aperçoit que la confection du cartulaire répond justement au fait que la réalité pratique (les comportements) diffère du discours normatif (les chartes), le codex devenant ainsi une véritable arme juridique dont la validité est assurée par simple retranscription, les seules références au « scel », lorsqu'elles sont présentes, accordant une validité juridique de substitution138. C'est donc en ce sens que la compilation d'actes acquiert une valeur jurisprudentielle, chargée de faire prévaloir la norme au dépend des pratiques, de faire rentrer dans la normale les comportements jugés anormaux.

Néanmoins, il semble nécessaire de clarifier la notion de norme développée ici. En effet, est généralement qualifié de norme toute règle ayant vocation à s'appliquer à un ensemble. Or, le caractère normatif du Grand cartulaire de l'évêché de Laon s'applique ici davantage à des individus en particuliers (les émetteurs et les destinataires des actes). Ainsi, cet état de fait permet de distinguer la norme-résultat, fruit d'une concertation générale, de la norme-processus, issue d'une activité dialogique et ayant une valeur jurisprudentielle. De ce fait, il ne faut pas nécessairement voir le cartulaire comme un outil normatif, mais plutôt comme un outil de normalisation dans un environnement conflictuel.

Une normalisation des rapports de force

Le processus de cartularisation correspondant à une compilation chargée de légitimer les revendications et le pouvoir du commanditaire139, il s'inscrit dans le domaine du droit, et les diverses théories de l'anthropologie juridique nous permettent de mettre en lumière certaines propriétés du grand cartulaire de l'évêché de Laon.

Concernant l'analyse normative, où le droit consiste en un certain nombre de normes explicites et écrites, codifiées, qui s'imposent aux individus, les infractions étant sanctionnées par contrainte ou menace, le cartulaire semble représenter ces normes, symbolisées par les chartes transcrites et faisant autorité : dans l'acte 43, par exemple, datée de 1223, divers chanoines du chapitre cathédral de Laon attestent que Gérard de Clacy, alors vidame du Laonnois, cité au chapitre parce qu'il n'avait point rendu à la

cohérent et spécifique.

138 AD Aisne, G 2, n° 38, 1219 : « In cujus rei testimonium presentes litteras sigillorum nostrorum munimine fecimus roborari » ; AD Aisne, G 2, n°195, f°LXXIII r° : « En tesmoignage de la quel chose nous avons scellées ces présentes lettres de notre scel ». Ces deux exemples démontrent bel et bien que la seule compilation d'actes au sein du manuscrit est nécessaire quant à l'obtention d'une validité juridique par le document. Ce qui met donc en évidence toute l'autorité accordée à l'écrit dans le processus de cartularisation, les simples mentions scripturales d'éléments externes de validation étant garantes de l'authenticité du document.

139 L'anthropologue Mary DOUGLAS définit ainsi l'institution ecclésiastique comme « un groupement social légitimé » (Préface à l'ouvrage de Georges BALANDIER, Comment pensent les institutions, La Découverte, 2004 [1986], p.21)

103

demande de l'évêque divers prisonniers détenus à Mons-en-Laonnois, s'est amendé. On a donc bien là une fonction normative du cartulaire, cette charte affirmant l'autorité de l'évêque sur son vidame. Or, le présupposé étant que la norme impose les pratiques et que tout écart des pratiques par rapport à cette norme doit être sanctionnée, le cartulaire devient alors un outil pragmatique aux mains d'une institution centralisée - l'évêché - dotée d'un appareil judiciaire - tribunal de l'évêque, ses hommes de corps.

Qui plus est, si l'on s'en réfère à l'analyse processuelle du conflit, la norme se verrait produite par le conflit, qui agit de fait comme une instance de régulation. Ainsi, le principe de classement du cartulaire permet de suivre le déroulement d'un conflit ou d'une infraction, tout en observant les moyens utilisés et les autorités invoquées par les parties pour le régler, comme en témoigne le dossier concernant les rapports conflictuels entre l'évêque et Gobert de Clacy, vidame140 : dans cette série d'actes, il est possible de suivre le déroulement du conflit opposant les deux protagonistes, de 1214 à 1221, et se concluant par une reconnaissance de l'autorité de l'évêque, accompagnée d'une vente de ses droits de vidamie par Gobert. De ce fait, cette analyse se rapproche de l'idée que Malinowski se fait du droit, qui n'aurait pas pour fonction de punir, mais plutôt d'assurer la réciprocité des individus - non leur égalité, le cartulaire étant réalisé pour affirmer l'autorité de l'évêché -, afin d'assurer la cohérence de la société. Or, ce système est révélateur de l'importance du compromis dans la société médiévale, d'où la valeur accordée au conflit, qui permet, au mieux, d'aboutir à la paix, sinon de faire reconnaître des droits. Le droit, à travers le cartulaire, déterminerait alors les rapports de force, la norme devenant de facto un enjeu, un objet de négociation privilégié, qui évolue simultanément aux mutations de la société. Attention toutefois à ne pas cristalliser un système de normes à partir des conflits présents dans le cartulaire, ce dernier n'étant qu'un prisme à travers lequel il nous est possible de percevoir une réalité biaisée.

Quoi qu'il en soit, on remarque à quel point la confection du cartulaire répond à une nécessité juridique de normaliser des rapports de forces, grâce notamment à une mise en perspective temporelle des différents conflits. Ce qui confirme le caractère profondément pratique et pragmatique du manuscrit, décelable dans l'établissement de certains dossiers qui permettent une visualisation synthétique de certains conflits.

L'établissement de dossiers

Comme nous venons de le voir, il arrive que l'ordonnancement de certains actes réponde à une certaine cohérence, à une unicité thématique à défaut d'une unicité matérielle. En effet, il est possible de mettre en perspective, au sein même du corps de texte, la réalisation de véritables dossiers reflétant l'ensemble ou tout du moins une partie

140 AD Aisne, G 2, n° 33 à 43, 1214-1222.

104

de procédures relatives à une affaire juridique ou à une transaction économique.

Outre l'exemple de Gobert de Clacy mentionné ci-avant, il existe d'autres regroupements logiques d'actes tout au long du cartulaire, et qu'il est souvent possible de repérer grâce aux rubriques. Concernant les dossiers à caractère juridique, nécessaires à la visualisation des étapes et des évolutions d'une affaire, nous ne développerons pas ici d'exemple en particulier, jugeant suffisant de se reporter à la lecture des rubriques concernant la commune de Laon et précédées d'une lettre, éléments se trouvant dans la sous partie dédiée à l'étude du 13e cahier, bien que ce dossier ne soit pas matériellement constitué en raison du statut d'ébauche attribuée à ce cahier.

Néanmoins, dans le cadre de l'analyse d'un dossier d'ordre économique, il semblerait intéressant d'étudier la succession des actes n°196 à 199141, qui permettent par exemple de discerner les acteurs d'une vente ainsi que les procédures employées afin de ratifier ladite vente, comme le synthétise le tableau suivant :

N° d'acte

Date

Rubrique

Emetteur

Objet

196

1292 (dimanche de Pentecôte)

Littera emptionis de Laval

Pierre de Courtisot, chevalier et sire de Crandon

Vend à l'évêque, moyennant 200 livres parisis, des terres, prés, cens, vinages et arrière-fiefs de Laval

197

1292 (26 mai)

Alia littera de eodem annexa precedenti

Official de Laon

Précisions relatives à cette vente

198

1292 (26 mai)

[ Item ] Alia littera de eodem

Official de Laon

Relate cette vente

199

1292 (juin)

[ Item ] Alia littera de eodem

Béatrix, femme dudit Pierre de Courtisot

Approuve cette vente et renonce à ses droits de douaire sur les biens vendus

Tableau 5 : Rubriques sous-entendant la constitution d'un dossier documentaire

Ainsi, on note le caractère multipartite qui entoure la transaction (quatre entités sont mobilisées pour garantir la vente et son bienfondé : Pierre de Courtisot, son épouse, l'official de Laon et le destinataire de la vente, l'évêque de Laon) de même que la proximité chronologique des différents actes qui indique les différentes étapes nécessaires à la ratification définitive de l'accord. Mais ce sont aussi et surtout les rubriques qui

141 AD Aisne, G 2, n° 196 à 199, 1292.

105

permettent au lecteur de rattacher intellectuellement et mécaniquement les actes entre eux, notamment par l'utilisation de l'anaphore « Alia littera de eodem », qui articule les différents actes entre eux et permet leur rattachement logique, sans nécessairement indiquer l'auteur de l'acte ou son objet.

Quoi qu'il en soit, on remarque à quel point le cartulaire permet une visualisation synthétique des origines et des différents modes d'acquisition du patrimoine épiscopal, caractéristique qui vient s'ajouter à la recension purement juridique des intérêts épiscopaux sur sa zone administrée. Car, en effet, la notion d'administration englobe celle de gestion. C'est donc aussi et surtout le patrimoine de l'évêché qui semble ici inventorié.

Un outil de gestion des intérêts patrimoniaux de l'évêché

Dans une période marquée par essor économique particulièrement prononcé ainsi qu'un morcellement de plus en plus poussé de l'espace, la gestion domaniale se transforma en un véritable enjeu politique, la possession et le transfert de droits sur les terres se trouvant alors au centre de l'économie politique. Ce n'est donc pas anodin de voir, dans le cadre de cette administration territoriale et foncière, s'accroître le nombre de registres sensés devenir la base de cette gestion patrimoniale. En effet, l'écrit, en tant que moyen profondément impliqué dans ce processus d'acquisition de bien et légitimation de certaines aliénations ecclésiales142, représente un moyen efficace de contrôle des flux, car il en conserve une trace pérenne. De même, comme a pu l'analysé Damien Jeanne à propos des cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de Rouen143, l'ajout de nouveaux cahiers, comme c'est le cas dans le Grand cartulaire de l'évêché de Laon, est révélateur d'une volonté de transmettre tout ce qui peut être utile à la gestion et au salut de l'établissement, sans distinction. Dès lors, le processus de cartularisation s'apparenterait à actualisation continuelle des acquis patrimoniaux de l'évêché.

142 GOODY Jack, La logique de l'écriture : aux origines des sociétés humaines, Paris, Armand Colin, 1986, p. 57-60 : dans ces pages, Jack Goody parvient à démontrer qu'en Mésopotamie, le développement de la comptabilité économique, principe élémentaire de tout rayonnement économique, se coupla à l'essor de l'écriture, mise au point notamment par l'administration sacerdotale chargée de la gestion des temples. Le lien entre administration religieuse ayant connaissance de l'écrit et économie n'est donc pas nouveau et s'applique toujours au XIIIe siècle.

143 JEANNE Damien, « Une "machina memorialis". Les cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de Rouen », Tabularia « Études », n° 12, 2012, p. 29-62.

106

L'utilisation d'une base de données relationnelle : un recensement systématique du patrimoine épiscopal

Avant d'évoquer les résultats obtenus quant à l'analyse du patrimoine épiscopale recensable dans le cartulaire, il nous a semblé utile d'en expliquer la méthode permettant son exploitation : une base de données.

Un cartulaire se trouvant le plus souvent être un registre compilant des actes à caractère patrimonial et/ou mémoriel, il est intéressant d'en étudier les composantes économiques afin de déceler les stratégies économiques et foncières d'une institution. C'est donc dans cette optique que fut créée ladite base de données, permettant de recenser les transactions et les entités (individus ou institutions) productrices de ces transactions, au sein du Grand cartulaire de l'évêché de Laon.

C'est ainsi que s'est imposée la création d'une base de données à deux tables, détaillant les caractéristiques des deux éléments qui matérialisent l'échange : l'entité (TBL_Entité) - indifféremment émettrice ou réceptrice - et la transaction en elle-même (TBL_Transaction). Dès lors, la mise en relation de ces deux tables est illustrée par l'image présente ci-dessous :

107

Concernant la table « Entité », il est possible de remarquer que les variables utilisées nous permettent de dresser un tableau sociologique des individus présents dans le processus économique, ainsi que de délimiter leur aire d'influence. De plus, la variable « Sexe » permettrait de concevoir la part et la place des femmes dans la production documentaire laonnoise entre le XIIe et le XIIIe siècle : dans le cas présent, elles représentent 13,6% - 8 sur 59 - des entités présentes lors des transactions.

La table « Transaction », quant à elle, rend possible la confection d'une typologie des échanges (cession, vente, redimage...), des biens échangés ainsi qu'une reconstitution chronologique des différentes phases d'acquisition de la part de l'évêché, outil essentiel quant à la démarcation d'une politique patrimoniale. Qui plus est, la variable « Contrepartie » nous permet d'estimer les coûts d'une telle politique, bien que ces chiffres ne représentent au final qu'une portion de la somme véritablement dévolue aux acquis patrimoniaux, certains actes ne faisant pas mention du prix correspondant à une transaction.

Toutefois, un tel outil ne saurait faire état de l'ensemble du patrimoine épiscopal, celui-ci ne se cantonnant pas à son caractère purement économique et foncier. En effet, la notion de patrimoine embrassant celles d'héritage et de transmission, il nous semble nécessaire d'analyser, même brièvement, les informations relevant du patrimoine juridique et socio-politique du cartulaire, cette typologie nous permettant alors de concevoir de manière globalisante les intérêts patrimoniaux de l'évêché que le cartulaire détient en son sein.

Patrimoine foncier

Reste néanmoins que l'essentiel du patrimoine épiscopal recensé dans le cartulaire est de nature foncière, preuve du « rôle prédominant joué par l'Eglise dans la conservation de l'écrit, comme finalité de garantie du patrimoine foncier assignée à l'archivage »144. Dès lors, tâchons d'interroger notre base de données afin de déceler la composition ainsi que la valeur, si partielle soit-elle, du patrimoine foncier de l'évêché de Laon acquis tout au long de la période référencée, car il s'agit bien ici d'un recensement révélant les différentes phases d'acquisitions par les évêques de Laon, ceux-ci, en tant que seigneurs temporels, ayant particulièrement à coeur de développer leurs positions foncières par le biais d'investissements permettant d'engendrer une plus-value économique145.

144 BELMON Jérôme, «" In conscribendis donationibus hic ordo servandus est..." : l'écriture des actes de la pratique en Languedoc et en Toulousain (IXe-Xe siècle)», in ZIMMERMANN Michel (dir.), Auctor et auctoritas. Invention et conformisme dans l'écriture médiévale, Actes du colloque tenu à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 14-16 juin 1999, Paris, École des Chartes (« Mémoires et documents de l'École des chartes » 59), 2001, p. 290

145 Fortune de Karol (La). Marché de la terre et liens personnels dans les Abruzzes au Haut Moyen Age, Laurent FELLER, Agnès GRAMAIN, Florence WEBER, Rome, École française de Rome, 2005 : dans cet ouvrage, les auteurs, grâce à une méthodologie transversale à plusieurs disciplines -

108

Néanmoins, il semble important de préciser une fois encore que l'analyse du patrimoine foncier de l'évêché de Laon, à travers le Grand cartulaire, n'en constitue pas une étude exhaustive, certaines transactions n'étant pas automatiquement référencées dans le manuscrit, d'autres, bien que référencées, ne nous dévoilant pas nécessairement les informations pratiques quant à leurs conditions de réalisation (absence de mention des biens concernées, absence de somme d'argent). Quoi qu'il en soit, les renseignements que nous avons préalablement récoltés nous permettent de regrouper ces données selon une typologie à triple variable : les achats purs et simples, les échanges contre redevances et les échanges contre biens. Dès lors, le croisement des différentes données nous permet d'établir le tableau comparatif développé ci-après (pour une meilleure compréhension des unités mentionnées, se référer à l'annexe n°2) :

historique, économique et ethnographique - analysent un dossier de 97 actes présents dans le cartulaire de Casauria en dressant une typologie documentaire des différents actes, permettant alors de définir la fortune patrimoniale qu'a pu réunir ledit Karol, fortune finalement rachetée par le monastère San Clemente de Casauria. Cette étude se doit donc d'être perçue comme une mise en perspective sociale des ressorts économiques de cette région au IXe siècle. En conséquence, c'est de cette démarche méthodologique que se réclame notre analyse.

109

 

Acquisitions / Recettes

Cessions / Dépenses

Biens & droits

· 3 maisons

· 3 moulins

· 1 carrière

· 1 maison laonnoise

· Hommes et femmes de corps (échanges)

· Droits divers :

 

· Pré de la Girondele +

4 Forêt de Saint-Gobain

 

rivière attenante

4 Ruisseau à Versigny

 

· Aisances de marais

4 Pâturage à Achery

 

· 22 jalois de bois (près de

· Confirmation de charte communale à

 

300 ares)

Anizy

 

· 6 muids 11 jalois 32 verges
de terre labourables

 
 

· Hommes et femmes de
corps (échange)

 
 

· Droits divers :

 
 

4 Lods et ventes

 
 

4 Garenne

 
 

4 Terrage

 
 

4 Rouage

 
 

4 Chevage

 
 

4 Extrahière

 
 

4 Chambellage

 

Impôts, taxes &

· Rente cumulée de 27 £p.,
88 s.p., 7 d.p.

· Rente de 30 muids de blé

· Rente de 83 muids de vinage

redevances

· Surcens de 50 s.p., 30 s.l.

· Surcens de 10 s.t.

 

· Rente cumulée de 7 muids

· 20 anguilles annuelles

 

3 jalois de blé

 
 

· Rente de 15 muids 3 jalois
d'avoine

 
 

· Rente de 7 jalois de
froment

 
 

· Rente cumulée de 120
muids 16 setiers de vinage

 
 

+ 200 £p. sur les vinages de

 
 

Crécy et Thiérussuelle

 
 

· Fouage de 20 d.p. à Laval
et Nouvion-le-Vineux

 
 

· Taille

 
 

110

?

123 chapons

 
 
 
 

?

1 porc (valeur :

7,5 s.p.)

 
 

Somme d'argent

 
 
 

?

7930 £p., 4000 £t (équivalent 3200 £p.), 100 s.p.

(cumulée)

 
 
 
 

? Soit un total de 11130 £p., 100 s.p.

 
 
 
 
 

(équivalent 8904 £t, 80 s.t.)

 

Tableau 6 : Tableau récapitulatif du patrimoine foncier de l'évêché de Laon à travers le Grand cartulaire de l'évêché de Laon

Ainsi, quelles conclusions ce tableau récapitulatif nous permet-il de tirer ? Tout d'abord que la politique patrimoniale cumulée des différents évêques de Laon - excepté un acte datant de 1129, sous l'épiscopat de Barthélémy de Jur, tous les autres se situent entre 1218 et 1297, c'est-à-dire sous les titulatures d'Anselme de Mauny, Garnier, Itier de Mauny, Guillaume de Moustier, Guillaume de Châtillon et Robert de Thorote - apparaît comme largement bénéficiaire et protéiforme, créant dès lors des unités de réserve essentielles à l'assise du pouvoir épiscopal146. C'est d'ailleurs cette conclusion qui nous permet d'induire l'idée qu'une des raisons ayant amené à la confection du cartulaire serait la défense de ces intérêts patrimoniaux à caractère foncier, fondement de l'implantation seigneuriale des évêques.

De plus, il est intéressant de noter que la monnaie la plus fréquemment utilisée lors des transactions est la livre parisis, monnaie forte de son état, indice sur la relative stabilité financière et économique qui entoure l'évêché de Laon durant cette période147 mais révélateur de l'affaissement de la monnaie laonnoise face à la monnaie royale148, comme le symbole d'une insertion accrue du roi dans les affaires du Laonnois, la monnaie

146 Il s'agit ici de la théorie marginaliste développée par Don PATINKIN, dans son ouvrage La Monnaie, l'intérêt et les prix, Paris, PUF, 1972 (1ère édition 1955), mentionnée et explicitée par André ORLEAN dans son article « La monnaie contre la marchandise », L'Homme, 162, avril-juin 2002 : il y explique notamment que la monnaie est assimilée à un objet de telle sorte que le principe de l'utilité marginale s'applique à elle de la même manière qu'aux autres biens. La monnaie aurait alors une double utilité : détenir et dépenser, la première prenant le pas sur la seconde, l'intérêt étant alors d'avoir de la « liquidité » pour se prémunir contre toute sorte de désagrément, d'une désynchronisation temporaire entre dépenses et recettes.

147 SAINT-DENIS Alain, Apogée d'une cité : Laon et le Laonnois (XIIe-XIIIe siècles), Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1994, p. 377-421.

148 DUMAS Françoise, « La monnaie dans le royaume au temps de Philippe Auguste », in La France de Philippe Auguste. Le temps des mutations, Paris, 1982, p. 541-574 : dans cet acte issu d'un colloque international, l'auteur montre l'existence d'une véritable « zone parisis » au temps de Philippe Auguste.

111

étant perçue comme un véritable « reflet des pouvoirs » et donc de l'influence de son émetteur149. De même, la nature des biens acquis - moulins, bois, pré, marais, rivière - est révélateur de l'importance du capital foncier à vocation d'exploitation économique du territoire. De ce fait, il apparaît que les évêques, au-delà de leur vocation spirituelle d'origine, se voient surtout confier la gestion et l'administration économique d'une région donnée. C'est pourquoi il est possible que le recours à l'écrit ait été conçu par ces administrateurs comme un moyen de redonner de la sacralité à ces échanges, en les inscrivant de manière quasi-immuable sur un support donné, tel un précepte divin.

Effectivement, la question de la valeur dans l'économie médiévale semble prendre ici tout son sens. Car en accordant de la valeur à un échange par le biais de sa compilation dans le cartulaire, c'est la reconnaissance même de la valeur de l'échange - au sens purement économique aussi bien que symbolique - qui est soulignée150. En effet, concernant l'idée de valeur économique d'un bien, enregistrer une transaction c'est avant tout reconnaître sa valeur marchande, que celle-ci soit directe (achat) ou indirecte (prix de revient d'une rente concédée, avec une nécessaire convertibilité monétaire fixant la valeur estimée du bien). Cependant, l'économie médiévale ne se résume pas à son caractère marchand, mais est aussi le fait de relations humaines dépassant le cadre strict de l'économie, qui se transforme alors en un véritable « fait social total »151, c'est-à-dire qu'il serait erroné de ne réduire l'échange marchand qu'à sa conception utilitaire, celui-ci se reposant essentiellement sur une relation entre acteurs économiques basée sur la confiance, des représentations collectives et des attentes stratégiques152. De ce fait, la monnaie ne servirait pas nécessairement à réaliser des échanges de biens matériels mais apparaîtrait surtout comme un moyen de paiement pour des obligations non-commerciales, des « paiements sociaux », toute transaction relevant alors d'un concept plus global d'échange cérémoniel153 chargé d'assurer la réciprocité des contractants. C'est en tout ce qu'il est possible de constater au sein du cartulaire concernant, par exemple, les cessions foncières destinées à rédimer l'émetteur du don154.

149 CORMIER Jean-Philippe, Monnaies médiévales, reflets des pouvoirs, Paris, Remparts, 1996 ; LEGIER Henri-Jacques, « L'Église et l'économie médiévale : la monnaie ecclésiastique de Lyon et ses vicissitudes » in Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 4, 1957. p. 561-572.

150 ORLEAN André, L'Empire de la valeur, éd. du Seuil, 2011.

151 MAUSS Marcel, Essai sur le don : forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques, Paris, PUF, 2012, [1923-1924].

152 ORLEAN André et AGLIETTA Michel, La Monnaie entre violence et confiance, Paris, éd. Odile Jacob, 2002.

153 BRETON Stéphane, « Présentation » Monnaie et économie des personnes, L'Homme, 2002/2 n° 162, p. 13-26.

154 AD Aisne, G 2, n° 189, 1287 : dans cette acte, Enguerrand de Coucy affirme avoir constitué une rente de 200 livres parisis sur ses vinages de Crécy et sur ses châtellenies de Marle, Vervins et Thierissuelle, pour se rédimer du droit qu'avait l'évêque Robert de prendre à volonté du bois dans forêts dudit sire [notamment la forêt de Woiz].

112

Toutefois, le patrimoine épiscopal ne se résume pas à son caractère foncier, comme peut le montrer le recensement de différents droits acquis ou conservées par les évêques de Laon, ces droits pouvant relever du patrimoine foncier comme nous venons de le voir (garenne, terrage, etc.), mais aussi du patrimoine purement juridique, comme c'est le cas du droit de justice.

Patrimoine juridique

En effet, si les évêques de Laon, en accédant au siège épiscopal, héritent d'un territoire foncier à administrer, leur administration s'applique aussi par le biais de l'autorité juridictionnelle qui leur est accordée, dans une perspective notamment de prévention, de gestion et de régulation des différents conflits ou désaccords pouvant se produire sous cet espace administré. A noter d'ailleurs que la recension de ce patrimoine juridique n'est pas anodine, car rendre justice relève de l'apanage des puissants, à l'image du roi. C'est pourquoi, la justification via la compilation dans le cartulaire de divers droits juridiques sur des espaces stratégiques (les marchés et les foires notamment) ou sur des domaines dépendants directement du seigneur-évêque veille surtout à consacrer l'autorité de ce dernier sur des terres et des hommes administrés.

Pour le premier cas, l'acte n°12 du cartulaire semble être un exemple particulièrement évocateur : dans cet acte, Louis IX intervient en tant que médiateur afin d'arbitrer un conflit opposant la commune de Laon à l'évêque Garnier à propos de la répartition de leurs différents droits sur le marché. Finalement, le roi permet à la commune de conserver ses droits de cambage, de tonlieu, de rouage, de jalage, de lardage (cf annexe n°3) et d'emplacement du beffroi moyennant redevances annuelles à l'évêque de Laon, qui parvient à conserver son droit de justice sur la ville155, preuve de l'importance d'un tel droit dans un contexte de compétition politique et territoriale.

De même, il n'était pas rare que lors d'une vente d'un domaine par un seigneur, le droit de justice vienne s'agréger au lot de biens transférés, comme en témoigne cette vente effectuée par Gérard, seigneur et chevalier de Caulaincourt, à l'évêque de Laon de ses diverses rentes ainsi que ses droits de justice sis à Anizy156. De ce fait, on remarque aisément à travers ces deux exemples que le patrimoine juridique conservait une valeur égale, sinon supérieure, au patrimoine foncier, tous deux demeurant des symboles de

155 AD Aisne, G 2, n° 12, 1241 : « [...] majori et juratis et comitati Laudunensis in perpetuum remanebant, et iidem major et jurati dicto episcopo Laudunensis et successoribus ejus episcopis Laudunensis quadraginta septem libris laudunensis monere infra scriptis terminis annuanti in perpetuum reddere tenebuntur, videlicet in festo sancti Johanis baptiste, octo libris laudunensis monere, in festo omnium sanctorum octo libris ejusdem monere, similiter in festo sancti Andrei viginti libris ejusdem monere, et in media quadraginta octo libris ejusdem monere. [...] remanet dicto episcopo Laudunensis justicia sicut usus est. »

156 AD Aisne, G 2, n° 50-52, 1229.

113

l'implantation et de l'autorité des évêques de Laon sur le territoire dont ils se sont vus confié l'administration157.

Néanmoins, ces deux types de patrimoine peuvent se voir compléter par un troisième, et non des moindre : le patrimoine socio-politique, le plus symbolique mais aussi le plus essentiel dans la conservation d'une autorité territoriale. Car, en effet, « toute puissance repose sur le triple fondement de l'autorité, de la richesse et du prestige. Chacune de ces assises nécessaires se trouve dans l'Église, avec un mélange de profane et de sacré. »158

Patrimoine socio-politique

Lorsqu'ils se voient confier leur titulature, les évêques de Laon héritent dans le même temps du double titre de duc et pair de France, une des plus hautes dignités du royaume formant un noyau dur mais restreint autour de la personne du roi159. A ce titre, ils étaient placés à la tête d'un véritable évêché-comté, au sein duquel les traditionnelles obligations féodales leur étaient dévouées. C'est ainsi que furent essaimés tout au long du cartulaire divers hommages féodo-vassaliques dont les évêques étaient les destinataires :

157 GUYOTJEANNIN Olivier, Episcopus et comes : affirmation et déclin de la seigneurie épiscopale au nord du royaume de France (Beauvais-Noyon, Xe-début XIIIe siècle), Genève, Droz, 1987, p. 162 : la justice était toujours l'une des prérogatives les plus défendues, car il s'agissait d'une manifestation englobant bien des aspects du pouvoir et de l'administration, ce qui explique en partie la démultiplication du personnel judiciaire au début du XIIIe siècle (prévôt, officiaux, baillis).

158 LE BRAS Gabriel, Institutions ecclésiastiques de la Chrétienté médiévale (1130-1378), Paris, 1964, p. 235.

159 GUYOTJEANNIN Olivier, op. cit., p. 243 : les pairs ecclésiastiques formaient un comité de six membres, dont les évêques de Laon faisaient partie au même titre que ceux de Reims, Langres, Chalons, Beauvais et Noyon.

114

N° d'acte

Année

Contenu

6 & 76

1239

Sentence arbitrale d'Henri, archevêque de Reims, réglant le mode de serment de la commune à l'évêque, sacré à Reims

17

1260

Sentence arbitrale enjoignant au comte de Roucy de rendre hommage à l'évêque de Laon à double pour ses châtellenies de Pierrepont et Montaigu

22

1225

Enguerrand de Coucy reconnaît qu'il est homme lige de l'évêque pour ville teutonique de Sissonne & fiefs relevant de Sissonne

75

1222

Guillaume, archevêque de Reims et légat du Saint-Siège, relate la mise sous la suzeraineté de l'évêque Anselme par Milon, seigneur de Sissonne, de toute sa ville teutonique de Sissonne, qui détenait en alleu, sous réserve des aubains. Il déclare aussi être l'homme-lige dudit évêque après le seigneur de Montcornet

109

1287

Pierre, comte d'Alençon et de Blois, sire d'Avesnes, et Jeanne, sa femme, reconnaissent que l'hommage qu'ils ont fait à l'évêque à Paris, au Parlement de Pentecôte, ne pourra préjudicier audit évêque ni à ses successeurs

111 & 216

1246

Gaucher de Châtillon, sire de Saint-Aignan-en-Berry, fait foi et hommage à l'évêque Garnier des droits de vinage de localités qu'il n'indique point

124

1248

Guillaume, seigneur de Salone, promet à l'évêque Guillaume de se reconnaître comme son homme-lige

201

s.d.

Hugues de Châtillon, comte de Blois et d'Avesnes, déclare qu'il a fait foi et hommage, à Paris au lieu de l'évêché, d'un fief qu'il ne désigne pas mais que ce devoir de vassalité ainsi fait, ne pourra préjudicier aux droits de l'évêque

 

Tableau 7 : Tableau récapitulatif des hommages rendus au seigneur-évêque

Néanmoins, si la quantité limitée que représente cette dizaine de reconnaissances socio-politiques peut interpeller, il ne faut pas oublier que ce type d'obligations était surtout le produit d'un rituel informel et oral, de telles mises par écrit ne correspondant surement qu'à des intérêts d'ordre contingent, comme pour l'affirmation d'une autorité territoriale à un moment où celle-ci aurait pu être contestée.

Dès lors, il est possible de s'interroger sur les conditions ayant amenées à la compilation de ces actes, chargés de recenser et de défendre les intérêts patrimoniaux de l'évêché de Laon. En effet, pourquoi les évêques de Laon ont-ils attendus la seconde moitié du XIIIe siècle pour confectionner leurs premiers cartulaires ? Ont-ils été réalisés afin de rationaliser l'administration de l'aire d'influence épiscopale, élargie par des années de politiques d'acquisitions diverses, ou représentent-il à l'inverse un moyen de défendre un territoire de plus en plus en proie aux dissensions et aux luttes de pouvoir ?

115

La confection du cartulaire : point d'ancrage d'une mainmise plus accrue de l'évêque sur son territoire ou testament institutionnel ?

Au vue de l'absence de documents attestant les motivations ayant entraîné la confection du Grand cartulaire de l'évêché de Laon, il nous semble tout à fait légitime de nous poser la question. Qui plus est, il s'avère qu'une telle interrogation n'est pas nouvelle et s'est déjà posée à d'autres historiens étudiant des cartulaires. Tel est le cas par exemple de Damien Jeanne, qui, dans son article sur les cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de Rouen160, oriente son étude sous le prisme de ce questionnement dual. En effet, selon lui, la réalisation de ces cartulaires serait le révélateur de l'extension maximale du patrimoine des léproseries qu'il faudrait protéger afin de garantir la pérennité des acquêts, des privilèges et de l'autonomie des institutions charitables. Il développe alors l'idée que celles-ci usent de l'écriture, à travers les cartulaires, afin de guérir les crises dans lesquelles elles se voient confrontées, l'écrit apparaissant alors comme un remède pour la victime - les léproseries - et un poison pour les adversaires - notamment les communes. On retrouve alors l'équivocité du verbe « administrer », développée dans l'introduction de ce chapitre, qui peut aussi s'apparenter au verbe « conférer », au sens médical du terme. L'usage de l'écrit aurait alors un rôle davantage symbolique et sacralisé que pragmatique.

L'affirmation d'une puissance institutionnelle...

Bien que la confection d'un cartulaire puisse répondre à une politique défensive de protection patrimoniale, il n'en demeure pas moins que ceci correspond à une mise en scène de la puissance d'une institution, si affaiblie soit elle. Le manuscrit apparaît alors comme l'expression de la « domination d'une seigneurie collective particulière »161, que cette domination soit effective ou juste fantasmée. Si tel était le cas, l'entreprise de compilation se transformerait alors en une politique de légitimation symbolique d'une autorité institutionnelle par l'écrit, l'autorité des auteurs ou des commanditaires pouvant rejaillir sur l'entreprise qu'ils cautionnent162. Mais si cette domination était effective, le cartulaire ne serait alors à voir que comme un prolongement de cette autorité, une

160 JEANNE Damien, « Une "machina memorialis". Les cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de Rouen », Tabularia « Études », n° 12, 2012, p. 29-62.

161 Ibid.

162 GEARY Patrick, « Auctor et auctoritas dans les cartulaires du Haut Moyen-Age », in ZIMMERMANN Michel (dir.), Auctor et auctoritas. Invention et conformisme dans l'écriture médiévale, Actes du colloque tenu à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 14-16 juin 1999, Paris, École des Chartes (« Mémoires et documents de l'École des chartes » 59), 2001, p. 61-71.

116

manifestation physique de la puissance institutionnelle, tel un instrument ostentatoire163.

Concernant le G 2, nous ne pouvons affirmer avec certitude s'il répond à l'une ou l'autre de ces propositions. Quoi qu'il en soit, l'historiographie tend clairement à mettre en évidence la relative perte d'influence du pouvoir épiscopal à l'époque correspondant à la réalisation du cartulaire - d'où l'idée de testament institutionnel -, couplé à une vacance du siège épiscopal entre 1273 et 1279 fragilisant un peu plus l'autorité épiscopale, bien qu'il serait inadéquat de qualifier la situation des évêques de Laon de la fin du XIIIe siècle de catastrophique. Il ne faut oublier que l'évêque de Laon est duc et pair de France, ce qui lui garantit une autorité et une légitimité auprès du roi, et donc ses faveurs, que peu de seigneurs peuvent prétendre avoir. Certes, le roi de France, à cette époque, tend de plus en plus à implanter son pouvoir et son influence au dépend notamment de l'évêque, mais ce dernier devient alors le bras droit de l'autorité royale dans le cadre d'une sorte de paréage164, conservant ainsi une certaine autonomie seigneuriale que le cartulaire tendrait peut-être à renforcer.

De même, l'affirmation de la puissance épiscopale s'expliquerait aussi dans les caractéristiques matérielles mêmes du manuscrit. En effet, un cartulaire est une réalisation coûteuse de par le prix des matières premières nécessaires à sa conception. Ainsi, comme nous l'avons proposé dans la partie précédente, « la question de la taille d'un manuscrit peut apparaître comme primordiale dans l'étude de son insertion au sein d'un mode de pensées et de représentations. En effet, il serait possible d'imaginer, dans une société où le coût des matières premières pour un objet d'un tel acabit demeure relativement élevé, que la confection d'un manuscrit de cette sorte, matériellement plus imposant que le premier, transcrive une expansion symbolique de la capacité d'action du commanditaire. » Dès lors, le caractère onéreux du cartulaire et ses dimensions importantes seraient un moyen pour les évêques d'exprimer leur puissance, la valeur du support reflétant la noblesse de son commanditaire.

Toutefois, le principe de compilation, propre à la cartularisation, ne tend pas nécessairement à représenter une institution de manière exhaustive, mais applique au contraire le principe de la mémoire sélective, c'est-à-dire que la mise en page et en série des chartes procède d'une subite mise en scène des attributions épiscopales, à une perception parfois biaisée et idéologiquement orientée de l'espace vécu et administré165. Qu'en est-il ?

163 Chartes et cartulaires comme instruments de pouvoir. Espagne et Occident chrétien (VIIIe-XIIe siècles), Julio ESCALONA et Hélène SIRANTOINE (dir.), Toulouse: Méridiennes-CSIC, 2013.

