UNIVERSITE DE CAEN BASSE NORMANDIE
UFR Sciences et Techniques des Activités Physiques et
Sportives EPLEFPA de Saint Hilaire du Harcouët
MEMOIRE
Pour l'obtention du Master 1ère année
STAPS « Sciences du Mouvement et Ergonomie »
Analyse de l'activité et évaluation des
facteurs de pénibilité du travail
Le cas des maréchaux-ferrants
Présenté par LETOUSEY Anne-Sophie
Sous la direction de Madame CONTY
et Madame LEJEUNE
Année universitaire 2012-2013
Remerciements
En préambule à ce mémoire, je souhaitais
adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui m'ont
apporté leur aide et qui ont contribué à
l'élaboration de ce mémoire.
Mes remerciements vont tout d'abord à Madame Lejeune
qui a su me diriger et me conseiller durant toute la durée de
l'étude au travers de ses connaissances et sa méthodologie, elle
a su me mettre dans de bonnes conditions pour réaliser ce travail.
Madame Lejeune s'est toujours montrée à l'écoute et
très disponible tout au long de la réalisation de ce
mémoire.
Madame Conty, mon maître de stage pour sa confiance et son
accueil au sein de la structure. Monsieur Asselin, sans qui la journée
à Saumur n'aurait pu se faire.
Mes remerciements s'adressent également à
Monsieur Picant : conseiller en prévention à la MSA, pour sa
générosité, son soutien et la grande patience dont il a su
faire preuve malgré son emploi de temps chargé.
Je tiens à témoigner ma reconnaissance, et ma
gratitude à tous les maréchaux ferrants, à tous les
élèves de l'EPLEFPA de Saint Hilaire du Harcouët et aux
quatre formateurs rencontrés lors de mon étude et qui ont
accepté de répondre à mes questions avec gentillesse, un
grand merci pour leur patience et leur disponibilité.
Mademoiselle Thiebaut : ergonome, pour ses conseils, ses
inspirations, l'aide et le temps qu'elle a bien voulu me consacrer.
Je n'oublie pas mes parents et Jonathan Lebreton mon ami, pour
leur soutien, leur aide pour dépouiller les questionnaires et leur
patience.
Enfin j'adresse mes plus sincères remerciements
à tous mes proches et amis en particulier Blanche Guiffard qui m'a
toujours soutenue et encouragée au cours de la réalisation de ce
mémoire.
Ce mémoire est dédié à mon
père Christian LETOUSEY, décédé trop tôt, qui
m'a toujours poussé et motivé dans mes études.
Merci à tous et à toutes
Sommaire
Introduction 4
Partie 1 : Contexte de l'intervention 5
1. La pénibilité : un concept complexe
5
1.1 Une ou des pénibilités ? 5
1.2. Les facteurs de risques de pénibilité 6
1.3. Pénibilité au travail, santé au
travail et amélioration des conditions de travail 8
2. L'activité des maréchaux ferrant
12
2.1. Le métier de maréchal ferrant en 2013 12
2.2. Risques associés à l'activité de
maréchal ferrant 13
2.3. Un contexte pour étudier l'activité des
maréchaux-ferrants : l'Établissement Public
Local d'Enseignement et de Formation Professionnelle Agricole de
Saint Hilaire du
Harcouët. 14
Partie 2 : Intervention sur la pénibilité en
maréchalerie 17
1. Méthodologie utilisée : l'analyse de
l'activité 17
2. Résultats 23
2.1 Observations 23
2.2. Les entretiens 26
2.3. Les questionnaires 27
2.4. Tonnage journalier 34
Discussion 35
Bibliographie 39
ANNEXES 41
Introduction
Le maréchal-ferrant est un artisan dont le
métier consiste à ferrer les pieds des chevaux et autres
équidés, à s'occuper de leur parage, c'est-à-dire
à limer, soigner et préparer leurs sabots. Il implique de ce fait
la manipulation des fers à chevaux, chauffés, battus et
transformés. Ce métier, vieux de 3000 ans, a pourtant
énormément changé. Ces changements sont liés aux
connaissances sur le fonctionnement de l'appareil locomoteur équin et
à la précision des diagnostics vétérinaires, aux
transformations de la nature des sols équestres, aux nouvelles attentes
des clients, aux rapports à l'animal et enfin aux évolutions des
méthodes et des temps de formation. Si la maréchalerie connait
encore des difficultés comme celle de la formation, il semblerait
qu'elle réponde de façon satisfaisante aux attentes du monde
équestre d'aujourd'hui, au moins par l'effectif - on décompte
à l'heure actuelle 1700 maréchaux-ferrants- et les aspects
techniques.
L'une des préoccupations actuelles dans le domaine de
la maréchalerie reste cependant la durée de vie professionnelle
moyenne d'un maréchal-ferrant estimée à une vingtaine
d'années. Pour beaucoup d'entre eux, la reconversion semble normale voir
inévitable. Ces derniers constats illustrent parfaitement la
problématique de la pénibilité et de l'usure
professionnelle, une préoccupation sociétale importante
associée au droit à la retraite anticipée qui, plus
globalement, concerne l'amélioration des conditions de travail.
Adossé à un stage de 2 mois dans le domaine de
la maréchalerie, ce mémoire traite de la pénibilité
au travail et cherche, par une intervention, à mieux comprendre les
processus par lesquels le travail de maréchal-ferrant et ses conditions
de réalisation peuvent contribuer à l'altération de la
santé, au cours de la formation et tout au long de sa vie
professionnelle.
Dans un premier temps, ce mémoire présentera le
contexte de l'intervention à savoir les connaissances théoriques
sur la pénibilité et les spécificités de la
maréchalerie ainsi que la structure de stage et dans un second temps,
l'intervention sur la pénibilité permettant d'évaluer les
facteurs de pénibilité afin de proposer à l'avenir des
pistes de solutions susceptibles de réduire l'impact du travail sur la
santé.
Partie 1 : Contexte de l'intervention
« Serai-je capable de faire le même travail
jusqu'à 60 ans? ». A cette question introduisant un article sur la
pénibilité et l'usure au travail (Roux, 2009) et issue de
l'enquête sur les conditions de travail SUMER (2005), plus d'un tiers des
salariés âgés de 35 à 55 ans répondent
«Non ».
La question de la pénibilité au travail bien
qu'ancienne a été largement réinvestie ces
dernières années dans le cadre du débat sur la
réforme des retraites en 2003. S'il apparait nécessaire de
prendre en considération l'usure associée à une
profession, le débat reste ouvert quant aux modes de compensation de
cette pénibilité (compensation financière, accès
anticipé à la retraite ...).
La pénibilité au travail est bien une
problématique qui dépasse le seul enjeu des retraites. En effet,
la question fondamentale qui sous-tend la problématique de la
pénibilité est celle des conditions de travail (et des moyens
pour l'améliorer) (Nicot et Roux, 2008).
1. La pénibilité : un concept complexe 1.1 Une
ou des pénibilités ?
« La loi définit la pénibilité au
travail par le fait d'être ou d'avoir été exposé au
cours de son parcours professionnel à des risques professionnels
liés à des contraintes physiques marquées, à un
environnement physique agressif ou à certains rythmes de travail
susceptibles de laisser des traces durables, identifiables et
irréversibles sur la santé du travailleur »
(Ministère du Travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et
du dialogue social, travailler-mieux.gouv).
Comme l'évoquent Chassagnieux et al. (2012), « la
pénibilité est un concept flou » (p 5) pour laquelle ils
proposent une définition sur la base d'un rapport remis au Conseil
d'orientation des retraites (Struillou, 2003). La pénibilité
« correspond aux caractéristiques des situations et des conditions
de travail qui mettent la santé en danger à long terme en
entraînant une usure prématurée et irréversible de
celle-ci » (Chassagnieux et al., 2012). Comme très
développé dans le rapport Struillou, la pénibilité
nécessite de considérer les facteurs de risque qui sont
à
l'origine d'une augmentation de la morbidité et d'une
diminution de l'espérance de vie (sans incapacité et
générale). Une des caractéristiques et difficulté
associée à certains de ces facteurs est que leurs effets ne sont
pas immédiats (par exemple, les cancers professionnels) et que
l'exposition à ces facteurs peut même ne pas être
perçue comme pénible (comme l'amiante). A ce propos, le rapport
de Gérard Lasfargues (2005) permet de faire un état de lieux des
connaissances scientifiques et médicales qui existent sur la relation
entre des expositions professionnelles pénibles et leurs effets à
long terme sur la santé.
Lasfargues, Molinié et Volkoff (2005) évoquent
un second type de pénibilité : la pénibilité
«vécue» au travail dont les effets sur la santé
à long terme et sur la diminution d'espérance de vie ne sont pas
aussi nettement démontrés. Cette pénibilité
centrée sur l'expérience vécue est clairement
présentée par Hélardot (2005) qui avance que « La
pénibilité est bien l'opérateur intermédiaire entre
le travail et la santé, c'est-à-dire le processus par lequel les
tâches, les conditions et les environnements de travail interagissent
avec la santé dans ses multiples composantes [...] L'idée ici est
qu'il n'y a pas de travail ou de tâche pénible de façon
intrinsèque et dans l'absolu, mais que la pénibilité est
toujours relative à l'individu qui en fait l'expérience : elle
est indexée sur son état de santé, sur son histoire, ses
normes et ses valeurs.
1.2. Les facteurs de risques de pénibilité
Le rapport Struillou (2003), l'enquête SUMER
(2002/2003), les travaux relatifs à la pénibilité au
travail (Nicot et Roux, 2008 ; ANACT, 2004 ; INRS, 2012) mais également
le décret du 30 mars 2011 (article D. 4121-5 du code du travail)
recensent trois catégories de facteurs de pénibilité
(tableau 1):
1- Les facteurs organisationnels comprenant les horaires
atypiques et le rythme de travail tels que le travail de nuit, travail à
la chaîne ou répétitif, cadences imposées, longs
déplacements fréquents;
2- Les facteurs d'environnements agressifs, matériels
et humains (température, intempéries, bruit, poussières,
produits toxiques) ;
3- Les efforts physiques lourds (manutentions, port de
charges, vibrations, contraintes posturales et articulaires).
Tableau 1 : Facteurs de pénibilité au travail,
(INRS, pénibilité, tous concernés 2012)
Ces facteurs, bien qu'objectifs, ne rendent cependant pas
aisée l'évaluation de la pénibilité qui se mesure
à partir d'une variété de facteurs. Cette
évaluation se complexifie dés lors que le versant psychologique
de la pénibilité, la problématique des risques
psychosociaux, est à prendre en compte. A ce sujet, la notion de
surcharge mentale est très importante et l'existence de tension au
travail rend ce dernier encore plus pénible. Ces tensions sont de deux
types : celle liée à l'intensification du travail et celle
née du rapport conflictuel avec le public et la hiérarchie (De
Taillac, 2012). De la même manière, Coutrot (2008) évoque
les contraintes organisationnelles comme « un travail de plus en plus
haché » (page 35) ou des rapports avec le public dans lequel les
salariés perçoivent un risque d'agressions physiques. Les
facteurs rencontrés dans les situations de « job strain » :
décalage entre les objectifs fixés et les ressources dont
disposent l'individu, faible degré de latitude décisionnelle,
reconnaissance insuffisante associée à l'accomplissement de sa
tâche sont sources de pénibilité psychologique.
L'enquête Survey on Health Ageing and Retirement in Europe (SHARE)
réalisée en 2004 propose une analyse des corrélations
entre pénibilité au travail et état de santé des 50
ans et plus en emploi. La pénibilité est ici
évaluée sous trois dimensions : la demande psychologique
(pénibilité physique perçue et pression psychologique), la
latitude décisionnelle et la récompense reçue
(monétaire ou non) (IRDES, 2007). Les résultats montrent qu'une
forte demande psychologique est associée à une probabilité
plus importante de se juger en mauvaise santé, que recevoir une
récompense élevée est corrélée à une
probabilité plus faible de se déclarer en mauvaise santé
et enfin que le soutien au travail et que
la sécurité de l'emploi sont des facteurs
importants pour se percevoir en bonne santé (figure 1).
Figure 1 : Relations entre pénibilité
psychologique et santé des séniors en Europe (IRDES,
2007).
1.3. Pénibilité au travail, santé au
travail et amélioration des conditions de travail
? Pénibilité et risques
professionnels
Pénibilité au travail et santé au travail
sont toutes deux fortement influencées par les conditions de travail.
