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Les déterminants du mauvais état de santé auto- déclaré au Cameroun: une analyse à  partir des données d'ECAM 3

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par Nino Alfredo NDJONDO SANDJO
Université de Ouagadougou Institut supérieur des sciences de la population - Master en population et santé 2012
  

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    n Hje de cons

    UNIVERSITÉ DE OUAGADOUGOU

    Institut Supérieur des Sciences de la Population

    Master en Population et Santé

     

    Année académique 2010-2011 - Promotion 6

    MEMOIRE DE FIN DE FORMATION

    Les déterminants du mauvais état de santé auto-déclaré au Cameroun

    Une analyse à partir des données d'ECAM3

    Rédigé par : Nino Alfredo NDJONDO SANDJO

    Superviseur de terrain

    NISSACK Françoise, MD, MPH

    NO/FHP/Bureau OMS Cameroun

    Directeur Adjoint de l'ISSP

    Directeur de Mémoire

    KOBIANE Jean-François, PhD.

    Directeur Adjoint de l'ISSP

    Janvier 2012

    TABLE DES MATIERES

    DEDICACE iii

    REMERCIEMENTS iv

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS v

    LISTE DES TABLEAUX vi

    RESUME vii

    INTRODUCTION GENERALE 1

    CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE 3

    I.1. Problématique et justification de la recherche 3

    I.2. Objectifs de l'étude 5

    I.2.1. Objectif Général 5

    I.2.2. Objectifs spécifiques 5

    I.3. Revue de la littérature 6

    I.3.1. Les avantages et les inconvénients de la santé perçue 6

    I.3.2. Les déterminants de la santé perçue 7

    I.4. Cadre conceptuel de l'étude 14

    I.5. Hypothèses de recherche 16

    I.6. Définition de quelques concepts 19

    I.6.1. La santé 19

    I.6.2. La santé perçue 20

    I.6.3. Les déterminants de la santé 21

    I.6.4. Le genre 21

    I.6.5. La pauvreté 22

    CHAPITRE II : CONTEXTE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE 23

    II.1. Contexte de l'étude 23

    II.1.1. Le contexte démographique et sanitaire 23

    II.1.2. Le contexte socioéconomique 23

    II.1.3. La promotion de la santé 24

    II.2 Méthodologie d'étude 25

    II.2.1. Source de données : présentation de l'ECAM3 25

    II.2.2. Variables de l'étude 27

    II.2.3. Evaluation des données de l'ECAM3 29

    II.2.4. Méthodes d'analyse des données 30

    CHAPITRE III : PAUVRETE ET SANTE PERÇUE AU CAMEROUN 34

    III.1 Présentation de l'échantillon d'analyse 34

    III.2. Présentation des résultats 36

    III.2.1. Prévalence du mauvais état de santé auto-déclarée selon le niveau de vie 36

    III.2.2. Effets bruts des variables indépendantes sur le mauvais état de santé auto-déclaré selon le niveau de vie 36

    III.2.3. Effets nets des variables indépendantes sur le mauvais état de santé auto-déclaré selon le niveau de vie 43

    CHAPITRE IV : SANTE PERÇUE DES HOMMES ET DES FEMMES SELON LE NIVEAU DE VIE AU CAMEROUN 49

    IV.1 Présentation des résultats 49

    IV.1.1. Effets des variables indépendantes sur le mauvais état de santé auto-déclaré chez les hommes et les femmes pauvres 49

    IV.1.2. Effets des variables indépendantes sur le mauvais état de santé auto-déclaré chez les hommes et les femmes non pauvres 55

    IV.1.3. Limites méthodologiques de l'étude 61

    IV.2 Discussion et suggestions 62

    IV.2.1. Discussion des résultats 62

    IV.2.2. Suggestions 65

    CONCLUSION 67

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 69

    ANNEXES 76

    ANNEXE 1 76

    DEDICACE

    Je dédie ce travail

    à 

    Ø Ma famille qui a supporté, autant que moi, une année durant, notre séparation et qui a manqué toute l'affection que je leur porte.

    REMERCIEMENTS

    Après avoir rendu grâce à DIEU,

    Je tiens à remercier vivement :

    - Dr Jean-François KOBIANE, mon directeur de mémoire, malgré vos multiples sollicitations, vous avez bien voulu diriger ce travail de recherche ;

    - Dr Françoise NISSACK, mon directeur de stage, malgré votre agenda de travail surchargé, vous avez bien voulu m'encadrer durant mon séjour au Bureau de l'Organisation Mondiale de la Santé pour le Cameroun ;

    - Dr Charlotte FATY NDIAYE, Représentante Résidente du Bureau de l'Organisation Mondiale de la Santé pour le Cameroun pour m'avoir permis d'effectuer mon stage d'application dans votre institution ;

    - l'ensemble du personnel du Bureau de l'Organisation Mondiale de la Santé pour le Cameroun pour l'accueil et le soutien durant mon stage dans cette institution ;

    - Pr Banza BAYA, Directeur de l'Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP), pour votre dévouement et vos précieux conseils tout au long de cette formation ;

    - l'ensemble des enseignants du Master en population et santé pour la qualité des enseignements reçus, les précieuses orientations et la constante assistance durant notre formation ;

    - la fondation Bill et Melinda Gates pour m'avoir accordé une bourse d'études me permettant de suivre cette formation de Master en Population et Santé de l'ISSP ;

    - la Direction et l'ensemble du personnel enseignant, administratif et d'appui de l'ISSP pour l'encadrement et le soutien reçu durant notre formation ;

    - mes camarades, les étudiants de la sixième cohorte du Master en Population et Santé de l'ISSP, pour leur amitié et leur solidarité tout au long de la formation.

    A TOUS CEUX QUI DE PRES OU DE LOIN ONT CONTRIBUE A LA REALISATION DE CE TRAVAIL, TROUVEZ ICI L'EXPRESSION DE MA PROFONDE GRATITUDE.

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

    BIT

    Bureau International du Travail

    BUCREP

    Bureau Central du Recensement et des Etudes de Population

    CM

    Chef de Ménage

    DSCE

    Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi

    DSRP

    Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté

    ECAM3

    Troisième Enquête Camerounaise Auprès des Ménages

    INS

    Institut National de la Statistique

    MINEPAT

    Ministère de l'Economie, de la Planification, et de l'Aménagement du Territoire

    MINSANTE

    Ministère de la Santé Publique

    OCDE

    Organisation de Coopération et de Développement Economiques

    OMD

    Objectifs du Millénaire pour le Développement

    OMS

    Organisation Mondiale de la Santé

    ONU

    Organisation des Nations Unies

    PNUD

    Programme des Nations Unies pour le Développement

    SNV

    Organisation Néerlandaise de Développement

    SPSS

    Statistical Package for Social Sciences

    UNFPA

    Fonds des Nations Unies pour la Population

    ZD

    Zone de Dénombrement

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 1 : Hypothèses secondaires portant sur le sens des relations 18

    Tableau 2 : Description de l'échantillon de notre étude 35

    Tableau 3 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, l'âge et le niveau de vie 37

    Tableau 4 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le sexe et le niveau de vie 37

    Tableau 5 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le statut matrimonial et le niveau de vie 38

    Tableau 6 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le lien de parenté avec le chef de ménage et le niveau de vie 39

    Tableau 7 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le statut migratoire et le niveau de vie 40

    Tableau 8 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, la situation d'activité et le niveau de vie 40

    Tableau 9 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le niveau d'éducation et le niveau de vie 41

    Tableau 10 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le milieu de résidence et le niveau de vie 42

    Tableau 11 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, l'appartenance à au moins une association et le niveau de vie 42

    Tableau 12 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, la consommation d'alcool et le niveau de vie 43

    Tableau 13 : Effets nets de chacune des variables explicatives sur la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé selon le niveau de vie au Cameroun (Rapport de chances) 44

    Tableau 14 : Effets de chacune des variables explicatives sur la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé selon le sexe et chez les pauvres au Cameroun (Rapport de chances) 50

    Tableau 15 : Effets de chacune des variables explicatives sur la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé selon le sexe et chez les non pauvres au Cameroun (Rapport de chances) 56

    RESUME

    L'état de santé auto-déclaré est un indicateur de prédiction de morbidité et de mortalité au sein d'une population donnée. Plusieurs travaux se sont intéressés aux facteurs associés à l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé dans le contexte des pays occidentaux en général. Il ressort de ces travaux qu'à l'exception des facteurs biologiques, les déterminants de la santé perçue peuvent être regroupés en quatre groupes à savoir : les déterminants économiques, les déterminants socioculturels, les déterminants démographiques, et le mode de vie. Malheureusement, en Afrique Sub-saharienne en général et au Cameroun en particulier, ces déterminants de l'état de santé auto-déclaré sont très peu connus. Au Cameroun, la prévalence du mauvais état de santé auto-déclaré est relativement élevée.

    Afin de mieux appréhender cet indicateur, cette étude a été entreprise. Elle a pour objectif général d'analyser les déterminants du mauvais état de santé auto-perçu, selon le niveau de vie et le genre, au Cameroun. Pour cela, le modèle Pathway de la Commission des déterminants sociaux de la santé de l'OMS a été utilisé comme cadre organisateur de ce travail. L'étude a concerné un échantillon de 30 133 individus de 15 ans et plus, interviewés lors de la troisième enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM3). La régression logistique a été retenue pour mesurer les effets nets de chacune des variables explicatives.

    Cette étude montre qu'en fonction du niveau de vie et du sexe, les variables du mode de vie (l'appartenance à une association, la consommation d'alcool), les variables démographiques (l'âge, le statut matrimonial, le statut migratoire interne, le lien de parenté avec le chef de ménage), des variables économiques (l'activité économique) et les variables socioculturelles (le milieu de résidence, le niveau d'instruction) peuvent déterminer l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Toutefois, quel que soient le niveau de vie et le sexe, les déterminants démographiques, suivi des déterminants socioculturels (et surtout le niveau d'instruction) sont les plus importants dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Le niveau d'instruction de l'individu, indépendamment du niveau de vie et du sexe, étant le facteur le plus important parmi les variables socioculturelles associées à l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé.

    Cette étude suggère la prise en compte du niveau de vie et du sexe en particulier, dans l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques et programmes de promotion de la santé au Cameroun.

    Mots clés : Santé auto-déclarée, pauvreté, Genre, Cameroun.

    INTRODUCTION GENERALE

    La justice sociale est un aspect fondamental du bien-être des populations. Elle influe sur la façon dont les gens vivent et sur le risque de maladie et de décès auquel ils sont exposés. On observe au sein même des pays de très grandes différences d'état de santé qui sont étroitement liées à la condition sociale. Ces inégalités en santé, qui pourraient être évitées, tiennent aux circonstances dans lesquelles les individus grandissent, vivent, travaillent et vieillissent ainsi qu'aux systèmes de soins qui leur sont offerts.

    Par ailleurs, les conditions dans lesquelles les gens vivent et meurent dépendent de forces politiques, sociales et économiques. Les politiques sociales et économiques déterminent en grande partie les chances qu'a un enfant de se développer pleinement et de mener une vie épanouie. On peut juger du développement d'une société, qu'elle soit riche ou pauvre, d'après l'état de santé de la population, la répartition plus ou moins équitable de la santé entre les différents échelons de la société et le degré de protection contre les désavantages résultant d'une mauvaise santé.

    La charte d'Ottawa de 1986 recommande à l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et aux autres organismes internationaux de plaider en faveur de la promotion de la santé, dans le cadre de tous les forums appropriés et d'aider les pays à établir des programmes et stratégies de promotion de la santé. La création d'un environnement sain et l'adoption de modes de vie sains qui nécessitent toutes les deux des initiatives de la part de l'individu, de la famille et de la communauté sont les deux changements nécessaires pour parvenir à la santé pour tous (OMS, 1995). En effet, la pauvreté perpétue la mauvaise santé, l'inégalité entre les sexes et la croissance rapide de la population (UNFPA, 2004). Au cours de la dernière décennie, la communauté mondiale a commencé à s'attaquer à la pauvreté et aux inégalités dans le monde d'une manière beaucoup plus systématique en fixant les OMD et en mettant la question des inégalités au coeur de l'élaboration des politiques sociales. Dans un souci de justice sociale, l'OMS a constitué en 2005 la Commission des Déterminants sociaux de la Santé afin de réunir des éléments probants sur les moyens de promouvoir l'équité en santé et de donner l'élan nécessaire au niveau mondial pour passer à l'action (OMS, 2008).

    En Afrique, une étude réalisée en 2005 par l'OMS, auprès de quarante pays, souligne que le concept de promotion de la santé est diversement compris et qu'il est appliqué de manière parcellaire. Le développement de la promotion de la santé que l'OMS encourage dans la région repose sur une quadruple stratégie à savoir : le développement des connaissances et des aptitudes en renforçant les connaissances des populations en matière de santé mais aussi les compétences requises pour promouvoir et protéger les comportements favorables à la santé, et ainsi prévenir la mauvaise santé, la prise de mesures en y associant intimement les individus et les communautés ; la médiation pour concilier les différents intérêts des individus et des communautés, et la création d'environnements favorables par la mise en place de conditions localement étudiées qui facilitent l'adoption ou la modification des comportements ; et enfin le plaidoyer pour la création des conditions nécessaires à l'octroi d'une santé adéquate1(*).

    Au Cameroun, à l'instar des tous les pays de l'Afrique Sub-saharienne, le système de Santé est tourné vers les soins curatifs; les aspects préventifs et promotionnels étant relégués au second plan et souvent sans ressources. Plusieurs études ont également montré que le niveau de connaissances, attitudes et pratiques en rapport avec les problèmes de santé est très bas auprès des populations dans ce pays. Les programmes de santé devraient donc accorder beaucoup d'importance et de ressources au développement des activités de promotion de la santé dans la communauté en vue de réduire le nombre et la gravité des maladies et d'autres problèmes de santé (MINSANTE, 2007).

    L'élaboration des politiques et programmes de santé nécessite, entre autres, des données probantes sur les facteurs associés à la mauvaise santé. Le présent travail apporte sa contribution à la connaissance des déterminants du mauvais état de santé auto-déclaré au Cameroun. Pour cela, il est subdivisé en quatre chapitres. Le premier chapitre présente le cadre théorique de l'étude. Le chapitre deuxième, quant à lui, décrit le contexte et l'approche méthodologique de l'étude. Ensuite, le troisième chapitre présente les déterminants du mauvais état de santé auto-déclaré chez les pauvres et les non pauvres au Cameroun. Enfin, le chapitre quatrième s'intéresse à la santé perçue des hommes et des femmes selon le niveau de vie au Cameroun.

    CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE

    Ce chapitre a pour principal objectif de présenter l'univers scientifique dans lequel a été entreprise cette étude. Après la problématique et la justification de la recherche, sont abordés les objectifs, la revue de la littérature, le cadre conceptuel, les hypothèses de l'étude et la clarification conceptuelle.

    I.1. Problématique et justification de la recherche

    La distribution du risque de maladie et de décès dans une société est socialement structurée en fonction de la stratification des groupes sociaux. Les politiques de santé doivent aujourd'hui mettre l'accent sur la prévention de la mauvaise santé et l'amélioration de la qualité de vie au détriment du traitement de la maladie. La prévention constitue un puissant outil pour améliorer l'état de santé d'une population. Cependant, il est nécessaire de reconnaître que les effets des politiques et des programmes de prévention ne sont toujours pas homogènes pour tous les niveaux de risque et pour tous les groupes qui constituent une population. En outre, la capacité de tirer profit des interventions préventives apparait, elle aussi, comme étant liée a l'appartenance à certains groupes sociaux. Il est donc important de toujours associer l'objectif d'amélioration de la santé d'une population avec un objectif explicite de diminution des inégalités sociales de santé (Potvin et al., 2010 ; OMS, 1995 ; OMS, 2009a ; OMS, 2010).

    De plus, avec l'interrelation entre la population, le développement, l'environnement et la santé, les politiques de santé ne se limitent plus à la santé stricto sensu. L'état de santé dépend de plus en plus de circonstances sociales et économiques sur lesquelles le secteur de la santé n'a que peu de prise. Les politiques de santé doivent donc permettre à chacun de réaliser son plein potentiel en matière de santé car cela le met en mesure de mener une vie économiquement et socialement productive (OMS, 1995 ; Carr, 2004 ; OMS, 2008 ; OMS, 2009a). Toutefois, la réalisation du potentiel de santé optimale nécessite l'identification et la prise en charge des déterminants de la santé. La charte d'Ottawa recommande à l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et aux autres organismes internationaux de plaider en faveur de la promotion de la santé, dans le cadre de tous les forums appropriés et d'aider les pays à établir des programmes et stratégies de promotion de la santé (OMS, 2009a ; OMS, 2010).

    En ce qui concerne le Cameroun, le pays dispose d'un document de politique nationale de promotion de la santé, assorti d'un plan stratégique pour la période 2006-2011. Toutefois, la promotion de la santé demeure au niveau théorique, le concept devant mieux être compris par tous les intervenants, et la pratique axée sur la réduction des effets des déterminants de la mauvaise santé. Grâce à l'appui de l'OMS, le pays entend entre autres traiter les déterminants sociaux et économiques de la santé, à travers des politiques et des programmes qui accroissent l'équité en santé, et intègrent des approches favorables aux pauvres, respectueuses des différences entre les sexes et fondées sur les droits de l'homme. A cet effet, il s'agira d'identifier les déterminants de la santé, et s'assurer de leur prise en compte dans la formulation des politiques et stratégies de santé (OMS, 2009b ; MINEPAT, 2010).

    Plusieurs études, menées dans les pays occidentaux, ont déjà démontré que l'état de santé auto-déclaré est un bon indicateur de mesure de l'état de santé des populations. En effet, l'état de santé perçu est un très bon précurseur de la morbidité et de la mortalité, en plus d'être associé à l'utilisation des soins de santé (Kaplan et al., 1996 cité par Kuaté-Defo, 2005 ; Idler et al., 2000 cité par Kuaté-Défo, 2005).

    Par ailleurs, si les analyses effectuées dans la littérature sur les déterminants de l'état de santé auto-déclaré sont relativement nombreuses pour les pays en développement, celles qui s'intéressent spécifiquement aux pays africains au Sud du Sahara sont plutôt rares. En particulier, les études portant sur le Cameroun sont presque inexistantes. C'est pourquoi l'exemple du Cameroun nous a semblé intéressant pour mieux comprendre les facteurs associés au mauvais état de santé auto-déclaré. Il s'agit de savoir : Qui s'estime en mauvais état de santé au Cameroun ? Selon le niveau de vie et le sexe, quels sont les groupes sociaux qui se déclarent en mauvais état de santé ?

    Nous avons choisi d'entrée de jeu de faire une étude selon le niveau de vie pour contribuer à l'élaboration des politiques et programmes de santé en faveur des pauvres. En effet, dans le cadre des stratégies nationales de réduction de la pauvreté et de l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement, un grand nombre de gouvernements des pays Africains (dont le Cameroun) ont porté une attention particulière aux pauvres. Autrement dit, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, les gouvernements devraient entre autre mettre en place des politiques et programmes en faveurs des groupes pauvres.

    La deuxième stratification dans notre étude, envisagée selon le genre se justifie quand à elle par la place importante qu'occupe cette problématique dans l'élaboration des stratégies et politiques de développement. En effet, les dernières conférences internationales ont toutes inscrit à l'ordre du jour le principe de la parité entre hommes et femmes en ce qui concerne l'accès et l'allocation des ressources et les opportunités de promotion économique et sociale. Elles se sont entendues sur la relation fondamentale qui existe entre développement durable et égalité de genre. A cet effet, les gouvernements et autres organisations internationales de développement ont décidé entre autre de produire et diffuser des données et des informations ventilées par sexe aux fins de planification et d'évaluation du développement2(*).

    L'intérêt de cette étude réside dans le fait que les rares travaux effectués au Cameroun ne se sont pas intéressés aux facteurs associés au mauvais état de santé perçu dans l'ensemble du pays. Ainsi, une intervention sur ces facteurs, pourrait d'une part améliorer significativement les indicateurs préoccupants de morbidité et de mortalité au sein de la population camerounaise et, d'autre part, améliorer les conditions de vie de la population dans ce pays. Par ailleurs, une connaissance plus approfondie de ces facteurs au Cameroun permettra d'aider les décideurs et les planificateurs à mieux orienter leurs stratégies de promotion de santé et de réduction des inégalités sociales en santé. Enfin, la compréhension des raisons du mauvais état de santé auto-déclaré permettrait le développement de nouvelles approches de solutions adaptées au contexte socioéconomique du Cameroun.

    I.2. Objectifs de l'étude

    I.2.1. Objectif Général

    L'objectif général de cette étude est de contribuer à la connaissance des facteurs associés à l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé selon le niveau de vie et le genre au Cameroun.

