n Hje de cons
|
UNIVERSITÉ DE OUAGADOUGOU
Institut Supérieur des Sciences de la
Population
Master en Population et Santé
|
|
Année académique 2010-2011 - Promotion
6
|
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION
Les déterminants du mauvais état de
santé auto-déclaré au Cameroun
Une analyse à partir des données
d'ECAM3
Rédigé par : Nino Alfredo NDJONDO
SANDJO
Superviseur de terrain
NISSACK Françoise, MD, MPH
NO/FHP/Bureau OMS Cameroun
Directeur Adjoint de l'ISSP
Directeur de Mémoire
KOBIANE Jean-François, PhD.
Directeur Adjoint de l'ISSP
Janvier 2012
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
iii
REMERCIEMENTS
iv
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
v
LISTE DES TABLEAUX
vi
RESUME
vii
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
3
I.1. Problématique et justification de la
recherche
3
I.2. Objectifs de l'étude
5
I.2.1. Objectif Général
5
I.2.2. Objectifs spécifiques
5
I.3. Revue de la littérature
6
I.3.1. Les avantages et les inconvénients de
la santé perçue
6
I.3.2. Les déterminants de la santé
perçue
7
I.4. Cadre conceptuel de l'étude
14
I.5. Hypothèses de recherche
16
I.6. Définition de quelques concepts
19
I.6.1. La santé
19
I.6.2. La santé perçue
20
I.6.3. Les déterminants de la
santé
21
I.6.4. Le genre
21
I.6.5. La pauvreté
22
CHAPITRE II : CONTEXTE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE
DE L'ETUDE
23
II.1. Contexte de l'étude
23
II.1.1. Le contexte démographique et
sanitaire
23
II.1.2. Le contexte socioéconomique
23
II.1.3. La promotion de la santé
24
II.2 Méthodologie d'étude
25
II.2.1. Source de données :
présentation de l'ECAM3
25
II.2.2. Variables de l'étude
27
II.2.3. Evaluation des données de
l'ECAM3
29
II.2.4. Méthodes d'analyse des
données
30
CHAPITRE III : PAUVRETE ET SANTE PERÇUE AU
CAMEROUN
34
III.1 Présentation de l'échantillon
d'analyse
34
III.2. Présentation des résultats
36
III.2.1. Prévalence du mauvais état
de santé auto-déclarée selon le niveau de vie
36
III.2.2. Effets bruts des variables
indépendantes sur le mauvais état de santé
auto-déclaré selon le niveau de vie
36
III.2.3. Effets nets des variables
indépendantes sur le mauvais état de santé
auto-déclaré selon le niveau de vie
43
CHAPITRE IV : SANTE PERÇUE DES HOMMES ET DES
FEMMES SELON LE NIVEAU DE VIE AU CAMEROUN
49
IV.1 Présentation des résultats
49
IV.1.1. Effets des variables indépendantes
sur le mauvais état de santé auto-déclaré chez les
hommes et les femmes pauvres
49
IV.1.2. Effets des variables indépendantes
sur le mauvais état de santé auto-déclaré chez les
hommes et les femmes non pauvres
55
IV.1.3. Limites méthodologiques de
l'étude
61
IV.2 Discussion et suggestions
62
IV.2.1. Discussion des résultats
62
IV.2.2. Suggestions
65
CONCLUSION
67
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
69
ANNEXES
76
ANNEXE 1
76
DEDICACE
Je dédie ce travail
à
Ø Ma famille qui a supporté, autant que moi, une
année durant, notre séparation et qui a manqué toute
l'affection que je leur porte.
REMERCIEMENTS
Après avoir rendu grâce à DIEU,
Je tiens à remercier vivement :
- Dr Jean-François KOBIANE, mon directeur de
mémoire, malgré vos multiples sollicitations, vous avez
bien voulu diriger ce travail de recherche ;
- Dr Françoise NISSACK, mon directeur de stage,
malgré votre agenda de travail surchargé, vous avez bien
voulu m'encadrer durant mon séjour au Bureau de
l'Organisation Mondiale de la Santé pour le Cameroun ;
- Dr Charlotte FATY NDIAYE, Représentante
Résidente du Bureau de l'Organisation Mondiale de la Santé pour
le Cameroun pour m'avoir permis d'effectuer mon stage
d'application dans votre institution ;
- l'ensemble du personnel du Bureau de l'Organisation
Mondiale de la Santé pour le Cameroun pour l'accueil et le
soutien durant mon stage dans cette institution ;
- Pr Banza BAYA, Directeur de l'Institut
Supérieur des Sciences de la Population (ISSP), pour votre
dévouement et vos précieux conseils tout au long de cette
formation ;
- l'ensemble des enseignants du Master en population
et santé pour la qualité des enseignements reçus,
les précieuses orientations et la constante assistance durant notre
formation ;
- la fondation Bill et Melinda Gates pour
m'avoir accordé une bourse d'études me permettant de suivre cette
formation de Master en Population et Santé de l'ISSP ;
- la Direction et l'ensemble du personnel enseignant,
administratif et d'appui de l'ISSP pour l'encadrement et le soutien
reçu durant notre formation ;
- mes camarades, les étudiants de la
sixième cohorte du Master en Population et Santé de l'ISSP,
pour leur amitié et leur solidarité tout au long de la
formation.
A TOUS CEUX QUI DE PRES OU DE LOIN ONT CONTRIBUE A
LA REALISATION DE CE TRAVAIL, TROUVEZ ICI L'EXPRESSION DE MA PROFONDE
GRATITUDE.
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS
BIT
|
Bureau International du Travail
|
BUCREP
|
Bureau Central du Recensement et des Etudes de Population
|
CM
|
Chef de Ménage
|
DSCE
|
Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi
|
DSRP
|
Document de Stratégie pour la Réduction de la
Pauvreté
|
ECAM3
|
Troisième Enquête Camerounaise Auprès des
Ménages
|
INS
|
Institut National de la Statistique
|
MINEPAT
|
Ministère de l'Economie, de la Planification, et de
l'Aménagement du Territoire
|
MINSANTE
|
Ministère de la Santé Publique
|
OCDE
|
Organisation de Coopération et de Développement
Economiques
|
OMD
|
Objectifs du Millénaire pour le Développement
|
OMS
|
Organisation Mondiale de la Santé
|
ONU
|
Organisation des Nations Unies
|
PNUD
|
Programme des Nations Unies pour le Développement
|
SNV
|
Organisation Néerlandaise de Développement
|
SPSS
|
Statistical Package for Social Sciences
|
UNFPA
|
Fonds des Nations Unies pour la Population
|
ZD
|
Zone de Dénombrement
|
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Hypothèses secondaires
portant sur le sens des relations
18
Tableau 2 : Description de
l'échantillon de notre étude
35
Tableau 3 : Répartition des individus
selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé,
l'âge et le niveau de vie
37
Tableau 4 : Répartition des individus
selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le
sexe et le niveau de vie
37
Tableau 5 : Répartition des individus
selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le
statut matrimonial et le niveau de vie
38
Tableau 6 : Répartition des individus
selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le
lien de parenté avec le chef de ménage et le niveau de vie
39
Tableau 7 : Répartition des individus
selon l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le
statut migratoire et le niveau de vie
40
Tableau 8 : Répartition des individus selon
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, la
situation d'activité et le niveau de vie
40
Tableau 9 : Répartition des individus selon
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le niveau
d'éducation et le niveau de vie
41
Tableau 10 : Répartition des individus selon
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le milieu
de résidence et le niveau de vie
42
Tableau 11 : Répartition des individus selon
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé,
l'appartenance à au moins une association et le niveau de vie
42
Tableau 12 : Répartition des individus selon
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, la
consommation d'alcool et le niveau de vie
43
Tableau 13 : Effets nets de chacune des
variables explicatives sur la probabilité de se déclarer en
mauvais état de santé selon le niveau de vie au Cameroun (Rapport
de chances)
44
Tableau 14 : Effets de chacune des variables
explicatives sur la probabilité de se déclarer en mauvais
état de santé selon le sexe et chez les pauvres au Cameroun
(Rapport de chances)
50
Tableau 15 : Effets de chacune des variables
explicatives sur la probabilité de se déclarer en mauvais
état de santé selon le sexe et chez les non pauvres au Cameroun
(Rapport de chances)
56
RESUME
L'état de santé auto-déclaré est
un indicateur de prédiction de morbidité et de mortalité
au sein d'une population donnée. Plusieurs travaux se sont
intéressés aux facteurs associés à
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé dans le
contexte des pays occidentaux en général. Il ressort de ces
travaux qu'à l'exception des facteurs biologiques, les
déterminants de la santé perçue peuvent être
regroupés en quatre groupes à savoir : les
déterminants économiques, les déterminants socioculturels,
les déterminants démographiques, et le mode de vie.
Malheureusement, en Afrique Sub-saharienne en général et au
Cameroun en particulier, ces déterminants de l'état de
santé auto-déclaré sont très peu connus. Au
Cameroun, la prévalence du mauvais état de santé
auto-déclaré est relativement élevée.
Afin de mieux appréhender cet indicateur, cette
étude a été entreprise. Elle a pour objectif
général d'analyser les déterminants du mauvais état
de santé auto-perçu, selon le niveau de vie et le genre, au
Cameroun. Pour cela, le modèle Pathway de la Commission des
déterminants sociaux de la santé de l'OMS a été
utilisé comme cadre organisateur de ce travail. L'étude a
concerné un échantillon de 30 133 individus de 15 ans et plus,
interviewés lors de la troisième enquête camerounaise
auprès des ménages (ECAM3). La régression logistique a
été retenue pour mesurer les effets nets de chacune des variables
explicatives.
Cette étude montre qu'en fonction du niveau de vie et
du sexe, les variables du mode de vie (l'appartenance à une association,
la consommation d'alcool), les variables démographiques (l'âge, le
statut matrimonial, le statut migratoire interne, le lien de parenté
avec le chef de ménage), des variables économiques
(l'activité économique) et les variables socioculturelles (le
milieu de résidence, le niveau d'instruction) peuvent déterminer
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Toutefois,
quel que soient le niveau de vie et le sexe, les déterminants
démographiques, suivi des déterminants socioculturels (et surtout
le niveau d'instruction) sont les plus importants dans
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Le niveau
d'instruction de l'individu, indépendamment du niveau de vie et du sexe,
étant le facteur le plus important parmi les variables socioculturelles
associées à l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé.
Cette étude suggère la prise en compte du niveau
de vie et du sexe en particulier, dans l'élaboration et la mise en
oeuvre des politiques et programmes de promotion de la santé au
Cameroun.
Mots clés : Santé
auto-déclarée, pauvreté, Genre, Cameroun.
INTRODUCTION GENERALE
La justice sociale est un aspect fondamental du
bien-être des populations. Elle influe sur la façon dont les gens
vivent et sur le risque de maladie et de décès auquel ils sont
exposés. On observe au sein même des pays de très grandes
différences d'état de santé qui sont étroitement
liées à la condition sociale. Ces inégalités en
santé, qui pourraient être évitées, tiennent aux
circonstances dans lesquelles les individus grandissent, vivent, travaillent et
vieillissent ainsi qu'aux systèmes de soins qui leur sont offerts.
Par ailleurs, les conditions dans lesquelles les gens vivent
et meurent dépendent de forces politiques, sociales et
économiques. Les politiques sociales et économiques
déterminent en grande partie les chances qu'a un enfant de se
développer pleinement et de mener une vie épanouie. On peut juger
du développement d'une société, qu'elle soit riche ou
pauvre, d'après l'état de santé de la population, la
répartition plus ou moins équitable de la santé entre les
différents échelons de la société et le
degré de protection contre les désavantages résultant
d'une mauvaise santé.
La charte d'Ottawa de 1986 recommande à l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS) et aux autres organismes internationaux de
plaider en faveur de la promotion de la santé, dans le cadre de tous les
forums appropriés et d'aider les pays à établir des
programmes et stratégies de promotion de la santé. La
création d'un environnement sain et l'adoption de modes de vie sains qui
nécessitent toutes les deux des initiatives de la part de l'individu, de
la famille et de la communauté sont les deux changements
nécessaires pour parvenir à la santé pour tous (OMS,
1995). En effet, la pauvreté perpétue la mauvaise santé,
l'inégalité entre les sexes et la croissance rapide de la
population (UNFPA, 2004). Au cours de la dernière décennie, la
communauté mondiale a commencé à s'attaquer à la
pauvreté et aux inégalités dans le monde d'une
manière beaucoup plus systématique en fixant les OMD et en
mettant la question des inégalités au coeur de
l'élaboration des politiques sociales. Dans un souci de justice sociale,
l'OMS a constitué en 2005 la Commission des Déterminants sociaux
de la Santé afin de réunir des éléments probants
sur les moyens de promouvoir l'équité en santé et de
donner l'élan nécessaire au niveau mondial pour passer à
l'action (OMS, 2008).
En Afrique, une étude réalisée en 2005
par l'OMS, auprès de quarante pays, souligne que le concept de promotion
de la santé est diversement compris et qu'il est appliqué de
manière parcellaire. Le développement de la promotion de la
santé que l'OMS encourage dans la région repose sur une quadruple
stratégie à savoir : le développement des connaissances et
des aptitudes en renforçant les connaissances des populations en
matière de santé mais aussi les compétences requises pour
promouvoir et protéger les comportements favorables à la
santé, et ainsi prévenir la mauvaise santé, la prise de
mesures en y associant intimement les individus et les
communautés ; la médiation pour concilier les
différents intérêts des individus et des
communautés, et la création d'environnements favorables par la
mise en place de conditions localement étudiées qui facilitent
l'adoption ou la modification des comportements ; et enfin le plaidoyer pour la
création des conditions nécessaires à l'octroi d'une
santé adéquate1(*).
Au Cameroun, à l'instar des tous les pays de l'Afrique
Sub-saharienne, le système de Santé est tourné vers les
soins curatifs; les aspects préventifs et promotionnels étant
relégués au second plan et souvent sans ressources. Plusieurs
études ont également montré que le niveau de
connaissances, attitudes et pratiques en rapport avec les problèmes de
santé est très bas auprès des populations dans ce pays.
Les programmes de santé devraient donc accorder beaucoup d'importance et
de ressources au développement des activités de promotion de la
santé dans la communauté en vue de réduire le nombre et la
gravité des maladies et d'autres problèmes de santé
(MINSANTE, 2007).
L'élaboration des politiques et programmes de
santé nécessite, entre autres, des données probantes sur
les facteurs associés à la mauvaise santé. Le
présent travail apporte sa contribution à la connaissance des
déterminants du mauvais état de santé
auto-déclaré au Cameroun. Pour cela, il est subdivisé en
quatre chapitres. Le premier chapitre présente le cadre théorique
de l'étude. Le chapitre deuxième, quant à lui,
décrit le contexte et l'approche méthodologique de
l'étude. Ensuite, le troisième chapitre présente les
déterminants du mauvais état de santé
auto-déclaré chez les pauvres et les non pauvres au Cameroun.
Enfin, le chapitre quatrième s'intéresse à la santé
perçue des hommes et des femmes selon le niveau de vie au Cameroun.
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE
DE L'ETUDE
Ce chapitre a pour principal objectif de présenter
l'univers scientifique dans lequel a été entreprise cette
étude. Après la problématique et la justification de la
recherche, sont abordés les objectifs, la revue de la
littérature, le cadre conceptuel, les hypothèses de
l'étude et la clarification conceptuelle.
I.1. Problématique
et justification de la recherche
La distribution du risque de maladie et de décès
dans une société est socialement structurée en fonction
de la stratification des groupes sociaux. Les politiques de santé
doivent aujourd'hui mettre l'accent sur la prévention de la mauvaise
santé et l'amélioration de la qualité de vie au
détriment du traitement de la maladie. La prévention constitue un
puissant outil pour améliorer l'état de santé d'une
population. Cependant, il est nécessaire de reconnaître que les
effets des politiques et des programmes de prévention ne sont toujours
pas homogènes pour tous les niveaux de risque et pour tous les groupes
qui constituent une population. En outre, la capacité de tirer profit
des interventions préventives apparait, elle aussi, comme étant
liée a l'appartenance à certains groupes sociaux. Il est donc
important de toujours associer l'objectif d'amélioration de la
santé d'une population avec un objectif explicite de diminution des
inégalités sociales de santé (Potvin et al., 2010 ;
OMS, 1995 ; OMS, 2009a ; OMS, 2010).
De plus, avec l'interrelation entre la population, le
développement, l'environnement et la santé, les politiques de
santé ne se limitent plus à la santé stricto
sensu. L'état de santé dépend de plus en plus de
circonstances sociales et économiques sur lesquelles le secteur de la
santé n'a que peu de prise. Les politiques de santé doivent donc
permettre à chacun de réaliser son plein potentiel en
matière de santé car cela le met en mesure de mener une vie
économiquement et socialement productive (OMS, 1995 ; Carr,
2004 ; OMS, 2008 ; OMS, 2009a). Toutefois, la réalisation du
potentiel de santé optimale nécessite l'identification et la
prise en charge des déterminants de la santé. La charte d'Ottawa
recommande à l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et aux
autres organismes internationaux de plaider en faveur de la promotion de la
santé, dans le cadre de tous les forums appropriés et d'aider les
pays à établir des programmes et stratégies de promotion
de la santé (OMS, 2009a ; OMS, 2010).
En ce qui concerne le Cameroun, le pays dispose d'un document
de politique nationale de promotion de la santé, assorti d'un plan
stratégique pour la période 2006-2011. Toutefois, la promotion de
la santé demeure au niveau théorique, le concept devant mieux
être compris par tous les intervenants, et la pratique axée sur la
réduction des effets des déterminants de la mauvaise
santé. Grâce à l'appui de l'OMS, le pays entend entre
autres traiter les déterminants sociaux et économiques de la
santé, à travers des politiques et des programmes qui accroissent
l'équité en santé, et intègrent des approches
favorables aux pauvres, respectueuses des différences entre les sexes et
fondées sur les droits de l'homme. A cet effet, il s'agira d'identifier
les déterminants de la santé, et s'assurer de leur prise en
compte dans la formulation des politiques et stratégies de santé
(OMS, 2009b ; MINEPAT, 2010).
Plusieurs études, menées dans les pays
occidentaux, ont déjà démontré que l'état de
santé auto-déclaré est un bon indicateur de mesure de
l'état de santé des populations. En effet, l'état de
santé perçu est un très bon précurseur de la
morbidité et de la mortalité, en plus d'être associé
à l'utilisation des soins de santé (Kaplan et al., 1996
cité par Kuaté-Defo, 2005 ; Idler et al., 2000 cité par
Kuaté-Défo, 2005).
Par ailleurs, si les analyses effectuées dans la
littérature sur les déterminants de l'état de santé
auto-déclaré sont relativement nombreuses pour les pays en
développement, celles qui s'intéressent spécifiquement aux
pays africains au Sud du Sahara sont plutôt rares. En particulier, les
études portant sur le Cameroun sont presque inexistantes. C'est pourquoi
l'exemple du Cameroun nous a semblé intéressant pour mieux
comprendre les facteurs associés au mauvais état de santé
auto-déclaré. Il s'agit de savoir : Qui s'estime en mauvais
état de santé au Cameroun ? Selon le niveau de vie et le sexe,
quels sont les groupes sociaux qui se déclarent en mauvais état
de santé ?
Nous avons choisi d'entrée de jeu de faire une
étude selon le niveau de vie pour contribuer à
l'élaboration des politiques et programmes de santé en faveur des
pauvres. En effet, dans le cadre des stratégies nationales de
réduction de la pauvreté et de l'atteinte des objectifs du
millénaire pour le développement, un grand nombre de
gouvernements des pays Africains (dont le Cameroun) ont porté une
attention particulière aux pauvres. Autrement dit, dans le cadre de la
lutte contre la pauvreté, les gouvernements devraient entre autre mettre
en place des politiques et programmes en faveurs des groupes pauvres.
La deuxième stratification dans notre étude,
envisagée selon le genre se justifie quand à elle par la place
importante qu'occupe cette problématique dans l'élaboration des
stratégies et politiques de développement. En effet, les
dernières conférences internationales ont toutes inscrit à
l'ordre du jour le principe de la parité entre hommes et femmes en ce
qui concerne l'accès et l'allocation des ressources et les
opportunités de promotion économique et sociale. Elles se sont
entendues sur la relation fondamentale qui existe entre développement
durable et égalité de genre. A cet effet, les gouvernements et
autres organisations internationales de développement ont
décidé entre autre de produire et diffuser des données et
des informations ventilées par sexe aux fins de planification et
d'évaluation du développement2(*).
L'intérêt de cette étude réside
dans le fait que les rares travaux effectués au Cameroun ne se sont pas
intéressés aux facteurs associés au mauvais état de
santé perçu dans l'ensemble du pays. Ainsi, une intervention sur
ces facteurs, pourrait d'une part améliorer significativement les
indicateurs préoccupants de morbidité et de mortalité au
sein de la population camerounaise et, d'autre part, améliorer les
conditions de vie de la population dans ce pays. Par ailleurs, une connaissance
plus approfondie de ces facteurs au Cameroun permettra d'aider les
décideurs et les planificateurs à mieux orienter leurs
stratégies de promotion de santé et de réduction des
inégalités sociales en santé. Enfin, la
compréhension des raisons du mauvais état de santé
auto-déclaré permettrait le développement de nouvelles
approches de solutions adaptées au contexte socioéconomique du
Cameroun.
I.2. Objectifs de
l'étude
I.2.1. Objectif
Général
L'objectif général de cette étude est de
contribuer à la connaissance des facteurs associés à
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé selon le
niveau de vie et le genre au Cameroun.
I.2.2. Objectifs
spécifiques
De façon spécifique, il est question pour nous
:
ü D'identifier les facteurs associés à
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé selon le
niveau de vie et le genre au Cameroun ;
ü De hiérarchiser les facteurs intervenant dans le
mauvais état de santé perçue selon le niveau de vie et le
genre au Cameroun. Il s'agit ici d'établir un ordre d'influence entre
les différents facteurs explicatifs du mauvais état de
santé perçue au Cameroun ;
ü De mettre en exergue les similitudes et les divergences
dans les déterminants de l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé selon le niveau de vie et le genre au Cameroun.
