Dédicace
A nos regrettés parents ;
A notre chère épouse Agnès
NDAYIKEZA ;
A tous nos chers fils ;
A tous nos soeurs et frères;
A tous ceux qui nous sont chers.
Nous dédions ce travail.
Remerciements
Le présent travail de fin d'études est le
couronnement des efforts fournis par plusieurs personnes.
Qu'il nous soit ainsi permis de remercier toute personne qui,
de près ou de loin, a participé vivement à sa
réalisation. Nous pensons particulièrement à tout le
personnel et tous les professeurs de l'Institut Supérieur de Gestion des
Entreprises spécialement au Docteur Cyriaque NZIRORERA qui a voulu
accepter de diriger ce travail de recherche. Ses conseils remplis de sagesse
intellectuelle et son esprit coopératif nous ont beaucoup
marqué.
Nous tenons à remercier particulièrement
Monsieur François NIBIZI qui a pu consacrer une partie de son temps
précieux pour lire ce travail et enfin présider le jury
d'évaluation.
Il en est de même au Docteur Dieudonné GAHUNGU
pour avoir accepté de lire et orienter le sujet de ce travail
malgré ses multiples obligations.
Que nos remerciements aillent aussi à l'endroit des
autorités de la Direction du Service Chargé des Entreprises
Publiques pour nous avoir autorisé la consultation de la documentation
nécessaire à la réalisation de ce travail.
Nous ne pouvons pas oublier de remercier les anciennes
autorités du COTEBU pour avoir voulu partager avec nous nos analyses sur
ce travail qui intéresse tant l'existence des entreprises publiques.
Nous adressons enfin nos sincères remerciements à tous les
membres de notre famille et à nos amis pour leur soutien tant
matériel que moral ainsi que leur encouragement.
Que toute personne qui pourra lire ce travail puisse trouver
ici l'expression de notre profonde gratitude.
Liste des sigles et abréviations
BURUTEX : Burundi Textile
CADEBU : Caisse d'Epargne du Burundi
CAITEC : China Anhui Corporation for International
Technico-Economic
Cooperation
CEE : Commission Economique Européenne
COTEBU : Complexe Textile de Bujumbura
COGERCO : Compagnie de Gérance du Coton
CTEXIC : China Textile Industrial Corporation for
Foreign
Economic and Technical
Cooperation
EDF : Electricité De France
FMI : Fonds Monétaire International
IDEC : Institut de Développement Economique
MCG : Multinational Consulting Group
OTRABU : Office des Transports du Burundi
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PwC : PricewaterhouseCoopers
RATP : Régie Autonome des Transports
Parisiens
SCEP : Service Chargé des Entreprises
Publiques
SOTEXKI : Société Textile de
Kisangani
SPP : Société à Participation
Publique
UTEXAFRICA : Usine Textile de Kinshasa
UTEXRWA : Usine Textile du Rwanda
Liste des tableaux
Tableau n°1: Evaluation de l'exécution
du décret n°100/069 du 07/09/1998 relatif aux normes de gestion de
suivi et d'évaluation des sociétés à participation
publique
3
Tableau n°2 : Nombre de machines de
l'atelier de filature de COTEBU
3
Tableau n°3 : Nombre de machines
commandées pour l'atelier de tissage du COTEBU
3
Tableau n°4 : Nombre de machines de
l'atelier de finissage du COTEBU
3
Tableau n°5 : Machines commandées
et réceptionnées pour le projet d'extension
3
Tableau n°6 : Evolution du volume total
de la production et des ventes du COTEBU de
3
Tableau n°7 : Réalisation de
l'extension des usines du COTEBU et Calendrier de
3
Tableau n°8 : Quantités de tissus
produits par le COTEBU de 1990 à 2005 (en mètres)
3
Tableau n°9 : Machines modernes
suggérées par PwC.
3
Tableau n°10 : Les indicateurs clé
du COTEBU (1980 - 2005) en millions de FBU
3
Tableau n°11 : Evolution des
résultats nets du COTEBU (1980 - 1990) en FBU
3
Tableau n°12 : Evolution des
résultats nets de COTEBU de 1991 à 2005 (en millions de FBU)
3
Tableau n°13 : Evolution de la
rentabilité financière de 1980 à 2005
3
Tableau n°14: Evolution du ratio de
rentabilité économique du COTEBU de 1980 à 2005
3
Tableau n°15 : Evolution des
indicateurs-clés de COTEBU depuis 1991 à 2005
3
Tableau n°16 : Evolution de la masse
salariale par rapport à la valeur ajoutée de 1991 à
2005
3
Tableau n°17 : Evolution de la masse
salariale par rapport à la valeur ajoutée de 1991 à
2005
3
Liste des graphiques
Graphique n°1 : Evolution des
résultats nets, des fonds propres et de la rentabilité
financière du COTEBU de 1980 à 2005
3
Graphique n°2 : Variation des
résultats nets, des actifs totaux et de la rentabilité
économique de 1980 à 2005
3
Graphique n°3 : Evolution de la dette totale
depuis la période de l'extension du COTEBU en 1991 jusqu'en 2005
3
Graphique n°4 : Evolution de la masse
salariale par rapport à la valeur ajoutée de 1991 à 2005
3
Liste des schémas
Schéma n°1 : Plan de gestion et de
contrôle des établissements publics
3
Schéma n°2 : Plan géographique du
Complexe Textile de Bujumbura..An3
Table des matières
Pages
Dédicace .......................................................................................................................i
Remerciements
..........................................................................................................ii
Liste des sigles et abréviations
.............................................................................iii
Liste des tableaux
....................................................................................................iv
Liste des graphiques
................................................................................................v
Liste des schémas
...................................................................................................vi
Table des matières
...............................................................................................
vii
0. INTRODUCTION GENERALE
1
0.1. INTÉRÊT DU SUJET
3
0.2. PROBLÉMATIQUE DE LA RECHERCHE
3
0.3. HYPOTHÈSES DE TRAVAIL
3
0.4. MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
3
0.5. DÉLIMITATION DU SUJET
3
0.6. ARTICULATION DU TRAVAIL
3
CHAPITRE I : REVUE DE LITTERATURE SUR
LES DETERMINANTS DE LA FAILLITE DES
ENTREPRISES PUBLIQUES
3
I.1. LA CRÉATION ET LA RÉFORME DES
ENTREPRISES PUBLIQUES :
QUELQUES GÉNÉRALITÉS
3
I.1.1.Notion d'entreprise publique
3
I.1.2. Les raisons de création des
entreprises publiques
3
I.1.3. Les facteurs de création des
entreprises publiques
3
I.1.4. Approche comparative avec le reste du
monde
3
I.1.5. La réforme des entreprises
publiques
3
I.2. LES DÉTERMINANTS DE LA FAILLITE DES
ENTREPRISES PUBLIQUES
3
I.2.1. Les déterminants de la faillite des
entreprises selon les auteurs
3
I.2.2. Les déterminants endogènes
3
I.2.2.1. La mauvaise gestion des entreprises
publiques
3
I.2.2.2. Manque de transparence et présence
de la corruption
3
I.2.2.3. Absence de textes régissant la
faillite des entreprises publiques
3
I.2.3. Les déterminants exogènes
3
I.2.3.1. Etude relative à la faillite des
entreprises publiques
3
I.2.3.2. Absence de culture d'entreprise
3
I.2.3.3. Facteurs de faillite des entreprises
publiques
3
I.3. CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE
3
CHAPITRE II : ANALYSE DE LA SITUATION
FINANCIERE
DE L'ENTREPRISE
« COTEBU »
3
II.1. PRÉSENTATION DE L'ENTREPRISE
COTEBU
3
II.1.1. Cadre géographique et historique
3
II.1.2. Organigramme du COTEBU
3
II.1.3. Organisation générale du
COTEBU
3
II.1.3.1. Missions du COTEBU
3
II.1.3.2. Organisation administrative
3
II.1.3.3. Organisation technique
3
II.2. PROJET D'EXTENSION DU COTEBU ET SES
CONSÉQUENCES
3
II.2.1. Analyse du coût de l'extension de
COTEBU
3
II.2.2. Une étude de l'extension mal
orientée
3
II.2.3. La chute de la production après
l'extension
3
II.2.4. Une modernisation de l'outil de production
du COTEBU non
3
respectée
3
II.3. ANALYSE DE LA VIE FINANCIÈRE DU
COTEBU
3
II.3.1. Analyse des indicateurs de performance
3
II.3.1.1. Indicateurs économiques et
financiers
3
II.3.1.2. Analyse des résultats nets de la
période de 1980 à 1990
3
II.3.1.3. Analyse des résultats nets de la
période de 1991 à 2005
3
II.3.2. Analyse des rentabilités par les
différents ratios
3
II.3.2.1. Ratio de rentabilité
financière de 1980 à 2005
3
II.3.2.2. Ratio de rentabilité
économique de 1980 à 2005
3
II.4. ALOURDISSEMENT DE LA DETTE DE COTEBU
3
II.5. CONCLUSION DU DEUXIÈME CHAPITRE
3
CHAPITRE III. ANALYSE DES DETERMINANTS DE
LA FAILLITE DE L'ENTREPRISE PUBLIQUE « COTEBU »
3
III.1. LES DÉTERMINANTS ENDOGÈNES
3
III.1.1. Insuffisance de la planification et la
gestion financière
3
III.1.2. Les lacunes des gestionnaires
3
III.1.3. Les faibles capacités en
marketing
3
III.1.4. La faible capacité en
matière de ressources humaines
3
III.2. LES DÉTERMINANTS EXOGÈNES
3
III.2.1. Le ralentissement de l'activité
économique
3
III.2.2. L'accroissement de la concurrence
3
III.2.3. Le changement technologique
3
III.2.4. La réglementation gouvernementale
contraignante
3
III.3. LA FAILLITE TOTALE DE COTEBU
3
III. 4. CONCLUSION DU TROISIÈME CHAPITRE
3
CONCLUSION GENERALE
3
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
3
ANNEXES
3
0. INTRODUCTION GENERALE
Ce travail de recherche se réalise à une
période de turbulence de l'histoire économique du monde en
général, et de l'Afrique subsaharienne en particulier. Cependant,
depuis le début du siècle dernier (XXème siècle),
il y a eu beaucoup de crises économiques à travers le monde qui
ont occasionné une problématique de gestion des ressources
naturelles dont disposaient les nations.
La plupart des pays d'Afrique subsaharienne étaient
sous domination occidentale et étaient gérés en grande
partie par des colonisateurs étrangers. Il est arrivé enfin les
années de la décolonisation où la gestion de ces nouveaux
états a été laissée aux mains des élites qui
avaient milité pour leur souveraineté nationale. Depuis lors, les
projets de mise en place des outils de développement comme les
entreprises publiques se généralisèrent à travers
tout le continent africain.
Le présent travail de recherche consiste à
analyser les déterminants de la faillite des entreprises publiques au
Burundi en comparant cette situation avec celle des autres pays. Beaucoup
d'entreprises publiques ont été créées juste
après les indépendances mais après quelques années,
elles ont commencé à fermer les portes les unes après les
autres. Les personnes qui ne sont pas impliquées dans la vie publique
du pays se demandent pourquoi ces entreprises ne durent pas assez longtemps et
continuent à se poser tant de questions sur leur viabilité mais
sans réponses évidentes.
Le présent travail se basera sur le cas du Complexe
Textile de Bujumbura « COTEBU » qui a
fermé complètement ses portes en janvier 2007. Malheureusement,
la loi burundaise sur la faillite des entreprises s'intéresse
plutôt aux seules entreprises privées et ne précise pas
explicitement la suite réservée à la faillite des
entreprises publiques.
Cette introduction générale sera
exploitée en six points à savoir :
- Intérêt du sujet ;
- Problématique de la recherche ;
- Hypothèses de travail ;
- Méthodologie de la recherche;
- Délimitation du sujet
- Articulation du travail.
Dans la suite de ce travail, nous allons exploiter en
détail tous ces points qui sont énoncés dans
l'introduction générale.
0.1. Intérêt du sujet
A la veille des indépendances, les dirigeants des
nouveaux Etats africains se sont retrouvés sans ressources
financières suffisantes pour continuer à développer leurs
populations qui venaient de sortir d'une longue et difficile période de
colonisation. Les raisons de cette situation sont multiples : on peut
citer à titre d'exemple le manque d'infrastructures économiques
et sociales, les cadres compétents et les personnels techniques bien
formés pour enclencher un développement harmonieux et durable.
Cependant, cette période coïncide avec les
années 1960, appelée en Afrique « années des
indépendances », et tous ces nouveaux Etats étaient
obligés à se tourner vers les institutions financières
internationales communément appelées « Institutions de
Bretton Woods » (Banque Mondiale et Fonds Monétaire
International) afin de solliciter les crédits nécessaires pour
financer la création de toutes les infrastructures publiques qui
faisaient défaut.
Pour le cas du BURUNDI, beaucoup d'entreprises publiques ont
créé à partir des années 1960 et la plupart n'ont
pas tardé à tomber en faillite.
La liste est longue mais nous pouvons citer quelques unes
comme VERRUNDI en 2000 ; SOPHIDAR et ALCOVIT en 2001 ; APEE en
2004 ; ONAPHA et OPHAVET en 2006 ; COTEBU et BPB en 2007.
Nous énumérons les quelques entreprises
publiques qui ont fait faillite au cours des années deux mille seulement
puisqu'elles sont déjà nombreuses. Au cours des premières
années de leur existence, ces entreprises publiques ont presque
rayonné en affichant des bilans tout à fait positifs.
Malheureusement, cette situation n'aura été que de courte
durée puisque certaines entreprises publiques ont commencé
à décliner jusqu'à leur liquidation totale quelques
années plus tard. La liste des entreprises publiques (annexe1) ayant
déjà fait objet de liquidation donne une durée de vie
moyenne de 15 ans avec un maximum de 30 ans (CADEBU) et un minimum de 6 ans
(OTRABU).1(*)
Les raisons de cet état des faits sont à
analyser en profondeur puisque les faillites de ces entreprises publiques
continuent jusqu'à nos jours au vu et au su des pouvoirs publics. C'est
pour cette raison que nous avons décidé d'entreprendre un travail
de fin d'études intitulé : « Analyse
des déterminants de la faillite des entreprises publiques
burundaises : Cas du Complexe Textile de
Bujumbura (COTEBU)» tout en espérant que notre
travail de recherche pourra faire une ébauche sur les probables causes
d'un rayonnement ou d'une faillite des entreprises publiques au Burundi.
Notons que le COTEBU a été mis en place sur aide
bilatérale du gouvernement chinois octroyée en 1972 pour
réaliser divers projets.
0.2. Problématique de la recherche
Au Burundi comme dans beaucoup de pays d'Afrique
subsaharienne, la plupart des entreprises publiques a été
créée par le biais des aides au développement
octroyées par les pays industrialisés ainsi que les institutions
financières internationales déjà citées. Au cours
de la période qui a suivi les indépendances, ces nouveaux
états qui venaient de recouvrer l'autonomie politique étaient
loin d'avoir celle économique pour amorcer un cadre de
développement national.
Dans sa thèse de doctorat, Docteur SEROMBA Robert
écrivait que :« Juste après la création
de ces entreprises, il a surgi beaucoup de problèmes liés surtout
aux choix des personnes gérants, aux approvisionnements en
matières premières ainsi qu'à la maintenance des outils de
production ».2(*) Le cas du COTEBU qui fait objet d'analyse dans le
présent travail de recherche n'a pas échappé à ces
ennuis puisqu'il a fini par fermer ses portes vingt huit ans après sa
création.
Comme pensait Dr NGENDAKUMANA Déo, « la
question que l'on peut se poser est plutôt de savoir pourquoi l'on met
parfois plus de vingt ans à se rendre compte qu'il faut déclarer
la faillite de l'entreprise ! »3(*)
Cette problématique de gestion des entreprises
publiques nous pousse à poser des interrogations suivantes:
Ø La faillite de l'entreprise publique COTEBU a
-elle-débuté avec la mise en exécution de son projet
d'extension ?
Ø Les déterminants de la faillite des
entreprises qui sont tant endogènes qu'exogènes ont-ils
contribué de manière décisive à la faillite de
l'entreprise publique COTEBU ?
Toutes ces questions pourront être analysées dans
la suite de ce travail de recherche afin d'apporter quelques éclairages
dans son développement.
0.3. Hypothèses de travail
Pour répondre aux questions posées ci-dessus,
nous allons partir des hypothèses suivantes :
Première hypothèse : La
faillite de l'entreprise publique COTEBU a débuté avec la mise en
exécution de son projet d'extension.
Deuxième hypothèse : Les
déterminants de la faillite des entreprises qui sont endogènes
(insuffisance de la planification et la gestion, lacunes des gestionnaires,
faibles capacités en marketing, faibles capacités des ressources
humaines) et exogènes (ralentissement de l'activité
économique, accroissement de la concurrence, changement technologique,
réglementation gouvernementale contraignante) ont contribué d'une
manière décisive à la faillite de l'entreprise publique
COTEBU.
Ces hypothèses seront confirmées ou
infirmées au cours des développements du deuxième et
troisième chapitre dans les lignes qui vont suivre.
0.4. Méthodologie de la recherche
Pour la mise en évidence des déterminants de la
faillite des entreprises publiques au BURUNDI, nous avons dû consulter en
premier temps les mémoires ; les revues de sciences
économiques des experts éditées sous la supervision de
l'Institut de Développement Economique du Burundi ainsi que les rapports
annuels du SCEP sur les entreprises publiques spécialement ceux qui
concernent le COTEBU.
De plus, des ouvrages se trouvant dans les
bibliothèques de l'Assemblée Nationale du Burundi, de l'IDEC et
de l'Université du Burundi qui mettent en exergue
particulièrement la gestion des entreprises publiques ont
été bien consultés.
Notons aussi que quelques informations tirées sur le
web nous ont été d'une grande importance dans la
réalisation de ce travail.
En grande partie, c'est la documentation sur les entreprises
publiques du Burundi se trouvant au SCEP qui nous a été d'une
grande utilité.
Enfin, les rapports d'audit de deux grandes
sociétés telles que le Multinational Consulting Group
réalisé en septembre 2009 sur les états financiers du
COTEBU et de Pricewaterhousecoopers réalisé en décembre
2001 sur la viabilité de l'entreprise nous ont permis d'avoir beaucoup
des données concernant le matériel naguère utilisé
par COTEBU.
De plus, nous avons interviewé quelques anciens
responsables de COTEBU sur plusieurs points qui concernent son parcours et les
éléments recueillis nous ont permis d'enrichir notre travail.
Cependant, à partir de janvier 2007, l'entreprise COTEBU a suspendu ses
activités de production et ce n'est qu'en 2010 qu'il a été
concédé à une société mauricienne
appelée Afri-Textiles.
0.5. Délimitation du sujet
En ce qui concerne la délimitation du sujet, nous avons
jugé intéressant de considérer la période de 1980
à 2005 qui pourra nous montrer l'évolution de COTEBU avec deux
situations bien distinctes. D'abord, la première situation qui
s'étend depuis son début de production en 1980 jusqu'en 1990,
période au cours de laquelle l'entreprise a été
florissante.
La fin de cette première période coïncide
avec le début de la mise en exécution d'un projet d'extension
conçu par les responsables du COTEBU en prétendant augmenter le
volume de la production totale.
Ensuite, une deuxième situation qui débute avec
l'année 1991 jusqu'à 2005 période à laquelle tous
les indicateurs financiers ne se sont guère améliorés
jusqu'à la fermeture complète.
En analysant ces deux situations, tous les
éléments seront suffisants pour comprendre l'origine de la
faillite totale de l'entreprise COTEBU.
0.6. Articulation du travail
Notre travail qui commence d'abord par une introduction
générale, se subdivise ensuite en trois chapitres bien
distincts.
