La traite des enfants immigrés dans les plantations de café- cacao de Côte d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Koffi Justin Dr KOUASSI Université Félix Houphoà¼et- Boigny de Cocody - Thèse de doctorat unique 2010 |
_ I Je dédie ce travail à ma mère, cette merveilleuse dame qui de par son abnégation et son courage a su nous inculquer l'amour du travail bien fait. Je dédie ce travail à tous ceux qui ont cru et continuent de croire en moi et en ma capacité de faire face aux difficultés de la vie Je dédie ce travail à ma fiancée Mademoiselle VANGHA Kacou Adèle Je dédie ce travail à mes frères, soeurs et amis : Kouassi Akissi Albertine KAZON Aubin Kouassi kouakou Roger Crizoa Herman Kouassi Amenan Elisabeth Edmond Yao Kouassi Adjoua Clémentine Yao Eugène Feu Kouassi Kouadio Célestin Bamba Massandjé Brou Amoin Amoa Déborat Kouassi Madeleine Bouaré Dao II Un travail de recherche est une investigation faite dans le but d'acquérir des connaissances nouvelles et d'étudier une question. Il serait impensable d'ignorer toutes les personnes ressources qui nous ont assisté matériellement ou moralement dans la quête de cette acquisition et la faisabilité de cette étude. Il est donc important que nous adressions nos vifs remerciements à toutes ces personnes de bonne volonté, qui de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de cette thèse. Nous exprimons notre profonde gratitude à ces éminents Professeurs et Docteurs qui sont : Ø Professeur Alain Sissoko, Professeur Titulaire, Doyen de l'UFR Criminologie pour avoir accepté d'assurer la direction et l'encadrement de cette thèse et surtout pour ses conseils. Ø Professeur Koudou Opadou, Professeur Titulaire de psychologie, Directeur de la formation initiale à l'école normale supérieur d'Abidjan, co-directeur de cette thèse pour son assistance inestimable et l'intérêt accordé à notre travail. Ø Professeur Koudou Kessié Maitre de conférence de psychologie, pour avoir guidé nos pas depuis la première année jusqu'en DEA. Ø III Le Professeur KOUAKOU N'Guessan François, Professeur Titulaire de Sociologie, Président Honoraire de l'Université de Bouaké, Président du Jury. Ø Le Dr IBO Guéhi, de l'université d'abobo- Adjamé Ø Professeur Dédi Séry, Maître de Recherche, enseignent à l'université de Cocody (UFR sociologie) IV
VI La rédaction de cette thèse, nous permet d'aborder un grand problème auxquelles le monde se trouve aujourd'hui confronté : la traite des êtres humains, particulièrement celle des enfants. En cette période difficile, nous devons prendre conscience des conséquences désastreuses liées à ce phénomène qui est devenu aujourd'hui un problème récurrent autrement dit le principal sujet au cours des grands débats relatifs aux défis majeurs de la planète. La traite des enfants se définit d'une manière générale comme étant « le mouvement illicite et clandestin de personne à travers des frontières nationales et internationales en grande partie venant des pays en développement et quelques pays avec des économies de transition, avec comme but final de forcer la victime dans des situations d'exploitations sexuelles ou économiques accablantes au bénéfice des recruteurs, trafiquant aussi bien que d'autres activités illégales au trafic tel que le travail domestique forcé, les faux mariages, l'emploi clandestin et les fausses adoptions ». Ce mal qui constitue l'un des fléaux majeurs du monde et en particulier de l'Afrique, se pose aujourd'hui comme un véritable frein au développement de la Côte d'Ivoire vue les nombreuses menaces de sanctions brandis par les institutions internationales si des mesures de luttes ne sont pas prises pour endiguer le phénomène dans nos plantations de café- cacao. Cette oeuvre qui est une contribution de l'UFR Criminologie à la lutte contre le trafic des enfants, inaugure à la fois, une vision nouvelle dans ce domaine où la sensibilisation s'appuyait jusqu'ici essentiellement sur les médias de masse. VII Cependant même si nous fondons beaucoup d'espoirs sur le travail que nous proposons, cette recherche ne saurait être à notre avis, une panacée aux nombreux problèmes que pose ce phénomène dans les pays en voie de développement. Nous n'avons pas la prétention d'apporter des solutions exhaustives au phénomène, mais plutôt d'y apporter notre modeste contribution afin qu'à défaut d'éradiquer totalement, l'on puisse le faire reculer fortement. Il s'agira donc pour cette thèse de doctorat, de comprendre, d'expliquer et de faire prendre conscience des dangers qu'en cours les enfants dans les plantations de café- cacao. En effet, les enfants se retrouvent dans des conditions qui les privent de leurs libertés. Beaucoup d'entre eux ne peuvent pas se loger convenablement, s'éduquer ni se soigner. Ils n'ont aucune possibilité d'épanouissement personnel. Ils sont exposés aux maladies. C'est au regard de cette réalité que nous avons élaboré cette thèse pour solliciter davantage la collaboration et l'assistance permanant des institutions nationales et internationales et des gouvernants afin de mieux lutter contre le phénomène. C'est à juste titre que ce document nous appelle à prendre conscience, à raisonner de façon objective et inductive. Nous devons réfléchir sur la façon dont il est possible d'améliorer les conditions de vie des plus démunis car ce phénomène est une des conséquences de la pauvreté endémique. IX
X Les traites en tant que phénomène ne datent pas d'aujourd'hui. Elles existaient sous une autre forme depuis plusieurs années. Ce fut le cas des traites négrières. Les Traites Négrières, également appelées Traite des Noirs, désignent des commerces d'esclaves dont ont été victimes des millions de Noirs africains durant plusieurs siècles. Pour la définir, il faut associer et combiner les six éléments suivants : - les victimes étaient des Noirs ; - les traites supposaient des réseaux d'approvisionnement parfaitement organisés et intégrés ; - les populations serviles n'étaient pas suffisamment fécondes pour se renouveler ; - l'endroit où l'être humain était capturé et le lieu de sa servitude étaient éloignés l'un de l'autre ; - si ceux qui utilisaient les esclaves pouvaient être également producteurs d'esclaves, la plupart du temps, il y avait des producteurs et des acheteurs, la traite correspondant à un échange tributaire ou commercial ; - la traite étant essentiellement une activité marchande, les entités politiques des différentes civilisations approuvaient ce commerce et en retiraient des bénéfices substantiels. Cependant, la traite doit être distinguée de l' esclavage qui "consiste à exercer sur une personne l'un quelconque ou l'ensemble des pouvoirs liés au droit de propriété"1(*). La traite est automatiquement liée à l'esclavage. Elles se renforcent mutuellement. Mais la réciproque est fausse. Il existe des systèmes esclavagistes dans lesquels la traite n'est pas présente, comme les États du sud des États-Unis au XIXe siècle. La traite doit aussi être distinguée de la notion contemporaine de Trafic d'êtres humains. Il y a eu trois traites négrières : la traite orientale, la traite occidentale et la traite intra-africaine. Celles-ci ont été un phénomène historique de très grande ampleur en raison du nombre de victimes, de sa durée, de la multitude de producteurs et d'acheteurs aux cultures et aux motivations différentes, des nombreuses méthodes d'asservissement, des multiples opérations de transports sur de très longues distances et de la réduction de ces êtres humains en esclaves et en main d'oeuvre servile2(*). Le choix du terme pour qualifier un commerce d'hommes et de femmes noires a longtemps été discuté, et continue de l'être. Selon O. PETRE-GRENOUILLEAU3(*), la formule « traite négrière » semble la plus adaptée. Elle fait référence simultanément aux différents protagonistes, les produits et les producteurs, soit respectivement les « nègres » et les « négriers ». Mais le sens attaché au terme "nègre" s'est tellement dévalorisé qu'il n'est plus possible, dans un grand nombre de langues, de l'utiliser aujourd'hui de manière neutre. Les historiens avaient d'abord parlé de "slave trade" "commerce d'esclaves". Mais ce terme ne faisait pas l'unanimité auprès des chercheurs. Pour S. DAGET, il sous-tendait que les victimes étaient déjà esclaves alors qu'un certain nombre d'entre eux était né libre. Une seconde critique tenait dans le fait que le commerce d'esclaves regroupait en plus des populations noires, d'autres populations de différentes époques. On avait également utilisé le terme de "Traite des Noirs", défini comme "le commerce d'esclaves noirs" ou plus précisément, la traite des noirs est le trafic consistant à échanger des marchandises contre des noirs africains ou à les acheter pour les employer ou les revendre en qualité d'esclaves. Mais ce terme conduit à ne se focaliser que sur les résultats du processus négrier. La traite dite orientale se caractérisait par ses voies commerciales (traversée du Sahara, de la Méditerranée, de la mer Noire, de la mer Rouge) et ses principaux marchés aux esclaves (grandes villes d'Afrique du nord et de la péninsule arabique, puis de Turquie) en grande partie contrôlées par des arabes. La principale destination des esclaves a d'abord été l' Empire arabe puis l' Empire Ottoman, l'un succédant à l'autre. Ces formations politiques arabes dominèrent militairement, culturellement et économiquement cette région du monde. Au Moyen-âge, une partie de ces esclaves terminaient leurs périples en Europe méridionale - dont une partie significative était d'ailleurs sous contrôle arabe. Après le Moyen-âge, quelques esclaves noirs arrivèrent jusqu'en Russie par l'intermédiaire de l'Empire Ottoman. La traite orientale fournissait une main-d'oeuvre servile employée essentiellement à des travaux domestiques et de services (employés de maison, tâches d'entretien des palais et des infrastructures, incorporation dans les armées, activités directement ou indirectement sexuelles). Il est généralement admis qu'elle a été la plus importante en termes de nombre de noirs mis en esclavage. Le chiffre de 17 millions de noirs réduits à l'esclavage est avancé par l'historien O. PETRE-GRENOUILLEAU4(*). Et cela sur une période allant du IXème siècle au XIXème siècle. La traite orientale touchait principalement les femmes. Ces dernières servaient aux tâches domestiques et comme esclaves sexuelles. L'esclavagisme oriental ne se limitait pas uniquement aux noirs. D'autres groupes ethniques étaient aussi réduits en esclavage et vendus. Les arabes ont ainsi réduit en esclavage des millions de blancs, de noirs et d'arabes aussi. Cependant, à partir du VIIIème siècle, les campagnes à l'encontre des populations noires sont de plus en plus fréquentes et intenses. La traite atlantique, la plus connue et la plus intense, fut un commerce d'êtres humains au profit d'Africains, d'un côté, et d'Européens ( Espagnols, Portugais, puis Anglais, Français, Néerlandais, Danois et ensuite Brésiliens et Cubains), de l'autre côté. Elle débuta en 1441 par la déportation de captifs africains vers la Péninsule ibérique. Cette destination dura plusieurs décennies5(*). Ensuite les Portugais convoyaient les esclaves vers les Caraïbes et l'Amérique du Sud. Progressivement, les Hollandais, les Anglais puis les Français organisèrent leur propre traite. Dès la fin du XVème siècle, la papauté tente de mettre un terme à la traite et condamne l'esclavage. La révolution Française abolit l'esclavage en 1794. Au Congrès de Vienne (1815), Talleyrand obtient de pouvoir participer aux conférences initialement réservées aux quatre vainqueurs en promettant à Castlereagh de soutenir la position britannique sur l'interdiction de la traite des noirs. L'interdiction de la traite (et non de l'esclavage) est adoptée dans le texte final6(*). Malgré l'abolition de la traite par plusieurs pays, celle-ci continua de perdurer dans les faits. Si la traite atlantique et les autres formes d'esclavages de ont disparu, une autre forme d'exploitation de l'homme persiste encore dans nos pays africains et plus particulièrement en Afrique de l'ouest, celle des enfants. La traite des enfants selon les organisations non gouvernementales et les institutions internationales, est l'une des plus graves violations des droits humains dans le monde. Les enfants et leurs familles sont alléchés par les fausses promesses des réseaux de trafiquants. Il leur est promis un avenir meilleur, une perspective pour échapper à la pauvreté. Chaque année des centaines de millions d'enfants sont transportés clandestinement au-delà des frontières et vendus comme de simples marchandises. Leur survie et leur développement sont menacés et ils sont privés de leurs droits à l'éducation, à la santé, à grandir au sein d'une famille. Leur condition préoccupe de plus en plus les gouvernements, les institutions internationales, les ONG et les médias. Aussi, la prise de conscience de la complexité de la traite d'enfants en tant que phénomène international multiforme s'amplifie. Il est évident que l'élimination de la traite d'enfants exige des efforts coordonnés de toutes les parties concernées : les gouvernements, les communautés locales, les ONG les institutions internationales chargées de l'enfant. Toutes les actions doivent être soutenues par une coopération inter-état. D'importantes normes internationales sont déjà en vigueur, notamment la convention des nations-Unies relative au droit de l'enfant et son protocole facultatif concernant la vente, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, laquelle est entrée en vigueur après ratification des pays membres de l'ONU (2002 nouvelle convention 182 de l'OIT7(*)). Toutefois l'application de ces normes requiert une juste compréhension du phénomène et un engagement total pour l'éliminer. Comme la plupart des pays sous- développés, la Côte d'ivoire est confrontée depuis ces dernières années à l' émergence de ce phénomène. Ce trafic se présenterait souvent comme une dérivation de la migration saisonnière de la main-d'oeuvre des pays limitrophes. La Côte d'Ivoire avec ses 26% de population étrangère apparait comme un grand Etat d'immigration8(*). Partant de ce constat, il va s'en dire que la communauté nationale et internationale devra prendre toutes les mesures pour lutter contre ce phénomène. Plusieurs études scientifiques se sont penchées sur le phénomène afin de trouver des solutions. Il a été le plus souvent question de comprendre le mécanisme de la traite des enfants afin de proposer des solutions. Malgré tous ces efforts scientifiques, la problématique de l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine reste entière et certains aspects de ces phénomènes restent inexploités. Nombre de travaux concernant le travail des enfants se sont le plus souvent intéressé aux aspects purement descriptifs (Y. DIALLO)9(*) ou alors à faire une typologie des emplois auxquels sont soumis ces enfants. Notre ambition lors de la rédaction de cette thèse est d'apporter un complément aux travaux réalisés sur d'autres aspects. Elle vise à susciter une prise de conscience de la traite des enfants à la communauté nationale et internationale, à renforcer les capacités nationales pour affronter le phénomène et à fournir des informations sur l'origine en vue de réponse politique.
I- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET ET DEFINITION DES NOTIONS
De nos jours, le nombre d'enfants dans une dynamique de travail place l'Afrique comme le continent le plus touché en matière de travail des enfants. En effet, en termes relatifs, avec un enfant sur trois au travail, l'Afrique est la région du monde où le plus grand nombre d'enfants exerce une activité liée au travail. Il est à noter que la majorité des enfants travailleurs se retrouvent dans le secteur informel et l'agriculture où les normes et droits au travail ne sont pas respectés. Les enfants sont invisibles à la réglementation du travail et par conséquent plus exposés à ses risques et à ses dangers. L'économie africaine ayant une forte composante agricole, il apparaît donc raisonnable de considérer que les enfants travailleurs africains y sont les plus exposés. Dans ce contexte, le secteur agricole est le secteur économique par excellence dans lequel des milliers de familles ont recours pour survivre et tenter ainsi de lutter contre une situation d'extrême pauvreté. La Côte d'Ivoire, pays en voie de développement n'échappe pas à cette position. Son économie depuis des décennies est influencée par le binôme café-cacao. Depuis des années, ce pays occupe le premier rang des producteurs mondiaux de cacao et le troisième au niveau du café. Le binôme café et cacao est un produit de très grande importance pour l'économie l'ivoirienne. L'appellation ``miracle ivoirien'' de la CÔTE D'IVOIRE est bien le fait de ce binôme. Ces deux produits ont hissé la CÔTE D'IVOIRE à un rang pour le moins fort enviable, faisant d'elle l'économie la plus forte de la sous- région. Mais une menace pèse sur l'exportation de ces produits. Elle est pointée du doigt car accusée d'exploiter le travail des enfants dans ses plantations de café - cacao. Les industries du chocolat et les pays consommateurs tiennent compte de cet aspect social dans la certification de ces produits. Dés lors, la Côte d'Ivoire se trouve confrontée au protocole « HARKING-ENGEL »du sénateur américain Tom Harking et du député Eliot Engel. Ces éminents sénateurs Américains s'insurgent contre l'esclavage des enfants dans le monde. Ce protocole engage les industriels à veiller à ce que les matières premières qu'ils utilisent pour la fabrication du cacao soient cultivées de manière responsable. Il recommande aux importateurs et fabricants de vérifier la provenance et les conditions de production du café et du cacao. Il est interdit d'avoir recours à une main d'oeuvre enfantine selon ce protocole. Depuis donc cette menace, le gouvernement ivoirien tente de faire certifier le binôme café- cacao aux règles internationales, pour éviter d'éventuelles sanctions. C'est au regard de toutes ces préoccupations et pour l'intérêt que nous accordons aux problèmes de l'enfant qu'il nous est apparu nécessaire de mener des recherches sur le sujet intitulé : « LA TRAITE D'ENFANTS IMMIGRES DANS LES PLANTATIONS DE CAFE-CACAO EN CÔTE D'IVOIRE ». Lutter contre le travail des enfants est avant tout un acte social qui a une portée humanitaire importante. S'intéresser à un tel sujet est important dans la mesure où il s'appuie sur des faits avérés et pourrait permettre de corriger certains comportements individuels. Notre travail ne peut, certes, saisir le phénomène du travail des enfants dans toutes ses dimensions, toutefois nous pensons apporter une certaine contribution à ceux qui défendent la cause de l'enfance et aux spécialistes du travail des enfants.
Le phénomène n'est pas un fait nouveau. Il a été l'objet de recherche depuis longtemps. Il requiert une approche scientifique. C'est la recherche de cette vérité scientifique qui nous a conduits à nous intéresser à ce thème. La réflexion que nous inspire aujourd'hui le phénomène de trafic apparait d'un grand intérêt épistémologique en ce sens, qu'il est l'objet commun à plusieurs disciplines des sciences sociales (démographie, géographie, droit, sociologie, économie, criminologie, psychologie...). Ainsi, certaines disciplines en fonction de leur préoccupation ont privilégié certaines dimensions du trafic. Certaines ont mis l'accent sur l'intégration sociale des « migrants de mobilité », c'est-à-dire des individus attirés par des opportunités économiques et sociales. D'autres par contre ont travaillé sur « les zones de concentration des migrants de saisons ». Les études que nous avons eu à exploiter sur ce phénomène ont accordé très peu de place à l'aspect criminologique. Ainsi, nous ambitionnons d'approfondir la réflexion et les stratégies à adopter dans la recherche de la résolution du problème par une utilisation efficiente des recommandations. Dans le cas de notre étude, il s'agit de déterminer un ensemble de méthodes et de techniques d'approche du phénomène. Ce travail pourra servir de support pédagogique et pourra également être considéré comme un document de référence. Après avoir donné les principales raisons qui nous ont guidé dans le choix de ce sujet, il convient d'en définir les notions.
La notion d'enfant peut être définie comme une période du développement de la vie d'un individu de par ses caractéristiques physique, psychologique et sociale. Elle désigne une classe d'âge qui se produit avant celle des adultes et des personnes âgées). Le dictionnaire universel définit l'enfance comme étant les périodes de la vie de l'être humain qui va de la naissance jusqu'à l'âge de la puberté. L'enfant est donc l'être humain fille ou garçon qui se trouve dans cette période. Cette définition de l'enfant qui tient compte du critère d'âge est en effet identique dans touts les instruments internationaux de l'OIT, notamment la convention des Nation Unies relative aux droits des Enfants, qui définit l'enfant comme « une personne de moins de 18 ans »10(*). Au travers des conventions n° 138 respectivement relatives à la lutte contre les pires formes de travail des enfants et l'âge minimum d'admission à l'emploi, cette institution met un accent particulier sur les enfants âges de 5 à 14 ans, parce qu'elle considère que les individus inscrits dans cette tranche d'âge doivent faire objet d'une attention particulière et sont par conséquent trop jeunes pour travailler. L'UNICEF dans ce même ordre d'idées, fait une catégorisation de ce sous groupe de population en distinguant trois groupes. Le premier groupe concerne les enfants de 0-3 ans, lesquels doivent être, pour ce premier moment de leur vie, protégés notamment contre les dangers des maladies (campagne de vaccination). Le second, est celui dit d'âge préscolaire (3-5 ans), ou les enfants sont lancés dans l'apprentissage (langage, lecture). Le troisième groupe concerne les enfants de 6- 12 ans, qui à cette période de la vie, acquiert de nouvelles aptitudes et se familiarisent avec le monde. En plus des droits à l'éducation et de bien d'autres droits dont ils bénéficient, ils s'initient au contact d'autre adultes à certains travaux ménagers. Si les psychologues s'accordent également sur ce critère d'âge retenu par l'ensemble des institutions internationales pour designer l'enfant, ils introduisent par ailleurs, un autre concept, qui est l'adolescence. Ils définissent de ce fait, l'enfant comme toute personne n'ayant pas encore atteint l'adolescence, période transitoire entre l'enfance et l'âge adulte. Pour les juristes, s'en tiennent également à la même limite d'âge (moins de 18 ans) pour designer l'enfant. Ils utilisent plutôt la notion de mineur en lieu et place de celle d'enfant. Selon la charte Africaine sur les droits et bien-être de l'enfant, il est défini comme tout être humain âgé de moins de 18 ans sans exception. A la lecture de ces textes, il nous semble qu'ils ne s'adaptent pas aux milieux africains ruraux, c'est-à-dire qu'il semble ne pas exister un lien entre la théorie et l'action dans les sociétés rurales. Dans nos sociétés, l'enfant désigne une personne qui n'est pas reconnu comme un adulte par le corps social, une personne en voie de socialisation. Il est bon de noter que les modalités différent selon les groupes ethnies. En Côte d'Ivoire, bien que l'âge légal de la majorité et la reconnaissance d'un statut d'adulte dans la sphère moderne soient de 21 ans, les enfants peuvent être reconnus comme adultes avant ou après cet âge dans la société traditionnelle. Par exemple chez les malinkés, l'enfant est adulte dès l'âge de 18 ans, tandis qu'il faut attendre 28 ans pour l'être chez les sénoufos. Dans les communautés initiatiques, est considéré comme enfant, tout être humain n'ayant pas encore subi les différentes formes d'initiation qui propulsent les individus dans la société des adultes11(*). Dans ces communautés, l'éducation traditionnelle de l'enfant atteint ainsi son plus haut degré au moment des initiations, qui peut se situer avant ou après l'âge de 21 ans admis par les sociétés modernes, pour désigner l'âge de la majorité. Dans ces sociétés, la durée de l'enfance peut donc s'allonger ou se rétrécir, selon que l'individu ait subi ou non les différents rites d'initiation. Ainsi, tandis que biologiquement une personne peut être considérée dans la catégorie des enfants (parce qu'elle n'a pas encore 18 ans) selon les institutions internationales, celle-ci selon certaines coutumes africaines, peut déjà paraître un adulte. Aussi, la société encore à dominante traditionnelle ne reconnait-elle pas vraiment cette disposition légale entre la tradition et une modernité imposée. Le terme enfant en apparence précis est bien plus flou quand on le transpose dans le système de valeurs africaines, un enfant au sens social pouvant être âgé de 18 ans ou de trente ans. Par ailleurs, la manière dont l'enfant est perçu, peut également dépendre du degré de développement, de l'organisation sociale, des conditions socio-économiques dans la société et des techniques productives. Aussi, un enfant pris dans le système de production de café-cacao pourrait ne pas être comparé à celui défini par les institutions internationales. Cette pluralité du concept « enfant », paraît donc être due au contenu social et variable culturel que les sociétés et les différents milieux peuvent lui donner. Autrement dit, le concept enfant a des connotations différentes dans l'espace et dans le temps en fonction de la culture et des communautés. Dans le cadre de notre travail, nous allons retenir la définition de la législation ivoirienne car nous somme dans le cadre d'une recherche socio-criminelle où des sanctions peuvent être proposées au plan juridique. Il nous faudra une base juridique pour pouvoir appliquer nos propositions.