I.3. Revue de la
littérature
I.3.1. Les avantages et les inconvénients de la
santé perçue
a) Les avantages de la santé
perçue
L'évaluation subjective de la santé est un bon
indicateur de la santé tant au niveau individuel qu'au niveau de la
population. Elle reflète de manière assez fiable l'impact des
problèmes dont souffre la personne interrogée ; elle a en outre
une relation étroite avec la mortalité, la morbidité, le
niveau des capacités fonctionnelles et la consommation de soins
(Tafforeau, 2010 ; Barreto et Carvalho de Figueiredo, 2009 ; Shields
et Shooshtari, 2001). De nombreuses études ont déjà
démontré que l'état de santé déclaré
(santé perçue) est un très bon précurseur de la
morbidité et de la mortalité, en plus d'être associé
à l'utilisation des soins de santé (Kaplan et al, 1996 ; Idler et
al, 2000).
La perception subjective de l'état de santé est
donc un instrument utile pour la détection des groupes à risque
et comme indicateur des besoins de la population en matière de soins. La
santé subjective est reprise parmi les indicateurs de santé et de
qualité de vie, notamment dans le cadre du deuxième but de
«La Santé pour Tous» de l'OMS mais aussi dans la liste des
Indicateurs de Santé Européens. C'est d'ailleurs l'un des
indicateurs de santé recommandés par l'OMS pour le suivi de
l'état de santé des populations (Centre for Health Protection,
2010). La santé perçue est reconnue comme une mesure
synthétique de l'état de santé. Elle dépend de la
représentation de la « bonne santé » que se
fait la personne, de ses connaissances et de ses exigences à cet
égard, ainsi que des ressources dont elle dispose pour gérer sa
santé (Devaux et al, 2008).
b) Les inconvénients de la santé
perçue
Notons toutefois que des recherches qualitatives et
quantitatives indiquent que les personnes appartenant aux classes sociales les
moins favorisées auraient tendance à « surévaluer
» leur état de santé, ou à en avoir une vue plus
partielle et fataliste qui se centrerait sur les aspects directement
fonctionnels du corps (Girard et al, 2000 ; Sen, 2002). Tout porte à
croire que cette distorsion conduit à sous-estimer les écarts
sociaux de santé parfois observés.
Aussi, dans le cadre des comparaisons internationales, les
différences entre pays de la perception de l'état de santé
général sont souvent difficiles à interpréter car
les réponses peuvent dépendre non seulement de différences
dans la formulation des questions et réponses mais aussi de facteurs
culturels (OCDE, 2009).
I.3.2. Les déterminants de la santé
perçue
De nombreuses études se sont penchées sur les
facteurs déterminant les réponses des individus à cette
interrogation. En plus des facteurs génétiques, on distingue
généralement trois grandes familles de déterminants de
l'état de santé d'une population : les comportements ; les
facteurs économiques, socioculturels et démographiques ; et
le système de santé (Potvin et al., 2010). Parmi ces facteurs,
l'influence de la culture a été souvent discutée et
invoquée pour souligner la difficulté des comparaisons
internationales de perception de la santé (Kuate-Defo, 2005 ; Jylha
et al., 1998 ; Camirand et al., 2009 ; Grigoriev et Grigorieva,
2011).
Nous nous intéresserons dans cette section aux
déterminants économiques, socioculturels et
démographiques.
a) Le sexe
Les femmes, malgré leur espérance de vie
supérieure à celle des hommes, ont plus tendance à porter
un jugement négatif sur leur santé par rapport aux hommes
(Kuate-Defo, 2005 ; Goldberg et al, 2001 ; Serrano-Gallardo et al,
2009 ; Barreto et Carvalho de Figueiredo, 2009). Il existe une
inégalité entre les hommes et les femmes en matière
d'état de santé qui serait liée aux facteurs
socioéconomiques (Serrano-Gallardo et al, 2009). De nombreux travaux
à l'instar de Shields et Shooshtari (2001) au Canada, Alexopoulos et
Geitona (2009) en Grèce, Szwarcwald et al (2005) au Brésil
montrent que les hommes se déclarent plus en bonne santé que les
femmes. La principale explication donnée à cette mauvaise
perception de l'état de santé par les femmes est le rôle
joué par les femmes dans la société, par lequel elles
ressentent plus facilement la douleur et l'inconfort par rapport aux hommes du
fait de leur forte exposition aux services de santé par rapport aux
hommes. La faible participation des femmes au marché du travail est
aussi une raison citée dans la littérature (Szwarcwald et al,
2005). Aussi, les femmes et les hommes peuvent : 1) être
exposés différemment à divers risques pour la
santé ; 2) être vulnérables de différentes
façons à divers aspects de l'environnement physique et social et
3) avoir accès dans différentes mesures aux divers
systèmes de soutien et ressources (Vissandjee et al, 2003).
Cependant, Barreto et Carvalho de Figueiredo (2009) dans une
étude au Brésil estiment qu'il n'existe pas de différence
selon le sexe dans la perception de leur état de santé pour les
individus ayant des maladies chroniques. Bacher (2010) au Danemark ne trouve
également pas de lien entre le sexe et la santé perçue.
b) Le milieu de résidence
En général, les individus vivant en milieu rural
ont une meilleure santé perçue que ceux vivant en milieu urbain
bien qu'en milieu rural la mortalité soit plus élevée
(Grigoriev et Grigorieva, 2011). La meilleure santé
auto-déclarée parmi la population rurale pourrait en partie
être expliquée par le biais de déclaration. La
différence dans la perception de la santé en soi entre les deux
groupes de la population pourrait être influencée par un certain
nombre de facteurs, dont les circonstances sociales (Bobak et al, 2000).
Cependant, un biais de déclaration ne semble pas être une
explication explicite et des recherches supplémentaires sont
nécessaires pour explorer son impact sur le fossé urbain-rural
dans l'auto-évaluation de la santé (Grigoriev et Grigorieva,
2011). De nombreux travaux (Alexopoulos et Geitona (2009) en Grèce) se
sont intéressés au lien entre le milieu de résidence et la
santé auto-déclarée, et les résultats confirment
une meilleure santé auto-déclarée en milieu rural par
rapport au milieu urbain. Grigoriev et Grigorieva (2011) dans une étude
en Biélorussie montrent que les hommes et les femmes vivant en milieu
rural sont proportionnellement moins nombreux à se déclarer en
mauvais état de santé que ceux du milieu urbain.
c) L'âge
L'état de santé est naturellement lié
à l'âge (France, 2009). En effet, étant donné que
les problèmes physiques et la survenance des maladies ont tendance
à augmenter avec l'âge, les perceptions moins positives de la
santé sont attendues à un âge avancé (Shields et
Shooshtari, 2001). Les personnes âgées vivent de façon
disproportionnées à différents niveaux avec les maladies
chroniques et des incapacités fonctionnelles. Cela réduit
considérablement leur qualité de vie et augmentent leur demande
de soins de santé et de services sociaux (Hambleton et al, 2005). Bacher
(2010) dans une étude au Danemark montre qu'il existe un lien entre
l'âge et la santé perçue, et conclut que les personnes
âgées sont les plus nombreux à s'auto-déclarer en
mauvais état de santé. Alexopoulos et Geitona (2009) en
Grèce, aboutissent également à la même
conclusion.
Cependant, lorsque l'état physique, les variables
socio-économiques, les variables de comportements de santé et
psychosociaux sont pris en considération, l'association entre
l'état de santé perçue et l'âge disparait. Ainsi, on
peut penser que l'association entre l'âge et la perception de sa
santé n'est pas directement attribuable à l'âge, mais
à ces autres facteurs tels que le départ à la retraite et
la solitude (Shields et Shooshtari, 2001).
d) Le niveau d'instruction
L'éducation est le facteur le plus important
associé à la santé auto-déclarée (Grigoriev
et Grigorieva, 2011 ; Savage et Henning, 2008). En effet,
l'éducation contribue à améliorer l'état de
santé en développant chez l'individu les habilités
à rechercher le savoir, à comprendre les informations et à
résoudre ses problèmes. L'éducation influence les styles
de vie et les comportements de santé, grâce aux connaissances
acquises, à la capacité à en acquérir d'autres et
à travers les revenus élevés qu'elle permet
d'acquérir (France, 2009). Il existe une inégalité selon
le niveau d'éducation, aussi bien pour les hommes que les femmes, dans
la santé auto-déclarée (Grigoriev et Grigorieva, 2011). De
nombreux travaux (Bacher (2010) au Danemark, Alexopoulos et Geitona (2009) en
Grèce) ont d'ailleurs permis de confirmer cette hypothèse. Russo
(2005) dans une étude longitudinale menée dans l'Etat de Utah aux
Etats-Unis a constaté que la majorité des individus ayant
déclaré un mauvais état de santé avait un niveau
d'études secondaire. Ceux ayant fait au moins quatre années
d'études supérieures par contre déclaraient être en
excellente santé. Aussi, Grigoriev et Grigorieva (2011) en
Biélorussie, Szwarcwald et al (2005) au Brésil ont abouti au
même résultat mais ils concluent que le gradient en santé
selon le niveau d'études est plus important chez les femmes.
e) Le statut matrimonial
Le mariage est un important domaine dans lequel le soutien
social peut être établi. En général, les personnes
mariées ont une grande satisfaction de la vie que les personnes vivant
seules. Le bonheur dans un mariage entraîne moins de stress et de
dépression. Un examen effectué par Baider et Bengel (2001,
cité par Serrano-Gallardo et al, 2009) a montré que se marier est
un facteur protecteur pour les hommes, étant donné que le mariage
leur apporte une structure sociale et leur permet de se contrôler plus.
Par contre chez les femmes, ce n'est pas le statut matrimonial en
lui-même mais la satisfaction face aux conflits conjugaux qui est devenue
un facteur prédictif de bonne qualité de vie liée à
la santé. Les femmes mariées peuvent avoir un conflit entre les
rôles productif et reproductif, ce qui ne se produit pas si vous
êtes célibataire (Artazcoz et al, 2007 ; Bourne, 2009). En
outre, les femmes divorcées et séparées peuvent vivre
l'expérience d'un manque de soutien social ou une perte du statut social
par rapport à leur situation antérieure, et cela affecte
gravement leur santé perçue (Serrano-Gallardo et al, 2009). De
nombreuses études ont mis en exergue l'existence de ce lien et dans
quelques études on constate que le lien est parfois inexistant. Ainsi,
Serrano-Gallardo et al (2009) dans une étude à Madrid en Espagne
ont montré que les personnes célibataires, divorcées ou
veuves avaient une mauvaise perception de leur état de santé.
Cependant, Alexopoulos et Geitona (2009) en Grèce,
Bacher (2010) au Danemark ne trouvent pas de lien entre le statut matrimonial
et la mauvais état de santé perçue.
f) L'activité économique
La relation entre travail et santé est complexe, et a
été longtemps un sujet de débat dans la
littérature. L'emploi protège et favorise la santé (Ross
and Mirowski, 1995 cité par Kanjanapan, 2003). Autrement dit, ne pas
travailler est un risque pour la santé. Une situation
d'insécurité, qu'il s'agisse du chômage ou de la crainte de
perdre son emploi a des effets, entre autres, sur la santé mentale, en
particulier l'anxiété et la dépression, et sur la
santé cardiovasculaire. Pour les personnes au chômage, la
réduction des ressources est un élément négatif
supplémentaire. Les effets du chômage sur la santé
s'étendent à diverses formes d'emplois précaires et mal
rémunérés (France, 2009 ; Kanjanapan, 2003 ;
Grigoriev et Grigorieva, 2011). Une explication de cette association est que
l'emploi augmente le statut, le pouvoir et l'indépendance
économique ainsi qu'il confère des récompenses
non-économiques telles que le soutien social et la reconnaissance des
autres et que ces avantages se traduisent directement et indirectement dans une
meilleure santé (Kanjanapan, 2003). Plusieurs auteurs tels que Bacher
(2010) au Danemark, Grigoriev et Grigorieva (2011) en Biélorussie, et
Kanjanapan (2003) en Australie ont pu mettre en exergue l'effet de l'emploi sur
la santé perçue. En particulier, Kanjanapan (2003) dans une
étude en Australie à l'instar de Grigoriev et Grigorieva (2011)
en Biélorussie, a montré que les personnes
n'étant pas en activité économique s'estimaient en mauvais
état de santé par rapport à ceux qui sont en
activité et ce résultat persiste après contrôle par
âge, sexe ou statut socioéconomique. Après contrôle
par âge, les hommes ont plus tendance à déclarer un mauvais
état de santé que les femmes (Grigoriev et Grigorieva, 2011).
Szwarcwald et al (2005) montrent également qu'au Brésil, la
pratique d'une activité économique n'a pas d'effet significatif
sur la santé perçue des femmes alors que son effet chez les
hommes est important.
g) Le statut migratoire
L'effet de la migration interne ou internationale sur la
santé est un sujet de controverse. En effet, il a été
montré que les nouveaux migrants se sentent en bonne santé par
rapport aux populations du pays d'accueil (Effet du migrant sain), pendant que
d'autres études ont montré que les migrants avaient les pires
états de santé dans la population (Serrano-Gallardo et al, 2009).
Plusieurs études ont montré que le mauvais état de
santé était plus perçu chez les immigrés mais
très peu de ces études ont pu expliquer le lien entre la
migration et l'état de santé perçue (Lindström et
al., 2001). L'acculturation peut être associée à des
changements de comportement qui augmentent ou diminuent les risques
spécifiques pour la santé (Ompad et al, 2008). Lindström et
al. (2001) dans une étude au Sud de la Suède trouvent un lien
significatif entre le statut migratoire et l'état de santé mais
en faveur des natifs. Cependant après contrôle par les variables
psychologiques et socioéconomiques, la relation disparaît. Selon,
Dourgnon et al (2008), en France, à situation économique et
sociale donnée, le risque que les immigrés étrangers se
déclarent en mauvais état de santé est plus
élevé que celui des Français nés en France et celui
des immigrés naturalisés. Ce résultat suggère un
effet délétère du fait d'avoir migré sur la
santé. Aussi, parmi les immigrés, Serrano-Gallardo et al. (2009)
dans une étude à Madrid en Espagne montrent que la
différence dans la santé perçue entre les hommes et les
femmes était plus importante que celle observée chez les natifs.
Selon les auteurs, c'est la différence de classe sociale (entre les
immigrés et les natifs) qui en serait la principale cause. En somme, une
des raisons importantes du mauvais état de santé perçu des
immigrés pourrait être les mauvaises conditions économiques
et psychologiques des migrants dans leur nouveau pays qui affecteraient leur
état de santé (Lindström et al., 2001 ; Dourgnon et
al., 2008 ; Serrano-Gallardo et al., 2009).
h) Le niveau de vie
La pauvreté et les difficultés
économiques ont été identifiées comme
détériorant l'état de santé. Cependant la relation
entre le revenu et la santé auto-déclarée reste complexe
(Kanjanapan, 2003 ; Grigoriev et Grigorieva, 2011). La relation entre le
revenu d'un individu et son état de santé
auto-déclaré est également loin d'être simple. Pris
isolément, les revenus sont clairement associés à la
santé auto-déclarée. Sauf chez les femmes en âge de
travailler, la probabilité de se déclarer en mauvais état
de santé diminue avec l'augmentation de revenus. Après
contrôle par l'éducation, le lien est fortement
atténué pour les hommes, mais pas pour les femmes. Deux
principales raisons sont évoquées pour justifier la baisse de
l'intensité de l'association entre le revenu et la santé
auto-déclarée. Premièrement, il ya un lien entre le revenu
et l'éducation. Enfin, le revenu déclaré ne reflète
pas de façon adéquate non seulement le revenu réel mais
aussi le niveau de vie réel des individus (Gilmore et al., 2002).
Généralement en lieu et place du revenu, les auteurs utilisent
des proxys du niveau de vie. Certaines études ont montré que les
individus des groupes socioéconomiques les plus bas souffrent plus
d'évènements stressants et que l'impact émotionnel de ces
évènements est énorme par rapport au reste de la
population (Pozo, 2010). Szwarcwald et al. (2005) au Brésil ont pu
établir un lien statistiquement significatif entre l'indicateur de
niveau de vie et la santé auto-perçue seulement dans un
modèle ajusté par l'âge, et le sexe et en faveur des
niveaux de vie élevés. Grigoriev et Grigorieva (2011) en
Biélorussie, aboutissent au même résultat mais uniquement
pour les hommes. L'association devient non significative après
contrôle par le niveau d'éducation (Grigoriev et Grigorieva,
2011).
i) Le mode de vie
Le mode de vie a été plusieurs fois mis en
évidence comme un facteur lié à la perception de
l'état de santé des individus. Cependant, les contraintes
économiques et sociales influencent les comportements en santé et
nous imposent un ensemble de choix possibles. Ainsi, sous ces multiples
contraintes, les individus doivent choisir soit d'adopter des modes de vie
favorables à la santé ou plutôt des modes de vie
défavorables à la santé. (Savage et Henning, 2008). Dans
une étude menée en Suède, Tervo et al. (2011) ont
montré que la perception de la santé est positivement
corrélée à la pratique d'une activité physique.
Indépendamment du sexe et de l'âge, les personnes pratiquant
régulièrement une activité physique se sentent
généralement en bonne santé par rapport à ceux ne
pratiquant pas d'activité physique. Grigoriev et Grigorieva (2011) ont
abouti également au même résultat en Biélorussie.
Ø La consommation du tabac
Les effets du tabac sur la santé sont très bien
établis. C'est un facteur de risque majeur pour au moins deux des
principales causes de mortalité prématurée : les maladies
du système circulatoire et toute une série de cancers. En outre,
le tabac contribue de manière importante à l'apparition de
maladies respiratoires tandis que sa consommation pendant la grossesse peut
avoir pour conséquence des bébés dont le poids à la
naissance est faible et souffrant de maladies (Savage et Henning, 2008). Quant
à l'effet du tabac sur la santé auto-déclarée,
Grigoriev et Grigorieva (2011) aboutissent à un résultat
surprenant en Biélorussie. Ils montrent qu'il existe une association
inverse entre consommer le tabac et la santé
auto-déclarée : les hommes non-fumeurs sont plus
susceptibles de se déclarer en mauvais état de santé que
les hommes fumeurs. Il n'y a pas de différence en ce qui concerne les
femmes. Des résultats similaires ont été rapportés
dans les études de santé auto-déclarée en Russie
(Bobak et al. 1998) et Ukraine (Gilmore et al., 2002). Deux principales raisons
ont été fournies par certains auteurs pour justifier ces
résultats. Premièrement, Gilmore et al., (2002) ont
suggéré que l'impact du tabac sur la santé est un
processus à long terme. Une étude transversale ne permet
véritablement pas d'évaluer l'impact d'un tel facteur sur la
santé. Comme seconde raison, Bobak et al. (1998) ont
évoqué le problème de biais de sélection. En effet,
certains répondants, principalement pour des raisons de santé,
pourraient avoir cessé de fumer ou n'avoir pas commencé à
fumer. La mortalité plus élevée chez les fumeurs pourrait
également contribuer au biais de sélection.
Ø La consommation de l'alcool
Les mécanismes qui expliquent le rôle de l'alcool
sur la santé sont complexes et multidimensionnels. L'alcool
présente des relations causales reconnues avec plus de 60
problèmes de santé. L'alcool entraîne une morbidité
violente et le plus souvent son impact sur l'organisme est néfaste (Room
et Babor, 2005). Non seulement la quantité d'alcool consommée
mais également le type de consommation, et particulièrement le
fait de boire beaucoup de façon irrégulière,
déterminent l'étendue de la maladie.
L'impact sur la santé d'une consommation excessive
d'alcool, aussi bien sur le plan de la morbidité que de la
mortalité, est considérable dans la plupart des régions du
monde (OMS, 2004). La consommation d'alcool s'accompagne de nombreuses
conséquences dommageables sur le plan de la santé et sur le plan
social, comme l'ébriété et la dépendance à
l'alcool. L'alcool est également une cause de décès et
d'incapacités par accidents et blessures, agressions, homicides et
suicides, et on estime qu'il cause plus de 2 millions de morts chaque
année. (Savage et Henning, 2008 ; OMS, 2004). En somme, l'alcool
est l'un des grands facteurs de risque évitables et son impact sur la
santé se constate principalement sur le long terme (OCDE, 2009 ;
Gaumé, 2007).
Hou et Chen (2003) dans une étude à Toronto
montrent que les personnes ayant des revenus bas, étant
âgées ou de sexe féminin avaient une forte
dépendance vis-à-vis de l'alcool et ne pratiquaient pas
d'activé physique, avaient également des mauvais états de
santé perçue. Paradoxalement, Gaumé (2007) dans une
étude portant sur les pays Baltes montre que plus le niveau de
consommation est élevé, meilleure est la santé
perçue
j) Le capital social
Le capital social désigne les caractéristiques
des relations sociales ou les organisations qui peuvent faciliter l'action
collective visant à l'amélioration de la société.
Ces fonctions peuvent inclure la confiance, la réciprocité, les
normes et les réseaux d'information. Cependant, il n'y a pas de
définition unique du capital social. C'est un concept multidimensionnel
qui est parfois conceptualisé comme structurelle et conceptuelle. La
vision structurelle du capital social se réfère à la
quantité de relations, tout capital social cognitif se
réfère à la qualité de ces relations.
Généralement, des niveaux élevés de capital social
sont associés à des résultats positifs pour la
santé (Ompad et al, 2008). Le capital social constitue donc l'un des
facteurs les plus déterminants de l'état de santé. Ainsi,
avoir des ami(e)s, faire partie d'un club ou d'une communauté, et
s'amuser en groupe sont fortement associés à un bon état
de santé. Les études ont permis de montrer que les niveaux
élevés de capital social sont corrélés aux faibles
taux de mortalité et à une perception positive de son état
de santé. Le réseau social permet de résoudre les
problèmes, de faire face à l'adversité et aux
différentes circonstances de la vie (Bacher, 2010). Il y a un lien
établi de causalité entre les relations sociales et la
santé, dans la mesure où ceux qui sont fortement liés
à la communauté sont moins susceptibles d'être
impliqués dans des comportements de santé à risque (Savage
et Henning, 2008).
