DEDICACE
« ... la reconnaissance de la dignité
inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs
droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la
liberté, de la justice et de la paix dans le monde.
... la méconnaissance et le mépris des droits de
l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la
conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où
les êtres humains seront libres de parler et de croire,
libérés de la terreur et de la misère, a été
proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme. »
(Déclaration Universelle des Droits de l'Homme).
AVANT-PROPOS
Cette étude n'aurait pas pu être menée
à son terme sans le concours de nombreuses personnes qui y ont
contribué directement ou indirectement. Qu'il nous soit permis ici de
les remercier sincèrement.
Tout d'abord, un grand merci à notre directeur, le
Professeur Eugène BANYAKU LUAPE EPUTU qui en dépit de ses
multiples occupations, a accepté la direction de cette monographie, car
la pertinence de ses conseils, sa disponibilité mais aussi sa
gentillesse, nous ont été du début à la fin de ce
cycle de DEA d'un grand apport.
Nous tenons également à remercier nos deux
encadreurs, les Professeurs Pierre MUTUNDA MWEMBO et Ignace SONA BA BASAWON.
Leur esprit de rigueur doublé de patience, et de compréhension en
assumant la direction de nos recherches reste pour nous inoubliable. Faut-il
encore une fois de plus passer sous silence le profit que nous avons
tiré de leurs judicieuses remarques. A travers eux, c'est aussi à
la Chaire Unesco de l'Université de Kinshasa que notre gratitude
s'adresse, notamment à son personnel dont l'apport était non
négligeable pour la réalisation de notre travail.
Par ailleurs, le devoir est pour nous de remercier notre cher
Vicariat Général Saint Pie V de la République
Démocratique du Congo et son Vicaire Général le
Révérend Père Roger GAISE N'GANZI pour leur encadrement
tant spirituel, moral que matériel. A travers eux, nous nous adressons
aussi à tous nos autres frères du Vicariat General Saint Pie V et
de l'Ordre, en particulier aux Pères Vincent AWIORE et Jean Robert
Gallant pour ne citer que ceux-là.
Nos recherches nous ont donné la chance unique de
rencontrer un grand nombre de spécialistes et de chercheurs qui
voulurent bien nous accorder un peu de leur temps. Avec le recul, nous nous
apercevons que ces entretiens, par leur richesse et leur diversité, ont
accompagné et façonné notre raisonnement et nourri notre
réflexion de nouvelles idées. Ainsi, nous adressons dans ce
contexte un grand merci aux Professeur LABANA LASAY'ABAR, MBELA HIZA et LUKIANA
MABONDO
Enfin, nous n'oublions pas notre famille biologique,
témoin particulier des moments combien difficiles partagés
ensemble pour venir à bout de certaines difficultés
inhérentes à notre travail.
SIGLES ET ABREVIATIONS
A.D.P. : l'Alliance Démocratique des Peuples.
A.F.D.L. : Alliance des Forces Démocratiques pour
la Libération du Congo.
A.I.C: Association Internationale au Congo.
A.M.F.I.: American Minerals Fields Incorporation.
A.P.R.:Armée Patriotique Rwandaise.
B.G.C.: Barrick Gold Corporation.
C.I.A.: Central Intelligence Agency.
C.N.R.D. : le Conseil National de Résistance pour
la Démocratie.
D.M.I.: Departement of Military Intelligency.
E.I.C.: Etat Indépendant du Congo.
F.A.Z.: Forces Armées Zaïroises.
F.N.L.C.: Front
Populaire pour la Révolution.
M.R.Z. : Mouvement Révolutionnaire National de
Liberation de Cabinda.
F.A.R.:Forces Armées Rwandaises.
F.P.R.: Front Patriotique Rwandais.
F.M.I.: Fonds Monétaire International.
M.L.C.: Mouvement de Libération du Congo.
M.O.N.U.C.: Mission de l'Organisation des Nations Unies en RD
Congo.
M.P.L.A. : Mouvement Populaire pour la Libération
d'Angola.
M.P.R.:Mouvement du Zaïre.
O.KI.MO.: Office des Mines d'Or de Kilo-Moto.
O.P.E.P.: Organisation des Pays Exportateurs de
Pétrole.
O.N.G. : Organisation Non Gouvernementale.
O.N.U.: Organisation des Nations Unies.
P.R.P. : Parti Révolutionnaire du Peuple.
R.D.C. : République Démocratique du
Congo.
S.A.D.C.: Communauté de Développement de
l'Afrique Australe.
SONANGOL : Société Nationale des hydrocarbures
en Angola.
U.N.I.T.A. : Union Nationale pour l'Indépendance
Totale d'Angola.
U.R.S.S. : Unions des Républiques Socialistes
Soviétiques.
U.S.A.: United States of America.
I. INTRODUCTION
Section I. OBJET ET INTERET ET NATURE DU TRAVAIL
§1. L'objet de notre travail
La République Démocratique du Congo traverse la
période des guerres, des rébellions depuis 1996. Cette situation
ne pourrait naturellement laisser indifférente n'importe quelle personne
qui s'intéresserait à ce pays de l'Afrique centrale en
général et des congolais en particulier. La situation remonte
depuis le génocide Rwandais de 1994. Ce génocide a directement
impliqué la République Démocratique du Congo car il y a eu
des Rwandais qui se sont réfugiés sur son territoire national.
Les témoins de ces événements et acteurs
actifs ou passifs, la question qui s'est posée immédiatement
à nous fut celle de savoir pourquoi la RDC est versée dans ce
cycle de conflits armés dévastateurs ; ce qui a crée
la rupture de la paix entre les congolais et leurs voisins de l'Est. Pourquoi
les congolais, durant cette dernière décennie, ne peuvent-ils
plus vivre en paix entre eux et avec certains de leurs voisins ? Ce
questionnement constitue un sujet intéressant de réflexion sur
cette situation régionale. Tel est le but de cette étude. Il
s'agit d'aborder les relations entre la République Démocratique
du Congo et ses voisins.
A cet effet, notre première rencontre avec le directeur
de ce travail a eu lieu au bâtiment de la Faculté des Sciences
Sociales et Administratives de l'Université de Kinshasa. Il s'agit du
professeur Eugène BANYAKU LUAPE, chargé de cours de la Sociologie
des conflits en Relations Internationales à la Chaire Unesco de
l'Université de Kinshasa.
Dans son cours, le professeur
affirme : « C'est sur base de la géopolitique que
s'opère le choix des actions et des objectifs politiques et militaires
qui constituent ce qu'on appelle communément la
géostratégie. Le concept géostratégie est tout
simplement une dérivation pratique de celui de géopolitique
en ce qu'il porte sur l'étude des moyens d'action et des anticipations
pour la prévention sécuritaire ou la protection des
intérêts à travers les espaces géographiques. La
grande caractéristique de la géostratégie est la poursuite
des objectifs politiques, économiques et militaires, laquelle vise
généralement l'extension des champs d'influence, de
contrôle ou de domination c'est-à-dire l'extension de la puissance
en dehors du territoire national grâce à une grande
capacité d'intervention militaire ou aux différentes formes
d'alliances stratégiques».1(*)
§2. L'intérêt de cette analyse
La République Démocratique du Congo constitue
l'un des objectifs majeurs, l'une des priorités de la politique
étrangère des Grandes Puissances. Un simple examen de la carte de
la RDC suffit de démontrer l'importance géopolitique du
pays : à l'Est, il fait partie de l'Afrique des Grands Lacs et est
touché par les conflits ethniques du Rwanda et du Burundi. Au Nord, il
est voisin de l'Ouganda et du Soudan, pays de la colonie britannique et la
République Centrafrique, eux aussi régulièrement
déchirés par des problèmes ethniques. L'essai de
compréhension de ces conflits dans la région est l'un des
intérêts de ce travail.
En Afrique centrale, la RDC offre de potentialités
d'une puissance régionale qui partage les frontières avec neuf
pays et offre de vastes zones de gisements de minerais stratégiques. En
Afrique Centrale, elle est une puissance régionale qui touche au
precarré français, mosaïque de pays plus exigus et plus
dépourvus. Mais c'est surtout avec l'Afrique australe que la RDC est
impliquée : les gisements de cuivre s'étendent dans une
vaste zone à cheval sur la Zambie et le Katanga les voies les plus
naturelles pour l'écoulement par l'Angola et l'Afrique du Sud.2(*)
Comment un pays aussi richement doté que la RDC qui sur
le plan des ressources naturelles comme des talents de ses habitants, se
retrouve 48 ans après l'indépendance dans une situation de
désordre institutionnel et de misère très
prononcée. La volonté de comprendre et de décrire cette
situation est l'une de motivation de ce travail.
Par ailleurs, « Pendant les temps mémoriaux,
désormais, de la guerre froide, la RDC alors la République du
Zaïre a joué dans le cadre de la stratégie mondiale de la
superpuissance mondiale américaine, un rôle stratégique de
premier plan en Afrique centrale.[...] A ce titre ce qui lui est arrivé
depuis la fin de guerre froide, et le destin qui serait aujourd'hui le sien
devrait à mon sens présenter un réel intérêt
scientifique ou académique pour tous ceux qui s'intéressent
à la géopolitique mondiale. En plus, ce n'est pas moins curieux
de savoir comment s'effectuent des mutations
géostratégiques ? Comment une puissance régionale
peut perdre ce statut ou ce rôle, et surtout, comment la
Communauté des Nations peut-elle oeuvrer à construire une
géostratégie régionale, la prise en charge des
intérêts géopolitiques régionales, la prise en
charge des intérêts géopolitiques des Etats par les
Organisations Internationales.3(*)
La situation de la République Démocratique du
Congo remonte dès l'origine de sa création par le roi
Léopold II. Il a dû négocier avec les grandes puissances de
l'époque pour avoir ce grand territoire scandaleusement riche au coeur
de l'Afrique. Cette négociation a donné aux autres puissances le
droit de regard sur la RDC. Puis le roi Léopold II cédera le
Congo au royaume de Belgique qui deviendra le Congo Belge. Dès lors la
RDC a toujours été l'objet de la convoitise de Grandes Puissances
occidentales. Cela se justifie d'abord par sa position géographique
stratégique, la République Démocratique du Congo, avec sa
superficie de 2 345 000 mille Km², occupe le centre de l'Afrique.
Puis cet immense territoire est une grande réserve potentielle des
matières premières.
Depuis son accession à l'indépendance le 30 juin
1960, le pays a été et reste sujet de la sphère
d'influence des grandes puissances occidentales. C'est dans cette optique qu'il
faut comprendre le choix d'un président allié avec mission de
protéger les intérêts pour lesquels il est mis et soutenu
à la tête de la RDC. Ainsi, se succéderont à la
tête de la RDC les présidents suivants : Joseph Kasa-vubu,
Joseph Désiré Mobutu, Laurent Désiré Kabila et
Joseph Kabila. Si cette sphère d'influence constituait l'une des
priorités de puissances occidentales, c'était en pleine guerre
froide où les Etats Unis et leurs alliés devaient protéger
leurs intérêts en Afrique contre l'Union des Républiques
Socialistes et Soviétiques ainsi que ses alliés.
Le cadre temporel est aussi important pour notre travail. La
chute de l'U.R.S.S. au profit des Etats Unis et leurs alliés a
changé la configuration actuelle du monde ; leur politique
étrangère également a changé. Le soutien entre
autre des dictateurs africains, placés pour protéger leurs
intérêts, devient anachronique ; le temps est à la
démocratie. Le changement d'attitude à l'égard du
Zaïre a subi un coup dur, le président Mobutu n'étant plus
le collaborateur indispensable. D'où la recherche d'un substitut valable
et fidèle à sa place.
Le départ du Président Mobutu comme l'un des
acteurs essentiels en Afrique Centrale pendant la guerre froide et la perte de
son influence sur la région imposèrent une nouvelle configuration
de l'Afrique centrale. Cette nouvelle configuration est à la base de
l'émergence et la montée en puissance des nouveaux acteurs sur la
scène. Nous citons spécialement le Burundi, le Rwanda et
l'Ouganda qui sont nourris de prétention de devenir de nouveaux
maîtres de la région avec une grande influence sur la RDC. Jouant
de leur influence, ces pays ont imposé par la guerre la substitution du
président Mobutu par Laurent Désiré Kabila.
Si notre réflexion cherche essentiellement à
comprendre la situation de la République Démocratique du Congo
dans un grand jeu entre ses voisins et les grandes puissances, il ne faudra
bien entendu pas négliger quelques autres acteurs d'importance non
négligeable: les sociétés multinationales (à la
recherche des matières premières) et les rebelles
instrumentalisés. En effet, vouloir comprendre la situation actuelle de
la RDC sans ses acteurs serait mettre un voile sur un tel travail.
L'assassinat du Président Laurent Désiré
Kabila n'est pas un fait fortuit. En effet, le président Laurent
Désiré Kabila était celui qui devrait remplacer et jouer
valablement le rôle qu'avait joué le président Mobutu.
Arrivé à Kinshasa à la tête de l'Alliance des Forces
Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre (l'AFDL)
comme Président de la République, l'imprévisible L.D.
Kabila s'est montré nationaliste : le refus de répondre aux
exigences de ses alliés a agacé ces derniers pour servir le
Congo. Ainsi, signa-t-il son arrêt de mort. Une nouvelle rébellion
déclenchée par ses alliés d'hier le 2 août 1998
contre le régime de Kinshasa jusqu'à l'assassinat du
président. Il sera remplacé par son fils Joseph KABILA. Celui-ci
pourra-t-il convaincre les maîtres de ce monde à la tête de
la RDC ; notamment la Belgique, les Etats-Unis et la France ?
Nous estimons que cette analyse susmentionnée souligne
à suffisance l'intérêt de notre étude. D'où
notre souci de porter à notre manière une autre clef de la
lecture de ces conflits dont nous, les contemporains, avons tous
étés et sommes encore témoins. Que nous comprenions les
enjeux de ces conflits pour chercher voies et moyens de retrouver une paix
durable en vue du développement de notre pays en particulier et de
l'Afrique centrale en général.
§3. La nature de ce travail
Notre travail cherche à comprendre les enjeux des
guerres qui déchirent la RDC en particulier. Cette compréhension
serait la voie et le moyen d'une paix durable pour la RDC et pour l'Afrique
centrale. Il convient de rappeler que depuis que ces conflits existent, la
plupart de voies et moyens mis en place pour une solution durable dans des
conférences et forums internationaux ne donnent pas encore le
résultat escompté. La voie de propositions reste ouverte à
tous.
En effet, les peuples de l'Afrique vivaient ensemble. Il y
avait des Royaumes avec des peuples qui collaboraient, mais que la
Conférence des Berlin a divisés. Notre souci n'est nullement de
réveiller le démon des conflits des frontières issues de
cette Conférence, mais de rappeler que tout au long des
frontières, de part et d'autre, il y a des mêmes ethnies, des
tribus qui ont été séparées par le fait même
opposés. Il y a possibilité de leur recréer cet
environnement originel afin de vivre de nouveau ensemble. Ce qui constituerait
un élément essentiel pour la recherche de la paix entre les pays
de la région. Ce qui nous conduirait à découvrir qu'il y
a, au-delà des frontières héritées de la
colonisation, certaines identités culturelles comme fondement d'une
bonne intégration régionale. Cette intégration serait
aussi un gage de la paix et du développement pour la RDC et ses
voisins.
Section II. DELIMITATION, DIFFICULTES ET MÉTHODE DE
TRAVAIL
§1. Délimitation
La motivation de notre travail est la recherche des causes
réelles des conflits entre la République Démocratique du
Congo et ses voisins en vue de proposer une solution adéquate. Comme
matière, elle est vaste et complexe car il faudrait étudier
chacun de ces pays : géographie, histoire, sociologie... pour la
meilleure compréhension. Nous tâcherons, tant soit peu, de nous
attacher à l'essentiel.
A cause des insuffisances et des limites de connaissance pour
chacun de ces pays, le mieux aurait été d'aller en visite des
recherches dans chacun des pays concernés. Mais beaucoup de contraintes
actuelles ne nous ont pas permis d'effectuer une telle visite. Par
conséquent nous nous contenterons d'exploiter des possibilités
directement à notre disposition.
§2. Méthode et procédés de
travail
La démarche que nous allons adopter pour y parvenir
est de type analytique, c'est-à-dire l'analyse des faits conflictuels,
des acteurs de ces conflits, des réalités de chacun de neuf pays
voisins impliqués d'une ou d'une autre manière dans les conflits
qui déchirent la République Démocratique du Congo. Notre
analyse est aussi historique. La lecture des faits historique nous pousse
à éclairer notre présent et afin de comprendre ainsi notre
avenir et ainsi ce que chacun de ces pays présente dans les enjeux
géopolitiques de l'Afrique centrale.
Partant de l'effort de comprendre les années de guerres
qui ont secoué l'Afrique centrale et des propositions de paix pour la
RDC et ses voisins ainsi que leurs conséquences régionales, nous
nous proposons de mener notre réflexion en quatre chapitres.
Le premier chapitre est l'analyse de la particularité
de la RDC en Afrique centrale. La RDC est entourée de neuf voisins.
L'étude des rapports entretenus entre la RDC et ses voisins nous impose
l'étude de chacun de ces voisins. Cette période est la
genèse de la stratégie diplomatique des grandes puissances en
RDC. En effet, la situation que la RDC connaît remonte à cette
période car elle est une potentielle considérable en
matières premières. Toutes les stratégies de
l'époque consistaient à créer une zone d'influence pour le
contrôle de la région sous la politique de la guerre froide.
Le deuxième chapitre permettra d'évaluer
l'indépendance de la RDC comme étant un événement
de grande importance pour son avenir. Tout part de cette indépendance le
30 juin 1960. En effet, en pleine guerre froide le Congo se présente
comme un enjeu de grandes compétitions entre les Etats Unis et
l'U.R.S.S. Le choix de Joseph Désiré Mobutu comme
stratégie de la main mise sur le Congo ne fut pas un fait du hasard.
Pendant trois décennies à la tête du Congo, la fin de la
guerre froide coïncide curieusement avec la fin de Mobutu. Il faut un
substitut à Mobutu.
Le troisième chapitre tentera de comprendre la
situation de la RDC après la guerre froide. Une nouvelle configuration
du monde avec les Etats Unis et leurs alliés comme seuls maîtres
du monde a vu le jour. Le contrôle de la RDC nécessitait un
président fort capable de jouer son rôle d'allié selon la
volonté de ses alliés, d'où l'apparition de Laurent
Désiré Kabila avec l'AFDL. Mais le non respect des clauses des
alliés par L. D. Kabila comme président de la RDC a conduit
à la deuxième rébellion. Le président L. D. Kabila
assassiné, son fils Joseph Kabila lui succédera.
Enfin, le dernier chapitre suggère les pistes de
solution pour une paix durable. L'analyse de toutes les situations qu'a
traversé la RDC nous permet de comprendre comment les Congolais
eux-mêmes perçoivent et accueillent toutes ces situations. Etant
les premiers concernés, n'ont-ils pas un mot à dire ? Toutes
recherches de solution de paix avec de différents accords pour la
construction de la paix en RDC ont été possibles sous le
règne du président Joseph Kabila. D'autres propositions pour la
consolidation également de la paix dans la région n'ont pas
été ignorées.
CHAPITRE PREMIER : LA POSITION GEOSTRATEGIQUE DE LA
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO
Section I. APPROCHE CONCEPTUELLE
L'approche conceptuelle est une démarche par laquelle
nous tâcherons de cerner le sujet de notre recherche. Notre travail
traite de la géostratégie qui dérive de la
géopolitique. Il y a corrélation entre la géopolitique,
la géostratégie et la géoéconomie. Ainsi,
devons-nous définir chacun de ces concepts afin de bien
appréhender l'évolution du travail.
§1. La géopolitique
Dans une analyse de la géopolitique, Yves Lacoste donne
la définition suivante: la géopolitique
est« l'analyse des rivalités de pouvoirs pour des
territoires ».4(*)
Cette définition donne à la géopolitique le statut des
stratégies politiques d'occupation des espaces, rivalités de
pouvoirs sur et pour des territoires. Ainsi, pour qu'il y ait la
géopolitique, il faut qu'il y ait des acteurs et ces acteurs sont des
protagonistes.
En analysant les conflits de la région des Grands Lacs
à la lumière de la définition de Yves Lacoste, Mwayila
Tshiyembe complète en affirmant que la géopolitique
est une méthode ou un outil analytique des rivalités de pouvoirs
étatiques et non étatiques, opposant les acteurs internes et
externes, sur un espace géographique déterminé en vue de
maintenir ou de modifier le rapport des forces en présence(population,
territoire, système politique, ressources, religion, culture, etc.), par
la force ou par la négociation, selon leurs représentations du
monde(idéologies, imaginaires collectifs).5(*)
De cette définition, la géopolitique se comprend
essentiellement comme domaine de conflictualité. Les conflits entre les
acteurs car « pour qu'il y ait géopolitique, il faut qu'il y
ait des acteurs. Parmi les plus importants, il y a les Etats ou constructions
politiques nourrissant les ambitions et redoutant les menaces. Viennent ensuite
les organisations internationales, les organisations non gouvernementales
(ONG), les entreprises multinationales, les groupes et les
individus ».6(*)
Chacun des acteurs se nourrit des ambitions de la promotion de ses
intérêts vitaux. En ce sens, la géopolitique prend en
compte la dimension politique, au sens large du terme, des territoires et des
activités qui s'y développent.
Dans un article, Yves Lacoste ajoute que les démarches
géopolitiques, non seulement prennent bien davantage en compte ces
caractères géographiques et n'invoquent l'histoire que pour
justifier des positions ou des revendications territoriales.7(*)
§2. La géostratégie
La géostratégie concerne l'ensemble de la terre,
des espaces suffisamment vastes pour qu'il y ait une importance mondiale. Les
géostratégies se référent à des
configurations géographiques très particulières de la
terre et des mers qu'il est important de contrôler(ou tout au moins
d'éviter que l'adversaire ne le contrôle) pour conserver de
l'influence sur un beaucoup plus vaste espace.8(*) Ainsi, tous les espaces convoités dans le monde
par les grandes puissances constituent des enjeux
géostratégiques. C'est dans ce sens que la RDC constitue un enjeu
géostratégique, un objectif de contrôle des grandes
puissances à cause de ses potentialités naturelles.
De cette définition on comprend pourquoi tout espace
géostratégique constitue un espace des conflits potentiels. Les
acteurs se rivalisent pour y maintenir leurs influences. D'ailleurs, le
concept géostratégie est tout simplement une dérivation
pratique de celui de géopolitique en ce qu'il porte sur l'étude
des moyens d'action et des anticipations pour la prévention
sécuritaire ou la protection des intérêts à travers
les espaces géographiques.
La géostratégie souligne l'importance, dans
certains rapports de forces, de données géographiques qui sont
alors considérées comme des enjeux majeurs et ce, pour des
périodes de temps particulièrement longues. C'est parce que tel
passage, tel gisement ou tel espace ethnique présente un exceptionnel
intérêt aux yeux des puissances rivales que celles-ci, et surtout
l'une d'entre elles, soit pour assurer le contrôle durable ou la
possession de ce territoire, soit pour y contrer une influence adverse.9(*)
La grande caractéristique de la
géostratégie est la poursuite des objectifs politiques,
économiques et militaires, laquelle vise généralement
l'extension des champs d'influence, de contrôle ou de domination
c'est-à-dire l'extension de la puissance en dehors du territoire
national, grâce à une grande capacité d'intervention
militaire ou aux différentes formes d'alliances
stratégiques.10(*)
La géostratégie comme la géopolitique intègre la
guerre mais ne s'y limite pas.
En outre, la géostratégie fonde sur le
réalisme qui enseigne qu'entre les nations, il ne faut jamais exclure
totalement la possibilité de guerre ou de conflit. Lorsque se produit
l'irréparable, un Etat doit, à travers la géopolitique (en
amont) et la géostratégie (pendant), être en mesure de
faire face aux exigences de sauvegarder ses intérêts.11(*)
§3. La géoéconomie
La géoéconomie se fonde sur un constat des
capacités militaires des Etats. En effet, ayant constaté que les
capacités militaires des Etats-Unis ne constituent plus le principal
facteur de leur puissance au plan international, désormais la puissance
s'exerce en terme économique et financier. La géoéconomie
traite des rapports de la puissance et d'un espace théoriquement sans
frontière et elle s'intéresse surtout aux stratégies
financières et commerciales des Etats et des très grandes firmes.
Ces rapports ne sont pas seulement financiers, mais qu'ils sont encore
militaires pour une part décisive.12(*)La géoéconomie s'interroge sur les
relations entre puissance et espace, mais un espace « virtuel » ou
fluidifié au sens où ses limites bougent sans cesse,
c'est-à-dire donc un espace affranchi des frontières
territoriales et physiques caractéristiques de la
géopolitique.
À un niveau plus global, l'ouverture des
frontières et la libéralisation des échanges ont
favorisé l'apparition de firmes multinationales dotées de
stratégies véritablement planétaires. De leur
côté, les États se sont engagés aux
côtés de leurs entreprises nationales dans des politiques de
conquête de marchés extérieurs et de prise de
contrôle de secteurs d'activité considérés comme
stratégiques. Dans ce monde en train de devenir global, les
intérêts politiques des nations se soumettent à leurs
intérêts économiques. C'est ainsi que la
géoéconomie a engendré la mondialisation. Il s'agit de
l'avènement d'un nouvel ordre international où l'arme
économique remplace l'arme militaire comme instrument au service des
États dans leur volonté de puissance et d'affirmation sur la
scène internationale.13(*)
En d'autres termes, la théorie de la
géoéconomie se base sur la richesse. Elle est la version moderne
de la théorie de l'impossibilité, élaborée par le
réalisme. Elle exprime le pessimisme du réalisme sur
l'impossibilité où est placée l'humanité de
satisfaire ses besoins et souligne que la violence des relations
internationales trouve ses origines dans cette répartition
géographique inégale des ressources.14(*) Cette théorie explique
mieux les conflits que certaines parties du monde connaissent, surtout des
régions riches. La récente guerre d'Irak se justifie par
l'approvisionnement en pétrole des Etats Unis et Alliés.
A ce qui nous concerne directement, « nombre des
dirigeants et chercheurs justifient ainsi l'occupation de la République
Démocratique du Congo par l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi. Ils
soutiennent que ces deux pays font face à un besoin primordial de
survie, dictée par l'inégalité entre la croissance
démographique et la baisse des ressources disponibles.15(*)
La configuration de la région des Grands Lacs
mérite un approfondissement sérieux à cause ces conflits.
Les principaux acteurs et les pays directement concernés doivent
être analysés pour avoir une vue d'ensemble. Ainsi, allons-nous
feuilleter la RDC et chacun de ses voisins afin de comprendre le rôle
géopolitique de la RDC pour la région.
Section II. LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
ET SES
VOISINS16(*)
§1. La République Démocratique du
Congo
I. Système
politique
La République Démocratique du Congo, ancien
République du Zaïre sous le régime du Président
Mobutu avec capitale Kinshasa, a une superficie de 2 345 000 km²
et peuplée de 60 millions d'habitants. L'ancienne colonie belge est
devenue indépendante le 30 juin 1960. La RDC est un vaste pays de
l'Afrique centrale, troisième du continent par sa superficie
après le Soudan et l'Algérie, traversé par l'immense
fleuve Congo, le plus puissant du continent par le débit, long de
4 320 km, et pourvu d'un réseau hydrographique exceptionnel
à cause de sa position en cheval sur l'équateur.17(*) N'est-ce pas un
privilège particulier pour un pays d'avoir un grand et puissant fleuve
dont la source et l'embouchure demeure sur son propre territoire. Près
de la moitié du pays est couverte par la forêt dense
appelée la forêt équatoriale, deuxième après
l'Amazonie.
Le pays connaît des troubles politiques avec le courant
de la démocratisation depuis 1990. Le régime du Président
Mobutu avait été renversé par la rébellion de
l'AFDL conduit par Laurent Désiré Kabila qui deviendra le
Président du pays et rebaptisera le pays qui devient la RDC. Une
nouvelle rébellion est montée par les alliés de Laurent
Désiré Kabila membre de l'AFDL avec objectif son renversement. Le
Président sera assassiné et sera remplacé par son fils
Joseph Kabila. Celui-ci organise les élections qu'il gagnera. Il devient
ainsi le premier Président de la RDC élu démocratiquement.
II. Economie
La RDC est un pays potentiellement riche en matières
premières car ses ressources minérales sont considérables.
Ainsi le pays est appelé `'scandale géologique.''
Jusqu' à présent, « Le sous-sol congolais n'a pas
encore révélé tous ses secrets. Mais d'ores et
déjà, les experts estiment qu'il recèle 34 % des
réserves mondiales connues de cobalt et 10 % en ce qui concerne le
cuivre. Le pays dispose également d'énormes ressources d'uranium,
d'or, de diamant, de coltan et de minerais rares comme le germanium. A ce jour,
la RDC assure 67 % de la production mondiale de cobalt, 14,5 % de cuivre et
35,5 % de diamant. L'exploitation industrielle du fantastique magot
géologique congolais est appelé à
croître ».18(*)
Selon les études actuelles, bientôt le pays fera
partie des pays africains exportateurs du pétrole car son sous sol
possède des réserves considérables du pétrole. Il a
un débouché sur l'océan Atlantique sur son fleuve,
l'idéal pour un pays de devenir une grande puissance. Sa monnaie
nationale est le franc congolais.
III. Population et
religions
La RDC comprend plus de quarante ethnies, véritables
mosaïques culturelles. La langue officielle est le
français, avec quatre langues nationales : lingala, swahili,
kikongo et tshiluba. La préoccupation des congolais est son
développement.
La population du pays est majoritairement
chrétienne, 47 % pratiquent le catholicisme et 28 % le
protestantisme. La communauté musulmane est restreinte. Un habitant sur
cinq adhère à des croyances animistes. Les religions
syncrétiques (tel le kimbanguisme, regroupant 3 % de la population)
fusionnent d'éléments issus du christianisme et de croyances
traditionnelles19(*) sans
oublier les courants pentecôtistes appelés églises de
réveil.
§2. Les pays voisins de la RDC
Nous tenons à l'étude de chacun des neuf voisins
de la RDC pour nous permettre de les connaître davantage. Dans un article
intitulé `'Qu'est ce que la géopolitique'', Aymeric Chauprade
définit la géopolitique en ajoutant que les Etats restent des
acteurs majeurs des relations internationales et la géopolitique prend
en compte la géographie physique, identitaire, des ressources.20(*) En effet, la connaissance
historique et géographique des pays voisins de la RDC nous permettra de
comprendre que la RDC est réellement un pays stratégique par
rapport à ses voisins et dans l'Afrique centrale.
I. La République
d'Angola
251658240
A- Système politique
L'Angola a pour capitale Luanda, avec une superficie de
1 246 700 Km² et 11 millions d'habitants ; il fait partie
des pays d'Afrique australe. Ancienne colonie portugaise, l'Angola est devenu
indépendant depuis le 11 novembre 1975
Aux termes de la Constitution de 1975,
l'Angola est une république gouvernée par un parti unique, le
Mouvement Populaire de Libération de l'Angola (MPLA). Ce mouvement,
d'orientation marxiste, a été fondé en 1956. Le pays
était le satellite de l'URSS et des pays communistes pendant la guerre
froide. L'actuel Président Edouardo do Santos est un ancien marxiste.
L'une des victimes de la guerre froide, l'Angola est miné par plusieurs
années de guerres internes destructrices entre l'UNITA et le MPLA.
21(*)
Sur le plan idéologique, l'Angola était le pays
communiste-marxiste, bastion du communisme en Afrique. Ainsi, le régime
de Luanda était soutenu par l'URSS, le Cuba et la Chine. D'ailleurs il
représentait un ennemi permanent pour l'influence occidentale en Afrique
centrale. Durant la guerre froide l'Angola était en conflit permanent
avec la RDC car les deux pays représentaient successivement le
communisme et le capitalisme. L'une des raisons de soutien, par l'Occident, du
Président Mobutu comme bouclier contre l'Angola.
B- Economie
Malgré ses richesses agricoles, mais
surtout minières, l'Angola demeure un pays pauvre dont la
majorité des revenus provient de l'exploitation
pétrolière. Un pays maritime et pétrolier, membre de
l'OPEP depuis janvier 2007. Un pays tropical situé dans
l'hémisphère sud. Avec un climat tropical humide dans le nord,
tempéré sur le plateau central, subtropical dans le sud ;
désertique dans le sud-ouest. Son développement a
été entravé par le départ brutal des Portugais, par
la guerre civile et par une politique étatiste.
Etant un pays côtier, l'Angola est potentiellement mieux
placé pour devenir une grande puissance économique en Afrique
australe à cause de ses ressources naturelles. Une économie qui
possède pourtant des grands atouts grâce à ses ressources
minières, pétrole et diamant, le fer, le sel et des
forêts.22(*)
L'unité monétaire est, depuis 1994, le nouveau
kwanza.
C- Population et religions
Les Kongo, les Lunda, les Tchokwe, les Mbuda, sont les
principaux groupes ethniques. Les langues parlées sont le portugais
comme langue officielle et les autres langues vernaculaires kimbundu, kikongo.
La frontière avec la RDC est artificielle. Au début des
années 1990, près de 53 % des Angolais étaient
chrétiens (catholiques pour les deux tiers) ; le reste de la
population est animiste. Actuellement, on observe la présence des
pentecôtistes.
II. La République
de Burundi
A- Système politique
Le Burundi a pour capitale Bujumbura, ancienne colonie belge,
devenu indépendant depuis le 1er juillet 1962. Le pays couvre
une superficie de 27 834 km² et une population de 6 370 609
habitants. Sa frontière avec la RDC est naturelle, constituée du
lac Tanganyika et quelques le Rift valle
Le pays n'échappe pas non plus à l'une des
caractéristiques des pays de l'Afrique centrale où le coup
d'Etat constitue un mode d'accession au pouvoir. Apres plusieurs coups d'Etat,
le pays a un président élu démocratiquement en la personne
de Pierre Nkurunziza. Il est considéré comme l'un des pays
agresseurs de la RDC.
B- Economie
Un pays pauvre avec activité minière
très réduite. Elle est axée principalement sur le kaolin
et sur l'exploitation de petits gisements d'or et de minerai d'étain.