Il est difficile de définir la traite d'enfants car il renvoi à des réalités très différentes selon les pays. Au plan international il n'y a aucun consensus sur le terme traite. Les différentes définitions existantes sont souvent contestées lors des rencontres et conférences sur la traite des êtes humains. Plusieurs définitions ont été données par les Nations-Unies, l'Union Européenne, le Bureau International de Travail et des organisations internationales. En 1994, l'Assemblée Générale des Nations Unies s'est approchée d'une définition globale. Pour l'ONU, la "traite" est définit comme étant « le mouvement illicite et clandestin de personnes à travers des frontières nationales et internationales. Ces personnes en grande partie, viennent des pays en développement et quelques pays avec des économies de transition. Les acteurs de ce trafic ont comme but final de forcer la victime dans des situations d'exploitations sexuelles ou économiques accablantes». Pourtant, d'après une étude de l'OIT12(*), la définition est incomplète. Elle n'inclut pas les jeunes garçons et les jeunes filles qui sont également parfois victimes de traite. En 1996, le parlement européen a définit la traite des enfants comme « l'action illégale d'une personne qui, directement ou indirectement encourage un citoyen d'un pays tiers à entrer ou rester dans un autre pays en vue de l'exploiter en utilisant la duperie ou n'importe quelle forme de coercition, en abusant de la situation vulnérable ». Une autre définition aussi claire est celle proposée dans le rapport préliminaire préparé pour le rapporteur spécial des Nations Unies sur la violence contre les femmes. Dans le rapport, l'expression "trafic des femmes" signifie « tous les actes qui sont liés au recrutement et/ou au transport d'une femme (ou d'une jeune fille) à l'intérieur ou hors des frontières nationales en vue du travail ou des services au moyen de violence, d'abus d'autorité ou de position dominante de servitude pour dette, de déception ou d'autres formes de coercition ». Quant au Bureau International du Travail13(*), il définit la traite des enfants comme « le recrutement et le transport légal ou clandestin d'un enfant consentant ou non à travers une frontière, généralement mais pas toujours organisés par un intermédiaire : parents, membre de la famille, enseignant, proxénète ou autorité locale. A destination, l'enfant est contraint par la force ou tromperie à exécuter certaines tâches dans des conditions d'exploitation ». Dans une autre étude se concentrant sur le trafic des enfants en Afrique de l'ouest et du centre, le trafic désignerait « l'ensemble du processus et des conditions par lesquelles un enfant est retiré du champ de la protection et de l'autorité parentales, pour être considéré comme une valeur marchande à un moment quelconque de ce processus. Il est ainsi constitué de tout acte comportant le recrutement, le transport, le recel ou la vente de personnes, impliquant la tromperie, la contrainte ou la force, la servitude pour dette ou la fraude ; entrainant un déplacement de l'enfant à l'intérieur ou à l'extérieur d'un pays ». Dans le protocole additionnel à la convention relative aux droits de l'enfant des Nations Unies, concernant l'exploitation des enfants dans les conflits armés ainsi que la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, la vente d'enfants y est définie comme suit : La vente d'enfants s'apparente à tout acte ou toute transaction faisant intervenir le transfert d'un enfant de toute personne ou de tout groupe de personnes à une autre personne ou un autre groupe contre rémunération ou tout autre avantage. Sont reconnus comme infractions le fait d'offrir, de remettre ou d'accepter un enfant quelque soit le moyen utilisé, aux fins d'exploiter : - L'enfant à des fins sexuelles - De transférer les organes de l'enfant à titre onéreux - De soumettre l'enfant au travail forcé Finalement, en précision des travaux de clôture de la commission des Nations Unies sur la prévention du crime et la justice criminelle sur l'adoption d'une nouvelle convention contre le crime transfrontalier organisé et en particulier sur l'ajout d'un protocole relatif au trafic des femmes et des enfants, plusieurs organisations internationales ont proposé d'inclure certaines normes à ce protocole. Ces organisations suivent de très près les travaux de la commission : en effet, ce protocole constituerait le premier et le seul traité international contenant une définition de trafic des enfants. Ces normes sont extraites d'instruments internationaux relatifs aux droits humains. Elles ont pour but de protéger et de promouvoir le respect des droits humains des personnes qui ont été victimes de trafic, incluant celles qui ont été assujetties à la servitude, au travail forcé et/ou à toute pratique comparable à l'esclavage. Dans le cadre de nos travaux nous avons utilisé la définition du BIT car elle est plus proche de celle de la législation ivoirienne.
Nous pouvons, d'emblée, définir le travail des enfants comme toutes formes d'activités économiques dans lesquelles les enfants interviennent et sont présents. Cependant, la première question qu'il est nécessaire d'aborder quand on s'intéresse au travail des enfants, est celle de la délimitation du champ d'analyse. Or justement, celle-ci pose problème, car il est difficile de faire une censure entre ce qui relève du travail des enfants et ce qui n'en relève pas, la définition du travail variant suivant la signification que l'on donne aux termes « travail » et « enfant »14(*). A ce problème, s'ajoute une seule difficulté car le travail des enfants dans son contenu est très hétérogène et ce terme recouvre une grande diversité de situations, qui sont elles-mêmes difficiles à caractériser. Ainsi , parlant de la définition de travail ; Bernard Schlemmer remarque que « ce n'est pas tout à fait le manque de chiffres fiables qui pose problème (...) ; mais c'est un sentiment diffus que l'on ne sait pas bien de quoi on parle, que de situations extrêmement contrastées sont mises dans le même panier et qu'on ne saurait lutter efficacement contre un phénomène aussi mal cerné et aussi peu rigoureusement défini.»
Le mot immigration cache des nuances et des acceptions complexes. Il est utilisé pour décrire le mouvement de la population dans des situations et des contextes forts divers, dont l'invasion, la conquête, le déplacement sous la contrainte des armes, la fuite devant une catastrophe naturelle, le déplacement à des fins commerciales, l'établissement de colonies, voire même l'esclavage. L'acception la plus fréquente de la migration, à savoir un mouvement d'individus ou de familles poussés par des raisons économiques ou sociales, est celle retenue par l'usage contemporain. C'est donc cette définition que nous allons retenir dans le cadre de notre travail.
Exploitation provient du verbe exploiter, qui signifie tirer tout le bénéfice de (une situation), utiliser abusivement (quelqu'un) pour son profit. Au regard de cette définition, les termes d'exploitation et d'abus semblent se confondre. Ils se recoupent d'autant plus que l'abus est défini comme un mauvais usage, un usage excessif ou mauvais traitement à l'égard d'une personne qui n'est pas en état de se défendre et l'exploitation traduit littéralement l'action de faire valoir et tirer parti de quelque chose. Associés à un enfant, abus et exploitation désignent le mauvais traitement de cet enfant qu'il soit d'ordre physique, émotionnel ou la négligence portée à l'enfant dans une situation de responsabilité, de confiance et portant atteinte potentiellement ou réellement à la santé physique et émotionnelle, à sa survie et à son développement. Il s'agit également de l'utilisation de cet enfant dans le travail ou toute autre activité au profit d'autres personnes et au détriment de la santé physique et mentale de l'enfant et de son éducation. Ces deux termes indiquent alors que certains acteurs tirent profit du statut de l'enfant, de son manque de pouvoir ; particulièrement celui engagé dans une activité économique. L'exploitation pour un enfant travailleur, pourrait donc représenter un abus ou une forme de rémunération est impliquée et où les acteurs de l'exploitation profitent d'une manière ou d'une autre. (Monétaire, sociale...). Les institutions internationales, notamment le BIT, et l'UNICEF abondant dans le même sens, indiquent qu'il y a exploitation du travail de l'enfant, dès lors que les différentes activités effectuées par l'enfant, représentent un risque pour les différents aspects du développement de l'enfant (physique, intellectuel, cognitif psychologique émotionnel, social et culturel) ou qu'elles entravent son accès à la jouissance d'autres droits (santé, éducation, loisirs intégration sociale)15(*). De façon générique, il y a exploitation du travail de l'enfant à chaque fois qu'il y a utilisation de travail de l'enfant au détriment de l'intérêt supérieur de l'enfant.