Au terme de cette synthèse de la littérature,
force est de constater que les facteurs socioéconomiques associés
à la santé perçue sont assez bien documentés dans
certains contextes (Europe et Amérique) et plutôt rares dans les
pays en voie de développement (en Afrique subsaharienne en particulier).
Toutefois, certains résultats sont parfois contradictoires d'un pays
à un autre et l'effet de certaines variables reste encore
hypothétique. L'identification de l'effet de ces variables sur la
santé perçue dans le contexte des pays d'Afrique Subsaharienne
permettra de mieux élaborer les politiques et programmes de promotion de
la santé. Cela permettra également de mettre en exergue les
spécificités africaines dans les déterminants du mauvais
état de santé auto-déclarée à l'instar de
l'effet du lien de parenté d'un individu avec le chef du ménage
sur l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé.
I.4. Cadre conceptuel de
l'étude
Les études sur les déterminants du mauvais
état de santé auto-déclarée ont permis de mieux
connaître à ce jour le processus et les facteurs de ce
phénomène en général. Ces facteurs ont
été définis à partir des cadres d'analyse et des
modèles dont la robustesse a été établie (Potvin et
al., 2010). Le cadre conceptuel de la recherche sur les déterminants du
mauvais état de santé auto-déclarée en Afrique en
général et au Cameroun en particulier peut s'articuler autour des
points suivants :
Ø Les caractéristiques démographiques,
économiques et socioculturelles de l'individu ;
Ø Les ressources sociales de l'individu ;
Ø Le mode de vie de l'individu ;
Ø Les facteurs psychosociaux et les conditions
matérielles de l'individu.
Schématiquement ce schéma conceptuel se
présente comme suit (figure 1):
Figure 1 :
Schéma conceptuel des déterminants de la santé
perçue
Etat de santé auto-perçu
Facteurs démographiques
L'âge
Le sexe
Le statut matrimonial
Le lien de parenté avec le chef de ménage
Le statut migratoire
Facteurs économiques
Le niveau de vie
La situation d'activité
Facteurs socioculturels
Le niveau d'éducation
Le milieu de résidence
Facteurs psychosociaux
Conditions matérielles
Le Mode de vie
La consommation d'alcool et de tabac
Capital social
L'appartenance à une association
ENVIRONNEMENT POLTIQUE, SOCIOCULTUREL ET
ECONOMIQUE
Ca
Note : En pointillé, c'est la
distribution de l'état de santé selon les différents
facteurs individuels.
Source : Adapté du modèle Pathway
de la Commission des déterminants sociaux de la santé (CDSS) de
l'OMS (Potvin et al., 2010).
Ce cadre conceptuel contribue à identifier les causes
fondamentales sociales et structurelles des inégalités sociales
de santé et illustre la façon dont elles agissent sur d'autres
facteurs intermédiaires et successifs pour déterminer in
fine les états de santé différentiels des
populations. Il présente un double avantage en ce sens qu'il permet non
seulement de mettre en exergue les déterminants de la santé, mais
aussi d'expliquer la genèse des inégalités sociales de
santé (Potvin et al., 2010).
L'accent est mis sur les caractéristiques de
l'individu. Il s'agit dans ce cas de l'ensemble des facteurs qu'ils soient
démographiques, économiques ou socioculturels qui entrent en jeu
dans la perception qu'a l'individu de son état de santé. Les
facteurs démographiques de l'individu (l'âge, le sexe, le statut
matrimonial, le lien de parenté avec le chef de ménage, le statut
migratoire interne (Natif ou non)) se conjuguent avec ses déterminants
économiques (le niveau de vie et la situation d'activité) et
socioculturels (le niveau d'éducation et le milieu de résidence).
Plusieurs études ont montré l'influence de ces variables dans la
perception qu'ont les individus de leur état de santé (Grigoriev
et Grigorieva, 2011 ; Kuate-Defo, 2005 ; Potvin et al., 2010). Ces
déterminants relatifs aux caractéristiques de l'individu
conditionnent le capital social, le mode vie, l'état psychosocial et les
conditions matérielles de ce dernier dans un contexte politique,
socioculturel et économique bien précis. De même, ces
facteurs sociodémographiques, socioéconomiques et socioculturels
contribuent directement à l'explication de l'état de santé
auto-déclaré. Les ressources sociales, le mode de vie, les
facteurs psychosociaux et les conditions matérielles d'un individu
déterminent ainsi la perception qu'il a de son état de
santé. En somme, on débouche sur des états de santé
auto-déclarés différentiels selon les
caractéristiques démographiques, économiques et
socioculturels (Ompad et al, 2008, Savage et Henning, 2008 ; Bacher, 2010,
Kanjanapan, 2003).
Enfin, il est important de faire remarquer que dans la
présente étude, tous les facteurs psychosociaux et les conditions
matérielles ne seront pas examinés compte tenu des données
disponibles.
I.5. Hypothèses de
recherche
Les perceptions qu'ont les individus de leur propre
état de santé en Afrique Subsaharienne en général
et au Cameroun en particulier dépendent de plusieurs facteurs
socioéconomiques. D'une part, elles tiennent compte de leurs
caractéristiques individuelles telles que les facteurs
démographiques, économiques et socioculturels et d'autre part, du
mode de vie adopté et du capital social dont ils disposent, pour
évaluer leur état de santé. L'amélioration de
l'état de santé auto-déclaré d'un individu passe
par l'adoption d'un mode de vie favorable à la santé et
l'amélioration de la qualité et la quantité de son capital
social sous l'influence de plusieurs facteurs d'ordre démographique,
socioculturel, et économique. La nécessité
d'élaborer des politiques de santé favorables aux pauvres et en
tenant compte de l'approche genre et développement tel que
recommandé par les gouvernements et autres institutions internationales
nous amène à tenir compte de ces deux variables de
stratification. L'étude des déterminants socioéconomiques
du mauvais état de santé auto-déclaré selon le
niveau de vie nécessite de tester quelques hypothèses relatives
aux facteurs relevés ci-dessus. Conformément à nos
objectifs, nous formulons les hypothèses principales suivantes :
a) Hypothèse A : Les
caractéristiques socioculturelles d'un individu sont plus importantes
que les caractéristiques économiques et démographiques
dans l'auto-évaluation de son état de santé au
Cameroun ;
Cette hypothèse est liée au fait que le
comportement d'un individu est fortement inspiré de son environnement
socioculturel et de son éducation. Cet élément semble plus
déterminant dans l'adoption d'un mode de vie d'une part et de la
perception de son état de santé d'autre part. En plus, certains
travaux on montré que le lien entre le niveau de vie et la santé
perçue devient inexistant après contrôle par le niveau
d'éducation (Grigoriev et Grigorieva, 2011).
b) Hypothèse B : Le niveau
d'instruction de l'individu détermine le plus la perception qu'il a de
son état de santé parmi les facteurs socioculturels au
Cameroun ;
Plusieurs travaux ont montré que l'éducation est
le facteur le plus important associé à la santé
auto-déclarée (Grigoriev et Grigorieva, 2011 ; Savage et
Henning, 2008). Cette hypothèse trouve donc sa raison d'être par
le fait qu' un individu instruit dispose des habiletés à
rechercher le savoir, à comprendre les informations et à
résoudre ses problèmes.
Des hypothèses secondaires portant sur le sens de la
relation sont également émises dans le tableau N°1
suivant.
Tableau 1 :
Hypothèses secondaires portant sur le sens des relations
Caractéristiques individuels
|
Relations communément admises
|
Hypothèses sur le sens de la
relation
|
Les facteurs démographiques
|
L'âge
|
Les perceptions moins positives de la santé sont
attendues à un âge avancé (Shields et Shooshtari, 2001).
|
Les personnes plus âgées ont plus de chance de se
déclarer en mauvais état de santé que les personnes moins
âgées.
|
Le sexe
|
Les femmes ont plus tendance à porter un jugement
négatif sur leur santé par rapport aux hommes (Kuate-Defo,
2005).
|
Les femmes ont plus de chance de se déclarer en mauvais
état de santé que les hommes.
|
Le statut matrimonial
|
Les personnes mariées s'estiment
généralement en bonne santé.
|
Les individus non mariés ont plus de chance de se
déclarer en mauvais état de santé que ceux étant
mariés.
|
Le lien de parenté avec le chef de
ménage3(*)
|
Les personnes n'ayant pas de lien avec les chefs de
ménages se déclarent plus en mauvais état de
santé.
|
Les individus moins proches des chefs de ménages
ont plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé
que ceux étant très proches des chefs de ménages.
|
Le statut migratoire
|
Les migrants avaient les pires états de santé
dans la population (Serrano-Gallardo et al, 2009).
|
Les non natifs ont plus de chance de se déclarer en
mauvais état de santé que les natifs.
|
Les facteurs économiques
|
La situation d'activité
|
Les personnes n'étant pas en activité
économique s'estimaient en mauvais état de santé par
rapport à ceux qui sont en activité (Kanjanapan, 2003)
|
Les individus inactifs ont plus de chance de se
déclarer en mauvais état de santé que ceux qui sont
actifs.
|
Les facteurs socioculturels
|
Le niveau d'éducation
|
Les individus instruits ont en général un
meilleur état de santé perçu que ceux n'étant pas
instruits.
|
Les individus les moins instruits ont plus de chance de se
déclarer en mauvais état de santé que ceux étant
instruits.
|
Le milieu de résidence
|
En général, les individus vivant en milieu
urbain ont un mauvais état de santé perçue que ceux vivant
en milieu rural (Grigoriev et Grigorieva, 2011).
|
Les individus vivant en milieu urbain ont plus de chance de se
déclarer en mauvais état de santé que ceux vivant en
milieu rural.
|
Les ressources sociales
|
L'appartenance à une association
|
Des niveaux élevés de capital social sont
associés à des résultats positifs pour la santé
(Ompad et al, 2008).
|
Les individus n'appartenant à aucune association ont
plus de chance de se déclarer en mauvais état de santé que
ceux appartenant à au moins une association.
|
Le mode de vie
|
La consommation d'alcool
|
Plus les individus boivent, plus mauvais est leur état
de santé perçu (Gaumé, 2007).
|
Les individus qui consomment de l'alcool ont plus de chance de
se déclarer en mauvais état de santé que ceux qui n'en
consomment pas.
|
I.6. Définition de
quelques concepts
I.6.1. La santé
Plusieurs travaux ont donné des définitions de
la santé, la plus citée est celle de l'Organisation Mondiale de
la Santé (OMS) de 1948. Ainsi, pour l'OMS, « la santé
est un état complet de bien-être physique, mental et social et qui
ne peut être réduit à l'absence de maladie ou
d'infirmité » (OMS, 1986, p.1). Selon cette définition,
la santé est caractérisée par l'intégrité
anatomique, physiologique et mentale, la capacité à assurer ses
rôles familiaux, professionnels et sociaux, et l'absence de risque de
maladie et de décès prématuré. La santé est
donc un concept multidimensionnel (OMS, 1986 ; OMS, 1999 ; Montaut,
2010 ; Tafforeau, 2010).
Dans le contexte de la promotion de la santé, la
santé n'est pas un état abstrait, mais plutôt un moyen
d'atteindre un but. Sur le plan fonctionnel, il s'agit d'une ressource qui
permet de mener une vie productive sur les plans individuel, social et
économique. En somme, la santé est une ressource de la vie
quotidienne, et non le but de la vie ; il s'agit d'un concept positif mettant
en valeur les ressources sociales et individuelles, ainsi que les
capacités physiques (OMS, 1999).
La santé est reconnue comme un droit fondamental de la
personne humaine. La Charte d'Ottawa identifie les conditions préalables
à la santé, qui sont la paix, des ressources économiques
suffisantes, des aliments et un logement appropriés, un
écosystème stable et une utilisation viable des ressources. La
prise en compte de ces conditions préalables met en exergue les liens
inextricables qui existent entre la situation sociale et économique,
l'environnement physique, les modes de vie individuels et la santé. Ces
liens sont la clé d'une compréhension globale de la santé,
qui est un élément essentiel de la définition de la
promotion de la santé (OMS, 1986 ; OMS 1999).
Le maintien et l'amélioration de la santé ainsi
que la poursuite de politiques et de pratiques visant à promouvoir et
protéger la santé sont des responsabilités sociales
reflétées par les actions des décideurs dans le secteur
public et privé (OMS, 1997). Afin de prendre cette responsabilité
et d'améliorer la santé, les décideurs ont besoin des
connaissances sur l'état de santé de la population. La mesure de
la santé peut donc servir comme une première étape dans le
processus de planification de l'action et dans la mise en oeuvre des
interventions. Dans cette relation, Naidoo et Wills (2003, cité par
Bacher, 2010) soulignent quelques raisons supplémentaires pour
lesquelles la mesure de la santé est importante. Tout d'abord,
recueillir des informations sur les problèmes de santé est utile
pour évaluer les besoins d'une population en matière de
santé. Deuxièmement, il est important de mesurer la santé
lors de l'évaluation des programmes de promotion de la santé, ou
pour appuyer la planification en promotion de la santé. Les variables de
résultat peuvent être comparées avec des mesures de base
pour évaluer l'influence d'un programme. En troisième lieu, la
répartition des financements extérieurs nécessite souvent
des faits scientifiquement prouvés en termes de nombre ou d'autres
bonnes raisons.
Dans la pratique, on distingue trois approches de mesure de
l'état de santé à savoir (Montaut, 2010):
- L'approche « médicale » qui
définit le mauvais état de santé à partir de
déclarations ou de diagnostics de maladies et d'anomalies ;
- L'approche « fonctionnelle » qui
définit le mauvais état de santé comme les
difficultés à assumer des tâches ou des rôles
ordinaires à cause d'un problème de santé ;
- L'approche « subjective » qui s'appuie
sur le ressenti de l'individu.
I.6.2. La santé
perçue
La santé perçue est un concept recouvrant
différentes dimensions : santé physique, psychique et sociale. Le
caractère subjectif de la mesure qui est faite dans le cadre des
enquêtes sur la santé provient du fait qu'il s'agit d'une
réaction émotionnelle plutôt que d'une analyse cognitive
systématique. L'appréciation est toutefois sans doute
influencée aussi par l'impression ou l'opinion d'autres personnes, mais
in fine, c'est l'individu lui-même qui prend position (Tafforeau,
2010 ; Hou et Chen, 2003).
Des mesures « objectives » de la santé
nécessitent d'ailleurs une longue liste de questions sur diverses
maladies et fonctions, ce qui les exclut de fait de la plupart des
enquêtes auxquelles les chercheurs en sciences sociales font appel. Ces
derniers se tournent donc souvent vers des mesures auto-déclaratives de
la santé, beaucoup plus simples à collecter. La santé
auto-déclarée correspond à la perception qu'a l'individu
de sa propre santé. On la mesure à l'aide de questions du type :
« Diriez-vous que votre santé est...i) ... très bonne ;
ii) ... bonne ; iii) ... moyenne ; iv) ... mauvaise ; v) ...
très mauvaise » (Clark et Vicard, 2007).
De nombreux travaux ont en effet montré que la
perception de la santé varie aussi en fonction des normes de
santé et des aspirations des individus, facteurs liés à la
culture (Jusot et al., 2008). La connaissance de ces perceptions subjectives,
de leurs relations avec les états de santé ou les comportements
favorables ou défavorables, permet de mettre en évidence les
dimensions importantes pour les individus, les différences entre groupes
sociaux et d'anticiper les changements.
I.6.3. Les déterminants
de la santé
Les déterminants de la santé constituent
l'ensemble des facteurs personnels, sociaux, économiques et
environnementaux qui déterminent l'état de santé des
individus ou des populations. Ces facteurs qui influent sur la santé
sont multiples et agissent les uns sur les autres. Il s'agit des actions des
individus, tels que les comportements en matière de santé et les
modes de vie, mais également de facteurs tels que le revenu et le statut
social, l'instruction, l'emploi et les conditions de travail, l'accès
à des services sanitaires appropriés et les environnements
physiques. Combinés, ces éléments créent
différentes conditions de vie qui ont des effets sur la santé. La
réalisation d'un changement de ces modes de vie et conditions de vie,
qui déterminent l'état de santé, est
considérée comme un résultat intermédiaire en
matière de santé (OMS, 1986 ; OMS, 1999). Le
caractère très vaste des déterminants de la santé
implique de raisonner en approches intersectorielles et de cesser de penser la
santé comme une catégorie à part des autres domaines
sociaux et économiques. Les inégalités sociales de
santé découlent des choix et des politiques des institutions
publiques (Potvin et al., 2010).
I.6.4. Le genre
Le genre est un concept relativement récent car il a
émergé au début des années 90. Il dérive de
l'anglais "gender", dont la traduction française exacte est "rapports
sociaux de sexe" (Rakotondrabe, 2001). Selon l'OMS, le genre sert à
évoquer les caractéristiques des femmes et des hommes qui sont
déterminées socialement alors que le mot sexe se
réfère davantage aux caractéristiques qui les
différencient sur le plan biologique. On naît de sexe
féminin ou masculin mais on apprend à devenir une fille ou un
garçon puis une femme ou un homme. Ces comportements acquis
déterminent l'identité propre à chaque sexe et le
rôle qui lui est dévolu. Le genre transcende donc les simples
identités biologiques des hommes et des femmes pour considérer la
construction sociale de la masculinité et de la féminité,
les interactions sociales entre hommes et femmes, ainsi que les politiques
à mettre en oeuvre dans le but de transformer les structures sociales
qui perpétuent la subordination de la femme. Contrairement au sexe
biologique, la construction sociale des rapports de genre évolue dans le
temps et dans l'espace (Rakotrondrabe, 2001 ; Locoh, 2007 ; SNV,
2004 ; PNUD, 2006).
Dans le domaine de la santé, il est de plus en plus
largement reconnu que les facteurs qui déterminent l'état de
santé des femmes et des hommes présentent des différences.
En effet, les rôles dévolus aux femmes et aux hommes et
l'inégalité des relations entre les sexes interagissent avec
d'autres variables sociales et économiques et se traduisent par des
situations différentes, parfois inéquitables, pour ce qui
concerne l'exposition aux problèmes de santé, l'accès
à l'information et aux services de soins et l'utilisation de ces
derniers. Ces différences ne sont évidemment pas sans
conséquences pour la santé. Les données attestent que les
liens multiples qui existent entre le genre et la santé ne cessent de
s'accumuler. C'est dire que l'analyse du genre dans le domaine de la
santé revêt une importance profonde qui malheureusement a
longtemps été négligée (Locoh, 2007 ; OMS,
2002a ; OMS, 2007 ; SNV, 2004). En effet, elle permet souvent de
montrer comment ces inégalités nuisent à la santé
des femmes, de faire apparaître les obstacles qu'elles doivent surmonter
pour jouir d'une bonne santé et de déterminer des moyens
d'éliminer ces obstacles. L'analyse du genre révèle
également les risques et problèmes particuliers de santé
auxquels sont exposés les hommes du fait du rôle social qui leur
est dévolu (Locoh, 2007 ; OMS, 2002b).
I.6.5. La pauvreté
La pauvreté est généralement
considérée comme un phénomène multidimensionnel. La
«théorie» de la mesure de la pauvreté est très
générale, et s'applique en principe aux pays
développés et en développement bien qu'elle insiste
manifestement dans ces deux cas sur des points différents. On peut dire
que la pauvreté existe dans une société donnée
lorsque le bien-être d'une ou de plusieurs personnes n'atteint pas un
niveau considéré comme un minimum raisonnable (seuil de
pauvreté) selon les critères de cette même
société (Ravaillon, 1996). Elle se mesure
généralement aux moyens des enquêtes quantitatives sur les
conditions de vie des ménages. Au Cameroun par exemple, et selon
l'Institut National de la Statistique (INS), la pauvreté concerne la
couverture satisfaisante ou non de leurs besoins essentiels : nourriture,
logement, santé, éducation, loisirs, etc. (INS, 2002).
CHAPITRE II : CONTEXTE ET
APPROCHE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
II.1. Contexte de
l'étude
Le milieu d'étude est l'ensemble du territoire de la
République du Cameroun. Il porte des traits géographiques,
démographiques, socioculturels, économiques et sanitaires
particuliers.
II.1.1. Le contexte
démographique et sanitaire
L'effectif de la population du Cameroun au 1er janvier 2010
s'élève à 19 406 100 habitants. La population est jeune.
En effet, 46 % de cette population a moins de 15 ans et 6 % environ, 65 ans et
plus. Cette population est une mosaïque d'ethnies dont la mise en place
est assez ancienne. Au niveau actuel des connaissances, on distingue deux
grands types de peuplement, celui du nord et celui du sud (BUCREP, 2010a).
Dans l'axe du nord, on pense que les soudanais sont
arrivés les premiers, suivis des Foulbé (ou peulh). Ces
arrivées s'accompagnaient des guerres de conquête, d'occupation et
de pacification. Quant à l'axe du peuplement du sud, on sait aussi que
les pygmées sont les premiers occupants de cette zone. Ils ont
été rejoints par les « Bantou du sud » dont la
première vague viendrait du bassin du Congo en longeant la côte
Atlantique ; et les « Bantou du nord » qui descendraient du sud de
l'Adamaoua. Il y a enfin les « Bantou de l'ouest » composés
des Tikar, des Bamiléké et des Bamoum.
A l'instar des tous les pays de l'Afrique Sub-saharienne, le
système de santé est essentiellement tourné vers les soins
curatifs. Les volets de prévention et de promotion étant
secondaires bien que le profil épidémiologique du Cameroun soit
dominé par les maladies infectieuses et parasitaires auxquelles
s'ajoutent de plus en plus certaines pathologies métaboliques telles que
l'hypertension artérielle, le diabète sucré et les cancers
ainsi que certaines maladies transmissibles en recrudescence comme la
Tuberculose, la Trypanosomiase humaine africaine et le VH/SIDA.
