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UNIVERSITE DE LOME (TOGO)
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES (FLESH) ******** DEPARTEMENT DE
SOCIOLOGIE
PROBLEMATIQUE DE LA CITOYENNETE
POLITIQUE
DES FEMMES AU TOGO
Mémoire
Pour l'obtention du diplôme de maîtrise ès-
Lettres et Sciences Humaines
Option : Politique et Communication
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Présenté et soutenu par : Sous la
direction de:
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M. Alilou TCHAFARAM M. S. A. AKAKPO AHIANYO,
Maitre Assistant au Département de Sociologie à
l'Université de Lomé
Novembre 2012
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I
DEDICACE
A la mémoire de ma mère Adam
Djowériatou
A notre oncle El Hadj KOURA Souradji pour ses efforts et
sacrifices
et
A mes frères et soeurs
II
REMERCIEMENTS
Nous remercions
+ M. Samuel Anani AKAKPO-AHIANYO, maître assistant
au Département de Sociologie qui, malgré ses diverses occupations
a accepter de nous diriger dans ce travail de recherche ;
+ Les membres du jury qui ont bien voulu consacrer leur
précieux temps à l'évaluation de ce mémoire
;
+ Le corps professoral du Département de Sociologie
de l'Université de Lomé pour la qualité de leur
encadrement ;
+ Les collègues et amis qui nous ont motivé
positivement dans la réalisation de ce mémoire ;
+ Tout le personnel de la Direction de l'Entretien Routier
(Ministère des Travaux Publics), en particulier, le Directeur M. SEBABE
Sayibou, pour le soutien inestimable qu'il nous a apporté ;
+ Tous ceux qui de près ou de loin nous ont
aidé spirituellement, moralement ou financièrement pour la
finalisation de ce document de recherche.
III
SIGLES ET ACRONYMES
CRIFF : Centre de Recherche, d'Information et de
Formation de la
Femme
GF2D : Groupe de réflexion et d'action,
Femme, Démocratie et Développement
WILDAF : Women In Law And Development of
Africa
QUIBB :
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Questionnaire Unifié sur les Indicateurs de Base de
Bien-être
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MICS
: Multiple Indicators Cluster Survey (Enquête par grappes
à
multiples indicateurs)
CEDEF : Convention sur l'Elimination de toutes
formes de
Discrimination à l'Egard des Femmes
Comité d'Unité Togolaise
CUT :
DSRP : Document Stratégique de
Réduction de la Pauvreté
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PTP : Parti Togolais du Progrès
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
RPT : Rassemblement du Peuple Togolais
SAS : Statistical Analysis System
SPSS : Statistical Package for the Social
Sciences
UCPN : Union des Chefs et Population du Nord
UNFT : Union Nationale des Femmes du Togo
IV
SOMMAIRE
DEDICACE I
REMERCIEMENTS II
SIGLES ET ACRONYMES III
INTRODUCTION 5
1ère PARTIE : CADRES THEORIQUE,
CONCEPTUEL,PHYSIQUE, HISTORIQUE ET METHODOLOGIQUE
CHAPITRE PREMIER : CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL 9
I. CADRE THEORIQUE 9
II. CADRE CONCEPTUEL 17
CHAPITRE DEUXIEME : CADRES PHYSIQUE, HISTORIQUE ET APPROCHE
METHODOLOGIQUE . 36
I. CADRE PHYSIQUE 36
II. CADRE HISTORIQUE 39
III. APPROCHE METHODOLOGIQUE 45
2ème PARTIE : PRESENTATION, ANALYSE ET
INTERPRETATION DES RESULTATS
CHAPITRE TROISIEME : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES 51
CHAPITRE QUATRIEME : INTERPRETATION DES RESULTATS 62
CONCLUSION 71
BIBLIOGRAPHIE 73
ANNEXE 75
TABLE DES MATIERES 79
5
INTRODUCTION
La politique est-elle l'affaire des femmes ? Question
lancinante à laquelle on ne saurait répondre sans susciter
beaucoup de controverses. En effet, la quête d'égalité
demeure la préoccupation des femmes africaines. Cette
égalité n'est seulement pas affirmée dans les documents
sanctionnant les rencontres planétaires mais elle figure
également dans les textes fondamentaux de la plupart des nations
démocratiques du monde. La Constitution togolaise adoptée en
1992, a mis en place les bases de légitimation d'une politique
d'égalité et d'équité de genre en prenant en compte
d'une manière explicite la question de genre dans son article 11
« Tous les êtres humains sont égaux en dignité et
en droit, l'homme et la femme sont égaux devant la loi ».
Aussi le Togo a-t-il ratifié l'ensemble des conventions internationales
relatives aux droits de la femme et à l'égalité des sexes,
notamment la Convention sur l'Elimination de toutes les formes de
Discrimination à l'Egard des Femmes ainsi que le programme d'action de
Beijing.
Cependant malgré ces dispositions, les femmes sont
toujours à la traine dans les prises de décisions publiques.
Dominées dans la sphère privée, elles sont
marginalisées dans l'espace politique qui reste largement la chasse
gardée des hommes. Les différentes conventions signées et
les différentes conférences tenues à ce propos peinent
à traduire dans les faits leurs engagements qui semblent des
rhétoriques séduisantes masquant une réalité
amère.
L'histoire politique de la femme a été
marquée par de profonds schèmes de domination et d'asservissement
que n'ont jamais cessé de dénoncer les intellectuels.
Déjà à son époque, Condorcet fustigeait ce manque
d'égard aux femmes dans son article sur l'admission des femmes
au droit de cité, publié le 08 juillet 1790 dans
le Journal de la Société de 1789 :
« Ou aucun individu de l'espèce humaine n'a de
véritables droits, ou tous ont les mêmes, et celui qui vote contre
les droits d'un autre, quels que soient sa religion, sa couleur ou son sexe a
dès lors abjuré les siens1 ».
En Afrique généralement, et au Togo en
particulier, on assiste depuis l'entrée dans l'ère
démocratique à une légère amélioration des
conditions des femmes. Ce, grâce à la mobilisation des acteurs
sociaux de développement et de tous ceux qui sont sensibles à
l'injustice et à l'oppression faites aux femmes. Mais au vu des
résultats des diverses initiatives et de la réalité sur le
terrain, on s'accorde à admettre que le chemin reste à parcourir
pour une véritable promotion de leadership féminin en
matière politique. Partout les disparités sont criardes. Au Togo
plus précisément, les femmes qui représentent 51% de la
population demeurent dans une situation peu enviable. Dominées,
défavorisées et clochardisées à outrance dans le
domaine social, elles sont marginalisées sinon reléguées
au second plan dans le champ politique. Pourtant, elles étaient au
devant des luttes pour l'accession du Togo à son indépendance et
des scènes ayant présidé l'entrée de la
démocratie dans notre pays. Cette situation, loin d'être fatale,
nécessite alors une ingéniosité dans la recherche des
facteurs et implications afin d'éviter certaines extrapolations et mieux
retracer l'histoire politique de la femme togolaise. C'est donc à partir
de ce point de vue doctrinal, que va se dérouler notre étude qui
s'avère importante afin de reconstituer le cheminement alambiqué
de la citoyenneté politique féminine au Togo. Notre étude
est articulée autour de deux (2) parties :
6
1 Cité par M.-P. Berenger dans Citoyenneté
politique des femmes, 2003
7
V' La 1ère consacrée aux
cadres théorique, conceptuel, physique ? historique et
méthodologique
V' La 2ème à la
présentation, à l'analyse des données et à
l'interprétation des résultats.
1ère PARTIE
CADRES THEORIQUE, CONCEPTUEL, PHYSIQUE, HISTORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
9
Chapitre premier : Cadre théorique et
conceptuel
I. Cadre théorique
I.1 Justification de l'étude
L'inclusion des femmes dans la politique demeure un
débat universel. Les femmes, depuis longtemps ont revendiqué
d'une manière ou autre leur droit à participer à la
gestion de la cité. Déjà en 1790, en Angleterre, Mary
Wollstonecraft lorsqu'elle publie A vindication of the Rights of
Woman. Pour elle, les femmes partageant une commune humanité avec
les hommes, ne sauraient être privées des droits dont ceux-ci
jouissent librement. Dans cette même perspective, Olympe de Gouge avant
d'être guillotinée au nom du combat féministe, affirmait
dans l'article x de sa Déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne2 : « la femme a le
droit de monter à l'échafaud, elle doit avoir également le
droit de monter à la tribune ».
Cependant, malgré toutes ces initiatives, cette forte
mobilisation autour de la question de participation politique des femmes, on
constate que l'espace politique formel demeure largement une exclusivité
masculine, les femmes étant toujours sous représentées.
Ainsi, en Afrique, les statistiques des Nations Unies indiquent que les femmes
ne sont pas représentées à plus de 8% dans les instances
de prise de décision.
Au Togo, malgré les rhétoriques
séduisantes des textes et de velléités gouvernementales en
faveur de l'autonomisation des femmes et de
2 Insatisfaite de la Déclaration universelle de droits
de l'homme et de citoyen du 1789 qui à son avis, envisageait
l'humanité au masculin, Olympe de Gouge rédige une autre
Déclaration où elle décline les droits de l'homme au
féminin. L'humanité n'est pas uniquement composée d'hommes
mais aussi de femmes.
10
leur représentativité dans l'espace politique,
le fossé est encore considérable dans la réalité.
Les femmes, en dépit de leur poids démographique (51%) ne
représentent que 30% des postes de décision (PNUD). Du coup,
cette sous représentativité de la femme dans les instances
politiques est perçue par bon nombre comme une illustration d'une
amorphie politique, congénitale à la femme togolaise.
Cependant, l'histoire togolaise nous révèle des
scénarios riches d'intense engagement et activisme politique de la part
de la femme avant les indépendances. En outre, leur participation
à la vie publique dépasse celle des hommes car, selon
l'enquête QUIBB de 2006 reprise dans le cadre de l'élaboration du
Document complet de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
(DSRP) en 2011, les femmes travaillent plus que les hommes dans la mesure
où le taux d'activité chez les femmes est de 79,1% contre 78,5%
chez les hommes.
C'est alors, ce dualisme de la figure de la femme togolaise en
politique, c'est-à-dire, une femme active et engagée avant les
indépendances et une femme presque apathique politiquement juste
après qui nous a motivé à opter pour ce thème, et
ainsi réhabiliter cette histoire riche de la femme togolaise mais qui
à notre sens, demeure peu connue des togolais.
Ensuite, l'intérêt suscité par ce
thème, est le constat d'un énorme contraste entre une
démographie féminine croissante et leur faible implication dans
la vie publique et politique. De ce fait, nous avons voulu par notre
étude contribué un temps soit peu aux efforts qui se
déploient dans ce domaine, car, la marginalisation des femmes dans le
domaine politique constitue un énorme frein au développement
économique et à l'épanouissement social. Les femmes du
fait de la discrimination, ne peuvent contribuer au progrès de
l'humanité en apportant leur science, leur
11
talent, leur ingéniosité. Ainsi des femmes
qualifiées, talentueuses se voient écartées de certaines
fonctions de direction ou de responsabilité du seul fait qu'elles sont
des femmes, alors qu'en exerçant ces fonctions elles auraient pu
faciliter la réalisation de progrès considérables et
significatifs dans tous les domaines.
12
I.2 Problématique
Pendant longtemps, le pouvoir fut exercé sous forme
monarchique et transmis par voie héréditaire. Il y a eu ensuite
les oligarchies. C'est tardivement avec la Grèce antique que va
débuter l'expérience de la démocratie (Agboyibor,
2010)3. Depuis lors, ce concept va évoluer surtout au
tournant du XIXème siècle grâce à l'extension du
suffrage universel et progressivement par l'élargissement d'une
série de prérogatives reconnues à l'être humain.
Aujourd'hui, la démocratie avec l'effondrement de l'idéologie
communiste ne se prête plus à aucune confusion sémantique.
Elle est une et universelle comme la raison humaine4. Elle est une
valeur, celle des valeurs existentielles qui ne sont pas l'apanage d'une partie
du corps social fondée sur les différences raciales, religieuses
et de sexe mais de l'ensemble du corps social. C'est
alors en cela qu'on parle de citoyen et non de sujet.
Reconnue comme le système dans lequel le pouvoir
découle de l'autorité du peuple, la démocratie est
fondée sur la reconnaissance en l'être humain d'une intelligence
et d'une capacité lui conférant le droit de participer, d'opiner
sur les décisions influençant son destin. On ne saurait, alors,
parler réellement de la démocratie sans une participation accrue
et libre du peuple sur ce qui les concerne en tant que citoyen. Pour Dimitri
Georges LAVROFF (1991),
« Le fondement philosophique de la démocratie
réside dans la croyance à l'individu et en son droit naturel
à participer dans la formation et dans la gestion de la chose publique.
L'idée selon laquelle il y a plus de sagesse dans la
délibération de plusieurs que dans l'avis d'un
3 Gouvernance politique et sociale en Afrique subsaharienne,
Lomé, Fondation FAR, 2010
4 M. Danioué, Cours de Sociologie politique 3ème
année, 2008
13
seul, fût-il le plus intelligent. C'est le postulat de
base de la
démocratie. »5
Ainsi, la politique ne saurait être l'exclusivité
d'une catégorie d'individus dans un pays à régime
démocratique. Car la citoyenneté est une et entière, les
individus passé du statut de sujet à celui du citoyen, ont acquis
leur plein droit de ne plus subir uniquement les lois, mais de les former ou de
poser son regard dans leur formation.
Cependant, c'est le constat que l'on semble faire quand on
jette un regard synoptique sur l'activité politique africaine en
général et togolaise en particulier. Aujourd'hui, la quête
d'égalité est plus que jamais une préoccupation des femmes
africaines et des Gouvernements. Malgré leur poids démographique
écrasant, les femmes sont faiblement représentées dans les
instances de décisions publiques. Au Togo, le Gouvernement, conscient de
ces rapports inégalitaires entre l'homme et la femme et du statut
inférieur réservé à la femme, a établi avec
l'appui du PNUD au cours de l'année 2005, un diagnostic des
inégalités de genre. Dans le domaine de la gouvernance, le
diagnostic a révélé la faible
représentativité des femmes dans les postes de décisions
que ce soit au sein du Gouvernement où elles ne représentent que
22% de l'effectif des Ministres, à l'Assemblée Nationale et au
niveau des autres institutions de la République. Il en est de même
dans la gestion politique tant sur le plan national qu'international et dans
les centrales syndicales.