    I.2.2. Objectifs spécifiques

    De façon spécifique, il est question pour nous :

    ü D'identifier les facteurs associés à l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé selon le niveau de vie et le genre au Cameroun ;

    ü De hiérarchiser les facteurs intervenant dans le mauvais état de santé perçue selon le niveau de vie et le genre au Cameroun. Il s'agit ici d'établir un ordre d'influence entre les différents facteurs explicatifs du mauvais état de santé perçue au Cameroun ;

    ü De mettre en exergue les similitudes et les divergences dans les déterminants de l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé selon le niveau de vie et le genre au Cameroun.

    I.3. Revue de la littérature

    I.3.1. Les avantages et les inconvénients de la santé perçue

    a) Les avantages de la santé perçue

    L'évaluation subjective de la santé est un bon indicateur de la santé tant au niveau individuel qu'au niveau de la population. Elle reflète de manière assez fiable l'impact des problèmes dont souffre la personne interrogée ; elle a en outre une relation étroite avec la mortalité, la morbidité, le niveau des capacités fonctionnelles et la consommation de soins (Tafforeau, 2010 ; Barreto et Carvalho de Figueiredo, 2009 ; Shields et Shooshtari, 2001). De nombreuses études ont déjà démontré que l'état de santé déclaré (santé perçue) est un très bon précurseur de la morbidité et de la mortalité, en plus d'être associé à l'utilisation des soins de santé (Kaplan et al, 1996 ; Idler et al, 2000).

    La perception subjective de l'état de santé est donc un instrument utile pour la détection des groupes à risque et comme indicateur des besoins de la population en matière de soins. La santé subjective est reprise parmi les indicateurs de santé et de qualité de vie, notamment dans le cadre du deuxième but de «La Santé pour Tous» de l'OMS mais aussi dans la liste des Indicateurs de Santé Européens. C'est d'ailleurs l'un des indicateurs de santé recommandés par l'OMS pour le suivi de l'état de santé des populations (Centre for Health Protection, 2010). La santé perçue est reconnue comme une mesure synthétique de l'état de santé. Elle dépend de la représentation de la « bonne santé » que se fait la personne, de ses connaissances et de ses exigences à cet égard, ainsi que des ressources dont elle dispose pour gérer sa santé (Devaux et al, 2008).

    b) Les inconvénients de la santé perçue

    Notons toutefois que des recherches qualitatives et quantitatives indiquent que les personnes appartenant aux classes sociales les moins favorisées auraient tendance à « surévaluer » leur état de santé, ou à en avoir une vue plus partielle et fataliste qui se centrerait sur les aspects directement fonctionnels du corps (Girard et al, 2000 ; Sen, 2002). Tout porte à croire que cette distorsion conduit à sous-estimer les écarts sociaux de santé parfois observés.

    Aussi, dans le cadre des comparaisons internationales, les différences entre pays de la perception de l'état de santé général sont souvent difficiles à interpréter car les réponses peuvent dépendre non seulement de différences dans la formulation des questions et réponses mais aussi de facteurs culturels (OCDE, 2009).

    I.3.2. Les déterminants de la santé perçue

    De nombreuses études se sont penchées sur les facteurs déterminant les réponses des individus à cette interrogation. En plus des facteurs génétiques, on distingue généralement trois grandes familles de déterminants de l'état de santé d'une population : les comportements ; les facteurs économiques, socioculturels et démographiques ; et le système de santé (Potvin et al., 2010). Parmi ces facteurs, l'influence de la culture a été souvent discutée et invoquée pour souligner la difficulté des comparaisons internationales de perception de la santé (Kuate-Defo, 2005 ; Jylha et al., 1998 ; Camirand et al., 2009 ; Grigoriev et Grigorieva, 2011).

    Nous nous intéresserons dans cette section aux déterminants économiques, socioculturels et démographiques.

    a) Le sexe

    Les femmes, malgré leur espérance de vie supérieure à celle des hommes, ont plus tendance à porter un jugement négatif sur leur santé par rapport aux hommes (Kuate-Defo, 2005 ; Goldberg et al, 2001 ; Serrano-Gallardo et al, 2009 ; Barreto et Carvalho de Figueiredo, 2009). Il existe une inégalité entre les hommes et les femmes en matière d'état de santé qui serait liée aux facteurs socioéconomiques (Serrano-Gallardo et al, 2009). De nombreux travaux à l'instar de Shields et Shooshtari (2001) au Canada, Alexopoulos et Geitona (2009) en Grèce, Szwarcwald et al (2005) au Brésil montrent que les hommes se déclarent plus en bonne santé que les femmes. La principale explication donnée à cette mauvaise perception de l'état de santé par les femmes est le rôle joué par les femmes dans la société, par lequel elles ressentent plus facilement la douleur et l'inconfort par rapport aux hommes du fait de leur forte exposition aux services de santé par rapport aux hommes. La faible participation des femmes au marché du travail est aussi une raison citée dans la littérature (Szwarcwald et al, 2005). Aussi, les femmes et les hommes peuvent : 1) être exposés différemment à divers risques pour la santé ; 2) être vulnérables de différentes façons à divers aspects de l'environnement physique et social et 3) avoir accès dans différentes mesures aux divers systèmes de soutien et ressources (Vissandjee et al, 2003).

    Cependant, Barreto et Carvalho de Figueiredo (2009) dans une étude au Brésil estiment qu'il n'existe pas de différence selon le sexe dans la perception de leur état de santé pour les individus ayant des maladies chroniques. Bacher (2010) au Danemark ne trouve également pas de lien entre le sexe et la santé perçue.

    b) Le milieu de résidence

    En général, les individus vivant en milieu rural ont une meilleure santé perçue que ceux vivant en milieu urbain bien qu'en milieu rural la mortalité soit plus élevée (Grigoriev et Grigorieva, 2011). La meilleure santé auto-déclarée parmi la population rurale pourrait en partie être expliquée par le biais de déclaration. La différence dans la perception de la santé en soi entre les deux groupes de la population pourrait être influencée par un certain nombre de facteurs, dont les circonstances sociales (Bobak et al, 2000). Cependant, un biais de déclaration ne semble pas être une explication explicite et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer son impact sur le fossé urbain-rural dans l'auto-évaluation de la santé (Grigoriev et Grigorieva, 2011). De nombreux travaux (Alexopoulos et Geitona (2009) en Grèce) se sont intéressés au lien entre le milieu de résidence et la santé auto-déclarée, et les résultats confirment une meilleure santé auto-déclarée en milieu rural par rapport au milieu urbain. Grigoriev et Grigorieva (2011) dans une étude en Biélorussie montrent que les hommes et les femmes vivant en milieu rural sont proportionnellement moins nombreux à se déclarer en mauvais état de santé que ceux du milieu urbain.

    c) L'âge

    L'état de santé est naturellement lié à l'âge (France, 2009). En effet, étant donné que les problèmes physiques et la survenance des maladies ont tendance à augmenter avec l'âge, les perceptions moins positives de la santé sont attendues à un âge avancé (Shields et Shooshtari, 2001). Les personnes âgées vivent de façon disproportionnées à différents niveaux avec les maladies chroniques et des incapacités fonctionnelles. Cela réduit considérablement leur qualité de vie et augmentent leur demande de soins de santé et de services sociaux (Hambleton et al, 2005). Bacher (2010) dans une étude au Danemark montre qu'il existe un lien entre l'âge et la santé perçue, et conclut que les personnes âgées sont les plus nombreux à s'auto-déclarer en mauvais état de santé. Alexopoulos et Geitona (2009) en Grèce, aboutissent également à la même conclusion.

    Cependant, lorsque l'état physique, les variables socio-économiques, les variables de comportements de santé et psychosociaux sont pris en considération, l'association entre l'état de santé perçue et l'âge disparait. Ainsi, on peut penser que l'association entre l'âge et la perception de sa santé n'est pas directement attribuable à l'âge, mais à ces autres facteurs tels que le départ à la retraite et la solitude (Shields et Shooshtari, 2001).

    d) Le niveau d'instruction

    L'éducation est le facteur le plus important associé à la santé auto-déclarée (Grigoriev et Grigorieva, 2011 ; Savage et Henning, 2008). En effet, l'éducation contribue à améliorer l'état de santé en développant chez l'individu les habilités à rechercher le savoir, à comprendre les informations et à résoudre ses problèmes. L'éducation influence les styles de vie et les comportements de santé, grâce aux connaissances acquises, à la capacité à en acquérir d'autres et à travers les revenus élevés qu'elle permet d'acquérir (France, 2009). Il existe une inégalité selon le niveau d'éducation, aussi bien pour les hommes que les femmes, dans la santé auto-déclarée (Grigoriev et Grigorieva, 2011). De nombreux travaux (Bacher (2010) au Danemark, Alexopoulos et Geitona (2009) en Grèce) ont d'ailleurs permis de confirmer cette hypothèse. Russo (2005) dans une étude longitudinale menée dans l'Etat de Utah aux Etats-Unis a constaté que la majorité des individus ayant déclaré un mauvais état de santé avait un niveau d'études secondaire. Ceux ayant fait au moins quatre années d'études supérieures par contre déclaraient être en excellente santé. Aussi, Grigoriev et Grigorieva (2011) en Biélorussie, Szwarcwald et al (2005) au Brésil ont abouti au même résultat mais ils concluent que le gradient en santé selon le niveau d'études est plus important chez les femmes.

    e) Le statut matrimonial

    Le mariage est un important domaine dans lequel le soutien social peut être établi. En général, les personnes mariées ont une grande satisfaction de la vie que les personnes vivant seules. Le bonheur dans un mariage entraîne moins de stress et de dépression. Un examen effectué par Baider et Bengel (2001, cité par Serrano-Gallardo et al, 2009) a montré que se marier est un facteur protecteur pour les hommes, étant donné que le mariage leur apporte une structure sociale et leur permet de se contrôler plus. Par contre chez les femmes, ce n'est pas le statut matrimonial en lui-même mais la satisfaction face aux conflits conjugaux qui est devenue un facteur prédictif de bonne qualité de vie liée à la santé. Les femmes mariées peuvent avoir un conflit entre les rôles productif et reproductif, ce qui ne se produit pas si vous êtes célibataire (Artazcoz et al, 2007 ; Bourne, 2009). En outre, les femmes divorcées et séparées peuvent vivre l'expérience d'un manque de soutien social ou une perte du statut social par rapport à leur situation antérieure, et cela affecte gravement leur santé perçue (Serrano-Gallardo et al, 2009). De nombreuses études ont mis en exergue l'existence de ce lien et dans quelques études on constate que le lien est parfois inexistant. Ainsi, Serrano-Gallardo et al (2009) dans une étude à Madrid en Espagne ont montré que les personnes célibataires, divorcées ou veuves avaient une mauvaise perception de leur état de santé.

    Cependant, Alexopoulos et Geitona (2009) en Grèce, Bacher (2010) au Danemark ne trouvent pas de lien entre le statut matrimonial et la mauvais état de santé perçue.

    f) L'activité économique

    La relation entre travail et santé est complexe, et a été longtemps un sujet de débat dans la littérature. L'emploi protège et favorise la santé (Ross and Mirowski, 1995 cité par Kanjanapan, 2003). Autrement dit, ne pas travailler est un risque pour la santé. Une situation d'insécurité, qu'il s'agisse du chômage ou de la crainte de perdre son emploi a des effets, entre autres, sur la santé mentale, en particulier l'anxiété et la dépression, et sur la santé cardiovasculaire. Pour les personnes au chômage, la réduction des ressources est un élément négatif supplémentaire. Les effets du chômage sur la santé s'étendent à diverses formes d'emplois précaires et mal rémunérés (France, 2009 ; Kanjanapan, 2003 ; Grigoriev et Grigorieva, 2011). Une explication de cette association est que l'emploi augmente le statut, le pouvoir et l'indépendance économique ainsi qu'il confère des récompenses non-économiques telles que le soutien social et la reconnaissance des autres et que ces avantages se traduisent directement et indirectement dans une meilleure santé (Kanjanapan, 2003). Plusieurs auteurs tels que Bacher (2010) au Danemark, Grigoriev et Grigorieva (2011) en Biélorussie, et Kanjanapan (2003) en Australie ont pu mettre en exergue l'effet de l'emploi sur la santé perçue. En particulier, Kanjanapan (2003) dans une étude en Australie à l'instar de Grigoriev et Grigorieva (2011) en Biélorussie, a montré que les personnes n'étant pas en activité économique s'estimaient en mauvais état de santé par rapport à ceux qui sont en activité et ce résultat persiste après contrôle par âge, sexe ou statut socioéconomique. Après contrôle par âge, les hommes ont plus tendance à déclarer un mauvais état de santé que les femmes (Grigoriev et Grigorieva, 2011). Szwarcwald et al (2005) montrent également qu'au Brésil, la pratique d'une activité économique n'a pas d'effet significatif sur la santé perçue des femmes alors que son effet chez les hommes est important.

    g) Le statut migratoire

    L'effet de la migration interne ou internationale sur la santé est un sujet de controverse. En effet, il a été montré que les nouveaux migrants se sentent en bonne santé par rapport aux populations du pays d'accueil (Effet du migrant sain), pendant que d'autres études ont montré que les migrants avaient les pires états de santé dans la population (Serrano-Gallardo et al, 2009). Plusieurs études ont montré que le mauvais état de santé était plus perçu chez les immigrés mais très peu de ces études ont pu expliquer le lien entre la migration et l'état de santé perçue (Lindström et al., 2001). L'acculturation peut être associée à des changements de comportement qui augmentent ou diminuent les risques spécifiques pour la santé (Ompad et al, 2008). Lindström et al. (2001) dans une étude au Sud de la Suède trouvent un lien significatif entre le statut migratoire et l'état de santé mais en faveur des natifs. Cependant après contrôle par les variables psychologiques et socioéconomiques, la relation disparaît. Selon, Dourgnon et al (2008), en France, à situation économique et sociale donnée, le risque que les immigrés étrangers se déclarent en mauvais état de santé est plus élevé que celui des Français nés en France et celui des immigrés naturalisés. Ce résultat suggère un effet délétère du fait d'avoir migré sur la santé. Aussi, parmi les immigrés, Serrano-Gallardo et al. (2009) dans une étude à Madrid en Espagne montrent que la différence dans la santé perçue entre les hommes et les femmes était plus importante que celle observée chez les natifs. Selon les auteurs, c'est la différence de classe sociale (entre les immigrés et les natifs) qui en serait la principale cause. En somme, une des raisons importantes du mauvais état de santé perçu des immigrés pourrait être les mauvaises conditions économiques et psychologiques des migrants dans leur nouveau pays qui affecteraient leur état de santé (Lindström et al., 2001 ; Dourgnon et al., 2008 ; Serrano-Gallardo et al., 2009).

    h) Le niveau de vie

    La pauvreté et les difficultés économiques ont été identifiées comme détériorant l'état de santé. Cependant la relation entre le revenu et la santé auto-déclarée reste complexe (Kanjanapan, 2003 ; Grigoriev et Grigorieva, 2011). La relation entre le revenu d'un individu et son état de santé auto-déclaré est également loin d'être simple. Pris isolément, les revenus sont clairement associés à la santé auto-déclarée. Sauf chez les femmes en âge de travailler, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé diminue avec l'augmentation de revenus. Après contrôle par l'éducation, le lien est fortement atténué pour les hommes, mais pas pour les femmes. Deux principales raisons sont évoquées pour justifier la baisse de l'intensité de l'association entre le revenu et la santé auto-déclarée. Premièrement, il ya un lien entre le revenu et l'éducation. Enfin, le revenu déclaré ne reflète pas de façon adéquate non seulement le revenu réel mais aussi le niveau de vie réel des individus (Gilmore et al., 2002). Généralement en lieu et place du revenu, les auteurs utilisent des proxys du niveau de vie. Certaines études ont montré que les individus des groupes socioéconomiques les plus bas souffrent plus d'évènements stressants et que l'impact émotionnel de ces évènements est énorme par rapport au reste de la population (Pozo, 2010). Szwarcwald et al. (2005) au Brésil ont pu établir un lien statistiquement significatif entre l'indicateur de niveau de vie et la santé auto-perçue seulement dans un modèle ajusté par l'âge, et le sexe et en faveur des niveaux de vie élevés. Grigoriev et Grigorieva (2011) en Biélorussie, aboutissent au même résultat mais uniquement pour les hommes. L'association devient non significative après contrôle par le niveau d'éducation (Grigoriev et Grigorieva, 2011).

    i) Le mode de vie

    Le mode de vie a été plusieurs fois mis en évidence comme un facteur lié à la perception de l'état de santé des individus. Cependant, les contraintes économiques et sociales influencent les comportements en santé et nous imposent un ensemble de choix possibles. Ainsi, sous ces multiples contraintes, les individus doivent choisir soit d'adopter des modes de vie favorables à la santé ou plutôt des modes de vie défavorables à la santé. (Savage et Henning, 2008). Dans une étude menée en Suède, Tervo et al. (2011) ont montré que la perception de la santé est positivement corrélée à la pratique d'une activité physique. Indépendamment du sexe et de l'âge, les personnes pratiquant régulièrement une activité physique se sentent généralement en bonne santé par rapport à ceux ne pratiquant pas d'activité physique. Grigoriev et Grigorieva (2011) ont abouti également au même résultat en Biélorussie.

    Ø La consommation du tabac

    Les effets du tabac sur la santé sont très bien établis. C'est un facteur de risque majeur pour au moins deux des principales causes de mortalité prématurée : les maladies du système circulatoire et toute une série de cancers. En outre, le tabac contribue de manière importante à l'apparition de maladies respiratoires tandis que sa consommation pendant la grossesse peut avoir pour conséquence des bébés dont le poids à la naissance est faible et souffrant de maladies (Savage et Henning, 2008). Quant à l'effet du tabac sur la santé auto-déclarée, Grigoriev et Grigorieva (2011) aboutissent à un résultat surprenant en Biélorussie. Ils montrent qu'il existe une association inverse entre consommer le tabac et la santé auto-déclarée : les hommes non-fumeurs sont plus susceptibles de se déclarer en mauvais état de santé que les hommes fumeurs. Il n'y a pas de différence en ce qui concerne les femmes. Des résultats similaires ont été rapportés dans les études de santé auto-déclarée en Russie (Bobak et al. 1998) et Ukraine (Gilmore et al., 2002). Deux principales raisons ont été fournies par certains auteurs pour justifier ces résultats. Premièrement, Gilmore et al., (2002) ont suggéré que l'impact du tabac sur la santé est un processus à long terme. Une étude transversale ne permet véritablement pas d'évaluer l'impact d'un tel facteur sur la santé. Comme seconde raison, Bobak et al. (1998) ont évoqué le problème de biais de sélection. En effet, certains répondants, principalement pour des raisons de santé, pourraient avoir cessé de fumer ou n'avoir pas commencé à fumer. La mortalité plus élevée chez les fumeurs pourrait également contribuer au biais de sélection.

    Ø La consommation de l'alcool

    Les mécanismes qui expliquent le rôle de l'alcool sur la santé sont complexes et multidimensionnels. L'alcool présente des relations causales reconnues avec plus de 60 problèmes de santé. L'alcool entraîne une morbidité violente et le plus souvent son impact sur l'organisme est néfaste (Room et Babor, 2005). Non seulement la quantité d'alcool consommée mais également le type de consommation, et particulièrement le fait de boire beaucoup de façon irrégulière, déterminent l'étendue de la maladie.

    L'impact sur la santé d'une consommation excessive d'alcool, aussi bien sur le plan de la morbidité que de la mortalité, est considérable dans la plupart des régions du monde (OMS, 2004). La consommation d'alcool s'accompagne de nombreuses conséquences dommageables sur le plan de la santé et sur le plan social, comme l'ébriété et la dépendance à l'alcool. L'alcool est également une cause de décès et d'incapacités par accidents et blessures, agressions, homicides et suicides, et on estime qu'il cause plus de 2 millions de morts chaque année. (Savage et Henning, 2008 ; OMS, 2004). En somme, l'alcool est l'un des grands facteurs de risque évitables et son impact sur la santé se constate principalement sur le long terme (OCDE, 2009 ; Gaumé, 2007).