L'activité industrielle première est celle de la transformation
alimentaire, le pays cherchant à substituer la production nationale aux
importations.23(*)
L'unité monétaire est le franc du Burundi divisible
en 100 centimes
C- Population et religions
La population burundaise est composée des Tutsi, d'origine
nilotique, généralement pasteurs (25%), les Hutu, agriculteurs,
d'origine bantou (74%) et les Twa généralement chasseurs (1%).
Pays enclavé à la charnière de l'Afrique orientale et de
l'Afrique centrale, le Burundi possède après le Rwanda la plus
forte densité démographique continentale.24(*)
Les langues parlées sont le français, le kirundi et
le swahili. Les deux tiers des Burundais sont des chrétiens, le plus
souvent catholiques ; 20 % pratiquent la religion traditionnelle
animiste. Il existe également une minorité musulmane (2 % de
la population).
III. République
Centrafricaine
251659264
A- Système politique
La République Centrafrique a pour capitale Bangui,
ancienne colonie française, devenue indépendant depuis le 13
août 1960. Le pays a une superficie de 622 436 Km². Sa
frontière avec la RDC est entièrement naturelle constituée
des rivières Ubangi et Mbomu.
Le pays n'est pas non plus épargné des crises de
l'Afrique centrale : le coup d'Etat. L'actuel président
François Bozize, militaire est arrivé au pouvoir à la
tête d'une rébellion pour renverser le président
démocratiquement élu. Il se légitimera en organisant les
élections présidentielles.
B- Economie
L'économie centrafricaine repose sur
l'agriculture. Le pays pâtit de son enclavement et connaît un
développement très faible. Le pays bénéficie d'un
vaste réseau hydrographique alimenté par d'abondantes pluies
tropicales et couvert dans sa partie méridionale par une forêt
trop dense. Ce pays agricole dispose aussi des ressources diamantifères
et aurifères.
Cependant, son enclavement extrême, la
précarité des moyens de transport ainsi que
l'insécurité et les exportations clandestines d'or et de diamants
constituent de sérieuses entraves au développement
économique.25(*)
L'État centrafricain est dépendant de l'aide internationale, mais
les programmes mis en place par le Fonds Monétaire International (FMI)
et la Banque mondiale ont échoué.
L'unité monétaire est le franc CFA, divisible en
100 centimes.
C- Population et religions
La population est constituée des Banda, des Gboya, des
Saras, des Zande, des Pygmées, des
Ngbandi...Les animistes représentent environ 60 % de la
population, les chrétiens 35 % et les musulmans 5 %. Les
langues officielles sont le français et le sangho, langue
véhiculaire des Oubanguiens, parlée par la plupart des
Centrafricains
VI. La République du
Congo
A- Système politique
La République du Congo a pour capitale Brazzaville,
ancienne colonie française, devenu indépendant le 15 août
1960. Elle a une superficie de 342 000 km². L'actuel
Président, Denis Sassou Ngoueso, militaire, a accédé au
pouvoir par un coup d'Etat. Il a renversé le président
démocratiquement élu pour refaire des élections pour sa
légitimation.26(*)
Le Congo est un ancien pays communiste. Ce qui constituait l'objet de
méfiance de son voisin la RDC à son égard pendant la
guerre froide.
B- Economie
Le Congo exploite des bois dans la forêt
équatoriale, le pétrole, du minerai de cuivre, plomb, zinc et un
peu d'or. Sa position côtière avec le port de Pointe Noire
constitue un énorme avantage pour le commerce. Le Congo est doté
des grandes potentialités économiques.
Il partage les frontières naturelles avec la RDC par le
rivière Ubangi et le fleuve Congo. La pêche est effectuée
sur le Congo, l'Ubangi et l'océan Atlantique. Il est dompté d'un
grand port maritime sur l'océan Atlantique.
C- Population et religions
Le Congo compte une population de 3 millions d'habitants. La
population est constituée des ethnies Kongo, Téké, Mboche,
Maka...Les langues parlées sont le français, langue
officielle ; le lingala, le kikongo et le téké.
Le Congo est le pays du
syncrétisme en matière religieuse. Il compte le catholicisme
(50 % de la population totale) et le protestantisme (20 %) --
les sectes syncrétiques sont les plus répandues. La plus connue,
le kimbanguisme, a été le vecteur de la contestation de l'ordre
colonial. L'animisme et les religions traditionnelles n'en sont pas moins
pratiqués dans le Nord. L'islam est présent dans les
régions de savane et dans les grands centres urbains.27(*)
V. La République
d'Ouganda
A- Système politique
La République d'Ouganda a pour capitale Kampala,
ancienne colonie anglaise, membre de Commonwealth devenu indépendant
depuis le 09 octobre 1962. Avec une superficie de 236 000 Km².
L'Ouganda est un pays enclavé.
L'actuel président Yoweri Kaguta Museveni, militaire,
est arrivé au pouvoir par la rébellion soutenu par le
gouvernement tanzanien et les Tut. Le premier dans la région à
prendre le pouvoir par la rébellion. L'Ouganda n'a pas les moyens de
devenir une puissance régionale.28(*) Il partage la frontière naturelle et
artificielle avec la RDC. Il est parmi les pays agresseurs de la RDC.si du
Rwanda pour renverser son prédécesseur. Il organise les
élections pour sa légitimation
B- Economie
Son économie dépend presque exclusivement de
l'agriculture, et plus principalement de la production du café.29(*) Il exploite la pêche
dans les lac Victoria et le lac Albert. Les ressources minières sont
variées, mais peu importantes. Actuellement l'Ouganda a pour les
principaux clients et fournisseurs les Etats Unis, la Grande Bretagne.
L'unité monétaire est le shilling ougandais (divisible
en 100 cents), émis par la Bank of Uganda, fondée en
1966.30(*)
C- Population et religions
L'Ouganda compte une population de 27, 3 millions d'habitants
et reste un pays enclavé. La population est formée pour un tiers
de Nilotique et pour deux tiers des Bantou.
Près de la moitié de la population est
catholique et un tiers est protestant. Près de 15 % des Ougandais
sont animistes, 10 % de la population est musulmane, dont une importante
communauté indo-pakistanaise de différentes obédiences.
VI. La République du
Rwanda
A- Système politique
La République du Rwanda a pour capitale Kigali,
ancienne colonie belge, devenu indépendant depuis le 1er
juillet 1962. Avec une superficie de 2 640 km. Son Président,
Monsieur Paul Kagame, militaire, est arrivé au pouvoir à la
tête d'une rébellion pour renverser son
prédécesseur. Devenu vice président, puis président
et comme les autres, il s'est fait légitimé en organisant les
élections à sa faveur.31(*)
B- Economie
Le Rwanda est un pays enclavé, dépourvu de
ressources minières et pétrolières. Il n'a pas les moyens
de devenir une puissance régionale. Il partage la frontière
naturelle et artificielle avec la RDC. Son économie dépend
essentiellement de l'agriculture : café, thé.
La monnaie est le franc rwandais (divisible en
100 centimes), émis par la Banque nationale du Rwanda,
fondée en 1964.
C- Population et religions
Une population de 8, 44 millions d'habitants, composée
de deux ethnies principales les Hutu (84%) d'origine bantou,
agriculteurs ; les Tutsi (15%), nilotiques : les deux ethnies vivent
en antagonisme très prononcé jusqu'au génocide de
1994, puis et les pygmées d'une infime minorité. Le Rwanda est le
pays le plus densément peuplé d'Afrique. Les chrétiens
sont les plus nombreux (catholiques 65 %, protestants 9 %) ;
17 % de la population adhèrent à des croyances animistes,
9 % sont des musulmans.32(*)
VII. La République
du Soudan
A- Système politique
La République du Soudan, le plus vaste Etat d'Afrique
avec 2 505 000 Km.² Il a pour capitale Khartoum. Le Soudan
était sous la domination anglaise et égyptienne.Il a
accédé à son autdétermination en 1952.
B- Economie
Le Soudan produit du pétrole, or, chromite. Pays
désertique, l'agriculture se fait par irrigation sur les Nils.
Principaux produits : canne à sucre, sorgho, millet, arachides,
gomme arabique. Il partage la frontière artificielle avec la RDC.
L'actuel président Omar Hasan Al Bachir, militaire, est arrivé au
pouvoir par un coup d'Etat. Depuis 1992, le dinar soudanais,
divisible en 100 piastres, remplace l'ancienne livre soudanaise.
C- Population et religions
Avec une population de 40, 2 millions d'habitants, Le Soudan
est une mosaïque ethnique dont les frontières
héritées de la colonisation ne tiennent aucun compte des
réalités humaines. Il y a plus de 500 ethnies et plus de 100
langues et dialectes.33(*)
Il y a opposition entre la population arabe et musulmane avec arabe comme
langue au Nord et la population noire animiste et chrétienne au Sud.
En 1983, la charia, loi islamique, a
été imposée comme source du droit à l'ensemble du
pays. Si plus de 70 % de la population soudanaise appartiennent à
la communauté sunnite, 17 % sont animistes et 10 %
chrétiens. L'islam soudanais se caractérise par la
vénération d'un grand nombre de « saints »
locaux. L'adhésion à l'une ou l'autre croyance va de pair avec
l'appartenance à une culture et à une communauté
sociale.34(*)
251660288
VIII. La République
de Tanzanie
A- Système politique
La République de Tanzanie a pour capitale Dar es
Salaam, ancienne colonie anglaise, membre de Commonwealth, devenue
indépendante depuis le 09 décembre 1961. Avec une superficie de
940 000 Km.² La Tanzanie est l'un de rares pays voisins de la RDC
où les présidents sont élus démocratiquement. Elle
partage la frontière naturelle avec la RDC : lac Tanganyika.
L'actuel président est Jakaya Kikwete.
B- Economie
La Tanzanie est un pays côtier sur l'Océan Indien
où se trouve le port de Dar-es- Salam de grande importance. La Tanzanie
exploite de l'or, le diamant, l'étain et le phosphate de moindre
importance. L'agriculture est constituée du manioc, et sorgho.
L'unité monétaire, le shilling tanzanien, divisible en
100 cents, est émis par la Bank of Tanzania (fondée en
1966).
C- Population et religions
Avec une population de 36 766 356 habitants,la
population est composée des Nilotiques comme les Masai : pasteurs.
Les Bantou, Européens, Indiens et Arabes. A cause d'aridité, les
deux tiers du pays sont peu peuplés.
251661312
IX. La République de
Zambie
A- Système politique
La République de Zambie a pour capitale Lusaka,
ancienne colonie anglaise, membre de Commonwealth, devenue indépendante,
le 24 octobre 1964. Avec une superficie de 746 000 Km.², la Zambie
partage les frontières naturelles et artificielles avec la RDC. La
Zambie est un pays enclavé. Comme pays, elle n'a connu ni
rébellion, ni coups d'Etat et a des présidents élus
démocratiquement. L'actuel président élu
démocratiquement est Rupiah Banda.
B- Economie
La Zambie est particulièrement riche en
ressources minières. Ses sols, en revanche, sont pauvres et de mauvaise
qualité. La région de la Copperbelt qui s'étend de la
frontière avec la République démocratique du Congo au
centre-ouest du pays, renferme les plus importants gisements de cuivre et de
cobalt d'Afrique. Elle exploite la pêche dans les lacs et
rivières du Nord. Outre le cuivre et le cobalt, la Zambie exploite
également le plomb et le zinc.
C- Population et religions
Avec une population de 11 261 795 d'habitants, la
population zambienne est composée des Bemba, Logi, Kaonde et Tonga,
héritage du Royaume Lunda. La Zambie comprend plus de
70 communautés de langues bantoues.
Les trois quarts des Zambiens sont chrétiens,
principalement catholiques (50 % de la population totale). Un peu moins
d'un quart de la population est animiste. Les musulmans sont peu
nombreux.35(*)
CONCLUSION
Cette étude des voisins de la RDC nous permet de
connaître davantage chacun des pays concernés. C'est l'une des
voies pour saisir les relations, les alliances et les influences dans la
sphère de la géopolitique de l'Afrique centrale. Il est vrai que
quelques uns de ces pays sont devenus des acteurs majeurs dans les conflits de
l'Afrique centrale en général et de la RDC en particulier.
Cependant, la lecture de l'histoire de la région montre que ces pays ont
toujours cohabité avec des alliances.
La RDC a une histoire et la lecture de cette histoire est
l'une des clefs pour saisir la situation que ce pays traverse maintenant. La
RDC est une création du royaume de Belgique de la main de fer du roi
Léopold II. Mais comment s'est déroulée cette
création du Congo par le roi Léopold II ? Le chapitre
suivant cherchera d'y répondre.
CHAPITRE II. L'INDEPENDANCE DU CONGO ET SES RETOMBES
Section I. L'INDEPENDANCE
Les années 1960 constituent une période
déterminant dans l'histoire politique de beaucoup de pays africains.
Nombreux d'entre eux sont devenus indépendants. La RDC accède
alors à l'indépendance, à la souveraineté nationale
et internationale le 30 juin 1960. C'était alors en pleine guerre froide
entre l'Est et l'Ouest. Et comme conséquence, devenu indépendant,
chaque pays africain devrait appartenir à l'un des camps : soit
capitalistes c'est-à-dire bloc Ouest, soit communiste
c'est-à-dire bloc Est et cela par contrainte. La RDC s'est
retrouvé dans le camp capitaliste, donc du coté des Etats
Unis.
En effet, le sort de la RDC était scellé
dès son indépendance à cause de sa position
géostratégique. C'est ainsi que « du point de vue
géopolitique, le Congo a toujours été au centre des
préoccupations des grandes puissances. De la crise de
l'indépendance (1960) à la guerre du Shaba (1978), nous
retrouvons les mêmes préoccupations des grandes puissances :
celle du contrôle du Congo».36(*)
Une indépendance suivie du débâcle du
pays, de l'anarchie et une situation même voulue et entretenue, car
faisant partie de la stratégie du contrôle du Congo. Les
principaux acteurs sur le sort de la RDC étaient la Belgique comme
ancienne puissance coloniale, les Etats Unies et la France. Ces pays sont
restés et restent très influents pour l'orientation politique de
la RDC.
Section II. LA PLACE DE LA RDC POUR LA STRATEGIE
OCCIDENTALE
La situation du Congo comme pays convoité par les pays
étrangers doit être comprise dans sa globalité et dans le
cadre de la géostratégie car l'importance de ces
matières premières est fondamentale pour les économies de
nos partenaires du Nord. L'accès et le contrôle de ces gisements
sont l'une des raisons déterminantes de la présence des pays
occidentaux comme la Belgique, la France, les Etat Unis, etc., au Congo. C'est
dans ce cadre que le Congo est devenu un enjeu des puissances
étrangères en même temps qu'un enjeu géopolitique en
Afrique.37(*) A part ces
partenaires officiels, il y en a encore d'autres pays tels que l'Angleterre,
l'Allemagne, le Portugal...Ce qu'il faut rappeler ici est que le Congo est
l'oeuvre du roi Léopold II :« Chaque État moderne
a été créé et a sa propre histoire, ses fondateurs
et ses artisans.... En ce qui concerne le Congo, notre grand et beau pays, il
est l'oeuvre de Léopold II, roi des Belges. Qu'on l'aime ou pas, c'est
grâce au Roi des Belges que le Congo existe aujourd'hui en tant
qu'État moderne et en tant qu'une nation reconnue par tous les autres
États du monde [...] Le roi Léopold II s'est battu pour fixer les
frontières actuelles du Congo dans un contexte historique
particulièrement difficile. Comme on le voit, les Belges demeurent les
fondateurs et les premiers architectes de notre pays... »38(*)
Chacun de ces pays occidentaux, acteurs dans la
destinée de la RDC a joué un rôle historique pour la
création de la RDC. Nous tacherons de parcourir le rôle qu'a
joué chacune de ces puissances.
§1. Les Etats-Unis
Comme souligné à l'introduction, la Belgique
avec son statut de puissance coloniale de la RDC a toujours un mot à
dire sur ce pays parce que liée par l'histoire. Comment peut-on alors
comprendre que les Etats Unis s'intéressent toujours dans les affaires
de la RDC ? En effet, à la recherche d'une colonie comme les
puissances européennes de l'époque, Léopold II a dû
obtenir la confirmation que seule l'Afrique lui permettrait de réaliser
son rêve de mettre la main sur une colonie, et surtout sur un territoire
bien plus immense que la Belgique. L'Amérique n'offrait plus de terres
non revendiquées. En Asie non plus ; il ne restait aucun espace
vierge.39(*) C'est ainsi
que « Léopold II avait associé les Etats-Unis
à son entreprise, s'assurant les services d'un lobbyiste chargé
de convaincre l'opinion américaine des objectifs humanitaires de la
conquête du Congo »40(*). Les Etats Unis joueront un rôle important
permettant au roi Léopold II d'acquérir le Congo. D'ailleurs lors
de la négociation « dans sa lettre au président
américain de l'époque Cherster Alan Arthur, Léopold II
promettait que les citoyens américains seraient libres d'acheter des
terres au Congo et que les marchandises américaines seraient
exemptées là-bas de droits de douane.41(*) Le besoin ultime en
matière stratégique pour la course aux armements était
l'un des mobiles poussant les Etats Unis à ne plus perdre le Congo de
vue.
Dès lors, les Etats-Unis suivaient également
avec attention l'évolution du Congo, un pays pourvu de matières
premières qui s'étaient naguère
révélées vitales pour le monde libre : ce n'est qu'en
1942 lorsque les Etats Unis disposèrent de l'uranium du Katanga qu'ils
purent se lancer dans la course à l'armement atomique et distancer les
Allemands. Uranium, cobalt, vanadium, colombo-tantalite : aux yeux de
Washington, il était vital de garantir l'accès à ces
laitières premières stratégiques.42(*) Dès lors, ils auront
le droit de regard sur le Congo.
Ce droit de regard sur le Congo dont bénéficie
les Etats Unis leur permet de connaître ce pays à font et
découvrir le dessous de la carte du roi Léopold II : le
Congo est un scandale géologique. Etant une grande puissance mondiale,
cette situation est une faveur pour les Etats Unis. Elle permettra aux Etats
Unis d'avoir la mainmise sur les matières premières
congolaises censées assurer sa primauté en matière
d'armement nucléaire ainsi que la défense des autres
intérêts économiques américains face aux allemands,
aux russes.43(*)
§2. La France
Un autre acteur d'importance qui est toujours présent
dans l'histoire de la RDC est la France. Quand il s'agit de traiter les
problèmes de la RDC, les Etats Unis sont présents au coté
de la Belgique et la France ne doit pas rester à l'écart. Il est
important de connaître les raisons essentielles de cette troïka. En
effet, Collete Braeckman écrit à ce
propos : « au cours des négociations de la Table
ronde préparatoire à l'indépendance, le ministre
français des Affaires étrangères, Maurice Couve de
Murville, devait à la surprise générale, rappeler ce droit
de préférence (droit de préemption). La suggestion tourna
court, mais elle avait valeur d'avertissement : le sort du Congo ne
laisserait pas la France indifférente ».44(*) Lors de ces
négociations, « Léopold II conclut un accord identique
avec la France. Comme à Washington, Léopold II avait son homme
à Paris : Arthur Steven, un marchand d'art qui disposait des
relations. Ce dernier négocia directement avec le Président du
Conseil français, Jules Ferry, pendant que Léopold II versait un
confortable traitement mensuel à un rédacteur de l'influant
journal Le Temps afin d'assurer un flot d'articles favorables à ses
activités au Congo : Association Internationale au Congo (A.I.C.).
Les Français ne se sentaient menacés ni par la
minuscule Belgique ni par la vaste superficie des terres revendiquées
par Léopold II, mais ils craignaient que le jour où le roi
manquerait d'argent, et ils avaient la conviction que cela finirait par se
produire pour financer son onéreuse tentative de construire une voie
ferrée contournant les rapides, il ne vende le territoire entier
à leur principal rival colonial : l'Angleterre.45(*) La période était
celle d'une grande concurrence entre les grandes puissances de l'époque
pour la conquête des territoires.
C'est ainsi qu'en réponse à l'inquiétude
française, Léopold II offrit un remède. Si la France
respectait ses prétentions, il lui donnerait un droit de
préférence sur le Congo, ce que, de nos jours, les avocats en
matière de biens immobiliers appellent la préemption. Les
Français, soulagés, se hâtèrent d'accepter ;
persuadés que le projet de chemin de fer allait ruiner Léopold II
et qu'il devrait leur vendre le territoire, ils crurent conclure une excellente
affaire.46(*) La France a
aussi le droit de regard sur la RDC, une décision majeure sur la
politique de la RDC qui doit concerner également la France.
En outre, depuis 1960, le dessein français est
constant : élargir le précarré francophone, d'abord
aux ex-colonies belges, puis au reste de l'Afrique latine. La
coopération militaire est l'un des moyens mis au service de cette
stratégie. Les interventions militaires en Afrique ont permis à
la France de s'implanter dans cette région d'Afrique centrale et
orientale où elle fut absente durant la colonisation mais où, de
1978 à 1996, elle est devenue la puissance occidentale dominante,
réussissant durant deux décennies à supplanter l'ancienne
métropole belge.47(*)
Sachant que la Conférence de Berlin sera sous
l'arbitrage du plus célèbre homme d'État
Otto von Bismarck
chancelier de l'
Empire allemand,
Léopold II négocia d'avance avec lui pour la réussite de
son projet. C'est alors que « Bismarck se laissa persuader qu'il
valait mieux que le Congo aille au roi de la faible petite Belgique, et soit
ainsi ouvert aux négociants allemands plutôt qu'à la France
ou au Portugal, partisans du protectionnisme, ou à la puissante
Angleterre ». Et pour lui, la Conférence de Berlin, à
laquelle il ne participera pas, serait un accord supplémentaire de
resserrer sa mainmise sur le Congo ».48(*) Comme on le voit, les Allemands aussi sont
concernés par les problèmes du Congo.
En tant qu'une oeuvre humanitaire dénommée
Association Internationale au Congo, le roi Léopold II avait pour
visé la possession d'une grande terre et il fallait négocier pour
sa délimitation. « Que le tracé frontalier ait
été laborieux, cela est évident et il fallu toute
l'adresse d'un Léopold II pour y parvenir. Pour s'en convaincre, il
suffit de se rappeler la récupération de l'embouchure du fleuve
pour éviter que le nouvel Etat soit étouffé par l'absence
d'un débouché à la mer. Le Portugal, pour faire
prévaloir ses droits sur cette embouchure avait eu recours à la
protection de l'Angleterre lors du traité anglo-portugais du 26
février 1884 qui interdisait à toutes les puissances
l'accès à celle-ci. Comment contourner cet écueil ?
Léopold II s'employa d'abord à faire reconnaître
l'Association Internationale au Congo (A.I.C.) par la jeune grande puissance
des Etats Unis d'Amérique, ce qui fut fait en avril 1884. En suite il
offrit à la France le droit de préférence sur le
territoire congolais. L'Allemagne et l'Angleterre se retrouvèrent devant
un fait accompli. Pour ne pas avoir à affronter la domination
française dans le bassin du Congo, il fallait adopter les positions de
celle-ci et reconnaître l'A.I.C. Ce que fit l'Angleterre le 16
février 1884, le Portugal se retrouva isolé et fut bien
obligé de reconnaître ».49(*) L'A.I.C. garde son drapeau bleu avec étoile
d'or et par décret royal du 29 mai 1885, le roi Léopold II nomma
Etat Indépendant du Congo son nouveau pays, sous contrôle
privé.
Le Congo devenu sa propriété privée, le
roi Léopold II essaya d'organiser un échange -entre travailleurs
chinois pour le Congo et soldats congolais pour la Chine - qui lui permettrait
de mettre un pied militaire dans la partie, comme les autres puissances
occidentales manoeuvrant dans l'Asie du Sud-Est. Il acheta plusieurs parcelles
de terre en Chine au nom de l'Etat Indépendant du Congo
(E.I.C.).50(*) Si les
Chinois doivent arriver travailler pour la reconstruction du Congo, cela ne
devrait étonner aucun Congolais car cela remonte depuis même la
création du Congo du roi Léopold II. C'est seulement en 1908 que
le roi Léopold II cédera le Congo au royaume de Belgique.
Le noeud des problèmes que connaît la RDC remonte
à cette période, celle de sa création. Comme dirait un
médecin dès sa création, la RDC constitue en
elle-même le germe des conflits à gérer. Cela parce que
« si Léopold II parvint à s'emparer d'un territoire
aussi immense, c'est en grande partie parce que les autres pays crurent donner
leur accord à cette sorte de colonie internationale, sous les auspices
du roi des Belges bien évidemment, mais ouverte aux marchands de
l'Europe entière. Les participants de la Conférence de Berlin
s'entendirent surtout sur le fait qu'une grande partie de l'Afrique centrale
comprenant le territoire de Léopold II dans le bassin du Congo serait
une zone de libre commerce ».51(*)
Ainsi, la lecture de ces faits constitue la clef de
compréhension de la situation politique que la RDC a connue,
connaît et connaîtra encore. Dès lors la situation politique
de la RDC est restée au gré de vent de ces trois puissances
occidentales.
Naturellement l'une des questions à poser est de savoir
comment alors protéger ce genre d'intérêts aussi
stratégiques contre la convoitise des autres intrus. Sans oublier que
nous sommes en pleine guerre froide. La stratégie à monter
était l'appropriation de la RDC ; il s'agissait de trouver un
leader capable de régner sur le Congo une fois indépendant. Un
président docile, puissant et fidèle vis-à-vis de ses
maîtres occidentaux.
Section III. L'INDEPENDANCE DU CONGO
Le Congo devient indépendant le 30 juin 1960. Avec la
proclamation de son indépendance en présence de Baudouin Ier, roi
des Belges, le Congo sort enfin de la longue nuit coloniale. Le nouveau pouvoir
est déjà bicéphale : un chef de l'Etat aussi
madré qu'indéchiffrable, Joseph Kasa-vubu, et le Premier ministre
aussi charismatique qu'imprévisible, Patrice Lumumba.52(*) C'était la fête,
la joie de l'indépendance malheureusement qui ne durera pas
longtemps.
Cette indépendance laisse encore place à
beaucoup d'interrogations du type : « était-il le
chemin du bonheur pour les Congolais ? » La
légitimité de telles questions est fondée sur les
réalités telles que dès son indépendance le 30 juin
1960, sa politique en cette période fut marquée par une
ingérence non négligeable de l'étranger - en particulier,
l'ancienne métropole et les Etats Unis - dans les affaires internes du
Congo ».53(*)
Déjà le 5 juillet, une grave mutinerie
éclate dans le camp militaire de Mbanza-Ngungu et s'étend
à la capitale Kinshasa. Cette mutinerie avait pour cause une affaire de
solde et surtout l'encadrement belge maintenu sur place en vertu d'accords
bilatéraux : pour l'armée, avait eu l'imprudence de dire le
général Janssens qui la commande, l'indépendance
égale zéro.54(*) Pourquoi y avait-il eu cet accord ? La
protection des intérêts en place, la crainte de perdre le Congo.
L'homme du moment était Patrice Emery Lumumba, le premier ministre de
l'indépendance qui était soupçonné de travailler
contre les intérêts occidentaux ; ce qui lui avait
coûté la vie.
§1. Le destin tragique de Patrice Emery Lumumba
Dans cet imbroglio où le Président et son
Premier ministre se contredisaient, des recherches étaient en cours pour
trouver l'homme idéal répondant aux profils des Occidentaux pour
diriger le Congo. Parmi les critères, il ne fallait pas être
nationaliste à l'instar de Lumumba. En effet, Lumumba avec son
nationalisme, constituait un danger pour l'Occident ; il n'était
pas l'homme qu'il fallait à la direction du Congo. A ce sujet,
François Soudan ajoute : «Le 26 août 1960, Allen
Dullen, le directeur de la CIA en personne, répond à Larry
Devlin : ` Si Lumumba continue d'être aux affaires, le
résultat sera au mieux le chaos et au pire une prise du pouvoir à
terme par les communistes, avec des conséquences désastreuses
pour le prestige de l'ONU et les intérêts du monde libre. Son
départ doit donc être pour un objectif urgent et
prioritaire.55(*) Le Congo
était déjà l'un des fronts que se disputaient
l'impérialisme américain d'un coté, le mouvement
tiers-mondiste, soutenu par les Soviétiques, de l'autre.56(*)
Nous n'aurons pas à développer le cas Lumumba
en profondeur ; toutefois, selon les mêmes sources, une nouvelle
version sur sa mystérieuse mort se présente de la manière
suivante :
« Le 13 janvier 1961, le camp de Thysville (Mbanza
Ngungu) où est détenu Lumumba, entre en mutinerie. Très
vite, la CIA apprend que les soldats mécontents ont libéré
Lumumba et envisagent de se placer sous ses ordres. A Léopoldville, tout
le gouvernement est en proie à la panique sauf Mobutu et Nendaka qui,
après avoir réquisitionné Kasa-vubu et Bomboko, s'envolent
pour Thysville. Une nouvelle fois, le chef d'Etat-major fait face à ses
troupes, les retourne en sa faveur et ordonne que Lumumba soit de nouveau
arrêté. Ficelé, le héros de l'indépendance
est jeté dans un avion, direction Elisabethville (actuelle Lubumbashi),
la capitale de la Province sécessionniste du Katanga, où l'attend
Moise Tshombe, son ennemi juré. Le visage tuméfié,
Patrice Lumumba est aperçu le 17 janvier sur le tarmac de
l'aéroport. Il sera fusillé le même jour en compagnie de
deux de ses collaborateurs, en présence des ministres katangais ainsi
que de trois officiers d'un commissaire de police belge»57(*).
La lecture de cette citation expose avec clarté les
objectifs occidentaux sur le Congo indépendant. D'abord la mort
souhaitée de Patrice Lumumba. Depuis le premier gouvernement, Patrice
Lumumba s'est distingué comme un leader charismatique doublé
d'une popularité redoutable. De plus, il manifestait des idées
nationalistes sur le Congo, ce qui était suicidaire pour les
intérêts occidentaux. Ensuite, la lutte contre le
communisme ; le Congo ne passe pas dans le bloc communiste : nous
sommes alors en pleine guerre froide et les Américains ne reculent
devant aucune pression pour contrer leur cible. Ces considérations
faisaient partie des stratégies des Occidentaux en Afrique centrale avec
le Congo comme le point de mire. Lumumba éliminé, le
président Kasa-vubu reste à son poste.
§2. La manipulation comme stratégie
La politique coloniale en Afrique et même après
l'indépendance consiste à mettre à la place non pas
l'homme qu'il faut, mais plutôt l'homme de confiance. Ce qui joue
naturellement en défaveur de celui qui n'est pas l'homme de confiance.
Tel fut le cas de Patrice Lumumba.
La politique des agitateurs est appliquée pour la
première fois en RDC contre Lumumba à cause de son
idéologie politique. Le premier Ministre Patrice Lumumba était
populaire pendant l'indépendance. Alors que les maîtres du monde
ne le supportaient pas car il n'assurait pas leurs intérêts ;
ainsi il fallait saper son autorité. Pour réussir cette
stratégie, Devlin agit en sous-main : « Avec
l'aide des agitateurs recrutés pour l'occasion - dispose d'un budget de
100 000 dollars, somme considérable à l'époque -, le
chef d'antenne de la CIA organise des manifestations de rue anti-Lumumba qui,
dégénèrent.58(*)
Depuis l'indépendance jusque de nos jours, cette
méthode reste actuelle et efficace. La lecture politique de notre pays
prouve son efficacité. Déjà depuis les années de
l'indépendance, au Rwanda, au Burundi, au Congo, la Belgique et ses
alliés occidentaux préfèrent miser sur des
`modérés', supposés fidèles, soutenir,
politiquement et financièrement, des partis qu'ils ont
créés de toutes pièces, comme contrepoids aux formations
nationalistes.59(*) La
méthode sera utilisée contre tous les leaders politiques qui ne
répondent plus à l'estime des décideurs. Nous remarquons
souvent la présence d'une opposition puissante et intransigeante contre
le pouvoir légitime afin de l'affaiblir avec les slogans tels que
dictateur, antidémocratique... Ce qui est une méthode
appliquée par l'Occident afin d'asseoir son pouvoir et sa zone
d'influence par entremise des hommes de leur choix. Patrice Emery Lumumba en a
payé le prix. Il a fallu trouver un homme de leur confiance, c'est le
jeune colonel Joseph Désiré Mobutu qui répondait à
ce profil.
§3. Emergence de Joseph-Désiré Mobutu
Ce colonel à peine 30 ans, Joseph Désiré
Mobutu apparaît sur la cène politique du Congo. Il est vrai qu'il
était inconnu du public, mais l'homme n'est pas inconnu pour les
Américains. En effet, dans leur stratégie de mettre un homme de
confiance à la tête du Congo, l'Occident était à la
recherche de quelqu'un répondant à ce profil et surtout
écarter Lumumba de la scène politique congolaise. C'est ainsi que
le pouvoir colonial, avant l'indépendance déjà,
était à la recherche d'une solution alternative.
Ainsi, Alfred Cahen, jeune conseiller à l'ambassade de
Belgique, découvre un militaire congolais en stage à Bruxelles,
Joseph-Désiré Mobutu. Les Belges cultivent son amitié et
le présentent aux Américains, qui ont aussi envoyé des
agents de la CIA à prospection à Bruxelles.60(*) Ils le jugent
modéré, compétent et pro-occidental.61(*) Voila le modèle
d'homme de confiance des Occidentaux.
§4. L'enjeu d'un rendez-vous et le premier coup
d'Etat
Un soir de 1960, Mobutu lui-même prend un rendez-vous
avec le chef de la station de la CIA de Kinshasa. Il exprime son indignation
et sa vision du futur Congo à son
interlocuteur : « J'avais très envie de vous parler,
dit-il d'une voix claire. J'en ai assez de ces jeux politiciens ; ce n'est
pas comme cela que nous allons construire un Congo fort, indépendant et
démocratique. Et puis, les Soviétiques envahissent le pays.
Savez-vous qu'ils ont envoyé une délégation au camp Kokolo
pour enseigner le marxisme aux soldats et leur distribuer leur
propagande ? Ils prétendent que vous, les Occidentaux, pillez le
Congo alors qu'eux sont nos vrais amis. J'en ai parlé à Lumumba.
