4.3. Cinétique de minéralisation de
l'azote
Une régression linéaire entre les variables log
(N0 - Nmin) et t était réalisée pour
évaluer les paramètres de la cinétique de
minéralisation. Ainsi, une valeur `optimale' de N0 était
déterminée en appliquant la procédure itérative
comprenant des régressions répétées basées
sur le choix de différentes valeurs de N0, Les meilleures valeurs de N0,
de K et de t1/2, sont présentées sur le Tableau
12, et représentent les valeurs obtenues par itération
(régression répétitives) ayant le plus grand coefficient
de détermination, R2. La valeur N0 est
interprétée comme une estimation de la quantité de N qui
sera minéralisée dans une période de temps infini dans des
conditions optimales de température et d'humidité (Stanford et
Epstein, 1974).
Les Figures 11a et 11b
montrent que les données expérimentales étaient
bien ajustées au modèle de la cinétique de premier ordre.
En effet, les valeurs obtenues pour le coefficient de détermination
étaient comprises entre 0,81 et 0,92 sous les sites brûlés,
et 0,80 et 0,93 sous les sites témoins. La forme des courbes de
régression exponentielle pour les sites brûlés
(Figure 11a) ont montré que les taux de
minéralisation étaient plus rapides que ceux des sites
témoins (Figure 11b). En outre, les valeurs du
potentiel de minéralisation, N0, les plus élevées ont
été enregistrées sous les sites brûlés. Elles
variaient ainsi de 53,12 mg/kg (site IV) à 113,24 mg/kg (site I)
comparées aux valeurs des sites témoins qui se situaient entre
23,69 mg/kg (site III) et 56,78 mg/kg (site I). Ces valeurs de N0/Ntotal
étaient assez faibles allant de 2,39% (site I) à 3,81% (site II)
de N total, mais elles sont toujours restées supérieures à
celles des sites témoins.
Les Figures 11a et 11b
montrent que les taux de minéralisation sont rapides au
début de la période d'incubation, mais ils ralentissent en grande
partie vers la semaine 12, Ceci pourrait être lié à la
décomposition rapide de la fraction la plus labile de N organique dans
les premières semaines. Au fur et à mesure que ce pool labile
s'épuise, les fractions assez résistantes dominent d'où la
baisse des taux de minéralisation.
En ce qui concerne la constante de vitesse de
minéralisation, K, elle se situait entre 0,196 à 0,248
semaines-1 respectivement sous les sites IV et I brûlés
comparée avec 0,130 semaines-1 (site III) à 0,208
semaines-1 (site I) enregistrée sous les sites
témoins. Ce paramètre traduit la vitesse de décomposition
des composés organiques dans le sol et puisque les valeurs
étaient plus élevées sous tous les sites brulés par
rapport à leurs témoins, l'on pourrait conclure que
l'activité microbienne était plus intense après le passage
des feux. L'ammonification après les incendies, telle expliquée
précédemment
80
Tableau 12 : Les paramètres de la
cinétique de minéralisation de l'azote (N0, k, et t1/2) pour les
différents sites d'étude
Sites
|
Équation linéaire : log10 (N0 - Nmin) = -
Kt/2,303 + log10 N0
Y = Ax + B
|
Ntot
(mgkg-1)
|
N0 / Ntot
(%)
|
N0
(mgkg-1)
|
K
(semaines-1)
|
t1/2
(semaines)
|
tres
(semaines)
|
R2
|
I
|
113,24 #177; 60,04
|
0,248
|
2,794
|
4,032
|
0,85
|
4737,58 #177; 1760,16
|
2,39
|
|
(56,78 #177; 8,62)
|
(0,208)
|
(3,332)
|
(4,808)
|
(0,93)
|
(2921,40 #177; 1026,06)
|
(1,94)
|
II
|
55,89 #177; 15,69
|
0,217
|
3,195
|
4,608
|
0,92
|
1467,17 #177; 422,52
|
3,81
|
|
(42,34 #177; 12,49)
|
(0,185)
|
(3,747)
|
(5,405)
|
(0,88)
|
(1982,10 #177; 1195,03)
|
(2,14)
|
III
|
58,26 #177; 6,41
|
0,227
|
3,054
|
4,405
|
0,91
|
2375,10 #177; 363,31
|
2,45
|
|
(23,69 #177; 19,59)
|
(0,130)
|
(5,333)
|
(7,692)
|
(0,80)
|
(1376,31 #177; 105,38)
|
(1,72)
|
IV
|
53,12 #177; 4,88
|
0,196
|
3,537
|
5,102
|
0,81
|
1421,00 #177; 42,65
|
3,74
|
|
(34,00 #177; 11,99)
|
(0,185)
|
(3,747)
|
(5,104)
|
(0,91)
|
(1094,80 #177; 447,87)
|
(3,11)
|
NB : x #177; écart type ; Les valeurs
entre parenthèses représentent les données des sites
témoins (non incendiés)
Figures 11 : Les modèles exponentiels
ajustés aux résultats de Nmin mesurés pour les
différents sites (11a: incendiés,
11b: témoins)
140
120
100
80
60
40
20
0
Nmin (mgkg-1)
0 3 6 9 12 15 18 21 24
Période d'incubation (semaines)
Nmin = 113,24 (1 - e(-0,248 t))
Nmin mesuré
Site I': Akumssen Nmin modèle
11a
140
120
100
80
60
Nmin (mgkg-1)
40
20
0
Nmin mesuré
Site II': Talassemtane Nmin modèle