II.1.2. Le contexte
socioéconomique
Le développement économique du Cameroun repose
principalement, comme la plupart des pays en voie de développement, sur
le secteur primaire. Les productions agricoles vivrières (maïs,
manioc, banane plantain, macabo, riz, mil, sorgho et arachide, etc.) et de
rente (cacao, café, coton, caoutchouc, banane, ananas, etc.) font de
l'agriculture camerounaise la plus riche d'Afrique Centrale. D'une
manière générale, le pays a du mal a être
auto-suffisant sur le plan alimentaire. En effet, les habitudes alimentaires
des populations ne favorisent pas toujours une alimentation quotidienne
équilibrée. Il convient également de relever que la partie
nord du pays est souvent sujette à des famines épisodiques,
conséquences des aléas climatiques (sécheresse
prolongée, inondations) et des invasions des acridiens (criquets
migrateurs). Les ressources pétrolières et forestières
s'ajoutent à celles d'origine pastorale et agricole pour constituer des
arguments de poids en faveur d'une base industrielle sur laquelle le pays
pourrait s'appuyer pour accélérer son développement. En
2008, le Produit Intérieur Brut du Cameroun était estimé
à 11 604 milliards de FCFA, soit près de la moitié de
celui de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique
Centrale (MINEPAT, 2010 ; BUCREP 2010b).
Cependant, le Cameroun reste un pays pauvre. En effet
l'incidence de la pauvreté monétaire d'après la
troisième enquête camerounaise auprès des ménages
(ECAM3) effectuée en 2007 s'est élevée à 39,9%. On
note aussi une très grande disparité de la pauvreté selon
la région et le milieu de résidence. En matière
d'éducation, le taux d'alphabétisation est de 71,9% en 2007. Dans
le domaine de la santé, les jeunes de moins de 5 ans et les personnes de
plus de 50 ans constituent les couches les plus vulnérables. Le taux de
morbidité en 2007 est supérieur à 32% chez ces deux
catégories. Le paludisme est responsable de 35 à 40% du total des
décès dans les formations sanitaires, 50% de morbidité
chez les enfants de moins de 5 ans, 40 à 45% des consultations
médicales, et 30% des hospitalisations en 2007 (MINEPAT, 2010).
En ce qui concerne l'urbanisation, environ 52 % en 2010 de la
population du Cameroun vit en milieu urbain. L'urbanisation avec sa cohorte
d'avantages et de désavantages apparaît comme un des facteurs le
plus restructurant de la société et de l'économie
camerounaise. En effet, les modes de production et de reproduction entre le
milieu urbain et le milieu rural ont de très grandes différences.
Les activités tertiaire et secondaire génératrices d'une
forte valeur ajoutée sont presqu'essentiellement localisées dans
les villes alors que les activités primaires encore vouées
à la subsistance sont abandonnées aux monde rural. (BUCREP,
2010b).
II.1.3. La promotion de la
santé
Au Cameroun, le concept de promotion de la
santé a pris corps dans la stratégie sectorielle de
santé 2001-2015 et s'est matérialisé en 2002 par la
création d'une Direction de la Promotion de la Santé au sein du
Ministère de la Santé Publique. Aussi, plusieurs interventions de
promotion de la santé sont mises en place au Cameroun. Il s'agit
notamment de la protection des groupes vulnérables,
l'amélioration des conditions de vie de la femme, l'amélioration
de la situation socio- politique de la femme, l'amélioration du statut
juridique de la femme, la promotion de l'harmonie dans la famille, le
renforcement du cadre institutionnel de promotion de la femme et de la famille,
l'intégration de l'approche genre dans les politiques et programmes
à tous les niveaux sectoriels, l'intégration de la
médecine scolaire, la scolarisation de la jeune fille, l'hygiène
et l'assainissement, l'amélioration de l'accès à l'eau
potable dans les écoles et la création des latrines, la
création des centres de loisirs et des sports pour la lutte contre
certaines maladies (MINSANTE, 2007).
Toutefois, la coordination nationale des interventions de
promotion de la santé est insuffisante du fait de l'absence d'un cadre
formel de concertation des différents acteurs à tous les niveaux.
En effet, ces programmes agissent de manière disparate, chacun menant
ses activités sans tenir compte de l'autre. Cette approche verticale
laisse oublier que leurs réalisations devraient se faire sur le
même terrain opérationnel, avec les mêmes structures
organisationnelles, en partageant certaines ressources matérielles et
financières et avec les mêmes ressources humaines. (MINSANTE,
2007).
II.2 Méthodologie
d'étude
Il s'agit d'une étude transversale descriptive et
analytique portant sur les déterminants du mauvais état de
santé auto-déclaré au Cameroun. Elle est uniquement
basée sur une approche quantitative. La population d'étude est
celle des individus de 15 ans et plus interrogés lors de la
troisième enquête camerounaise auprès des ménages
(ECAM3) de 2007 au Cameroun. Nous utiliserons donc un sous-échantillon
de l'ECAM3 comme données pour cette étude.
II.2.1. Source de
données : présentation de l'ECAM3
Les données que nous utilisons dans cette étude
sont celles de la troisième enquête camerounaise auprès des
ménages (ECAM3) de 2007 au Cameroun. Celle-ci s'était inscrite
dans le cadre du suivi-évaluation de la mise en oeuvre du Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) et des
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) au Cameroun.
L'ECAM3 a été réalisée par l'Institut National de
la Statistique (INS) avec l'appui technique de la Banque Mondiale.
a) Objectifs
L'objectif principal de l'ECAM3 était d'actualiser le
profil de pauvreté et les différents indicateurs des conditions
de vie des ménages établis en 2001 et d'évaluer
l'efficacité des principaux programmes et politiques mis en oeuvre dans
le cadre de la lutte contre la pauvreté au Cameroun. De plus, l'un de
ses objectifs spécifiques était de produire les données de
base aux niveaux national et régional, par milieu de résidence et
par sexe pour l'amélioration des diverses statistiques officielles
(éducation, santé, environnement, ...) à mettre à
la disposition du public et pour affiner les stratégies sectorielles.
Au-delà de ces deux raisons, notre choix a porté
sur cette source pour effectuer cette étude car outre les informations
sur l'état de santé auto-déclaré, on y retrouve
également les informations sur les caractéristiques
socioculturelles, économiques et démographiques des individus.
b) Echantillonnage
Le champ géographique de l'enquête ECAM3
était l'ensemble du territoire du Cameroun. L'opération a
concerné l'ensemble des ménages ordinaires (par opposition aux
ménages collectifs : internats, casernes, hôpitaux, couvents,
etc.) résidant sur l'ensemble du territoire national, à
l'exclusion des membres du corps diplomatique et de leurs ménages.
L'unité statistique était le ménage.
Les unités d'observation ont été en
même temps le ménage et les individus.
Afin de faire ressortir les spécificités des
grandes métropoles que sont les villes de Douala et Yaoundé,
elles ont été considérés lors de l'ECAM3 comme des
strates (urbaines) à part. Dans chacune des 10 régions, il y
avait 3 strates à savoir une strate rurale, une strate semi urbaine et
une strate urbaine. L'enquête a donc couvert 32 strates dont 10 rurales,
10 semi urbaines et 12 urbaines.
Le plan de sondage appliqué est de type
aléatoire stratifié à deux degrés. Au premier
degré dans chaque strate, l'on a tiré des zones de
dénombrement (ZD), et au second degré, un échantillon de
ménages a été tiré dans chaque ZD
sélectionnée au premier degré.
L'échantillon de l'ECAM3 est constitué de 12 609
ménages répartis dans 742 zones de dénombrement (ZD),
encore appelées simplement zones d'enquête, dans les 12
régions d'enquête (car les villes de Yaoundé et Douala ont
été considérées chacune comme étant des
régions d'enquête) qui couvrent le territoire national. La
collecte proprement dite des données a duré trois (03) mois (mi
septembre à mi décembre 2007).
c) Structuration du questionnaire
Le questionnaire répond d'abord au souci de collecter
une information dont le traitement approprié permet d'atteindre les
objectifs de l'enquête. En dehors de la section 00 sur les
«renseignements généraux », il s'est
organisé autour de 16 sections ou modules dont chacun cerne un domaine
particulier. Pour cette étude, nous avons utilisé les
données provenant des sections 01 (composition et
caractéristiques des membres du ménage), 02 (santé des
membres du ménage), 04 (Activité économique et revenus des
membres du ménage), 8.1 (Migration et mobilité
résidentielle du ménage) et 12 (Patrimoine foncier, accès
au crédit pour la production et capital social du ménage).
Pour la clarté de cet outil de collecte, il avait
été précisé chaque fois la population cible
visée par chaque module, de manière à s'assurer que
l'éligibilité du module ou de la section ne dépendra pas
de l'enquêteur, du contrôleur ou du superviseur.
II.2.2. Variables de
l'étude
a) Variable à expliquer
Le mauvais état de santé
auto-déclaré constitue la variable dépendante et porte sur
la déclaration actuelle (au moment de l'enquête) de l'individu.
Les différentes modalités de réponse à la question
dans le questionnaire étaient : bon, assez bon, passable et
mauvais. Dans cette étude, nous avons rendu cette variable dichotomique
en supposant que ceux qui ont déclaré un état de
santé passable ont un état de santé mauvais (du moins un
état de santé qui n'est pas satisfaisant). A cet effet, les
modalités « Bon » et « Assez
bon » ont été recodées
« Bon » ; et les modalités
« Passable » et « Mauvais »
recodées « Mauvais ». Cette recodification se
justifie entre autre par le choix du modèle d'analyse (modèle
logistique) qui se prête uniquement aux variables dépendante
dichotomique. En définitive, notre variable dépendante est une
variable dichotomique prenant la valeur « 1 » si l'individu a
déclaré que son état de santé perçu est
mauvais ou passable au moment de l'enquête et « 0 » si non.
b) Variables explicatives
Plusieurs variables indépendantes ont été
retenues dans le cadre d'analyse de cette étude (voir tableau 3). On
pourra les classer en cinq principales catégories.
Ø Les variables démographiques
:
L'âge : Pour faire ressortir l'effet
générationnel sur la santé perçue, l'âge a
été recodé en six modalités (voir tableau 3) ;
Le sexe ;
Le statut matrimonial : Le statut matrimonial
a été codé en trois modalités à
savoir : 1 « Célibataire », 2
« Marié(e)/Union libre », 3 « veuf
(ve)/divorcé(e)) » ;
Le lien de parenté avec le chef de
ménage : Le lien de parenté avec le chef de
ménage, dans cette étude, a été recodé en
quatre modalités à savoir : 1 « Chef de
ménage/Conjoint », 2 « Fille/Fils »,
3 « Autre parent », 4 « Aucun
lien » ;
Le statut migratoire: Il s'agit de
déterminer si au moment de l'enquête, l'individu interrogé
vit dans la région où il est né. C'est une variable
dichotomique. Elle prendra la valeur « 1 »si l'individu est
natif de sa localité de résidence et « 0 » si
non.
Ø Les variables économiques
:
Le niveau de vie : Cette variable a
été calculée4(*) par l'INS selon l'approche monétaire de la
pauvreté avec les dépenses de consommation. L'approche absolue de
la pauvreté a été utilisée. Ainsi, cette variable
a été dichotomisée. Pour un individu pauvre la variable
aura la valeur « 1 » et « 0 » si non.
La situation d'activité de l'individu
: Elle permet d'apprécier si l'individu a exercé ou non
une activité économique pendant au moins une heure durant les
sept derniers jours précédant l'enquête. Dans le but de
faire ressortir l'effet de l'exercice d'une activité sur
l'auto-perception de son état de santé, cette variable
dichotomique a été recodé en trois modalités
à savoir : « 1 » si l'individu déclare
être en actif et occupé, « 2 » s'il est un chômeur
qui recherche activement un emploi (au sens du BIT) ou dans le cas d'un
chômeur découragé, et « 3 » pour les
individus inactifs (élèves, étudiants, retraités
etc.).
Ø Les variables socioculturelles :
Le niveau d'instruction : Le niveau
d'instruction de chaque individu s'appréhendera dans cette étude
comme son plus haut niveau d'études atteint au moment de
l'enquête. Cette variable a été recodée pour les
besoins de l'étude en trois modalités : aucun (niveau
d'instruction), niveau primaire, secondaire et plus.
Le milieu de résidence :
L'intérêt de cette variable est qu'elle permet
d'appréhender l'effet du degré d'urbanisation de la
localité de résidence de l'enquêté sur
l'auto-perception qu'il a de son état de santé au Cameroun. La
variable a été codée en trois modalités à
savoir : 1 « Urbain »,
2 « Semi-urbain » et
3 « Rural ».
Ø Le capital social
L'appartenance à une association :
Cette variable devra permettre d'apprécier le capital social de
chaque individu. Dans cette étude, nous l'avons rendue dichotomique.
Ainsi pour un individu appartenant à au moins une association, la valeur
pour cette variable sera « 1 » et dans le cas contraire
elle prendra la valeur « 0 ».
Ø Le mode de vie
-La consommation d'alcool : la consommation
d'alcool permet d'apprécier le mode de vie de l'individu. Cette variable
explicative sera dichotomisée dans cette étude en supposant que
les individus qui ont eu une dépense pour l'achat des boissons
alcoolisées non nulle au cours des 12 mois précédant
l'enquête consomment de l'alcool. Dans le cas où la dépense
est nulle, on supposera qu'ils ne consomment pas l'alcool. Ainsi, pour un
individu consommant l'alcool, cette variable prendra la valeur « 1 »
et la valeur « 0 » si non.
La principale limite de cette variable créée est
qu'elle surestime le nombre de consommateurs d'alcool au Cameroun. En effet, il
existe bel et bien des individus qui dépensent de l'argent dans l'achat
des boissons alcoolisées sans toutefois être des consommateurs
d'alcool.
II.2.3. Evaluation des
données de l'ECAM3
L'évaluation de la qualité des données
est une étape importante dans les études démographiques.
Elle vise à déceler les erreurs et les incohérences
entachées à ces données et éventuellement à
procéder à leur ajustement. Fort de cela, il nous parait
nécessaire, avant l'étape de l'analyse des données
d'évaluer leur qualité. A cet effet, en dépit de la
qualité et de la rigueur appliquée par l'INS, les données
de l'ECAM3 ont fait l'objet d'une évaluation sommaire avant leur
analyse. Pour cela nous avons opté uniquement pour l'appréciation
de l'exhaustivité des variables d'études.
a) Exhaustivité des variables
L'évaluation des taux de réponse des variables
retenues pour l'étude permet de déceler les erreurs
éventuelles qui peuvent entacher les analyses, et d'apprécier la
précision des estimateurs qui en résulteront. En effet, un taux
de non réponse supérieur à 10% pour les variables, affecte
sensiblement la précision des estimations, cause des biais de
représentativité et entraîne des pertes importantes
d'informations.
L'exploitation de la base des données de
l'enquête ECAM3 montre que le taux de réponse enregistré
pour chacune des variables de notre étude est supérieur à
99%. Si l'on s'en tient à ces proportions de non déclarés,
on peut conclure que les données relatives à ces variables sont
relativement d'assez bonne qualité.
II.2.4. Méthodes
d'analyse des données
Plusieurs méthodes statistiques ont été
utilisées pour tester les hypothèses énoncées
précédemment. En effet, nous avons successivement fait recours
à une analyse statistique univariée, bivariée et
multivariée. Les données ont été analysées
avec les logiciel SPSS (Statistical Package for Social Sciences) version 18.0
et Microsoft Excel 2007.
a) Analyse statistique univariée
S'agissant de l'analyse statistique univariée, il s'est
agit de faire un calcul des fréquences relatives des différentes
variables afin d'étudier les effectifs et les différentes
modalités des variables. Pour cela, nous avons procédé
à un recodage systématique des variables avant de
présenter un tableau descriptif de notre échantillon.
b) Analyse statistique bivariée
L'intérêt de l'analyse bi-variée est
d'étudier les associations brutes entre les différentes variables
indépendantes et le mauvais état de santé
auto-déclaré (variable dépendante). Elle permet de
rechercher les relations statistiques, en fonction des hypothèses, sur
le sens de la relation entre chacune des variables explicatives et la variable
à expliquer. La significativité des relations est
effectuée par des tests statistiques spécifiques dont le choix a
été fait en fonction de la nature des variables explicative et
à expliquer.
A cet effet, la variable à expliquer dans cette
étude est ordinale car nous estimons qu'il est existe un ordre
(détérioration progressive) dans le passage d'un bon état
de santé auto-déclarée à un mauvais état de
santé auto-déclarée. Sous cette assertion, à chaque
fois que la variable explicative était également ordinale, la
mesure d'association retenue a été le D de Somers. Dans le cas
où on a eu à faire avec une variable explicative nominale, nous
avons plutôt fait recours au V de Cramer.
Ø Le V de cramer
Le V de Cramer est une mesure de l'intensité de
l'association entre deux variables dont l'une est nominales (ou une variable
nominale et une variable ordinale). Il se base sur le calcul d'un
÷² maximal obtenu théoriquement à l'aide d'un
tableau de contingence : ce dernier aurait alors une seule case non nulle
par ligne ou par colonne (selon que le tableau a plus de lignes ou plus de
colonnes). Ce ÷² max théorique est égal
à l'effectif multiplié par le plus petit côté du
tableau (nombre de lignes ou de colonnes) moins 1.
Le V de Cramer est obtenu en faisant la
racine carrée du
÷² divisé par le ÷² max.
Plus V est proche de zéro, plus il y a
indépendance entre les deux variables étudiées. Il vaut 1
en cas de complète dépendance.
Ø Le D de Somers
Le d de Sommers se définit comme une différence
de probabilité et dont la normalisation s'effectue uniquement par
rapport aux paires distinctes sur la variable indépendante X.
Elle mesure l'association des paires concordantes versus les
paires discordantes uniquement pour les variables ordinales.
Il atteint la valeur +1 pour association monotone
prédictive stricte positive c'est-à-dire que lorsque X augmente,
Y augmente, et à chaque valeur de X (explicative, indépendante)
correspond une et une seule valeur de Y (expliquée, dépendante).
A contrario, la valeur -1 correspond à une association négative,
dans ce cas, quand X augmente, Y diminue. Lorsque les variables sont
indépendantes, d est égal à 0.
c) Analyse statistique multivariée
Les étapes d'analyse précédentes ont
permis déjà de soupçonner certaines relations statistiques
entre les variables, il s'est avéré nécessaire de prendre
en compte l'ensemble des variables dans une approche multivariée. Le but
étant de faire ressortir l'effet net de chaque variable
indépendante sur la variable à expliquer.
Ainsi, compte tenu de la nature dichotomique de la variable
dépendante, le modèle d'analyse explicatif utilisé est la
régression logistique. En effet, c'est une forme de régression
multiple où la variable à expliquer est dichotomique et les
variables explicatives catégorielles, discrètes ou continues. Son
principe est de rendre dichotomique chaque variable nominale ou
catégorielle figurant parmi les variables explicatives en autant de
variables artificielles que la variable a de modalités moins une
unité. Ainsi, pour N variables explicatives catégorielles ayant
chacune K modalités par exemple, le modèle de régression
logistique fournit N*(K-1) paramètres qui s'interprètent comme la
variation de l'effet d'appartenir à la catégorie par rapport
à l'effet d'appartenir à la catégorie de
référence. Il est également important de rappeler que la
variable dépendante est transformée sous forme de
probabilité. Il s'agit donc de mesurer l'effet de certaines variables
indépendantes sur une variable dépendante qui peut
essentiellement prendre les valeurs comprises entre 0 et 1.
La formalisation mathématique de la régression
logistique se présente comme suit :
Avec :
- P (Y=1), la probabilité qu'un individu se
déclare en mauvais état de santé. Elle est donc comprise
entre 0 et 1;
- ß0, la constante du modèle.
Autrement dit la contribution des autres variables inconnues (ou non pris en
compte dans le modèle) dans la probabilité de déclarer un
mauvais état de santé;
- ßi (avec i allant de 1 à N), le
coefficient respectif lié à la variable indépendante
Xi. C'est la contribution marginale de cette variable sur la
probabilité qu'un individu se déclare en mauvais état de
santé. Autrement dit c'est l'impact d'une unité de plus sur le
log des chances (ratio des probabilités). Une autre façon
d'interpréter ces coefficients est de les insérer dans la formule
des chances. C'est cette dernière option que nous avons retenu dans le
cadre de ce travail. Dans ce cas, obtient pour chaque modalité un
rapport de cote. Lorsque ce dernier est supérieur à un, alors les
individus ayant la caractéristique correspondante ont plus de chance de
réaliser le phénomène étudié par rapport aux
individus de référence (modalités de
référence). Si par contre le rapport de cote est
inférieur, ils auront moins de chance. Lorsqu'il est égal
à 1 c'est la même chance.
Ce modèle d'analyse permet de faire ressortir l'effet
des variables explicatives sur la variable à expliquer et de tester
l'intensité et le sens des effets escomptés. Chaque variable
indépendante a été introduite d'abord individuellement
dans le modèle afin de déterminer leurs effets bruts respectifs.
Ensuite les variables ont été introduites par différents
groupes (démographiques, économiques, socioculturels, ressources
sociales et mode de vie) dans le but d'observer l'évolution du R-deux de
chaque modèle et le comportement de chacune des variables explicatives
introduites. Enfin, la réalisation d'un modèle comportant
l'ensemble des variables de l'analyse a permis de faire ressortir les effets
nets de chaque variable explicative sur l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé au Cameroun.
CHAPITRE III : PAUVRETE ET
SANTE PERÇUE AU CAMEROUN
Dans ce chapitre nous présenterons notre
échantillon et l'influence des différentes variables
socioéconomiques sur l'auto-déclaration d'un mauvais état
de santé selon le niveau de vie au Cameroun.
III.1 Présentation
de l'échantillon d'analyse
Notre échantillon d'étude est constitué
de l'ensemble de 30 133 individus de 15 ans et plus, interviewés
lors de la troisième enquête camerounaise auprès des
ménages (ECAM3).
Nous avons utilisé pour l'estimation des proportions
dans cette étude les données extrapolées. En effet, lors
de l'ECAM3, les ménages avaient des probabilités inégales
de faire partir de l'échantillon. L'extrapolation de nos données
a permis d'améliorer l'estimation des proportions et des autres
indicateurs calculés. Les coefficients d'extrapolation que nous avons eu
à utilisé, ont été calculé par l'INS. Ils
représentaient l'inverse des probabilités d'inclusion des
ménages dans l'échantillon d'ECAM3.