Il m'a répondu de me mêler de mes oignons. J'ai réuni mes
commandants de zones : tous sont d'accord avec moi. Alors, je vais
être clair. L'armée est prête à renverser Lumumba et
à mettre en place un gouvernement de transition composé des
techniciens. Puis-je considérer que les Etats Unis nous
soutiennent ? Vous engagez-vous à reconnaître ce
gouvernement ? ».62(*) Ce rendez-vous était un coup de maître
que vient de donner le colonel Mobutu.
Dans un espace de temps, soutenu par Justin Bomboko, agent de
la CIA, il donne sa vision politique et coïncide au profil que cherchaient
les Américains pour le Congo : pro-occidental par conséquent
anticommuniste. C'est ainsi que Mobutu passera par son premier coup d'Etat, le
14 septembre 1960 pendant lequel il arrête Patrice Emery-Lumumba :
ce qui répond au plan des Américains. Quant au sort du
Président Kasa-vubu, le colonel Mobutu le place en résidence
surveillée. Dans ce gouvernement, il reconduit Justin Bomboko dans sa
fonction de Ministre des affaires étrangères.
Immédiatement « les relations diplomatiques avec l'URSS, la
Chine et la Tchécoslovaquie sont rompues.63(*) Ce qui répond aux
attentes des Américains et des Belges.
Dans cette situation de crise de légitimité,
Mobutu sera protégé par les Américains face aux
communistes. D'ailleurs, il échappera à plusieurs tentatives
d'élimination physique. Mobutu pour sa confiance aux
Américains : «A trois reprises au moins, au cours des semaines
qui suivent le coup d'Etat, la CIA, mise au courant par l'un de ses
informateurs (un Européen) dans l'entourage du très lumumbiste
Pierre Mulele, permet à Mobutu de déjouer des tentatives
d'assassinats. Devlin lui-même paie de sa personne en neutralisant par
hasard un tueur alors qu'il rendait visite à son ami au camp Kokolo.
Cela crée des liens et le `Chief of Station' de la CIA ne cache pas son
admiration pour ce jeune colonel à la silhouette frêle, d'un
courage physique étonnant, capable de maîtriser une horde de
mutins déchaînés et menaçants par la seule magie de
son verbe et de son charisme. Et puis, Mobutu est bien entouré. Le
`groupe de Binza' dont il fait partie et qui le conseille, est composé
de personnalités `amies' de la CIA, voire carrément
recrutées : Justin Bomboko bien sûr, Cyrille Adoula et le
nouveau directeur de la sûreté, Victor Nendaka, un ex-bras droit
`retourné' de Lumumba.64(*)
Le premier coup d'Etat de Mobutu, dont le but était de
neutraliser Lumumba, se termine en faveur du Président Kasa-vubu
grâce à l'intervention des Etats Unis et de l'ONU. En effet, une
fois rétabli, le président Kasa-vubu, qui a du former, sur
injonction de l'ONU, un gouvernement d'union nationale avec participation des
lumumbistes, a placé à sa tête le candidat des
Américains, Cyrille Adoula, membre éminent du Groupe de
Binza.65(*) L'histoire se
répète. Après un trouble orchestré par les Grands
pour l'élimination de Lumumba, eux-mêmes imposent un gouvernement
d'union nationale où se positionnent des personnalités à
leur obédience.
§5. Le deuxième coup d'Etat
Dans la nuit du 24 au 25 novembre 1965, Mobutu fait un autre
coup d'Etat. Cette fois- ci pour rester aussi longtemps que possible,
protégé par l'Occident. Contrairement à ce qui a souvent
été dit, c'est donc sans l'aval explicite et le soutien de
Washington que Mobutu a pris le pouvoir la deuxième fois.66(*) Ce qui est vrai, Mobutu avait
beaucoup d'estime pour le chef de la CIA Larry Devlin. Or, le besoin de trouver
un allié idéal pour le Congo se posait impérieusement et
face à ce coup d'Etat, le choix du chef de la CIA était clair.
Par conséquent, Mobutu lui-même estime que
son heure a sonné et se fait nommer chef de l'Etat. Le pays était
détruit et qu'il fut forcé d'intervenir pour assurer sa
pacification. En réalité, le pouvoir central avait
déjà assis son autorité. Si Mobutu s'est
décidé à revenir à l'avant-scène,
c'était pour une autre raison, un agenda caché. C'est pour
enrayer un centrage opéré par le Président Kasa-vubu qui
entendait que son pays reprenne place au sein de l'Afrique non alignée,
alors que les Américains avaient au contraire choisi de faire du Congo
une tête de pont de la lutte anticommuniste.67(*) Comme disait un nationaliste,
être au service des intérêts étrangers au
détriment de siens que c'était le début du malheur du
Congo.
Avec le coup d'Etat de Mobutu, la CIA va, très
rapidement, monter dans le train en marche. Larry Devlin se précipite au
camp des putschistes, s'introduit dans le bureau de Mobutu et se fait remettre
la liste manuscrite du nouveau gouvernement. Il buffet deux noms et pousse un
soupir de soulagement en lisant ceux de Bomboko, Nendaka et Albert Ndele
(gouverneur de la Banque centrale) maintenus à leurs postes. Puis,
utilisant le téléphone personnel de Mobutu, il appelle son bureau
et dicte son rapport pour Langley. En plaçant la CIA devant le fait
accompli, le nouveau maître du Congo a réussi un coup de
maître : en pleine guerre froide, il venait de faire des
Américains les prisonniers de son propre destin.68(*) Désormais un mariage
indissoluble entre Mobutu et la CIA est contracté. Entre Mobutu et la
CIA, c'est désormais à la vie à la mort, dans tous les
sens du terme. Très vite, les amis Américains se substituent aux
relations belges du jeune colonel. Pour la Belgique la solidarité avec
les Américains est automatique : elle définit presque
consubstantiellement la politique extérieure de la Belgique.69(*) Ainsi s'est
réalisé l'avenir du Congo et de l'Afrique centrale et pourquoi
pas de l'Afrique en général.
Les années 1960 constituent la période de
décolonisation de l'Afrique ; ce processus se réalise en
pleine crise où le monde est divisé en deux blocs
représentés par les Etats-Unis d'une part et l'Union des
Républiques Socialistes et Soviétiques d'autre part. Ce conflit
est appelé la guerre froide et aura beaucoup influences sur les pays
africains.
Section IV. LA GUERRE FROIDE ET L'AFRIQUE CENTRALE
C'est désormais sous l'angle de la guerre
froide qu'il faut comprendre l'évolution politique du Congo depuis son
indépendance sous le régime du président Mobutu. Au nom de
la géopolitique de la guerre froide, le Président Mobutu
régnera sur ce pays stratégique pour servir les
intérêts capitalistes. En fait qu'est-ce que la guerre
froide ?
§1. La guerre froide
Cette partie retracera sommairement l'histoire de la guerre
froide en même temps son impact sur la situation politico-sociale de
l'Afrique noire. La guerre froide est l'une des clefs de la saisie de la
situation que connaît l'Afrique des Grands Lacs.
Guerre froide, qualificatif attribué à
l'état des relations entre les États-Unis et leurs alliés
et l'ensemble des nations sous contrôle de l'Union soviétique, aux
lendemains de la Seconde Guerre mondiale.70(*) Comme l'épithète, froide le
désigne, il n'y a pas eu d'affrontement direct entre les Etats-Unis et
l'Unions des Républiques Socialistes et Soviétiques ; aucune
lutte armée directe n'a eu lieu entre les deux Superpuissances.
Malgré l'absence de lutte armée directe entre les deux, leurs
relations économiques et diplomatiques ont été très
conflictuelles.
La relation entre les deux s'est traduite également par
une intense course aux armements tant conventionnels que nucléaires qui
ont débouché rapidement sur un équilibre de la terreur
ainsi que par une multiplication de conflits locaux où les deux blocs se
sont affrontés par pays alliés interposés.
Des intérêts divergents ont conduit les deux
groupes à une suspicion et à une hostilité de plus en plus
intenses, dans un climat de rivalité idéologique croissante. Le
monde fut divisé en deux blocs rivaux donnant ainsi naissance à
une course pour l'armement et engloutissant des milliers de dollars dans la
militarisation de chacun des deux camps. Pire encore, une course dans la
fabrication des armes nucléaires, atomiques et chimiques fut
déclenchée.71(*)
Les deux Superpuissances aussitôt s'engagèrent
dans la course de partage du monde tout en y recherchant des amis alliés
à travers le monde. Aux fins d'asseoir leur suprématie, elles
durent encourager et appuyer les mouvements de libération dans les
différentes colonies, formuler et financer les programmes de
développement, en accordant des capitaux et des technologies aux pays
sous développés.
Comme les anciennes puissances coloniales (Grande-Bretagne,
France, Belgique et Portugal) sont sorties de la deuxième guerre
mondiale affaiblies, sinon détruites, les Etats Unis ont eu peur que
l'URSS puisse profiter du vide ainsi laissé. Ainsi, ils se sont
coupés en trois pour encourager les mouvements de libération des
anciennes colonies en vue de combler le vide ainsi créé par la
deuxième guerre mondiale. C'était la politique de ``ôte-toi
de là que je m'y mette''.72(*)
Pour l'Afrique en général et la RDC en
particulier, la guerre froide a été également à la
base de l'instabilité politique et économique de l'Afrique noire
depuis les années 1960. Ainsi la détermination de chaque
Superpuissance de se créer une chasse gardée en Afrique noire ou
une zone tampon a été à la base des conflits armés
et coups d'Etat enregistrés dans cette partie du monde depuis
l'indépendance et qui sont l'oeuvre de l'Occident et du bloc
communiste.73(*)
Alors qu'un chef d'Etat à la tête de son pays est
le garant du territoire, de la population et de la souveraineté, tel
n'était pas le cas pendant la guerre froide. Tous les chefs d'Etat
étant marionnettes, la capacité et la compétence du leader
importaient peu comme son utilité à la population et à son
pays, son nationalisme, son engagement à son programme de
développement. Pour le décideur, seul la cause idéologique
comptait : soit le capitalisme, soit le communisme.
Ainsi, les Américains et le reste de l'Occident
appuyaient sans condition tout leader africain qui se prononçait contre
le communisme. Il était de même pour l'URSS et le reste du bloc
communiste qui supportaient tout leader africain prônant aveuglement le
socialisme.
§2. Les ambitions du
Président Mobutu
Mobutu devient président du Congo par le coup d'Etat du
24 novembre 1965. Malgré les contraintes de la guerre froide, le
Président Mobutu jouissait aussi de ses ambitions personnelles, de ses
prestiges en tant que chef de l'Etat. Dès son arrivée au pouvoir,
Mobutu met donc en place, avec ses différents alliés, des
méthodes qui le serviront jusqu'à la fin de sa
carrière : il met l'accent sur l'importance économique,
stratégique, géopolitique de son pays, et se présente
comme un garant face aux risques de chaos ou de dérapage. Surtout, il
développe un réseau d'amitiés avec des hommes qui, sans
apparaître au premier plan, joueront des rôles clés et en
seront dûment récompensés.74(*)
Assuré des soutiens de ses amis occidentaux dont il
défend les intérêts, Mobutu se nourrit des ambitions de
grands hommes d'Etat. Dans son article sur la politique étrangère
du Congo, Olivier Lanotte souligne : « Le Président
Mobutu avait l'ambition de devenir, à l'image de Patrice Lumumba dans
les années 1959-1960, leader numéro un de l'Afrique
subsaharienne75(*). La
réussite de cette ambition se fait d'abord par la solidification de son
pouvoir.
§3. Pouvoir nouveau,
pouvoir fort
Conscient de ce que représente son pouvoir, Mobutu
devait avoir un modèle dont les idées lui permettaient d'asseoir
son pouvoir : la lecture du `Le Prince' de Machiavel. Mobutu à son
début avait lu et a continué à le lire comme livre
d'inspiration : « [...] Mobutu lit et relit Le Prince de
Machiavel, son ouvrage favori ».76(*) En effet, la théorie politique de Machiavel
se base sur la conservation du pouvoir, cette théorie est fondée
sur la ruse du Prince.
Ainsi, parmi ses premiers objectifs, le Président
Mobutu va très vite s'attacher à se prémunir contre toute
menace d'entrave à sa liberté d'action en instaurant un
régime d'exception, procédure extra-constitutionnelle qui
échappe à tout contrôle et supprime l'ordre constitutionnel
sur lequel étaient fondées les institutions nationales, notamment
parlementaire.77(*)
Durant la guerre froide, la tension Est-Ouest
générait le clientélisme. Dans la majorité des cas,
l'ancien colonisateur jouait, après l'indépendance de ses
anciennes colonies, le rôle de tuteur relativement bienveillant.
Entraînant les cadres de son armée, formant ceux des
administrations d'Etat, protégeant les groupes dirigeants avec les quels
il a conclu un pacte d'alliance, l'ancien colonisateur était le garant
du maintien du jeune Etat indépendant dans la bonne sphère
d'influence.78(*)
Avec la bénédiction de ses alliés, Mobutu
consolide son pouvoir en vrai dictateur. Le 26 octobre 1966, prétextant
que la multiplicité des organes de décision, au niveau de
l'exécutif, est un facteur de lenteur et de lourdeur dans la tâche
de reconstruction nationale, tandis que le monocéphalisme de
l'exécutif sera mieux, à même de canaliser , de
stimuler et de bander les énergies afin de permettre au nouveau
régime d'atteindre des objectifs dans les délais fixés, le
Président Mobutu supprime la fonction du premier ministre et engage le
Congo dans la voie du système présidentiel pur.
La voie étant libre, sans résistance, le
Président Mobutu concentre alors tous les pouvoirs entre ses mains. Il
est Chef de l'Etat, Chef du gouvernement et ministre de la défense, et
conserve la direction de la Sûreté nationale.
Pour gouverner, désormais, il dispose d'un
secrétariat général, d'un Haut commissariat à
l'Information et d'un gouvernement où les ministres politiciens seront
rapidement remplacés par les jeunes technocrates dépourvus de
toute assise populaire et dont la loyauté lui est
assurée.79(*)
Dès lors, il faudrait monter une structure qui puisse
permettre au Président de mettre tous les Congolais à son pouvoir
afin de bien les contrôler. Il faudrait penser à créer un
parti politique unique. Ainsi, dernière étape de ce processus de
verrouillage des institutions congolaises est la création le 20 mai
1967 du parti unique, le Mouvement Populaire de la Révolution, qui
devient rapidement la doublure de l'Etat. Instrument de l'oppression populaire,
le M.P.R. deviendra un parti Etat jusqu'en 1990, à la fin de la guerre
froide.
Le 1er novembre 1970, le général
Mobutu qui vient d'avoir 40 ans, il organise les élections
présidentielles. Il est élu Président de la
République après avoir occupé le poste pendant cinq ans.
Il concentre alors tous les pouvoirs entre ses mains : Président du
M.P.R., et donc Président de droit de la République, Chef du
gouvernement et ministre de la Défense nationale.80(*) La conduite de la politique
étrangère du Congo demeure le domaine réservé du
Président avec comme conséquences : le gouvernement demeure
cantonné aux fonctions subalternes purement exécutives voire
symboliques. Ainsi tous les moyens sont à sa disposition pour servir les
intérêts de ses alliés et ses propres ambitions.
Ainsi, la géostratégie de la guerre froide
contribuait sans coup férir à l'instauration de l'autoritarisme
comme système politique en Afrique. Un système politique à
la solde de deux superpuissances, un frein pour le développement de
l'Afrique.
SectionV. L'AFRIQUE CENTRALE ET LA GEOSTRATEGIE :
PREMIERE SPECIFICITE DE LA
RDC
Transformé et modelé selon leur volonté,
le Président Mobutu est désormais l'homme qu'il faut pour les
Etats Unis et leurs alliés occidentaux. Il règnera autant que
possible sur le Congo avec une grande influence sur l'Afrique centrale. La
pérennité de Mobutu n'est pas seulement due au fait qu'il
représente pour les Etats Unis une garantie de stabilité, un
ancrage occidental au coeur de l'Afrique. Il est bien plus que cela : il
fait partie de la grande famille des services secrets et rendra au file des
années de signalés services à ses parrains.81(*)
§1. La deuxième République
A la lumière de ce qui précède, la RDC
représentait un rempart en Afrique centrale pour contrer
l'avancée communiste. Ainsi se justifiait sa politique
étrangère à l'égard de ses voisins. Quelle est
alors la visée de la politique étrangère d'un
Etat ? Par sa politique étrangère, l'Etat cherche
à répondre au comportement des autres acteurs internationaux et,
d'une manière plus générale, agir sur son environnement
pour conserver tel quel quand il lui est favorable et de le transformer quand
il lui parait défavorable [...] L'Etat cherche par le moyen de la
politique étrangère à, au moins, maintenir, et, au plus,
accroître ses capacités d'influence à l'extérieure
du territoire national.82(*)
La diplomatie de la RDC pendant la guerre froide consistait
à accroître le rayonnement des intérêts
impérialistes sur ses voisins : un pays fort sur tous les plans. En
effet : « Sur le plan des échanges diplomatiques
permanents, par sa position centrale, la RDC apparaît comme le centre
diplomatique principal des neuf Etats de l'Afrique centrale : Kinshasa est
d'ailleurs l'intermédiaire diplomatique d'un grand nombre de
représentation étrangère auprès des autres Etats de
la zone. Fier de sa grandeur, le Président Mobutu avait marqué
la diplomatie du pays en inaugurant une diplomatie extérieure
personnelle.83(*)
§2. Facteur des puissances la spécificité
du régime
D'ailleurs la conséquence logique de cette
diplomatie était au lieu de privilégier la diplomatie du
terrain, la RDC a dû recourir à la complaisance de la
proximité. Sur le plan militaire, la RDC était le pays
allié occidental le mieux équipé en Afrique centrale pour
faire face à l'Angola et aux menaces éventuelles du communisme.
De ce fait, les grandes puissances ont eu un mot à dire dans le cadre
des relations internationales de la RDC.84(*) Cette ingérence fondée sur la
diplomatie de la guerre froide a plus joué pour la grandeur du
Président Mobutu. La diplomatie congolaise a commencé à
perdre son élan et partant sa crédibilité d'autant plus
que les diplomates en poste ne défendaient pas les intérêts
du pays, mais servaient les caprices du Président Mobutu et
s'évertuaient à assurer la survie de son régime.85(*)
§3. L'anticommunisme et les enjeux occidentaux
I. L'anticommunisme
Depuis son indépendance, la RDC constituait un objet de
tiraillement : « victime de l'enjeu politique entre URSS et les
Etats Unis, la RDC a été constamment convoitée par chacune
des puissances qui chercheront à se créer des amitiés et
des inimitiés dans ce pays dès l'indépendance. Pour
Washington, la lutte contre le communisme au Congo était plus facile
à mener à partir de Kinshasa. Il ne fallait pas ainsi permettre
au Congo de se désintégrer en plusieurs petits Etats car il
serait plus difficile dans cette situation de garder tout dans un même
camp idéologique.86(*) Voilà le rôle que jouera le
Président Mobutu pendant trois décennies et l'unité du
Congo sera l'objet de son prestige durant tout son règne.
L'armée de la RDC devait être bien
équipée pour dissuader tous les pays voisins. Ainsi, beaucoup
d'unités de l'armée congolaise ont été
formées dans des grandes académies militaires occidentales et
étrangères. Pour marquer sa supériorité par rapport
à ses voisins, l'armée de Mobutu intervenait dans beaucoup de
pays voisins voire jusqu'au Tchad. La stabilité du Congo a reposé
sur l'instabilité organisée de ses voisins.
II. L'enjeu de relation
avec l'Angola
La relation entre la RDC et l'Angola était le prototype
des relations caractéristiques des pays africains pendant la guerre
froide : les deux voisins devinrent ennemis à cause de
l'idéologie occidentale. Pourtant avec une histoire commune, une culture
commune.
Dans le contexte de la guerre froide, au nom de socialisme
scientifique ou du libéralisme, les Africains en sont arrivés
à s'opposer les uns aux autres. L'Afrique noire qui était devenue
de facto un prolongement des Etats Unis et de l'URSS, était
divisée en deux camps selon les sources de l'aide militaire et
économique qu'un Etat recevait87(*). Le modèle concret était la RDC et
l'Angola.
L'Angola était soutenu par L'URSS et la RDC par les
Etats Unis. Ainsi, se justifiaient les incursions fréquentes de
l'armée de la RDC en Angola pour appuyer l'UNITA de Jonas Savimbi.
Celui-ci était le président du parti rebelle angolais soutenu par
les Américains contre le régime marxiste de Luanda. La base
militaire de l'Unita se trouvait en RDC. Jonas Savimbi trouvait appui à
Kinshasa pour lutter contre les Portugais, mais plus encore contre le MPLA,
soutenu par l'Union Soviétique.88(*)
Chaque président américain devait soutenir
Mobutu ; c'est pourquoi la croisade anticommuniste de Ronald Reagan fait
du Zaïre de Mobutu un bastion indispensable pour lutter contre la
présence des Cubains en Angola et affaiblir l'influence
soviétique en Afrique.89(*)
III. Evaluation des
facteurs de puissance
Comme les deux superpuissances avaient transformé
l'Afrique en leur champ de bataille, les attaques de la RDC contre l'Angola ne
devaient pas restées sans réplique. C'est ainsi que les
interventions répétées de la RDC dans les affaires
intérieures angolaises auront cependant ses revers : en 1977-1978,
elles entraînent deux invasions du Shaba.90(*)
Aussi, pour l'équilibre géopolitique de la
guerre froide, l'Angola entretenait des groupes rebelles hostiles au
régime mobutu ; c'était des anciens lumumbistes de
l'obédience communiste. La principale rébellion fut le F.N.L.C.
(Front National pour la Libération du Congo) de Nathanaël Mbumba.
En 1977-1978, leur attaque sur Kolwezi marque la dernière tentative de
renversement du régime de Mobutu par la lutte armée. Ces
opposants étaient persuadés du soutien au régime mobutu,
allié fidèle des occidentaux. Ainsi, lors de ces guerres de
Shaba, on a vu les armées étrangères venir à la
rescousse du régime : l'armée marocaine, française et
belge. Le soutien des Etats Unis se faisait plus par les moyens logistiques.
Colette Braeckman analyse cette période en
affirmant : « Si les interventions angolaises en RDC se
soldèrent par un désastre pour l'armée de Mobutu, les deux
invasions du Shaba, au départ de l'Angola, donnèrent aux
Occidentaux l'occasion de sauver le régime de Mobutu. A chaque fois,
Mobutu sut transformer sa défaite militaire en victoire
politique.91(*) Une
récupération pour son prestige personnel.
Durant tout ce temps, la guerre contre l'Angola donnera
à Mobutu l'occasion d'obliger ses alliés et de cueillir à
sa manière les fruits de la guerre froide. Mobutu s'est fait un grand
président sur le grand pays de l'Afrique centrale. Ce grand pays a
évité la balkanisation pour mieux combattre le communisme. Mobutu
récupérait la situation pour en faire une victoire
politique : le pacificateur du Congo, l'unificateur du grand Congo alors
que c'était le plan géostratégique des Occidentaux.
§4. La nouvelle donne régionale avec Mobutu
Comment ce pays potentiellement riche est-il resté sous
développé sous le régime mobutu ? Pour l'Afrique
noire qui était alors marquée par la mauvaise gouvernance, la
guerre froide a été une véritable malédiction dans
la mesure où la dynamique et la sociologie de la guerre froide eurent
des retombées plutôt négatives sur le développement
social, politique et économique de ce continent qui était
transformé en champ de bataille et en laboratoire
d'expérimentation.92(*)
I. L'apogée du
Président Mobutu : l'unité nationale
Parmi les fleurs jetées à Mobutu, il y a
l'unité des Congolais et l'intégrité territoriale. C'est
l'héritage du régime Mobutu laissé aux Congolais. La
région des Grands Lacs est entrée dans la zone de turbulence, il
y a une décennie maintenant. Les congolais font face aux nombreux
défis notamment celui de l'intégrité territoriale. En
effet, l'intégrité territoriale fait partie essentielle du
pouvoir et tous les régimes qui succèdent à Mobutu sont
confronté à ce défit. Comment peut-on alors comprendre
cela ?
La reconnaissance de cet acquis à Mobutu est
légitime, mais il faut voir cela dans le prisme de la
géopolitique de la guerre froide. Mobutu était un acteur
important pour l'équilibre de l'Afrique centrale. Avec l'influence de
l'Occident, la RDC comme bouclier contre le communisme et un territoire
regorgeant des minerais importants, ne devait pas constituer une zone de
turbulence au risque de tomber dans les mains de l'URSS. Ainsi, le
Président Mobutu durant tout son règne a profité de ce
privilège. Il était rassembleur, le vainqueur de la
rébellion muleliste-lumumbiste de 1964, la sécession
katangaise ; il a sauvé le pays de deux guerres du Shaba.
Cependant, quand il a plu à ses maîtres de
changer la destinée de la RDC, Mobutu était réduit
à son rôle d'un simple pion. Il s'était retrouvé
devant son incapacité de défendre l'intégrité de
son Zaïre tant aimé et d'assurer la sécurité des
Zaïrois. Ainsi, il chute en mai 1997, chassé de Kinshasa comme un
vagabond et meurt quatre mois plus tard en exil au Maroc. Depuis longtemps
déjà, l'Amérique et la CIA l'ont abandonné comme un
Kleenex usagé. Celui qui fut, en 1960, `the rightman at the rigfth place
and at the rigth time' était devenu obsolète après la fin
de la guerre froide. Pis, gênant93(*). Au mépris flagrant des droits de l'homme. Le
bâton de commandement était passé entre les mains de
Laurent Désiré Kabila. Pour prouver que la destinée de ce
pays leur dépend, ils ont propulsé, en un temps record, Laurent
Désiré Kabila à chasser Mobutu pour sept mois seulement.
Kabila à son tour en payera le prix.
Depuis l'indépendance du Congo, le pays est
resté dans la sphère des contraintes géopolitiques. A
l'indépendance c'était les contraintes de la guerre froide et le
Congo jouait le rôle du bouclier de l'Occidental contre le communisme. Ce
qui avait renforcé l'image du président Mobutu jusqu'à la
chute du mur de Berlin. Cette chute du mur de Berlin, symbole de la chute du
communisme, a changé le statut du monde. Les Etats Unis sont
restés le seul maître du monde. Le Congo perd son statut du
bouclier contre le communisme. Ce qui conditionne une nouvelle configuration du
monde par le fait même de la RDC.
II. Le régime Mobutu
et la Perestroïka
La géopolitique de la guerre froide avait
façonné le Président Mobutu pour sa cause. C'est ainsi que
la fin politique de Mobutu était liée à la
Perestroïka. La fin de la guerre froide a modifié la configuration
géopolitique du monde en général et de l'Afrique centrale
en particulier. Les Etats Unis se retrouvent seuls comme maître du monde.
Mais la RDC est toujours un enjeu géostratégique pour
l'Occident.
La chute du mur de Berlin a soufflé la
démocratie. Ce vent n'a épargné aucun pays africain. Les
présidents entretenus pendant la guerre froide, qui ont
régné en dictateur, sont contraints de se convertir en
démocrates, d'ajuster leurs tirs, d'abolir leurs Partis-Etats. Ceux-ci
s'étaient instaurés dans le cadre de la géopolitique
bipolaire, opposant le camp occidental patronnant les hommes forts comme le
maréchal Mobutu et le MPR au Zaïre, au camp oriental, protecteur du
président Neto et du MPLA, Parti du Travail en Angola.94(*) Coïncidence malheureuse
pour Mobutu malade. Le souci de maîtriser la RDC conduit les
Américains à vérifier la santé de Mobutu. Ainsi
« en septembre 1996, les services de renseignement des Etats Unis
ouvrent le dossier médical de Mobutu Sese Seko. Les médecins y
parviennent que le président du Zaïre n'a plus que deux
années à vivre parce qu'atteint d'un cancer de la prostate. Les
responsables du département Afrique au Pentagone se sont alors mis
à la recherche d'un nouvel homme fort pour
l'après-Mobutu ».95(*)
En effet, en RDC, il y a eu succession des
événements remarquables. La chute du Parti-Etat, le M.P.R. de
Mobutu et le processus de la démocratisation du pays. La guerre de la
libération du Rwanda, la mort du Président Juvénal
Habyarimana et l'arrivée du FPR au pouvoir ont eu pour
conséquences la fuite des Forces Armées Rwandaises, armées
vaincues et des milicesInterahamwe et les refugiés pour s'installer
à l'Est de la RDC.
Il convient de noter qu'à part ces
événements susmentionnés, les événements
d'ordre purement factice, il ne faut pas non plus oublier le rôle des
maîtres du monde. Ceux-ci qui ont fabriqué le Président
Mobutu pour régner trois décennies durant, ont profité de
ces événements de l'Est de la RDC pour changer les donnes
géopolitiques : trouver un remplaçant à la tête
de la RDC.
Pour Colette Braeckman, il y a aussi des erreurs que Mobutu
n'aurait pas pu commettre devant ses maîtres qui lui ont
coûté trop cher : « En outre, par
désintéressement ou inadvertance, le président Mobutu va
commettre deux erreurs qui achèveront de le condamner aux yeux des
américains. Il tolère que ses généraux, de
mèche avec les trafiquants libanais, protègent des
opérations de blanchissement d'argent de la drogue (les dollars à
recycler sont envoyés dans les régions minières où
ils servent à acheter les diamants extraits par les creuses) et se
livrent à d'importants trafics d'armes. Surtout, il donne satisfaction
aux Français sur un point sensible : les relations avec le Soudan.
Alors que par le passé Mobutu a entretenu des relations cordiales avec
John Garang, le leader du Mouvement Indépendantiste du Sud du Soudan
(SPLA : Armée Populaire du Sud du Soudan), il cède aux
requêtes françaises et autorise Paris à utiliser le nord de
son pays pour venir en aide au régime islamiste de Khartoum.96(*)
Au fil des années, le Président Mobutu, devenu
une sorte de paria de luxe depuis qu'il a torpillé la démocratie,
a été le seul à tirer bénéfice de la
tragédie rwandaise : en juin 1994, le maréchal a en effet
été personnellement prié par la France d'accueillir les
réfugiés rwandais en terre zaïroise et d'autoriser
l'opération Turquoise à utiliser Goma comme base arrière.
Cet accord lui a valu des avantages immédiats : la France a
brisé l'embargo diplomatique qui le frappait, le maréchal a
retrouvé cette scène internationale qu'il aimait tant : il
s'est même offert le luxe de plaider en faveur des réfugiés
hutu lors du sommet social organisé par l'ONU à
Copenhague.97(*) Ce lien
privilégié qu'entretenaient Mobutu avec la France était
naturellement contre les intérêts anglo-saxons dans la
région.
Totalement isolé sur la scène internationale
depuis 1990-il n'est plus reçu nulle part, si ce n'est dans les
arrière-cuisines,-gravement miné par la maladie, le
Président Mobutu n'a pourtant plus les moyens de sa politique. De plus
en plus coupé des réalités zaïroises-il vit
replié dans son village de Gbadolite-et internationales-notamment la fin
de la guerre froide-, le Président Mobutu n'a plus une bonne vision
d'ensemble de la situation et n'est plus à même d'assurer
pleinement sa fonction de premier représentant de l'Etat. 98(*) Quelle coïncidence
malheureuse !
Or, le Zaïre Mobutu n'est pas seulement fragilisé
par la maladie de son chef, l'incurie des généraux et le
désaveu des Américains, il va être l'un des premiers pays
à faire les frais de la nouvelle donne apparue avec la fin de la guerre
froide et confirmée après le génocide au Rwanda. Mobutu
fini, l'important reste maintenant sa succession.
III. L'enjeu de la chute de
Mobutu : l'émergence d'un nouveau leader
Les conflits à l'Est de la RDC de 1994 ont
milité pour déstabiliser le régime de Mobutu :
« les incursions incessantes des troupes rwandaises au Congo
relèvent de l'exécution d'une stratégie
arrêtée par la coalition américano-britannique, sans
considération de l'ancienne répartition des zones d'influence qui
prévalait au temps de la guerre froide »99(*). Cette stratégie sera
exécutée par le Rwanda et l'Ouganda, les alliés
anglo-saxons en Afrique centrale.
Ainsi, ses pays voisins et leurs alliés
Américains ne s'y trompaient pas, ils savaient que le maréchal
Mobutu était malade et sa redoutable armée qui faisait trembler
l'Afrique centrale n'était plus qu'un tigre en papier. Donc, il fallait
agir pour lui faire payer son gloriole. C'est à partir de ce constat
malheureux que sera scellé un nouvel avenir pour la RDC, le grand et
puissant pays de l'Afrique centrale. Au nom de la géopolitique,
l'imprévisible Laurent Désiré Kabila fera son apparition
une fois encore et définitivement sur la scène internationale
comme substitut du Président Mobutu.
Par conséquent, la RDC était une grande
puissance en Afrique centrale. Domptée d'une forte armée bien
équipée avec les corps d'élites formés dans des
célèbres académies militaires du monde, la RDC avait
l'ascendance sur ses voisins. Les relations avec ces derniers durant cette
période étaient celles de la supériorité de la RDC
sur eux. Le symbole de cette grandeur le prestige du Président Mobutu.
Ainsi les relations de la RDC avec ses voisins avant
l'avènement de l'AFDL s'étaient caractérisées par
le rayonnement de la supériorité de la RDC sur ses voisins. Le
maintien de l'étendue de ce pays en protégeant son
intégrité en Afrique centrale constituait la
géostratégie. Le grand pays de l`Afrique centrale devait
être fort, puissant constituant le rempart sûr contre le
communisme. En, plus la stabilité de ce pays permettait l'exploitation
de ses richesses avec quiétude
CONCLUSION
L'indépendance du Congo le 30 juin 1960 est un
événement majeur pour le pays. Cette indépendance fut
l'occasion par excellence pour que se dévoile la volonté de
grandes puissances sur le Congo. Ce pays occupe une place de choix en Occident
à cause de son potentiel minéral. L'Occident devait alors
considérer le Congo comme son bien privé un espace libre à
exploiter, son grenier en minerais. Dès lors toutes les manoeuvres
seront mises en exécution pour ne pas perdre le Congo.