    Hou et Chen (2003) dans une étude à Toronto montrent que les personnes ayant des revenus bas, étant âgées ou de sexe féminin avaient une forte dépendance vis-à-vis de l'alcool et ne pratiquaient pas d'activé physique, avaient également des mauvais états de santé perçue. Paradoxalement, Gaumé (2007) dans une étude portant sur les pays Baltes montre que plus le niveau de consommation est élevé, meilleure est la santé perçue

    j) Le capital social

    Le capital social désigne les caractéristiques des relations sociales ou les organisations qui peuvent faciliter l'action collective visant à l'amélioration de la société. Ces fonctions peuvent inclure la confiance, la réciprocité, les normes et les réseaux d'information. Cependant, il n'y a pas de définition unique du capital social. C'est un concept multidimensionnel qui est parfois conceptualisé comme structurelle et conceptuelle. La vision structurelle du capital social se réfère à la quantité de relations, tout capital social cognitif se réfère à la qualité de ces relations. Généralement, des niveaux élevés de capital social sont associés à des résultats positifs pour la santé (Ompad et al, 2008). Le capital social constitue donc l'un des facteurs les plus déterminants de l'état de santé. Ainsi, avoir des ami(e)s, faire partie d'un club ou d'une communauté, et s'amuser en groupe sont fortement associés à un bon état de santé. Les études ont permis de montrer que les niveaux élevés de capital social sont corrélés aux faibles taux de mortalité et à une perception positive de son état de santé. Le réseau social permet de résoudre les problèmes, de faire face à l'adversité et aux différentes circonstances de la vie (Bacher, 2010). Il y a un lien établi de causalité entre les relations sociales et la santé, dans la mesure où ceux qui sont fortement liés à la communauté sont moins susceptibles d'être impliqués dans des comportements de santé à risque (Savage et Henning, 2008).

    Au terme de cette synthèse de la littérature, force est de constater que les facteurs socioéconomiques associés à la santé perçue sont assez bien documentés dans certains contextes (Europe et Amérique) et plutôt rares dans les pays en voie de développement (en Afrique subsaharienne en particulier). Toutefois, certains résultats sont parfois contradictoires d'un pays à un autre et l'effet de certaines variables reste encore hypothétique. L'identification de l'effet de ces variables sur la santé perçue dans le contexte des pays d'Afrique Subsaharienne permettra de mieux élaborer les politiques et programmes de promotion de la santé. Cela permettra également de mettre en exergue les spécificités africaines dans les déterminants du mauvais état de santé auto-déclarée à l'instar de l'effet du lien de parenté d'un individu avec le chef du ménage sur l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé.

    I.4. Cadre conceptuel de l'étude

    Les études sur les déterminants du mauvais état de santé auto-déclarée ont permis de mieux connaître à ce jour le processus et les facteurs de ce phénomène en général. Ces facteurs ont été définis à partir des cadres d'analyse et des modèles dont la robustesse a été établie (Potvin et al., 2010). Le cadre conceptuel de la recherche sur les déterminants du mauvais état de santé auto-déclarée en Afrique en général et au Cameroun en particulier peut s'articuler autour des points suivants :

    Ø Les caractéristiques démographiques, économiques et socioculturelles de l'individu ;

    Ø Les ressources sociales de l'individu ;

    Ø Le mode de vie de l'individu ;

    Ø Les facteurs psychosociaux et les conditions matérielles de l'individu.

    Schématiquement ce schéma conceptuel se présente comme suit (figure 1):

    Figure 1 : Schéma conceptuel des déterminants de la santé perçue

    Etat de santé auto-perçu

    Facteurs démographiques

    L'âge

    Le sexe

    Le statut matrimonial

    Le lien de parenté avec le chef de ménage

    Le statut migratoire

    Facteurs économiques

    Le niveau de vie

    La situation d'activité

    Facteurs socioculturels

    Le niveau d'éducation

    Le milieu de résidence

    Facteurs psychosociaux

    Conditions matérielles

    Le Mode de vie

    La consommation d'alcool et de tabac

    Capital social

    L'appartenance à une association

    ENVIRONNEMENT POLTIQUE, SOCIOCULTUREL ET ECONOMIQUE

    Ca

    Note : En pointillé, c'est la distribution de l'état de santé selon les différents facteurs individuels.

    Source : Adapté du modèle Pathway de la Commission des déterminants sociaux de la santé (CDSS) de l'OMS (Potvin et al., 2010).

    Ce cadre conceptuel contribue à identifier les causes fondamentales sociales et structurelles des inégalités sociales de santé et illustre la façon dont elles agissent sur d'autres facteurs intermédiaires et successifs pour déterminer in fine les états de santé différentiels des populations. Il présente un double avantage en ce sens qu'il permet non seulement de mettre en exergue les déterminants de la santé, mais aussi d'expliquer la genèse des inégalités sociales de santé (Potvin et al., 2010).

    L'accent est mis sur les caractéristiques de l'individu. Il s'agit dans ce cas de l'ensemble des facteurs qu'ils soient démographiques, économiques ou socioculturels qui entrent en jeu dans la perception qu'a l'individu de son état de santé. Les facteurs démographiques de l'individu (l'âge, le sexe, le statut matrimonial, le lien de parenté avec le chef de ménage, le statut migratoire interne (Natif ou non)) se conjuguent avec ses déterminants économiques (le niveau de vie et la situation d'activité) et socioculturels (le niveau d'éducation et le milieu de résidence). Plusieurs études ont montré l'influence de ces variables dans la perception qu'ont les individus de leur état de santé (Grigoriev et Grigorieva, 2011 ; Kuate-Defo, 2005 ; Potvin et al., 2010). Ces déterminants relatifs aux caractéristiques de l'individu conditionnent le capital social, le mode vie, l'état psychosocial et les conditions matérielles de ce dernier dans un contexte politique, socioculturel et économique bien précis. De même, ces facteurs sociodémographiques, socioéconomiques et socioculturels contribuent directement à l'explication de l'état de santé auto-déclaré. Les ressources sociales, le mode de vie, les facteurs psychosociaux et les conditions matérielles d'un individu déterminent ainsi la perception qu'il a de son état de santé. En somme, on débouche sur des états de santé auto-déclarés différentiels selon les caractéristiques démographiques, économiques et socioculturels (Ompad et al, 2008, Savage et Henning, 2008 ; Bacher, 2010, Kanjanapan, 2003).

    Enfin, il est important de faire remarquer que dans la présente étude, tous les facteurs psychosociaux et les conditions matérielles ne seront pas examinés compte tenu des données disponibles.

    I.5. Hypothèses de recherche

    Les perceptions qu'ont les individus de leur propre état de santé en Afrique Subsaharienne en général et au Cameroun en particulier dépendent de plusieurs facteurs socioéconomiques. D'une part, elles tiennent compte de leurs caractéristiques individuelles telles que les facteurs démographiques, économiques et socioculturels et d'autre part, du mode de vie adopté et du capital social dont ils disposent, pour évaluer leur état de santé. L'amélioration de l'état de santé auto-déclaré d'un individu passe par l'adoption d'un mode de vie favorable à la santé et l'amélioration de la qualité et la quantité de son capital social sous l'influence de plusieurs facteurs d'ordre démographique, socioculturel, et économique. La nécessité d'élaborer des politiques de santé favorables aux pauvres et en tenant compte de l'approche genre et développement tel que recommandé par les gouvernements et autres institutions internationales nous amène à tenir compte de ces deux variables de stratification. L'étude des déterminants socioéconomiques du mauvais état de santé auto-déclaré selon le niveau de vie nécessite de tester quelques hypothèses relatives aux facteurs relevés ci-dessus. Conformément à nos objectifs, nous formulons les hypothèses principales suivantes :

    a) Hypothèse A : Les caractéristiques socioculturelles d'un individu sont plus importantes que les caractéristiques économiques et démographiques dans l'auto-évaluation de son état de santé au Cameroun ;

    Cette hypothèse est liée au fait que le comportement d'un individu est fortement inspiré de son environnement socioculturel et de son éducation. Cet élément semble plus déterminant dans l'adoption d'un mode de vie d'une part et de la perception de son état de santé d'autre part. En plus, certains travaux on montré que le lien entre le niveau de vie et la santé perçue devient inexistant après contrôle par le niveau d'éducation (Grigoriev et Grigorieva, 2011).

    b) Hypothèse B : Le niveau d'instruction de l'individu détermine le plus la perception qu'il a de son état de santé parmi les facteurs socioculturels au Cameroun ;

    Plusieurs travaux ont montré que l'éducation est le facteur le plus important associé à la santé auto-déclarée (Grigoriev et Grigorieva, 2011 ; Savage et Henning, 2008). Cette hypothèse trouve donc sa raison d'être par le fait qu' un individu instruit dispose des habiletés à rechercher le savoir, à comprendre les informations et à résoudre ses problèmes.

    Des hypothèses secondaires portant sur le sens de la relation sont également émises dans le tableau N°1 suivant.

    Tableau 1 : Hypothèses secondaires portant sur le sens des relations

    Caractéristiques individuels

    Relations communément admises

    Hypothèses sur le sens de la relation

    Les facteurs démographiques

    L'âge

    Les perceptions moins positives de la santé sont attendues à un âge avancé (Shields et Shooshtari, 2001).

    Les personnes plus âgées ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que les personnes moins âgées.

    Le sexe

    Les femmes ont plus tendance à porter un jugement négatif sur leur santé par rapport aux hommes (Kuate-Defo, 2005).

    Les femmes ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que les hommes.

    Le statut matrimonial

    Les personnes mariées s'estiment généralement en bonne santé.

    Les individus non mariés ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que ceux étant mariés.

    Le lien de parenté avec le chef de ménage3(*)

    Les personnes n'ayant pas de lien avec les chefs de ménages se déclarent plus en mauvais état de santé.

    Les individus moins proches des chefs de ménages ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que ceux étant très proches des chefs de ménages.

    Le statut migratoire

    Les migrants avaient les pires états de santé dans la population (Serrano-Gallardo et al, 2009).

    Les non natifs ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que les natifs.

    Les facteurs économiques

    La situation d'activité

    Les personnes n'étant pas en activité économique s'estimaient en mauvais état de santé par rapport à ceux qui sont en activité (Kanjanapan, 2003)

    Les individus inactifs ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que ceux qui sont actifs.

    Les facteurs socioculturels

    Le niveau d'éducation

    Les individus instruits ont en général un meilleur état de santé perçu que ceux n'étant pas instruits.

    Les individus les moins instruits ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que ceux étant instruits.

    Le milieu de résidence

    En général, les individus vivant en milieu urbain ont un mauvais état de santé perçue que ceux vivant en milieu rural (Grigoriev et Grigorieva, 2011).

    Les individus vivant en milieu urbain ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que ceux vivant en milieu rural.

    Les ressources sociales

    L'appartenance à une association

    Des niveaux élevés de capital social sont associés à des résultats positifs pour la santé (Ompad et al, 2008).

    Les individus n'appartenant à aucune association ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que ceux appartenant à au moins une association.

    Le mode de vie

    La consommation d'alcool

    Plus les individus boivent, plus mauvais est leur état de santé perçu (Gaumé, 2007).

    Les individus qui consomment de l'alcool ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que ceux qui n'en consomment pas.

    I.6. Définition de quelques concepts

    I.6.1. La santé

    Plusieurs travaux ont donné des définitions de la santé, la plus citée est celle de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de 1948. Ainsi, pour l'OMS, « la santé est un état complet de bien-être physique, mental et social et qui ne peut être réduit à l'absence de maladie ou d'infirmité » (OMS, 1986, p.1). Selon cette définition, la santé est caractérisée par l'intégrité anatomique, physiologique et mentale, la capacité à assurer ses rôles familiaux, professionnels et sociaux, et l'absence de risque de maladie et de décès prématuré. La santé est donc un concept multidimensionnel (OMS, 1986 ; OMS, 1999 ; Montaut, 2010 ; Tafforeau, 2010).

    Dans le contexte de la promotion de la santé, la santé n'est pas un état abstrait, mais plutôt un moyen d'atteindre un but. Sur le plan fonctionnel, il s'agit d'une ressource qui permet de mener une vie productive sur les plans individuel, social et économique. En somme, la santé est une ressource de la vie quotidienne, et non le but de la vie ; il s'agit d'un concept positif mettant en valeur les ressources sociales et individuelles, ainsi que les capacités physiques (OMS, 1999).

    La santé est reconnue comme un droit fondamental de la personne humaine. La Charte d'Ottawa identifie les conditions préalables à la santé, qui sont la paix, des ressources économiques suffisantes, des aliments et un logement appropriés, un écosystème stable et une utilisation viable des ressources. La prise en compte de ces conditions préalables met en exergue les liens inextricables qui existent entre la situation sociale et économique, l'environnement physique, les modes de vie individuels et la santé. Ces liens sont la clé d'une compréhension globale de la santé, qui est un élément essentiel de la définition de la promotion de la santé (OMS, 1986 ; OMS 1999).

    Le maintien et l'amélioration de la santé ainsi que la poursuite de politiques et de pratiques visant à promouvoir et protéger la santé sont des responsabilités sociales reflétées par les actions des décideurs dans le secteur public et privé (OMS, 1997). Afin de prendre cette responsabilité et d'améliorer la santé, les décideurs ont besoin des connaissances sur l'état de santé de la population. La mesure de la santé peut donc servir comme une première étape dans le processus de planification de l'action et dans la mise en oeuvre des interventions. Dans cette relation, Naidoo et Wills (2003, cité par Bacher, 2010) soulignent quelques raisons supplémentaires pour lesquelles la mesure de la santé est importante. Tout d'abord, recueillir des informations sur les problèmes de santé est utile pour évaluer les besoins d'une population en matière de santé. Deuxièmement, il est important de mesurer la santé lors de l'évaluation des programmes de promotion de la santé, ou pour appuyer la planification en promotion de la santé. Les variables de résultat peuvent être comparées avec des mesures de base pour évaluer l'influence d'un programme. En troisième lieu, la répartition des financements extérieurs nécessite souvent des faits scientifiquement prouvés en termes de nombre ou d'autres bonnes raisons.

    Dans la pratique, on distingue trois approches de mesure de l'état de santé à savoir (Montaut, 2010):

    - L'approche « médicale » qui définit le mauvais état de santé à partir de déclarations ou de diagnostics de maladies et d'anomalies ;

    - L'approche « fonctionnelle » qui définit le mauvais état de santé comme les difficultés à assumer des tâches ou des rôles ordinaires à cause d'un problème de santé ;

    - L'approche « subjective » qui s'appuie sur le ressenti de l'individu.

    I.6.2. La santé perçue

    La santé perçue est un concept recouvrant différentes dimensions : santé physique, psychique et sociale. Le caractère subjectif de la mesure qui est faite dans le cadre des enquêtes sur la santé provient du fait qu'il s'agit d'une réaction émotionnelle plutôt que d'une analyse cognitive systématique. L'appréciation est toutefois sans doute influencée aussi par l'impression ou l'opinion d'autres personnes, mais in fine, c'est l'individu lui-même qui prend position (Tafforeau, 2010 ; Hou et Chen, 2003).

    Des mesures « objectives » de la santé nécessitent d'ailleurs une longue liste de questions sur diverses maladies et fonctions, ce qui les exclut de fait de la plupart des enquêtes auxquelles les chercheurs en sciences sociales font appel. Ces derniers se tournent donc souvent vers des mesures auto-déclaratives de la santé, beaucoup plus simples à collecter. La santé auto-déclarée correspond à la perception qu'a l'individu de sa propre santé. On la mesure à l'aide de questions du type : « Diriez-vous que votre santé est...i) ... très bonne ; ii) ... bonne ; iii) ... moyenne ; iv) ... mauvaise ; v) ... très mauvaise » (Clark et Vicard, 2007).

    De nombreux travaux ont en effet montré que la perception de la santé varie aussi en fonction des normes de santé et des aspirations des individus, facteurs liés à la culture (Jusot et al., 2008). La connaissance de ces perceptions subjectives, de leurs relations avec les états de santé ou les comportements favorables ou défavorables, permet de mettre en évidence les dimensions importantes pour les individus, les différences entre groupes sociaux et d'anticiper les changements.

    I.6.3. Les déterminants de la santé

    Les déterminants de la santé constituent l'ensemble des facteurs personnels, sociaux, économiques et environnementaux qui déterminent l'état de santé des individus ou des populations. Ces facteurs qui influent sur la santé sont multiples et agissent les uns sur les autres. Il s'agit des actions des individus, tels que les comportements en matière de santé et les modes de vie, mais également de facteurs tels que le revenu et le statut social, l'instruction, l'emploi et les conditions de travail, l'accès à des services sanitaires appropriés et les environnements physiques. Combinés, ces éléments créent différentes conditions de vie qui ont des effets sur la santé. La réalisation d'un changement de ces modes de vie et conditions de vie, qui déterminent l'état de santé, est considérée comme un résultat intermédiaire en matière de santé (OMS, 1986 ; OMS, 1999). Le caractère très vaste des déterminants de la santé implique de raisonner en approches intersectorielles et de cesser de penser la santé comme une catégorie à part des autres domaines sociaux et économiques. Les inégalités sociales de santé découlent des choix et des politiques des institutions publiques (Potvin et al., 2010).

    I.6.4. Le genre

    Le genre est un concept relativement récent car il a émergé au début des années 90. Il dérive de l'anglais "gender", dont la traduction française exacte est "rapports sociaux de sexe" (Rakotondrabe, 2001). Selon l'OMS, le genre sert à évoquer les caractéristiques des femmes et des hommes qui sont déterminées socialement alors que le mot sexe se réfère davantage aux caractéristiques qui les différencient sur le plan biologique. On naît de sexe féminin ou masculin mais on apprend à devenir une fille ou un garçon puis une femme ou un homme. Ces comportements acquis déterminent l'identité propre à chaque sexe et le rôle qui lui est dévolu. Le genre transcende donc les simples identités biologiques des hommes et des femmes pour considérer la construction sociale de la masculinité et de la féminité, les interactions sociales entre hommes et femmes, ainsi que les politiques à mettre en oeuvre dans le but de transformer les structures sociales qui perpétuent la subordination de la femme. Contrairement au sexe biologique, la construction sociale des rapports de genre évolue dans le temps et dans l'espace (Rakotrondrabe, 2001 ; Locoh, 2007 ; SNV, 2004 ; PNUD, 2006).

    Dans le domaine de la santé, il est de plus en plus largement reconnu que les facteurs qui déterminent l'état de santé des femmes et des hommes présentent des différences. En effet, les rôles dévolus aux femmes et aux hommes et l'inégalité des relations entre les sexes interagissent avec d'autres variables sociales et économiques et se traduisent par des situations différentes, parfois inéquitables, pour ce qui concerne l'exposition aux problèmes de santé, l'accès à l'information et aux services de soins et l'utilisation de ces derniers. Ces différences ne sont évidemment pas sans conséquences pour la santé. Les données attestent que les liens multiples qui existent entre le genre et la santé ne cessent de s'accumuler. C'est dire que l'analyse du genre dans le domaine de la santé revêt une importance profonde qui malheureusement a longtemps été négligée (Locoh, 2007 ; OMS, 2002a ; OMS, 2007 ; SNV, 2004). En effet, elle permet souvent de montrer comment ces inégalités nuisent à la santé des femmes, de faire apparaître les obstacles qu'elles doivent surmonter pour jouir d'une bonne santé et de déterminer des moyens d'éliminer ces obstacles. L'analyse du genre révèle également les risques et problèmes particuliers de santé auxquels sont exposés les hommes du fait du rôle social qui leur est dévolu (Locoh, 2007 ; OMS, 2002b).

    I.6.5. La pauvreté

    La pauvreté est généralement considérée comme un phénomène multidimensionnel. La «théorie» de la mesure de la pauvreté est très générale, et s'applique en principe aux pays développés et en développement bien qu'elle insiste manifestement dans ces deux cas sur des points différents. On peut dire que la pauvreté existe dans une société donnée lorsque le bien-être d'une ou de plusieurs personnes n'atteint pas un niveau considéré comme un minimum raisonnable (seuil de pauvreté) selon les critères de cette même société (Ravaillon, 1996). Elle se mesure généralement aux moyens des enquêtes quantitatives sur les conditions de vie des ménages. Au Cameroun par exemple, et selon l'Institut National de la Statistique (INS), la pauvreté concerne la couverture satisfaisante ou non de leurs besoins essentiels : nourriture, logement, santé, éducation, loisirs, etc. (INS, 2002).

    CHAPITRE II : CONTEXTE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE

    II.1. Contexte de l'étude

    Le milieu d'étude est l'ensemble du territoire de la République du Cameroun. Il porte des traits géographiques, démographiques, socioculturels, économiques et sanitaires particuliers.

    II.1.1. Le contexte démographique et sanitaire

    L'effectif de la population du Cameroun au 1er janvier 2010 s'élève à 19 406 100 habitants. La population est jeune. En effet, 46 % de cette population a moins de 15 ans et 6 % environ, 65 ans et plus. Cette population est une mosaïque d'ethnies dont la mise en place est assez ancienne. Au niveau actuel des connaissances, on distingue deux grands types de peuplement, celui du nord et celui du sud (BUCREP, 2010a).

    Dans l'axe du nord, on pense que les soudanais sont arrivés les premiers, suivis des Foulbé (ou peulh). Ces arrivées s'accompagnaient des guerres de conquête, d'occupation et de pacification. Quant à l'axe du peuplement du sud, on sait aussi que les pygmées sont les premiers occupants de cette zone. Ils ont été rejoints par les « Bantou du sud » dont la première vague viendrait du bassin du Congo en longeant la côte Atlantique ; et les « Bantou du nord » qui descendraient du sud de l'Adamaoua. Il y a enfin les « Bantou de l'ouest » composés des Tikar, des Bamiléké et des Bamoum.