164 Etymologiquement « association entre pairs », c'est-à-dire la mise en place d'une co-seigneurie.

165 CHASTANG Pierre (dir.), Le passé à l'épreuve du présent, appropriations & usages du passé du Moyen-Age à la Renaissance, Paris, Presses de l'Université Paris-Sorbonne, 2008, p. 492 : dans le chapitre final de cet ouvrage, Michel ZIMMERMANN va dans ce sens en affirmant que la réécriture - voire l'écriture - du passé au service du présent se fait souvent dans une perspective pragmatique, c'est-à-dire au service d'objectifs politiques ou idéologiques, le passé invoqué pouvant alors avoir une profondeur variable selon les visées.

117

... ou un outil de commémoration ?

Il est possible d'assimiler le cartulaire à une mémoire collective fixée par l'écrit à un moment particulier d'une institution. La réalisation d'un cartulaire instaure alors l'unanimité de la collectivité contre un rival, pris en dehors d'elle. La magie de l'écriture résiderait alors dans l'efficacité de sa valeur protectrice permettant à la communauté de retrouver une cohésion perdue, ou du moins à la renforcer une identité communautaire166. C'est en ce sens qu'il est possible de parler de « commémoration » concernant la finalité d'un cartulaire, terme qui implique la mise en place d'une mémoire collective à travers le manuscrit. Or, ce principe de commémoration est double : à la fois horizontal et vertical.

Dans un premier temps, effectivement, la disparité temporelle qui se fait jour dans le Grand cartulaire de l'évêché de Laon est un moyen pour les commanditaires des différentes phases d'écriture de célébrer leurs prédécesseurs, offrant à la cartularisation un caractère cérémoniel particulièrement prononcé. Mais leurs successeurs ne sont pas en reste, comme en témoigne la fréquente allusion aux « successoribus ejus », présente dans les actes pour désigner les successeurs de l'évêque émetteur ou destinataire de l'acte. Il s'agit donc ici d'une commémoration horizontale, centrée autour de la dignité épiscopale que chaque évêque hérite et transmet, tel un héritage institutionnel. Ainsi, c'est en affirmant une identité commune à plusieurs générations de dignitaires que le cartulaire oeuvre à célébrer l'évêché de Laon à travers ses divers représentants.

Mais dans un second temps, certains actes font référence ou sont entièrement consacrés aux agents épiscopaux : hommes de corps, sergents, vidames, prévôts, chambellan. Ceci a pour principale incidence de cerner et de renforcer une communauté d'individus mis au service de l'évêché, principe constitutif de ce que nous appelons ici commémoration verticale167, l'évêché de Laon étant un territoire administré de manière collective et hiérarchique.

Quoi qu'il en soit, il semblerait erroné de cloisonner ces deux hypothèses - affirmation d'une puissance institutionnelle vs. outil de commémoration -, l'une pouvant être le complément de l'autre, et vice versa. Par exemple, un cartulaire peut être un outil affirmant une puissance institutionnelle en invoquant la mémoire d'illustres personnages. Inversement, il est possible qu'un cartulaire ait pour vocation de célébrer la mémoire d'une institution en faisant référence à l'influence qu'elle détient et/ou détenait sur un territoire donné. Néanmoins, il serait intéressant d'étudier plus en détail les éléments présents dans le Grand cartulaire de l'évêché de Laon qui participent à l'affirmation

166 JEANNE Damien, art. cit..

167 CHASTANG Pierre, op. cit., p. 12 : dans l'introduction de cet ouvrage, Pierre Chastang rappelle le rôle de médiation joué par l'écriture dans les procédés de réappropriation du passé et de la confection du mémorable en mettant notamment en avant la finalité sociale de l'écrit, à savoir celle de produire une identité, une hiérarchie et une logique d'appartenance.

118

mémoriel et identitaire des évêques de Laon, la présente partie ayant davantage répertorié les caractéristiques témoignant de l'autorité épiscopale dans sa dimension pratique.

119

Chapitre II

« Les paroles s'envolent, les écrits restent ». L'écrit comme affirmation symbolique de la mémoire et de l'identité

épiscopales

« La menace de l'oubli [constituerait] une condition sine qua non de la scripturalisation comme source d'un pouvoir symbolique, fondé sur l'absence de réponse possible et sur la magie sociale de la mémorisation écrite : tout se passe comme si ce n'était pas pour pallier le risque d'oubli que l'on a recouru à l'écrit, mais pour pouvoir recourir à l'écrit en tant que forme de domination symbolique que l'on a construit l'oubli en fantasme social collectif. »168. Cette citation issue des réflexions de Joseph Morsel développe une idée force dans l'étude des cartulaires : l'écrit n'a de cesse de faire écho aux notions de mémoire et de pouvoir. En effet, l'écrit, par son caractère permanent, ancre une légitimité dans un cadre temporel large et fait acquérir aux informations mentionnées une autorité référentielle certaine.

Toutefois, il ne faut pas négliger le fait que l'écrit n'est qu'un moyen destiné à renforcer une domination symbolique, c'est-à-dire que qu'il ne constitue pas en soi un pouvoir effectif, et ne demeure au final qu'un instrument mis au service d'une finalité sociale et politique. Le cartulaire devient alors objet de représentations, celles d'une institution épiscopale désireuse de défendre une mémoire et une identité institutionnelles à travers le filtre de l'écrit - la compilation est par définition un filtrage de l'information et l'écrit se voit surtout comme une production formalisée et aseptisant bien souvent ses conditions de réalisation -, dans une cadre réflexif. Dans ces conditions, il est encore une fois possible d'assimiler l'écrit à un remède administré afin de lutter contre la maladie historique qu'est l'oubli169.

* *

*

168 MORSEL Joseph, « Ce qu'écrire veut dire au Moyen Âge. Observations préliminaires à une étude de la scripturalité médiévale », Memini. Travaux et documents de la Société des études médiévales du Québec n° 4, 2000, p. 18.

169 GEARY Patrick J., La mémoire et l'oubli à la fin du premier millénaire (traduit de l'anglais par Jean-Pierre Ricard), Paris, Flammarion, 1996.

120

Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon ou le principe de monumentalisation par l'écrit

Dans les sociétés antiques, médiévales, modernes ou contemporaines, la célébration et la commémoration d'un dieu, d'un personnage, d'un événement ou d'une date s'effectue quasi-exclusivement par la construction ou l'érection d'un monument : statues et temples antiques, édifices chrétiens, monuments aux morts, totems, etc. Tous ces monuments ont donc une caractéristique commune, à savoir celle de célébrer un passé mémoriel servant de catalyseur à une communauté toute entière. Or, qu'est le cartulaire hormis un objet consacrant la mémoire institutionnelle et patrimoniale de l'évêché de Laon ? C'est donc en ce sens que le Grand cartulaire de l'évêché de Laon s'apparente à un monument, scriptural certes mais monument tout de même170.

En effet, chaque acte constitue une pierre de l'édifice-cartulaire, ce dernier ayant nécessité plusieurs phases successives de construction pour devenir l'objet que nous connaissons aujourd'hui, chaque style d'écriture pouvant s'apparenter aux évolutions architecturale que peut connaître un édifice religieux. Et comme tout monument, le manuscrit a pour vocation à être protégé - c'est notamment le rôle de la reliure et de l'utilisation de parchemin, support robuste et pérenne - et transmis - on pense ici aux archives ayant servi à la compilation du cartulaire, bien que celui-ci nous permet aussi d'avoir connaissance d'actes aujourd'hui disparus.

Qui plus est, l'édification d'un monument est bien souvent le moment d'expression d'une puissance, qu'elle soit politique, sociale ou religieuse. Ainsi, dans les années 1150, c'est sous le l'épiscopat de Gautier de Mortagne que la cathédrale commença à être reconstruite ; l'évêque Garnier, quant à lui, engagea la transformation de la maison de l'évêque en un véritable palais épiscopal dans les années 1240 ; son successeur Itier de Mauny, enfin, dans un élan de magnanimité et de charité, véritables symbole de sa puissance, ordonna la construction de l'Hôtel-Dieu de Laon. Il n'est donc pas impossible que le premier commanditaire du cartulaire - vraisemblablement Robert de Thorote - ait souhaité participer à cette tradition en établissant un objet symbolique chargé de catalyser les acquisitions de ses prédécesseurs, comme pour signifier que l'évêché lui-même serait une construction s'étalant sur plusieurs siècles et dont la pierre angulaire serait le cartulaire. Dès lors, il semble qu'il soit possible de parler ici « d'incodication » de l'évêché de Laon à travers le cartulaire, comme tend à l'affirmer Laurent Morelle171, c'est-à-dire une incorporation livresque de l'institution ainsi que de

170 CHASTANG Pierre, « Cartulaires, cartularisation et scripturalité médiévale : la structuration d'un nouveau champ de recherche », Cahiers de civilisation médiévale, n° 49, 2006, p. 24 : dans cet article, Pierre Chastang qualifie d'ailleurs l'objet cartulaire de « document-monument ».

171 MORELLE Laurent, « Comment inspirer confiance ? Quelques remarques sur l'autorité des cartulaires » in Julio Escalona et Hélène Sirantoine (éd.), Chartes et cartulaires comme instruments de pouvoir.

121

la conscience de soi. Le cartulaire se transforme alors en un lieu d'expression du pouvoir, à la fois manifestation d'une puissance et affichage de revendications.

De ce fait, on s'aperçoit à quel point le recours à l'écrit est empreint d'une symbolique qui dépasse la simple transcription d'actes. Telle la lumière qui se diffracte à la rencontre d'un obstacle, le cartulaire agit tel un prisme faisant rayonner les informations qu'il contient. C'est donc en ce sens qu'il est possible de parler de « magie » de l'écrit, conçu comme un support de diffusion, au sens premier du terme.

La cartularisation : réflexion sur la valeur de l'écrit

Nous venons de le voir, l'écrit est un dispositif mis au service d'une idéologie, revendiquée ou non. C'est d'ailleurs cette finalité qui transforme l'écrit en un instrument de pouvoir pour celui qui le maîtrise et l'utilise. En effet, le commanditaire accorde une valeur certaine à l'écrit, qui est sensé s'accorder à la valeur de son support - au-delà de sa valeur marchande, le parchemin a aussi une valeur symbolique du fait de son coût et de sa relative rareté -, une telle combinaison ayant finalement pour but de valoriser l'information qu'ils recueillent et relatent, une donation mise par écrit ayant par exemple plus de poids juridique qu'une donation purement orale. La valeur d'une action se voit donc quelque peu conditionnée par la valeur d'un support couplée à celle de l'écrit, chargé d'accorder du crédit à l'information. C'est ainsi que le recours à l'écrit permet à une information d'acquérir un nouveau statut, basé notamment sur sa valeur probante.

De l'oral à l'écrit172

Comme le souligne Jack Goody, la communication orale impose des limites à l'organisation de l'administration politique, ce qui explique le rôle décisif qu'a pu jouer l'écriture dans le développement des Etats bureaucratiques173, l'écriture donnant à la parole une forme permanente et faisant passer les mots de simples signaux auditifs à des objets durables174. Dès lors, la mise par écrit correspond à une consolidation, un

Espagne et Occident chrétien (VIIIe-XIIe siècles), Toulouse: Méridiennes-CSIC, 2013, p. 169-179.

172 Ce titre fait explicitement référence à l'ouvrage de Jack GOODY Entre l'oralité et l'écriture, Paris, PUF, 1994.

173 GOODY Jack, La logique de l'écriture : aux origines des sociétés humaines, Paris, Armand Colin, 1986, p.97.

174 Id., La raison graphique : la domestication de la pensée sauvage (traduit de l'anglais par Jean Bazin et Alban Bensa), Paris, les éditions de Minuit, 1978, p. 143.

122

renforcement de l'accord verbal, l'écriture se transformant alors en acte de communication symbolique corollaire à la mémoire175. En outre, le document écrit servait de preuve et de garantie à la légitimité d'un accord, en même temps qu'il accroissait la capacité de stockage de la mémoire, permettant alors de suivre et d'effectuer un plus grand nombre de transactions ou de rendre compte d'un plus grand nombre de décisions au même moment. C'est pourquoi, loin d'être des notions antinomiques, l'oral et l'écrit apparaissent davantage comme des notions complémentaires.

En effet, par la copie d'actes, le cartulaire impose un rapport mémoriel de l'oral à l'écrit, ce dernier faisant état d'un accord oral effectué antérieurement. De plus, tout acte a vocation à être lu et entendu, comme en témoigne la formule consacrée « à tous ceux qui ces présentes lettres verront et orront », ce qui semble bien démontrer la caducité de la théorie du « Grand partage » entre oralité et écriture176. Ainsi, on s'aperçoit que l'écrit est un outil technique apparaissant aussi bien en amont du discours oral - sa diffusion - qu'en aval - sa transcription. La cartularisation est donc bien un vecteur de transmission de savoirs dans le cadre d'une idéologie toute rationnelle, envisageant le recours à l'écrit comme condition de fixation d'informations. C'est pourquoi il serait erroné de concevoir l'écrit comme facteur unique de développement d'une société. De toute évidence, l'écrit ne fait pas la société, il en rend compte.

Qui plus est, cette maxime est d'autant plus vérifiable si l'on considère l'écrit dans son caractère purement artificiel, c'est-à-dire issue d'une technique. Effectivement, l'écrit correspond à un agencement d'informations n'ayant pas nécessairement vocation à cohabiter et permet la cristallisation matérielle d'éléments disjoints dans le temps et l'espace.

175 BERTRAND Paul, « À propos de la révolution de l'écrit (Xe-XIIIe siècle). Considérations inactuelles », Médiévales, n°56, 2009, p. 75-92 ; MORSEL Joseph, art. cit..

176 Concept anthropologique selon lequel il existerait une dichotomie entre et au sein des sociétés humaines, clivées selon un état premier et un état second. Ici, l'état premier serait l'oralité, l'état second l'écrit, celui-ci étant conçu comme une technologie faisant entrer l'humanité dans la civilisation.

123

124

La cristallisation d'une discontinuité spatio-temporelle

Si l'on devait restreindre le recours à l'écrit en deux principales fonctions, elles se répartiraient comme tel177 :

1° Stockage de l'information permettant de communiquer à travers le temps et l'espace et fournissant à l'homme un procédé de marquage, de mémorisation et d'enregistrement plus fiable ;

2° Passage du domaine auditif au domaine visuel rendant possible d'examiner autrement, de réarranger, de rectifier des phrases et des mots isolés.

Dès lors, le cartulaire devient un objet de stockage externe de la mémoire offrant une nouvelle potentialité à la communication humaine, qui s'affranchit des contraintes spatio-temporelles dont peuvent faire l'objet les différents actes pris séparément, l'écriture, par le biais de la compilation, se chargeant d'extérioriser, de cristalliser voire d'accentuer cette discontinuité en lui conférant une dimension spatiale et visuelle - dont le cartulaire est le support - permettant alors de la soumettre à d'éventuels réarrangements. Or, ce déploiement spatio-temporel que permet le cartulaire demeure le symbole de l'influence épiscopale sur la société laonnoise dans la période et sur le territoire référencés.

Tout d'abord, en compilant des actes s'étalant de 1125 à 1320, avec une classification souvent diachronique des actes entre eux178, le lecteur se voit obligé d'effectuer une démarche intellectuelle lui permettant de jongler entre les périodes mentionnées, créant ainsi une représentation temporelle, bien que fictive, du cadre dans lequel sont insérées les informations. C'est pourquoi il est possible d'affirmer que le cartulaire cristallise une discontinuité temporelle, car bien qu'il faille souvent exercer un va-et-vient mental, celui-ci se verra toujours borné par les limites chronologiques imposé par les actes retranscrits.

De plus, le cartulaire impose un certain rapport à l'espace, espace dont les évêques de Laon se voient confier l'administration. Ainsi, on observe que les zones les plus fréquemment mentionnées ne sont pas la Cité ou la ville-même de Laon, mais plutôt les domaines environnants, dont la gestion et l'administration nécessitent un recours à l'écrit plus systématique du fait de leur éloignement. Le cartulaire amène donc à concevoir l'espace de manière souvent duale, avec un rapport centre/périphérie relativement

177 GOODY Jack, op. cit., p. 145 ; Id., La logique de l'écriture..., p. 72-74.

178 Si l'on accole par exemple les années des 10 premiers actes, on obtiendrait ceci : 1190 ; 1174 ; 1128 ; 1282 ; 1283 ; 1239 ; 1180 ; 1196 ; 1280 ; 1280. Cet échantillon n'est pas révélateur de l'ensemble du cartulaire, mais il illustre la diachronie de certains passages.

marqué : le centre en tant qu'espace de pouvoir, la périphérie en tant qu'espace à administrer. De ce fait, il nous a semblé intéressant de nous interroger sur la représentation de l'espace que propose le cartulaire, c'est-à-dire le fait de savoir comment la notion de territoire est envisagée à travers le seul prisme du manuscrit, et comment les commanditaires se représentaient l'espace au sein duquel ils vivaient179.

Un panorama de près de deux siècles sur la représentation de l'espace au sein de l'évêché de Laon

Appréhender l'espace à travers le prisme de l'écrit n'est pas une approche nouvelle. En effet, en 2009 déjà, Sébastien Barret aborda cette thématique au sujet de l'espace clunisien en ces termes : « D'un point de vue structurel, les archives ont joué un rôle intéressant au sein de l'institution clunisienne, lui permettant avec d'autres éléments de se créer un temps et un espace propres - principalement au niveau des représentations, s'entend. Ce faisant, elles y ont gagné un rôle dépassant celui de simple rouage technique de l'ensemble clunisien envisagé en tant qu'organisation matérielle ; elles ont aussi été l'un des éléments opérants de la mise en oeuvre des mécanismes institutionnels qui permettaient à l'ensemble de se stabiliser et de se définir par rapport au monde environnant180. » Cette citation, concise et tout à fait éclairante, montre bien à quel point l'écrit, au-delà de sa dimension technique, demeure un formidable outil de représentation mentale de l'environnement contextuel au sein duquel il est intégré. Dès lors, l'écriture se doit d'être conçue comme un instrument de pouvoir diffusant son influence sur un territoire soumis à ce pouvoir et cette autorité.

179 MAZEL Florian (dir.) L'espace du diocèse : genèse d'un territoire dans l'Occident médiéval (Ve -XVIIIe siècle), Rennes, PUR (Histoire), 2008 : pour approfondir cette problématique, se référer à l'introduction de l'ouvrage proposée par Florian Mazel, qui résume la teneur générale du livre et tente de synthétiser les différentes approches possible de ces notions.

180 BARRET Sébastien, « La mémoire et l'écrit : l'abbaye de Cluny et ses archives (Xe-XVIIIe siècle) », Bulletin du centre d'études médiévales d'Auxerre | BUCEMA [En ligne], 13, 2009.

125

Pouvoir et territoire : l'affirmation spatio-temporelle de l'autorité épiscopale

L'acquisition de biens et de droits, instruments de pouvoir, s'accompagne nécessairement d'un investissement de l'espace, selon le modèle du contado italien. Or, tout pouvoir à tendance à étendre la zone de son exercice, dans un dessein hégémonique rarement satisfait. Quoi qu'il en soit, de telles acquisitions, du fait notamment de leur changement de statut, font plus souvent l'objet de conflits d'intérêts et donc mise par écrit. C'est en tout cas ce qui se produit pour l'abbaye Saint-Yved de Braine au regard de la compilation d'un cartulaire qui débuta à partir de 1210181 : en effet, les actes de ce dernier furent compilés de manière typographique selon le critère d'un éloignement progressif de la maison-mère. Plus les biens étaient proches, et moins ils firent l'objet d'actes, la politique patrimoniale se révélant moins offensive près de l'abbaye que plus loin. Ceci s'explique notamment par le fait d'une dilatation du patrimoine après l'adjonction de pôles lointains.

Concernant le Grand cartulaire de l'évêché de Laon, bien que le choix d'un tel ordonnancement - typographique - n'ait pas été retenu, il n'en reste pas moins que la défense de biens nouvellement acquis s'inscrit en filigrane au sein du manuscrit. Ce dernier apparaît donc comme un instrument permettant de gérer et de défendre un maillage territorial issu de politiques successives d'acquisitions de la part de différents évêques de Laon, comme le révèle le graphique ci-dessous :

181 GUYOTJEANNIN Olivier, Le chartrier de l'abbaye prémontrée de Saint-Yved de Braine (dir.), édité par les élèves de l'École nationale des chartes, Paris, 2000, p. 23-24.

Guillaume de
Châtillon (1279-1285

3%

Guillaume de
Moustier (1261-1270)

23%

Robert de Thorote

(1286-1297)

20%

Répartition des actes référençant des acquisitions foncières par épiscopat

Barthélémy de Jur (1113-1151) Anselme de Mauny (1215-1238)

Garnier (1238-1249) Itier de Mauny (1249-1261)

Guillaume de Moustier (1261-1270) Guillaume de Châtillon (1279-1285) Robert de Thorote (1286-1297)

Itier de Mauny (1249-

1261)

10%

Barthélémy de Jur

(1113-1151)

2%

Anselme de Mauny

(1215-1238)

30%

Garnier (1238-1249)

12%

126

Figure 14 : Répartition des actes référençant des acquisitions foncières par épiscopat

Ainsi, ce graphique démontre bien le caractère agrégatif du patrimoine foncier de l'évêché de Laon qui, l'unique acte de Barthélémy de Jur mis à part, s'étale sur six épiscopats quasi-consécutivement - le siège épiscopal est resté vacant de 1273 à 1279 -, dont cinq représentent 95% des actes référencés. De ce fait, on remarque que l'emprise territoriale des évêques de Laon correspond à processus qui s'étend essentiellement de 1215 à 1297, ce qui conforte la thèse assimilant le cartulaire à la pierre angulaire d'une politique patrimoniale agrégative.

127

Toutefois, l'évêché de Laon étant composé d'un noyau urbain - la Cité - et d'un plat-pays182 fournissant la base territoriale et seigneuriale de l'évêque, on comprend pourquoi la défense de ce dernier fut une des conditions ayant entraîné la confection du cartulaire, l'augmentation des conflits de juridiction entraînant une recrudescence d'enquêtes, d'arbitrages et de sentences, souvent consignés par écrit183. Mais, surtout, ceci révèle la nature profondément sociale de l'espace, perçu en tant que lieu où s'expriment des rapports sociaux184.

En effet, au regard de la territorialisation de plus en plus prononcée des institutions ecclésiales, la multiplication des conflits eut pour principal effet de leur faire prendre conscience des enjeux que représente l'emprise territoriale dans une période de concurrence et de fragmentation des pouvoirs185. Or, tout territoire étant davantage une aire de domination qu'un espace borné186, il s'agissait alors pour les évêques de Laon de délimiter cette aire relevant du ressort exclusif de la souveraineté épiscopale. Dès lors, il est possible de voir dans le cartulaire un vecteur de « représentations spatiales », c'est-à-dire un imaginaire spatial au sein de représentations collectives187, l'aire d'influence épiscopale étant le résultat d'une imbrication d'espaces revendiqués par les évêques de Laon et les pouvoirs concurrents (communes, seigneurs locaux). La cartularisation apparaît donc comme un moyen de fixer et de projeter l'ancrage territorial du pouvoir épiscopal.

182 MORSEL Joseph « Appropriation communautaire du territoire, ou appropriation territoriale de la communauté ? » Observations en guise de conclusion, Hypothèses, 2005/1 p. 89-104 : à la page 97 de son article, Joseph Morsel affirme que l'appropriation symbolique d'un espace se voit souvent combinée à l'érection d'un monument ou d'un bâtiment. Cette remarque se vérifie pour l'évêché de Laon, dont la cathédrale et le palais épiscopal symbolisent l'ancrage spatial de l'évêque de Laon au coeur même de la Cité, mais aussi à travers les nombreuses références faites au granges épiscopales - Pouilly et Versigny notamment - ainsi qu'aux divers moulins dépendant de la mouvance épiscopale. Ces monuments et bâtiments représentent donc bel et bien la matérialisation de l'ancrage épiscopal sur un territoire donné.

183 LAUWERS Michel, « Territorium non facere diocesim... Conflits, limites et représentation territorial du diocèse (Ve-XIIIe siècle) », in L'espace du diocèse, p. 43.

184 MORSEL Joseph, art. cit., p. 91.

185 MAZEL Florian (dir.), « Introduction », in L'espace du diocèse..., p. 19.

186 LAUWERS Michel, « Territorium non facere diocesim... », Ibid., p. 38.

187 MORSEL Joseph, art. cit..

128

Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon : une cartographie scripturale de l'aire d'influence épiscopale ou le principe d'inscripturamento

Nous venons de le voir, la compilation d'actes formant le cartulaire permet une objectivisation ainsi qu'une matérialisation de l'espace, celui-ci se démarquant par un processus intellectuel issu du référencement de lieux qui relèvent de la souveraineté épiscopale. De fait, la cartularisation s'apparenterait à une véritable « écriture de l'espace social188 », délimitant ainsi une véritable circonscription épiscopale, en ce sens qu'il s'agit d'un espace borné par l'écrit189. C'est pourquoi il nous semble pertinent d'user du néologisme d'inscripturamento pour qualifier cette délimitation spatiale par le biais de l'écrit190. En effet, les mentions spatiales présentes dans le cartulaire nous permettent, et ont pu permettre aux personnes l'ayant consulté auparavant, bien que dans une moindre mesure, de visualiser une cartographie scripturale de l'aire d'influence épiscopale, tant dans son aspect temporel - les variables « Lieu » de notre base de données nous permettent de délimiter cette zone - que spirituel - notamment la consécration de chapelles au sein du diocèse. Ainsi, le recueillement de toutes ces informations nous a permis de matérialiser cette cartographie scripturale au travers d'une carte :

188 Écritures de l'espace social. Mélanges d'histoire médiévale offerts à Monique Bourin, BOISSEUIL Didier, CHASTANG Pierre, FELLER Laurent, MORSEL Joseph, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010. Dans cet ouvrage collectif, des pages 613 à 628, Florian Mazel propose un article intitulé « Encore les "mauvaises coutumes"... Considérations sur l'Église et la seigneurie à partir de quelques actes des cartulaires de Saint-Victor de Marseille ».

189 http://www.cnrtl.fr/etymologie/circonscription : « Emprunté au latin classique circumscriptio « cercle tracé; espace limité, borne », dérivé de circumscribere (circonscrire*) ». L'étymologie de ce terme montre donc bel et bien le bienfondé de l'utilisation de l'expression « circonscription épiscopale » concernant l'étude des cartulaires ou de tout autre document écrit faisant référence à zone spatiale délimitée. Par exemple, l'acte n°3 du cartulaire, transcription de l'Institution de Paix accordé en 1128 à la commune de Laon par Louis VI, définit l'espace placé sous le ressort de la ville : « In nomine sancte et individue trinitatis, amen. Ludovicus dei gratia Francorum rex, notum fieri volumus cunctis fidelibus tem futuris quam presentibus institutionem pacis quam assenssu et consilio proc[erum] nostrorum et Laudunensis civium Lauduni. Hanc scilicet quod ab Ardone usque ad Brosium ita ut villa Luilliaci infra hos terminos continuatur quantum ambitus vinearum et murorum montis tenet » ("Au nom de la sainte et indivisible Trinité, amen. Nous, Louis, par la grâce de Dieu roi des Francs, nous voulons qu'il soit connu de tous nos fidèles, tant présents qu'à venir, que nous avons établi cette institution de paix avec l'accord et sur le conseil de nos nobles et des habitants de Laon, pour Laon. C'est à savoir ce qui va de l'Ardon jusqu'au bois du Breuil de telle sorte que le village de Loeuilly soit contenu à l'intérieur de ces limites avec toutes les vignes et la colline que renferme son territoire.").

190 Contrairement aux concepts d'incastellamento définit par Pierre Toubert, d'encellulement proposé par Robert Fossier, ou d'inecclesiamento prôné par Michel Lauwers, cette ramification notionnelle que je propose ici s'inscrit davantage dans le domaine du symbolique.

129

Figure 15 : Carte de de l'aire d'influence épiscopale sous le prisme du Grand
cartulaire de l'évêché de Laon

 

Siège épiscopal

Principales villes environnantes (toutes sièges épiscopaux, excepté Saint-Quentin, ancienne capitale du comté de Vermandois, rattaché au domaine royal au début du XIIIe siècle)

Places fortes des seigneurs de Coucy (Coucy, La Fère, Marle, Vervins) Lieux faisant l'objet d'opérations d'ordre temporel et seigneurial Domaines où l'évêque de Laon est reconnu en tant que suzerain Lieux faisant l'objet d'une consécration de chapelle de la part de l'évêque Aire d'influence temporelle des évêques de Laon : limites de l'évêché-comté Aire d'influence spirituelle des évêques de Laon : limites diocésaines

 
 

130

Dès lors, on s'aperçoit de la logique spatiale qu'impose le cartulaire, malgré l'absence d'un ordonnancement typographique des actes. Toutefois, il semble important de ne pas négliger le fait que cette dimension territoriale s'insère dans un réseau d'interactions sociales, où l'identité épiscopale, par le biais de l'affirmation d'une zone de souveraineté, tend à se définir par rapport à d'autres pouvoirs concurrents. En outre, au-delà de la délimitation scripturaire d'une telle zone d'influence, le cartulaire apparait davantage comme un moyen de légitimer cette influence et cette autorité territoriales.

De ce fait, nous nous attèlerons dans ce troisième et ultime chapitre à dépasser la traditionnelle dichotomie entre gestion et mémoire que propose l'historiographie en observant le cartulaire comme un outil de légitimation du ministère épiscopal, c'est-à-dire un moyen de justifier et de défendre les prérogatives dont les évêques de Laon ont été parés, dans un environnement qui tend de plus en plus à les remettre en cause. Dans cette perspective, le recours à l'écrit devient un instrument de mise en scène permettant de recentrer l'histoire autour des évêques de Laon, place centrale qu'ils ont eu tendance à perdre tout au long des XIIe et XIIIe siècles avec l'émergence et l'affirmation de nouveaux acteurs.

131

Chapitre III

Le cartulaire : un instrument de légitimation du ministère

épiscopal

Concevoir le cartulaire comme un instrument de légitimation centripète centré sur la gestion interne d'un territoire ou l'affirmation d'une mémoire et d'une identité épiscopales est essentiel. Mais percevoir le manuscrit par son efficience sociale au sein d'un réseau donné l'est encore plus. En effet, les cartulaires sont généralement conçus lorsque l'institution concernée se sent menacée, c'est-à-dire quand les autres acteurs sociaux tendent à remettre en question son autorité et son influence. C'est notamment ce qui explique la multiplication des conflits d'ordre politique à partir du XIIe siècle, avec pour principale doctrine, pour l'Eglise, qu'idéalement le règne de Dieu devait s'accomplir sur Terre et que le clergé se devait d'administrer son domaine191.

C'est donc en ce sens qu'il possible d'étudier le cartulaire en tant que moyen de légitimation du ministère épiscopal. L'artificialité du manuscrit, du fait notamment du caractère subjectif de la compilation, permet donc d'apporter de la profondeur à l'autorité épiscopale, faisant des différents évêques de Laon les acteurs principaux d'une société laonnoise qui serait tributaire de leur domination d'origine divine. Car, effectivement, l'immense majorité des actes retranscrits sont au bénéfice des évêques, les rares où un évêque effectue une concession étant accompagnés de contreparties192, ce qui tend quelque peu à neutraliser le rapport de force. Dès lors, le cartulaire se voit marqué par un « épiscopalocentrisme » censé réévaluer le rôle des évêques de Laon et les replacer sur le devant de la scène193.

* *

*

191 GOODY Jack, La logique de l'écriture : aux origines des sociétés humaines, Paris, Armand Colin, 1986, p. 31.

192 AD Aisne, G 2, n° 18, 1266 : dans cet acte, Jean de Bruyères, maire de Laon, et les jurés de la ville, reconnaissent que l'évêque leur a abandonné moyennant une somme de 1000 livres tournois les droits forains qu'ils réclamaient sur les poireaux, choux, oignons et noix. Ainsi, pour l'évêque, la perte de droits s'accompagne alors du gain d'une somme non négligeable amortissant largement cet abandon.

193 Le vocabulaire théâtral acquiert dans ce chapitre une importance capitale, notamment dans une perspective toute goffmanienne de la société. En effet, pour Erving Goffman, toute société n'est qu'un vaste théâtre où les individus jouent un rôle défini notamment par leur position social (GOFFMAN Erving, La mise en scène de la vie quotidienne, t. 1 « La présentation de soi », Paris, Editions de Minuit, 1973 ; Les rites d'interaction, Paris, Editions de Minuit, 1974).

132

Un instrument performatif dans un processus de coopétition politique

Nous l'avons observé dans le chapitre précédent, le cartulaire s'inscrit dans le cadre d'une société conflictuelle, renvoyant alors à une vision instrumentale, sinon fonctionnaliste, de l'écriture, conçue comme une technologie qui accroitrait le rendement politique et permettrait une résolution plus efficace des conflits194. Néanmoins, tous les actes compilés ne font pas nécessairement référence à des conflits, mais plutôt à des accords conclus entre des individus ou une institution, et l'évêque, en notant toutefois le bénéficiaire principal reste ce dernier : par exemple, cette reconnaissance faite par Pierre, comte d'Alençon et de Blois, sire d'Avesne, et Jeanne, sa femme, à l'évêque de Laon que l'hommage qu'ils ont rendus à l'évêque de Paris ne pourra porter préjudice à l'évêque ni à ses successeurs195 ; ou encore cette autorisation accordée par l'évêque à l'abbaye Saint-Yved de Braine de laisser leur cheptel paître sur son domaine de Chevregny196. Ces deux exemples montrent donc bien que tout rapport social n'est pas nécessairement conflictuel, mais participe aussi d'une forme de coopération. Or c'est cette interaction permanente entre compétition et coopération qui a fait naître le concept de « coopétition », c'est-à-dire un principe de coopération parallèle à un autre de compétition. Deux seigneurs ont par exemple intérêt à coopérer afin de contrôler au mieux un certain espace, mais dès que l'un des deux empiètera sur les prérogatives de l'autre, cette coopération éclatera en morceaux pour se transformer en une situation compétitionnante latente.

Il semble donc nécessaire d'analyser le cartulaire dans le cadre d'un pluralisme juridique, c'est-à-dire qu'il n'y aurait pas qu'un unique corpus de normes et de règles, mais qu'à l'inverse, tout agencement se ferait selon des rapports de collaboration, de coexistence simple ou de compétition. Les représentations insisteraient alors sur la complémentarité et la réciprocité des groupes sociaux, la société n'étant qu'un assemblage de groupes différents, devant tendre à cette complémentarité. La rédaction d'un cartulaire est donc significative de cette non-uniformité du droit face à une volonté de maintenir les particularismes des différents groupes sociaux.

De plus, le XIIe siècle étant marqué par la redécouverte du droit écrit par l'Église, par le biais de la réforme grégorienne, le Grand cartulaire de l'évêché de Laon, réalisé pour l'essentiel au XIIIe siècle, s'inscrit dans la droite ligne de ce mouvement, l'évêque, en faisant le choix de compiler et de transcrire des chartes, affirmant de ce fait son autorité sur le territoire où les contenus s'appliquent. C'est ainsi que le cartulaire, nous venons de

194 MORSEL Joseph, « Ce qu'écrire veut dire au Moyen Âge. Observations préliminaires à une étude de la scripturalité médiévale », Memini. Travaux et documents de la Société des études médiévales du Québec n° 4, 2000, p. 8.

195 AD Aisne, G 2, n° 109, 1287.

196 AD Aisne, G 2, n° 84, 1250.

133

le voir plus en avant, participe à une affirmation territoriale de l'évêché et vient renforcer l'autorité de l'évêque. Ainsi, lorsque ce dernier se sent injurié, c'est-à-dire que des actions sont commises « contre son droit », comme c'est par exemple le cas lors de délits, de rapts, ou d'emprisonnements intempestifs, il répond sous forme violente ou engage un procès entraînant réparation, souvent pécuniaire - une amende -, le fautif devant s'en acquitter, ce qui permet de donner une valeur au jugement et ainsi de payer par d'autres moyens (vin, chapons, blé, avoine, droits divers...). De ce fait, lorsque les deux parties acceptent le prix, la charte est produite pour publiciser et officialiser le règlement. Or, il est tout à fait probable certaines cessions patrimoniales, dont nous ne connaissons pas nécessairement les conditions de réalisation, peuvent avoir été effectuées dans le cadre de tels règlement de conflits197. Quoi qu'il en soit, il apparaît alors que le but du conflit, et donc de la mise par écrit de son issue, est soit de voir reconnaître son droit, soit de renégocier des liens anciens dans un nouveau rapport de force, souvent l'occasion d'instrumentaliser des normes, de les redéfinir et de les hiérarchiser. Mais, la plupart du temps, et dans une perspective grégorienne, le Grand cartulaire de l'évêché de Laon cherche moins à renégocier des liens qu'à les rompre à son profit.