D'après le tableau 2 suivant, l'échantillon
d'analyse est constitué en majorité des jeunes de 15-24 ans
(36,1%), des individus de sexe féminin (52%), des individus
mariés ou en union (51,1%), de chefs de ménages ou leurs
conjoints (63,5%), des non natifs de leur localité de résidence
(57,3%), des non pauvres (65,6%), des actifs occupés (79,3%), des
individus de niveau d'éducation secondaire (42,4%), des personnes vivant
en milieu rural (52,3%), des personnes n'appartenant pas à au moins une
association (76,3%) et des consommateurs d'alcool (72,3%).
Tableau 2 :
Description de l'échantillon de notre étude
Variables
|
Echantillon non extrapolé
|
Echantillon extrapolé
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Age
|
|
|
|
|
15-24 ans
|
11 438
|
38,0
|
3 738 039
|
36,1
|
25-34 ans
|
7 360
|
24,4
|
2 576 474
|
24,9
|
35-44 ans
|
4 745
|
15,7
|
1 623 181
|
15,7
|
45-54 ans
|
3 177
|
10,5
|
1 131 024
|
10,9
|
55-64 ans
|
1 769
|
5,9
|
661 471
|
6,4
|
65 ans & +
|
1 644
|
5,5
|
627 278
|
6,1
|
Sexe
|
|
|
|
|
Féminin
|
15 614
|
51,8
|
5 388 288
|
52,0
|
Masculin
|
14 519
|
48,2
|
4 969 179
|
48,0
|
Statut matrimonial
|
|
|
|
|
Célibataire
|
12 762
|
42,4
|
4 003 832
|
38,7
|
Mariée(e)/Union libre
|
14 392
|
47,8
|
5 289 759
|
51,1
|
Veuf (ve)/Divorcé(e)
|
2 966
|
9,8
|
1 061 453
|
10,3
|
Parenté avec le chef de ménage
(CM)
|
|
|
|
|
CM/Conjoint
|
18 071
|
60,0
|
6 578 120
|
63,5
|
Fils/Fille du CM/conjoint
|
6 540
|
21,7
|
2 076 518
|
20,0
|
Autre parent du CM/conjoint
|
4 916
|
16,3
|
1 514 390
|
14,6
|
Aucun lien de parenté avec le CM/conjoint
|
603
|
2,0
|
187 902
|
1,8
|
Statut migratoire interne
|
|
|
|
|
Non Natif
|
18 432
|
61,2
|
5 933 669
|
57,3
|
Natif
|
11 701
|
38,8
|
4 423 798
|
42,7
|
Niveau de vie
|
|
|
|
|
Pauvres
|
8 230
|
27,3
|
3 563 648
|
34,4
|
Non pauvres
|
21 903
|
72,7
|
6 793 819
|
65,6
|
Situation d'activité
|
|
|
|
|
Actif occupé
|
22 481
|
74,6
|
8 209 585
|
79,3
|
Chômeur
|
1 532
|
5,1
|
457 023
|
4,4
|
Inactif
|
6 120
|
20,3
|
1 690 859
|
16,3
|
Niveau de scolarisation
|
|
|
|
|
Non scolarisé
|
6 530
|
21,7
|
2 703 477
|
26,1
|
Primaire
|
9 072
|
30,1
|
3 255 164
|
31,4
|
Secondaire et plus
|
14 503
|
48,2
|
4 392 644
|
42,4
|
Milieu de résidence
|
|
|
|
|
Urbain
|
17 125
|
56,8
|
3 913 915
|
37,8
|
Semi-urbain
|
3 573
|
11,9
|
1 028 271
|
9,9
|
Rural
|
9 435
|
31,3
|
5 415 281
|
52,3
|
Association
|
|
|
|
|
Non
|
22 567
|
74,9
|
7 897 981
|
76,3
|
Oui
|
7 561
|
25,1
|
2 458 009
|
23,7
|
Alcool
|
|
|
|
|
Non
|
8 160
|
27,1
|
2 873 268
|
27,7
|
Oui
|
21 973
|
72,9
|
7 484 199
|
72,3
|
Total
|
30 133
|
100,0
|
10 357 467
|
100,0
|
Source : ECAM3/INS/Cameroun
III.2. Présentation
des résultats
III.2.1. Prévalence du
mauvais état de santé auto-déclarée selon le niveau
de vie
La prévalence du mauvais état santé
auto-déclarée au Cameroun est de 18,82% en 2007. Selon le niveau
de vie, on constate que la proportion des pauvres s'étant
déclarée en mauvais état de santé était de
14,96% contre un niveau de 20,84% chez les non pauvres. Cela laisse penser
à une prévalence de mauvais état de santé
auto-déclarée différentielle selon le niveau de vie. Les
non pauvres semblent se déclarer plus en mauvais état de
santé auto-déclaré que les pauvres au Cameroun.
L'analyse du D de Somers permet de conclure à une
relation positive mais très faible (Valeur du D de Somers = 0,04) entre
le niveau de vie et la prévalence du mauvais état de santé
auto-déclaré au Cameroun. La probabilité de
déclarer un mauvais état de santé pour un individu
augmente avec l'amélioration de son niveau de vie. Au Cameroun, les non
pauvres se sentent plus en mauvais état de santé que les
pauvres.
III.2.2. Effets bruts des
variables indépendantes sur le mauvais état de santé
auto-déclaré selon le niveau de vie
Les tableaux suivants présentent les liens existant
entre l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé et
chacune des caractéristiques individuelles retenues. Les relations ont
été testées à l'aide du V de Cramer (pour les
variables nominales) et du D de Somers (pour les variables ordinales).
a) Age
L'observation du tableau 3 suivant montre
qu'indépendamment du niveau de vie, il existe une relation
statistiquement significative entre l'âge et l'auto-déclaration
d'un mauvais état de santé. L'examen du D de Somers obtenu permet
de conclure à une relation positive et forte entre ces deux variables
quel que soit le niveau de vie de l'individu. La probabilité de se
déclarer en mauvais état de santé pour un individu (pauvre
ou non) augmente avec son âge. Ce résultat corrobore avec ceux
obtenus dans la littérature et tend à confirmer notre
hypothèse secondaire quant au sens de la relation entre l'âge et
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Toutefois,
la relation est plus forte chez les individus non pauvres par rapport aux
pauvres. C'est dire que cette probabilité croît plus rapidement
avec l'âge chez les non pauvres par rapport aux pauvres. En effet, la
proportion des individus pauvres qui se sont déclarés en mauvais
santé passe de 9,84% chez les 15-24 ans à 36,39% chez les 65 ans
et plus. Par contre, pour les non pauvres elle passe de 12,95% chez les 15-24
ans à 48,35% chez 65 ans et plus.
Tableau 3 :
Répartition des individus selon l'auto-déclaration d'un
mauvais état de santé, l'âge et le niveau de vie
Niveau de vie
|
Age en années
|
Mauvais état de santé
auto-déclaré (%)
|
Valeur du
D de Somers
|
Non
|
Oui
|
Total
|
Pauvres
|
15-24
|
90,16
|
9,84
|
100
|
0,14***
|
25-34
|
89,48
|
10,52
|
100
|
35-44
|
85,16
|
14,84
|
100
|
45-54
|
80,25
|
19,75
|
100
|
55-64
|
75,48
|
24,52
|
100
|
65 et +
|
63,61
|
36,39
|
100
|
Non Pauvres
|
15-24
|
87,05
|
12,95
|
100
|
0,17***
|
25-34
|
81,52
|
18,48
|
100
|
35-44
|
78,21
|
21,79
|
100
|
45-54
|
69,89
|
30,11
|
100
|
55-64
|
64,36
|
35,64
|
100
|
65 et +
|
51,65
|
48,35
|
100
|
Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note: Significativité du
khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%; ***p<1%.
b) Sexe
Le tableau 4 ci-dessous montre que, quel que soit le niveau de
vie considéré, il existe une relation statistiquement
significative entre le sexe et l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé. Comme dans la littérature, les femmes, par
rapport aux hommes, se déclarent plus en mauvais état de
santé. Cependant, l'examen du V de Cramer permet de conclure à
une relation très faible chez les pauvres et faible chez les non
pauvres. Dans le groupe des pauvres, 16% des femmes se sont
déclarées en mauvais état de santé contre un niveau
de 13,75% chez les hommes. En ce qui concerne les non pauvres, la proportion de
personnes qui se sont estimées en mauvais état de santé
est respectivement de 23,57% chez les femmes et de 17,98% chez les hommes.
Tableau
4 : Répartition des individus selon
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le sexe et
le niveau de vie
Niveau de vie
|
Sexe
|
Mauvais état de santé
auto-déclaré (%)
|
Valeur du
V de Cramer
|
Non
|
Oui
|
Total
|
Pauvres
|
Féminin
|
84
|
16
|
100
|
0,48***
|
Masculin
|
86,25
|
13,75
|
100
|
Non Pauvres
|
Féminin
|
76,43
|
23,57
|
100
|
0,07***
|
Masculin
|
82,02
|
17,98
|
100
|
Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note: Significativité du
khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%; ***p<1%.
c) Statut matrimonial
Il ressort du tableau 5 suivant qu'indépendamment du
niveau de vie, il existe une relation statistiquement significative entre le
statut matrimonial et l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé. Les individus veufs ou divorcés se déclarent les
plus en mauvais état de santé et les célibataires
étant ceux qui se déclarent les moins en mauvais état de
santé. Le résultat obtenu ici est plutôt contradictoire
avec ceux admis dans la littérature. C'est dire donc que
l'hypothèse selon laquelle les individus mariés ont plus de
chance de se déclarer en mauvais état de santé que ceux
étant mariés, ne se trouve pas confirmée. A l'examen du V
de Cramer, nous observons une relation forte entre le statut matrimonial et
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé aussi bien
chez les pauvres que chez les non pauvres. En effet, la proportion d'individus
en mauvais état de santé auto-déclaré pour ce qui
concerne les pauvres est de 11,38% et 30,37 % respectivement chez les
célibataires et les veuf(ve)s/divorcé(e)s. S'agissant des non
pauvres, cette proportion est de 15,82% et 37,92% respectivement pour les
célibataires et les veuf(ve)s/divorcé(e)s.
Tableau
5 : Répartition des individus selon
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le statut
matrimonial et le niveau de vie
Niveau de vie
|
Statut matrimonial
|
Mauvais état de santé
auto-déclaré (%)
|
Valeur du
V de Cramer
|
Non
|
Oui
|
Total
|
Pauvres
|
Célibataire
|
88,62
|
11,38
|
100
|
0,01***
|
Marié(e)/Union libre
|
85,83
|
14,17
|
100
|
Veuf (ve)/Divorcé(e)
|
69,63
|
30,37
|
100
|
Non Pauvres
|
Célibataire
|
84,18
|
15,82
|
100
|
0,16***
|
Marié(e)/Union libre
|
78,44
|
21,56
|
100
|
Veuf (ve)/Divorcé(e)
|
62,08
|
37,92
|
100
|
Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note:
Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%;
***p<1%.
d) Lien de parenté avec le chef de
ménage
L'observation du tableau 6 qui suit permet de constater
qu'indépendamment du niveau de vie, il existe une relation
statistiquement significative entre le lien de parenté avec le chef de
ménage et l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé. L'examen du D de Somers permet de conclure à une relation
négative entre ces deux variables quel que soit le niveau de vie de
l'individu. Globalement, la probabilité de se déclarer en mauvais
état de santé augmente avec le rapprochement du lien avec le chef
de ménage. Ce résultat ne confirme pas notre hypothèse sur
le sens de la relation entre ces deux variables. Toutefois, la relation est
très faible chez les pauvres et faible chez les non pauvres. Par
exemple, la proportion des individus pauvres qui se sont déclarés
en mauvais état de santé passe de 10,29% chez les enfants du chef
de ménage ou de son conjoint à 16,01% chez les chefs de
ménage ou leurs conjoints. En revanche, pour les non pauvres, elle passe
de 13,13% chez les enfants du chef de ménage ou de son conjoint à
23,34% chez les chefs de ménage ou leurs conjoints.
Tableau
6 : Répartition des individus selon
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le lien de
parenté avec le chef de ménage et le niveau de vie
Niveau de vie
|
Lien de parenté avec le chef de
ménage
|
Mauvais état de santé
auto-déclaré (%)
|
Valeur du
D de Somers
|
Non
|
Oui
|
Total
|
Pauvres
|
Chef de ménage (CM) ou conjoint CM
|
83,99
|
16,01
|
100
|
-0,03***
|
Fils/Fille du CM ou conjoint CM
|
89,71
|
10,29
|
100
|
Autre parent du CM ou conjoint
|
81,24
|
18,76
|
100
|
Aucun lien de parenté avec le CM ou conjoint
CM
|
85,94
|
14,06
|
100
|
Non Pauvres
|
Chef de ménage (CM) ou conjoint CM
|
76,66
|
23,34
|
100
|
-0,08***
|
Fils/Fille du CM ou conjoint CM
|
86,87
|
13,13
|
100
|
Autre parent du CM ou conjoint
|
80,41
|
19,59
|
100
|
Aucun lien de parenté avec le CM ou conjoint
CM
|
81,60
|
18,40
|
100
|
Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note:
Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%;
***p<1%.
e) Statut migratoire
Du tableau 7 suivant, on constate qu'indépendamment du
niveau de vie, il existe une relation statistiquement significative entre le
statut migratoire et l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé. La valeur du D de Somers permet de conclure à une relation
négative et faible entre ces deux variables quel que soit le niveau de
vie de l'individu. Indépendamment du niveau de vie, un individu non
natif à plus de chance de se déclarer en mauvais état de
santé qu'un individu natif. Cette probabilité augmente de
près 5,98 points (de 12,57% à 18,55%) et de 4,68 points (17,73%
à 22,41%) respectivement chez les pauvres et les non pauvres.
Ce résultat est similaire à celui observé
dans la littérature.
Tableau
7 : Répartition des individus selon
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé, le statut
migratoire et le niveau de vie
Niveau de vie
|
Statut migratoire interne
|
Mauvais état de santé
auto-déclaré (%)
|
Valeur du
D de Somers
|
Non
|
Oui
|
Total
|
Pauvres
|
Non natif
|
81,45
|
18,55
|
100
|
-0,09***
|
Natif
|
87,43
|
12,57
|
100
|
Non pauvres
|
Non natif
|
77,59
|
22,41
|
100
|
-0,05***
|
Natif
|
82,27
|
17,73
|
100
|
Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note:
Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%;
***p<1%.
f) Situation d'activité
D'après le tableau 8 ci-dessous, on constate
qu'indépendamment du niveau de vie, il existe une relation
statistiquement significative entre la situation d'activité et
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Toutefois,
l'analyse du V de Cramer permet de conclure à une relation très
faible chez les non pauvres et faible chez les pauvres. On constate
également que chez les pauvres, ce sont les inactifs (25,42%), suivis
des chômeurs (20,79%) qui se déclarent les plus en mauvais
état de santé. Ceux qui présentent par contre des
meilleurs résultats en état de santé
auto-déclaré sont les actifs occupés (13,70%). Par contre
chez les non pauvres, c'est plutôt les chômeurs (26,26%) et ensuite
les actifs occupés (20,83%), qui se déclarent les plus en mauvais
état de santé. Les inactifs (19,25%) se déclarent les
moins en mauvais état de santé dans cette catégorie. En
définitive, Le résultat obtenu chez les pauvres est conforme avec
ceux existants dans la littérature. Par contre, chez les non pauvres,
les résultats obtenus dans la littérature ne se trouvent pas
confirmés.
Tableau 8
: Répartition des individus selon l'auto-déclaration
d'un mauvais état de santé, la situation d'activité et le
niveau de vie
Niveau de vie
|
Situation d'activité
|
Mauvais état de santé
auto-déclaré (%)
|
Valeur du
V de Cramer
|
Non
|
Oui
|
Total
|
Pauvres
|
Actif occupé
|
86,30
|
13,70
|
100
|
0,08***
|
Chômeur
|
79,21
|
20,79
|
100
|
Inactif
|
74,58
|
25,42
|
100
|
Non Pauvres
|
Actif occupé
|
79,17
|
20,83
|
100
|
0,03***
|
Chômeur
|
73,74
|
26,26
|
100
|
Inactif
|
80,75
|
19,25
|
100
|
Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note:
Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%;
***p<1%.
g) Niveau d'éducation
Du tableau 9 ci-dessous, on constate qu'il existe une relation
statistiquement significative entre le niveau d'éducation et
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé uniquement
chez les non pauvres. L'examen du D de Somers permet de conclure à une
relation négative et très faible chez les non pauvres d'autre
part. C'est dire chez les non pauvres, la proportion des individus qui se sont
déclarés en mauvais état de santé diminue quand on
passe du niveau d'éducation de non instruit à celui de
secondaire et plus (en passant par celui de primaire). Elle est de
22,10%, 21,75% et 19,92% respectivement pour le niveau non
scolarisé, primaire et secondaire et plus. Ce résultat
corrobore avec les relations communément admises dans la
littérature sur le sens de la relation entre ces deux variables. En
revanche, chez les pauvres la proportion des individus qui se sont
déclarés en mauvais état de santé augmente quand on
passe du niveau d'éducation de non instruit à celui de
secondaire et plus (en passant par celui de primaire).
Toutefois, on note que les différences observées ne sont pas
significatives. En effet, cette proportion est de 14,01%, 15,12% et 16,39%
respectivement pour le niveau non scolarisé, primaire et secondaire
et plus. L'hypothèse de l'existence d'un lien entre le niveau
d'éducation et l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé se trouve infirmer chez les pauvres.
Tableau 9
: Répartition des individus selon l'auto-déclaration
d'un mauvais état de santé, le niveau d'éducation et le
niveau de vie
Niveau de vie
|
Niveau d'éducation
|
Mauvais état de santé
auto-déclaré (%)
|
Valeur du
D de Somers
|
Non
|
Oui
|
Total
|
Pauvres
|
Non scolarisé
|
85,99
|
14,01
|
100
|
0,01°
|
Primaire
|
84,88
|
15,12
|
100
|
Secondaire et +
|
83,61
|
16,39
|
100
|
Non Pauvres
|
Non scolarisé
|
77,90
|
22,10
|
100
|
-0,04***
|
Primaire
|
78,25
|
21,75
|
100
|
Secondaire et +
|
80,08
|
19,92
|
100
|
Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note:
Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%;
***p<1%.
h) Milieu de résidence
Le tableau 10 qui suit permet de constater qu'il existe une
relation statistiquement significative entre le milieu de résidence et
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé uniquement
chez les pauvres. Le signe du D de Somers obtenu pour les pauvres, permet de
conclure à une relation négative entre ces deux variables. La
valeur du D de Somers signifie également que cette relation est
inexistante chez les non pauvres et plutôt faible chez les pauvres. En
définitive, la probabilité de se déclarer en mauvais
état de santé, chez les pauvres, augmente avec l'urbanisation.
Cette probabilité baisse d'un peu plus de 8,47 points (de 21,98% en
milieu urbain à 13,51%en milieu rural) chez les pauvres. Le sens de la
relation obtenu chez les pauvres est conforme avec la littérature. Par
contre, chez les non pauvres, notre hypothèse n'est pas valide.
Tableau 10
: Répartition des individus selon l'auto-déclaration
d'un mauvais état de santé, le milieu de résidence et le
niveau de vie
Niveau de vie
|
Milieu de résidence
|
Mauvais état de santé
auto-déclaré (%)
|
Valeur du
D de Somers
|
Non
|
Oui
|
Total
|
Pauvres
|
Urbain
|
78,02
|
21,98
|
100
|
-0,08***
|
Semi-urbain
|
80,23
|
19,77
|
100
|
Rural
|
86,49
|
13,51
|
100
|
Non Pauvres
|
Urbain
|
77,74
|
22,26
|
100
|
0,00°
|
Semi-urbain
|
78,67
|
21,33
|
100
|
Rural
|
81,27
|
18,73
|
100
|
Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note:
Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%;
***p<1%.
i) Appartenance à au moins une association
L'analyse du tableau 11 suivant nous permet de constater
qu'indépendamment du niveau de vie, il existe une relation
statistiquement significative entre l'appartenance à au moins une
association et l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé. Aussi, quel que soit le niveau de vie, la valeur du D de Somers
permet de conclure à une relation positive et faible entre ces deux
variables. La probabilité de se déclarer en mauvais état
de santé, indépendamment du niveau de vie, s'accroît quand
on passe du statut de non membre d'une association quelconque à
celui de membre d'au moins une association. Cette probabilité
augmente de 6,41 points (elle varie de 13,97% à 20,38%) et de 7,85
points (18,63% à 26,48%) respectivement chez les pauvres et les non
pauvres. Ce résultat obtenu est contradictoire à ceux
communément admis dans la littérature.
Tableau 11 :
Répartition des individus selon l'auto-déclaration
d'un mauvais état de santé, l'appartenance à au moins une
association et le niveau de vie
Niveau de vie
|
Membre d'une association
|
Mauvais état de santé
auto-déclaré (%)
|
Valeur du
D de Somers
|
Non
|
Oui
|
Total
|
Pauvres
|
Non
|
86,03
|
13,97
|
100
|
0,08***
|
Oui
|
79,62
|
20,38
|
100
|
Non pauvres
|
Non
|
81,37
|
18,63
|
100
|
0,09***
|
Oui
|
73,52
|
26,48
|
100
|
Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note:
Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%;
***p<1%.
j) Consommation d'alcool
D'après le tableau 12 qui suit, on constate
qu'indépendamment du niveau de vie, il existe une relation
statistiquement significative entre la consommation d'alcool et
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. La valeur
du D de Somers permet de conclure aussi à une relation positive et
très faible chez les pauvres et non pauvres d'autre part. La
probabilité de se déclarer en mauvais état de
santé, indépendamment du niveau de vie, augmente quand on passe
du statut de non consommateur d'alcool à celui de
consommateur d'alcool. Cette probabilité augmente de 3,92
points (elle varie de 12,55% à 16,47%) et de 3,75 points (17,92%
à 21,67%) respectivement chez les pauvres et les non pauvres. Au regard
de ce résultat, notre hypothèse sur le sens de la relation entre
la consommation d'alcool et l'auto-déclaration d'un mauvais état
de santé est confirmé.