Selon les statistiques des Nations-Unies établies en
1995, en Afrique contemporaine, les femmes ne sont pas
représentées à plus de 8% dans les instances de prises de
décisions politiques. La situation est d'autant plus criarde dans les
partis politiques où elles ne servent que du
5 Le système politique français, Paris, Dalloz,
1991
14
faire valoir. Au Togo, depuis 1960, année d'obtention
de l'indépendance, il a fallu attendre 40 ans pour voir une femme
poindre dans l'arène des élections présidentielles en
2010. En outre, depuis 40 ans d'indépendance, les femmes n'ont eu que
deux (2) chances dans les nominations des maires. Il s'agissait de Mme Marie
Sivomey à la Mairie de Lomé de 1967 à 1974 et de Mme
Sankaredja Tempo à la mairie de Dapaong. Dans le domaine de la
communication, le constat est que la plupart des médias audio visuels et
les organes de presse sont créés et dirigés par les
hommes.
Cette situation pas assez confortable pour les femmes dans le
domaine politique a alimenté un certain nombre de préjugés
et de mauvaises appréciations sur sa nature réelle. Pour
certains, cette amorphie politique féminine leur est innée,
congénitale, alors inutile de chercher les causes ailleurs. De telles
visions, nous semble - t-il émanerait des esprits ayant une courte vue
sur la participation politique de la femme togolaise.
Car, en effet, une rétrospective de l'histoire du Togo
regorge d'extraordinaires scènes d'actions politiques de femmes ayant
influencé la décision de l'autorité politique de
l'époque. Souvent déclenchées par des autorités
coloniales qui contrevenaient à leurs intérêts
économiques, les révoltes des femmes ont conduit à des
remises en cause des décisions de l'autorité politique coloniale
(Adjalogo, 2000). Les Togolaises auraient joué un rôle sans
précédent dans les luttes indépendantistes et sans doute
à en croire Ekué Silivi D'Alméida (1992), l'actuel
monument de l'indépendance serait un hommage et une reconnaissance
à leur endroit.
Alors, la question fondamentale sur laquelle il faut apporter
un éclairage est de savoir à quoi est due réellement cette
apathie politique des femmes togolaises ?
Telle est la principale interrogation qui va guider notre
recherche.
15
I.3 Hypothèses
Nous avons retenu dans le cadre de la présente
étude, deux types d'hypothèses : une hypothèse principale
et des hypothèses secondaires.
I.3.1. Hypothèse principale
L'hypothèse principale retenue est que l'inertie
politique des femmes togolaises loin d'être un caractère absolue
et inné est un fait ayant origines essentiellement exogènes.
I.3.2. Hypothèses secondaires
Afin d'expliquer cette hypothèse principale, nous
retenons les hypothèses secondaires suivantes :
? L'instauration des régimes politiques dictatoriaux
après l'indépendance a inhibé le potentiel d'engagement
politique de la femme togolaise ;
? Des stéréotypes et des préjugés
élaborés par quelques pesanteurs socio culturelles continuent
d'acculer la femme togolaise dans la sphère privée en
l'empêchant d'exercer pleinement ses droits politiques.
16
I.4 Objectifs
Pour cette étude, nous nous sommes assignés deux
types d'objectifs : un objectif général et des objectifs
spécifiques.
I.4.1. Objectif général
Généralement, la présente étude
vise à relever les implications socio culturelles de l'évolution
de la citoyenneté politique de la femme togolaise.
I.4.2. Objectifs spécifiques
Afin de parvenir à cet objectif général,
nous avons élaboré les objectifs spécifiques
ci-après :
? Montrer que les femmes togolaises ont manifesté leur
intérêt à la chose politiques durant la période
ayant précédé l'indépendance du Togo ;
? Identifier les facteurs de blocage qui participent à
la l'exclusion politique des femmes ;
? Déterminer et mettre en évidence la
marginalisation des femmes dans les instances de prises de décision et
ainsi que les incidences socio économiques et politique que cela
pourrait induire.
17
I.5. Variables et indicateurs
I.5.1. Choix et justification des variables
En science sociale, une variable est un facteur ou une
caractéristique pouvant prendre plusieurs valeurs. Dans le cadre de
notre recherche, nous distinguons les variables indépendantes ou
explicatives et la variable dépendante ou expliquée.
I.5.1.1. Variable dépendante
(expliquée)
Elle est en général le phénomène
à expliquer. Ici, il s'agit de la citoyenneté politique de la
femme togolaise au Togo.
En effet, quand on parle de l'histoire du Togo avant
l'indépendance, on oublie souvent cette part non négligeable de
l'engagement des femmes. Ce qui fait qu'aux yeux de l'opinion commune,
l'apathie politique des femmes est une attitude innée et absolue. Nous
voudrions, à travers notre recherche, restaurer l'évolution de la
citoyenneté des femmes en revisitant l'histoire politique togolaise.
I.5.1.2. Variables indépendantes
(explicatives)
Ce sont celles dont nous cherchons à mesurer et à
comprendre
l'influence sur la variable dépendante. Nous avons retenu
les variables
suivantes :
- Le paysage littéraire togolais
- Les violences politiques
- Les stéréotypes socioculturels
I.5.1.2.1. Le paysage littéraire
togolais
L'histoire d'une société étant
reconstituée à travers la documentation et la source orale, nous
avons estimé que si l'histoire de la participation politique des femmes
est peu connue, c'est parce qu'il
18
n'existe pas une littérature abondante sur le
phénomène ou c'est parce que ce phénomène pour des
raisons ou autres n'est pas suffisamment porté à la connaissance
de la population togolaise. Alors, l'étude de la variable paysage
littéraire togolais, nous permettra de mieux appréhender les
raisons de la non visibilité ou de la méconnaissance de l'action
politique des femmes à cette période.
I.5.1.2.2. Les violences politiques
Depuis les années de l'indépendance, le Togo a
connu un cheminement politique plus ou moins mouvementé, ponctué
par des actes de violence. Ces actes qui constituent des
évènements historiques traumatiques ont fini par installer dans
l'esprit de certains togolais et togolaises une aversion systématique du
politique. Nous avons voulu à partir de cette variable, de
démontrer les causes socio psychologiques de l'inertie politique des
femmes.
I.5.1.2.3. Les stéréotypes
socioculturels
La société togolaise est une
société traditionnelle dont le système matrimonial est
profondément ancré sur le patriarcat. Les schèmes de cette
culture persiste et continue de façonner les relations humaines. Etant
donné que le système patriarcat accule les femmes dans la
sphère privée ou domestique et délègue aux hommes
le monopole du rôle politique du commandement, alors nous avons cru
nécessaire de retenir cette variable pour mettre en évidence les
obstacles rencontrées par les femmes dans l'exercice de leur
citoyenneté.
19
I.5.2. Indicateurs
Ce sont des manifestations observables et mesurables d'un
concept ou d'une variable. Nous avons retenu les indicateurs
suivants :
- Le nombre de femmes dans les instances de décision
politique
- Le taux d'alphabétisation
- Le nombre d'ouvrages sur l'histoire politique des femmes
togolaises
I.5.2.1. Le nombre de femmes dans les instances de
décision politique
L'exclusion politique des femmes est mise en évidence
par le fait que les postes de responsabilité dans les instances de
décisions politiques. Ainsi, au sein du Gouvernement actuel, sur 31
ministres, on n'a que 7 femmes, soit une valeur relative de 23%. La plupart des
Directeurs généraux sont des hommes et au sein de
l'Assemblée, sur 81 députés, on ne retrouve que 9
femmes.
I.5.2.2. Le taux d'alphabétisation
L'engagement politique requiert une dose de compétence
politique. Au Togo, l'écart entre le taux d'analphabétisme des
femmes et des hommes semble se refléter sur leur
représentativité et leur participation à la vie politique.
En guise d'illustration, pour une même population de garçon et de
filles de 17 ans, 78% de garçons sont scolarisés contre 51%
côté filles. D'une façon générale, en milieu
scolaire, l'indice de parité entre filles/garçons est de 90% dans
le primaire et 80% dans le secondaire. Cette disparité d'ordre
quantitatif est couplée d'une disparité qualitative avec une
orientation factice du système éducatif qui conduit les filles
vers les filières courtes et littéraires alors que les
garçons sont nettement plus portés vers les filières
scientifiques (DSRP 2011).
20
I.5.2.3. Les ouvrages sur la participation politique des
femmes
Il n'existe qu'un seul ouvrage, celui de D'Almeida Silivi
Ekué, s'étant totalement consacré à mettre en
évidence le combat politique des femmes togolaises avant
l'indépendance. La plupart des ouvrages existants sur l'histoire
politique du Togo, ne l'abordent pas dans une perspective androcentrique. On
remarque une quasi récupération par les hommes de
l'échiquier politique de l'histoire. Par conséquent, bon nombre
de togolais et togolaises ignorent les efforts fournis par les femmes dans ce
combat historique. En plus, dans les manuels et programmes scolaires, on
constate une réelle troncature sur cet épisode du processus de
l'accession à l'indépendance.
21
II. Cadre conceptuel
II.1. Définition des concepts
Selon Emile Durkheim (1895), la définition des concepts
s'avère importante dans le processus de recherche pour éviter de
tomber dans des confusions sémantiques qui risquent de compliquer la
compréhension et l'étude du sujet. Pour notre étude, nous
avons retenue les concepts suivants : la citoyenneté, la
Démocratie, le pouvoir politique, la Société civile, les
groupes de pression, les partis politiques.
II.1.1. citoyenneté
La citoyenneté est la qualité d'un citoyen
jouissant de l'ensemble de ces droits civiques dans un Etat ou dans une
communauté politique. Elle désigne l'aptitude d'un individu
à être titulaire des droits et devoirs et à les assumer
pleinement dans un espace politique. Jean-Jacques Rousseau (1966) fut le
premier à définir clairement le concept de citoyenneté
qu'il analyse comme le passage de l'état de nature à la
société civile. Cette notion tient son importance du fait que
c'est elle qui confère à l'individu le droit de jouir d'un
certain nombre de droits dans la société. Dans l'antiquité
Greco romaine, la citoyenneté était définie par la
naissance, l'appartenance à une phratrie et la séparation entre
le public et le privé. De ce fait, les femmes et les esclaves et les
étrangers étaient exclus de la citoyenneté. Aujourd'hui,
chaque pays adopte ses propres critères d'octroie de la
citoyenneté généralement basé sur le droit du sang,
du sol et la naturalisation.
Ainsi, la citoyenneté ne fut pas accordée
systématiquement au peuple, à plus forte raison celle liée
au domaine politique. D'abord, ce sont les aristocrates supposés mieux
appréhender la chose politique qui sont les
22
premiers à en jouir le droit, ensuite les bourgeois,
puis une catégorie d'homme nantis (suffrage censitaire), ceux qui sont
instruits (suffrage capacitaire). Jusqu'ici, il n'est point question
d'étendre le droit à participer au débat politique
à la femme. C'est grâce à l'influence des mouvements
féministes que tel fut le cas en France 1944. Il convient quand
même de préciser que ce sont les auteurs comme Condorcet, Mary
Wollstonecraft, Olympe De Gouge, John Locke, John Stuart Mill qui, au
18ème siècle, ont contribué à baliser le
chemin de la lutte féminine pour l'accès à la
citoyenneté politique.
Cependant, la notion de citoyenneté s'étend bien
au-delà de la participation à la vie politique et
l'obéissance à la loi. Un citoyen se doit à tout moment de
se sentir pleinement responsable du bon fonctionnement de la
société dans laquelle il vit. C'est pourquoi la notion de
citoyenneté est indissociable de celle de civisme.
II.1.2. Démocratie
La démocratie (du grec demokratia, demos « peuple
», kratein, « Gouverner ») est un système politique dans
lequel la souveraineté procède de l'ensemble des citoyens. Son
principe est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Son
origine remonte à l'antiquité dans les Etats-cités de la
Grèce Classique. Mais son assertion moderne date du
17ème, 18ème siècle à la
suite des révolutions qui vont secouer certains pays de l'Europe
occidentale longtemps caractérisés par une longue histoire du
régime monarchique. Sa pratique revêt plusieurs modalités.
On dit qu'elle est directe lorsque le peuple exerce directement son droit de
regard à la gestion de la chose publique à travers par exemple le
référendum. Elle est indirecte ou représentative lorsque
le peuple se manifeste à travers les représentants élus au
suffrage. C'est le régime qui
consacre la liberté et l'autonomie de l'individu en lui
accordant le privilège d'opiner sur la chose publique.
Néanmoins, la démocratie demeure le moins
mauvais des régimes politiques ayant aussi ses limites. En effet, la
démocratie n'est qu'un concept vide si tous les citoyens n'ont pas
accès à l'information ou à un niveau d'instruction qui
leur permette de participer au débat politique. D'ailleurs, le
célèbre théoricien de cette démocratie, J-J
Rousseau déclarait que la démocratie à l'entendre dans son
sens strict, n'est qu'une vue d'esprit, une illusion ; il est contre l'ordre
naturel qu'une majorité gouverne une minorité. Se fondant sur la
distinction entre gouvernés et gouvernants, il déclarait
« A prendre le terme dans la rigueur de
l'acceptation, il n'a jamais existé de véritable
démocratie et il n'en existera jamais. Il est contre l'ordre naturel que
le plus grand nombre gouverne et que le petit soit gouverné
»6.
Pour le politologue italien Giovanni Sartori, la
démocratie est le nom pompeux d'une réalité qui n'existe
pas.
II.1.3. Groupes de pression/d'intérêt
Outre les partis politiques, l'espace politique est
structuré par d'autres organisations. Ce sont des groupes plus ou moins
constitués qui de jour ou de nuit, luttent pour la promotion et la
défense des intérêts de leur membres auprès des
pouvoirs publics. Pour Almond et Powell, un groupe d'intérêt ou de
pression est une organisation constituée qui cherche à influencer
le pouvoir politique dans un sens favorable aux préoccupations sociales
qu'elle prend en charge. Ils se distinguent des foules de manifestants ou de
grévistes par leur caractère organisé et des partis
politiques par leur volonté uniquement d'exercer la pression sur le
pouvoir politique et non de l'exercer ou de le conquérir.