Etymologiquement, le mot pauvreté dérive du latin « paupertas » et de « pauper » qui signifie pauvre. Ce concept recouvre plusieurs approches souvent variables dans le temps et dans l'espace si bien qu'il a toujours donné lieu à une multiplicité de définitions en ce sens qu'il y a autant de pauvres et autant de perceptions de la pauvreté qu'il existe de sociétés humaines. Selon le dictionnaire le Robert, la pauvreté c'est « l'état d'une personne qui manque de moyens matériels, d'argent ; insuffisance de ressource ; insuffisance matérielle ou morale. » De ce qui précède, le mot pauvreté reflète l'état de dénuement. « Pauvreté » dénote la fonction qualitative du substantif : on est pauvre, on devient pauvre. La pauvreté se définit communément par le manque ; autrement dit la condition d'une personne de n'importe quel état social atteint d'une carence. Cependant, on peut ne pas partager la même pauvreté lorsqu'on part d'un individu à un autre selon sa classe sociale dans la mesure où l'on est toujours plus ou moins pauvre qu'un autre. Il y a donc des degrés dans la pauvreté. Dès lors, le sens du mot pauvreté semble moins explicite même s'il y a fondamentalement une ressemblance entre les notions exprimées et les réalités semblables dans les formes de la rivalité de dénuement. La pauvreté, dans une large mesure, est synonyme de déficience physique, morale, matérielle dont les conséquences sont multiples. En tout état de cause, la pauvreté fait apparaître des exclus sociaux et marginaux. De façon essentielle, nous retiendrons les définitions classiques qui sont traditionnellement celles de la pauvreté absolue et de la pauvreté relative même si celles-ci présentent des difficultés dans la précision de la valeur des seuils de la pauvreté compte tenu de leurs caractères arbitraires. En d'autres termes, est pauvre toute personne qui de façon permanente ou temporaire se trouve dans une situation de faiblesse, de dépendance, de mépris, d'humiliation caractérisée par le manque de moyens, de puissance et de considération sociale. A cette multiplicité des concepts correspond une diversité des approches. Déjà, avant les années 1700 en Europe, la pauvreté était définie comme étant un fléau qui avait pour caractéristiques : la charité, la résignation, la précarité ou le vol. Ces quatre approches de la pauvreté présentent une vision négative et figée du phénomène. Cependant, on s'est aperçu qu'elle ne se résumait pas qu'à ces quatre approches, pour s'en rendre compte, il a fallu attendre l'évolution des systèmes urbains où le mercantilisme était de plus en plus de mise. Avec l'évolution du commerce donc marquée par l'urbanisation et la monétarisation, notamment les pauvres ont été considérés comme étant des personnes qui manquaient de ce que les riches étaient supposés avoir. Dès lors, on peut affirmer qu'à chaque évolution correspond une définition de la pauvreté. C'est ainsi qu'en 1944 avec l'organisation mondiale du travail (OIT) il a été déclaré que la pauvreté était une menace pour la prospérité partout. On s'est rendu compte vers la fin des années 60, que malgré l'essor du développement économique, le fossé entre le nord et le sud s'agrandissait. Dès lors, il a fallu redéfinir la pauvreté. C'est ainsi qu'en 1972, l'anthropologue et économiste américain MARSHALL SAHLINS définissait la pauvreté comme étant une invention de la civilisation. Selon l'auteur, l'économie primitive bien que sous productive n'est pas une économie de misère mais une société d'abondance capable de satisfaire les besoins essentiels. Aujourd'hui, tout le monde s'accorde sur le fait que la pauvreté est un phénomène complexe, pluridimensionnel, ne pouvant être réduit à sa simple expression monétaire c'est-à-dire à un niveau insuffisant de ressources économiques pour vivre de façon indécente. Le PNUD définit la pauvreté comme étant un problème multidimensionnel qui nécessite des solutions multisectorielles intégrées. Quant à la Banque Mondiale, elle affirme que la pauvreté est la résultante de processus économiques, politiques et sociaux interagissant entre eux dans des sens qui exacerbent l'état d'indigence dans lequel vivent des personnes pauvres. Pour nous faire une idée un peu plus précise sur la manière dont le PNUD appréhende la pauvreté, présentons l'indicateur qu'il emploie pour la mesurer : l'IPH (Indicateur de Pauvreté Humaine). Cet indicateur se base sur trois aspects essentiels de la vie humaine, à savoir, la longévité, l'instruction et les conditions de vie décentes. Dans le calcul de l'IPH, les insuffisances en termes de longévité sont représentées par le pourcentage des personnes risquant de décéder avant l'âge de quarante (40) ans (P1) et le manque d'instruction est traduit par le pourcentage d'adultes analphabètes (P2). Quant au manque de conditions décentes au niveau économique en général, il est représenté par un sous indicateur composite comprenant lui-même trois (03) variables : Le pourcentage d'individus privés d'accès à l'eau potable (P31),celui des personnes privées d'accès au service de santé( P32) et celui des enfants de moins de cinq (05) ans souffrants de malnutrition (P33)16(*). Le sous-indicateur composite (P3) s'obtient en calculant la moyenne arithmétique des trois (03) variables (P 31, P32, P 33). On calcule ensuite l'IPH en faisant la moyenne arithmétique des trois (03) indicateurs (P 1, P 2 et P3). On calcule ensuite l'IPH en faisant la moyenne arithmétique des trois (03) indicateur (P1, P2 et P3). Selon la banque mondiale, les types de pauvreté abordés sont particulièrement centrés sur l'aspect monétaire. Sa mesure de la pauvreté se limite à une évaluation monétaire. Elle commence par cerner les populations pauvres en se basant sur un critère de revenu (ou de consommation) puis elle cherche à voir comment des divers domaines se combinent se renforcent ou s'exacerbent pour accroître ou diminuer l'état d'indigence de cette catégorie sociale. Dans les années 1970, la CEE avait définit les pauvres comme « individus et les familles dont les ressources sont si faibles qu'ils se trouvent exclus du mode de vie, des habitudes et des activités normales de l'état dans lequel ils vivent ». Cette définition de la pauvreté s'apparente à celle de la banque mondiale mais cette approche est trop restrictive car elle présente la pauvreté comme un phénomène unidimensionnel. Le critère du revenu n'est évidement pas suffisant pour définir la pauvreté, même s'il s'agit de l'aspect le plus visible. En 1973, M. NAMARA interpellait l'opinion internationale sur l'éradication de la pauvreté d'ici la fin du siècle. A. TEVOEDJIRE annonçait en 1978 que la pauvreté peut constituer une richesse pour les peuples, un bien être fondé sur la maîtrise des besoins. Selon lui, la pauvreté redéfinie et réorientée constitue la seule voie pour « s'auto développer ». Contrairement au point de vue de A. TEVOEDJIRE, en 1980, J. K. GALBRAITH essayait de développer le concept « d'équilibre de la pauvreté ». Quant à B. BRET17(*), il fait une analyse situationnelle des pays du tiers monde (pays pauvres), en associant la géographie et le sous développement et l'inégalité. L'auteur peint le tableau sombre d'un certain nombre de pays qui malgré leurs richesses innombrables, regorgent d'une écrasante majorité de population qui survivent dans une misère profonde et dans l'inégalité. Il nous montre pourquoi dans ces pays la croissance n'a pas fait disparaître la pauvreté. Au-delà de ces points de vue, force est de constater que la pauvreté dans l'histoire, fut considérée longtemps comme un fait naturel, une donnée de l'ordre des choses. Aujourd'hui, le millénaire nouveau donne une approche du concept au phénomène. La pauvreté ne signifie pas seulement un faible revenu ou un développement humain insuffisant mais également la précarité, l'impossibilité de s'exprimer, d'agir, de s'épanouir et de se mettre en valeur. Pour paraphraser le Premier Ministre Australien J. HOWARD, la pauvreté est sans aucun doute le grand problème actuel aussi bien en termes moraux que politiques. En Côte d'Ivoire, le concept de la pauvreté est défini d'après le Ministère du Plan et du Développement suivant trois dimensions : La dimension économique Elle concerne le niveau de consommation des ménages. Dans son profil de pauvreté, l'Institut National de la statistique (INS) définit les ménages pauvres durant la période mars-mai 1995 comme étant ceux dont la consommation moyenne par habitant est inférieure à 144 800 FCFA par an, et le seuil d'extrême pauvreté a été établi à 94.600 F (190 dollars) par personne et par an. La dimension du bien-être social En dehors de la consommation, de nombreux autres éléments contribuent au bien-être des membres du ménage, surtout si l'on se place dans une perspective dynamique. Etre en bonne santé, avoir accès aux soins de santé quand on en a besoin et assurer l'éducation de ses enfants sont des indicateurs importants de bien-être d'un ménage. Pour les ivoiriens pauvres, les indications de bien-être dans ces domaines reflètent des déficiences considérables tout au long de la vie : forte natalité maternelle et infantile, faible niveau d'instruction, faible taux d'alphabétisation et espérance de vie limitée. Cela montre en clair que beaucoup de besoins essentiels ne sont pas satisfaits. La satisfaction de ces besoins essentiels et services sociaux est un critère de pauvreté chez les ivoiriens. La perception qualitative du bien-être Les seuils de pauvreté étant définis en grande partie en termes de consommation des ménages, les ivoiriens ne considèrent en aucun cas la pauvreté sous un angle purement économique. La possession de bien, la possibilité pour un ménage d'envoyer ses enfants à l'école, de se nourrir convenablement ou de bénéficier de la médecine moderne influent profondément sur l'idée que se font les ménages et les individus de la richesse et la pauvreté18(*). Aujourd'hui, force est de constater que cette situation qui est moins reluisante s'est empirée à la faveur de la crise socio politique déclenchée depuis le 19 septembre 2002. II- PROBLEME ET QUESTIONS DE RECHERCHE
Le phénomène de la traite des enfants immigrés se rencontre tant dans les pays industrialisés que dans les pays en voie de développement. Des estimations de tous ordres sur les enfants travailleurs sont faites dans le monde et elles concernent surtout les régions sous-développées, où selon le BIT, l'Afrique en dénombrerait davantage en proportion, car ce sont 40% des enfants de 5 à 14 ans qui sont concernés19(*). Ces données statistiques revêtent tant une connotation négative en ce qui concerne l'Afrique que selon le BIT les enfants y seraient d'avantage exploités et soumis à des pires formes de travail dans tous les secteurs d'activités. En effet, malgré les progrès considérables de la scolarisation des enfants dans les pays en développement de l'Afrique au sud du Sahara, le travail des enfants demeure un phénomène social presque structurel très répandu. Ces enfants se trouvent dans presque tous les secteurs d'activité. Ils sont affectés soit à des travaux champêtres dans les zones rurales, le cas de notre sujet, soit comme des aides familiaux (petite bonne, boy de maison). Dans les zones rurales les enfants immigrés sont amenés à travailler dans de grandes plantations comme manoeuvres, parfois sans rémunération. Leur pécule est versé à des intermédiaires le plus souvent. C'est justement ce cas d'exploitation qui va être approfondie par notre recherche. Il s'agira plus spécifiquement de connaitre les causes du phénomène, la manifestation et de proposer des solutions. Notre préoccupation est de faire ressortir la situation dangereuse dans laquelle ce trafic plonge ces enfants. Cela va nous conduire à poser le problème de l'exploitation, donc de la violation des droits de l'enfant immigrés.
Ø Comment se manifeste la traite des enfants immigrés dans les plantations de café cacao en CÔTE D'ivoire ? Ø Quels sont les facteurs explicatifs de ce phénomène et quels en sont les conséquences ? Ø Quelles perspectives pouvons-nous envisager dans la lutte contre ce phénomène ? III- REVUE DE LITTERATURE ET ELABORATION DU CADRE DE REFERENCE THEORIQUE
Dans le cadre de ce travail, la recherche documentaire nous a permis de nous intéresser à quelques travaux antérieurs et mêmes récents effectués sur le travail des enfants. Selon P. N'DA, la revue de littérature consiste à « faire la recension des écrits pertinents, c'est faire le bilan critique de ce qui a été produit dans le domaine de la recherche »20(*). Depuis le 18ème siècle jusqu'aujourd'hui, les études et recherches relatives à la traite des enfants sont abondantes. Dans le monde, des articles, des ouvrages ont été édités pour traiter le phénomène. Les rencontres se succèdent aux sommets pour réfléchir sur ce phénomène pour amener l'humanité à réduire, aux mieux éradiquer le phénomène. Les documents que nous avons consultés nous ont permis de dresser une liste faisant état des travaux réalisés. La littérature sur le travail des enfants, en général, est le plus souvent orientée sur leur insertion sociale. Il ressort de certains travaux l'aspect psycho-social qui oriente les ONG et les institutions dans la lutte contre le phénomène. Dans une étude de Y. DIALLO21(*), les facteurs explicatifs de l'offre et de la demande du phénomène sont examinés. Les résultats montrent que l'emploi précoce des enfants en Côte d'Ivoire résulte de la conjugaison complexe des facteurs internes et externes au ménage. Il révèle également le rôle prépondérant du capital social qui a été négligé dans l'analyse économique de la participation des enfants aux activités socio-économiques. Pour lui, les facteurs explicatifs de l'offre du travail sont les normes sociales. L'emploi précoce de l'enfant s'inscrit dans le cadre de l'obligation de se soutenir entre membres d'une même communauté. PEARSON et GOLDIN22(*) (1989) ; JENS et NIENSELSEN (1997) pensent que l'offre du travail s'explique par les marchés des capitaux. Ces auteurs considèrent le travail des enfants et la fréquentation scolaire comme des situations dépendantes des marchés du capital humain et crédit. Pour Y. DIALLO23(*), le caractère informel de l'économie ivoirienne est l'une des causes déterminantes du travail des enfants. Une enquête du BNETD révèle que l'insertion des enfants au travail à travers