    A l'instar des tous les pays de l'Afrique Sub-saharienne, le système de santé est essentiellement tourné vers les soins curatifs. Les volets de prévention et de promotion étant secondaires bien que le profil épidémiologique du Cameroun soit dominé par les maladies infectieuses et parasitaires auxquelles s'ajoutent de plus en plus certaines pathologies métaboliques telles que l'hypertension artérielle, le diabète sucré et les cancers ainsi que certaines maladies transmissibles en recrudescence comme la Tuberculose, la Trypanosomiase humaine africaine et le VH/SIDA.

    II.1.2. Le contexte socioéconomique

    Le développement économique du Cameroun repose principalement, comme la plupart des pays en voie de développement, sur le secteur primaire. Les productions agricoles vivrières (maïs, manioc, banane plantain, macabo, riz, mil, sorgho et arachide, etc.) et de rente (cacao, café, coton, caoutchouc, banane, ananas, etc.) font de l'agriculture camerounaise la plus riche d'Afrique Centrale. D'une manière générale, le pays a du mal a être auto-suffisant sur le plan alimentaire. En effet, les habitudes alimentaires des populations ne favorisent pas toujours une alimentation quotidienne équilibrée. Il convient également de relever que la partie nord du pays est souvent sujette à des famines épisodiques, conséquences des aléas climatiques (sécheresse prolongée, inondations) et des invasions des acridiens (criquets migrateurs). Les ressources pétrolières et forestières s'ajoutent à celles d'origine pastorale et agricole pour constituer des arguments de poids en faveur d'une base industrielle sur laquelle le pays pourrait s'appuyer pour accélérer son développement. En 2008, le Produit Intérieur Brut du Cameroun était estimé à 11 604 milliards de FCFA, soit près de la moitié de celui de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (MINEPAT, 2010 ; BUCREP 2010b).

    Cependant, le Cameroun reste un pays pauvre. En effet l'incidence de la pauvreté monétaire d'après la troisième enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM3) effectuée en 2007 s'est élevée à 39,9%. On note aussi une très grande disparité de la pauvreté selon la région et le milieu de résidence. En matière d'éducation, le taux d'alphabétisation est de 71,9% en 2007. Dans le domaine de la santé, les jeunes de moins de 5 ans et les personnes de plus de 50 ans constituent les couches les plus vulnérables. Le taux de morbidité en 2007 est supérieur à 32% chez ces deux catégories. Le paludisme est responsable de 35 à 40% du total des décès dans les formations sanitaires, 50% de morbidité chez les enfants de moins de 5 ans, 40 à 45% des consultations médicales, et 30% des hospitalisations en 2007 (MINEPAT, 2010).

    En ce qui concerne l'urbanisation, environ 52 % en 2010 de la population du Cameroun vit en milieu urbain. L'urbanisation avec sa cohorte d'avantages et de désavantages apparaît comme un des facteurs le plus restructurant de la société et de l'économie camerounaise. En effet, les modes de production et de reproduction entre le milieu urbain et le milieu rural ont de très grandes différences. Les activités tertiaire et secondaire génératrices d'une forte valeur ajoutée sont presqu'essentiellement localisées dans les villes alors que les activités primaires encore vouées à la subsistance sont abandonnées aux monde rural. (BUCREP, 2010b).

    II.1.3. La promotion de la santé

    Au Cameroun, le concept de promotion de la santé a pris corps dans la stratégie sectorielle de santé 2001-2015 et s'est matérialisé en 2002 par la création d'une Direction de la Promotion de la Santé au sein du Ministère de la Santé Publique. Aussi, plusieurs interventions de promotion de la santé sont mises en place au Cameroun. Il s'agit notamment de la protection des groupes vulnérables, l'amélioration des conditions de vie de la femme, l'amélioration de la situation socio- politique de la femme, l'amélioration du statut juridique de la femme, la promotion de l'harmonie dans la famille, le renforcement du cadre institutionnel de promotion de la femme et de la famille, l'intégration de l'approche genre dans les politiques et programmes à tous les niveaux sectoriels, l'intégration de la médecine scolaire, la scolarisation de la jeune fille, l'hygiène et l'assainissement, l'amélioration de l'accès à l'eau potable dans les écoles et la création des latrines, la création des centres de loisirs et des sports pour la lutte contre certaines maladies (MINSANTE, 2007).

    Toutefois, la coordination nationale des interventions de promotion de la santé est insuffisante du fait de l'absence d'un cadre formel de concertation des différents acteurs à tous les niveaux. En effet, ces programmes agissent de manière disparate, chacun menant ses activités sans tenir compte de l'autre. Cette approche verticale laisse oublier que leurs réalisations devraient se faire sur le même terrain opérationnel, avec les mêmes structures organisationnelles, en partageant certaines ressources matérielles et financières et avec les mêmes ressources humaines. (MINSANTE, 2007).

    II.2 Méthodologie d'étude

    Il s'agit d'une étude transversale descriptive et analytique portant sur les déterminants du mauvais état de santé auto-déclaré au Cameroun. Elle est uniquement basée sur une approche quantitative. La population d'étude est celle des individus de 15 ans et plus interrogés lors de la troisième enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM3) de 2007 au Cameroun. Nous utiliserons donc un sous-échantillon de l'ECAM3 comme données pour cette étude.

    II.2.1. Source de données : présentation de l'ECAM3

    Les données que nous utilisons dans cette étude sont celles de la troisième enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM3) de 2007 au Cameroun. Celle-ci s'était inscrite dans le cadre du suivi-évaluation de la mise en oeuvre du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) et des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) au Cameroun. L'ECAM3 a été réalisée par l'Institut National de la Statistique (INS) avec l'appui technique de la Banque Mondiale.

    a) Objectifs

    L'objectif principal de l'ECAM3 était d'actualiser le profil de pauvreté et les différents indicateurs des conditions de vie des ménages établis en 2001 et d'évaluer l'efficacité des principaux programmes et politiques mis en oeuvre dans le cadre de la lutte contre la pauvreté au Cameroun. De plus, l'un de ses objectifs spécifiques était de produire les données de base aux niveaux national et régional, par milieu de résidence et par sexe pour l'amélioration des diverses statistiques officielles (éducation, santé, environnement, ...) à mettre à la disposition du public et pour affiner les stratégies sectorielles.

    Au-delà de ces deux raisons, notre choix a porté sur cette source pour effectuer cette étude car outre les informations sur l'état de santé auto-déclaré, on y retrouve également les informations sur les caractéristiques socioculturelles, économiques et démographiques des individus.

    b) Echantillonnage

    Le champ géographique de l'enquête ECAM3 était l'ensemble du territoire du Cameroun. L'opération a concerné l'ensemble des ménages ordinaires (par opposition aux ménages collectifs : internats, casernes, hôpitaux, couvents, etc.) résidant sur l'ensemble du territoire national, à l'exclusion des membres du corps diplomatique et de leurs ménages. L'unité statistique était le ménage.

    Les unités d'observation ont été en même temps le ménage et les individus.

    Afin de faire ressortir les spécificités des grandes métropoles que sont les villes de Douala et Yaoundé, elles ont été considérés lors de l'ECAM3 comme des strates (urbaines) à part. Dans chacune des 10 régions, il y avait 3 strates à savoir une strate rurale, une strate semi urbaine et une strate urbaine. L'enquête a donc couvert 32 strates dont 10 rurales, 10 semi urbaines et 12 urbaines.

    Le plan de sondage appliqué est de type aléatoire stratifié à deux degrés. Au premier degré dans chaque strate, l'on a tiré des zones de dénombrement (ZD), et au second degré, un échantillon de ménages a été tiré dans chaque ZD sélectionnée au premier degré.

    L'échantillon de l'ECAM3 est constitué de 12 609 ménages répartis dans 742 zones de dénombrement (ZD), encore appelées simplement zones d'enquête, dans les 12 régions d'enquête (car les villes de Yaoundé et Douala ont été considérées chacune comme étant des régions d'enquête) qui couvrent le territoire national. La collecte proprement dite des données a duré trois (03) mois (mi septembre à mi décembre 2007).

    c) Structuration du questionnaire

    Le questionnaire répond d'abord au souci de collecter une information dont le traitement approprié permet d'atteindre les objectifs de l'enquête. En dehors de la section 00 sur les «renseignements généraux », il s'est organisé autour de 16 sections ou modules dont chacun cerne un domaine particulier. Pour cette étude, nous avons utilisé les données provenant des sections 01 (composition et caractéristiques des membres du ménage), 02 (santé des membres du ménage), 04 (Activité économique et revenus des membres du ménage), 8.1 (Migration et mobilité résidentielle du ménage) et 12 (Patrimoine foncier, accès au crédit pour la production et capital social du ménage).

    Pour la clarté de cet outil de collecte, il avait été précisé chaque fois la population cible visée par chaque module, de manière à s'assurer que l'éligibilité du module ou de la section ne dépendra pas de l'enquêteur, du contrôleur ou du superviseur.

    II.2.2. Variables de l'étude

    a) Variable à expliquer

    Le mauvais état de santé auto-déclaré constitue la variable dépendante et porte sur la déclaration actuelle (au moment de l'enquête) de l'individu. Les différentes modalités de réponse à la question dans le questionnaire étaient : bon, assez bon, passable et mauvais. Dans cette étude, nous avons rendu cette variable dichotomique en supposant que ceux qui ont déclaré un état de santé passable ont un état de santé mauvais (du moins un état de santé qui n'est pas satisfaisant). A cet effet, les modalités « Bon » et « Assez bon » ont été recodées « Bon » ; et les modalités « Passable » et « Mauvais » recodées « Mauvais ». Cette recodification se justifie entre autre par le choix du modèle d'analyse (modèle logistique) qui se prête uniquement aux variables dépendante dichotomique. En définitive, notre variable dépendante est une variable dichotomique prenant la valeur « 1 » si l'individu a déclaré que son état de santé perçu est mauvais ou passable au moment de l'enquête et « 0 » si non.

    b) Variables explicatives

    Plusieurs variables indépendantes ont été retenues dans le cadre d'analyse de cette étude (voir tableau 3). On pourra les classer en cinq principales catégories.

    Ø Les variables démographiques :

    L'âge : Pour faire ressortir l'effet générationnel sur la santé perçue, l'âge a été recodé en six modalités (voir tableau 3) ;

    Le sexe ;

    Le statut matrimonial : Le statut matrimonial a été codé en trois modalités à savoir : 1 « Célibataire », 2 « Marié(e)/Union libre », 3 « veuf (ve)/divorcé(e)) » ;

    Le lien de parenté avec le chef de ménage : Le lien de parenté avec le chef de ménage, dans cette étude, a été recodé en quatre modalités à savoir : 1 « Chef de ménage/Conjoint », 2 « Fille/Fils », 3 « Autre parent », 4 « Aucun lien » ;

    Le statut migratoire: Il s'agit de déterminer si au moment de l'enquête, l'individu interrogé vit dans la région où il est né. C'est une variable dichotomique. Elle prendra la valeur « 1 »si l'individu est natif de sa localité de résidence et « 0 » si non.

    Ø Les variables économiques :

    Le niveau de vie : Cette variable a été calculée4(*) par l'INS selon l'approche monétaire de la pauvreté avec les dépenses de consommation. L'approche absolue de la pauvreté a été utilisée. Ainsi, cette variable a été dichotomisée. Pour un individu pauvre la variable aura la valeur « 1 » et « 0 » si non.

    La situation d'activité de l'individu : Elle permet d'apprécier si l'individu a exercé ou non une activité économique pendant au moins une heure durant les sept derniers jours précédant l'enquête. Dans le but de faire ressortir l'effet de l'exercice d'une activité sur l'auto-perception de son état de santé, cette variable dichotomique a été recodé en trois modalités à savoir : « 1 » si l'individu déclare être en actif et occupé, « 2 » s'il est un chômeur qui recherche activement un emploi (au sens du BIT) ou dans le cas d'un chômeur découragé, et « 3 » pour les individus inactifs (élèves, étudiants, retraités etc.).

    Ø Les variables socioculturelles :

    Le niveau d'instruction : Le niveau d'instruction de chaque individu s'appréhendera dans cette étude comme son plus haut niveau d'études atteint au moment de l'enquête. Cette variable a été recodée pour les besoins de l'étude en trois modalités : aucun (niveau d'instruction), niveau primaire, secondaire et plus.

    Le milieu de résidence : L'intérêt de cette variable est qu'elle permet d'appréhender l'effet du degré d'urbanisation de la localité de résidence de l'enquêté sur l'auto-perception qu'il a de son état de santé au Cameroun. La variable a été codée en trois modalités à savoir : 1 « Urbain », 2 « Semi-urbain » et 3 « Rural ».

    Ø Le capital social

    L'appartenance à une association : Cette variable devra permettre d'apprécier le capital social de chaque individu. Dans cette étude, nous l'avons rendue dichotomique. Ainsi pour un individu appartenant à au moins une association, la valeur pour cette variable sera « 1 » et dans le cas contraire elle prendra la valeur « 0 ».

    Ø Le mode de vie

    -La consommation d'alcool : la consommation d'alcool permet d'apprécier le mode de vie de l'individu. Cette variable explicative sera dichotomisée dans cette étude en supposant que les individus qui ont eu une dépense pour l'achat des boissons alcoolisées non nulle au cours des 12 mois précédant l'enquête consomment de l'alcool. Dans le cas où la dépense est nulle, on supposera qu'ils ne consomment pas l'alcool. Ainsi, pour un individu consommant l'alcool, cette variable prendra la valeur « 1 » et la valeur « 0 » si non.

    La principale limite de cette variable créée est qu'elle surestime le nombre de consommateurs d'alcool au Cameroun. En effet, il existe bel et bien des individus qui dépensent de l'argent dans l'achat des boissons alcoolisées sans toutefois être des consommateurs d'alcool.

    II.2.3. Evaluation des données de l'ECAM3

    L'évaluation de la qualité des données est une étape importante dans les études démographiques. Elle vise à déceler les erreurs et les incohérences entachées à ces données et éventuellement à procéder à leur ajustement. Fort de cela, il nous parait nécessaire, avant l'étape de l'analyse des données d'évaluer leur qualité. A cet effet, en dépit de la qualité et de la rigueur appliquée par l'INS, les données de l'ECAM3 ont fait l'objet d'une évaluation sommaire avant leur analyse. Pour cela nous avons opté uniquement pour l'appréciation de l'exhaustivité des variables d'études.

    a) Exhaustivité des variables

    L'évaluation des taux de réponse des variables retenues pour l'étude permet de déceler les erreurs éventuelles qui peuvent entacher les analyses, et d'apprécier la précision des estimateurs qui en résulteront. En effet, un taux de non réponse supérieur à 10% pour les variables, affecte sensiblement la précision des estimations, cause des biais de représentativité et entraîne des pertes importantes d'informations.

    L'exploitation de la base des données de l'enquête ECAM3 montre que le taux de réponse enregistré pour chacune des variables de notre étude est supérieur à 99%. Si l'on s'en tient à ces proportions de non déclarés, on peut conclure que les données relatives à ces variables sont relativement d'assez bonne qualité.

    II.2.4. Méthodes d'analyse des données

    Plusieurs méthodes statistiques ont été utilisées pour tester les hypothèses énoncées précédemment. En effet, nous avons successivement fait recours à une analyse statistique univariée, bivariée et multivariée. Les données ont été analysées avec les logiciel SPSS (Statistical Package for Social Sciences) version 18.0 et Microsoft Excel 2007.

    a) Analyse statistique univariée

    S'agissant de l'analyse statistique univariée, il s'est agit de faire un calcul des fréquences relatives des différentes variables afin d'étudier les effectifs et les différentes modalités des variables. Pour cela, nous avons procédé à un recodage systématique des variables avant de présenter un tableau descriptif de notre échantillon.

    b) Analyse statistique bivariée

    L'intérêt de l'analyse bi-variée est d'étudier les associations brutes entre les différentes variables indépendantes et le mauvais état de santé auto-déclaré (variable dépendante). Elle permet de rechercher les relations statistiques, en fonction des hypothèses, sur le sens de la relation entre chacune des variables explicatives et la variable à expliquer. La significativité des relations est effectuée par des tests statistiques spécifiques dont le choix a été fait en fonction de la nature des variables explicative et à expliquer.

    A cet effet, la variable à expliquer dans cette étude est ordinale car nous estimons qu'il est existe un ordre (détérioration progressive) dans le passage d'un bon état de santé auto-déclarée à un mauvais état de santé auto-déclarée. Sous cette assertion, à chaque fois que la variable explicative était également ordinale, la mesure d'association retenue a été le D de Somers. Dans le cas où on a eu à faire avec une variable explicative nominale, nous avons plutôt fait recours au V de Cramer.

    Ø Le V de cramer

    Le V de Cramer est une mesure de l'intensité de l'association entre deux variables dont l'une est nominales (ou une variable nominale et une variable ordinale). Il se base sur le calcul d'un ÷² maximal obtenu théoriquement à l'aide d'un tableau de contingence : ce dernier aurait alors une seule case non nulle par ligne ou par colonne (selon que le tableau a plus de lignes ou plus de colonnes). Ce ÷² max théorique est égal à l'effectif multiplié par le plus petit côté du tableau (nombre de lignes ou de colonnes)  moins 1.

    Le V de Cramer est obtenu en faisant la racine carrée du ÷² divisé par le ÷² max.

    Plus V est proche de zéro, plus il y a indépendance entre les deux variables étudiées. Il vaut 1 en cas de complète dépendance.

    Ø Le D de Somers

    Le d de Sommers se définit comme une différence de probabilité et dont la normalisation s'effectue uniquement par rapport aux paires distinctes sur la variable indépendante X.

    Elle mesure l'association des paires concordantes versus les paires discordantes uniquement pour les variables ordinales.

    Il atteint la valeur +1 pour association monotone prédictive stricte positive c'est-à-dire que lorsque X augmente, Y augmente, et à chaque valeur de X (explicative, indépendante) correspond une et une seule valeur de Y (expliquée, dépendante). A contrario, la valeur -1 correspond à une association négative, dans ce cas, quand X augmente, Y diminue. Lorsque les variables sont indépendantes, d est égal à 0.

    c) Analyse statistique multivariée

    Les étapes d'analyse précédentes ont permis déjà de soupçonner certaines relations statistiques entre les variables, il s'est avéré nécessaire de prendre en compte l'ensemble des variables dans une approche multivariée. Le but étant de faire ressortir l'effet net de chaque variable indépendante sur la variable à expliquer.

    Ainsi, compte tenu de la nature dichotomique de la variable dépendante, le modèle d'analyse explicatif utilisé est la régression logistique. En effet, c'est une forme de régression multiple où la variable à expliquer est dichotomique et les variables explicatives catégorielles, discrètes ou continues. Son principe est de rendre dichotomique chaque variable nominale ou catégorielle figurant parmi les variables explicatives en autant de variables artificielles que la variable a de modalités moins une unité. Ainsi, pour N variables explicatives catégorielles ayant chacune K modalités par exemple, le modèle de régression logistique fournit N*(K-1) paramètres qui s'interprètent comme la variation de l'effet d'appartenir à la catégorie par rapport à l'effet d'appartenir à la catégorie de référence. Il est également important de rappeler que la variable dépendante est transformée sous forme de probabilité. Il s'agit donc de mesurer l'effet de certaines variables indépendantes sur une variable dépendante qui peut essentiellement prendre les valeurs comprises entre 0 et 1.

    La formalisation mathématique de la régression logistique se présente comme suit :

    Avec :

    - P (Y=1), la probabilité qu'un individu se déclare en mauvais état de santé. Elle est donc comprise entre 0 et 1;

    - ß0, la constante du modèle. Autrement dit la contribution des autres variables inconnues (ou non pris en compte dans le modèle) dans la probabilité de déclarer un mauvais état de santé;

    - ßi (avec i allant de 1 à N), le coefficient respectif lié à la variable indépendante Xi. C'est la contribution marginale de cette variable sur la probabilité qu'un individu se déclare en mauvais état de santé. Autrement dit c'est l'impact d'une unité de plus sur le log des chances (ratio des probabilités). Une autre façon d'interpréter ces coefficients est de les insérer dans la formule des chances. C'est cette dernière option que nous avons retenu dans le cadre de ce travail. Dans ce cas, obtient pour chaque modalité un rapport de cote. Lorsque ce dernier est supérieur à un, alors les individus ayant la caractéristique correspondante ont plus de chance de réaliser le phénomène étudié par rapport aux individus de référence (modalités de référence). Si par contre le rapport de cote est inférieur, ils auront moins de chance. Lorsqu'il est égal à 1 c'est la même chance.