L'environnement dans lequel le Congo a accédé
à son indépendance était celui de la bipolarité du
monde : l'Est et l'Ouest. Le monde était défini en fonction
de ces deux blocs. En raison de sa position géostratégique, le
bloc de l'Ouest devait monter des stratégies pour ne pas perdre le Congo
au profit du bloc de l'Est qui n'était pas non plus indifférent
vis-à-vis du Congo. Les conséquences de cette convoitise seront
désastreuses pour le Congo : la succession des guerres fratricides
au pays à peine devenu indépendant.
La stratégie occidentale pour garder l'influence sur le
Congo sera alors de placer un homme de leur confiance à la tête de
ce pays. Le président Joseph-Désiré Mobutu était
« l'homme qu'il faut à la place qu'il faut ». Ainsi
le président Joseph-Désiré Mobutu, avec la
bénédiction de l'Occident, régnera en main de maître
sur le Congo afin de défendre leurs intérêts. Le Zaïre
de Mobutu était un Etat puissant en Afrique centrale avec une influence
dans la région. Au crépuscule de sa vie, malade, Mobutu
était abandonné par l'Occident. Il sera remplacé par
Laurent Désiré Kabila. Celui-ci acceptera-t-il de jouer le
rôle de Mobutu, être marionnette de l'Occident ?
CHAPITRE III. L'AVENEMENT DE L'AFDL ET LA CHUTE DE MOBUTU
Section I. LES CAUSES DE LA GUERRE AU
ZAÏRE
L'avènement du FPR au pouvoir au Rwanda par la guerre
a constitué un tournant majeur pour l'Afrique centrale. Pour Mwayila
Tshiyembe : « Faisant sentir ses effets bien au-delà
des Grands Lacs, le cyclone rwandais s'est révélé
être un vecteur puissant de la recomposition géopolitique de la
région. Il a brisé deux pôles de structuration de
l'influence britannique et francophone, le Kenya et le Zaïre100(*). Cette affirmation ouvre
l'une de meilleures pistes pour la compréhension de la situation qu'a
connue la RDC.
Il est important de souligner que la guerre de l'AFDL au
Zaïre a eu une double cause. Il y a les causes internes et les causes
externes. Les causes internes sont constituées en majeure partie des
évènements qui ont suivi le 24 avril 1990, date de l'instauration
du multipartisme au Zaïre par le Président Mobutu. Sorti d'un
système du parti unique, l'ouverture au multipartisme était la
cause de la fragilisation du pouvoir du Président Mobutu.
L'environnement politique national était également malsain
après sept années de transition inachevée. La
démocratie laisse libre cour à l'opposition de dénoncer
les méfaits du régime. Ce qui préparera le terrain pour
accueillir l'AFDL.
§1. Les causes internes de la guerre de la RD Congo
L'opposition politique se solidifie et travaille pour la
conscientisation du peuple. « Etienne Tshisekedi, symbole de
l'opposition irréductible et incorruptible au régime mobutu. Le
parti UDPS a certes fait une brèche durable dans l'édifice
mobutiste, et ce faisant, il a préparé indubitablement la voie
à la libération AFDL de L D Kabila.101(*)
Sur le plan économique, l'Etat zaïrois
était en déliquescence accéléré sur toute
l'étendue du territoire national. Il avait cessé de payer ses
fonctionnaires depuis plusieurs années. Les familles ne mangeaient
qu'une fois par jour et parfois à tour de rôle.102(*) Ajouter à cela les
moyens de communication qui étaient conjonctures,
délabrés : routes de desserte agricole disparues sous les
nids de poule et la végétation. Ce qui conduit les Zaïrois
à « l'article 15 :débrouillez-vous est le summum
du cynisme mobutiste. Le peuple est ainsi abandonné à
lui-même. La société zaïroise est devenue une jungle
où chacun survit comme il peut aux dépens de celui au-dessus, en
dessous ou à coté».103(*)
Su le plan de l'armée nationale, l'armée
zaïroise était dans l'incapacité évidente de
remporter quelque victoire que ce soit sur un ennemi même faible, vu son
état de délabrement et de décomposition voulu sans nul
doute par les hauts responsables de l'Etat Major dont le Chef Suprême des
Armées, le maréchal-président Mobutu. Ce qui a permis
à l'AFDL de passer de ville en ville sans peine majeure.104(*)
Devant une telle situation, le terrain était
déjà préparé pour accueillir l'AFDL en
libérateur. Le régime du président Mobutu étant
considéré comme cause de la misère du peuple, n'importe
quelle personne capable de libérer les Zaïrois du joug de Mobutu
devait être le bien venu. Telles sont les causes internes qui ont
concouru à la réussite de l'AFDL.
§2. Causes lointaines : Les visées
expansionnistes anglo-saxonnes
Nous avons consulté l'encyclopédie
Wikipédia , selon cette encyclopédie, de nos jours, on tend
à employer le terme
Anglo-Saxons de
manière quelque peu familière pour désigner les peuples
anglophones issus de
Grande-Bretagne, ce
qui comprend les
États-Unis, l'
Australie et la
Nouvelle-Zélande.105(*) Dans ses analyses de la
géopolitique anglo-saxonne Aymeric Chauprade ajoute un aspect
très important : quant à la géopolitique
anglo-saxonne, de l'Angleterre à la fin du XIXe siècle jusqu'aux
Etats Unis d'aujourd'hui, elle n'a cessé de penser l'empire du
monde.106(*)
Désormais, l'Afrique centrale est l'une des priorités de cette
géopolitique.
En effet, la fin de la guerre froide a laissé les Etats
Unis comme grande puissance seule après la disparition de l'URSS. Cette
nouvelle situation a obligé les Etats Unis et leurs alliés
à s'adapter aux nouveaux conditionnements et comportements :
reconsidérer leurs stratégies à travers le mode. En
Afrique, la cible de cette nouvelle stratégie est l'Afrique centrale.
L'histoire remonte à la prise du pouvoir en Ouganda par
Yoweri Kaguta Museveni, depuis le 29 janvier 1986. Ce dernier n'est pas
tombé du ciel ; il est le pion des Américains pour la
région car l'une de causes de l'Ouganda à continuer la guerre au
Congo et à son intérieur est les Américains qui l'ont
choisi pour asseoir leur emprise sur la région orientale d'Afrique dont
la RDC. Cette région est considérée comme
stratégique pour arrêter l'avancée de l'extrémisme
islamique. De plus, elle regorge d'importantes ressources stratégiques
qu'il faut contrôler grâce à une assise géopolitique
dans cette zone anglo-saxonne qui doit aller d'Egypte à l'Afrique du
Sud. Désormais, la guerre au Congo est un dossier exclusif du Pentagone
et de la CIA à en croire les affirmations des personnes
avisées.107(*)
Cette nouvelle stratégie est fondée sur le
mouvement de résistance nationale qui n'est autre chose que la
rébellion contre le régime en place avec la face cachée de
ceux qui le soutiennent. Il organise en février 1981 le Mouvement de
résistance nationale (NRM) qui deviendra une armée de
guérilla importante et bien organisée. A l'issue de cinq ans de
lutte armée, les rebelles s'emparent de la capitale Kampala le 26
janvier 1986 et renverse le président Tito Okelo. Yoweri Museveni
prête serment comme président de l'Ouganda le 29 et d'office
reconnu par la communauté internationale. Dès lors il organise
des élections truquées pour se légitimer. Il soutient son
ambition d'être le nouveau parrain de la région adoubé
comme tel par les Américains parce qu'il a provoqué des
réactions en chaîne qui ont entraîné plusieurs
changements de régime.108(*)
Une lecture de l'actualité sensible à l'histoire
de la région permet d'analyser l'apparition de nouveaux pouvoirs en
Ouganda et au Rwanda, mais aussi en Ethiopie et en Erythrée comme
l'émanation de minorités longtemps brimées ou exclues qui,
une fois établies leur hégémonie, suscitent à leur
tour la désaffection ou la rébellion d'autres factions
minoritaires. Et selon cette nouvelle méthode, dans la mesure où
les gouvernements en place appuient les rebellions chez leurs voisins, ils
contribuent à donner une dimension régionale à des guerres
civiles, permettant la formation d'alliances plus au moins conjoncturelles
entre factions dirigeantes et factions rebelles109(*).
§3. La nouvelle configuration de la Région
Parmi les principaux acteurs des conflits de la région
des Grands Lacs, la RDC est un pays francophone avec le Rwanda et le Burundi.
L'Ouganda, la Tanzanie sont anglophones. Les Tutsi du FPR sont en
majorité anglophones pour avoir longtemps vécu en Ouganda et en
Tanzanie. La guerre du FPR contre le régime de Habyarimana constitue par
le fait même une guerre des anglophones contre les francophones. Les
intérêts anglo-saxons et francophones sont mis enjeu.
Derrière Museveni et le FPR, les Américains voient une assurance
pour le contrôle de la RDC, l'enjeu important de la région. Pour
la réalisation de cette stratégie, « l'Ouganda et
le Rwanda seront appuyés par la logistique des Etats Unis qui a
transféré l'arsenal de la marine US ayant servi en Somalie dans
les bases militaires ougandaises et sur les îles du lac
Victoria ».110(*)
Les intérêts français dans la
région sont représentés par la RDC de Mobutu et le Rwanda
de Habyarimana, étant francophones. Et c'est la conséquence du
soutien indéfectible de la France au régime de Mobutu et de
Habyarimana. La France avait envoyé les troupes avec le Zaïre au
Rwanda pour combattre la rébellion du FPR en 1990. Apres le
génocide de 1994 au Rwanda, sentant venir la menace anglophone, la
France organise l'opération Turquoise pour protéger le
régime Mobutu contre les anglophones du FPR venus de L'Ouganda.
Le nouveau régime installé au Rwanda avec les
Tutsi de diaspora est anglophone et bénéficie d'appui
américain. Nouvellement installé, les américains joueront
de leur influence à l'ONU pour le levé de l'embargo sur les
armes au Rwanda. Apres le Rwanda du FPR, devenu anglophone, la prochaine cible
était la RDC.
En effet, à la prise du pouvoir à Kinshasa par
l'AFDL, le gouvernement Kabila avait plus de penchant anglophone que
francophone. La nouvelle monnaie, le franc congolais est un exemple frappant.
Il est à noter en passant que la position même du président
Kabila vis à vis de la francophonie. On se souviendra du sommet de la
francophonie de Hanoi au Viet Nam, du 14 au 17 novembre 1997.
Section II. CAUSES IMMEDIATES :
CONFLITS
INTERCOMMUNAUTAIRES
Le rôle géopolitique de Museveni s'est
précisé au fil des années, résultat des
événements qui se succèdent dans une région
où, plus qu'ailleurs encore, les crises, d'un pays à l'autre,
s'interpénètrent. Si Museveni est au pouvoir, c'est parce que le
Président Julius Nyerere a cru en lui et l'a soutenu militairement.
Dans ce mouvement, Museveni avait bénéficié de l'appui
militaire des Tutsi Rwandais chassés du Rwanda par les Hutu. De ce
groupe l'une des figures remarquables était Paul Kagame. De bonnes
habitudes demandent que les bonnes actions ne soient jamais oubliées.
Les Tutsi exilés en Ouganda créent en 1987 le
Front Patriotique Rwandais (FPR) avec l'un de ses meneurs Paul Kagame. Ils
bénéficient aussi du soutien militaire de Museveni avec base
arrière en Ouganda. Ils entrent en action en 1990 contre le pouvoir du
Président Habyarimana. Et en 1994, le FPR prend le pourvoir à
Kigali après la mort tragique d'Habyarimana dans le crash de son avion
le 6 avril 1994 du retour de Arusha en Tanzanie où se
déroulaient des négociations avec le FPR ; une mort qui
reste encore un mystère jusqu'aujourd'hui en même temps que le
génocide qui s'en est suivi au Rwanda. La prise du pouvoir par le FPR
met fin à l'exil des Tutsi et le cycle continue avec l'exile des
Hutu.
La prise du pouvoir au Rwanda par les Tutsi a
créé une crise humanitaire dans la région avec le
déplacement important des réfugiés dans la région.
Depuis la prise du pouvoir par Museveni en Ouganda par les armes, les
élites Tutsi voient dans la domination politique et militaire le moyen
d'assurer leur survie. Une bonne partie constituée des Hutu se
réfugient en RDC avec l'armée vaincue des Forces Armées
Rwandaises (FAR) et les milices privées du président
Habyarimana, les Interahamwe. Cette situation a crée une
instabilité, amplifiant ainsi la violence dans la région. Avec la
crise du Kivu, tous les pays voisins du Zaïre avaient pris conscience que
ce pays glissait lentement vers le chaos et risquait de constituer une menace
pour leur stabilité et l'équilibre régional.
§1. La recherche de la nationalité congolaise
Cette situation a occasionné la prise de conscience
tutsi et a favorisé la naissance de l'Alliance pour la Libération
du Congo-Zaïre(AFDL), alliance composée de différents
mouvements : des groupes tutsi, formés et entraînés au
Rwanda, des troupes d'obédience lumumbiste qui se trouvaient en Ouganda,
auxquels se sont joints de façon plus spontanée des opposants de
l'intérieur du pays.111(*) Nous aurons à examiner plus loin cet
aspect.
Comme on le voit, cette volonté d'attaquer la RDC de
l'extérieur est un résultat d'une réaction en chaîne
impulsée depuis les pays voisins qui tous avaient intérêt,
pour des raisons différentes, à précipiter la fin du
règne du Président Mobutu.
En effet, la présence rwandaise en territoire congolais
est ancienne. Avant l'arrivée des Européens, les royaumes
interlacustres du Rwanda et de l'Urundi étaient en pleine expansion.
L'influence politique de leurs souverains et le prestige de leur culture
s'étendait au-delà de leurs limites géographiques. En RDC,
le Kivu comprenait plusieurs petits royaumes et représentait une aire
d'expansion naturelle pour les populations du Rwanda ou du Burundi
désireuses de trouver de nouvelles terres ou d'échapper à
l'autorité de leurs souverains.
Dans cette environnement, quelques groupes d'éleveurs
ont quitté le Rwanda à la fin du 18ème
siècle et au début du 19ème siècle pour
s'installer au Sud-Kivu. Ils se sont établis dans le territoire de
Mwenga où les locaux, par droit de l'hospitalité, leur ont
concédé l'usage de terres.112(*) Sociologiquement leur langue s'apparente au
Kinyarwanda. Ils se communiquent avec tous les autres Tutsi et partagent la
même culture. Ainsi, le malheur qui s'abat sur un Tutsi de la
région concerne tous les Tutsi. Ce qui explique aussi les attitudes du
Rwanda à l'égard de la RDC, plus spécialement au Kivu
où sont les Tutsi. En outre, sous le régime mobutu, les
réfugiés rwandais Tutsi avaient été bien
accueillis, autorisés à poursuivre des études et à
occuper des postes importants. Par ailleurs, devant ce cas, l'opinion des
habitants du Kivu reste que ceux que l'on appelle les Banyamulenge sont une
ethnie imaginaire, fabriquée pour la circonstance par un Rwanda
désireux d'utiliser ses cousins lointains comme relais de son influence
au Congo.113(*)
En effet, depuis leur installation en RDC, les Banyamulenge ne
sont jamais reconnus comme des vrais Congolais. Leur lutte dans l'AFDL contre
le régime Mobutu est motivée par le fait, une fois arrivés
au pouvoir, qu'ils soient Banyarwanda ou Banyamulenge, les Tutsi du Kivu
partagent un même désir : être reconnus comme citoyens
congolais à part entière, et, pour les plus entreprenants d'entre
eux, avoir la possibilité de vivre et de travailler
indifféremment des deux cotés de la frontière.114(*)
Que ce soit ce qui est arrivé en Ouganda, au Rwanda, il
y a un fait à souligner notamment une nouvelle méthode
inaugurée et soutenue par les Etats souverains : la violence comme
mode d'accession au pouvoir. Les chefs de tels ou tels mouvements
insurrectionnels sont formés dans les écoles occidentales selon
un profil bien déterminé. Comme gratification, une fois au
pouvoir, la reconnaissance du régime ne se fait pas attendre en foulant
au pied les règles de l'ONU : « Art.1, alinéa 7,
le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des
Etats », d'où la violation flagrante du droit
international.
§2. La crise identitaire
Par ailleurs, la question que beaucoup de congolais se posent
est de savoir s `il n'y avait pas eu génocide au Rwanda, ce qui
avait entraîné le renversement du régime Habyarimana et le
repli hutu au Kivu, l'invasion du Zaïre aurait-il eu lieu ? Cette
question trouve sa réponse dans la lecture globale de la situation des
conflits : la fin de la guerre froide et l'expansionnisme anglo-saxon
d'une par, d'autre part, l'instrumentalisation des Tutsi dans la région.
Faisant d'une pierre deux coups, les Tutsi ont profité de la situation
pour réaliser leur plan.
Après la prise du pouvoir à Kigali par l'APR,
les Banyamulenge décidèrent de rejoindre, pour utiliser leur
propre expression, la terre promise qu'est le Rwanda où se trouvent
leurs frères. Après avoir traversé la frontière, la
plupart d'entre eux avaient même déchiré leurs cartes pour
citoyen congolais reçues frauduleusement auprès des agents de
l'administration de l'Etat-civil. Malheureusement, en arrivant dans le Pays de
leur rêve, qu'ils avaient longtemps quitté à la suite des
guerres fratricides et de palais ainsi que des famines, les choses avaient vite
tourné au vinaigre.115(*) Nous reproduisons un article relatant en substance
le plan Tutsi su la RDC.
En effet, l'incident était qu'au moment de recrutement
des cadres aussi bien dans l'administration que dans les Entreprises publiques
et privées, sur dix places à pourvoir par exemple, sept
étaient occupées par les Tutsi Banyamulenge venus du Congo, deux
places occupées par les Tutsi venus du Burundi et une place par le Tutsi
venu de l'Ouganda. C'est parce que la plupart des Tutsi venus du Congo avaient
pu faire des études universitaires et occuper des hautes fonctions, mais
aussi qu'ils revenaient avec de l'argent. Ceux venus du Burundi n'avaient pas
suffisamment étudié, mais avaient prospéré dans les
affaires. Par contre ceux venus de l'Ouganda étaient pour l'essentiel
des militaires faiblement instruits. Préoccupés de perdre le
leadership du pouvoir devant les Tutsi venus du Congo, Monsieur Paul Kagame a
proposé aux Banyamulenge de retourner en RDC pour deux raisons
profondes. La première raison était de lui
faciliter à pourchasser les Interahamwe et les soldats des ex-Forces
Armées Rwandaises (FAR) pour les massacrer puisque leur présence
en RDC était toujours une menace à la sécurité du
pouvoir de Kigali.
La seconde raison consistait à l'annexion
de l'Est de la RDC en partant du triangle intégrant tout le territoire
entre les axes Bunia (Province Orientale), Shabunda ( Sud-Kivu) et Kalemie (
Province du Katanga) en passant par le Nord-Kivu. Et pour y parvenir, le
prétexte était pour les Banyamulenge de revendiquer leur droit
à la nationalité congolaise jusqu'à la dernière
goutte de leur sang tout en restant Rwandais. C'est ainsi que dans les cercles
privés de Kigali, l'idée d'une annexion de fait du Kivu est
cependant régulièrement évoquée : les tenants
du petit projet défendent l'idée d'une zone tampon sur la
frontière tandis que ceux qui rêvent d'un grand projet assurent
que le Kivu finira tôt ou tard par être rattaché au
Rwanda.116(*)
Par ailleurs, l'opinion congolaise, pour sa part, redoute
d'autres projets. Elle constate qu'au début de la guerre, les officiels
rwandais, le Président Bizimungu en tête, brandissent des cartes
datant de l'époque coloniale, démontrant qu'autre fois les
ressortissants de plusieurs régions du Kivu étaient
considérés comme des sujets du Mwami du Rwanda.117(*)
C'est ainsi que le Rwanda avait envahi la RDC en 1996 sous la
bannière de l'AFDL, par le truchement de ses fils Banyamulenge,
émigrés dans ce Pays. Les jeunes Banyamulenge étaient
rentrés à Minembwe pour se concerter avec certains de leurs
parents encore restés dans les Hauts plateaux en attendant leur
rapatriement au Rwanda. Ils avaient constitué trois commissions
consultatives : celle des hommes, des femmes et des jeunes.
Après concertations, les hommes ont fustigé
l'ingratitude de leurs enfants envers les populations congolaises du Sud-Kivu
qui les avaient accueillis lors de leur fuite jusqu'à les
intégrer sans problème. La Commission des hommes a rappelé
à celle des jeunes que tous les Banyarwanda en RDC ont
étudié sous le même statut que les enfants congolais. Ils
ont eu les mêmes opportunités pour l'accès à
l'emploi. Ils avaient invité leurs enfants à ne pas trahir
l'hospitalité légendaire du peuple congolais. Cette commission
s'était catégoriquement opposée à la guerre. Les
hommes Banyamulenge acceptaient de garder leur statut de Banyarwanda pourvu que
les Congolais leur réservent l'hospitalité comme par le
passé. Quant à la commission des femmes, elles avaient
abondé dans le même sens que les hommes.
Par contre, la commission des jeunes avait soutenu de prendre
les armes pour revendiquer la nationalité congolaise même au prix
de leur sang. Dans l'entre-temps, une campagne médiatique fut
déclenchée par le Rwanda jusqu'au point où le
Président Rwandais d'alors, Monsieur Pasteur Bizimungu dut mettre en
cause les frontières héritées de la colonisation. C'est
à cette même occasion qu'il déclara lui-même à
partir de Cyangugu, Province rwandaise séparée de la Ville de
Bukavu par la rivière Ruzizi, mais reliées entre elles par deux
ponts, que les Banyamulenge sont des Rwandais et qu'ils devraient d'abord
donner une leçon aux congolais avant de retourner chez eux.
Pour justifier la première guerre, Laurent Kabila fut
sollicité de se joindre à eux pour chasser ensemble le
Maréchal Mobutu, le tombeur d'Emery Patrice Lumumba. Ayant
été vainement depuis longtemps à la recherche d'une
opportunité pour poursuivre son aventure patriotique de renverser la
dictature sous le régime Mobutu et de restaurer la Démocratie en
RDC, Laurent Désiré Kabila trouva intéressant l'offre de
Kigali, tout en sachant que les deux avaient des objectifs différents
à savoir pour le Rwanda d'occuper et d'annexer le territoire compris
entre le triangle Bunia - Shabunda et le District de Haut Lomami et pour
Laurent Désiré Kabila, lui-même originaire du Haut Lomami
de chasser Mobutu avec la complicité de la population du Kivu. Ils
parvinrent à déjouer le plan rwandais en le transformant en un
véritable plan de libération du peuple congolais.
Il convient de noter qu'avec ou sans Kabila, la guerre dite
des Banyamulenge aurait bel et bien eu lieu, mais avec de résultats
différents. Il ne fait ombre pour personne que les Banyamulenge, les
Tutsi au Congo, étaient en connivence avec ceux du Rwanda pour
créer une vaste zone qui sera leur zone d'influence. Certaines sources
vont même affirmer que c'était un plan d'annexion de
régions est de la RDC.
Section III. UN FRONT ARME CONTRE LE REGIME DU
PRESIDENT MOBUTU
La chute du Président Mobutu était bien
planifiée par ses anciens maîtres et alliés. Nous avions
souligné les événements précurseurs ci-haut :
la fin de la guerre froide. Pour Mobutu, la fin de la guerre froide
coïncidait malheureusement avec sa maladie et il fut rejeté par ses
maîtres d'autrefois. Trouver un autre leader, congolais qui puisse jouer
le rôle que Mobutu avait joué à la tête de la RDC fut
pour ces maîtres une hantise. La planification de la chute de Mobutu se
buta alors à un problème majeur : celui du leadership. La
nécessité de trouver un congolais à la tête du
mouvement pour occulter cette coalition ainsi que ses commanditaires devenait
un impératif.
§1. L'émergence d'un nouveau leader
Pour donner à la rébellion de l'AFDL une
identité congolaise, les Présidents Museveni et Kagame placent
monsieur Laurent Désire Kabila comme président de l'AFDL. Qui
est ce nouveau venu pour prendre une si importante place pour
conquérir le Zaïre de Mobutu ?
Né à Moba dans le nord
Katanga, alors Congo belge, Laurent-Désiré Kabila séjourne
en France en 1950 puis, en Allemagne de l'Est. Lorsque la Belgique accorde
l'indépendance au Congo belge en 1960, Kabila se rallie au Premier
ministre du pays, Patrice Lumumba. Après l'arrestation puis l'assassinat
de celui-ci (janvier 1961), Kabila prend part à la conquête de
Stanley ville (l'actuelle Kisangani) et poursuit la révolution
lumumbiste dans la province orientale du Kivu.
À la fin des années soixante, Kabila se rend
à Dar es-Salaam, en Tanzanie, où il rencontre Yoweri Museveni, le
futur président ougandais, qui devient son ami et un soutien
fidèle. En 1967, Kabila fonde le Parti révolutionnaire du peuple
(PRP) et établit un petit État rebelle dans les montagnes
situées à l'est du lac Tanganyika, financé par le commerce
de l'or et de l'ivoire. En 1975, le PRP kidnappe quatre chercheurs et
réclame une rançon. Après la chute de son maquis en 1985,
Kabila s'établit en Tanzanie et brasse des affaires (or,
pêche).118(*)
Ignoré par les Occidentaux, se méfiant de leurs
services de renseignements qui pourraient être tentés de
l'éliminer pour le compte de Mobutu, Laurent Désiré Kabila
demeure une figure importante en Afrique centrale.
Lors de l'indépendance de la RDC, le repli des
Lumumbistes à la mort de Lumumba était plus fondé sur
l'idéologie de la guerre froide. Les capitalistes s'étaient
installés au Congo avec Mobutu pour préserver leurs
intérêts dans la région. Ironie du sort ! comme dit
Colette Braeckman : « C'est encore à ce moment de
l'histoire, où l'Afrique noire, bien malgré elle, se trouve entre
l'un des enjeux de la guerre froide, donc la fin de la guerre froide,
qu'apparaît Laurent Désiré Kabila.119(*)
Lorsque Kabila est appelé à Kigali, on voit un
petit homme rond, venu seul d'Uvira ; il accepte sans hésiter la
proposition de Kagame. L'homme était déterminé par son
très long combat contre la dictature de Mobutu. Les Ougandais et les
Rwandais pensaient avoir recruté un homme isolé et
malléable. En fait, Kabila apporte avec lui trente années
d'histoire et, pour mesurer le chemin parcouru, il faut revenir à
l'indépendance du Congo en 1960.120(*)
Par ailleurs, à la fin de l'été 1996,
Laurent Désiré Kabila arrive à Kigali dans la plus grande
discrétion, et le Département of Military Intelligency (DMI),
service secret rwandais, installe l'invité dans une petite maison
à coté de l'hôtel Méridien. Les réunions se
multiplient avec les Rwandais, avec les autres dirigeants de l'alliance qui se
constituent. L'attaché militaire américain à Kigali,
Richard Orth, le N° 2 de l'Ambassade, Peter Whaley, assistent aux
réunions, très attentifs. Quant à Museveni, il assure
avoir appuyé la candidature de Kabila parce qu'il avait une
réputation de nationaliste. Nous avions apprécié le fait
qu'il était l'opposant de Mobutu. Il avait toujours vécu en
Afrique et qu'il ne s'était pas refugié comme tant d'autres dans
une capitale européenne. Il n'avait jamais composé avec Mobutu,
jamais pris ses ordres auprès des Occidentaux. Il était
nationaliste.
S'il a gardé de nombreux partisans dans la
région, il ne dispose cependant pas de troupes, mais s'exprime
couramment en Swahili, en anglais, en français, avec une pointe d'accent
parisien : il sera donc chargé de rencontrer la presse et de
rassurer les populations locales. Son mouvement, le Parti de la
Révolution Populaire (PRP), qui n'a plus beaucoup d'activités sur
le terrain, sera le 4ème cosignataire des accords
passés le 18 octobre 1996 à Lemera, l'une des premières
localités conquises au Sud Kivu et qui fonde l'AFDL, sorte de manteau
politique jeté sur une opération purement militaire.121(*)
En dépit de son allure joviale et humble, Kabila n'a
cependant pas abandonné le rêve de ses années de
jeunesse : chasser le dictateur, l'assassin de Lumumba. Ceux qui le
recrutent en 1996, les Tanzaniens et derrière eux, les Américains
de la CIA, négligent la force d'une telle ambition. Par ailleurs, si
Kabila est parvenu, durant trente ans, à échapper aux services de
sécurité de Mobutu, c'est parce que la méfiance est chez
lui une seconde nature.
§2. L'Alliance pour la Libération du
Congo-Zaïre (l'AFDL)
Le 18 octobre 1996, signature à Lemera
du protocole d'accord créant l'Alliance des Forces Démocratiques
pour la Libération du Congo-Zaïre (AFDL). L'AFDL regroupe le Parti
de la Révolution Populaire (PRP) de Laurent-Désiré Kabila,
le Conseil National de Résistance pour la Démocratie (CNRD) du
commandant André Kisase, l'Alliance Démocratique des Peuples
(ADP) de Déogratias Bugera et le Mouvement Révolutionnaire du
Zaïre (MRZ) de Masasu Nindaga. A ne pas oublier d'autres Lumumbistes venus
des différents horizons.
Le 19 octobre 1996, la ville d'Uvira tombe
aux mains de la rébellion dite des Banyamulenge. Cette date inaugure le
début de la guerre de l'AFDL contre le régime de Mobutu. La
rébellion reste indissociable à son leader charismatique,
Laurent Désiré Kabila, révolutionnaire dès
l'indépendance de la RDC.122(*)
I. La guerre de la
libération du Congo
La dénomination de la libération découle
de l'alliance pour la libération du Congo-Zaïre. La
stratégie des organisateurs de cette guerre était de mettre les
congolais en face pour la crédibilité de la rébellion
auprès de la population congolaise. En outre, le président de
l'alliance prend par le fait même le nom du libérateur. C'est
ainsi que Laurent Désiré Kabila sera surnommé
`'libérateur'' des Congolais de la dictature de Mobutu. Dans toutes les
villes tombées entre les mains de l'AFDL où il passait il
était acclamé en libérateur ; ainsi, il devient
porte-étendard idéal de l'AFDL.
L'AFDL comme coalition comportait les militaires venus de
plusieurs pays. Ce sont vraisemblablement les services américains qui,
avec l'appui de l'Ouganda, ont opéré le recrutement des soldats
africains expérimentés venus en renfort : Erythréens,
Ethiopiens, Somaliens, mais aussi des militaires originaires du Liberia. Une
source privée a révélé que fin 1996, des
combattants libériens appartenant à l'ethnie Krah avaient
été discrètement recrutés par des émissaires
américains et envoyés dans les Grands Lacs : des militaires
chevronnés, ayant mené la guerre dans leur propre pays, la
plupart d'entre eux avaient été formés aux Etats
Unis.123(*)
Par ailleurs il y avait eu des préparations
extraordinaires des militaires constituant l'AFDL. On peut citer les
combattants intégrés du FPR qui depuis 1990 et avaient
contribué à la prise du pouvoir à Kigali. Les
témoignages concordants disent que ces soldats étaient capables
de faire une distance moyenne de 60 Km par jour et quelque fois 100 Km dans le
cas de nécessité. Tout cela avait été
planifié en raison de mauvais état de routes ou carrément
manque de route en RDC. Cette préparation contre le régime Mobutu
présentait la détermination des Américains de
défier tous les autres adversaires potentiels qui auraient pu secourir
le Président Mobutu, notamment la France.
Sur le terrain, les Zaïrois fatigués du
régime dictatorial de Mobutu et avec le processus de la
démocratie à peine entamé avec la Conférence
Nationale Souveraine, attendaient le libérateur à bras ouverts.
La fuite de l'armée de Mobutu en pillant tout sur son passage avait
développé une méfiance des Congolais à son
égard.
L'un des membres fondateur de l'AFDL, André Kisasse,
trouve la mort prématurément quand le front était encore
au Kivu. Son péché était le nationalisme. Selon Kisase, il
fallait mener cette guerre et en faire une affaire exclusivement congolaise. Ce
discours avait certainement attiré l'attention des Américains,
eux, qui n'entendent pas d'oreille ce discours de Lumumba de 1960. Une
embuscade a suffit pour l'éliminer. Sa mort fut regrettée et ce
fut, comme à l'accoutumée, un incident malheureux et regrettable.
Laurent Désiré Kabila, lumumbiste de surcroît, devant cette
situation, sait aussi combien que son projet politique diverge de celui de ses
alliés et n'ignore surtout pas que s'il abat trop vite ses cartes,
à l'instar du commandant André Kisasse, il sera
éliminé sans pitié.
II. Des nouvelles
alliances
Arrivé à Goma, Kabila tient son premier discours
politique à la population. Ce discours qu'attendait toute la population,
non seulement de la RDC, mais de toute l'Afrique par curiosité. Face aux
influences étrangères, il demanda à la population de Goma
de soutenir l'AFDL pour libérer le Congo. Ainsi, il sollicitera que ce
soutien se concrétise par le recrutement des jeunes pour former le
corps expéditionnaire de l'alliance. D'où la création des
fameux kadogo. La stratégie de Kabila consistait d'assainir son
entourage, dominé par les Tutsi.
La fin de la guerre froide a inauguré la
décadence de Mobutu. L'AFDL, l'oeuvre de ceux-là qui l'avaient
soutenu pendant la guerre froide, était destiné à le
chasser. L'heure de vengeance était venue pour les pays qui avaient
été victimes des agressions de Mobutu.
En effet, lorsque en février 1997, l'Angola prend la
décision de s'engager aux cotés de l'AFDL, il ne fait pas les
choses à moitié : des uniformes impeccables,
équipements sophistiqués comprenant du matériel de
génie, des orgues de Staline, des avions des transports. Les dirigeants
de Luanda tiennent enfin l'occasion de faire payer à Mobutu et à
ses généraux la déstabilisation dont leur pays a
été l'objet permanent au départ du Zaïre et ils
espèrent que cette guerre portée dans le pays, le Zaïre,
leur vaudra enfin une paix attendue depuis quarante ans.124(*) L'heure était venue
d'infliger une leçon définitive à Mobutu, son ennemi de
toujours.