Le premier chapitre renseigne sur certains concepts de
l'entreprise publique selon la loi burundaise portant code des
sociétés privées et à participation publique. On y
trouve en outre les théories sur les déterminants de la faillite
des entreprises en général et des entreprises publiques en
particulier. Au BURUNDI, en Afrique et ailleurs, les problèmes de
gestion des entreprises publiques se posent avec acquitté.
Dans le second chapitre, nous avons présenté le
COTEBU sur plusieurs plans depuis sa création jusqu'à sa
faillite.
Sur le plan organisationnel et sur le plan financier, nous
avons mis en exergue le système d'organisation tel que prévu par
la loi sur les sociétés privées et publiques, et son
applicabilité dans ladite société.
Avant de terminer ce chapitre, nous nous penchons sur le
fonctionnement et la gestion de l'entreprise COTEBU au regard de l'organisation
adoptée par les gestionnaires publics. Et enfin, sur base des
résultats trouvés au niveau des indicateurs de performance des
périodes d'avant et d'après l'extension, nous avons
détecté la baisse des facteurs de production rencontrés
dans l'entreprise qui nous ont permis de vérifier la première
hypothèse.
Au cours du troisième chapitre, nous avons
diagnostiqué ce que pouvaient être les déterminants de la
faillite de l'entreprise publique COTEBU en tenant compte des situations
économiques qu'elle a traversées au cours de son existence. Les
analyses effectuées dans ce chapitre pourront nous permettre de
confirmer la deuxième hypothèse.
Enfin, notre travail se termine par une conclusion
générale qui résume tout le travail effectué du
début à la fin. Nous en profitons aussi pour émettre
quelques suggestions susceptibles d'inspirer les différents
intervenants en matière de gestion et de planification des entreprises
publiques burundaises.
CHAPITRE I : REVUE DE LITTERATURE SUR LES DETERMINANTS
D DE LA FAILLITE DES ENTREPRISES
PUBLIQUES
La théorie sur la faillite et les déterminants
nous permettra de faire une ouverture sur certains éléments
clé qu'on pourra développer tout au long de notre travail en
commençant par la création et la réforme des entreprises
publiques.
I.1. La création et la réforme des entreprises
publiques :
quelques généralités
Dans l'analyse des généralités de
création des entreprises publiques, ce qui se passe au Burundi est en
réalité identique quand on analyse le cas des autres pays.
Seules quelques spécificités liées à la culture et
aux comportements en gestion des uns et des autres peuvent créer les
différences.
I.1.1.Notion d'entreprise publique
La notion d'entreprise publique est plus ou mois vaste
étant donné que les spécialistes de la gestion y
consacrent plusieurs définitions qui permettent toutefois de la
distinguer de l'entreprise privée.
v Définitions et concepts
Ø L'entreprise publique peut être définie
comme étant une organisation dotée de la personnalité
juridique et d'une autonomie financière dont la gestion est
placée sous l'autorité et la tutelle de l'Etat ou d'une
collectivité publique et exerçant une activité
industrielle ou commerciale.
Ø L'entreprise publique est une entreprise qui est la
propriété de l'Etat et dont les dirigeants sont nommés en
conseil des ministres.
Ø Selon la directive de la commission de la C.E.E. de
1980, une entreprise publique est « toute entreprise sur laquelle
les Pouvoirs Publics peuvent exercer une influence dominante du fait de la
participation financière ou des règles qui la
régissent ».4(*)
? Société : La
loi n°01/09 du 30 mai 2011 portant code des sociétés
privées et à participation publique dispose en son article
premier que : « La société est créée
par un contrat réunissant deux ou plusieurs personnes qui conviennent de
mettre en commun une partie de leurs biens et de leur industrie pour exercer
une ou plusieurs activités déterminées, en vue de partager
les bénéfices ou profiter de l'économie qui pourra en
résulter. Les associés s'engagent également à
contribuer aux pertes ».5(*)
? Entreprise : Selon le
dictionnaire LAROUSSE, le mot « entreprise » signifie
unité économique de production.
Cependant, la nouvelle loi burundaise portant code des
sociétés privées et à participation publique ne
différencie pas les appellations
« société » et
« entreprise ».
? Entreprise publique ou société
publique : La loi citée précédemment
stipule en son article 500 que : « La société
publique est une personne morale créée exclusivement par l'Etat,
la commune, une ou plusieurs personnes morales de droit public, seuls ou en
association. Elle est dotée d'un patrimoine propre, d'une autonomie
financière et organique ».
Au niveau de la nouvelle loi burundaise portant code des
sociétés privées et à participation publique, la
notation « entreprise publique » est utilisée
à la place de « entreprise à participation
publique ».6(*)
? Entreprise mixte ou société
mixte : La même loi stipule en son article 501
que : « La société mixte est une personne
morale créée par l'Etat, la commune, une ou plusieurs personnes
morales de droit public en association avec une ou plusieurs autres personnes
physiques ou morales de droit privé. Elle est dotée d'un
patrimoine propre, d'une autonomie financière et
organique ».7(*)
En analysant ce texte de loi, les terminologies
« entreprise à participation publique »;
« entreprise publique » et
« société publique » sont pratiquement
équivalentes d'où l'une est utilisée à la place de
l'autre.
Au regard de ces concepts, les pouvoirs publics burundais
devraient aussi entreprendre des études en rapport avec une loi
spécifique sur les entreprises publiques pour se démarquer
complètement des entreprises privées.
I.1.2. Les raisons de création des entreprises
publiques
En général, les gouvernements créent les
entreprises publiques dans des secteurs qui fournissent à la population
des services sociaux vitaux nécessitant des gros investissements et
où la rentabilité s'effectue sur le long terme. Ce sont des
domaines dans lesquels les privés ne peuvent pas investir parce qu'ils
veulent des profits immédiats.
Au Burundi, les entités de production
économiques qui sont sous la responsabilité des mandataires
publics sont classées sur la liste des entreprises dans lesquelles
l'Etat exerce un certain contrôle dans la gestion. Néanmoins, ce
qui importe pour les analystes externes, c'est le degré de participation
de l'Etat ou son niveau d'intervention soit en capital social, soit en
influence politique.
Un tableau de délimitation du secteur parapublic (voir
en annexe 1) permet de distinguer les degrés d'autonomie qui sont
acceptés dans la gestion de ces entités économiques. Sans
toutefois être exhaustif dans la nomenclature des entités de
l'Etat, le tableau en annexe 1 met en évidence l'influence
étatique en pourcentage dans leur gestion, depuis les projets
financés en partie par les bailleurs de fonds bilatéraux et
multilatéraux jusqu'aux sociétés mixtes où l'Etat
est minoritaire.
Le rapport du SCEP précise bien que l'exécution
de sa mission porte sur les SPP dont le capital est à 100 % publique et
les sociétés mixtes où l'Etat est majoritaire à
l'exception de secteur bancaire qui est encadré par la Banque de la
République du Burundi.
Au cours des années récentes, nous nous rendons
compte qu'il n'y a plus de création des entreprises publiques
peut-être pour plusieurs raisons. Premièrement, les rapports du
SCEP montrent que celles qui ont été créées dans
les années 1980 continuent à déclarer leur faillite
donnant ainsi une mauvaise impression aux pouvoirs publics de leur manquement
à la bonne gestion des biens publics.
Deuxièmement, les bailleurs de fonds ne sont plus
motivés pour financer la création des entreprises publiques
puisque même celles qui existent déjà sont en train
d'être privatisées. C'est pourquoi l'initiative privée est
beaucoup plus encouragée au profit de l'initiative publique.
I.1.3. Les facteurs de création des entreprises
publiques
En Afrique subsaharienne, tous les pays ont eu du mal à
gérer leurs économies de l'après indépendance des
années 1960. Les causes étaient multiples mais on peut en citer
les principales comme le manque d'infrastructures de base à tous les
niveaux (éducation, soins de santé primaire, communication) pour
permettre un décollage économique.
Dans ces conditions, ces jeunes états sont
obligés de se tourner vers les institutions financières
internationales (FMI et Banque Mondiale) ainsi que les pays
industrialisés riches pour obtenir des financements de création
d'entreprises publiques.
En général, les gouvernements respectifs
préparaient les projets de création d'entreprise en ciblant
certainement les priorités nationales et devraient se faire appuyer par
les experts expatriés de ces mêmes pays. Malheureusement, beaucoup
de ces entreprises n'ont survécus que quelques années pour
plusieurs raisons que nous allons analyser dans ce travail de recherche.
D'ores et déjà, les analystes de la macroéconomie
des Nations Unies n'hésitent pas à vanter le rôle des
entreprises publiques qui ont réussi à faire décoller les
économies dans certains pays émergents du monde comme la
Corée du Sud et le Brésil.
Ces experts ont écrit que :« Dans
de pareils cas, l'entreprise publique qui réussit peut s'avérer
un moyen efficace pour résoudre le problème de la
défaillance des marchés des capitaux qui sont orientés
vers la recherche des profits à court terme»8(*).
Au Burundi, les expériences d'autres pays devraient
amener les Pouvoirs Publics à réfléchir et à
détecter des entreprises publiques pouvant faire décoller
l'économie du pays à l'instar de la SOSUMO et bien d'autres,
pourvu que leur gestion soit suivie à la loupe pour éviter des
défaillances dans leur gestion.
I.1.4. Approche comparative avec le reste du monde
Dans tous les pays du monde entier, l'Etat doit mettre en
avant la latitude à assurer le bien-être de sa population. C'est
pour cette raison qu'il doit créer des entreprises placées sous
son contrôle notamment dans les domaines sociaux et sécuritaires
nécessitant beaucoup de capitaux où les investisseurs
privés ont du mal à intervenir. La seule question qui se pose
après la création de ces entreprises est la manière d'en
assurer une gestion efficace et efficiente. Les analyses que nous allons
aborder dans la suite de travail montrent que la gestion des entreprises
publiques doit être suivie pour revitaliser les finances de l'Etat.
En Afrique, avant la période des indépendances
de 1960, les quelques entreprises qu'on pouvait trouver sur le continent
étaient à majorité privées et se trouvaient aux
mains des colons. Mais au moment des indépendances, il s'est fait que le
monde était divisé en deux blocs antagonistes (le bloc
capitaliste avec les Etats-Unis en tête et le bloc socialiste soutenu par
l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques).
Selon que le pays indépendant décidait de se
ranger derrière tel bloc ou tel autre, sa ligne de gestion
étatique était tracée. Alors que la constitution
d'entreprises publiques constituait un moyen pour développer les
ressources potentielles, il était inconcevable que leur gestion soit
exercée par ces étrangers après avoir
déclaré son adhésion au socialisme. Cela risquait
d'être qualifié de néocolonialisme. « La
création d'entreprises publiques présentait un double avantage de
donner à l'Etat une certaine maîtrise de ses ressources et, en
même temps d'accueillir dans des conditions satisfaisantes les capitaux
étrangers dont le concours était indispensable pour
réaliser les opérations ».9(*)
Mais en se référant aux travaux
réalisés en 1979 par le Centre d'Etudes d'Afrique Noire sur un
échantillon de trois pays (Sénégal, Mali, Madagascar) les
entreprises publiques de l'après indépendance en Afrique Noire
n'ont pas affiché de progrès significatif selon Jean Claude
GAUTRON et Bernard ZUBER qui ont fait une étude sur le
Sénégal.
Les raisons majeures étaient les changements politiques
incessants ainsi que l'interventionnisme de l'Etat dans les structures de
gestion des entreprises publiques de ces pays.
Malheureusement, depuis ces années où des
études de chercheurs ont montrées les problèmes de gestion
de nos entreprises publiques, les choses n'ont guère
évoluées. Les pouvoirs publics qui changent
régulièrement devraient tirer les leçons du passé
pour aborder l'avenir avec des perspectives de changement au niveau de la
gestion des entreprises publiques.
Le schéma se trouvant à la page suivante
illustre le modèle de gestion et de contrôle des
établissements publics industriels commerciaux au Sénégal
qui est un des pays que les experts ont mené des études.
Schéma 1 :
Plan de gestion et de contrôle des établissements
publics industriels
et commerciaux au
SENEGAL
Commission de vérification des comptes et de
contrôle des entreprises publiques
Cour de discipline budgétaire
Cour suprême
Contrôles mixtes (juridictionnels)
et comptables)
Contrôles administratifs et
financiers
Primature, vice-présidence ou Ministère de la Bonne
Gouvernance
Inspection
Générale
Conseil
d'administration
l'Etat
Contrôle
Financier
Centre des Etablissements Publics : Contrôle des
opérations financières
Ministre
des Finances
Directeur
Général
Comité de
direction
Gestion
Commissaire aux comptes
Ministre de Tutelle
Source : Gautron J.C. et Zuber B.,
« Les entreprises publiques en Afrique Noire »,
Editions A.Pedone.
Ce plan de gestion et de contrôle des
établissements publics industriels et commerciaux du
Sénégal est similaire à celui des entreprises publiques du
Burundi quand on analyse ce qui se passait dans l'entreprise COTEBU.
Il y a lieu de voir qu'une entreprise publique est
gérée par un conseil d'administration, un comité de
direction et un directeur général qui met en action leurs
décisions. Le ministère de tutelle ainsi que le ministère
des finances exercent leurs moyens de contrôle mais il reste à
savoir leur finalité sur les agents publics contrôlés.
Du côté de l'Europe, la France, comme beaucoup
d'autres pays européens, a créé beaucoup des entreprises
publiques qui appartiennent entièrement à l'Etat. C'est surtout
la période qui a suivi la deuxième guerre mondiale de 1945
à 1970 où on a vu la création d'un nombre
élevé d'entreprises publiques. En France comme ailleurs, leur
gestion n'a pas été facile eu égard aux procédures
inadéquates utilisées dans des administrations publiques.
Dans son livre « L'Etat-Patron :
Théories et réalités », Philippe Brachet
écrivait sur les entreprises publiques françaises
que : «Depuis 1971, le gouvernement a rectifié les
procédures en initiant des réformes de gestion des entreprises
surtout celles de l'énergie et des transports qui offrent un service
public. Elles ont signé des contrats de gestion qui combinaient la
question de service public et la situation concurrentielle. De plus, la
suppression des tutelles techniques sur l'exécution des travaux a permis
à ces entreprises publiques de se transformer en régie qui
étaient maîtresses de leurs projets ».10(*)
Les études réalisées dans ce domaine
montrent que tous les pays européens, chacun en ce qui se prête
à priorité, ont créé beaucoup d'entreprises
publiques juste après la deuxième guerre mondiale.
Mais contrairement à ce que nous assistons actuellement
dans beaucoup de cas en Afrique, les entreprises publiques européennes
étaient soumises à des contraintes plus sévères de
rentabilité comme pour les entreprises privées. De plus, elles
s'observaient pour la plupart dans les secteurs-clé comme
l'énergie, les transports, monnaie, crédits qui exigent des gros
investissements.
Après avoir bien vu la rentabilité que les
entreprises publiques généraient, Paul TUROT
écrivait : « Dans une Europe de plus en plus soumise
à la dure concurrence de pays extra-européens, au premier rang
desquels figurent les Etats-Unis et le Japon, les changements dans la
conjoncture des marchés producteurs et des marchés acheteurs,
ainsi que l'évolution des techniques peuvent être très
rapides ».11(*)
Ces expériences des pays européens des
années 1960 dans les réformes des entreprises publiques
devraient servir de modèle aux dirigeants des pays en
développement pour éviter les subventions accordées aux
entreprises publiques, aux services publics de l'énergie et des
transports. Pour le cas du Burundi, des travaux de recherche en bonne gestion
devraient voir le jour en vue d'amorcer des réformes dans la gestion des
entreprises publiques ayant un monopole comme la REGIDESO pour minimiser les
subventions de l'Etat et pourquoi pas les éviter à court
terme.
I.1.5. La réforme des entreprises publiques
Beaucoup de sociétés où les capitaux sont
partagés entre le secteur public et le secteur privé montrent
toujours un avantage certain pour l'Etat. Ici on pourrait citer pour exemples
les sociétés de banques et d'assurances qui sont
déjà réformées et qui possèdent des lois
spécifiques se trouvant sous le contrôle de la Banque de la
République du Burundi. Quand l'interventionnisme de l'Etat est moindre,
ces sociétés génèrent des avantages et
bénéfices financiers qui sont versés dans les caisses
publiques. Ainsi, en se rendant à l'annexe n°1 de ce travail, la
première entreprise publique (SUPOBU) fut liquidée en 1981, huit
ans seulement après sa création.
Dans l'histoire de l'évolution des entreprises
publiques, c'est le rapport d'achèvement du programme d'ajustement
structurel (1991-1993) qui fait état d'une réforme des
entreprises publiques et adopté par le Gouvernement en 1990.
« Au cours de cette même année, un Service
chargé des Entreprises Publiques a été créé
ayant pour objectif la réhabilitation des entreprises
stratégiques, la liquidation des entreprises qui ne sont pas
stratégiques, ni rentables, la privatisation des entreprises non
stratégiques, rentables ou potentiellement rentables ».
12(*)
Même si beaucoup d'initiatives de la part du
gouvernement ont été faites pour bien gérer le patrimoine
de l'Etat en faisant signer des contrats de performance entre les gestionnaires
publics, les résultats restent toujours mitigés.
C'est pourquoi une loi spécifique sur la
réforme et la faillite des entreprises publiques est à
prévoir par les Pouvoirs Publics dans le souci de les préserver
de leur disparition totale.
Le tableau ci-après présente un rapport du SCEP
sur l'évaluation de l'exécution du décret n°100/069
du 07/09/1998 relatif aux normes de gestion de suivi et d'évaluation des
sociétés à participation publique pour l'exercice 2004.
Tableau n° 1: Evaluation de
l'exécution du décret n°100/069 du 07/09/1998 relatif aux
normes de gestion de suivi et d'évaluation des
SPP.
Critère
S.P.P.
|
Adoption
du budget 2005
|
Suivi du budget 2004
|
Maîtrise des frais du Personnel à 25% du
VA
|
Audit externe certification des comptes 2004
|
Adoption des comptes 2004
|
Système de contrôle interne
|
Gestion
Trésorerie et /ou placements
|
Cotation sur 7
|
|
Régulier
|
Régulier
|
Maîtrise
|
Certifiés
|
Régulier
|
Opérationnel
|
Transparente
|
|
Air Burundi
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
3
|
BCC
|
1
|
1
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
5
|
COGERCO
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
4
|
COTEBU
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
4
|
ECOSAT
|
1
|
1
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
4
|
Hôtel S N
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
3
|
Hôt NOVOTEL
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
4
|
OCIBU
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
0
|
3
|
ONAPHA
|
1
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
0
|
4
|
ONATEL
|
1
|
0
|
0
|
1
|
1
|
0
|
1
|
4
|
ONATOUR
|
1
|
0
|
1
|
0
|
0
|
1
|
1
|
4
|
OPHAVET
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
2
|
O.T.B.
|
1
|
1
|
0
|
0
|
1
|
1
|
0
|
4
|
OTRACO
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
4
|
REGIDESO
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
0
|
3
|
SIP
|
1
|
1
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
5
|
SOBUGEA
|
1
|
1
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
5
|
SODECO
|
1
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
6
|
SOG.MUM.
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
4
|
SOSUMO
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
4
|
SRDI
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
Total
|
21
|
12
|
3
|
3
|
13
|
13
|
16
|
|
Source : SCEP, Situation
générale des SPP pour l'exercice 2004
Dans l'interprétation du tableau ci-dessus comportant
un échantillon de 21 entreprises publiques, on conclut qu'aucune
entreprise ne remplit toutes les normes ; et même plusieurs
entreprises se contentent de 2 ou 3 normes seulement sur un total de 7. La
maîtrise de la masse salariale est faite par 3 entreprises seulement.