23
6 JJ Rousseau, Contrat social, Paris, Seuil, 1977
24
II.1.5. Partis politiques
Au centre de plusieurs polémiques et controverses, les
partis politiques demeurent néanmoins les véritables artisans de
la démocratie moderne. Ils symbolisent l'expression du pluralisme
démocratique. Parlant de leur origine, les politistes s'accordent pour
admettre que si le mot parti s'employait depuis longtemps, la
réalité qu'il recouvre aujourd'hui est récente. Jean
CHARLOT soulignait que « le mot longtemps était synonyme de
tendance, il n'évoquait nullement une organisation
institutionnalisée ».
Il existe une pléthore de définitions du terme
de parti politique mais la plus synthétique retenue est celle qui se
fonde sur la réunion de quatre (4) critères proposés par
Joseph La Palombara et Myron Weiner dans Political Partis and Political
Development, 1966. Un parti politique se définit donc comme une
organisation durable à structure ramifiée qui recherche le
soutien populaire pour conquérir et exercer le pouvoir politique.
II.1.4. Pouvoir politique
C'est l'un des concepts le plus important et le plus difficile
à définir en Sociologie politique. Etymologiquement, le terme
dérive du latin « Potentia » qui signifie aptitude.
En sociologie politique, la notion de pouvoir renvoie à
plusieurs approches. Pour Max Weber, auteur de l'approche comportementaliste ou
déterministe, le pouvoir est « toute chance de faire triompher
au sein d'une relation sociale sa propre volonté, même conte les
résistances peu importe ce sur quoi repose cette chance »,
(Economie et Société). Si pour l'approche comportementaliste, le
pouvoir est exercé d'une façon unilatérale, l'approche
bidimensionnelle de Peter Bachrach met en évidence une autre face du
pouvoir exercé d'une façon subtile, cachée. Dans tous les
cas, le pouvoir met en jeu au moins un agent qui affecte les
25
attitudes et ou les actions d'autrui. Il demeure
l'élément essentiel qui structure les relations humaines. Dans le
fameux ouvrage de Daniel Défoé, Robinson de
Crusoé, Robinson seul sur son île n'exerçait aucun
pouvoir, la relation de pouvoir ne surviendra qu'à la suite de
l'apparition de Vendredi.
En ce qui concerne le pouvoir politique, pour Michel
Hastings7 sa nature n'est pas accordée de manière
objective. Néanmoins, nous pouvons retenir que le pouvoir politique est
ce pouvoir institutionnalisé, exercé au sein d'une
société à structures bien organisées dont la forme
d'achèvement la plus parfaite est l'Etat.
II.1.6. Société civile
D'après l'encyclopédie de l'Agora, la
Société civile se définit comme «l'ensemble des
rapports inter individuels des structures familiales, sociales,
économiques, culturelles, religieuse qui se déploient dans une
société donnée en dehors du cadre d'intervention de
l'Etat». Le terme est employé pour désigner globalement
des personnes et groupes de personne organisées collectivement
indépendamment de l'Etat. Sous cette appellation, on retrouve les
mouvements, organisations, associations qui agissent pour faire prendre en
compte leur valeur et revendication par les décideurs politiques. Les
ONG, les syndicats, les associations d'usagers, les groupements paysans, les
entreprises font en théorie partie de la société civile.
On appellera donc Organisation de la société civile tout corps
constitué en groupe de pression ou d'intérêt qui luttent
pour la promotion et la défense des droits de l'homme et la
démocratie et qui mènent chacun en ce qui le concerne des actions
de développement en direction des populations.
7 Aborder la science politique, Paris, Seuil,1996
26
II.2. Revue thématique de littérature
Les faits sociaux n'étant pas des
épiphénomènes, il est rare qu'un sujet de recherche
portant sur un fait social soit unique en son genre. Les faits sociaux
naissent, se métamorphosent et offrent des panoramas selon les cultures,
les périodes... Ceci étant, on ne pourrait alors s'attendre
à des connaissances sui generis se rapportant à ces faits, car la
science n'est pas nouvelle, elle est assez vieille et l'intelligence ne se
construit pas dans le vide. A ce propos Whitehead affirmait « Toutes
les choses importantes qui ont été dites, ont été
découvertes par quelqu'un qui ne les a pas inventées.
»8
Pour ce qui concerne notre thème, de nombreux travaux
de réflexion ont été élaborés la dessus avec
quelques petites nuances. Cette abondance de la littérature nous a
énormément inspiré dans le cheminement de notre recherche.
Comme le disait Georges Gurvitch : « Je me perche sur l'épaule
de mon prédécesseur pour mieux voir que lui ».
Cette synthèse de nos lectures nous a permis
d'esquisser une revue de la littérature articulée autour de deux
thématiques.
? Recension théorique sur la
citoyenneté de la femme et l'égalité des
sexes,
? Genre et participation politique
? Citoyenneté et
démocratie
II.2.1. Recension théorique sur la
citoyenneté de la femme et l'égalité des sexes
La discrimination est à l'origine de toutes les formes
d'inégalité de genre. C'est pourquoi, dans son article
1er, la Convention sur
8 Repris par Robert King Merton dans The Normative structure of
the Science, 1973
27
l'Elimination de toutes les Formes de Discrimination à
l'Egard des Femmes (CEDEF) a voulu lever l'équivoque sur ce terme en le
définissant comme
« ...toute distinction, exclusion ou restriction
fondée sur le sexe qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de
détruire la reconnaissance, la jouissance ou l'exercice par les femmes
quel que soit leur état matrimonial, sur la base de
l'égalité de l'homme et de la femme, des droits de l'homme et des
libertés fondamentales dans les domaines politique, économique,
social, culturel et civil ou tout autre domaine. »
L'émancipation des femmes semble après la lutte
contre le Sida l'une des préoccupations importantes des acteurs sociaux
aujourd'hui. Depuis le 18ème siècle, les voix se sont
levées pour libérer les femmes du joug de l'oppression et de la
discrimination dont elles ont toujours fait objet. Depuis longtemps les femmes
ont été considérées comme des êtres
inférieurs aux hommes sous prétexte d'une certaine
incapacité naturelle en la maintenant dans cette situation de domination
à travers les rôles sociaux qui leur sont assignés.
Pour J. J. Rousseau (1966), le principe explicite de
construction de l'ordre social se trouve dans la séparation des sexes et
la polarisation du masculin et du féminin à travers
l'éducation. Ainsi, dans Emile ou de l'éducation, il
appréhende les femmes dans une altérité radicale
impliquant leur exclusion politique et leur relégation dans le
privé. La société politique créée par le
postulat philosophique Rousseauiste est une société exclusivement
masculine puisque les femmes étant reléguées à la
sphère privée. D'ailleurs dans son ouvrage, le Contrat social
conçu comme un arrachement radical de l'homme de son penchant
naturel, il ne dit aucun mot sur les femmes ; néanmoins cet ouvrage a le
mérite de se dresser comme l'esquisse de l'Etat de droit et de la
démocratie. Mais c'est surtout avec l'Emile ou de l'éducation
que Rousseau démontre amplement sa vision réductrice
à l'égard de l'image féminine. Ainsi à travers
Sophie, un
28
personnage clé de cet ouvrage, il pense que le
rôle essentiel de la femme se résume à la tenue du foyer et
à l'éducation des enfants. Selon lui, la construction d'un ordre
social juste passe par la séparation stricte des sexes et de la
polarisation du masculin et du féminin à travers
l'éducation. Donc point de promiscuité de sexe dans les
rôles sociaux, la séparation doit être de mise comme
l'illustre les propos de Géneviève Fraisse9 : aux
femmes, « la fabrique des moeurs » dans le « gouvernement
domestique » et aux hommes, « la fabrique des lois » dans
«le gouvernement de la cité ». Dans cette situation, la femme
étant à la merci du jugement des hommes, le rôle de
l'éducation est de lui inculquer les notions de pudeur et de modestie,
vertus cardinales pour plaire aux hommes et mieux s'asservir à eux.
Abordant dans le même sens, dans l'ouvrage de
Michèle Riot-Sarcey10, Amar, le rapporteur du comité
général de sûreté, estimait que les fonctions
privées auxquelles sont destinées les femmes par la nature ne
tiennent qu'à l'ordre général de la société,
cet ordre résulte de la différence qu'il y a entre l'homme et la
femme. Chaque sexe est alors appelé à un type d'occupation qui
lui est propre. Son action ne peut être circonscrite que dans ce cercle
qu'il ne peut franchir puisqu'imposé par la nature. C'est donc
derrière cet argument naturaliste d'une prétendue
incapacité naturelle des femmes que se rangent la plupart des savants
ayant cautionné cette différenciation sexuelle arbitraire et
inique des rôles sociaux. Existe-t-il réellement une nature
féminine particulière ? Comment s'opère ce
façonnement de préjugés de sorte qu'ils apparaissent
acceptables dans l'esprit des gens. A ce propos, parlant de la
différenciation sociale des sexes, Simon de Beauvoir (1976) avait
déjà souligné son fondement social
9 « Les deux gouvernements : la Famille et la Cité
», in Sadoun M. (dir), La démocratie en France, tome 2, Paris,
Gallimard, 2000
10 Histoire du féminisme, Paris, La Découverte,
2002
29
et culturel. C'est qu'elle tente de mettre en évidence
dans son aphorisme : « On ne nait pas femme, on le devient
»11. Il n'y a pas une féminité
préétablie susceptible de justifier la marginalisation des
femmes.
Ce cloisonnement des rôles sociaux fondé sur
l'appartenance biologique qui fait de la femme la tenante de la sphère
domestique et de l'homme, le détenteur du rôle politique de la
société serait lié au processus de socialisation
différentielle, source d'inégalité profonde dans la
société. Le fait de montrer dès leurs bas âges des
attitudes motrices, l'affirmation physique et des dispositions viriles puis
à la femme des attitudes coquettes, dociles et accueillantes semble
délimiter ou retracer la trajectoire de chaque individu. Ce processus
est renforcé par le mécanisme d'identification qui s'opère
dans l'évolution de chaque personne.
Pour Pierre Bourdieu12, la lieutenance masculine
dans la sphère politique serait liée à un processus
d'intériorisation des pratiques socioculturelles qui à force
d'être répétées tendent à se naturaliser et
à devenir comme normales. Ainsi, les femmes pensent que c'est à
elles qu'incombent l'accomplissement des travaux domestiques et aux hommes la
responsabilité politique de la société. Dans cette
perspective, la famille, l'église et l'Etat constituent les structures
privilégiées de culture et de perpétuation de cette
domination masculine. Il précise que cette domination n'est nullement un
fait de nature mais le résultat d'un processus permanent de reproduction
sociale.
II.2.2. Genre et participation politique
Le mot genre est la traduction du mot
anglais gender. Ce terme est apparu pour la
première fois en 1972 (dans un ouvrage d 'Ann Oaklay)
11 Le deuxième sexe1, Paris, Gallimard, 1976
12 La domination masculine, Paris, Seuil, 1998
30
et s'est progressivement répandu à partir des
années 80. Il propose de faire la distinction entre la dimension
biologique (sexe) et la dimension culturelle (genre).
Selon Ayesha M. Iman et al (2004), le mot sexe comporte une
connotation physio biologique (chromosome, hormone) par contre le terme genre
fait référence aux constructions sociales et historiques des
rôles, des comportements, des attributs entre les hommes et les femmes et
qui se caractérisent par des inégalités.
Le tableau suivant nous édifiera plus sur la
distinction entre les deux terminologies.
SEXE
|
GENRE
|
|
Fait référence aux différences biologiques
qui sont universelles « sexe biologique
»
|
Fait référence aux différences culturelles
construites par la société, et qui varient selon le milieu
social, le contexte culturel... /
« sexe social »
|
|
|
Caractère inné :
défini à la naissance
|
Caractère acquis : appris, non
défini à la naissance
|
|
|
Ne change généralement pas au cours
du temps
|
Peut changer au cours du temps
|
|
|
|
Exemples :
|
Exemples :
|
Le père et la mère peuvent donner le biberon a un
enfant (il n'est pas
|
Seules les femmes peuvent mettre au monde un enfant
Seuls les hommes ont de la barbe
|
déterminé « biologiquement que seules les
femmes peuvent nourrir un enfant »)
Les hommes et les femmes peuvent exercer des
responsabilités politiques (il n'y a pas d'obstacle « physique
», biologique à la participation des femmes en politique »
|
Source : recherche sur le net
Pour sa part, Joan Scott (1988), souligne que le genre renvoie
à l'organisation sociale de la différence sexuelle. Mais ceci ne
veut pas dire que le genre reflète ou met en oeuvre les
différences établies et naturelles entre les hommes et les femmes
plutôt, il renvoie à la connaissance qui confère des sens
aux différences corporelles. Ces sens varient selon les cultures, les
groupes sociaux et dans le temps, car rien de ce qui concerne le corps y
compris les organes reproductifs des femmes et des hommes ne
détermine de façon univoque comment les
divisions sociales seront établies.
La réalisation de l'idéal démocratique
passe par l'observation d'un certain nombre de principes dont la participation
politique. Celle-ci est définie selon Denni comme « l'ensemble
distinct et homogène des activités par lesquelles la masse des
citoyens est habilitée à entrer en contact avec le monde
séparé du pouvoir en respectant certaines contraintes
»13. Cette reconnaissance en la femme de la
capacité d'opiner sur la chose publique ne fut pas systématique,
mais le résultat d'âpres luttes et de sacrifices.
Ainsi dans Les Américaines, Histoires des femmes
aux Etats-Unis (1989), Sara Evans retrace les péripéties du
combat des femmes américaines pour leur émancipation civique et
politique. Alors que les premières histoires des femmes écrites
dans les années 70 s'intéressaient exclusivement à la vie
privée et familiale et perpétuant involontairement
l'éloignement de la femme de l'espace plus large du pouvoir et de la
politique, Sara Evans restitue aux américaines leur rôle essentiel
dans l'évolution de leur pays. En décrivant la vie des femmes -
indiennes, noires, femmes de la Frontière- elle montre comment les
américaines ont constamment redéfini leur place dans la
société et transformé les rapports sociaux. Un accent plus
particulier sera accordé aux associations féministes dont les
programmes novateurs vont ouvrir la voie aux reformes sociales mises en oeuvre
par l'Etat américain.