des liens familiaux de dépendance contribue à la formation d'une « rente de travail » ou d'une « rente d'apprentissage » nécessaire pour faire face à un environnement de plus en plus instable. L'objectif de cette analyse est de montrer le caractère multifactoriel de l'explication du phénomène du travail des enfants. Pour certains auteurs le travail des enfants s'appréhende comme une forme d'apprentissage. C'est sur cet aspect que s'est penché J. CHARMES24(*). Il décrit le travail des enfants comme une forme de formation au près des adultes. Ceci contribue tôt ou tard à l'insertion de ce dernier dans le tissu social. Y. MARGUERAT et A. TOURE25(*), voient dans le travail des enfants une aide et soutiennent la Thèse de « débrouillardise ». Il est à noter qu'au delà de ces auteurs, différents conventions, textes et chartes tentent de réglementer le travail des enfants. Nous pouvons citer la convention n°138 sur l'âge minimum d'admission à l'emploi. Cet instrument vise l'abolition du travail des enfants en stimulant que l'âge minimum à l'emploi ne doit pas être inférieur à l'âge de la fin de la scolarité obligatoire26(*). En 1979, année internationale de l'enfant, 10 principes pour les droits de l'enfant ont été élaborés. Les principes stipulent que l'enfant doit être protégé contre toute forme de négligence, de cruauté et d'exploitation. Il ne doit pas être soumis à la traite sous quelque forme que ce soit. L'enfant ne doit pas être admis à l'emploi avant d'avoir atteint un âge minimum approprié. Il ne doit en aucun cas être astreint ou autorisé à prendre une occupation ou un emploi qui nuit à sa santé ou à son éducation ou qui entrave son développement mental, physique ou moral. Au cours de notre recherche nous avons jugé bon d'aller au-delà de la nomenclature des facteurs explicatifs pour voir la trajectoire de ces enfants, leur condition de travail, leur implication dans plantations. C'est pourquoi il faut établir une distinction entre le travail qui s'insère dans la production familiale et le travail des enfants utilisé comme une main-d'oeuvre à bon marché. C'est dans ce cadre qu'il nous sera amené à envisager l'exploitation. Dans la première partie c'est le travail qui constitue un élément de croissance et d'intégration dans ces conditions il se perçoit comme une étape transitoire entre l'enfance et l'âgé adulte. Ce type de travail permet à l'enfant de développer ses capacités de se prendre en charge, d'apporter sa contribution à l'économie familiale de sorte à soulager les parents. A. BOA a montré que le travail des enfants contribue d'une certaine manière au revenu familial, qui la plupart du temps est insuffisant pour subvenir aux besoins familiaux27(*). Les auteurs comme BARRIERE28(*), MORRISON (1992)29(*), NIEUWENHUYS O30(*), et STANDING G. (1981) ont largement travaillé sur les types du travail permettant à l'enfant de développer ses capacités et de se prendre en charge. Toutes ces études bien que pertinentes n'insistent pas ou insistent très peu sur l'exploitation dont ces enfants font l'objet. Des auteurs comme BEQUELE ASSEFA, BOYDEN GO (1990) ; MAURICE ALAIN (1996) vont démontrer que le travail des enfants est éprouvant et est une source de souffrance d'où l'exploitation. Ce travail viole le droit des enfants et porte atteinte à son développement à sa santé et à son instruction. G. KPONHASSIA (1993)31(*) voit le coté pénible de la tache à laquelle l'enfant est astreint son souci dans son étude était de mettre en évidence les rapports sociaux dans lesquels l'enfant exerce son travail. Il faisait surtout allusion au travail des enfants dans les mines (le nord et l'ouest de Côte d'Ivoire). Quant aux actions entreprises en faveur du travail des enfants les juristes ne sont pas restés à l'écart. Au niveau international la convention internationale des droits de l'enfant confirme les droits fondamentaux de l'enfant qu'elle résume en deux catégories : - Les droits civils et les libertés fondamentales à savoir les principes de non discrimination (art2) du droit à la vie (art6), par lesquels les Etats s'engagent à assurer la survie et le développement des enfants. Le droit d'exprimer librement son opinion (art 12 et 13). - Les droits économiques et sociaux : le droit à la santé (art 24) à la sécurité sociale (art 26) à l'éducation (art28 et 29). La convention mentionne également les droits spécifiques de l'enfant. C'est dans cette catégorie que se trouve la protection contre l'exploitation qui est notre préoccupation. Il s'agira, au cours de notre étude, d'apporter des éléments justificatifs et les preuves de l'existence de ce phénomène. Parlant de la législation sur le travail des enfants en Afrique, la loi sur le code du travail pour l'ensemble des territoires français d'outre-mer ou sous tutelle est à l'origine des codes de travail de tous les Etats Africains francophones32(*). Ces codes ont consacré une partie au travail des enfants. Un arrêté de cette loi fixe la nature des travaux et les catégories d'entreprises interdites aux jeunes et l'âge limite auquel s'applique l'interdiction. Toutes ces études ont eu le mérite soit de catégoriser le travail des enfants soit de mesurer son implication dans l'économie ou de chercher à réglementer ce travail. Toutefois, elles n'ont pas abordé de façon spécifique le travail des enfants immigrés dans les plantations de Café-Cacao. Ces contraintes déterminent d'une manière ou d'une autre l'arrivée de ces enfants dans les plantations. L'exploitation de l'enfant est alors décrite par I. BONNASSIEUX33(*) comme un contrat signé entre la famille le trafiquant et le planteur.
La famille traditionnelle se caractérisait, avant tout, par sa grande taille. C'était une famille élargie qui, en plus du couple et des enfants, comprenait également les ascendants, les collatéraux et s'étendait même aux alliances. En son sein, les rapports entre les membres étaient soumis à un contrôle collectif et les statuts définissaient clairement et strictement la place de chacun dans le groupe ou la communauté. La famille traditionnelle était, en fait, fondée sur un système de régulation et de contrôle des comportements qui lui permet de se maintenir en équilibre et de se reproduire. Un tel contexte familial consolidait le lien social et favorisait une bonne éducation de l'enfant, du reste, rigoureusement soumis à l'autorité parentale et au respect des aînés. Dans ces conditions, la famille demeurait solidement unie, chacun des membres étant socialement bien intégré. Concernant la condition économique au sein de la famille, l'enfant travaillait certes, mais le fruit de son travail revenait de droit à sa famille ou à sa communauté dont il dépendait étroitement. En retour, il appartenait au chef de famille de satisfaire les besoins existentiels de l'enfant (nourriture, vêtement, logement). Par ailleurs, la division du travail se faisait selon les classes d'âge et le sexe. Les ainés assuraient le rôle de commandement. Ils étaient investis d'une autorité sur laquelle ils s'appuyaient dans la gestion des biens communautaires, la mise en application des lois et l'enseignement des connaissances pour la reproduction technique et économique34(*). L'exercice de cette fonction exigeait respect et considération. A coté de la strate des aînés, existait celle des cadets, constituée des plus jeunes couches. Leur rôle était d'assurer matériellement la suivie de l'ensemble de la communauté. Par devoir, ils s'employaient directement à la mise en valeur des champs, des points d'eau, parcs etc. leur travail était suivi et contrôlé par les ainés. En conséquence, on pourrait être tenté de croire que les rapports d'exploitation et de domination sont fondés sur la hiérarchisation des statuts et des rôles. Mais en réalité, chaque strate ou classe d'âge était caractérisée, en son sein, par des rapports égalitaires, empreints de solidarité, de respect mutuel et de responsabilité individuelle et collective. En outre, les relations ainés/cadets n'étaient pas figées par le vecteur de l'âge, les cadets, dans un mouvement cyclique, accédaient un jour à la classe des aînés. En plus de ces deux strates d'hommes, il existait la classe des femmes, constituée des adultes et des jeunes filles. Leur rôle portait principalement sur la gestion du foyer ou du ménage, les activés commerciales, l'éducation des enfants et les travaux champêtres moins pénibles que ceux des hommes (culture maraichère, ramassage de fagots, transport de denrées alimentaires). Concernant le système de production, celui en vigueur dans la société traditionnelle était l'économie de subsistance. Elle consiste à produire juste la quantité de produit nécessaires au groupe pour satisfaire ses besoins vitaux35(*). Dans ce contexte, les activités du travailleur enfant n'étaient pas rémunérées directement. Cela signifie que l'enfant n'apparaissait pas comme un salarié à part entière. Les rapports de travail qui le liaient à sa famille ou à sa communauté n'étaient pas des rapports d'employeur à employé au sens capitaliste du terme. Il en était ainsi, car le travail était pour l'enfant une obligation morale, un devoir social qui constituait le fondement de son éducation et son intégration sociale. Le travail des enfants dans la société traditionnelle ivoirienne revêtait une signification exclusivement sociale et éducative. En effet, mettre un enfant au travail constituait pour les parents ou la communauté un moyen de le socialiser et de l'initier à la vie adulte. Le travail se présentait comme une activité d'apprentissage social. De ce fait, il se pratiquait dans le cadre familial ou communautaire, sous la couverture, la supervision et le contrôle des parents ou des membres de la communauté. Pour le jeune garçon, les différents supports d'apprentissage étaient précisément les activités économiques appartenant à la famille ou à la communauté : Plantations, pâturages, ateliers mécanique etc. Et c'est le père ou un membre de la communauté issu de la classe des ainés qui apprenait le travail à l'enfant, suivait et contrôlait son évolution36(*). Dans le cas de la jeune fille, les supports d'apprentissage étaient essentiellement le ménage, les légers travaux champêtres, les activités de fabrication (poterie, céramique, etc.) qui concouraient à la préparer à sa vie conjugale. En somme, le travail des enfants tel que conçu et pratiqué, constituait non seulement un support d'éducation, mais aussi et surtout un maillon essentiel de l'organisation familiale qui consacrait l'autorité parentale. Cela favorisait le développement d'une certaine harmonie familiale qui se maintenait et se consolidait au profit de la cohésion sociale. Mais dans la société ivoirienne d'aujourd'hui, le travail des enfants revêt une autre signification et se pratique différemment. C'est du moins ce que l'on constate notamment en milieu urbain et rural.
Il est important de reconnaître la traite d'enfants comme une question de protection complexe qui doit aborder à la fois l'arrachement de l'enfant à son milieu familial, le transport de l'enfant, l'hébergement illégal ou la vente, et le placement dans un contexte d'exploitation. Des écrits révèlent que la traite d'enfant est très largement perçue uniquement comme phénomène de main-d'oeuvre enfantine, mais la traite viole les droits de l'enfant bien avant qu'ils ne commencent réellement à travailler. Il y a tout d'abord l'arrachement de l'enfant à son foyer puis le temps de passer soit disant « tutelle » des trafiquants durant le transport jusqu'au lieu de travail éventuel, période qui présent également des dangers et des abus. L'enfant est ensuite hébergé illégalement ou vendu avant d'être conduit à sa destination finale. C'est pourquoi il est important d'examiner dans quelle mesure les approches traditionnelles du travail sont adéquates et/ou suffisantes quand il s'agit de trafic d'enfants, ou et comment de nouvelles méthodologies peuvent être utilisées, et si les orientations et les structures existantes doivent être modifiées. La traite est souvent associée à l'immigration clandestine, mais l'amalgame des deux questions peut avoir de graves conséquences notamment faire passer les enfants victimes de traite pour de jeunes délinquants alors leur sort nécessite des mesures de protections particulière. Il en résulte que ces enfants entrent souvent en conflit avec les autorités policières et judiciaires et risquent même la détention. Que la traite d'enfants soit considérée comme un problème de main-d'oeuvre enfantine, d'immigration clandestine, ou de justice pour mineurs, on constate dans tous les cas, une tendance à négliger les facteurs économiques et culturels sous-jacents, et à situer ainsi l'enfant victime de traite dans une vaste zone aux contours indécis de délivrance sociale37(*). Il n'y a guère de prise de conscience que la traite est, d'abord et avant tout une violation des droits humains, en particulier une violation des droits de l'enfant à être protégé contre toute forme d'exploitation économique, à conserver des liens familiaux et agrandir dans un environnement familial.
Cette forme d'exploitation est souvent perçue comme une question d'urgence plutôt que comme une situation liée à un développement à long terme. Elle est souvent présentée en terme de crise soudaine, ce fut le cas au Sénégal lorsque les médias du monde entier s'emparaient du mystère entourant un navire supposé transporté une cargaison d'enfants au large des côtes de l'Afrique de l'Ouest. Ce même constat a été observé en Côte d'Ivoire lorsque l'ONG "Save the children" a révélé aux medias du monde entier l'existence d'enfants esclaves dans les plantations café-cacao en Côte d'ivoire. Elle est rarement exposée comme un problème de longue haleine aux profondes racines socio-économiques et culturelles. Cela peut conduire à des interprétations erronées. Les médias qui se sont penchés sur la traite d'enfants ces dernières années, ont un rôle de premier plan à jouer pour sensibiliser l'opinion publique au phénomène et promouvoir le respect des droits des enfants. En ce qui concerne la Côte d'Ivoire, les médias publient souvent des histoires sensationnelles privilégiant l'aspect esclavagiste. L'absence d'information concrète et précise sur la traite d'enfants fait obstacle à une approche plus approfondie qui tiennent compte des causes et de la complexité du phénomène.