Dans ce tableau, le chiffre signifie 1 que la norme a été
réalisée tandis que le chiffre 0 signifie que rien n'a
été fait.
I.2. Les déterminants de la faillite des entreprises
Publiques
En général, la faillite pour une entreprise est
la conséquence des comportements des marchés liés à
plusieurs éléments. Les déterminants posent les jalons de
réflexion aux dirigeants des entreprises pour les sortir du gouffre
financier. Les problèmes de gestion peuvent arriver à n'importe
quelle entreprise qu'elle soit publique ou privée. D'après les
chercheurs en gestion des entreprises à travers le monde, les causes de
la faillite sont de plusieurs ordres et dépendent en grande partie de
l'ancienneté et du secteur d'activité des entreprises.
Ils ont ainsi diagnostiqué les causes internes qu'on
peut appeler « déterminants endogènes » ainsi
que les causes externes appelées « déterminants
exogènes ». Ces déterminants de la faillite peuvent
agir aussi bien sur les entreprises privées que sur les entreprises
publiques d'autant plus que toutes les entreprises travaillent dans un
même environnement social.
v Notion de déterminant
Avant d'entrer dans les détails, il convient de savoir
ce qu'on veut dire par « déterminant ». Dans la
gestion des entreprises, quel qu'en soit la forme juridique, il peut y avoir
des changements radicaux qui proviennent des causes
irrévocables auxquelles les gestionnaires doivent faire face; ce
sont ces dernières qu'on appelle
« déterminant ».
Selon le type d'entreprises, ces déterminants sont
nombreux et, en plus, diffèrent des uns et des autres par leur ampleur
quant à l'impact à causer sur l'entreprise donnée.
I.2.1. Les déterminants
de la faillite des entreprises selon les auteurs.
Les premiers travaux de recherche sur les problèmes de
défaillance des entreprises datent de la crise mondiale de 1930. Au
niveau de la faillite des entreprises privées en général,
et des entreprises publiques en particulier, peu de recherche sur les causes
inhérentes à la faillite existent à ce jour. Beaucoup
d'auteurs présentent les défaillances qui arrivent dans les
entreprises selon les types d'environnements externes et internes difficiles et
selon les pays.
« Ainsi de façon sommaire, aux Etats-Unis,
les études menées par ARGENTI en 1976 et par ALTMAN en 1983
conduisent à l'identification de l'incompétence des dirigeants
comme cause fondamentale des défaillances des entreprises. En
Angleterre, en 1991, HALL et YOUNG évoquent que parmi les causes de la
défaillance des entreprises, 37% étaient d'ordres financiers tels
que la sous-capitalisation, mauvaise gestion des dettes, mauvaise gestion
comptable, problèmes avec les fournisseurs des capitaux ainsi que les
problèmes de gestion de l'exploitation. Il en va de même en
Belgique, de la dernière étude approfondie
réalisée par GRAYDON en 2003 auprès de 5 curateurs et sa
loi Pinxten, a montré que 29% des défaillances étaient
imputables à la mauvaise gestion.» 13(*)
Les données des auteurs qui s'observent sur la faillite
des entreprises, qu'elles soient privées ou publiques, tiennent compte
des enquêtes réalisées auprès des dirigeants etux
autres hauts cadres de ces mêmes entreprises. Ces auteurs se retrouvent
en grande partie dans les pays industrialisés. C'est pour cela que les
pays en développement d'Afrique en général, et du Burundi
en particulier ont besoin d'enquêtes comparables pour comprendre les
raisons des faillites longtemps observés depuis l'indépendance
jusqu'à nos jours.
Le travail de fin d'études que nous réalisons
actuellement qui est intitulé : « Analyse des
déterminants de la faillite des entreprises publiques burundaises :
Cas du Complexe Textile de Bujumbura » fait partie des
ébauches des travaux sur les défaillances des entreprises
publiques au Burundi en se basant sur un cas précis.
Nous allons tenter de démontrer que les
déterminants endogènes et les déterminants exogènes
pour la faillite des entreprises publiques burundaises peuvent être
similaires à ce qui se passe ailleurs dans le monde.
I.2.2. Les déterminants endogènes
Ce sont des déterminants qui proviennent en grande
partie de l'état de gestion de toute entreprise.
Selon Statistique Canada, « parmi les causes
internes de la faillite, on retrouve les lacunes observées au chapitre
des compétences générales des gestionnaires (gestion
générale), des stratégies de l'entreprise, de la
planification financière, de la gestion financière et de la
comptabilité, des ressources humaines, du marketing, de la production et
l'exploitation, ainsi que les problèmes découlant de l'expansion
et des acquisitions »14(*).
I.2.2.1. La mauvaise gestion des entreprises publiques
Les travaux déjà réalisés sur la
gestion des entreprises publiques donnent un bilan mitigé à
travers tous les pays de la planète. Seuls quelques cas d'entreprises
publiques qui ont pu mettre les pays sur les rails du développement ont
été cités par les experts du FMI comme en Corée du
Sud, au Brésil et en France. Au Burundi, on ne pourra pas se faire des
illusions d'autant plus que les rapports annuels présentés par le
SCEP sur la gestion des entreprises publiques montrent une situation alarmante
sur leur endettement excessif et croissant d'année en année.
Cependant, les facteurs occasionnant cet état de fait
sont pour la plupart des cas liés à l'inadéquation de la
politique économique et de la gestion. Cela devrait inciter les pouvoirs
publics à plus de réflexion sur la manière de pousser les
entreprises publiques à plus de rentabilité. Certains
spécialistes en gestion arrivent même à affirmer
que :
« Compte tenu de la nature égoïste
de l'homme, aucun gestionnaire d'une entreprise publique ne va diriger la firme
aussi efficacement comme un propriétaire gérant l'aurait fait
s'il s'agit de sa propre entreprise ».15(*)
I.2.2.2. Manque de transparence et présence de la
corruption
Le principe de transparence dans la gestion des entreprises
publiques va de pair avec celui de la bonne gouvernance tellement l'un ne peut
pas exister sans l'autre. La transparence liée à la gestion est
un mode d'organisation et d'action étatique visant à promouvoir
une interaction des échanges entre l'administration et les
administrés. Au niveau de nos entreprises publiques, leurs dirigeants
ont, la plupart des cas, tendance à se comporter comme des
autorités qui dirigent leur propre entreprise.
Des exemples montrent que si un mandataire public est
soupçonné d'avoir mal géré une entreprise publique
donnée, les autorités hiérarchiques lui change
d'entreprise sans se soucier de ce qu'il a produit au départ. Dans de
telles situations, la gestion de ces entreprises est compromise et les chances
de voir les bons résultats s'amenuisent dangereusement. D'un autre
côté, la corruption connaît beaucoup de turbulences depuis
un certain temps à travers le monde entier mais sa lutte devient vaine.
Au regard des statistiques publiées par les
organisations nationales et internationales de lutte contre la corruption, le
Burundi a connu un certain recul au cours de ces dernières années
mais beaucoup reste à faire. Un certain nombre d'experts et
écrivains y ont consacrés des théories afin d'apaiser ce
fléau mondial qui ne fait que phagocyter le développement des
nations dans bien des cas.
A ce sujet, Pascal RUTAKE écrivait que
: « La pérennité du développement passe
en général par la mise en place de mécanismes qui rendent
l'Etat et ses serviteurs coupables de leurs actes. Pour être durables,
ces mécanismes doivent être ancrés au coeur même de
ces institutions.»16(*)
Les entreprises publiques du Burundi à l'instar de
celles des pays de l'Afrique subsaharienne doivent être
réformées si on souhaite augmenter leur productivité.
D'abord, leur accorder une autonomie vis-à-vis des tutelles
ministérielles étant donné qu'on a toujours
remarqué que ces dernières pratiquaient une administration
politiquement polarisée et dont la gestion devient difficilement
contrôlable.
Ensuite, sortir les entreprises publiques d'une gestion
à cent pour cent étatique pour les rendre mixte en y injectant
des capitaux privés ou choisir une autre forme de gestion qui procure
des dividendes à l'Etat est plus que nécessaire dans les temps
actuels. Enfin, ces deux principes donneront naissance à des conseils
d'administration capables d'orienter efficacement la gestion de ces entreprises
réformées. Dans le titre qui va suivre, nous allons montrer les
moyens légaux peuvent être utilisés pour atteindre des
résultats tangibles.
I.2.2.3. Absence de textes régissant la faillite des
entreprises publiques
En droit des sociétés, la faillite c'est
l'état d'un débiteur qui ne peut plus payer ses
créanciers. La loi n°1/07/2006 sur les faillites au Burundi
promulguée en date du 15 mars 2006 ne prévoit pas de
dispositions relatives à la faillite des entreprises publiques et se
borne aux seules entreprises privées.
Cependant, au niveau du premier article, on écrit
que : « Tout commerçant qui a cessé ses
paiements et dont le crédit se trouve ébranlé est en
état de faillite ». Même si notre entreprise
était publique, la vente des produits finis faisait partie
intégrante de ses travaux de commerçant en plus de ceux
liés à la transformation des matières premières.
Au niveau d'autres textes légaux comme la loi
n°01/09 du 30 mai 2001 portant code des sociétés
privées et à participation publique et la loi sur le concordat
judicaire de 2005, le législateur ne fait pas mention sur la gestion des
entreprises publiques. Cela devient un problème même si le pouvoir
législatif aurait voulu mettre de l'ordre dans le suivi et la bonne
gestion des entreprises de l'Etat.
I.2.3. Les déterminants exogènes
Les déterminants exogènes proviennent d'un
environnement extérieur à l'entreprise et dont les gestionnaires
subissent sans en prévenir l'origine. Les chercheurs de Statistique
Canada ont trouvé notamment que: « Le
ralentissement de l'activité économique dans le marché de
l'entreprise, l'accroissement de la concurrence, la perte d'un client important
au terme d'un déménagement ou de l'évolution du
marché, la réglementation gouvernementale, un changement
technologique, une fraude commise par un employé ou encore les
dispositions législatives régissant le
travail »17(*).
L'entreprise publique COTEBU a certainement souffert à
cause de ces déterminants exogènes qu'on va démontrer par
les chiffres qu'elle a put afficher dans la suite de ce travail de recherche.
Au cours de l'analyse des déterminants de l'entreprise COTEBU, nous
allons nous pencher sur les plus importants qui semblent inévitablement
avoir influencé sa faillite.
I.2.3.1. Etude relative à la faillite des entreprises
publiques
Au Burundi, même si on ne peut pas affirmer qu'il y a eu
une étude bien structurée relative à la faillite des
entreprises publiques pour mettre fin à ce phénomène, nous
continuons à assister à leur fermeture sans qu'on puisse en
créer d'autres. Si le nombre d'entreprises publiques en faillite devrait
continuer, le risque serait de tout privatiser. Or, les entreprises publiques
bien gérées ne sont pas nécessairement privatisables.
En consultant le tableau en annexe n°1, la
première entreprise publique qui a duré le peu de temps est
OTRABU, soit 6 ans après sa création. La liste continue à
s'allonger puisque les autres ont suivi le même sort jusqu'à ce
jour. Comme la loi sur la faillite des entreprises ne fait pas allusion aux
entreprises publiques, les causes ne seront jamais élucidées.
Ceci est plus pertinent puisqu'il n'y a pas une loi spécifique sur la
faillite des entreprises publiques au Burundi qui pourraient faire la
lumière sur les moyens d'investigation à l'endroit des
gestionnaires publics qui se rendent responsable des défaillances en
gestion. Comme l'écrivait Claire Mainguy ; « Les faibles
performances en matière de développement de la production et des
exportations sont souvent liées ; en Afrique subsaharienne ;
hors Afrique de l'ouest du centre, à des insuffisances
institutionnelles ».18(*)
v Notion de gouvernance
Ce vocable a été développé dans le
monde diplomatique et politique au cours des décennies 1980 lors des
constatations généralisées de mauvaise gestion dans
plusieurs pays en voie de développement en général et dont
la plupart se trouvait sur le continent africain. Ainsi, la notion de
gouvernance est toujours controversée parce qu'elle est définie
et étendue de manière diverse et parfois contradictoire.
Beaucoup d'économistes ont développé
plusieurs théories sur la gouvernance mais Philippe Moreau Defarges
dans son livre intitulé La gouvernance dit
que : « c'est un système souple de gestion des
sociétés, ayant pour but l'épanouissement
régulé des créativités et qui requiert un monde
pacifié.»19(*)
Malgré toute cette multiplicité des usages, toutes les
approches reviennent aux thèmes de « bien
gouverner ».
I.2.3.2. Absence de culture d'entreprise
La culture d'entreprise n'a pas de définition
précise et sa notion remonte dans l'histoire du dix-neuvième
siècle chez les Américains et les Japonais. Au niveau des
entreprises, elle est observée sous plusieurs variables qu'elles soient
externes en considérant les facteurs socioéconomiques ou internes
en développant les valeurs propres de l'entreprise.
Dans leur livre « Culture d'entreprise et
Histoire » ; A.BELTRAN et M.RUFFAT. écrivaient
que : « Observée sous l'angle des changements
effectués au dehors de l'organisation, la culture d'entreprise donne aux
salariés un fort sentiment d'appartenance à son entreprise, donc
de références, qui peuvent provoquer la motivation à
développer le sens des responsabilités de la productivité,
par conséquent la rentabilité de
l'entreprise ».20(*)
Les considérations faites dans notre pays montrent que
ce concept n'est pas encore développé du moment que les
gestionnaires des entreprises publiques ne semblent pas encore acquis la
culture d'intérêt général au profit
d'intérêt partisan. En effet, ils n'y appliquent pas une gestion
rigoureuse pour plus de rentabilité pour autant qu'elle est publique.
Dans les pays où la culture d'entreprise est développée,
les gestionnaires et les employés rivalisent d'ardeur pour porter leurs
entreprises au premier rang parce qu'ils sont sans ignorer que le succès
général de leur entreprise fait appel au succès de leur
pays dans le concert des nations.
I.2.3.3. Facteurs de faillite des entreprises publiques
Les facteurs qui concourent à la faillite des
entreprises publiques sont nombreux et varient de pays en pays. Les premiers
éléments à prendre en compte qui reviennent partout sont
les politiques de mauvaises orientations en gestion faites par les pouvoirs
publics. Au Burundi comme ailleurs, le patrimoine des entreprises publiques est
considéré comme un gage pour les gestionnaires publics, et son
contrôle efficace ne fait pas l'unanimité.
Tout cela n'est qu'une analyse des experts en gestion de la
Banque Mondiale et du Fonds Monétaire Internationale, une étude
sur le cas du Burundi pourrait aider les pouvoirs publics à plus de
réflexion sur la gestion des entreprises publiques. Les facteurs de
faillite des entreprises publiques sont généralement humains,
mais d'autres pourraient s'ajouter au regard de l'environnement politique qui
règne dans chaque pays.
Certaines entreprises font faillite tout simplement parce
qu'elles ne peuvent acquérir les compétences de base essentielles
à leur survie. Les facteurs à l'origine de la faillite sont du
ressort des propriétaires ou des
dirigeants. À cet égard, les compétences
approfondies en gestion générale et en gestion financière
font le plus souvent défaut.
I.3. Conclusion du premier chapitre
Dans ce chapitre, nous remarquons que les entreprises
publiques, au Burundi comme ailleurs, connaissent des problèmes
réels de gestion liés aux attitudes quelquefois anormales des
gestionnaires publics.
Il a été remarqué que dans la plupart
des pays africains dont le Burundi, où un manque de gouvernance
d'entreprise s'est longtemps manifesté, l'essor économique
prendra encore du temps aussi longtemps que ces attitudes n'auront pas
évolué.
Au Burundi, toutes les analyses faites par les experts sont
réunies pour conclure que nos entreprises publiques soient mal
gérées.
Pour illustration, un décret fixant les normes de
gestion, de suivi et d'évaluation a été mis en place en
1998, mais onze ans plus tard c'est-à-dire en 2009, les entreprises
publiques burundaises ne parviennent pas à les appliquer dans leur
entièreté. Au niveau de la maîtrise des effectifs, sur un
échantillon de dix sept sociétés à participation
publique, aucune entreprise n'a pu le faire au cours de la période
considérée.
Ainsi la mise en évidence des déterminants de la
faillite des entreprises pourrait amener les gestionnaires gagnés
à la cause de la bonne gestion à plus de réflexion.
A la fin de ce chapitre, nous avons fait une théorie de
l'ébauche des déterminants essentiels qui font que nos
entreprises publiques ne parviennent pas à relever les finances pour
soutenir la production.
Le développement de ces déterminants sera bien
détaillé au troisième chapitre.
CHAPITRE II : ANALYSE DE LA SITUATION FINANCIERE
DE L'ENTREPRISE « COTEBU »
Dans la gestion de toute entreprise, qu'elle soit publique ou
privée, l'analyse des états financiers constitue la preuve
irréfutable de sa santé financière. Ainsi, après la
brève présentation de l'organisation interne du COTEBU, son
analyse financière nous montrera tous les éléments
clé qui l'ont conduit à sa faillite.
II.1. Présentation de l'entreprise COTEBU
Depuis sa création par le décret n°100/107
du 16 novembre 1978, le Complexe Textile de Bujumbura, en abrégé
« COTEBU », était sous forme d'un Etablissement
Public à caractère Industriel et Commercial et fut placé
sous la tutelle administrative du ministre ayant l'industrie dans ses
attributions.21(*)
II.1.1. Cadre géographique et historique
Le décret de sa création de 1978 se contente de
signaler que son siège est établi à Bujumbura sans aucun
détail sur son emplacement. Mais ce sera le décret n°100/159
du 5 septembre 1997 qui mentionnera très bien que le Complexe Textile a
son siège social à Bujumbura, Quartier Industriel, Avenue de
l'Agriculture.22(*)
Les bâtiments de cette entreprise sont
érigés sur un terrain d'une superficie de 21 hectares 68 ares 5
centiares selon le rapport d'audit du M.C.G.de septembre 2009. D'après
le même rapport, le COTEBU dispose d'un terrain de jeu et d'une parcelle
sise en face de son siège social d'une superficie totale de 2 hectares
41 ares 31 centiares qui restent sans certificats d'enregistrement des titres
fonciers.
Selon Apollinaire BUTOYI dans son mémoire
intitulé « Analyse économique d'une entreprise publique
au Burundi : Cas du COTEBU » ; l'idée de
créer une usine textile au Burundi date de la création de la
BURUTEX, une entreprise qui n'a pas fonctionné et qui était
destinée à produire des textiles à partir du coton produit
localement. C'est dans ce même ordre d'idées que les
autorités de la première république ont continué
cet effort de coopération en vue d'aboutir à la création
d'une usine textile.
En date du 6 janvier 1972, un accord de coopération
économique et technique est signé entre la République
Populaire de Chine et la République du Burundi. Cet accord
prévoyait un crédit sans intérêt d'un montant de 55
millions de Yuans, soit près de 2,5 milliards de francs Burundais de
l'époque. En plus, ce crédit devrait être donné
sous forme d'équipements et de marchandises. En 1974, un accord sur la
construction d'une usine textile à Bujumbura est signé et sa
construction a commencé en 1976 pour se terminer en 1980.
Depuis cette date, COTEBU a démarré sa
production pour autant que la population burundaise avait besoin d'une usine de
fabrication de ses propres tissus. Pour bien situer le COTEBU, le
schéma 2 placé en annexe 3 montre bien le terrain principal
où se trouvent toutes les usines. Le terrain de jeu ainsi que la
parcelle sise en face du siège social sont à la discrétion
des dirigeants du COTEBU. Dans la suite de cette présentation,
l'organigramme montre bien comment les départements et les services sont
organisés au sein de l'entreprise publique COTEBU.
