CONCLUSION GENERALE
L'objectif de notre travail de fin d'études
était de mettre en exergue les déterminants ayant conduit
l'entreprise COTEBU à sa faillite totale. Dans cette perspective nous
avons organisé notre travail autour de trois chapitres bien
distincts.
Dans le premier chapitre, nous avons montré que
l'entreprise publique COTEBU fut mise en place depuis 1978 grâce à
un crédit du gouvernement chinois accordé au gouvernement
burundais. Tout au long de son existence, elle a connu des hauts et des bas.
Lorsque sa production initiale commença en 1980, la
viabilité au cours des dix premières années a
été une réussite avec des résultats largement
positifs. Au cours de cette période, aucun analyste n'aurait
pensé que l'entreprise publique pouvait un jour tomber en faillite vu le
volume des ventes qui s'observait au niveau national.
Face aux importations des tissus concurrents vendus au prix
inférieur du prix de revient des produits COTEBU, le gouvernement avait
interdit l'importation des tissus similaires à ceux produits localement
. Depuis lors jusqu'en 1990, notre entreprise publique a enregistré une
croissance remarquable en parvenant même à exporter vers les pays
voisins. Après 1990, le comportement des gestionnaires publics
successifs à la tête de COTEBU n'a pas permis son éclosion
complète. Même si les premiers dix ans ont été
florissants pour l'entreprise, nous avons montré que la période
qui a suivi fut complètement difficile aux gestionnaires de COTEBU.
Dans le deuxième chapitre, nous nous sommes
focalisé sur l'organisation tant administrative que technique pour
montrer les contours de la gestion. Les gestionnaires publics ont
initié une extension dont la faisabilité était mal
orientée et qui n'a pas produit des résultats escomptés.
Les raisons de ces difficultés furent les commandes de machines ayant la
même technologie que les anciennes au lieu de moderniser petit à
petit l'outil de production. Aucun gestionnaire ne pouvait ignorer que des
machines ayant fonctionné pendant plus de dix étaient devenues
assez vétustes pour faire une bonne production.
Ceci nous a permis de démontrer que l'entreprise
pouvait éviter une faillite dans le temps puisque la modernisation de
l'outil de production aurait augmenté la production totale. Par la
suite, la période qui a suivi la fin de l'extension a vu une crise
sociopolitique s'abattre sur le pays à partir d'octobre 1993 dont les
conséquences se sont prolongées sur plusieurs années.
Dans le troisième chapitre, nous avons
développé les déterminants comme on peut les retrouver
dans la revue de littérature. Les déterminants de la faillite de
l'entreprise COTEBU, qu'ils soient endogènes ou exogènes, nous
montrent qu'ils ont contribué à sa faillite. Au niveau des
déterminants endogènes, l'insuffisance de la planification et de
la gestion financière ainsi que les lacunes des gestionnaires n'ont pas
permis à l'entreprise de continuer sur sa lancée. Quant aux
déterminants exogènes qui sont le ralentissement de
l'activité économique et l'accroissement de la concurrence, le
changement technologique et la réglementation gouvernementale
contraignante n'ont laissé aucune chance à COTEBU de
concrétiser les objectifs qu'il s'était assignés lors de
sa création.
Ainsi, la deuxième hypothèse de savoir si tous
ces déterminants ont contribué à la faillite de COTEBU en
a été confirmé.
Depuis sa création en 1978 jusqu'à sa faillite
totale en 2007, l'entreprise COTEBU était considéré comme
un noyau de l'économie du pays. En sa qualité d'entreprise
à haute intensité de main d'oeuvre, elle faisait vivre un grand
nombre de la population du pays. Sa reprise en 2010 par le biais d'un contrat
de concession de 30 ans avec l'entreprise mauricienne Afri-Textile fait
renaître de l'espoir aux familles burundaises qui avaient beaucoup
souffert de sa faillite. Nous pensons que les autorités burundaises
travailleront dans le sens de tirer le maximum de profit de cette entreprise
pour le développement de notre pays. D'emblée, la concurrence
dans le domaine du textile est rude à travers la sous région et
même les pays asiatiques longtemps expérimentés.
Au terme de nos analyses, les déterminants de la
faillite de l'entreprise COTEBU ne nous semblent pas exhaustifs, c'est
pourquoi nous avons apporté une modeste contribution et nous interpelons
tout autre chercheur intéressé à la vie des entreprises
publiques de mener d'autres réflexions. Ainsi, sur base des analyses
effectuées, nous ne pouvons pas clôturer notre travail sans
formuler quelques suggestions.
Au gouvernement, nous suggérons d'éviter
à l'avenir une politisation excessive des entreprises publiques pour que
ces dernières travaillent dans des objectifs de grande
productivité et générer beaucoup d'impôts pour les
caisses de l'Etat.
Le Gouvernement pourrait aussi initier une loi portant
réforme juridique des entreprises publiques en privilégiant leur
mode gestion basé sur le partenariat public-privé qui pourrait
inclure des clauses spécifiques sur la faillite des entreprises
publiques. Cet argument tient compte des courants de pensées qui vont
dans le sens de ne pas vouloir privatiser toutes les entreprises publiques.
Cependant, les entreprises publiques qui fournissent un service public
jugé vital à la population ou les entreprises potentiellement
compétitives causeraient beaucoup de manque à gagner à
l'Etat.
Au nouveau concessionnaire de COTEBU de recapitaliser
l'entreprise en modernisant l'outil de production dans la perspective de
fabriquer de tissus compétitifs sur les marchés local et
régional. Enfin, nous ne prétendons pas avoir
épuisé toutes les analyses au sujet de la faillite des
entreprises publiques burundaises ; c'est pour cette raison que nous
appelons tous les autres chercheurs intéressés à nous
emboîter le pas et améliorer davantage ce sujet.
Les observations et les améliorations des
éventuels lecteurs seront toujours les bienvenues parce que nous n'avons
aucun doute que ce travail comporte des imperfections de tout genre.
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