En effet, pendant la guerre froide, la rivalité entre
l'Est et l'Ouest avait engendré l'UNITA de Jonas Savimbi, allié
des Américains contre le pouvoir marxiste de Luanda. L'Angola s'est
engagé dans la guère au Congo à coté de l'AFDL avec
l'objectif de détruire l'armée, la base arrière de
Savimbi, et de casser ses filières d'écoulement des diamants.
C'est donc avec beaucoup d'intérêts que Luanda s'était
engagé dans cette guerre. Les zaïrois fatigués du mobutisme
et ses méfaits attendaient leur libération par ce nouveau
mouvement.
III. Le succès de
l'AFDL sur le terrain
Les événements précurseurs. En effet,
depuis le processus de la démocratisation entamé au Zaïre
avec la libéralisation des partis politiques, le Zaïre avait
commencé à sombrer dans le chaos. Les critiques de l'opposition
à l'égard du régime et destruction du tissu
économique par deux pillages successifs occasionnèrent le
chômage. Les fonctionnaires et les militaires restaient impayés,
victimes des services de sécurité de Mobutu. En un mot, le Congo
était entrain de se mourir. Devant une telle condition, les Zaïrois
ne rêvaient que la libération, être libérés du
mobutisme. Ce qui a profité à la conquête de l'AFDL.
Fidèle à son projet et soucieux de sa
crédibilité auprès de la population, l'AFDL a donné
une bonne image sur tous les territoires libérés et sous son
contrôle. Ainsi, les Congolais enfin libérés,
bénéficiaient de la liberté face aux services de
sécurité. Malgré tout, il fallait se familiariser avec ces
nouveaux soldats étrangers et à leur tour, il fallait gagner la
confiance des autochtones en se montrant pacifistes en véritable
armée professionnelle. Jusqu'à la chute de Kinshasa, l'AFDL sera
acclamée par la population zaïroise comme libérateur.
La guerre de la libération qui a commencé en
octobre 1996 à Uvira se termine à Kinshasa le 17 mai 1997. Dans
un grand pays comme la RDC, c'était une oeuvre de maîtres. Cette
guerre a permis à connaître qui était Laurent
Désiré Kabila.
Le 16 mai 1997,
Mobutu quitte
Kinshasa pour Gbadolite. Le 17 mai 1997 : à Lubumbashi, c'est
l'autoproclamation du chef de l'AFDL, Laurent-Désiré Kabila,
comme "président de la République Démocratique du Congo"
qui aussitôt installé, interdit les partis politiques.
Alors qu'il se trouve à Lubumbashi Kabila annonce à ses
gardes du corps rwandais qu'il souhaite faire une déclaration à
la radio ; Le texte bref sans fioriture, qu'il lit d'une voix ferme,
déclenche la stupeur à l'étranger, dans le pays, mais
aussi parmi les alliés : se référant au texte
fondateur de l'AFDL, la couverture politique formée à la veille
de la guerre et qui n'a d'autre statut que celui d'une association
privée, Laurent Désiré Kabila, vient de se proclamer
président de la RDC, confisquant tous les pouvoirs et déclarant
qu'il gouvernera par décret-loi que lui-même signera.125(*) Un moyen, dit-on, pour se
protéger.
Cette autoproclamation avait été une surprise
pour ses maîtres principalement les Rwandais et les Ougandais. Prudence
oblige et ne pouvant pas s'autoproclamer à Kinshasa où
étaient ses principaux maîtres, il surprend à Lubumbashi.
Lubumbashi était une ville idéale pour lui. D'abord en tant que
Katangais et connu là-bas, puis il s'était constitué
une armée formée des Kadogo dont il avait gagné confiance
et faisant partie de ses gardes du corps pour surveiller les Rwandais.
C'était le début de désillusion des maîtres et des
alliés de Laurent Désiré Kabila. Le président
Kabila arrive au pouvoir déjà fragilisé car son
autoproclamation a réveillé ses maîtres qui voulaient faire
de lui une marionnette. L'homme est resté le même :
lumumbiste. Que signifie lumumbiste ?
IV. Laurent Désire Kabila au pouvoir à
Kinshasa
L'arrivé du Président Laurent
Désiré Kabila à Kinshasa était
l'événement tant attendu à Kinshasa. D'abord pour les
Kinois, il demeure le tombeur de l'invincible Mobutu, cause de leur malheur.
Voir Mobutu fuir son Zaïre et chassé par Kabila, ce qui devait
donner plus de crédibilité à Kabila auprès des
Kinois à Kinshasa comme siège des institutions. Ce jour
là, Kinshasa en mai 1997, les partisans et sympathisants de l'AFDL
acclament Laurent Désiré Kabila qui accède à la
magistrature suprême, son mouvement ayant vaincu par les armes le
régime de Mobutu.
§1. Lumumbiste
Un lumumbiste est tout leader politique se réclamant de
l'idéologie et de l'héritage politique du premier ministre
congolais de l'indépendance Patrice Emery Lumumba. Ainsi, on peut parler
du lumumbisme.
Selon Jean-Pierre Kambila
Kankwende : « Le lumumbisme est un questionnement
permanent, une recherche perpétuelle des meilleures solutions possibles
aux problèmes de notre pays. Il est véritablement un idéal
qui tire sa substance de la réalité de notre pays et d'un certain
nombre de valeurs identifiables. C'est une démarche politique,
intellectuelle et philosophique qui refuse tout artifice et s'impose d'aller en
toutes circonstances au fond des choses, à la recherche des causes
profondes. Le lumumbisme ne se connaît pas d'acquis définitif, il
est une attitude de remise en question permanente visant un perfectionnement
incessant. Il n'est pas un but, mais une démarche. Il est le projet de
trois générations désormais, de bâtir au centre de
l'Afrique une nation indépendante, de construire avec son peuple, par
ses propres moyens, une démocratie, une société de
bien-être et de justice sociable ».126(*)
Lors de l'indépendance du Congo, le Premier ministre
Lumumba voulait une véritable indépendance qui aurait
libéré le pays de l'influence coloniale. Une fois
indépendant, le Congo aurait fait membre des pays non-alignés
puis se fondant sur le panafricanisme. C'était déjà le
projet des Etats Unis d'Afrique. Alors que les Congolais qui aspiraient
à l'indépendance sont l'objet de multiples sollicitations de la
part des non-alignés, derrière lequel se profile
l'URSS.127(*)
Dans cette concurrence essentielle entre les deux
superpuissances, l'élimination physique de l'opposant était une
méthode appropriée. Pour le Congo, il ne fallait pas que l'URSS
ait pris le dessus. A la mort de Lumumba, ses partisans s'étaient
retirés à l'Est pour mener une rébellion en vue venger la
mort de Lumumba et éventuellement reprendre le pouvoir. Avec les
interventions propres des Américains, ils furent chassés.
Ainsi, Mobutu s'installe au pouvoir à la tête de
la RDC. En revanche les Présidents qui ont activement soutenu les
lumumbistes, Ben Bella en Algérie, Nkrumah au Ghana, sont
renversés par des coups d'Etats. Seule la présence d'un bataillon
cubain au Congo Brazzaville empêche les troupes de Mobutu, en 1965-1966,
de traverser le fleuve.128(*) La chasse à l'homme était
organisée contre les lumumbistes à travers l'Afrique. Au
début des années 1960 les leaders nationalistes n'ont pas la
cote, ni en Afrique centrale ni ailleurs. Ainsi ils seront dispersés
pour vivre en clandestinité. De ceux-là, on mentionne Laurent
Désiré Kabila.
§2. L'enjeu du pouvoir de Kinshasa
Les alliés de Kabila, qui l'ont porté au
pouvoir, ont cru jusqu'au bout qu'ils seraient capables de contrôler
l'homme qui leur devait tout. Dès lors, Kabila bien que ayant surpris
ses maîtres en s'autoproclamant président de la République,
est plus que jamais piégé dans l'essentiel de son pouvoir. Le
gouvernement est aussi piégé. Déjà le
ministère des affaires étrangères est occupé par
l'un des ténors Banyamulenge en personne de Bizima Karaha.
En effet, l'Etat cherche par le moyen de la politique
étrangère à, au moins, maintenir, et, au plus,
accroître ses capacités d'influence à l'extérieur du
territoire national.129(*) L'importance de cette fonction est encore
soulignée avec insistance ici : sur le plan des échanges
diplomatiques permanents, par sa position centrale, la RDC apparaît comme
le centre diplomatique principal des neuf Etats de l'Afrique centrale :
Kinshasa est d'ailleurs l'intermédiaire diplomatique d'un grand nombre
de représentations étrangères auprès des autres
Etats de la zone.130(*)
§3. Le désaccord entre les alliés
L'attitude de Kabila durant sept mois de la rébellion
était celle d'un écolier docile à l'égard de son
instituteur. Et pourtant l'agenda caché des alliés était
de placer un président Tutsi à la tête de la RDC.
Les Rwandais et les Ougandais qui ont conduit au pouvoir un
personnage qui n'était pour eux qu'un homme de paille se sont lourdement
trompés : Laurent Désiré Kabila prête serment
en présence d'une brochette de chefs d'Etat africains ; c'est un
ancien combattant, qui a enfin trouvé, de façon inopinée,
l'occasion de concrétiser ses rêves et ses principes.131(*)
Certes, avec la fin de la guerre froide, l'URSS et ses
alliés étaient appelés à disparaître par le
fait même se convertir en démocrates. Les Etats Unis se basaient
sur cette analyse pour recruter les anciens révolutionnaires marxistes
d'autres fois pour en faire de nouveaux leaders de la démocratie. Le
choix de Kabila a aussi été accepté sur cette base. Alors
que l'homme est resté fidèle à son idéal, à
son rêve de déboulonner l'assassin de Lumumba et le remplacer afin
de restituer le lumumbisme en RDC.
Devenu président de la RDC, lors d'une interview avec
les journalistes, Kabila évoque ses premiers entretiens avec Kagame
: « Ce qui nous a réuni à l'époque, c'est
une conjonction d'intérêts. Lui, il voulait forcer les
réfugiés à rentrer au Rwanda et supprimer la menace que
représentaient les camps. Moi, depuis 30 ans, je voulais chasser Mobutu
et il fallait me faciliter le passage. Je ne lui ai rien promis de particulier,
sauf de travailler ensemble.132(*)
I. La volonté
politique
En arrivant au pouvoir, lorsqu'il prête serment à
Kinshasa, Kabila atteint l'un des sommets de sa carrière politique.
Kabila compagnon de Lumumba est resté fidèle aux idéaux de
sa jeunesse : il est nationaliste, fondamentalement attaché
à l'unité du pays. L'ancien allié de la Chine met
volontiers l'accent sur l'autosuffisance ; il se méfie de
l'assistance étrangère et ne fait plus confiance à
l'Occident dont il a vécu les trahisons ainsi qu'aux Nations Unies qui
avaient abandonné Lumumba dans les années 1960.133(*)
Ceci constitue le plan directeur de la politique du
président Laurent Désiré Kabila à la tête de
la RDC. Sans ignorer que ses collaborateurs Tutsi sont les yeux et les oreilles
de Kigali, mais il sait aussi qu'il leur doit le pouvoir. En public, il
multiplie les marques d'estime ou d'affection à leur égard.
Par ailleurs, il doit faire face aux congolais qui boudent la
présence des étrangers qu'il a amenés avec lui. S'il reste
sourd aux demandes de ses proches qui le pressent de chasser les
étrangers, Kabila ne se hâte pas non plus de reconnaître
d'autorité la nationalité congolaise aux Tutsi d'origine
rwandaise qui la réclament comme récompense pour fait de guerre.
Il estime qu'une telle décision doit être du ressort d'une
Assemblée législative et ne peut être réglée
par décret présidentiel.134(*) Ce qui ne fait que mécontenter ses
alliés après son autoproclamation présidentielle. Cette
surveillance n'épargne pas non plus ses ministres : les conseillers
tutsi et les soldats banyamulenge le tiennent à l'oeil. Et la situation
est pareille durant les sept mois d'avant leur départ.
II. La renaissance
africaine
La vision politique des lumumbistes est fondée sur la
renaissance africaine qui est l'idée chère aux pays non
alignés. En effet, cette vision est en fait la traduction moderne du
projet panafricaniste qui a retrouvé son actualité depuis que
l'Afrique a cessé d'être un enjeu de la rivalité entre
l'Est et l'Ouest.
Le panafricanisme reste la voie sûre pour le
développement de l'Afrique. Les potentialités que regorge la RDC
lui permettraient la réalisation de ce projet. Ainsi, à la
Révolution du 17 mai, le Président Laurent Désiré
Kabila donnera à la politique étrangère de la RDC un
contenu commercial et économique sous-tendu par son désir de
créer des Organisations Internationales rassemblant tous les Etats de la
Région des Grands Lacs.135(*) Malheureusement, c'est au moment où cette
diplomatie s'est engagée dans la recherche d'une paix durable
indispensable à l'achèvement du processus de
démocratisation et à la poursuite du programme de reconstruction
nationale que les agresseurs rwando-burundo-ougandais ont
déclenché, le 02 août 1998, la guerre d'agression contre la
RDC.136(*)
Ce projet de panafricanisme donne l'ouverture à Kabila
de faire de la RDC, un membre de la SADC. En effet, la SADC est une
organisation régionale regroupant les pays de l'Afrique australe. En
tant que l'organisation économique, la SADC concerne aussi un pacte
militaire entre les pays membres. En cas d'agression d'un pays membre, les
autres membres ont droit d'intervenir en sa faveur.
III. La
répétition de l'histoire
Le souvenir de l'indépendance fait naître la
méfiance de l'Occident à l'égard de Kabila. Ses discours
nationalistes devant la face du monde, la coopération sud-sud. C'est
ainsi que dès sa prise du pouvoir, les relations entre Laurent
Désiré Kabila et l'Occident entre dans une zone de fortes
turbulences. Ayant réalisé que la RDC avait cessé
d'être une puissance courtisée, le Président Kabila
développe un profond ressentiment à l'égard des bailleurs
de fonds occidentaux qui tardent à venir au secours de son régime
et d'une économie congolaise complètement
sinistrée.137(*)
Les autorités américaines ont ainsi très vite compris
qu'avec cet ancien maquisard ayant bien du mal à abandonner son
antédiluvienne rhétorique anti-impérialiste, elles avaient
misé sur le mauvais cheval. Les événements se
succéderont pour augurer le sort de Kabila.
C'est en décembre 1997 que les dés sont
définitivement jetés. La réunion des amis du Congo n'est
pas terminée que tous, Américains en tête, décident
d'abandonner Kabila. Son ministre des affaires étrangères, Bizima
Karaha, a tout fait pour discréditer le chef de l'Etat : mener une
diplomatie erratique, dont il impute la responsabilité au
président, contribuer à saboter l'enquête de l'ONU sur le
massacres des réfugiés, dénigrer Kabila à
l'occasion de ses missions, torpiller la visite à Kinshasa de plusieurs
émissaires occidentaux.138(*)
Ainsi, contre le gré de ses maîtres, Kabila se
réalise qu'il faut répondre aux espoirs de son peuple, impatient
de reconstruire le pays ; les Congolais avaient beaucoup souffert de la
dictature de Mobutu. Ainsi, un vaste programme salarial fut initié. A la
joie de tous les Congolais l'espoir renaissait: « Dans tout le
pays malgré les difficultés économiques, le manque d'aide
extérieure, l'espoir renaissait. La nouvelle monnaie avait
été acceptée dans tout le pays, les gens s'étaient
remis au travail et l'administration avait commencé à distribuer
des patentes, des timbres fiscaux afin de donner à l'Etat les moyens de
fonctionner normalement. Les appels de Kabila incitant ses compatriotes
à compter d'abord sur leurs propres forces pour développer le
pays avaient été entendus. Dans les villes, les changements
étaient visibles.139(*)
Kabila revoit tous les contrats miniers signés avec les
multinationales pendant la rébellion. Ce qui envenime les relations avec
les Américains. En effet, les relations ne sont plus
guère amicales avec les Etats Unis qui au départ, avaient
pourtant vu d'un bon oeil l'arrivée de l'AFDL et de Kabila à la
tête de la RDC. La remise en cause unilatérale des accords miniers
conclus lors de la guerre de Libération nationale avec des compagnies
nord-américaines a mis la poudre au feu. Alors qu'il est aujourd'hui
reconnu que l'AFDL avait bénéficié lors de sa campagne
militaire en 1996-1997 d'un soutien logistique et financier
nord-américain.140(*)
Mais le rêve de la reconstruction de la RDC ne sera que
de courte durée. Un vaste plan de sabotage du gouvernement Kabila est
à jour par les Occidentaux et aussi les alliés directs notamment
ceux qui l'ont visiblement soutenu.
Section V. LA GUERRE D'AGRESSION CONTRE LA RDC
La guerre d'agression est cette guerre dont la RDC fut victime
à partir du 02 août 1998. En effet, c'est la guerre que les
alliés du Président Laurent Désiré Kabila avaient
engagé contre son gouvernement pour le reverser ou l'éliminer
physiquement. N'ayant pas répondu à leurs attente, ils se sont
retournés contre Kabila et commencer une nouvelle rébellion pour
se venger contre lui et ils finiront par l'éliminer physiquement.
§1. Le jeu d'influence
Qui veut noyer son chien, l'accuse de rage.141(*) C'est en ce sens qu'il faut
appréhender la situation du Président Laurent
Désiré Kabila à la tête de la RDC. Il avait
été place pour répondre à l'attente des ses
alliés. Hier, il était un chien sain il devient de facto
enragé par ce qu'ayant refusé de jouer à la marionnette.
Dès lors, le plan contre lui se préparait.
En d'autres termes, pour ses alliés, Kabila ne
méritait plus d'être la tête de la RDC. À partir du
mois de mai, non seulement les relations de Kinshasa avec ses voisins se
détériorent, mais surtout les Occidentaux, les principaux acteurs
du jeu, sans l'avouer publiquement, abandonnent le régime : les
projets de coopération sont suspendus, les visites officielles
annulées, les banques américaines bloquent tous les projets de
financement en RDC. Il est urgent d'attendre des temps meilleurs.142(*)
Les critiques sont immédiates : désormais,
la presse occidentale ne parle plus de Kabila qu'en ajoutant qu'il est un
président autoproclamé ; les formations politiques
congolaises dénoncent le risque d'une nouvelle dictature. La
stratégie contre Lumumba en 1960 : l'argent mis en jeu par la CIA
à la sédition pour soulever quelques personnes ciblées
contre Lumumba.
A Kigali, le regret est total. Voici la rage qui a saisi les
parrains de Kabila : « Nous avions prévu de mettre en
place une sorte de directoire, un bureau politique issu de l'AFDL qui aurait
sans doute élu Kabila, mais qui aurait aussi eu le pouvoir de le
contrôler et le cas échéant, de le démettre. Sa
proclamation nous a pris de court et puisque la capitale était sur le
point de tomber, nous n'avions pas eu d'autre choix que de le conduire en
vainqueur à Kinshasa.143(*)
§2. L'épreuve de force entre les
alliés
Une réunion tenue par les responsables de
sécurité des alliés de Kabila au moment du premier
anniversaire du régime de Kabila arrive à la conclusion que
l'homme leur a échappé. Les Américains résument la
situation par une formule lapidaire : « Kabila est devenu
un missile non guidé ».144(*) Ce qui signifie que c'est clair, un tel missile doit
être détruit pour éviter l'imprévisible
fâcheux. Les Américains décident alors l'élimination
physique de Kabila. L'histoire se répète ! C'est le
même plan que la CIA avait organisé contre Lumumba. En effet, 37
ans plus tôt, le 26 août 1960, Allen Dulles, directeur de la CIA en
personne répondait à Larry Devlin, chef de la CIA au
Congo : « Si Lumumba continue d'être aux affaires, le
résultat sera au mieux le chaos et au pire du pouvoir à terminer
par les communistes, avec des conséquences désastreuses pour le
prestige de l'ONU et les intérêts du monde libre. Son
départ doit donc être pour vous un objectif urgent et
prioritaire ».145(*)
Trente sept après, l'URSS n'existe plus, mais les
intérêts américains et des Occidentaux au Congo restent au
jour. L'intérêt américain pour le Congo ne s'explique pas
seulement par l'aversion que suscite l'imprévisible Kabila, mais les
ressources du Congo, qu'elles soient potentielles ou déjà en
exploitation, se trouvent au coeur de l'enjeu.146(*)
Considérant l'attitude qu'affiche le Président
Kabila à l'égard d'eux, pour Kigali désormais,
l'élimination physique ou politique de Kabila est
présentée comme un problème de sécurité car
les Tutsi estiment que leur voisin congolais incarne une menace pour leur
pouvoir sinon leur existence.147(*) Par ailleurs, l'indignation des alliés
était au comble, l'une des grandes figures des Tutsi, Deogratias Bugera
ajoutait que deux mois après l'arrivée de Kabila au pouvoir, ils
avaient décidé son départ, d'ailleurs, même les
autres alliés Erythréens les avaient
prévenus : « vous n'arriverez à rien avec
lui, il vous trahira».148(*)
Les alliés de Kabila profiteront du fait que le
régime de l'AFDL n'a pas encore eu le temps de créer une
armée nationale capable de défendre l'intégrité
territoriale, ils décident de contre attaquer. Dès lors les jours
du Président Laurent Désiré Kabila sont comptés.
Une première tentative d'attentat est déjouée le 17 mai au
stade des martyrs : un commandant rwandais, accompagnant le chargé
d'affaires de son pays à Kinshasa, est désarmé au vu de
tous par des gardes du corps katangais, alors que, muni de son arme, il s'est
placé derrière le président.149(*) Plusieurs tentatives de
l'élimination contre Kabila seront encore déjouées.
§3. Le départ des alliés : la
goûte qui a fait déborder le vase
Naturellement l'arrivée de l'AFDL à Kinshasa et
la prise du pouvoir par Laurent Désiré Kabila devraient consacrer
la fin de la mission de ses alliés et cela ne devrait poser aucun
problème. Finalement Kabila avait beaucoup d'autres raisons pour
précipiter ce départ, d'une part les Congolais en
général supportaient très mal ces soldats étrangers
qui vivaient comme sur une terre conquise. D'autre part le gouvernement Kabila
subissait de plus en plus l'influence de ses maîtres à tel point
que l'exercice du pouvoir lui échappait.
Le 27 juillet, Kabila annonce publiquement qu'il met fin
à la mission de coopération des militaires alliés, qu'il
les remercie et le prie de regagner leur pays au plus vite.150(*) La cérémonie
de départ des coopérants militaires rwandais s'est même
déroulée dans un certain apparat malgré les tentions
sous-jacents, et les partisans ont reçu une indemnité de
départ en dollars américains.151(*) Ce départ annoncé par Kabila sans le
consentement de ses alliés était la goûte qui avait fait
débordé le vase. En réalité, le président
Kabila avait anticipé une situation qui se préparait
déjà contre lui. Nous nous souvenons encore que ce jour
là du 31 juillet à Isiro, tous les militaires alliés de
Kabila étaient rassemblés à l'aéroport pour le
retour au pays natal. Ceux qui avaient déjà lié des
amitiés avec les Congolais annonçaient qu'ils partaient et qu'ils
revenaient le plus vite possible. Parole d'honneur, effectivement pendant la
guerre d'agression, quelques uns étaient revenus à Isiro. Et
personne ne prêtait attention à cette révélation.
Tout était déjà planifié par les alliés.
§4. La guerre d'agression contre la RDC
Les alliés étaient supposés
retournés chez eux à ce mois d'août 1998. Et pourtant comme
toujours ce matin là du 02 août 1998, les radios
périphériques annoncent un soulèvement des militaires
congolais à Goma. Ils manifestent leur mécontentement à
l'égard du Président Laurent Désiré Kabila parce
que dictateur.
I. Le déclenchement
de la rébellion armée
Kabila échappe à beaucoup de tentatives de coup
d'Etat et même de son élimination physique. Ce plan contre Kabila
était un vaste plan international. Ce que souligne Colette
Braeckman que durant l'été 1998, des sources
officieuses à Kigali nous ont expliqué que les Américains
téléguidaient l'opération de renversement de
Kabila.152(*)
Entre temps à Kinshasa aussi les signes
précurseurs se dessinent. Un pont aérien est jeté entre
Kinshasa et Brazzaville pour évacuer les expatriés car les jours
avenir ne s'annoncèrent guère rassurant. L'ambassade des Etats
Unis ferme ses portes et le nouvel ambassadeur désigné
s'arrête à Brazzaville. De là, il appelle des amis qui se
trouvent à Kinshasa, et il leur explique qu'il attend le moment opportun
pour reprendre son poste. En fait, un langage codé aux initiés.
Il apparaîtra plus tard que Rwandais et Ougandais,
soutenus par les Etats Unis, tacitement approuvés par l'ensemble de la
communauté internationale (ce dont témoigne le silence de l'ONU
et de l'OUA qui ne protestent pas contre le viol évident de la
souveraineté d'un pays), avaient prévu une offensive
éclaire sur Kinshasa, la rapide destitution de Kabila et son
remplacement par une nouvelle équipe qui aurait aussi tôt
bénéficié d'une reconnaissance internationale. Une
rectification de la prise de pouvoir de 1997 en quelque sorte.153(*)
II. La composition de la
deuxième rébellion
Le 2 août 1998 à Goma, la 10ème
brigade entre en mutinerie et proclame la destitution du Chef de l'Etat. Ce
matin là, « Sylvain Buki a lu le 2 août 1998, sur les
ondes de Radio Goma, une proclamation de défiance à
l'autorité de Kabila : la 10ème brigade des FAC
cessait de répondre au gouvernement central et au président
Laurent Désiré Kabila. La mutinerie était lancée.
Quelques heures auparavant, des centaines de soldats des forces
gouvernementales rwandaises avaient franchi la frontière au passage de
la grande barrière et pris position sur tous les points
stratégiques de Goma, coupant court à toute
velléité de résistance locale.154(*) Les FPR venus de Gisenyi du
Rwanda avec des chars et des pièces d'artillerie et l'aéroport de
Goma entre dans une intense activité militaire.
Devant la population de Goma indifférent, Sylvain Buki
s'explique sur les motivations de la rébellion : le départ
de Kabila, le dictateur. En fait, les habitants de l'Est et à leur suite
les congolais en général ont désapprouvé et
manifesté leur désapprobation à cette rébellion
dès le début. Ils ont assuré aux journalistes que cette
guerre ne les concernait pas ; ils voyaient la main
étrangère derrière. Ils avaient besoin de la
reconstruction de la RDC.
III. Le front de
l'Ouest
Décidés à en finir avec Kabila, les
événements se précipitent selon un plan bien
organisé. Deux jours après, le 4 août pour masquer le
rôle du Rwanda et de l'Ouganda afin de donner à la
rébellion un aspect national de destitution de Kabila, un
deuxième front est donc ouvert à l'Ouest, à la porte de la
capitale. A bord d'un avion, le Commandant rwandais James Kabarehebe et 163
militaires piquent sur base de Kitona et aussitôt contrôlent cette
base militaire.155(*)
Les informations concordantes confirmaient la présence des soldats
américains sur la cote de Moanda. Le front de l'Ouest dévoile de
nouveau les agresseurs de la RDC.
Le renversement de la situation au front de l'Ouest en
défaveur de la rébellion était surprenant. Convaincus de
leur première alliance contre Mobutu, le Rwanda et l'Ouganda avaient cru
que l'Angola était toujours le leur. Dès lors, en ouvrant le
front de l'Ouest, ils comptaient sur l'Angola. L'intervention de l'Afrique
australe, Angola en tête, prend de court les stratèges occidentaux
et leurs alliés rwandais, ougandais et congolais, elle renverse la donne
militaire dans la mesure où la rébellion perd d'un coup sa
tête de pont à Kitona et ses lignes d'approvisionnement.156(*)
L'Angola a surpris désagréablement ses anciens
alliés, il change de camps en faveur de Kabila. L'armée angolaise
neutralise le front de l'Ouest. Dans le Bas Congo, les Forces Armées
Angolaises capturent des centaines des militaires ougandais et rwandais pour
lesquels leurs maîtres les Américains sont obligés de
négocier des sauf-conduits. L'Angola autorise aux rebelles à
jeter un pont aérien pour leur rapatriement à Goma.
A- La lutte pour le leadership
régional
La rébellion intensifie sa progression sur la capitale,
mais l'intervention de pays de la SADC bouleverse tous les calcules :
« Pendant ce temps, Kabila prend contact avec les pays amis, avec des
chefs d'Etat qui ont soutenu sa guerre deux ans auparavant et avec les quels il
partage une vieille solidarité idéologique : Sam Nujoma de
Namibie, Robert Mugabe du Zimbabwe et Edouard dos Santos d'Angola. Leurs pays
font partie de la SADC à laquelle la RDC vient d'adhérer, et
où le président du Zimbabwe préside l'organe de
sécurité et de défense ».157(*) En effet, l'organe de
sécurité et de défense de la SADC prévoit de se
porter au secours des pays membres en cas d'agression extérieure.
La nouvelle alliance de Kabila avec les pays de la SADC a
constitué un rempart pour son régime. Après la
débâcle face à l'armée angolaise au front de
l'Ouest, les rebelles regagnent leur base de Goma. Les plus courageux foncent
sur Kinshasa où les infiltrés les attendaient pour renverser
Kabila, ils se heurtent à la résistance populaire et aux forces
armées fidèles au régime y compris les alliés.
Le gouvernement appela à la résistance
populaire. La population a répondu massivement à l'appel de
Kabila, un homme, qui lors de son arrivée en 1997, n'inspirait que
méfiance et qui a soudain incarné un esprit de résistance
nationale face à une agression perçue comme
étrangère. Il a suffi de quelques jours pour que le vieux rebelle
dont les plus jeunes ignoraient le nom et l'histoire se transforme soudain en
héros de cette capitale rétive. Kabila par son histoire et une
partie de son personnage, incarne la résistance congolaise, l'envie de
partir avant ces maudits carrefours où la CIA, les intérêts
belges, puis les réseaux français désignèrent la
voie pour Mobutu.158(*)
Il est à rappeler ici que lors des fronts du Bas Congo, les rebelles
avaient pris en otage le barrage d'Inga et coupé le courant. Ce qui
entraîna à Kinshasa une situation humanitaire sans
précédant. Kinshasa est resté sans eau et courant durant
des semaines. L'une des sources de haine contre les rebelles.
Plusieurs raisons expliquent l'intervention de ces trois
pays : idéologiques, économiques et sécuritaires. En
effet, en avril 1999, Kabila avait conclu le pacte de défense avec ces
pays ; ce pacte prévoyait une assistance militaire mutuelle en cas
d'agression.
1. Raisons
idéologiques
Le soutien de l'Angola à Kabila est fondé sur
leur histoire commune de la guerre de la libération africaine au nom du
panafricanisme. A l'indépendance du Congo, les lumumbistes qui
soutenaient l'idéologie progressiste, panafricaniste et
non-alignée étaient d'office l'ennemi de l'Occident. A la mort de
Lumumba, ils étaient tous dispersés dont Kabila et les gendarmes
katangais étaient restés prester en Angola. A
l'indépendance de l'Angola en 1975, ce sont ces Katangais qui ont
combattu à côté du MPLA pour barrer la route de Luanda aux
mercenaires sud-africains et aux troupes de Mobutu appuyant les mouvements
rivaux avec l'aide de la CIA. Le président Edouard dos Santos est
resté reconnaissant à ces faits. 159(*)
En 1998, des dirigeants de l'UNITA s'étaient rendus en
Afrique de l'Est. Savimbi, président de l'UNITA, était
reçu à Kampala ; au même moment Antonio Dembo, le
vice-président de l'UNITA, s'était rendu à Kigali. Des
telles visites ont inquiété aussi le gouvernement de Luanda car
elles présageaient de nouvelles alliances avec des conséquences
d'embrasement de la région.
Le soutien du Zimbabwe à Kabila se fonde sur de vieille
solidarité de la guerre de la libération contre
l'impérialisme occidental. Kabila est le modèle d'une
réussite du combattant de la libération de l'Afrique. Mugabe
éprouve une amitié sincère à l'égard de
Kabila, dont une rue à Harare porte le nom, et ce sentiment trouve ses
racines dans les liens communs avec la Chine.160(*)
La Namibie se retrouve aussi à coté de Kabila
à cause de leur combat commun contre l'impérialisme occidental.
Faisant partie des pays de la ligne de front, le président Sam Nujoma se
retrouvait souvent avec Kabila lors de différentes réunions
à travers l'Afrique où les leaders de tous les mouvements de
libération se donnaient rendez-vous.
2. Raisons
économiques
La RDC constitue un enjeu majeur pour beaucoup de pays
à cause de sa potentielle économique. Pour le Zimbabwe, la RDC
constitue un allié à protéger : le courant d'Inga
alimente une partie du Zimbabwe. Les industries zimbabwéennes comptent
beaucoup sur le marché congolais pour la consommation de ses produits et
mettre en valeur ses propres industries. Donc, si les richesses congolaises
étaient mises en valeur par le Zimbabwe, cela permettrait aux deux pays
de se développer en tant que puissance en Afrique australe face au
géant Afrique du Sud. Le Zimbabwe considère la RDC comme sa zone
d'expansion économique. La Namibie compte aussi plus sur ces richesses
pour faire un grand marché régional pour la SADC.
L'Angola en tant que pays producteur du pétrole,
cherche un marché pour son produit. D'ailleurs, il venait de signer une
coopération en cette matière. On voit aujourd'hui Sonangol
concurrencer les autres compagnies traditionnelles en RDC.
3. Raisons
sécuritaires
C'est aussi la réaction de dirigeants issus des luttes
de libération, qui demeurent soucieux de préserver les
prérogatives de leurs Etats face à d'autres forces qui visent
à la dérégulation purement commerciales qui seraient aussi
le terrain d'opérations de diverses mafias.161(*) Il est clair qu'avec la
régionalisation du conflit congolais, l'arrogance du Rwanda et de
l'Ouganda ne cache pas leur ambition de devenir des puissances
régionales. En effet, un tel projet pourrait facilement se
concrétiser une fois en possession des richesses de la RDC. D'ou il
fallait leur empêcher la conquête de la RDC.
Les combattants des luttes de libération ont voulu
défendre la RDC, considérant sa position stratégique en
Afrique centrale. En effet, l'implosion ou la partition de la RDC au
bénéfice du Rwanda et de l'Ouganda ouvrirait la voie à une
déstabilisation de toute l'Afrique avec des conséquences
extrêmement graves.