II.1.2. Organigramme du COTEBU
Nous présentons ci-après l'organigramme de
l'entreprise COTEBU.
Ministère de tutelle
Conseil d'administration
Directeur Général
Bureau de planning
Bureau conseil
Contrôle interne
Secrétariat de direction
Corps de sécurité
Direction Technique
Direction des Ressources Humaines
Direction Administrative et Financière
Direction Commerciale
Atelier
Atelier
Filature confection
Service Service
Atelier Atelier Atelier
ventes marketing
Tissage finissage Réparation
Service Service
Service
Mécanique comptabilité
approvisionnement du Personnel
Service Service
administratif informatique
Source : SCEP,
Organigramme élaboré par le Service du personnel du
COTEBU, en vigueur jusqu'en 2005.
Cet organigramme ci-dessus montre que le COTEBU comptait en
son sein un nombre important d'agents quand on regarde le nombre de services
et d'ateliers qui le composent.
Cependant, le déséquilibre se remarque au sein
de la direction générale qui est
entouré de beaucoup de services comme le bureau
planning et contrôle interne qui pouvaient être
décentralisés et affectés ailleurs au sein des
directions.
II.1.3. Organisation générale du COTEBU
Le COTEBU disposait d'une organisation solide en tant
qu'entreprise de production à haute intensité de main d'oeuvre.
Dans les lignes qui vont suivre, nous allons développer l'organisation
administrative et l'organisation technique dans leurs détails.
II.1.3.1. Missions du COTEBU
Au moment de son démarrage en 1980, le COTEBU se
présentait comme une entreprise monopolistique du textile dans le pays
et même dans la sous-région. D'autres usines textiles ont vu le
jour plus tard dans la sous région comme le fait remarquer BARANKANIRA
et SABUSHIMIKE dans leur travail de recherche effectué sur le COTEBU en
2004.
« Actuellement, d'autres entreprises sont en
train d'évoluer dans les pays de la sous-région et de la
communauté de l'Afrique de l'Est comme la SOTEXKI et UTEXAFRICA en
République Démocratique du Congo, la société
UTEXRWA au Rwanda et une société textile montée à
JINJA en Ouganda ».23(*)
Le Complexe Textile de Bujumbura avait pour objet la
fabrication industrielle des tissus et leur commercialisation au Burundi,
l'importation des machines, matériaux et matériels
nécessaires à la réalisation de cet objet ; la
fabrication et la commercialisation de tous produits connexes et
dérivés et toutes opérations commerciales et
financières en rapport à cet objet. L'entreprise pouvait aussi
fabriquer pour l'exportation des produits afin de faire quelques
rentrées de devises au pays.
Toutes ces missions ont été remplies mais les
problèmes conjoncturels liés à la problématique de
gestion de toute entreprise publique n'ont permis pas des avancées
significatives pour le maintien d'une bonne productivité.
II.1.3.2. Organisation administrative
Depuis le décret de création du COTEBU de 1978
jusqu'au décret portant harmonisation des statuts avec le code des
sociétés privées et publiques signé en 1997, les
deux textes ont gardé le même type d'organisation de
l'administration. En tant qu'entreprise publique, toutes les dispositions ont
été prises pour que les mandataires publics qui allaient se
succéder puissent jouer pleinement leur rôle. Les organes qui
étaient chargés de la bonne marche de l'entreprise publique sont
notamment le ministère de tutelle, le conseil d'administration, le
conseil de gestion ainsi que les commissaires aux comptes.
Le Complexe Textile de Bujumbura fut placé sous la
tutelle administrative du ministre ayant l'industrie dans ses attributions.
Comme ce fut le cas pour toutes les entreprises publiques au Burundi, le
rôle d'un ministre de tutelle est important puisqu'il possède les
pleins pouvoirs de proposer tous les membres du conseil d'administration pour
nomination par décret présidentiel. Il est aussi stipulé
dans les textes que le ministre peut révoquer le conseil
d'administration en cas de faute lourde, d'incompétence ou de
négligence.
Pour montrer la force de la tutelle dans la gestion des
entreprises publiques, les textes lui donnent un pouvoir de se substituer au
conseil d'administration en matière budgétaire pour l'engagement
des dépenses obligatoires, la perception des recettes et la bonne
exécution des règles d'engagement et de liquidation des
dépenses ( article 12 du décret n°100/107 du 16/11/1978).
Selon les textes qui régissaient le COTEBU, le conseil
d'administration avait le rôle d'orientation de l'action du complexe et
prenait toutes les décisions nécessaires à son
fonctionnement tels que : l'adoption du règlement d'ordre
intérieur, la fixation du niveau de rémunération de tous
les employés, le vote du budget prévisionnel et l'approbation des
comptes sociaux. Il y a enfin la fixation des rémunérations des
administrateurs, du directeur général et des directeurs, des
commissaires aux comptes et du réviseur indépendant (article 8 du
décret n° 100/159 du 5/9/1997).
Quant au comité de gestion, il est composé du
directeur général et les directeurs des différents
départements auxquels certains pouvoirs leur sont
délégués dans les limites fixées par le conseil
d'administration. Mais le directeur général, en qualité de
dirigeant de l'entreprise qui exécute les décisions du conseil
d'administration, représente le complexe auprès de
l'administration, de la justice et des tiers. Il est aussi responsable envers
tout le monde des infractions aux lois et règlements, de la violation
des statuts et des infractions commises dans la gestion (article 16 du
décret n°100/159 du 5/9/1997).
Deux commissaires aux comptes, l'un désigné par
le conseil d'administration, l'autre par le ministre ayant les finances dans
ses attributions, pour une durée de trois ans non renouvelable,
contrôlent les comptes annuels du complexe (article 38 du décret
n°100/159 du 5/9/1997).
Cependant, leur rôle est purement consultatif. S'ils
découvrent des irrégularités susceptibles de recevoir une
qualification pénale à charge des responsables du complexe, ils
doivent aussitôt dresser un rapport spécial au ministre de
tutelle, au ministre des finances dans ses attributions et au procureur
général de la république, qui apprécient, chacun en
ce qui le concerne, la suite à y réserver (article 42 du
décret n°100/159 du 5/9/1997).
Dans l'organisation d'une entreprise publique, le
problème final qui surgit est évidement le rôle consultatif
qui est accordé aux commissaires aux comptes qui ne pourront jamais
inquiéter un dirigeant quelle que soit la qualification des
irrégularités commises. Enfin, en analysant l'organigramme tel
que prévu par les dirigeants, nous voyons que la Direction des
Ressources Humaines ne possède qu'un seul service qui est le Service du
Personnel. Dans le monde moderne, la Direction des Ressources Humaines est
devenue un département incontournable dans le développement
social des entités de production de toute catégorie.
Les recherches dans le domaine des Ressources Humaines ont
débuté au cours des années 50 dans les pays anglo-saxons
et ne se sont développées en France que dans les années
70.
La Gestion des Ressources Humaines est devenue une science
sociale qui est actuellement en vogue et qui permet de mener une politique de
leur gestion dynamique dans toutes ses dimensions. En gérant les
carrières, les compétences, les formations et les recrutements,
les gestionnaires des Ressources Humaines ont l'aptitude de considérer
que les travailleurs ont des ressources mais ne sont pas des ressources.
Pour le cas du COTEBU, avoir un seul service revient à
dire que l'évolution n'a pas eu lieu et que c'est le statu quo qui
régnait sans qu'on s'en rende compte.
Quant aux autres départements, la direction
administrative et financière ainsi la direction commerciale, ce sont des
services standards comme ils sont organisés de la même
manière dans toutes les organisations industrielles à travers le
monde. On pourrait se poser la question de savoir la manière de leur
évolution au niveau des carrières et formations qui ne sont pas
prévues dans l'organigramme.
La réflexion qui va suivre pourra nous montrer si oui
ou non les gestionnaires de l'entreprise publique COTEBU ont pris en compte
toutes les données en rapport avec les conditions liées à
l'évolution des travailleurs. Aussi complexe que cela puisse
paraître, les particularités de la direction technique seront
détaillées dans la partie qui va suivre.
II.1.3.3. Organisation technique
La direction technique du COTEBU comptait cinq ateliers :
atelier de filature, atelier de tissage, atelier de finissage, atelier de
réparation mécanique et l'atelier de confection. Les trois
premiers constituaient la chaîne de production des tissus. L'atelier de
réparation mécanique s'occupait de l'entretien préventif
et curatif ainsi que la révision générale
programmée des machines.
L'atelier de confection qui comptait un parc de(40) quarante
machines à coudre avec (4) quatre sulfureuses a été mise
en place en 1998 pour la fabrication des tenues vestimentaires
prêt-à-porter « made in Burundi ».
Notre analyse va s'appuyer sur les trois premiers ateliers qui
constituaient la chaîne de production de tissus. Le tableau
ci-après montre le nombre de machines qui composent l'atelier de
filature ainsi que l'année d'acquisition des machines.
Tableau n°2 : Nombre
de machines de l'atelier de filature de COTEBU
section
|
Type de machines
|
Nombre de machines
|
Année de fabrication
|
1ère section
|
Battage
|
6
|
1980
|
2èmesection
|
Cardage
|
45
|
1980
|
3ème section
|
Etirage
|
13
|
1980
|
4ème section
|
Bancs à broches
|
10
|
1980
|
5ème section
|
Fil fin
|
52
|
1980
|
|
TOTAL
|
126
|
|
Source : SCEP, Rapport d'audit sur la
viabilité du COTEBU réalisé en décembre 2001 par
PCW
Dans le tableau ci-dessus, on voit qu'il n y a pas eu de
nouvelles machines commandées lors de l'extension des usines. Cet
atelier comporte 5 sections distinctes.
Les grands travaux à effectuer dans cet atelier ne
concernent que le traitement du coton à l'état brut pour recevoir
des fils qui seront utilisés dans l'atelier de tissage qui est
l'étape suivante dans la chaîne de production. Chacune des cinq
sections possède une spécialisation propre.
On pourrait peut-être se poser la question de savoir si
les machines étaient encore en bon état pour ne pas en commander
d'autres.
C'est le tableau ci-après qui nous montre toutes les
machines commandées pour l'atelier de tissage pour l'extension des
usines de l'entreprise COTEBU.
Tableau n°3 : Nombre de
machines commandées pour l'atelier de tissage du COTEBU
section
|
Type de machines
|
Sous-section
|
Nombre machines
|
Année de fabrication
|
Observation
|
1ère section
|
Bobinage
|
1
|
4
|
1980
|
Ancien
|
2
|
4
|
1990
|
Extension
|
2ème section
|
Ourdissage
|
1
|
3
|
1980
|
Ancien
|
2
|
1
|
1990
|
Extension
|
3
|
2
|
1990
|
Extension
|
3ème section
|
Encollage
|
1
|
3
|
1980
|
Ancien
|
2
|
1
|
1980
|
Ancien
|
4ème section
|
Rentrage
|
1
|
1
|
1980
|
Ancien
|
2
|
1
|
1980
|
Ancien
|
5ème section
|
Canetage
|
1
|
1
|
1980
|
Ancien
|
2
|
6
|
1990
|
Extension
|
6ème section
|
Tissage
|
1
|
528
|
1980
|
Ancien
|
2
|
240
|
1990
|
Extension
|
3
|
48
|
1990
|
Extension
|
4
|
24
|
1990
|
Extension
|
|
TOTAL
|
|
867
|
|
|
Source : SCEP, Rapport d'audit sur la
viabilité du COTEBU réalisé en décembre 2001 par
PWC
Dans le tableau ci-dessus, nous voyons que toutes les machines
commandées font partie de cet atelier de tissage qui compte 6
sections.
Ce qui est surprenant pour les analystes, c'est la commande
des machines d'une même technologie ancienne et dépassée
qui nécessite un grand espace alors qu'il y a une nouvelle technologie
ne nécessitant pas une grande superficie. Dans le tableau ci-dessus, il
n'y a pas eu d'achat de nouvelles machines quand on regarde le nombre de
machines qui composent l'atelier.
Tableau n°4 : Nombre de
machines de l'atelier de finissage du COTEBU
Section
|
Type de machines
|
Nombre de machines
|
Année de fabrication
|
1ère section
|
Prétraitement
|
6
|
1980
|
2ème section
|
Teinture
|
19
|
1980
|
3ème section
|
Impression
|
6
|
1980
|
4ème section
|
Finissage
|
7
|
1980
|
|
TOTAL
|
38
|
|
Source : SCEP, Rapport d'audit sur la
viabilité du COTEBU réalisé en décembre 2001 par
PCW
Tous les trois tableaux des machines des ateliers du COTEBU
cités ci-dessus montrent que les machines installées n'avaient
pas la même capacité de production.
Dans l'atelier de finissage, on décidé de
garder les anciennes machines comme pour l'atelier de filature. Ici aussi les
mêmes interrogations persistent sur la qualité des travaux obtenus
avec des machines utilisées depuis dix ans. Le COTEBU a
démarré la vente de sa production en juin 1980 ; on peut
conclure que les machines peuvent avoir commencé à tourner
depuis le début de la même année. Ainsi, pour les experts
en comptabilité générale, le principe de prudence exige le
début de l'amortissement des immobilisations pour un remplacement dans
le temps à cause de leur dépréciation. Notre analyse
portera sur la qualité des nouvelles machines ainsi que sur leur
opportunité pour la qualité de la production à
envisager.
II.2. Projet d'extension du COTEBU et ses
conséquences
Durant la période de 1980 à 1990, il y a eu un
projet d'agrandissement de l'usine afin d'augmenter la production jugée
insuffisante par les gestionnaires. L'idée d'extension des ateliers de
l'entreprise a commencé à germer à partir de
l'année 1986 et trois situations ont motivé sa mise en oeuvre :
v Le goulot d'étranglement entre la
capacité de tissage et celle de finissage
Dès le démarrage de l'entreprise en 1980, il
avait été remarqué que les ateliers étaient
disproportionnés mais étant donné que les burundais
n'étaient pas expérimentés dans les métiers de
textile, les ateliers ont dû démarrer comme ils étaient
livrés et installés par les chinois. La capacité maximale
installée pour le tissage était de 9 millions de mètres
par an tandis que celle de l'atelier de finissage est de 15 millions de
mètres par an. Ainsi, il fallait augmenter les machines des ateliers de
tissage pour exploiter cette capacité de finissage déjà
installée. Le tableau ci-après montre les types de machines qui
ont été commandées et réceptionnées pour le
projet d'extension par les gestionnaires de l'entreprise COTEBU.
Tableau n°5 :
Machines commandées et réceptionnées pour le projet
d'extension
du
COTEBU
N°
|
Type de machines
|
Nombre de machines
|
Année de fabrication
|
1
|
Filature
|
7 680 broches
|
1990
|
2
|
Tissage 1
|
240
|
1990
|
3
|
Tissage 2 (tissus multicolores)
|
48
|
1990
|
4
|
Tissage 3 (tissus éponges)
|
24
|
1990
|
Source : SCEP, Rapports financiers du
COTEBU de 1980 à 1990
N.B. Les broches sont des tiges recevant les
bobines des métiers à tisser.
v Une demande accrue des imprimés qui
dépassaient les capacités de production du
COTEBU
A partir de 1986 jusqu'en 1990, la production et la vente ont
atteint des niveaux qui dépassent la capacité de production des
ateliers de tissage qui est de 9 millions de mètres. Le tableau
ci-après indique le volume total de la production et des ventes du
COTEBU en métrage et les montants des chiffres d'affaires qui avaient pu
dépasser la capacité installée pendant cinq années
consécutives.
Tableau n°6 : Evolution
du volume total de la production et des ventes du COTEBU de
1980 à 1990 (en mètres)
Année
|
Production de tissus finis en m
|
Ventes de tissus finis en m
|
Chiffre d'affaires en FBU
|
Coût unitaire en FBU
|
1980
|
773 207
|
----
|
----
|
----
|
1981
|
1 564 460
|
2 337 600
|
342 805 178
|
146,6
|
1982
|
3 514 515
|
2 708 974
|
452 542 426
|
167
|
1983
|
4 509 635
|
4 383 986
|
699 503 542
|
159,5
|
1984
|
6 368 066
|
6 855 277
|
1 077 482 904
|
157
|
1985
|
8 304 836
|
8 103 786
|
1 292 103 493
|
159,5
|
1986
|
8 551 566
|
9 318 565
|
1 644 251 159
|
176
|
1987
|
9 152 028
|
9 100 523
|
1 750 795 651
|
192
|
1988
|
10 385 451
|
10 159 607
|
2 192 523 882
|
216
|
1989
|
11 898 082
|
10 579 591
|
2 655 084 833
|
251
|
1990
|
12 588 559
|
9 986 600
|
2 742 905 609
|
274,6
|
Source : SCEP, Rapport sur les
états financiers de COTEBU sorti le 23/7/1991
Dans le tableau ci-dessus, les chiffres affichés par
l'entreprise étaient en nette augmentation (voir en encadré).
Nous remarquons qu'à partir de 1986, c'est le début d'une
période de cinq ans de production maximale qui aurait permis aux
gestionnaires avisés de préparer le remplacement de l'outil de
production en tenant compte de la durée de vie des machines
industrielles.
v La volonté de diversification de la
production
L'envie de diversifier les produits fabriqués est
née depuis longtemps comme mentionné précédemment
mais il n'y a pas eu d'études précises.
« Dans le projet d'extension, le COTEBU
cherchait à augmenter les produits exportables, notamment les tissus
multicolores d'une largeur de plus de 1,5 mètres et les serviettes de
bain. Il convient de noter que jusqu'à présent, le COTEBU produit
un tissu d'une largeur de 1,2 mètres et cela constitue un sérieux
problème pour se positionner sur le marché
international ».24(*) Il reste à savoir si ces machines
seront à la hauteur étant donné qu'elles sont issues de la
même technologie que celles déjà installées.
II.2.1. Analyse du coût de l'extension de COTEBU
Le budget prévu pour cette extension fut réparti
sur les quatre années de la réalisation du projet. Les
sociétés ayant participé à la construction des
nouveaux hangars et l'installation des machines sont toutes chinoises.
Bien que le budget prévu pour tous les achats
était disponible, ces sociétés n'ont pas été
totalement payés parce que des arriérés continuent
à courir jusqu'à ce jour.
Ce manque de paiement des sociétés chinoises
ayant participé à la construction des bâtiments et
installation des machines commandées est venu allonger la liste des
nombreux problèmes financiers de COTEBU.
Pourtant, tous les éléments prévus pour
l'extension étaient budgétisés et le paiement devrait
être effectué après les réceptions. Pour les
analystes financiers, la dette envers les sociétés chinoises
ayant participé à l'extension ne pourrait provenir que du manque
de rigueur dans la gestion du budget d'extension.
Le tableau ci-après montre la réalisation de
l'extension des usines et le calendrier de déblocage des fonds qui est
étalé sur une période de 4 ans.
Tableau n°7 :
Réalisation de l'extension des usines du COTEBU et Calendrier de
déblocage des fonds. (en milliers de FBU)
Année
Type
d'activités
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
TOTAL
|
Frais de conception
|
44 776
|
|
|
|
44 776
|
Equipement de production
|
418 017
|
501 002
|
|
221 010
|
1 140 029
|
Montage des équipements
|
|
|
105 600
|
|
|
Génie civil
|
162 173
|
713 736
|
204 241
|
|
1 080 150
|
Matériel roulant
|
|
|
8 000
|
|
8 000
|
Equipement de bureau
|
|
|
3 500
|
|
3 500
|
Frais de 1er établissement
|
2 000
|
|
|
|
2 000
|
Divers et imprévus
|
|
|
30 000
|
|
30 000
|
Fonds de roulement
|
|
|
133 798
|
|
133 798
|
Intérêts intercalaires
|
|
68 356
|
85 183
|
|
153 540
|
Total besoins de financement
|
626 966
|
1 283 094
|
570 322
|
221 010
|
2 701 393
|
Sorties fonds propres
|
626 966
|
186 517
|
186 517
|
|
1 000 000
|
Crédit consortial
|
|
1 096 577
|
383 805
|
221 010
|
1 701 393
|
TOTAL GENERAL
|
2 701 393
|
Source : SCEP, Rapports sur les
données financières du COTEBU entre 1980 et 1990.