Pour Cynthia Harrison (1995), dans son article « Du
foyer au parlement, l'évolution du rôle de la femme dans la
société américaine » ; la participation
paritaire des genres tant à la politique qu'à la prise de
31
13 Cité par Michel Hastings : Aborder la Science
Politique, Paris, Seuil, 1996 p. 57
32
décision est un immense chantier moderne qui
caractérise le combat de tous ceux qui luttent pour la cause des femmes
et de l'égalité entre les sexes.
Yvette Roudy (1982)14 de sa part estime que le
droit politique fut sans doute de tous les droits, le plus difficile à
arracher puisque ce là on s'approche du pouvoir jalousement
gardé. La démocratie n'a jamais existé à
l'état naturel. Ainsi, de tous les combats politiques, celui des femmes
a été et demeure encore plus long parce que ouvert sur un double
front : le combat pour la cause générale et celle
spécifique. Les femmes sont exclues de la jouissance des droits pour
lesquels elles ont combattu comme ce fut le cas en France après la
Révolution. De ce fait, elles sont devenues majoritaires par le nombre,
minoritaires quant au pouvoir compliquant ainsi leur lutte. Dès
lors, l'auteur fustige le système capitaliste fondement
de ces inégalités et de cette marginalisation des femmes par
l'érection d'un pseudo principe libéral et
d'égalité.
En outre, partant d'un parallélisme entre
féminisme et Socialisme, Yvette Roudy préconise que toute lutte
pour la cause féminine doit s'inspirer des principes socialistes pour ne
pas faire frais du système capitaliste car si les femmes luttent seules
elles risquent de se marginaliser davantage et si elles se déversent
dans des partis politiques elles retombent sous la coupe des hommes rendant
ainsi vains les efforts pour son épanouissement et sa participation.
II.2.3. Citoyenneté politique et
démocratie
Le terme citoyenneté est une émanation
gréco romaine. Selon Microsoft Encarta 2009, La notion de
citoyenneté remonte à l'Antiquité : elle a
été inventée par les Grecs et surtout pratiquée par
les Romains. Il
14 La femme en marge, Paris, Flammarion, 1982
33
désignait à cette époque, toute personne
qui, par sa fortune et sa renommée, est appelé à exercer
une autorité politique.
En effet, dans la cité grecque, le citoyen se
distinguait à l'aune de trois (3) critères majeurs : le sexe, la
filiation, la renommée ou la fortune. Est alors citoyen tout homme
né d'un père athénien, disposant d'un cens et ayant
accompli son service militaire. C'est dans cette optique que les femmes, les
esclaves et les étrangers furent mis à l'écart de la
gestion politique. Dans ces conditions, la citoyenneté se
réduisait à la dimension politique, autrement dit,
citoyenneté et citoyenneté politique étaient deux termes
interchangeables. De ce fait, on s'aperçoit que la pratique de la
démocratie est intimement liée à la définition de
la citoyenneté, soit inclusive soit exclusive. C'est au
18ème siècle, qu'on assiste à
l'éclatement du concept avec les différentes révolutions.
Ainsi, pour Terence Humphrey Marshal, dans son Essai Social Class and
Citizenship, publié en 1950, il est inconcevable de séparer
les droits de la citoyenneté les uns des autres ou de les subordonner
les uns aux autres, mais il est possible de les périodiser dans le
temps. Ainsi, sur son échelle temporelle de l'évolution de la
citoyenneté, se trouvent en premier lieu les droits civils, ensuite ceux
politiques et enfin les droits sociaux.
Dans La citoyenneté politique des
femmes15, Berengère Marques Pereira exprime la
citoyenneté politique des femmes en deux modèles d'inclusion
à la démocratie : l'un «par le bas » à
travers une citoyenneté sise dans la société civile et une
démocratie participative, et l'autre «par le haut »
à travers une citoyenneté politique et une démocratie
représentative. Cela suppose une possibilité pour les femmes
d'accéder à des ressources
15 Bérengère, M.-P, Paris, Armand Colin, 2003
34
permanentes et rechercher des solutions à leurs
problèmes à travers une participation sociale et politique,
qu'elle soit d'ordre contestataire ou institutionnelle.
Ce point de vue est corroboré par l'ouvrage collectif,
Le politique par le bas en Afrique noire16. Cet ouvrage
expose quelques traits de ce type de participation animé par les femmes
de Lomé dans les années de dictature politique au Togo. On
s'aperçoit alors que les formes protestataires et associatives
étaient les canaux de prédilection par lesquels elles passent
pour influencer le pouvoir politique. Ce faisant, elles étaient
uniquement porteuses des intérêts et revendications populaires,
relatives à l'amélioration de leur bien être. Du coup,
elles n'ont pas su négocier leur accès aux véritables
leviers du pouvoir afin de jouer un rôle politique de 1er plan. Ce qui a
fait qu'elles n'ont pas vite capitalisé leur énorme
investissement.
Envisager alors la citoyenneté des femmes sous un
double angle de représentation et de participation c'est éviter
de réduire la citoyenneté à une activité
élitiste et mettre en lumière une autre forme de
citoyenneté sise dans la société civile et dans d'autres
mouvements sociaux.
Dans la même foulée, Cathérina Coquery
Vidrovitch17, décrit dans son ouvrage le rôle politique
des femmes dans les luttes de la libération coloniale dans divers pays
de l'Afrique subsaharienne exposant ainsi une autre image de la femme africaine
soumise à de profondes mutations. Cet ouvrage se veut comme une vitrine
idéale de la réalité féminine africaine tant qu'il
fait miroiter un certain espoir sur son
16 C.Toulabor et al., Paris, Karthala, 2008
17 Les Africaines : Histoire des femmes d'Afrique noires du
XIXe au XXe siècle, Paris, Dessjonquères, 1994
35
émancipation et tronque les images et les conceptions
bourrées de préjugés dont on se faisait de la femme dans
ces sociétés.
36
Chapitre deuxième : Cadre physique, historique
et
approche méthodologique
I. Cadre physique
I.1. Géographie
Ville du sud du Togo, Lomé la capitale du Togo est
située entre la latitude 6°10 Nord et la longitude 1°15 Est.
C'est une ville côtière de basse altitude longeant le Golfe de
Guinée et étendue sur une superficie de 90 km2. Elle
est située à l'extrême sud-ouest du Togo et limitée
au Nord par la préfecture de Zio, à l'Est par la
préfecture des Lacs, à l'Ouest par Aflao (Ghana) et
Kévé et au Sud par le Golfe de Guinée. L'extension urbaine
a changé la configuration de la ville. On parle aujourd'hui de la grande
agglomération de Lomé pour désigner Lomé commune
(les cinq arrondissements) et Lomé golfe (les centres urbains
périphériques à savoir les cantons d'Agoé,
d'Adidogomé et de Baguida).(wikipédia)
I.2. Historique du peuplement
La ville fut fondée par les Ewé au
XVIIIème siècle et devient la capitale de la colonie
allemande appelée alors Togoland en 1897. Lomé vient de
«Alotimé» qui en Ewé signifie
« au milieu des plantes d'Alo » (Alo est un arbre dont le
tronc est encore aujourd'hui la principale source de cure-dent au Sud Togo). Le
chasseur Dzitri qui fut le fondateur de la ville s'était en effet
installé à l'intérieur de ces arbres qui dominaient alors
le site historique de Lomé.
Si Lomé est devenu un centre d'affaires incontournable
dans la sous région, cela tient en grande partie de son historique. En
effet, les facteurs économiques auraient un choix
prépondérant dans la création de cette ville. A la fin du
XIXème siècle, les taxes douanières
britanniques
37
pèsent très lourdement sur les produits
importés comme l'alcool et le tabac. Ainsi, les commerçants
situés entre Aflao et Kéta à l'ouest de la
frontière avaient donc besoin d'un lieu où débarquer les
marchandises hors d'atteintes douanières. C'est dans ce souci
d'échapper aux impôts britanniques que Lomé naquit
vers1886. Le littoral jusqu'alors peu habité commença rapidement
à se peupler.
Lomé n'est ni une ville coloniale (construite et
établie par les puissances coloniales), ni une ville traditionnelle mais
c'est une ville cosmopolite qui évolue à un rythme fulgurant et
où la tradition et la modernité se mêlent à
merveille selon l'adage « c'est au bout de l'ancienne corde qu'on
tisse la nouvelle ». G. Lambony et K. Nyassogbo (dir) (2007)
I.3. Aspects socio économique
Lomé est une importante plaque tournante de
l'économie togolaise. Véritable centre d'affaires de la sous
région, la ville est économiquement reconnue par son gigantesque
marché et son port en eau profonde qui dessert les pays de l'hinterland.
L'histoire économique de Lomé demeure indissociable avec les
célèbres Nana Benz qui furent parmi les premiers acteurs
économiques de cette ville. Plusieurs unités de production
concourent dans la dynamique économique de Lomé notamment
CIMTOGO, la Brasserie de Lomé, la Société de Grand Moulin
du Togo et d'autres encore regroupées au sein de la zone franche.
Sous un angle socioéconomique, les données
fournies par le DSRP 2011 sur la base des enquêtes QUIBB
réalisées en 2006 estiment que la pauvreté touche 27,6% de
la population loméenne. Cette pauvreté est plus accentuée
dans les périphéries de Lomé où l'incidence de la
pauvreté est de 39,3% alors qu'elle est de 22,5% dans la commune de
Lomé. Le taux brut de scolarisation est de 127% pour les garçons
et 104%
38
pour les filles avec un indice de parité de 0,82 ; ce
qui prouve que les garçons sont légèrement plus
scolarisés que les filles. (DRSP 2011)
I.4. Caractéristiques sociodémographiques
La population de la commune de Lomé est estimée
à 837437 habitants selon les données provenant du Recensement
Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 2010. Elle est
composée de 401 172 hommes et de 436 265 femmes. A l'image du pays,
c'est une ville caractérisée par une extrême jeunesse. 60 %
de la population est âgée de moins de 25 ans et 42%
âgée de moins de 15 ans. De part sa population, Lomé est la
plus grande cité du pays et concentre avec les centres urbains
périphériques (Lomé Golfe) 23,9% de la population
nationale.
Sur le plan linguistique, Lomé est une capitale
cosmopolite où de très nombreuses langues et dialectes sont
parlés. Toutefois, le Mina reste la langue véhiculaire, dominante
dans les conversations courantes.
39
II. Cadre historique
II.1. Esquisse de l'historique de la participation
politique des femmes au Togo
L'histoire de la vie politique togolaise fut menée
d'abord dans le cadre associatif avant que les partis politiques n'entrent dans
la danse18. En effet, les Togolais dans la lutte pour accéder
à leur destin naturel, durent s'organiser d'abord en associations et en
de divers mouvements sociaux entre autres le Bund, les Duawo et la All
Ewé Conference (Yagla, 1992). Il a fallu attendre l'année 1946
pour voir poindre les premiers mouvements politiques luttant plus ou moins pour
la même cause. Alors, que ce soit au sein des partis politiques ou dans
les associations, les femmes ont pris une part très active contrairement
à ce que certains intellectuels semblent faire croire.
A analyser les littératures existantes sur l'histoire
du Togo, on s'aperçoit que l'accession du Togo à
l'indépendance n'a pas été le fruit d'une lutte uniquement
masculine. Mais le constat est que beaucoup tendent à tronquer le
rôle non négligeable que les femmes togolaises ont joué
dans cette âpre lutte. Et pourtant, il y a eu des vaillantes femmes
d'Ablodé qui se sont fait remarquer à travers leurs luttes
surtout dans le dernier corps à corps décisif qui
précédait la saisissante victoire du 27 avril 1958.
18 En effet à partir de 1945, avec l'adoption de la
charte des Nations Unies en 1945 consacrant le remplacement du régime de
mandat par celui de la tutelle avec l'extension d'un certain nombre de droits
politiques aux indigènes histoire de les amener progressivement vers la
capacité à s'administrer eux-mêmes, la France fut
obligée d'entreprendre certaines réformes à savoir la
représentation des indigènes à l'Assemblée
Nationale Française et la création d'une Assemblée
Représentative Territoriale). C'est ce qui va ouvrir la voie
à la démocratie représentative (compétitive) qui
nécessite la création des partis pour rafler les voix
électorales.
40
Bien avant 1946, année de la naissance de la
démocratie représentative coloniale qui va donner la voie
à la création des premiers partis politiques, les femmes avaient
déjà commencé à attaquer l'édifice colonial.
En effet, la révolte des 24-25 janvier 1933 fut essentiellement
menée par les femmes (d'Almeida Ekué, op. cit). Elles ont
manifesté leur mécontentement face à la politique fiscale
introduite par le Gouverneur Robert De Guise qui cru bon de résoudre les
problèmes financiers nés de la crise économique de 29 en
augmentant les taux des taxes existantes et en créant de nouvelles.
Cette mesure sadique dont la principale cible fut les femmes (les revendeuses
du grand marché de Lomé) n'a pas eu une longue durée de
vie. Sous l'instigation du mouvement DUAWO (ensemble du peuple), les femmes,
courroucées par l'arrestation de ceux qu'on peut appeler leurs meneurs,
organisèrent une manifestation qui déboucha sur une tuerie
camouflée de la part de l'administration coloniale.
En outre, les historiens sont unanimes à dire
aujourd'hui que la guerre libératrice du Togo pour s'affranchir du joug
colonial aura été très largement la guerre des togolaises.
Car, avec la naissance des partis politiques à partir de 1946, les
femmes togolaises notamment les revendeuses de Lomé vont livrer au monde
un extraordinaire exemple du patriotisme. Elles vont apparaitre comme des
véritables pivots du combat politique pour la libération du Togo.
Téméraires, malgré l'interdiction formelle des tracts,
elles arrivaient à les dissimuler dans leurs pagnes ou encore dans leur
chargement des produits de vente. Infatigables argentières pour la noble
cause, elles étaient les principales pourvoyeuses des fonds pour les
partis politiques qui luttaient pour l'émancipation du Togo du carcan
colonial. Dans son ouvrage, La palpitante quête de
l'Ablodé, l'historien togolais Godwin Tété
Adjalogo voyait à travers la
41
participation de la femme togolaise à la lutte pour
l'indépendance, un phénomène social digne d'une attention
particulière.