A part, les alliés visiblement actifs en faveur de
Kabila, d'une part, il y a eu d'autres qui sont intervenus d'une manière
ou d'une autre. Ceci explique combien la guerre de la RDC avait pris une
dimension continentale. D'une part les voisins de la RDC ont pris de positions
vis à vis de cette guerre car ils étaient concernés en
tant qu'acteurs actifs ou passifs.
Le régime communiste du Congo Brazzaville a toujours
été un voisin suspect et méfiant depuis le régime
de Mobutu. A l'arrivée de l'AFDL, il a constitué une base de
repli pour certains soldats des FAZ. Cette attitude a développé
de nouveau la méfiance et la suspicion du nouveau régime de
Kabila à son égard. La République Centrafricaine a plus
été un acteur passif car elle était une terre d'asile pour
les réfugiés venant de la RDC. En outre, elle a souffert sur le
plan économique car le ravitaillement sur le fleuve était
coupé.
Le Soudan et le Tchadoffrirent également leur appui
politique et militaire à Laurent Kabila. Le 1er septembre 1998, le
Président s'est rendu à Khartoum pour y demander l'aide du
gouvernement islamiste. Le soutien soudanais ne s'est pas traduit par l'envoi
d'hommes ou de matériels, mais était crucial dans la mesure
où ce pays finance et aide plusieurs mouvements de rébellion
s'opposant à l'Ouganda.162(*) La Tanzanie et la Zambie passivement ont
été des acteurs dans cette guerre, elles ont accueilli des
réfugiés sur leur territoire.
IV. Alliances du front de l'Est
A- Les voisins de l'Est
D'une part, il y a les deux présidents
considérés comme principaux acteurs de la
guerre du Congo : Museveni et Kagame avec l'influence
anglo-saxonne. Ce qui justifie la stratégie américaine dans la
guerre de la RDC : ne pas s'impliquer à visage découvert.
D'autre part il y a les Tutsi et d'autres congolais qui avaient
accompagné Kabila au pouvoir à Kinshasa et participé
à son gouvernement. Ajoutée à ceux-ci la
10ème brigade des Forces Armées Congolaises.
B- Les vaincus de l'AFDL
Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. A cette coalition,
viendront s'ajouter les ex-FAZ, l'armée vaincue de Mobutu, animée
de l'esprit revanchard. En effet, après leur débâcle devant
l'AFDL, des nombreux officiers et autres militaires se sont dispersés en
Afrique francophone. Beaucoup au Congo Brazzaville, en Afrique du Sud... Ces
généraux avaient mis sur point une stratégie de
reconquête du pouvoir. Certains généraux mobutistes
étaient appuyés par les officiers rwandais. Leur calcul
stratégique était d'aller tenter de harceler le pouvoir en place
à Kigali, le renverser ou au moins le retourner contre Kabila afin de
provoquer la chute du nouveau régime à Kinshasa.163(*) En réalité
tous ces rebelles ne sont unis que par leur haine commune à
l'égard de Kabila.
C- Le Rassemblement Congolais
pour la Démocratie : RCD
Le RCD n'est pas créé le 02 août1998
car: « Il faudra trois semaines pour qu'apparaissent à Goma le
porte-parole politique des rebelles qui ont formé le RCD. Le RCD est
composé des membres fondateurs de l'AFDL, des mobutistes, nostalgiques
d'un pouvoir perdu.
Ce rassemblement hétéroclite chapeauté
par le Rwanda et l'Ouganda, constituait déjà en lui un virus de
division de la part des Congolais. Ainsi, apparaîtront des
mésententes entre les Congolais et les autres alliés. Ce
mouvement n'était pas une création congolaise ; le RCDn'est
pas un mouvement politico-militaire d'origine congolaise. Le RCD est l'affaire
des Rwandais soutenus par un mercenariat congolais.164(*)
Les divergences des intérêts et la lutte de
leadership entre l'Ouganda et le Rwanda le diviseront. L'Ouganda créa
une rébellion satellite pour contrecarrer l'influence du Rwanda en
RDC : l'une des branches du RCD Kisangani, RCD Kml ; le Mouvement
pour la Libération du Congo(MLC) avec son leader Jean Pierre Bemba
soutenu par les anciens généraux et barons du régime
mobutiste.
La concrétisation de cette mésentente entre les
deux était les affrontements à Kisangani pendant une semaine.
Plus que des divergences d'ordre politique et militaire, cependant bien
réelles, c'est la guerre des butins qui a suscité plusieurs
échanges de tirs entre des soldats rwandais et ougandais, qui
s'entretuaient pour le contrôle de mines d'or et de plantations dans
l'est du Congo.165(*)
Comme conséquences, il y eut un bon nombre de morts civiles et des
dégâts matériels considérables. Encore une fois la
communauté internationale n'a jamais condamné cette violation de
l'intégrité territoriale moins encore la mort de la population
civile. La détermination des Américains contre L D Kabila s'est
encore manifestée dans leur offensive diplomatique vis-à-vis
des agresseurs de la RDC: « L'à priori favorable des
Américains à l'égard du Rwanda et de l'Ouganda sera encore
illustré par le fait que Suzan Rice se rend non pas à Kigali et
à Kampala à la recherche d'un possible compromis mais à
Loanda et à Harare où elle a tenté de faire pression sur
les alliés de Kinshasa pour les convaincre de retirer leur soutien au
président LD Kabila qui refuse toujours de discuter avec les rebelles
soutenus par le Rwanda et l'Ouganda ».166(*)
Il fallait s'y attendre, si les Etats Unis ont approuvé
et soutenu les tentatives de renversement de Kabila, l'évolution
politique du mouvement rebelle les a déçus. En effet, les
divisions n'ont pas tardé à opposer les membres tutsi et
congolais. Les Tutsi congolais, instruments de la politique de Kigali, pensent
être les privilégiés dans la rébellion. Les
Congolais mobutistes, ayant financé la rébellion estiment que
leur contribution financière leur donnait le droit d'occuper des postes
de commande de la rébellion : chose impensable pour les Rwandais.
Allant de division en division, sans projet vital pour le pays, la
rébellion créée de toute pièce contre Kabila a
déçu leurs maîtres ainsi que les Congolais.
Section VI. LA RDC ET LA PERIODE POST-GUERRE FROIDE
Une telle question dans ce cas précis conduit à
s'interroger sur les causes des guerres que connaît la RDC. Il est
à rappeler que compte tenu des facteurs déterminants de sa
politique étrangère, c'est-à-dire les facteurs
géographiques, démographiques et économiques, la RDC est
appelée à jouer un rôle important en Afrique. Aussi
est-elle devenue un enjeu des puissances étrangères et, en
même temps, un enjeu géopolitique en Afrique.167(*)
§1. Les facteurs déterminants de la RDC
Le changement de la géopolitique mondiale intervenu au
lendemain de la chute du «Mur de Berlin» en 1989 a permis aux
Américains de concevoir une nouvelle configuration du continent africain
dans le cadre des conquêtes des nouveaux espaces économiques. Dans
l'entendement américain, l'Afrique n'est plus une chasse gardée
des Européens seuls. Fort de son statut d'unique Super-puissance
mondiale, les Etats-Unis d'Amérique ont éprouvé le besoin
de diversifier les sources d'approvisionnement en matières
premières de leur économie.168(*) Ce comportement américain se justifie par le
fait que les Etats Unis disposent seuls, aujourd'hui, de la maîtrise des
espaces communs : la mer, le ciel, l'espace. Cette
géostratégie, rendue possible par une immense puissance
économique, fonde leur hégémonie militaire. C'est elle qui
leur permet de projeter leur capacité dans le monde entier et
d'empêcher tout adversaire potentiel de le faire.169(*) Nulle autre puissance ne
peut rien faire devant cette hégémonie.
Dès lors, l'Afrique se retrouve parmi cette
priorité entre autre à cause de ses potentiels naturels. Ainsi,
il faut réviser le statut de l'Afrique de la Conférence de Berlin
de 1885 et par le fait même mettre fin au privilège de l'Europe
sur l'Afrique. L'Alliance avec l'Angleterre, un pays qui était à
la Conférence de Berlin et qui a des colonies en Afrique, étant
un moyen pour atteindre cet objectif. Le choix est fait sur l'Ouganda et le
Rwanda. C'est ainsi que les incursions incessantes des troupes rwandaises au
Congo relève de l'exécution d'une stratégie
arrêtée par la coalition américano-britannique de
contrôler la partie utile de l'Afrique, sans considération de
l'ancienne répartition des zones d'influence qui prévalait du
temps de la guerre froide.170(*) Et cela avec le silence de la Communauté
internationale.
§2. L'influence anglo-saxonne
Dans son cours de sociologie des conflits en relations
internationales, le professeur Eugène Banyaku définit l'influence
comme étant l'application coercitive ou contraignante sans violence,
avec capacité d'orientation ou de manipulation. Elle indique une
situation de rayonnement des intérêts d'un Etat sur ceux des
autres Etats et qui consiste à orienter les choix des autres Etats dans
le sens de ses intérêts.
Les guerres en RDC expliquent à suffisance cette
théorie. La coalition anglo-saxonne a des intérêts en RDC
en alliance avec le Rwanda et l'Ouganda y compris quelques congolais. Cette
alliance permet aux Etats Unis d'avoir la main mise sur les richesses de la
RDC. L'Ouganda et le Rwanda, à leur tour, en profitent pour la promotion
de leurs intérêts respectifs. Donc, il y a compatibilité
des intérêts anglo-saxons et ceux de leurs alliés,
l'Ouganda et le Rwanda.
§3. La balkanisation de
la RDC
La balkanisation de la RDC figure dans le projet des Etats
Unis et leurs alliés occidentaux sur l'Afrique. En 1990, au lendemain de
l'effondrement de l'ex-URSS qui symbolise la fin de la guerre froide entre
l'Est et l'Ouest, des capitales occidentales au nombre desquelles Washington,
Londres, Bruxelles et Paris se mettront d'accord pour changer la donne partout
en Afrique. Pour le cas du Congo démocratique, les Occidentaux ont
retrouvé le problème qui s'est posé en 1960, celui de
trouver un dirigeant qui puisse répondre à leur profil : savoir
jouer le rôle de locomotive, être à la fois au service de la
population congolaise, des intérêts européens et
américains en Afrique centrale et dans les Grands Lacs.
C'est ainsi que le plan du découpage de la RDC en
plusieurs Etats sera présenté. Le Pentagone prévoyait
l'éclatement de la RDC en quatre zones distinctes appelées
à devenir des sortes de protectorats des pays voisins.171(*) A cet effet, les lobbies qui
plaident pour le démembrement de la RDC, jugée trop vaste pour
être correctement gouvernée à partir de Kinshasa, ont
bénéficié d'une excellente écoute de certains pays
occidentaux. Ils ont été à deux doigts de réussir
à rayer de la carte du monde la RDC dans ses frontières
héritées de la colonisation.172(*) A ce projet, Paris se serait rendu compte d'une
supercherie mise en épingle par Londres, Washington et Ottawa, celle de
contrôler étroitement les nouveaux Etats à créer
dans l'Est du Congo. Quitte aux autres puissances européennes de
s'occuper du reste du territoire. En raison des potentialités
minières que regorge la partie orientale, notamment en pétrole,
en gaz naturel, en coltan, en uranium, en cuivre et en or, Paris ne s'est pas
impliqué dans ce projet.173(*)
L'exécution dudit plan a été
confiée à l'Ouganda, soutenu par Washington et le Rwanda
porté à bout de bras par Londres. Il est à souligner que
l'Ouganda et le Rwanda chacun avait aussi son agenda caché sur le
Congo : l'exploitation des richesses de la RDC et le projet d'annexion de
l'Est de la RDC. Ce qui explique les déclarations du Rwanda au
début de la guerre contre la RDC.
Par ailleurs, l'acceptation de ce plan réveillerait le
démon de la mise en cause des frontières héritées
de la colonisation et par le fait même de la Conférence de Berlin.
Et en raison de la position ambiguë qu'affiche Bruxelles qui
s'était montré tantôt proche de Paris, tantôt
favorable à Washington, les dirigeants français ont appuyé
l'opposition des populations congolaises à ne pas accepter ce plan de
balkanisation de leur pays.
L'opposition de la France a fini par convaincre l'ONU de
conserver la RDC dans ses limites internationales héritées
à l'indépendance. Désormais, Paris jouera à fonds
la carte de l'ONU pour la gestion du dossier RDC. Malheureusement, ils avaient
sous-estimé un facteur essentiel, le nationalisme congolais.
Malgré la guerre qui déchirait, le Congo n'était pas un
éléphant mort que ses voisins auraient pu dépecer à
leur guise, il n'était pas ce trou noir, ce coeur de
ténèbres que l'on ait évoqué si
volontiers.174(*) On
peut ainsi raisonnablement estimer que le nationalisme congolais a
remporté, mais pour combien de temps ? Devant ceux dont la vie
humaine ne dit absolument rien pour leurs intérêts, c'est un
secret de polichinelle que leur influence oblige la communauté
internationale de ne pas se prononcer sur le cas de la RDC !
§4. Les stratégies d'exploitation
Ce plan anglo-saxon de l'exploitation des richesses de la RDC
se réalise dans les sociétés multinationales. Les
sociétés multinationales est un ensemble organisé de
moyens soumis à un centre de décision unique capable d'autonomie
à l'égard du marché et dont les établissements
productifs sont activés sur plusieurs territoires nationaux.175(*) Ces firmes sont des tares
puissantes économiquement parce qu'elles arrivent à faire et
à défaire les régimes de certains pays.176(*)
Les problèmes de ces organisations se posent au niveau
de ses actionnaires qui sont souvent occultés et même les hommes
d'Etats. Pour le cas de la RDC les guerres sont entretenues par ces
sociétés dont les actionnaires sont parfois les hommes d'Etats
des pays comploteurs. Ainsi, derrière le drame que vit l'Afrique
Centrale depuis 1990, immédiatement après la fin de la guerre
froide, il y a un enjeu important pour les transnationales minières. Les
ressources minières dans d'autres pays du monde sont déjà
fortement entamées, si pas épuisées, et celles qui sont en
exploitation présentent des coûts de revient trop
élevés.177(*) Par conséquent la RDC, une ressource non
encore exploitée, devient l'une des cibles de ces
sociétés.
L'effondrement de l'ex-URSS a laissé le champ libre et
a livré toute la planète au capital international. La disparition
du monde communiste a mis un terme à la bipolarité issue de la
deuxième guerre mondiale favorisant ainsi rapidement la montée en
puissance des Sociétés multinationales dont aucune force,
désormais, ne peut contrarier l'expansion et les stratégies. Pour
assurer leurs capitaux, ces financiers ont besoin d'une politique
économique et financière taillée à leur mesure,
c'est pourquoi les transnationales minières se disputent les morceaux
les plus juteux dans l'une ou l'autre partie de l'Afrique Centrale, et cela au
gré des tendances politiques ou des "rébellions" qui leurs sont
associées et parfois même créées par
elles.178(*)
Pour mieux contrôler leurs capitaux, elles imposent aux
populations les dirigeants politiques de leur choix, qui sont souvent
très mal connus du peuple, déstabilisent ainsi la région
et donnent, par le biais hypocrite d'une soi-disant pacification, l'occasion
aux armées de l'ONU d'entériner une scission de fait dont le
peuple ne veut pas. Elles ont alors créé leur Etat dans
l'Etat.
Pour la RDC, à la chute du régime Mobutu des
accords signés entre son gouvernement et certains cartels ont
été reconduits par le nouveau pouvoir de Laurent
Désiré Kabila, d'autres ont été annulés et
offerts à de nouvelles sociétés. Comme le pays est
toujours astreint à une guerre financée par les puissances
occidentales en quête de l'or, du diamant, du cobalt, du
manganèse, de l'uranium et des autres minerais qui accompagnent toujours
le cuivre, tels le zinc, le germanium, l'argent, le plomb, le fer, ... Les
transnationales minières se bousculent entre les rebelles et les
gouvernementaux pour accaparer les meilleures parts, veillant à rester
du côté du vainqueur et en forçant le destin si
nécessaire. Et cela s'accompagne avec un mépris total des
populations!
C'est une recolonisation parce que ces pays ne se prennent pas
en mains, ne réalisent pas que la politique des pays occidentaux c'est
pour les assimiler, les recoloniser, pour les piller et les tuer. Ce serait
trop tard quand ces pays se rendront compte parce que l'objectif visé
par les décideurs c'est de détruire entièrement les pays
en voie de développement surtout ceux qui ont des potentialités
économiques considérables, tels que la RDC. Actuellement, il n'y
a pas de souveraineté pour la plupart des pays dans le monde entier
parce que le monde est dirigé par une seule puissance qui est les Etats
Unis. S'ils veulent quelque chose, ils peuvent l'imposer à n'importe
quel pays. Tout pays qui s'oppose à leur plan de mondialisation s'expose
à subir une longue guerre parce que les puissances occidentales à
travers les institutions de Bretton Woods peuvent bloquer toute aide
financière et créer des conflits en avançant toutes sortes
de raisons notamment politiques, ethniques, linguistiques, religieuses,
territoriales...
Pour l'exemple, les plus connues et opérationnelles en
RDC, c'est le cas d'American Minerals Fields Incorporation (AMFI) et de son
associé l'American Diamond Buyers, et d'autres encore : des
Etats-Unis, du Canada, d'Afrique du Sud, d'Ouganda, de Belgique,
d'Israël... L'AMFI, créée en 1995, a été
forgée comme un instrument destiné à exécuter en
Afrique la volonté de domination économique des financiers
occidentaux et particulièrement d'assouvir en RDC les desseins des
sociétés américaines dont les dirigeants participent aux
grands enjeux stratégiques mondiaux qui relèvent de la science,
de la technologie, des finances, des industries ou de la politique.179(*)
En août 1996 sous le régime Mobutu, l'OKIMO avait
déjà cédé son monopole à la Barrick Gold
Corporation(BGC) qui espérait en tirer l'entièreté de la
réserve. Un autre consortium canado-belge, la Mindev, avait
reçu dans le même secteur, une petite concession de
2000 km².Ainsi l'AMFI avait signé des contrats d'exploitation
avec le gouvernement zaïrois, révisé avec l'AFDL pour
l'Office des Mines d'Or de Kilo Moto. Lors de nos vacances à Watsa
où se situe l'une des concessions de Kilo Moto, nous avons eu à
interviewer un agent de Kilo-Moto à Durba, monsieur Albert Mabinza.
Barick Gold Corporation avait gagné le marché pour l'exploitation
de la localité riche en or de Durba dans le territoire de Watsa,
Province Orientale. Il est à rappeler que Barick Gold Corporation
s'était installé à Kampala en Ouganda voisin. Avec les
anciens fonctionnaires de Kilo-Moto, il commençait à
aménager la piste d'aviation de Durba afin de faciliter le transport des
materiels. Beaucoup de matériels étaient déjà
apprêtés entre autre une grande réserve de carburant et
d'autres engins camouflés dans de caisses bien gardées.
Déjà les mineurs suspectaient des armes de guerre.
A la guerre d'agression contre la RDC, Barrick a
laissé tous ces matériels et carburant au profit des
armées ougandaises et se replia en Ouganda. Au grand étonnement
de la population, ce carburant et autres matériels ont permis aux
armées ougandaises, l'un des agresseurs de la RDC, de progresser
aisément sur Isiro où se trouve un aéroport
stratégique.180(*) Quelle coïncidence ! C'est plus tard que
les informations révéleront que Barrick soutenait la
rébellion contre Kabila et avait son siège en Ouganda.
Le 16 avril 1997, soit un mois avant l'entrée des
troupes de Kabila à Kinshasa, I'AFDL signa trois accords avec l'American
Minéral Fields Incorporation (AMFI) compagnie canadienne opérant
à partir de l'Arkansas aux USA, dans le fief du Président des USA
Bill CLINTON, et dont le principal actionnaire n'est autre que Jean-Raymond
BOULLE, qui pour avoir la signature de I'AFDL avait expliqué que l'offre
présentée au gouvernement de KENGO avait été
refusée. Même si cette offre était la meilleure, le
régime Mobutu avait préféré en janvier 1997 la
soumission des compagnies sud-africaines Anglo American Corporation-GENCOR
La trahison a toujours un prix : la mort. Lumumba a
été traqué et tué à cause de son
nationalisme qui ne rassurait pas les intérêts des Occidentaux. Sa
mort est restée un mystère, trois décennies après
les secrets de l'histoire essayent d'éclairer ce mystère.
Son fils spirituel, Laurent Désiré Kabila,
devenu président de la RDC, subirait le même sort. La
méfiance était chez lui la seconde nature. Dès son
arrivée au pouvoir à Kinshasa, il multiplie les
précautions, sachant qu'il est vulnérable et que les mobutistes
avides de revanche qui se trouvent encore à Brazza et les collaborateurs
de services secrets étrangers qui n'ont pas accepté son accession
au pouvoir.181(*)
Traqué, il fut tué le 16 janvier 2001 dans son bureau du travail.
Quel coup pour une Nation ! Jusqu'aujourd'hui sa mort reste encore un
mystère. Pour manifester leur sentiment jovial à cette mort, les
radios périphériques avaient même annoncé que le
peuple congolais était indifférent à la mort de Kabila.
Alors que le peuple congolais avait été affligé de cette
mort voulue par les ennemis du peuple congolais.
Ce qui est sûr, c'est le même sort qui avait
été réservé à Patrice Emery Lumumba que
Kabila a subi. Apres des décennies, l'histoire dévoilera ses
secrets pour la postérité. Ceci dévoile une fois de plus
que le sort de la RDC se joue ailleurs, les congolais ne feront que subir.
Devenir président à la tête de la RDC suppose une
fidélité indéfectible à ceux-là qui en
détiennent la destinée.
Une fois tué, Kabila est d'office remplacé par
l'un de ses fils en la personne de Joseph Kabila. Etonnant que cela puisse
être, la succession du fils à son père n'a pas
été contestée par les congolais alors que le pays aspire
à la démocratie. Encore se manifeste la volonté de
ceux-là qui détiennent la destinée de la RDC. On peut
ainsi raisonnablement estimer que le fils est l'homme répondrait aux
inquiétudes des Américains pour la RDC. En effet, du point de vue
américain, le plus grand problème du Congo réside au
niveau de sa classe politique qui ne parvient pas à offrir à ce
pays important des dirigeants disposant de l'envergure d'homme d'Etat et
porteur d'un grand dessein, non seulement pour le Congo, mais aussi pour
l'Afrique et le monde occidental.182(*) Le nouveau président viendra avec une
nouvelle logique : celle de la recherche de la paix dans la région
des Grands Lacs. Et le plan de la balkanisation de la RDC?
CONCLUSION
Laurent Désiré Kabila devient le
présidentde la RDC après Mobutu. A la tête de la
rébellion armée dénommée l'AFDL, L D Kabila marche
sur le Congo de l'Est à L'Ouest dans moins d'une année.
Appuyé par l'Occident pour remplacer Mobutu, L D Kabila gagne la
confiance de beaucoup de pays voisins de la RDC. Pour se venger de Mobutu,
l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et d'autres soutiennent l'AFDL chacun avec ses
agenda cachés.
Devenu président de la RDC, le président LD
Kabila refuse d'être marionnette de ses alliés. Cette attitude,
jugée inacceptable par ses alliés, constituera son certificat de
mort. Une rébellion créée par ses alliés d'hier
apparaît le 02 août à l'Est pour renverser LD Kabila. La
communauté internationale lui imposera le dialogue avec les
différentes rebellions. Il sera assassiné dans son bureau de
Kinshasa et remplacé par son fils Joseph Kabila Kabange. Avec le
président Joseph Kabila seront signés les accords de paix pour la
réunification et la pacification du pays. Ainsi, seront
organisées les élections démocratiques, libres et
transparentes. Joseph Kabila sera élu démocratiquement
président de la RDC. Et l'unification et la reconstruction du pays
deviennent possibles.
CHAPITRE IV. RECHERCHE D'UNE PAIX DURABLE EN RDC
Section I. CONDITIONS POUR UNE PAIX DURABLE EN RDC
L'analyse des conflits de la région des Grands Lacs
nous a permis d'en saisir les causes. Ces causes nous permettront d'envisager
des pistes d'une paix durable dans la région. Cette paix est plus que
jamais l'aspiration de tous. Qu'est-ce qu'alors la paix ?
Plusieurs définitions de la paix sont possibles tant
sur le plan scientifique que purement vulgaire. En effet, dans son cours des
`'Mécanismes de culture et d'éducation à la paix, le
Professeur Ignace Sona affirme dans ce sens que quand dans le langage courant
on parle de Paix, on a toujours tendance à rabattre cette notion dans
son acception matérielle. La paix dans ce contexte fait figure des
considérations suivantes : manque de guerres, de rebellions,
suffisance alimentaire, respectabilité du niveau de vie
matérielle, circulation facile et paisible, assurance des soins
médicaux, scolarisation facile des enfants... La paix a plusieurs
facettes, car l'homme est vraiment en paix quand toutes les dimensions sont
réunies : nous pouvons alors parler de la paix intégrale de
l'homme.
Pour que la paix soit intégrale, toutes les dimensions
doivent être en fonction. Il s'agit en occurrence de la paix
matérielle (le manger, le boire, l'habillement, les soins
médicaux, la communication, la scolarisation, la satisfaction des
plaisirs matériels...), la paix morale (avoir une bonne hygiène
morale, avoir une bonne ambiance inter-relationnelle, avoir une bonne culture
des émotions positives, avoir une conscience claire et limpide, savoir
reconnaître ses limites...), de la paix spirituelle (l'homme est un
être de foi ou de croyance ; le succès dans ses entreprises
est tributaire de cette foi. Quoique se disant incroyant, l'homme croit
toujours en une forme de vie supérieure et immatérielle, une
force qui commande ses aspects physiques et moraux. Ainsi, le non respect de
cette croyance peut entraîner des cibles néfastes sur toute
activité de l'homme.183(*) La situation actuelle de la RDC, à cause des
conflits, est celle d'un pays privé de cette paix ; il faut alors
chercher à l'instaurer. Il ressort de cette situation que tout le monde
ne veut que la paix ; le souhait de tous est que la paix revienne en RDC.
Cette paix sera profitable non seulement aux Congolais, mais aussi à
tous leurs voisins y compris ceux qui veulent profiter des richesses de la RDC
et en faire leur seconde patrie.
Pour le professeur Labana : « La paix est
considérée comme le développement des peuples en harmonie
avec l'environnement mais aussi la défense et le développement
des valeurs humaines. La paix ne se limite pas à l'absence de
guerre ».184(*) Une fois de plus la vraie conception de la paix est
celle de sa portée universelle. Telle est la mission essentielle de
l'Organisation des Nations Unies.
En effet, la communauté internationale s'est investie
pour la recherche de la paix en RDC obligeant les différents
belligérants à signer divers accords de paix. Ce qui a conduit la
RDC à organiser les élections libres, démocratiques et
transparentes en vue de l'instauration d'un régime démocratique.
Comme la paix n'est pas synonyme de l'absence de guerre, il faudrait alors
consolider cette paix. Cela est possible dans la mesure où un certain
nombre de dispositions soient prises en compte pour la gestion de la
période post-conflit.
Nous n'aurons pas à retracer les différents
accords signés entre les différents protagonistes qui ont conduit
à la signature de la paix et la formation du gouvernement de transition
en RDC. Quelles sont alors les dispositions favorisant la gestion de la paix
après la guerre, c'est-à-dire la période post-conflit en
RDC ? La bonne gestion de cette période nécessite la
connaissance de différentes causes de ces conflits qui ont conduit aux
différentes guerres.
§1. Les causes des guerres en RDC
L'analyse des guerres actuelles dans le monde conduit au
principe de la causalité ; ce lien causal justifie que la guerre
résulte des conflits dont les instigateurs sont souvent occultés.
Par définitions : « le conflit est une divergence ou querelle
où des intérêts (matériels) s'opposent, où
s'affrontent des besoins et/ou des valeurs. Il apparaît comme un
problème relatif à la satisfaction des besoins de l'une des
parties faisant obstacle à la satisfaction des besoins de
l'autre ».185(*) Les intérêts sont donc à la base
des conflits.
A cet effet, l'analyse de typologie des conflits
révèle qu'il n'y a pas qu'une seule cause. C'est un
mélange d'intérêts qui perpétue le conflit. Toutes
les causes de conflit sont liées entre elles.186(*) Tel est le cas pour la RDC,
les trois chapitres précédents ce travail ont essayé de
les détailler. Ainsi, allons-nous les résumer pour nous permettre
de proposer des pistes de solution d'une paix durable pour les Grands Lacs. Il
y a lieu de dégager trois sortes de causes qui peuvent pousser les Etats
à entrer en conflit : les causes politiques, les causes
économiques et les causes sociales. A leur tour, ces causes peuvent
être rangées sous deux catégories, notamment des causes
endogènes ou internes et causes exogènes ou externes.
I. Les causes
endogènes
Sans vouloir être exhaustif, les causes endogènes
peuvent être résumées en ceci :
l'absence d'Etat de droit et le refus d'ouverture politique et
démocratique, le manque des projets de société visant le
renforcement de la cohésion nationale, les violations des droits de
l'homme, l'assujettissement de certains leaders nationaux aux
intérêts étrangers, le bradage de l'identité et des
intérêts nationaux, le problème des Banyamulenge.
II. Les causes
exogènes
Parmi les causes exogènes, nous retenons
celles-ci :
les visées expansionnistes et
hégémoniques de certains pays voisins de la RDC, notamment le
Burundi, le Rwanda et l'Ouganda ; l'instrumentalisation de certains
voisins de la RDC par les puissances étrangères pour la
défense de leurs intérêts économiques et
géographiques vitaux en RDC, la richesse naturelle de la RDC qui attire
des sociétés multinationales et leurs pays d'origine, le climat
de suspicion permanent entre les Etats de la région des Grands Lacs.
Cette méfiance incite certains Etats au recrutement et à
l'entraînement des mercenaires aux fins de déstabiliser l'Etat
voisin suspecté. Cette suspicion se fonde sur le maque de confiance des
uns vis-à-vis des autres.
A cet effet : « La crise qui ébranle
aujourd'hui la région des Grands Lacs ne pourra trouver des solutions
durables que dans le cadre d'une concertation élargie entre les
décideurs de la contrée. La restauration de la paix, de la
confiance et de la sérénité dans cette région est
à ce prix là ».187(*) A ces causes susmentionnées, il faut des
pistes des solutions pour la restauration d'une paix durable dans les Grands
Lacs en général et dans la RDC en particulier.
§2. La
démocratisation des pays des Grands Lacs africains
Par définition, un régime démocratique
est le gouvernement par lequel le pouvoir et la responsabilité civique
appartiennent à l'ensemble des citoyens, qui les exercent directement ou
à travers des représentants librement élus. C'est un
ensemble de principes et de pratiques qui protègent la
liberté.188(*)
Pour qu'il y ait la démocratie en RDC, il faut un système
politique respectueux des droits de l'homme, une société
où les élections à tous les niveaux sont libres et
transparentes afin de garantir l'alternance au pouvoir, un Etat de droit qui
respecte la séparation des pouvoirs tout en veillant sur la bonne
gouvernance dans la gestion tant publique que privée.189(*) Il en ressort clairement que
certaines revendications qui sont à la base des conflits dans la
région des Grands Lacs sont conséquentes au manque de
régime démocratique. Ainsi, les causes endogènes des
conflits de la région des Grands Lacs sont tout simplement
conséquentes des régimes dictatoriaux de ses Etats.
I. Le respect des droits de l'homme
Par définition, les droits de l'homme sont l'ensemble
des principes et des normes fondés sur la reconnaissance de la
dignité inhérente à tous les êtres humains et qui
visent à en assurer le respect universel et effectif.190(*) Ces droits sont
nécessaires pour l'épanouissement de l'homme dans sa
dignité. Ils sont en fait l'expression des besoins fondamentaux des
êtres humains, sans aucune exception. Ils sont nombreux et
interdépendants, il n'y a pas les plus importants et les moins
importants.
Il convient de spécifier les problèmes que pose
le respect des droits de l'homme dans la région. Dans l'histoire de
l'évolution des droits de l'homme, la première catégorie
des droits de l'homme est celle de revendication. Il s'agit des droits civils
et politiques. Il a fallu à l'homme de se soulever au
18ème siècle contre la monarchie pour arracher cette
catégorie des droits de l'homme. Depuis lors les droits civils et
politiques restent les droits de revendication. Avec le vent de la
démocratie en Afrique après la dictature, tous réclament
ces droits à l'Etat. Il est alors impérieux de promouvoir et de
protéger ces droits de l'homme dans les pays des Grands Lacs.
A- Les droits civils et
politiques
Les droits civils et politiques sont opposables à
l'Etat, à qui il est demandé une attitude d'abstention à
l'égard de leurs titulaires qui sont les hommes isolés. Ces
droits ne peuvent être garantis que si et seulement si l'Etat en a la
volonté. L'Etat étant une personne morale incarnée par un
pouvoir institué évoluant dans un environnement territorial ayant
pour but de traduire les aspirations de la nation.191(*) Par aspirations de la
nation, il est question du bonheur de la nation, son épanouissement par
le fait même du peuple. Un pouvoir est dictatorial quand l'Etat ne
garantit pas l'exercice de ces droits, l'interdiction d'exercer les droits
civils et politiques.
C'est pourquoi, les pays des Grands Lacs doivent
réellement devenir un espace démocratique pour le respect des
droits civils et politiques. L'organisation des élections
démocratiques, libres et transparentes dans chacun de ces pays serait
une garantie de l'exercice du pouvoir pour la région.