Le crédit consortial fait allusion à un groupe
de banques commerciales qui se mettent ensemble pour constituer un montant
important qu'une seule banque ne pourrait disposer ; on parle d'un
consortium de banques.
A l'analyse du tableau ci-dessus, nous voyons que les travaux
se sont déroulés sur 3 ans (de 1990 à 1993) faisant penser
à un long processus d'installation des machines.
Cette longue période va engendrer sans doute un
coût élevé pour les immobilisations occasionnant des
manques à gagner que les gestionnaires n'ont peut-être pas tenu en
considération.
De plus, si une étude minutieuse et conséquente
avait été faite, les gestionnaires auraient dû remplacer
les vieilles machines sans faire d'autres constructions de hangars.
II.2.2. Une étude de l'extension mal
orientée
La volonté du gouvernement burundais de créer
une entreprise publique évoluant dans le domaine du textile était
fortement appréciable par tout économiste bien avisé
d'autant plus qu'elle était la seule entreprise dans cette
région. Malheureusement, au regard des bilans au cours des dix
premières années (tableau n°6), les gestionnaires publics
n'ont pas pu saisir la balle au bond en renouvelant, non pas avec la
même technologie, mais avec un équipement de production tout
à fait moderne.
D'abord, sur le plan comptable, il s'avérait
automatiquement légal de procéder à l'amortissement d'un
équipement qui allait devenir obsolète après la
durée légale et règlementaire. Ensuite, le conseil
d'administration devrait adopter un projet de renouvellement de l'outil de
production et non l'extension.
D'ores et déjà, les fonds
décaissés pour l'extension de l'entreprise (Tableau n°7)
pouvaient acheter un nombre important de nouvelles machines sans avoir une
nécessité de construire d'autres ateliers comme le faisait
remarquer les consultants de Pricewaterhousecoopers. Dans une note sur la
viabilité du Complexe Textile de Bujumbura transmis le 5 juin 1998 par
la direction générale à l'autorité de tutelle, elle
disait : « en 1989, le COTEBU a initié un projet
d'extension de son usine. Il est fort regrettable qu'on n'ait pas songé
en ce moment précis à moderniser l'usine plutôt que
d'augmenter sa capacité de production avec la même technologie
qu'à l'ancienne usine ».25(*) L'analyse de cette note montre à
suffisance l'erreur commise par les pouvoirs publics d'alors mais qui sont
soulevé plus de dix ans plus tard c'est-à-dire en 1998.
II.2.3. La chute de la production après l'extension
Les pouvoirs publics n'ont pas pu consentir d'autres
financements parce que c'était trop tard et les dettes consenties par
l'entreprise avaient dépassé les limites acceptables. Le tableau
ci-après présente les quantités de tissus produits par le
COTEBU durant la période de 1990 à 2005.
Tableau n°8 :
Quantités de tissus produits par le COTEBU de 1990 à 2005 (en
mètres)
Année
|
Quantité produite
|
1990
|
12.588.559
|
1991
|
11.288.531
|
1992
|
8.683.361
|
1993
|
4.901.301
|
1994
|
4.596.402
|
1995
|
3.999.937
|
1996
|
4.478.415
|
1997
|
4.974.182
|
1998
|
7.080.204
|
1999
|
8.126.914
|
2000
|
4.838.907
|
2001
|
4.961.955
|
2002
|
5.458.150
|
2003
|
6.003.965
|
2004
|
6.604.362
|
2005
|
7.264.798
|
Source : SCEP, Rapports annuels
COTEBU, 2005.
Ce tableau ci-dessus montre à suffisance comment la
production des tissus COTEBU a chuté de plus de 12 millions de
mètres en 1990 jusqu'à 4,9 millions de mètres en 1993.
Cette situation va perdurer et plonger notre entreprise dans une phase de
non-retour. Les causes profondes de cette baisse de production seront
analysées dans la suite de ce travail de recherche. Les textes mettant
en place le COTEBU prévoyaient aussi l'exportation des tissus produits
et ces tissus provoquaient l'engouement particulier pour les clients de
l'étranger.
II.2.4. Une modernisation de l'outil de production du COTEBU
non
respectée
Cette modernisation aurait dû être entreprise
depuis 1990 mais elle fut proposée en 2001 lors des travaux d'audit de
PWC pour l'étude de viabilité de COTEBU. En cette période,
rien ne pouvait être fait d'autant plus que COTEBU était
déjà surendetté de façon qu'aucun financement
supplémentaire n'a jamais été accepté par les
autorités de tutelle.
Lors de l'étude de viabilité de l'entreprise
COTEBU en 2001, les consultants de PwC qui ont effectué ce travail ont
profité pour suggérer une liste de machines modernes que
l'entreprise pourrait commander si les gestionnaires se lanceraient dans cette
démarche. Cela n'était qu'une proposition technique que les
responsables publics pouvaient prendre en considération et le faire
valider par le conseil d'administration. Avant cette étude de
viabilité, un tel projet conçu par des experts en textile aurait
pu voir le jour sous la supervision des autorités de l'entreprise
COTEBU.
Le tableau ci-après montre les types de machines
modernes avec leur prix estimatif qui pouvaient servir de modèle pour
envisager la modernisation de l'outil de production.
Tableau n°9 : Machines
modernes suggérées par PwC.
N°
|
Type de machines
|
Prix estimatif (en millions fbu)
|
1
|
Une installation de battage avec 6 cardes
|
1. 000
|
2
|
Une installation de 2 étirages avec sorties par
machine
|
100
|
3
|
Une installation de 2 bancs à broches de 240 broches au
total
|
160
|
4
|
Une installation de 12 CAF de 12 000 broches au total de
Nm 34
|
1.100
|
5
|
Une installation de 2 bobinoirs de 120 broches au total de Nm
34
|
400
|
6
|
Une installation de 4 open-end de 864 broches de Nm 34
|
800
|
|
Coût estimatif total
|
3.560
|
Source : SCEP, Rapport d'audit
sur la viabilité du COTEBU produit par PWC, Décembre 2001.
Ce tableau ci-dessus prouve que cela était encore
faisable en 1990 et même les trois années qui ont suivi
c'est-à-dire jusqu'en 1994. Les gens ayant des connaissances sur
l'organisation de l'industrie du textile peuvent décortiquer cette
proposition de modernisation de l'outil de production faite par PwC en 2001
étant donné que ce sont des données hautement techniques.
«Avec ces équipements modernes, on peut obtenir la même
production en divisant le matériel par 3, le personnel par 2, la surface
occupée par 1 ,8 et les consommations électriques par
1,4 ».26(*)
La modernisation de l'usine telle que préconisée
par PwC aurait dû coûter à peu près 3,5 milliards de
FBU et fait obtenir des meilleurs rendements dans la production. Même si
les finances du COTEBU ne pouvaient pas supporter le montant total de toutes
les installations, la priorité pouvait être donnée à
la chaîne de tissage seulement qui avait tant besoin. Au vu des machines
commandées, les résultats escomptés étaient loin
d'être atteints étant donné qu'elles correspondaient
à l'ancienne technologie. Economiquement, l'entreprise devrait continuer
à connaître les mêmes problèmes de réglage des
machines au moment du démarrage de la production. Ce problème
avait été détecté par les auditeurs de
Pricewaterhousecoopers en Décembre 2001.
II.3. Analyse de la vie financière du COTEBU
C'est la partie la plus intéressante qui va nous mener
à prouver que les gestionnaires ont pris des décisions
susceptibles de faire avancer ou faire reculer l'entreprise jusqu'à la
faillite totale.
II.3.1. Analyse des indicateurs de performance
Les données sur l'évolution des finances de
l'entreprise pourront nous montrer la capacité technique et
financière de l'entreprise COTEBU selon le type de machines
installées. Bien qu'elles soient de fabrication chinoise et à
haute intensité de main d'oeuvre, si elles se trouvaient à
l'état neuf au moment du démarrage des usines, rien ne pourrait
empêcher la prospérité de l'entreprise étant
donné que la main d'oeuvre est bon marché au Burundi.
Ainsi tous les moyens matériels et humains
étaient réunis pour que l'entreprise COTEBU puisse être
performante. L'analyse des indicateurs de performance montre que toutes les
mesures de durabilité pouvaient être suivies dès le
départ. Ces mesures pouvaient être prises par les responsables
publics en s'appuyant sur les objectifs ciblés lors de la
création de l'entreprise COTEBU.
Le tableau ci-après montre les indicateurs clé
de l'entreprise publique COTEBU de 1980 jusqu'en 2005.
Tableau n°10 : Les
indicateurs clé du COTEBU (1980 - 2005) en millions de FBU
Indicateur
Année
|
Actif Total
|
Chiffre d'Affaires
|
Fonds Propres
|
Résultat Net
|
1980
|
2151
|
260
|
265
|
2,6
|
1981
|
2220
|
342
|
376
|
-165
|
1982
|
2611
|
452
|
761
|
-0,9
|
1983
|
2786
|
699
|
825
|
63
|
1984
|
3080
|
1077
|
1129
|
97
|
1985
|
3602
|
1292
|
1162
|
192
|
1986
|
4125
|
1644
|
2150
|
489
|
1987
|
4440
|
1750
|
2500
|
349
|
1988
|
4805
|
2192
|
2300
|
425
|
1989
|
5100
|
2655
|
1905
|
830
|
1990
|
5709
|
2743
|
675
|
479
|
1991
|
4824
|
2912
|
740
|
255
|
1992
|
6145
|
1169
|
757
|
453
|
1993
|
5730
|
1899
|
685
|
1022
|
1994
|
5066
|
1800
|
706
|
1025
|
1995
|
4996
|
1542
|
691
|
-547
|
1996
|
5355
|
1891
|
638
|
-599
|
1997
|
9844
|
2414
|
795
|
-1076
|
1998
|
5264
|
4377
|
-976
|
-3273
|
1999
|
6608
|
6401
|
-4371
|
1276
|
2000
|
8387
|
4347
|
-3094
|
1650
|
2001
|
8533
|
5728
|
-2521
|
1773
|
2002
|
10263
|
6983
|
-1323
|
171
|
2003
|
9243
|
7057
|
-176
|
-1751
|
2004
|
9392
|
6981
|
-972
|
-928
|
2005
|
5837
|
6262
|
-3915
|
-568
|
Source : SCEP, Rapports financiers du
COTEBU de 1980 à 2005.
Sur le tableau ci-dessus, nous voyons que l'entreprise a
enregistré des résultats nets et des fonds propres positifs dans
la première période et sont devenus négatifs juste
après l'extension des usines.
II.3.1.1. Indicateurs économiques et financiers
Nous allons nous pencher sur les données liées
à la production, aux ventes et aux bilans affichés par
l'entreprise quitte à tirer des conclusions qui s'imposent à nos
hypothèses de survie de l'entreprise.
Mais pour avoir des éléments favorisant
l'étude de ce volet économique et financier, deux situations vont
à priori retenir notre attention :
v Premièrement, la période allant de 1980
à 1990 qui correspond à celle où l'entreprise COTEBU
était tout à fait viable et prospère donnant les chances
aux gestionnaires de renouveler l'outil de production et écarter
probablement les perspectives de faillite.
v Deuxièmement, la période de 1991 à
2005 où le COTEBU a vu sa production chuter jusqu'à ce que les
chances de redressement s'amenuisent et les possibilités de
restructuration et de privatisation ne restaient que vaines.
Les deux périodes différentes dans la gestion de
l'entreprise publique COTEBU prouvent que les pouvoirs publics
réagissent tardivement pour redresser les entreprises en
difficulté.
Ce comportement devrait servir de leçons pour les
autres entreprises publiques qui auront des problèmes de gestion
jusqu'à ce qu'elles tombent en faillite. Les exemples ne manquent pas
puisque le Burundi compte encore pas mal d'entreprises publiques dont la
gestion doit être suivie à la loupe et le cas
échéant entreprendre leur redressement avant qu'il ne soit
tard.
II.3.1.2. Analyse des résultats nets de la
période de 1980 à 1990
Cette analyse nous permettra de démontrer par des
chiffres à l'appui que l'entreprise publique COTEBU pouvait
éviter la faillite les dix premières années de son
existence si les pouvoirs publics avaient suivis les règles de la
gestion.
Cette situation concerne l'évolution de l'entreprise
à tous les niveaux ; les résultats nets, les fonds propres
et les chiffres d'affaires. De tous ces indicateurs, le calcul des ratios
permet de comprendre aisément la situation financière de
l'entreprise avec le temps. Pour la première période de 1980
à 1994, le résultat est resté nettement positifs et ce ne
sont au cours des années qui suivirent que le résultat est
descendu dans le négatif jusqu'à la fermeture complète de
l'entreprise. Il en est de même pour les fonds propres qui ont
été consommés lors de l'enregistrement des déficits
répétitifs du budget.
Le tableau ci-dessus montre l'évolution des
résultats nets depuis le début de sa production jusqu'à
dix ans qui correspondent parfaitement avec la période où les
machines pouvaient être amorties.
Tableau n°11 : Evolution
des résultats nets du COTEBU (1980 - 1990) en FBU
Année
|
Résultats nets
|
Accroissement en %
|
1980
|
+ 2 583 866
|
---
|
1981
|
- 164 495 932
|
-6 266
|
1982
|
-878 661
|
+99
|
1983
|
+63 385 675
|
+7 314
|
1984
|
+96 944 872
|
+53
|
1985
|
+191 972 419
|
+98
|
1986
|
+488 723 714
|
+155
|
1987
|
+349 322 575
|
-29
|
1988
|
+245 051 509
|
-30
|
1989
|
+829 819 543
|
+238
|
1990
|
+478 778 536
|
-42
|
Résultat net Cumulé
|
+2 581 208 115
|
|
Source : SCEP, Rapports
financiers du COTEBU de 1980 à 1990.
Ce tableau ci-dessus montre que les résultats nets de
1985 à 1990 étaient favorables à un bon
développement de l'entreprise et permettre un meilleur rendement pour
son avenir.
II.3.1.3. Analyse des résultats nets de la
période de 1991 à 2005
Le tableau ci-après montre l'évolution des
résultats nets du COTEBU de 1991 à 2005, période dans
laquelle l'entreprise a évolué vers la faillite.
Tableau n°12 : Evolution
des résultats nets de COTEBU de 1991 à 2005 (en millions de
FBU)
Année
|
Résultats nets
|
Accroissement en %
|
1991
|
+255
|
--
|
1992
|
+453
|
+77
|
1993
|
+1 022
|
+125
|
1994
|
+1 025
|
+0,003
|
1995
|
-547
|
-259
|
1996
|
-599
|
-9,5
|
1997
|
-1 076
|
-79
|
1998
|
-3 273
|
-204
|
1999
|
+1 276
|
-139
|
2000
|
+1 650
|
+29
|
2001
|
+1 773
|
+7,4
|
2002
|
+171
|
-90
|
2003
|
-1 751
|
-1 124
|
2004
|
-928
|
-47
|
2005
|
-568
|
-38
|
Résultat net cumulé
|
-1 117
|
|
Source : SCEP, Rapports financiers du
COTEBU de 1991 à 2005
Dans le tableau ci-dessus, le résultat net
cumulé est négatif durant la période de 1991 à
2005. Au regard des résultats nets devenus négatifs depuis 1995
jusqu'en 1998, le fossé creusé ne sera plus comblé.
II.3.2. Analyse des rentabilités par les
différents ratios
Les ratios sont des outils de comparaison qui contribuent chez
les économistes de déceler rapidement les forces et les
faiblesses d'une entreprise quelconque en ce qui concerne son autonomie, son
indépendance financière, ses performances, sa solvabilité
et sa trésorerie.
II.3.2.1. Ratio de rentabilité financière de
1980 à 2005
La Rentabilité Financière
« RF » est obtenue par le quotient du Résultat Net
de la période sur le montant des Fonds Propres. Le chiffre obtenu en
pourcentage s'appelle « Ratio de rentabilité financière
ou Return Of Equity. En réalité, ce ratio mesure la
capacité de l'entreprise à rentabiliser ses fonds propres.

L'évolution de la rentabilité financière
fut positive à partir de 1983 comme le montre le tableau ci-dessus.
Après un début difficile de 1980 à 1982,
lié probablement au manque d'expérience des techniciens et
opérateurs de machines dans la fabrication du textile, les
résultats nets affichés sont restés positif de 1983
à 1991. Même les fonds propres se sont nettement
améliorés en partant de 825 en 1983 et atteignant le sommet en
1987 lorsqu'ils sont devenus 2 500.( ces chiffres sont exprimés en
millions de francs burundais).
Ce fut une période idéale pour économiser
les fonds nécessaires à la modernisation de l'entreprise. La
rentabilité financière n'a pas été meilleure au
cours de cette période au vu des résultats nets et des fonds
propres qui sont enregistrés. En analysant ce tableau, nous remarquons
que la rentabilité financière était négative depuis
1995 jusqu'en 2005.
Cette une situation qui aurait pu éveiller la
conscience des pouvoirs publics pour suivre de près la gestion
financière.
Le tableau ci-après montre l'évolution de la
rentabilité financière au cours de la période de 1980
à 2005.
Tableau n°13 : Evolution de
la rentabilité financière de 1980 à 2005
Indicateurs
Année
|
Résultats Nets
|
Fonds Propres
|
Ratio de rentabilité financière=RN/FP en %
|
1980
|
2,6
|
265
|
0,98
|
1981
|
-165
|
376
|
-48,8
|
1982
|
-0,9
|
761
|
-0 ,12
|
1983
|
63,4
|
825
|
7,7
|
1984
|
96,9
|
1129
|
8,6
|
1985
|
192
|
1162
|
11,6
|
1986
|
489
|
2150
|
22,7
|
1987
|
349
|
2500
|
14
|
1988
|
425
|
2300
|
18
|
1989
|
830
|
1905
|
16
|
1990
|
479
|
675
|
42
|
1991
|
255
|
740
|
34
|
1992
|
453
|
757
|
60
|
1993
|
1022
|
685
|
149
|
1994
|
1025
|
706
|
145
|
1995
|
-547
|
691
|
-79
|
1996
|
-599
|
638
|
-94
|
1997
|
-1076
|
795
|
-135
|
1998
|
-3273
|
-976
|
-335
|
1999
|
1276
|
-4371
|
-29
|
2000
|
1650
|
-3093
|
-53
|
2001
|
1773
|
-2521
|
-70
|
2002
|
171
|
-1323
|
-13
|
2003
|
-1751
|
-176
|
-995
|
2004
|
-928
|
-972
|
-95
|
2005
|
-568
|
-3915
|
-14
|
Source : SCEP, Rapports financiers du
COTEBU de 1980 à 2005.
L'analyse de la rentabilité financière avec les
chiffres du tableau ci-dessus nous donne le graphique qui varie selon les
pertes et les bénéfices de la période concernée.
Quant aux capitaux propres qui sont négatifs, nous
savons d'abord qu'ils sont enregistrés au passif du bilan de chaque
entreprise et sont constitués par le capital social, les réserves
légales et statutaires, les reports à nouveau et le
résultat net de l'exercice. Ainsi, si les capitaux propres du COTEBU
sont négatifs, cela montre que l'entreprise a subi des pertes à
tel point que le total des éléments qui les constituent est
toujours négatif. C'est pourquoi on dit que les capitaux propres sont
toujours un indicateur essentiel de la solidité ou de la faiblesse de
toute entreprise.