S'il faut remonter le cours de l'histoire et se focaliser ne
serait-ce que sur l'envoi des pétitions à la tribune des Nations
Unies, la part des femmes dans la lutte est non négligeable, même
si elle était revêtue d'un caractère beaucoup plus
financier. Sur ce plan, les femmes détaillantes, semi grossistes et
grossistes ont pesé de tout leur poids dans la balance. Le climat
d'émulation qui présidait à toutes leurs activités
à l'intérieur des partis a favorisé la rentrée des
fonds à tel point que certains hommes ne reconnaissaient aux femmes que
le rôle de soutien financier dans la lutte pour l'indépendance.
Cependant, malgré tout ces sacrifices consentis pour la
noble cause de l'indépendance, les femmes ont été
réduites juste après en silence, écartées de la vie
politique sinon transformées en de célèbres incantatrices
et danseuses des chansons d'animation à allure dithyrambique à
l'endroit du pouvoir politique post colonial. En effet, après les
années euphoriques de l'indépendance, les diverses crises socio
politiques qui ont secoué le pouvoir politique togolais n'était
pas de nature à favoriser un activisme politique de la femme. En 1969,
comme c'était le cas dans la plus part des pays subsahariens
indépendants à cette époque, le RPT fut créé
dans le souci de forger une véritable nation en faisant disparaitre des
divergences de tout ordre. Désormais, tout devrait se fondre dans ce
parti unique considéré comme un creuset national. Ce nouvel
épisode politique va sérieusement entamer les
velléités de l'exercice de la citoyenneté de la femme
togolaise, car en dehors du cadre de l'UNFT qui était l'une des ailes
marchantes du RPT, la femme togolaise n'avait pas d'autres passerelles lui
permettant d'opiner librement et d'amorcer un véritable processus
d'individuation politique.
42
L'on avait pensé que l'image de la femme politique
togolaise serait revalorisée au gré des évènements
de 1990, avec l'amorce du processus de démocratisation. Mais les
circonstances fondamentalement violentes et les troubles socio politiques qui
en ont suivi, ont tacitement conduit à une exclusion politique des
femmes, puisque celle-ci se sont repliées davantage sur leur
sphère privée et ont relégué la politique au second
plan. Mais le monde évolue, imprimant un nouveau souffle dans l'esprit
des hommes, une nouvelle manière de penser et d'appréhender les
relations sociales. Depuis ce, l'on commence à voir une lente ascension
de la femme dans la sphère politique et publique. Les femmes commencent
par être consultées dans divers sujets touchant à la vie de
la République. Elles étaient à Ouagadougou lors de la
Signature de l'accord Politique Global. Leur opinion est souhaitée dans
toutes les versions des Cadres Permanents de Dialogue et de Concertation (CPDC)
pour discuter des réformes institutionnelles et constitutionnelles.
Cependant, vu les progrès timorés, la
participation politique de la femme togolaise demeure un vaste et
délicat chantier à construire eu égards aux innombrables
obstacles qui parsèment ce domaine.
II.2. Parallélisme de l'évolution de la
citoyenneté politique des femmes en France et au Togo
La citoyenneté politique des femmes françaises
s'apparente à bien des égards à celles des togolaises. En
effet, tout comme les luttes féminines pour l'indépendance au
Togo, les femmes françaises ont activement participé à la
prise de la Bastille et à mettre fin à l'Ancien régime
caractérisé par l'autoritarisme monarchique et la brimade des
droits fondamentaux. Elles étaient là dans les Clubs
révolutionnaires et dans les rues portant les armes. Pourtant, une fois
la liberté acquise, ces femmes
43
sont exclues de la citoyenneté active d'autant plus que
la Constitution rédigée à l'issue de la Révolution,
ne reconnaissait pas le droit à la femme, le droit à participer
à la chose publique. Sieyès, l'un des artisans de la Constitution
françaises de 1789, dans son Préliminaire à la
Constitution française, situait les femmes du côté des
citoyens passifs, tout en laissant la porte ouverte à une
évolution ultérieure en ce qui concerne l'exercice de leur droit
politique :
«Tous les habitants d'un pays doivent y jouir des
droits des citoyens passifs, tous ont droit à la protection de leur
personne, de leur propriété, de leur liberté, etc., mais
tous n'ont pas droit à prendre une part active dans la formation des
pouvoirs publics... ».
C'est pourquoi certains penseurs n'ont pas
hésité à dire que la révolution française a
inauguré une démocratie exclusive et non inclusive.
A partir de 1790, malgré le rehaussement des voix
minoritaires en faveur de l'inclusion politique des femmes, initiatives d'un
certain Condorcet, d'Olympe de Gouges, la voie à l'espace public et
politique leur était toujours verrouillée. Pourtant elles purent
bénéficier des réformes civiles notamment celles
concernant l'héritage, le mariage et le divorce.
L'instauration du suffrage universel en 1848, avait
suscité un grand espoir quant au sort politique de la femme
française. Mais, l'ostracisme par rapport aux femmes était
maintenu. C'est avec le processus de sécularisation amorcé en
1905, favorisant la chute de l'influence de l'Eglise sur l'Etat et surtout le
premier conflit mondial, que la femme française se voit octroyer le
droit de vote en 1944 avec l'extension du suffrage universel. En
résumé, que ce soit en France ou au Togo, à cette
époque, tout se passe comme si quand les femmes luttent pour la
démocratie, c'est pour finalement se faire gouverner par les hommes. On
n'entend par méthodologie, l'approche ou la démarche
adoptée pour
44
pouvoir mener la recherche. C'est une étape importante
du processus de recherche, car c'est elle qui conditionne la validité
des résultats de notre étude et donne à la recherche un
caractère scientifique.
45
III. Approche méthodologique
Pour notre étude, nous avons retenu les méthodes
qualitatives et quantitatives, le tout soutenu par une recherche
documentaire.
III.1. Méthode qualitative
C'est une méthode empruntée à la
psychanalyse qui permet à l'enquêteur (chercheur) dans un
véritable face-à-face, de recueillir les motivations et mobiles
du comportement ou attitude d'un individu sur un comportement donné
à l'aide d'un guide d'entretien. C'est une méthode très
féconde en science sociale qui souvent vient compléter ou
devancer les méthodes quantitatives. Elle permet d'approfondir, de
creuser les réponses par les questions portant sur le choix, les
préférences et les motivations du comportement de
l'enquêté. Il en existe plusieurs types. Pour notre recherche,
nous avons retenu l'entretien individuel qui est une technique qualitative de
collecte de données qui met dans un véritable face-à-face
un enquêteur muni d'un guide d'entretien (Annexe) puis un
enquêté qui répond aux questions contenu dans le guide.
Cependant, pour des raisons diverses, nous n'avons pas pu
interroger plusieurs personnes dans le cadre de cette technique.
III.2. Méthode quantitative
L'enquête quantitative est une technique de recueil
d'éléments standardisés en nombre importants qui permet la
mesure, la quantification, la comparaison et l'extrapolation. Son principal
intérêt est qu'il permet d'appréhender une
réalité mal connue et de la filtrer en construisant un plan
d'observation en fonction des questions qu'on se pose. Cette enquête
s'appuie essentiellement sur un instrument de collecte de données qui
est
46
un ensemble de questions rédigées
méthodiquement en vue d'atteindre un objectif.
Elle comprend plusieurs étapes.
III.2. 1. L'univers d'enquête
Il désigne les individus qui peuvent entrer dans le champ
de
l'enquête d'où nous allons tirer notre
échantillon. Pour cette étude, il est composé d'hommes et
de femmes plus ou moins âgés, aptes à comprendre la
thématique de la citoyenneté politique de la femme et à
nous livrer les informations y relatives.
III.2.2. Le questionnaire
Il est l'outil de toute opération de collecte de
données
quantitatives. Il est élaboré sur la base des
objectifs généraux et spécifiques qui sont
transformés en une succession de questions pouvant permettre d'apporter
une réponse aux hypothèses de recherche.
Pour cette étude, un questionnaire semi
structuré est élaboré comportant des questions ouvertes et
fermées, des questions de fait ou d'opinion. Il est subdivisé en
quatre (4) sections :
- Section I : Identification
- Section II : Attitude et perception
- Section III : Connaissance sur l'historique de l'engagement
politique des femmes togolaises
- Section IV : Causes du déclin de la
citoyenneté politique des femmes togolaises
III.2.3. Le groupe cible
Prioritairement l'étude portera sur les étudiants,
les cadres
administratifs et le corps enseignant.
III.2. 4. L'échantillonnage
En raison de certaines contraintes, il nous est pratiquement
difficile, voire impossible d'interroger toutes les personnes appartenant
à notre groupe cible. Pour cela, nous avons prélevé de ce
groupe cible, un petit groupe d'individus plus ou moins représentatif
appelé échantillon et qui sera effectivement interrogé.
L'échantillonnage est alors l'opération qui consiste en
l'observation d'une partie de la population d'un groupe cible en terme de
question de recherche en vue d'extrapoler les résultats à toute
la population cible. C'est une étape très importante dans le
processus de recherche.
Pour le cas de cette étude, compte tenu de la
complexité du thème qui revêt une double dimension socio
historique, et de l'hétérogénéité du groupe
cible, on s'est aperçu que les méthodes probabilistes ne se
prêtent pas facilement à cette étude. En outre,
l'accès aux données statistiques exactes sur certains groupes
cible étant impossible, il est difficile de procéder à un
échantillonnage aléatoire. Pour cela, nous avons opté pour
un échantillonnage empirique ou à choix raisonné notamment
l'échantillonnage par quota non proportionnel alterné par
l'échantillonnage accidentel et boule de neige.
III.2. 5. La Taille de l'échantillon
Le tableau ci-après donne les détails sur
l'effectif de personnes que nous avons interviewées conformément
à notre groupe cible.
GROUPES
EFFECTIFS
47
Etudiants
|
45
|
Cadres administratifs
|
16
|
Enseignants
|
9
|
Total
|
70
|
Source : Données du
terrain
48
III.2.6. L'administration du questionnaire
Nous avons opté pour une méthode d'administration
dualiste du
questionnaire, associant les deux modes d'administration
à savoir l'administration directe et celle indirecte. Ce choix
s'explique d'abord par le fait que la majeure partie de nos
enquêtés est instruite, donc capable de lire, de comprendre et de
répondre aux questions. Ensuite, ce choix tient du fait de notre mode
d'échantillonnage. Par exemple l'échantillonnage par boule de
neige n'exige pas la présence de l'enquêteur. Ce qui n'est pas le
cas pour l'échantillonnage accidentel et dans une moindre mesure celui
par quota. Enfin, les contraintes liées au temps, nous ont conduit
à administrer directement les questionnaires à certains de nos
enquêtés qui, compte tenu de leurs responsabilités,
n'auront pas le temps pour répondre à nos questions séance
tenante.
III.2. 7. La pré enquête
Afin de pallier aux éventuelles difficultés et
erreurs liées à la
présentation, à l'ordre, à la syntaxe et
au temps de l'interview, nous avons testé le questionnaire sur une
dizaine de personnes.
III.2. 8. Le mode de traitement
C'est la manière d'extraire les informations recueillies
sur le
terrain à l'aide des outils de collectes. Cette phase
va du dépouillement à l'analyse des données en passant par
la codification. Les tâches que comporte cette étape peuvent
être catégorisées en la codification, à la saisie et
les tabulations ou graphiques. Généralement, cette phase est
gérée d'une façon informatisée à l'aide des
logiciels SPSS et SAS.
Pour notre part, le dépouillement a été
manuel. Ensuite, nous avons dégagé les grandes tendances par
rapports aux hypothèses et objectifs de notre recherche. Ce qui nous a
permis d'élaborer des tableaux
49
et graphique avec le logiciel Excel. Notons que ces tableaux
avaient en ligne des modalités ou les indicateurs aux questions
(variables) contenues dans notre outil de collecte, et en colonne, leur
effectif puis leur valeur relative représentée par les
fréquences.
L'analyse de ces tableaux et graphiques est une analyse
essentiellement uni variée ou descriptive. Cette analyse est suivie
d'une interprétation qui est l'opération qui consiste à
confronter les résultats issus de la recherche à la question
centrale initialement posée ainsi que des hypothèses et objectifs
de l'étude.
III.3. La recherche documentaire
Outre les techniques de recherches sus citées, notre
travail est basé sur une importante recherche bibliographique. A cet
effet, les bibliothèques de l'Université de Lomé
(bibliothèque centrale et celle de la Faculté des Lettres Et
Sciences Humaines), du bas fond de St Joseph, de GF2D-CRIFF nous ont
servi de cadre de recherche. Des ouvrages de nature politique,
méthodologique, ceux liés à la démocratie et au
genre ont été consultés. Ceci nous a permis de bien saisir
la problématique de notre étude, d'élaborer nos
hypothèses et de mieux définir le cadre conceptuel et physique de
notre étude. Il faudrait aussi noter que les moteurs de recherche
à l'instar de Google, de l'encyclopédie Encarta 2009, nous ont
été aussi utiles durant ce processus.
2ème PARTIE
PRESENTATION, ANALYSES DES DONNES ET INTERPRETATION
DES RESULTATS
51
Chapitre troisième : Présentation et
analyse des données
Cette partie est consacrée à la présentation
et à l'analyse des données issues des enquêtes sur le
terrain. Elles sont présentées selon les sections
élaborées sur le questionnaire.
I. Identification
Tableau 1: Répartition des
enquêtés selon le sexe
Sexe
|
Effectif
|
Fréquence
|
Homme
|
38
|
54%
|
Femme
|
32
|
46%
|
Total
|
70
|
100%
|
Source : Données de l'enquête,
août, 2012
Au vu des données présentées dans ce
tableau, on remarque que sur les 70 personnes enquêtées, plus de
la moitié est du sexe masculin soit un pourcentage de 54%. Les femmes
sont au nombre de 32 soit 46%. Cette légère
supériorité numérique masculine pose le problème de
la présence des femmes dans les instances de décisions
publiques.