Nous définirons ici la pénibilité comme un «ensemble
d'effets liés aux conditions de réalisation du travail qui
contribuent à altérer, de façon réversible ou non,
les capacités des personnes à agir, et qui les conduisent
à des situations d'inadaptation professionnelle plus ou moins
prononcée » (Nicot et Rioux, 2008). Il semble pourtant
nécessaire de préciser que pénibilité et risques
professionnels ne peuvent être confondus (INRS, 2012). En effet, si
l'employeur n'identifie pas des facteurs de pénibilité tels que
définis dans le Code du Travail, il reste tenu d'évaluer les
risques professionnels pour garantir la sécurité des
salariés. Cependant ces notions ne sont pas non plus totalement
indépendantes. En effet, les risques professionnels peuvent
résulter du caractère pénible du métier ou du
poste. D'ailleurs les enquêtes SUMER, enquête de
surveillance médicales des risques professionnels sont
systématiquement citées lorsque l'évaluation de la
pénibilité physique au travail est évoquée. Les
risques professionnels sont également mentionnés à
plusieurs reprises dans les articles supportant la réglementation de la
pénibilité au travail (LOI n° 2010-1330 du 9 novembre 2010
portant réforme des retraites).
- Article L. 4121-1 complété :
Au nom des principes généraux de
prévention des risques professionnels, l'employeur doit désormais
prendre les mesures nécessaires pour assurer la prévention de la
pénibilité au travail.
- Article. L. 4121-3-1 :
Pour chaque travailleur exposé à un ou plusieurs
facteurs de risques professionnels déterminés par décret
et liés à des contraintes physiques marquées, à un
environnement physique agressif ou à certains rythmes de travail,
l'employeur, en lien avec le médecin du travail, consigne dans des
conditions fixées par décret les conditions de
pénibilité auxquelles le salarié est exposé et la
période au cours de laquelle cette exposition est survenue. Le
modèle du document servant de support à cette information est
fixé par arrêté du ministre chargé du travail.
- Article L.4612-2 complété:
Le Comité d'hygiène, de sécurité
et des conditions de travail en plus de ses autres missions doit à
présent procéder à l'analyse de l'exposition des
salariés à des facteurs de pénibilité.
? Pénibilité au travail : les actions de
l'entreprise.
Concrètement, qu'est il attendu de l'entreprise en
terme de pénibilité professionnelle? Tout d'abord, l'entreprise
doit rechercher et évaluer l'exposition potentielle à des
facteurs de pénibilité en déterminant quels facteurs de
pénibilités sont présents dans les activités et si
l'intensité, la fréquence et la durée des expositions
laisseront des traces durables, identifiables et irréversibles sur la
santé des travailleurs (INRS, 2012). En cas de réponse positive,
l'entreprise devra mettre en place les quatre étapes du dispositif de
pénibilité au travail à savoir :
1- le diagnostic qui permettra d'identifier les postes de
travail et les salariés exposés aux facteurs de risques de
pénibilité ;
2- la prévention qui visera à réduire ou
supprimer les expositions, à adapter les postes de travail, les horaires
et développer les compétences, l'aménagement des fins de
carrière et le maintien en activité (INRS, 2012) ;
3- la traçabilité qui consiste à
établir une fiche de prévention des expositions dans laquelle
sont consignées les conditions d'expositions du salarié, la
période d'exposition et les mesures de prévention mises en place
;
4- la compensation à savoir la possibilité de
partir à la retraite à l'âge de 60 ans au taux plein ou
toute autre mesure de compensation envisagée par l'entreprise.
? Usure professionnelle et pénibilité au
travail : enjeu de l'amélioration des conditions de travail
Un travail conséquent est amorcé depuis 2003 par
le réseau de l'Agence Nationale de l'Amélioration des Conditions
de Travail (ANACT) sur la prévention de la pénibilité.
D'une manière générale, ces travaux visent à «
mieux comprendre les processus par lesquels le travail et ses conditions de
réalisation [...] peuvent contribuer à la construction ou
l'altération de la santé, tout au long de la vie professionnelle
» (ANACT, 2008). En parallèle, des modélisations des
relations entre expositions aux facteurs de risques et perception d'une
mauvaise santé sont proposées (Enquête Santé 2003
Insee). Le tableau 2 présente la probabilité pour un
sénior « chômeur ou inactif non retraité » de se
percevoir en mauvaise santé. Ainsi trois pénibilités
cumulées ou plus, pendant au moins dix ans, multiplie par 1.8 la
probabilité de se déclarer en médiocre santé.
Un second repère pour l'action proposé par
l'ANACT consiste à analyser la situation. Bugand (2009) préconise
« d'identifier les populations concernées et repérer les
impacts sur la santé »
Tableau 2 : Modèle explicatif de la
probabilité pour un senior
« Chômeur ou inactif non retraité »
de se percevoir en mauvaise santé (Source : enquête Santé
2003 Insee, calculs Dares.)
Employé
|
1.25
|
Ns
|
Ouvrier
|
1.45
|
Ns
|
Modèle 1
|
Travail posté
|
1.25
|
Ns
|
Horaires atypiques
|
2.32
|
Ns
|
Poussières, fumées
|
1.50
|
Ns
|
Travail répétitif
|
1.24
|
Ns
|
Travail au rendement
|
0.54
|
Ns
|
Postures pénibles
|
0.83
|
Ns
|
Températures extrêmes
|
2.09
|
Ns
|
Port de charges lourdes
|
1.45
|
Ns
|
Bruit
|
0.69
|
Ns
|
Intempéries
|
1.73
|
Ns
|
Produits chimiques
|
0.82
|
Ns
|
Modèle 2
|
Trois pénibilités ou plus
|
1.76
|
'K'K'K
|
'K'K'K Indique une liaison significative au seuil de 1 %.
Comme exposé par l'ANACT (Bugand, 2009), comprendre la
notion de pénibilité nécessite de «
s'intéresser au travail » et plus précisément
comprendre comment les salariés travaillent et font face aux contraintes
(marges de manoeuvres, stratégies, compétences). Cela
nécessite également de « prendre en compte la
variabilité des situations », autrement dit si l'expérience
permet de développer des stratégies de compensation, il est
important de s'assurer que l'organisation du travail leur permettent de
s'exprimer. Il apparait également important de « tenir compte des
dimensions objectives et subjectives ». Nous avons exposé des
facteurs de pénibilités reconnus dans la législation mais
comme évoqué précédemment, la
pénibilité est également l'expression d'un vécu et
d'un ressenti individuel. Il faut donc pouvoir articuler ces deux versants. Une
des différences majeure avec les risques professionnels est probablement
la temporalité et il parait important de « faire le lien avec
l'histoire des individus et de l'entreprise ». Pour travailler sur la
pénibilité, il faut pouvoir mettre en concordance l'état
de santé et son exposition aux risques. Il faut également
être capable de connaitre et prendre en compte les différents
changements vécus par l'entreprise et ses salariés.
en rapprochant des données qualifiées de
sociales sur l'opérateur (métiers, ancienneté...) et des
indices comme les maladies professionnelles, les accidents du travail, le
turn-over, l'absentéisme, les troubles de la santé ou encore des
indices de performance. Une « analyse ciblée de la population
» sera ensuite nécessaire et permettra de prendre en compte le
point de vue du salarié et de son entourage sur la situation actuelle et
dans le temps. Enfin « l'analyse ciblée des situations de travail
» qui se fera par un repérage des contraintes et des moyens pour y
faire face permettra de recueillir des informations sur les sources de
pénibilité.
Il apparait donc que l'usure professionnelle,
considérée comme le résultat de la
pénibilité au travail, soit à considérer selon une
dimension temporelle et évolutive et que la complexité des
facteurs en jeu soit également importante. L'analyse des situations de
travail permet de comprendre l'écart entre les tâches prescrites
et celles réelles, compréhension indispensable pour
améliorer les conditions de travail et, comme nous l'avons
évoqué précédemment, pour évaluer et
prévenir de la pénibilité au travail.
2. L'activité des maréchaux ferrant
2.1. Le métier de maréchal ferrant en 2013
Comme on peut le deviner, le ferrage est au coeur de
l'activité du maréchal ferrant. L'intérêt du ferrage
est de limiter l'usure de la corne et de favoriser l'amortissement de la
boîte cornée de l'équidé car la paroi du sabot est
constituée d'une multitude de fibres verticales sur la corne qui
répercutent des chocs sur la partie supérieure du pied. Le fer
permet donc une bonne répartition des pressions sur l'ensemble du pied.
Soulignons que le ferrage est également employé pour corriger les
défauts d'aplomb et soulager et/ou guérir d'autres cas
pathologiques. Un ferrage s'effectue toutes les six à huit semaines,
à intervalles réguliers. En effet, le manque de
régularité peut provoquer des lésions : si le ferrage est
trop rapproché dans le temps la paroi peut être fragilisée
par le passage des clous ce qui minimisera le maintient du fer ; à
l'inverse si la ferrure est trop espacée dans le temps cela provoquera
des entorses et élongations ainsi qu'un inconfort pour
l'équidé. Les membres antérieurs du cheval portent 70% du
poids de son corps et il est important de prévenir toute lésion
au niveau d'une jambe qui entrainerait alors la surcharge d'une jambe voisine.
La cornée est particulièrement importante notamment parce qu'elle
a une fonction:
- de protection, la cornée protège les
structures internes du sabot contre les changements de températures ou
des fortes pressions, tout en laissant au cheval une sensation aiguë du
sol sur lequel il se trouve.
- de traction, la cornée permet une bonne prise sur
tous les terrains (surfaces humides, glacées, enneigées).
- d'absorption de chocs, la boite cornée absorbe 70
à 80% de l'énergie d'impact.
- d'aide à la circulation et au coeur par effet de
pompage, la cornée agit comme une pompe par son
élasticité.
Un soin et une protection régulière des sabots
sont primordiaux pour le bien être des équidés et allonger
leur espérance de vie.
Cette tâche principale du métier de
maréchal ferrant est conditionnée par des changements (et des
contraintes) nouvelles. Par exemple, les maréchaux ferrants doivent
maintenant s'adapter pour servir des chevaux de sport, qu'ils soient de loisirs
ou de compétition. Plus personne n'ignore non plus que c'est maintenant
le maréchal-ferrant qui se déplace chez les clients et non le
cheval qui, comme au temps jadis, vient à la forge.
2.2. Risques associés à l'activité de
maréchal ferrant
Les maréchaux sont exposés à des risques
d'accidents nombreux et variés dont les conséquences sont plus ou
moins graves selon l'environnement professionnel.
? Les accidents liés au cheval
Le cheval est un animal craintif qui développe des
réactions de peur parfois excessives, privé de ses moyens de
défenses naturels (info-cheval, 2009). Les réactions
provoquées par la peur sont souvent les plus dangereuses, donc une bonne
connaissance de la psychologie du cheval permet de les prévenir ou du
moins de savoir comment se comporter pour ne pas accroître sa panique. Le
maréchal ferrant travaille aussi bien avec des chevaux de trait, des
chevaux de selle et des poneys, il aura donc des manières
différentes de travail. En effet, avec les chevaux de sang, le
maréchal exercera son activité dans leur box, il ne changera donc
pas leurs habitudes pour ne pas prendre de risques.
? Les chutes de plain-pied ou les glissades
Elles sont souvent dues aux déjections et à
l'urine de l'animal, mais aussi aux outils et machines pouvant occasionner une
gène dans les déplacements successifs du maréchal-ferrant
lors du ferrage du cheval. Le port de chaussures adéquates de type
sécurité pour favoriser l'adhérence au sol limite ces
chutes.
? Les accidents liés à l'utilisation du
matériel
Les outils sont indispensables et sont propres à
chacun. Chaque maréchal possède des outils plus ou moins
ergonomiques (annexe 1). Bien souvent, les maréchaux en activité
débutent avec un outil et par habitude le garde le plus longtemps
possible. Cela présente des risques liés à l'usure du
matériel comme par exemple la tête du marteau qui peut se
détacher lors d'un coup donné sur l'enclume. La fabrication du
fer demande autant de formes différentes qu'il existe de
variétés de pieds. Pour répondre à cette exigence,
le maréchal n'a recours qu'à l'usage exclusif du marteau, pour
donner au métal sa forme définitive.
? Les risques routiers
Les maréchaux ferrants se déplacent
fréquemment et sur des distances parfois assez importantes. Ce travail
itinérant, à cause de rendez-vous programmés à des
endroits différents, lui fait parcourir plus de 1000 km par semaine. Le
risque d'accident de la route est élevé.
? Les maladies professionnelles
Les maréchaux ferrants sont exposés à
trois types de risques : les risques posturaux, les risques physiques, les
risques chimiques et les risques infectieux. Ces risques sont susceptibles
d'entrainer des maladies professionnelles (annexe 2).
2.3. Un contexte pour étudier l'activité des
maréchaux-ferrants : l'Établissement Public Local d'Enseignement
et de Formation Professionnelle Agricole de Saint Hilaire du Harcouët.
L'EPLEFPA [Etablissement Public Local d'Enseignement et de
Formation Professionnelle Agricole] de Saint Hilaire du Harcouët regroupe
sur un même site le LEGTPA [Lycée d'Enseignement
Général technologique et Professionnelle], le CFA [Centre de
Formation d'Apprentis], le CFPPA [Centre de Formation Professionnelle et de
Promotion
Agricole], l'Exploitation Agricole et le Centre
Équestre Atelier Technologique. Il accueille aujourd'hui près de
300 élèves en formation initiale scolaire et 64 apprentis et
stagiaires en maréchalerie (figure 2).