Toutefois, les stratégies diffèrent selon les espaces et les acteurs en question. Par exemple, l'attitude adoptée par les évêques ne sera pas la même si le rapport de force s'exprime au coeur même du territoire épiscopal ou s'il s'agit d'espaces périphériques. De même, les méthodes employées divergeront s'il s'agit d'individus ou d'institutions concurrentes ou subordonnés à l'autorité épiscopale. C'est pourquoi il est possible de distinguer dans le cartulaire un triptyque d'acteurs répondant à ce principe de coopétition : les communes implantées dans le Laonnois - présentes au sein du territoire épiscopal et dont l'existence se fonde essentiellement sur une indépendance vis-à-vis des évêques - ; les ministériaux de l'évêque - présents eux aussi, par nature, dans l'espace de domination des évêques mais subordonnés à leur autorité - ; et enfin les différents seigneurs alentours - implantés en périphérie de l'évêché et concurrents du pouvoir épiscopal.

197 AD Aisne, G 2, n° 42, 1222 : dans cet acte, Gérard de Clacy, vidame, se rédime de l'évêque Anselme de Mauny en lui cédant une rente de 5 muids de blé mesure de Laon, moyennant la somme de 60 livres provins.

134

L'évêque et les communes du paysage laonnois

Bien que la commune de Laon occupe une place centrale dans le cartulaire, les autres communes implantées au sein de l'évêché ne sont pas en reste. Cependant, leurs relations avec l'autorité épiscopale diffèrent quelque peu.

L'évêque et la commune de Laon

En effet, concernant la commune de Laon, l'acte liminaire du cartulaire semble donner le ton - il s'agit de la charte de Philippe Auguste décidant de casser la commune, analysée plus haut dans le développement. Ladite commune ayant acquis une Institution de Paix en 1128, c'est-à-dire une zone affranchie de la tutelle épiscopale, sa principale vocation au fil des années fut donc de garantir cette Paix au dépend du pouvoir des évêques de Laon. Or, cette zone délimitée se trouvant au coeur l'espace souverain des évêques, à savoir la ville de Laon, siège épiscopal de son état, elle devint rapidement un enjeu entraînant des conflits de cospatialité. De ce fait, l'institution épiscopale, à défaut d'obtenir la suppression définitive de la commune de Laon198, se chargea surtout de restreindre les prérogatives et l'autorité communales : ainsi, en 1239, Henri, archevêque de Reims, établît une sentence arbitrale réglant le mode de serment que les maires et jurés de la ville doivent effectuer devant l'évêque199, établissant ainsi un rapport hiérarchique entre l'évêque et la commune et faisant alors pencher le rapport de force en faveur de l'évêque ; de même, cet affaiblissement de la commune de la part de l'autorité épiscopale s'aperçoit lors des sentences prononcées après un conflit entre les deux institutions, comme en 1282, où Philippe III décide de condamner la commune après que les maire et jurés de la ville aient coupé l'oreille d'un voleur pris dans la censive de l'évêque, renforçant ainsi la légitimité et l'autorité de ce dernier au détriment de la commune200.

Néanmoins, selon le principe de coopétition, il arrive que les protagonistes fassent des concessions l'un envers l'autre, souvent pour clarifier une situation conflictuelle. C'est par exemple le cas concernant des reconnaissances mutuelles de droits, chargées de délimiter des droits dépendants du ressort exclusif de chacun, comme en témoigne une sentence arbitrale datée de 1283 établissant l'inaliénabilité des droits de rouage et de tonlieu de l'évêque et de la commune dans leur justice respective201. Dès lors, on s'aperçoit bel et bien du fonctionnement coopétitif des relations entre l'évêque et la

198 On dénombre 3 suppressions de la commune de Laon, toutes temporaires : 1190, 1295 et 1320. Celle-ci ne sera définitivement abolie qu'en 1331.

199 AD Aisne, G 2, n° 6, 1239.

200 AD Aisne, G 2, n° 4, 1282.

201 AD Aisne, G 2, n° 5, 1283.

135

commune de Laon, adversaires naturels mais destinés à cohabiter dans un espace commun.

L'évêque et les communes alentours

Quoi qu'il en soit, ce rapport de force reste singulier au regard des relations qu'entretiennent les évêques de Laon avec les autres communes alentours, moins influentes et plus éloignées du centre d'exercice du pouvoir. En effet, sont présentes trois autres confirmations communales au sein du cartulaire : la première concerne la commune de Bruyères, dont les habitants se voient dans l'obligation de verser une rente de 20 livres de bonne monnaie partagée entre le roi, l'évêque de Laon et Clarembaud du Bourg, ainsi que leurs successeurs et descendance202 ; la seconde confirme la commune de Crandelain203 ; la troisième et dernière est celle d'Anizy, où chaque ménage est corvéable et doit à l'évêque, outre taille et autres rentes, une redevance de 3 jalois d'avoine, de 3 chapons et d'un denier de bonne monnaie204. Ainsi, on s'aperçoit que pour deux des trois communes, la confirmation communale s'accompagne de redevances, condition sine qua non de leur maintien, contrepartie les soumettant symboliquement à l'autorité épiscopale. La troisième institution communale, bien que n'ayant pas a priori de redevance à payer - aucune information à ce sujet n'est mentionnée -, n'en reste pas moins soumise à la domination du pouvoir central du fait de l'importance relativement faible des villages concernés205.

Toutefois, il est intéressant de noter qu'Alain Saint-Denis place ces confirmations communales dans un contexte « d'ébullition » sociale206, ces chartes étant créées dans le seul but de pacifier un territoire où l'autorité épiscopale se verrait contestée. Or, ces actes ne font aucunement mention de tels bouleversements. C'est donc en ce sens que l'on perçoit la performativité du cartulaire, qui instaure une vision biaisée des choses et produit sa propre réalité, en relativisant le contexte dans lequel les chartes ont été produites et en rehaussant la figure épiscopale. Mais ce recentrage ne s'observe pas seulement au regard des relations liant l'évêque aux communes du Laonnois épiscopal, il s'opère aussi autour

202 AD Aisne, G 2, n° 7, 1180 : l'institution communale regroupe les villages de Bruyères, Chérêt, Vorges et Valebon, ancienne dépendance de Vorges aujourd'hui détruite. Elle est complétée par l'acte n° 68, qui stipule que ladite rente de 20 livres est à partager entre les trois protagonistes.

203 AD Aisne, G 2, n° 8, 1196 : l'institution communale regroupe les villages de Crandelain, Trucy, Courtecon, Malval, Colligis et Lierval.

204 AD Aisne, G 2, n° 193, 1279.

205 A titre de comparaison, le dernier recensement, datant de 2011, dénombra un total cumulé de 477 habitants pour l'ensemble des six villages mentionnés.

206 SAINT-DENIS Alain, Apogée d'une cité : Laon et le Laonnois (XIIe-XIIIe siècles), Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1994, p. 378.

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de ses ministériaux, notamment le vidame et le prévôt du Laonnois.

L'évêque et ses ministériaux

C'est au cours du Xe siècle que les évêques de Laon se sont vus imposer les vidame et prévôt du Laonnois par le pouvoir royal207. C'est pourquoi, au fil des siècles, les détenteurs de la cure épiscopale n'ont cessé de manoeuvrer pour déboulonner leurs ministériaux et dévitaliser leur pouvoir et leur influence. Leur premier fait d'arme fut l'unification à l'évêché, par Louis VI, des offices onéreux de vidame et de prévôt du Laonnois sous la condition expresse qu'ils ne seront jamais aliénés208, les plaçant ainsi sous l'autorité directe des évêques de Laon. Ainsi, si l'on observe les moyens mis en oeuvre à la concrétisation de cette politique, on remarque que celle-ci s'opère selon deux principes concomitants : la décrédibilisation politique et sociale accompagnée d'un dépouillement foncier, soit les fondements de leur pouvoir.

L'évêque et les vidames du Laonnois

Concernant la vidamie du Laonnois, si son unification à l'évêché remonte à 1125, l'évêque Barthélémy n'hésitant pas, à la mort du roi, à conférer la charge à un seigneur local, Gérard de Clacy209, il faut attendre près d'un siècle pour que cette dévitalisation soit effective, comme en témoigne le tableau ci-dessous :

207 Ibid., p. 77.

208 AD Aisne, G 2, n° 29, 1125.

209 Histoire de la maison de Châtillon-sur-Marne, DUCHESNE André et PICART Jean, 1621, p. 587-588.

137

Acte

Date

Emetteur

Contenu

25

1218 (juin)

Gobert de Clacy, vidame

Vend ce qu'il possède comme vidame à Anizy, Septvaux, Pouilly et Versigny moyennant 600 livres provins

 
 

1218

Philippe Auguste

Ratifie la vente définitive des domaines d'Anizy, Pouilly, Septvaux et Versigny faite par Gobert, vidame & seigneur de Clacy, à l'évêque Anselme

 
 

1125

Louis VI

Unit à l'évêché de Laon les offices onéreux de vidame et de prévôt du Laonnois sous la condition expresse qu'ils ne seront jamais aliénés

 
 

1219 (avril)

Gobert de Clacy

Inquiété par l'évêque, avoue qu'il n'a ni command ni droit sur les commands dans les domaines épiscopaux. En outre il est émendé devant ses pairs

 
 

idem

idem

Gobert atteste que l'évêque a ajourné à Noël sa décision pour déclarer le droit qu'il aurait dans garenne du Laonnois

 
 

1218 (juillet)

idem

Cession d'usufruit faite par Gobert, vidame du Laonnois et seigneur de Clacy, à Anselme, évêque de Laon, moyennant une rente annuelle de 25 livres parisis payable au Noël dans la maison épiscopale, des revenus de sa vidamie, sous la réserve de ses sergents et de son prévôt communs entre lui et ledit évêque, de la garde des prisons et de ses redevances, et notamment de ses droits de justice et d'amende de 22 sous et demi.

 
 

idem

idem

Doit garder les prisonniers à l'aide de 4 sergents qui n'auront aucune action en dehors de la vidamie

 
 

1214

idem

Transige avec l'évêque au sujet des droits de vidamie du Laonnois pour la durée de l'épiscopat dudit évêque Robert

 
 

1219 (avril)

A., doyen ;

Helluin, archidiacre ; R., chantre église de Laon

? pairs de Gobert

Reconnaissance de la charte 25, conforme à l'aveu dudit Gobert

74

 
 

1219

(décembre)

Gobert de Clacy

Reconnaît qu'il ne peut changer son prévôt et ses 4 sergents de la vidamie sans permission de l'évêque

163

 
 

1221

Gérard de Clacy,

vidame

Approbation de la vente faite par Gobert, vidame, leur frère, à Anselme de ce qu'il possédait comme vidame à Anizy, Pouilly, Septvaux et Versigny

 
 

1221

Jacques, évêque de

Soissons

idem

 
 

1222 (mai)

Gérard de Clacy

Rédime l'évêque, moyennant 60 livres monnaie de Provins, d'une rente de 5 muids de blé mesure de Laon

 
 

1223 (janvier, vigile de Saint- Rémy & Saint- Hilaire

Chanoines de Laon

Attestent que Gérard de Clacy, cité au chapitre parce qu'il n'avait point rendu à la demande de l'évêque divers prisonniers détenus à Mons, s'est amendé

 
 

138

44

1218 (mai)

Alard, seigneur de Chimay et sa femme, Mathilde, vidamesse

Cèdent à l'évêque, la vie de ce dernier durant et celle de ladite Mathilde, leur part des extrahières et tailles de la vidamie du Laonnois, moyennant 120 livres 100 sous parisis

 
 
 

idem

Et en outre, cèdent leur part éventuelle de droits sur les garennes du

45 &

idem

 

Laonnois pour le même laps de temps

72

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Mathilde

Abandonne à l'évêque les droits d'extrahière dus à cause de la terre

46 &

1220 (février)

 

d'Herbert de Lizy, sous l'épiscopat de Robert

106

 
 
 
 
 

Alard de Chimay

Ratifie l'accord qu'il a fait avec l'évêque Anselme, par l'intermédiaire de

47 &

1218 (mai -

 

son frère, trésorier de Laon, Henri Putefins, chevalier, et Yvon Leroux,

100

lendemain de la

 

citoyen de Laon

 

Cantate)

 
 
 
 

Gobert de Clacy

Promet de ne plus porter atteinte aux droits de l'évêque et à ne plus inquiéter

48 &

1218 (juillet)

 

les vassaux de ce dernier

267

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Gobert de Clacy

Renonce à ses droits sur les garennes du Laonnois durant l'épiscopat de

49

1218

 

l'évêque Anselme

 

(novembre)

 
 
 
 

Baudouin

Promet de s'en rapporter à l'arbitrage de G. seigneur de Dercy, archidiacre de Soissons, et de Pierre Petit, chanoine de Laon, pour juger ses différents avec Guillaume, évêque. En cas de désaccord entre ces arbitres, Michel de

 

1263 (6e férie

 

La Fère, chanoine de Soissons, apportera solution définitive

71

avant la Saint-

 
 
 

Thomas, apôtre)

 
 
 
 

Gérard de Clacy

Reconnaît que sur les mandements de l'évêque, il est chargé du

81

1223

 

recouvrement des tailles et des revenus du Laonnois, même par contrainte et prise de gages qui sont gardés jusqu'à parfait paiement

 
 

1214 (février)

Alard de Chimay & Mathilde

Approuve accord fait entre Gobert, vidame du Laonnois & Robert, évêque de Laon, pour toute la durée de son épiscopat

 
 

1241 (juin)

Jean de Blois, chanoine & official de Reims

Atteste que Mathilde, mère de Gérard, vidame du Laonnois, a abandonné à Garnier, évêque de Laon, les droits qu'elle possédait à Anizy et Septvaux

 
 
 

Gérard de Clacy

Reconnaît s'être accordé avec l'évêque Garnier et avoir mis fin à des difficultés survenues entre l'élection dudit Garnier jusqu'au lendemain de la

94

1239 (juin)

 

St-Barnabé 1239, sans tirer à conséquence pour leurs droits respectifs de possession et de propriété

 
 
 

Gui, seigneur de Dercy / Pierre de

Compromis pour vider les différends opposant l'évêque Itier et Baudouin, vidame, sur le serment dû par ce dernier, ses exigences trop grandes à

95

1254 (mars)

Sens, dit Petit, chanoine de Laon

l'égard des prisonniers incarcérés à Mons-en-Lannois, ses droits dans les garennes, et sur les marchands

 
 

1230 (avril)

Gérard de Clacy

Vend, du consentement de sa Marie, sa femme, et de Mathilde la vidamesse, sa mère, à l'évêque des droits de lods et ventes, justice et cens à Laon

 
 

139

134

1244 (avril)

Louis IX

Approuve cession faite au mois d'octobre 1244 par Gérard de Clacy, vidame, à l'évêque Guillaume, de divers droits qu'il avait en cette qualité sur garennes du Laonnois

 
 

1236

Gérard de Clacy

Ratifie vente faite par Gobin Le Chat, sa mère, et Guillaume, mari de celle-ci, à l'évêque Anselme, de leurs droits de vicomté à Mons-en-Laonnois, Laniscourt, Bois-Roger et les Creuttes, sous réserve de rouage, maison, prés. Habitants de Tierret, Clacy, Mons et des villages voisins, conserveront leurs droits de pâturage.

 
 

1221

Gérard de Clacy, Jacques, évêque de Soissons, son cousin

Vidimus des cessions et ventes faites par Gobert de Clacy à Anselme, à savoir la cession viagère des revenus des domaines d'Anizy, Pouilly, Septvaux et Versigny, pour la durée de l'existence dudit évêque

142

1230 (avril)

Gérard de Clacy

Promet à l'évêque de faire ratifier par sa femme la vente de droits de cens, justice, lods et ventes à Laon

 
 
 
 
 
 

Gérard de Clacy

Accord sur ses droits dans les garennes et sur les prisonniers

145

1245 (octobre)

 
 
 
 
 
 

148

1239 (juillet -
2e férie après

Pierre de Bercenay, chanoine de Laon ;

Indiquent termes d'un accord entre évêque et ses sergents du Laonnois, d'une part, et Gérard de Clacy, vidame, pour l'attribution des droits de cour

 

division des
apôtres)

Gilles de Trucy, chevalier

des officiers de justice du Laonnois

 

1239 (juin -

 

Accord entre Gérard, vidame, et Garnier sur la jouissance du bois de

 

dimanche après

Gérard de Clacy

Ronceloi, des terrages, estrahières, gîtes, et cour dans les maisons des francs

152

fête de St-

 

sergents de l'évêque

 

Barnabé, apôtre)

 
 
 
 

Mathilde

Ratifie la vente faite par son fils Gérard à évêque Anselme, de droits de

160

1230 (avril)

 

cens, justice, ventes, rentes, et plaids

 
 
 
 
 
 

Gobert de Clacy

Reconnaît qu'il a assigné à Jean de Dercy, sur ce que lui doit l'évêque, 40

164

 
 

livres parisis en 2 termes égaux, Noël 1218 & Noël 1219, outre 40 muids

&

1218

 

de vin également en 2 termes, aux fêtes de Saint-Martin des mêmes années

266

 
 
 
 
 
 
 

217

 

Guillaume de Cepy, official de Laon

Vidimus d'une charte d'avril 1230 portant vente par Gérard de Clacy, vidame, à évêque Anselme des lods, ventes, cens & droits de justice à Laon

 
 
 
 
 
 
 

Compromis pour régler par voie d'arbitrage, leurs différends entre l'évêque

218

1219

 

Garnier et Baudouin, vidame

 
 

Tableau 8 : Tableau récapitulatif des actes émanant de ou portant sur la vidamie du

Laonnois

Ainsi, on remarque l'essentiel de ces actes portent sur une période relativement courte, essentiellement entre 1214 et les années 1220. Si les premières occurrences concernent Mathilde, vidamesse du Laonnois et veuve de Gérard II de Clacy, et Alard IV de Chimay, son époux en secondes noces, les chartes suivantes sont issues de sa descendance : Gobert II de Clacy (1218-1219), sans descendance, Gérard III de Clacy (1221-1230), son frère, Gérard IV de Clacy (1239-1245), fils de ce dernier, et Baudouin

140

(1254-1263), frère de Gérard IV210.

Or, si les actes les plus anciens ont été produits par Mathilde, ceci est surement dû au fait que ses fils étaient trop jeunes pour occuper l'office en 1214. C'est pourquoi la première mention de Gobert ne daterait que de 1218. Celui-ci mourant en 1221, à un âge surement inférieur à 25 ans, c'est donc à cette date que l'on a connaissance des premiers actes de Gérard, son frère cadet. De ce fait, il est possible d'avancer l'hypothèse que le jeune âge de ces deux vidames ait été un facteur essentiel quant à la réussite des acquisitions foncières opérées par l'évêque Anselme, contrairement à la conjecture d'Alain Saint-Denis, qui affirme que ces ventes étaient surtout dues à l'endettement cumulé des différents titulaires de la charge211.

L'évêque et les prévôts du Laonnois

Quant à la prévôté du Laonnois, les périodes et les procédés de changent guère, comme le signale le tableau ci-dessous :

29

1125

Louis VI

Unit à l'évêché de Laon les offices onéreux de vidame et de prévôt du Laonnois sous la condition expresse qu'ils ne seront jamais aliénés

 
 
 
 
 
 
 

Renonce en faveur d'Anselme à sa part des droits d'extrahière d'Herbert de

54

 

Geoffroy

Lizy

/

1219 (avril)

 
 

268

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Officiaux

Attestent qu'Enguerrand, dit Geoffroy, prévôt, se trouvant dans la chambre

57

1217 (lendemain

 

de l'évêque en son palais, a reconnu que l'évêque l'avait autorisé à remplacer

/

de la conversion

 

Renier par Robert en qualité de l'un de ses sergents libres, sans constituer

270

de St-Paul)

 

un service spécial dudit Geoffroy

 
 
 
 
 
 
 

S'amende à l'occasion de la prise de sergents libres d'Anselme, et reconnaît

58

1217 (lendemain

Geoffroy

qu'il ne peut instituer ou révoquer aucun sergent que du consentement dudit

/

de la conversion

 

évêque

147

de St-Paul)

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Consent à unir son manoir de Valavergny à la prévôté du Laonnois pour

59

 

Geoffroy

n'en constituer qu'un seul fief vassal de l'évêché

/

1223 (mai)

 

Renonce à des droits de terrage qu'il réclamait dans les domaines

272

 
 

épiscopaux, et abandonne à Anselme ses droits de garenne tant que celui-ci sera évêque

 
 

210 Ibid. ; Dictionnaire de la Noblesse, AUBERT DE LA CHESNAIE DES BOIS François-Alexandre, 1774, p. 467.

211 SAINT-DENIS Alain, op. cit., p. 210.

141

60

1217

(décembre)

Albéric, archevêque de Reims

Relate une transaction intervenue entre évêque Anselme et Geoffroy. Ce dernier conservera son héritage et ses rentes, sa part des droits d'amendes consistant en 2 sous et demi sur 22 et demi, une rente de 50 livres parisis exigible à Noël ; l'évêque pourra faire remise des amendes. Cette transaction recevra son effet pendant toute la durée de l'épiscopat d'Anselme

/

257

 
 

1217

(décembre)

 

Accord entre Enguerrand, dit Geoffroy, prévôt de Laon, et l'évêque, fixant leurs droits sur les amendes

 
 

1214 (mars)

Geoffroy

Affirme s'être entendu avec l'évêque pour la fixation de sa part concernant les droits d'amendes, de tailles et d'extrahières

 
 

1257 (mai)

Simon de Valavergny

Indique l'extension de ses droits de chasse dans le Laonnois

 
 

1217

(décembre)

Geoffroy

Reconnaît que dans les amendes de 22 sous et demi, sa part est de 2 sous et demi, et qu'une rente annuelle de 50 livres lui est due par l'évêché pour sa part d'extrahière et de taille, tant que vivra l'évêque Anselme

 
 

1293 (?)

Simon de Valavergny

Vend à l'évêque, moyennant 400 livres parisis, une rente de 20 livres parisis sur la grande taille du Laonnois

 
 

1293 (janvier - lundi après fête de St-Rémy & St-Hilaire)

Simon de Valavergny ; Marguerite, sa femme

Vendent à l'évêque la moitié des amendes auxquelles ils ont droit dans les domaines épiscopaux

/

235

 
 

1301 (lundi
après

l'Épiphanie)

Jean, châtelain de Thorote, sire d'Honnecourt & chevalier

Accord au sujet de la châtellenie de Laon, de Barenton-Cel et de 20 livrées de terre parisis sur la prévôté de Valavergny qu'il revendiquait comme héritier par représentation de Gaucher de Thorote, son père, et de Robert de Thorote, évêque. Reconnaît la validité des droits de l'évêché qui solde le reliquat du prix de vente entre les mains de Clément de Choisy, mandataire dudit Jean

 
 

Tableau 9 : Tableau récapitulatif des acte émanant de ou portant sur la prévôté du

Laonnois

On remarque en effet qu'il existe une première phase de transactions répartie entre 1217 et 1223, sous la titulature d'Enguerrand, dit Geoffroy, puis sous celle de Simon II de Valavergny dans les années 1290. Or, il semble qu'ici l'hypothèse d'Alain Saint-Denis sur la vente de biens et de droits due à un endettement des prévôts du Laonnois se confirme : tout d'abord, si Geoffroy et Simon Ier de Valavergny - émetteur de la charte de 1257 - possédaient le statut de chevalier, Simon II de Valavergny, quant à lui, se définit en tant qu'écuyer212, ce qui démontre la relative déchéance sociale des titulaires de la charge, et indique dans les actes n° 208 et 211 qu'il vend ses biens et droits « pour [sa]

212 MELLEVILLE Maximilien, Dictionnaire historique du département de l'Aisne, Rééd. 1979 (Impression anastalique de l'édition de Laon, 1865), vol. 2, p. 396.

142

nécessité et dou conseil de [ses] amis », ce qui semble bien renvoyer à un endettement certain.

Dès lors, en vertu de la théorie des vases communicants, on note qu'en dévitalisant le pouvoir et l'autorité de leurs ministériaux, les évêques de Laon ont vu les leurs croître de manière inversement proportionnelle. Par le biais de ces acquisitions, c'est donc l'assise du pouvoir épiscopal qui a eu tendance à s'étendre et s'affirmer. Ainsi, c'est en renforçant sa base territoriale que les l'évêché de Laon put tendre à revendiquer et défendre ses positions périphériques, sources de conflits avec les seigneurs concurrents.

L'évêque et les seigneurs concurrents

Contrairement aux deux précédents types de rapports socio-politiques, fondés sur un principe de cospatialité, c'est-à-dire un rapport de force s'exerçant au sein d'un même espace, le rapport de force entre évêques et seigneurs locaux répond davantage à un modèle de rivalité d'interface, c'est-à-dire un rapport de force s'exerçant sur un espace de contact commun entre deux entités, une telle zone étant souvent en proie aux dissensions et aux conflits.

L'un des protagonistes les plus récurrents au sein du cartulaire demeure le seigneur de Coucy, dont la famille était l'une des plus influentes de la période213. En effet, le manuscrit contient de nombreux actes réglant des conflits entre les seigneurs de Coucy et les évêques de Laon, notamment autour du bois de Ronceloi214, parcelle de l'actuelle forêt domaniale de Saint-Gobain et zone de contact entre les deux seigneuries, à l'ouest du Laonnois. Mais il est aussi question de plusieurs ventes effectuées par Enguerrand dans plusieurs de ses fiefs, à savoir Laval, Nouvion-le-Vineux, Mainmeçon, Mailly215 - sud du Laonnois -, ainsi que de la constitution d'une rente de 200 livres parisis sur ses vinages de Crécy, Marle et Vervins - nord du Laonnois - pour se rédimer de l'évêque216. De même, il est question d'un hommage rendu par Enguerrand de Coucy à l'évêque pour sa ville teutonique de Sissone - est du Laonnois217. Dès lors, on remarque que l'étendue géographique de ces différents actes se répartie équitablement entre les quatre points cardinaux, signe que la politique épiscopale se concentre essentiellement sur le maintien et la défense d'une zone concentrique au sein de laquelle s'exerce sa souveraineté.

213 BARTHELEMY Dominique, Les deux âges de la seigneurie banale : pouvoir et société dans la terre des sires de Coucy : milieu XIe-milieu XIIIe siècle, préface de Pierre Toubert, 2e édition augmentée d'une postface, Paris, Publications de la Sorbonne, 2000.

214 AD Aisne, G 2, n° 32, 63 et 175.

215 AD Aisne, G 2, n° 132, 1267.

216 AD Aisne, G 2, n° 189, 1287 ; id., n° 230, 1287

217 AD Aisne, G 2, n° 22, 1225 ; n° 150, 1225

143

Autre manifestation de conflits d'interface, ceux opposant l'évêché de Laon aux comtes de Soissons, au sujet notamment de leur frontière commune, à savoir la rivière de l'Ailette218. De fait, les chartes produites lors de ces conflits portent essentiellement sur les droits de chacun des deux seigneurs - taille, péage, amendes, pêche, vinage - ainsi que la limite en-deçà de laquelle ils prennent effet. La rivière de l'Ailette symbolise donc cette interface, source de conflits et frontière naturelle de chacune des seigneuries. De plus, il est intéressant de noter que l'immense majorité des actes faisant référence à des acquisitions foncières dans le sud de l'évêché se situent en-deçà de cette limite naturelle, preuve que les évêques de Laon avaient à coeur de renforcer leur influence sur un territoire géographiquement instable.

Toutefois, ce type de rapport de force ne se perçoit qu'avec des seigneurs dont le rang et l'autorité égalent ceux des évêques de Laon. En effet, lorsqu'il est fait mention de seigneurs de moindre rang, les relations tendent le plus souvent à être au bénéfice des évêques de Laon, qu'il s'agisse de transactions219, d'amendes honorables220 ou d'hommages221. Ainsi, on remarque le principe de coopétition qui se fait jour ici : les évêques de Laon tolèrent la présence de ces seigneurs sous condition de contreparties. Quoiqu'il en soit, la cartularisation demeure un moyen de légitimer et de conforter une situation socio-politique favorable à l'évêché, dans une période où l'institution épiscopale se sentirait menacée. Par ce biais, le cartulaire apparaîtrait comme instrument politique destiné à rehausser symboliquement la place des évêques de Laon au sein d'un centre de décision ainsi qu'à consolider leur ancrage socio-économique sur un arrière-pays en plein redécoupage222.

218 AD Aisne, G 2, n° 110, 1262 ; n° 141, 1225 ; n° 154, 1260.

219 AD Aisne, G 2, n°19 et 237, 1247 : Roger , seigneur de Rozoy, vends à l'évêque ses biens sis à Martigny, Bruyères, Montbéraut, Vorges, Chéret et Cherequel, consistant en dîmes, vinages, rentes, moyennant 1820 livres parisis payés comptant ; id., n°50, 1229 : Gérard, chevalier et seigneur de Caulaincourt, ratifie en tant que suzerain la vente faite à l'évêque par Anselme par Baudouin de Chevregny, fils d'Hellin, chevalier, et de Jeanne, sa soeur, de rentes en argent, chapons, avoine, et de droits de justice. Abandonne en outre ses droits de suzeraineté sur les biens vendus ; id., n°115, 1234 : Hector, seigneur d'Aulnois, et Cécile, sa femme vendent à l'évêque Anselme 6 muids de terres à Aulnois ainsi que des aisances de marais pour amendement de ces terres : id., n°248 et 249, 1297 : Gaucher, sire de Châtillon et connétable de Champagne, vend à l'évêque Robert de Thorote sa châtellenie de Laon ainsi que son domaine de Barenton-Cel moyennant 4000 livres petits tournois payés comptant, et mande alors à ses vassaux desdits lieux mentionnés d'obéir désormais à l'évêque.

220 AD Aisne, G 2, n° 66 et 263, 1229 : acte de Louis IX relatant un accord où Gautier, chevalier et seigneur d'Autremencourt, qui, pour avoir fait injustement la guerre à l'évêque Anselme et s'être livré à des voies de fait contre ses hommes, prêtres et clercs, avait été bannis du royaume, puis s'était avisé de revenir malgré ce bannissement et, pour ce fait, avait été incarcéré. Sorti de prison, Gautier était venu devant roi et avait promis sous caution de bien se comporter ainsi que d'abandonner sa terre à l'évêque dans le cas contraire, sans aucun recours, et de rester banni.

221 AD Aisne, G 2, n°121 et 146, 1248 : Milon, seigneur de Soupir, abandonne à l'évêque Garnier la suzeraineté de son fief de Dammarie, arrière-fief de l'évêché, attesté par jean de Juvincourt, chevalier.

222 BARTHELEMY Dominique, « Aux origines du Laonnois féodal : peuplement et fondations de seigneuries aux XIe et XIIe siècles », in Mémoires de la Fédération des sociétés d'histoire et

144

Une légitimation symbolique de l'ordonnancement traditionnel du monde

Nous venons de le voir, le cartulaire s'apparente à un instrument performatif permettant un recentrage du pouvoir épiscopal au sein de la société laonnoise, place que le ministère accordé par Dieu est censé occuper. En effet, « la parole écrite s'incarne dans une forme matérielle qui lui est propre et cesse de faire plus ou moins partie intégrante de la culture pour assumer un rôle distinct, quelques fois déterminant, doté d'une plus grande autonomie structurelle », c'est-à-dire que la finalité du cartulaire serait moins de rendre compte d'une vision du monde que de transmettre une idéologie223. Dès lors, en plaçant scripturairement les évêques au centre du jeu social imposé par la société laonnoise224, le cartulaire devient le support d'une réorganisation symbolique de l'ordonnancement traditionnel de son contexte de production.

Un usage ritualisé de l'écrit

S'il est possible de mettre en évidence le caractère performatif du cartulaire, ceci est avant tout dû à la dimension profondément ritualisée de l'écrit. Or, avant d'illustrer notre propos, il semble nécessaire de clarifier la notion de rite : pour Nicolas Offenstadt225, le rite s'apparente à des règles et cérémonies en usage, ou à tout acte répétitif, bien que n'est pas rituel tout acte de la vie sociale, les paroles, gestes ou objets en présence devant nécessairement prendre un sens autre que leur sens quotidien et focaliser l'attention individuelle et collective. C'est alors que le rite devient un instrument d'ordre social, vecteur d'autorité, ainsi qu'un marqueur identitaire, car derrière les gestes se dévoilent les structures. De la sorte, une telle mise en scène de la tradition est censée permettre le retour à l'ordre après le désordre, le consensus après la tension.

d'archéologie de l'Aisne, tome XXVI, 1981, p. 67 : ici, l'auteur avance l'idée qu'à partir de la fin du XIIe siècle se sont affirmées de multiples zones marginales du pagus épiscopal, unités micro-territoriales acquérant une consistance sociale nouvelle et s'émancipant peu à peu du pouvoir central. C'est pourquoi face à ces évolutions, s'est mis en place un encadrement plus serré du territoire, dont le cartulaire illustre les évolutions et permet d'en mesurer les effets.

223 GOODY Jack, La logique de l'écriture : aux origines des sociétés humaines, Paris, Armand Colin, 1986, p. 33.

224 Nous faisons clairement référence ici à la conception du jeu établie par Bourdieu dans Le sens pratique. En effet, pour lui, le jeu social s'apparente à l'espace où le sens pratique, c'est-à-dire la capacité des acteurs à agir et à s'orienter selon la position occupée dans l'espace social, selon la logique du champ et de la situation dans lesquels ils sont impliqués, s'exprime. Or, le cartulaire représente justement un outil permettant à l'institution épiscopale d'agir et de s'orienter au sein de la société dans laquelle elle s'insère.

225 OFFENSTADT Nicolas, « Le rite et l'histoire. Remarques introductives », Hypothèses, 1, 1997, p. 714.

145

C'est donc en ce sens qu'il est possible d'analyser le cartulaire dans sa qualité intrinsèquement ritualisée, la cartularisation étant le fait de répéter une parole consignée dans un premier écrit et l'objet cartulaire étant un objet de communication, relationnel, à l'interface avec le monde extérieur et le personnel de l'institution226, tout document représentant un objet symbolique destiné à être manipulé publiquement lorsqu'est conclu l'accord. De plus, comme nous l'avons précisé plus haut dans le développement, la confection du cartulaire fut instaurée par l'évêché dans une période où il se sentait menacé, ce qui fait écho à la définition que propose Nicolas Offenstadt du rite, à savoir qu'il est censé favoriser le retour de l'ordre après un épisode de désordre, de tension ou de conflit. Dès lors, c'est bien grâce à une analyse d'ordre anthropologique qu'il nous est possible de formuler une hypothèse concrète sur les conditions de réalisation du cartulaire, à défaut d'informations contextuelles et documentaires.

Ainsi, c'est après avoir démontré que le cartulaire répondait d'un usage ritualisé de l'écrit, qu'il nous est possible de concevoir la cartularisation, par le biais de l'écrit, comme une mise en scène de l'ordre social permettant une légitimation symbolique de l'ordonnancement traditionnel de la société médiévale.

L'écrit comme mise en scène de l'ordre social

Pour commencer, si l'on se réfère à l'analyse structurale de Lévi-Strauss, le cartulaire apparaîtrait comme une mise en avant de symboles, de constructions et de codifications symboliques, c'est-à-dire par lesquels l'idéal s'incarnerait dans des réalités matérielles et des pratiques, liées au langage - à savoir l'écrit -, l'évêché mettant en ordre une représentation du monde qui diffère de l'ordonnancement réel du monde, afin de justifier son entreprise. Le codex correspondrait alors à ce que Maurice Godelier nomme

l' « imaginaire du symbolique », ou la « représentation que les humains se font de la nature, de l'origine des choses, des êtres, réels ou irréels, qui peuplent la nature »227, c'est-à-dire le monde idéel via lequel l'évêché a distingué et ordonné les choses. De ce fait, le Grand cartulaire de l'évêché de Laon représente à la fois une production culturelle - basée sur des représentations - et sociale - correspondant aux pratiques des individus en société -, ayant pour trame principale, nous l'avons vu, les rapports socio-politiques et religieux des protagonistes, mais créant dans le même temps sa propre symbolique. Or, c'est dans cette optique que l'historiographie culturelle a renouvelé son approche des cartulaires, supports d'un langage créant sa propre réalité qui, par rapport à la réalité sociale, est une fiction qui cache cette même réalité. Ce qui induit que le discours devient alors un objet

226 JEANNE Damien, « Une "machina memorialis". Les cartulaires des léproseries de la province ecclésiastique de Rouen », Tabularia « Études », n° 12, 2012, p. 42.

227 GODELIER Maurice, Au fondement des sociétés humaines. Ce que nous apprend l'anthropologie, Albin Michel, 2007.

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d'étude pour lui-même, déconstruit et historicisé, nous permettant dès lors d'accéder à une presque réalité. D'où le nécessaire apparat critique dont doit se doter l'historien concernant l'étude de cartulaires, qui apparaissent comme des objets performatifs, c'est-à-dire créateurs de sens et de réalité, bien que cette performativité ne soit pas absolue.