Tableau 2 : Répartition des
enquêtés selon l'âge
Tranches d'âge
|
Effectif
|
Fréquence
|
(18-28J
|
43
|
61%
|
(28-38J
|
17
|
24%
|
(38-48J
|
7
|
10%
|
(48-58J
|
3
|
4%
|
Total
|
70
|
100%
|
Source : Données de l'enquête,
août, 2012
La répartition des enquêtés selon l'âge
révèle que 17 personnes ont un âge compris entre 28 et 38
ans, 7 entre 38 et 48. Cependant, la
52
majeure partie des enquêtés ont un âge
compris entre 18 et 28 ans, soit 61% de la population des
enquêtés. La prépondérance observée dans
cette tranche tient du fait de la présence des étudiants qui, en
grande partie, appartiennent à cette tranche considérée
comme propice pour les études supérieures.
II. Attitude et perception
Graphique 1 : Répartition des
enquêtés selon qu'ils pensent que la politique est un domaine
réservé uniquement aux hommes
Source : Données de l'enquête,
août, 2012
Ce graphique présente la proportion des
enquêtés en fonction de leur perception sur la politique comme
domaine typiquement réservé aux hommes. Il ressort sur cette
question que 62 personnes sur 70 soit 89% des enquêtés, estiment
que la politique n'est pas uniquement réservée aux hommes.
Seulement 11% pensent qu'elle est une chasse gardée exclusive des
hommes. A la lumière de cette analyse, on s'aperçoit que le
niveau d'instruction a fortement participé dans la formation des
opinions des enquêtés, car étant donné que presque
tous les enquêtés ont atteint le niveau supérieur
d'étude, donc, ils sont plus ou moins départis d'une
conception
atavique et ancestrale des rapports sociaux au profit d'une
vision un peu plus égalitaire.
Tableau 3 : Répartition des
enquêtés selon leur intérêt à la politique
Source
:
Modalité
|
Effectif
|
Fréquence
|
Forte
|
11
|
16%
|
Moyen
|
31
|
44%
|
Faible
|
18
|
26%
|
Pas du tout
|
10
|
14%
|
Total
|
70
|
100%
|
Données de l'enquête, août, 2012
53
A la question « Intéressez-vous à la
politique ? », 44% des enquêtés, soit moins de la
moitié de l'effectif total, estiment ne s'y être
intéressés que moyennement tandis que 26 % présentent un
faible intérêt politique. En revanche, 11 personnes sur 70 sont
fortement intéressées à la politique. Ce qui
représente une proportion de 16%. Enfin, des 70 personnes
enquêtées, une dizaine affirme n'être pas du tout
intéressée à la politique.
D'une façon générale et à en
croire aux données issus du terrain, nous constatons une certaine
insensibilité politique de la plus part de nos enquêtés et
que cette tendance est un peu plus accentuée chez le genre
féminin. Ce qui pose le problème de la citoyenneté
politique dans le pays.
54
Graphique 2 : Répartition des
enquêtés selon que la politique leur inspire la peur ou non
Source : Données de l'enquête,
août, 2012
Les données recueillies sur le terrain
révèlent que pour 57% des enquêtés, la politique
demeure une hantise. A contrario, 43% de l'effectif des enquêtés
estiment ne pas être inquiétés par la politique. Cette
situation valable pour les hommes et les femmes, prête à
réfléchir sur les considérations dont on se fait de la
politique dans son essence et dans sa pratique.
Tableau 4: Répartition
des enquêtés selon le type d'activité politique de
préférence
Activités politiques
|
Effectif
|
Fréquence
|
Militer dans un parti politique
|
23
|
16%
|
Participer aux campagnes électorales
|
16
|
11%
|
Voter
|
52
|
37%
|
Prendre part au meeting politique
|
16
|
11%
|
Protester contre une mesure politique
|
7
|
5%
|
Postuler à un poste politique
|
21
|
15%
|
Autres
|
5
|
4%
|
Total
|
140
|
100%
|
Source : Données de l'enquête,
août, 2012
55
Le tableau ci-dessus, présente les opinions de
préférence des enquêtés vis-à-vis d'un
certains nombre d'activités de la participation politique. Eu
égard aux résultats issus du terrain, il ressort que la
principale activité de la participation politique est le vote, qui seul
représente 37 % des opinions favorables des enquêtés. Le
militantisme et les candidatures aux postes politiques suivent avec
respectivement 16 % et 15 %. La participation aux campagnes électorales
et aux meetings politiques enregistrent chacun 11 %. Cependant, la
participation protestataire demeure la moins exercée.
En définitive, le constat qui semble se dégager
de cette analyse est la prééminence du vote au détriment
des activités protestataires. Alors, on se pose la question de savoir
pourquoi cette prépondérance ?
III. Connaissance sur l'histoire de l'engagement
politique des femmes togolaises
Tableau 5 : Répartition des
enquêtés selon leur connaissance sur l'histoire politique
togolaise
Connaissance
|
Effectif
|
Fréquence
|
Avancée
|
16
|
23%
|
Superficielle
|
49
|
70%
|
Aucune idée
|
5
|
7%
|
Total
|
70
|
100%
|
Source : Données de l'enquête,
août, 2012
56
D'après ce tableau, il s'en suit que sur 70 individus
enquêtés, seulement 23% ont une connaissance avérée
sur l'histoire politique du Togo ; près de 2/3, soit 70 % des
enquêtés n'ont qu'une connaissance superficielle. En revanche, 7 %
déclarent avoir aucune idée sur cette thématique.
Par rapport à ces résultats, nous constatons que
l'histoire politique du Togo avant l'indépendance est mal ou peu connue
de la population. Ce qui pose le problème d'une vision peu
condescendante sur le potentiel de la citoyenneté féminine
togolaise.
Tableau 6: Répartition des
enquêtés selon qu'ils pensent que le combat politique ayant abouti
à l'indépendance soit un combat purement masculin
Avis
|
Effectif
|
Fréquence
|
Oui
|
4
|
6%
|
Non
|
59
|
84%
|
Ne sait pas
|
7
|
10%
|
Total
|
70
|
100%
|
Source : Données de l'enquête,
août, 2012
Ce tableau rend compte de l'opinion des enquêtés
sur le combat politique ayant abouti à l'indépendance. Ainsi,
d'après les données recueillies sur le terrain, seulement 6 %
pense que ce combat fut purement masculin tandis que 10 % estime ne rien
savoir. Par contre, 84 % des enquêtés soit un effectif de 59
personnes, appréhende cette lutte dans une perspective androgynique
où les femmes et les hommes auraient ensemble contribué à
l'accession du Togo à son destin naturel qu'est
l'indépendance.
57
Tableau 7 : Répartition des
enquêtés selon leur idée sur la nature politique de la
femme togolaise d'avant l'indépendance
Modalités
|
Effectif
|
Fréquence
|
Actives
|
44
|
63%
|
Passives
|
22
|
31%
|
Ne sait pas
|
4
|
6%
|
Total
|
70
|
100%
|
Source : Données de l'enquête,
août, 2012
Au regard des résultats présentés dans ce
tableau, plus de la moitié des enquêtés soit 63 %,
considèrent que la femme togolaise a été active durant ces
luttes pour l'indépendance. 31 % estime que la femme n'a joué
qu'un rôle passif dans cet épisode. Cette tendance justifie donc,
de la part d'une partie de la population, la méconnaissance de
l'histoire politique du Togo et à plus forte raison celle des femmes.
Graphique 3 : illustrant les
enquêtés par rapport à leur connaissance des ouvrages ayant
parlé de l'engagement politique des femmes togolaises pour
l'indépendance
Source : Données de l'enquête,
août, 2012
58
Le graphique ci-dessus, illustre la répartition des
enquêtés selon qu'ils connaissent ou non un ouvrage traitant de la
citoyenneté féminine togolaise avant l'indépendance. Il
indique que, sur 70 personnes interviewées, seulement 23, soit un
pourcentage de 33 % ont une fois rencontré et lu un ouvrage y relatif.
Ce qui n'est pas le cas pour le reste des enquêtés soit 67 % qui
estiment n'avoir jamais rencontré de tels ouvrages.
Au vu de ces résultats, il ressort que bon nombre de
citoyens est sous informé sur l'histoire politique togolaise et encore
moins celle des femmes. L'interrogation que cela suscite est de savoir si c'est
par manque d'une littérature abondante sur cette thématique ou
d'une carence dans les programmes scolaires ou que par manque du goût de
lecture ?
IV. Causes du déclin de la citoyenneté
politique des femmes togolaises
Tableau 8 : Répartition des
enquêtés en fonction de leur opinion sur la cause de la chute de
la citoyenneté politique des femmes après
l'indépendance
Opinions
|
Effectif
|
Fréquence
|
L'instabilité politique de l'époque
|
33
|
47%
|
La dictature civile militaire post
indépendance
|
30
|
43%
|
Autres
|
7
|
10%
|
Total
|
70
|
100%
|
Source : Données de l'enquête,
août, 2012
Ce tableau rend compte de l'opinion des enquêtés
sur certaines causes de l'effacement de la femme de l'échiquier
politique après l'accession du Togo à sa souveraineté
nationale. Ainsi, moins de la moitié des enquêtés soit 47
%, attribue cet état de fait à l'instabilité politique de
l'époque. Cette proportion représente un effectif de 33 personnes
sur 70.
59
En revanche, 43 % ont vu en la dictature civile militaire une
raison évidente du déclin de la citoyenneté politique de
la femme à cette époque. De ce qui précède, on
constate alors que l'inertie politique des femmes revêt toujours un
caractère artificiel.
Tableau 9 : L'incidence de la peur sur
l'intérêt politique des enquêtés
Peur
Intérêt
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Eff
|
Fréq
|
Eff
|
Fréq
|
Eff
|
Fréq
|
Forte
|
6
|
9%
|
5
|
7%
|
11
|
16%
|
Moyen
|
18
|
26%
|
13
|
19%
|
31
|
44%
|
Faible
|
13
|
19%
|
5
|
7%
|
18
|
26%
|
Pas du tout
|
5
|
7%
|
5
|
7%
|
10
|
14%
|
Total
|
42
|
60%
|
28
|
40%
|
70
|
100%
|
Source : Données de l'enquête,
août, 2012
Ce tableau croisé rend compte de la répartition
des enquêtés selon l'incidence exercée par la peur sur leur
degré d'intérêt à la politique. Il indique que sur
les 18 personnes faiblement intéressées à la politique, 13
estiment que cela est lié à la peur. En plus, la plupart de ceux
qui s'engagent moyennement, soit 26 %, manifestent une hantise par rapport
à la politique.
Par ailleurs, 6 personnes sur 11 fortement
intéressées à la politique, attestent que la politique
leur provoque la peur. Dès lors, on peut admettre que l'engagement
politique est dans une certaine mesure, une question de
témérité. La compétence politique et la
compétence socio culturelle ne se recoupent pas forcément.
60
Sous tableau 9 : L'incidence de la peur
sur l'intérêt politique des femmes enquêtées
Peur
Intérêt
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Eff
|
Fréq
|
Eff
|
Fréq
|
Eff
|
Fréq
|
Forte
|
2
|
7%
|
2
|
7%
|
4
|
14%
|
Moyen
|
6
|
21%
|
4
|
14%
|
10
|
36%
|
Faible
|
6
|
21%
|
3
|
11%
|
9
|
32%
|
Pas du tout
|
1
|
4%
|
4
|
14%
|
5
|
18%
|
Total
|
15
|
54%
|
13
|
46%
|
28
|
100%
|
Source : Données de l'enquête,
août, 2012
Par rapport à la femme (sous tableau 9), on
relève que sur le nombre de femmes interrogées, soit 31 femmes,
seulement 4 ont exprimé un fort attachement à la politique, la
grande partie ne l'est que moyennement ou faiblement soit respectivement un
pourcentage de 36 % et de 32 %. Enfin 18 % des femmes interrogées, ne
s'intéressent du tout pas à la politique. Cette apathie politique
serait-elle liée à la peur ? À cette question 6 femmes sur
9 faiblement passionnées à la politique ont acquiescé
l'influence de la peur sur leur engagement dans la sphère politique. Par
contre, 4 femmes sur 5 qui ne s'intéressent pas du tout à la
politique estiment ne s'être pas inquiétées par la peur.
C'est dire que, la peur, quoiqu'elle ait une influence sur la participation
politique de la femme, n'est pas déterminante dans la volonté
politique de la femme.
61
Tableau 10 : Incidence des facteurs
exogènes sur l'exclusion politique des femmes
Facteurs exogènes
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Eff
|
Fréq
|
Eff
|
Fréq
|
Eff
|
Fréq
|
Pauvreté
|
6
|
4%
|
16
|
11%
|
22
|
15%
|
Analphabétisme
|
12
|
8%
|
38
|
27%
|
50
|
35%
|
Religion
|
4
|
3%
|
13
|
9%
|
17
|
12%
|
Us et coutumes
|
5
|
4%
|
14
|
10%
|
19
|
13%
|
Violence politique
|
6
|
4%
|
25
|
18%
|
31
|
22%
|
Autres
|
2
|
1%
|
1
|
1%
|
3
|
2%
|
Total
|
35
|
25%
|
107
|
75%
|
142
|
100%
|
Source : Données de l'enquête,
août, 2012
Ce tableau croisé à doublé entrée,
présente les résultats des données issues du terrain.
Ainsi, à la question de savoir si la femme togolaise constitue la cause
de sa propre exclusion politique, 3/4 des opinions soit 75% ont répondu
à la négative et voient dans les facteurs exogènes, les
principales causes de cette situation. En plus, de tous les facteurs
exogènes proposés, l'analphabétisme demeure le plus
évoqué avec une proportion de 35%, ensuite suivent la violence
politique 22% et la pauvreté 15%. Au vu des résultats de ce
tableau et en combinaison avec ceux du tableau 8, il ressort, qu'il faille
revoir les postulats explicatifs de ce phénomène basés sur
la théorie de modernisation et qui tablent sur les facteurs
endogènes à la femme, notamment le principe d'incapacité
naturelle à faire de la politique.
62
Chapitre quatrième: Interprétation des
résultats
L'interprétation des résultats consiste à
commenter les tableaux et graphiques élaborés à partir des
données de l'enquête, en confrontant les résultats aux
hypothèses, objectifs et les connaissances qui existent sur la question
de recherche. A cet effet, pour plus de précision et sans pour autant
s'écarter des données du terrain, nos résultats sont
structurés autour de certaines intitulées que nous nous sommes
déployés à interpréter.
