Les déterminants du mauvais état de santé auto- déclaré au Cameroun: une analyse à partir des données d'ECAM 3( Télécharger le fichier original )par Nino Alfredo NDJONDO SANDJO Université de Ouagadougou Institut supérieur des sciences de la population - Master en population et santé 2012 |
INTRODUCTION GENERALELa justice sociale est un aspect fondamental du bien-être des populations. Elle influe sur la façon dont les gens vivent et sur le risque de maladie et de décès auquel ils sont exposés. On observe au sein même des pays de très grandes différences d'état de santé qui sont étroitement liées à la condition sociale. Ces inégalités en santé, qui pourraient être évitées, tiennent aux circonstances dans lesquelles les individus grandissent, vivent, travaillent et vieillissent ainsi qu'aux systèmes de soins qui leur sont offerts. Par ailleurs, les conditions dans lesquelles les gens vivent et meurent dépendent de forces politiques, sociales et économiques. Les politiques sociales et économiques déterminent en grande partie les chances qu'a un enfant de se développer pleinement et de mener une vie épanouie. On peut juger du développement d'une société, qu'elle soit riche ou pauvre, d'après l'état de santé de la population, la répartition plus ou moins équitable de la santé entre les différents échelons de la société et le degré de protection contre les désavantages résultant d'une mauvaise santé. La charte d'Ottawa de 1986 recommande à l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et aux autres organismes internationaux de plaider en faveur de la promotion de la santé, dans le cadre de tous les forums appropriés et d'aider les pays à établir des programmes et stratégies de promotion de la santé. La création d'un environnement sain et l'adoption de modes de vie sains qui nécessitent toutes les deux des initiatives de la part de l'individu, de la famille et de la communauté sont les deux changements nécessaires pour parvenir à la santé pour tous (OMS, 1995). En effet, la pauvreté perpétue la mauvaise santé, l'inégalité entre les sexes et la croissance rapide de la population (UNFPA, 2004). Au cours de la dernière décennie, la communauté mondiale a commencé à s'attaquer à la pauvreté et aux inégalités dans le monde d'une manière beaucoup plus systématique en fixant les OMD et en mettant la question des inégalités au coeur de l'élaboration des politiques sociales. Dans un souci de justice sociale, l'OMS a constitué en 2005 la Commission des Déterminants sociaux de la Santé afin de réunir des éléments probants sur les moyens de promouvoir l'équité en santé et de donner l'élan nécessaire au niveau mondial pour passer à l'action (OMS, 2008). En Afrique, une étude réalisée en 2005 par l'OMS, auprès de quarante pays, souligne que le concept de promotion de la santé est diversement compris et qu'il est appliqué de manière parcellaire. Le développement de la promotion de la santé que l'OMS encourage dans la région repose sur une quadruple stratégie à savoir : le développement des connaissances et des aptitudes en renforçant les connaissances des populations en matière de santé mais aussi les compétences requises pour promouvoir et protéger les comportements favorables à la santé, et ainsi prévenir la mauvaise santé, la prise de mesures en y associant intimement les individus et les communautés ; la médiation pour concilier les différents intérêts des individus et des communautés, et la création d'environnements favorables par la mise en place de conditions localement étudiées qui facilitent l'adoption ou la modification des comportements ; et enfin le plaidoyer pour la création des conditions nécessaires à l'octroi d'une santé adéquate1(*). Au Cameroun, à l'instar des tous les pays de l'Afrique Sub-saharienne, le système de Santé est tourné vers les soins curatifs; les aspects préventifs et promotionnels étant relégués au second plan et souvent sans ressources. Plusieurs études ont également montré que le niveau de connaissances, attitudes et pratiques en rapport avec les problèmes de santé est très bas auprès des populations dans ce pays. Les programmes de santé devraient donc accorder beaucoup d'importance et de ressources au développement des activités de promotion de la santé dans la communauté en vue de réduire le nombre et la gravité des maladies et d'autres problèmes de santé (MINSANTE, 2007). L'élaboration des politiques et programmes de santé nécessite, entre autres, des données probantes sur les facteurs associés à la mauvaise santé. Le présent travail apporte sa contribution à la connaissance des déterminants du mauvais état de santé auto-déclaré au Cameroun. Pour cela, il est subdivisé en quatre chapitres. Le premier chapitre présente le cadre théorique de l'étude. Le chapitre deuxième, quant à lui, décrit le contexte et l'approche méthodologique de l'étude. Ensuite, le troisième chapitre présente les déterminants du mauvais état de santé auto-déclaré chez les pauvres et les non pauvres au Cameroun. Enfin, le chapitre quatrième s'intéresse à la santé perçue des hommes et des femmes selon le niveau de vie au Cameroun. * 1 http://www.inpes.sante.fr/SLH/articles/394/07.htm (Consulté le 10 janvier 2012) |
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