    Ce modèle d'analyse permet de faire ressortir l'effet des variables explicatives sur la variable à expliquer et de tester l'intensité et le sens des effets escomptés. Chaque variable indépendante a été introduite d'abord individuellement dans le modèle afin de déterminer leurs effets bruts respectifs. Ensuite les variables ont été introduites par différents groupes (démographiques, économiques, socioculturels, ressources sociales et mode de vie) dans le but d'observer l'évolution du R-deux de chaque modèle et le comportement de chacune des variables explicatives introduites. Enfin, la réalisation d'un modèle comportant l'ensemble des variables de l'analyse a permis de faire ressortir les effets nets de chaque variable explicative sur l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé au Cameroun.

    CHAPITRE III : PAUVRETE ET SANTE PERÇUE AU CAMEROUN 

    Dans ce chapitre nous présenterons notre échantillon et l'influence des différentes variables socioéconomiques sur l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé selon le niveau de vie au Cameroun.

    III.1 Présentation de l'échantillon d'analyse

    Notre échantillon d'étude est constitué de l'ensemble de 30 133 individus de 15 ans et plus, interviewés lors de la troisième enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM3).

    Nous avons utilisé pour l'estimation des proportions dans cette étude les données extrapolées. En effet, lors de l'ECAM3, les ménages avaient des probabilités inégales de faire partir de l'échantillon. L'extrapolation de nos données a permis d'améliorer l'estimation des proportions et des autres indicateurs calculés. Les coefficients d'extrapolation que nous avons eu à utilisé, ont été calculé par l'INS. Ils représentaient l'inverse des probabilités d'inclusion des ménages dans l'échantillon d'ECAM3.

    D'après le tableau 2 suivant, l'échantillon d'analyse est constitué en majorité des jeunes de 15-24 ans (36,1%), des individus de sexe féminin (52%), des individus mariés ou en union (51,1%), de chefs de ménages ou leurs conjoints (63,5%), des non natifs de leur localité de résidence (57,3%), des non pauvres (65,6%), des actifs occupés (79,3%), des individus de niveau d'éducation secondaire (42,4%), des personnes vivant en milieu rural (52,3%), des personnes n'appartenant pas à au moins une association (76,3%) et des consommateurs d'alcool (72,3%).

    Tableau 2 : Description de l'échantillon de notre étude

    Variables

    Echantillon non extrapolé

    Echantillon extrapolé

    Effectifs

    %

    Effectifs

    %

    Age

     

     

     

     

    15-24 ans

    11 438

    38,0

    3 738 039

    36,1

    25-34 ans

    7 360

    24,4

    2 576 474

    24,9

    35-44 ans

    4 745

    15,7

    1 623 181

    15,7

    45-54 ans

    3 177

    10,5

    1 131 024

    10,9

    55-64 ans

    1 769

    5,9

    661 471

    6,4

    65 ans & +

    1 644

    5,5

    627 278

    6,1

    Sexe

     

     

     

     

    Féminin

    15 614

    51,8

    5 388 288

    52,0

    Masculin

    14 519

    48,2

    4 969 179

    48,0

    Statut matrimonial

     

     

     

     

    Célibataire

    12 762

    42,4

    4 003 832

    38,7

    Mariée(e)/Union libre

    14 392

    47,8

    5 289 759

    51,1

    Veuf (ve)/Divorcé(e)

    2 966

    9,8

    1 061 453

    10,3

    Parenté avec le chef de ménage (CM)

     

     

     

     

    CM/Conjoint

    18 071

    60,0

    6 578 120

    63,5

    Fils/Fille du CM/conjoint

    6 540

    21,7

    2 076 518

    20,0

    Autre parent du CM/conjoint

    4 916

    16,3

    1 514 390

    14,6

    Aucun lien de parenté avec le CM/conjoint

    603

    2,0

    187 902

    1,8

    Statut migratoire interne

     

     

     

     

    Non Natif

    18 432

    61,2

    5 933 669

    57,3

    Natif

    11 701

    38,8

    4 423 798

    42,7

    Niveau de vie

     

     

     

     

    Pauvres

    8 230

    27,3

    3 563 648

    34,4

    Non pauvres

    21 903

    72,7

    6 793 819

    65,6

    Situation d'activité

     

     

     

     

    Actif occupé

    22 481

    74,6

    8 209 585

    79,3

    Chômeur

    1 532

    5,1

    457 023

    4,4

    Inactif

    6 120

    20,3

    1 690 859

    16,3

    Niveau de scolarisation

     

     

     

     

    Non scolarisé

    6 530

    21,7

    2 703 477

    26,1

    Primaire

    9 072

    30,1

    3 255 164

    31,4

    Secondaire et plus

    14 503

    48,2

    4 392 644

    42,4

    Milieu de résidence

     

     

     

     

    Urbain

    17 125

    56,8

    3 913 915

    37,8

    Semi-urbain

    3 573

    11,9

    1 028 271

    9,9

    Rural

    9 435

    31,3

    5 415 281

    52,3

    Association

     

     

     

     

    Non

    22 567

    74,9

    7 897 981

    76,3

    Oui

    7 561

    25,1

    2 458 009

    23,7

    Alcool

     

     

     

     

    Non

    8 160

    27,1

    2 873 268

    27,7

    Oui

    21 973

    72,9

    7 484 199

    72,3

    Total

    30 133

    100,0

    10 357 467

    100,0

    Source : ECAM3/INS/Cameroun

    III.2. Présentation des résultats

    III.2.1. Prévalence du mauvais état de santé auto-déclarée selon le niveau de vie

    La prévalence du mauvais état santé auto-déclarée au Cameroun est de 18,82% en 2007. Selon le niveau de vie, on constate que la proportion des pauvres s'étant déclarée en mauvais état de santé était de 14,96% contre un niveau de 20,84% chez les non pauvres. Cela laisse penser à une prévalence de mauvais état de santé auto-déclarée différentielle selon le niveau de vie. Les non pauvres semblent se déclarer plus en mauvais état de santé auto-déclaré que les pauvres au Cameroun.

    L'analyse du D de Somers permet de conclure à une relation positive mais très faible (Valeur du D de Somers = 0,04) entre le niveau de vie et la prévalence du mauvais état de santé auto-déclaré au Cameroun. La probabilité de déclarer un mauvais état de santé pour un individu augmente avec l'amélioration de son niveau de vie. Au Cameroun, les non pauvres se sentent plus en mauvais état de santé que les pauvres.

    III.2.2. Effets bruts des variables indépendantes sur le mauvais état de santé auto-déclaré selon le niveau de vie

    Les tableaux suivants présentent les liens existant entre l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé et chacune des caractéristiques individuelles retenues. Les relations ont été testées à l'aide du V de Cramer (pour les variables nominales) et du D de Somers (pour les variables ordinales).

    a) Age

    L'observation du tableau 3 suivant montre qu'indépendamment du niveau de vie, il existe une relation statistiquement significative entre l'âge et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. L'examen du D de Somers obtenu permet de conclure à une relation positive et forte entre ces deux variables quel que soit le niveau de vie de l'individu. La probabilité de se déclarer en mauvais état de santé pour un individu (pauvre ou non) augmente avec son âge. Ce résultat corrobore avec ceux obtenus dans la littérature et tend à confirmer notre hypothèse secondaire quant au sens de la relation entre l'âge et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Toutefois, la relation est plus forte chez les individus non pauvres par rapport aux pauvres. C'est dire que cette probabilité croît plus rapidement avec l'âge chez les non pauvres par rapport aux pauvres. En effet, la proportion des individus pauvres qui se sont déclarés en mauvais santé passe de 9,84% chez les 15-24 ans à 36,39% chez les 65 ans et plus. Par contre, pour les non pauvres elle passe de 12,95% chez les 15-24 ans à 48,35% chez 65 ans et plus.

    Tableau 3 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, l'âge et le niveau de vie

    Niveau de vie

    Age en années

    Mauvais état de santé

    auto-déclaré (%)

    Valeur du

    D de Somers

    Non

    Oui

    Total

    Pauvres

    15-24

    90,16

    9,84

    100

    0,14***

    25-34

    89,48

    10,52

    100

    35-44

    85,16

    14,84

    100

    45-54

    80,25

    19,75

    100

    55-64

    75,48

    24,52

    100

    65 et +

    63,61

    36,39

    100

    Non Pauvres

    15-24

    87,05

    12,95

    100

    0,17***

    25-34

    81,52

    18,48

    100

    35-44

    78,21

    21,79

    100

    45-54

    69,89

    30,11

    100

    55-64

    64,36

    35,64

    100

    65 et +

    51,65

    48,35

    100

    Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note: Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%; ***p<1%.

    b) Sexe

    Le tableau 4 ci-dessous montre que, quel que soit le niveau de vie considéré, il existe une relation statistiquement significative entre le sexe et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Comme dans la littérature, les femmes, par rapport aux hommes, se déclarent plus en mauvais état de santé. Cependant, l'examen du V de Cramer permet de conclure à une relation très faible chez les pauvres et faible chez les non pauvres. Dans le groupe des pauvres, 16% des femmes se sont déclarées en mauvais état de santé contre un niveau de 13,75% chez les hommes. En ce qui concerne les non pauvres, la proportion de personnes qui se sont estimées en mauvais état de santé est respectivement de 23,57% chez les femmes et de 17,98% chez les hommes.

    Tableau 4 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le sexe et le niveau de vie

    Niveau de vie

    Sexe

    Mauvais état de santé

    auto-déclaré (%)

    Valeur du

    V de Cramer

    Non

    Oui

    Total

    Pauvres

    Féminin

    84

    16

    100

    0,48***

    Masculin

    86,25

    13,75

    100

    Non Pauvres

    Féminin

    76,43

    23,57

    100

    0,07***

    Masculin

    82,02

    17,98

    100

    Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note: Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%; ***p<1%.

    c) Statut matrimonial

    Il ressort du tableau 5 suivant qu'indépendamment du niveau de vie, il existe une relation statistiquement significative entre le statut matrimonial et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Les individus veufs ou divorcés se déclarent les plus en mauvais état de santé et les célibataires étant ceux qui se déclarent les moins en mauvais état de santé. Le résultat obtenu ici est plutôt contradictoire avec ceux admis dans la littérature. C'est dire donc que l'hypothèse selon laquelle les individus mariés ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que ceux étant mariés, ne se trouve pas confirmée. A l'examen du V de Cramer, nous observons une relation forte entre le statut matrimonial et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé aussi bien chez les pauvres que chez les non pauvres. En effet, la proportion d'individus en mauvais état de santé auto-déclaré pour ce qui concerne les pauvres est de 11,38% et 30,37 % respectivement chez les célibataires et les veuf(ve)s/divorcé(e)s. S'agissant des non pauvres, cette proportion est de 15,82% et 37,92% respectivement pour les célibataires et les veuf(ve)s/divorcé(e)s.

    Tableau 5 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le statut matrimonial et le niveau de vie

    Niveau de vie

    Statut matrimonial

    Mauvais état de santé

    auto-déclaré (%)

    Valeur du

    V de Cramer

    Non

    Oui

    Total

    Pauvres

    Célibataire

    88,62

    11,38

    100

    0,01***

    Marié(e)/Union libre

    85,83

    14,17

    100

    Veuf (ve)/Divorcé(e)

    69,63

    30,37

    100

    Non Pauvres

    Célibataire

    84,18

    15,82

    100

    0,16***

    Marié(e)/Union libre

    78,44

    21,56

    100

    Veuf (ve)/Divorcé(e)

    62,08

    37,92

    100

    Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note: Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%; ***p<1%.

    d) Lien de parenté avec le chef de ménage

    L'observation du tableau 6 qui suit permet de constater qu'indépendamment du niveau de vie, il existe une relation statistiquement significative entre le lien de parenté avec le chef de ménage et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. L'examen du D de Somers permet de conclure à une relation négative entre ces deux variables quel que soit le niveau de vie de l'individu. Globalement, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé augmente avec le rapprochement du lien avec le chef de ménage. Ce résultat ne confirme pas notre hypothèse sur le sens de la relation entre ces deux variables. Toutefois, la relation est très faible chez les pauvres et faible chez les non pauvres. Par exemple, la proportion des individus pauvres qui se sont déclarés en mauvais état de santé passe de 10,29% chez les enfants du chef de ménage ou de son conjoint à 16,01% chez les chefs de ménage ou leurs conjoints. En revanche, pour les non pauvres, elle passe de 13,13% chez les enfants du chef de ménage ou de son conjoint à 23,34% chez les chefs de ménage ou leurs conjoints.

    Tableau 6 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le lien de parenté avec le chef de ménage et le niveau de vie

    Niveau de vie

    Lien de parenté avec le chef de ménage

    Mauvais état de santé

    auto-déclaré (%)

    Valeur du

    D de Somers

    Non

    Oui

    Total

    Pauvres

    Chef de ménage (CM) ou conjoint CM

    83,99

    16,01

    100

    -0,03***

    Fils/Fille du CM ou conjoint CM

    89,71

    10,29

    100

    Autre parent du CM ou conjoint

    81,24

    18,76

    100

    Aucun lien de parenté avec le CM ou conjoint CM

    85,94

    14,06

    100

    Non Pauvres

    Chef de ménage (CM) ou conjoint CM

    76,66

    23,34

    100

    -0,08***

    Fils/Fille du CM ou conjoint CM

    86,87

    13,13

    100

    Autre parent du CM ou conjoint

    80,41

    19,59

    100

    Aucun lien de parenté avec le CM ou conjoint CM

    81,60

    18,40

    100

    Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note: Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%; ***p<1%.

    e) Statut migratoire

    Du tableau 7 suivant, on constate qu'indépendamment du niveau de vie, il existe une relation statistiquement significative entre le statut migratoire et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. La valeur du D de Somers permet de conclure à une relation négative et faible entre ces deux variables quel que soit le niveau de vie de l'individu. Indépendamment du niveau de vie, un individu non natif à plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé qu'un individu natif. Cette probabilité augmente de près 5,98 points (de 12,57% à 18,55%) et de 4,68 points (17,73% à 22,41%) respectivement chez les pauvres et les non pauvres.

    Ce résultat est similaire à celui observé dans la littérature.

    Tableau 7 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le statut migratoire et le niveau de vie

    Niveau de vie

    Statut migratoire interne

    Mauvais état de santé

    auto-déclaré (%)

    Valeur du

    D de Somers

    Non

    Oui

    Total

    Pauvres

    Non natif

    81,45

    18,55

    100

    -0,09***

    Natif

    87,43

    12,57

    100

    Non pauvres

    Non natif

    77,59

    22,41

    100

    -0,05***

    Natif

    82,27

    17,73

    100

    Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note: Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%; ***p<1%.

    f) Situation d'activité

    D'après le tableau 8 ci-dessous, on constate qu'indépendamment du niveau de vie, il existe une relation statistiquement significative entre la situation d'activité et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Toutefois, l'analyse du V de Cramer permet de conclure à une relation très faible chez les non pauvres et faible chez les pauvres. On constate également que chez les pauvres, ce sont les inactifs (25,42%), suivis des chômeurs (20,79%) qui se déclarent les plus en mauvais état de santé. Ceux qui présentent par contre des meilleurs résultats en état de santé auto-déclaré sont les actifs occupés (13,70%). Par contre chez les non pauvres, c'est plutôt les chômeurs (26,26%) et ensuite les actifs occupés (20,83%), qui se déclarent les plus en mauvais état de santé. Les inactifs (19,25%) se déclarent les moins en mauvais état de santé dans cette catégorie. En définitive, Le résultat obtenu chez les pauvres est conforme avec ceux existants dans la littérature. Par contre, chez les non pauvres, les résultats obtenus dans la littérature ne se trouvent pas confirmés.

    Tableau 8 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, la situation d'activité et le niveau de vie

    Niveau de vie

    Situation d'activité

    Mauvais état de santé

    auto-déclaré (%)

    Valeur du

    V de Cramer

    Non

    Oui

    Total

    Pauvres

    Actif occupé

    86,30

    13,70

    100

    0,08***

    Chômeur

    79,21

    20,79

    100

    Inactif

    74,58

    25,42

    100

    Non Pauvres

    Actif occupé

    79,17

    20,83

    100

    0,03***

    Chômeur

    73,74

    26,26

    100

    Inactif

    80,75

    19,25

    100

    Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note: Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%; ***p<1%.

    g) Niveau d'éducation

    Du tableau 9 ci-dessous, on constate qu'il existe une relation statistiquement significative entre le niveau d'éducation et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé uniquement chez les non pauvres. L'examen du D de Somers permet de conclure à une relation négative et très faible chez les non pauvres d'autre part. C'est dire chez les non pauvres, la proportion des individus qui se sont déclarés en mauvais état de santé diminue quand on passe du niveau d'éducation de non instruit à celui de secondaire et plus (en passant par celui de primaire). Elle est de 22,10%, 21,75% et 19,92% respectivement pour le niveau non scolarisé, primaire et secondaire et plus. Ce résultat corrobore avec les relations communément admises dans la littérature sur le sens de la relation entre ces deux variables. En revanche, chez les pauvres la proportion des individus qui se sont déclarés en mauvais état de santé augmente quand on passe du niveau d'éducation de non instruit à celui de secondaire et plus (en passant par celui de primaire). Toutefois, on note que les différences observées ne sont pas significatives. En effet, cette proportion est de 14,01%, 15,12% et 16,39% respectivement pour le niveau non scolarisé, primaire et secondaire et plus. L'hypothèse de l'existence d'un lien entre le niveau d'éducation et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé se trouve infirmer chez les pauvres.

    Tableau 9 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le niveau d'éducation et le niveau de vie

    Niveau de vie

    Niveau d'éducation

    Mauvais état de santé

    auto-déclaré (%)

    Valeur du

    D de Somers

    Non

    Oui

    Total

    Pauvres

    Non scolarisé

    85,99

    14,01

    100

    0,01°

    Primaire

    84,88

    15,12

    100

    Secondaire et +

    83,61

    16,39

    100

    Non Pauvres

    Non scolarisé

    77,90

    22,10

    100

    -0,04***

    Primaire

    78,25

    21,75

    100

    Secondaire et +

    80,08

    19,92

    100

    Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note: Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%; ***p<1%.

    h) Milieu de résidence

    Le tableau 10 qui suit permet de constater qu'il existe une relation statistiquement significative entre le milieu de résidence et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé uniquement chez les pauvres. Le signe du D de Somers obtenu pour les pauvres, permet de conclure à une relation négative entre ces deux variables. La valeur du D de Somers signifie également que cette relation est inexistante chez les non pauvres et plutôt faible chez les pauvres. En définitive, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé, chez les pauvres, augmente avec l'urbanisation. Cette probabilité baisse d'un peu plus de 8,47 points (de 21,98% en milieu urbain à 13,51%en milieu rural) chez les pauvres. Le sens de la relation obtenu chez les pauvres est conforme avec la littérature. Par contre, chez les non pauvres, notre hypothèse n'est pas valide.

    Tableau 10 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le milieu de résidence et le niveau de vie

    Niveau de vie

    Milieu de résidence

    Mauvais état de santé

    auto-déclaré (%)

    Valeur du

    D de Somers

    Non

    Oui

    Total

    Pauvres

    Urbain

    78,02

    21,98

    100

    -0,08***

    Semi-urbain

    80,23

    19,77

    100

    Rural

    86,49

    13,51

    100

    Non Pauvres

    Urbain

    77,74

    22,26

    100

    0,00°

    Semi-urbain

    78,67

    21,33

    100

    Rural

    81,27

    18,73

    100

    Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note: Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%; ***p<1%.

    i) Appartenance à au moins une association

    L'analyse du tableau 11 suivant nous permet de constater qu'indépendamment du niveau de vie, il existe une relation statistiquement significative entre l'appartenance à au moins une association et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Aussi, quel que soit le niveau de vie, la valeur du D de Somers permet de conclure à une relation positive et faible entre ces deux variables. La probabilité de se déclarer en mauvais état de santé, indépendamment du niveau de vie, s'accroît quand on passe du statut de non membre d'une association quelconque à celui de membre d'au moins une association. Cette probabilité augmente de 6,41 points (elle varie de 13,97% à 20,38%) et de 7,85 points (18,63% à 26,48%) respectivement chez les pauvres et les non pauvres. Ce résultat obtenu est contradictoire à ceux communément admis dans la littérature.

    Tableau 11 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, l'appartenance à au moins une association et le niveau de vie

    Niveau de vie

    Membre d'une association

    Mauvais état de santé

    auto-déclaré (%)

    Valeur du

    D de Somers

    Non

    Oui

    Total

    Pauvres

    Non

    86,03

    13,97

    100

    0,08***

    Oui

    79,62

    20,38

    100

    Non pauvres

    Non

    81,37

    18,63

    100

    0,09***

    Oui

    73,52

    26,48

    100

    Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note: Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%; ***p<1%.

    j) Consommation d'alcool

    D'après le tableau 12 qui suit, on constate qu'indépendamment du niveau de vie, il existe une relation statistiquement significative entre la consommation d'alcool et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. La valeur du D de Somers permet de conclure aussi à une relation positive et très faible chez les pauvres et non pauvres d'autre part. La probabilité de se déclarer en mauvais état de santé, indépendamment du niveau de vie, augmente quand on passe du statut de non consommateur d'alcool à celui de consommateur d'alcool. Cette probabilité augmente de 3,92 points (elle varie de 12,55% à 16,47%) et de 3,75 points (17,92% à 21,67%) respectivement chez les pauvres et les non pauvres. Au regard de ce résultat, notre hypothèse sur le sens de la relation entre la consommation d'alcool et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé est confirmé.