I. Genre et espace public
Par rapport au sexe, en considérant les données
du tableau 1, on s'aperçoit que les femmes togolaises sont sous
représentées dans l'espace public ainsi que dans le domaine de
l'éducation. Cette sous représentativité des femmes
souligne l'existence d'une disparité et d'une inégalité
entre les femmes et les hommes dans l'accès à certains statuts
sociaux. On s'aperçoit alors que le sexe est le deuxième facteur
qui influe significativement sur la participation politique et publique.
En effet, jusqu'aujourd'hui, la société
hésite toujours à accorder certaines responsabilités aux
femmes ou à les intégrer sous prétexte de leur
incapacité et de leur indisposition passagère liée
à la nature de leur physiologie. Ceux qui prennent le courage de le
faire, mettent souvent un homme à leur côté pour les
seconder, signe toujours de ce manque de confiance en la capacité de la
femme.
En outre, les études de la jeune fille sont
perçues comme une perte de temps, donc qui ne vont aboutir à
rien. Ce cloisonnement traditionnel et légendaire de la femme dans les
rôles sociaux de second rang, a longtemps contribué à
définir un espace public caractérisé par une
présence transparente de la femme. A cet effet, Ursula Beer, une
féministe
63
socialiste, l'une des initiatrices de l'approche genre et
développement, déclarait en ces termes :
«Pour chaque homme, indépendamment de sa
volonté, la société prévoit une place qui lui
permet dans la hiérarchie professionnelle d'accéder au poste
décisionnel comparativement aux femmes et qui lui accorde aussi dans la
hiérarchie familiale, une position privilégiée par rapport
à la femme... ».
Aujourd'hui, cette question de genre constitue un
problème épineux et un obstacle au développement. Raison
pour laquelle, il demeure une préoccupation fondamentale des
gouvernements qui ne cessent de prendre de mesures tout azimut pour estomper
ces disparités. Déjà, dans son essai, The
subjection of women, publié en 1869, John Stuart Mill relevait d'une
façon prémonitoire les dangers que court l'humanité en
entretenant cette exclusion publique et politique des femmes :
«Y a-t-il un si grand excès d'hommes propres
aux hautes fonctions que la société soit en droit de rejeter les
services d'une personne compétente ? Sommes-nous assurés d'avoir
toujours un homme sous la main pour toutes les fonctions sociales importantes
qui pourront vaquer, que nous n'ayons rien à perdre à frapper
d'incapacité la moitié de l'espèce humaine, en refusant
d'avance de tenir compte de ses facultés quelques distinguées
qu'elles puissent être ? »
II. L'intérêt politique et la
citoyenneté
La participation à la vie politique constitue la
1ère manifestation de la démocratie et du rôle
de citoyen. Sa nature et son intérêt dépendent de la
représentation de l'image que se font les citoyens de la politique. En
effet, au regard des résultats du tableau 3, nous
relevons une forme de désintérêt manifesté par une
bonne partie des enquêtés par rapport à la politique. Une
situation qui parait un peu paradoxale vu le niveau d'instruction des
enquêtés. Car, le facteur le plus déterminant de la
participation politique demeure le niveau d'instruction. Alors, partant de
cette position doctrinale, on aurait pu s'attendre à un fort
intérêt à la
64
politique de la part de nos enquêtés. Tel n'est
pas le cas. Ce désintérêt à la politique serait
lié au manque de confiance que les gens manifestent à l'endroit
du pouvoir politique, à la précarité qui les obligent
à reléguer la politique au second plan et surtout au statu quo
politique qui règne dans le pays.
Nous disons que cette situation pose le problème de
citoyenneté en ce sens qu'être citoyen, c'est d'abord faire sien
des droits et devoirs de la communauté politique à laquelle on
appartient. Ce sentiment d'appartenance fait alors naitre une fierté qui
est alimentée par une volonté de vivre ensemble et qui se
concrétise dans les élections et dans l'acquittement d'autres
obligations. Ainsi, un désintérêt à la politique, se
traduit par une chute de la citoyenneté et un libre cours à
l'incivisme.
Le danger de cette attitude a été
soulignée par Alexis de Tocqueville dans De la démocratie en
Amérique, Paris, Gallimard, 1961. En effet, lorsque les conditions
ne sont pas réunies pour permettre aux individus d'exprimer pleinement
leur citoyenneté politique, ceux-ci alors, se replient chacun sur sa
sphère privée conduisant à une atomisation de la
société et un ultra individualisme. Le risque majeur de cette
situation, est la soumission plus ou moins volontaire de l'individu à la
volonté du plus grand nombre entrainant ipso facto une tyrannie de la
majorité.
III. La peur et la participation politique
Par rapport à la peur, l'analyse des données de
l'enquête (graphique 2) a échoppé sur la conclusion selon
laquelle la politique suscite beaucoup de peur pour plus de la moitié
des enquêtés. Sans doute, c'est la raison qui amène souvent
certains à éclipser leur activisme politique. C'est le cas de
certains fonctionnaires des services publics, qui par peur d'exposer leur
coloration politique au risque de rater plusieurs avantages liés
à son poste, décident de se rétracter vis-à-vis de
la politique. En outre,
65
les troubles socio politiques qui ont accompagné
l'entrée de la démocratie dans notre pays et les signes de
violences à caractères politiques laissent des séquelles
traumatiques qui amènent les individus à se distancer de la
gestion du pays.
A la lumière de ce qui précède, on
s'aperçoit alors que la peur suscitée par la politique n'est pas
une peur en soi. Elle est alimentée par un certain nombre
d'évènements et de structures qui ont conféré
à l'espace politique cette onction dédaigneuse à l'endroit
des femmes togolaises.
S'agissant de son incidence sur l'intérêt
politique des femmes togolaises (sous tableau 9), les tendances ambivalentes
enregistrées conduisent aussi à moins systématiser
l'influence de la peur sur l'exclusion politique de la femme togolaise. Car, la
plus part de celles qui ne s'intéressent pas à la politique,
avancent des raisons autres que la peur.
IV. Le vote, la forme de participation politique la
plus répandue
Le vote représente la forme minimale la plus
répandue de la participation politique, comme on peut le constater dans
le tableau 4. Il constitue la mesure la moins contestable d'un
intérêt exprimé pour la politique. Cette
prééminence est due au fait qu'il est moins élitiste et
moins discriminatoire avec la disparition du suffrage capacitaire et
censitaire. Aussi, requiert-il un engagement personnel et peu d'initiatives.
C'est d'ailleurs l'acte solennel par lequel l'individu affiche sa
citoyenneté. Le vote demeure ainsi, le levier le plus basique par lequel
le citoyen maintient son pouvoir de contrôle sur la sélection du
personnel gouvernemental.
Au contraire, la faible proportion enregistrée pour la
participation protestataire s'explique par le caractère fondamentalement
agité de cette forme de participation et surtout le bras de fer qui
s'instaure dans la régulation de ces mouvements par le pouvoir
politique.
66
Néanmoins, sous un angle politique, cette analyse
mérite quelques nuances. Car, le vote et les autres formes
généreuses de participations (lecture des journaux, discussions
politiques...) ne sont des signes d'attention à la politique puisqu'ils
n'impliquent aucune lutte pour la conquête des postes de l'appareil de
l'Etat. Alors pour peser réellement sur l'échiquier politique,
les femmes doivent fournir un effort supplémentaire pour revendiquer les
véritables leviers du pouvoir afin de jouer un rôle politique de
1er plan.
V. L'exclusion politique des femmes, un
phénomène aux origines exogènes
Pendant longtemps, les femmes ont été
laissées en marge de la gestion de la chose publique et la raison en
était que la femme de part sa nature n'avait pas de
prédispositions assez adéquates pouvant lui permettre de se
poindre dans cet univers particulièrement complexe. La plupart des
ébauches d'explication de cette exclusion rimaient avec la
théorie de la modernisation qui explique le sous développement de
certain peuple par une absence de mentalité dans ce sens, des raisons
inhérentes à leur état d'être.
Cependant, d'après les résultats du tableau 10,
l'on se rend compte que les facteurs exogènes demeurent les principales
causes de l'exclusion politique des femmes togolaises. On quitte alors du
naturel à l'artificiel. En plus, de tous ces facteurs exogènes
indiqués, on note une fréquence considérable de
l'analphabétisme. Ceci loin d'être anodin s'explique par le fait
que l'espace politique où le destin de toute une communauté se
discute, nécessite de ce fait, une compétence politique
fondée sur de solides connaissances qui puisent permettre
d'opérer des choix rationnels. Ainsi, à la question de savoir
pourquoi il n'avait pas
67
beaucoup de femmes dans son gouvernement, M. Edem
Kodjo, alors Premier Ministre, rétorquait qu'il voulait bien former
un Gouvernement paritaire en matière de nombre de femmes et d'hommes,
mais les femmes compétentes qui puissent correspondre au profil du
Ministre, il fallait aller les chercher.
La violence politique demeure aussi l'un des facteurs les plus
évoqués dans l'explication de l'exclusion politique
féminine. En effet, l'apathie politique observée chez les femmes
togolaises après l'indépendance est liée en grande partie,
comme en témoigne le tableau 8, à l'instabilité politique
de l'époque. L'assassinat du père de l'indépendance avait
plongé la population dans une vive émotion, puisque
c'était une 1ère en Afrique qui s'est
révélée comme un véritable coup d'assommoir. Les
manifestations, les coups d'Etats répétitifs ont entretenu un
climat politique très agité qui n'est pas trop favorable à
la nature de la femme. Les évènements qui ont accompagnée
l'entrée de la démocratie dans notre pays et sa cohorte
d'hostilité et de violences, s'inscrivent aussi dans le même
registre.
Par contre, toujours en ce qui concerne le tableau 10, on
s'aperçoit que les pesanteurs socio culturelles comme la religion et les
us et coutumes, sont graduellement en train de perdre leur influence sur le
potentiel de l'engagement politique des femmes. Car, nous estimons que si cette
étude était faite à une époque un peu plus
reculée, ces facteurs se placeraient devant. L'effort des
autorités politiques dans l'éducation de la jeune fille,
l'urbanisation croissante, la vulgarisation des nouvelles manières de
vivre et de se comporter par le biais des médias détachent de
plus en plus les filles du carcan culturel et religieux. Aussi, cela
contribue-t-il à leur offrir des matières à comparaison et
des références débouchant sur une aspiration à plus
d'autonomie et de liberté.
68
VI. Une histoire politique féminine très
peu connue
On ne saurait appréhender une étude sur la
citoyenneté politique des femmes togolaises sans un bref retour au
passé. Pour bon nombre de personnes, elle est une notion amorphe avant
la conférence nationale, pour d'autres encore, elle ne vient que
commencer. Ces considérations traduisent une méconnaissance ou
une forme d'amnésie sur les apports incontestables des femmes togolaises
dans le processus d'émancipation du Togo comme l'illustrent les
résultats de notre enquête (tableau 5).
En effet, en se référant à ces
résultats, on constate qu'une frange importante de l'intelligentzia
togolaise ne maitrise pas réellement leur histoire politique et dans la
moindre mesure celle des femmes. Cela pose donc un sérieux
problème, car si ceux qui sont considérés comme les phares
de la société trainent toujours une vision déformée
de la citoyenneté de la femme, comment pourrait-on transformer les
considérations peu condescendantes et bourrées de
préjugés que l'opinion commune se fait sur le potentiel politique
des femmes ? Car à en croire Annie Petit, «La
régénération des savants signifie la
régénération des sociétés».
Certes, il est vrai que la participation de la femme
était plus ancrée dans les formes protestataires et dans les
associations qu'à travers les formes représentatives.
C'était un travail de fond comme le relève l'une de nos
interviewées : « la façon dont elles exprimaient leur
opinion n'était pas médiatisée ».
Néanmoins, on admet que c'est aussi une forme de participation politique
qui mérite d'être reconnue.
Cette situation est liée au fait qu'il n'existe pas
d'ouvrages abondants, accessibles au public togolais et relatif à la
citoyenneté politique de la femme togolaise. Les ouvrages existants sont
d'un caractère élitiste et relativement cher, donc difficile
à s'en procurer. Il faut aussi compter avec le dégoût de la
lecture qu'affiche maintenant le public togolais.
69
Dans les programmes scolaires, à part quelques cours
synthétiques d'Education Civique et Morale
proposés dans le primaire qui traitent d'une manière
ramassée l'histoire politique du Togo, au niveau du secondaire
(collège et lycée), il n'existe pas un curriculum
spécifique sur ces évènements, à par quelques
bribes offertes dans le cours sur la décolonisation. Or, c'est à
ce niveau que l'élève commence à donner sens à ce
qu'il apprend, c'est également là que commence par se forger la
personnalité l'individu. Ces cours sont souvent déclinés
au masculin. On ne retient que les noms comme Martin Aku, Anani Santos,
Sylvanus Olympio... tronquant fondamentalement le travail de fond abattu par
les femmes dans ces mouvements politiques.
VII. Le cheminement trilogique et dialectique de la
citoyenneté politique féminine togolaise
La citoyenneté politique des femmes togolaises
ressemble à une véritable trilogie marquée par une
inclusion, une exclusion puis une re-inclusion. D'abord, comme en
témoigne les résultats de notre recherche (tableau 7), la majeure
partie des enquêtés considèrent que les femmes ne sont pas
restées en marge des luttes indépendantistes. Déjà
en 1933, elles avaient commencé par le biais d'un embryon de parti
politique (Duawo), à attaquer l'édifice colonial pour
réclamer l'allègement du régime fiscal. En outre, elles se
seront associées aux mouvements nationalistes durant les processus de la
décolonisation.
Après les indépendances, commence un nouvel acte
de la citoyenneté féminine togolaise marquée par son
silence dans les débats politiques. Déjà, elles ni
figuraient pas dans le 1er Gouvernement de Sylvanus Olympio.
L'épilogue sera atteint avec les crises et les violences politiques
né de l'assassinat du 1er Chef d'Etat togolais et
l'instabilité
70
politique de l'époque. En 1969, le RPT, vit le jour.