Des perceptions diverses de la question de l'enfant jointes à la situation socio-économique nationale et à des niveaux de prise de conscience politique variable ont conduit à un assortissement hétérogène de réponse en Afrique de l'ouest38(*). Le trafic des enfants serait favorisé par une multitude de facteurs que l'on retrouve dans beaucoup de régions : la pauvreté extrême, les valeurs et traditions culturelles (comme la pratique du « placement » d'enfants en Afrique de l'ouest), l'ignorance des risques, la crise du système éducatif, le désir des enfants d'émigrer, la forte demande d'une main d'oeuvre enfantine bon marché, soumise et non syndiquée, la législation nationale inadéquate ou inexistante au regard du trafic, le manque de bonnes politiques frontalières, l'économie informelle, la corruption39(*). Humann Right Watch faisait récemment le point six sur les cas typiques de trafic, les méthodes des trafiquants et l'attitude des autorités : « dans un cas typique, une jeune fille (mineure) est recrutée par des promesses de bon travail dans un pays ou une province différent, et, manquant d'autres alternatives, elle accepte de migrer. Il y a également des cas dans lesquels des jeunes filles mineurs sont dupées par des offres de mariage ou de fausses invitations de vacances, des cas dans lesquels des enfants sont échangés par leurs parents pour une avance et/ou des promesses de futurs gains, ou des cas dans lesquels les victimes sont tout simplement Kidnappées. Ensuite un agent intermédiaire s'occupe des arrangements concernant le voyage. Le trafiquant se procure les documents nécessaires et se charge de contacter les futurs employeurs. Une fois que tout est réglé, les victimes sont amenées à une destination et livrées à un employeur ou à un autre intermédiaire qui négocie avec les futurs employeurs. Les femmes et les jeunes filles n'ont plus aucun contrôle sur la nature ou le lieu de travail, les moralités ou les conditions de leurs futurs emplois. Beaucoup de jeunes filles apprennent qu'elles ont été dupées au sujet de la nature du travail qu'elles doivent effectuer et des conditions financières. Toutes ces jeunes filles doivent faire face à des situations d'abus ou l'évasion est difficile et dangereuse. Un nombre important de jeunes filles sont victimes de servitude pour dette. Elles doivent travailler sans percevoir aucun salaire jusqu'à ce qu'elles aient remboursé les frais (majorés) liés à leur voyage. Dans certains cas, les dettes ne cessent d'être augmenter et ne peuvent jamais entièrement entre remboursées40(*). Pour empêcher que les victimes de trafic s'évadent, les employeurs profitent pleinement de leur position vulnérable : elles ne parlent pas la langue locale, elles sont peu familières avec l'environnement, et craignent d'être arrêtées. De plus elles se retrouvent sous la contrainte permanente de leurs employeurs qui les surveillent constamment, les menacent. Les efforts des gouvernements pour combattre le trafic des êtres humains sont inadéquats. Dans beaucoup de cas, les fonctionnaires corrompus délivrent de faux papiers aux trafiquants. Par la suite, ils reçoivent des pots de vin et commissions pour ignorer ces abus. Quand des fonctionnaires sont confrontés de façon évidente au trafic ou au travail forcé, ils se concentrent sur les violations des lois d'immigration et de répression de la population, plutôt que sur des violations des droits humains endurées par les victimes de trafic. Les personnes victimes de trafic seront considérées comme immigrantes et/ou prostituées, et les trafiquants ne seront pas ou peu poursuivis. Ces politiques et pratiques sont inadéquates et inefficaces. Les gouvernements aggravent la vulnérabilité des victimes et les découragent à se tourner vers les personnes qui pouvaient leur venir en aide.
BAZIN-VEIL41(*) indique que le trafic des enfants se développe à la faveur d'un environnement législatif, coercitif et politique peu centré sur cette question. Son étude se rapporte à la situation du trafic des enfants en Afrique de l'ouest et centrale mais ses conclusions sont valables pour la plupart des régions du monde dans l'extrême majorité des législations nationales, il n'existe pas de dispositions qualifiant pénalement le trafic42(*). Ce vide juridique actuel, aggravé par une justice peu prompte à sanctionner sur d'autres bases juridiques, contribue non seulement au sentiment d'impunité pénale, mais également à l'absence de la culpabilité dans les atteintes portées à l'enfant confirmant l'impunité sociale. L'absence de sanctions pénales caractérise la situation de nombreux pays. Les poursuites et les condamnations sont presque inexistantes et les trafiquants ou intermédiaires sont rarement inquiétés. Il arrive aussi que les gouvernements qui devraient faire appliquer ces textes soient souvent impliqués eux-mêmes dans le trafic d'enfant.
La communauté internationale se mobilise sérieusement depuis une dizaine d'années sur le trafic des êtres humains. Aujourd'hui, de plus en plus d'initiatives voient le jour : des résolutions et des recommandations des conventions et rencontres internationales sont adoptées mais il faut aussi qu'elles soient ratifiées et mises en application - L'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe a proposé une série de recommandations concernant le trafic des femmes et des enfants et notamment la recommandation 1056 en 198743(*). - En 1997, s'est tenue la Conférence des Ministres sur la Prévention de la Migration Clandestine dans le cadre du "Processus de Budapest". Des recommandations ont été faites concernant notamment l'harmonisation des législations en vue de combattre le trafic des êtres humains et un soutien technique et financier à apporter aux pays d'Europe centrale et l'Est44(*). - Le Parlement et sa Commission Européenne ont récemment commandé deux rapports sur le trafic des êtres humains (les rapports Servo et Sorensen45(*)). De plus, les programmes "STOP"46(*) (programme concernant l'exploitation sexuelle des enfants) et "DAPANE"47(*) (programme qui vise la prévention de la violence contre les enfants, les jeunes gens et les femmes) se concentrent sur cette problématique. - Un protocole additionnel à la convention relative aux droits de l'enfant vient d'être adopté par l'assemblée générale des Nations Unies le 25 mai 2000, concernant l'implication des enfants dans les conflits armés ainsi que la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants. - Des négociations sont en cours à l'Assemblée Générale des Nations Unies au sujet de l'ajout d'un Protocole sur le Trafic International des Femmes et des Enfants à la Convention contre la Criminalité Transfrontalière Organisée. - La Coopération du G848(*) s'est accrue au cours de ces trois dernières années au sujet du crime organisé et du trafic de drogues et des êtres humains en particulier. - L'organisation du travail sur la problématique du trafic des êtres humains au cours de ces dix dernières années. Des engagements ont été formulés en vue de combattre le trafic aux sommets de Moscou (1991)49(*) et d'Istanbul (1999)50(*). Cette problématique est actuellement prioritaire au sein du Bureau pour les Institutions Démocratiques et les Droits de l'Homme (ODIHR)51(*) qui a, en Novembre 1999, proposé un plan d'action 2000 pour les activités en vue de lutter contre le trafic des êtres humains. Pour l'UNICEF, selon sa représentante BAZIN-VEIL, les politiques que les gouvernements des pays concernés mènent, ou entendent mener, à l'encontre du trafic d'enfants reflètent le clivage classique entre le pays d'émigration et le pays d'immigration, selon qu'ils sont récepteurs ou pourvoyeurs d'enfants. Dans les pays récepteurs d'Afrique de l'ouest et du centre, on observe que la responsabilité de la lutte pour l'abolition du trafic des enfants est imputée à l'Etat pourvoyeur ; que d'un point de vue institutionnel, c'est le ministère des affaires étrangères ou le ministère de l'intérieur qui est fréquemment interpellé pour la gestion du problème ;la mobilisation et les réponses proposées résident, outre dans la répression, mais essentiellement dans le contrôle des flux migratoires et le rapatriement systématique des enfants52(*). La mobilisation des acteurs locaux reste faible compte tenu du fait qu'il s'agit d'un phénomène étranger. Dans les pays pourvoyeurs où le trafic d'enfants est perçu dans sa dimension économique et sociale, on observe que la responsabilité de la prise en charge du phénomène est essentiellement confiée aux Ministères sociaux et que l'accent est mis sur la prévention, à travers la sensibilisation, dans les zones pourvoyeuses d'enfants. Les faiblesses de l'Etat sont nombreuses : dispositifs étatiques de contrôle restreints par le nombre limité de postes de contrôle de police, absence de registres d'entrée et de sortie des mineurs hors du territoire, absence d'un état civil performant, corruption répandue des services chargés de la délivrance des documents et des autorisations de voyage et de contrôle, faible sensibilisation aux droits de l'enfant, faible motivation et mobilisation dans la protection spéciale des droits de l'enfant. L'étude montre à quel point l'enfant est exploité par toute cette chaine dans l'espérance des parents d'améliorer leur modeste revenu avec les salaires provenant du travail des enfants. Cette revue de littérature, loin d'être exhaustive nous a permis d'élaborer notre cadre de référence Théorique.
Compte tenue des déterminants multifactoriels dans l'explication du travail des enfants, nous avons choisi la théorie économique du travail, les théories déterministes, et le culturalisme dans l'explication du phénomène que nous cherchons à analyser. Ces théories semblent mieux répondre à notre préoccupation.
Dans un souci de contribuer à une meilleure compréhension de la situation, nous avons privilégié l'analyse de l'action du travailleur enfant dans le secteur agricole. Cette analyse, axée sur une approche déterministe vise à saisir le sens, les causes de l'action initiée par l'enfant. Inspirée du paradigme de la sociologie de l'action, l'approche tend à étudier le travail de l'enfant comme l'élément central de la prise de décision de l'enfant. La théorie déterministe se définie comme la nécessité du phénomène par le principe de causalité, d'après un principe sociologique qui fonde le caractère prédictif des évènements. On peut poser la question de la cause d'un fait social expérimental, dont on peut dire clairement s'il a lieu ou non. A la question « pourquoi tel fait est-il observé ? », la réponse est toujours un ensemble de conditions initiales. L'on lie la traite des enfants aux conditions sociaux que vivent les parents (pauvreté, analphabétisme). La détermination, au sens courant est "l'action de déterminer, de définir, de préciser quelque chose."[]. En sociologie contemporaine, la détermination est une analyse du rapport individu-société. En effet, c'est par l'analyse de la structure des interrelations qui agissent sur les deux facteurs: individu-société que naît le déterminisme sociologique. Ainsi selon la problématisation d'un fait social, "l'axe de variation de la détermination du rapport individu-société"[] dépend de l'angle analytique du sociologue.