Quoi qu'il en soit, l'écrit, en tant que discours construit et codifié par une série de symboles matériels, permet effectivement un réagencement symbolique de l'ordre social, car il permet de fixer un état de fait et de garantir sa probité. Par exemple, lorsqu'un acte fait mention d'un hommage effectué par un seigneur à l'évêque de Laon, c'est bel et bien sa mise par écrit qui garantit sa valeur effective, par le seul fait qu'il est plus difficile de contester un fait social lorsqu'il est consigné par écrit et corroboré par des témoins. On rejoint alors l'analyse précédente sur l'usage ritualisé de l'écrit, destiné à réordonner une situation désordonnée, c'est-à-dire ne respectant pas l'ordre qu'elle devrait suivre. De plus, l'emploi du conditionnel renvoie ici à la dimension profondément idéelle et symbolique qui entoure le processus de cartularisation, à savoir l'ordonnancement du monde tel qu'il devrait être, et non tel qu'il doit être.

L'acte n° 222 : une mise en scène de la cérémonie d'expiation après la révolte communale de 1295

De ce fait, le recours à l'écrit apparaît comme un moyen d'action sur le monde environnant. Or, afin d'illustrer au mieux notre propos, attardons-nous sur un des actes les plus significatifs du cartulaire pour ce qui concerne notre axe de réflexion : l'acte n° 222228. En effet, après la révolte des bourgeois de la ville de 1295, le pape Boniface VIII les excommunia et jeta l'interdit sur la ville229, action suivie par Philippe IV le Bel, qui décida d'abolir la commune230, bien que rétablie quelques temps après231 sous certaines conditions, qui font l'objet de l'acte n° 222. Dans cette sentence, une commission royale, composée de l'évêque de Dôle, de Guillaume de Crépy, coûtre de Saint-Quentin, de Pierre Flote et Hugues de Bonville, chevaliers, ordonne qu'aux premières fêtes solennelles, cent excommuniés, tête et pieds nus, sans cotte ni ceinture, dont les noms seront donnés au bailli du Vermandois, iraient processionnellement deux à deux derrière les porte-croix, les chanoines et les membres du clergé, depuis le bas de la montagne, de Semilly à la cathédrale ; qu'à la porte de Saint-Martin, trois d'entre eux porteraient une statut de cire du poids de 20 livres jusqu'à l'autel de la cathédrale, pour réparation des crimes commis

228 AD Aisne, G 2, n° 222, 1297.

229 AD Aisne, G 2, n° 215, 1295 : le pape chargea l'évêque de défendre aux réguliers et notamment aux cordeliers, d'ouvrir les portes de leurs églises aux excommuniés de Laon ainsi que d'enterrer les cadavres de ces derniers dans leurs cimetières.

230 AD Aisne, G 2, n° 214, 1295.

231 AD Aisne, G 2, n° 219, 1296.

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en ce lieu, à savoir le meurtre de trois hommes d'église ; qu'en outre, la commune doterait d'une rente annuelle de 30 livres tournois une chapelle fondée dans ladite cathédrale et à la collation du chapitre, et payerait une somme de 3000 livres à l'église et son trésorier, condition sine qua non pour que les chanoines prient le souverain pontife de lever l'interdit et l'excommunication dont était affublée la ville.

Ainsi, à travers cet exemple mettant en scène une cérémonie d'expiation, on s'aperçoit à quel point l'écrit est devenu un outil de coercition au service d'un appareil judiciaire, politique et religieux, destiné à assoir une domination symbolique et sociale dans un environnement compétitif. En effet, cet acte demeure avant tout un moyen permettant le rétablissement de l'ordre social après le déséquilibre provoqué par l'insurrection communale de 1295, le cartulaire participant au renforcement d'une identité communautaire ecclésiastique, et la transgression des droits de l'évêque contribuant à la fondation de sa sacralité, par l'usage de l'écriture.

Les suscriptions ou la mise en scène scripturale de la hiérarchie ecclésiastique

Mais outre la hiérarchisation des pouvoirs que tente d'instaurer le codex, c'est une autre forme de hiérarchisation qu'il tente d'ancrer : la hiérarchie spirituelle. En effet, pour Lévi-Strauss, l'alliance apparaît comme un, si ce n'est le principe constitutif de la parenté. Or, le cartulaire met clairement en évidence la parenté spirituelle qu'il peut exister entre l'évêque et les diverses institutions ecclésiastiques qui lui dépendent, ou inversement, son principe de filiation avec le Saint-Père.

Pour le premier cas, une telle hiérarchisation se perçoit dans l'ordonnancement des suscriptions lorsqu'un acte est commun à plusieurs prélats, comme l'illustre cet acte où les abbés de Saint-Vincent et de Saint-Jean de Laon ratifient une vente faite par Baudouin de Chevregny et Jeanne, sa femme, à l'évêque Anselme, de rentes en argent, chapons, avoine, et de droits de justice à Anizy, abandonnant ainsi leur droit de suzeraineté sur les biens vendus232. Ce qu'il est intéressant d'observer ici, c'est la place de chacun des abbés dans le procédé de suscription : en effet, l'abbé de Saint-Vincent est mentionné avant celui de Saint-Jean, ce qui s'explique notamment par la hiérarchie des abbayes laonnoises, celle de Saint-Vincent étant considérée comme le second siège de la ville233.

232 AD Aisne, G 2, n° 52, 1229.

233 AD Aisne, G 1, n° 110, 975.

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Mais au-delà d'une hiérarchisation horizontale, s'est bien une hiérarchie verticale qu'impose le cartulaire, comme en témoigne l'acte n° 92 où l'abbé de Prémontré déclare à l'évêque Anselme qu'en priant l'évêque de Séez234, présent en ce monastère, de bénir une chapelle, ils n'ont pas eu l'intention de se soustraire à la soumission ni à l'obéissance dues à l'évêque de Laon. Il en va de même concernant la relation unissant les évêques de Laon à la papauté, qui se fait jour lorsque les titulaires de la cure papale leur accordent des privilèges, comme par exemple le droit de nommer les bénéficiaires de leur diocèse tout en leur dispensant d'admettre les nominations provenant de la cour de Rome235.

Quoi qu'il en soit, ces trois exemples soulignent nettement une mise en scène scripturaire de l'ordre hiérarchique qu'il existe au sein de la communauté ecclésiastique, certains abbés étant supérieurs à d'autres, mais tous inférieurs à l'évêque, qui lui-même dépend du prélat suprême, le pape.

Le cartulaire en tant que catalyseur des relations socio-économiques de la société laonnoise

Toutefois, si l'on se réfère à l'analyse de Maurice Godelier, ces formes de parenté, si symboliques et artificielles soient-elles, ne sauraient produire ce ciment social, base de toute communauté, si ce n'est de toute société, qui se caractérise plutôt par des liens supra-parentaux. L'identité sociale se verrait alors davantage fondée sur des rapports politico-religieux, c'est-à-dire que les actions collectives dépasseraient et intégreraient les groupes de parenté dans un tout plus vaste - la société - qui se transformerait en même temps qu'elle se reproduirait. En effet, le cartulaire met en évidence les relations qu'entretiennent les protagonistes de la société laonnoise avec l'évêque, dans un système d'échange généralisé. Or, ces échanges peuvent être de nature économique236, vassalique237 ou encore purement foncier238. Ainsi, il apparaît que les « prestations », pour reprendre le terme qu'emploie Marcel Mauss dans son Essai sur le don, ne sont jamais individuelles, mais affectent des groupes contractants (laïques, famille châtelaine des Coucy, habitants de Vorges, l'évêque en tant que représentant institutionnel de l'Église), donnant alors lieu

234 Siège épiscopal aujourd'hui situé dans l'Orne, Basse-Normandie.

235 AD Aisne, G 2, n° 229.

236 AD Aisne, G 2, n° 15, 1269 : Louis IX accorde aux laïques la possibilité, pour le salut de leur âme, de donner ou vendre sans agrément royal aux églises les dîmes de sa mouvance, l'évêché faisant évidemment partie des bénéficiaires potentiels.

237 AD Aisne, G 2, n° 22, 1225 : Enguerrand de Coucy reconnaît qu'il est homme lige de l'évêque pour la ville teutonique de Sissonne et des fiefs relevant de Sissonne.

238 AD Aisne, G 2, n° 116, 1217 : l'évêque vend aux habitants de Vorges un champ entre leur village et Ardon, moyennant une rente solidaire de 3 muids de vinage exigible annuellement à la fête de Saint-Martin

149

à des échanges cérémoniels, dont le cartulaire fait acte. Dès lors, en consignant ces prestations, le cartulaire rend compte de et favorise la bonne marche de ce système de liens et d'échanges qui, si l'on croise les analyses que proposent Marcel Mauss et Maurice Godelier, assure la reproduction de cette société.

Ainsi, en favorisant l'ancrage d'une représentation symbolique et traditionnelle de la société - « re-présentation » dans le sens où le principe de compilation consiste à présenter de nouveau un acte qui avait déjà été présenté au préalable -, et en replaçant la figure épiscopale au coeur d'un système basé sur l'interdépendance des acteurs et la hiérarchisation de leur rapport, le cartulaire se transforme en un prisme à travers lequel s'esquisse une portion représentative de la société laonnoise.

L'esquisse d'une analyse réticulaire de la société laonnoise sous le prisme du Grand cartulaire de l'évêché de Laon

Toute production documentaire tend à transmettre une représentation de la société et des individus qui la composent, axiome qu'il est possible d'affirmer au regard de l'anthropologie fonctionnaliste qui replace systématiquement les faits sociaux dans leur contexte, tout en partant de l'idée que ces faits décrits ont tous une fonction visant à assurer l'équilibre de la société et qu'ils sont en relation les uns avec les autres. Ainsi, le cartulaire n'échappe pas à la règle et peut s'étudier en tant que catalyseur d'échanges (économiques, sociaux, féodaux, religieux239) constitutifs d'un maillage familial et relationnel sur le territoire laonnois. Dès lors, il serait intéressant d'étudier plus en détail la formation de ces réseaux d'échanges que le codex nous permet de mettre en lumière, bien que cette analyse réticulaire ne soit que le fruit d'une analyse prosopographique des actes présents dans le cartulaire, c'est-à-dire qu'elle ne saurait prétendre retranscrire de manière exhaustive l'ensemble de ces réseaux240.

239 Tout échange correspondant à la recherche d'un lien moyennant contrepartie - contrepartie financière pour une vente, reconnaissance pour une relation sociale, protection et loyauté pour un serment féodo-vassalique -, intégrer l'échange religieux dans ce format n'a rien d'incongru : en effet bien le don à une église ou une chapelle puisse apparaître comme intrinsèquement désintéressé, ce dernier se voit effectué dans la perspective symbolique du salut de l'âme du donateur, participant alors à ce que Jacques CHIFFOLEAU nomme la « comptabilité de l'au-delà ». C'est pourquoi la donation pieuse rentre ici dans la catégorie des réseaux d'échanges.

240 Pour un approfondissement de l'analyse réticulaire, consulter les ouvrages suivants : LAZEGA Emmanuel, Réseaux sociaux et structures relationnelles, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », n° 3399, 1998 ; DEGENNE Alain et FORSE Michel, Les réseaux sociaux. Une analyse structurale en sociologie, Paris, 1994 ; DEDIEU Jean-Pierre, « Approche de la théorie des réseaux sociaux », in Réseaux, familles et pouvoirs dans le monde ibérique à la fin de l'ancien régime, Paris, 1998, p. 7-

150

C'est pourquoi, grâce à un recensement minutieux des auteurs, témoins et bénéficiaires de chaque acte, il nous a été possible de réaliser un schéma représentatif d'une analyse réticulaire de la société laonnoise, où la figure de l'évêque est centrale241. Pour ce faire, nous avons établi un pourcentage d'occurrence pour chaque entité mentionnée, pourcentage influant sur leur proximité avec l'évêque. A noter cependant qu'ont été répertoriées ici uniquement les entités comptant au minimum 5 occurrences, dans le but notamment de faire ressortir les principales tendances constituant ces réseaux d'échanges. C'est ainsi que nous obtenons le schéma qui suit :

30. DEDIEU Jean-Pierre Dedieu et MOUTOUKIAS Zacarias, « La notion de réseau en histoire sociale : un instrument d'analyse de l'action collective », ibid. ; LEMERCIER Claire, « Analyse de réseaux et histoire », in Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, avril-juin 2005, n° 52-2, p. 88112.

241 ROSÉ Isabelle, « Modélisation et représentation graphique des réseaux de pouvoir. Approche des pratiques sociales de l'aristocratie du haut Moyen Âge, à partir de l'exemple d'Odon de Cluny († 942) », in Os medievalistas e suas fontes. Leiturascruzadas sobre a Alta Idade Média., Actes du Colloque international organisé par l'Université de São Paulo et l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Evêque de Soissons

Abbayes diocésaines

Châtelains et
maison de Coucy

Comte de Soissons

Seigneurs d'Aulnois

Archevêché de Reims

Seigneurs de Coucy

Eglise de Laon

Abbaye de Prémontré

Papauté

Gérard de Clacy

Maison de Clacy

Baudouin de Clacy

ÉVEQUE

Gobert de Clacy

Abbaye de Saint-Nicolas-aux-Bois

Commune de Laon

Roi et officiers royaux

Abbaye Saint-Jean

Abbaye Saint-Vincent

Geoffroy

Simon de Valavergny

Communes des
domaines
épiscopaux

Bailli du Vermandois

151

Figure 16 : Schéma résultant de l'analyse réticulaire de la société laonnoise

152

Dès lors, ce schéma, bien que non-exhaustif, nous aide à classifier les acteurs qui constituent la société laonnoise aux XIIe et XIIIe siècles : en effet, celle-ci se compose essentiellement d'un clergé séculier, d'un clergé régulier, d'institutions laïques, d'officiers royaux, d'officiers épiscopaux et de seigneurs laïques. Telles sont les six composantes de la société laonnoise en particulier, et de la société médiévale en générale, ce qui tend à confirmer la remarque de Pierre Chastang, qui conçoit le texte comme « un lieu privilégié d'intelligibilité de la société médiévale242 ».

°3)243.

Quoi qu'il en soit, s'il est possible de mettre en évidence un schéma du système institutionnelle de la société laonnoise, certain(e)s individus ou entités ne sont mentionnés qu'une seule et unique fois, et ne peuvent donc entrer dans cette configuration schématique. Néanmoins, les voix du passé étant particulièrement lacunaires, ne les passons pas sous silence et sachons les remettre à l'honneur, leur seule présence au sein du cartulaire étant déjà une commémoration de leur place et de leur rôle - direct(e) ou indirect(e) - dans l'histoire épiscopale. C'est pourquoi il nous a semblé nécessaire de créer une annexe où sont référencés tous les individus composant le cartulaire et ainsi la société laonnoise (cf. annexe n

De ce fait, la création d'un tel répertoire d'individus, souvent portés dans l'ombre de la recherche historique244, rend possible un relatif suivi de leur parcours, la confrontation avec d'autres sources documentaires où ils se verraient mentionnés pouvant permettre de compléter cette perspective de recherche historique, prosopographique et sociale. De plus, rien que dans le cartulaire, la place accordée aux femmes, en tant qu'acteurs sociaux, pourrait servir d'argument aux axes de recherches fondés sur le rôle socio-culturel des femmes dans la société médiévale des XIIe et XIIIe siècles. Aussi, l'analyse portée sur les noms de famille permettrait aux historiens spécialistes d'anthroponymie de réaliser des travaux de ce type sur les individus référencés ici. Les perspectives sont multiples, mais elles dépassent le cadre de notre étude, qui ne se poursuivra pas au-delà de ces mots.

242 CHASTANG Pierre, « Cartulaires, cartularisation et scripturalité médiévale : la structuration d'un nouveau champ de recherche », Cahiers de civilisation médiévale, n° 49, 2006, p. 25.

243 Une telle démarche s'inspire notamment des travaux d'Hélène Millet, une des pionnières de l'étude prosopographique, notamment dans son ouvrage Les chanoines du chapitre cathédral de Laon, 12721412 (1982), où elle parvient à retracer le parcours des chanoines du chapitre cathédrale de Laon durant la période mentionnée grâce à l'élaboration d'une base de données élaborées ; 2 ans plus tard, elle dirigea le programme Informatique et prosopographie, dont les actes furent édités en 1985 ; aujourd'hui, Hélène Millet se trouve à la tête de l'Opération Charles VI (LAMOP), base de données prosopographique en ligne (www.vif.cnrs.rr/charlesVI/) pour les personnes actives sous le règne de Charles VI (1380-1422).

244 Alain Saint-Denis, dans Apogée d'une cité..., propose bien une description prosopographique, utile et pleine de sens, mais celle-ci ne rend compte quasi-exclusivement que des puissants et de leur famille, il n'est jamais question d'individus lambda. C'est donc cet écueil que nous tentons d'éviter ici, dans une perspective complémentaire à celle d'Alain Saint-Denis.

153

Conclusions générales et perspectives de recherche

Bien que l'étude d'un cartulaire unique permette d'aborder une multitude de problématiques et d'axes de réflexion, il ne s'agit ici, au final, que d'une micro-analyse de la scripturalité laonnoise durant le Moyen-Age central, un grossissement volontairement orienté d'histoire locale. Néanmoins, ceci permet de mettre à jour, confirmer ou réfuter certaines théories formulées par ce courant historiographique.

Tout d'abord, l'un des éléments traité en filigrane de notre étude fut la dimension profondément pragmatique de l'écrit, tant dans sa conception matérielle que dans sa finalité pratique. En effet, les paragraphes consacrés aux systèmes de repérage graphique démontrent à quel point le recours à l'écrit nécessite l'utilisation de techniques intellectuelles propres à ce support. Il s'agissait alors, pour les cartularistes, de projeter une conception mentale de l'information, malléable, sur un support fixe et immuable. C'est pourquoi il fut intéressant d'observer les indices éclairant le travail préparatoire des cartularistes, notamment à travers l'exemple du cahier n°13, véritable mine d'informations sur les pratiques archivistiques médiévales, ainsi qu'à travers l'analyse de la table des matières, dont le listage des rubriques nous éclaire sur la rationalisation du travail intellectuel au Moyen-Age245. De plus, en mettant le cartulaire en perspective de l'ensemble de la production documentaire épiscopale, nous avons observés à quel point le manuscrit est le résultat d'un processus scriptural qui le dépasse. En effet, le cartulaire n'est jamais autoréférentiel, bien qu'il tende à le devenir, son contenu devant toujours être étudié en relation, directe ou indirecte, avec le chartrier et les codices qui l'ont précédé, ainsi qu'avec les traces d'utilisation postérieures, le cartulaire apparaissant alors comme un objet dont la finitude ne serait jamais réellement achevée et dont l'autorité ne s'acquerrait qu'avec le temps.

En outre, nous avons démontré au fil de l'analyse que les caractéristiques scripturales du cartulaire, au-delà d'un examen en soi, servaient à un dessein politique et idéologique, le cartulaire devant être perçu comme un vecteur matériel d'informations, sélectionnées et compilées de manière à ce qu'elles forment un tout cohérent. Ainsi, nous avons observés le cartulaire sous le prisme des différentes perspectives historiographiques, à savoir l'étude du cartulaire en tant qu'outil de gestion et en tant qu'outil de commémoration. Or, dans l'ultime chapitre de ce mémoire, nous nous sommes efforcés de montrer que vouloir choisir entre l'une ou l'autre hypothèse rendait l'analyse

245 Les ouvrages de Jack Goody restent la référence en matière de rationalisation de l'écrit, et de nombreux projets se basent sur ces travaux : c'est notamment le cas du projet « Listes et culture de l'écrit au Moyen Âge (c. 750-c. 1550) » initié par le LAMOP, et dont le programme de recherche s'applique parfaitement à l'étude des cartulaires, qui ne sont au final que des listes d'actes retranscris.

154

quelque peu inopérante. En effet, utiliser l'écrit en tant qu'instrument de gestion permet d'ancrer cette politique gestionnaire dans l'histoire de l'institution, de même qu'avoir recours à l'écrit dans le but de monumentaliser un passé correspond à moyen de régir une histoire institutionnelle. Dès lors, nous avons tentés de dépasser cette dichotomie historiographique opposant gestion et mémoire, en concevant le cartulaire comme un instrument fusionnant ces deux principes, c'est-à-dire qu'il constituerait avant tout un moyen de légitimer symboliquement - littéralement « par le biais de symboles », à savoir l'écrit - l'autorité épiscopale, tant présente - les actes contemporains des phases de rédaction - que passée - les actes antérieurs. Ainsi, il semble que le cartulaire soit créateur d'une spatio-temporalité qui lui est propre, ordonnancée selon certaines représentations contextuelles influant sur les conditions mêmes de sa réalisation, le manuscrit devenant alors un outil performatif, un prisme à travers lequel l'institution épiscopale réagence l'ordre des choses.

Quoi qu'il en soit, il serait intéressant de réaliser une étude plus large regroupant l'ensemble de la production documentaire laonnoise afin de vérifier ou de nuancer ces conclusions, à la manière d'un Pierre Chastang, dont la thèse portait sur la production documentaire d'une région toute entière, à savoir le Bas-Languedoc, entre le XIe et le XIIIe siècle. Ainsi, si l'on suit cette logique méthodologique, l'une des perspectives de recherche serait de mettre en relation l'ensemble des cartulaires issus de la production documentaire laonnoise, c'est-à-dire les cartulaires épiscopaux, abbatiaux, canoniaux et communaux. Dès lors, il serait possible de confronter les visées et les méthodes de réalisation des différents documents afin d'en dégager les similitudes ainsi que les dissemblances. Ceci permettrait alors d'obtenir un panorama significatif des différents processus de cartularisation de la société laonnoise et ainsi de mettre en perspective les résultats obtenus avec les différentes études similaires réalisées jusque-là.

Aussi, il semblerait tout à fait pertinent d'envisager une prospection d'ordre socio-économique des mécanismes régissant la société laonnoise, notre analyse ne représentant au final qu'une partie - biaisée - de cet axe de recherche. En effet, une telle analyse permettrait d'éclairer la recherche historique sur les pratiques locales d'un territoire caractérisé par sa proximité avec Paris et de plus en plus sous influence du pouvoir royal. Il s'agirait alors d'axer un programme de recherche autour des notions d'intégration et d'(in)dépendance culturelles et territoriales au regard des pratiques socio-économiques. Dès lors, ce potentiel axe de recherche permettrait une relative mise en perspective de l'histoire institutionnelle de la France, au regard des débats contemporains autour du concept de décentralisation administrative et économique, la société laonnoise apparaissant comme un objet d'étude tout à fait opportun.

155

Enfin, une dernière perspective de recherche, davantage tournée vers l'archivistique, consisterait en un projet d'édition du Grand cartulaire de l'évêché de Laon, à l'image de l'édition du chartrier de Saint-Yved de Braine, dirigée par Olivier Guyotjeannin. Par ce biais, il s'agirait de mettre en lumière un exemple de la production documentaire laonnoise, dont les fonds ne nous semble pas être assez mis en valeur, notamment au regard de certaines régions documentaires où se concentre la recherche historique récente - Cluny et le Mâconnais, le nord de la Loire, la Bretagne, etc. A titre personnel, au-delà du fait de prêcher pour ma propre paroisse, il s'agirait surtout de réévaluer l'histoire d'une région souvent délaissée, ou du moins sous-exploitée, par la recherche historique, ce mémoire ne représentant au final qu'une pierre qu'il serait possible d'apporter à un éventuel programme de recherche englobant un territoire et une production documentaire beaucoup plus vaste.

156

ANNEXES

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Annexe n°1

Foliotation et agencement codicologique des cahiers composant le Grand cartulaire de l'évêché de Laon

L'analyse codicologique de l'agencement des cahiers au sein du cartulaire nous apporte des informations quant aux logiques de rédaction ayant amené à la réalisation du cartulaire. Par exemple, la succession de cahiers de composition identique nous permet d'avancer l'hypothèse d'une appartenance à une même phase de rédaction. C'est le cas notamment des huit premiers cahiers, tous des quaternions.

Cahier n°1

I II III IV V VI VI VIII

Cahier n°2

IX X XI XII XIII XIV XV XVI

158

Cahier n°3

XVII XVIII XIX XX XXI XXII XXIII XXIV

Cahier n°4

XXV XXVI XXVII XXVIII XXIX XXX XXXI XXXII

Cahier n°5

XXXIII XXXIV XXXV XXXVI XXXVII XXXVIII XXXIX XL

159

Cahier n°6

XLI XLII XLIII XLIV XLV XLVI XLVII XLVIII

Cahier n°7

XLIX L LI LII LIII LIV LV LVI

Cahier n°8

LVII LVIII LIX LX LXI LXII LXIII LXIV

160

Ici, l'arrêt des quaternions au profit de binions marque une rupture dans l'élaboration du cartulaire. Néanmoins, pour les quatre cahiers qui suivent, les explications divergent. Concernant le cahier 9, la formation d'un binion est susceptible de marquer l'arrêt de la première phase de cartularisation, du fait que le dernier acte du cahier 8 se prolonge sur le cahier 9.

Cahier n°9

LXV LXVI LXVII LXVIII

Le cahier 10, quant à lui, apparaît comme indépendant du reste des binions, ce qui semble illustrer une nécessité de rédaction basée sur le court terme ou selon des conditions particulières.

Cahier n°10

LXIX LXX LXXI LXXII

Concernant les cahiers 11 et 12, ceux-ci sont au contraire caractérisés par une imbrication à la fois matérielle et séquentielle, répondant certainement aux mêmes particularités que le cahier précédent. Néanmoins, il est possible de nous interroger sur les causes d'une non-fusion de ces deux binions, qui auraient pu former un quaternion homogène.

161

Cahier n°11

LXXIII LXXIV LXXV LXXVI

Cahier n°12

LXXVII LXXVIII LXXIX LXXX

Codicologiquement, le cahier 13 demeure une exception au sein du cartulaire du fait de sa composition en quinion. De plus, une partie de sa foliotation marque une rupture dans l'ordonnancement numérique du cartulaire, avec notamment l'adoption d'une numérotation en chiffres arabes. Dès lors, il apparaît évident de s'interroger la place que devait occuper ou non ce cahier au sein du cartulaire : s'agit-il d'un brouillon inséré, initialement ou non, a posteriori ou ce cahier répond-il à des conditions d'élaboration totalement autonomes ? L'analyse particulière de ce cahier pencherait davantage pour la première hypothèse au dépend de la seconde.

162

Cahier n°13

LXXXI LXXXII LXXXIII 88 89 90 91 92 93 94

Enfin, l'agencement des trois derniers cahiers du cartulaire, tous des quaternions, répond aux mêmes logiques que celui des neufs premiers cahiers, c'est-à-dire qu'ils forment une homogénéité à la fois matérielle et séquentielle.

Cahier n°14

LXXXIV LXXXV LXXXVI LXXXVII LXXXVIII LXXXIX LXL LXLI

163

Cahier n°15

LXLII LXLIII LXLIV LXLV LXLVI LXLVII LXLVIII IC

Cahier n°16

C CI CII CIII CIV CV CVI CVII

164

Annexe n°2

Liste des abréviations, des unités de mesures et des

différents droits seigneuriaux présents dans le
cartulaire

Liste des abréviations

- £p. / s.p. / d.p. : livre parisis / sous parisis / denier parisis

- £t. / s.t. : livre tournoi / sous tournoi

1 livre = 20 sous = 240 deniers

Chaque devise parisis équivaut aux 5/4 de la devise tournoi correspondante246.

Liste des mesures247

 

Capacité matières sèches (en L)

Capacité liquides (en L)

Surface

(en m2 / are)

Equivalence

Muid

1900

270

aléatoire

12 setiers secs 36 setiers liquides 33 jalois secs 36 verges

Jalois

58

-

6100 / 61

1/33e muid sec

Setier

158

7,5

 

1/12e muid sec 1/36e muid liquide

Verge

-

-

50 / 0,5

 
 

246 CORMIER Jean-Philippe, Monnaies médiévales, Reflets des pouvoirs, Paris, Remparts, 1996.

247 DOURSTHER Horace, Dictionnaire Universel des poids et mesures anciens et modernes, Bruxelles, 1840.

165

Droits seigneuriaux

Droit de garenne : droit exclusif de chasse à petit gibier sur un territoire donné ;

Droit de lods et de ventes : droit casual consistant en des taxes seigneuriales prélevées à chaque fois qu'une terre censive était vendue, généralement un prélèvement du 12e sur le prix de vente. Il s'agit en quelque sorte d'une « commission » à la vente ;

Droit de terrage : droit perçu sur le champ avant que le paysan n'enlève sa récolte ; Droit de vinage : impôt prélevé sur le vin récolté ou transporté ;

Droit de cens : redevance due par le tenancier au propriétaire du sol ;

Droit de surcens : second cens imposé sur un héritage censuel et qui est du après le premier cens ;

Taille : contribution pécuniaire, d'abord arbitraire et exceptionnelle, ensuite déterminée et régulière, exigée par le seigneur de ses dépendants. On distingue la taille ordinaire (annuelle et inégalement répartie) de la taille extraordinaire (destinée à financer guerre, expéditions, besoins spéciaux des princes) ;

Droit de régale : droit qu'a le roi de percevoir les revenus des évêchés vacants ;

Droit d'extrahière : droit de saisir les biens meubles et immeubles des paysans qui émigraient de la seigneurie, en les assimilant à des étrangers décédés sur la terre de ladite seigneurie ;

Droit de formariage : droit payé au seigneur à l'occasion du mariage d'un serf avec le serf d'un autre seigneur ou avec une personne de condition libre ;

Droit de mainmorte : droit prélevé sur les héritages des paysans après leur décès ; Droit de fouage : redevance due au seigneur par feu ou maison ;

Droit de chevage : redevance annuelle, symbolique, dont doivent s'acquitter les serfs ou tenanciers, reconnaissant par ce don leur dépendance ;

Droit de rouage : droit consistant à recevoir le paiement de la location des places occupées dans les foires ou les marchés par les marchands étrangers. Le prélèvement se faisait en fonction du nombre de roue des charriots, d'où le nom ;

Droit de cambage : taxe perçu sur les bières ;

Droit de jalage : droit sur chaque pièce de vin vendue en détail avec la permission du seigneur ;

Droit de tonlieu : taxe perçue par un officier du seigneur sur les marchandises vendues au marché ;

166

Droit de péage : taxe perçue pour le passage d'un pont, d'un gué ou tout autre obstacle naturel (on le nomme aussi "travers").

Annexe n°3

Recensement prosopographique et social à travers le Grand cartulaire de l'évêché de Laon

Ce recensement ne tend pas à l'exhaustivité, mais permet d'appréhender de manière globale les individus constituant la société laonnoise, diocésaine ainsi que les individus extérieurs au diocèse mais participant aux évolutions de cette région.

DIOCESE DE LAON

OFFICIERS EPISCOPAUX

Raoul, chambrier de l'évêque (1217)

Henri, chevalier et bailli de l'évêque (1218)

Enguerrand de Riocourt, échevin épiscopal (1218)

Raoul, chambellan de l'évêque (1220) Laurent, sergent de l'évêque (1232)

François, sigillant de la cour épiscopale (1292)

Adam Galet, prévôt épiscopal (1292)

Golone Frevet d'Etouvelles, échevin épiscopal (1292)

Baudet Godart de Bourguignon, échevin épiscopal (1292)

HOMMES ET FEMMES DE CORPS DE L'EVEQUE

Duisart de Mons (1218)

Jean, Odard, Thomas et Simon (1232) Jean de Tartarin (1277)

Robert, fils d'Huart Daunoit et de Thiephaine, homme de corps d'Agnès de Juvincourt puis de l'évêque (1269)

Marguerite, fille d'Herbert dit Barenton et d'Agathe de Pouilly, femme de corps de l'évêque puis d'Agnès de Juvincourt (1269)

Sarah, fille de Gilon Craigne et Marie, femme de corps de l'abbé de Saint-Vincent (1290)

167

Marie, fille de Jacques Aignel de Chevregny et Emeline Jacquerie, son épouse, femme de corps de l'évêque (1290)

Colart de Bruyères (1297) Léger de Crépy (1297)

EGLISE DE LAON

Chanoines

Gobert, chanoine (1217)

Robert Balbe, chanoine (1217) Enguerrand, chanoine (1217) Hubert, chanoine (1217)

Simon Cadoues, chanoine (1217) Henri de Paris, chanoine (1217) Thorin, chanoine (1217)

Enguerrand, chanoine (1217)

Garnier, chanoine et official (1217 - 1218 - 1223)

Yvain de Bavia, chanoine (1224) Pierre de Bercenai, chanoine (1239)

Guillaume de Vivier, chanoine et official (1252)

Gilles Lisiard, chanoine (1257)

Pierre de Sens, dit le Petit, chanoine

(1257 - 1260 - 1263)

Jean de Dammarie, chanoine et official de Laon (1259)

Jean de Molinons, chanoine (1260)

Doyens

A, doyen et chapelain (1219 - 1222) Enguerrand de Vorges, doyen (1232) Roger de Guignicourt, doyen (1232) Pierre de Chivres, doyen (1232) Jacques de Renval, doyen (1232) Jean de Montigny, doyen (1232) Adam d'Acy, doyen (1232)

Hugues de Pierremande, doyen (1232)

Renaud de Brissy, doyen (1232) Stéphane de Saint-Algis, doyen (1232) Richer d'Origny, doyen (1232)

Guillaume le Gallois, doyen et chapelain (1257 - 1260)

Etienne, doyen et chapelain (1279) A, doyen et chapelain (1282)

Archidiacres
Hellin, archidiacre (1219)
Clément, archidiacre (1257 - 1260)
Nicolas des Vignes, chanoine et archidiacre (1282)

Curés

Pierre de Mons, curé et chanoine (1223)

Simon de Trainel, curé et chanoine (1223)

Jean de Dammarie, curé et chanoine (1282)

Milon de Semur, curé et chanoine (1282)

Diacres

Guy de Haudion, diacre et chanoine (1223)

Enguerrand de Ruis, diacre et chanoine (1223)

Roger de Remies, diacre et chanoine (1223)

Simon de Vendeuil, diacre et chanoine (1282)

Sous-diacres

Joseluis de Ligny, sous-diacre et chanoine (1223)

Guillaume de Flaci, sous-diacre et chanoine (1223)

Anselme de Malonido, sous-diacre et chanoine (1223)

Jacques de Noex, sous-diacre et chanoine (1223)

Gazon de Champagne, chanoine et sous-diacre et futur évêque de Laon (1282)

Henri dit de Boileau, chanoine et sous-diacre (1282)

169

R, chantre de l'église de Laon (1219)

Anselme, chantre de l'église de Laon (1234 - 1250)
Guillaume, chantre de l'église de Laon (1260)

Enguerrand, trésorier de l'église de Laon (1215)

Itier, trésorier de l'église de Laon (1234)

Jean de Rumilly, trésorier de l'église de Laon (1250 - 1260)

Jean Lefèvre, chapelain de Laon (1217)
Pierre, chapelain de Laon (1269)

ABBAYE SAINT-VINCENT248
Jean [de la Fère], abbé (1221 - 1229 - 1232)
Thomas [de Bruyères], abbé, successeur de Baudouin IV (1261)
Gui [de Bruyères], abbé (1280)
Jean [de Saint-Quentin Ier], abbé (1290)

ABBAYE SAINT-JEAN
Robert, abbé (1229)

Gilbert Bovelle, chanoine (1217) Hugues, trésorier (1217)

Guy, chanoine et frère de Gérard de Caulaincourt (1229)

C, prieur (1232)

Arnoulf, clerc (1232) Odon, chanoine (1253) Drouard, chanoine (1269) Jean, doyen (1262)

ABBAYE SAINT-MARTIN
Gautier, abbé (1221 - 1232)
Jean, abbé (1292)

Milon, prévôt (1292)

ABBAYE DE PREMONTRE
C, abbé (1221 - 1226)
Gervais, abbé (1219)
Jean, abbé (1252)
Robert, abbé (1287)
Guillaume, abbé (1291)

170

248 WYARD Robert (dom), Histoire de l'abbaye saint-Vincent de Laon, St Quentin 1858

171

Hugues, prieur (1234)
Gobert d'Origny, moine (1287)

ABBAYE DE SAINT-NICOLAS-AUX-BOIS
Renier, abbé (1232)
Henri, abbé (1285)
Guillaume, abbé (1287)

Jean, chapelain (1217)

ABBAYE DE BRAINE
G, abbé (1250)

Jacques, abbé (1265)

ABBAYE DE CUISSY
Lambert, abbé (1232 - 1233)
Conrad, abbé (1234)
G, abbé (1248)

Renier de Flavigny, chanoine (1222)
Gautier, doyen (1222)

ABBAYE DE VAUCLAIR
P[ierre], abbé (1232 - 1261)

ABBAYE DE SAINT-MICHEL-EN-THIERACHE

Gui, abbé (1232)