Nmin = 55,89 (1 - e(-0,217 t))
0 3 6 9 12 15 18 21 24
Période d'incubation (semaines)
81
11b
Nmin (mgkg-1)
Nmin (mgkg-1)
140
120
100
140
120
100
40
80
60
20
40
80
60
20
0
0
0 3 6 9 12 15 18 21 24
Période d'incubation (semaines)
0 3 6 9 12 15 18 21 24
Période d'incubation (semaines)
Nmin mesuré
Site II: Talassemtane Nmin modèle
Nmin mesuré
Site I: Akumssen
Nmin modèle
Nmin = 56,78 (1 - e(-0,208 t))
Nmin = 42,34 (1 - e(-0,185 t))
(Suite) Figures 11 : Les modèles
exponentiels ajustés aux résultats de Nmin mesurés pour
les différents sites (11a: incendiés,
11b: témoins)
82
140
120
100
80
60
Nmin (mgkg-1)
40
20
0
Nmin mesuré
Site III': Bab Taza Nmin modèle
Nmin = 58,26 (1 - e(-0,227 t))
0 3 6 9 12 15 18 21 24
Période d'incubation (semaines)
140
120
100
80
60
Nmin (mgkg-1)
40
20
0
Nmin mesuré
Site III: Bab Taza Nmin modèle
Nmin = 23,69 (1 - e(-0,130 t))
0 3 6 9 12 15 18 21 24
Période d'incubation (semaines)
Nmin mesuré
Site IV': Beni Salah Nmin modèle
140
120
100
80
60
Nmin (mgkg-1)
40
20
0
Nmin = 53,12 (1 - e(-0,196 t))
0 3 6 9 12 15 18 21 24
Période d'incubation (semaines)
Nmin mesuré
Site IV: Beni Salah Nmin modèle
140
120
100
80
60
Nmin (mgkg-1)
40
20
0
Nmin = 34,00 (1 - e(-0,185 t))
0 3 6 9 12 15 18 21 24
Période d'incubation (semaines)
11a
83
(4.2), contribue à la
libération de quantités importantes de N-NH4+. Ainsi,
si ces dernières ne sont pas perdues par érosion, assimilation
etc., alors elles sont oxydées par les bactéries
hétérotrophes, nitrifiantes, contribuant ainsi à des
niveaux élevés de N-NO3- dans le sol
brûlé.
Les temps de demi-vie (t1/2) correspondant à la
minéralisation de 50% de substrat organique azoté initial, ainsi
que le temps de résidence moyen (tres : temps de minéralisation
de la totalité du substrat organique azoté), quant à eux
sont directement liés aux taux de minéralisation (K), de sorte
que les valeurs observées sous les sites brûlés
étaient inférieures à celles des sites témoins.
Ainsi, sous les sites brûlés, le site I a présenté
le temps (t1/2) le plus court parmi les quatre étudiés, de 2,794
(tres = 4,032) semaines comparé à 3,332 (4,808) semaines sous le
témoin, tandis que le site IV présenté le plus de temps
(Tableau 12). Les courbes de régression pour les sites
II et IV brûlés, telles présentées sur les
Figures 11a et 11b, ne montrent pas beaucoup
de variation par rapport à celles des témoins, impliquant ainsi
que les taux de minéralisation retournaient à des niveaux
pré-feux. En effet, ces deux sites sont ceux dont l'augmentation de
valeurs de K après le passage des feux était la plus faible
(0,185 à 0,217 et 0,185 à 0,196 semaines-1
respectivement sous II et IV).
Aucun facteur unique ne peut être identifié pour
expliquer l'augmentation de la capacité de minéralisation de N
sous les sites brûlés. Parmi les facteurs influençant cette
dernière, et à l'exception de ceux qui sont
contrôlés au laboratoire (humidité, température,
aération), le pH a probablement la plus grande influence par son
augmentation qui était très hautement significative après
le passage des feux (Tableau 9). La minéralisation de
N, et surtout le sous-processus de nitrification qui a dominé sous les
sites brûlés (Figure 11a), est fortement
influencé par l'acidité du sol puisque les bactéries
hétérotrophes responsables de nitrification sont plus à
l'aise dans des conditions légèrement basiques comparées
aux conditions acides. Ainsi, leur activité est favorisée dans
des conditions neutres voire légèrement basiques, par opposition
à des conditions acides observées sous les sites non
brûlés, conduisant à des valeurs plus élevées
de N0 et de K observées sous les sites incendiés (Tableau
12). L'on n'a pas assisté à des conditions basiques mais
la diminution de l'acidité du sol, en passant des sites témoins
aux sites incendiés, pourrait avoir contribué à des
valeurs plus élevés de nitrification sous ces derniers.
Après tout, l'augmentation des taux de nitrification,
qui dominait dans l'expérience d'incubation aérobie, est
étroitement liée à celle d'ammonification, cette
dernière contribuant à la libération des quantités
importantes de N-NH4+ après le passage des feux qui sont
ensuite oxydées facilement pour former le N-NO3-. Ainsi, les
modifications des taux de nitrification suivent de près ceux
d'ammonification.
84
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