    Tableau 12 : Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, la consommation d'alcool et le niveau de vie

    Niveau de vie

    Consommation d'alcool

    Mauvais état de santé

    auto-déclaré (%)

    Valeur du D de Somers

    Non

    Oui

    Total

    Pauvres

    Non

    87,45

    12,55

    100

    0,04***

    Oui

    83,53

    16,47

    100

    Non pauvres

    Non

    82,08

    17,92

    100

    0,03***

    Oui

    78,33

    21,67

    100

    Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note: Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%; ***p<1%.

    III.2.3. Effets nets des variables indépendantes sur le mauvais état de santé auto-déclaré selon le niveau de vie

    Afin de mettre en exergue l'effet net de chacun des facteurs individuels associés au mauvais état de santé auto-déclaré au Cameroun, nous avons considéré un modèle d'analyse comportant l'ensemble des variables indépendantes. Les variables explicatives sont introduites bloc par bloc et de façon progressive dans le modèle. Ce procédé a permis de comprendre comment le pouvoir explicatif de certains blocs s'atténue ou se renforce au fur et à mesure que les autres blocs sont pris en compte. Le pseudo-R2 du modèle est un indicateur du pouvoir prédictif du modèle.

    Nous nous basons sur l'évolution du pseudo-R2 pour apprécier le pouvoir explicatif de chaque bloc. Ces blocs sont au nombre de quatre. Le tableau 13 présente les principaux résultats obtenus de l'analyse explicative du mauvais état de santé auto-déclaré au Cameroun.

    Tableau 13 : Effets nets de chacune des variables explicatives sur la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé selon le niveau de vie au Cameroun (Rapport de chances)

     

    Modèle 0

    Modèle 1

    Modèle 2

    Modèle 3

    Modèle 4

    P

    NP

    P

    NP

    P

    NP

    P

    NP

    P

    NP

    Membre d'une association

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Non

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Oui

    1,70

    1,57

    1,69

    1,55

    1,33

    1,15

    1,36

    1,16

    1,13°

    1,08*

    Consommation d'alcool

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Non

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Oui

    1,23

    1,21

    1,16

    1,15

    1,17

    1,20

    1,21

    1,21

    1,16

    1,16

    Age

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    15-24 ans

    1

    1

     
     

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    25-34 ans

    1,12

    1,46

     
     

    1,13°

    1,37

    1,19°

    1,38

    1,24*

    1,39

    35-44 ans

    1,65

    1,90

     
     

    1,60

    1,74

    1,70

    1,79

    1,85

    1,81

    45-54 ans

    2,39

    2,67

     
     

    2,28

    2,41

    2,40

    2,47

    2,81

    2,62

    55-64 ans

    2,79

    3,81

     
     

    2,69

    3,51

    2,75

    3,59

    3,58

    4,19

    65 ans & +

    4,83

    6,90

     
     

    4,43

    6,57

    4,05

    6,68

    5,87

    8,93

    Sexe

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Féminin

    1

    1

     
     

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Masculin

    0,77

    0,70

     
     

    0,76

    0,69

    0,78

    0,70

    0,72

    0,67

    Statut matrimonial

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Célibataire

    1

    1

     
     

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Mariée(e)/Union libre

    1,41

    1,57

     
     

    0,75

    0,78

    0,77*

    0,78

    0,93°

    0,83

    Veuf (ve)/Divorcé(e)

    3,36

    3,31

     
     

    1,15°

    0,95°

    1,20°

    0,97°

    1,49

    1,08°

    Parenté avec le chef de ménage

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Chef de ménage (CM)/Conjoint

    1

    1

     
     

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Fils/Fille du CM/conjoint

    0,57

    0,51

     
     

    0,96°

    0,82

    0,91°

    0,8

    0,88°

    0,77

    Autre parent du CM/conjoint

    1,08°

    0,67

     
     

    1,06°

    0,77

    0,93°

    0,75

    0,92°

    0,75

    Aucun lien avec le CM/conjoint

    0,73°

    0,61

     
     

    0,89°

    0,86°

    0,84°

    0,85°

    0,82°

    0,87°

    Statut migratoire

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Non Natif

    1

    1

     
     

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Natif

    0,60

    0,75

     
     

    0,63

    0,78

    0,64

    0,79

    0,74

    0,87

    Situation d'activité

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Actif occupé

    1

    1

     
     
     
     

    1

    1

    1

    1

    Chômeur

    1,47

    1,16

     
     
     
     

    1,78

    1,49

    1,50

    1,41

    Inactif

    1,77

    0,87

     
     
     
     

    1,82

    1,06°

    1,64

    1,03°

    Niveau de scolarisation

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Non scolarisé

    1

    1

     
     
     
     
     
     

    1

    1

    Primaire

    1,02

    0,92°

     
     
     
     
     
     

    1,60

    1,57

    Secondaire et plus

    1,08

    0,78

     
     
     
     
     
     

    2,14

    1,69

    Milieu de résidence

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Urbain

    1

    1

     
     
     
     
     
     

    1

    1

    Semi-urbain

    0,95

    0,95

     
     
     
     
     
     

    0,97°

    1,03°

    Rural

    0,62

    0,81

     
     
     
     
     
     

    0,71

    0,87

    R-deux ajusté

    //

    //

    1,2%

    1,2%

    8,6%

    9,0%

    9,5%

    9,2%

    11,4%

    9,8%

    Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note 1: °p>10%; *p<10%; Les autres coefficients significatifs à 5%;

    Note 2 : P = Pauvres ; NP= Non pauvres

    a) Le modèle 0

    Ce modèle résume les effets bruts existant entre les facteurs explicatifs de l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Il fait ressortir l'effet de chaque variable explicative prise isolément sur le mauvais état de santé auto-déclaré selon le niveau de vie au Cameroun. Indépendamment du niveau de vie, toutes nos variables explicatives sont discriminantes en matière d'auto-déclaration d'un mauvais état de santé au Cameroun. Le modèle 0 confirme les différentes associations brutes précédemment établies dans l'analyse bivariée.

    b) Le modèle 1

    Le modèle 1 met en relation deux principales variables explicatives (l'appartenance à une association et la consommation d'alcool) avec le mauvais état de santé auto-déclaré selon le niveau de vie.

    Ce modèle confirme que, quel que soit le niveau de vie, les individus qui consomment l'alcool se déclarent plus en mauvais état de santé (1,16 fois chez les pauvres et 1,15 fois chez les non pauvres) par rapport à ceux qui n'en consomment pas.

    Cependant, le modèle infirme l'hypothèse selon laquelle les individus n'appartenant pas à au moins une association sont ceux qui se déclarent les plus en mauvais état de santé. En effet, indépendamment du niveau de vie, les individus qui appartiennent à au moins une association se déclarent plus en mauvais état de santé (1,69 fois chez les pauvres et 1,55 fois chez les non pauvres) par rapport à ceux qui n'appartiennent pas à une quelconque association.

    c) Le modèle 2

    Le modèle 2 prend en compte l'ensemble des variables démographiques, l'appartenance à une association et la consommation d'alcool. Le R-deux passe 1,2% pour le modèle 1 à 8,6% pour le modèle 2 dans le groupe des pauvres d'une part ; et de 1,2% (modèle 1) à 9,0% (modèle 2) chez les non pauvres d'autre part. Nous pouvons donc conclure que les variables démographiques ont le pouvoir explicatif le plus élevé car c'est la plus grande différence de R-deux observée entre deux modèles successifs quelconques.

    Dans ce modèle, on constate qu'après contrôle par l'ensemble des variables démographiques de l'étude, confirme toujours les résultats obtenus dans le modèle précédant. En effet, les personnes qui consomment l'alcool se déclarent plus en mauvais état de santé par rapport à ceux qui n'en consomment pas, et ceux qui appartiennent à au moins une association se déclarent également plus en mauvais état de santé par rapport aux individus n'appartenant à pas à au moins une association.

    On note également que l'âge, le sexe, le statut matrimonial, le lien de parenté avec le chef de ménage, et le statut migratoire interne déterminent la perception qu'un individu a de son état de santé.

    S'agissant de l'âge, quel que soit le niveau de vie considéré, le modèle confirme l'hypothèse selon laquelle les personnes plus âgées ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que les personnes moins âgées. Par exemple, les personnes de 65 ans et plus ont 4,43 fois (chez les pauvres) et 6,57 fois (chez les non pauvres) plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé par rapport aux jeunes de 15 à 24 ans.

    En ce qui concerne le sexe, les résultats du modèle 2 montrent qu'indépendamment du niveau de vie, les hommes se déclarent moins en mauvais état de santé que les femmes (0,76 fois chez les pauvres et 0,69 fois chez les non pauvres).

    Ensuite, le modèle ne confirme pas la relation brute obtenue entre le statut matrimonial et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. En effet, quelque soit le niveau de vie, le modèle 2 confirme l'hypothèse que les individus mariés ou en union sont ceux qui présentent les meilleurs états de santé auto-déclarés. En effet, les célibataires et les personnes en rupture d'unions ont la même chance de se déclarer en mauvais état de santé. Par contre, les individus en union ont moins de chance que les célibataires de se déclarer en mauvais état de santé. Ce résultat permet de valider donc notre hypothèse sur le sens de la relation entre l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé et le statut matrimonial.

    Quant à la relation entre le lien de parenté avec le chef de ménage et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, l'observation des résultats du modèle permet de constater que, chez les pauvres, le lien de parenté avec le chef de ménage n'a pas d'effets sur l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Par contre, chez les non pauvres, le modèle confirme l'existence d'une relation entre le lien de parenté avec le chef de ménage et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Il ressort qu'à l'exception des personnes n'ayant pas de lien de parenté avec le chef de ménage, la chance de se déclarer en mauvais état de santé augmente avec le rapprochement du lien de parenté avec le chef de ménage.

    Enfin, le modèle confirme que, quel que soit le niveau de vie, les natifs se déclarent moins en mauvais état de santé (0,63 fois chez les pauvres et 0,78 fois chez les non pauvres) par rapport aux non natifs.

    d) Le modèle 3

    Le modèle 3 met en relation l'appartenance à une association et la consommation d'alcool, les variables démographiques, et la situation d'activité. Le R-deux du modèle 3 par rapport au modèle 2 précédent augmente de 0,9 point et de 0,2 point respectivement chez les pauvres et les non pauvres.

    Si le modèle permet de confirmer globalement les résultats observés dans le modèle 2, il permet également de confirmer que la situation d'activité est aussi un déterminant de l'état de santé auto-déclarée quel que soit le niveau de vie. En effet, le modèle confirme que chez les pauvres, les inactifs se déclarent plus en mauvais état de santé que les personnes actives (occupées ou chômeurs). Aussi, les chômeurs présentent des mauvais états de santé auto-déclarés que les actifs occupés dans le groupe des pauvres. En ce qui concerne les non pauvres, bien que les actifs occupés et les inactifs ont les mêmes chances de se déclarer en mauvais état de santé, ce sont les chômeurs qui s'auto-déclarent les plus en mauvais état de santé.

    e) Le modèle 4

    Le modèle 4 met en relation l'appartenance à une association et la consommation d'alcool, les variables démographiques, la situation d'activité, et les variables socioculturelles. Ce modèle final met donc en relation l'ensemble des variables explicatives. Le R-deux est passé de 9,1% pour le modèle 3 à 11,4% pour le modèle 4, et de 9,2% pour le modèle 3 à 9,8% pour le modèle 4 respectivement chez les pauvres et les non pauvres.

    A l'exception de l'appartenance à une association et du statut matrimonial, les différents résultats observés entre l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé et chacune des autres variables dans le modèle 3 se trouvent maintenus dans le modèle 4.

    D'après le modèle 4, le sens de la relation entre l'appartenance à au moins une association et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé devient fonction du niveau de vie. Chez les pauvres, cette relation disparaît après contrôle par les variables socioculturelles. L'appartenance à une association n'est pas discriminante dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Par contre, appartenir à au moins une association pour un individu non pauvre augmente ses chances de se déclarer en mauvais état de santé.

    En ce qui concerne le statut matrimonial, l'observation du modèle 4 permet de constater que chez les non pauvres, les personnes en vivant en unions sont ceux qui se déclarent les moins en mauvais état de santé. En revanche, chez les pauvres, les personnes mariées ou en union et les célibataires ont les mêmes chances de se déclarer en mauvais état de santé. Les personnes séparées se déclarant les plus en mauvais état de santé.

    L'hypothèse sur le sens de la relation entre le niveau de scolarisation et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé n'est pas confirmée dans ce modèle. En effet, indépendamment du niveau de vie, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé augmente avec le niveau de scolarisation. Les personnes les plus instruites se déclarent les plus en mauvais état de santé.

    S'agissant en fin du milieu de résidence, le modèle confirme que, quel que soit le niveau de vie, les individus qui vivent en milieu rural se déclarent moins en mauvais état de santé (0,71 fois chez les pauvres et 0,87 fois chez les non pauvres) par rapport à ceux du milieu urbain. Indépendamment du niveau de vie, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé augmente avec l'urbanisation au Cameroun.

    En définitive, au vu des résultats obtenus après ces analyses, nous pouvons dire que certaines de nos hypothèses se confirment. D'abord, quelque soit le niveau de vie, les réalités socioculturelles priment sur les facteurs économiques dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé au Cameroun. Cependant, les facteurs socioculturels ne sont pas les plus déterminants. Ce qui stipule que cette hypothèse n'est pas vérifiée. En effet, les résultats montrent que les facteurs démographiques sont des déterminants majeurs de l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé que ce soit chez les pauvres ou chez les non pauvres au Cameroun.

    Toutefois, le niveau d'instruction de l'individu est, indépendamment du niveau de vie, le facteur le plus important parmi les variables socioculturelles associées à l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé au Cameroun.

    CHAPITRE IV : SANTE PERÇUE DES HOMMES ET DES FEMMES SELON LE NIVEAU DE VIE AU CAMEROUN 

    Dans ce chapitre nous présenterons les déterminants socioéconomiques du mauvais état de santé auto-déclaré des hommes et des femmes aussi bien chez les pauvres et que les non pauvres.

    IV.1 Présentation des résultats

    IV.1.1. Effets des variables indépendantes sur le mauvais état de santé auto-déclaré chez les hommes et les femmes pauvres

    Il s'agit ici de mettre en exergue les similitudes et les divergences dans l'auto-perception de l'état de santé des hommes et des femmes pauvres au Cameroun.

    Pour cela, nous avons considéré toujours un modèle d'analyse comportant l'ensemble des variables indépendantes. Cela permet de mettre en exergue l'effet net de chaque variable introduite. Les variables explicatives sont introduites bloc par bloc, et de façon progressive dans le modèle. Ce procédé permet de comprendre comment le pouvoir explicatif de certains blocs s'atténue ou se renforce au fur et à mesure que les autres blocs sont pris en compte. Le pseudo-R2 du modèle est un indicateur du pouvoir prédictif du modèle.

    Nous nous basons sur l'évolution du pseudo-R2 pour apprécier le pouvoir explicatif de chaque bloc. Ces blocs sont au nombre de quatre. Le tableau 14 présente les principaux résultats obtenus de l'analyse explicative du mauvais état de santé auto-déclaré selon le sexe, et chez les pauvres au Cameroun.

    Tableau 14 : Effets de chacune des variables explicatives sur la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé selon le sexe et chez les pauvres au Cameroun (Rapport de chances)

     

    Modèle 0

    Modèle 1

    Modèle 2

    Modèle 3

    Modèle 4

    F

    H

    F

    H

    F

    H

    F

    H

    F

    H

    Membre d'une association

     
     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Non

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Oui

    1,66

    1,58

    1,66

    1,87

    1,38

    1,39

    1,41

    1,41

    1,12°

    1,23*

    Consommation d'alcool

     
     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Non

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Oui

    1,19

    1,31

    1,30

    1,38

    1,38

    1,35

    1,36

    1,39

    1,29

    1,33

    Age

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    15-24 ans

    1

    1

     

     

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    25-34 ans

    1,12°

    1,02°

     

     

    1,19°

    1,07°

    1,22°

    1,20

    1,28°

    1,24°

    35-44 ans

    1,58

    1,66

     

     

    1,61

    1,73

    1,68

    1,89

    1,84

    2,10

    45-54 ans

    2,37

    2,39

     

     

    2,67

    2,47

    2,36

    2,65

    2,89

    3,09

    55-64 ans

    2,63

    2,98

     

     

    2,30

    3,31

    2,31

    3,45

    3,23

    4,34

    65 ans & +

    5,30

    4,35

     

     

    4,30

    4,69

    3,89

    4,41

    6,05

    6,14

    Statut matrimonial

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Célibataire

    1

    1

     

     

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Mariée(e)/Union libre

    1,05°

    1,73

     

     

    0,76°

    0,59

    0,76°

    0,63

    1,05°

    0,68°

    Veuf (ve)/Divorcé(e)

    2,78

    3,67

     

     

    1,16°

    0,98°

    1,21°

    1,00°

    1,68

    1,11°

    Parenté avec le chef de ménage

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Chef de ménage (CM)/Conjoint

    1

    1

     

     

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Fils/Fille du CM/conjoint

    0,72

    0,47

     

     

    1,04°

    0,77°

    0,99°

    0,74°

    0,94°

    0,72°

    Autre parent du CM/conjoint

    1,59

    0,66

     

     

    1,21°

    0,82°

    1,08°

    0,74°

    1,05°

    0,72°

    Aucun lien avec le CM/conjoint

    0,98°

    0,68

     

     

    1,12°

    0,57°

    1,00°

    0,53°

    0,94°

    0,55°

    Statut migratoire

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Non Natif

    1

    1

     

     

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Natif

    0,58

    0,61

     

     

    0,59

    0,71

    0,59

    0,72

    0,70

    0,81

    Situation d'activité

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Actif occupé

    1

    1

     

     

     

     

    1

    1

    1

    1

    Chômeur

    1,58

    1,30°

     

     

     

     

    1,82

    1,57°

    1,50*

    1,38°

    Inactif

    1,90

    1,60

     

     

     

     

    1,67

    1,95

    1,50

    1,79

    Niveau de scolarisation

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Non scolarisé

    1

    1

     

     

     

     

     

     

    1

    1

    Primaire

    1,09°

    1,14

     

     

     

     

     

     

    1,71

    1,48

    Secondaire et plus

    1,39

    1,29

     

     

     

     

     

     

    2,59

    1,78

    Milieu de résidence

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Urbain

    1

    1

     

     

     

     

     

     

    1

    1

    Semi-urbain

    0,92°

    0,98°

     

     

     

     

     

     

    0,95°

    1,03

    Rural

    0,56

    0,70

     

     

     

     

     

     

    0,70

    0,76

    R-deux ajusté

    //

    //

    1,0%

    1,6%

    9,1%

    7,3%

    9,9%

    8,3%

    12,6%

    9,5%

    Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note 1: °p>10%; *p<10%; Les autres coefficients significatifs à 5%;

    Note 2 : F = Femmes ; H = Hommes

    a) Le modèle 0

    Ce modèle présente, pour les pauvres, l'effet de chaque variable explicative prise isolément sur le mauvais état de santé auto-déclaré selon le sexe au Cameroun. Indépendamment du sexe, il existe un lien entre chacune de ces variables explicatives et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé par les pauvres au Cameroun.

    En effet, indépendamment du sexe, les pauvres appartenant à une association se déclarent plus en mauvais état de santé que ceux qui n'appartiennent à aucune association quelconque.

    Aussi, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé chez les pauvres augmente quand on passe du statut de non consommateur d'alcool à celui de consommateur d'alcool, et cela quel que soit le sexe de l'individu.

    S'agissant de l'âge, on constate qu'en général et indépendamment du sexe, les pauvres plus âgées se déclarent plus en mauvais état de santé que les pauvres moins âgées au Cameroun.

    En ce qui concerne le statut matrimonial, on constate que chez les femmes pauvres ce sont les personnes séparées qui se déclarent les plus en mauvais état de santé. Les individus mariés et les célibataires ayant la même chance de s'auto-déclarer en mauvais état de santé. Quand aux hommes pauvres, c'est toujours les personnes séparées, suivies cette fois-ci des personnes en union qui se déclarent les plus en mauvais état de santé.