Tableau 12
: Répartition des individus selon l'auto-déclaration
d'un mauvais état de santé, la consommation d'alcool et le niveau
de vie
Niveau de vie
|
Consommation d'alcool
|
Mauvais état de santé
auto-déclaré (%)
|
Valeur du D de Somers
|
Non
|
Oui
|
Total
|
Pauvres
|
Non
|
87,45
|
12,55
|
100
|
0,04***
|
Oui
|
83,53
|
16,47
|
100
|
Non pauvres
|
Non
|
82,08
|
17,92
|
100
|
0,03***
|
Oui
|
78,33
|
21,67
|
100
|
Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note:
Significativité du khi-deux°p>10%; *p<10%; ** p<5%;
***p<1%.
III.2.3. Effets nets des
variables indépendantes sur le mauvais état de santé
auto-déclaré selon le niveau de vie
Afin de mettre en exergue l'effet net de chacun des facteurs
individuels associés au mauvais état de santé
auto-déclaré au Cameroun, nous avons considéré un
modèle d'analyse comportant l'ensemble des variables
indépendantes. Les variables explicatives sont introduites bloc par bloc
et de façon progressive dans le modèle. Ce procédé
a permis de comprendre comment le pouvoir explicatif de certains blocs
s'atténue ou se renforce au fur et à mesure que les autres blocs
sont pris en compte. Le pseudo-R2 du modèle est un indicateur
du pouvoir prédictif du modèle.
Nous nous basons sur l'évolution du pseudo-R2
pour apprécier le pouvoir explicatif de chaque bloc. Ces blocs
sont au nombre de quatre. Le tableau 13 présente les principaux
résultats obtenus de l'analyse explicative du mauvais état de
santé auto-déclaré au Cameroun.
Tableau
13 : Effets nets de chacune des variables explicatives sur la
probabilité de se déclarer en mauvais état de santé
selon le niveau de vie au Cameroun (Rapport de chances)
|
Modèle 0
|
Modèle 1
|
Modèle 2
|
Modèle 3
|
Modèle 4
|
P
|
NP
|
P
|
NP
|
P
|
NP
|
P
|
NP
|
P
|
NP
|
Membre d'une association
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Non
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Oui
|
1,70
|
1,57
|
1,69
|
1,55
|
1,33
|
1,15
|
1,36
|
1,16
|
1,13°
|
1,08*
|
Consommation d'alcool
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Non
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Oui
|
1,23
|
1,21
|
1,16
|
1,15
|
1,17
|
1,20
|
1,21
|
1,21
|
1,16
|
1,16
|
Age
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
15-24 ans
|
1
|
1
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
25-34 ans
|
1,12
|
1,46
|
|
|
1,13°
|
1,37
|
1,19°
|
1,38
|
1,24*
|
1,39
|
35-44 ans
|
1,65
|
1,90
|
|
|
1,60
|
1,74
|
1,70
|
1,79
|
1,85
|
1,81
|
45-54 ans
|
2,39
|
2,67
|
|
|
2,28
|
2,41
|
2,40
|
2,47
|
2,81
|
2,62
|
55-64 ans
|
2,79
|
3,81
|
|
|
2,69
|
3,51
|
2,75
|
3,59
|
3,58
|
4,19
|
65 ans & +
|
4,83
|
6,90
|
|
|
4,43
|
6,57
|
4,05
|
6,68
|
5,87
|
8,93
|
Sexe
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Féminin
|
1
|
1
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Masculin
|
0,77
|
0,70
|
|
|
0,76
|
0,69
|
0,78
|
0,70
|
0,72
|
0,67
|
Statut matrimonial
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Célibataire
|
1
|
1
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Mariée(e)/Union libre
|
1,41
|
1,57
|
|
|
0,75
|
0,78
|
0,77*
|
0,78
|
0,93°
|
0,83
|
Veuf (ve)/Divorcé(e)
|
3,36
|
3,31
|
|
|
1,15°
|
0,95°
|
1,20°
|
0,97°
|
1,49
|
1,08°
|
Parenté avec le chef de ménage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Chef de ménage (CM)/Conjoint
|
1
|
1
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Fils/Fille du CM/conjoint
|
0,57
|
0,51
|
|
|
0,96°
|
0,82
|
0,91°
|
0,8
|
0,88°
|
0,77
|
Autre parent du CM/conjoint
|
1,08°
|
0,67
|
|
|
1,06°
|
0,77
|
0,93°
|
0,75
|
0,92°
|
0,75
|
Aucun lien avec le CM/conjoint
|
0,73°
|
0,61
|
|
|
0,89°
|
0,86°
|
0,84°
|
0,85°
|
0,82°
|
0,87°
|
Statut migratoire
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Non Natif
|
1
|
1
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Natif
|
0,60
|
0,75
|
|
|
0,63
|
0,78
|
0,64
|
0,79
|
0,74
|
0,87
|
Situation d'activité
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Actif occupé
|
1
|
1
|
|
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Chômeur
|
1,47
|
1,16
|
|
|
|
|
1,78
|
1,49
|
1,50
|
1,41
|
Inactif
|
1,77
|
0,87
|
|
|
|
|
1,82
|
1,06°
|
1,64
|
1,03°
|
Niveau de scolarisation
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Non scolarisé
|
1
|
1
|
|
|
|
|
|
|
1
|
1
|
Primaire
|
1,02
|
0,92°
|
|
|
|
|
|
|
1,60
|
1,57
|
Secondaire et plus
|
1,08
|
0,78
|
|
|
|
|
|
|
2,14
|
1,69
|
Milieu de résidence
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Urbain
|
1
|
1
|
|
|
|
|
|
|
1
|
1
|
Semi-urbain
|
0,95
|
0,95
|
|
|
|
|
|
|
0,97°
|
1,03°
|
Rural
|
0,62
|
0,81
|
|
|
|
|
|
|
0,71
|
0,87
|
R-deux ajusté
|
//
|
//
|
1,2%
|
1,2%
|
8,6%
|
9,0%
|
9,5%
|
9,2%
|
11,4%
|
9,8%
|
Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note 1:
°p>10%; *p<10%; Les autres coefficients significatifs à 5%;
Note 2 : P = Pauvres ; NP= Non
pauvres
a) Le modèle 0
Ce modèle résume les effets bruts existant entre
les facteurs explicatifs de l'auto-déclaration d'un mauvais état
de santé. Il fait ressortir l'effet de chaque variable explicative prise
isolément sur le mauvais état de santé
auto-déclaré selon le niveau de vie au Cameroun.
Indépendamment du niveau de vie, toutes nos variables explicatives sont
discriminantes en matière d'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé au Cameroun. Le modèle 0 confirme les
différentes associations brutes précédemment
établies dans l'analyse bivariée.
b) Le modèle 1
Le modèle 1 met en relation deux principales variables
explicatives (l'appartenance à une association et la consommation
d'alcool) avec le mauvais état de santé
auto-déclaré selon le niveau de vie.
Ce modèle confirme que, quel que soit le niveau de vie,
les individus qui consomment l'alcool se déclarent plus en mauvais
état de santé (1,16 fois chez les pauvres et 1,15 fois chez les
non pauvres) par rapport à ceux qui n'en consomment pas.
Cependant, le modèle infirme l'hypothèse selon
laquelle les individus n'appartenant pas à au moins une association sont
ceux qui se déclarent les plus en mauvais état de santé.
En effet, indépendamment du niveau de vie, les individus qui
appartiennent à au moins une association se déclarent plus en
mauvais état de santé (1,69 fois chez les pauvres et 1,55 fois
chez les non pauvres) par rapport à ceux qui n'appartiennent pas
à une quelconque association.
c) Le modèle 2
Le modèle 2 prend en compte l'ensemble des variables
démographiques, l'appartenance à une association et la
consommation d'alcool. Le R-deux passe 1,2% pour le modèle 1 à
8,6% pour le modèle 2 dans le groupe des pauvres d'une part ; et de
1,2% (modèle 1) à 9,0% (modèle 2) chez les non pauvres
d'autre part. Nous pouvons donc conclure que les variables
démographiques ont le pouvoir explicatif le plus élevé car
c'est la plus grande différence de R-deux observée entre deux
modèles successifs quelconques.
Dans ce modèle, on constate qu'après
contrôle par l'ensemble des variables démographiques de
l'étude, confirme toujours les résultats obtenus dans le
modèle précédant. En effet, les personnes qui consomment
l'alcool se déclarent plus en mauvais état de santé par
rapport à ceux qui n'en consomment pas, et ceux qui appartiennent
à au moins une association se déclarent également plus en
mauvais état de santé par rapport aux individus n'appartenant
à pas à au moins une association.
On note également que l'âge, le sexe, le statut
matrimonial, le lien de parenté avec le chef de ménage, et le
statut migratoire interne déterminent la perception qu'un individu a de
son état de santé.
S'agissant de l'âge, quel que soit le niveau de vie
considéré, le modèle confirme l'hypothèse selon
laquelle les personnes plus âgées ont plus de chance de se
déclarer en mauvais état de santé que les personnes moins
âgées. Par exemple, les personnes de 65 ans et plus ont 4,43 fois
(chez les pauvres) et 6,57 fois (chez les non pauvres) plus de chance de se
déclarer en mauvais état de santé par rapport aux jeunes
de 15 à 24 ans.
En ce qui concerne le sexe, les résultats du
modèle 2 montrent qu'indépendamment du niveau de vie, les hommes
se déclarent moins en mauvais état de santé que les femmes
(0,76 fois chez les pauvres et 0,69 fois chez les non pauvres).
Ensuite, le modèle ne confirme pas la relation brute
obtenue entre le statut matrimonial et l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé. En effet, quelque soit le niveau de vie, le
modèle 2 confirme l'hypothèse que les individus mariés ou
en union sont ceux qui présentent les meilleurs états de
santé auto-déclarés. En effet, les célibataires et
les personnes en rupture d'unions ont la même chance de se
déclarer en mauvais état de santé. Par contre, les
individus en union ont moins de chance que les célibataires de se
déclarer en mauvais état de santé. Ce résultat
permet de valider donc notre hypothèse sur le sens de la relation entre
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé et le statut
matrimonial.
Quant à la relation entre le lien de parenté
avec le chef de ménage et l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé, l'observation des résultats du
modèle permet de constater que, chez les pauvres, le lien de
parenté avec le chef de ménage n'a pas d'effets sur
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Par contre,
chez les non pauvres, le modèle confirme l'existence d'une relation
entre le lien de parenté avec le chef de ménage et
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Il ressort
qu'à l'exception des personnes n'ayant pas de lien de parenté
avec le chef de ménage, la chance de se déclarer en mauvais
état de santé augmente avec le rapprochement du lien de
parenté avec le chef de ménage.
Enfin, le modèle confirme que, quel que soit le niveau
de vie, les natifs se déclarent moins en mauvais état de
santé (0,63 fois chez les pauvres et 0,78 fois chez les non pauvres) par
rapport aux non natifs.
d) Le modèle 3
Le modèle 3 met en relation l'appartenance à une
association et la consommation d'alcool, les variables démographiques,
et la situation d'activité. Le R-deux du modèle 3 par rapport au
modèle 2 précédent augmente de 0,9 point et de 0,2 point
respectivement chez les pauvres et les non pauvres.
Si le modèle permet de confirmer globalement les
résultats observés dans le modèle 2, il permet
également de confirmer que la situation d'activité est aussi un
déterminant de l'état de santé auto-déclarée
quel que soit le niveau de vie. En effet, le modèle confirme que chez
les pauvres, les inactifs se déclarent plus en mauvais état de
santé que les personnes actives (occupées ou chômeurs).
Aussi, les chômeurs présentent des mauvais états de
santé auto-déclarés que les actifs occupés dans le
groupe des pauvres. En ce qui concerne les non pauvres, bien que les actifs
occupés et les inactifs ont les mêmes chances de se
déclarer en mauvais état de santé, ce sont les
chômeurs qui s'auto-déclarent les plus en mauvais état de
santé.
e) Le modèle 4
Le modèle 4 met en relation l'appartenance à une
association et la consommation d'alcool, les variables démographiques,
la situation d'activité, et les variables socioculturelles. Ce
modèle final met donc en relation l'ensemble des variables explicatives.
Le R-deux est passé de 9,1% pour le modèle 3 à 11,4%
pour le modèle 4, et de 9,2% pour le modèle 3 à 9,8% pour
le modèle 4 respectivement chez les pauvres et les non pauvres.
A l'exception de l'appartenance à une association et du
statut matrimonial, les différents résultats observés
entre l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé et
chacune des autres variables dans le modèle 3 se trouvent maintenus dans
le modèle 4.
D'après le modèle 4, le sens de la relation
entre l'appartenance à au moins une association et
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé devient
fonction du niveau de vie. Chez les pauvres, cette relation disparaît
après contrôle par les variables socioculturelles. L'appartenance
à une association n'est pas discriminante dans l'auto-déclaration
d'un mauvais état de santé. Par contre, appartenir à au
moins une association pour un individu non pauvre augmente ses chances de se
déclarer en mauvais état de santé.
En ce qui concerne le statut matrimonial, l'observation du
modèle 4 permet de constater que chez les non pauvres, les personnes en
vivant en unions sont ceux qui se déclarent les moins en mauvais
état de santé. En revanche, chez les pauvres, les personnes
mariées ou en union et les célibataires ont les mêmes
chances de se déclarer en mauvais état de santé. Les
personnes séparées se déclarant les plus en mauvais
état de santé.
L'hypothèse sur le sens de la relation entre le niveau
de scolarisation et l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé n'est pas confirmée dans ce modèle. En effet,
indépendamment du niveau de vie, la probabilité de se
déclarer en mauvais état de santé augmente avec le niveau
de scolarisation. Les personnes les plus instruites se déclarent les
plus en mauvais état de santé.
S'agissant en fin du milieu de résidence, le
modèle confirme que, quel que soit le niveau de vie, les individus qui
vivent en milieu rural se déclarent moins en mauvais état de
santé (0,71 fois chez les pauvres et 0,87 fois chez les non pauvres) par
rapport à ceux du milieu urbain. Indépendamment du niveau de vie,
la probabilité de se déclarer en mauvais état de
santé augmente avec l'urbanisation au Cameroun.
En définitive, au vu des résultats obtenus
après ces analyses, nous pouvons dire que certaines de nos
hypothèses se confirment. D'abord, quelque soit le niveau de vie, les
réalités socioculturelles priment sur les facteurs
économiques dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé au Cameroun. Cependant, les facteurs socioculturels ne sont pas
les plus déterminants. Ce qui stipule que cette hypothèse n'est
pas vérifiée. En effet, les résultats montrent que les
facteurs démographiques sont des déterminants majeurs de
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé que ce soit
chez les pauvres ou chez les non pauvres au Cameroun.
Toutefois, le niveau d'instruction de l'individu est,
indépendamment du niveau de vie, le facteur le plus important parmi les
variables socioculturelles associées à l'auto-déclaration
d'un mauvais état de santé au Cameroun.
CHAPITRE IV : SANTE
PERÇUE DES HOMMES ET DES FEMMES SELON LE NIVEAU DE VIE AU
CAMEROUN
Dans ce chapitre nous présenterons les
déterminants socioéconomiques du mauvais état de
santé auto-déclaré des hommes et des femmes aussi bien
chez les pauvres et que les non pauvres.
IV.1 Présentation
des résultats
IV.1.1. Effets des variables
indépendantes sur le mauvais état de santé
auto-déclaré chez les hommes et les femmes pauvres
Il s'agit ici de mettre en exergue les similitudes et les
divergences dans l'auto-perception de l'état de santé des hommes
et des femmes pauvres au Cameroun.
Pour cela, nous avons considéré toujours un
modèle d'analyse comportant l'ensemble des variables
indépendantes. Cela permet de mettre en exergue l'effet net de chaque
variable introduite. Les variables explicatives sont introduites bloc par bloc,
et de façon progressive dans le modèle. Ce procédé
permet de comprendre comment le pouvoir explicatif de certains blocs
s'atténue ou se renforce au fur et à mesure que les autres blocs
sont pris en compte. Le pseudo-R2 du modèle est un indicateur
du pouvoir prédictif du modèle.
Nous nous basons sur l'évolution du pseudo-R2
pour apprécier le pouvoir explicatif de chaque bloc. Ces blocs
sont au nombre de quatre. Le tableau 14 présente les principaux
résultats obtenus de l'analyse explicative du mauvais état de
santé auto-déclaré selon le sexe, et chez les pauvres au
Cameroun.
Tableau
14 : Effets de chacune des variables explicatives sur la
probabilité de se déclarer en mauvais état de santé
selon le sexe et chez les pauvres au Cameroun (Rapport de chances)
|
Modèle 0
|
Modèle 1
|
Modèle 2
|
Modèle 3
|
Modèle 4
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
Membre d'une association
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Non
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Oui
|
1,66
|
1,58
|
1,66
|
1,87
|
1,38
|
1,39
|
1,41
|
1,41
|
1,12°
|
1,23*
|
Consommation d'alcool
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Non
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Oui
|
1,19
|
1,31
|
1,30
|
1,38
|
1,38
|
1,35
|
1,36
|
1,39
|
1,29
|
1,33
|
Age
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
15-24 ans
|
1
|
1
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
25-34 ans
|
1,12°
|
1,02°
|
|
|
1,19°
|
1,07°
|
1,22°
|
1,20
|
1,28°
|
1,24°
|
35-44 ans
|
1,58
|
1,66
|
|
|
1,61
|
1,73
|
1,68
|
1,89
|
1,84
|
2,10
|
45-54 ans
|
2,37
|
2,39
|
|
|
2,67
|
2,47
|
2,36
|
2,65
|
2,89
|
3,09
|
55-64 ans
|
2,63
|
2,98
|
|
|
2,30
|
3,31
|
2,31
|
3,45
|
3,23
|
4,34
|
65 ans & +
|
5,30
|
4,35
|
|
|
4,30
|
4,69
|
3,89
|
4,41
|
6,05
|
6,14
|
Statut matrimonial
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Célibataire
|
1
|
1
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Mariée(e)/Union libre
|
1,05°
|
1,73
|
|
|
0,76°
|
0,59
|
0,76°
|
0,63
|
1,05°
|
0,68°
|
Veuf (ve)/Divorcé(e)
|
2,78
|
3,67
|
|
|
1,16°
|
0,98°
|
1,21°
|
1,00°
|
1,68
|
1,11°
|
Parenté avec le chef de
ménage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Chef de ménage (CM)/Conjoint
|
1
|
1
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Fils/Fille du CM/conjoint
|
0,72
|
0,47
|
|
|
1,04°
|
0,77°
|
0,99°
|
0,74°
|
0,94°
|
0,72°
|
Autre parent du CM/conjoint
|
1,59
|
0,66
|
|
|
1,21°
|
0,82°
|
1,08°
|
0,74°
|
1,05°
|
0,72°
|
Aucun lien avec le CM/conjoint
|
0,98°
|
0,68
|
|
|
1,12°
|
0,57°
|
1,00°
|
0,53°
|
0,94°
|
0,55°
|
Statut migratoire
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Non Natif
|
1
|
1
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Natif
|
0,58
|
0,61
|
|
|
0,59
|
0,71
|
0,59
|
0,72
|
0,70
|
0,81
|
Situation d'activité
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Actif occupé
|
1
|
1
|
|
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Chômeur
|
1,58
|
1,30°
|
|
|
|
|
1,82
|
1,57°
|
1,50*
|
1,38°
|
Inactif
|
1,90
|
1,60
|
|
|
|
|
1,67
|
1,95
|
1,50
|
1,79
|
Niveau de scolarisation
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Non scolarisé
|
1
|
1
|
|
|
|
|
|
|
1
|
1
|
Primaire
|
1,09°
|
1,14
|
|
|
|
|
|
|
1,71
|
1,48
|
Secondaire et plus
|
1,39
|
1,29
|
|
|
|
|
|
|
2,59
|
1,78
|
Milieu de résidence
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Urbain
|
1
|
1
|
|
|
|
|
|
|
1
|
1
|
Semi-urbain
|
0,92°
|
0,98°
|
|
|
|
|
|
|
0,95°
|
1,03
|
Rural
|
0,56
|
0,70
|
|
|
|
|
|
|
0,70
|
0,76
|
R-deux ajusté
|
//
|
//
|
1,0%
|
1,6%
|
9,1%
|
7,3%
|
9,9%
|
8,3%
|
12,6%
|
9,5%
|
Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note 1:
°p>10%; *p<10%; Les autres coefficients significatifs à 5%;
Note 2 : F = Femmes ; H = Hommes
a) Le modèle 0
Ce modèle présente, pour les pauvres, l'effet de
chaque variable explicative prise isolément sur le mauvais état
de santé auto-déclaré selon le sexe au Cameroun.
Indépendamment du sexe, il existe un lien entre chacune de ces variables
explicatives et l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé par les pauvres au Cameroun.
En effet, indépendamment du sexe, les pauvres
appartenant à une association se déclarent plus en mauvais
état de santé que ceux qui n'appartiennent à aucune
association quelconque.
Aussi, la probabilité de se déclarer en mauvais
état de santé chez les pauvres augmente quand on passe du statut
de non consommateur d'alcool à celui de consommateur d'alcool, et cela
quel que soit le sexe de l'individu.
S'agissant de l'âge, on constate qu'en
général et indépendamment du sexe, les pauvres plus
âgées se déclarent plus en mauvais état de
santé que les pauvres moins âgées au Cameroun.
En ce qui concerne le statut matrimonial, on constate que chez
les femmes pauvres ce sont les personnes séparées qui se
déclarent les plus en mauvais état de santé. Les individus
mariés et les célibataires ayant la même chance de
s'auto-déclarer en mauvais état de santé. Quand aux hommes
pauvres, c'est toujours les personnes séparées, suivies cette
fois-ci des personnes en union qui se déclarent les plus en mauvais
état de santé.
S'agissant du lien de parenté avec le chef de
ménage, chez les pauvres, on constate que la nature de sa relation avec
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé est
tributaire du sexe de l'individu. En effet, chez les femmes la
probabilité de s'auto-déclarer en mauvais état de
santé augmente quand on passe successivement du statut de Fils ou
fille du CM/Conjoint, à celui de Sans lien de
parenté, puis CM/Conjoint de et enfin à Autre
parent du CM/Conjoint. Par contre, chez les hommes cette
probabilité augmente plutôt quand on passe successivement du
statut de Fils ou fille du CM/Conjoint, à celui de Autre
parent du CM/Conjoint, puis de Sans lien de parenté et
enfin de CM/Conjoint.
Aussi, le modèle montre qu'indépendamment du
sexe, les pauvres non natifs de leur localité de résidence
s'estiment plus en mauvais état de santé que les pauvres
natifs.
En ce qui concerne la situation d'activité, on constate
qu'indépendamment du sexe, les inactifs pauvres se déclarent les
plus en mauvais état de santé par rapport aux actifs pauvres.
Quand au niveau d'éducation, chez les pauvres, le
résultat n'est pas fonction du sexe de l'individu. En effet,
indépendamment du sexe, la probabilité de s'auto-déclarer
en mauvais état de santé augmente avec le niveau
d'éducation.
Enfin, on constate qu'indépendamment du sexe, la
probabilité de s'auto-déclarer en mauvais état de
santé chez les pauvres au Cameroun augmente avec le degré
d'urbanisation.
b) Le modèle 1
Le modèle 1 met en relation deux principales variables
explicatives (l'appartenance à une association et la consommation
d'alcool) avec le mauvais état de santé
auto-déclaré des pauvres selon le sexe.
Les résultats du modèle ne confirment pas
l'hypothèse selon laquelle les individus n'appartenant pas à au
moins une association sont ceux qui se déclarent les plus en mauvais
état de santé. En effet, indépendamment du sexe, les
pauvres qui appartiennent à au moins une association se déclarent
plus en mauvais état de santé (1,66 fois chez les femmes et 1,87
fois chez les hommes) par rapport à ceux qui n'appartiennent pas
à une quelconque association. Quant à la consommation d'alcool,
ce modèle confirme que, quelque soit le sexe, les pauvres qui consomment
l'alcool se déclarent plus en mauvais état de santé (1,30
fois chez les femmes et 1,38 fois chez les hommes) par rapport à ceux
qui n'en consomment pas.
c) Le modèle 2
Le modèle 2 prend en compte l'ensemble des variables
démographiques, l'appartenance à une association et la
consommation d'alcool. Le R-deux passe 1,0% pour le modèle 1 à
9,1% dans le groupe des femmes pauvres d'une part ; et de 1,6% à
7,3% dans le groupe des hommes pauvres d'autre part. On constate ainsi que les
variables démographiques ont le pouvoir explicatif le plus
élevé car c'est la plus grande différence de R-deux
observée entre deux modèles quelconques.
Dans ce modèle, il apparaît qu'en plus des deux
variables du modèle 1 où les relations précédemment
établies sont maintenues, les variables démographiques
introduites déterminent aussi l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé chez un individu pauvre et cela
indépendamment de son sexe.
S'agissant de l'âge, quel que soit le sexe
considéré, le modèle confirme que les personnes plus
âgées pauvres ont plus de chance de se déclarer en mauvais
état de santé que les personnes moins âgées pauvres.
En ce qui concerne le statut matrimonial, les résultats
du modèle 2 montrent que chez les femmes pauvres, le statut matrimonial
n'est pas discriminant dans l'auto-déclaration d'un mauvais état
de santé. Par contre chez les hommes pauvres, ce sont les mariés
qui se déclarent moins en mauvais état de santé. Les
célibataires et les divorcés ayant chacun la même chance de
se déclarer en mauvais état de santé.
Quant à la relation entre le lien de parenté
avec le chef de ménage et l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé pour ce qui concerne les pauvres, le modèle
ne confirme pas l'existence d'un lien et cela quel que soit le sexe de
l'individu.
Enfin, le modèle confirme que, quelque soit le sexe,
les natifs pauvres se déclarent moins en mauvais état de
santé (0,59 fois chez les femmes et 0,71 fois chez les hommes) par
rapport aux non natifs pauvres.
d) Le modèle 3
Le modèle 3 met en relation l'appartenance à une
association et la consommation d'alcool, les variables démographiques,
la situation d'activité et l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé (selon le sexe) chez les pauvres. Le R-deux du
modèle 3 par rapport au modèle 2 précédent augmente
de 0,8 point et 1,0 point respectivement chez les femmes pauvres et les hommes
pauvres.
Le modèle permet de confirmer que la situation
d'activité détermine l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé chez les pauvres et cela quel que soit le sexe. En
effet, le modèle confirme que chez les hommes pauvres, les inactifs se
déclarent plus en mauvais état de santé que les actifs
(occupés ou chômeurs). Toutefois, les actifs occupés et les
chômeurs ont la même chance de s'auto-déclarer en mauvais
état de santé. Chez les femmes pauvres, ce sont les
chômeuses se déclarent les plus en mauvais état de
santé (rapport de cote 1,82), ensuite ce sont les personnes inactives
(rapport de cote 1,67).
e) Le modèle 4
Ce modèle final met en relation l'ensemble des
variables explicatives. Il permet de confirmer que toutes les variables
exogènes retenues dans le modèle sont des facteurs explicatifs du
mauvais état de santé auto-déclaré chez les pauvres
au Cameroun, et cela indépendamment du sexe de l'individu. Le R-deux
est passé de 9,9% pour le modèle 3 à 12,6% pour le
modèle 4 et 8,3% pour le modèle 3 à 9,5% pour le
modèle 4 respectivement chez les femmes et les hommes.
Le modèle permet de confirmer l'ensemble des relations
établies dans le modèle 3 à l'exception de celles portant
sur l'appartenance à au moins une association et le statut
matrimonial.
En effet, après contrôle par les variables
socioculturelles (modèle 4), l'appartenance à une association
n'est plus un facteur discriminant en matière d'auto-déclaration
d'un mauvais état de santé chez les femmes pauvres au Cameroun.
Toutefois, le sens de la relation établie entre cette variable et
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé est maintenu
chez les hommes pauvres.
En ce qui concerne le statut matrimonial, la relation est
maintenue chez les femmes pauvres mais elle disparaît chez les hommes. En
effet, le modèle ne permet pas d'établir un lien entre le statut
matrimonial et l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé chez les hommes pauvres.
S'agissant de la scolarisation, le modèle ne confirme
pas l'hypothèse sur le sens de la relation entre le niveau de
scolarisation et l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé aussi bien chez les femmes pauvres que chez les hommes pauvres. En
effet, indépendamment du sexe, la probabilité de se
déclarer en mauvais état de santé pour un pauvre augmente
avec le niveau de scolarisation. Les personnes les plus instruites,
indépendamment du sexe, se déclarent les plus en mauvais
état de santé.
Pour ce qui concerne le milieu de résidence, le
modèle confirme que, quelque soit le sexe, les pauvres qui vivent en
milieu rural s'estiment moins en mauvais état de santé (0,70 fois
chez les femmes et 0,76 fois chez les hommes) par rapport à ceux du
milieu urbain. La probabilité de se déclarer en mauvais
état de santé augmente avec l'urbanisation de façon
générale. On note toutefois que chez les femmes, il n'y a pas
d'effet différentiel entre le milieu urbain et semi-urbain dans
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Par contre
chez les hommes, les personnes vivant en milieu semi-urbain se déclarent
plus en mauvais état de santé que ceux qui vivent en milieu
urbain.
En somme, au regard des résultats obtenus après
ces analyses, nous pouvons affirmer qu'une de nos deux hypothèses ne se
confirment pas. En effet, indépendamment du sexe, les facteurs
socioculturels ne sont pas les plus importants dans l'auto-déclaration
d'un mauvais état de santé chez les pauvres au Cameroun. C'est
dire donc que cette hypothèse n'est pas vérifiée.
D'après les résultats, les facteurs démographiques sont
les déterminants les plus importants dans l'auto-déclaration d'un
mauvais état de santé chez les hommes et les femmes pauvres au
Cameroun. Toutefois, quel que soit le sexe et à l'exception des
variables démographiques, les déterminants socioculturels priment
sur les autres facteurs dans l'auto-déclaration d'un mauvais état
de santé chez les pauvres au Cameroun.
Cependant, le niveau d'instruction de l'individu est,
indépendamment du sexe, le facteur le plus important parmi les variables
socioculturelles associées à l'auto-déclaration d'un
mauvais état de santé chez les pauvres au Cameroun.
IV.1.2. Effets des variables
indépendantes sur le mauvais état de santé
auto-déclaré chez les hommes et les femmes non pauvres
Dans l'optique de faire ressortir l'effet net de chacun des
facteurs individuels associés au mauvais état de santé
auto-déclaré selon le sexe chez les non pauvres au Cameroun, nous
avons également considéré un modèle d'analyse
comportant l'ensemble des variables indépendantes. Les variables
explicatives sont, une fois de plus, introduites bloc par bloc et de
façon progressive dans le modèle. Ce procédé a
l'avantage de permettre une meilleure compréhension de
l'évolution du pouvoir explicatif de chacun des blocs de variables
introduites.
A cet effet, le pseudo-R2 du modèle est un
indicateur du pouvoir prédictif du modèle et son évolution
permet d'apprécier le pouvoir explicatif de chaque bloc. Ces blocs sont
au nombre de quatre. Le tableau 15 présente les principaux
résultats obtenus de l'analyse explicative du mauvais état de
santé auto-déclaré selon le sexe chez les non pauvres au
Cameroun.
Tableau
15 : Effets de chacune des variables explicatives sur la
probabilité de se déclarer en mauvais état de santé
selon le sexe et chez les non pauvres au Cameroun (Rapport de chances)
|
Modèle 0
|
Modèle 1
|
Modèle 2
|
Modèle 3
|
Modèle 4
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
Membre d'une association
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Non
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Oui
|
1,63
|
1,62
|
1,61
|
1,59
|
1,16
|
1,17
|
1,16
|
1,18
|
1,08°
|
1,20°
|
Consommation d'alcool
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Non
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Oui
|
1,18
|
1,29
|
1,11
|
1,22
|
1,18
|
1,22
|
1,18
|
1,23
|
1,13
|
1,11
|
Age
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
15-24 ans
|
1
|
1
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
25-34 ans
|
1,54
|
1,43
|
|
|
1,35
|
1,49
|
1,32
|
1,58
|
1,32
|
1,59
|
35-44 ans
|
2,02
|
1,83
|
|
|
1,67
|
2,05
|
1,69
|
2,17
|
1,70
|
2,18
|
45-54 ans
|
2,80
|
2,58
|
|
|
2,27
|
2,89
|
2,30
|
3,04
|
2,47
|
3,17
|
55-64 ans
|
3,55
|
4,21
|
|
|
2,92
|
4,90
|
3,00
|
4,97
|
3,67
|
5,57
|
65 ans & +
|
6,27
|
7,76
|
|
|
5,46
|
9,20
|
5,68
|
9,03
|
8,12
|
11,46
|
Statut matrimonial
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Célibataire
|
1
|
1
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Mariée(e)/Union libre
|
1,46
|
1,63
|
|
|
0,85
|
0,67
|
0,85
|
0,68
|
0,93°
|
0,63
|
Veuf (ve)/Divorcé(e)
|
2,99
|
3,08
|
|
|
1,06°
|
0,93°
|
1,06°
|
0,95°
|
1,19
|
0,99°
|
Parenté avec le chef de
ménage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Chef de ménage (CM)/Conjoint
|
1
|
1
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Fils/Fille du CM/conjoint
|
0,51
|
0,51
|
|
|
0,80
|
0,91°
|
0,80
|
0,85
|
0,78
|
0,83
|
Autre parent du CM/conjoint
|
0,74
|
0,60
|
|
|
0,74
|
0,89
|
0,75
|
0,83
|
0,74
|
0,83
|
Aucun lien avec le CM/conjoint
|
0,69
|
0,65°
|
|
|
0,80°
|
0,96
|
0,80°
|
0,95°
|
0,81°
|
0,98°
|
Statu migratoire
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Non Natif
|
1
|
1
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Natif
|
0,75
|
0,73
|
|
|
0,77
|
0,77
|
0,78
|
0,82
|
0,87
|
0,88
|
Situation d'activité
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Actif occupé
|
1
|
1
|
|
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Chômeur
|
1,05°
|
1,2
|
|
|
|
|
1,46
|
1,40
|
1,39
|
1,31
|
Inactif
|
0,75
|
1,09
|
|
|
|
|
0,95°
|
1,29
|
0,95°
|
1,19
|
Niveau de scolarisation
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Non scolarisé
|
1
|
1
|
|
|
|
|
|
|
1
|
1
|
Primaire
|
0,98°
|
1,03
|
|
|
|
|
|
|
1,66
|
1,36
|
Secondaire et plus
|
0,78
|
1,24
|
|
|
|
|
|
|
1,70
|
1,60
|
Milieu de résidence
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Urbain
|
1
|
1
|
|
|
|
|
|
|
1
|
1
|
Semi-urbain
|
1,07
|
0,85
|
|
|
|
|
|
|
1,07
|
0,98
|
Rural
|
0,78
|
0,81
|
|
|
|
|
|
|
0,85
|
0,89
|
R-deux ajusté
|
//
|
//
|
1,3%
|
1,4%
|
8,4%
|
8,5%
|
8,7%
|
8,7%
|
9,5
|
9,1%
|
Source: ECAM3/INS/Cameroun; Note 1:
°p>10%; *p<10%; Les autres coefficients significatifs à 5%;
Note 2 : F = Femmes ; H = Hommes
a) Le modèle 0
Ce modèle présente, pour les non pauvres,
l'effet de chaque variable explicative prise isolément sur le mauvais
état de santé auto-déclaré selon le sexe au
Cameroun. Indépendamment du sexe, il existe un lien entre chacune de ces
variables explicatives et l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé par les non pauvres au Cameroun.
En effet, indépendamment du sexe, les non pauvres
appartenant à une association se déclarent plus en mauvais
état de santé que ceux qui n'appartiennent pas à au moins
une association quelconque.
Aussi, quel que soit le sexe de l'individu, la
probabilité de se déclarer en mauvais état de santé
chez les non pauvres augmente quand on passe du statut de non consommateur
d'alcool à celui de consommateur d'alcool.
S'agissant de l'âge, on constate
qu'indépendamment du sexe, les non pauvres plus âgées se
déclarent plus en mauvais état de santé que les non
pauvres moins âgées au Cameroun.
En ce qui concerne le statut matrimonial, on constate que
indépendamment du sexe, les personnes séparées, suivies
des personnes en union se déclarent les plus en mauvais état de
santé dans le groupe des non pauvres.
S'agissant du lien de parenté avec le chef de
ménage, on constate que la nature de sa relation avec
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé reste
tributaire du sexe de l'individu chez non les pauvres. En effet, chez les
femmes non pauvres, la probabilité de se déclarer en mauvais
état de santé augmente quand on passe successivement du statut de
Fils ou fille du CM/Conjoint, à celui de Sans lien de
parenté avec le CM/Conjoint, puis de Autre parent du
CM/Conjoint et enfin à CM/Conjoint. Par contre, chez les
hommes non pauvres, cette probabilité augmente plutôt quand on
passe successivement du statut de Fils ou fille du CM/Conjoint,
à celui des autres parents du CM/Conjoint, et enfin de
CM/Conjoint. Les personnes n'ayant pas de lien avec le chef de
ménage/conjoint et les chefs de ménages/conjoints ont la
même chance de se déclarer en mauvais état de
santé.
Aussi, le modèle montre qu'indépendamment du
sexe, les non pauvres non natifs de leur localité de résidence
s'estiment plus en mauvais état de santé que les non pauvres
natifs.
En ce qui concerne la situation d'activité, on constate
que chez les femmes non pauvres, les personnes actives se déclarent plus
en mauvais état de santé par rapport aux personnes inactives. En
revanche, chez les hommes non pauvres, ce sont les chômeurs, suivis des
inactifs qui se déclarent les plus en mauvais état de
santé.
Quand au niveau d'éducation, chez les non pauvres, le
résultat en santé est fonction du sexe de l'individu. En effet,
chez les femmes non pauvres, les individus non scolarisés ou ayant le
niveau primaire se déclarent les plus en mauvais état de
santé et ceux du secondaire et plus les meilleurs états de
santé auto-déclarée. Par contre, chez les hommes non
pauvres, la probabilité de se déclarer en mauvais état de
santé augmente quand on passe de statut de non scolarisé à
celui de scolarisé (primaire et plus).
S'agissant enfin de l'urbanisation, la probabilité de
se déclarer en mauvais état de santé chez les hommes non
pauvres au Cameroun augmente avec le degré d'urbanisation. En revanche,
chez les femmes non pauvres, on constate que c'est dans le milieu semi-urbain
qu'elles se déclarent les plus en mauvais état de santé.
Les femmes non pauvres du milieu rural présentant quant à eux des
meilleurs états de santé auto-déclarés.
b) Le modèle 1
Le modèle 1 met en relation deux principales variables
explicatives (l'appartenance à une association et la consommation
d'alcool) avec le mauvais état de santé
auto-déclaré des pauvres selon le sexe.
On constate ainsi qu'indépendamment du sexe, les non
pauvres qui appartiennent à au moins une association se déclarent
plus en mauvais état de santé (1,61 fois chez les femmes et 1,59
fois chez les hommes) par rapport à ceux qui n'appartiennent pas
à une quelconque association. Ce résultat est contradictoire
à notre hypothèse selon laquelle les individus n'appartenant pas
à au moins une association sont ceux qui se déclarent les plus en
mauvais état de santé.
Quant à la consommation d'alcool, quel que soit le
sexe, ce modèle confirme que les non pauvres qui consomment l'alcool se
déclarent plus en mauvais état de santé (1,11 fois chez
les femmes et 1,22 fois chez les hommes) par rapport aux non pauvres qui n'en
consomment pas.
c) Le modèle 2
Le modèle 2 prend en compte l'ensemble des variables
démographiques, l'appartenance à une association et la
consommation d'alcool. Le R-deux passe 1,3% pour le modèle 1 à
8,4% pour le modèle 2 et de 1,4% pour le modèle 1 à 8,5%
pour le modèle 2 respectivement dans le groupe des femmes non pauvres et
le groupe des hommes non pauvres. On constate donc que les variables
démographiques ont toujours le pouvoir explicatif le plus
élevé car c'est la plus grande différence de R-deux
observée entre deux modèles successifs quelconques.
Dans ce modèle, outre les deux variables du
modèle 1, l'âge, le statut matrimonial, le lien de parenté
avec le chef de ménage, et le statut migratoire interne
déterminent la perception qu'un individu non pauvre a de son état
de santé et cela quelque soit son sexe. Les résultats obtenus
dans le modèle 1 persistent après contrôle par les
variables démographiques.
S'agissant de l'âge, quel que soit le sexe
considéré, le modèle confirme que la probabilité de
se déclarer en mauvais état de santé augmente avec
l'âge chez les non pauvres.
En ce qui concerne le statut matrimonial, les résultats
du modèle 2 confirment que, indépendamment du sexe, les personnes
non pauvres et non mariées se déclarent plus en mauvais
état de santé que les personnes non pauvres et mariés (ou
en union). En effet, le rapport de cote obtenu chez les mariés par
rapport aux célibataires est de 0,85 fois et 0,67 fois respectivement
chez les femmes et les hommes. Quand aux personnes séparées
(divorcées ou veuves) par rapport aux célibataires, le rapport de
cote est de 1,06 fois et 0,93 fois respectivement chez les femmes et chez les
hommes.
S'agissant de la relation entre le lien de parenté avec
le chef de ménage et l'auto-déclaration d'un mauvais état
de santé, le modèle confirme chez les non pauvres, l'existence
d'une telle relation aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Toutefois,
l'hypothèse sur le sens de la relation n'est pas valide. En effet, chez
les femmes non pauvres, les chefs de ménage/conjoint et les personnes
n'ayant pas de lien avec les chefs de ménage/conjoint se
déclarent, avec la même probabilité, les plus en mauvais
état de santé. Ensuite, ce sont les filles des chefs de
ménage/conjoint qui se déclarent les plus en mauvais état
de santé. Par contre, chez les hommes non pauvres, les chefs de
ménage/conjoint et leurs fils se déclarent, avec la même
probabilité, les plus en mauvais état de santé. Ensuite,
ce sont les personnes sans lien de parenté avec les chefs de
ménage/conjoints qui se déclarent les plus en mauvais état
de santé.
Enfin, quel que soit le sexe, le modèle confirme que
les individus non pauvres et non natifs se déclarent plus en mauvais
état de santé par rapport aux natifs non pauvres. En effet,
indépendamment du sexe, chez les non pauvres, le rapport de cote des
natifs par rapport aux non natifs est de 0,77.
d) Le modèle 3
Le modèle 3 met en relation l'appartenance à une
association et la consommation d'alcool, les variables démographiques,
la situation d'activité et l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé (selon le sexe) chez les non pauvres. Le R-deux du
modèle 3 par rapport au modèle 2 augmente de 0,3 point et 0,2
point respectivement chez les femmes non pauvres et les hommes non pauvres.
Globalement, le modèle permet de confirmer les
résultats observés dans le modèle 2, il permet
également de confirmer que la situation d'activité est aussi un
déterminant de la santé auto-déclarée et cela quel
que soit le niveau de vie.
A cet effet, pour les femmes non pauvres, on constate que ce
sont soient les personnes actives occupées ou alors les personnes
inactives qui se déclarent les moins en mauvais état de
santé. Par contre, chez les hommes non pauvres, ce sont uniquement les
actifs occupés qui se déclarent les moins en mauvais état
de santé.
e) Le modèle 4
Ce modèle final met en relation l'ensemble des
variables explicatives. Il permet de confirmer que toutes les variables
explicatives retenues dans le modèle sont des facteurs explicatifs du
mauvais état de santé auto-déclaré chez les non
pauvres au Cameroun, et cela quel que soit le sexe de l'individu. Le R-deux
est passé de 8,7% pour le modèle 3 à 9,5% pour le
modèle 4, et 8,7% pour le modèle 3 à 9,1% pour le
modèle 4 respectivement chez les femmes et les hommes non pauvres.