Une fois le respect des droits de l'homme garanti, dès
lors, les politiciens Congolais pourraient travailler d'abord pour
l'intérêt national et être ainsi des vrais patriotes. En
outre, il leur est demandé d'avoir plus de maturité politique
pour apprécier certaines situations difficiles et délicates. La
culture politique démocratique où les valeurs
démocratiques sont aux antipodes des antivaleurs, doit imprégner
les Congolais qui veulent être candidats aux suffrages du
peuple.192(*)
Dès lors, la politique ne sera plus comprise comme un moyen
d'enrichissement facile, mais comme un devoir à accomplir, un sacrifice
pour l'amour de la patrie. Mettre au niveau de l'appareil de l'Etat un
mécanisme efficace pour combattre la conviction largement
répandue dans l'imaginaire des Congolais que le succès d'un homme
politique dans le peuple dépend moins de ses performances au service de
la communauté nationale que des moyens qu'il aura accumulés pour
entretenir sa clientèle. Dans la conception africaine, le chef ne vole
pas, il accumule en vue de la redistribution. La
générosité obligée des gouvernants porte
également sur les nominations aux emplois publics mais le
privilège le plus important qui fait courir les politiques reste la
mainmise sur les finances publiques et la possibilité de les utiliser
à volonté.193(*)
En conséquence, pour la fonction politique en RDC, il
faudrait être d'abord nationaliste. Ce qui signifie que participer
à la gestion des affaires publiques et à l'orientation des
actions et idées directrices de son pays, c'est témoigner d'un
comportement civique honorable. Mais la participation politique n'est
pleinement réalisée que si elle est fondée sur un
sentiment profond et noble que manifeste l'amour véritable de la Nation.
Ce sentiment s'appelle nationalisme. En tant que sentiment, le nationalisme se
traduit par une attitude affective à travers laquelle l'homme se sent
appartenir de façon particulière à une communauté
nationale précise et que moralement, il se sent obligé de
promouvoir et de défendre. Il s'agit donc d'un amour agissant, actif
à l'égard de la nation.194(*)
Le constat amer est que beaucoup de Congolais affichent un
comportement antinationaliste de fait. Ils sont disposés de faire
alliance avec les étrangers contre leur pays. Les différentes
rebellions sont des exemples manifestes : « Lorsque le `go
ahead' pour la mutinerie fut donnée depuis le Ministère de la
Défense à Kigali le 1er août 1998, la quasi-
totalité des officiers de la 10ème brigade avaient
été retournés par James Kabarehebe. Il avait
été distribué une gratification financière aux
chefs militaires de la Province du Nord Kivu. Chacun des cinq hauts
gradés de la brigade aurait reçu 150 000 dollars.195(*)
La question n'est pas d'abord de chercher à
culpabiliser les Congolais, mais de savoir si le Congo comme nation
répond à ses devoirs vis à vis des Congolais. La RDC comme
institution répond-t-elle aux aspirations des Congolais ? La
satisfaction des droits du peuple lui permettant d'avoir le minimum vital pour
son épanouissement est-il garantie ?. Nos nouvelles institutions
démocratiquement acquises auront pour mission de répondre
à ce défit afin que finalement s'installe la conscience nationale
dans le peuple congolais. Le projet d'une société visant la
promotion de la cohésion nationale serait un idéal à
atteindre.
B- Les droits
économiques, sociaux et culturels
Avec ces droits, l'on attend de l'Etat son intervention en
matière économique et sociale pour la réalisation du
bien-être de tous. Ils contribuent à donner plus
d'efficacité aux droits civils et politiques. Il s'agit de: le
droit à la santé, le droit au logement, le droit à
l'éducation, le droit au travail, le droit à une alimentation
suffisante et équilibrée, le droit au loisir, le droit
naturel...196(*) Un
regard sur la situation de la RDC en général, surtout dans le
territoire victime des rebellions en particulier, prouve qu'il y a violations
systématiques flagrantes et graves de ces droits de l'homme. Ce qui est
à la base de l'appauvrissement de tout un peuple.
Face à ces violations, l'Etat a le devoir d'intervenir
pour que les Congolais retrouvent leur dignité humaine. En effet, la
misère est à la base de toutes sortes de maux, il faut trouver la
voie de sortie à cette misère. Ainsi, « les Congolais,
une fois au travail dans les meilleures conditions et dans un système
démocratique, défendront avec acharnement le développement
de leur pays. L'égoïsme des dirigeants politiques est à la
base de la pauvreté de notre peuple.197(*) L'opinion de beaucoup de Congolais se confirme ici,
l'opinion selon laquelle c'est la politique qui est la cause de leur
misère. Il est un fait que « les acteurs politiques congolais
sont faits à l'image de leur société : ne disposant
pas de moyens financiers et logistiques pour subvenir à leurs besoins
personnels et/ou aux budgets de leur projet politique dans l'environnement de
paupérisation généralisée, ils considèrent
la carrière politique comme une voie normale d'accumulation de
ressources économiques destinées à leur assurer une
subsistance et à appuyer leurs efforts de conquête, de
conservation et de consolidation du pouvoir ».198(*)
Le respect des droits de l'homme implique au niveau fondamental de garantir
à chaque être humain les moyens d'une existence digne. Face aux
phénomènes de paupérisation de masse auxquels nous
assistons aujourd'hui, il semble primordial de reconnaître l'urgence
d'une lutte contre la pauvreté. Ceci l'est d'autant plus que lorsqu'on
prend note du fait que si la situation de « pauvreté de
masses » caractérise de nombreux pays, elle s'applique aussi
à la situation globale, dans laquelle s'inscrit notre discours universel
des droits de l'homme. Le fossé ne cesse de grandir en termes absolus et
relatifs entre « ceux qui ont » et « ceux qui
n'ont pas » et on assiste à l'exclusion croissante d'un nombre
toujours plus grand d'êtres humains de notre « village
global ».199(*) Il met aussi en évidence que la lutte contre
la pauvreté et les droits de l'homme sont doublement liés. Dans
notre contribution, nous aimerions mettre l'accent sur l'enjeu interculturel
qui se cache derrière la problématique « droits de
l'homme et pauvreté ». Sa prise en compte nous semble une
condition sine qua non pour toute action efficace de lutte contre la
pauvreté à travers une dynamique émancipatrice des droits
de l'homme.200(*)
Il revient, dès lors, à l'Etat de redonner
confiance au peuple à travers des dirigeants intègres qui
partageraient la vie de la proximité avec le peuple. Que les
activités politiques ne soient pas considérées comme une
vache à lait, mais l'activité noble de la gestion des choses
publiques, donc de la cité.
Le projet gouvernemental de la reconstruction nationale par
les cinq chantiers devrait donner de l'espoir aux Congolais car il constitue
une piste de solution aux problèmes des droits économiques,
sociaux et culturels. La partie du pays ravagée par les guerres n'a plus
d'infrastructures de base. Toutes les entreprises, des sociétés
qui avaient fait le bonheur des Congolais d'autrefois ont été
détruites méchamment par les guerres et ont réduit le
peuple au chômage et à la misère indescriptible. Il
faudrait un plan à court terme pour recréer de l'emploi et revoir
le problème de salaire des fonctionnaires. La conférence sur la
paix, la sécurité et le développement du Kivu constitue
l'une des démarches normales pour la consolidation de paix en RDC. Elle
répond aux exigences de la consolidation de la paix postconflit.
L'intuition devrait s'étendre pour toutes les régions
ravagées par ces guerres en particulier et toute la RDC en
général.
C- L'assujettissement de
certains leaders congolais aux intérêts étrangers
De toutes les deux guerres, les Congolais ont aussi leur part
de responsabilité : il s'agit de l'assujettissement de certains
leaders congolais aux intérêts étrangers et privés.
En fait, dès l'indépendance de la RDC, le 30 juin 1960, la lutte
du peuple pour recouvrer sa dignité a, depuis lors, pris l'allure d'un
affrontement entre le peuple et certains de ses fils, devenus gestionnaires de
la structure créée (Etat) par les colonisateurs pour continuer
à gérer la RDC.201(*) Ces Congolais sont prêts à faire
alliance avec n'importe quelle force pour venir embraser la RDC et cela aussi
bien chez les civils que chez les militaires. Ainsi, la mutinerie sert de
pseudonyme aux conflits armés : elle avance pour masquer les
ambitions politiques à peine voilées.202(*) Alors qu'elle est
téléguidée d'ailleurs, le pays est pris dans le
piège de ces Congolais traîtres. La concrétisation de ce
fait regrettable est la guerre d'agression du 02 août 1998. Le pays
était divisé comme un gâteau où chacun de ces
Congolais, soutenu par ses maîtres à penser, régnait sur la
portion de son territoire par défit sans tenir compte des Congolais, ses
compatriotes. Ce fut la véritable période de bradage officiel des
richesses du pays au détriment de la population. Ils pouvaient voyager
à travers le monde avec toutes les familles sans difficulté de
visa.
Comment sauver le pays d'un tel danger permanent dont ses
propres fils sont responsables? Le problème se poserait d'abord au
niveau de l'amour de la patrie. Lors de la clôture du Synode
diocésain à Kisangani, le13 septembre 1998, en pleine guerre
d'agression, Monseigneur Laurent Mosengwo avait
dit : « Prions, afin que cesse à jamais la
conquête du pouvoir par les armes : on ne tue pas le peuple que l'on
veut gouverner, et on ne détruit pas le pays que l'on doit
construire ! Un pouvoir conquis par les armes se défendra par les
armes : il risque dès lors d'être répressif sinon
oppressif ».203(*)
Le comportement de ces Congolais suscite une telle déclaration. Il faut
que les Congolais puissent travailler d'abord dans et pour
l'intérêt national et être ainsi des vrais patriotes. En
outre, il leur est demandé d'avoir plus de maturité politique
pour apprécier certaines situations difficiles et
délicates ».204(*) Pour le Congo, il y a une impérieuse
nécessité d'avoir des politiciens de la nouvelle
génération qui n'ont pas encore flirté avec les
étrangers pour le bradage de la patrie. Il s'agit de ceux qui ont
étudié sur place et connaissent les vrais problèmes
auxquels le pays est confronté. C'est à ceux-là d'abord
que l'amour de la patrie exigerait d'accepter les conditions réelles de
la RDC au lieu de rêver toujours l'Occident. Ils auront à
travailler à lutter contre la pauvreté. La RDC a besoin des
leaders car « sans l'émergence d'un leadership mosaïque
capable au besoin de disparaître pour le triomphe d'une idée, la
RDC ne parviendra pas à conjurer ses démons.205(*)
La pauvreté pousse les politiciens Congolais à
se concentrer plus dans la capitale qu'à l'intérieur du pays,
favorisant ainsi l'exode rural. Que le gouvernement, dans le cadre la
construction nationale, exige surtout à chaque homme politique congolais
de construire dans son village une maison moderne avec d'autres
infrastructures. Un tel projet favoriserait l'urbanisation de nos villages.
Ayant ainsi réalisé ce projet, au lieu de toujours aller passer
ses vacances ailleurs souvent par manque de place d'accueil ; l'envie de
les passer dans son village se créera comme cela se fait sous d'autres
cieux. Un tel projet faciliterait aux villageois l'épanouissement sur
place et diminuerait l'exode rural.
Le souci majeur des Congolais c'est la paix et la
reconstruction de leur pays qui est la condition sine qua non de leur bonheur
au lieu de leur apporter la guerre fratricide. Ils ont besoin de la paix, une
dimension essentielle pour la survie d'un peuple, d'un Etat, des
communautés.206(*) Et pour restaurer et maintenir cette paix, condition
sine qua non du développement, les masses congolaises doivent
récupérer leur rôle naturel de faiseurs de leur propre
histoire. Pour leur part, les élites serviront cette cause en prenant du
champ par rapport aux raccourcis trompeurs de la coercition, du partage mafieux
des espaces du pouvoir, des réseaux d'affinités régionales
et internationales mercantilistes dans un contexte d'émasculation de la
volonté politique des citoyens qui furent les causes du
délitement des institutions publiques dans ce pays.207(*)
D- La question
intercommunautaire au Kivu.
Le problème appelé en RDC `le problème
des Banyamulenge' doit être analysé avec réalisme dans son
contexte global et avec certains pays voisins de la RDC impliqués. En
effet, la RDC partage ses frontières avec neuf voisins et le
problème des ethnies transfrontalières est un fait. Nulle part
cela n'a posé de problème majeur si ce n'est qu'à l'Est de
la RDC et amplifié avec les Banyamulenge seulement.
Les attitudes qu'affichent les Banyamulenge en RDC ont
incité beaucoup de chercheurs d'y travailler. Les résultats de
recherches confirment que les Banyamulenge sont d'origine rwandaise,
bénéficiant de l'hospitalité congolaise. Et au
départ, ils avaient vécu en harmonie avec les Congolais. Ils ont
travaillé dans beaucoup les sociétés à travers la
RDC. Les problèmes des Banyamulenge ont commencé avec la prise du
pouvoir par les rebelles du FPR à Kigali en 1994. Dès lors, les
Banyamulenge se considérant comme en diaspora ou en exil ont
chanté cette victoire. Et c'était pour eux une occasion du
retour au pays natal. D'où, le début de leur instrumentalisation
par le régime tutsi de Kigali, un régime animé des
visées expansionnistes.
Dès lors, les Banyamulenge jouent le rôle du
`cheval de Troie' de Kigali en RDC. De toutes les deux guerres de la RDC, ils
ont été de connivence avec Kigali. Se jouant toujours en victime,
ils se minorisent en cherchant le soutien de la communauté
internationale au nom des droits des minorités. Ce qui a
envenimé leur relation avec les autres ethnies congolaises. Les
Congolais de l'Est sont devenus des peuples désarticulés sans
aucune consistance, leurs relations sont devenues les relations de
façades. Comment rétablir ces relations paisibles qui avaient
existé entre les congolais et les Banyamulenge, surtout qu'ils ont
obtenus la nationalité congolaise qu'ils cherchaient par les
armes ?
Pour l'harmonie intercommunautaire, les Banyamulenge qui sont
considérés comme les germes des conflits des Grands Lacs doivent
se considérer et vivre en véritables Congolais. Ce qui ne
signifie nullement se couper de leurs relations avec d'autres peuples des pays
voisins. Ce qui importe, c'est de vivre en patriotes congolais sans trahir le
Congo, surtout ne pas transposer le cycle de guerres ethniques Hutu-Tutsi en
RDC. Accepter de vivre partout en RDC comme ils avaient vécu dans le
beau vieux temps.
Comment alors panser la plaie des Congolais victimes des
Tutsi ? Des villages, des familles ont été rayés par
ces deux guerres. Il y a des Congolais qui ne crient que vengeance, ce qui
exclurait la possibilité de cohabitation pacifique avec les Tutsi. Il
n'est point question de tomber dans un pessimisme extrémiste car les
conditions pour une paix durable demandent « l'installation des
structures capables selon les cas, d'établir la paix, de la maintenir ou
de la construire ».208(*) En effet pour bâtir la paix, la toute
première condition est l'élimination des causes des discordes
entre les hommes : elles nourrissent les guerres, à commencer par
l'injustice.209(*) La
responsabilité principale de la paix incombe aux parties en conflit.
Mais la communauté internationale a un rôle crucial à jouer
dans le développement de compétences, des capacités
méthodologiques de résolution des conflits. Il s'agit d'inscrire
tous les Congolais dans un processus d'éducation à la paix car
pour changer la société, il faut transformer l'homme congolais
par l'éducation et la formation, remplir sa tête, pétrir
son coeur et traîner sa main à transformer les idées en des
actes qui épanouissent et qui cherchent avant tout le bien du prochain.
Ils doivent s'investir dans le dialogue et les actions telles que
découvrir la vérité de l'autre, le bien qui est dans
l'autre ainsi que le mal et avoir le courage de le lui dire. Refuser de
participer aux mensonges, à l'injustice. Etre prêt à payer
toutes les conséquences d'avoir dit la vérité, d'avoir
dénoncé l'injustice, d'avoir refusé d'y participer.
Il faut souligner ici l'apport de l'ONU et de l'UNESCO pour la
paix dans le monde. Ces deux organisations internationales ont
décidé d'entreprendre diverses activités de construction
de la paix en vue de permettre le passage d'une culture de la guerre à
une culture de la paix. L'Assemblée générale des Nations
Unies a adopté, le 13 septembre 1999, lors de sa 53ème
session, une Déclaration et un Programme d'action pour une culture de la
paix ; ceci pour inspirer les gouvernements, les organisations
internationales et la société civile dans leur action au niveau
national, régional et international en matière de la culture de
la paix.210(*) Il
résulte que l'éducation à la culture de la paix devient
une urgence. La culture de la paix est un processus qui consiste à
établir la confiance et la coopération entre les peuples et les
nations.
Etant Africains, il est loyal de recourir aussi à la
palabre africaine. En effet, la palabre africaine est un mode
institutionnalisé de règlement de différents types des
conflits dans la société africaine. Les sociétés
africaines ont toujours été comme toutes les
sociétés humaines sujettes à des conflits
intérieurs et extérieurs. Sur le plan interne on peut noter des
conflits d'intérêts entre les individus et ou des groupes,
conflits des propriétés, les conflits de pouvoir, les conflits de
délimitation territoriale...Ces conflits ont toujours
nécessité un arbitrage restreint, familial, clanique.
La palabre africaine se veut un fait social significatif qui
accorde une primauté voulue à la parole et au rituel
réparateur. Elle est une activité argumentative sous-tendue par
un déploiement multidirectionnel de la rationalité et qui, tout
en célébrant la vie par le biais du bien-dire, du rythme, du
chant et du geste, sait, le moment venu, se faire grave, dramatique et
solennelle ; elle se charge alors de régler des crises sociales, de
restaurer l'ordre, la cohésion, la paix et la détente
communautaires, de promouvoir le processus de sécurisation
inter-individuelle.211(*) La recherche de la paix intercommunautaire aux
Grands Lacs nécessite la palabre africaine. Sa spécificité
est d'impliquer les sages des différentes communautés, se jouent
aussi le rôle surnaturels dans la société par le fait
même qu'ils sont mieux suivis. En Afrique,« il y a palabre
lorsque l'enjeu d'un conflit, l'importance d'une délibération, la
portée d'un avènement...dépassent la compétence et
le cadre d'un règlement expéditif, engagent grièvement
l'ordre public, mettent en danger la cohésion de la communauté,
interrompent ou perturbent le rythme de la vie, troublent les rapports entre la
nature, l'homme et le cosmique ».212(*)
II. Les causes exogènes
A- Au niveau africain
Les causes exogènes des conflits en RDC sont plus
basées sur les puissances étrangères et les
multinationales. Commençant par certains pays voisins de la RDC
notamment le Burundi, l'Ouganda et le Rwanda. La convoitise des richesses de la
RDC ainsi que de son territoire constituent les motivations principales de ces
pays. En tant que pays voisins, quelles que soient les revendications de chacun
de ces pays, il y a le cadre diplomatique appropriés pour la
résolution des conflits éventuels. Les richesses et le territoire
congolais sont les éléments de la souveraineté nationale.
Les autres pays voisins peuvent en bénéficier par la
coopération régionale. L'une des solutions envisageables est
l'intégration régionale dans le but d'avoir un projet
régional commun digne de ce nom et de s'en donner les moyens.
En outre, la guerre de la RDC a montré la situation
délicate de l'Union Africaine de jouer son véritable rôle
de la paix et de la protection de la souveraineté d'un Etat membre.
Devant l'agression de la RDC par ses voisins, l'Union Africaine ne pouvait pas
se prononcer pour condamner les agresseurs de la RDC instrumentalisés
par les grandes puissances. Et l'Union Africaine et L'Organisation des Nations
Unies ont manifesté le mutisme face à cette agression. Ce que
souligne le rôle réel de la communauté internationale dans
le règlement du conflit congolais a été à la mesure
de l'influence qu'exercent les puissances étrangères sur les
différents protagonistes. La compréhension indulgente des
Etats-Unis et de la Grande Bretagne vis-à-vis des gesticulations
guerrières du Rwanda et de l'Ouganda est stigmatisée en RDC comme
une des causes de l'instabilité récurrente de la région
des Grands Lacs.213(*)
Les Africains ne sont pas encore maîtres de
leur propre destin ; ils sont au service des grandes puissances. Tel est
ce constat amer : «Malheureusement, plus de cinquante ans
après sa création, ses idéaux ne sont pas
respectés ; au contraire, ils sont de plus en plus bafoués
par ceux-là même qui sont appelés à les faire
respecter, en premier lieu les cinq membres du Conseil de
sécurité et les membres du bloc euro-américain dont les
pays sont suffisamment développés. Instrumentalisé par les
multinationales, ces pays, loin de faire régner la paix et la justice
dans le monde, sont devenus des pyromanes, tout en cherchant à
paraître comme des pompiers ».214(*)
Devant cette situation, le salut de l'Afrique réside
alors dans la prise de conscience des Africains de prendre leur propre destin
en mains, cela par le refus d'accepter d'agresser l'Afrique et les Africains
à la solde des grandes puissances. Ce qui devrait conduire l'Afrique
à l'intégration régionale pour sa consolidation et celle
des liens entre africains à l'exemple de l'Union Européenne.
B- Intégration
régionale
L'intégration régionale est un processus et une
condition par lesquels des Etats-Nations implantés dans une aire
géographique contiguë partagent leur autorité en
matière de prise de certaines décisions dans une perspective
d'intérêt mutuel. Ce concept englobe diverses activités
sociales, économiques, politiques et culturelles dont voici les
principaux aspects : le consensus sur certaines tâches communes, les
institutions communes jouissant des pouvoirs d'exécution et le transfert
partiel de la souveraineté des administrations nationales aux
institutions communes supranationales.215(*) Dans le cas spécifique des Grands Lacs, le
programme de coopération et d'intégration régionale
durables doit avoir comme base une vision claire du type de
société que les Grands Lacs veulent mettre en place pour servir
leurs populations, mieux encore un projet pour le développement de la
région.
L'intégration régionale présente un
caractère dynamique de transformation des structures, principalement
dans le champ économique, mais aussi, avec une plus ou moins grande
intensité, dans les champs social et politique. Elle se
caractérise par un jeu complexe d'interdépendances, de
spécialisation, de complémentarités, et produit une
altération des économies nationales, voire des
sociétés et des entités politiques [...]
l'intégration régionale enclenche un processus de formation d'un
nouvel espace.216(*).
Pour le professeur Banyaku
« l'intégralité du processus de développement
consiste en l'édification d'un ordre social qualitatif par la
revalorisation de l'homme dans toutes ses conditions d'existence
matérielle et morale. Le développement intégrale est par
définition socio-culturaliste, c'est-à-dire qu'il place l'homme
dans sa dimension socio-culturelle au centre de l'exigence de la qualité
sociale, de l'épanouissement humain et social, réflexif et
éthique ».217(*)
La fin de la guerre entre les Etats des Grands Lacs devrait
susciter la création ou la réhabilitation d'une structure
régionale de coopération. Une telle organisation aura mission de
rétablir la confiance entre les Etats et de redynamiser la
coopération dans tous les secteurs intéressants les peuples des
Grands Lacs.218(*) La
coopération régionale serait une voie légale de partage
des richesses de la RDC avec ses voisins. Ce qui éviterait la politique
de prédation pour créer un marché réel dans la
région, favoriser le transfert de technologie pour le
développement de la région. Ce qui constituerait pour les Grands
Lacs « un engagement collectif pour le mieux-être
conditionné par l'élévation des normes et pratiques
sociales, par l'amélioration des rapports sociaux, par la promotion des
échanges de connaissances, d'information et d'autres valeurs
identificatives, figuratives et intellectuelles qui constituent les vecteurs
socio-culturels du développement ».219(*)
L'intégration régionale se présenterait
alors comme l'une des solutions aux conflits frontaliers entre les Etats des
Grands Lacs ainsi que de tous les pays de la région. Cela parce qu'une
« vision centrée sur le développement intégral
couvre tous les besoins humains et sociaux du développement,
répondant à l'épanouissement intégral et
équilibré de l'homme et de la
société».220(*) La région est un espace de
volonté politique. « D'où ce corridor
évoqué par le Professeur Banyaku Luape qui partira de
l'océan Indien à l'océan Atlantique. Tout simplement parce
que la dynamique marchande actuelle en RDC est de 60% par l'océan Indien
et 40% par l'océan Atlantique. Voilà pourquoi il faudra repenser
la CPGL et l'élargir à d'autres pays de la région.
Notamment la Tanzanie, le Congo-Brazzaville, l'Ouganda, le Kenya, la Zambie....
Cela ne peut se faire que lorsque les Congolais auront recouvré la
confiance entre et en eux-mêmes, sur fond ».221(*)
Un autre problème conflictogène est celui des
frontières héritées de la colonisation. Les
frontières héritées de la colonisation n'ont pas pris en
compte les réalités africaines, notamment les affinités
ethniques et les frontières naturelles telles que les cours d'eau, les
reliefs.222(*) Les
zones frontalières demeurent ainsi des endroits où
l'autorité de l'Etat est difficile à établir tant que les
populations de ces zones circulent entre leurs deux Etats sans moindre
attention à l'autorité étatique. L'intégration
régionale recréera une vaste zone regroupant ces pays et
créera la libre circulation entre les peuples fragilisés par la
colonisation et la Conférence de Berlin. Ainsi, les peule Kongo, Lunda,
Teke, Ngbandi, les Zande, Kakwa, Lugbara, Alur, Hema, Tutsi, Hutu, Bemba...
recouvreront leur unité. Ceci répondra à la
nécessité qui se vit déjà aux frontières
entre les ethnies départagées par la colonisation. Quelle sera la
structure d'une telle organisation ?
Le nouvel espace économique africain ainsi
créé donnera naissance à un monde uni de pensées et
d'intérêts orientés désormais vers la construction
future du continent qui prendra la forme de pratiques de défense commune
des intérêts comme moyen de freiner l'imposition et les
injonctions externes comme les interventions militaires étrangers, le
stationnement des soldats étrangers dans la région et, par
extension dans le continent.223(*)
L'approche de l'intégration régionale ne doit
pas se faire par un leadership politique qui renforcerait le caractère
personnalisé du pouvoir et renforcerait la concurrence entre dirigeants
en fondant l'intégration régionale sur une volonté de
puissance. Avec l'expansionnisme de certains pays des Grands Lacs, le dirigeant
national qui prendrait trop vigoureusement l'initiative serait vite
suspecté de vouloir constituer un empire à son service. Il y a
plutôt un besoin de personnalités visionnaires dont le
désintéressement et l'engagement au service de la paix soient
incontestables.
Les pays de la région des Grands Lacs doivent savoir
qu' « une intégration régionale n'a de chance de
succès que si elle s'appuie, non seulement sur des institutions, mais
sur des acteurs économiques et sociaux qui lui donnent jour. La
motivation des membres comprenant la nécessité et l'urgence de
créer un grand marché en Afrique centrale - ces membres peuvent
être l'association des commerçants, l'association des professeurs
de l'université, des hommes de lettres, des étudiants - mise au
service des objectifs et buts de l'espace économique, fera
apparaître rapidement tous les avantages de la coopération
régionale et le caractère sécuritaire qu'une organisation
économique entraînerait ou ferait naître et partant, le
caractère inclusif de la notion apparemment simple de pôle de
développement ou de développement régional. Grâce
aux rencontres des ministres de l'intégration et aussi aux associations,
aux conférences initiées à cet effet et à travers
les échanges de jeunes se renforceront la confiance mutuelle. La
motivation, dans le cas présent d'intérêts,
précède l'action politique des dirigeants, qui tardent à
trancher entre leurs intérêts privés qui prévalent
sur l'intérêt public et le bien commun. L'apparition et les
motivations multiples, variables et éventuellement
complémentaires des citoyens du nouvel espace économique
entreront en confluence et en concurrence avec la rationalité
économique que les buts et les avantages de cette structure vont
stimuler.224(*)
Sans oublier « les conditions politiques du
développement correspondent à certaines exigences politiques de
la participation des citoyens à l'effort de développement,
d'optimisation de choix, d'amélioration des équilibres naturels
et sociaux d'autonomisation du pouvoir économique
nationale ».225(*)
C- Au niveau international
La région des Grands Lacs pose le problème de la
paix, cette paix est-elle possible ? « Oui, la paix est
possible. Pour y arriver, il faudrait en premier lieu que les grandes
puissances ayant de l'influence dans cette partie du monde agissent en
synergie. Il faut bien reconnaître que les approches et les
intérêts divergents, voire antagonistes de pays tels que les Etats
Unis, la France, le Royaume Uni et même la Belgique ont réellement
contribué à rendre ces conflits
interminables ».226(*)
L'évolution actuelle du monde est entre les mains de
ces grandes puissances et des multinationales. En outre, avec la
mondialisation, ces sociétés s'imposent partout et sont à
la recherche effrénée des minerais pour leurs industries.
Malheureusement pour L'Afrique, elle constitue l'une de leurs cibles
privilégiées à cause des réserves immenses de
minerais. La plupart des actionnaires de ces multinationales sont aussi les
chefs d'Etats de beaucoup de pays occidentaux et décideurs au sein des
organismes internationaux. Cette situation met les pays africains dans une
impuissance notoire de décider sur leur sort. Sans oublier la
complicité de certains Africains eux-mêmes, les chefs d'Etat
à la solde de ces puissances. Pour être président en
Afrique, il faut d'abord rassurer l'Occident par le serment de
fidélité et de docilité. Les présidents ne
décident pas sur leurs sorts mais plutôt subissent les
décisions en provenance de ces pays décideurs.
Pour s'en sortir, les pays des Grands Lacs doivent prendre
conscience qu'ils sont en danger, qu'ils sont envahis par les multinationales
qui imposent une nouvelle colonisation. Avoir des chefs nationalistes
réalistes et diplomates qui soient capables d'amener les Occidentaux
à commencer à respecter les choix des Africains dans leur
façon de gérer leurs affaires. Ils doivent s'unir pour combattre
les réseaux maffieux de la mondialisation. Créer des
réseaux internes pour dénoncer des compatriotes taupes aux
services des pays étrangers, s'unir tous contre ceux qui manipulent les
peuples. Ils doivent être solidaires et éviter d'être
corrompus. Que la lutte contre la pauvreté soit un objectif ultime pour
améliorer la vie des populations. Que les populations locales profitent
des ressources de leurs propres pays.
CONCLUSION
Après une longue période des guerres qui a
fragilisé la RDC, le temps de la paix a sonné. Il est vrai que le
peuple congolais a besoin de la paix et la paix a un prix à payer.
L'avènement du président Joseph Kabila a constitué le
moment fort pour la longue marche vers la paix. Cette paix combien fragile
née de la capacité de négocier avec les rebelles et leurs
maîtres à penser. Ce qui a conduit à la transition avec un
président et quatre vice-présidents. La transition qui conduit
aux élections libres, démocratiques et transparentes
remportées par Joseph Kabila. L'Etat de droit devient alors la
caractéristique de l'Etat moderne auquel aspire la RDC.
La pacification de la région des Grands Lacs africains
dépend ainsi de sa démocratisation. Tous les pays agresseurs de
la RDC sont conviés à organiser les élections
démocratiques, libres et transparentes à l'exemple de leur voisin
la RDC. L'avènement des Etats de droit dans la région des Grands
Lacs constituerait un espace où les droits de l'homme seront
respectés, chaque citoyen exercerait librement ses devoirs et ses
droits.
La période post-conflit est celle de la reconstruction
du pays. Cette construction doit se faire dans le cadre de la bonne entente
avec les pays de la région. D'où l'intégration
régionale comme mode de gestion de l'espace commun de la région
des Grands Lacs avec toutes ses potentialités.
CONCLUSION GENERALE
Dans l'introduction générale de notre travail,
nous avons présenté la problématique de ce travail qui
concerne les guerres en RDC. Et les recherches en vue de produire ce travail
ont été de grand intérêt pour nous car elles ont
constitués les voies pour comprendre les conflits qui déchirent
la RDC. En effet, les guerres en RDC sont en ramification dans toute la
région des Grands Lacs en général. Les différentes
lectures nous ont conduit à découvrir les différentes
causes réelles de ces guerres qui sévissent dans la
région. Les causes des conflits de la RDC remontent à l'origine
de la RDC et ils sont à la fois endogènes et exogènes.
Donc ces enjeux internes et externes expliquent les multiples et complexes
dimensions de ces conflits. C'est dans l'effort de la compréhension de
ces phénomènes que nous arrivons à l'explication de la
situation de la RDC.
Les guerres actuelles en RDC qui suscitent notre
intérêt doivent être comprises dans l'histoire globale de la
RDC. En effet, la RDC est l'oeuvre de Léopold II, roi de Belgique. La
possession de ce pays est l'issue de ses propres démarches auprès
des grandes puissances de son temps. Le roi a négocié avec la
France, les Etats Unis, l'Angleterre, le Portugal, l'Allemagne pour entrer en
possession de ce vaste territoire potentiellement riche. La raison majeure des
démarches du roi était fondée sur la potentielle richesse
naturelle de la RDC. Ses différentes négociations pour la
possession du Congo ont abouti à l'accord d'une certaine faveur à
ces puissances. Il leur a valu le droit sur le territoire congolais. Dès
lors, le Congo est devenu un territoire à problème. Ses richesses
naturelles restent l'objet de convoitise de grandes puissances occidentales,
notamment les Etats Unis, la France, l'Angleterre, le Portugal, l'Allemagne et
la Belgique. Donc, le Congo est victime de ses richesses convoitées par
les grandes puissances de ce monde pour alimenter leurs industries. Ce qui fait
du Congo un espace géostratégique.
Le roi Léopold II lègue le Congo au royaume de
Belgique en 1908. La colonisation prendra fin le 30 juin 1960, le Congo devient
indépendant. Cette indépendance sera hypothéquée et
la même année le Congo indépendant se confronte aux
rebellions et aux guerres civiles. Cette période est celle de la guerre
froide ; le monde est divisé en deux blocs : capitaliste
piloté par les Etats-Unis et communiste piloté par l'Union des
Républiques Socialistes et Soviétiques. La position
géostratégique du Congo l'expose en cible
privilégiée de ces deux grandes puissances. Ainsi, les guerres
que traversèrent le Congo immédiatement après son
indépendance étaient dues aux stratégies des grandes
puissances en vue du contrôle du Congo afin d'exploiter paisiblement ses
richesses naturelles. Les Etats-Unis avec leurs alliés d'un
côté et l'URSS avec ses alliés de l'autre jouaient de
l'influence sur le Congo en vue de la protection de leurs intérêts
stratégiques. Le capitalisme s'impose au Congo, donc l'influence
américaine avec ses alliés. Quant au communisme, il se
repliât en Angola et au Congo Brazzaville.
Ce jeu d'influence aura des conséquences
néfastes sur l'évolution politique du Congo. Dorénavant,
le président du Congo doit être un homme de confiance des
Occidentaux, capable d'assurer et de protéger leurs
intérêts au Congo. Cette méthode était à la
base de la mort du premier ministre Patrice Emery Lumumba. Lumumba n'inspirait
pas confiance aux Occidentaux à cause de ses idées politiques
nationalistes. Accusé d'être communiste, ennemi des capitalistes,
il en paya de sa vie. L'homme de confiance apparaît en la personne du
président Joseph-Désiré Mobutu.
