3.3. Technique d'écorçage
L'étude s'est uniquement déroulée dans le
bloc I d'aménagement qui est à l'heure actuelle le seul bloc
exploité. Dans le souci de s'assurer si les méthodes
d'écorçage recommandées par le Gouvernement Camerounais
ont été respectées, 522 arbres exploités ont
été choisis aléatoirement pour la vérification. Il
ressort de l'analyse faite après vérification sur le terrain que
88% des tiges dans le bloc I d'aménagement ont été
très bien écorcées et 12% mal écorcées. Dans
l'ensemble la méthode 2/4 a été utilisée pour les
arbres de diamètre compris entre 30 et 50 cm. Tandis que ceux qui ont un
diamètre de plus de 50 cm, la méthode 4/8 a est celle qui a
été appliquée.
En plus du respect des méthodes de récolte, la
qualité d'écorçage est presque satisfaisante. Sur
près de 95% des arbres, l'écorçage s'est
arrêtée à la première branche. Le cambium n'a pas
été détruit. Seulement 5% n'ont pas été
convenablement écorcés. Il y a lieu de mentionner que le DHP de
toutes les tiges recensées était supérieur ou égale
à 30 cm. En prenant en compte la qualité et méthodes
d'écorçage, sur 522 arbres examinés lors du monitoring,
455 soit 87,16% ont été bien exploités.
Les récolteurs s'imprègnent déjà
des normes d'écorçage recommandées par le Gouvernement
Camerounais.
Les figures 7 et 8 illustrent l'approche
d'écorçage actuel au Mont Cameroun.
Figure 7 : Qualité
d'écorçage Figure 8 : Méthode
d'écorçage
3.4. Impact socio-économique de la gestion
actuelle de P. africana
L'exploitation de P. africana est une source d'emploi
dans les villages riverains du parc et aussi au niveau des villes. Plusieurs
personnes sont embauchées dans la filière allant de la
sensibilisation à la commercialisation en passant par l'inventaire,
l'exploitation et la régénération. Au stade de la
collecte, il y a lieu de relever que la récolte de P. africana
est une activité pénible qui nécessite des efforts
physiques. Les récolteurs sont contraints de grimper à l'arbre et
transporter sur un terrain très accidenté de lourdes charges.
Donc cette activité est réservée uniquement aux jeunes
hommes dont l'âge varie entre 25 ans et 40 ans.
Depuis la relance de l'activité en juillet 2012, une
série de trois récoltes ont été effectués
dans le bloc I d'aménagement. 52160,5 kg soit 52,160 t ont
été récoltées. Le prix unitaire étant
fixé à 350 F cfa, la production totale a rapporté en
valeur monétaire 18 256 175 F cfa. Il faut noter qu'à
ce stade, les écorces sont vendues à l'état frais.
Pour le bon déroulement des activités de la
filière, les revenus issus de l'exploitation de P.africana ont
été distribués au niveau local. Le tableau 8 indique la répartition des
bénéfices de la vente de P. africana au Mont
Cameroun.
Tableau 8 : Répartition des
bénéfices de la vente de P. africana au bloc I
d'aménagement
Date 2012
|
Production (kg)
|
Récolteurs 43%
|
Développement des villages 16%
|
Facilitation 7%
|
Parc 20%
|
Régénération 7%
|
Transport 4%
|
Dépôt 3%
|
25/7
|
15 518,5
|
2 335 534
|
869 036
|
382 030
|
1 086 295
|
380 203
|
217 259
|
162 944
|
10/10
|
17 799
|
2 678 750
|
996 744
|
436 076
|
1 245 930
|
436 076
|
249 186
|
186 890
|
21/12
|
18 843
|
2 835 872
|
1 055 208
|
461 654
|
1 319 010
|
461 654
|
263 802
|
197 852
|
Total
|
52 160,5
|
7 850 155
|
2 920 988
|
1 277 932
|
3 641 235
|
1 277 932
|
730 247
|
547 635
|
L'exploitation de P.africana est une source
importante de revenu pour les récolteurs. Comme on peut le lire sur le
tableau, elle leur a rapporté 7 850 155 F cfa soit 314 006,2 F cfa/
récolteurs pour les six mois d'exercice. Etant donné qu'ils sont
au nombre de vingt-cinq, cette somme représente en salaire mensuel 52
334 F cfa. Cet argent leur permet de survenir aux besoins
élémentaires (nutrition, habillement, logement, soin de
santé) et de scolariser leurs enfants.
Le tableau 9 ci-dessous classe par ordre de priorité
l'utilisation des revenus de cette activité.