La quasi-totalité l'ensemble des relations
établies dans le modèle 3 à l'exception de celles portant
sur l'appartenance à au moins une association et le statut
matrimonial.
D'après le modèle 4, on constate que
l'appartenance à une association ne permet plus d'expliquer
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé aussi bien
chez les femmes non pauvres que chez les hommes non pauvres au Cameroun.
En ce qui concerne le statut matrimonial, chez les femmes non
pauvres, le modèle 4 permet de constater que contrairement au
modèle 3, il n'y a pas de différence dans
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé entre ce
groupes de femmes mariées et celles qui sont célibataires.
Egalement, ce sont ces deux groupes qui se déclarent les moins en
mauvais état de santé. En revanche, chez les hommes non pauvres,
la relation observée entre le statut matrimonial et
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé dans le
modèle précédent est maintenue après contrôle
par les variables socioculturelles.
D'après le modèle, l'hypothèse sur le
sens de la relation entre le niveau de scolarisation et
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé n'est
toujours pas confirmée. En effet, indépendamment du sexe, la
probabilité de se déclarer en mauvais état de santé
pour un non pauvre augmente avec le niveau de scolarisation. Quel que soit le
sexe, les personnes les plus instruites se déclarent les plus en mauvais
état de santé.
En ce qui concerne l'urbanisation, le modèle confirme
que la probabilité de se déclarer en mauvais état de
santé augmente avec l'urbanisation chez les hommes non pauvres. En
revanche chez les femmes non pauvres, on note que celles vivant en milieu
semi-urbain, suivies de celles du milieu urbain se déclarent les plus en
mauvais état de santé. En effet, le rapport de cote chez les
femmes non pauvres est de 1,07 fois et de 0,85 fois respectivement pour celles
du milieu semi-urbain et celles du milieu rural.
En définitive, au regard des résultats obtenus
après ces analyses, nous constatons qu'une de nos deux hypothèses
se confirme. En effet, indépendamment du sexe, les facteurs
socioculturels ne sont pas les plus importants dans l'auto-déclaration
d'un mauvais état de santé chez les non pauvres au Cameroun.
C'est dire donc que cette hypothèse n'est pas vérifiée.
D'après les résultats, les facteurs démographiques sont
les déterminants les plus importants dans l'auto-déclaration d'un
mauvais état de santé chez les hommes et les femmes non pauvres
au Cameroun. Toutefois, quel que soit le sexe et à l'exception des
variables démographiques, les déterminants socioculturels priment
sur les autres facteurs dans l'auto-déclaration d'un mauvais état
de santé chez les non pauvres au Cameroun.
Par contre, le niveau d'instruction de l'individu est,
indépendamment du sexe, le facteur le plus important parmi les variables
socioculturelles associées à l'auto-déclaration d'un
mauvais état de santé chez les non pauvres au Cameroun.
IV.1.3. Limites
méthodologiques de l'étude
Cette étude vise à faciliter la
compréhension des facteurs associés à
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé au Cameroun.
Toutefois, elle présente de nombreuses insuffisances
qu'il nous revient de souligner.
Premièrement, la base de données ECAM3
utilisée dans le cadre de cette étude ne fournit pas toutes les
informations utiles sur les variables nécessaires à l'analyse des
déterminants socioéconomiques du mauvais état de
santé auto-déclaré au Cameroun. Cela se répercute
sur le R-deux ajusté du modèle global d'analyse (pouvoir
explicatif) qui est très faible par rapport à l'objectif de 80%
attendu.
Enfin, l'absence d'une étude qualitative dans ce
travail. En effet, par manque de temps et de moyens financiers une étude
qualitative prenant en compte les opinions des pauvres et non pauvres, des
hommes et des femmes, sur les dimensions importantes de l'auto-perception de
leur état de santé n'a pas pu être réalisée.
Pourtant, le volet qualitatif aurait permis d'appuyer et d'illustrer les
constats effectués à travers l'étude quantitative en
donnant un peu plus de sens aux résultats obtenus dans l'analyse des
données de l'ECAM3 et d'avoir des conclusions encore plus
pertinentes.
Toutefois, et malgré toutes ces imperfections, nous
pensons que les résultats auxquels a abouti ce travail restent valides
et précisent davantage les déterminants du mauvais état de
santé auto-déclaré au Cameroun.
IV.2 Discussion et
suggestions
Il s'agit à cette étape de poursuivre l'analyse
critique des résultats, d'en tirer les principales conclusions et de
ressortir les différentes suggestions issues des résultats
obtenus.
IV.2.1. Discussion des
résultats
Le principal objectif de cette partie est de contribuer
à l'explication des facteurs associés à
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé selon le
niveau de vie et le sexe au Cameroun. La présente discussion
s'articulera autour des principaux résultats obtenus.
a) Age
Plusieurs études portant sur les déterminants
socioéconomiques de la santé perçue ont montré que
les personnes âgées sont les plus nombreux à se
déclarées en mauvais état de santé (Shields et
Shooshtari, 2001 ; Bacher, 2010 ; Geitona, 2009). Les
résultats présentés dans cette étude, relatifs
à la relation entre l'âge et l'auto-déclaration d'un
mauvais état de santé, corroborent ce constat. En effet, quel que
soit son niveau de vie et son sexe, l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé pour un individu est une fonction croissante de son
âge. Les personnes plus âgées, indépendamment du
niveau de vie et du sexe, se déclarent plus en mauvais état de
santé que les personnes moins âgées au Cameroun.
L'association entre l'âge et la perception de la santé est
attribuée à certains facteurs tels que le départ à
la retraite et la solitude (Shields et Shooshtari, 2001). Aussi, les
problèmes physiques et la survenance des maladies ont tendance à
augmenter avec l'âge.
b) Statut matrimonial
Indépendamment du niveau de vie, les femmes veuves
s'auto-déclarent les plus en mauvais état de santé. Les
femmes mariées et celles qui sont célibataires ayant chacun la
même chance de s'auto-déclarer en mauvais état de
santé. Toutefois, chez les hommes, la relation entre statut matrimonial
et santé perçue disparaît pour les pauvres. Chez les non
pauvres par contre, ce sont les hommes mariés qui
s'auto-déclarent les moins en mauvais état de santé. Ce
résultat se justifie entre autre par le fait que le divorce affecte plus
les femmes que les hommes. En effet, les femmes divorcées et
séparées souffrent d'un manque de soutien social et de la perte
de leur statut social (Serrano-Gallardo et al, 2009). Egalement, le mariage est
un facteur plus intégrateur pour les hommes dans la mesure où il
leur confère davantage une structure sociale et leur permet de plus se
contrôler. De plus, le bonheur dans un mariage pourrait entraîner
moins de stress et de dépression (Baider, 2001 cité par
Serrano-Gallardo et al, 2009).
Ces résultats concordent non seulement avec ceux de
Serrano-Gallardo et al (2009) en Espagne où ils mettent en exergue le
lien entre le statut matrimonial et la santé perçue, mais
également avec ceux de Bacher (2010) au Danemark qui n'a pas pu
établir le lien entre la santé perçue et le statut
matrimonial.
c) Lien de parenté avec le chef de
ménage
Les comportements des individus dans un ménage, et le
soutien que l'on peut espérer bénéficier dans un
ménage sont généralement fonction du lien de
parenté de tout un chacun avec le Chef de ménage ou son conjoint.
C'est certainement pour cela que le lien de parenté avec le chef de
ménage ou son conjoint s'est révélé comme un
facteur influençant la perception qu'a un individu de son état de
santé. En effet, chez les non pauvres et indépendamment du sexe,
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé est fonction
décroissante du lien de parenté avec le chef de chef de
ménage. Toutefois, les chefs de ménages et les personnes sans
lien de parenté avec les chefs de ménage ont la même chance
de s'auto-déclarer en mauvais état de santé. Pa contre,
chez les pauvres et quel que soit le sexe, il n'existe pas de relation entre le
lien de parenté avec le chef de ménage/conjoint et
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé.
La différence observée selon le niveau de vie se
justifierait entre autre par le comportement différentiel de chaque
groupe considéré en matière de soutien aux membres du
ménage. La solidarité intra-ménage est plus forte chez les
pauvres.
d) Statut migratoire
L'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé est-elle fonction du fait qu'on soit natif ou non de sa
localité de résidence ? D'après les résultats
de cette étude, les individus non natifs de leur localité de
résidence, indépendamment du niveau de vie et du sexe, se
déclarent plus en mauvais état de santé que les natifs de
leur localité de résidence. En effet, l'acculturation peut
conduire à des changements de comportement qui augmentent les risques
spécifiques pour la santé (Ompad et al, 2008). Aussi, les non
natifs vivent en général dans des mauvaises conditions
économiques et psychologiques qui affecteraient leur état de
santé. Ces résultats sont proches de ceux obtenus par
Lindström et al (2001) en Suède.
e) Situation d'activité
Globalement, et quel que soit le sexe, le risque de se
déclarer en mauvais état de santé augmente quand on passe
du statut de actif occupé à celui de chômeur, puis de
chômeur à inactif pour ce qui concerne les pauvres. En revanche,
chez les non pauvres et indépendamment du sexe, force est de constater
qu'en général, la probabilité de se déclarer en
mauvais état de santé augmente quand on passe du statut de actif
occupé ou d'inactif à celui de chômeur. L'exercice d'une
activité économique permet d'avoir un soutien social et la
reconnaissance des autres qui se traduisent directement et indirectement dans
une meilleure santé auto-déclarée. Ce qui n'est pas le cas
si on n'exerce pas une activité économique (Kanjanapan, 2003).
f) Niveau d'éducation
L'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé est-elle une fonction décroissante du niveau
d'éducation ? Dans cette étude, indépendamment du
niveau de vie et du sexe, la probabilité de se déclarer en
mauvais état de santé augmente avec le niveau d'éducation.
Par contre, la plupart des travaux ont plutôt montré que les
mauvais états de santé auto-déclarés sont plus
observés chez les individus ayant des niveaux d'éducation bas. Ce
résultat plutôt contradictoire obtenu au Cameroun, pourrait se
justifier par le niveau très élevé du sous-emploi et du
chômage relativement élevé chez les individus ayant des
niveaux d'éducation élevés dans ce pays.
g) Milieu de résidence
De nombreux travaux se sont intéressés au lien
entre le milieu de résidence et la santé
auto-déclarée, et leurs résultats confirment une meilleure
santé auto-déclarée en milieu rural par rapport au milieu
urbain (Alexopoulos et Geitona, 2009). Dans cette étude, nous avons pu
établir également qu'au Cameroun, indépendamment du niveau
de vie et du sexe, les individus vivant en milieu rural sont ceux qui
présentent des meilleurs états de santé
auto-déclarée. Grigoriev et Grigorieva (2011) aboutissent eux
aussi à un résultat similaire en Biélorussie. En effet,
ils montrent qu'après ajustement les hommes et les femmes vivant en
milieu rural sont proportionnellement moins nombreux à se
déclarer en mauvais état de santé que ceux de en milieu
urbain. Cet état de santé différentiel entre les deux
groupes de la population (urbain et rural) pourrait être influencé
par un certain nombre de facteurs, dont les circonstances sociales (Bobak et
al. 2000).
h) Appartenance à au moins une association
Ne pas appartenir à une association quelconque augmente
t-il la probabilité pour un individu de se déclarer en mauvais
santé ? Au regard de nos résultats, on constate que c'est
uniquement dans le groupe des hommes pauvres que faire partir d'une association
améliore l'auto-déclaration de l'état de santé.
C'est dire que chez les hommes non pauvres, les femmes pauvres et non pauvres,
il n'existe pas de lien entre l'appartenance à au moins une association
et l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé.
Plusieurs études ont permis de montrer que le réseau social
permet de résoudre les problèmes, de faire face avec
adversité et contrôle aux différentes circonstances de la
vie (Bacher, 2010). Cela explique entre autre les résultats obtenus chez
les pauvres au Cameroun. En effet, faire partie d'une association pour cette
tranche de la population, leur permet en général de mieux faire
face aux multiples problèmes économiques dont ils
(généralement les hommes) ont la charge. En revanche chez les non
pauvres, on pourrait penser entre autre que faire partir d'une association ne
leur fourniraient pas d'effet sensibles et directement bénéfiques
eu égard de leur situation économique déjà
avantageuse par rapport une bonne franche de la population.
i) Consommation d'alcool
Les individus qui consomment l'alcool, indépendamment
du niveau de vie et du sexe, se déclarent plus en mauvais état de
santé que ceux qui n'en consomment pas. En effet, L'impact de l'alcool
est généralement néfaste. Ainsi, la consommation d'alcool
peut s'accompagner de nombreuses conséquences dommageables sur le plan
de la santé et sur le plan social, comme l'ébriété
et la dépendance à l'alcool. (Gaumé, 2007 ; Room et
Babor, 2005). Ces résultats concordent avec ceux de Hou et Chen (2003)
au Canada.
IV.2.2. Suggestions
Au terme de cette étude portant sur les
déterminants socioéconomiques du mauvais état de
santé auto-déclaré, qu'il nous soit permis de formuler
quelques suggestions aussi bien à l'endroit des acteurs de
l'élaboration et de la mise en oeuvre des programmes qu'à des
chercheurs.
Ø Les concepteurs des programmes et projets de
promotion de la santé :
ü Les résultats de cette étude ayant
montré que l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé est parfois fonction du niveau de vie et du sexe de l'individu, en
conséquence : une politique de promotion de la santé au Cameroun
doit nécessairement tenir compte des spécificités des
différents groupes sociaux (qui composent la population) en
matière de santé. Il s'agit notamment des pauvres et non
pauvres ; des hommes et des femmes ; et des urbains et
ruraux ;
ü Faire la promotion des activités
génératrices des revenus et surtout en direction des groupes
économiquement défavorisés. Il s'agit par exemple de
fournir un appui financier ou technique dans l'élaboration, le
financement et la mise en oeuvre des microprojets. Aussi, on pourra penser
à davantage améliorer les conditions de création des
entreprises au Cameroun ;
ü Vulgariser les campagnes de sensibilisation à
l'auto-emploi des jeunes diplômés. Il s'agit de réaliser
des supports de communication plus conformes aux réalités
socioculturelles et d'axer les messages de communication de façon
à dissiper les craintes des diplômés par rapport à
l'entreprenariat ;
ü Promouvoir le changement des comportements en
matière de santé en général, en développant
des stratégies de marketing social au sein de la population au Cameroun.
Il faudra amener la population à adopter des comportements favorables
à la santé à l'instar de la réduction de la
consommation d'alcool.
Ø Les chercheurs :
ü Les chercheurs désireux de se lancer dans ce
genre d'étude, devraient orienter davantage leurs réflexions sur
les perceptions socioculturelles de la santé qu'a la population
étudiée ;
ü Pour mieux étudier les déterminants du
mauvais état de santé auto-déclaré en
général selon le niveau de vie en particulier, il serait plus
intéressant d'organiser des enquêtes spécifiques prenant en
compte lors de leurs conceptions l'ensemble des facteurs supposés
explicatifs de l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé que ne saisissent pas en général les enquêtes
classiques d'envergure.
CONCLUSION
Cette étude avait pour objectif général
de contribuer à la connaissance des facteurs associés à
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé selon le
niveau de vie et le genre au Cameroun.
De façon spécifique, il s'agissait d'identifier
les facteurs associés à l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé selon le niveau de vie et le genre au Cameroun,
d'établir un ordre d'influence entre les différents groupes de
facteurs explicatifs du mauvais état de santé perçue au
Cameroun, et enfin de mettre en exergue les similitudes et les divergences
dans les déterminants de l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé selon le niveau de vie et le genre au Cameroun.
Au terme de ce travail, on a pu constater que l'ensemble de
nos variables exogènes, en fonction du niveau de vie et du sexe de
l'individu, influencent la perception que ce dernier a de son état de
santé. En effet, les variables du mode de vie (l'appartenance à
une association, la consommation d'alcool), les variables démographiques
(l'âge, le statut matrimonial, le statut migratoire interne, le lien de
parenté avec le chef de ménage), des variables économiques
(l'activité économique) et les variables socioculturelles (le
milieu de résidence, le niveau d'instruction) ont, en fonction du niveau
de vie et du sexe, un lien statistique significatif avec
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé.
Spécifiquement, l'hypothèse originale de l'existence d'une
relation entre le lien de parenté avec le chef de ménage et
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé se trouve
confirmée uniquement chez les non pauvres et indépendamment du
sexe considéré.
Notons également que les facteurs démographiques
sont les déterminants les plus importants de l'auto-déclaration
d'un mauvais état de santé quel que soit le niveau de vie et le
sexe de l'individu. Toutefois, les réalités socioculturelles,
indépendamment du niveau de vie et du sexe, priment sur les facteurs
économiques dans l'auto-déclaration d'un mauvais état de
santé au Cameroun. Le niveau d'instruction de l'individu,
indépendamment du niveau de vie et du sexe, étant le facteur le
plus important parmi les variables socioculturelles associées à
l'auto-déclaration d'un mauvais état de santé. Toutefois
le sens de la relation observé est contraire à celui
attendu : les personnes les plus instruites se déclarent plus en
mauvais état de santé.
Cette étude a également permis de mettre
l'accent sur l'importance de prendre en compte les spécificités
des pauvres et des non pauvres, des hommes et des femmes dans la conception, la
mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des programmes et projets de
promotion de la santé au Cameroun.
Toutefois, elle recommande que de prochaines études
viennent expliquer les perceptions socioculturelles qu'ont les individus de la
santé et ses effets sur leur état de santé
auto-déclaré au Cameroun. Cela devrait certainement permettre de
mieux orienter les interventions de promotion de la santé au
Cameroun.
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ANNEXES
ANNEXE 1
Méthode de calcul du seuil de pauvreté
lors de l'ECAM3
La méthode de calcul retenue pour l'évaluation
du seuil de pauvreté dans le cadre de l'ECAM3 est basée sur
l'approche des besoins essentiels. Un seuil alimentaire a été
calculé et le montant correspondant aux besoins de base non alimentaires
à été ajouté à ce seuil alimentaire.
Pour le calcul du seuil alimentaire, à partir des
données de l'enquête, l'INS a défini un panier de biens
alimentaires représentatifs des choix de consommation de tous les
ménages, puis calculé la valeur de ce panier aux prix moyens
pratiqués. Les biens du panier ont été combinés de
façon à permettre à un individu adulte d'atteindre une
norme de 2900 Calories par jour.
Le seuil total de pauvreté est la somme du seuil
alimentaire et du coût des biens essentiels non alimentaires. L'INS
définit le bien essentiel non alimentaire de base comme un bien non
alimentaire dont l'obtention nécessite de renoncer à satisfaire
un besoin de base alimentaire. C'est dans sous cette hypothèse que l'INS
a considéré le montant des dépenses non alimentaires des
ménages dont la dépense totale est égale au seuil de
pauvreté alimentaire comme une estimation des dépenses non
alimentaires de base. En effet, ces ménages disposent de ressources
suffisantes pour satisfaire tous leurs besoins nutritionnels mais
décident d'en affecter une partie à des biens non
alimentaires.
Pour la mesure de ces dépenses non alimentaires de
base, l'INS a supposé que les dépenses alimentaires augmentent
avec les dépenses totales mais de façon moins que
proportionnelle. Ces dépenses sont égales au montant le plus
faible des dépenses non alimentaires des ménages qui ont juste
les moyens de se procurer le panier de denrées alimentaires de base.
Pour un ménage qui a la possibilité de
satisfaire juste ses besoins nutritionnels ZA, son niveau de dépenses
non alimentaires est de NA. On a ainsi pour ce type de ménage :
NA = ZA - ZA a = (1- a) ZA ;
Le seuil de pauvreté total ZI est donc composé
de ZA (seuil de pauvreté alimentaire) et de NA
(coût des biens non alimentaires de base), d'où
:
ZI = ZA + NA = ZA + (1- a) ZA = ZA (2- a) ; a
est la part moyenne des dépenses alimentaires dans les dépenses
totales pour la catégorie de ménages considérée.
Ainsi donc, le seuil de pauvreté total est un multiple
du seuil de pauvreté alimentaire. Le seuil de pauvreté ZA
étant déjà connu, il reste à connaître la
valeur de a. On peut l'estimer à partir d'une fonction de demande des
denrées alimentaires.
Pour un ménage i donné, on a : si = a
+ß1ln(yi / ZA ) + ß2[ln(yi / ZA )]2 + ui (E)
où si est la part des dépenses
alimentaires dans la dépense totale yi ; a,
ß1 et ß2 sont des paramètres à
estimer ; a est l'ordonnée à l'origine et
représente une estimation de la part de la consommation alimentaire
moyenne des ménages pour lesquels yi = ZA.
Le seuil total de pauvreté ainsi calculé est en
fait un seuil inférieur. Pour marquer la différence entre pauvres
et non pauvres en introduisant la catégorie des intermédiaires,
l'on peut calculer un seuil de pauvreté supérieur. Ce dernier est
toujours égal à la somme du seuil alimentaire et du coût
des biens essentiels non alimentaires mais dans ce cas, l'on considère
comme dépenses non alimentaires de base les dépenses non
alimentaires des ménages dont la dépense alimentaire est
égale au seuil de pauvreté alimentaire.
On montre que le seuil de pauvreté supérieur
ZS = ZA / E(s) où E(s) désigne
l'espérance mathématique de la part des dépenses
alimentaires au point auquel ces dernières sont égales au seuil
de pauvreté alimentaire. En considérant l'équation (E),
une valeur approchée de E(s) est (a+ß1)/(1+ß1). L'estimation
de la fonction (E) permet d'obtenir le seuil de pauvreté.
* 1
http://www.inpes.sante.fr/SLH/articles/394/07.htm
(Consulté le 10 janvier 2012)
* 2
http://www.fao.org/docrep/003/x2919f/x2919f04.htm
(Consulté le 26 janvier 2012)
* 3 Cette hypothèse
est assez originale. En effet, aucune étude à notre connaissance
n'a examiné le lien entre l'auto-déclaration d'un mauvais
état de santé et le lien de parenté avec le chef de
ménage.
* 4 Voir Annexe 1