ABBAYE DE SAINTE-MARIE-EN-NOGENT

Gautier, abbé (1232)

ABBAYE DE SAINT-NICOLAS DE RIBEMONT

Mathieu, abbé (1232)

ABBAYE DE BUCILLY
Jean, abbé (1232)

ABBAYE DE BOHERIES
Henri, abbé (1232)

CLERGE DIOCESAIN

Robert Ballmus, archidiacre de Rouen et chapelain du roi (1217)

Evrard, frère de Margival (1219) Ponchard, curé de Nouvion (1222)

Bernard, clerc er recteur de l'église de Cilly et de Saint-Pierre-au-Mont (1245)

Evrard, chapelain de Coucy (1247)

Gui de Basenville, maître de la milice du Temple (1250)

Renaud, seigneur et curé de Chermizy et de Malmaison, doyen de chrétienté de

Bruyères (1252)

172

Barthélémy, clerc de la chapelle de la Ville-aux-Bois (1252)

Baudouin, clerc de Bourguignon (1269) Gobert, clerc de Molinchart (1269) Henri, doyen de Guise (1261)

G, curé de Saint-Clément, doyen de la chrétienté de Vervins (1261)

Jean Deleuze, écolâtre de l'église Saint-Etienne de Troyes (1287)

Jean de Ribemont, clerc (1287) Mathieu de Ribemont, clerc (1287) Gilles de Neuville, clerc (1287)

Jean Heliot, chanoine de l'église de Saint-Pierre-au-Marché de Laon (1292)

Jacques, curé de Berry (1292)

Jacques, curé de Chavignon (1292)

Bon, chanoine de l'église de Saint-Pierre-au-Marché de Laon (1292)

Jean Corbel de Laon, clerc (1292) Gobert de Trucy, clerc (1292)

173

OFFICIERS APOSTOLIQUES
Guillaume de Crépy, notaire apostolique (1292)

OFFICIERS ROYAUX
Nicolas de Loisy, chevalier et bailli royal (1221)
Mathieu de Trucy, chevalier et bailli royal (1221)
Thomas de Régny, prévôt royal et bailli de Laon (1248)
Robert de Belne, hommes du roi à Laon (1248)
Gilles de Comin, homme du roi à Laon (1248)
Simon du Fossé, bailli du Vermandois (1253)
Gobert Sarrazin, châtelain de Laon et bailli du Vermandois (1290)

PREVOTE DU LAONNOIS

Enguerrand, dit Geoffroy, prévôt de Valavergny et du Laonnois

(1214 - 1217 - 1219 - 1223 - 1225 - 1229)
Julie, épouse de Geoffroy (1217)
Gui, frère de Geoffroy (1214 - 1217)

Simon de Valavergny, écuyer et prévôt du Laonnois, frère cadet de Jean de Valavergny,

chevalier et prévôt (1218 - 1257 - 1260 - 1293) Marguerite, épouse de Simon (1293)

174

VIDAMIE DU LAONNOIS
Gobert de Clacy, vidame (1214 - 1218 - 1219)
Gérard de Clacy, frère de Gobert et vidame
(1218 - 1219 - 1221 - 1222 - 1223 - 1230 - 1236 - 1239)
Raoul de Clacy, clerc, frère de Gobert et Gérard (1214 -1218 - 1230)
Mathilde, vidamesse et mère de Gobert, Gérard et Raoul
(1214 - 1218 - 1219 - 1220 - 1230)
Alard, seigneur de Chimay et époux de Mathilde en secondes noces
(1214 - 1218 - 1219)
Petronille de Montmort, soeur de Gobert, Raoul et Gérard (1218)
Sarrazine de Hostel, soeur de Gobert, Raoul et Gérard (1218)
Guy de Montmort, époux de Petronille (1218)
Marie, épouse de Gobert (1218)
Marie, épouse de Gérard (1230)
Gérard, fils de Gérard de Clacy, chevalier et vidame du Laonnois (1244)
Baudouin, vidame (1254 - 1260 - 1263)

Jean de Nouvion, homme de corps de Gobert de Clacy (1218)
Jean, bailli de Gérard de Clacy (1244)

COMMUNE DE LAON
Guiard Corbeaux, maire (1221)
Gautier le Boucher, juré de Laon (1221)
Odard de Braune, juré (1221)
Henri Vitule, juré (1221)
Jean de Bruyères, maire (1253 - 1266)

Colin, fils de Robillard Leroux (1218) Ruffus, Barthélémy, Henri et Ludard,

frère de Colin (1218)

Guillaume Bouchet (1218)

Robert de Colligis (1221 - 1230) Guillaume de Colligis, frère de Robert

(1221)

Thomas Bouviers (1221)

Gérard le Boucher (1226)

Pierre Sylvestre (1230)

Henri Sylvestre (1230)

Gérard de Chamouille (1230)

Bertrand de Saint-Quentin (1230)

Ebale le Boucher (1230)

Jean de Versigny (1230)

Henri de Pierrepont (1230)

Pierre Kahadin (1230)

Ernald Baselart (1230)

Evrard de Merival (1230)

Heluydis de Rozoy (1230)

Huard le Jaune (1230)

Jean de Marchais (1230)

Thorin Duval (1230)

Albéric de Remies (1230)

Arnoulf le Moullis (1230)

175

Thomas Pieds Lepreux (1230)

Adam Troche (1230)

Boidekini de Movent (1230)

Gobin le Chat (1236)

Odeline, mère de Gobin (1236)

Guillaume, père de Gobin (1236)

Marie, soeur de Gobin (1236)

Jean Tornator (1248)

Huard Golier (1248)

Huard le Camus (1248)

Raoul Dufour (1248)

Roger Dufour, frère de Raoul (1248)

Aveline, soeur de Raoul

Poncard (1248)

Mathieu Praucelle (1248)

Arnoulf l'Aquitain (1248)

Huard Dufour (1248)

Jean Dufour, son frère (1248)

Anselme l'Hôte (1248

Herbert l'Hôte, son frère (1248)

Herbin Boulet (1248)

Arnoulf Boulet, son frère (1248)

André de Quincy (1248)

Jean Doutertre (1248)

Oudard Crapin (1248)

Raoul Lemoine (1248)

Jean, homme de Gilles et Heymon de

Besny (1248)

Drouard Chasiers (1248)

Adin de Pontois (1248)

Henri Porcelet (1248)

Jean Pingres (1248)

Gérard Brasier (1248)

Thomas de Puteo (1248)

Gobert de Chailvet (1248)

Bobo de Chailvet (1248)

Gilles de Besny (1248)

Pierre Chauvel, son frère cadet (1248)

Jean Cortuis (1248)

Anselme Louvel (1248)

Fabrice de Besny (1248)

Gautier Peret (1248)

Thibault de Chalandry (1248)

Gautier Vietry (1248)

Symon de Barenton (1248)

Colard dit le Vidame (1249)

Richard la Male (1249)

Bérard le Peintre de Laon (1269)

Wede, femme de Bérard (1269)

Jean de Manloues (1290)

Jean de Tremilly (1293)

Jean de Troillet (1293)

Isabelle de Chailly, son épouse (1293)

Jean de Semilly (1298)

176

NOBLESSE URBAINE DE LAON
Raoul de Sart, châtelain (1209)
Florentin de la Ville, chevalier (1216)
Gautier de Hanteuil, chevalier (1224)
Pierre de la Fontaine, chevalier (1260)
Pierre le Valois, chevalier de Montreuil (1243)
Jean de Sart, chevalier et châtelain de Laon, seigneur de Marcilly (1265)

VORGES

Pierre Marlet (1217) Haudouin (1217)

Gobert (1217) Gobert Framuses (1217)

Jean Bilvet (1217) Hairic Balet (1217)

Jean Prévot (1217) Guillaume Racine (1217)

BIEVRES

Guillaume de Bièvres (1252) Raoul et Simon, frères (1252)

Constant de Bellerive [Bièvres ?] (1252)

Ourric, chevalier (1252)

Garnier, frère d'Ourric (1252) Gaillet (1252)

Jean (1252)

Richard (1252)

LAVAL - NOUVION-LE-VINEUX - MAINMECON

Hugues de Gournai, seigneur de Nouvion, Laval et Mainmeçon (?)

Pierre de Courtisot, chevalier et seigneur de Crandon ; tenancier de Laval (1292)

Béatrice, épouse de Pierre (1292)

Robin de Haute-Verne, écuyer et vassal de Pierre à Laval (1292)

Colard, châtelain de Chouilly et vassal de Pierre à Laval (1292)

177

MARTIGNY
Robert Espillars (1252)
Jean de Bruyère dit le Cordonnier (1252)
Théodore Bonnevoie (1252)

CERNY

Renaud Caillou (1252) Wiard et Rolin [Bardel ?], frères (1252)

Gautier Boulanger (1252) Jean Ruffius [Leroux] (1252)

Wiard Bardel (1252) Wiard Bardoules (1252)

Gérard le Franc (1252) Drouard de Nouvion (1252)

CHEVREGNY

Gilon dit Gros-Amis (1292) Baudet Champaigne (1292)

Perrée, épouse de Gilon (1292) Gobert Machiers (1292)

Gérard des Bois (1292) Jean Billart (1292)

Alard Strabon (1292) Jean le Soucant (1292)

Gobin Gravier (1292) Herbert le Douclet (1292)

COLLIGIS - TRUCY - MONAMPTEUIL
Gilles de Trucy, chevalier (1239)
Jean de Colligis, chevalier (1252)
Droine, fils de feux Guillaume, chevalier de Monampteuil (1248)
Julie, épouse de Droine (1248)

CHIVY
Simon Oiseles (1252)
Gérard (1252)
Liegard (1252)

FAUCOUCOURT - LIZY - FOUQUEROLLES - CHAILVET - URCEL

Jean, maire de Chailvet (1215)

Jean de Marcilly, seigneur de Faucoucourt et de Woiz (1219)

Robert, maire de Marcilly (1219) Herbert, maire de Lizy (1219) Barthélémy de Lizy, tenancier (1219) Pierre de Lizy, tenancier (1219) Jean d'Urcel, tenancier (1219) Odon d'Urcel, tenancier (1219) Pierre de Woiz, tenancier (1219) Guillaume de Montoir, tenancier (1219)

Jean de Montoir, tenancier (1219) Wiard de Fouquerolles, tenancier (1219) Robert Maroie, tenancier (1219) Robert Lecos, tenancier (1219) Herbert Dumoulin, tenancier (1219) Raoul Godard, tenancier (1219) Raoul Gaidons, tenancier (1219)

Guillaume de Montiermont, tenancier (1219)

Wiard Sarrazin, tenancier (1219) Henri Putefins, tenancier (1219)

Odard Cellier, tenancier (1219)

Raoul de Faucoucourt, chevalier de Marcilly et seigneur de Faucoucourt (1265)

LANISCOURT - LES CREUTTES - BOURGUIGNON

Alisonne, fille de Thisse de Laniscourt (1269)

Raoul Patius (1269)

Thomas, juré (1269)

Gauchier de Chéry (1269)

Dudard, fils de Robert Ledoyen (1269)

Huard des Creuttes (1269)

Gilles, maire des Creuttes (1269)

Gobin, frère du maire des Creuttes (1269)

Baudoin Leroux (1269)

Huard de Bois-Roger (1269)

Adam, échevin de Bourguignon (1269)

Jean Bousses (1269)

Huard de Courdemaniche (1269)

Robert Brigaus (1269)

Robert Maires (1269)

Thierry des Baisses (1269)

Geoffroy Poce (1269)

BERTAUCOURT - DEUILLET - SERVAIS
Pierre, chevalier de Servais (1223)
Jean, chevalier et seigneur de Deuillet (1244)
Gobert, écuyer de Bertaucourt, (1284)

ACHERY - MAYOT - EPUISART - BRISSAY

Anselme d'Epuisart, chevalier (1215)

Renaud, chevalier et seigneur de Faucoucourt (1284)

Clarembaud, chevalier de Mayot (1284)

Guillaume Lemoisnes, alleutier

d'Epuisart (1284)

Jean d'Achery, chevalier (1287)

179

Gérard, écuyer et prévôt d'Achery (1289)

Jean d'Achery, chevalier (1281)

Hugues de Lier, écyuer d'Achery (1292)

Thomas de Beautor (1270)

Emeline, dame de Brissay, veuve de Baudouin, chevalier et seigneur de Loizy (1278)

Gui, fils d'Emeline et seigneur de Loizy (1279)

Isabelle, dame de Wiège, tenancière à la Frette et garante de la chapelle fondée par Emeline (1278)

Anselme Dubois (1278)

Dame Marie de Galardon (1278)

Jean de la Fère (1278)

Jean Oiselet de Landyfay (1278)

Gautier de Regicourt, chevalier (1278)

Jeanne, fille de Gautier (1278)

Gobert Chaurret (1278)

Robert de Mesbrecourt (1278)

Marie, dame de Dercy (1278)

DOMAINE DE POUILLY

Roger d'Acy, alleutier de Pouilly (1221)

Guillaume de Chéry, père de Roger d'Acy (1221)

Richard de Cervenay, écuyer (1250) Gui, chevalier et frère de Richard (1250) Adam, fils de Walet (1250) Wibert dit La Vache (1250) Jean de Suzy (1250)

Mathilde Duval, épouse de Jean de Suzy (1250)

Michel Charpentier (1250)

Adèle et Anselme Dufour (1250) Baudouin, fils de Stéphane (1250) Thibault et Thomas Dufour (1250) Behart Dufour de Chéry (1250) Gérard de Douai (1250) Widèle de Suzy (1250) Rémy Dufour (1250) Raoul le Doyen (1250) Houdiard la Boileue (1250) Gobert Currel (1250) Maire de Pouilly (1250)

181

SEIGNEURIE DE COUCY, LA FERE, MARLE & VERVINS
Enguerrand III de Coucy, comte de Roucy (1202 - 1204 - 1209 - 1214 - 1225)
Enguerrand IV de Coucy (1267 - 1277 - 1278 - 1281 - 1287 - 1291)
Marguerite de Coucy, d'Oisy et de Montmirail, épouse d'Enguerrand IV (1267)
Thomas de Coucy, seigneur de Vervins (1212 - 1225 - 1239 - 1245)
Mathilde, épouse de Thomas de Coucy (1245)
Renaud, châtelain de Coucy (1238)

COMTE D'ANIZY
Gérard, chevalier et seigneur de Caulaincourt (1229)
Baudouin de Chevregny, fils d'Hellin, chevalier (1229)
Jeanne de Caulaincourt, épouse de Baudouin de Chevregny & soeur de Gérard de

Caulaincourt (1229)

SEIGNEURIE D'AULNOIS
Raoul d'Aulnois, chevalier (1217)
Philippe, chevalier et seigneur d'Aulnois (1234 - 1250)
Clémence, épouse de Philippe (1234)
Hector, seigneur d'Aulnois et fils des précédents (1234 - 1249)
Cécile, épouse d'Hector d'Aulnois (1234)
Odon et Jean, frères d'Hector (1234)

SEIGNEURIE D'AUTREMENCOURT
Gautier d'Autremencourt, chevalier (1229)
Thomas, seigneur d'Autremencourt (1237)

SEIGNEURIE DE BARENTON-CEL

Gaucher de Châtillon, seigneur de Saint-Aignan-en-Berry (1246)

Gaucher de Châtillon, châtelain de Laon, seigneur de Barenton-Cel et connétable de

Champagne (1297)

Isabelle de Dreux, épouse de Gaucher (1297)

Jean, fils de Gaucher, chevalier, châtelain de Thorote et seigneur d'Honnecourt et de
Barenton-Cel (1301)

Clément de Choisy, bailli de Jean (1301)
Guillaume de Marcilly, écuyer (1301)

SEGNEURIE DE ROZOY
Roger, seigneur de Rozoy (1247)
Aélide, épouse de Roger de Rozoy (1247)
Aélide, dame d'Audenarde et soeur de Roger de Rozoy (1268)

SEIGNEURIE DE SISSONE

Milon (1222 - 1225)

Nicolas de Loizy (1222 - 1225) Renaud Troche (1222) Thomas Troche (1222 - 1225) Gautier (1222 - 1225)

Guillaume de Craonnelle (1222 - 1225) Gérard de Guignicourt (1222 - 1225) Gui le Chien (1222 - 1225)

Thomas, fils du seigneur Gérard de Balaham (1222 - 1225)

182

COMTE DE ROUCY

Henri, comte de Roucy, Pierrepont et Montaigu (1260)
Jeanne de Dreux, comtesse de Roucy (1320)

SEIGNEURIE DE JUVINCOURT ET DAMMARIE

Jean de Juvincourt, chevalier, seigneur de Dammarie et fils de feux Renaud dit le Govie,

chevalier (1248)

Bertrand de Juvincourt, chevalier, seigneur de Dammarie et frère de Jean (1248)
Gérard, chevalier et fils de Bertrand de Juvincourt (1248)
Milon, chevalier et seigneur de Soupir, Sissonne et Dammarie (1248)
Gérard, fils de Milon, chevalier et seigneur de Dammarie (1248)
Agnès de Juvincourt, dame de Besny (1269)

183

HORS-DIOCESE

ARCHECHE DE REIMS249
Renaud [II], archevêque (1125)
Albéric [de Humbert], archevêque (1217)
Guillaume [de Joinville], archevêque (1222 - 1226)
Henri [II de Dreux], archevêque (1239)
Jean [Ier de Courtenay-Champignelles], archevêque (1267 - 1268)

Simon Pied de Loup, chanoine et official (1229)
Jean de Blois, chanoine et official (1236)
Jean de Blois, chanoine et official (1240 - 1241 - 1248)
Gérard de Menessis, chanoine et official (1248)

Guillaume de Chaumont, clerc de la cour ecclésiastique de Reims (1248)

EVECHE DE SOISSONS

Jacques, évêque, cousin de Gobert, Gérard et Raoul de Clacy, vidames du Laonnois

(1218 - 1221)

EVECHE DE BEAUVAIS

Pierre [de Dammartin], évêque (1125)

EVECHE DE CHALONS

Ebles [de Roucy], évêque (1125)

EVECHE DE SENLIS

Clarembaud, évêque (1125)
Garin, évêque (1221)

249 DESPORTES Pierre, Histoire de Reims, 1983.

184

ABBAYE SAINT-MEDARD DE SOISSONS
Geoffroy, abbé (1125)
Gui, seigneur de Dercy et archidiacre (1263)
Robert de Saint-Médard, chanoine et archidiacre (1282)

COMTE DE SOISSONS

Jean, comte de Soissons (1248 - 1260 - 1262)

DIVERS

Julienne, dame de Bancigny (1228)
Nicolas de Brunehaut, fils de Julienne (1228)

Wiard de Bussel, fils du seigneur Basile (1240)
Hawide, épouse de Wiard (1240)

Jean, neveu de feu le seigneur Gautier, fondateur de la léproserie du Vigneux (1261) Isabelle, soeur de Jean (1261)

Jeanne, cousine de Jean et Isabelle (1261)

185

Annexe n°4

Tableau analytique du Grand cartulaire de l'évêché de

Laon

Pour la réalisation de ce tableau analytique du Grand cartulaire de l'évêché de Laon, nous nous sommes essentiellement basés sur l'inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790, rédigé par Auguste Matton, ancien directeur des Archives départementales de l'Aisne, durant la seconde moitié du XIXe siècle.

En complément, y ont été adjoints ici les références internes et externes des actes - références directe ou non à des actes du Grand cartulaire et/ou du Petit cartulaire -, la langue dans laquelle ils sont écrits, ainsi que les mentions des différentes rubriques du cartulaire.

Pour ce faire, nous avons scindé ledit tableau en 8 colonnes dont voici les significations :

· Acte : n° d'acte dans le cartulaire ;

· G2 : références présentes au sein du Grand cartulaire, qu'il s'agisse d'une double transcription ou d'une simple allusion, auquel cas les n° d'acte sont inscrits en italique ;

· G1 : références présentes au sein du Petit cartulaire, qu'il s'agisse d'une retranscription ou d'une simple allusion, auquel cas les n° d'acte sont en inscrits en italique ;

· Lg : langue dans laquelle les actes sont écrits (L = latin / F = français) ;

· Année : datation précise ou approximative de l'acte ;

· Rubrique : rubrique inscrite au préalable de chaque acte ;

· Emetteur(s) : entité(s) émettrice de l'acte ;

· Contenu : teneur de l'acte

NB : les lignes à fond gris correspondent aux actes issus du Petit cartulaire de l'évêché de Laon

186

Acte

 

G2

G1

Lg

Année

Rubrique

Emetteur(s)

Contenu

1

214

113

L

1190

(Messine)

Littera regis
super quassatione
communie
Laudunensis

Philippe Auguste

Pour le repos de son âme et de celle de ses parents, l'amour de Dieu et de la Sainte-Vierge, la justice et l'avantage de son voyage dans la Terre Sainte, de l'avis du conseil de

ses évêques et barons, ainsi qu'à la
sollicitation de l'évêque de Laon, de son chapitre, de Michel, doyen de Meaux, et de Gilbert, supprime la commune du Laonnois, contraire aux droits et libertés de l'église de la Sainte-Vierge de Laon

2

 
 

L

1174

Littera domini
regis cancellata

Louis VII

Accorde une institution de paix pour les domaines épiscopaux de Mons-en-Laonnois et lieux circonsvoisins.

Le dernier mot du titre cancellata, qui signifie rayée, biffée, indique que cette charte n'a pas été mise à exécution ou plutôt a été abrogée, ou ne sait aujourd'hui pour quelle cause, presqu'à sa naissance.

3

 

126

L

1128

Littera regis
super institutione
pacis
Laudunensis

Louis VI

Donne une institution de paix aux habitants de Laon. Le territoire de cette commune comprenait le village de Leuilly, et était borné par la rivière d'Ardon, le bois de Breuil et le contour de la montagne.

Y sont adjoints des règlements d'administration à l'usage des maire et échevins de cette ville.

4

 
 

L

1282

Sentencia
arbitralis domini
regis

Philippe III

Sentence arbitrale sur les droits et les devoirs de la commune de Laon et de l'évêque. Les hommes de l'évêque sont exempts du droit d'estallage ; les hommes forains du même sont exempts du droit de chaussée. Si ses hôtes viennent plusieurs fois la semaine, ils ne paieront ce dernier droit qu'une seule fois. Un voleur ayant été pris dans la censive épiscopale et privé d'une oreille par les

maires et échevins, ceux-ci paieront
l'amende à l'évêque. Ils ne troubleront plus à l'avenir l'évêque dans l'exercice de la justice. Si celui-ci néglige cet exercice, les maires et jurés le mettront en demeure ; s'il laisse passer 15 jours, ils jugeront eux-mêmes. L'évêque peut percevoir 3 fois l'an, en présence de quelques uns des échevins, un droit sur les chemins, sur la halle, ainsi que sur les maisons de ceux qui exposent des marchandises en vente et qui dépendent de

187

 
 
 
 
 
 
 

sa justice. Les hommes de corps de l'évêque sont affranchis de la taille communale. Les maire et jurés n'ont droit d'amende pour les délits et les mellées que sur les personnes de leur justice. La commune et l'évêque, dans leurs justices respectives, peuvent faire jeter le poisson et les viandes gâtées tout comme le vin corrompu mis en vente, régler les poids et le prix du pain. Les forains et les

clercs délinquants sont justiciables de
l'évêque auquel la commune rendra les droits de tonlieu et de péage usurpés

5

 
 

L

1283

Ordinatio facta
quod dominum
episcopum
Dolensis,
dominum
abbatem sancti
Dyonisii et
dominum Nigelle
locum tenentes
domini regis

Évêque de Dôle ;

Mathieu, abbé de Saint- Denis ;

Simon de Clermont, seigneur de Nesle

Sentence arbitrale à propos des droits de l'évêque et de ses vassaux, ainsi que de la commune : un sergent exercera seul la justice du tonlieu et du rouage pour l'évêque. Celui-ci pourra, dans sa justice, déléguer une personne pour faire la visite des viandes, vin

et poissons gâtés, et faire justice des
délinquants.

La commune aura le même droit dans la sienne.

Les changes seront remis dans l'ancien état. S'il y trop de changeurs, on en pourra réduire le nombre et déplacer l'endroit où se fait le change.

La commune ne peut avoir de garde-vignes et moissons que dans les limites de son territoire. Les vassaux épiscopaux jouiront de leurs droits et libertés sous caution ou serment de leur condition.

Aimard de Reims, sergent royal, qui gardait pour l'évêque par ordre du Roi, à cause des injures faites à ce prélat, recevra de la commune une somme de 50 livres

6

176

 

L

1239 (Laon)

Carta super
fidelitate qua
cives Laudunensis
tenentur episcopo
Laudunensis et
idem episcopus
eis

Henri,

archevêque de Reims

Sentence arbitrale réglant le mode de

serment de la commune à l'évêque, sacré à Reims

7

 
 

L

1180 (Senlis)

Carta communie
de Brueriis

Philippe Auguste

Confirmation de la charte communale

octroyée par ses prédécesseurs aux habitants de Bruyères, Chérêt, Vorges et Valbon, ainsi que leurs dépendances, du consentement de l'évêque Barthélémy et de Clarembaud du Bourg.

188

 
 
 
 
 
 
 

Cette charte a été instituée à l'instar de celle de Laon. Les habitants de cette commune s'imposèrent l'obligation de payer annuellement au roi 20 livres de bonne monnaie, partagé en tiers le roi, l'évêque et Clarembaud du Bourg.

8

 

127

128

L

1196 (Villers- Cotterêt)

Carta communie
de Crandelin

Philippe Auguste

Confirmation de la charte communale

octroyée aux habitants de Crandelain, Trucy, Courteçon, Malval, Colligis et Lierval, à la demande Nicolas, abbé du monastère de Saint-Jean de Laon.

9

 
 

L

1280

Carta super esbonnatione territorii sancti Vincencii et episcopatus Laudunensis

Évêque Guillaume

Accord pour la démarcation de domaines respectifs de l'évêque de Laon et de Gui, abbé de Saint-Vincent, de leurs censives ainsi que du règlement de leurs droits et de ceux de leurs vassaux.

10

 
 

L

1280 (juin)

Carta super
esbonnatione
territorii sancti
Vicencii et
territorii
episcopatus
Laudunensis

Philippe III

Confirmation

11

 
 

L

1277 (mars)

Carta quod
dominus de Couci
non habet
justiciam neque
garennata apud
Versigni

Philippe III

Enguerrand de Coucy a eu tort de faire incarcérer Jean Tartarin, homme de corps de l'évêché et habitant des terres épiscopales de Versigny ; indique aussi n'y avoir aucun droit de garenne

12

62

 

L

1241

(novembre)

Carta domini
regis pro episcopo
Laudunenso super
pace sancta inter
ipsium episcopum
et majorem et
juratas
Laudunensis

Louis IX

Droits de cambage, de tonlieu, de lardage, de rouage, de lardage et d'emplacement du beffroi demeurent à la commune ; justice à l'évêque.

Partage des amendes

13

53

 

L

1282 (mars)

Carta quod
homines episcopi
sunt immunes a
Calceya, a
Brueriis et de
Vorges

Philippe III

Hommes de corps de l'évêque ne doivent point de droit de chaussée à Bruyères et Vorges

189

14

 
 
 

L

1282 (mars)

Littera quod
custodes
garennarum
episcopi possunt
de ferre arma
apparenter

Philippe III

Les sergents et garde-bois de l'évêque

détinenent le droit de port d'armes à Laon

15

 
 

L

1269 (mars)

Littera quod qui
tenent decimas a
rege immediate
seu mediate quod
eas ipso
inrequisitio possit
dare vel vendere
ecclesiis

Louis IX

Possibilité apportée aux laïques de donner ou vendre sans agrément royal aux églises les dîmes de la mouvance qu'il possède

16

 
 

L

1263

Littera regis pro
domo de
Marchais

Louis IX

Enjoint à l'abbaye de Valroi de cesser après an et jour la possession d'une maison sise à Marchais, revendiquée par l'évêque Garnier

17

 
 

L

1260 (mercredi après la fête de Saint- Nicolas d'hiver)

Littera quod
comes de Roci
facit tota homagia
pro totis feodis de
Petriponte et
Monte Acuto et
Sisson

Clément, archidiacre de l'église de Laon ;

Guillaume, chantre de la même église ;

Baudouin de Clacy, vidame du Laonnois ;

Simon de Valavergny, prévôt du Laonnois

Sentence arbitrale : le comte de Roucy doit rendre deux fois hommage à l'évêque pour ses châtellenies de Pierrepont et Montaigu

18

234

 

L

1266 (juin)

Littera
compositionis
facte a episcopo
Laudunensis
majoris et juratis
Laudunensis
super pugneiis,
joloneis et
quibusdam aliis --

- curie ducatus

Jean, dit de Bruyères, maire de la commune de Laon ;

Jurés de Laon

Reconnaissent que l'évêque leur a

abandonné moyennant somme de 1000
livres tournois les droits qu'il réclamait sur les poireaux, choux, oignons, noix

19

237

167

 

L

1247 (samedi après les

Carte venditionis
facte a domino de
Roseto, de

Roger, seigneur de Rozoy

Roger vends à l'évêque ses biens sis à Martigny, Bruyères, Montbéraut, Vorges, Chéret et Cherequel, consistant en dîmes,

190

 
 
 
 

octaves de la Nativité de la Sainte- Vierge)

Martigniaco et de
Brueriis et de
Vorges et de
Cheire et
Cherequel
episcopo
Laudunensis

 

vinages, rentes, moyennant 1820 livres

parisis payés comptant

20

 
 

L

1250

(Jeudi, après l'Épiphanie - janvier)

Littere Templi
super molendino
de Poilliaco

Guy de Basenville, maître de la milice du Temple

Guy abandonne à l'évêque une maison, un moulin et ses dépendances à Pouilly, ainsi que 7 faulx de prés sis au-delà de ce moulin et la moitié d'un bois, territoire de Sart, au-dessus de ce moulin, moyennant rente annuelle de 20 muids de blé tierçain, bon, loyal et mangeable, à la mesure de Laon, 20 jours après Noël, en la grange dudit évêque ou à Pouilly

21

 

20

16

L

1204 (avril)

Littera domini
Ingelranni super
intercessunt
hominum suorum
et hominum
Laudunensis per
Mariragium
solum

Enguerrand de Coucy

Reconnaît que les hommes de corps de ses domaines et des domaines épiscopaux ne peuvent venir à demeure de ces domaines respectifs que par mariage

22

 
 

L

1225 (juin)

Littera domini
Ingelranni quod
tenet totam
theotunicam
villam de Sissonia
in feodus ab
episcopo
Laudunensis

Enguerrand de Coucy

Reconnaît qu'il est homme lige de l'évêque pour sa ville teutonique de Sissonne et des fiefs relevant de Sissonne

23

 

21

L

1202

Littera Ingelranni
quod concessitur
ei episcopi tres
carrutatas terre
sub annua
pensione quatuor
modiis bladi
mediocris

Enguerrand de Coucy

Reconnaît que l'évêque lui a cédé 3 charrues de terres contenant chacune 12 muids à la mesure de Laon, à prendre dans le bois de Tranloy moyennant une redevance annuelle de 4 muids de blé portable à Versigny dans la maison du maire le jour ou lendemain de la St-Martin

24

 
 

L

1158

Deliberitate
episcopalis domus
et aliarum rerum

Louis VII

A la prière de l'évêque Gautier de Mortagne, exempte l'évêché du droit de régale certains

biens de l'évêché acquis par l'évêque
Guillaume

25

 

11

L

1218 (juin)

Littera super
venditione
quatuor villarum

Gobert de Clacy, vidame du Laonnois

Vend à l'évêque ce qu'il possède comme

vidame à Anizy, Septvaux, Pouilly et
Versigny moyennant 600 livres provins

191

 
 
 
 
 

scilicet Anisi,
Poelli, Sexvaus,
Vercegni, facta
vicedomino
Laudinesii
episcopo
Laudinensis

 
 

26

 

12

L

1218

Confirmatio super
dicitur venditione
IIII villarum
scilicet Anisi,
Poelli, Sexvax,
Versigni, facta a
vicedomino
Laudunesii
episcopo
Laudunensis

Philippe Auguste

Ratifie vente définitive des domaines

d'Anizy, Pouilly, Septvaux et Versigny faite par Gobert, vidame et seigneur de Clacy, à l'évêque Anselme

27

 
 

L

1281

Littera quod captiones facte a domino de Couci et in terra sua seu nemoribus contra

episcopum Laudunensis quod recredencie fient per manum regis

Philippe III

Constate que sa cour a décidé que évêque de Laon avait recréance par la main royale des délits commis par les gens dudit évêque dans les bois d'Enguerrand de Coucy

27 bis

 
 

L

1244 (octobre)

Carta domini de
Dueillet super
quitatione
nemoris de
Tranloi quam fecit
episcopo
Laudunensis

Jean, chevalier de Deuillet

Reconnaît qu'il a eu tort de considérer comme lui appartenant 22 jalois de bois en la forêt de Tranloy, vers Effecourt

28

 
 

L

1261 (mars)

Littera abbatis
Vallclare quod
episcopus
Laudunensis
retinet omnem
justitiam in domo
quam hanc
Lauduni

Pons, abbé de Vauclair

Reconnait que l'évêque a tout droit de justice en une maison acquise à Laon, paroisse Sainte-Benoîte, et qu'ils ne peuvent y établir

soit une chapelle soit une église sans
l'autorisation dudit évêque

29

 

45

L

1125

Quassatio
Vicedominatus

Louis VI

Unit à l'évêché de Laon les offices onéreux de vidame et de prévôt du Laonnois sous la condition expresse qu'ils ne seront jamais aliénés

192

30

 
 
 

L

1257 (octobre)

Littera arbitrorum de compositione inter episcopum Laudunensis et

capitulum

Clément, archidiacre de l'église de Laon ;

Guillaume le

Sentence arbitrale concernant les droits de justice respectifs du chapitre cathédral et de l'évêque à Mons-en-Laonnois, ainsi que les droits de leurs vassaux de prendre des feuilles et des pierres, et de faire pâturer leurs bêtes

 
 
 
 
 
 

Gallois, ancien ;

 
 
 
 
 
 
 

Gilles Lisiard, chanoine ;

 
 
 
 
 
 
 

Pierre de Sens, dit le Petit, chanoine

 

31

 
 

F

1287

Littera ex

Jean d'Achery

Abandonne à l'évêque son droit sur le pré de

 
 
 
 

(Mercredi avant fête de Saint-Luc, évangéliste)

Jehannes de
Acheri quitavit
episcopo totum
jus quod habebat
vel habere potavit
in prato

 

Girondele et de la rivière qui l'avoisine, vers les pâtures d'Achery

 
 
 
 
 

Girondele

 
 

32

63

24

L

1214 (juillet)

Littera quod
Ingelrannus de

Enguerrand de Coucy

Garantie à l'évêque le respect des anciens droits d'entrecours de ses domaines à ceux

 

175

 
 
 

Couci recognovit

 

dudit évêque, et la part de la forêt de

 

180

132

 
 

episcopo

 

Ronceloi attribuée au même par l'évêque de

 

205

 
 
 

Laudunensis

 

Beauvais et le comte de St-Paul ;

 

246

 
 
 

intercursum terre
sue ad sicut ipsius
episcopi

 

Promet en outre de ne contraindre à la chevauchée et au service militaire que ses vassaux de Nouvion-le-Vineux, Laval et

 
 
 
 
 

Laudunensis

 

Mainmençon, ainsi que de s'émender sous la garantie de ses biens en cas de contravention

33

 

25

L

1219 (avril)

Littera quod
Guobertus
vicedominus

Gobert, vidame

Inquiété par l'évêque, avoue qu'il n'a ni command ni droit sur les commands dans les domaines épiscopaux ;

 
 
 
 
 

Laudunesii
recogno inter
episcopo

 

En outre il est émendé devant ses pairs

 
 
 
 
 

Laudunensis quod
in comitatis
hominibus nullum
jus habebat et
quod de hiis fecit
emendati ipsi
episcopo

 
 

193

34

 

45

27

L

1219 (mai)

Litterere quod

Gobert,

Atteste que l'évêque à ajourné à Noël sa

 

49

 
 
 

Guobertus

vidame

décision pour déclarer le droit qu'il aurait

 

72

 
 
 

vicedominus

 

dans les garennes du Laonnois

 

95

 
 
 

Laudunesii

 
 
 

134

 
 
 

vendidit penitus et

 
 
 

145

 
 
 

quitavit episcopo

 
 
 
 
 
 
 

Laudunensis
quicquid juris
habebat in
waranna

 
 
 
 
 
 
 

Laudunesii

 
 

35

 

28

L

1218 (juillet)

Littera Guoberti
super

Gobert, vidame

S'accorde avec ledit évêque (cf ch.11 & 12 PC)

 
 

11

 
 

conventionis et

 
 
 
 

12

 
 

super omnibus qui
habebat in
vicedominatu

 
 
 
 
 
 
 

Laudunesii

 
 

36

 

29

L

1218

(décembre)