Désormais, tous les autres canaux d'expression politique
parallèles, sont verrouillés puisque tout devrait se faire au
sein de ce parti unique. Pour les femmes, l'UNFT considérée comme
la version féminine du RPT, demeure la seule voie d'expression politique
de la femme togolaise. Et quelle forme d'expression politique ? Il s'agissait
essentiellement des animations, les danses et chants à allure
dithyrambique à l'endroit du pouvoir politique. Donc, disons que de 1960
à 1990, on a assisté à une forme de citoyenneté
politique passive des femmes togolaises où les femmes se servaient que
du faire valoir sur l'échiquier politique.
A partir de 1990, avec l'émergence des mouvements de
droit de l'homme, l'avènement de la démocratie et surtout les
séries de conférences mondiales19 organisées
autour de la thématique du genre et du droit de la femme, le
problème de genre et de l'inclusion politique de la femme deviennent une
préoccupation fondamentale des gouvernants. En outre, la ratification ou
l'adoption d'un certain nombre d'instruments juridiques internationaux,
notamment les Objectifs du Millénaire pour le Développement, ont
amené les partenaires pour le développement à être
intransigeants et beaucoup plus pressants sur la question de genre en
général. A partir de ce moment, on inaugure une nouvelle
ère caractérisée par une re-inclusion politique de la
femme togolaise. Même si le processus semble un peu timoré, et
qu'à l'état actuel, nous ne sommes pas encore parvenus aux
résultats escomptés, l'inclusion politique des femmes est
malgré tout, d'une façon transversale, en train de marquer les
esprits.
19 4ème Conférence mondiale sur les femmes à
Pekin (1995) et Pékin + 10 et sommet de L'ONU en 2005 Sommet mondial
pour le développement social à Copenhague (1995)
Conférence mondiale sur la population et le
développement au Caire (1994)
Conférence mondiale sur les droits de l'homme à
Vienne (1993)...
71
Conclusion
Ce travail part d'un constat d'une sorte de dévoiement
de l'histoire politique des femmes togolaises et partant de là, une
perception condescendante de l'image de la nature de cette femme face à
la politique. Il se propose de lire la citoyenneté politique des femmes
togolaises au travers des acquis historiques et sociologiques. Pour ce faire,
sur la base des hypothèses que nous nous sommes fixés, nous avons
mené une étude en s'appuyant sur la recherche documentaire et des
enquêtes empiriques d'ordre qualitatif et surtout quantitatif. Au terme
de cette étude, il ressort que l'exclusion politique des femmes
togolaises n'est pas un fait naturel.
Ainsi, contrairement à ce qui fait vent de
vérité, on découvre que la participation de la femme
togolaise n'est pas un fait récent. Sa sous représentation dans
les instances de décision politique et publique n'est pas la
conséquence d'une prétendue entrée tardive dans le monde
politique. Elle ne reste pas les bras croisés pour se faire conduire et
diriger selon les humeurs et les caprices des hommes. Infatigables combattantes
des premières heures, elles ont été le fer de lance des
mouvements indépendantistes et démocratiques.
Cependant, la particularité de leur combat mettait en
évidence un type de citoyenneté plus impliquées dans les
associations et dans les formes protestataires de la participation politique,
car plus préoccupées de l'amélioration des
désidératas sociaux et de leur vécu quotidien. Ce faisant,
ce comportement politique aussi noble et légitime que soit-il aura
aussi, sous un autre angle, empêcher la gente féminine togolaise
de s'inviter sérieusement dans les débats en négociant les
véritables tentacules du pouvoir politique afin de posséder les
clefs de son destin.
72
Eu égard à ce qui précède, il
serait alors incongru de vouloir attribuer à la nature
intrinsèque de la femme togolaise, les raisons de son exclusion
politique. C'est une femme intéressée politiquement et
potentiellement engagée une fois que les conditions de sa liberté
et de ses compétences sont reconnues et respectées.
Au total, cette recherche revêt une double importance :
d'abord, elle nous a permis d'abord de mettre en évidence l'ignorance
qui plane sur bon nombre de togolais en ce qui concerne l'engagement citoyen
des femmes dans l'histoire, ensuite de mieux retracer le cheminement atypique
du combat politique des femmes togolaises et enfin de fournir une grille
d'explication assez plausible de leur exclusion politique.
73
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74
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Plon, 1959.
· Yagla, O., Les indigènes du Togo à
l'assaut du pouvoir colonial, Tunis, NEA, 1992.
ANNEXES
76
SECTION I : IDENTIFICATION
N° d'ordre
|
Questions et filtres
|
Réponses et Codes
|
Passez à
|
Q101
|
Quel est votre sexe ?
|
- Masculin 1
- Féminin 2
|
|
|
|
- [18-28[ 1
|
|
|
|
- [28-38[ 2
|
|
|
|
- [38-48[ 3
|
|
Q102
|
Quel âge avez-vous ?
|
- [48-58[ 4
|
|
|
|
- [58-68[ 5
|
|
|
|
- [68-plus[ 6
|
|
Q103
|
Etes-vous scolarisé ?
|
- Oui 1
|
|
|
|
- Non 2
|
|
|
|
- Primaire 1
|
|
Q104
|
Quel est votre niveau d'instruction ?
|
- Secondaire 2
|
|
|
|
- Supérieur 3
|
|
|
|
- Etudiant(e) 1
|
|
|
|
- Cadre administratif (ve) 2
|
|
Q105
|
Quelle est votre profession ?
|
- Responsable d'ONG 3
|
|
|
|
- Ménagère 4
|
|
|
|
- Enseignants 5
|
|
|
|
- Autres (à préciser) 6
|
|
SECTION II: ATTITUDE ET PERCEPTION
N°
d'ordre
|
Questions et filtres
|
Réponses et codes
|
Passezà
|
Q201
|
Certains pensent que la politique est un
domaine réservé aux hommes. Etes-vous de cet
avis ?
|
- Oui 1
- Non 2
|
|
Q202
|
Intéressez- vous à la politique ?
|
- Forte 1
- Moyen 2
- Faible 3
- Pas du tout 4
|
|
Q203
|
D'aucuns disent que faire la politique leur inspire la peur.
Direz-vous que c'est
|
- Vrai 1
- Faux 2
|
|
Q204
|
Parmi les activités de la participation
suivantes, la(les)quelle(s) sentez-vous capables d'exercer
?
|
- Militer dans un parti politique 1
- Participer aux campagnes électorales 2
- voter 3
- Prendre part au meeting politique 4
- Protester dans la rue contre une
mesuregouvernementale 5
- Postuler à un poste politique 6
- Autres (à préciser) 7
|
|
77
Q205
|
Etes-vous d'accord avec ceux qui affirment que la femme dans
ses prédispositions n'est pas apte à exercer une activité
politique ?
|
- Oui 1
- Non 2
|
|
SECTION III : CONNAISSANCE SUR L'HISTOIRE DE
L'ENGAGEMENT POLITIQUE DES FEMMES TOGOLAISES
N° d'ordre
|
Questions et filtres
|
Réponses et codes
|
|
|
|
Passez
|
Q301
|
Avez-vous une idée sur les luttes politiques ayant
abouti à l'indépendance du Togo ?
|
à-
Avancée
- Superficielle
- Aucune idée20
|
|
1
2
3
|
|
Q402
|
Q302
|
Pour certains, le combat politique ayant abouti à
l'indépendance est un combat purement masculin. Etes-vous de cet avis
?
|
- Oui
- Non
1
|
2
|
|
|
|
Q303
|
Savez-vous que les femmes ont joué un rôle dans
ces luttes ?
|
- Oui - Non
|
|
|
1
2
|
|
Q304
|
Quelle idée retenez-vous des femmes
togolaises sur la citoyenneté politique des femmes
d'avant l'indépendance ?
|
- Actives
- Passives
- Autres (à préciser)
|
|
|
1
2
3
|
|
Q305
|
Connaissez-vous un ouvrage ayant parlé de l'engagement
politique des femmes togolaises pour l'indépendance ?
|
- Oui
- Non
|
|
|
1
2
|
|
SECTION IV : CAUSES DU DECLIN DE LA CITOYENNETE
POLITIQUE DES FEMMES TOGOLAISES
N° d'ordre
|
Questions et filtres
|
Réponses et codes
|
Passez
|
Q401
|
politique des femmes a connu un répit juste après
l'indépendance. Selon vous, à quoi peut-on attribuer ce fait ?
|
àL'activisme
- L'instabilité politique de l'époque 1
- La dictature civile militaire 2
- Autres (à préciser) 3
|
|
Q402
|
Etes-vous d'avis avec ceux qui disent que la femme togolaise
constitue une cause de sa propre exclusion politique ?
|
- Oui 1
- Non 2
|
|
Q403
|
Selon vous, quels sont les facteurs qui
participent à l'exclusion politique de la femme
togolaise ?
|
- La pauvreté 1
- L'analphabétisme 2
- Religion 3
- Les us et coutume 4
- La violence politique 5
- Autres (à préciser) 6
|
|
20 Si vous choisissez cette réponse, pour la suite des
questions, reportez vous directement à la question Q402 de la section
suivante
78
Grille d'entrevue
1. Que pensez-vous de la citoyenneté politique
des femmes ?
2. Quel regard portez-vous sur la femme togolaise en
matière de la participation politique ?
3. L'histoire politique coloniale togolaise
recèle certains épisodes marqués par une forte
éruption féminine sur la scène politique. Comment
expliquez-vous ce phénomène ?
4. Selon vous, pourquoi les gens ignorent-ils cette
partie de l'histoire politique coloniale de la femme marquée par un
activisme politique sans précédent ?
5. Les femmes togolaises constituent-t-elles les germes
de leur propre exclusion politique ? Pourquoi ?
6. A quoi peut-on attribuer ce déclin de la
citoyenneté politique chez la femme togolaise
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TABLE DES MATIERES
DEDICACE I
REMERCIEMENTS II
SIGLES ET ACRONYME III
SOMMAIRE ..IV
INTRODUCTION 5
1ère PARTIE: CADRES THEORIQUE, CONCEPTUEL,
PHYSIQUE, HISTORIQUE ET METHODOLOGIQUE
CHAPITRE PREMIER: CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL
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I. CADRE THEORIQUE
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I.1. JUSTIFICATION DE L'ETUDE
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I.2. PROBLEMATIQUE
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I.3. HYPOTHESES
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I.3.1. Hypothèse principale
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I.3.2. Hypothèses spécifiques
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15
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I.4. OBJECTIFS
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I.4.1. Objectif général
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I.4.2. Objectifs spécifiques
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I.5. VARIABLES ET INDICATEURS
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I.5.1. CHOIX ET JUSTIFICATION DES VARIABLES
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I.5.1.1 Variable dépendante (expliquée)
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17
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I.5.1.2. Variables indépendantes (explicatives)
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I.5.1.2.1. Le paysage littéraire togolais
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I.5.1.2.2. Les violences politiques
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I.5.1.2..3. Les stéréotypes socioculturels
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I.5.2. INDICATEURS
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I.5.2.1. Le nombre de femmes dans les instances de
décision politique
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I.5.2.2. Le taux d'alphabétisation
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19
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I.5.2.3. Les ouvrages sur la participation politique des femmes
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II. CADRE CONCEPTUEL
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II.1 DEFINITION DES CONCEPTS
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II.1.1. Citoyenneté
II.1.2. Démocratie
II.1.3. Groupes de pression/d'intérêt
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23
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II.1.4. Partis politiques
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II.1.5. Pouvoir (politique)
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24
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II.1.6. Société civile
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II.2 REVUE THEMATIQUE DE LITTERATURE
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II.2.1. Discrimination, émancipation de la femme et
égalité des sexes
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II.2.2. Genre et participation politique
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II.2.3. Citoyenneté politique et démocratie
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CHAPITRE DEUXIEME: CADRES PHYSIQUE, HISTORIQUE ET APPROCHE
METHODOLOGIQUE
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I. CADRE PHYSIQUE
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36
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I.1. Géographie
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36
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I.2.
80
Historique du peuplement 36
I.3. Aspects socio économique 37
I.4. Caractéristiques sociodémographiques 38
II. CADRE HISTORIQUE 39
I.1. Esquisse de l'historique de la participation
politique des femmes togolaises 39
I.2. Parallelisme de l'évolution de la
citoyennete feminine en france et au togo 42
III. APPROCHE METHODOLOGIE 45
III.1. LA METHODE QUALITATIVE 45
III.2. LA METHODE QUANTITATIVE 45
III.2.1. L'univers d'enquête 46
III.22. Le questionnaire 46
III.2.3. Le groupe cible 46
III.2.4. L'échantillonnage 47
III.25. La Taille de l'échantillon 47
III.2.6. Administration du questionnaire 48
III.2.7. Pré enquête 48
III.2.8.Mode de traitement des données 48
III.3. LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE 49
2ème PARTIE : PRESENTATION, ANALYSE DES DONNEES ET
INTERPRETATION DES RESULTATS
CHAPITRE TROISIEME : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES 51
I. IDENTIFICATION 51
II. ATTITUDE ET PERCEPTION 52
III. CONNAISSANCE SUR L'HISTOIRE DE L'ENGAGEMENT
POLITIQUE DES FEMMES TOGOLAISES 55
IV. CAUSES DU DECLIN DE LA CITOYENNETE POLITIQUE DES FEMMES
TOGOLAISES 58
CHAPITRE QUATRIEME : INTERPRETATION DES RESULTATS
..62
I. GENRE ET ESPACE PUBLIC 62
II. L'INTERET POLITIQUE ET LA CITOYENNETE
63
III. LA PEUR ET LA PARTICIPATION POLITIQUE 64
IV. LE VOTE, LA FORME DE PARTICIPATION POLITIQUE LA PLUS
REPANDUE 65
V. L'EXCLUSION POLITIQUE DES FEMMES, UN PHENOMENE AUX
ORIGINES EXOGENES 66
VI. UNE HISTOIRE POLITIQUE FEMININE TRES PEU CONNUE 68
VII. LE CHEMINEMENT TRILOGIQUE ET DIALECTIQUE DE LA
CITOYENNETE POLITIQUE FEMININE TOGOLAISE 69
CONCLUSIONS 71
BIBLIOGRAPHIE 73
ANNEXE 75
TABLE DES MATIERES 79
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