Le graphique ci-après illustre l'évolution des
résultats nets, des fonds propres et de la rentabilité
financière du COTEBU de 1980 à 2005.
Graphique n°1 :
Evolution des résultats nets, des fonds propres et de la
rentabilité financière du COTEBU de 1980 à 2005

Source : Par l'auteur à
l'aide des données du tableau n°1
Dans le graphique ci-dessus, il est remarquable que les fonds
propres et les résultats nets ont convenablement évolués
durant les dix premières années. Ce graphique montre une tendance
inversée des fonds propres et des résultats nets dans le
négatif à partir de 1998 pour les fonds propres et 1995 pour les
résultats nets. Comme on peut l'imaginer, si les graphiques de
rentabilité commencent à entrer dans le négatif, la
viabilité de l'entreprise est en jeu et doit préoccuper les
gestionnaires au premier plan.
Si les mêmes fonds propres chutent de 2500 millions en
1987 à 675 millions en 1990 et le résultat net de 830 millions
en 1989 à 255 millions en 1991, les gestionnaires devraient commencer
à tirer les leçons qui s'imposent pour revoir le mode de gestion
et de planification à long terme.
Les chiffres des ratios exprimés en pourcent permettent
aux analystes financiers de pouvoir tirer immédiatement des conclusions
nécessaires à une situation donnée. La rentabilité
financière s'améliore dans le cas où le taux
d'intérêt des fonds empruntés est inférieur au taux
de rentabilité économique. Dans ce cas, l'entreprise a donc
intérêt à emprunter plus pour développer ses
activités et générer de nouveaux profits.
II.3.2.2. Ratio de rentabilité économique de
1980 à 2005
La Rentabilité Economique « RE »
mesure le profit par franc investi indépendamment de l'origine des
capitaux. Si pour avoir la rentabilité financière l'analyste
utilise les fonds propres, il utilise l'actif total pour avoir la
rentabilité économique. Le ratio de rentabilité
économique appelé aussi Return On Assets est une notion
d'inspiration anglo-saxonne qui mesure en pourcentage le rapport entre le
résultat net et l'actif total mobilisé dans
l'activité.

Après un début difficile, le résultat net
positif a pris son décollage à partir de 1983. Toute la
période qui suivit jusqu'en 1990, tous les espoirs étaient permis
pour une bonne productivité continue.
A partir des années 1984 jusque vers les années
1990, l'actif total a continué à évoluer, passant de 3000
millions à presque 6000 millions.
La rentabilité économique est la
rentabilité comptable de l'outil industriel parce qu'elle traduit
l'efficacité des capitaux investis. Elle est obtenue à partir du
total des emplois par rapport au résultat net de la période.
v Valeurs limites de ROE et de ROA
Nous avons déjà montré que le ROE et le
ROA sont des ratios de rentabilité qui renseignent aux détenteurs
de capitaux d'une entreprise donnée le degré de leur
rentabilité pour générer des profits. Cependant, les
valeurs limites ne sont jamais précises pour dire qu'ils doivent rester
positifs pour dissuader que l'entreprise ne travaille pas à perte ;
d'où ROE > 0 et ROA > 0.
D'après le cabinet en conseil et actuariat WINTER
& Associés : « le ROE et le ROA sont des
indicateurs ayant peu des sens pris individuellement et ces ratios
d'intègrent pas la notion de risque »27(*)
En effet, l'analyse de la gestion financière des
entreprises indique que le rapport entre ROE et ROA appelé
« Effet de levier » est le plus utilisé.
Effet de levier EDL = ROE/ROA
Deux hypothèses sont à
considérer :
« Si ROE > ROA EDL > 1 : dans ce
cas, l'endettement vient améliorer la rentabilité des capitaux
propres et si ROE < ROA EDL < 1 : dans ce cas, l'endettement
vient enfoncer la rentabilité des capitaux propres ».28(*)
Le tableau ci-après montre l'évolution du ratio
de rentabilité économique du COTEBU de 1980 à 2005.
Tableau n°14: Evolution du
ratio de rentabilité économique du COTEBU de 1980 à
2005
Indicateurs
Année
|
Résultat Net
|
Actif total
|
Ratio de rentabilité économique= RN/AT en %
|
1980
|
2,6
|
2151
|
0,1
|
1981
|
-165
|
2220,4
|
-7,4
|
1982
|
-0,9
|
2611
|
-0,03
|
1983
|
63,4
|
2786
|
2,3
|
1984
|
96,9
|
3080
|
3 ,1
|
1985
|
192
|
3601,6
|
5,3
|
1986
|
489
|
4125,5
|
11,8
|
1987
|
349
|
4440
|
7,8
|
1988
|
425
|
4805
|
9
|
1989
|
830
|
5100
|
6
|
1990
|
479
|
5709
|
5
|
1991
|
255
|
4828
|
5, 3
|
1992
|
453
|
6145
|
7,4
|
1993
|
1022
|
5730
|
17,8
|
1994
|
1025
|
5066
|
20
|
1995
|
-547
|
4996
|
-40
|
1996
|
-599
|
5355
|
-11
|
1997
|
-1076
|
9844
|
-11
|
1998
|
-3273
|
5264
|
-62
|
1999
|
1276
|
6672
|
19
|
2000
|
1650
|
8387
|
20
|
2001
|
1773
|
8533
|
21
|
2002
|
171
|
10263
|
2
|
2003
|
-1751
|
9243
|
-19
|
2004
|
-928
|
9392
|
-10
|
2005
|
-568
|
5837
|
-10
|
Source : SCEP, Rapports financiers du
COTEBU de 1980 à 2005.
En analysant le tableau ci-dessus, le ratio de la
rentabilité économique est tantôt positif, tantôt
négatif selon la variation des résultats nets des
différentes années considérées. Avec des
résultats négatifs, l'Etat qui est le seul actionnaire et les
banques fournisseurs de capitaux n'attendent rien en retour de leurs
investissements.
Le graphique ci-après met en relief la variation des
résultats nets, des actifs totaux et de la rentabilité
économique de 1980 à 2005.
Graphique n° 2 : Variation
des résultats nets, des actifs totaux et de la rentabilité
économique de 1980 à 2005

Source : Par l'auteur à partir du
tableau n°14
Le graphique ci-dessus montre que la période des
années 1995 à 2005, qui avait une durée de 10 ans, fut
décisive dans la marche vers la faillite de l'entreprise.
En général, ce fut en grande partie la crise que
le Burundi a connu avec toutes les conséquences économiques qui
s'en suivirent qui a été déterminante pour la suite des
événements.
Après que les gestionnaires de COTEBU aient
manqué l'opportunité de renouveler son outil de production lors
de son extension à partir de 1989, le résultat net de
l'entreprise est resté positif jusqu'en 1994. Après cette
année, les chiffres montrent que le résultat net de l'entreprise
est resté dans le négatif jusqu'à sa faillite totale en
juillet 2006.
La qualité et les dimensions des tissus
fabriqués resteront insuffisantes bien que ces options figuraient parmi
les motivations pour l'extension des usines. La commande des pièces de
rechange pour des machines de vieille technologie reste problématique et
onéreuse puisque quand on change de technologie, la fabrication des
anciennes machines est automatiquement suspendue.
Financièrement, l'entreprise a puisé dans ses
réserves avec plus de 1 milliard de francs pour se procurer des machines
qui ne vont pas tenir longtemps afin d'avoir la production escomptée.
Notons que la rentabilité économique de toute entreprise varie
avec le niveau d'activité.
En effet, une meilleure gestion des stocks, une diminution des
délais de paiement des clients ou un renouvellement des immobilisations
permettent une amélioration de la rentabilité économique.
Par contre, une détérioration de l'activité de
l'entreprise a des conséquences négatives sur cette
rentabilité.
De toutes ces analyses sur la gestion du COTEBU depuis sa
création jusqu'en 1990, il importe de voir clairement que
l'évolution de cette entreprise publique faisait la fierté du
pays. Le tableau n°7 montre que l'entreprise avait accumulé un
résultat net cumulé de 2 581 208 115 FBU de 1980
à 1990.
Par ailleurs, les données des graphiques n°1 et
n°2 sur l'évolution de ratio de rentabilité
financière et de rentabilité économique montre à
suffisance que les résultats nets étaient favorablement positifs
depuis la création de l'entreprise en 1980 jusqu'en 1990. Après
l'extension des usines en 1993, les résultats ne sont guère
devenus positifs et c'est le début des problèmes financiers de
COTEBU. Année après année, le pays entre dans une crise
politique profonde et l'entreprise entre dans la récession totale. De
1995 à 1998, l'entreprise enregistre des résultats
négatifs quatre années consécutifs et ne pourra jamais se
relever.
Les produits fabriqués avaient déjà fait
leur preuve dans tout le pays et même dans les pays de la sous
région comme le prouve les ventes faites au cours de la même
période. Cette période de 1991 à 2006 qui a duré
à peu près quinze ans (jusqu'à la fermeture des portes des
usines fin juillet 2006), a été beaucoup décisif pour
l'avenir de notre entreprise publique COTEBU.
Après une première période de quatre ans
(1991 à 1994) où le résultat net est resté positif,
les conséquences de la crise de 1993 ont commencé à se
manifester depuis 1995 avec des résultats nets négatifs jusqu'en
1998. Les autorités publiques qui se sont succédées
à la tête de l'entreprise ont préféré
l'accompagner dans son évolution sans préconiser aucune solution
intermédiaire.
C'est pour toutes ces raisons que notre première
hypothèse selon laquelle : « la faillite de l'entreprise
publique COTEBU a débuté avec la mise en exécution de son
projet d'extension » vient d'être confirmée.
II.4. Alourdissement de la dette de COTEBU
Avant le début de l'extension de l'usine, l'entreprise
COTEBU était parvenue à produire plus que la capacité
installée de 9 millions de mètre par an. Malheureusement, cette
quantité n'a plus été atteinte après l'extension de
l'usine et la chute de la production globale a continué jusqu'à
la fermeture de l'entreprise. Hormis les causes imputables aux crises
sécuritaires au Burundi et dans la région des grands lacs qui
sont déjà connues et toujours évoquées,
l'importation et le montage des machines d'une technologie
dépassée sont pour ma part à soulever.
En tant qu'utilisateurs d'une technologie à haute
intensité de main d'oeuvre, les agents de manipulation mettaient
beaucoup plus temps de réglage des machines afin de démarrer une
nouvelle production. Selon PwC qui a rendu un rapport d'audit complet en
décembre 2001, les autres causes qui ont influencé les
difficultés de COTEBU sont : « l'embargo qui n'a
pas permis d'acheminer des matières premières et les autres
produits auxiliaires ; l'insécurité sur les grands axes
routiers qui a empêché la libre circulation des marchandises
à l'intérieur du pays ; les coupures
répétées du courant électrique ; et
l'absentéisme du personnel suite à l'insécurité qui
prévalait dans les divers quartiers ».29(*)
Bien que l'entreprise COTEBU avait bien évolué
les dix premières années de son existence jusqu'à pouvoir
faire quelques réserves, cela ne lui a pas épargné de
s'endetter de manière irréversible dans les années
suivantes.
Les analyses des indicateurs-clés de production
montrent que la dette totale commence à s'amplifier au moment de
l'extension en passant de 1616 Millions en 1991 à 2988 Millions en 1992,
juste après l'installation des nouvelles machines. L'année
suivante c'est-à-dire 1993, les choses se sont accélérer
pour que la dette atteigne 3 594 Millions et mais cela résulte de
l'entrée du pays dans une crise politique
généralisée. Pour des gestionnaires avisés, cette
évolution croissante de la dette totale devrait faire
réfléchir les décideurs sur l'avenir de l'entreprise
notamment le conseil d'administration et le conseil de direction qui suivaient
régulièrement l'évolution de l'entreprise.
Le graphique ci-après montre l'évolution de la
dette totale depuis la période de l'extension du COTEBU de 1991 jusqu'en
2005.
Graphique n°3 : Evolution
de la dette totale depuis la période de l'extension du COTEBU en 1991
jusqu'en 2005

Source : Par l'auteur à
partir du tableau n°15
Ce graphique ci-dessus montre comment les dettes de
l'entreprise ont continué à augmenter depuis 1991 à 2005
réduisant toutes les opportunités de redressement de
l'entreprise. A un moment donné, l'entreprise ne pouvait plus honorer
ses engagements et le gouvernement ne voyait pas l'opportunité
d'injecter des fonds dans une entreprise qui ne génère que des
pertes.
La genèse de ces dettes indique d'abord celle de la
construction de l'entreprise en 1978 qu'il fallait commencer à
rembourser après dix ans selon les conventions signées entre le
Gouvernement chinois et le Gouvernement burundais.
Ensuite celle des entreprises chinoises CTEXIC et CAITEC qui
proviendrait des reliquats non payés après la réalisation
de l'extension des usines.
Enfin, une dette consentie à un consortium des banques
commerciales de la place et dont le remboursement était devenu
aléatoire.
D'autres dettes ont continué à hanter
l'entreprise COTEBU comme la dette au trésor public et celle envers les
tiers qui n'ont cessé d'augmenter grâce aux intérêts
bancaires.
II.5. Conclusion du deuxième chapitre
Dans le second chapitre, nous nous penchons exclusivement sur
la création de l'entreprise COTEBU et de son évolution
jusqu'à son extinction totale. En analysant les chiffres se trouvant
dans les rapports financiers à ses débuts, l'entreprise avait pu
démarrer avec une croissance soutenue, mais les problèmes ont
commencé au moment où les gestionnaires ont lancé le
projet d'extension de l'usine avec la même technologie de haute
intensité de main d'oeuvre.
Au vu de la stratégie adoptée, l'achat des
machines ayant la même technologie que celle existante ne pouvait pas
améliorer beaucoup de chose étant donné que les anciennes
machines avaient déjà commencé à faire
apparaître des défaillances techniques. Cela découlait
inévitablement de leur durée de vie et des charges d'exploitation
élevées en plus d'une conception qui était
obsolète.
De plus, le projet d'extension a coûté à
l'entreprise des sommes colossales qui devenaient impossible à
rentabiliser avec un contexte de faible productivité et des
problèmes d'écoulement des produits fabriqués.
Comme les analystes pouvaient l'imaginer, il s'en est suivi
des problèmes économiques et financiers liés à une
production devenue décevante. Les ratios de rentabilité
financière et rentabilité économique tels que
illustrés sur le graphique n°1 peuvent le prouver.
Même si le gouvernement a voulu redresser la situation
en signant un contrat de performance avec le COTEBU en 1996, la situation
financière était devenue irréversible au vu l'endettement
croissant. Le COTEBU venait d'amorcer une crise financière dont les
gestionnaires publics n'ont pas pu gérer jusqu'à sa faillite. Le
personnel de l'entreprise avait déjà alerté à
maintes reprises les autorités de tutelle mais ces dernières
n'ont jamais répondu favorablement.
Il a été remarqué que la
rentabilité financière ainsi que la rentabilité
économique sont allées décroissant après que le
projet d'extension ait été terminé en 1993. Cette
réalité a confirmé notre première
hypothèse.
CHAPITRE III. ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA FAILLITE DE
L'ENTREPRISE PUBLIQUE
« COTEBU »
Dans beaucoup de pays, les faillites des entreprises, qu'elles
soient publiques ou privées, sont toujours enregistrées sans
distinction entre les pays riches et ceux en voie de développement.
Evidemment les causes de ces faillites sont nombreuses et
diffèrent d'un pays à l'autre. Pour les cas du COTEBU qui fait
objet de notre étude, les déterminants de sa faillite sont
liés en principe à la crise politique qui a secoué notre
pays depuis 1993 ainsi que d'autres crises qui ont traversé les pays de
la sous-région depuis déjà 1991. Des difficultés
liées à la gestion financière, aux choix des
investissements seront aussi analysées pour tirer des conclusions qui
s'imposent. D'ores et déjà, l'entreprise fut confrontée
à des problèmes liés au changement de dirigeants à
chaque fois qu'il y avait des changements politiques. Ce manque de
stabilité dans la gestion au plus haut niveau nous pousse à dire
qu'il y a eu absence de stratégie réelle de développement
d'entreprise. Cela sera analysé dans notre travail dans le cadre
d'analyse des déterminants qui ont occasionné effectivement la
faillite de notre entreprise publique.
Au cours de notre analyse, nous allons distinguer les
déterminants endogènes et exogènes pour
le cas précis du COTEBU mais notre étude se penchera en grande
partie sur les principaux déterminants tout en sachant que les
secondaires peuvent découler de ces premiers.
Quand on analyse les indicateurs-clés affichés
par COTEBU depuis 1991 jusqu'à sa faillite illustré au tableau
n°13, les fonds propres ont été entamés depuis 1998
parce qu'ils atteignaient - 976 millions de FBU alors que les résultats
étaient complètement négatifs.
Dans ces circonstances, la restructuration financière
et la gestion de la société devient incertaine compte tenu de la
faiblesse du marché. Seule une subvention de fonctionnement de l'Etat
pouvait permettre à COTEBU de fonctionner artificiellement. Mais cela
prendrait combien de temps quand on sait que les moyens de l'Etat sont
extrêmement limités.
Les résultats nets négatifs prouvent que
l'entreprise aurait été restructurée depuis bien
longtemps.
Le tableau ci-après montre l'évolution des
indicateurs-clé du COTEBU depuis 1991 jusqu'à 2005.
Tableau n°15 : Evolution
des indicateurs-clés de COTEBU depuis 1991 à 2005
(en millions de FBU)
Indicateurs
Année
|
Actif Total
|
Dette Totale
|
Chiffre d'affaire
|
Fonds Propres
|
Valeur Ajoutée
|
Résultat Net
|
1991
|
4824
|
1616
|
2912
|
740
|
1360
|
255
|
1992
|
6145
|
2988
|
1169
|
757
|
1058
|
453
|
1993
|
5730
|
3594
|
1899
|
685
|
83
|
1022
|
1994
|
5066
|
3965
|
1800
|
706
|
317
|
1025
|
1995
|
4996
|
4442
|
1542
|
691
|
692
|
-547
|
1996
|
5355
|
4792
|
1891
|
638
|
374
|
-599
|
1997
|
9844
|
6277
|
2414
|
795
|
541
|
-1076
|
1998
|
5264
|
7890
|
4377
|
-976
|
1474
|
-3273
|
1999
|
6608
|
7434
|
6401
|
-4371
|
1550
|
1276
|
2000
|
8387
|
6905
|
4347
|
-3094
|
1829
|
1650
|
2001
|
8533
|
9280
|
5728
|
-2521
|
2169
|
1773
|
2002
|
10263
|
10097
|
6983
|
-1323
|
2426
|
171
|
2003
|
9243
|
11570
|
7057
|
-176
|
1623
|
-1751
|
2004
|
9392
|
12647
|
6981
|
-972
|
2040
|
-928
|
2005
|
5837
|
9751
|
6262
|
-3915
|
1888
|
-568
|
Source : SCEP, Situation
générale du secteur parapublic, « cas du
COTEBU »
Le tableau ci-dessus montre que la santé
financière de notre entreprise COTEBU ne se portait pas bien pendant une
durée de 15 ans.
D'emblée, la dette totale est passée de 1.616
millions en 1991 à 12.647 millions en 2004 ce qui montre que la
société s'était beaucoup endettée sans moyens de
remboursement propres.
Au niveau des fonds propres, ils sont devenus négatifs
à partir des années 1998, présentant déjà
les premières tendances vers la faillite.
III.1. Les déterminants endogènes
Ils sont appelés ainsi, étant donné que
les gestionnaires peuvent avoir les possibilités de les surmonter en
adoptant la bonne gestion et en utilisant à bon escient tous les moyens
mis à leur disposition et leur savoir faire. Dans le cas sous analyse,
la maîtrise des déterminants endogènes tels que
l'insuffisance de la planification et la gestion financière ; les
lacunes des gestionnaires; les faibles capacités en marketing ainsi que
la capacité des ressources humaines peuvent épargner une
entreprise de la faillite.