Figure 2 : les différentes formations de
maréchalerie en France (AOCDTF/IM2007)
Avec des formations orientées vers la filière
équine et l'élevage des bovins viande (vaches allaitantes et
taurillons), l'établissement propose des formations adaptées au
niveau et aux projets de chacun. Plus précisément, le
lycée agricole de la Baie du Mont-Saint-Michel propose
différentes formations telles que :
- La formation par apprentissage :
CAPA Maréchalerie. Le titulaire de ce
diplôme maîtrise les techniques de fabrication et de pose des fers
et assure les soins de première urgence des pieds des chevaux. La
formation en apprentissage de niveau V dure 3 ans avec un rythme de travail de
35 heures par semaine, 12 semaines par an. L'apprenti suit 14.5 heures de cours
dans les domaines généraux (français,
mathématiques, EPS, économie, éducation socioculturelle,
anglais) et 20.5 heures de domaines professionnels (hippologie, pratique,
science). L'employeur versera à l'apprenti un salaire de 25 à 78
% du SMIC selon l'âge et l'ancienneté dans l'entreprise.
BTM maréchalerie. Le titulaire de ce
diplôme maîtrise les techniques de fabrication et de pose de fers.
Il assure en fonction des besoins des ferrures orthopédiques et travail
en étroite concertation avec les vétérinaires. Pour
intégrer la formation il faut être titulaire d'un
diplôme de niveau V (CAPA ou BEPA) en
maréchalerie. Le rythme de travail est de 35 heures par semaine, 12
semaines par an. L'apprenti suit 13 heures de domaines transversaux (gestion,
communication, anglais) et 22 heures de domaines professionnels (forge/ferrure,
hippologie, technologie). L'employeur versera à l'apprenti un salaire de
25 à 78 % du SMIC selon l'âge et l'ancienneté dans
l'entreprise.
- La formation pour adulte :
SIL CAPA Maréchalerie. Ce type de
formation dure une année en alternance, elle apporte des
compléments indispensables à l'installation. Les
élèves en formation sont 34 semaines au CFPPA et 12semaines en
entreprises. Le contenu de la formation par semaine se compose de 25h de
pratique, 7h de gestion de l'entreprise et communication, 2h d'hippologie et 1h
de sciences (biologie, physique-chimie). Il faut avoir un an
d'expérience professionnelle pour avoir accès à cette
formation.
Pour assurer les formations en maréchalerie, l'EPLEFPA
de Saint Hilaire du Harcouët possède un atelier de
maréchalerie qui contient 24 postes de forge et 6 stalles de ferrage et
un centre équestre doté d'environs 35 chevaux et 15 poneys.
Partie 2 : Intervention sur la pénibilité
en
maréchalerie
Des études récentes montrent que le nombre de
turn-over chez les maréchaux ferrants est important. Ces
résultats inquiétants laissent penser que les conditions de
travail sont à l'origine d'une détérioration importante de
l'état de santé. En effet, une étude
réalisée en 2002 par les Haras nationaux recensait seulement 11%
de maréchaux de plus de 50 ans et fixait à moins de 20 ans la
durée moyenne de l'exercice du métier.
Mon stage de Master 1 réalisé au l'EPLEFPA de
Saint Hilaire du Harcouët comprenait les missions suivantes :
réaliser une analyse ciblée de deux situations de travail d'un
maréchal ferrant (en formation et en exercice) et analyser les sources
possibles de pénibilité. Ces missions ont servi de support pour
étudier les conditions de travail habituelles des maréchaux
ferrants et identifier la persistance de situations de travail pénibles.
Plus précisément, nous avons cherché à
déterminer les facteurs de risques classiques auxquels sont
exposés les maréchaux ferrants tout en accordant une attention
particulière à leurs avis, leurs ressentis dont on ne peut faire
l'économie pour véritablement traiter de la
pénibilité du métier. Dans ce contexte,
l'originalité de notre travail repose sur les populations
étudiées à savoir de futurs maréchaux ferrants
(élèves actuellement en formation) et des maréchaux
ferrants en exercice depuis plusieurs années. Ces populations permettent
d'avoir un premier aperçu de la composante temporelle, de l'histoire qui
caractérise l'usure professionnelle.
Les parties suivantes exposent la méthodologie
utilisée ainsi que les résultats principaux de cette
intervention.
1. Méthodologie utilisée : l'analyse de
l'activité
L'analyse de l'activité, fondamentale en ergonomie,
consiste à observer in-situ des utilisateurs afin d'analyser, de
modéliser et de comprendre les tâches qu'ils effectuent
réellement (
http://blocnotes.iergo.fr/breve/motsetphrases/lanalyse-de-lactivite).
Elle permet ainsi de confronter ce que les opérateurs sont censés
faire et comment ils le font effectivement.
Autrement dit, elle prend en compte « d'une part, la
perspective des exigences de la tâche et d'autre part, les attitudes et
séquences opérationnelles par lesquelles les individus
observés répondent réellement à ces exigences
» (Ombredane et Faverge 1955, p.2).
Une des premières étapes du stage a
été de construire le cadre méthodologique dans lequel
serait menée cette intervention. Le schéma de la démarche
ergonomique (figure 3) a été utilisé comme
référence pour guider mes actions (Guérin et coll.,
2007).
Des premières formulations de demandes à
l'identification des enjeux généraux : analyse de la demande
et du contexte, reformulation de la demande.
Analyse du processus technique et des
tâches
Observations globales de l'activité
(observations ouvertes)
Définition D'un
plan D'observation
Formulation d'un prédiagnostique. Hypothèse
de niveau 2
Interaction avec les opérateurs, rôle des entretiens
et des verbalisations
Observations Systématiques Traitements des
Données. Validation
Diagnostic :
- Diagnostic local portant sur la ou les situation(s)
Analysée(s) en détail
- Mais également diagnostic global portant sur
le fonctionnement plus général de l'entreprise
Exploration du fonctionnement de l'entreprise et de ses
traces : caractéristiques de la population, indicateur relatifs
à l'efficacité et à la santé. Hypothèse
de niveau 1 : choix des situations à analyser.
Figure 3 : Schéma de la démarche ergonomique
(repris de Guérin et coll, 2007)
La demande venait des représentants de la formation
Madame Conty et Monsieur Asselin et portait sur l'analyse de la situation de
travail des apprentis et enseignants au sein de l'atelier pédagogique
actuel de l'établissement. Elle consistait plus spécifiquement
à repérer les contraintes suivantes :
? Physiques : manutentions, postures, gestes
répétitifs, déplacements ;
? Cognitives : concentration soutenue, grand nombre
d'informations à traiter ;
? Temporelles et organisationnelles : tâches courtes et
répétitives, délais serrés,
interruptions fréquentes ;
? Environnementales : bruit, températures
élevées ou basses, manipulations de produits
et/ou matériaux, contention des animaux ;
? Matérielles : outils disponibles et adaptés,
matériaux ou équipements spécifiques.
Au cours du stage, la demande a été
reformulée en hiérarchisant les différentes contraintes
exprimées et en accordant un poids plus conséquent à la
pénibilité telle que définie dans la première
partie de ce document.
La première visite de l'atelier de maréchalerie
a permis d'établir un premier constat sur l'environnement de travail et
l'activité qui y est menée (figure 4). L'atelier est
composé de murs en agglos, des joints sont manquants, le plafond est
élevé ce qui permet aux sons de se disperser plus facilement. En
ce qui concerne l'éclairage, il est bien souvent artificiel car il n'y a
pas de fenêtre dans toutes les salles de forges. Les stalles de ferrage
ne disposent pas d'éclairage sur les cotés mais en arrière
du cheval, il y a à chaque fois une échappatoire. Les chevaux
sont sur du béton brut, ce qui n'est pas sans implication sur la
durée du ferrage puisque dès qu'ils s'ennuient, ils grattent le
sol obligeant ainsi les maréchaux à refaire leurs parages.
Figure 4 : Atelier de maréchalerie à Saint
Hilaire du Harcouët
Cette première visite dans l'atelier a également
été l'occasion de me présenter et informer les futurs
maréchaux des raisons de ma présence à savoir analyser la
situation en vue de mieux comprendre leur activité et
éventuellement détecter un certains nombre de dysfonctionnements
ou de risques. Tous étaient très attentifs et très
intéressés par mon enquête au vu du peu d'études sur
leur activité.
Au-delà de cette première visite et
présentation, plusieurs méthodes et outils classiques en analyse
de l'activité ont été utilisés pour recueillir des
données.
L'observation des activités, définie comme
« la partie centrale et originale de l'analyse ergonomique du travail
» (Wisner, 1994, p. 82), consiste à noter de manière
exhaustive les
comportements d'action sur l'outil ou la machine dans un court
espace-temps situé, mais aussi les postures, les gestes, les prises
d'information, les déplacements, les communications. Elle permet donc
d'appréhender l'activité et comprendre les dysfonctionnements du
travail. Cette méthode a permis d'observer directement les
maréchaux ferrants sur le terrain et donc de me familiariser avec ce
métier particulier au vu du manque de littérature sur cette
profession tout en ayant une vision assez concrète des éventuels
risques associés aux tâches effectuées. Cette observation a
permis de déterminer chaque étape de leur activité, noter
leurs déclarations, leurs plaintes, chronométrer le temps
où leurs postures paraissent difficiles et leurs temps de repos. Cette
observation a été une partie conséquente du stage (tous
les jours pendant plus d'un mois) mais a permis d'avoir une idée
précise de la diversité des situations : des chevaux et des cas
différents, des conditions individuelles différentes et
d'acquérir un vocabulaire spécifique pour ensuite interagir
précisément avec les maréchaux ferrants. Des effets
indésirables ont également été notés comme
des comportements inhabituels : par exemple ne pas s'exprimer avec ses
camarades ou s'empêcher de prendre des temps de pauses.
Ces observations ont permis de cartographier les flux de
valeurs pour identifier les déplacements et les gaspillages à
éliminer. Le flux VSM (Value Stream Mapping) ou analyse de la
chaîne de la valeur permet des pistes d'amélioration pour
réduire les nombreux déplacements inutiles.
L'observation a également portée sur des
maréchaux itinérants dans le Calvados, la Manche et Saumur.
Cette méthode a ensuite été
couplée avec la verbalisation simultanée Cette technique a
été utilisée sur trois élèves de classes
différentes permettant de mieux comprendre le pourquoi de leurs faits et
gestes mais également leurs ressentis.
Les entretiens individuels ont été possibles
grâces aux connaissances collectées au cours de l'observation,
connaissances indispensables pour être crédible dans un monde
très masculin et fermé. L'avantage des entretiens est la
proximité que l'on a avec l'opérateur qui, une fois la mise en
confiance établie, permet de collecter des informations très
précises et aborder des thèmes délicats tels que le
salaire, les risques psychosociaux ou toute information sur le vécu et
le ressenti des maréchaux ferrants. Cinq entretiens individuels d'une
moyenne d'1h30 ont été effectués. Trois dans la Manche (42
ans avec 16 ans d'expérience, 24 et 25 ans avec 3 ans
d'expérience), deux dans le Calvados (24 ans avec 1an 1/2
d'expérience et 60 ans, avec plus de 40 ans d'expérience). Les
questionnaires, établis partiellement sur la base des entretiens, ont
été diffusés aux élèves en
formation. Ce questionnaire a préalablement été
testé par les formateurs et monsieur Picant de manière à
ce qu'ils donnent leurs conseils et avis, pris en compte pour la version
finale. Malgré quelques difficultés de diffusion du questionnaire
liées à l'absentéisme des élèves, 14
questionnaires ont été récupérés suite
à un envoi par courrier et 24 questionnaires ont été
remplis et récupérés directement.
Une autre série de questionnaires plus
élaborés est prévue dans les mois à venir à
destination des 1600 maréchaux ferrants en activité.
2. Résultats
2.1 Observations
Les principales informations collectées grâce
à l'observation sont présentées en annexe 3.
* Déplacements. L'activité se
déroule dans un espace limité avec de nombreux
déplacements. La création du flux VSM sur la base du
chronométrage de chaque action, des différents
déplacements, de l'identification des obstacles au sein de la structure
a permis de mettre en évidence des déplacements qui peuvent
être évités au vu des obstacles qui obstruent le
cheminement des différentes tâches à effectuer (annexe 4).
Ces obstacles accentuent le nombre de collisions entre les élèves
et par conséquent accroît le risque de brûlures lors des
déplacements avec le fer chaud. Il s'avère donc que la
configuration de l'atelier n'est pas adaptée (figure 4). Par exemple,
l'élève forgeant au fond de l'atelier doit passer à
coté de ses camarades pour rejoindre son cheval. Les risques
associés aux multiples déplacements sont accentués par le
fait que la communication est difficile à cause du bruit impulsif et du
port de bouchons d'oreilles. Le seul moyen de prévenir son camarade d'un
passage à proximité est de lui taper sur l'épaule. Ces
allers et venues sont très nombreuses (16 fois) car le maréchal
ferrant doit apporter des corrections sur la tournure des fers pour qu'ils
s'ajustent parfaitement aux sabots du cheval.
* Tâches. Les tâches (annexe 5) se
composent du déferrage qui prend environ 3 minutes et qui n'est pas
extrêmement sollicitant physiquement. En effet, il ne nécessite
pas d'efforts importants mais demande de la précision afin de ne pas
abîmer la corne. Le ferreur pare ensuite le sabot. Cette technique
consiste à nettoyer le sabot, réparer les petits éclats
et
rééquilibrer les aplombs et dure environ 12
minutes pour les 4 sabots. Cette tâche est suivie d'un déplacement
dans une autre salle, celle d'approvisionnement des fers pour choisir le fer le
plus adapté au cheval. Le ferreur revient à son poste de travail
et compare les anciens fers afin d'ajuster au mieux les nouveaux. Cette
tâche permet de se reprendre physiquement environ 3 min. Il chauffe les
fers à ajuster, moyennant une exposition importante à la chaleur
(plus de 400° à la forge) (Louria, 2009) et une attention soutenue
: le cheval pouvant être affolé par le bruit de la forge. Une fois
le fer rouge vif, le ferreur prend son fer à l'aide d'une pince, le
place sur l'enclume et l'ajuste à l'aide du modèle du fer
usé.
L'ambiance sonore est particulièrement pénible
car cinq autres élèves forgent en même temps. Le bruit est
très assourdissant rendant la communication impossible. A l'aide d'un
sonomètre des mesures ont pu être effectuées, les niveaux
sonores auxquels ils s'exposent sont compris entre 86.7 dB (A) et 101.5 Db (A),
avec une moyenne de 96,5 dB (A), bien supérieur à 80 dB(A) qui
est la valeur limite d'exposition (annexe 6).
Le martelage du fer dure environ 4 minutes, les gestes sont
répétitifs et provoquent en retour des vibrations dans la partie
supérieure du corps. Une fois le fer ajusté, il est
transporté à l'aide de la pince jusqu'au cheval, ce transport
s'effectue en passant derrière les autres élèves.
L'élève maréchal-ferrant prend la jambe du cheval et
positionne le fer encore brûlant sous le sabot ce qui provoque de la
fumée et une odeur désagréable. La ferrure n'étant
pas parfaite, l'élève retournera deux fois à la forge puis
à l'enclume et ce, pour les 4 sabots. Cette étape dure environ 25
minutes. Cette tâche est très contraignante physiquement : le
ferreur adopte des positions courbées, penchées et genoux
pliés (figure 5).
Figure 5 : les différentes positions des
maréchaux ferrants
Le maréchal ferrant doit de plus exercer une certaine
force pour contenir la jambe du cheval. Une fois les fers ajustés, il
reste à les positionner et mettre les clous aux emplacements
prévus. Cette étape est cruciale et dure environ 12 minutes.
Certaines tâches qui nécessitent une plus grande adresse et
dextérité, comme par exemple le rivetage (qui comprend les
étapes suivantes : serrer les clous, couper les clous, dégager
les clous, serrer les clous, dégager les rivets, river les clous,
rabattre les rivets, passer un coup de râpe final) dure 20 minutes pour
les quatre pieds et représente donc approximativement 25% de la
totalité du ferrage. Les communications au cours du ferrage sont peu
existantes : l'élève fait appel à son formateur juste
avant de positionner les clous pour s'assurer de la bonne tournure de son fer.
Il est
important de préciser qu'en formation, les chevaux sont
habitués à être ferrés et donc souvent calmes. Pour
les maréchaux itinérants, ce comportement plutôt favorable
au ferrage n'est pas systématique.
2.2. Les entretiens
Les entretiens les plus riches au sein du lycée et avec
des maréchaux itinérants sont répertoriés en annexe
8. De manière synthétique, ces entretiens révèlent
que les maréchaux ayant un certain nombre d'années
d'expérience ont établi des stratégies telles que la mise
en confiance des pur-sang tout en veillant à ne pas changer leurs
routines pour éviter que celui-ci soit effrayé. Les
réactions de peur du cheval qui se traduisent par des morsures, des
ruades, des écarts restent un risque d'accident important pour les
maréchaux ferrants. Ces accidents génèrent des
hématomes, des plaies, des fractures, des hémorragies voire
même la mort, comme ce fut le cas en 2012 pour un élève du
lycée de Saint Hilaire de Harcouët.
Les maréchaux ferrants en formation sont
également susceptibles de faire de multiples allers-retours du cheval au
point de forge pour réajuster la tournure du fer donc d'après eux
un endroit plat, lisse et propre est fortement recommandé pour leur
sécurité et celle du cheval. Chez les maréchaux
itinérants, la multiplicité des lieux de travail est une
contrainte importante : les plus expérimentés organisent au mieux
leurs tournées journalières en regroupant les rendez-vous
situés dans un même périmètre pour diminuer le
nombre de kilomètres et ainsi atténuer la fatigue. Ils
révèlent commettre de nombreuses infractions (vitesse excessive,
transgression des feux tricolores) pour être à l'heure ou encore
ne pas être totalement sobres après des visites chez des clients
leur proposant un temps de repos autour d'un verre.
Les entretiens et les observations associées
révèlent que l'aménagement des véhicules est peu
pratique et dangereuse. Bien souvent il n'y a pas de séparation entre la
cabine du chauffeur et le compartiment où se trouvent les outils qui par
ailleurs ne sont généralement pas attachés. En cas de
choc, la sécurité du maréchal ferrant n'est plus
assurée car la bouteille de gaz, l'enclume, les différents outils
(marteau, cisaille, clous etc) peuvent se projeter sur lui. C'est notamment ce
qui s'est passé pour Monsieur G. lors d'un accident de la route du
à la neige. Indéniablement, les véhicules des
maréchaux ferrants itinérants doivent faire l'objet
d'aménagements spécifiques associés à un respect
des règles de sécurité. Parmi les principales pistes
d'amélioration, nous pouvons proposer : une armoire « infirmerie
» obligatoire
Sur 64 apprentis, 38 questionnaires ont été
collectés : 9 CAPA 1, 2 CAPA 2, 12 CAPA 3, 9 adultes et 6 BTM 2. Le
questionnaire contient 42 questions qui s'articulent en quatre
contenant le kit légal, un respect de la date de
validité des produits, une séparation entre la cabine et
l'arrière du véhicule, un siège confortable et
ergonomique, un extincteur...
Les maréchaux sont tous d'accord pour dire que le
climat joue énormément sur leur activité. En effet avec la
chaleur le métier devient encore plus pénible (transpiration et
fatigue). Cependant, un maréchal près de la retraite
révèle qu'avec la chaleur, le fer devient plus mou et
nécessite moins de coups pour l'ajuster et donc une sollicitation
physique moindre.
Tous les maréchaux ferrants interviewés ont subi
des accidents et/ou des lésions : écrasement du mollet,
tendinite, lumbago, mal de dos, fracture des doigts, des pieds, douleurs
cervicales, canal carpien, hernie discale...
Les jeunes maréchaux ne pensent pas exercer ce
métier jusqu'à la retraite et envisagent une reconversion comme
ouvrir une pension de chevaux ou un centre équestre. Ils
déclarent: « oh non surtout pas, je ne pourrai pas aller
jusqu'à l'âge de la retraite c'est impossible, c'est trop physique
! », ou bien « malheureusement non, cela fait 15 ans que j'exerce ce
métier et mon dos me fait de plus en plus mal, d'après mon
médecin j'aurais déjà du arrêter ! »
Concernant le salaire, celui-ci est considéré
comme « normal » à partir de six chevaux par jour et il faut
travailler selon ses besoins. L'activité et le salaire qui y est
associé varient en fonction de l'année : peu de demandes l'hiver
et demandes importantes dés que la météo annonce beau
temps chez les particuliers ; les chevaux de courses ont toujours besoins de
maréchaux.
Les qualités requises pour exercer ce métier
sont, selon les maréchaux ferrants, la patience savoir se
contrôler. Concernant le rapport avec le public, ici les clients, les
relations que j'ai pu observer étaient toujours très correctes et
cordiales. L'organisation et la communication parfois problématique dans
les clubs hippiques (comme par exemple un cheval à ferrer qui n'est pas
dans son box) est source d'agacement pour les maréchaux ferrants qui
rappelons-le enchainent plusieurs rendez-vous. Enfin certains maréchaux
souffrent d'insomnies, liées à l'existence de mauvais payeurs.
2.3. Les questionnaires
grandes parties : identité, équipement de
protection, environnement de travail, santé et à l'avenir (annexe
9).
Equipement de protection
Chaque élève a comme équipements de
protection individuels (EPI): des bouchons d'oreille, des lunettes, des gants,
un tablier et des chaussures de sécurité. Leur fréquence
d'utilisation est variable (Figure 6). Ainsi les bouchons d'oreille qui
devraient être portés systématiquement dans l'atelier ne le
sont que 20 % des élèves. Un peu moins de la moitié
(environs 45%) porte régulièrement cet EPI. 27% des
élèves ne portent jamais les lunettes de protection, seuls 38%
des élèves les portent régulièrement. Les gants
sont portés régulièrement que dans 35% des cas. Enfin, 90
% des élèves portent le tablier et les chaussures de
sécurité.
bouchons d'oreille
lunettes gants tablier chaussures
de sécurité
jamais
rarement
parfois
souvent
systématiquement
Type d'EPI
Pourcentages (%)
100
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
Figure 6 : Fréquence d'utilisation des
différents EPI
De manière surprenante lorsqu'on interroge les
élèves sur l'efficacité de ces équipements, une
grande majorité déclare ces EPI efficaces (tableau 3) même
si le positionnement par rapport aux gants est plus mitigé (59% de
l'effectif les trouvent efficaces). Parmi les principales justifications de
l'efficacité relatives des EPI, on notera que :
- les bouchons d'oreille atténuent parfaitement les bruits
y compris ceux stridents et sont
particulièrement appréciés en forge. Le
type de bouchons (moulés) les rend confortables. Ils permettent
d'éviter des désagréments tels que les maux de tête.
Lorsqu'ils sont évalués négativement, c'est
essentiellement parce que les utilisateurs ne les supportent pas ou
Lorsqu'on leur demande s'ils estiment être
exposés à des nuisances sonores ou souffrir de la chaleur, ils
répondent majoritairement « non » à 76 et 72 %
respectivement.
comme énoncé par un élève qui
n'entend pas bien que cela limite sa prise d'information auditive.
- Les lunettes sont considérées comme efficaces
surtout en forge car elles protègent des paillettes mais glissent
avec la transpiration et sont peu pratiques lorsque l'on porte des lunettes de
vue.
- Les gants : dans les points positifs on notera le fait qu'il
protège des clous (un élève mentionne qu'il a eu 10 points
de suture à cause des clous), qu'ils sont agréables pour
travailler, même pour le toucher et pratique lorsqu'il fait froid. Les
inconvénients de ces gants sont que les clous s'y accrochent, qu'ils
peuvent être gênants pour la forge et certains manifestent un
manque de sensibilité.
- Le tablier est efficace car il protège des clous et
des coups de râpes. Il est considéré comme
l'équipement principal mais s'avère gênant pour certains
élèves.
- Les chaussures de sécurité s'avèrent
également être un équipement principal. Elles permettent
d'éviter nombre de désagréments comme les brûlures
lors de contact avec le fer, les chocs liés aux chutes d'objets ou les
faux-pas des chevaux.
Il apparait donc que ce n'est pas à cause de
l'efficacité de ces EPI que les élèves ne les portent pas
systématiquement.
Tableau 3 : L'efficacité des équipements de
protection individuelle
en pourcentages (%)
|
efficaces
|
pas efficaces
|
bouchons d'oreille
|
86
|
14
|
lunettes
|
65
|
35
|
gants
|
59
|
41
|
tablier
|
83
|
17
|
chaussure de sécurité
|
93
|
7
|
Environnement de travail
De manière générale, l'environnement de
travail est apprécié des élèves puisque tous sont
d'accord pour dire qu'ils s'y sentent à l'aise (38% sont « d'accord
» et 62 % sont « tout à fait d'accord »).
Enfin à la question « l'activité aux forges
est-elle pénible ? », sur une échelle de 1 à 10 (1
correspondant à « peu pénible » et 10 à «
très pénible »), le score obtenu est de 3.7.
27% des élèves ont déjà eu des
lésions oculaires engendrées par la poussière, des
éclats de métal ou encore la meuleuse et 15 % ont
déjà souffert d'irritations de la gorge, liées selon eux
à la fumée, les poussières, les produits de combustion et
les températures extrêmes.
Enfin 45% des élèves savent que la
maréchalerie dispose d'une trousse à pharmacie mais 33% savent
où elle se trouve.
Santé
? Forge
Lorsque les élèves travaillent à la forge,
les parties du corps les plus sollicitées et les faisant plus souffrir
sont essentiellement le poignet (48%), puis le dos (31%), l'épaule (10%)
et enfin les paumes de la main, le coude et le cou (3%) (Figure 7).
|
60 50 40 30 20 10 0
|
|
|
|
|
|
|
|
Pourcentage (%)
|
|
|
|
|
|
souffrance
|
|
|
|
|
|
|
|
|
cou dos épaule coude genou poignet paume de
la main
Zones corporelles
Figure 7 : Pourcentage de réponses en faveur de
douleurs ressenties pour les zones corporelles suivantes : cou, dos,
épaule, coude, genou, poignet et paume de la main.
De plus, le travail à la forge se fait majoritairement
en position debout (59%) et en position debout penchée vers l'avant
(41%) pendant approximativement 4 à 8h. A l'issue d'une journée
de travail, la moitié des élèves disent ressentir des
douleurs, douleurs localisées principalement au niveau du dos (position
penchée) et des genoux (position accroupie), des poignets (tendinites)
et des paumes de la main (ampoules).
Sur des aspects plus généraux, 25% des
élèves disent souffrir d'insomnies (entre 3 et 5 nuits par
semaines) et attribuent cette insomnie au stress et à l'obsession de
bien faire.
Les différents accidents ou incidents
occasionnés par le travail à la forge ont occasionné 5
interruptions temporaires de travail sur l'ensemble des 29
élèves. On peut également noter qu'aucun
échauffement, ni étirement ne sont effectués avant ou
après cette activité.
? Ferrage
Tous les élèves effectuent le ferrage à
l'anglaise et 10% effectuent le ferrage à la française. Si le
ferrage à l'anglaise est majoritairement utilisé pour des
questions de rapidité de ferrage, celui-ci n'est cependant pas
recommandé physiquement car plus sollicitant pour le dos. Le ferrage
à la française en position droite apparait comme
particulièrement adapté pour les chevaux lourds.
Au ferrage, les parties du corps les plus sollicitées
et faisant le plus souffrir sont essentiellement le dos (79%) (lombaires et
cervicales), le poignet (31%) et enfin les genoux et les épaules
(7%).
La position principale est debout penchée,
évoquée dans 75% des cas et la position debout pour 33% des cas.
La journée de travail au ferrage dure entre 8 et 12h. A l'issue d'une
journée de travail, 83% des élèves disent ressentir des
douleurs, douleurs localisées au niveau du dos (lombaire), des genoux et
des jambes, des poignets, paumes de la main et doigts.
Selon les élèves, l'origine de ces douleurs est
liée au fait d'être penché, de porter des charges lourdes
et de prendre des coups.
A la question « l'activité au ferrage est-elle
pénible ? », sur une échelle de 1 à 10 (1
correspondant à « peu pénible » et 10 à «
très pénible »), le score obtenu est de 4.8 valeur
très proche de la valeur neutre (5) : ni pénible, ni peu
pénible.
Le travail au ferrage a occasionné 9 interruptions
temporaires de travail sur l'ensemble des 29 élèves. On peut
également noter qu'un élève s'échauffe avant de
travailler au ferrage lorsqu'il fait froid et qu'aucun de réalise
d'étirements après celle-ci.
En général
Les contraintes physiques ressenties sont en grande partie
liées aux postures pénibles (38%), aux efforts importants (28%),
puis à la répétitivité, et aux intempéries
(33%), pour ensuite évoquer la température (24%) et les gestes
contraignants (21%) (Figure 8).
gestes contraignants;
21 %
postures pénibles; 38 %
température;
24 %
bruit; 7 %
intempéries;
33 %
répétitivité;
33 %
efforts important; 28 %
Figure 8 : Contraintes physiques ressenties par les
élèves
En général, 41% de l'effectif s'avère
avoir été en arrêt (au maximum deux fois par an). Les
motifs évoqués sont pour 80% des répondants un accident du
travail et pour 40% des répondants la maladie.
Plus de 60% des élèves sont déjà
passés à l'infirmerie à cause de coupures et points de
sutures, de déchirements musculaires, de bleus ou de maux de tête
liés à des chocs ou encore à des maux de poignet ou de
dos.
Un tiers de la population interrogée pratique une
activité physique et sportive au sein de la formation (33%) et la
majorité (63%) chez eux.
Enfin, la grande majorité des élèves ne
se sentent pas stressés (81%). Les 19% d'élèves
stressés évoquent comme causes de stress : la fatigue et le
surmenage, l'absence de pause, les douleurs, le cheval, les intempéries,
la peur de mal faire, les relations avec l'employeur et leur statut de
femme.
A la question plus précise « à combien
d'années, estimez-vous votre carrière professionnelle ? »,
la durée moyenne est de 23.15 ans (SD=10 ans).
A l'avenir
Lorsqu'on demande aux élèves s'ils souhaitent
être informés sur les risques auxquels ils sont exposés,
63% répondent par l'affirmative en précisant que cela leur
permettrait de se protéger ou d'y remédier, de ne pas empirer les
problèmes ou encore permettrait d'aménager leur façon de
travailler. Les 37% ayant répondu « non » estiment qu'ils
connaissent déjà ces risques, que ceux-ci sont inhérents
au métier (« ce sont les risques du métier ») ou encore
que connaitre les risques seraient une source potentielle de
démotivation.
Lorsqu'on demande aux élèves si ils ont des
solutions à proposer pour limiter ces risques, ces derniers
évoquent une manipulation des jeunes chevaux pour faciliter les
premières ferrures, plus de ferrage à la française,
utiliser les outils mis à disposition (trépied, servante...),
réduire le rythme de travail, pratiquer un autre métier en
parallèle.
Lorsqu'on leur demande quelles sont les aptitudes physiques
requises pour être un bon maréchal ferrant sont
évoqués : la souplesse (pour ne pas avoir mal au dos), l'absence
de surpoids, les abdos, la taille (ne pas être trop grand), la force, des
articulations solides et une bonne santé. De manière
intéressante, bien que n'ayant pas de lien avec le physique, la force de
caractère et la motivation (« être volontaire », «
avoir un très bon mental », « avoir l'envie ») ainsi que
la patience (avec les chevaux) sont évoqués.
Parmi les différents enseignements
supplémentaires que les élèves seraient désireux
d'avoir, on peut lister : la formation aux premiers secours (70%), un cours
d'information sur les risques professionnels (25%), la psychologie
équine (25%), les examens cliniques et radiologiques (radiographie du
dos et audiogramme) (13%) et les méthodes de contention des chevaux
(8%).
Sur les 29 élèves interrogés, 32% d'entre
eux pensent exercer ce métier jusqu'à l'âge de la retraite,
essentiellement parce qu'ils sont passionnés par ce métier. Les
68% qui pensent ne pas exercer ce métier jusqu'à l'âge de
la retraite évoquent le fait que ce métier est dur physiquement,
envisageant d'ailleurs soit d'exercer un autre métier après la
formation ou d'exercer ce métier à mi-temps.
2.4. Tonnage journalier
La norme française (NF X35-109), relative à
l'ergonomie dans la manutention manuelle de charges, définit des valeurs
seuils de référence, applicables aux hommes et aux femmes
âgées de 18 à 65 ans sans distinction (Tableau 4). Les
détails des calculs effectués se situent en annexe 10.
Tableau 4 : Norme française (NF X35 -109),
présentant la valeur des seuils ergonomiques pour la manutention
manuelle de charges
Valeurs seuils ergonomiques pour la manutention manuelle de
charges
Activité Valeur maximale acceptable Valeur maximale sous
condition
15 kg de charge par opération
Soulever/Porter 7,5 tonnes/jour/personne
|
25 kg de charge par opération 12 tonnes/jour/personne
|
Pousser/Tirer 200 kg de poids déplacé 400 kg de
poids déplacé
Après calcul du tonnage journalier, à raison de
8 chevaux par jour (chevaux de selles) en moyenne pour un maréchal seul,
le tonnage est en dessous de la moyenne maximale acceptable : 4T 099Kg 640g.
Discussion
L'objet de l'intervention était de déterminer
les facteurs de risques de pénibilité auxquels sont
exposés les maréchaux ferrants. En respectant les principes
fondamentaux en Ergonomie, une analyse de l'activité pour comprendre la
situation de travail et en conséquence la modifier (Guérin et al,
2007) a été réalisée en utilisant diverses
méthodes de recueil de données (entretiens, questionnaires
...).
Les résultats présentés
préalablement permettent d'avoir des premiers éléments sur
les facteurs de pénibilité associés à ce
métier et surtout de collecter ces éléments, ainsi que le
vécu qui y est associé, à des moments différents de
la vie professionnelle (au début lorsque le maréchal ferrant est
encore en formation et après plusieurs années
d'expérience). L'étude de la pénibilité n'est pas
une fin en soi ici car notre étude en cherchant à
déterminer pourquoi la durée de vie professionnelle des
maréchaux ferrants est si courte est une première étape
vers l'identification des conditions de travail à améliorer.
L'analyse des questionnaires montre que les maréchaux
en formation ont connaissance et même expérimentés les
principaux risques liés à leur activité. Les EPI, bien que
jugés efficaces, ne sont pas utilisés systématiquement.
Concernant l'environnement de travail, les élèves ne se plaignent
pas des nuisances sonores pourtant les résultats de la cartographie du
bruit montrent que le niveau sonore avoisine les 97 dB. L'activité
à la forge au sein de la formation n'est pas ressentie comme
pénible pourtant des douleurs aux dos et aux poignets sont
évoquées de manière prédominante en fin de
journée. L'activité de ferrage révèle que c'est le
ferrage présenté comme le plus pénible, celui à
l'anglaise, qui est le plus utilisé. Ce type de ferrage entraine des
douleurs au niveau du dos, des genoux et des poignets mais permet un gain de
temps. De plus, les contraintes physiques ressenties sont en grande partie
liées aux postures pénibles, aux efforts importants, à la
répétitivité, et aux intempéries, et ensuite
à la température et aux gestes contraignants. Il est par
conséquent très étonnant que l'activité soit
qualifiée de peu pénible alors que les réponses laissent
penser le contraire. On peut supposer qu'ils ne savent pas ce qu'est vraiment
la pénibilité ou alors que malgré les différents
facteurs de risque et les sollicitations importantes de l'organisme qu'ils
évoquent très bien, cette activité ne soit pas
vécue comme pénible. La passion pour le métier et la
motivation sont probablement des facteurs explicatifs qui entrent en jeu. A
contrario, un questionnaire rempli par un formateur démontre
parfaitement que l'activité de maréchal
ferrant est pénible. En effet, la personne
questionnée ne se sent pas à l'aise dans son environnement de
travail et estime le degré de pénibilité au sein de la
forge à 7 (proche du très pénible) et lors du ferrage
à 5 (pénibilité neutre). Un autre questionnaire
révèle que le maréchal ne peut plus exercer à titre
personnel car il s'est fait opéré du dos à plusieurs
reprises. Ce constat conforte l'idée (exposée en introduction)
que la pénibilité s'évalue dans le temps, en fonction de
l'histoire et du parcours professionnel et qu'une vigilance accrue sur les
facteurs de pénibilité est nécessaire pour empêcher
les effets irréversibles.
Plus de la moitié des élèves souhaiterait
être informée sur les risques professionnels. Cette information
est intéressante en vue de proposer des modules de formation
supplémentaire qui nécessiteraient d'être bien
pensés en amont. En effet, certains élèves ont
déclaré que connaitre les risques auxquels ils seront
exposés à l'avenir les aurait probablement
démotivés. L'objectif n'est pas créer une fuite au niveau
de la formation mais bien de préserver au maximum la santé des
maréchaux-ferrants. La formation est une étape très
importante et d'après certains élèves des enseignements
pourraient être très instructifs comme des cours de psychologie
équine et une formation aux premiers secours. L'importance de
l'apprentissage se retrouve dans les entretiens réalisés
auprès des maréchaux ferrants itinérants. En effet, le
choix du maître d'apprentissage est très important car il
sensibilise l'apprenti, fait notamment de la prévention, renseigne sur
les bonnes pratiques ou habitudes à adopter. L'élève en
formation reproduira les faits et gestes de son employeur, une attention
particulière est donc à porter aux méthodes et contenus
d'apprentissage en vue de soulager ou même d'éviter bien des
maux.
Enfin, il est important de noter que, dés la formation,
près de 70 % des élèves pensent à une reconversion
future et estiment d'ailleurs à 23.15 ans la durée moyenne de
leur carrière professionnelle. Cette information devrait
incontestablement susciter des études plus approfondies sur la
santé des maréchaux ferrants, leurs conditions de travail et la
question de la pénibilité de leur activité.
L'ensemble de résultats collectés via
différents outils ou méthode montre que les maréchaux sont
fortement exposés aux facteurs organisationnels comprenant les horaires
atypiques et le rythme de travail tels que le travail répétitif,
les cadences imposées, longs déplacements fréquents, aux
facteurs d'environnements agressifs, matériels et humains
(température, intempéries, bruit, poussières, produits
toxiques) et aux efforts physiques lourds (manutentions, port de charges,
vibrations, contraintes posturales et articulaires). Ces facteurs,
déjà évoqués plus haut, sont
sources d'accidents que ce soit pour les maréchaux en formation ou ceux
en activité. Si initialement on pensait que les accidents étaient
plus fréquents chez les novices, ils s'avèrent encore très
présents même après 30 ans d'expérience. Si
l'expérience et des stratégies de compensation permettent
probablement de limiter accidents et risques pour la santé, ils ne sont
pas suffisants. Une politique d'amélioration des conditions de travail
semble particulièrement importante pour cette profession.
En termes de pénibilité psychologique, les
entretiens laissent apparaitre que l'activité des maréchaux
ferrants peut générer du stress qui a des conséquences
négatives sur la santé psychique de l'individu. Ce stress
provient de la situation (dangers et menaces provenant du comportement du
cheval, mauvaises conditions d'exercice) ou par la fatigue, des
problèmes de relations avec la clientèle, des emplois du temps
chargés. Tous ces facteurs réunis peuvent provoquer une usure
psychologique professionnelle pouvant accentuer le risque d'apparition de TMS
ou les troubles du sommeil. Les maréchaux itinérants apparaissent
plus exposés aux risques psychosociaux que les élèves
notamment parce qu'ils sont en lien direct avec la clientèle et doivent
gérer plus d'incertitudes ou de situations potentiellement de
désaccord, comme par exemple, les mauvais payeurs ou les remarques sur
les prix excessifs, les aléas de la météo, les horaires de
travail « normalement » plus denses...
Pour palier à tous ces risques et tenter de limiter
l'usure professionnelle, des mesures de prévention sont à mettre
en place dès l'entrée en formation. Une bonne hygiène de
vie, adopter une bonne posture pour soulever une charge, acquérir les
techniques d'éveil, d'échauffement et d'étirement
musculaires, utiliser les mesures de prévention existants comme la
servante et le trépied, utiliser les équipements de protections
individuels, majorer et adapter les apports hydriques, choisir des
vêtement adéquats selon les saisons...
D'autre part, un travail conséquent est à mener
en matière de «confort professionnel». Par exemple, concernant
la tâche du rivetage, nous avons vu précédemment qu'elle
représente 25% du temps passé à la ferrure. Des recherches
montrent que cette tâche peut être supprimée, son
utilité n'est pas prouvée et elle ne serait donc pas
indispensable au bon maintient du fer. Par contre, utiliser des clous plus
petits pour ne pas avoir à les couper puis à les riveter en fin
de ferrage pourrait être une solution intéressante. Cette solution
est pourtant controversée par le fait que les maréchaux
itinérants n'auraient plus l'utilité de prendre des apprentis,
cette tâche laborieuse et longue étant particulièrement
promise à ceux-ci. De plus, cette solution aurait un impact sur le prix
de la main d'oeuvre : au lieu de consacrer 20 minutes à un cheval, le
maréchal n'y consacrerait plus que 5 minutes. Le coup de la main
d'oeuvre chuterait et la
plus value sur le fer augmenterait. Cet exemple illustre
parfaitement que, même si des solutions existent, une prise en compte
globale des facteurs qui conditionnent l'activité des
maréchaux-ferrants est à étudier de manière
très approfondie.
Enfin, comme annoncé dans l'introduction de ce travail,
la problématique de la pénibilité au travail est complexe,
voire floue. Elle semble particulièrement intéressante à
approfondir chez les maréchaux-ferrants, une population qui semble
rapidement « s'user professionnellement » et qui est
particulièrement importante à préserver au vu de son
rôle central pour l'ensemble du monde équin. Réaliser des
analyses de l'activité à plus grande échelle et assurer un
suivi des conditions de travail des maréchaux-ferrants (bien que moins
facile que pour d'autres professions) permettraient de préciser les
données recueillies dans le cadre de ce travail mais également de
déterminer quelles améliorations au niveau organisationnel,
humain et technique sont à rendre prioritaires pour préserver
leur santé.
Bibliographie
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travail, Travail et Changement, N°294, 1-16. Bugand, L (2009).
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Guérin F., Laville, A., Daniellou, F., Duraffourg, J
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pratique de l'ergonomie. Lyon : ANACT.
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santé ». Toulouse, Edition le mirail.
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! Editions INRS ED6135, 1-16.
Institut de Recherche et Documentation en Economie et
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seniors en Europe, Bulletin d'information en économie de la
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pénibles» : l'usage des connaissances scientifiques sur le travail
et ses risques à long terme pour la santé /. Rapport de
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Roux, C. (2009). Pénibilité et usure au travail:
comment prévenir ? Travail et changements, p
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rapport remis au Conseil d'orientation des retraites. Conseil d'orientation des
retraites, 119 p.
Wisner, (1994). Méthode d'observation de
l'activité de travail et prévention durable des TMS.
Activités, avril 2011, p 82
ANNEXES
Annexe 1 : Les différents outils à la
disposition des maréchaux ferrants
1/ La servante, moyen de prévention qui est un petit
chariot facilitant l'accès aux outils
autrement déposés sur le sol et permettant de les
ranger.
2/ Le trépied, moyen de prévention qui permet
de supporter dans une position
naturelle le pied du cheval pendant le ferrage.
3/ la forge.
4/ l'enclume, bloc de fer coulé de taille
différente.
5/ la rape sert au travail de finition du parage.
6/ la tenaille de forge est une tenaille à bouts
aplatis servant à manipuler les fers
brûlants.
7/ le marteau à étamper sert à
rajouter un trou (étampure) au fer.
8/ la mailloche est un marteau léger, souvent
à tête nylon, destiné à parer le pied.
9/ le rogne pied est une lame droite aiguisée
destinée à parer la corne.
10/ le tablier de cuir protège les jambes du
maréchal.
les affiloirs et affûtoirs servent
à maintenir le tranchant des outils. Certains maréchaux
utilisent aussi une pierre à eau.
le brochoir est un marteau qui sert à brocher les
clous.
le compas de pied sert à mesurer
précisément les angles de la corne en ferrure
orthopédique.
le dégorgeoir sert à créer une
logette dans la paroi du pied pour y enfouir le rivet
le dérivoir est un instrument destiné
à redresser les rivets des clous, afin d'enlever le
fer.
la pince à parer est une pince aiguisée,
servant à couper la corne.
la pince à river est une pince destinée
à recourber l'extrémité des clous (river).
la pince à sonder sert à tester la
sensibilité du pied et à détecter des hématomes
(bleimes) ou des abcès.
la rénette est un instrument à lame courbe
destiné à dégager les fourchettes.
la tricoise est une sorte de tenaille destinée
à couper les clous et est parfois utilisée
dans l'étape du brochage.
5
6
7
9
8
1
10
2 3
La forge, autrefois au charbon, maintenant au gaz,
sert à chauffer les fers pour les tourner c'est-à-dire
les adapter à la forme du pied.
Le tablier de cuir protège les jambes du
maréchal.
3
L'enclume sert à marteler les fers et à leur
donner la tournure.
Les différents véhicules
observés
Celui de gauche n'a pas de séparation entre le
côté conducteur et les outils
Annexe 2 : Les maladies professionnelles
15h17 il réchauffe le fer car s'il est froid c'est plus
dur à travailler et cela fait beaucoup plus de bruit.
Annexe 3 : Observations
Les élèves doivent suivre des étapes pour
pouvoir forger un fer à cheval.
Les étapes :
1) Ecoute les consignes du formateur
2) Cherche le charbon dehors avec brouette
3) Allume les forges
4) Découpe du lopain avec cisaille (acier +carbonne)
5) Fait des trous pour prendre des repères quand le
lopain sera chaud
6) Chauffe
7) Tape dessus et sur les cotés (pince + marteau) =>
pour redonner de la matière et élargir
8) Arrondi le fer
9) Tape sur le bord pour faire un angle + arrondi
10) Fait des rainures pour placer les étampures
Quand ils marchent avec le fer chaud ils se bousculent et donc
se brulent ! Se plaignent de la chaleur dons mettent pas de gant, ni de
tablier
Au tout début 13h50 il coupe à l'aide d'une
cisaille un morceau (acier + carbone) appelé lopain qui deviendra par la
suite le fer à cheval.
Il chauffe le fer, nettoie les excréments du cheval
pour éviter le risque de chute, donc risque l'affolement du cheval.
14h59 il chauffe, tape sur le fer environ 20 fois ceci est
répété 7 fois entre deux il remet du charbon pour que sa
forge chauffe plus.
15h16 Il ressort le fer, retape dessus il maintient le fer
à l'aide d'une tenaille (bruit assourdissant) mobilisation des poignets,
posture debout penchée. => vibrations du poignet jusqu'à
l'épaule, il n'y a pas d'aération, sur ce poste
l'élève est éclairé. Il tape 10 à 15 fois,
il perce des trous (travail de précision) = 92dB (A) - 95.6 dB (A).
15h21 à l'aide du marteau à étamper il
continue à percer les trous, le fer est coincé il est
obligé de taper plusieurs fois dessus, ensuite il fait tomber le fer sur
le sol (le risque est de la prendre à main nu car le fer n'est pus rouge
vif) il a le réflexe de la prendre avec sa tenaille (je remarque qu'il
met une pâte après pour ne pas abîmer son outil).
15h25 il chauffe le fer
15h28 une fois le fer chaud il fait les encoches du fer (30
coups)
15h40 replace le fer dans la forge
15h43 il récupère le fer et le lime environ 45 fois
de chaque côté
15h45 il tape sur le fer, la brosse et reperce les trous (qui
laisseront passer les clous)
15h47 son fer est finit
Remarque l'étape précédente ne se fait
presque plus en entreprise car les maréchaux achète les fers
pré faits, ils n'ont donc plus qu'a leurs apporter quelques
modifications.
Un autre élève va chercher un cheval au centre
équestre, l'attache dans la stalle de ferrage des deux
côtés. L'élève commence par enlever les fers : il
retire un à un les clous en frappant avec les tricoises sur le fer pour
les faire sortir de l'étampure, puis il retire soigneusement le fer pour
ne pas abîmer la corne. Il ramasse les clous qui sont tombés.
Ensuite il nettoie les sabots pour ce faire à l'aide d'un cure pied il
enlève les impuretés, puis à l'aide d'une rape et d'une
reinette il équilibre les sabots.
Prochaine étape le ferrage il va au cheval pour essayer
le fer, fumée apparait ce qui peut effrayer le cheval, va à
l'enclume car le fer n'est pas encore bien ajuster, puis le chauffe. Pendant ce
temps le maréchal râpe le sabot (contention de la pâte du
cheval + position debout penchée) retourne chercher le fer. Prends la
pate du cheval essaye le fer, puis va à l'enclume pour le
réajuster, va au cheval cela ne vas toujours pas, il va à la
servant à 2 m de lui pour chercher une râpe, cure le pied,
reprends ses outils les place dans la servante et mets le fer dans de l'eau
pour le refroidir. Retape et le fer est prêt.
Il prend un fer placé dans la petite forge, va à
l'enclume et ensuite il va l'essayer sur la pâte arrière du
cheval. Retourne à l'enclume tape sur le fer et retourne au cheval puis
il va poser sa pince sur la servant tout en maintenant le fer chaud lors de son
déplacement, le fait chauffé, tape sur l'enclume, va au cheval
essaye le fer, remet la pince sur la servant, va à la forge
mettre son fer. Retourne au cheval curer le sabot. Va chercher
un briquet et allume la petite forge (risque de brûlure). Prends la
pâte du cheval avec un peu de mal le cheval ne se laisse pas faire puis
à l'aide d'une mailloche il ajuste le pied avant et arrière et
râpe une pâte. Va à la forge, retourne au cheval et essaye
le fer à la pâte arrière, il ramasse les clous par terre,
remet à chauffer son fer. En attendant il balaye car beaucoup de corne
par terre. Il retourne à la forge prend le fer chaud et va à
l'enclume puis tape sur le fer avec une pince pour maintenir le fer et un
marteau de forge (il transpire beaucoup) puis prend le fer et va au cheval pour
essayer, retourne à l'enclume tape puis le fait chauffer il est obliger
de balayer car le cheval a encore fait ses besoins. Va chercher le fer chaud et
tape encore sur l'enclume à chaque fois il y a des coups
répétitifs de même intensité et des à-coups
plus fort. Prend sa tenaille de forge sur la servante et va au cheval et
retourne à l'enclume et va au cheval. Il essaye tous les fers sur les
sabots. Pendant 4 min il attend le formateur pour valider les bonnes tournures
de son fer. Le formateur arrive, il lui demande d'ajuster un peu la tournure du
postérieur, l'élève exécute attend une nouvelle
fois son formateur qui ne l'entends pas (en effet avec les bouchons d'oreille
il n'est pas évident de communiquer). Après validation
l'élève commence à présenter le fer sur le pied du
cheval, il prends des clous (sont situés sur l'aimant de son tablier),
ensuite il prend son marteau et broche les clous verticalement (il me dit que
les clous doivent tous sortir à la même hauteur), les bruits de sa
mailloche ne sont pas les mêmes, quand le son devient clair, il cesse de
maintenir le clou et donne des grands coups de mailloche jusqu'à ce que
la pointe du clou sorte du sabot. A l'aide du mors de la tricoise il appuis sur
le fer pour bien serrer les clous ; il coupe la pointe des clous puis à
l'aide d'une rape de finition il lime les pointes cette dernière
étape semble très fatigante pour le futur maréchal.
Lors de mes observations le problème récurrent
est le bruit, sans bouchon d'oreille il est impossible de rester au sein de la
maréchalerie. Les formateurs souhaiteraient des panneaux acoustiques
mais ils ne savent pas où les disposer (une intervention d'un
acousticien serait l'idéal).
Plusieures techniques existent pour palier à ces nuisances
comme :
- Enfoncer le billot de bois dans le sol, reposant sur du
sable
- Mettre l'enclume sur un billot de bois et non un trépied
en métal
- Placer un aimant sous l'enclume
- Placer une lamelle de caoutchouc sous l'enclume
- Placer une plaque sorbotane sous l'enclume mais ceci limite le
rebond du
marteau donc la force musculaire devra être plus grande.
Annexe 4 : le flux VSM
1)Chercher du charbon à l'extérieur + le
positionner et allumer la forge
4 min
Post
Positions pénibles Camarades de formation
Déplacements de l'apprenti Servante Trépied tablette
2&3
2&
6
6
2
2)Déferrag
Cheval
2&3
6
6
2&3
5 min 3 min 4min
3)Parage
Bureau du formateur
4)Prendre les fers dans l'atelier + les chauffer
1
p a u s e
1
5)Ajuster le fer + vérification
4
6)Clouer + riveter
5 min
Forge
5
4
Ext.
50
Annexe 5 : Différentes tâches
effectuées
Il existe différentes étapes de
réalisation d'une ferrure pour le bien être des
équidés :
Dans un premier temps le maréchal réalise le
déferrage (Figure 1) et il analyse
l'usure des fers en tirant le maximum d'informations. Pour ce faire il faut
retirer le fer en prenant soin de ne pas abîmer la corne, il faut glisser
le dérivoir sous le rivet et taper jusqu'à ce que le clou soit
redressé. Ensuite il faut placer les tricoises sous la pointe du clou et
frapper sur le fer. Dès que la tête du clou dépasse
suffisamment, on le retire à l'aide de l'arrache clous. Une fois le fer
enlevé, le maréchal gratte tout le dessous du pied afin de mettre
en évidence une éventuelle blessure, ou une pourriture au niveau
de la ligne blanche. Ensuite il pare (figure
2) les pieds en équilibrant le plan de parage en accord avec
ses besoins de conformations, en alignant le sabot avec le paturon, en ayant
une surface solaire pratiquement symétrique, une longueur suffisante
pour appliquer le fer sans risque et en ayant la fourchette la sole propre mais
pas affaiblie. Une fois le pied paré, il choisit dans
l'approvisionnement de l'atelier (ou dans son camion) ou bien forge un fer qui
s'ajustera parfaitement au pied. Il ajuste les fers, en sélectionnant
les bons fers suivant l'utilisation de l'animal et en les ajustant selon ses
besoins en accord avec la conformation du pied. Pour se faire le
maréchal chauffe et ajuste le fer au coup d'oeil pour le
présenter sur le pied, le fer encore rouge sombre est appliqué
sous le sabot afin de brûler la corne et d'imprimer son empreinte. Et
enfin il broche et termine la ferrure, en utilisant les clous adéquates
au fer et les appliquer en toute sécurité, terminant la ferrure
avec une finition propre et des rivets alignés de surface lisse.
Figure 1 : le déferrage Figure 2
: le parage
51
Parage à l'aide d'une râpe du postérieur et
de l'antérieur
52
Il enlève la corne puis place le fer chaud sur la corne
(ce qui produit de la fumée).
Il place les clous et râpe les pointes.
Annexe 6 : Cartographie du bruit au sein de la forge
(Saint Hilaire du Harcouët) en dBA
100.3
98.9
96.7
101.4
86.7
53
Les mesures sont prises à l'aide d'un sonomètre,
avec l'aide de monsieur Picant, j'ai effectué des mesures d'ambiance
sonore des enclumes dans des conditions différentes en (dBA).
- Enclume de masse différente
- Enclume disposant d'une plaque de cuire en dessous pour
éviter la vibration et la résonnance
- Enclume ayant un aimant mis en dessous pour éviter la
résonnance.
L'élève tapait à l'aide d'un marteau
directement sur l'enclume.
120 kg
120
114
109
121
110
105
On remarque au milieu de l'enclume les sons sont graves, et au
bout les sons sont aigus.
120 kg (avec cuir)
118
104
120 kg (avec caoutchouc)
119
100
118
100 kg (avec cuir)
104
100 kg (avec aimant)
117
102
Avec l'aimant les sons sont moins résonnants.
112
109
121
35 kg (sur socle en bois)
120
35 kg (avec aimant)
55
On remarque grâce aux mesures à l'aide du
sonomètre que le caoutchouc et l'aimant permettent de diminuer le niveau
sonore des enclumes et de diminuer la persistance des sons aigus.
Mesure sur 10 maréchaux adultes : obliger de crier pour
communiquer
A l'oreille d'un adulte au début 92 dbA
98.9
98.3 dbc
Fer chaud : 90 dba
Fer froid : 96.7
Sur un autre :
Fer chaud 87.4 et fer froid : 101.4
56
Annexe 7 : Réalisation du Document Unique
57
58
Annexe 8 : Entretiens représentatifs
Entretien 1
24 ans
Il a débuté il y a 1 an 1/2
Depuis l'âge de 6 ans il pratique l'équitation
car sa marraine était dans ce milieu en tant que monitrice, mais depuis
3 ans il ne pratique plus. Son métier n'était pas une vocation il
voulait travaillait dans les chevaux mais dans quoi il na savait pas, un jour
il a passé des tests au haras du pin il les a réussi donc il a
décidé de continué il y avait seulement 8 places. Il ne
regrette pas son choix même si s'est un métier pénible. Il
doit tout à son maître d'apprentissage c'est lui qui lui à
tout appris. « On copie ce que fais le patron si son camion était
bien rangé alors on aura pris cette habitude.
Sa formation : haras du pin + saint hillaire du harcouet pour un
BTM
Avant d'être à son compte il était
salarié à Deauville avec les purs sangs (plus de danger avec
cette race) maintenant son statut es entreprise individuelle.
Son enclume pèse 30 kg
Avec la chaleur son métier devient encore plus
pénible (sueur, transpiration, s'use plus vite) Accident : coup,
écrasement du mollet.
Il n'utilise pas le trépied car il n'a pas était
habitué.
Il utilise la servante car c'est agréable, peu couteux,
économique physiquement, c'est un bon moyen de prévention pour le
dos.
Les parties du corps où il souffre le plus sont le dos,
les hanches et les genoux.
Avec les jeunes poulains c'est difficile car ils ne sont pas
habitués et bien souvent les propriétaires ne les habituent
pas.
Il ne pense pas aller jusqu'à la retraite, mais
à l'avenir il travaillera moins c'est sûr pour se préserver
peut être un mi temps.
Il pense à une reconversion dans une pension de chevaux ou
ouvrir un centre équestre.
En ce moment il occupe ses temps libre dans la
rénovation de sa maison cela lui permet de se changer les
idées.
Pour en vivre il dit que sa dépends de ses besoins, si
il y a deus salaires alors 6 chevaux ses suffisant pour en vivre. Il a
démarré avec 4 chevaux par jour sur 5 jours maintenant il en fait
6 par jour.
59
Il dit que certains ouvriers en font jusqu'à 12 par
jour, donc le patron est content mais il pense que le travail est mal fait et
bâclé, puis pour la santé se n'est pas bon du tout.
Il met environ 50 min par cheval. Pour un pur sang ou un
trotteur il met 30 min quand tout se passe bien.
Il roule énormément environ 200 km par jour.
Ça lui arrive de travailler à l'hippodrome cela
lui permet de se reposer car il n'y a pas beaucoup de travail : exemple 3
déferrages et 1 ferrage, c'es un forfait donc c'est bien.
Il y a des périodes de creux surtout l'hiver car les
personnes montent moins à cheval donc un peu plus calme chez les
particuliers.
Il travaille avec euroferm et firm => marques de fers.
Il travaille avec des fers à chaud car permet d'avoir
le pied à plat, il ne supporte pas la ferrure à froid.
Il a besoin de bouchons d'oreilles que s'il travaille à
l'intérieur et si il y a beaucoup de modifications à apporter au
fer.
Les moyens de préventions sont la servante et le
trépied, et le siège du véhicule. A l'école il
parle de moyen de prévention et des risques.
Dans le camion tout doit être à hauteur, d'avoir
un haillon pour la pluie, l'idéal serait d'avoir l'enclume qui sort
directement cela éviterait de la porter en arrivant et de la remettre
à sa place en partant. Il faudrait des plaques coulissantes pour la
meuleuse par exemple, les fers en dessous.
Chez les particuliers ce n'est pas évidents car bien
souvent on n'a pas d'espace aménagé, parfois on ferre dans des
champs dans notre véhicule n'est pas accessible donc on n'est obliger de
prendre tout les matériaux avec nous à cause de la boue, l'hiver
etc.
Il peut y avoir danger s'il y a des chiens qui effraye les
chevaux, ou bien qui nous font trébucher, les tracteurs mais bien
souvent les chevaux sont habitués.
Lors de cet entretien j'ai vu un cheval avec une fourbure ca
qui provoque une descente de la phalange car excès d'alimentation don il
doit mettre le fer à l'envers pour maintenir les postérieurs. On
trouve se genre de maladie chez les particuliers car il y a
négligence.
Pour faire ce métier il faut être très
patient, si on est fatigué c'est beaucoup plus dur, il faut savoir se
contenir, rester calme même quand sa énerve. Exemple quand le
propriétaire donne des carottes au cheval quand il bouge ce n'est pas
bien.
A son compte on prend plus de plaisir c'est différent.
Pendant le ferrage il continue à ferrer son cheval
à l'intérieur de l'écurie car il fait trop chaud et le
cheval bouge de trop car beaucoup trop de mouches.
60
La cage de contention pour les purs sangs par exemple
coûte 2500 à 3000 euros HT ce qui n'est pas si excessif pour toute
une carrière.
Je remarque qu'a l'intérieur il y a une marche qui
surélève le cheval donc félix se trouve 5 cm en dessous du
cheval, je remarque qu'il souffre moins sa posture est plus confortable aussi
bien pour le maréchal que pour le cheval. => Idée de
moyen de prévention aménagé un endroit surélever
pour le cheval ou bien construire « une remorque » pour placer le
cheval dessus pour le surélever.
Quand le cheval a mal il bouge car c'est très sensible
pour lui. A l'intérieur il manque de la lumière.
Ses horaires : 8h 8h30 jusqu'à 19h 19h30 parfois 17h.
Le fait d'être patron cela lui permet de gérer ses horaires, il
prend des repos quand il veut.
Quand il commence il regarde quel est le problème et
par le avec la propriétaire pour avoir son avis
Quand il finit son ferrage il fait trotter le cheval pour vois si
tout est bien.
C'est un travail routinier mais faut savoir se
différencier avec les différentes races. Il me fait sentir une
pâte, l'odeur est très nocives, la tête me tourne.
Il utilise un tablier, des chaussures de
sécurité mais pas de lunette de protection ni des lunettes de vue
car avec la sueur ce n'est pas pratique. Mais il précise que pour la
forge il utilise les lunettes de protection.
Quand je suis par le saint hilaire il dit qu'il y a trop de
contradiction c'est-à-dire capa / adulte : en 3 ans de formation pour
les capa les adultes ne font que 6-8 mois.
En ce qui concerne le projet de la nouvelle forge il est trop
près des classes donc pas pensé du tout. !
De plus lors de son BTM à saint hilaire si il
oublié ses bouchons d'oreilles c'était vraiment trop
insupportable il en faisait le minimum.
Félix est un homme très stressé et
très hyperactif.
D'après lui il a une centaine de maréchaux en
Normandie (pages jaunes) il faut ajouter les salariés et les
retraités qui travaillent encore.
Pour le ferrage il prend 71 euros pour les 4 fers.
Il « se repose » quand il va au camion, quand il
prend ses outils, quand il parle à la propriétaire, quand il
analyse le pied.
Dans la prévention fer à chaud à long terme
: épaule, coude, poignet.
61
Il existe des fers en aluminium => fer orthopédique.
Félix ne pratique pas de sport par manque de temps.
Il n'est pas contre les filles dans ce métier car elles
sont plus soigneuses que les hommes. Mais on favorise les hommes car avec les
femmes il y a toujours le problème des congés de
maternité, donc difficulté à trouver un emploi.
Ca lui arrive d'avoir des éclats de métal dans
les yeux d'ailleurs une fois il a été obligé d'aller
à l'ophtalmo.
Son camion ne comporte pas d'aération, ni d'extincteur,
ni de séparation, car bien souvent on n'y pense qu'après. Il a eu
un accident cet hiver à cause de la neige il a été
obligé de se protéger au maximum la tête car tout
volé dans le camion : enclume, bouteille de gaz, fers etc =>
très dangereux
Il souffre d'insomnie que si les clients tardent à le
payer sinon il dort très très bien car métier physique.
Il préfère travailler dans les petits endroits
(pas plus de 20 chevaux) car les grandes structures tardent à payer
exemple retard de 2000 € depuis 5 mois.
Le travaille seule ne le dérange pas car il n'aime pas
travailler à deux, certains particuliers ne sont pas pour le travaille
à deux surtout chez les galopeurs car les particuliers veulent
être sur de la qualité du travaille accomplis donc les apprentis
ne sont pas les bienvenues.
Lors du ferrage le cheval est tenu avec une corde, si le
cheval s'énerve il doit pouvoir se libérer donc le licol ou le
mousqueton cassent sinon il y aurait trop de danger de blessures du cheval.
Certains utilisent des élastiques mais ce n'est pas bien car quand le
cheval s'énerve l'élastique part trop loin et donc parfois se
retrouve dans les carrières donc dangereux et puis cela coûte trop
cher.
En ce qui concerne les purs sangs le ferrage se passe dans le
box, pour ne pas le changer d'environnement, car ces chevaux sont très
stressés et très peureux.
Le délai pour une prise de rendez-vous est d'une
semaine.
Très gentil, parle énormément, il explique
bien, reste à disposition si j'ai le moindre souci.
Il m'a donné des coordonnées « de ses
collègues » qui pour lui seraient intéressant d'aller
voir.
Entretien 2 : maréchal installé depuis
1980, le 5ème inscrit dans le calvados.
Ce maréchal a sa clientèle à titrer,
c'est-à-dire qu'il ne prend pas de nouveaux clients.
62
Il y a 40 ans on lui disait déjà que ce
métier était pénible, on le mettait en garde en lui disant
de changer de métier. Après plus de 40 ans d'exercice
lui-même conseil aux jeunes maréchaux d'avoir plusieurs cordes
à leur arc.
Il roule beaucoup 1000 km par semaine. Son enclume pèse 60
kg
Pour lui il y a du travail pour celui qui en veut car il y a 2
à 3 fois plus de chevaux qu'auparavant mais pour lui certaine formation
sont honteuses comme la formation adulte.
Ce métier est pénible si les maréchaux ne
font pas attention, il faut une façon de faire et un rendement qui
tient. => il faut savoir se préserver et ne pas travailler au dessus
de ses limites.
Pour lui il n'y a pas de routine car chaque cheval est
différent, et il y a beaucoup de maladies ce qui permet une
diversification.
D'ailleurs pour les chevaux de courses c'est délicat
car le maréchal n'a pas le droit à l'erreur. Si il gagne c'est
grâce au jockey, si il perd c'est à cause du maréchal. Des
fois les propriétaires viennent réprimander le maréchal,
il leurs répond : « - tu veux m'apprendre mon métier, vas-y
prends ma place » du coup les mécontents partent. Il travaille
beaucoup en collaboration avec le vétérinaire.
Ce maréchal a commencé le ferrage à la
française mais il dit que c'est difficile d'apprécier les aplombs
et c'est dangereux car on ne sent pas les réactions du cheval. =>
Moins bon travail, plus fatiguant pour le cheval car la patte est levé
plus haut.
Il adore faire les purs sangs car ils sont léger, si ils
sont en confiance ils sont très doux.
Il a eu un accident il y a 5 ans (le seul de sa
carrière) d'après lui c'est de sa faute car il a fait confiance
au client (le propriétaire du cheval) : le propriétaire tenait le
cheval avec une corde au travers des barreaux, mais malheureusement il la
tenait trop fortement donc le cheval a eu le nez serré dans les
barreaux, il s'est affolé à lever les postérieur, et est
tombé. Le maréchal était derrière, le cheval lui
est tombé dessus.
Il ne se plaint jamais, il dit juste qu'il a des douleurs
fantômes « -la mémoire des sensations douloureuse reste dans
le cerveau ! » donc il n'a jamais mal sauf quelques myosites, donc il ne
comprend pas que tous les maréchaux se plaignent.
Ce maréchal a vraiment un don avec les animaux, il est
calme, doux d'ailleurs il a une anecdote : il était palefrenier il
devait tondre 10 chevaux dans un centre équestre, après les avoir
tondu il a était voir le directeur qui lui dit « - bon on va
appelé le vétérinaire pour le pur sang » mais le
maréchal avait tondu les 10 sans savoir que le dixième devait
être endormi sinon il ne se laisser pas faire, en faite le
maréchal passer l'étrille sur tous les chevaux et ensuite passer
la tondeuse, les chevaux étaient donc en confiance et ne sentaient pas
la tondeuse et ne prêtaient pas attention au bruit.
Cela fait 30 ans qui travaille pour le centre équestre,
il n'a toujours pas d'endroit approprié, on lui promet mais il sera en
retraite quand cela sera fait. C'est dangereux car le maréchal est dans
le passage des box, les enfants sont autour, reste derrière le cheval,
ils ne font pas
63
attention. => le choix de l'endroit est capital et a une
incidence sur la fatigue donc bien choisir sa clientèle
Il compare les chevaux à l'humain en disant que quand
on est endormi nos membres sont très lourds les chevaux s'est pareil, de
plus si le cheval est nerveux c'est plus fatiguant pour le maréchal car
il bouge souvent.
Il applique le règlement militaire c'est-à-dire
qu'il fer antérieur gauche puis le postérieur gauche, le
postérieur droit et enfin l'antérieur droit => le technique se
fait dans le temps pour lui c'est la moins mauvaise. Si le cheval a un pied
boiteux, il commencera par celui-ci.
Il se sert de la servante que pour les chevaux lourds et que
si il y a beaucoup de coups de rape à donner.
Il a pris une fois un apprenti mais par manque de motivation
de celui-ci il a du arrêter le contrat.
Les conseils qui pourraient donner sont d'avoir d'autres
formations en tête, de ne pas se laisser faire avec les clients,
d'ailleurs il faut bien choisir sa clientèle car au début on
récolte les mauvais payeurs ! Faire du sport et au moins suivre la
formation CAPA. Et boire beaucoup. Avoir un bon maître d'apprentissage,
des personnes performantes. Etre motivé, une bonne endurance et ne pas
avoir des problèmes physiques. Faire ce métier avec la
durée pour acquérir un savoir. Il faut savoir faire le vide, plus
de stess, le cheval se sentira en confiance et n'aura plus d'animosité
donc moins de risques. Il ne faut pas hésiter à faire une pause
de 5 min et tout vas mieux.
Entretien 3 : une jeune fille en formation
Pourquoi avoir choisi ce métier ? « je voulais
faire un métier d'homme, mais au contact des chevaux ! »
Cette jeune fille va peut être arrêté sa
formation car c'est un monde trop macho, elle ne trouve pas sa place
(malgré son fort caractère !)
Elle a eu des difficultés à trouver un patron,
car elle faisait un essai il lui disait je te prends et deux semaines plus
tard, son camarade lui annonce qu'il est pris par ce même patron en lui
disant que le patron ne la prendra pas car elle est trop lente.
Une fois son patron trouvé les difficultés ne
sont pas arrêtés, en effet il n'avait pas confiance e elle, elle
ne pouvait pas progresser, faisait plus de 40 heures par semaine, (les heures
supplémentaires n'étaient pas payés). Elle a subit des
violences avec un client qui l'a agressé physiquement.
Elle dit qu'un des formateurs n'est pas pour que le
métier se féminise, donc il est toujours après elle.
64
Plus tard elle ne fera pas ce métier à temps
pleins, se sera juste quelques journées par semaine ou que les
matinées par exemple. Ce métier est trop dur physiquement et
surtout moralement, elle stress beaucoup, dort mal, angoisse et pleure
beaucoup. Elle n'imaginait pas cela en faisant la formation pourtant c'est
toujours la seule à répondre aux questions en cours « -je ne
suis pas bête, je suis comme les autres, c'est parce que je suis une
fille que l'on m'accepte pas ! »
Entretien 4 : un jeune maréchal en activité
depuis 14 ans (par mail)
Mon ressenti sur son métier: c'est un
métier très bien, manuel très passionnant en contact avec
des animaux qui ont une force impressionnante mais que l'on n'arrive pas
toujours à maitriser.
Je fais ce métier depuis 1999 j'ai commencé par
un apprentissage de trois ans avec au bout un BEPA activité hippique
option maréchalerie ensuite je suis resté employé chez un
maréchal ferrant jusqu'en 2007 pour m'installer à mon compte
jusqu'à aujourd'hui.
Ce métier est effectivement pénible du au
contraintes d intempéries et de caractères de certains chevaux,
mais aussi les positions particulières que nous devons respecter pour
éviter au maximum les accidents, (problème de dos ; articulation;
musculaire ...). Moralement oui également du fait d'essayer de garder
son calme avec les chevaux, plus particulièrement avec les chevaux un
délicats, peureux, et stressé par l'environnement et le bruit du
ferrage, mais aussi moralement par les clients difficile et ou il faut
malheureusement garder son calme bien sur jusqu'a 'a une certaine limite.
J'espère continuer mon métier jusqu'a ma
retraite (si on en touche une un jour) mais je doute étant donner la
pénibilité du travail.
Si un jour je dois me reconvertir je serai surement chauffeur
routier parce qu un examen dans le mon du cheval est limite reconnu comme
compétence pour un autre travail, ou bien peu être travailler a
l'usine.
J'ai déjà eu des accidents oui en effet coup de
pieds des chevaux coupures grave, brulure, ... Il n'y a pas vraiment de
solution car ce métier, il reste un métier ancien et ne peu donc
je pense pas être amélioré plus pour le moment.
65
Annexe 9 : Questionnaire
66
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71
Annexe 10 : Tonnage journalier
Pour ce faire, j'ai du peser chaque outil
utilisé à l'aide d'une balance, puis à l'aide d'une
vidéo de l'activité de ferrage j'ai noté
chaque
mouvement associé à un
outil.
1kg156 marteau de forge
850g râpe
377g fer
594g tenaille de forge
400g mailloche
685g râpe de finitions
Le marteau de forge pesant 1k156 a été pris 12
fois, comptabilisant 188 coups.
Marteau de forge5+15+ 10 +8 + 55 + 15 +5 + 15 +15 +15 +15 +15
= 188*1156 = 217kg328 g
La râpe pesant 850h a été pris 4 fois
comptabilisant 25 mouvements.
Râpe 4+10 +5+6 = 25*850 = 21250
La mailloche pesant 400g a servis 6 fois, comptabilisant 130
coups.
Mailloche 4+4+17+20+40+30 + 15 = 130*400 = 52000g
La râpe de finition pesant 685g a servis 10 coups,
comptabilisant 197 mouvements.
72
Râpe de finition 30+20+30+17+29+15+18+25 + 8 + 5 =
197*685 = 134945
Le fer pesant 377g a été porté 52
fois.
Fer 1+1 +1 +3 +2+1 +8 +5 + 3 +4 +8 +10 +5 =52*377 =19604
Le cure pied pesant 400 g a été porté 5
fois, comptabilisant 75 coups donnés.
Cure 30+5+20+5 + 15 = 75x400 = 30000
La tenaille de forge pesant 594g a été
porté 12 fois, comptabilisant 62 mouvements.
Tenaille de forge 5 +3 + 5 +3 +3 +4+10 + 5+3 + 5 +10 +6 =
62*594 =36828
217328+21250+52000+134945+19604+30000 + 36828 = 511955g pour
45 min de travail
Ce qui fait 511kg955g porté en moins d'une heure
Si on prend une moyenne de 8 chevaux par jour 511955 *8 =
4t095kg640g par jour + il porte 16 fois l'enclume de 35 kg = 560 kg + le poids
de
la pâte du cheval qui est de 25 kg
4095640+ poids de la patte du cheval manipulé x fois
4+8+8 = 20 fois la patte levé x 25 kg = 500kg par
cheval donc 8 x 500 = 4000 kg
4095640+ 4000 = 4t 099kg 640g
Remarque ce résultat ne serra jamais le même car
le poids de l'enclume varie, les outils peuvent avoir un poids qui
diffère et enfin la patte du
cheval calme est d'environ 25 kg mais si il s'énerve et
ne se laisse pas ferrer cela peut monter à plus de 50kg.
73
Annexe 11 : Check-list OSHA
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