    S'agissant du lien de parenté avec le chef de ménage, chez les pauvres, on constate que la nature de sa relation avec l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé est tributaire du sexe de l'individu. En effet, chez les femmes la probabilité de s'auto-déclarer en mauvais état de santé augmente quand on passe successivement du statut de Fils ou fille du CM/Conjoint, à celui de Sans lien de parenté, puis CM/Conjoint de et enfin à Autre parent du CM/Conjoint. Par contre, chez les hommes cette probabilité augmente plutôt quand on passe successivement du statut de Fils ou fille du CM/Conjoint, à celui de Autre parent du CM/Conjoint, puis de Sans lien de parenté et enfin de CM/Conjoint.

    Aussi, le modèle montre qu'indépendamment du sexe, les pauvres non natifs de leur localité de résidence s'estiment plus en mauvais état de santé que les pauvres natifs.

    En ce qui concerne la situation d'activité, on constate qu'indépendamment du sexe, les inactifs pauvres se déclarent les plus en mauvais état de santé par rapport aux actifs pauvres.

    Quand au niveau d'éducation, chez les pauvres, le résultat n'est pas fonction du sexe de l'individu. En effet, indépendamment du sexe, la probabilité de s'auto-déclarer en mauvais état de santé augmente avec le niveau d'éducation.

    Enfin, on constate qu'indépendamment du sexe, la probabilité de s'auto-déclarer en mauvais état de santé chez les pauvres au Cameroun augmente avec le degré d'urbanisation.

    b) Le modèle 1

    Le modèle 1 met en relation deux principales variables explicatives (l'appartenance à une association et la consommation d'alcool) avec le mauvais état de santé auto-déclaré des pauvres selon le sexe.

    Les résultats du modèle ne confirment pas l'hypothèse selon laquelle les individus n'appartenant pas à au moins une association sont ceux qui se déclarent les plus en mauvais état de santé. En effet, indépendamment du sexe, les pauvres qui appartiennent à au moins une association se déclarent plus en mauvais état de santé (1,66 fois chez les femmes et 1,87 fois chez les hommes) par rapport à ceux qui n'appartiennent pas à une quelconque association. Quant à la consommation d'alcool, ce modèle confirme que, quelque soit le sexe, les pauvres qui consomment l'alcool se déclarent plus en mauvais état de santé (1,30 fois chez les femmes et 1,38 fois chez les hommes) par rapport à ceux qui n'en consomment pas.

    c) Le modèle 2

    Le modèle 2 prend en compte l'ensemble des variables démographiques, l'appartenance à une association et la consommation d'alcool. Le R-deux passe 1,0% pour le modèle 1 à 9,1% dans le groupe des femmes pauvres d'une part ; et de 1,6% à 7,3% dans le groupe des hommes pauvres d'autre part. On constate ainsi que les variables démographiques ont le pouvoir explicatif le plus élevé car c'est la plus grande différence de R-deux observée entre deux modèles quelconques.

    Dans ce modèle, il apparaît qu'en plus des deux variables du modèle 1 où les relations précédemment établies sont maintenues, les variables démographiques introduites déterminent aussi l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé chez un individu pauvre et cela indépendamment de son sexe.

    S'agissant de l'âge, quel que soit le sexe considéré, le modèle confirme que les personnes plus âgées pauvres ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que les personnes moins âgées pauvres.

    En ce qui concerne le statut matrimonial, les résultats du modèle 2 montrent que chez les femmes pauvres, le statut matrimonial n'est pas discriminant dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Par contre chez les hommes pauvres, ce sont les mariés qui se déclarent moins en mauvais état de santé. Les célibataires et les divorcés ayant chacun la même chance de se déclarer en mauvais état de santé.

    Quant à la relation entre le lien de parenté avec le chef de ménage et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé pour ce qui concerne les pauvres, le modèle ne confirme pas l'existence d'un lien et cela quel que soit le sexe de l'individu.

    Enfin, le modèle confirme que, quelque soit le sexe, les natifs pauvres se déclarent moins en mauvais état de santé (0,59 fois chez les femmes et 0,71 fois chez les hommes) par rapport aux non natifs pauvres.

    d) Le modèle 3

    Le modèle 3 met en relation l'appartenance à une association et la consommation d'alcool, les variables démographiques, la situation d'activité et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé (selon le sexe) chez les pauvres. Le R-deux du modèle 3 par rapport au modèle 2 précédent augmente de 0,8 point et 1,0 point respectivement chez les femmes pauvres et les hommes pauvres.

    Le modèle permet de confirmer que la situation d'activité détermine l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé chez les pauvres et cela quel que soit le sexe. En effet, le modèle confirme que chez les hommes pauvres, les inactifs se déclarent plus en mauvais état de santé que les actifs (occupés ou chômeurs). Toutefois, les actifs occupés et les chômeurs ont la même chance de s'auto-déclarer en mauvais état de santé. Chez les femmes pauvres, ce sont les chômeuses se déclarent les plus en mauvais état de santé (rapport de cote 1,82), ensuite ce sont les personnes inactives (rapport de cote 1,67).

    e) Le modèle 4

    Ce modèle final met en relation l'ensemble des variables explicatives. Il permet de confirmer que toutes les variables exogènes retenues dans le modèle sont des facteurs explicatifs du mauvais état de santé auto-déclaré chez les pauvres au Cameroun, et cela indépendamment du sexe de l'individu. Le R-deux est passé de 9,9% pour le modèle 3 à 12,6% pour le modèle 4 et 8,3% pour le modèle 3 à 9,5% pour le modèle 4 respectivement chez les femmes et les hommes.

    Le modèle permet de confirmer l'ensemble des relations établies dans le modèle 3 à l'exception de celles portant sur l'appartenance à au moins une association et le statut matrimonial.

    En effet, après contrôle par les variables socioculturelles (modèle 4), l'appartenance à une association n'est plus un facteur discriminant en matière d'auto-déclaration d'un mauvais état de santé chez les femmes pauvres au Cameroun. Toutefois, le sens de la relation établie entre cette variable et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé est maintenu chez les hommes pauvres.

    En ce qui concerne le statut matrimonial, la relation est maintenue chez les femmes pauvres mais elle disparaît chez les hommes. En effet, le modèle ne permet pas d'établir un lien entre le statut matrimonial et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé chez les hommes pauvres.

    S'agissant de la scolarisation, le modèle ne confirme pas l'hypothèse sur le sens de la relation entre le niveau de scolarisation et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé aussi bien chez les femmes pauvres que chez les hommes pauvres. En effet, indépendamment du sexe, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé pour un pauvre augmente avec le niveau de scolarisation. Les personnes les plus instruites, indépendamment du sexe, se déclarent les plus en mauvais état de santé.

    Pour ce qui concerne le milieu de résidence, le modèle confirme que, quelque soit le sexe, les pauvres qui vivent en milieu rural s'estiment moins en mauvais état de santé (0,70 fois chez les femmes et 0,76 fois chez les hommes) par rapport à ceux du milieu urbain. La probabilité de se déclarer en mauvais état de santé augmente avec l'urbanisation de façon générale. On note toutefois que chez les femmes, il n'y a pas d'effet différentiel entre le milieu urbain et semi-urbain dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Par contre chez les hommes, les personnes vivant en milieu semi-urbain se déclarent plus en mauvais état de santé que ceux qui vivent en milieu urbain.

    En somme, au regard des résultats obtenus après ces analyses, nous pouvons affirmer qu'une de nos deux hypothèses ne se confirment pas. En effet, indépendamment du sexe, les facteurs socioculturels ne sont pas les plus importants dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé chez les pauvres au Cameroun. C'est dire donc que cette hypothèse n'est pas vérifiée. D'après les résultats, les facteurs démographiques sont les déterminants les plus importants dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé chez les hommes et les femmes pauvres au Cameroun. Toutefois, quel que soit le sexe et à l'exception des variables démographiques, les déterminants socioculturels priment sur les autres facteurs dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé chez les pauvres au Cameroun.

    Cependant, le niveau d'instruction de l'individu est, indépendamment du sexe, le facteur le plus important parmi les variables socioculturelles associées à l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé chez les pauvres au Cameroun.

    IV.1.2. Effets des variables indépendantes sur le mauvais état de santé auto-déclaré chez les hommes et les femmes non pauvres

    Dans l'optique de faire ressortir l'effet net de chacun des facteurs individuels associés au mauvais état de santé auto-déclaré selon le sexe chez les non pauvres au Cameroun, nous avons également considéré un modèle d'analyse comportant l'ensemble des variables indépendantes. Les variables explicatives sont, une fois de plus, introduites bloc par bloc et de façon progressive dans le modèle. Ce procédé a l'avantage de permettre une meilleure compréhension de l'évolution du pouvoir explicatif de chacun des blocs de variables introduites.

    A cet effet, le pseudo-R2 du modèle est un indicateur du pouvoir prédictif du modèle et son évolution permet d'apprécier le pouvoir explicatif de chaque bloc. Ces blocs sont au nombre de quatre. Le tableau 15 présente les principaux résultats obtenus de l'analyse explicative du mauvais état de santé auto-déclaré selon le sexe chez les non pauvres au Cameroun.

    Tableau 15 : Effets de chacune des variables explicatives sur la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé selon le sexe et chez les non pauvres au Cameroun (Rapport de chances)

     

    Modèle 0

    Modèle 1

    Modèle 2

    Modèle 3

    Modèle 4

    F

    H

    F

    H

    F

    H

    F

    H

    F

    H

    Membre d'une association

     
     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Non

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Oui

    1,63

    1,62

    1,61

    1,59

    1,16

    1,17

    1,16

    1,18

    1,08°

    1,20°

    Consommation d'alcool

     
     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Non

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Oui

    1,18

    1,29

    1,11

    1,22

    1,18

    1,22

    1,18

    1,23

    1,13

    1,11

    Age

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    15-24 ans

    1

    1

     

     

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    25-34 ans

    1,54

    1,43

     

     

    1,35

    1,49

    1,32

    1,58

    1,32

    1,59

    35-44 ans

    2,02

    1,83

     

     

    1,67

    2,05

    1,69

    2,17

    1,70

    2,18

    45-54 ans

    2,80

    2,58

     

     

    2,27

    2,89

    2,30

    3,04

    2,47

    3,17

    55-64 ans

    3,55

    4,21

     

     

    2,92

    4,90

    3,00

    4,97

    3,67

    5,57

    65 ans & +

    6,27

    7,76

     

     

    5,46

    9,20

    5,68

    9,03

    8,12

    11,46

    Statut matrimonial

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Célibataire

    1

    1

     

     

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Mariée(e)/Union libre

    1,46

    1,63

     

     

    0,85

    0,67

    0,85

    0,68

    0,93°

    0,63

    Veuf (ve)/Divorcé(e)

    2,99

    3,08

     

     

    1,06°

    0,93°

    1,06°

    0,95°

    1,19

    0,99°

    Parenté avec le chef de ménage

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Chef de ménage (CM)/Conjoint

    1

    1

     

     

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Fils/Fille du CM/conjoint

    0,51

    0,51

     

     

    0,80

    0,91°

    0,80

    0,85

    0,78

    0,83

    Autre parent du CM/conjoint

    0,74

    0,60

     

     

    0,74

    0,89

    0,75

    0,83

    0,74

    0,83

    Aucun lien avec le CM/conjoint

    0,69

    0,65°

     

     

    0,80°

    0,96

    0,80°

    0,95°

    0,81°

    0,98°

    Statu migratoire

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Non Natif

    1

    1

     

     

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    Natif

    0,75

    0,73

     

     

    0,77

    0,77

    0,78

    0,82

    0,87

    0,88

    Situation d'activité

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Actif occupé

    1

    1

     

     

     

     

    1

    1

    1

    1

    Chômeur

    1,05°

    1,2

     

     

     

     

    1,46

    1,40

    1,39

    1,31

    Inactif

    0,75

    1,09

     

     

     

     

    0,95°

    1,29

    0,95°

    1,19

    Niveau de scolarisation

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Non scolarisé

    1

    1

     

     

     

     

     

     

    1

    1

    Primaire

    0,98°

    1,03

     

     

     

     

     

     

    1,66

    1,36

    Secondaire et plus

    0,78

    1,24

     

     

     

     

     

     

    1,70

    1,60

    Milieu de résidence

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Urbain

    1

    1

     

     

     

     

     

     

    1

    1

    Semi-urbain

    1,07

    0,85

     

     

     

     

     

     

    1,07

    0,98

    Rural

    0,78

    0,81

     

     

     

     

     

     

    0,85

    0,89

    R-deux ajusté

    //

    //

    1,3%

    1,4%

    8,4%

    8,5%

    8,7%

    8,7%

    9,5

    9,1%

    Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note 1: °p>10%; *p<10%; Les autres coefficients significatifs à 5%;

    Note 2 : F = Femmes ; H = Hommes

    a) Le modèle 0

    Ce modèle présente, pour les non pauvres, l'effet de chaque variable explicative prise isolément sur le mauvais état de santé auto-déclaré selon le sexe au Cameroun. Indépendamment du sexe, il existe un lien entre chacune de ces variables explicatives et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé par les non pauvres au Cameroun.

    En effet, indépendamment du sexe, les non pauvres appartenant à une association se déclarent plus en mauvais état de santé que ceux qui n'appartiennent pas à au moins une association quelconque.

    Aussi, quel que soit le sexe de l'individu, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé chez les non pauvres augmente quand on passe du statut de non consommateur d'alcool à celui de consommateur d'alcool.

    S'agissant de l'âge, on constate qu'indépendamment du sexe, les non pauvres plus âgées se déclarent plus en mauvais état de santé que les non pauvres moins âgées au Cameroun.

    En ce qui concerne le statut matrimonial, on constate que indépendamment du sexe, les personnes séparées, suivies des personnes en union se déclarent les plus en mauvais état de santé dans le groupe des non pauvres.

    S'agissant du lien de parenté avec le chef de ménage, on constate que la nature de sa relation avec l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé reste tributaire du sexe de l'individu chez non les pauvres. En effet, chez les femmes non pauvres, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé augmente quand on passe successivement du statut de Fils ou fille du CM/Conjoint, à celui de Sans lien de parenté avec le CM/Conjoint, puis de Autre parent du CM/Conjoint et enfin à CM/Conjoint. Par contre, chez les hommes non pauvres, cette probabilité augmente plutôt quand on passe successivement du statut de Fils ou fille du CM/Conjoint, à celui des autres parents du CM/Conjoint, et enfin de CM/Conjoint. Les personnes n'ayant pas de lien avec le chef de ménage/conjoint et les chefs de ménages/conjoints ont la même chance de se déclarer en mauvais état de santé.

    Aussi, le modèle montre qu'indépendamment du sexe, les non pauvres non natifs de leur localité de résidence s'estiment plus en mauvais état de santé que les non pauvres natifs.

    En ce qui concerne la situation d'activité, on constate que chez les femmes non pauvres, les personnes actives se déclarent plus en mauvais état de santé par rapport aux personnes inactives. En revanche, chez les hommes non pauvres, ce sont les chômeurs, suivis des inactifs qui se déclarent les plus en mauvais état de santé.

    Quand au niveau d'éducation, chez les non pauvres, le résultat en santé est fonction du sexe de l'individu. En effet, chez les femmes non pauvres, les individus non scolarisés ou ayant le niveau primaire se déclarent les plus en mauvais état de santé et ceux du secondaire et plus les meilleurs états de santé auto-déclarée. Par contre, chez les hommes non pauvres, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé augmente quand on passe de statut de non scolarisé à celui de scolarisé (primaire et plus).

    S'agissant enfin de l'urbanisation, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé chez les hommes non pauvres au Cameroun augmente avec le degré d'urbanisation. En revanche, chez les femmes non pauvres, on constate que c'est dans le milieu semi-urbain qu'elles se déclarent les plus en mauvais état de santé. Les femmes non pauvres du milieu rural présentant quant à eux des meilleurs états de santé auto-déclarés.

    b) Le modèle 1

    Le modèle 1 met en relation deux principales variables explicatives (l'appartenance à une association et la consommation d'alcool) avec le mauvais état de santé auto-déclaré des pauvres selon le sexe.

    On constate ainsi qu'indépendamment du sexe, les non pauvres qui appartiennent à au moins une association se déclarent plus en mauvais état de santé (1,61 fois chez les femmes et 1,59 fois chez les hommes) par rapport à ceux qui n'appartiennent pas à une quelconque association. Ce résultat est contradictoire à notre hypothèse selon laquelle les individus n'appartenant pas à au moins une association sont ceux qui se déclarent les plus en mauvais état de santé.

    Quant à la consommation d'alcool, quel que soit le sexe, ce modèle confirme que les non pauvres qui consomment l'alcool se déclarent plus en mauvais état de santé (1,11 fois chez les femmes et 1,22 fois chez les hommes) par rapport aux non pauvres qui n'en consomment pas.

    c) Le modèle 2

    Le modèle 2 prend en compte l'ensemble des variables démographiques, l'appartenance à une association et la consommation d'alcool. Le R-deux passe 1,3% pour le modèle 1 à 8,4% pour le modèle 2 et de 1,4% pour le modèle 1 à 8,5% pour le modèle 2 respectivement dans le groupe des femmes non pauvres et le groupe des hommes non pauvres. On constate donc que les variables démographiques ont toujours le pouvoir explicatif le plus élevé car c'est la plus grande différence de R-deux observée entre deux modèles successifs quelconques.

    Dans ce modèle, outre les deux variables du modèle 1, l'âge, le statut matrimonial, le lien de parenté avec le chef de ménage, et le statut migratoire interne déterminent la perception qu'un individu non pauvre a de son état de santé et cela quelque soit son sexe. Les résultats obtenus dans le modèle 1 persistent après contrôle par les variables démographiques.

    S'agissant de l'âge, quel que soit le sexe considéré, le modèle confirme que la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé augmente avec l'âge chez les non pauvres.

    En ce qui concerne le statut matrimonial, les résultats du modèle 2 confirment que, indépendamment du sexe, les personnes non pauvres et non mariées se déclarent plus en mauvais état de santé que les personnes non pauvres et mariés (ou en union). En effet, le rapport de cote obtenu chez les mariés par rapport aux célibataires est de 0,85 fois et 0,67 fois respectivement chez les femmes et les hommes. Quand aux personnes séparées (divorcées ou veuves) par rapport aux célibataires, le rapport de cote est de 1,06 fois et 0,93 fois respectivement chez les femmes et chez les hommes.

    S'agissant de la relation entre le lien de parenté avec le chef de ménage et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le modèle confirme chez les non pauvres, l'existence d'une telle relation aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Toutefois, l'hypothèse sur le sens de la relation n'est pas valide. En effet, chez les femmes non pauvres, les chefs de ménage/conjoint et les personnes n'ayant pas de lien avec les chefs de ménage/conjoint se déclarent, avec la même probabilité, les plus en mauvais état de santé. Ensuite, ce sont les filles des chefs de ménage/conjoint qui se déclarent les plus en mauvais état de santé. Par contre, chez les hommes non pauvres, les chefs de ménage/conjoint et leurs fils se déclarent, avec la même probabilité, les plus en mauvais état de santé. Ensuite, ce sont les personnes sans lien de parenté avec les chefs de ménage/conjoints qui se déclarent les plus en mauvais état de santé.

    Enfin, quel que soit le sexe, le modèle confirme que les individus non pauvres et non natifs se déclarent plus en mauvais état de santé par rapport aux natifs non pauvres. En effet, indépendamment du sexe, chez les non pauvres, le rapport de cote des natifs par rapport aux non natifs est de 0,77.

    d) Le modèle 3

    Le modèle 3 met en relation l'appartenance à une association et la consommation d'alcool, les variables démographiques, la situation d'activité et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé (selon le sexe) chez les non pauvres. Le R-deux du modèle 3 par rapport au modèle 2 augmente de 0,3 point et 0,2 point respectivement chez les femmes non pauvres et les hommes non pauvres.

    Globalement, le modèle permet de confirmer les résultats observés dans le modèle 2, il permet également de confirmer que la situation d'activité est aussi un déterminant de la santé auto-déclarée et cela quel que soit le niveau de vie.

    A cet effet, pour les femmes non pauvres, on constate que ce sont soient les personnes actives occupées ou alors les personnes inactives qui se déclarent les moins en mauvais état de santé. Par contre, chez les hommes non pauvres, ce sont uniquement les actifs occupés qui se déclarent les moins en mauvais état de santé.

    e) Le modèle 4

    Ce modèle final met en relation l'ensemble des variables explicatives. Il permet de confirmer que toutes les variables explicatives retenues dans le modèle sont des facteurs explicatifs du mauvais état de santé auto-déclaré chez les non pauvres au Cameroun, et cela quel que soit le sexe de l'individu. Le R-deux est passé de 8,7% pour le modèle 3 à 9,5% pour le modèle 4, et 8,7% pour le modèle 3 à 9,1% pour le modèle 4 respectivement chez les femmes et les hommes non pauvres.

    La quasi-totalité l'ensemble des relations établies dans le modèle 3 à l'exception de celles portant sur l'appartenance à au moins une association et le statut matrimonial.