Littera domini
regis quod

Gobert, vidame

idem

 
 
 
 
 

Guobertus de
Claci fecit
conventionem
cum episcopo

 
 
 
 
 
 
 

Laudunensis
super omnibusque
habebat in
vicedominicatu

 
 
 
 
 
 
 

Laudunesii

 
 

37

 

30

L

1214

De forma
compositionis
inter episcopum

Gobert, vidame

Transige avec l'évêque au sujet des droits de vidamie du Laonnois pour la durée de l'épiscopat de l'évêque Robert

 
 
 
 
 

Laudunensis et

 
 
 
 
 
 
 

Gobertum

 
 
 
 
 
 
 

Laudunesii
vicedomini super
captionibus,
exactionibus et
aliis

 
 

38

74

31

L

1219 (avril)

Littera quod
Gobertus
vicedominus
Laudunesii
recognovit
episcopo
Laudunensis se
nullum jus habere
in hominibus

A., doyen ;

Helluin, archidiacre ;

R., chantre église de Laon ;

Reconnaissance de la vente faite par Gobert, vidame, des domaines d'Anizy, Septvaux, Pouilly et Versigny, conforme à l'aveu dudit Gobert

194

 
 
 
 
 

comitatis

[pairs de Gobert]

 

39

163

32

L

1219

(décembre)

Littera quod
Gobertus
vicedominus
Laudunesii nec
heredes suus non
possit mutare
aliquae de
servibus suis nisi
de assensu
episcopi
Laudunensis

Gobert, vidame

Reconnaît qu'il ne peut changer son prévôt et ses 4 sergents de la vidamie sans permission de l'évêque

40

 
 

L

1221

Littera super
venditione
quatuor villarum
scilicet Anisi,
Pooilli, Sexvaux,
Vercigni quam
fecit G[obertus]
dominus de Claci
episcopo
Laudunensis

Gérard de Clacy, vidame du Laonnois

Approbation de la vente faite par Gobert, vidame, son frère, à Anselme de ce qu'il possédait comme vidame à Anizy, Pouilly, Septvaux et Versigny

41

 
 

L

1221

Littera episcopi
Suessonensis
super venditione
quatuor villarum
scilicet Anisi,
Poilli, Sesvax et
Vercigny et
dominatus quam
fecit vicedominus
episcopo
Laudunensis

Jacques, évêque de Soissons

Approbation de la vente faite par Gobert, vidame, son cousin, à Anselme de ce qu'il possédait comme vidame à Anizy, Pouilly, Septvaux et Versigny

42

 

39

L

1222 (mai)

Littera quod
Girardus
vicedominus
Laudunesii
episcopum
Laudunensis de
quintus modiis
bladis

Gérard de Clacy, vidame

Rédime l'évêque, moyennant 60 livres

monnaie de Provins, d'une rente de 5 muids de blé mesure de Laon

43

 
 

L

1223 (janvier, vigile de Saint-Rémy & Saint-

Littera quod G[irardus] vicedominus Laudunesii emandavit

Divers

chanoines de Laon

Attestent que Gérard de Clacy, cité au chapitre parce qu'il n'avait point rendu à la demande de l'évêque divers prisonniers détenus à Mons, s'est amendé

195

 
 
 
 

Hilaire

Garnero
canonicum et
officum
Laudunensis quod
non reddidat
prisonarios de
Laudunesii

 
 

44

 

41

L

1218 (mai)

De compositione
vicedominatus
Laudinesii

Alard,

seigneur de Chimay ;

Cèdent à l'évêque, la vie de ce dernier durant et celle de ladite Mathilde, leur part des extrahières et tailles de la vidamie du

 
 
 
 
 
 

Mathilde, vidamesse du

Laonnois, moyennant 120 livres et 100 sous parisis

 
 
 
 
 
 

Laonnois, mère de

 
 
 
 
 
 
 

Gobert et

 
 
 
 
 
 
 

Gérard, épouse d'Alard

 

45

72

42

L

1218 (mai)

Littere Alardi et
Mathilidus uxore

idem

Et en outre, cèdent leur part éventuelle de droits sur les garennes du Laonnois pour le

 

34

 
 
 

sue super waranni

 

même laps de temps

 

49

 
 
 

Laudunesii

 
 
 

95

 
 
 
 
 
 
 

134

 
 
 
 
 
 
 

145

 
 
 
 
 
 

46

106

43

L

1220 (février)

Littera quod
Mathilidis
vicedomina

Mathilde, vidamesse

Abandonne à l'évêque ses droits d'extraière dus à cause de la terre d'Herbert de Lizy, sous l'épiscopat de Robert

 
 
 
 
 

Laudunesii
quitavit episcopo

 
 
 
 
 
 
 

Laudunensis

totam partem suam extraherie de terra Roberti

 
 

47

100

44

L

1218 (mai - lendemain de Cantate)

Et episcopam
Laudunensis
littera
compositionis
vicedominicatu
inter Alardum de

Alard de Chimay

Ratifie l'accord qu'il a fait avec évêque Anselme, par l'intermédiaire de son frère, trésorier de Laon, Henri Putefins, chevalier, et Ivon Leroux, citoyen de Laon

 
 
 
 
 

Cimai

 
 

48

267

46

L

1218 (juillet)

Littera quod
G[obertus]
domino de Claci
emandavit
episcopo

Gobert, vidame

Promet de ne plus porter atteinte aux droits de l'évêque et à ne plus inquiéter les vassaux de ce dernier

 
 
 
 
 

Laudunensis hoc

 
 

196

 
 
 
 
 

quod venatus fuit
in waranna sua et
milita alia

 
 

49

34 45 72 95 134 145

47

L

1218

(novembre)

Littera Goberti
vicedomini super
venditione et
quitatione
waranne
Laudunesii

Gobert, vidame

Renonce à ses droits sur les garennes du Laonnois durant l'épiscopat de l'évêque Anselme

50

 

48

L

1229

(décembre)

Littera super
venditione quam
fecit Balduinus de
Chevregni
episcopo
Laudunensis de
hiis quod habebat
apud Anisiacum

Gérard, chevalier et seigneur de Caulaincourt

Ratifie comme suzerain la vente faite à Anselme par Baudouin de Chevregny, fils d'Hellin, chevalier, et de Jeanne, sa femme, de rentes en argent, chapons, avoine, et de droits de justice.

Abandonne en outre ses droits de suzeraineté sur les biens vendus

51

 

49

L

1229 (samedi avant St- Martin)

Littera curie
Remensis super
eo quod
Balduinus de
Chevregni
vendidit episcopo
Laudunensis quod
habebat apud
Anisi

Simon Pied de Loup, chanoine et official de Reims

Relate cette vente faite pour satisfaire des créanciers. Comprend une rente de 15 muids

d'avoine à la mesure d'Anizy, de 120
chapons, de 15 sous, de domaine avec droits de justice à Anizy

52

 

50

L

1229

(novembre)

Littere abbatum
Laudunensis
super venditione
rerum Balduini de
Chevregni
existencium apud
Anisi

Jean, abbé de St-Vincent ;

Robert, abbé de Saint-Jean de Laon

Donnent une reconnaissance de cette vente et de la ratification précédente

53

13

 

L

1282 (mars)

Carta quod
homines episcopi
Laudunensis si
capiantur apud
Bruerias debent
sibi remitti etiam
si in presenti
melleia capiantur

Philippe III

Hommes de corps de l'évêque ne doivent point de droit de chaussée à Bruyères et Vorges

54

268

51

L

1219 (avril)

Littera Gaufridi
quod quitavit

episcopo
Laudunensis
partem quam

Geoffroy,
prévôt du
Laonnois

Renonce en faveur d'Anselme à sa part des droits d'extrahière d'Herbert de Lizy

197

 
 
 
 
 

retinverat in
extraheria
Roberti de Lisiaco

 
 

55

 

52

L

1217 (lendemain conversion de St-Paul)

Carta quod
Ingelrannis dictus
Gauffridus non
potest mutare
servientes suos
sine assensu et
voluntate episcopi
Laudunensis

idem

Reconnaît qu'il ne peut nommer ou révoquer ses sergents du Laonnois sans l'exprese consentement de l'évêque, et que s'il a remplacé son sergent Renier par Robert, c'est

à sa sollicitation vers Anselme et du
consentement de celui-ci

56

103

53

L

1225 (mai)

Carta quod
Ingelrannis

tenebatur ire in

exercitus episcopi

Laudunensis cum
expensis suis

idem

Déclare que si l'évêque Anselme l'a conduit à ses frais aux armées de La Rochelle et de Flandre, c'est sans tirer à conséquence pour leurs droits respectifs

57

270

54

L

1217 (lendemain de la conversion de St-Paul)

Carta quod
prepositus
Laudunesii non
potest mutare
servientes suos
sine consensu
episcopi

Robert Balbe ; Enguerrand ; Hubert ; Simon Ladoues ; Henri de Paris Thorin, chanoines de Laon

Garnier, official ;

Jean,

chapelain ;

Alelme, chapelain de Saint-Nicolas

Attestent qu'Enguerrand, dit Geoffroy,

prévôt, se trouvant dans la chambre de l'évêque en son palais, a reconnu que l'évêque l'avait autorisé à remplacer Renier par Robert en qualité de l'un de ses sergents libres, sans constituer un service spécial dudit Geoffroy

58

147

55

L

1217 (lendemain conversion de St-Paul)

Littera quod
Gauffridus
emandavit
episcopo
Laudunensis quod
ceperat homines
ipsius episcopi et
compulerat ad
redemptione

Geoffroy, prévôt

S'amende à l'occasion de la prise de sergents libres épiscopaux, et reconnaît qu'il ne peut instituer ou révoquer aucun sergent que du consentement dudit évêque

198

59

 

272

56

L

1223 (mai)

Carta quod
Ingelrannis
domum suam de
Vallavergni posuit
in feodum domini
episcopi
Laudunensis et
quod ei fecit
homagium de ea

idem

Consent à unir son manoir de Valavergny à la prévôté du Laonnois pour n'en constituer qu'un seul fief vassal de l'évêché ;

Renonce à des droits de terrage qu'il
réclamait dans les domaines épiscopaux, et abandonne à Anselme ses droits de garenne tant que celui-ci sera évêque

60

257

57

L

1217

(décembre)

De compositione
inter Ingelrannum

A., archevêque de Reims

Relate une transaction intervenue entre

l'évêque Anselme et Geoffroy.

 

133

 
 
 

et episcopum

 

Ce dernier conservera son héritage et ses

 

161

 
 
 

Laudunensis

 

rentes, sa part des droits d'amendes

 

170

 
 
 

super captionibus
exactionibus et
aliis

 

consistant en 2 sous et demi sur 22 et demi, une rente de 50 livres parisis exigible à Noël ;

 
 
 
 
 
 
 

L'évêque pourra faire remise des amendes.

 
 
 
 
 
 
 

Cette transaction recevra son effet pendant toute la durée de l'épiscopat d'Anselme

61

 

9

L

1267

(novembre)

Littera regis

super

confirmatione
venditionis de

Laval

Louis IX

Approuve la vente faite par Enguerrand de Coucy à l'évêché de ce qu'il possède à Laval et Nouvion.

Exige aussi que ces biens tombent en régale en cas de vacance du siège de Laon

62

12

 

L

1267 (mars

Littera super
scambio,

Louis IX

Approbation et confirmation de l'acte n°12 (1241) :

 
 
 
 
 

theloneo, rotagio,
salagio, lardario
et super
quadraginta
debentur episcopo

 

Droits de cambage, de tonlieu, de lardage, de rouage, de lardage et d'emplacement du beffroi demeurent à la commune ; justice à l'évêque.

Partage des amendes

 
 
 
 
 

Laudunensis

 
 

63

32

24

L

1214 (juillet)

Litterae domini
Ingelranni super

Enguerrand de Coucy

Garantit à l'évêque le respect des anciens droits d'entrecours de ses domaines à ceux

 

175

 
 
 

recognatione

 

dudit évêque, ainsi que la part de la forêt de

 

180

 
 
 

facta de

 

Ronceloi attribuée au même par l'évêque de

 

205

 
 
 

intercessum terre

 

Beauvais et le comte de St-Paul.

 

246

 
 
 

sue et

Laudunensii

 

Promet en outre de ne contraindre à la chevauchée & au service militaire que ses vassaux de Nouvion-le-Vineux, Laval et

 
 
 
 
 
 
 

Mainmençon , ainsi que de s'émender sous

la garantie de ses biens en cas de
contravention

64

 

134

L

1258 (juin)

Littera comitis Suessonis quod ipse non retineat homines episcopi

Jean, comte de Soissons

Promet de ne pas s'emparer des biens des taillables et hommes de corps des domaines épiscopaux retirés sur ses terres

199

 
 
 
 
 

et de extraheriis
eorum

 
 

65

243

 

L

1232 (janvier)

Littere regis super
absolutione major
et jurati
Laudunensis pro
hominibus
episcopi
M°CC°XXXII°

Louis IX

Relate l'accord passé entre l'évêque et la commune au sujet d'hommes de l'évêque qu'elle avait fait incarcérer.

La commune promet d'obéir désormais aux mandements de l'évêque comme à ceux de l'église et de payer.

Par suite de cette soumission, l'évêque a levé l'excommunication lancée contre les maire et jurés, de même que l'interdit sur la ville, qui paiera les frais occasionnés par cette incarcération

66

263

 

L

1229 (janvier)

Littere regis super
compositione
facta inter
episcopum
Laudunensis et
Galterum de
Ostremencort

Louis IX

Relate l'accord conclu entre l'évêque de

laon et Gautier, chevalier et seigneur
d'Autremencourt, où Gautier qui, pour avoir fait injustement la guerre audit évêque, s'être livré à des voies de fait contre ses hommes,

prêtres et clercs, avait été bannis du
royaume, s'était avisé de revenir malgré bannissement et, pour ce fait, avait été incarcéré. Sorti de prison, Gautier était venu devant le roi et avait promis sous caution de bien se comporter, ainsi que d'abandonner sa terre à l'évêque dans le cas contraire, sans aucun recours, et de rester banni

67

 
 

L

1215

(novembre)

Littera Ingelranni
thesaurus
Laudunensis de
molendino de Aile

Anselme del Puisat

(d'Epuisart)

Enguerrand, trésorier du chapitre, atteste qu'Anselme a cédé à Jean, maire de Chailvet, moyennant rente de 6 muids de blé et de 20 anguilles, le moulin de Chailvet dans la censive dudit trésorier.

1/12e des revenus de ce moulin appartient à la cathédrale et l'abbaye de Montreuil

68

 
 

L

1129

(12 des calendes de mars)

Carta Ludovici
regi super eo
quod concessit
terciam partem
viginti libros bone
monere quas
habebat in
homines de
Brueriis et de
aliis quibusdam
quae habet
episcopus apud
Bruerus

Louis VI

Louis VI, se trouvant à laon, donne à l'évêque Barthélémy le tiers d'une rente de 20 livres que lui doivent les habitants de Bruyères et de Vorges pour l'institution communale.

Donne en outre au chapitre une somme de 100 sous provins

200

69

 
 
 

L

1268 (Octobre - vendredi avant Toussaint)

Littera
redemptionis
census de domo
magister
Hermaldi

Maître, frères & soeurs de la maison de Saint-Lazare de Laon

Donnent à l'évêque un surcens de 10 sous parisis affecté sur une maison à Laon, face à l'église Sainte-Geneviève, en échange d'une maison qu'il avait fait construire dans le pourpis de ladite maladrerie

70

 
 

L

1226 (avril)

Littera de
capellania de
Nouviant in domo
domini que est de
collatione
episcopi

Florentin de Ville, chevalier

Augmente d'une rente de 10 livres

laonnoises, de 2 chapons, de 4 muids de terre et d'un ménage, affectés sur ses revenus de Nouvion, revenu de ladite chapelle, fondée par le legs de Mathilde de Molinchart, femme de Geoffroi de Brouce, et dont

 
 
 
 
 
 
 

Gautier, chapelain de La Fère, a été pourvu de ce bénéfice par l'évêque, sur instances du donateur

71

 
 

L

1263

(6e férie avant la Saint-

Ad quidenam
pasche est dies
inter dominum
episcopum

Baudouin,
vidame du
Laonnois

Promet de s'en rapporter à l'arbitrage de Guy, seigneur de Dercy, archidiacre de Soissons, et de Pierre Petit, chanoine de Laon, pour juger ses différents avec l'évêque.

 
 
 
 

Thomas, apôtre)

Laudunensis et
vite dominum
apud Montes

 

En cas de désaccord entre ces arbitres, Michel de La Fère, chanoine de Soissons, apportera une solution définitive

72

45

42

L

1218 (mai)

Littere Alardi et
Mathildis uxoris

Alard,

seigneur de

Cèdent à l'évêque, la vie de ce dernier durant

et celle de ladite Mathilde, leur part

 

34

 
 
 

sue super

Chimay ;

éventuelle de droits sur les garennes du

 

49

 
 
 

warranam

 

Laonnois pour le même laps de temps

 

95

 
 
 
 

Mathilde, son

 
 

134

 
 
 
 

épouse

 
 

145

 
 
 
 
 
 

73

 
 

L

1248 (aout)

Littera curie

Jean de Blois

Attestent que l'abbaye de Saint-Thierry de

 
 
 
 
 

Remensis de
feodo quod
dominus
Johannes de

& Gérard de Mennessis, chanoines & officiaux de

Reims a réglé par voie d'échange et

autrement ses différends avec Jean et
Bertrand de Juvincourt, chevaliers, quant à la propriété de biens à Dammarie

 
 
 
 
 

Gevincort miles
tenet ab episcopo

Reims

 
 
 
 
 
 

Laudunensis

 
 

74

38

31

L

1219 (avril)

Littera super
commandatis non
hominibus a
vicedomino

A., doyen ;

Helluin, archidiacre ;

Reconnaissance de la vente faite par Gobert, vidame, des domaines d'Anizy, Septvaux, Pouilly et Versigny, conforme à l'aveu dudit Gobert

 
 
 
 
 
 

R., chantre église de

 
 
 
 
 
 
 

Laon ;

 
 
 
 
 
 
 

[pairs de

 
 
 
 
 
 
 

Gobert]

 

201

75

 
 

66

67

L

1222 (février)

Littera
archiepiscopi
Remensis super
feodo de Sessonia

Guillaume, archevêque de Reims et légat du Saint-Siège

Relate que Milon, seigneur de Sissonne, met sous suzeraineté de l'évêque Anselme, toute

sa ville teutonique de Sissonne, qui
possédait en alleu, sous réserve des aubains. Il sera homme dudit évêque après seigneur de Montcornet

76

20

 

L

1250 (Janvier, jeudi après Épiphanie)

Carta Templi
super molendino
de Pooli

Gui de Basenville, maître de la milice du Temple

Promet de faire promettre au roi, lorsqu'il sera de retour en France, si toutefois il revient, et, s'il ne peut revenir, par son successeur, l'accord intervenu entre lui et l'évêque, sur le moulin de Pouilly et ses dépendances

77

 
 

L

1269 (février)

Littera venditionis
VII modiorum et
sextarum vinagii
a Bernardo
pictore de
Laudunensis
episcopo
Laudunensis

Bérard Le Peintre, de Laon ;

Wede, sa femme

Vendent à l'évêque, pour 15 livres parisis, une rente de 7 muids 6 setiers moins un lot de vin de vinage exigible à la fête de la Saint-Martin d'hiver, d'une multitude de personnes indiqués

78

 
 

L

1260 (aout)

Quod liceat nobis
rehabere feodum
G[uidonis] de
Vendolio

G., doyen du chapitre de Laon

Autorisent le rachat par l'évêque, moyennant 55 livres parisis, de 13 muids moins 2 setier de vinage à Merlieux, légués par Gui de Vendeuil, chanoine audit chapitre

79

 
 

L

1240 (Mai - dimanche où l'on chante Cantate)

Carta super
quitatione facta
Odardo Mailart

de Montibus

Jean de Blois, chanoine & official de Reims

Atteste que Wiard de Bussel, du

consentement d'Hawide, sa femme, a donné en aumône à l'évêque de Laon et à ses

successeurs, tous ses droits sur Odard
Maillard de Mons

80

 

107

L

1222 (février)

Littera super illud
quod dominus de
Clacio tenet illud
quod habet in
Laudunesio ab
episcopo
Laudunensis

Gérard de Clacy, vidame

Met sous la suzeraineté de l'évêque et ses successeurs, son fief du Laonnois qui ne relevait que de Dieu.

N'excepte de cette suzeraineté que son domaine en la banlieue de Laon

81

 
 

L

1223 (octobre)

Littera vicedomini
quod ad
manditum
episcopi et
suorum facit
violencias et capit
pignora

Gérard de Clacy, vidame

Reconnaît que sur les mandements de l'évêque, il est chargé du recouvrement des tailles et des revenus du Laonnois, même par contrainte et prise de gages qui sont gardés jusqu'à parfait paiement

82

 
 

L

1285 (aout)

Littera ne aliqui
quicumque sint
presumat deferre

Mathieu, abbé de Saint- Denis ;

A l'occasion de troubles entre l'évêque et la commune, défendent à toute personne, notamment aux sergents épiscopaux et

202

 
 
 
 
 

arma per
civitatem et
pacem Laudunesi

Simon de Nesle, lieutenant du Roi de France

communaux, de porter les armes, sous toute réserve des droits de l'évêque et de la commune

83

 
 

L

1222 (février)

Littera quod
murus refectorii
Laudunensis est
episcopi

A., doyen du chapitre de Laon

Reconnaissent que le mur sur lequel ils ont fait construire leur réfectoire appartient à l'évêque

84

 
 

L

1250 (lendemain de la Nativité de la Vierge)

Littere abbatis de

Brana super
gracia pastuarum

de Sarciaus

G., abbé de Saint-Yved de Braine

Reconnaissent que leurs bestiaux de la ferme de Sarteaux ne vont paître sur le territoire de Chevregny qu'à titre de tolérance, sans tirer à conséquence

85

 
 

L

1234

(décembre)

Littere abbatis de
Cussi super
parrochus de
Parniant, de Geny
et de Willy

Conrad, abbé de Sainte- Marie de Cuissy

Reconnaissent que l'évêque Anselme leur a permis de rendre régulière sous son autorité la cure de Geny, Pargnan et Oeuilly

86

 

134

L

1258 (jour de la chaire de Saint-Pierre)

Littera prepositi de mandato egis super extraheria hominum epicopi

Laudunensis

Louis IX

Signification, par le prévôt du Laonnois,

d'un mandement adressé de Paris, le
mercredi après la Madeleine, par le roi pour le règlement des amendes dues audit évêque par ses hommes de corps qui avaient été habiter les domaines du comte de Soissons

87

 
 

L

1214-15
(février)

Littera de
consensu Alardus
de Cimaco marici
Mathildi
vicedomine in
pace

Alard de Chimay, époux de Mathilde, vidamesse du Laonnois

Approuve l'accord passé entre Gobert,

vidame du Laonnois et l'évêque de Laon, pour toute la durée de son épiscopat

88

 
 

L

1238 (mai)

Carta de tribus
hominibus quos
castellanus de

Couci dedit

episcopo

Laudunensis

Renaud, châtelain de Coucy

Donne en aumône à l'évêque, les fils de Léger, ses frères Jean et Gobert, de Luzilly, hommes de corps.

Chacun d'eux devra audit évêque un droit de chevage de 6 deniers laonnois, exigibles à la Saint-Rémy

89

 
 

L

1241 (juin)

Carta super
quitatione facta
inter episcopum et
Mathildim
redditubus de
Anisiaco

Jean de Blois, chanoine & official de Reims

Atteste que Mathilde, mère de Gérard, vidame du Laonnois, a abandonné à l'évêque de Laon les droits qu'elle possédait à Anizy et Septvaux

90

273

 

L

1259

(décembre)

Quindecim
solidus censuales

Jean de Dammarie, official de

Atteste que Marie Sarpe, bourgeoise de Laon, a vendu à Guillaume de Troyes, chantre de l'église de Laon, moyennant 40

203

 
 
 
 
 
 

Laon

livres parisis payées comptant, un surcens de 15 sous parisis assignés sur une maison dudit Guillaume, dernière de la rue du Tronc, à Laon

91

144

 

L

1212

Confirmatio

Thomas de

Approuve la concession faite par Robert, son

 

271

 
 
 

quitationis
nemoris quod
dicitur li Tristes

Coucy, seigneur de Vervins

frère, aux hommes de Lizy et à ceux des autres terres du Laonnois épiscopal, du bois Les Tristes et des pâturages contigus à ce bois

92

 

116

L

1226

(2 des nones de décembre - Prémontré)

Littera abbatis et
conventus
Premonstracensis
quod precerunt
benidicendi
quamdam
capellam per
extraneum
episcopum

G., abbé de Prémontré

Lettre déclarant à l'évêque de Laon qu'en priant l'évêque de Séez, présent en ce monastère, de bénir une chapelle, ils n'ont pas eu l'intention de se soustraire à la soumission et à l'obéissance dues à l'évêque de Laon, et de se constituer un droit

93

 
 

L

1250 (octobre)

Littera super hiis
que Richardus de
Cervenai tenet ab
episcopo
Laudunensis in
feodum apud
Poilli

Anselme, chantre de l'église de Laon ;

Jean, trésorier église de Laon ;

Attestent que Richard de Cervenay, écuyer, en la présence de Guy, chevalier, son frère, a mis son alleu de Pouilly sous la suzeraineté de l'évêque et a consenti de recevoir, à la volonté du prélat, le remboursement d'une prestation de 3 muids de grains affectée sur l'évêché, ainsi que de faire remploi des nouveaux fonds qui relèveront également dudit évêché

 
 
 
 
 
 

Philippe d'Aulnois, chevalier

 
 
 
 
 
 
 

[agissant comme hommes & vassaux de l'évêque]

 

94

 

65

L

1239 (juin)

Quod non fiat
episcopo
prejudicium per
hoc quod fecit
vicedominatus

Gérard, vidame

Reconnaît s'être accordé avec l'évêque et avoir mis fin à des difficultés survenues

entre l'élection dudit Garnier jusqu'au
lendemain de la St-Barnabé 1239, sans tirer à conséquence pour leurs droits respectifs de possession et de propriété

95

34

 

L

1254 (mars)

Carta

Gui, seigneur

Compromis entre l'évêque de Laon et

 

45

 
 
 

compositionis

de Dercy ;

Baudouin, vidame du Laonnois, pour vider

 

49

 
 
 

inter episcopum

 

leurs différends sur le serment dû par le

 

72

 
 
 

Laudunensis et

Pierre de Sens,

vidame, ses exigences trop grandes à l'égard

 

134

 
 
 

Balduinum

dit Petit,

des prisonniers incarcérés à Mons-en-

 

145

 
 
 

vicedominum de

chanoine de

Laonnois, de ses droits dans les garennes et

204

 
 
 
 
 

Laudunesio super
jurandicto super
personnia de
Montibus, super
venatione in
garannia, super
venditione panis
et aliis

Laon

sur les marchands

96

 
 

L

1226

(6e férie après fête de Sainte- Madeleine, lors du siège d'Avignon)

De satisfactione
illius qui
denegavit

Guillaume, archevêque de Reims

Atteste que Gérard Le Boucher, bourgeois de Laon, qui contestait à tort à l'évêque le droit de taxe des viandes à vendre en la cité de Laon, portera à la procession dominicale, dans la quinzaine du retour de l'évêque, une morue ou, à défaut, un saumon

97

 
 

L

1249

(septembre)

Littera capitoli
sancti Johannis
quod episcopus
Laudunensis hoc
altam justiciam in
nemore et terris
que fuerunt
domini de Alneto
et Richeri la Male

Chapitre de Saint-Jean-au- Bourg

Accord avec l'évêque concernant leurs droits de justice en un bois provenant d'Hector d'Aulnois, chevalier, à Aulnois ;

Connaissance des rapts, meurtres et
incendies se voit réservée à l'évêque

98

 
 

L

1218

Littera quod H. et
capitulum sancti
Quintus in insula
stabunt judicio
curie episcopi
Laudunensis de
hiis quae
posside(t in
Laudunensum

Chapitre de Saint-Quentin

Le chapitre promet de se soumettre à la justice de l'évêque pour ses domaines du Laonnois

99

 
 

L

1260 (avril)

Littera
compositionis
inter episcopum et
thesaurarum
Laudunensis
super justicus et
emendis hominum
eorum per
arbitrium

Pierre de Sens ;

Jean de Molinons ;

Robert de Saint-Médard ;

chanoines de Laon

Sentence arbitrale réglant les droits

respectifs de justice et d'amendes de l'évêque et du trésorier du chapitre cathédrale à Chailvet et Royaucourt

100

47

44

60

L

1218 (mai - lendemain du Cantate)

Carta super
compositione
vicedominatus

Alard de Chimay

Ratifie l'accord qu'il a fait avec évêque Anselme, par l'intermédiaire de son frère, trésorier de Laon, Henri Putefins, chevalier,

205

 
 
 
 
 
 
 

et Ivon Leroux, citoyen de Laon

101

 

114

L

1217 (avril)

Carta de jure
camerarii

Gobert, chanoine de Laon ;

Jean Lefèvre, chapelain

Sentence arbitrale rendue contre l'évêque Anselme et Raoul, son chambrier.

Ce dernier ne pourra exiger de ceux qui font

hommage à l'évêque que les chapes,
manteaux ou autres vêtements mis au-dessus de la tunique.

S'il veut exiger quelque chose des doyens, abbés et autres personnages, il déposera sa plainte à l'évêque ou à un autre pour faire valoir ses droits

102

 
 

L

1248 (aout)

Carta super quitatione de Domina Maria

ecclesie de sancto Theodorico et quid loco ejus positum est in feodo episcopi Laudunensis

J., abbé de Saint-Thierry

Attestent qu'ils se sont accordés avec Jean et Bertrand de Juvincourt, chevaliers, sur leurs droits de propriété à Dammarie sous la suzeraineté de l'évêque

103

56

53

L

1225 (mai)

Littera Ingelranni

prepositi
Laudunesii super

eo quod in expensis episcopi Laudunensis fuit in exercitum pro

dicto episcopo

Geoffroy,
prévôt du
laonnois

Déclare que si l'évêque Anselme l'a conduit à ses frais aux armées de La Rochelle et de Flandre, c'est sans tirer à conséquence pour leurs droits respectifs

104

 
 

L

1239 (février)

Littera funditas
capellanie de
Buironfosse

Gilles, chevalier, avoué de Rochefort

Dote la chapelle fondée en son manoir à Buironfosse par Widèle, sa mère, et lui-même

105

 
 

L

1265 (Férie après fête de St-Luc, évangéliste)

Littera de Brania
pro pasturis et
pro X solidus
turonensis
reddendis
episcopo
Laudunensis
singulis annis in
kalendus octobri

Jacques, abbé de Braine

S'engagent à payer à l'évêque un surcens annuel de 10 sous tournois exigible à la Saint-Rémi, pour concession d'un droit de pacage des bestiaux de la ferme de Sarteau, sur les territoires de La Royère et de Filain jusqu'au Cessier et Chevregny

106

46

43

L

1220-1 (février)

Littera quod
Mathilidis
vicedomina
Laudunesii
quitavit episcopo
Laudunensis

Mathilde, vidamesse

Abandonne à l'évêque les droits d'extrahière dus à cause de la terre d'Herbert de Lizy, sous l'épiscopat de Robert

206

 
 
 
 
 

partem extraherie
qui pertinebat sibi
de terra Huberti
de Lisi

 
 

107

217

 

L

1230 (avril)

Carta vicedomini

Gérard de

Vend à l'évêque, du consentement de sa

 

258

 
 
 

venditionis

ventarum domus
Silvestris et
aliorum que
habebat apud

Clacy, vidame

Marie, sa femme, et de Mathilde la

vidamesse, sa mère, des droits de lods, de

ventes, de justice et de cens à Laon
[extension de la censive épiscopale]

 
 
 
 
 

Laudunum

 
 

108

 
 

L

1267 (Lundi
après fête de

Ordinatio seu
statutum

Jean,

archevêque de

Règlements concernant la réforme qu'il venait de faire pendant une visite, dans le

 
 
 
 

Saint-Denis)

archiepiscopi
Remensis super
reformatione
ecclesio
Laudunensis

Reims

chapitre de la cathédrale de Laon, à la

sollicitation de l'évêque Guillaume. Ce
statut embrasse l'office divin, les ornements

de l'église, les affaires temporelles du
chapitre la collation des bénéfices, la tenue des doyens, chanoines, chapelains, chantres et généralement tout le personnel affecté au culte.

109

111

 

L

1287 (mardi

Littera comitis de

Pierre, comte

Reconnaissent que l'hommage qu'ils ont fait

 

201

 
 

après fête de

Lancon super

d'Alençon et

à l'évêque à Paris, au Parlement de

 

216

 
 

Saint-Pierre

homagio facto

de Blois, sire

Pentecôte, ne pourra préjudicier audit

 

248

 
 

& Saint-

Parisius episcopo

d'Avesne ;

évêque et à ses successeurs

 

255

 
 

Paul)

Laudunensis

 
 
 
 
 
 
 
 

Jeanne, sa femme

 

110

154

 

F

1262

Littera comitis

Jean, comte de

Atteste que son différend avec l'évêque

 
 
 
 

(octobre

Suessonis super
compromissione
facta inter
episcopum et
ipsium in
archidiaconum

Soissons

Guillaume sur les limites de leurs

seigneuries a été soumis à la décision de Clément, archidiacre, et de Jean, sire de Pinon, qui pourront entendre 20 témoins, dont la moitié représentant chacune des parties en cause

 
 
 
 
 

Clementem et
dominum

 
 
 
 
 
 
 

J[ohanes] de

 
 
 
 
 
 
 

Pynon super
discordia
baroniarum

 
 

111

216

 

F

1246 (juillet)

Carta super
homagio

Gaucher de Châtillon, sire

Fait foi et hommage à l'évêque des droits de vinage de localités qu'il n'indique point

 

109

 
 
 

vinagiorum de

de Saint-

 
 

201

 
 
 

Acheri et de

Agnan-en-

 
 

216

 
 
 

Chasteillon

Berry

 
 

248

 
 
 
 
 
 

207

 

255

 
 
 
 
 
 

112

 
 

F

1269 (juin)

Permutatio
cujusdem homines

Agnès de Juvinvourt, dame de Besny

Échange d'homme et de femme de corps entre Agnès de Juvincourt, dame de Besny, et l'évêque

113

 

70-

71

F

1219

Littera super jure
episcopi in
hominibus suis a
Fococort et a
Marcilli, gallice

Gervais, abbé de Prémontré ;

Hellin,

archidiacre ;

Evrard de Margival

Sentence arbitrale réglant les droits

respectifs de Jean de Marcilly et de l'évêque à Faucoucourt, Marcilly, Huez & Sebacourt

114

 

106

L

1220 (juillet)

Carta Radulfi
cambellani super
venditione
cambellanie facta
episcopo
Laudunensis

Guillaume de Langres, chanoine & official de Reims

Atteste que Raoul, chambellan, a vendu à l'évêque Anselme, le droit de chambellage relevant de l'évêché

115

125

239

 

L

1234

(novembre)

Carta super
venditione sex
modiatarum terre
site in territorio
de Alneto

[charte supprimée

Hector, seigneur d'Aulnois ;

Cécile, sa femme

Vendent à l'évêque 6 muids de terres à Aulnois et des aisances de marais pour amendement de ces terres

dans la table]

 

116

 
 

L

1217 (janvier)

Carta super
concessione
campi site inter
vias que
protenduntur ab
Ardone versus
Vorgias pro quo
redduntur
quinque modii
vinagii

Évêque Anselme

Vend aux habitants de Vorges un champ entre Vorges et Ardon, moyennant une rente solidaire de 3 muids de vinage exigible annuellement à la fête de Saint-Martin

117

151

19

13

18

L

1209

Littera Ingelranni
quod potest eum
excommunicare
episcopus
Laudunensis si
non servat cartam
domini episcopi
dicti domino
Radulfo de Sart
traditam

Enguerrand de Coucy

Reconnaît que l'évêque a donné sa charte à Raoul de Sart et qu'il a le pouvoir à cette occasion d'excommunier ledit Enguerrand, ainsi que de mettre sa terre en interdit s'il ne respecte pas cette charte

208

118

 

99

 

L

1260 (mars)

Littera
compositionis
inter
thesaurarium et
episcopum
Laudunensis
super hominibus
de Chalivet

Jean de Rumilly, trésorier de l'église de Laon

Atteste qu'il s'est rapporté à la décision de 3 arbitres pour terminer ses différends avec l'évêque Itier, à propos de leurs hommes de corps de Chailvet et Royaucourt

119

 
 

L

 

Littera Hugonis
super hiis que
habebat a
Noviaco, Laval et
Maintmancon

Hugues de Gornai

Cède ses revenus aux habitants de Nouvion-le-Vineux, Laval et Mainmeçon moyennant une rente annuelle de 80 muids de vin et 8 chalonges par maison.

