Problématique de la pérennisation des projets de développement. Cas des périmètres maraà®chers de Dodougou et de Diéco commune rurale de Toukoroba au Mali( Télécharger le fichier original )par Baba Faradji N'DIAYE Institut de hautes études internationales et du développement Genève - International master of advanced studies ( IMAS ) 2008 |
Chapitre 4: ConclusionUne étude sur la problématique de la pérennisation des projets de développement met en confrontation deux logiques : les pratiques sociales et la logique de projet avec comme passerelle possible la participation. Ainsi,
En partant des constats ci-dessus, trois problèmes fondamentaux à notre avis, entravent la pérennisation des projets de développement dans une approche participative. Ces problèmes se situent à trois niveaux : · La définition de l'action prioritaire à mettre en oeuvre. Même avec une approche participative, elle se fait avec beaucoup de biais qui sont dus au poids des ONG et à la faiblesse relative de la population paysanne pendant cet exercice. Par courtoisie ou ruse, les populations acceptent n'importe quel projet, même s'il ne constitue pas directement une préoccupation, sans que le courtier local, très imbu de son approche participative et qui est présent dans le village depuis un ou deux jours, ne s'aperçoive de la `'supercherie''. Ce qui est important aux yeux des populations paysannes, c'est moins leur participation, que le calcul de ne pas laisser filer entre leur main l'opportunité que représente un projet. · La précarité des projets de développement. Il s'agit de la dépendance complète des courtiers locaux aux partenaires financiers du Nord. Dans la mise en oeuvre des projets de développement, les deux brandissent la participation des populations comme garante de leur pérennisation. Mais sur le terrain, cette pérennisation est prise en otage par les durées courtes des contrats entre le courtier local et son financeur du Nord, les longues périodes de rupture entre deux contrats, les arrêts brusques des projets pour manque de financement. · La non prise en compte des logiques paysannes. C'est toujours un projet déjà construit qui parvient aux populations. Le projet vient avec sa logique qu'il superpose sur les logiques paysannes. Les innovations techniques et / ou organisationnelles apportées par le projet ne s'inspirent pas des pratiques sociales. Elles contribuent même dans certain cas à transformer les normes sociales préétablies, semant ainsi les bases de conflits latents. A cet égard, l'approche participative est un outil de travail et doit être considéré comme tel. Elle implique certes, les populations bénéficiaires dans le choix des actions qui les concernent. Cependant, elle ne doit pas être vue comme une sorte de baguette magique dont l'utilisation entrainerait ipso facto l'appropriation et la pérennisation des projets de développement. Celles-ci dépendent dans une large mesure de la prise en compte des logiques communautaires. Ces logiques dans la plupart des cas sont confrontées aux logiques de projet qui réfléchissent essentiellement en terme de `'cadre logique''. La grande interrogation est de savoir si dans un contexte de professionnalisation et de privatisation du développement, l'appropriation et la pérennisation des projets de développement telles que prêchées par les courtiers du développement sont réellement voulues par eux. BIERSCHENK, T., CHAUVEAU J.-P. & OLIVIER DE SARDAN J.-P. 1999. Les courtiers en développement. 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