    D'après le modèle 4, on constate que l'appartenance à une association ne permet plus d'expliquer l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé aussi bien chez les femmes non pauvres que chez les hommes non pauvres au Cameroun.

    En ce qui concerne le statut matrimonial, chez les femmes non pauvres, le modèle 4 permet de constater que contrairement au modèle 3, il n'y a pas de différence dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé entre ce groupes de femmes mariées et celles qui sont célibataires. Egalement, ce sont ces deux groupes qui se déclarent les moins en mauvais état de santé. En revanche, chez les hommes non pauvres, la relation observée entre le statut matrimonial et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé dans le modèle précédent est maintenue après contrôle par les variables socioculturelles.

    D'après le modèle, l'hypothèse sur le sens de la relation entre le niveau de scolarisation et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé n'est toujours pas confirmée. En effet, indépendamment du sexe, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé pour un non pauvre augmente avec le niveau de scolarisation. Quel que soit le sexe, les personnes les plus instruites se déclarent les plus en mauvais état de santé.

    En ce qui concerne l'urbanisation, le modèle confirme que la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé augmente avec l'urbanisation chez les hommes non pauvres. En revanche chez les femmes non pauvres, on note que celles vivant en milieu semi-urbain, suivies de celles du milieu urbain se déclarent les plus en mauvais état de santé. En effet, le rapport de cote chez les femmes non pauvres est de 1,07 fois et de 0,85 fois respectivement pour celles du milieu semi-urbain et celles du milieu rural.

    En définitive, au regard des résultats obtenus après ces analyses, nous constatons qu'une de nos deux hypothèses se confirme. En effet, indépendamment du sexe, les facteurs socioculturels ne sont pas les plus importants dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé chez les non pauvres au Cameroun. C'est dire donc que cette hypothèse n'est pas vérifiée. D'après les résultats, les facteurs démographiques sont les déterminants les plus importants dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé chez les hommes et les femmes non pauvres au Cameroun. Toutefois, quel que soit le sexe et à l'exception des variables démographiques, les déterminants socioculturels priment sur les autres facteurs dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé chez les non pauvres au Cameroun.

    Par contre, le niveau d'instruction de l'individu est, indépendamment du sexe, le facteur le plus important parmi les variables socioculturelles associées à l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé chez les non pauvres au Cameroun.

    IV.1.3. Limites méthodologiques de l'étude

    Cette étude vise à faciliter la compréhension des facteurs associés à l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé au Cameroun.

    Toutefois, elle présente de nombreuses insuffisances qu'il nous revient de souligner.

    Premièrement, la base de données ECAM3 utilisée dans le cadre de cette étude ne fournit pas toutes les informations utiles sur les variables nécessaires à l'analyse des déterminants socioéconomiques du mauvais état de santé auto-déclaré au Cameroun. Cela se répercute sur le R-deux ajusté du modèle global d'analyse (pouvoir explicatif) qui est très faible par rapport à l'objectif de 80% attendu.

    Enfin, l'absence d'une étude qualitative dans ce travail. En effet, par manque de temps et de moyens financiers une étude qualitative prenant en compte les opinions des pauvres et non pauvres, des hommes et des femmes, sur les dimensions importantes de l'auto-perception de leur état de santé n'a pas pu être réalisée. Pourtant, le volet qualitatif aurait permis d'appuyer et d'illustrer les constats effectués à travers l'étude quantitative en donnant un peu plus de sens aux résultats obtenus dans l'analyse des données de l'ECAM3 et d'avoir des conclusions encore plus pertinentes.

    Toutefois, et malgré toutes ces imperfections, nous pensons que les résultats auxquels a abouti ce travail restent valides et précisent davantage les déterminants du mauvais état de santé auto-déclaré au Cameroun.

    IV.2 Discussion et suggestions

    Il s'agit à cette étape de poursuivre l'analyse critique des résultats, d'en tirer les principales conclusions et de ressortir les différentes suggestions issues des résultats obtenus.

    IV.2.1. Discussion des résultats

    Le principal objectif de cette partie est de contribuer à l'explication des facteurs associés à l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé selon le niveau de vie et le sexe au Cameroun. La présente discussion s'articulera autour des principaux résultats obtenus.

    a) Age

    Plusieurs études portant sur les déterminants socioéconomiques de la santé perçue ont montré que les personnes âgées sont les plus nombreux à se déclarées en mauvais état de santé (Shields et Shooshtari, 2001 ; Bacher, 2010 ; Geitona, 2009). Les résultats présentés dans cette étude, relatifs à la relation entre l'âge et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, corroborent ce constat. En effet, quel que soit son niveau de vie et son sexe, l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé pour un individu est une fonction croissante de son âge. Les personnes plus âgées, indépendamment du niveau de vie et du sexe, se déclarent plus en mauvais état de santé que les personnes moins âgées au Cameroun. L'association entre l'âge et la perception de la santé est attribuée à certains facteurs tels que le départ à la retraite et la solitude (Shields et Shooshtari, 2001). Aussi, les problèmes physiques et la survenance des maladies ont tendance à augmenter avec l'âge.

    b) Statut matrimonial

    Indépendamment du niveau de vie, les femmes veuves s'auto-déclarent les plus en mauvais état de santé. Les femmes mariées et celles qui sont célibataires ayant chacun la même chance de s'auto-déclarer en mauvais état de santé. Toutefois, chez les hommes, la relation entre statut matrimonial et santé perçue disparaît pour les pauvres. Chez les non pauvres par contre, ce sont les hommes mariés qui s'auto-déclarent les moins en mauvais état de santé. Ce résultat se justifie entre autre par le fait que le divorce affecte plus les femmes que les hommes. En effet, les femmes divorcées et séparées souffrent d'un manque de soutien social et de la perte de leur statut social (Serrano-Gallardo et al, 2009). Egalement, le mariage est un facteur plus intégrateur pour les hommes dans la mesure où il leur confère davantage une structure sociale et leur permet de plus se contrôler. De plus, le bonheur dans un mariage pourrait entraîner moins de stress et de dépression (Baider, 2001 cité par Serrano-Gallardo et al, 2009).

    Ces résultats concordent non seulement avec ceux de Serrano-Gallardo et al (2009) en Espagne où ils mettent en exergue le lien entre le statut matrimonial et la santé perçue, mais également avec ceux de Bacher (2010) au Danemark qui n'a pas pu établir le lien entre la santé perçue et le statut matrimonial.

    c) Lien de parenté avec le chef de ménage

    Les comportements des individus dans un ménage, et le soutien que l'on peut espérer bénéficier dans un ménage sont généralement fonction du lien de parenté de tout un chacun avec le Chef de ménage ou son conjoint. C'est certainement pour cela que le lien de parenté avec le chef de ménage ou son conjoint s'est révélé comme un facteur influençant la perception qu'a un individu de son état de santé. En effet, chez les non pauvres et indépendamment du sexe, l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé est fonction décroissante du lien de parenté avec le chef de chef de ménage. Toutefois, les chefs de ménages et les personnes sans lien de parenté avec les chefs de ménage ont la même chance de s'auto-déclarer en mauvais état de santé. Pa contre, chez les pauvres et quel que soit le sexe, il n'existe pas de relation entre le lien de parenté avec le chef de ménage/conjoint et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé.

    La différence observée selon le niveau de vie se justifierait entre autre par le comportement différentiel de chaque groupe considéré en matière de soutien aux membres du ménage. La solidarité intra-ménage est plus forte chez les pauvres.

    d) Statut migratoire

    L'auto-déclaration d'un mauvais état de santé est-elle fonction du fait qu'on soit natif ou non de sa localité de résidence ? D'après les résultats de cette étude, les individus non natifs de leur localité de résidence, indépendamment du niveau de vie et du sexe, se déclarent plus en mauvais état de santé que les natifs de leur localité de résidence. En effet, l'acculturation peut conduire à des changements de comportement qui augmentent les risques spécifiques pour la santé (Ompad et al, 2008). Aussi, les non natifs vivent en général dans des mauvaises conditions économiques et psychologiques qui affecteraient leur état de santé. Ces résultats sont proches de ceux obtenus par Lindström et al (2001) en Suède.

    e) Situation d'activité

    Globalement, et quel que soit le sexe, le risque de se déclarer en mauvais état de santé augmente quand on passe du statut de actif occupé à celui de chômeur, puis de chômeur à inactif pour ce qui concerne les pauvres. En revanche, chez les non pauvres et indépendamment du sexe, force est de constater qu'en général, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé augmente quand on passe du statut de actif occupé ou d'inactif à celui de chômeur. L'exercice d'une activité économique permet d'avoir un soutien social et la reconnaissance des autres qui se traduisent directement et indirectement dans une meilleure santé auto-déclarée. Ce qui n'est pas le cas si on n'exerce pas une activité économique (Kanjanapan, 2003).

    f) Niveau d'éducation

    L'auto-déclaration d'un mauvais état de santé est-elle une fonction décroissante du niveau d'éducation ? Dans cette étude, indépendamment du niveau de vie et du sexe, la probabilité de se déclarer en mauvais état de santé augmente avec le niveau d'éducation. Par contre, la plupart des travaux ont plutôt montré que les mauvais états de santé auto-déclarés sont plus observés chez les individus ayant des niveaux d'éducation bas. Ce résultat plutôt contradictoire obtenu au Cameroun, pourrait se justifier par le niveau très élevé du sous-emploi et du chômage relativement élevé chez les individus ayant des niveaux d'éducation élevés dans ce pays.

    g) Milieu de résidence

    De nombreux travaux se sont intéressés au lien entre le milieu de résidence et la santé auto-déclarée, et leurs résultats confirment une meilleure santé auto-déclarée en milieu rural par rapport au milieu urbain (Alexopoulos et Geitona, 2009). Dans cette étude, nous avons pu établir également qu'au Cameroun, indépendamment du niveau de vie et du sexe, les individus vivant en milieu rural sont ceux qui présentent des meilleurs états de santé auto-déclarée. Grigoriev et Grigorieva (2011) aboutissent eux aussi à un résultat similaire en Biélorussie. En effet, ils montrent qu'après ajustement les hommes et les femmes vivant en milieu rural sont proportionnellement moins nombreux à se déclarer en mauvais état de santé que ceux de en milieu urbain. Cet état de santé différentiel entre les deux groupes de la population (urbain et rural) pourrait être influencé par un certain nombre de facteurs, dont les circonstances sociales (Bobak et al. 2000).

    h) Appartenance à au moins une association

    Ne pas appartenir à une association quelconque augmente t-il la probabilité pour un individu de se déclarer en mauvais santé ? Au regard de nos résultats, on constate que c'est uniquement dans le groupe des hommes pauvres que faire partir d'une association améliore l'auto-déclaration de l'état de santé. C'est dire que chez les hommes non pauvres, les femmes pauvres et non pauvres, il n'existe pas de lien entre l'appartenance à au moins une association et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Plusieurs études ont permis de montrer que le réseau social permet de résoudre les problèmes, de faire face avec adversité et contrôle aux différentes circonstances de la vie (Bacher, 2010). Cela explique entre autre les résultats obtenus chez les pauvres au Cameroun. En effet, faire partie d'une association pour cette tranche de la population, leur permet en général de mieux faire face aux multiples problèmes économiques dont ils (généralement les hommes) ont la charge. En revanche chez les non pauvres, on pourrait penser entre autre que faire partir d'une association ne leur fourniraient pas d'effet sensibles et directement bénéfiques eu égard de leur situation économique déjà avantageuse par rapport une bonne franche de la population.

    i) Consommation d'alcool

    Les individus qui consomment l'alcool, indépendamment du niveau de vie et du sexe, se déclarent plus en mauvais état de santé que ceux qui n'en consomment pas. En effet, L'impact de l'alcool est généralement néfaste. Ainsi, la consommation d'alcool peut s'accompagner de nombreuses conséquences dommageables sur le plan de la santé et sur le plan social, comme l'ébriété et la dépendance à l'alcool. (Gaumé, 2007 ; Room et Babor, 2005). Ces résultats concordent avec ceux de Hou et Chen (2003) au Canada.

    IV.2.2. Suggestions

    Au terme de cette étude portant sur les déterminants socioéconomiques du mauvais état de santé auto-déclaré, qu'il nous soit permis de formuler quelques suggestions aussi bien à l'endroit des acteurs de l'élaboration et de la mise en oeuvre des programmes qu'à des chercheurs.

    Ø Les concepteurs des programmes et projets de promotion de la santé :

    ü Les résultats de cette étude ayant montré que l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé est parfois fonction du niveau de vie et du sexe de l'individu, en conséquence : une politique de promotion de la santé au Cameroun doit nécessairement tenir compte des spécificités des différents groupes sociaux (qui composent la population) en matière de santé. Il s'agit notamment des pauvres et non pauvres ; des hommes et des femmes ; et des urbains et ruraux ;

    ü Faire la promotion des activités génératrices des revenus et surtout en direction des groupes économiquement défavorisés. Il s'agit par exemple de fournir un appui financier ou technique dans l'élaboration, le financement et la mise en oeuvre des microprojets. Aussi, on pourra penser à davantage améliorer les conditions de création des entreprises au Cameroun ;

    ü Vulgariser les campagnes de sensibilisation à l'auto-emploi des jeunes diplômés. Il s'agit de réaliser des supports de communication plus conformes aux réalités socioculturelles et d'axer les messages de communication de façon à dissiper les craintes des diplômés par rapport à l'entreprenariat ;

    ü Promouvoir le changement des comportements en matière de santé en général, en développant des stratégies de marketing social au sein de la population au Cameroun. Il faudra amener la population à adopter des comportements favorables à la santé à l'instar de la réduction de la consommation d'alcool.

    Ø Les chercheurs :

    ü Les chercheurs désireux de se lancer dans ce genre d'étude, devraient orienter davantage leurs réflexions sur les perceptions socioculturelles de la santé qu'a la population étudiée ;

    ü Pour mieux étudier les déterminants du mauvais état de santé auto-déclaré en général selon le niveau de vie en particulier, il serait plus intéressant d'organiser des enquêtes spécifiques prenant en compte lors de leurs conceptions l'ensemble des facteurs supposés explicatifs de l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé que ne saisissent pas en général les enquêtes classiques d'envergure.

    CONCLUSION

    Cette étude avait pour objectif général de contribuer à la connaissance des facteurs associés à l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé selon le niveau de vie et le genre au Cameroun.

    De façon spécifique, il s'agissait d'identifier les facteurs associés à l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé selon le niveau de vie et le genre au Cameroun, d'établir un ordre d'influence entre les différents groupes de facteurs explicatifs du mauvais état de santé perçue au Cameroun, et enfin de mettre en exergue les similitudes et les divergences dans les déterminants de l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé selon le niveau de vie et le genre au Cameroun.

    Au terme de ce travail, on a pu constater que l'ensemble de nos variables exogènes, en fonction du niveau de vie et du sexe de l'individu, influencent la perception que ce dernier a de son état de santé. En effet, les variables du mode de vie (l'appartenance à une association, la consommation d'alcool), les variables démographiques (l'âge, le statut matrimonial, le statut migratoire interne, le lien de parenté avec le chef de ménage), des variables économiques (l'activité économique) et les variables socioculturelles (le milieu de résidence, le niveau d'instruction) ont, en fonction du niveau de vie et du sexe, un lien statistique significatif avec l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Spécifiquement, l'hypothèse originale de l'existence d'une relation entre le lien de parenté avec le chef de ménage et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé se trouve confirmée uniquement chez les non pauvres et indépendamment du sexe considéré.

    Notons également que les facteurs démographiques sont les déterminants les plus importants de l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé quel que soit le niveau de vie et le sexe de l'individu. Toutefois, les réalités socioculturelles, indépendamment du niveau de vie et du sexe, priment sur les facteurs économiques dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé au Cameroun. Le niveau d'instruction de l'individu, indépendamment du niveau de vie et du sexe, étant le facteur le plus important parmi les variables socioculturelles associées à l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Toutefois le sens de la relation observé est contraire à celui attendu : les personnes les plus instruites se déclarent plus en mauvais état de santé.

    Cette étude a également permis de mettre l'accent sur l'importance de prendre en compte les spécificités des pauvres et des non pauvres, des hommes et des femmes dans la conception, la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des programmes et projets de promotion de la santé au Cameroun.

    Toutefois, elle recommande que de prochaines études viennent expliquer les perceptions socioculturelles qu'ont les individus de la santé et ses effets sur leur état de santé auto-déclaré au Cameroun. Cela devrait certainement permettre de mieux orienter les interventions de promotion de la santé au Cameroun.

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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    ANNEXES

    ANNEXE 1

    Méthode de calcul du seuil de pauvreté lors de l'ECAM3

    La méthode de calcul retenue pour l'évaluation du seuil de pauvreté dans le cadre de l'ECAM3 est basée sur l'approche des besoins essentiels. Un seuil alimentaire a été calculé et le montant correspondant aux besoins de base non alimentaires à été ajouté à ce seuil alimentaire.

    Pour le calcul du seuil alimentaire, à partir des données de l'enquête, l'INS a défini un panier de biens alimentaires représentatifs des choix de consommation de tous les ménages, puis calculé la valeur de ce panier aux prix moyens pratiqués. Les biens du panier ont été combinés de façon à permettre à un individu adulte d'atteindre une norme de 2900 Calories par jour.

    Le seuil total de pauvreté est la somme du seuil alimentaire et du coût des biens essentiels non alimentaires. L'INS définit le bien essentiel non alimentaire de base comme un bien non alimentaire dont l'obtention nécessite de renoncer à satisfaire un besoin de base alimentaire. C'est dans sous cette hypothèse que l'INS a considéré le montant des dépenses non alimentaires des ménages dont la dépense totale est égale au seuil de pauvreté alimentaire comme une estimation des dépenses non alimentaires de base. En effet, ces ménages disposent de ressources suffisantes pour satisfaire tous leurs besoins nutritionnels mais décident d'en affecter une partie à des biens non alimentaires.

    Pour la mesure de ces dépenses non alimentaires de base, l'INS a supposé que les dépenses alimentaires augmentent avec les dépenses totales mais de façon moins que proportionnelle. Ces dépenses sont égales au montant le plus faible des dépenses non alimentaires des ménages qui ont juste les moyens de se procurer le panier de denrées alimentaires de base.

    Pour un ménage qui a la possibilité de satisfaire juste ses besoins nutritionnels ZA, son niveau de dépenses non alimentaires est de NA. On a ainsi pour ce type de ménage :

    NA = ZA - ZA a = (1- a) ZA ;

    Le seuil de pauvreté total ZI est donc composé de ZA (seuil de pauvreté alimentaire) et de NA

    (coût des biens non alimentaires de base), d'où :

    ZI = ZA + NA = ZA + (1- a) ZA = ZA (2- a) ; a est la part moyenne des dépenses alimentaires dans les dépenses totales pour la catégorie de ménages considérée.

    Ainsi donc, le seuil de pauvreté total est un multiple du seuil de pauvreté alimentaire. Le seuil de pauvreté ZA étant déjà connu, il reste à connaître la valeur de a. On peut l'estimer à partir d'une fonction de demande des denrées alimentaires.

    Pour un ménage i donné, on a : si = a +ß1ln(yi / ZA ) + ß2[ln(yi / ZA )]2 + ui (E)

    si est la part des dépenses alimentaires dans la dépense totale yi ; a, ß1 et ß2 sont des paramètres à estimer ; a est l'ordonnée à l'origine et représente une estimation de la part de la consommation alimentaire moyenne des ménages pour lesquels yi = ZA.

    Le seuil total de pauvreté ainsi calculé est en fait un seuil inférieur. Pour marquer la différence entre pauvres et non pauvres en introduisant la catégorie des intermédiaires, l'on peut calculer un seuil de pauvreté supérieur. Ce dernier est toujours égal à la somme du seuil alimentaire et du coût des biens essentiels non alimentaires mais dans ce cas, l'on considère comme dépenses non alimentaires de base les dépenses non alimentaires des ménages dont la dépense alimentaire est égale au seuil de pauvreté alimentaire.

    On montre que le seuil de pauvreté supérieur ZS = ZA / E(s) où E(s) désigne l'espérance mathématique de la part des dépenses alimentaires au point auquel ces dernières sont égales au seuil de pauvreté alimentaire. En considérant l'équation (E), une valeur approchée de E(s) est (a+ß1)/(1+ß1). L'estimation de la fonction (E) permet d'obtenir le seuil de pauvreté.

    * 1 http://www.inpes.sante.fr/SLH/articles/394/07.htm (Consulté le 10 janvier 2012)

    * 2 http://www.fao.org/docrep/003/x2919f/x2919f04.htm (Consulté le 26 janvier 2012)

    * 3 Cette hypothèse est assez originale. En effet, aucune étude à notre connaissance n'a examiné le lien entre l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé et le lien de parenté avec le chef de ménage.

    * 4 Voir Annexe 1






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