Si le nombre de 80 est augmenté, chaque maison dépassant ce nombre paiera aussi 1 muid de vin et 8 chalonges ; mais si ce nombre diminue, ladite redevance ne sera pas réduite

120

 
 

L

1262

(vigile de Saint-Pierre & saint-Paul)

Littera
ordinationis super
discussionibus
sancti Johannis in
Burgo

Chapitre Saint- Jean-au-Bourg

Règlement du chapitre pour paiement de ses dettes

121

146

 

L

1248

(Juillet - dimanche après fête de Saint-Pierre & Saint-Paul, apôtre)

Littera super
feodo de Domina
Maria quomodo
venit ad
episcopum
Laudunensis

Jean de Juvincourt, chevalier, fils de feu Renaud, dit Le Govie

Atteste que Milon, seigneur de Soupir,

chevalier, lui a permis de reconnaître
l'évêque comme suzerain pour son fief de Dammarie, de la mouvance dudit Milon

122

260

 

L

1222 (avril)

Littera abbatis de
Fanu de
capellania de
Noviant vicissim
ab eo et episcopo
Laudunensis
conferenda

 

Vidimus de J., official de Cambrai (2e férie avant la fête de Ste-Madeleine, 1252), d'une charte de l'évêque Anselme, attestant que Vaucher, prévôt, et Marie, sa femme, ont

fondé une chapellenie en l'église du
Nouvion, avec dotation du 6e des grosses et menues dîmes du Nouvion, sous condition expresse qu'elle ne pourra être conférée qu'à un prêtre.

Le titulaire prêtera serment au curé du Nouvion de ne point porter atteinte aux droits de la cure et de celle de la chapelle. Ponchard, curé du Nouvion, a consenti à cette fondation, approuvée par ledit évêque.

123

 
 

L

1252

(décembre)

Littera super
capellania quia
instituit Dudo
presbyter de Villa

Guillaume de Vivier, official de Laon

Attestation de la reconnaissance faite devant Renaud, curé de Chermizy et doyen de la chrétienté de Bruyères, par les débiteurs de rentes en argent et en vin à la chapelle de La-

209

 
 
 
 
 

ad Boscum quam
habuit
R[enaudus]
presbyter de Mala
Domo

 

Ville-aux-Bois-les-Pontavert

124

 
 

L

1248

(fête de St- André, apôtre)

Littera quod
dominus Salone
est homagia ligius
episcopi
Laudunensis

Guillaume, seigneur de Salone

Promet à l'évêque de se reconnaître comme son homme-lige

125

239

115

 

L

1234

(novembre)

Carta super
venditione facta
episcopo
Laudunensis de
sex modiacis terre
in territorio de
Alneto

Renier, abbé de Saint- Nicolas-aux- Bois

Atteste que Philippe de Noien, seigneur d'Aulnois, et sa femme, Clémence, mère d'Hector, seigneur d'Aulnois, ont ratifié une vente faite à l'évêque Anselme par ledit Hector de 6 muids de terre à Aulnois

126

 
 

L

1232 (décembre - vendredi après Ste- Luce)

Littere
testimoniales de
redditione et
emenda majoris et
juratorum
Laudunensis pro
hominibus et
serviente episcopi
quos ceperantur

Arnoul, du chapitre de St- Jean-au-Bourg de Laon ;

divers doyens ruraux

Attestent que les maire et jurés de Laon, par suite de leur excommunication et de la mise en interdit de la ville, ont relaché Laurent, sergent de l'évêque et 4 autres hommes, donnant ainsi satisfaction audit évêque après cette incarcération

127

 
 

L

idem

Littera interdicti
civitatis
Laudunensis
propter quosdam
homines quos
major et jurati
ceperant

Abbés de Saint-Vincent, Saint-Michel, Saint-Nicolas-aux-Bois, Sainte-Marie de Nogent, Saint-Nicolas de Ribemont, Vauclair, Cuissy, Bucilly & divers prieurs

Confirmation

128

 
 

L

idem

Littera
testimoniales
quod major et
jurati
emendaverunt
captionem
Laurencii

C., prieur de Saint-Jean

idem

210

129

 
 
 

L

1282 (juin)

Ordinationes seu
statum
canonicorum
Laudunensis in
capitulo generali

Chapitre de Laon

Statuts

130

 
 

L

1252

Littera abbatis et
conventue
Premonstratensis
de proclivia et de
jure venandi et de
viginti libris quas
debent epicopo
Laudunensis
singulis annis

Jean, abbé de Prémontré

Atteste que l'évêque Itier a vendu à son abbaye le bois des Iarris, depuis le nouveau vivier vers le moulin de Liébuin avec les aisances du même bois jusqu'audit moulin derrière le ruisseau, sous réserve de la justice et de la chasse, moyennant rente annuelle de 20 livres parisis jusqu'au remploi par la même abbaye d'un domaine équivalent à celui qui a été cédé

131

 

115

L

1221 (octobre)

Carta super
venditione
undecim galegus
terre suarum
apud Pooli
episcopo
Laudunensis et
ejus hominibus

Gérard, évêque de Cambrai

Atteste que Roger d'Acy, chevalier, a vendu à l'évêque Anselme et à des manants de Pouilly, 11 jalois de terres labourables sises à Pouilly

132

 

13

L

1267

(lundi avant St-Rémy)

Littera super
venditione ville de
Laval

Enguerrand de Coucy

Vend à l'évêque, moyennant 1500 livres

parisis, ce qu'il possède à Nouvion-le-
Vineux, Laval et Mainmençon, à savoir : rente annuelle de 80 muids 4 setiers et demi de vin, 73 sous 7 deniers parisis ; un droit de terrage à Laval ;

une carrière et la 1/2 du rouage de Mailly et de Nouvion-le-Vineux ;

une redevance annuelle de 3 deniers de cens par feu à Laval ; une autre de 17 deniers sur 3 maisons à Nouvion-le-Vineux ; un droit de chevage sur les habitants de Nouvion ; une maison avec vivier et bois aux mêmes endroits ;

droits de justice desdites localités

133

60 161 170 257

 

L

1217

(décembre)

Littera de
compositione
facta inter
episcopum
Laudunensis et
propositum de
Laudunesio

 

Accord entre Enguerrand, dit Geoffroy, prévôt de Laon, et l'évêque, fixant leurs droits respectifs sur les amendes

134

34

45

49

 

L

1244 (avril)

Carta Gerardi de
Claciaco militis
super pace facta

Louis IX

Approuve cession faite au mois d'octrobre 1244 par Gérard de Clacy, vidame, à évêque Guillaume, de divers droits qu'il avait en

211

 

72

95

145

 
 
 

inter episcopum et ipsium super terragus de Laudunensis

 

cette qualité sur les garennes du Laonnois

135

232

81

L

1236

Carta Gerardi
vicedomini super
approbatione
venditionis
vicedomicatus de
Laudunesio

Gérard, vidame

Ratifie la vente faite par Gobin Le Chat, sa mère et Guillaume, mari de celle-ci, à l'évêque Anselme, de leurs droits de vicomté

à Mons-en-Laonnois, Laniscourt, Bois-
Roger et les Creuttes, sous réserve de rouage, maison et prés.

Les habitants de Thierret, Clacy, Mons et des villages voisins conserveront néanmoins leurs droits de pâturage.

136

 

82

L

1236 (octobre)

Carta super
venditione
vicedomicatus

Jean de Blois, official de Reims

Relate cette vente

137

 
 

L

1267

(fête de la Ste-

Catherine)

Littera super satisfactione emptionis de Laval

Enguerrand, sire de Coucy, d'Oisy et de Montmirail

Donne quittance à l'évêque, représenté par le chapelain Evrard, de la somme de 700 livres, reliquat de prix de vente du domaine de Laval

138

 
 

L

1254 (juin)

Littere capellanie domini Balthol de modo sementi de collatione decani et capituli Sancti

Johannis

Évêque Itier

Règlement pour les distributions à faire au chapelain de la chapelle fondée par Jean Lenoir en la collégiale de Saint-Jean-au-Bourg

139

 
 

L

1218 (avril)

Littere Mathilidis
Sarpe super
quidam partem
domus cantoris
videlicet super
posteriorem
partem dicte
domus site versus
vicum qui vicus
dicitur vicus de
trunco
mediantibus
duobus denarios
bono monere
ecclesie sancti
Johannis in
abbatia

Garnier, official de Laon

Atteste que Colin, fils de Robillard Leroux, a cédé à Guillaume Bouchet un surcens de 30 sous laonnois en l'abbaye Saint-Jean

140

 

36

L

1221

Censura ad vitam
episcopi a
vicedomino

Gérard de Clacy, vidame ;

Vidimus des cessions et ventes mentionnées acte n°34 :

Gobert a donné à quittance à Anselme de

212

 
 
 
 
 
 

Jacques, évêque de Soissons, son cousin

2000 livres, notamment pour la cession viagère des revenus des domaines d'Anizy, Pouilly, Septvaux et Versigny, pour la durée de l'existence dudit évêque

141

 

105

L

1225

(septembre)

Litere regis super
compsitione facta
inter A[nselmus]
episcopum
Laudunensis et
comitem
Suessonis et de
limitibus

Louis IX

Affirme qu'il a fait transcrire dans son registre une sentence arbitrale fixant les limites des censives de l'évêque et du comte de Soissons entre Urcel et Pargny jusqu'au fil de l'eau de la rivière de l'Aillette, sous la réserve des droits de péage dudit comte jusqu'au fossé St-Gervais. L'eau, les herbes

et la pêche de cette rivière resteront
communes entre ces deux seigneurs

142

 
 

L

1230 (avril)

Carta super
venditione
ventarum domus
que fuit Petri

Gérard, vidame

Promet à l'évêque de faire ratifier par sa femme la vente de droits de cens, justice, lods et ventes à Laon

 
 
 
 
 

Silvestri de laude
uxoris ejus
habenda

 
 

143

 

69

L

1225 (janvier)

Carta de
capellania de
Landozies cujus
collatio ad
episcopum
pertinebat sub
conditione ibi
scripta

Thomas de Coucy

Du consentement de sa femme, Mathilde, fonde une chapellenie à Landouzy et la dote d'une rente de 30 livres laonnois sur le vinage de Vervins.

144

271

91

 

L

1212

Littera
concessionis
nemoris quod
dicitur li Tristes

Enguerrand de Coucy, seigneur de Marle

Approuve cession faite par son frère, Robert de Coucy, aux habitants de Lizy, du bois di Li Tristes, pèrs de Pinon, et de pâturages contigus à ce bois

145

34

 

L

1244

Littera Gerardi

Gérard de

Accord avec l'évêque sur ses droits dans les

 

45

 
 

(octobre)

vicedomini super

Clacy, vidame

garennes et sur les prisonniers du Laonnois

 

49

 
 
 

quitatione

 
 
 

72

 
 
 

waranne et ususii

 
 
 

95

 
 
 

et quarumdam

 
 
 

134

 
 
 

aliarum
querelarum

 
 

146

121

 

L

1248

(Juillet - dimanche après fête de

Carta Johannis de
Juvincort militis
super eo quod
devenit homo

Milon, seigneur de Soupir ;

Abandonnent à l'évêque la suzeraineté du fief de Dammarie, arrière fief de l'évêché

 
 
 
 

St-Pierre & St-Paul, apôtres)

Laudunensis
episcopi de eo
quod tenebat in

Gérard, son fils, chevalier

 

213

 
 
 
 
 

villa de Dona
Maria et
territorio dicte
ville

 
 

147

58

55

L

1217 (lendemain conversion de St-Paul)

Littera super
emendatione
quam fecit
Gaufridus
prepositus
Laudunesii de
hominibus domini
episcopi
Laudunensis

Geoffroy, prévôt

S'amende à l'occasion de la prise de sergents libres épiscopaux, et reconnaît qu'il ne peut instituer ou révoquer aucun sergent que du consentement dudit évêque

148

 
 

L

1239 (juillet - 2e férie après division des apôtres)

Littera de jure
curie quam tenet
vicedominus et
quid debent ei

servientes propter

hoc

Pierre de Bercenai, chanoine de Laon ;

Gilles de Trucy, chevalier

Sentence arbitrale indiquant les termes d'un

accord intervenu entre l'évêque et ses
sergents du Laonnois, d'une part, et Gérard de Clacy, vidame, pour l'attribution des droits de cour des officiers de justice du Laonnois. Le vidame se voit obligé de tenir ses assises une fois l'an, et les sergents qui doivent y assister à lui payer une prestation.

149

 

134

L

1258

(fête de St- Pierre)

Littere
testimonialis
prepositi regis et
quorumdam
abbatis super
extraeriis et
emendis hominum
qui recesserant ad
terram comitis
Suessonis

Thomas de Rigniaco, prévôt de la cité & du bailliage de Laon

Reconnaît que l'évêque détient tout droit d'estrahière sur les biens de divers de ses hommes de corps, réfugiés sur les terres du comte de Soissons

150

 

23

L

1225

(5e férie avant Nativité de St-Jean- Baptiste)

Littera domini
Ingelranni quod
propter hoc quod
emit Sessonia non
acquisivit jus
quod alias possit
emere in baronia
illa

Enguerrand de Coucy

Affirme qu'il ne veut pas se soustraire à la suzeraineté de l'évêque pour ses acquisitions faites à Sissonne et celles qu'il pourra faire ultérieurement dans les limites de cette suzeraineté

151

117

111

L

1209

Littera quod
episcopus
Laudunensis
habet potestatem
excomunicandi
Radulfum de
Sarto

Raoul de Sart

Reconnaî que l'évêque a donné sa charte à Enguerrand de Coucy et qu'il a, à cette occasion, le pouvoir d'excommunier ledit Raoul, de mettre sa terre en interdit et de l'émender en cas d'inobservation

214

152

 
 
 

L

1239 (juin - dimanche après fête de St-Barnabé, apôtre)

Carta G[erardi]

vicedomini super terragus et venatione de Laudunesii

Gérard, vidame

Accord entre Gérard, vidame, et Garnier sur la jouissance du bois de Ronceloi, des terrages, estrahières, gîtes, et cours dans les maisons des francs sergents de l'évêque

153

30

 

L

1279

Transcriptum
cujusdem
compositionis
inter episcopum et
capitolum
Laudununensis

Etienne, doyen du chapitre

Vidimus d'un accord daté du mois d'octobre 1257 entre son chapitre et l'évêque

154

110

 

L

1260

(Invention de Ste-Croix)

Compromissio in
Petrus Halos et
Gerardus Poire
de quibusdam
discordus inter
Johanem comitem
Suessonis et
episcopum
Laudunensis

Jean, comte de Soissons

Reconnaît que Pierre Halos, Gérard Poire, bourgeois de Laon, ont été choisis pour arbitres, afin de vider ses différends avec l'évêque Itier sur la part de chacun d'eux en la rivière de l'Ailette au moulin de Craot du côté de Chavignon et sur la perception des droits de vinage dont l'évêque prétendait ses sujets affranchis envers ledit comte entre les rivières de la Serre et de l'Aisne

155

131

119

L

1221 (octobre)

Littera super
venditione
undecim
jaletarum terre
arabilis site apud
Pooilliacum

J., abbé de Saint-Vincent ;

C., abbé de Prémontré ;

Wautiez, abbé de Saint-Martin ;

abbé de Valsecret

Attestent que Roger d'Acy a reconnu en leur présence avoir vendu à l'évêque Anselme et à quelques uns de ses hommes de Pouilly, 11 jalois de terres labourables à Pouilly

156

 
 

L

1228

(septembre)

De capellania de
Banscegnis

 

Fondation d'une chapellenie à Bancigny, par Julienne, dame de Bancigny

157

 
 

L

1265 (2 férie
avant fête de
St-Grégoire)

Littera de quitatione quam fecit domine de Sarto episcopo Laudunensis de feodo de Marcilli

Simon de Sart, chevalier & châtelain de Laon

Cède à l'évêque la suzeraineté du fief de Marcilly, sis à Faucoucourt

158

 
 

L

1253

(septembre)

Littera majoris et
juratorum
Laudunensis
super inquesta de
pasturis

Jean de Bruyères, maire de la commune de Laon ;

Reconnaissent que Simon des Fossés, ex-

bailli du Vermandois, Simon de Juvigny,
bourgeois de Soissons, et Odon, chanoine de Saint-Jean-au-Bourg, ont été désignés pour arbitres afin de terminer les différends opposant la commune à l'évêque au sujet de

215

 
 
 
 
 
 

Jurés de Laon

de limites réciproques de leurs pâturages.

159

 
 

L

1259 (mai)

Littera abbatis
Fidemensis de
conferendo
alternatum ab
ipso et episcopo
Laudunensis duas
capellanias in
perrochia de
Nouviant

E., abbé de Fesny

Reconnaissent s'être accordés avec l'évêque au sujet de la collation des chapelles des lépreux de la Tombelle, à Marle, et de celle de l'autel de Saint-Jean en l'église de Sainte-Marie de Laon, réservée audit évêque ; celle des 2 chapelles du Nouvion sera alternative entre l'abbaye et l'évêque

160

 
 

L

1230 (avril)

Carta
approbationis
facte super domo
Petri Silvestri

Mathilde, vidamesse du Laonnois

Ratifie la vente faite par son fils Gérard à l'évêque Anselme de droits de cens, justice, ventes, rentes et plaids

161

60 133 170 257

 

L

1214 (mars)

Littera prepositi
Laudunesii super
captionibus et
exactionibus
evenientibus in
Laudunensis

Enguerrand, dit Geoffroy, prévôt du Laonnois

Affirme s'être entendu avec l'évêque pour la fixation de sa part dans les amendes, tailles et extrahières dans le Laonnois

162

 
 

L

1257 (mai)

Littera domini

Symonis prepositi
Laudunesii de

quitatione
waranne et de
terminis infra

quos potest venari

Simon de Valavergny, chevalier & prévôt du Laonnois

Indique l'extension de ses droits de chasse dans le Laonnois

163

39

32

L

1219

(décembre)

Littere Goberti vicedomini quod mutare non potest prepositum vel servientem sine consensu episcopi

Laudunensis

Gobert, vidame

Reconnaît qu'il ne peut changer son prévôt et ses 4 sergents de la vidamie sans permission de l'évêque

164

266

33

L

1218

Littera quod
Gobertus
vicedominus
Laudunesii
assignavit domino
Johani de Derci
XX libros
parisienses
recipiendis a
domino episcopo
Laudunensis

Gobert, vidame

Reconnaît qu'il a assigné à Jean de Dercy, sur ce que lui doit l'évêque, à savoir 40 livres parisis en 2 termes égaux, l'un à Noël 1218, l'autre à Noël 1219, outre 40 muids de vin également en 2 termes, aux fêtes de Saint-Martin des mêmes années

216

165

 
 
 

L

1261 (octobre)

Per litteram istam
dominus
episcopus
Laudunensis
confert
capellanias de
Chivrigny et de
Montenantholio

Thomas, abbé de Saint- Vincent

Abandonne à l'évêque la nomination de 2 chapelles, l'une à Chevregny, fondée par

Raoul, curé de ce village, l'autre à
Monampteuil, par Ade d'Urcel. Les autres fondées ou à fonder seront à sa collation

166

 
 

L

1261 (dimanche avant les Rameaux)

Domus leprosarie de Vignero

G., curé de Saint-Clément, doyen de la chrétienté de Vervins

Notifie à l'évêque que Jean, neveu de feu

Gautier, chapelain de la léproserie de
Vigneux, Isabelle, soeur dudit Jean, Sebille, leur cousine, et les époux de ces femmes, ont donné, pour augmenter les revenus de cette

chapelle, le terrage dit de St-Pierre, à
Vigneuxet quelques pièces de terre et de pré

167

19

237

 

L

1248-49 (lendemain de l'Épiphanie)

Quod soror
domini de Roseto
laudavit
venditionem de
Martigniaco
factam episcopo
Laudunensis

Aelide, dame d'Audenarde

Renonce à ses droits sur des biens à Martigny, Bruyères et Chéret, vendus par son frère Roger de Rozoy à l'évêque Garnier

168

 
 

L

1248

(septembre)

Littere
Cuissacensis
super eo quod
Laudunensis
episcopus in
ecclesia de Willi
idem jus habet
quod habebat cum
per secularem
presbytionem
regentur

G., abbé de Cuissy

Reconnaissent que les titulaires des cures régulières de Geny, Pargnan et Cuissy seront soumis à l'autorité de l'évêque comme si ces cures étaient séculières

169

132

 

L

1267 (vigile
de St-Rémy)

Littera quod
Margareta
Cociaci domina
confirmat
venditionem de
Laval et de
Noviant factam a
marico suo
episcopo
Laudunensis

Marguerite, dame de Coucy, d'Oisy et de Montmirail

Ratifie la vente faite par Enguerrand de Coucy à l'évêque Guillaume de biens à Laval et Nouvion-le-Vineux

170

60

133

161

257

58-

59

L

1217

(décembre)

Littere prepositi
super captionibus,
exactionibus,
eventionibus in

Enguerrand, dit Geoffroy, prévôt du Laonnois

Reconnaît que dans les amendes de 22 sous et demi, sa part est de 2 sous et demi, et qu'une rente annuelle de 50 livres lui est due par l'évêché pour sa part d'extrahière et de

217

 
 
 
 
 

Laudunesii

 

taille, tant que vivra l'évêque Anselme

171

 
 

F

1278

(septembre)

Littere capellanie
de Brissel de novo
fundate

Émeline, dame de Brissay

Fonde la chapelle de Sainte-Marie en sa maison de Brissay, la dote d'une rente de 4 muids de blé à la mesure de La Fère, exigible à la St-Rémy, et de 100 sous parisis.

Elle prie Isabelle de Wiège, sa suzeraine, d'amortir cette rente

172

 
 

F

1278

(septembre)

Littere capellanie
de Brissel de novo
fundate

Isabelle, dame de Wiège

Amortit cette rente assignée sur des biens sis à la Ferté, Mesbrecourt et Richecourt

173

 
 

F

1278

(septembre)

Littere capellanie
de Brissel de novo
fundate

Enguerrand, sire de Coucy, d'Oisy et de Montmirail

Amortit la même rente

174

 
 

F

1279 (avril)

Littere capellanie
de Brissel de novo
fundate

Emeline, dame de Brissay

Evalue et s'engage à porter cette rente annuelle à 20 livres parisis. Son fils Gui, chevalier, sire de Loizy, a approuvé cette fondation, et en cas d'inaccomplissement s'engage à payer 5 sous par chaque jour de retard

175

32 63 180 205 246

 

F

1237

(jour de la Circoncision)

Littera in gallico
de quodam
tracetatu pacis
inter a episcopum
Laudunensis et J.
dominum Cociaci
qui tum non fuit
completus sit

Enguerrand de Coucy

Démarcation des domaines de l'évêché et du sire de Coucy : le bois de Ronceloi dépend de l'évêché qui y a toute justice

176

6

 

L

1239 (2e férie avant division des apôtres)

Littera Henrici
archiepiscopi
Remensis super
forma juramenti
de fidelitate
presandi a majore
et scabinis
episcopo
Laudunensis

Henri,

archevêque de Reims

Indique le mode de prestation du serment de fidélité que l'évêque et les habitants de Laon se doivent réciproquement

[Note écrite au bas du feuillet indiquant que ce serment a été aboli par le Parlement de Paris le 15 janvier 1395, qui a condamné lesdits habitants à payer à l'évêque une somme de 4000 livres]

Fin de la première liste / début du 1er rajout / changement de scribe

177

 
 

L

1233 (juillet)

Littera abbatis
Cussiacensis
quod parrochia
de Williaco, de
Geni, de Pargnant
subdice sunt
episcopo

Lambert, abbé de Cuissy

Reconnaissent que la paroisse d'Oeuilly,

Geny et Pargnan reste soumise à la
juridiction de l'évêque

218

178

 
 
 

L

1234 (mars)

Littera de jure
quod sibi retinuit
A[nselmus]
episcopus
Laudunensis in
parrochus de
Pargnant, de Geni
et Willi

Hugues, prieur de Prémontré

Même reconnaissance

179

 
 

L

1221 (mercredi avant St- André)

Inquisitio facta

super juribus que rex francorum dicit se habere

apud

Garin, évêque de Senlis

Enquête sur les droits du roi à Laon et dans le Laonnois en matière de juridiction et d'appel, surtout à l'égard de l'évêque et des hommes de ses censives

 
 
 
 
 

Laudunensum

 
 

179

244

 

L

1287 (avril)

 

Robert, abbé

Déclarent que Jean de Leuse, écolâtre de

bis

 
 
 
 
 

de Prémontré

l'église Saint-Etienne de Troyes et Jean de

 
 
 
 
 
 
 

Ribemont, clerc, ont été désignés pour arbitres afin de terminer leurs différends avec l'évêque Robert

180

246

 

L

1287 (mai)

 

Jean de Leuse, écolâtre de

Sentance arbitrale indiquant que l'évêque de Laon n'a aucun droit d'usage au-delà du bois

 

32

 
 
 
 

l'église Saint-

de Ronceloi ;

 

63

 
 
 
 

Etienne de

il n'a que la justice en matière de vol ou de

 

175

 
 
 
 

Troyes ;

duel concernant le moulin d'Achery, le droit

 

205

 
 
 
 

Jean de Ribemont, clerc

de pêche au-dessous du moulin et le pâturage dans le pré devant ce moulin ;

l'abbaye pourra prendre des terres dans un pré et dans les usages pour réparer leurs écluses ? approbation, au bas de la page, par l'abbaye de Prémontré

181

245

 

L

1287 (jeudi
après fête de
St-Georges)

 

Abbaye de Prémontré

Procuration générale donné par l'abbaye à Gobert d'Origny, Mathieu de Ribemont, Gilles de Neuville (religieux de Prémontré) pour procéder au nom de ladite abbaye afin d'obtenir cette sentence

182

 
 

L

1287 (juillet)

Compositione
abbatis de sancto

Guillaume, abbé de Saint-

Affirme s'être accordé avec l'évêque au sujet de leurs censives d'Achery, Anguilcourt et

 
 
 
 
 

Nicolas in Bosco
a episcopi
Laudunensis
super
Aguillecourt juxta

Nicolas-aux- Bois

Saucet, et que l'abbaye, en compensation de ces abandons de droits par ledit évêque, a fait remise à celui-ci d'une rente annuelle de 20 muids de vin blanc sur les vinages de Chevregny

 
 
 
 
 

Acheri

 
 

183

 

2

L

1262 (Nones d'avril, 1ère

Privilegium
ecclesie
Laudunensis

Urbain IV

Mande au chapitre de Laon qu'il lui confirme l'usage de présenter aux évêques de Laon les sujets désignés pour être abbés dans les

219

 
 
 
 

année de son pontificat)

concessum contra
abbates
Premonstracensis
ordinis, civitatis
et dyocesis
Laudunensis

 

monastères de l'ordre de Prémontré, situés dans le diocèse de Laon. Les délégués des religieux se présenteront au chapitre pour y faire part de leur nomination afin qu'ensuite un ou plusieurs chanoines se rendent avec eux chez l'évêque pour lui demander la bénédiction du nouvel abbé. Aussitôt après

sa bénédiction, celui-ci jurera sur l'autel

soumission, respect & obéissance audit

chapitre.

184

 
 

L

 

Se[quitur]

privilegium concessum a sede apostolica abbati Premonstracensis

[pas dans la table]

 

Bulle dans laquelle le pape soumet l'ordre de Prémontré immédiatement au Saint-Siège

 

185

 
 

L

[1198-1216]

[pas de rublique /

Innocent III

idem

pas dans la table]

 

186

 
 

L

idem

idem

Innocent III

idem

187

 
 

L

[1254-1261]

idem

Alexandre IV

idem

188

 
 

L

[1243-1254]

idem

Innocent IV

idem

189

194

 

F

1287 (mai)

Littera Ingelranni
super foresta de
Woiz
[cartulaire]

Enguerrand de Coucy

Constitution d'une rente de 200 livres parisis sur ses vinages de Crécy et ses châtellenies de Marle, Vervins et Thierissuelle, pour se rédimer du droit qu'avait ledit évêque de prendre à volonté du bois dans forêts dudit sire

-

Littera domini
Ingelranni super
foresta de Woiz de
quodam tracetu
pacis inter ipsium
et R[obertum]
episcopum
Laudunensois
super usagio quod
habebat dictus
R[obertus] in
nemoribus domini
Couciaco
[table]

 

220

190

 
 
 

L

1287 (janvier)

Confimatio
ejusdem litterere
concessa a rege
(cartulaire) #
Se[quitur]
confirmatio
ejusdem littere
facta concessi a

Philippe IV

Approbation royale de cet accord

rege

Fin du premier rajout de la table des matières / début du 3e rajout de la table / 2e phase d'écriture

191

 

141

L

1260-1

(chandeleur)

Carta quod si
aliquis foraneus
capiatur pro
aliquo forisscerit
a majore et
juruatis
Laudunensis
debet reddi
episcopo
Laudunensis

Parlement de Paris

Arrêt du Parlement, en présence de Saint-Louis, lequel condamne les maires et jurés de Laon à rendre au seigneur évêque quelques-uns de ses hommes de corps

192

265

 

L

1290 (janvier)

 
 

Vidimus relatant un échange de femme de corps entre Jean, abbé de Saint-Vincent et l'évêque Robert

193

 
 

L

1279 (mai)

Transcripta carte
de Anisiaco

Évêque Guillaume

Confirmation d'une charte octroyée en

octobre 1259 par l'évêque Itier aux habitants d'Anizy.

Par cette charte, il était permis aux habitants de ce bourg de se former en corps de société, mais sans avoir de sceau de commune, ni le droit d'élire un maire et des échevins,

nommés annuellement par l'évêque le
mercredi après Pâques et qui devront prêter

serment à ce prélat en présence des
habitants. Leurs offices ne leur donneront aucune immunité et ne devront avoir aucune analogie avec l'institution dite communale. Chaque ménage est corvéable et doit à l'évêque, outre la taille et d'autres rentes, une redevance de 3 jalois d'avoine, de 3 chapons et d'un denier de bonne monnaie

194

189

 

L

1287 ?

Forma littere dare

domino de

Couciaco de

receptione
ducentarum libros
parisienses quas

Évêque Robert (?)

Autorise le paiement de la rente de 200 livres due par Enguerrand de Coucy, conforme à l'acte n°189.

221

 
 
 
 
 

domino
Laudunensis
episcopus percipit
annis singulis in
vinagium de
Creciaco, de
Virvino, de Marla
et de Thireiselle

 
 

195

 
 

F

1291

Carta de XL
solidus annui
redditus soluendis
epicsopo
Laudunensis a
domino Couciaco
pro rivulo de
Versigny

Enguerrand de Coucy

Accord entre l'évêque Robert de Thorote et Enguerrand de Coucy. Par cet accord, Enguerrand peut avoir la liberté d'une partie du ruisseau qui coule dans les aisances de Versigny ;

En outre, l'évêque assigne au seigneur un surcens de 40 sous parisis sur son domaine de La Fère

196

 
 

F

1292

(dimanche de Pentecôte)

Littera emptionis
de Laval

Pierre de Courtisot, chevalier & sire de Crandon

Vend à l'évêque, moyennant 200 livres parisis, ses terres, prés, cens, vinages et arrière-fiefs de Laval

197

 
 

L

1292

(26 mai)

Alia littera de
eodem annexa
precedenti

Official de Laon

Relate cette vente

198

 
 

L

1292

(26 mai)

[ Item ] Alia
littera de eodem

Guillaume, notaire apostolique

idem

199

 
 

F

1292 (juin)

[ Item ] Alia
littera de eodem

Béatrix, femme dudit Pierre de Courtisot

Approuve cette vente et renonce à ses droits de douaire sur les biens vendus

200

 
 

L

1289

Littera
compositione
pastus Gerardi
prepositi de
Acheri

Official de Laon

Atteste que Gérard, écuyer et prévôt

d'Achery, a cédé à l'évêque de Laon 2/3 de ses droits à un past d'un muid de vin blanc à la mesure de Laon, de 3 jalois de blé, mesure d'Achery, destinés à la confection du pain, et enfin d'un porc de la valeur de 7 sous et demi de bonne monnaie, qui constituaient un arrière-fief de l'évêché

201

109 111 216 248 255

 

F

1292

Littera Hugonis
comitis Blesis de
homagus quod
fecit episcopo
Laudunensis
Parisius

Hugues de Châtillon, comte de Blois & sire d'Avesne

Déclare qu'il fait foi et hommage à Paris, au lieu de l'évêché, d'un fief qu'il ne désigne pas, mais que ce devoir de vassalité ainsi fait, ne pourra préjudicier aux droits de l'évêque

222

202

 
 
 

F

1281

Littera quod pratum de Girondele est Laudunensis episcopi cum

rivieria

Jean d'Achery, chevalier

Copie de l'acte de cession faite à l'évêque Guillaume, par Jean d'Achery du pré de la Girondele et de la partie de la rivière qui passe dessous depuis le moulin de Prémontré jusqu'à l'eau de St-Nicolas-aux-Bois et au pont des converts, notamment pour raison de paturage, pêche et autres droits

203

 
 

L

1286-1297

Littera emptionis
molendini de
Septem Vallibus

Gervais Boulez ;

Emmeline, sa femme

Vendent à l'évêque leur moulin de Septvaux moyennant 48 livres parisis

204

 
 

L

 

Littera emptionis
septem jaletorum
frumenti super
molendino de
Baretel

Drouard de Montaigu, clerc

Vente à l'évêque d'une rente de 7 jalois de froment, mesure d'Anizy, sur le moulin de Barthel, sis à Lizy, moyennant 24 livres parisis

205

32 63 175 180 246

 

L

1291 (janvier)

Littera abbatis et
conventus
Premonstericensis
de permutatione
molendini de
Baretel et vinarii
super illud pro
descensibus seu
procliviis nemoris
de Ronsseloy

Guillaume, abbé de Prémontré

Cède à l'évêque le moulin de Barthel pour se redimer d'une rente de 20 livres due à cause des Iarris, du bois de Ronceloi, cédé par Itier

206

 
 

L

 

Littera emende
facte ab illum de
sancto Martino
pro quodam
excessu ab eis
facto apud
molendinum de
Croulet

Jean, abbé de Saint-Martin

Déclare qu'en juillet 1292, Milon, prévôt de son abbaye, a payé à Bon, receveur de Saint-Pierre-au-Marché, une amende à cause d'une nacelle qui avait été brûlée mal à propos par justice dans le tréfonds de l'évêque sur chemin près du moulin de Crolet

207

 
 

L

1292

(2 juin)

Alia littera de
eodem annexa
precedenti

Guillaume, notaire apostolique

Relate le même fait

208

 
 

F

 

Littera emptionis
viginti libris
redditus a Symone
de Valavrigni
quas habebat
singulis annis in
magna taillia
Laudunesii

Simon de Valavergny, écuyer & prévôt du Laonnois

Vend à l'évêque, moyennant 400 livres parisis, une rente de 20 livres parisis sur la grande taille du Laonnois

223

209

 
 
 

L

1290

Ordinatio status
ecclesie de Guisia

Évêque Robert

Statuts octroyés au chapitre de Guise

210

 
 

L

1293 ?

Littera abbatis
sancti Dyonisus in
Francia per quam
confitetur se
nullam jus habere
in leprosaria de
Rouci

Evêque Robert

Demande faite par l'évêque à l'abbé de Saint-Denis de recevoir un homme en la léproserie de Roucy, sans que cela constitue un droit

211

235

 

F

1293 (janvier - lundi après fête de St- Rémy & St- Hilaire)

Littera emptionis
a Symone
preposito de
Valaurigny et ejus
uxore de
medietate
emandavit quas
habebat in
Laudunesum

Simon de Valavergny ;

Marquerite, sa femme

Vendent à l'évêque la 1/2 des amendes auxquelles ils ont droit dans les domaines épiscopaux

212

 
 

L

 

Tenor libertatis
concedende illum
de Laudunesio qui

petunt a nobis

fieri

Evêque Robert

Affranchissement de N., homme de corps ou de petit chevage, sous condition qu'il se fera clerc et n'agira jamais contre l'église

213

 
 

L

1295 (février)

Carta immunitatis
appellonum pro
gentibus domini
Laudunensis
episcopi

Philippe IV

Défend son prévôt de recevoir les appels des sujets de l'évêque et de laisser citer ces sujets devant lui

214

1

219

221

222

223

225

227

 

L

1295 (mars)

Carta
condempnationis
communie et
pacis
Laudunensis

Philippe IV

Abolition de la commune afin de punir les habitants de cette ville des actes séditieux et violents auxquels ils s'étaient récemment portés et dont l'avaient informé les doyen et chapitre de l'église cathédrale.