III.1.1. Insuffisance de la planification et la gestion
financière
Ces deux concepts rappellent le management des entreprises qui
exige que les gestionnaires adoptent des stratégies de mise en valeur
des entités économiques placées sous leur
responsabilité. « La définition de base dit que la
gestion se compose d'activités de planification,
d'organisation, d'impulsion et de contrôle ».30(*)
La question est de savoir si notre entreprise publique COTEBU
a respecté les règles de base de la gestion tout au long de sa
durée de vie.
Si nous faisons référence au rapport d'audit de
Pricewaterhousecoopers réalisé en Décembre 2001 et
d'autres documents qui retracent la gestion de cette entreprise se trouvant au
SCEP, rien n'a été signalé qui puisse mettre en cause
directement les techniques de gestion appliquées à l'entreprise.
Nous pensons que cela n'est pas la finalité d'un audit qui doit
émettre seulement une opinion favorable ou non.
Pour notre part, l'analyse de la production vendue
annuellement nous prouve que les efforts fournis étaient énormes
au regard de l'état de l'outil de production utilisé. Cependant,
ce sont les conséquences liées à la réalisation de
l'extension des usines qui ont occasionnées le début des
problèmes financiers de l'entreprise.
Après avoir sorti plus d'un milliard de francs
burundais dans les réserves de l'entreprise pour la réalisation
de l'extension, un déséquilibre de la structure du capital s'est
installé petit à petit. De plus, l'entreprise a contracté
une dette de plus de 1,7 milliards de francs burundais dans les banques
commerciales, une dette à long terme qui va se répercuter sur ses
capacités de remboursement.
L'analyse des autres déterminants,
particulièrement les lacunes des gestionnaires, fera la lumière
sur le comportement des gestionnaires des entreprises en général,
et des entreprises publiques en particulier, devant les risques de faillite.
III.1.2. Les lacunes des gestionnaires
Les responsables des entreprises publiques ont toujours
été l'apanage des changements politiques et malheureusement rien
ne semble changer le cours des événements. L'expérience a
montré que les entreprises, qu'elles soient publiques ou privées,
sont bien gérées quand elles ont à leur tête des
gestionnaires compétents et chevronnés. Est-ce que notre
entreprise publique COTEBU n'est pas tombée dans des mains des
gestionnaires qui voulaient satisfaire les intérêts personnels
plutôt que l'intérêt général ?
Est-ce que le conseil d'administration pouvait-il jouer
pleinement son rôle sans interférence avec les autorités de
tutelle ? Dans le cas récent de la Société
Sucrière du Moso, l'expérience a prouvé publiquement qu'il
pouvait y avoir des interférences des politiciens dans la gestion des
entreprises publiques.
Gérard CHARREAUX, Professeur en sciences de gestion
à l'Université de Bourgogne qui travaille sur la théorie
du gouvernement des entreprises écrivait : « Il est
vraisemblable que la moindre grande efficacité des entreprises publiques
puisse s'expliquer par la forte rotation à laquelle sont soumis les
dirigeants des entreprises, en raison des facteurs
politiques ».31(*)
D'une manière générale, les lacunes des
gestionnaires pouvant occasionner la faillite sont nombreuses.
Au niveau des connaissances en générale, les
connaissances techniques, le sens de l'initiative pour l'innovation et
l'adaptation, la souplesse et la communication ainsi que le contrôle et
les connaissances approfondies en gestion dans le domaine précis sont
des éléments qui sont beaucoup de fois négligés. En
ce qui concerne les attitudes des dirigeants, l'incapacité de
déléguer les responsabilités, le peu d'importance
accordé à la qualité ainsi que le manque de vision sont
des choses qui s'observent le plus souvent. La finalité des ces
problèmes reste sans doute le manque de rentabilité des
entités de production.
III.1.3. Les faibles capacités en marketing
Au niveau du marketing, les gestionnaires publics semblent n'y
apporter qu'une faible importance, et pourtant les experts en gestion disent
que c'est une lacune qui compte parmi les plus importants facteurs
associée à la faillite des entreprises.
Que signifie stratégie marketing ?
En marketing de gestion, l'encyclopédie libre
Wikipedia dit que ; « la stratégie marketing est une
démarche d'étude et de réflexion dont le but est de
s'approcher au plus près de l'adéquation
offre-demande »32(*)
Au Burundi, les produits COTEBU avaient un marché
sûr qui pouvait couvrir tout le pays, mais il reste à savoir le
niveau de marketing qui prévalait en ce moment. Lorsqu'on on a
songé de faire l'extension des usines, la production et la consommation
étaient au plus haut niveau.
A cette étape, les gestionnaires de l'entreprise COTEBU
se sont aperçus à un moment donné qu'il fallait augmenter
la production au vu des quantités annuelles de tissus vendus. C'est un
déterminant qui, aux yeux de tout analyste financier pouvait être
surmonté si son approche avait été réaliste.
Source : Nos entretiens en annexe
5.
III.1.4. La faible capacité en matière de
ressources humaines
Au Burundi, l'entreprise publique COTEBU figurait parmi celles
qui avaient une capacité d'embauche élevée. Avec des
effectifs allant jusqu'à 1700 employés, cette entreprise de
conception chinoise faisait partie de ce qu'il convient
d'appeler : « entreprise à haute intensité
de main d'oeuvre ». Etant donné que les employés font
partie des actifs incorporels, l'évolution au niveau des recrutements
pouvait facilement constituer une baisse des résultats nets et par
là une baisse de la compétitivité. A la faillite de cette
entreprise, tout ce monde s'est retrouvé en chômage avec toutes
les conséquences qui sont liées à cette situation.
Evidemment, les recrutements ont été
effectués sans analyse des capacités financières que
disposent l'entreprise et cela peut à la longue être une cause de
la faillite. Dans la plupart des grandes entreprises au monde, la
réussite doit être synonyme de maîtrise des effectifs du
personnel ainsi que la formation continue pour augmenter les capacités
techniques.
Source : Nos entretiens en annexe
5.
Sur ce point, ALBAGLI Claude et HENAULT Georges
écrivaient que : « si les entreprises reconnaissent
désormais que les ressources qui conditionnent le plus leur échec
ou leur réussite sont les ressources humaines, c'est peut-être
parce que les hommes sont enfin considérés comme les seuls
à mettre en oeuvre les stratégies qui vont faire fonctionner
l'organisation » 33(*) Cela est applicable pour les entreprises
privées comme pour les entreprises publiques comme COTEBU.
Le tableau ci-après montre l'évolution de la
masse salariale par rapport aux effectifs des travailleurs.
Tableau n°16 : Evolution de
la masse salariale par rapport à la valeur ajoutée de 1991
à 2005
Indicateur
Année
|
Chiffre d'affaires
|
Masse salariale
(en millions de FBU)
|
Valeur Ajoutée
|
1991
|
2912
|
740
|
1360
|
1992
|
1169
|
757
|
1058
|
1993
|
1899
|
685
|
83
|
1994
|
1800
|
706
|
317
|
1995
|
1542
|
691
|
692
|
1996
|
1891
|
638
|
374
|
1997
|
2414
|
795
|
541
|
1998
|
4377
|
976
|
1474
|
1999
|
6401
|
1020
|
1550
|
2000
|
4347
|
1250
|
1829
|
2001
|
5728
|
1444
|
2169
|
2002
|
6983
|
1602
|
2426
|
2003
|
7057
|
1812
|
1623
|
2004
|
6981
|
1968
|
2040
|
2005
|
6262
|
2269
|
1888
|
Source : SCEP, Situation
générale du secteur parapublic, « cas du
COTEBU »
Dans le tableau ci-dessus, il ressort que la masse salariale a
continué à monter depuis 1996 alors l'entreprise continuait
à connaître des problèmes de trésorerie liés
à des résultats nets négatifs.
Nous trouvons cette argument dans un rapport d'une commission
des travailleurs de COTEBU chargée de donner des avis sur la
manière de diminuer les charges salariales : « Document
produit le 12 novembre 1996 et transmis à qui de droit par le Directeur
Général le 7 décembre 1996, beaucoup de propositions
à améliorer la situation financière de l'entreprise ont
été émises mais sans succès ».34(*)
Par la suite, le graphique ci-après synthétise
l'évolution de la masse salariale par rapport à la valeur
ajoutée de 1991 à 2005 alors que l'entreprise était sur le
point de fermer les portes.
Graphique n° 4 : Evolution
de la masse salariale par rapport à la valeur ajoutée de 1991
à 2005

Source : Par l'auteur à partir du
tableau n°16
A travers le graphique ci-dessus, la courbe de la masse
salariale monte même si les effectifs stagnent un peu, il y eu une
augmentation des salaires.
Pour éviter cette hémorragie financière,
le rapport d'une commission des travailleurs avait demandé le
licenciement de 60 travailleurs incompétents relevés dans tous
les secteurs pour les remplacer par d'autres plus rentables afin d'abaisser la
masse salariale et augmenter le chiffre d'affaires. Ensuite l'approvisionnement
des pièces de rechange en quantité suffisante pour faire
fonctionner toutes les machines des différents ateliers. Enfin la
dotation du COTEBU d'une main d'oeuvre suffisante et de bonne
qualité.
III.2. Les déterminants exogènes
Dans la gestion de toute entreprise, il y a des facteurs
imprévus à l'avance mais qui viennent perturber sa bonne
marche.
Ils sont appelés « déterminants
exogènes » étant donné que les autorités
n'auront pas de marges de manoeuvres pour les éviter. Les
déterminants exogènes proviennent en général des
effets externes, que le gestionnaire n'aura pu imaginer au cours de son mandat
et il sera obligé de les subir.
Comme je l'ai souligné au début, les principaux
déterminants exogènes pour la faillite du COTEBU sont le
ralentissement de l'activité économique ; l'accroissement de
la concurrence ; le changement technologique et la
réglementation gouvernementale. Pour une analyse macroéconomique,
cette liste n'est pas exhaustive parce qu'on peut se retrouver avec d'autres
effets externes moins contraignants que ces derniers.
III.2.1. Le ralentissement de l'activité
économique
Le pays fut confronté à une crise sociopolitique
depuis 1993, juste après la fin de l'extension de l'usine, qui s'est
réalisée sur une longue durée. Ceci est arrivé au
moment où les promoteurs s'attendaient à une meilleure production
de l'entreprise ainsi qu'à sa croissance rapide. Malheureusement,
l'économie du pays a baissé à cause de l'embargo qui a
suivi en 1997, entraînant dans sa suite le ralentissement de
l'activité économique dans plusieurs secteurs dont le COTEBU.
Ajoutons à ce constat que l'environnement économique
n'était pas aussi favorable dans les pays de la région des grands
lacs où l'entreprise pouvait écouler sa production. Les
conséquences qui ont suivi en ont été les
difficultés de ventes des produits fabriqués entraînant le
tarissement des fonds de l'entreprise. Les autres problèmes furent
liés à la perte des clients de la sous région ainsi que
les difficultés d'importer les matières premières et
autres intrants nécessaires à la production des tissus.
Source : Nos entretiens en annexe
5
III.2.2. L'accroissement de la concurrence
En tant que déterminant exogène, la concurrence
possède plusieurs significations mais selon le dictionnaire Larousse,
c'est une structure d'un marché qui se caractérise par une
pluralité d'entreprise en compétition les unes par rapport aux
autres pour bénéficier de la préférence des
consommateurs.
Depuis 1980, période à laquelle l'entreprise
COTEBU a commencé à produire ses premiers tissus, le gouvernement
du Burundi a beaucoup protégé son industrie textile naissante en
interdisant l'importation des tissus de la même qualité que ceux
produits localement. Fort de cet engagement de l'Etat, le COTEBU vendait
à l'aise localement et pouvait même exporter une quantité
non négligeable.
Cependant, les réformes économiques du Programme
d'Ajustement Structurel (PAS) intervenues en 1986 que le gouvernement a mis en
place avec le concours des institutions de Bretton Woods ont perturbé
l'évolution du COTEBU. Dans ce cadre, les réformes et mesures
préconisées étaient les suivantes :
- La libéralisation des prix et des importations par la
suppression des barrières institutionnelles et tarifaires.
- La promotion des exportations grâce aux incitations
institutionnelles et fiscales.
- L'ajustement régulier du taux de change en fonction
du marché.
Les effets de ces réformes seront ressentis par le
COTEBU à partir de 1990 avec la réduction des tarifs douaniers et
la libéralisation des importations et des prix. C'est à cette
période que le projet d'extension débuta en lieu et place du
renouvellement total ou progressif de l'outil de production déjà
vétuste.
Lorsque la libéralisation de la vente des tissus
intervint en 1986, l'entreprise se heurta à une concurrence accrue de la
part de tissus en provenance du marché asiatique qui se développe
de plus en plus dans le domaine. Quelques années plus tard, même
le marché d'exportation dans les pays de la région des grands
lacs s'amenuise d'autant plus que les gouvernements rwandais, ougandais et
congolais ont fournis beaucoup d'effort pour relancer leurs propres industries
textiles à savoir SOTEXKI et UTEXAFRICA pour le République
Démocratique du Congo et UTEXRWA pour le Rwanda.
Le tableau suivant montre la variation des prix des tissus
COTEBU par rapport aux tissus fabriqués ailleurs
Tableau n°17 : Evolution de
la masse salariale par rapport à la valeur ajoutée de 1991
à 2005
Type de tissu
|
Longueur
|
Prix en BIF
|
Tissu COTEBU
|
4 M
|
3 500
|
Tissu UTEXRWA
|
4 M
|
4 000
|
Tissu Asiatique (DUBAI)
|
4 M
|
8 000
|
Tissu WAX REAL
|
5,4 M
|
14 000
|
Tissu WAX Hollandais
|
5,4 M
|
20 000
|
Tissu WAX Super
|
6 M
|
50 000
|
Source :SCEP, Rapport d'audit de
PricewaterhouseCoopers sur l'étude de viabilité du COTEBU,
décembre 2001.
Au vu des prix pratiqués sur les tissus COTEBU, ils
étaient largement inférieurs par rapport aux autres, mais il
reste à comparer le rapport qualité-prix.
Source : Nos entretiens en annexe
5.
III.2.3. Le changement technologique
L'évolution technologique a été assez
rapide dans le monde surtout au cours de la deuxième moitié du
20ème siècle et cela à tous les points de vue. Ainsi une
entreprise qui n'adapte pas son outil de production sera dépassée
par ses concurrents directs qui l'ont fait dans les limites techniquement
prévus. Bien que la plupart des entreprises africaines ont
été implantées durant la période
précitée, il a été remarqué qu'elles ont
failli par manque d'expérience en gestion des dirigeants.
Le changement d'une technologie devenue obsolète par le
temps et par l'usure s'avère inévitable aussi longtemps que les
machines seraient en train de tourner. Au Burundi, les premières notions
de comptabilité générale qui instruisent le mode
opératoire quant à la durée de vie des machines
industrielles furent introduites en 1975. Les lacunes pour leur
applicabilité ne pouvaient pas manquer alors qu'actuellement la
comptabilité est devenue une technique à part entière. Le
changement technologique par de nouveaux outils de production doit coûter
très cher à toute entreprise mais possède un impact
positif à long terme.
C'est ainsi que Bernard HAUDEVILLE écrivait
que : « La complexité technologique ne fait pas
obstacle à un meilleur équilibre de la structure productive, mais
impose des conditions pour y parvenir. Il existe des étapes à
respecter et cet effort ne peut porter ses fruits que dans le cadre d'un
engagement à long terme ».35(*) Notons que les grandes entreprises se
préparent en conséquence en appliquant correctement leur
comptabilisation par amortissement de leurs machines consécutif à
une politique d'investissement.
Source : Nos entretiens en annexe
5.
III.2.4. La réglementation gouvernementale
contraignante
Pour l'étude de ce déterminant, la question que
l'on peut se poser est de savoir quelle conception possède les pouvoirs
publics sur la gestion des entreprises publiques au Burundi. C'est une
interrogation que chacun peut se poser quand on regarde les faibles
performances que connaissent depuis quelques années la plupart de nos
entreprises publiques. Analysons la situation du COTEBU qui a dû fermer
ses portes en 2007 après plusieurs années de balbutiement
économique.
A partir de 1995, le résultat net est -547 millions de
FBU et est resté toujours négatif atteignant même -
3 273 millions de FBU en 1998(voir le tableau n°15). Rappelons que
cette période coïncide avec celle où le gouvernement avait
signé un contrat de performance avec COTEBU.
De plus, quand on analyse le même tableau au niveau des
dettes totales contactées par l'entreprise, elles se sont
accumulées passant de 4 442 millions de FBU en 1995 à
6 277 millions de FBU en 1998. Ces chiffres devaient faire
réfléchir les gestionnaires à tous les niveaux sur une
éventuelle prise de décision pour l'avenir d'une entreprise aussi
stratégique pour le pays que le COTEBU.
Huit ans après la période sombre dans la
gestion de COTEBU, les portes ont fini par être complètement
fermées en janvier 2007 croupissant sous une dette de plus de 10
milliards de FBU et un résultat net aussi négatif qu'avant.
Beaucoup de réflexions ont été menées par des
experts en gestion ainsi que des dirigeants d'entreprises à travers le
monde au cours ces dernières décennies sur le gouvernement
d'entreprise qui peuvent servir d'exemple pour le Burundi.
A ce sujet, El Hadji FAYE écrivait pour les entreprises
publiques sénégalaises que : « A la place
des Etablissements Publics à Caractère Industriel et Commercial
et des Sociétés Nationales, l'ouverture du capital au
privé pour la création des Sociétés d'Economie
Mixte pourrait s'avérer efficace dans une optique de minimisation des
coûts d'agence liés au gouvernement de l'entreprise
publique ».36(*)
Dans les pays industrialisés, actuellement les
entreprises publiques recouvrent des formes juridiques très
diversifiées dans la perspective de recourir à la performance par
un meilleur gouvernement d'entreprise.
En France, par exemple, Gérard Charreaux
écrivait : « on distingue traditionnellement
les établissements publics industriels et commerciaux qui sont des
personnes morales de droit public gérant un service public industriel et
commercial dans des conditions assez proches de celles des entreprises
privées (EDF ou RATP) ; les sociétés
d'économie mixte, de droit privé, dont le financement est issu
simultanément du public et du privé, et qui sont soumises
à un contrôle étroit de l'Etat(Air France) et enfin, les
sociétés privées à capital public, qui
gèrent un service public et dont l'actionnariat est
contrôlé par l'Etat directement ou indirectement(Crédit
Lyonnais) ».37(*)
Dans tous ces modèles de gestion d'entreprises
publiques qui s'opèrent à travers le monde, certains cas
d'entreprises bien gérées devraient inspirer les décideurs
sur le gouvernement de nos entreprises publiques qui sont au bord de la
faillite.
Aucun gouvernement responsable ne pourrait attendre la
fermeture des portes de son entreprise pour commencer à agir, mieux vaut
prévenir que guérir.
Source : Nos entretiens en annexe 5.
III.3. La faillite totale de COTEBU
A la fin de l'analyse de tous les déterminants
endogènes et exogènes, nous avons vu que les signes de mauvaise
santé financière de notre entreprise publique se sont fait
remarqués depuis 1995 en enregistrant le premier résultat net
négatif de - 547 au cours de cette même année. Ce mauvais
résultat préliminaire pourrait sans doute découler de
l'insuffisance de la planification et de la gestion financière comme
celui des lacunes des gestionnaires.
Jusque là, l'entreprise continua à puiser dans
ses fonds propres jusqu'en 1998 pour atteindre - 976 à la fin de la
même année. Le tableau n°14 illustre parfaitement les faits
que nous venons d'annoncer.
De 1995 à 1998, trois années venaient de
s'écouler avec une entreprise qui enregistre des résultats nets
négatifs jusqu'à entamer les fonds propres, les pouvoirs publics
devraient agir au plus vite pour une décision de redressement financier,
et pour ce fait le marketing aurait dû jouer son rôle de premier
plan.
Au niveau des ressources humaines, le tableau n°14 montre
qu'au cours de la période correspondant aux résultats
négatifs, les effectifs ont passé de 1325 à 1641
occasionnant une masse salariale qui a grimpé de 691 millions à
976 millions créant ainsi une augmentation budgétaire de 285
millions.
Au regard des problèmes financiers déjà
vus, l'entreprise publique n'aura rien fait que de recourir aux emprunts
bancaires, aux subventions de l'Etat ou de continuer à creuser le
fossé dans ses finances.
De leur côté, les déterminants
exogènes qui sont particulièrement fortuits et dont l'entreprise
subit malgré elle, ont participé à enfoncer les bilans
financiers de COTEBU.
Prenons d'abord le ralentissement de l'activité
économique qui suivi la crise sociopolitique qu'a subi le pays depuis
octobre 1993. Après le montage des derniers équipements de
production, l'entreprise espérait repartir à la conquête
d'une meilleure production comme elle l'avait projeté au moment de
l'extension de l'usine. Malheureusement, une crise sociopolitique a surgi dans
le pays au mois d'octobre 1993 provoquant depuis lors un ralentissement
général de l'économie.
En analysant le tableau n°2, la production des tissus est
tombée de 11 288 531 m en 1991 à 4 901 301 en
1993 ; diminution de 2/3 de la production prévue. Ces chiffres de
1993 resteront ainsi jusqu'à la faillite de l'entreprise puisque la
crise s'est enlisée pendant plusieurs années encore.
Au même moment, les tissus concurrents produits des pays
asiatiques et même de la sous région avaient commencé
à inonder le marché burundais mettant à mal les ventes de
tissus COTEBU par une concurrence accrue. Le changement technologique a
été beaucoup commenté, mais les enquêtes
menées auprès des gestionnaires concluent que le changement de
technologie participe dans une moindre mesure à contribuer à la
faillite des entreprises.
Quant à la réglementation gouvernementale
contraignante, elle est plus accentuée dans les pays en
développement que dans les pays développés.
Les raisons en sont que dans les pays
développés, beaucoup d'entreprises publiques sont
gérées dans un partenariat public-privé avec des lois
contraignantes en la matière tandis qu'au Burundi, l'Etat reste
l'actionnaire à cent pour cent public.
Nous venons de développer un à un les
déterminants de la faillite d'une entreprise quelle que soit sa
forme.
Que ça soit les déterminants
endogènes ou exogènes, nous remarquons qu'ils ont provoqué
la faillite de notre entreprise d'où l'hypothèse selon
laquelle :« les déterminants de la faillite des
entreprises qui sont endogènes et exogènes ont contribué
de manière décisive à la faillite de l'entreprise publique
COTEBU » est confirmée.
Tombée en faillite en janvier 2007, cette entreprise
publique a fini par être concédée à une entreprise
mauricienne appelée Afri-Textile depuis novembre 2010 ; soit trois
ans après. « Le contrat entre l'Etat du Burundi et
l'entreprise de l'Ile Maurice est du type partenariat
public-privé ; les infrastructures de COTEBU appartiendront
toujours à l'Etat du Burundi mais seront exploitées par
Afri-Textiles, qui versera au premier une part des bénéfices
suivants les résultats annuels ».
Cette concession conclue est de trente ans moyennant une mise
de 10 millions de dollars américains. On comprendra enfin que
l'entreprise publique COTEBU a débuté ses ennuis financiers
depuis 1995, les pouvoirs publics ont maintenu en activité une
entreprise qui ne rentre rien dans le trésor public jusqu'en 2007 ;
soit 12 ans. Même après cette période, il fallu une fois de
plus 3 ans pour conclure un contrat de concession. Le pays aura perdu plus de
15 ans pour que son investissement puisse générer quelques
rentrées dans le trésor public.
III. 4. Conclusion du troisième chapitre
En abordant le troisième chapitre, nous avons pu voir
que la faillite de l'entreprise COTEBU, comme la plupart d'autres entreprises
publiques déjà tombées en faillite, est tributaire de
plusieurs facteurs déterminants qu'ils soient exogènes ou
endogènes. Cependant, les difficultés liées à
l'exploitation d'une entreprise ayant un outil de production déjà
vétuste et utilisant une technologie à haute intensité de
main d'oeuvre comme le COTEBU s'avéraient plus complexes. Nous pouvons
citer l'incapacité de maîtriser les charges d'exploitation et la
difficulté de maîtriser les effectifs du personnel.
Le contrôle interne qui est un élément
essentiel pour la survie de toute entreprise était devenu inefficace. En
analysant les principaux déterminants endogènes
étudiés, nous avons montré que les lacunes des
gestionnaires ont pesé beaucoup pour la faillite totale de notre
entreprise COTEBU. Les autres déterminants tels que l'insuffisance de la
planification et de la gestion financière ; la capacité en
marketing et la capacité des ressources humaines ne découlent que
du premier.
Même dans les pays industrialisés comme le
Canada, les chercheurs de Statistique Canada indiquent
que : « Les lacunes en matière de gestion
générale et gestion financière arrivent en tête de
liste : dans près de 71% des entreprises, la faillite a
été causée par de tels
problèmes ».38(*)
Par ailleurs, les déterminants exogènes qui sont
inévitables et imprévisibles à l'origine, ont causé
beaucoup d'ennuis financiers allant jusqu'à provoquer la faillite de
notre entreprise COTEBU.
En tête nous citerons le ralentissement de
l'activité économique dû surtout à la crise
sociopolitique que le pays a connu depuis 1993 ainsi que les guerres civiles
qui ont éclatées dans notre sous-région depuis 1991. Les
autres déterminants exogènes sont liés au premier mais le
pourcentage reste toujours moindre quant à la capacité de causer
une faillite d'entreprise.
Même si des résultats positifs pouvaient
être affichés, par exemple en 1999 et en 2000, ils étaient
entrecoupés par d'autres périodes de résultats fortement
négatifs comme en 1998 (voir le tableau n°13). Au bout du
compte, les résultats globaux au cours d'une période
donnée, liés au poids d'une dette difficilement remboursable,
devenaient négatifs dans le temps. Son insolvabilité grandissante
et le refus des pouvoirs publics de redresser une entreprise publique mal
gérée l'a conduit à la ruine totale.
Ces expériences de gestion changeantes sont
arrivées durant une période de turbulence politique laissant
comprendre des changements conséquents de gestionnaires au plus haut
niveau.
CONCLUSION GENERALE
L'objectif de notre travail de fin d'études
était de mettre en exergue les déterminants ayant conduit
l'entreprise COTEBU à sa faillite totale. Dans cette perspective nous
avons organisé notre travail autour de trois chapitres bien
distincts.
Dans le premier chapitre, nous avons montré que
l'entreprise publique COTEBU fut mise en place depuis 1978 grâce à
un crédit du gouvernement chinois accordé au gouvernement
burundais. Tout au long de son existence, elle a connu des hauts et des bas.
Lorsque sa production initiale commença en 1980, la
viabilité au cours des dix premières années a
été une réussite avec des résultats largement
positifs. Au cours de cette période, aucun analyste n'aurait
pensé que l'entreprise publique pouvait un jour tomber en faillite vu le
volume des ventes qui s'observait au niveau national.
Face aux importations des tissus concurrents vendus au prix
inférieur du prix de revient des produits COTEBU, le gouvernement avait
interdit l'importation des tissus similaires à ceux produits localement
. Depuis lors jusqu'en 1990, notre entreprise publique a enregistré une
croissance remarquable en parvenant même à exporter vers les pays
voisins. Après 1990, le comportement des gestionnaires publics
successifs à la tête de COTEBU n'a pas permis son éclosion
complète. Même si les premiers dix ans ont été
florissants pour l'entreprise, nous avons montré que la période
qui a suivi fut complètement difficile aux gestionnaires de COTEBU.
Dans le deuxième chapitre, nous nous sommes
focalisé sur l'organisation tant administrative que technique pour
montrer les contours de la gestion. Les gestionnaires publics ont
initié une extension dont la faisabilité était mal
orientée et qui n'a pas produit des résultats escomptés.
Les raisons de ces difficultés furent les commandes de machines ayant la
même technologie que les anciennes au lieu de moderniser petit à
petit l'outil de production. Aucun gestionnaire ne pouvait ignorer que des
machines ayant fonctionné pendant plus de dix étaient devenues
assez vétustes pour faire une bonne production.
Ceci nous a permis de démontrer que l'entreprise
pouvait éviter une faillite dans le temps puisque la modernisation de
l'outil de production aurait augmenté la production totale. Par la
suite, la période qui a suivi la fin de l'extension a vu une crise
sociopolitique s'abattre sur le pays à partir d'octobre 1993 dont les
conséquences se sont prolongées sur plusieurs années.
Dans le troisième chapitre, nous avons
développé les déterminants comme on peut les retrouver
dans la revue de littérature. Les déterminants de la faillite de
l'entreprise COTEBU, qu'ils soient endogènes ou exogènes, nous
montrent qu'ils ont contribué à sa faillite. Au niveau des
déterminants endogènes, l'insuffisance de la planification et de
la gestion financière ainsi que les lacunes des gestionnaires n'ont pas
permis à l'entreprise de continuer sur sa lancée. Quant aux
déterminants exogènes qui sont le ralentissement de
l'activité économique et l'accroissement de la concurrence, le
changement technologique et la réglementation gouvernementale
contraignante n'ont laissé aucune chance à COTEBU de
concrétiser les objectifs qu'il s'était assignés lors de
sa création.
Ainsi, la deuxième hypothèse de savoir si tous
ces déterminants ont contribué à la faillite de COTEBU en
a été confirmé.
Depuis sa création en 1978 jusqu'à sa faillite
totale en 2007, l'entreprise COTEBU était considéré comme
un noyau de l'économie du pays. En sa qualité d'entreprise
à haute intensité de main d'oeuvre, elle faisait vivre un grand
nombre de la population du pays. Sa reprise en 2010 par le biais d'un contrat
de concession de 30 ans avec l'entreprise mauricienne Afri-Textile fait
renaître de l'espoir aux familles burundaises qui avaient beaucoup
souffert de sa faillite. Nous pensons que les autorités burundaises
travailleront dans le sens de tirer le maximum de profit de cette entreprise
pour le développement de notre pays. D'emblée, la concurrence
dans le domaine du textile est rude à travers la sous région et
même les pays asiatiques longtemps expérimentés.
Au terme de nos analyses, les déterminants de la
faillite de l'entreprise COTEBU ne nous semblent pas exhaustifs, c'est
pourquoi nous avons apporté une modeste contribution et nous interpelons
tout autre chercheur intéressé à la vie des entreprises
publiques de mener d'autres réflexions. Ainsi, sur base des analyses
effectuées, nous ne pouvons pas clôturer notre travail sans
formuler quelques suggestions.
Au gouvernement, nous suggérons d'éviter
à l'avenir une politisation excessive des entreprises publiques pour que
ces dernières travaillent dans des objectifs de grande
productivité et générer beaucoup d'impôts pour les
caisses de l'Etat.
Le Gouvernement pourrait aussi initier une loi portant
réforme juridique des entreprises publiques en privilégiant leur
mode gestion basé sur le partenariat public-privé qui pourrait
inclure des clauses spécifiques sur la faillite des entreprises
publiques. Cet argument tient compte des courants de pensées qui vont
dans le sens de ne pas vouloir privatiser toutes les entreprises publiques.
Cependant, les entreprises publiques qui fournissent un service public
jugé vital à la population ou les entreprises potentiellement
compétitives causeraient beaucoup de manque à gagner à
l'Etat.
Au nouveau concessionnaire de COTEBU de recapitaliser
l'entreprise en modernisant l'outil de production dans la perspective de
fabriquer de tissus compétitifs sur les marchés local et
régional. Enfin, nous ne prétendons pas avoir
épuisé toutes les analyses au sujet de la faillite des
entreprises publiques burundaises ; c'est pour cette raison que nous
appelons tous les autres chercheurs intéressés à nous
emboîter le pas et améliorer davantage ce sujet.
Les observations et les améliorations des
éventuels lecteurs seront toujours les bienvenues parce que nous n'avons
aucun doute que ce travail comporte des imperfections de tout genre.
Références bibliographiques
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d'entreprise en Afrique,
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1991.
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4. COULIBALY A.D., Les difficultés de cohabitation
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Entrepreneuriat : l'expérience de
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9. MAINGUY C., L'Afrique peut-elle être
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10. MELYON G., Gestion financière, Lexifac
Gestion, 4è Edition, Editions Bréal,
Paris, 2007.
11. PHILIPPE B., Etat-Patron :Théories et
réalités, Editions Syros,Paris,1980.
12. PAUL T., Les entreprises publiques en
Europe , Editions Dunod, Paris, 1970.
b) Thèse et Mémoire
1. BARANKANIRA E. et SABUSHIMIKE T., Contribution
à l'amélioration des
stratégies de marketing d'une entreprise
industrielle :
Cas du COTEBU U.B., FSEA, Mémoire de
licence, 2004.
2. SEROMBA R., Les entreprises publiques au Burundi :
Problématique de
Gestion, Thèse de doctorat,
Université de Lausanne, Suisse, 1989.
c) Revues et autres documents
1. BAKANIBONA A., Syllabus du cours de
Management , ISGE, 2003.
2. Bulletin Officiel du Burundi, n°22/2011 de Mai
2011.
3. Bulletin officiel du Burundi, n°12/78 d'avril 1978.
4. Bulletin officiel du Burundi, n°10/97 d'octobre
1997.
5. EL HADJI F., « Les
contre-performances des entreprises publiques
sénégalaises :un problème de
gouvernance ? »,
Revue Africaine de
gestion n°1, mai 2003.
6. MERLE P.A., Indicateurs de rentabilité, WINTER &
Associés, Paris, 2011.
7. NDIKUMANA L., Syllabus du cours de Gestion
Financière, ISGE, 2006.
8. NGENDAKUMANA D., « Privatisation au
Burundi : Dépasser l'émotionnel »,
RIDEC, Volume3 n°1, août
2008.
9. NGENDAKUMANA D., « La privatisation des
entreprises à Participation
Publique », CURDES, octobre
1999.
10. RUTAKE P., « Bonne gouvernance et
développement au Burundi »,
CURDES, 2003.
11. RAZAFDRAMANANA M.H., « Rapport
d'achèvement du programme
d'ajustement structurel
(1990-1993) », FAD, Juin 1996.
12. SCEP,«Rapport sur les données
financières du COTEBU de 1980 à 1990 ».
13. SCEP, « Note sur la viabilité du
Complexe Textile de Bujumbura », Juin 1998.
14. SCEP, PricewaterhouseCoopers, « Rapport
d'audit sur la viabilité de
COTEBU », Décembre 2001.
15. SCEP, « Rapport d'une commission ad hoc des
travailleurs de COTEBU »,
Novembre 1996.
d) Internet
1. Site, http : www.wikipedia.org
ANNEXES
* 1 NGENDAKUMANA Déo ,
« Privatisation au Burundi : Dépasser
l'émotionnel », RIDEC, Volume 3, n°1,
Août 2008 , p128.
* 2 SEROMBA
Robert, « Les entreprises publiques au Burundi:
Problématique de gestion », Thèse, Lausanne, 1989,
p55.
* 3 NGENDAKUMANA Déo,
« Privatisation des entreprises à participation
publique », CURDES, Octobre 1999, p7.
* 4 CHARREAUX
Gérard,« L'entreprise publique est-elle nécessairement
moins efficace ? », Economica, Paris, septembre 1997,
p2.
* 5 BOB n°22/2011, Loi
n°01/09 du 30/5/2011 portant code des sociétés
privées et à participation publique.
* 6 BOB, Op.Cit.
* 7 BOB, Op. Cit.
* 8 HA-JOON Chang,
« La réforme des entreprises publiques », United
Nations DESA, New York, juin 2007, pp14-15.
* 9 LAVROFF Dimitri
Georges,«Les entreprises publiques en Afrique Noire »,
Editions A.PEDONE,Paris,1979,P7
* 10 PHILIPPE Brachet.,
« Etat-Patron : Théories et
réalités », Editions SYROS,Paris, 1980, p88.
* 11 PAUL Turot,
« Les entreprises publiques en Europe », Editions
Dunod -Economie, Paris 1970, p114.
* 12 RAZAFINDRAMANANA M.H.
« Rapport d'achèvement du programme d'ajustement
structurel(1991-1993) »FAD, Juin 1996, p9.
* 13 Coulibaly Aly D. ;
« Les difficultés de cohabitation entre contraintes
légales et entrepreneuriat : l'expérience de la Belgique
avec sa Loi Pinxten », 2005.
* 14 JOHN Baldwin;
« La faillite des entreprises au Canada », Statistique
Canada, Novembre 1997, p23.
* 15 HAN -JOON Chang,
Op.Cit , p16.
* 16 RUTAKE Pascal,
« Bonne gouvernance et développement au
Burundi », CURDES, 2003, p47.
* 17 JOHN Baldwin , Op.Cit.
* 18 Claire Mainguy,
« L'Afrique peut-elle être
compétitive ? », Editions Karthala, Paris, 1998 .
* 19.DEFARGES Philippe Moreau,
« La gouvernance », Collection, Que sais-je ?
n°367, PUF, Paris,2003,p17.
* 20 BELTRAN Alain et RUFFAT
Michèle, « Culture d'entreprise et
Histoire », Les Editions de l'Organisation, Paris, 1991, p158
* 21 Bulletin Officiel du
Burundi, n°12/78 d'avril 1978, p.524
* 22 Bulletin Officiel du
Burundi, n°10/97 d'octobre 1997, P.729
* 23 BARANKANIRA Ernest et
SABUSHIMIKE Thaddée., « Contribution à
l'amélioration des stratégies de marketing d'une entreprise
industrielle : cas du COTEBU », Mémoire FSEA, UB,
2004, p61.
* 24 SCEP,
« Rapport sur les données financières du COTEBU de
1980 à 1990 »
* 25 SCEP, « Note
sur la viabilité du Complexe Textile de Bujumbura »,
1998.
* 26
SCEP,,PricewaterhouseCoopers , « Rapport d'audit sur
l'étude de viabilité du COTEBU », Décembre
2001.
* 27 MERLE Pierre Antoine,
Indicateurs de rentabilité, WINTER&Associés, Paris, Novembre
2011
* 28 Dr NDIKUMANA Louis,
Syllabus du cours de Gestion Financière, ISGE, 2006.
* 29 SCEP,
PricewaterhouseCoopers, Op., Cit.
* 30 BAKANIBONA Athanase,
« Note de cours de Management », ISGE, 2003
* 31 CHARREAUX Gérard,
Op. Cit., p14.
* 32 Site Wikipédia, Op,
Cit.
* 33 ALBAGLI Claude et HENAULT
Georges, « La création d'entreprise en Afrique »,
EDICEF/AUPELF, Paris, 1996.
* 34 SCEP,
« Rapport d'une commission ad hoc des travailleurs de
COTEBU », Novembre 1996.
* 35 Bernard HAUDEVILLE,
« Entreprises et dynamique de croissance », Edition
SERVICED, Paris, 1996.
* 36 El Hadji FAYE,
« Les contre-performances des entreprises publiques
sénégalaises : un problème de
gouvernance ? », Revue Africaine de gestion
n°1, mai 2003, p16.
* 37.CHARREAUX G., Op. Cit.,
p2.
* 38 JOHN Baldwin., Op.Cit.
p23.
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