Pour SMITH et RICCARDO53(*), le travail permet sa s'accomplir, contrairement MARX et PROUDHON54(*) qui le voient comme une servitude et source d'aliénation. SMITH a été le premier à annoncer que le travail est une source de socialisation. Mais avant lui HEGEL avait donné au travail un statut philosophique. Il affirmait dans ses cours de philosophie le caractère humain du travail, du fait de la conscience et de la volonté dont l'homme dispose pendant l'exécution d'une tache. Le travail permet à l'homme de s'accomplir et de s'intégrer en société. Selon cette théorie, le travail mène de la servitude à la domination ou à la liberté totale de même qu'à la réalisation de soi. Cette réflexion hégélienne repose sur un optimisme vis-à-vis du travail. Elle a été influencée par MARX qui malgré quelques points d'accord sur le travail avec Hegel, adopte une position contraire. MARX a beaucoup été influencé par la théorie de HEGEL. Il souligne en effet que le « travail est l'apanage de l'homme ». L'oeuvre humaine étant soutenue dans toute son opération par une attention constante qui le dirige consciemment vers son but, exigeant une tension de volonté. Le travail n'est donc pas la simple transformation d'une donnée matérielle dans la mesure où il implique avant tout une représentation compréhensive. Karl Marx ne s'inscrit pas dans la position idéaliste de Hegel mais suit une analyse dialectique du travail. Il aborde la philosophie, la sociologie et l'analyse économique du système capitaliste. Nous constatons que la description de la relation dialectique capitaliste-ouvrière reste basée sur une contradiction d'intérêts divergents. Pour MARX, le système capitaliste réduit à l'état d'esclavage la classe prolétaire et laborieuse et en tire des profits dans l'intérêt de la classe bourgeoise. Marx montre à travers sa théorie, combien l'homme est aliéné par la double division du travail qui a cours dans ces unités. Au sujet du travail des enfants, MARX disait ceci : « la grande industrie détruit tout lien de famille chez le prolétaire et transforme les enfants en simple article de commerce, en simple instrument de travail ».55(*)
Le culturalisme est, selon G. ROCHER (1969), "un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d'une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte". L'étymologie du mot culture, (« habiter », « cultiver », ou « honorer ») suggère que la culture se réfère, en général, à l' activité humaine. Ce mot prend des significations différentes, voire contradictoires, selon ses utilisations. Le mot culture tend à désigner la totalité des pratiques succédant à la nature. Chez l'humain, la culture évolue dans le temps et dans les formules d'échanges. Elle se constitue différentes manières d'être, de penser, d'agir et de communiquer. Ainsi, pour une institution internationale comme l'UNESCO, « dans son sens le plus large, la culture peut aujourd'hui être considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l' être humain, les systèmes de valeurs, les traditions, les croyances et les comportements »56(*) La notion de culture est au coeur d'un enjeu humain essentiel : celui de dire ce qu'est l'espèce (homo sapiens sapiens) à travers ce qu'elle fait. C'est pourquoi l'on observe à la fois une tendance à couvrir - en tache d'huile - des activités de plus en plus diverses et éloignées les unes des autres (culture générale, culture religieuse, culture traditionnelle, culture technique, culture d'entreprise, industries culturelles, ministère de la culture, cultures animales, etc.) et une propension à perdre toute signification philosophique globale, précise ou tranchée. On observe aussi que le sens du mot « culture » dépend étroitement de la stratégie de l'institution ou de l'acteur social qui l'utilise, en opposition (plus ou moins explicite) avec d'autres. Par exemple, pour ceux qui souhaitent défendre le domaine des arts et des lettres, le mot « culture » pourrait être opposé au néologisme « techno science », un peu comme autrefois on pouvait opposer « l'âme » et « la raison ». Au contraire, pour ceux qui veulent défendre le côté créateur de la recherche ou de l'innovation, le titre de culture doit pouvoir leur être appliqué sans discrimination. Dans le milieu éducatif institutionnel, la culture peut désigner un ensemble de connaissances acquises, de savoir et de savoir-faire développés. Pour les personnes qui, par profession ou intérêt, mettent l'accent sur les caractéristiques d'une communauté (linguistique, nationale, etc.), la culture représente l'ensemble de ses structures territoriales, de ses pratiques sociales, religieuses, politiques, commerciales, etc. Pour ne pas trop trahir ces différences entre conceptions de la culture, on peut dessiner un « champ culturel » où elles se rencontrent et se confrontent par grands types d'activités : - La pratique de l'exercice de la parole est une réalisation permanente et universelle, bien que réalisée entre personnes concrètes chez l'humain. Associée à des pensées et à des actes, elle représente la culture dans ses spécificités et dans l'activité humaine. - Les pratiques artistiques font le plus souvent émerger des points de vue singuliers qui sont ensuite partagés et échangés. - Les pratiques d'organisation des pensées et des sentiments (philosophiques ou religieux) cherchent au contraire à rassembler de grands groupes par la conviction et la séduction (le vrai et le beau selon PLATON). - Les pratiques de régulation (grammaticale, juridique, économique, technique, etc.) organisent les êtres humains selon des rapports prédéterminés, mesurables et prévisibles. Il est sans doute difficile - sinon impossible - d'empêcher que chacun de ces domaines prétende opposer sa propre conception de la culture aux autres. Par ailleurs, chaque société humaine possède sa propre culture, cherche à la distinguer des autres et admet plus ou moins en son sein, l'existence de cultures différentes. Le multiculturalisme est une démarche qui insiste sur l'existence, dans un cadre politique souple et ouvert, d'une multitude de cultures qui se rencontrent, s'opposent, se mélangent et, finalement, se transforment et évoluent. Utilisant cette théorie, nous pourrions comprendre l'immigration des enfants dans le sens de savoir si c'est une habitude africaine. IV- OBJECTIFS, THESE ET HYPOTHESES DE RECHERCHE
L'intention recherchée est de connaitre les contours, les contraintes et l'ampleur de la traite des enfants immigrés dans les plantations de café cacao en Côte d'Ivoire.
Ø Décrire les manifestations de la traite des enfants immigrés dans les plantations de café cacao en Côte d'Ivoire. Ø Identifier les facteurs explicatifs de la traite des enfants immigrés dans les plantations de café-cacao et connaitre les conséquences. Ø Identifier les actions à mener afin de faire des propositions de solutions
La traite d'enfants immigrés est une conjonction d'éléments social et culturel qui rendent compte du phénomène.
Ø La mise au travail des enfants est une tradition socioculturelle spécifique à l'Afrique. Elle concourt à l'insertion socio professionnelle de l'enfant. Ø L'indigence socioéconomique des parents est déterminante dans l'implication des enfants dans les travaux champêtres.
Ø Les peuples africains ont une culture d'immigration saisonnière qui explique leur déplacement massif. Ø L'ignorance des lois ou le manque de sanctions cordonnées entre pays pourvoyeurs et récepteurs, encourage l'exploitation des enfants. I- TERRAIN D'ETUDE, POPULATION ET ECHANTILLON
Située en Afrique de l'Ouest, sur le Golfe de Guinée, la Côte d'Ivoire, est entourée par le Libéria, la Guinée, le Mali, le Burkina-Faso et le Ghana. 15.446.231 personnes (en 1998) occupent les 322 462 Km2 constituant son territoire. Colonie française, la Côte d'Ivoire est devenue indépendante le 7 Août 1960. La capitale politique est Yamoussoukro mais la capitale économique demeure Abidjan. De l'époque coloniale, la Côte d'Ivoire a conservé le français devenu la langue officielle ainsi que les systèmes administratif, judiciaire et éducatif. Entre le Tropique du Cancer et l'Equateur, la Côte d'Ivoire bénéficie d'un climat tropical humide. Les saisons sèches et humides alternent avec des températures oscillant autour de 28° C en moyenne. Ce climat favorise le développement d'une végétation luxuriante dans le Sud tandis que le Nord du pays est couvert de savanes plus ou moins boisés. Le relief, essentiellement constitué de plaines et de plateaux, est peu accidenté exception faite de l'Ouest du pays où le Mont Nimba culmine à 1 753 mètres. Le PIB du pays était estimé à 8.73 milliards de dollar USD en 1992. En 1994, le montant des exportations ivoiriennes s'élevait à 2804 millions de dollar USD tandis que ses importations se chiffraient à 1642 millions de dollar USD et le taux d'inflation était de 32%. La monnaie est le franc CFA dont le taux de change est 1 dollar pour environ 600F CFA ou 1 Euro pour 656F CFA. On entend souvent que le succès de la Côte d'Ivoire repose sur l'agriculture; en effet, celle-ci occupe une place prépondérante dans l'économie du pays. Les principales ressources proviennent des cultures industrielles (café, cacao, ananas, hévéa, palmiers à huile, coco) le plus souvent destinées à l'exportation. L'exploitation forestière et la pêche sont aussi des activités très développées. Le secteur industriel comporte surtout des industries agroalimentaires. Si les industries textile et pétrolière prennent de l'ampleur, la plupart des industries de transformations demeurent absentes du paysage économique ivoirien. Le développement du secteur tertiaire, avec l'implantation des banques commerciales internationales et l'accroissement du nombre de sociétés de services, semblent renverser la tendance de ces dernières années. Exemple typique des pays en voie de développement, le secteur informel avec ses petits métiers de toute sorte, est prépondérant. Avec plus de 70% de la population ayant moins de 25 ans, la Côte d'Ivoire est confrontée aux problèmes de scolarisation de ces jeunes, ainsi qu'à un taux élevé de chômage.
La région de la Marahoué, objet de notre étude est située au coeur de la Côte d'Ivoire. Elle est à cheval sur la zone de la forêt dans sa partie Sud et Ouest et la zone de savane au Nord. D'une superficie de 8 700 km² avec une population totale de 55 4807 habitants en 1998, la région se compose de trois départements : Bouaflé (chef lieu de région), Zuénoula et Sinfra. Elle est limitée par la région du Worodougou et la vallée du Bandama au Nord et la région du Fromager au Sud, la région des lacs à l'Est et la région du haut Sassandra à l'Ouest. Cet immense territoire est connu comme étant le pays Gouro. Nous avons choisi la région de la marahoué du fait de sa forte concentration d'étranger. En plus c'est une région qui est située entre la savane et la forêt. C'est une zone qui est propice à la culture du café et du cacao.
Les populations de la région sont venues dans la contrée par vagues successives.
Trois principales ethnies constituent les autochtones de la région. Ce sont les Yaouré, les Gouro et les Ayaou. Les Yaouré ou Yohouré se répartissent en deux (02) groupes : - Les Yaouré du Sud de Bouaflé ou Yaouré Namalé que TAUXIER57(*) appelle les « Kanga-Bonou». Ils sont plus proches des Gouro par la langue et par les moeurs. - Les Yaouré du Nord-Est de Bouaflé ou Yaouré-Akan ayant des rapports avec les Baoulé. Il est difficile de connaître leur origine. TAUXIER semble soutenir ce point de vue lorsqu'il écrit : « les Yaouré sont des Baoulé venus de l'autre côté du Bandama blanc à une époque difficile à fixer». Qu'ils soient autochtones de la région ou « venu de l'autre côté du Bandama» ; les Yaouré sont les tous premiers habitants de la contrée. Leur présence est antérieure à celle des Gouro et à la pénétration Française. Si les Yaouré sont les premiers habitants de la région, pourquoi la région est reconnue par tous comme appartenant aux Gouro ? Pour deux raisons : - Parce qu'à la suite de transactions (un boeuf, un cabri et un Bro)58(*), les Yaouré ont cédé le site de Bouaflé aux Gouro dès l'implantation de ceux-ci. - L'installation de nombreux villages Gouro et d'immenses tribus dans la zone ont renforcé l'esprit d'appartenance effective de cette ethnie à la région. L'implantation des Gouro dans la région est postérieure à celle des Yaouré. Les Gouro ou Bouavéré s'appelaient à l'origine les «Sérurê» Seri ou sohi veut dire libre et « Vrê » biche ; l'un de leurs aïeuls ayant été sauvé par une biche. Selon des informations orales racontées par le vieux Zrah Bi Hué au cours d'une enquête orale en Avril 1973 réalisée par Zamblé Bi You59(*), l'appellation actuelle des «Serurê » bouavéré est relativement récente. Elle est liée à la pêche pratiquée par les membres de cette tribu et à la vente des produits liés à cette pêche. La question de l'origine des Ayaou soulève beaucoup de controverses. Pour MEILLASSOUX60(*), « l'immigration des Ayaou est surtout liée aux développements des cultures commerciales qui a suivi la guerre de 1939-1945». Leur migration est plus récente. Selon des témoignages, les Ayaou auraient habité la région de Sakassou. Initialement membre de la tribu des Walèbo, ils feraient partie de la suite de la reine Abla Pokou, mais une querelle de succession les opposa aux autres tribus. Inférieurs en nombre, ils prirent la décision de s'enfuir. Ils se dirigèrent donc vers l'ouest au début du XIXème siècle ; ce qui contredit la thèse de MEILLASSOUX. A ces trois groupes, il faut ajouter la présence de deux (02) ethnies minoritaires localisées au nord-est de Gohitafla. Il s'agit des Muvanou ou Mona et des Ngwanou ou Ouan.
Les migrations actuelles se situent dans le prolongement direct des mouvements de population de la période précoloniale. Ainsi de véritables stratégies d'occupations et de colonisation de forêt sont élaborées et appliquées non seulement par les populations ivoiriennes, mais aussi par des populations étrangères61(*).