En effet, pour atteindre leurs objectifs sur le Congo, les
grandes puissances trouvent en la personne du Président Mobutu l'homme
idéal. Le Président Mobutu sera ainsi placé pour jouer le
rôle du bouclier afin d'empêcher la prolifération du
communisme dans l'Afrique subsaharienne. Ainsi est né un régime
dictatorial au centre de l'Afrique et cela au détriment du peuple
congolais. Il bénéficiera des bailleurs de fond européens
pour terroriser l'Afrique centrale. Avec son armée, le président
Mobutu jouera le rôle du gendarme en Afrique centrale. Dans la logique de
l'histoire, il s'agit de l'apogée du Zaïre dans la région.
Les relations entre le Zaïre et ses voisins sont alors
caractérisées par la supériorité du Zaïre sur
ses voisins.
La fin de cette supériorité sera sonnée
avec l'avènement de l'AFDL, désormais le Congo-Zaïre devient
la marche pied de ses voisins. Avec la fin de la guerre froide, l'Occident a
jugé bon de ne plus supporter les dictateurs car l'ennemi communiste
n'existe plus. C'est l'ère de la démocratisation des pays
africains. C'est ainsi que le président Mobutu a perdu son
privilège du maître de l'Afrique centrale. Une nouvelle ère
avait sonné pour l'Afrique centrale, il fallait lui donner une nouvelle
configuration. D'où la nécessité de trouver le
remplaçant du président Mobutu à la tête du
Zaïre. Qui pouvait remplacer valablement le président Mobutu
à la tête de ce grand pays ?
Les années 1990 sont riches en événements
politiques en Afrique centrale. Le coup d'Etat en Ouganda du président
Yoweri Museveni. Appuyé par les Ougandais, les Tutsi renversent le
pouvoir hutu du président Juvénal Habyarimana au Rwanda et cela
déclenche le génocide. Bon nombre des Hutu se réfugient
à l'est du Zaïre. Le nouveau régime Tutsi nouvellement
installé au Rwanda est hostile au régime de Mobutu. Il y a
anguille sous roche. La guerre se prépare contre le régime de
Mobutu avec comme alibi la poursuite des Hutu génocidaires qui se sont
réfugiés à l'Est du Zaïre. La coalition des
anglo-saxons très influente en Afrique anglophones tombe sur Laurent
Désiré Kabila comme remplaçant du président Mobutu.
Parrainé par l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi, Laurent
Désiré Kabila devrait travailler dans la ligne lui tracée
par ses maîtres. A la tête d'une rébellion
dénommée l'AFDL, le Zaïre est conquis et Laurent
Désiré Kabila devient président de la RDC. Le refus du
Président Kabila de travailler sous l'influence de ses maîtres a
conduit ceux-ci à son désaveu. Une nouvelle rébellion est
déclenchée contre Laurent Désiré Kabila par ses
alliés d'hier et il est assassiné à Kinshasa dans son
bureau.
La deuxième rébellion visait la balkanisation de
la RDC. Les mêmes acteurs de la Conférence de Berlin, notamment
les Etats Unis, l'Angleterre, la France et la Belgique, se retrouvent pour
cette mission afin de bien exploiter les richesses naturelles de la RDC. Leurs
désaccords évitent de justesse la balkanisation de la RDC. La
richesse de la RDC constitue alors une des cibles privilégiées
des multinationales. Ce qui explique la poursuite des guerres en RDC. La RDC
est divisée en plusieurs zones d'influences : les rebelles avec
leurs alliés et le gouvernement avec les leurs. Ainsi, est
consacrée, selon la logique de l'histoire, la décadence de
l'ex-Zaïre. C'est l'heure de la vengeance de ses voisins contre lui. Le
successeur de LD Kabila, Joseph Kabila, est arrivé restaurer la paix en
RDC. Il inaugure les différents accords de paix avec les rebelles. A
Sun City, la paix est signée avec les rebelles et un gouvernement de
transition pour préparer les élections à tous les niveaux
est mis en place. Joseph Kabila gagne les élections et devient le
président de la troisième République. Il a pour mission
sacrée la consolidation de la paix. Comment gérer cette
période post conflits en RDC?
Les causes des guerres sont une volonté
étrangère sur la RDC, c'est encore cette même
volonté qui a accepté la paix. Les causes endogènes et les
causes exogènes doivent trouver nécessairement des
solutions ; les causes principales viennent plus de l'extérieur que
de l'intérieur. La recherche de la paix doit en tenir compte.
La voie pour la paix doit passer par la démocratisation
du pays, le respect des droits de l'homme, le nationalisme, la lutte contre la
pauvreté et le développement du pays. Et cela pour tous les pays
de la région. L'intégration régionale pour
l'échange entre les pays doit être privilégiée. La
coopération internationale permettrait à tous les pays du monde
de profiter des richesses de la RDC légalement en investissant dans le
pays sans engendrer des guerres meurtrières.
Ce travail qui se veut l'une des clefs de la lecture de la
situation de la RDC pour la meilleure compréhension, ne constitue en
rien la conclusion définitive. Il s'agit plutôt une contribution
à des nombreuses pistes de recherches scientifiques en matières.
Les conflits en RDC doivent susciter une meilleure compréhension de la
part des Congolais eux-mêmes afin d'en adopter une attitude
cohérente.
BIBLIOGRAPHIE
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§ LACOSTE, Yves, De la géopolitique aux
paysages, Dictionnaire de la géographie,Paris, Editions Armand
Colin, 2003
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§ Professeur SONA,I., Cours de Mécanismes de
culture et éducation à la paix, Cours du D.E.A à la
Chaire Unesco de l'Université de Kinshasa, 2005-2007
B. Interview
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vacances le 14/10/2005 à Durba, Territoire de Watsa, District du
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Anglo-Saxon(le23/07/2006).Wikipédia.Encyclopédielibre.
http://www.fr.wikipedia.org/wiki/Anglo-
Saxons
TABLE DES MATIERES
DEDICA....................................................................................................i
AVANT-PROPOS
ii
SIGLES ET ABREVIATIONS
iii
I. INTRODUCTION
1
Section I. OBJET ET INTERET ET NATURE DU
TRAVAIL
1
§1. L'objet de notre travail
1
§2. L'intérêt de cette
analyse
2
§3. La nature de ce travail
4
Section II. DELIMITATION, DIFFICULTES ET
MÉTHODE DE TRAVAIL
5
§1. Délimitation
5
§2. Méthode et procédés
de travail
5
CHAPITRE PREMIER : LA POSITION GEOSTRATEGIQUE
DE LA
8
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
8
Section I. APPROCHE CONCEPTUELLE
8
§1. La géopolitique
8
§2. La géostratégie
9
§3. La géoéconomie
10
Section II. LA RÉPUBLIQUE
DÉMOCRATIQUE DU CONGO ET SES
12
VOISINS
12
§1. La République Démocratique
du Congo
12
I. Système politique
12
II. Economie
13
III. Population et religions
13
§2. Les pays voisins de la RDC
14
I. La République d'Angola
14
A- Système politique
14
B- Economie
15
C- Population et religions
15
II. La République de Burundi
16
A- Système politique
16
B- Economie
16
C- Population et religions
17
III. République Centrafricaine
17
A- Système politique
17
B- Economie
18
C- Population et religions
18
VI. La République du Congo
19
A- Système politique
19
B- Economie
19
C- Population et religions
20
V. La République d'Ouganda
20
A- Système politique
21
B- Economie
21
C- Population et religions
21
VI. La République du Rwanda
22
A- Système politique
22
B- Economie
22
C- Population et religions
23
VII. La République du Soudan
23
A- Système politique
23
B- Economie
24
C- Population et religions
24
VIII. La République de Tanzanie
24
A- Système politique
25
B- Economie
25
C- Population et religions
25
IX. La République de Zambie
25
A- Système politique
26
B- Economie
26
C- Population et religions
26
CONCLUSION
26
CHAPITRE II. L'INDEPENDANCE DU CONGO ET SES
RETOMBES
28
Section I. L'INDEPENDANCE
28
Section II. LA PLACE DE LA RDC POUR LA STRATEGIE
OCCIDENTALE
28
§1. Les Etats-Unis
29
§2. La France
30
Section III. L'INDEPENDANCE DU CONGO
33
§1. Le destin tragique de Patrice Emery
Lumumba
34
§2. La manipulation comme stratégie
35
§3. Emergence de Joseph-Désiré
Mobutu
36
§4. L'enjeu d'un rendez-vous et le premier
coup d'Etat
36
§5. Le deuxième coup d'Etat
38
Section IV. LA GUERRE FROIDE ET L'AFRIQUE
CENTRALE
39
§1. La guerre froide
39
§2. Les ambitions du Président
Mobutu
41
§3. Pouvoir nouveau, pouvoir fort
42
Section V. L'AFRIQUE CENTRALE ET LA
GEOSTRATEGIE :
43
PREMIERE SPECIFICITE DE LA RDC
43
§1. La deuxième République
44
§2. Facteur des puissances la
spécificité du régime
44
§3. L'anticommunisme et les enjeux
occidentaux
45
I. L'anticommunisme
45
II. L'enjeu de relation avec l'Angola
45
III. Evaluation des facteurs de puissance
46
§4. La nouvelle donne régionale avec
Mobutu
47
I. L'apogée du Président
Mobutu : l'unité nationale
47
II. Le régime Mobutu et la
Perestroïka
48
III. L'enjeu de la chute de Mobutu :
l'émergence d'un nouveau leader
50
CONCLUSION
51
CHAPITRE III. L'AVENEMENT DE L'AFDL ET LA CHUTE DE
MOBUTU
53
Section I. LES CAUSES DE LA GUERRE AU
ZAÏRE
53
§1. Les causes internes de la guerre de la RD
Congo
53
§2. Causes lointaines : Les
visées expansionnistes anglo-saxonnes
54
§3. La nouvelle configuration de la
Région
55
Section II. CAUSES IMMEDIATES :
56
CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES
56
§1. La recherche de la nationalité
congolaise
57
§2. La crise identitaire
59
Section III. UN FRONT ARME CONTRE LE REGIME DU
61
PRESIDENT MOBUTU
61
§1. L'émergence d'un nouveau leader
62
§2. L'Alliance pour la Libération du
Congo-Zaïre (l'AFDL)
64
I. La guerre de la libération du Congo
64
II. Des nouvelles alliances
65
III. Le succès de l'AFDL sur le terrain
66
IV. Laurent Désire Kabila au pouvoir
à Kinshasa
68
§1. Lumumbiste
68
§2. L'enjeu du pouvoir de Kinshasa
69
§3. Le désaccord entre les
alliés
70
I. La volonté politique
70
II. La renaissance africaine
71
III. La répétition de l'histoire
72
Section V. LA GUERRE D'AGRESSION CONTRE LA RDC
73
§1. Le jeu d'influence
74
§2. L'épreuve de force entre les
alliés
74
§3. Le départ des alliés :
la goûte qui a fait déborder le vase
76
§4. La guerre d'agression contre la RDC
76
I. Le déclenchement de la rébellion
armée
76
II. La composition de la deuxième
rébellion
77
III. Le front de l'Ouest
78
A- La lutte pour le leadership régional
78
1. Raisons idéologiques
79
2. Raisons économiques
80
3. Raisons sécuritaires
81
IV. Alliances du front de l'Est
82
A- Les voisins de l'Est
82
B- Les vaincus de l'AFDL
82
C- Le Rassemblement Congolais pour la
Démocratie : RCD
82
Section VI. LA RDC ET LA PERIODE POST-GUERRE
FROIDE
84
§1. Les facteurs déterminants de la
RDC
84
§2. L'influence anglo-saxonne
85
§3. La balkanisation de la RDC
85
§4. Les stratégies d'exploitation
87
CONCLUSION
91
CHAPITRE IV. RECHERCHE D'UNE PAIX DURABLE EN
RDC
92
Section I. CONDITIONS POUR UNE PAIX DURABLE EN
RDC
92
§1. Les causes des guerres en RDC
93
I. Les causes endogènes
94
II. Les causes exogènes
94
§2. La démocratisation des pays des
Grands Lacs africains
95
I. Le respect des droits de l'homme
95
A- Les droits civils et politiques
96
B- Les droits économiques, sociaux et
culturels
97
C- L'assujettissement de certains leaders congolais
aux intérêts étrangers
99
D- La question intercommunautaire au Kivu.
101
II. Les causes exogènes
104
A- Au niveau africain
104
B- Intégration régionale
105
C- Au niveau international
108
CONCLUSION
109
CONCLUSION GENERALE
110
BIBLIOGRAPHIE
114
TABLE DES MATIERES
119
* 1Nous citons ici les notes du
cours de la sociologie des conflits internationales. Il est à noter que
ces notes du
cours nous serviront tout au long de notre travail.
* 2Colette BRAECKMAN, Le
dinosaure le Zaïre de Mobutu, Paris, Ed. Fayard, 1992, p.
279-280
* 3FPAE(le 26/10/2007).
Enjeux du processus électoral en RDC et les perspectives de paix
régionale.
http://www.fpae.net/activités-scientifiques
* 4Yves LACOSTE, De la
géopolitique aux paysages, Dictionnaires de la géographie,
Paris, Ed. Armand
Colin, 2003
* 5 MWAYILA
TSHIYEMBE, Géopolitique de paix en Afrique médiane, Angola,
Burundi, République
Démocratique du Congo, Ouganda, Rwanda, Paris,
Ed. L'Harmattan, 2003, p. 10
* 6 Ibidem
* 7Yves LACOSTE,
Géopolitique et Géostratégie( le 06/08/2007)
http/www.stratisc.org
* 8Ibidem.
* 9 Ibidem
* 10BANYAKU LUAPE EPUTU,
op.cit.
* 11Henry MOVA Sakanyi,
Congo : Survie et grandeur, Pari d'une géopolitique
nouvelle dans la
mondialisation, Kinshasa, Ed. Safari, 2001, p. 118
* 12Yves LACOSTE, op.cit.
* 13 Pascal LOROT, La
géoéconomie, nouvelle grammaire des rivalités
internationales(12/31/07)
www.diplomatie.gouv.fr/annuaire-français-relationsinternationales_3123/IMG/pdf
* 14MWAYILA TSHIYEMBE, Op. Cit.
p 13
* 15Roland Pourtier, La
guerre du Kivu...cité par MWAYILA TSHIYEMBE, Op. Cit.
* 16Toutes les cartes
géographiques nous les avons tirées de l'Encyclopédie
Encarta 2006.
* 17L'Atlas de
l'Afrique, Paris, Ed. du Jaguar, 2000
* 18Pascal AIRAULT,. `'Les
dessous de l'offensive chinoise en RDC'', in Jeune Afrique,
N°2438-47e année,
du 30 septembre au 6 octobre 2007, Paris, p.99
* 19Microsoft Encarta 2006
* 20AYMERIC CHAUPRADE,
Qu'est-ce que la géopolitique ?( le 08/
10/2007).
http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE
* 21Encyclopédie
Encarta, op. cit.
* 22Atlas d'Afrique, Op.
Cit.
* 23Microsoft Encarta
2006
* 24Atlas d'Afrique op. Cit.
* 25Atlas d'Afrique op. Cit.
* 26Grand Dictionnaire
Encyclopédique Larousse, Librairie Larousse, Paris 1982, Tome 3
* 27 Microsoft Encarta op.
cit.
* 28MWAYILA TSHIYEMBE,
Afrique centrale Les Congos dans la tourmente in
Rupture-Solidarité, Paris, Ed.
Karthala, p.18
* 29Idem
* 30Encyclopédie
Encarta, op. cit.
* 31Encyclopédie
Microsoft Encarta, 2006
* 32Encyclopédie
Encarta, op. cit.
* 33Grand Dictionnaire
Encyclopédique Larousse, op.cit. Tome 9
* 34 Microsoft Encarta, op.
cit.
* 35 Microsoft Encarta, op.
cit.
* 36LABANA LASSAY'ABAR et
LOFEMBE BENKENYA, La politique étrangère de la
République
Démocratique du Congo. Structures, fonctionnement et
manifestations, Kinshasa, Maison d'Editions Sirius,
2006, p.64
* 37LABANA LASSAY'ABAR et
LOFEMBE ENKENYA, op.cit. p. 64
* 38 LUSHIMA DJUNGA, Une
prise de conscience, enfin, La Référence Plus, N° 2427
du 28 mars 2002
* 39Adam HOCHSCHILD, Les
fantômes du roi Léopold, Un holocauste oublié, Paris,
Editions Belfond, 1998,
p. 79
* 40Collète BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, L'Afrique centrale après Mobutu, Paris, Ed.
Fayard, 1999, p.405
* 41Professeur François
BONTINCK, Aux origines de l'Etat Indépendant du Congo,
cité par Adam HOCH, op.
cit. p. 79
* 42 Colette BRAECKMAN, op.
cit. p. 405
* 43Ibidem
* 44 Op. Cit. p. 279
* 45Adam HOCHSCHILD, op. cit.
p. 103
* 46Ibidem
* 47Dossiers noirs de la
politique africaine de la France N° 9, France-Zaïre-Congo
1960-1997. Echec aux mercenaires. Agir ici- Survie, Paris, Editions
l'Harmattan, 1997, p.25
* 48Adam HOCHSCHILD, op. cit.
p. 104-105
* 49Isidore NDAYWEL è
NZIEM, Histoire générale du Congo. De l'héritage
ancien à la République
Démocratique du Congo, Paris-Bruxelles,
Afrique Editions, 1998, p. 315
* 50 Op. cit. p. 204
* 51 Adam HOCHSCHILD op.
cit. p. 107-108
* 52François SOUDAN,
Mobutu et la CIA, Comment Larry Devlin, chef de la CIA au Congo, a aidé
Joseph Désiré Mobutu à s'emparer du pouvoir. Et à
le conserver pendant plus de trente ans, in La Revue pour
l'intelligence du monde, Secrets d'Histoire, Groupe jeune Afrique, Paris,
juillet-aout 2007, p.161
* 53Olivier LANOTTE, La
politique étrangère du Congo-Zaïre en quête de
stabilité institutionnelle p.1
* 54Idem
* 55Idem
* 56Colette BRAECKMAN, Le
dinosaure, le Zaïre de Mobutu, Paris, Ed. Fayard, 1992, p.280
* 57François SOUDAN, op.
cit.
* 58 Ididem
* 59 Colette BRAECKMAN, op.
cit. p.79
* 60 Idem
* 61 idem
* 62 Colette BRAECKMAN, op.
cit.
* 63 Idem
* 64 Colette BRAECKMAN, op.
cit.
* 65Idem
* 66Idem
* 67 Op. cit. p. 41
* 68Ibidem
* 69 Colette BRAECKMAN, op.
cit. p. 281
* 70Microsoft Encarta,
2006
* 71KIMPIANGA MAHANIAH,
L'expérience politique de l'Afrique noire de 1945 à
2005, Luozi, Presse
Universitaire de Luozi, 2005, p. 12-13
* 72Ibidem
* 73Ibidem
* 74Colette BRAECKMAN,
op.cit.
* 75Olivier LANOTTE, op.cit.
* 76Olivier LANOTTE, op.cit.
* 77Idem
* 78Idem
* 79Olivier LANOTTE, op.
cit.
* 80Idem
* 81 Olivier LANOTTE, op.
cit.
* 82LABANA LASSAY'ABAR et
LOFEMBE BENKENYA, op. cit. p. 1-2
* 83Idem
* 84 Ibidem
* 85Idem
* 86KIMPIANGA MAHANIAH, op.
cit.
* 87 Ibidem
* 88Colette BRAECKMAN, L'enjeu
congolais, op. cit. p. 284
* 89 Op. cit. p. 310
* 90 Op. cit.. p. 291
* 91 Colette BRAECKMAN, op.
cit. p. 63
* 92 KIMPIANGA MAHANIAH, op.
cit.
* 93François SOUDAN,
Mobutu et la CIA, op. cit. p. 174
* 94Remy
BAZENGUISSA(14/06/2006). La région des Grands Lacs.
http://www.ceaf.ehss.fr/document
* 95Vincent MBAVU MUHINDO,
Le Congo-Zaïre d'une guerre à l'autre, de libération en
occupation
(chronique1996-Lusaka 1999), Paris, Editions de
l'Harmattan, 2003, p. 12
* 96 Colette BRAECKMAN, op.
cit.
* 97 Ibidem
* 98Olivier LANOTTE,
République Démocratique du Congo, Guerre sans
frontière, De Joseph-Désiré
Mobutu à Joseph Kabila, Bruxelles, Editions
GRIP-Editions Complexe 2006 p. 6
* 99Ibidem
* 100MWAYILA TSHIYEMBE,
L'ex-Zaïre in le Monde diplomatique, janvier 1999
* 101 Vincent MBAVU MUHINDO,
Le Congo-Zaire d'une guerre à l'autre, de libération
à
l'occupation (Chronique 1996-Lusaka1999), Paris,
l'Harmattan, 2003, p.85
* 102 Op. Cit. p. 81
* 103 A. GBABENDU ENGUNDUKA et
E. EFOLO NGOBAASU, Volonté de changement au Zaïre, Vol I, De la
Consultation Populaire vers la Conférence
Nationale, Zaïre-Histoire et Société, Paris,
l'Harmattan, 2003,
p. 33,
* 104 Vincent MBAVU MUHINDO,
Op ; Cit. p. 46
* 105 Anglo-Saxon (le
23/07/2006).Wikipédia, Encyclopédie libre
http://fr.wikipedia.org/wiki/Anglo-Saxons
* 106 Aymeric CHAUPRADE, op.
cit.
* 107KABUTU BIRIAGE(04/05/2008
La construction de la paix au Nord-Kivu et au Sud-Kivu : Etat de la
recherche :
http://www.grandslacs.net/doc/2659.pdf
* 108 Colette BRAECKMAN, op.
cit.
* 109 Remy
BAZENGUISSA(14/06/2006). La région des Grands Lacs.
http://www.ceaf.ehss.fr/document
* 110 Vincent MBAVU MUHINDO,
op. cit. p. 13
* 111 MWAYILA TSHIYEMBA, op.
cit.
* 112 Clette BRAECKMAN, op.
cit. p. 240
* 113 Idem
* 114Idem
* 115Les deux guerres
d'agression du Rwanda contre la RDC (02/05/2008). Paix et
Démocratie :
http://www.societecivile.cd
* 116Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit., p. 245
* 117 Idem
* 118 Microsoft Ecarta 2006
* 119 Microsft Encarta, op
cit
* 120Ibidem
* 121Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 47
* 122Chronique d'une
guerre (12/03/2007). hppt://www.congoline.com/Histoire/chroniq.htm
* 123Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit., p. 43
* 124Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 252
* 125Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 73
* 126 Jean-Pierre KAMBILA
KANKWENDE(02/06/2007). Congo la solution lumumbiste :
http://www.rezolibre.com/librairie/detail.
php?article=1492
* 127Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 78
* 128 Op. cit. p. 96
* 129 LABANA LASSAY'ABAR et
LOFEMBE BENKENYA, op. cit. p. 2
* 130
* 131Colette BAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 74
* 132 Op. cit. p. 49
* 133Colette BAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 298-299
* 134Ibidem
* 135LABANA LASAY'ABAR et
LOFEMBE BENKENYA, op. cit. p. 146
* 136 Ibidem
* 137Olivier LANOTTE, La
politique étrangère du Congo-Zaïre en quête de la
stabilité
institutionnelle :
http://www.erudit.org/revue/ei
* 138Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 341
* 139 Ibidem
*
140Olivier LANOTTE, La politique
étrangèredu Congo-Zaïre en quête de stabilité
institutionnelle, op.cit.
* 141Alain REY et Sophie
CHARTREAU, Robert, Dictionnaire des expressions et locutions,
Robert : les usuels, Dictionnaire le Robert, Paris, 1994 Selon ce
dictionnaire, l'expression dans son sens veut dire que l' `'on juger
sévèrement ce qu'on a décidé de supprimer, de
détruire''.Le chien qui est l'ami fidele de l'homme. Et le brave chien
d'aboyer en leur honneur, ne se doutant pas, le malheureux, que
déjà l'on s'arme contre lui[...]. Aujourd'hui, on se fait
défendre et garder par lui : demain on l'accusera de la rage pour
avoir prétexte l'abattre. Ainsi, il fallait trouver des raisons contre
Kabila pour le destituer voire l'éliminer.
* 142Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 347
* 143 Op. cit. p. 73
* 144 Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 340
* 145François SOUDAN,
Mobutu et la CIA, op. cit. p. 164
* 146 Op. cit. p. 404
* 147 Ibidem
* 148 Op. cit. p. 340
* 149 O p. cit. p. 346
* 150Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 349
* 151Ibidem
* 152Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op.cit. p. 403
* 153 Op. cit. p. 360
* 154 Lambert MENDE OMALANGA,
Dans l'oeil du cyclone, Congo-Kinshasa :les années
rebelles 1997-2003
revisitées, Collection Comptes rendus, Paris, l'Harmattan,
p. 81
* 155Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p.352
* 156 Op. cit. p. 362
* 157Colette Braeckman,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 360
* 158Dossiers noirs de la
politique africaine de la France, op. cit., P, 15
* 159Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 361
* 160 Op. cit. p. 292
* 161Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 394
* 162Georges BERGHEZAN et
Félix NKUNDABAGENZI, La guerre du Congo-Kinshasa, Analyse d'un
conflit
et transferts d'armes vers l'Afrique centrale, op. cit.
p. 18
* 163Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 231
* 164Les deux guerres
d'agression du Rwanda contre la RDC. (23/06/2006). Congo Paix et
Démocratie :
http://www.societecivile.cd/apropos
* 165Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 408
* 166Jean-Claude WILLAME.
L'Accord de Lusaka, Chronique d'une négociation internationale, in
Cahiers
africains 51-52, Paris, l'Harmattan, 2002, p. 179
* 167LABANA LASSAY'ABAR et
LOFEMBE BENKENYA, op. cit. p. 23
* 168Hervé BOMEY,
La guerre de l'Est(
04/06/2007).http://www.abarundi.org/abar...41204_rdc.html
* 169 Barry R. POSEN. La
maîtrise des espaces, fondement de l'hégémonie militaire
des Etats-Unis ? inPolitique
Etrangère N°1, Paris, Institut
Français des Relations Internationales, 2003, p. 41
* 170Hervé BOMEY,
La guerre dans l'Est op. cit.
* 171Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 410
* 172 Lambert MENDE OMALANGA,
Dans l'oeil du cyclone, Congo-Kinshasa: les années rebelles
1997-2003
revisitées, Collection Comptes rendus, Paris, L'Harmattan,
p. 213
* 173 Hervé BOMEY, op.
cit.
* 174Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 410
* 175M. BYE, cité par
LABANA, LASSAY'ABAR, Les Relations Internationales, Présentation
panoramique et
approches théoriques, Kinshasa, Maison d'édition
Sirius, 2006, p. 42
* 176Dieudonné KALINDYE
BYANJIRA, Introduction d'Education à la Citoyenneté en
République
Démocratique du Congo, Kinshasa, Editions de
l'Institut Africain des Droits de l'Homme et de la
Démocratie, 2006, p. 29
* 177 Pierre BARACYETSE (le
26/03/2006). L'enjeu géopolitique des sociétés
minières internationales en RDC.
http://www.sauvonsle
congo.com/geopolitique.htm
* 178Pierre BARACYETSE, op.
cit.
* 179Pierre BARACYETSE, op.
cit.
* 180Albert MABINZA, propos
recueillis par nous lors de nos vacances le 14/10/2005 à Durba.
* 181Colette BRAECKMAN,
L'enjeu congolais, op. cit. p. 333
* 182Hervé BOMEY, La
guerre de l'Est, op. cit.
* 183 Professeur Ignace SONA,
Mécanismes de culture et éducation à la paix,
Cours du D.E.A à la Chaire
Unesco de l'Université de Kinshasa 2005-2007
* 184LABANA LASAY'ABAR, LE
CONFLIT, Stratégies, Prévention, Gestion et Modes de
résolution,
Kinshasa, Chaire Unesco, 2007, p. 91
* 185 Ibidem
* 186 Ibidem
* 187 Jean Lucien KITIMA, La
crise dans les Grands Lacs et ses conséquences sécuritaires pour
les pays de la
Sous-Région, in Pour une culture de la
paix, Collections Prospectives Africaines, Kinshasa, Chaire
Unesco, 2007, p. 52
* 188 Dieudonné
KALINDYE BYANJIRA, Introduction d'Education à la Citoyenneté
en République
Démocratique du Congo, op. cit. p. 89
* 189 Lukiana MABONDO,
cité par Anicet MUNGALA ASSIDIE SANZONG, La promotion de la paix dans
les Etats de l'Afrique Centrale et des Grands Lacs, in Pour
une culture de la paix, Collections
Prospectives Africaines, Kinshasa, Chaire Unesco, 2007, p.
28
* 190 Ibidem
* 191 Dieudonné
KALINDYE BYANJIRA, op. cit. p. 124-125
* 192 Anicet MUNGALA ASSIDIE
SANZONG, op. cit. p. 28
* 193 Lambert MENDE OMALANGA,
op. cit. p. 277-278
* 194 Dieudonné
KALINDYE BYANJIRA, op. cit. p. 26-27
* 195 Lambert MENDE OMALANGE,
op. cit. p. 79
* 196 Op. cit. p. 126
* 197 Anicet MUNGALA ASSIDIE
SANZONG, Promotion de la paix dans les Etats de l'Afrique Centrale et
des Grands Lacs, op. cit. p. 29
* 198 Lambert MENDE OMALANGA,
op. cit. p. 277
* 199 Christoph EBERHARD(le
14/12/ 2007). La pauvreté comme violation des droits de l'homme,
enjeux et
perspectives d'unedynamique émancipatrice,
http://www.dhdi.free.fr/recherches/droithomme/articles/eberharddroitpauvrete.htm
* 200 Op. cit
* 201 Conférence
Episcopale Nationale du Congo (CENCO), Manuel de référence
d'éducation civique et
électorale, Tome I, Module I à IV,
Kinshasa, Edition du Secrétariat Général, 2004, p. 103
* 202 Félix SOHUILY
ACKA, `Guerre pour la paix en Afrique : de quel droit ? in
Réconciliation et paix en Afrique', N° 27, 2006, Abidjan,
p. 202
* 203 Roger GAISE et
Isidore NDAYWEL, 25 ans d'Episcopat au service de la Vérité, la
Justice et la Paix (1980-2005), Mgr Laurent MONSENGWO PASTEUR
INFATIGABLE, Tome I, Kinshasa-Paris, Mediaspaul-Karthala, 2008, p.447
* 204 Anicet MUNGALA
ASSIDIE SANZONG, Promotion de la paix dans les Etats de l'Afrique Centrale
et des Grands Lacs, op. cit. p. 28
* 205 Lambert MENDE OMALANGA,
op. Cit. P. 278
* 206 Anicet MUNGALA
ASSIDIE SANZONG, op. cit. p. 20
* 207 Lambert MENDE OMALANGA,
op. Cit. P. 279
* 208 LABANA LASAY'ABAR,
Les conflits, Stratégies, prévention, gestion et modes de
résolution, op. cit. p. 92
* 209 Les actes du Concile
Vatican II, L'Eglise dans le monde de ce temps, Textes
intégraux, Paris, Editions du
Cerf, 1967, N° 83
* 210 BREDA Culture de la
paix,( 03/11/2007).
http://www.dakar.
unesco.org/culture_paix/index.shtml
* 211 ALENGILA, W.O., EWU ou
la palabre chez les Angwi (Mémoire), cité par le professeur
Mutunda
Mwembo ; La palabre africaine, in Conflits et
identité, Actes des Journées Philosophiques de
Canisius, Avril 1997, Kinshasa, Editions Loyola, p.158
* 212 MUTUNDA MWEMBO, op. cit.
P.159
* 213 Lambert MENDE OMALANGA,
op. Cit. P. 193
* 214 Félicien LUKOKI
LUYEYE, in Résolution des conflits armés et
développement en Afrique, Afrique et
Développement N°18, Etudes publiées par
la Faculté d'Economie & Développement, Kinshasa,
Faculté
Catholiques de Kinshasa, 2003, p. 10
* 215Approche
régionale à la gestion et à la transformation des conflits
dans la région des Grands Lacs,
le 02/03/2007. UNESCO PEER, www.grandslacs.net/doc/2495.pdf
* 216 Jacques TENIER,
cité par FWELEY DIANGITUKWA, Géopolitique, intégration
régionale et
mondialisation, Paris, Espace Kinshasa-L'Harmattan,
2006, p.34
* 217 BANYAKU LUAPE EPOTU,
Aperçu sur les études sociales de développement,
Discours critique et
panoramique, Kinshasa, PUZ, 1990, p.13
* 218 Vital KAMEHERE, La
résolution de conflits dans le cas de la guerre du 2 août
1998 : quelles particularités
et perspectives d'une gestion politique durable en RDC, in
Résolution des conflits armés et
développement en Afrique, Afrique et
Développement N°18, Etudes publiées par la Faculté
d'Economie &
Développement, Kinshasa, Faculté Catholiques
de Kinshasa, 2003, p. 67
* 219 Op. Cit. p. 14
* 220 Ibidem
* 221 BANYAKU LUAPE
EPOTU(23/05/2008). La problématique de la relance de la Cepgl : la Rdc
à la
croisée des chemins,
http://www.lepotentiel.com/afficher_article.php?id_edition=&id_article=9092
* 222 Jean-Pierre MBWEBWA
KALALA. Les conflits armés en Afrique : fil conducteur,
mécanismes et
influence des ethnies, in Résolution des conflits
armés et développement en Afrique, Afrique et
Développement N°18, Etudes publiées par
la Faculté d'Economie & Développement, Kinshasa,
Faculté
Catholiques de Kinshasa, 2003, p. 24
* 223 FWELEY DIANGITUKWA, op.
cit. p. 176
* 224 Op. cit. p. 175-176
* 225 BANYAKU LUAPE EPOTU, Op.
Cit. P.43
* 226 Hervé
CHEUZEVILLE, Chronique Africaines des guerres et d'espérance, RD
Congo, Ouganda, Rwanda,
Burundi, Soudan, Paris, Editions Persée,
2006, p. 80
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