Tableau 9: Utilisation des
revenus liés à l'exploitation de P. africana
Besoins satisfaits
|
Nombres de réponse favorable sur 25
|
Pourcentage (%)
|
Alimentaire
|
21
|
84
|
Santé
|
17
|
68
|
Logement
|
15
|
60
|
Scolarisation des enfants
|
8
|
32
|
Habillement
|
6
|
24
|
Le tableau 9 indique que l'argent obtenu dans l'exploitation
de cette ressource est d'abord destiné à l'alimentation (21/25
récolteurs) suivi de la santé et l'habillement en dernière
position.
Outre les revenus directs qu'elle génère aux
récolteurs, l'activité contribue au développement
socio-économique des villages riverains au parc. D'après le plan
simple de gestion de P. africana, un pourcentage des revenus issus de
la production de cette ressource est versé aux villages riverains ;
soit une somme de 2 920 988 F cfa pour la période de six mois
(de juillet à décembre). Cet argent leur permettra de construire
les foyers communautaires et de se doter en infrastructures
sociales telles que les adductions en eau potable,
l'électricité, les écoles, les centres de santé,
etc.
MOCAP quant à lui a perçu 2 555 864 F cfa
à travers la facilitation, le transport et l'emmagasinement qui ont
donné respectivement 1 277 932 F cfa, 730 247 F cfa, 547
685 F cfa.
Le Parc National du Mont Cameroun trouve également des
intérêts dans cette activité. Pour le premier bloc, il a
déjà encaissé 3 641 235 F cfa.
Le Gouvernement Camerounais tire profit de cette
activité à travers le payement des taxes de
régénération et d'exportation. La taxe de
régénération fixée à 10 F cfa par kg de
quota, est payée avant l'exploitation. La société AFRIMED
verse au Gouvernement Camerounais pour chaque bloc 2 600 000 F cfa. Ce montant
correspond au quota annuel d'exploitation au Mont Cameroun arrêté
à 260 t. La taxe d'exportation vaut 5% du prix d'achat. Ainsi,
3 512 808,75 F cfa issus de cette activité sont
déjà rentrés dans les caisses de l'Etat Camerounais.
En ce qui concerne AFRIMED, le produit est vendu à
l'international à deux dollars américain (équivalent
à 1000 F cfa) en poids humide. Un poids humide étant le double du
poids sec, cette activité lui a déjà rapporté un
bénéfice brut de 30 391 516,3 F cfa pour le premier bloc
d'aménagement. Les dépenses courantes (transport, factures,
loyer, main d'oeuvre, etc) n'ont pas été prises en compte.
L'exploitation dans le premier bloc d'aménagement n'est
pas à sa fin. Sur ce, il sera intéressant de faire une
prévision des revenus sur un et cinq ans.
Revenu escompté sur un an et cinq
ans
Après l'inventaire d'aménagement de P.
africana au Mont Cameroun en 2011, le quota a été
fixé à 130 t / an en poids sec soit 260 t/an en poids humide.
Mais, après des investigations menées dans le bloc I
d'aménagement, il en est ressorti qu'environ 118 t en poids humide
peuvent être exploitées dans cette unité (voir tableau 5).
L'exploitation dans le bloc I d'aménagement n'étant pas
achevée, si on considère le quota d'exploitation à 118 t
pour chaque bloc d'aménagement, on aura une estimation de
41 300 000 F cfa / an et 206 500 000 sur cinq an.
Le tableau 10 présente l'estimation des revenus de
chaque acteur au cours de ces années (de la première à la
cinquième année).
Tableau 10 : Estimation
des revenus de chaque acteur de la filière sur un et cinq
ans
Bénéficières
|
Pourcentage %
|
Revenu annuel (F cfa)
|
Revenu sur 5 ans (F cfa)
|
Récolteurs
|
43
|
17 759 000
|
88 795 000
|
Développement du village
|
16
|
6 608 000
|
33 040 000
|
MOCAP
|
14
|
5 782 000
|
28 910 000
|
Parc
|
20
|
8 260 000
|
41 300 000
|
Régénération
|
7
|
2 891 000
|
14 455 000
|
Total
|
100
|
41 300 000
|
206 500 000
|
Pour ce qui est du Gouvernement Camerounais et la
société AFRIMED, ils bénéficieront respectivement
4 665 000 F cfa et 72 035 000 F cfa pour la première
année ; 23 325 000 F cfa et 360 175 000 F cfa
pendant cinq ans.
A l'issu de l'analyse des données collectées,
les résultats obtenus ont montré que P. africana est
exploité de manière durable tout en ayant une influence positive
sur les acteurs de la filière. Ces résultats permettront de
soutenir une discussion scientifique, d'où le chapitre suivant.
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