215

 
 

L

1295 ? (Ides de novembre, 1e année du pontificat de Boniface VIII)

Papalis littera
quod religiosi
servent
interdictam que
duxit proferenda
Laudunensis
episcopus
servante ea
Laudunensis
ecclesia et alii
cujusque
conditionis et

Boniface VIII

Charge l'évêque de défendre aux réguliers, et notamment aux Cordeliers, d'ouvrir les portes de leurs églises aux excommuniés de Laon et d'enterrer les cadavres de ces derniers dans leurs cimetières

224

 
 
 
 
 
 
 

prossessionis
existant in civitate
et dyocesis
Laudunensis

 
 

216

 

111

 
 

F

1246 (juillet)

Fidelitatis littera
domini de

Gaucher de Châtillon, sire

Fait foi et hommage à l'évêque des droits de vinage de localités qu'il n'indique point

 
 

109

 
 
 
 

Castellione facte

de Saint-

 
 
 

201

 
 
 
 

domino

Agnan-en-

 
 
 

248

 
 
 
 

Laudunensis quo

Berry

 
 
 

255

 
 
 
 

de vinagiis et aliis quae tenuerent antecessoris sui ab antecessoris ipsius episcopi

 
 
 

Début des actes du cahier n°9 absents de la table des matières / fin du 3e rajout de la table / dernière phase d'écriture

217

 

107

 
 

F

 
 

Guillaume de

Vidimus d'une charte d'avril 1230 portant la

 
 

258

 
 
 
 
 

Crepy, official de Laon

vente par Gérard de Clacy, vidame, à l'évêque Anselme de ces lods, ventes, cens et droits de justice à Laon

218

 
 
 
 

L

 
 

Garnier, évêque de

Compromis pour régler leurs différends par voie d'arbitrage

 
 
 
 
 
 
 
 

Laon ;

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Baudouin, vidame

 

219

 

214

 
 

L

1296

Restitutio

Philippe IV

Revenu à de meilleurs sentiments en faveur

 
 

221

 
 
 

(9 février -

communie

 

des habitants de Laon, décide de rétablir leur

 
 

222

 
 
 

Paris)

Laudinensis

 

commune dans son ancien état, c'est-à-dire

 
 

223

 
 
 
 
 
 

avec l'échevinage, déclarant en outre que

 
 

225

 
 
 
 
 
 

celte commune subsistera sous cette dernière

 
 

227

 
 
 
 
 
 

forme, jusqu'à ce qu'il lui plaise de la supprimer.

220

 
 
 
 

L

1243 (juillet)

Littera capellanie
de Monstriolo
quod est de
collatione domini
episcopi

Évêque Garnier

Atteste que Pierre Le Valois, autefois

chevalier de Montreuil, a fondé une
chapellenie audit Montreuil et l'a dotée d'une rente annuelle de 40 livres parisis sur sa grange de Montreuil.

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Son fils Gobert, chevalier, aura collation viagère de ce bénéfice. Après lui, ladite chapellenie appartiendra à l'évêque

221

 

219

 
 

L

1316

Hic est gracia

Philippe V

Déclare qu'en reconnaissance des preuves de

 
 

222

 
 
 

(12 mars -

facta civibus

 

fidélité que les habitants de Laon ont donné

 
 

223

 
 
 

Paris)

Laudunensis quod

 

jadis à ses prédécesseurs, il veut et ordonne,

 
 

225

 
 
 
 

regem Philippem

 

en vertu de son autorité royale, qu'ils

 
 

227

 
 
 
 

super restitutione
communie ulteria

 

jouissent pleinement à l'avenir de tous les droits et privilèges attaches à l'institution

225

 
 
 
 
 
 
 

communale.

222

219

221

223

 

F

1297 (mars)

Aliquodam
compositionis
facta cum

Évêque de Dôle ;

Sentence ordonnant que le 1er jour de la rentrée du chapitre en la cathédrale pour y

recommencer le service divin, cent

 

225

 
 
 

civibusLaudunens

Guillaume de

Laonnois, nus pieds et tête nue, en cotte, sans

 

227

 
 
 

is per episcopum
et capitulum post
condamptionis
commune et
restitutionem
factam de dicta
communia

Crespy, coûtre de Saint- Quentin ;

Pierre Flote ; chevalier

Hugues de Bonville, chevalier

[commissaires royaux]

ceinture, dont les noms seront donnés au

bailli du Vermandois, iront
processionnellement 2 à 2 derrière les porte-croix et devant les chanoines et le clergé laonnois, du bas de la montagne de Semilly à la Cathédrale ; qu'à la porte Saint-Martin, 3 d'entre eux porteront chacun une figure ou statue de cire du poids de 20 livres jusqu'à l'autel de la cathédrale et les offriront en

signe de restitution des 3 personnes
arrachées violemment en cette église ; qu'en outre, la commune donnera au chapitre 60 livres de cire, dotera d'une rente de 30 livres tournois une chapelle en ladite église, paiera une somme fixe de 3000 livres et pareille somme à Gaëtan, diacre cardinal trésorier de la même église

223

219

 

L

1320

[Sequitur]

Parlement de

Ordonne la justification dans le mois, par la

 

221

 
 

(15 avril)

quodam arrestum

Paris

ville, du paiement des amendes prononcées

 

222

 
 
 

seu interloquitum

 

contre elle, avant de statuer définitivement

 

225

 
 
 

inter episcopum,

 

sur le rétablissement de la commune

 

227

 
 
 

decanum et
capitulum ex una
parte et cives

 
 
 
 
 
 
 

Laudunensis ex
altera

 
 

224

 
 

F

1320 (mai)

 

Jeanne de Dreux, comtesse de Roucy

Fonde et dote une chapellenie dans château de Nizy-le-Comte en l'honneur de la Vierge. Réserve la collation de ce bénéfice à elle et à ses successeurs

225

219

 

L

1320

 

Parlement de

Déclare qu'il ne lui plaît point que les

 

221

 
 

(3 mars)

 

Paris

habitants de Laon conservent leurs offices

 

222

 
 
 
 
 

d'échevinage et de commune

 

223

 
 
 
 
 
 
 

227

 
 
 
 
 
 

226

 
 

L

1320

(26 mars)

Sequitur executio
dicta arreste

Philippe V

Mandement adressé au bailli du Vermandois pour faire exécuter cet arrêt

227

219

 

L

1320

 

Parlement de

Charge Jean de Vaumoise de mettre sous la

 

221

 
 

(26 mars)

 

Paris

main du roi l'administration de la ville de

 

222

 
 
 
 
 

Laon privée de ses offices d'échevinage et de

 

223

 
 
 
 
 

commune

 

225

 
 
 
 
 
 

226

228

 
 
 

L

1320 (mars)

 
 

Mandement d'exécution de cet arrêt

Fin du cahier n°9 / début du 4e rajout de la table / 3e phase d'écriture

229

 
 

L

1250

(janvier - 5 des calendes de février, 7e année de son pontificat)

Indulgentia quod
episcopo non
teneatur
providere alicui
per litteras
apostolicas

Innocent IV

Confère aux évêques de Laon le droit de nommer aux bénéfices de son diocèse et les

dispense d'admettre les nominations
provenant de la cour de Rome

230

189

 

F

1287

(jeudi devant fête de St- Jean- Baptiste)

Littera sigillata
sigillo episcopi
tantum domino
Couciaco facta
super quitatione
et scambio juris et
usagii
quorumdam
nemorum

Évêque Robert

Affirme qu'Enguerrand de Coucy s'est

libéré, moyennant rente annuelle de 200

livres exigible sur les vinages de ses
châtellenies de Vervins, Marle, Crécy et Thierrisuelle, du droit qu'avait ledit Robert de prendre autant de bois qu'il le voulait dans les forêts de Coucy, St-Gobain et La Fère

231

 
 

L

1287 (janvier - Paris)

Confirmatio regis
super scambio
usagii nemorum

Philippe IV

Approuve cet accord et se réserve le droit de régale sur ladite rente en cas de vacance du siège épiscopal

231 bis

 
 

L

 

Processus per
tabellionem factus
contra
informationem
regis factam apud
Laudunum

 

Accord intervenu entre l'évêque et la

commune

232

135

81

L

1236

Carta Gerardi
vicedomini super
approbatione
venditionis
vicemotitus de
Laudunesio

Gérard, vidame

Ratifie la vente faite par Gobin Le Chat, sa mère et Guillaume, mari de celle-ci, à l'évêque Anselme, de leurs droits de vicomté

à Mons-en-Laonnois, Laniscourt, Bois-
Roger et les Creuttes, sous réserve de rouage, maison et prés.

Les habitants de Thierret, Clacy, Mons et des villages voisins conserveront néanmoins leurs droits de pâturage.

233

 
 

L

1287 (juillet)

Compositio
abbatis de sancto
Nicholao in Bosco
episcopi
Laudunensis
super Aguillicourt
juxta Acheri

Guillaume, abbé de Saint- Nicolas-aux- Bois

Relate les conditions d'un accord intervenu entre son monastère et l'évêque Robert, qui a reconnu n'avoir aucun droit de justice sur les biens de ce monastère à Anguilcourt ; que ledit monastère a le droit de pâturage pour ses bestiaux à Achery, excpeté dans le pré sis vis-à-vis de la maison seigneuriale dudit évêque, en retour d'une renonciation à une prestation annuelle de 20 muids de vin blanc due par l'évêque à Chevregny

227

234

 

89

 

L

1266 (juin)

Littera episcopi
Laudunensis de
curia ducatus
videlicet de
pongneiis et
jaloiniis

Louis IX

Confirmation royale : Maire et jurés de Laon reconnaissent que l'évêque leur a abandonné moyennant somme de 1000 livres tournois les droits qu'il réclamait sur les poireaux, choux, oignons et noix

235

211

 

F

1293 (janvier - lundi après fête de St- Rémy & St- Hilaire)

Littera venditionis
facte domino
episcopo
Laudunensis per
Symonem de
Valaurigni
prepositum
Laudunenesii et
Margaretam ejus
uxore

Simon de Valavergny & sa femme, Marguerite

Vendent à l'évêque la 1/2 des amendes auxquelles ils ont droit dans les domaines épiscopaux

236

 
 

L

1292 (samedi après fête de Saint-Marc, évangéliste)

Littera de emptione facta a Gilone Legros et Perrea ejus uxore de quibusdam rebus existentibus apud Chievrigni

Gilon, dit Gros-Amis ; Perrée, sa femme

Vendent à l'évêque, moyennant 6 livres parisis payées comptant, des vinages, cens et redevances sis à Chevregny

237

19

167

 

L

1247

(samedi après les octaves de la Nativité de la Sainte- Vierge)

Littera super
venditione de
Martigniaco
quam fecit
dominus de
Roseto domino
Garnero dei
gratia quondam
Laudunensis
episcopo

Roger, seigneur de Rozoy

Vend à l'évêque ses biens sis à Martigny, Bruyères, Montbéraut, Vorges, Chéret et Cherequel, consistant en dîmes, vinages et rentes, moyennant 1820 livres parisis payés comptant

238

 
 

L

1292 (samedi après brandons)

Littera emptionis
terre de
Acheriaco

Official de Laon

Affirme que Hugues de Lier, écuyer, a vendu à l'évêque Robert 32 verges de terre à Achery, lieudit de la Gerondele, moyennant 100 sous payés comptant

239

125

115

 

L

1234

(novembre)

Carta Philippi de
Alneto et
Clementie et
Hectoris et
aliorum fratrum
super emptione
facta ab episcopo
Laudunensis de
sex modiatis terre
in territorio de

Renier, abbé de Saint- Nicolas-aux- Bois

Atteste que Philippe de Noien, seigneur d'Aulnois, et sa femme, Clémence, mère

d'Hector, seigneur d'Aulnois, ont ratifié
vente faite à l'évêque Anselme par ledit Hector, de 6 muids de terre à Aulnois

228

 
 
 
 
 

Alneto

 
 

240

196

 

L

1292 (vendredi après fêtes de la Pentecôte)

Littera emptionis
feodi de
Laudunensis

Official de Troyes

Constate que Pierre de Courtisot, chevalier, et Béatrix, sa femme, ont vendu au même prélat leur domaine de Laval

241

 
 

L

1232

(décembre)

Littera interdicti

civitatis

Laudunensis propter quosdam quos major et jurati ceperant

Abbés de Saint-Nicolas- aux-Bois, de Nogent, Saint- Nicolas-des- Prés de Ribemont, de Vauclair, Bohéries, Cuissy & Buvilly Prieurs de Saint-Vincent, Saint-Jean & St-Martin

Attestation de la levée faite, le vendredi après Ste-Luce, de l'excommunication et de l'interdit prononcés contre la commune, à l'occasion de l'incarcération, par les maire et

jurés, de divers hommes des censives
épiscopales

242

 
 

L

1232

Littera
testimonialis quod
major et jurati
emendaverunt
captionem
Laurentii
serventis episcopi

C, prieur de Saint-Jean de Laon

Relate cet acte

243

65

 

L

1232 (janvier)

Littere regis super
absolutione
majoris et
juratorum
Laudunensis pro
hominibus
episcopi quos
imprisionari
fecerant

Louis IX

Relate l'accord passé entre l'évêque et la commune au sujet d'hommes de l'évêque qu'elle avait fait incarcérer.

La commune promet d'obéir désormais aux mandements de l'évêque comme à ceux de l'église et de payer.

Par suite de cette soumission, l'évêque a levé l'excommunication lancée contre les maire et jurés, de même que l'interdit sur la ville, qui paiera les frais occasionnés par cette incarcération

244

179
bis

 

L

1287 (avril)

Compromissum Premonstratensis super appendiciis abbatie et aliorum

rerum

Robert, abbé de Prémontré

Déclarent que Jean de Leuse, écolâtre de l'église Saint-Etienne de Troyes et Jean de Ribemont, clerc, ont été désignés pour arbitres afin de terminer leurs différends avec l'évêque Robert

245

181

 

L

1287

(jeudi après fête de St-

Procuratorium
Premonstratensis

Abbaye de Prémontré

Procuration générale donné par l'abbaye à Gobert d'Origny, Mathieu de Ribemont, Gilles de Neuville (religieux de Prémontré)

229

 
 
 
 

Georges)

 
 

pour procéder au nom de ladite abbaye afin d'obtenir cette sentence

246

180

 

L

1287 (mai)

Sententia
arbitralis

Jean de Leuse, écolâtre de

Sentance arbitrale indiquant que l'évêque de Laon n'a aucun droit d'usage au-delà du bois

 

32

 
 
 

Premonstratensis

l'église Saint-

de Ronceloi ;

 

63

 
 
 

super appendiciis

Etienne de

il n'a que la justice en matière de vol ou de

 

175

 
 
 

abbatie et aliis

Troyes ;

duel concernant le moulin d'Achery, le droit

 

205

 
 
 

rebus

Jean de Ribemont, clerc

de pêche au-dessous du moulin et le pâturage dans le pré devant ce moulin ;

l'abbaye pourra prendre des terres dans un pré et dans les usages pour réparer leurs écluses

247

 
 

L

1287 (mai)

Littera abbatis et
conventus

Abbaye de Prémontré

Annexe de la sentence précédente

 
 
 
 
 

Premonstratensis
annexi litteris
ultimo
suprascriptus

 
 
 
 
 
 
 

[Rubrique barrée

 
 

de la table]

 
 
 
 
 
 
 
 

248

109

 

F

1297 (juin)

Venditio per

Gaucher, sire

Vendent à l'évêque leur châtellenie de Laon

 

111

 
 
 

dominum de

de Châtillon,

et leur domaine de Barenton-Cel, moyennant

 

201

 
 
 

Castellione et ejus

connétable de

4000 livres de petits tournois payés

 

216

 
 
 

uxoris de

Champagne ;

comptant

 

255

 
 
 

Castellania

 
 
 
 
 
 
 

Laudunensis terre
de Barentoncel et
pertinentiarum
ejus episcopo
Laudunensis facta

Isabeau de Dreux, sa femme,

 

249

 
 

F

1297

Mandatum domini

Gaucher de

Mande à ses vassaux de la châtellenie de

 
 
 
 

(dimanche avant St-

de Castellione
quod episcopo

Châtillon

Laon et de la seigneurie de Barenton-Cel d'obéir désormais à l'évêque Robert

 
 
 
 

Jean- Baptiste)

Laudunensis
obtemperent
feudatarii

 
 
 
 
 
 
 

Castellanie ipsi
episcopo vendite

 
 

250

 
 

F

1301

Quitatio domini

Jean, châtelain

Accord au sujet de la châtellenie de Laon, de

 
 
 
 

(lundi après Épiphanie)

de Thorota
Castellanie de
Lauduno
Barentoncel et
pertinentiarum et
XX librarum terre
super prepositura

de Thorote, sire d'Honnecourt & chevalier

Brenton-Cel et de 20 livrées de terre parisis

sur la prévôté de Valavergny qu'il

revendiquait comme héritier par
représentation de Gaucher de Thorote, son père, et de Robert de Thorote, évêque. Reconnaît la validité des droits de l'évêché, qui solde le reliquat du prix de vente entre

230

 
 
 
 
 

de Valaurigni

 

les mains de Clément de Choisy, mandataire dudit Jean

251

 
 

L

1301

(mars - 2e férie avant fête de Ste- Vierge)

Solutio facta
Baillivo domini de
Thorota a
Laudunensis
episcopo de XIIIIC
libros parisenses
quas dominus de
Thorota
recognovit per
suas litteras se
habuisse

Official de Noyon

Atteste que ledit Clément de Choisy, bailli de Jean, châtelain de Thorote, a reçu de l'évêque Gazon, par les mains de Guillaume de Marcilly, 1400 livres parisis

252

 
 

F

1301 (dimanche avant les brandons)

Solutio facta per
episcopum
Laudunensis
domino de
Thorota de XIIIIC
libros parisenses
occasione
expensarum
factarum in
Castellania
Laudunensis

Jean de Thorote

Donne quittance de ces 1400 livres audit évêque

253

 
 

F

1301 (samedi après les brandons)

Solutio facta
Clementi de
Choysi de IIIIC
libros parisenses
per dominum
Laudunensis pro
domino de
Thorota

Giles de Laon, bailli de Senlis

Atteste que Clément de Choisy a reçu de Guillaume de Marcilly les 1400 livres parisis dues pour ladite vente

254

 
 

L

1298

(mardi après dimanche des Rameaux)

Mandatum quod
dominus
episcopus
Laudunensis
gaudeat
extraheria
Johanis de Semilli
extra terminos
pacis Laudunesio

Philippe IV

Mande au bailli de laisser l'évêque se mettre

en possession des biens immeubles
confisqués sur Jean de Semilly lors de s condamnation à mort, hors des limites du territoire de la paix de Laon, seulement dans le cas où ces biens seraient situés dans des lieux où cet évêque aurait droit de haute, moyenne et basse justice.

255

109 111 201 216 248

 

F

1284 (mars - Paris)

Receptio
comitisse de
Alencon in
homagium per
episcopum
Laudunensis facta

Jeanne, comtesse de Blois, d'Alençon & dame d'Avesne

Déclare que si elle n'a pas rendu à l'évêque de Laon, en son évêché, ses devoirs féodaux, c'est sans tirer à conséquence

231

 
 
 
 
 

Parisius sine
cujusque
prejudicio

 
 

256

113

70

F

1219

Litterere
compromissionis
inter episcopum

Gervais, abbé de Prémontré ;

Sentence arbitrale réglant les droits

respectifs de Jean de Marcilly et de l'évêque à Faucoucourt, Marcilly, Huez et Sebacourt

 
 
 
 
 

Laudunensis et
dominum

Hellin,

archidiacre ;

 
 
 
 
 
 

Johannem de

 
 
 
 
 
 
 

Marcilli super
captione rerum
hominum dicti
episcopi
manentium in
dominico menso
dicti Johannis

Evrard de Margival

 

257

60

57

L

1217

(décembre)

Littera

archiepiscopi

A., archevêque de Reims

Relate une transaction intervenue entre

l'évêque Anselme & Geoffroy.

 

133

 
 
 

Remensis inter

 

Ce dernier conservera son héritage et ses

 

161

 
 
 

episcopum

 

rentes, sa part des droits d'amendes

 

170

 
 
 

Laudunensis et
Ingelrannum
dictum

 

consistant en 2 sous et demi sur 22 et demi, une rente de 50 livres parisis exigible à Noël ;

 
 
 
 
 

Gauffridum
prepositum

 

L'évêque, quant à lui, pourra faire remise des amendes.

 
 
 
 
 

Laudunesii super
exactionibus

 

Cette transaction recevra son effet pendant toute la durée de l'épiscopat d'Anselme

 
 
 
 
 

Laudunesii

 
 

258

107

 

L

1230

Carta super

Gérard de

Autre copie de la vente des droits de lots et

 

217

 
 
 

venditione
ventarum quas
habebat
vicedominum
apud Laudunum

Clacy

ventes d'une partie de la ville de Laon. Le même acte est déjà rapporté n° 107

259

 
 

L

1245 (janvier)

Littera
permissionis
edificii seu
constructionis
abbatie
monialium in
parrochia de
sancti Petri
Monte

Évêque Garnier

Atteste que maître Bernard, curé de Cilly et de St-Pierremont, a autorisé Thomas de Coucy, seigneur de Vervins, et Mathilde, sa femme, à faire construire une abbaye de filles de l'ordre de St-Victor, en la paroisse

de Saint-Pierremont, vers Bosmont, au

lieudit Beeroche, occupant un espace
suffisant pour ensemencer 4 muids de blé à la mesure de Marle, moyennant une rente annuelle de 20 sous parisis exigible aux fêtes de Noël

232

260

 

122

 

L

1295 (octobre, 4e férie après la fête de Saint- Rémy)

Transcriptum
littere super
capellania de

Novion vicissim a

domino et abbate Fidemensis confessenda

Officialité de Laon

Vidimus d'un autre vidimus, de l'officialité de Cambrai, de la 2e férie avant fête de Ste-Marie-Madeleine (1252), d'une charte datée d'avril 1222, de l'évêque Anselme, adressée à Pierre de Fesmy et à son abbaye, portant que Gaucher (Walcherus), prévôt , et Marie, sa femme, ont fait remise entre les mains de Gautier, doyen, et de Renier de Flavigny, chanoine de Guise, de leurs droits au sixième des grandes et menues dîmes du Nouvion, acquises de Gui d'Esquechéries, pour la

fondation d'une chapelle en l'église du
Nouvion

261

 
 

L

1254 (janvier)

Concordia quod
capellania
hospitalarie de
Roseto vicissim
ab episcopo
Laudunensis et
capitulo
Rosetensis
conferatur

Évêque Itier

Déclare qu'il a la collation alternative de la chapelle de l'hôpital de Rozoy avec le chapitre de Rozoy

262

 
 

L

1285

(5e férie après octaves de la Trinité)

Henricus abbatis
quondam sancti
Nicholay in Bosco

Officialité de Laon

Vidimus d'une requête adressée à l'évêque Robert par le prieur et l'abbaye de Saint-

Nicolas-aux-Bois, la 6e férie après le
dimanche de la Résurrection (1285), pour

obtenir de ce prélat l'autorisation
d'abandonner à Henri, leur abbé, infirme et démissionnaire, l'usufruit de la maison du Tortoir avec un étang et un vivier sous le moulin, celle de Merlains, 2 prébendes monacales pour lui et son chapelain, des prébendes pour 3 domestiques, du foin et de l'avoine pour la nourriture de 2 cheveux, et enfin chambre qu'il y habite autant de temps qu'il voudra l'habiter ; de provision conforme consentie par ledit prélat la 6e férie avant quasimodo la même année

263

66

 

L

1229 (janvier)

Littera regis
super
compositione
facta inter
episcopum
Laudunensis et
Galterum de
Ostremontcort

idem

Relate l'accord conclu entre l'évêque de

laon et Gautier, chevalier et seigneur
d'Autremencourt, où Gautier qui, pour avoir fait injustement la guerre audit évêque, s'être livré à des voies de fait contre ses hommes,

prêtres et clercs, avait été bannis du
royaume, s'était avisé de revenir malgré bannissement et, pour ce fait, avait été incarcéré. Sorti de prison, Gautier était venu devant le roi et avait promis sous caution de bien se comporter, ainsi que d'abandonner sa

233

 
 
 
 
 
 
 

terre à l'évêque dans le cas contraire, sans aucun recours, et de rester banni

264

 
 

L

1293 (lendemain de la fête de Saint-Luce)

De processu regis
super causa in
curie episcopi
agitata adnullato
et commissione
facta per regem
de consensu
episcopi sine
prejudicio et quod
fructus de quibus
contenditur cum
ipsius bonis
reponantur et
custodiantur in
manu episcopi

Philippe IV

Soumet à Etienne de Suisi, clerc et chanoine de Tournai, et Robert de Résigny, chevalier, sans tirer de conséquence, du consentement de l'évêque, la solution d'un procès instruit devant la Prévôté de Laon, entre Jean de

Tremilly et Isabelle, dame de Chailly,
autorisée par Jean Troillet, son mari ;

Ledit procès s'est alors vu renvoyé devant la justice laïque de l'évêque. Les biens litigieux restent provisoirement sous la juridiction temporelle dudit prélat

265

192

 

L

1290

Littera abbatis
sancti Vincentii
Laudunensis de
escambio Sarre
filie Gilonis dicti
Eraigne pro
Maria filia
Jaqueri dicti
Aignel de
Chievrigni

 

Echange de femme de corps entre Jean, abbé de Saint-Vincent et l'évêque Robert

266

164

33

L

1218

De assignatione
vicedomini
domino Johanni
de Dercy

Gobert, vidame

Reconnaît qu'il a assigné à Jean de Dercy, sur ce que lui doit l'évêque, à savoir 40 livres parisis en 2 termes égaux, l'un à Noël 1218, l'autre à Noël 1219, outre 40 muids de vin également en 2 termes, aux fêtes de Saint-Martin des mêmes années

267

48

46

L

1218 (juillet)

Littere Goberti
vicedomini super
venditione et
quitatione
varenne

Gobert, vidame

Promet de ne plus porter atteinte aux droits de l'évêque et à ne plus inquiéter les vassaux de ce dernier

268

54

51

L

1219 (avril)

Littere prepositi

Laudunensis
super extraheria

Herberti de

Lisiaco

Geoffroy,
prévôt du
Laonnois

Renonce en faveur de l'évêque'Anselme à sa part des droits d'extrahière d'Herbert de Lizy

269

 
 

F

1290

(mardi avant Pâques

Littera

recognitionis
Johannis de

Gobert Sarrazin, châtelain &

Lettre sous scel de Gobert portant

déclaration de possession par Jean de
Manlouez d'une maison en la rue St-Georges

234

 
 
 
 

fleuries)

Manlouez de
quadam domo
Lauduni quam
tenet ab episcopo

garde scel pour le Roi du bailliage de Vermandois à Laon

contiguë au presbytère de St-Georges et à la maison de Guiart de Harsigny, dans la justice de l'évêque

270

57

54

L

1217 (lendemain de la conversion de St-Paul)

Littera
testimonialis quod
prepositis non
potest mutare
servientes sine
assensu episcopi

Rebalbe, Enguerrand, Hubert, Simon Ladoues, Henri de Paris Thorin, chanoines de Laon ;

Garnier, official ;

Jean,

chapelain ;

Alelme, chapelain de Saint-Nicolas

Attestent qu'Enguerrand, dit Geoffroy,

prévôt, se trouvant dans la chambre de l'évêque en son palais, a reconnu que l'évêque l'avait autorisé à remplacer Renier par Robert en qualité de l'un de ses sergents libres, sans constituer un service spécial dudit Geoffroy

271

144

91

 

L

1212

Confirmatio
quittationis
nemoris quod
dicitur li Tristes

Engurrand de Coucy, seigneur de Marle

Approuve cession faite par son frère, Robert de Coucy, aux habitants de Lizy, du bois dit Li Tristes, près de Pinon, et de pâturages contigus à ce bois

272

59

56

L

1223 (mai)

Littere prepositi
Laudunesii super
quittatione
terragiorum
Laudunesii et
super aliis rebus

Geoffroy,
prévôt du
Laonnois

Consent à unir son manoir de Valavergny à la prévôté du Laonnois pour n'en constituer qu'un seul fief vassal de l'évêché ;

Renonce à des droits de terrage qu'il
réclamait dans les domaines épiscopaux, et abandonne à Anselme ses droits de garenne tant que celui-ci sera évêque

273

90

 

L

1259

(décembre)

Littera XV
solidorum
parisienses

censualium super

domum Marie
dicte Sarpe

Jean de Dammarie, official de Laon

Atteste que Marie Sarpe, citoyenne de Laon, a vendu à Guillaume de Troyes, chantre de l'église de Laon, moyennant 40 livres parisis payées comptant, un surcens de 15 sous

parisis assignés sur une maison dudit
Guillaume, dernière de la rue du Tronc, à Laon

274

 
 

F

1284 (mai)

Carta venditionis
homagii quod
tenebat dominus
Clarembardus de
Mayot, Gobertus
de Bertoucourt et
Guillaumus
Monachus de

Renaud, chevalier & sire de Faucoucourt

Vend à l'évêque, moyennant 6 livres parisis, ses droits de vassalité sur 3 arrière-fiefs de l'évêché, tenus de lui par Clarembaud de Mayot, chevalier, Gobert de Bertoucourt, écuyer, et Guillaume Lemoisnes des Puisaz ; ainsi qu'une rente de 2 muids de blé à la mesure de La Ferté, que lui devait ledit Guillaume

235

 
 
 
 
 

Puisiaus in
duorum
modiorum bladi
quos debebat
dictus fermus
quam venditionem
fecit Renaldus
miles dominus de
Foucoucourt

 
 

275

 
 

L

1293

Littera regis ne
litte pendente
inter regem et
dominum
Laudunensis
episcopum
commemorantes
in terra ipsius
episcopi ad
appellationes
volagias in curie
regis Lauduni
venire
compellantur

Philippe IV

Lettre du roi Philippe, lequel défend à son bailli de Vermandois de recevoir les appels de la cour épiscopale, à moins que le différend ne soit terminé

276

 
 

F

 

Ordinatio
magistri Johannis
de Willi auditoris
regis super
scabinis
Laudunensis

 
 

236

TABLE DES ILLUSTRATIONS

TABLEAUX

Tableau 1 : Tableau synthétique de la répartition des actes présents dans le cartulaire par

feuillets et par cahiers 57

Tableau 2 : Tableau récapitulatif des dimensions des différentes mises en page du

cartulaire 61

Tableau 3 : Codification alphabétique d'actes 81

Tableau 4 : Confrontation des sources secondaires à aux actes retranscrits dans le

cartulaire 89

Tableau 5 : Rubriques sous-entendant la constitution d'un dossier documentaire 104

Tableau 6 : Tableau récapitulatif du patrimoine foncier de l'évêché de Laon à travers le

Grand cartulaire de l'évêché de Laon 109

Tableau 7 : Tableau récapitulatif des hommages rendus au seigneur-évêque 114

Tableau 8 : Tableau récapitulatif des actes émanant de ou portant sur la vidamie du

Laonnois 137

Tableau 9 : Tableau récapitulatif des acte émanant de ou portant sur la prévôté du

Laonnois 140

237

FIGURES

Figure 1 : Histogramme répertoriant les occurrences chronologiques par cahier 64

Figure 2 : Renvois graphiques amont (acte n°4, f°IV r°) 72

Figure 3 : Renvois graphiques aval (acte n°62, f°XXVI r°) 73

Figure 4 : Système d'astérisque (acte n°4, f°IV r°) 74

Figure 5 : Indices graphiques d'ordonnancement 1 (acte n°4, f°III v°) 75

Figure 6 : Indices graphiques d'ordonnancement 2 (acte n°233, f°LXXXVIII r°) 75

Figure 7 : Système de réclame (acte n°179, f°LXIV v°-LXV r° : passage du cahier 8 au

cahier 9) 76

Figure 8 : Différents types de foliotation du cahier n° 13 79

Figure 9 : Exemple d'écriture identique entre la transcription de l'acte et la rubrique (acte

n°229, f°LXXXIV r°) 93

Figure 10 : Exemple d'une double intervention (acte n°215, f°LXXXII v°) 94

Figure 11 : Exemple d'acte sans rubrique et absent de la table des matières, avec miniature

de lettrine, non finalisée (acte n°180, f°LXVI r°) 94

Figure 12 : Mentions inférieures de 4 rubriques présentes sur ce côté du feuillet (f°XII

r°) 94

Figure 13 : Manicule (acte n°40, f°XXI r°) 95

Figure 14 : Répartition des actes référençant des acquisitions foncières par épiscopat.

126

Figure 15 : Carte de de l'aire d'influence épiscopale sous le prisme du Grand cartulaire

de l'évêché de Laon 129

Figure 16 : Schéma résultant de l'analyse réticulaire de la société laonnoise 151

238

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246

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- « Modélisation et représentation graphique des réseaux de pouvoir. Approche des pratiques sociales de l'aristocratie du haut Moyen Âge, à partir de l'exemple d'Odon de Cluny († 942) », in Os medievalistas e suas fontes. Leiturascruzadas sobre a Alta Idade Média, Actes du Colloque international organisé par l'Université de São Paulo et l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,

SAHLINS Marshall, Age de pierre, âge d'abondance. L'économie des sociétés primitives, Paris, Gallimard, 1976.

SAINT-DENIS Alain, Apogée d'une cité : Laon et le Laonnois (XIIe-XIIIe siècles), Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1994.

- Institution hospitalière et société. L'Hôtel-Dieu de Laon, 1150-1300, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1983.

SARS Maxime (de), Le Laonnois féodal, 5 vol., Paris, 1924-1934.

SIRINELLI Jean-François (dir.), RIOUX Jean-Pierre, Pour une histoire culturelle, Paris, Seuil, 1997.

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SOT Michel (dir.), BOUDET Jean-Patrice, GUERREAU-JALABERT Anita, Histoire culturelle de la France - tome I : Le Moyen-Age (dir. Jean-Pierre Rioux, Jean-François Sirinelli), Éditions du Seuil, Paris, 1997.

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TESTART Alain, Critique du don. Études sur la circulation non marchande, Paris, Syllepse, 2007.

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Concernant l'inventaire des cartulaires, il est aussi possible de consulter la base de données de l'IRHT disponible sur Internet, Cartul'R.

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GLOSSAIRE

Binion : Cahier formé de deux bifeuillets, soit deux feuillets pliés en deux et assemblés les uns aux autres.

Cahier : Assemblage de feuilles pliées les unes dans les autres, ou cousues ensemble, et destinées à recevoir des écrits, des dessins ou des collages. Plusieurs cahiers forment un livre.

Cartulaire : Registre contenant les copies de titres de propriété et/ou de privilèges temporels d'une personne ou d'une communauté.

Codex (codicologie) : Manuscrit consistant en un assemblage de feuilles de parchemin, de forme semblable à nos livres actuels, souvent doté d'une couverture, par opposition au rouleau de papyrus (volumen). La discipline portant sur les codices s'appelle donc codicologie.

Feuillet (ou folio) : Feuille pliée une ou plusieurs fois sur elle-même pour former une feuille double ou un cahier. Plus concrètement, on appelle feuillet l'ensemble que constituent deux pages, recto et verso.

Lettrine : Lettre initiale de gros corps, ornée ou non, occupant une hauteur supérieure à la ligne courante au commencement d'un chapitre, d'un paragraphe, d'un manuscrit médiéval ou d'un imprimé.

Pied-de-mouche : Signe typographique dont l'usage propre est d'être placé au début d'un nouveau paragraphe, afin de marquer un alinéa, lorsqu'en plus du changement de paragraphe le discours change de sujet.

Piqûres de réglure : petits trous ou fentes, plus ou moins discrets, destinés à guider le traçage de la réglure.

Piqûres maîtresses : Chacune des piqûres qui déterminent la configuration générale du schéma de réglure, en fixant notamment la place des lignes justifiantes et de l'entrecolonne.

Quaternion : Cahier formés de quatre bifeuillets.

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Quinion : Cahier formé de cinq bifeuillets.

Réclame : Inscription, en bas à droite du verso du dernier feuillet d'un cahier, reprenant les premiers mots du cahier suivant. Il s'agit d'un repère quant à l'articulation des différents cahiers.

Réglure : Opération consistant à tracer des traits horizontaux et/ou verticaux sur un support d'écriture. Par extension, manière dont un papier est réglé, c'est-à-dire l'ensemble des lignes droites permettant au copiste (ou au décorateur) de disposer son texte (ou son illustration) selon un agencement bien précis. Dès lors, il s'agit donc d'un acte qui précède celui de la copie, et il est rarissime que le copiste néglige totalement le cadre des lignes tracées, tout comme il est fréquent qu'il les dépasse de peu. Concrètement, la réglure intervient dans l'organisation générale de la face du feuillet et aide à déterminer la mise en page du texte.

Réglures maîtresses : lignes extrêmes de la justification, c'est-à-dire les droites qui délimitent l'aire textuelle par rapport à la marge de petit fond (gauche), à la marge de gouttière (droite), à la marge de tête (partie supérieure du feuillet) et à la marge de pied (partie inférieure).

Rubrique : Indication résumée d'un contenu textuel. Originellement, il s'agissait de l'indication portée en lettres rouges dans un livre liturgique pour préciser les rites de célébration des divers actes liturgiques.






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote