Les relations entre la république démocratique du Congo et ses voisins après l'avènement de l'AFDL ( Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). Contraintes des enjeux géostratégiques et recherche d'une paix durable( Télécharger le fichier original )par Fulgence ALITRI TANDEMA Université de Kinshasa RDC - Diplôme d'études approfondies en droits de l'homme, Option: prévention, médiation et gestion des conflits 2005 |
§2. L'intérêt de cette analyseLa République Démocratique du Congo constitue l'un des objectifs majeurs, l'une des priorités de la politique étrangère des Grandes Puissances. Un simple examen de la carte de la RDC suffit de démontrer l'importance géopolitique du pays : à l'Est, il fait partie de l'Afrique des Grands Lacs et est touché par les conflits ethniques du Rwanda et du Burundi. Au Nord, il est voisin de l'Ouganda et du Soudan, pays de la colonie britannique et la République Centrafrique, eux aussi régulièrement déchirés par des problèmes ethniques. L'essai de compréhension de ces conflits dans la région est l'un des intérêts de ce travail. En Afrique centrale, la RDC offre de potentialités d'une puissance régionale qui partage les frontières avec neuf pays et offre de vastes zones de gisements de minerais stratégiques. En Afrique Centrale, elle est une puissance régionale qui touche au precarré français, mosaïque de pays plus exigus et plus dépourvus. Mais c'est surtout avec l'Afrique australe que la RDC est impliquée : les gisements de cuivre s'étendent dans une vaste zone à cheval sur la Zambie et le Katanga les voies les plus naturelles pour l'écoulement par l'Angola et l'Afrique du Sud.2(*) Comment un pays aussi richement doté que la RDC qui sur le plan des ressources naturelles comme des talents de ses habitants, se retrouve 48 ans après l'indépendance dans une situation de désordre institutionnel et de misère très prononcée. La volonté de comprendre et de décrire cette situation est l'une de motivation de ce travail. Par ailleurs, « Pendant les temps mémoriaux, désormais, de la guerre froide, la RDC alors la République du Zaïre a joué dans le cadre de la stratégie mondiale de la superpuissance mondiale américaine, un rôle stratégique de premier plan en Afrique centrale.[...] A ce titre ce qui lui est arrivé depuis la fin de guerre froide, et le destin qui serait aujourd'hui le sien devrait à mon sens présenter un réel intérêt scientifique ou académique pour tous ceux qui s'intéressent à la géopolitique mondiale. En plus, ce n'est pas moins curieux de savoir comment s'effectuent des mutations géostratégiques ? Comment une puissance régionale peut perdre ce statut ou ce rôle, et surtout, comment la Communauté des Nations peut-elle oeuvrer à construire une géostratégie régionale, la prise en charge des intérêts géopolitiques régionales, la prise en charge des intérêts géopolitiques des Etats par les Organisations Internationales.3(*) La situation de la République Démocratique du Congo remonte dès l'origine de sa création par le roi Léopold II. Il a dû négocier avec les grandes puissances de l'époque pour avoir ce grand territoire scandaleusement riche au coeur de l'Afrique. Cette négociation a donné aux autres puissances le droit de regard sur la RDC. Puis le roi Léopold II cédera le Congo au royaume de Belgique qui deviendra le Congo Belge. Dès lors la RDC a toujours été l'objet de la convoitise de Grandes Puissances occidentales. Cela se justifie d'abord par sa position géographique stratégique, la République Démocratique du Congo, avec sa superficie de 2 345 000 mille Km², occupe le centre de l'Afrique. Puis cet immense territoire est une grande réserve potentielle des matières premières. Depuis son accession à l'indépendance le 30 juin 1960, le pays a été et reste sujet de la sphère d'influence des grandes puissances occidentales. C'est dans cette optique qu'il faut comprendre le choix d'un président allié avec mission de protéger les intérêts pour lesquels il est mis et soutenu à la tête de la RDC. Ainsi, se succéderont à la tête de la RDC les présidents suivants : Joseph Kasa-vubu, Joseph Désiré Mobutu, Laurent Désiré Kabila et Joseph Kabila. Si cette sphère d'influence constituait l'une des priorités de puissances occidentales, c'était en pleine guerre froide où les Etats Unis et leurs alliés devaient protéger leurs intérêts en Afrique contre l'Union des Républiques Socialistes et Soviétiques ainsi que ses alliés. Le cadre temporel est aussi important pour notre travail. La chute de l'U.R.S.S. au profit des Etats Unis et leurs alliés a changé la configuration actuelle du monde ; leur politique étrangère également a changé. Le soutien entre autre des dictateurs africains, placés pour protéger leurs intérêts, devient anachronique ; le temps est à la démocratie. Le changement d'attitude à l'égard du Zaïre a subi un coup dur, le président Mobutu n'étant plus le collaborateur indispensable. D'où la recherche d'un substitut valable et fidèle à sa place. Le départ du Président Mobutu comme l'un des acteurs essentiels en Afrique Centrale pendant la guerre froide et la perte de son influence sur la région imposèrent une nouvelle configuration de l'Afrique centrale. Cette nouvelle configuration est à la base de l'émergence et la montée en puissance des nouveaux acteurs sur la scène. Nous citons spécialement le Burundi, le Rwanda et l'Ouganda qui sont nourris de prétention de devenir de nouveaux maîtres de la région avec une grande influence sur la RDC. Jouant de leur influence, ces pays ont imposé par la guerre la substitution du président Mobutu par Laurent Désiré Kabila. Si notre réflexion cherche essentiellement à comprendre la situation de la République Démocratique du Congo dans un grand jeu entre ses voisins et les grandes puissances, il ne faudra bien entendu pas négliger quelques autres acteurs d'importance non négligeable: les sociétés multinationales (à la recherche des matières premières) et les rebelles instrumentalisés. En effet, vouloir comprendre la situation actuelle de la RDC sans ses acteurs serait mettre un voile sur un tel travail. L'assassinat du Président Laurent Désiré Kabila n'est pas un fait fortuit. En effet, le président Laurent Désiré Kabila était celui qui devrait remplacer et jouer valablement le rôle qu'avait joué le président Mobutu. Arrivé à Kinshasa à la tête de l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre (l'AFDL) comme Président de la République, l'imprévisible L.D. Kabila s'est montré nationaliste : le refus de répondre aux exigences de ses alliés a agacé ces derniers pour servir le Congo. Ainsi, signa-t-il son arrêt de mort. Une nouvelle rébellion déclenchée par ses alliés d'hier le 2 août 1998 contre le régime de Kinshasa jusqu'à l'assassinat du président. Il sera remplacé par son fils Joseph KABILA. Celui-ci pourra-t-il convaincre les maîtres de ce monde à la tête de la RDC ; notamment la Belgique, les Etats-Unis et la France ? Nous estimons que cette analyse susmentionnée souligne à suffisance l'intérêt de notre étude. D'où notre souci de porter à notre manière une autre clef de la lecture de ces conflits dont nous, les contemporains, avons tous étés et sommes encore témoins. Que nous comprenions les enjeux de ces conflits pour chercher voies et moyens de retrouver une paix durable en vue du développement de notre pays en particulier et de l'Afrique centrale en général. * 2Colette BRAECKMAN, Le dinosaure le Zaïre de Mobutu, Paris, Ed. Fayard, 1992, p. 279-280 * 3FPAE(le 26/10/2007). Enjeux du processus électoral en RDC et les perspectives de paix régionale. http://www.fpae.net/activités-scientifiques |
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