L'immigration Baoulé dans cette région découle de plusieurs raisons importantes à souligner : La colonisation En réaction à « l'agression » de la société Baoulé par les entreprises coloniales à travers le travail forcé, les Baoulé ont trouvé comme moyen de défense la migration. Les motivations économiques La Côte d'Ivoire, dès son indépendance a axée son développement sur l'agriculture. La zone de forêt bénéficiant d'un climat favorable a permis le développement d'une agriculture de rente rémunératrice. La zone de savane quant à elle présente des conditions moins favorables. La sécheresse y sévit, d'ou la variation des conditions pluviométriques qui accentue le caractère aléatoire des exploitations. La migration se présente comme une solution pour les Baoulé pour palier la faiblesse des revenues monétaires. Les nouvelles politiques de l'indépendance Au début des années 1970, l'Etat va « occasionner» la migration Baoulé suite à la construction du barrage hydroélectrique de kossou. Plusieurs milliers de paysans Baoulé des rives du fleuve Bandama atteints par les eaux de retenue du barrage sont transférés dans la Marahoué ; créant ainsi des enclaves dans le département de Bouaflé. Ce sont les localités comme Akwuébo, Attossé Bénou, Diacohou Sud, Nangrékro, N'dénoukro, N'douffoukankro. Outre ces différentes raisons, on note également des déplacements spontanés de populations liés soit à un désir d'aventure, soit à un désir de « découvrir » le monde extérieur (surtout chez les jeunes). Dans le second cas, la migration répond d'abord à une curiosité.
Ils sont originaires soit des Etats voisins du Nord et de l'Ouest (Mali, Guinée) soit du Nord-Ouest de la Côte d'Ivoire (Odiénné, Séguéla, Mankono). Ce n'est qu'après la conquête coloniale que les Malinké commencèrent à s'implanter dans la région dans le sillage de l'armée coloniale. L'essentiel de leurs activités est lié à l'économie coloniale à ses débuts : artisanat commercial, colportage, commerce ; plus tard traite du café et du cacao, transport, commercialisation des produits vivriers excédentaires, transport en commun. Parallèlement à leurs métiers de commerçants et d'artisans, les Malinké sont aussi cultivateurs62(*).
L'un des traits les plus caractéristiques de la région de la Marahoué sur le plan humain, c'est la présence d'une forte communauté Mossi dans la région. Troisième groupe important d'immigrants après les baoulé et les Malinké, Les Mossi peuplent en grande partie cinq villages de la région. Ce sont Garango, Tenkodogo, Koupela, et Koudougou dans le département de Bouaflé et Kaya- Ziduho dans le département de Zuénoula. Ces villages ont la particularité d'être situés sur les grands axes routiers63(*). Exemple : Garango sur l'axe Bouaflé-Daloa, et Koudougou sur l'axe Bouaflé-Yamoussoukro. Quelles sont les raisons de l'implantation des Mossi en plein Centre-Ouest ivoirien ? Leur présence dans la région de la Marahoué s'explique strictement par des raisons économiques. L'histoire de ces villages est liée à la volonté de la puissance coloniale dès 1933 de mettre en valeur les potentialités de la colonie de Côte d'Ivoire. La décision définitive d'implanter les villages Mossi dans le cercle des Gouro fut prise par l'arrêté 2292 AE du 11 Aout 1933 portant création des villages dits de colonisation64(*). Le but de la création de ces villages comme l'indique l'arrêté pris par RESTE est de faciliter la mise en valeur des zones fertiles du sud d'une part et de favoriser le brassage des diverses populations qui peuplent la colonie d'autre part. Mais les motivations réelles de cette décision vont au-delà des raisons évoquées par l'arrêté. En effet, la crise économique de 1929 a provoqué dans les colonies un ralentissement de l'activité économique. Ainsi lors de l'établissement du projet du budget de 1933, il est décidé la suppression du cercle de la Haute-Volta et son rattachement à la colonie de Côte d'Ivoire. L'application de cet arrêté ne s'est pas fait sans problèmes. Il a fallu engager des négociations avec les autochtones de la région d'accueil mais aussi avec les autorités coutumières de la Haute-Volta en l'occurrence le Moro Nabab65(*). Au niveau de la Haute-Volta, pour motiver les Mossi et surtout pour freiner leurs mouvements vers la Gold Coast, les colons décident l'octroi de certains avantages aux Mossi. Il s'agit de la promesse de fonder des villages sur les grandes routes d'étapes Bobodioulasso-Banfora-Bouaké-Abidjan. Les chefs de familles seraient payés par le budget local au début et installés dans des cases construites gratuitement pour eux. Ils seraient exonérés d'impôts les premières années, recevraient des terrains de cultures et seraient nourris pendant six (06) mois aux frais de la colonie66(*). L'étude de la mise en place des peuples de la région montre que le peuplement de la Marahoué résulte de migrations variées. Il convient à présent de relever les principaux traits de cette population.
Plusieurs groupes ethniques cohabitent dans la région. Cette population se compose essentiellement d'un grand groupe autochtones appelé les Mandé du Sud. Il représente 34% de la population totale de la région. En plus des peuples autochtones, on rencontre également dans la région une frange importante de populations allogènes (des baoulé, des Malinké, des Sénoufo et bien d'autres ethnies en minorité). Nous comptons dans la population étrangère (22% de la population totale de la région), de nombreux burkinabé, Maliens et Guinéens. Le peuplement de cette région est le fait d'un processus historique et de mouvement migratoire successifs.
Dans un souci de mieux faire connaître la région, il nous parait important de donner des informations sur sa création administrative. Au moment de la création de « la colonie indépendante de la Côte d'Ivoire » (décret du 10 Mars 1893), les français ne tenaient que les points stratégiques du pays : le littoral, les axes des fleuves, les points importants des savanes du Nord (Séguéla, Mankono). Le tout était de faire de cette colonie tracée sur le papier une colonie réelle ; c'est dire d'occuper le terrain et d'en administrer les habitants, l'occupation effective de l'ensemble du territoire amène les français à créer un certains nombre de postes à l'intérieur de la colonie. Du point de vue administratif, le pays Gouro a connu plusieurs aménagements en ce qui concerne son statut. En effet, avec la dissolution de l'ancien cercle du haut Sassandra en 1911, les secteurs de Zuenoula, Bouaflé et Sinfra qui lui appartenaient sont rattachés à ceux de Lobo (région de Vavoua). En 1913, est crée pour la première fois le « Cercle Gouro » qui comprend les subdivisions : Oumé, Sinfra, Zuénoula et Bouaflé ; Vavoua étant exclu. Mais en 1936, le cercle est à nouveau démantelé. Oumé est rattaché au « cercle de Gagnoa », Bouaflé, Zuénoula, et Sinfra à celui de Daloa. Il a fallu attendre 1957 pour voir se reconstituer l'ancien « cercle Gouro » (devenu cercle de Bouaflé) qui se trouve amputé d'Oumé qui reste dans le « cercle de Gagnoa ». Petite place militaire au début de sa création, Bouaflé allait devenir le chef lieu d'une importante circonscription administrative. La région connaîtra plus tard un autre aménagement. En effet, le décret N° 97-19 du 15 janvier 1997 en son article 12 décrète que la région, circonscription administrative régionale précédemment dénommé Bouaflé est désormais identifiée sous l'appellation de région de la « Marahoué » avec pour chef-lieu Bouaflé. Le ressort territorial de la région englobe les départements de Bouaflé, Oumé, Sinfra et Zuénoula. Tableau 1 : Lois et dates de création des départements
Source : Ministère de l'intérieur Ce découpage va une fois de plus subir une modification en 2000. Ainsi le décret N° 2000-283 du 20 avril 2000 décrète en son article 1er qu'il est crée par scission de la région du haut Sassandra et la région de la Marahoué, la région du Fromager. Le département d'Oumé rattaché à la nouvelle région du fromager ne fait plus partie de la région de la Marahoué. Initialement «Cercle Gouro» aujourd'hui « région de la Marahoué » ; elle joue un rôle important de par sa position géographique.
Il s'agira d'appréhender les caractéristiques de la population et leur milieu d'installation.
Il s'agit de montrer les principaux caractères de la population de la région. Selon les chiffres du dernier RGPH en 1998, la Marahoué compte 554 807 habitants dont 52% d'hommes et 48% de femmes. Cette population correspond à 4% de celle nationale soit 15 366 672 habitants pour 2,7% du territoire national (322 462 km²). La population de la Marahoué dans l'ensemble est relativement jeune puisque les personnes âgées de moins de 20 ans représentent 57% de la population totale contre 4% de personnes âgées de plus de 60 ans. Les adultes constituent 39% de la population régionale. Sur un total de 291 localités recensées en 1998, la Marahoué compte 286 localités rurales et cinq (05) villes qui sont Bouaflé, Bonon, Zuénoula Gohitafla et Sinfra.
La répartition spatiale de la population est un élément essentiel de la gestion administrative. Elle offre une perception de l'occupation du sol et pose les problèmes d'aménagement. Elle permet aussi de saisir les potentialités du milieu. Cette répartition porte sur la localisation des sites habités et sur les densités de peuplement. Tableau 2 : Récapitulatif de la population par départements
Source : INS- RGPH-1998 Les résultats du RGPH-1998 indique que 71,4% de la population totale de la Marahoué vit en milieu rural contre 28,6% en milieu urbain. La proportion des ruraux dans la Marahoué est supérieure à la moyenne nationale (57%). Dans le milieu rural de la Marahoué, on distingue deux types de sites habités par les populations les villages noyaux (65,5% d'habitants) et les campements ou hameaux (34,5%)
Tableau 3: Structure de la population par département selon le sexe en 1998
Source : INS (RGPH l998) La répartition de la population selon le sexe montre une prédominance des hommes : 109 hommes pour 100 femmes. Cette supériorité au niveau des hommes est identique dans les trois départements. Dans la région, les hommes sont plus nombreux que les femmes; soit 52% pour 48%. La prédominance masculine est plus nette dans le département de Sinfra (112 hommes pour 100 femmes). Dans la tranche d'âge 75-79 ans, nous avons jusqu'à 199 hommes pour 100 femmes. Ce département est une zone d'accueil. La migration est d'abord une affaire d'hommes. Dans le département de Zuénoula, nous avons une supériorité féminine dans la tranche d'âge 20-59 ans. Cette situation est la conséquence d'une émigration scolaire ou de travail qui touche particulièrement les hommes. Au niveau des tranches d'âge, on remarque une supériorité numérique des hommes dans certains groupes d'âges: de 0-29 ans et de 45-94 ans. La supériorité masculine est liée à divers facteurs: Ø La migration scolaire. En effet, avec la suppression des internats dans les établissements publics nationaux et le refus de certaines personnes (parents ou amis des parents) d'héberger les élèves parce qu'occasionnant des coûts additionnels pour leurs ménages, on assiste de plus en plus à l'apparition «d'enfants responsables»; c'est-à-dire des enfants chefs de ménages. Ceux-ci se recrutent essentiellement parmi les enfants de sexe masculin ; Ø L'émigration des jeunes filles pour des raisons de mariages, d'emploi ou de scolarisation ; Ø La classe d'âge 60-64 ans est une zone de vieille immigration avec le retour des retraités des grandes villes soit pour se reposer, soit pour gérer leurs exploitations agricoles. La supériorité féminine dans les tranches d'âge 30-44 ans et 95 et plus peut s'expliquer par plusieurs raisons: Ø Les personnes de sexe masculin en quête d'emplois rémunérateurs se dirigent vers les centres urbains tels que Bouaké, San-Pedro, Abidjan ; Ø Les terres se raréfient sous la pression démographique liée à l'afflux des migrants dans la région. Pour faire face à cette situation, les populations masculines se tournent vers d'autres zones à la recherche de terres disponibles et cultivables; Ø La prédominance féminine peut être liée à la polygamie qui est courante en milieu rural et un écart d'âge trop grand entre les époux; Ø Le rapport de masculinité à la défaveur des hommes dans la tranche d'âge 95 ans et plus pourrait être lié à cet écart d'âge entre les coépouses et le mari généralement plus âgé qui décèdent souvent avant les épouses.
Il s'agit dans cette partie de faire une analyse descriptive de la composition de la population à travers une comparaison des sous populations que sont la population ivoirienne et la population non ivoirienne. Tableau 4: Comparaison de la population résidente ivoirienne et non ivoirienne.
Source : INS- RGPH 1988 -1998 La population ivoirienne dans la région est de 430 786 habitants en 1998. Elle représente 78 % de la population totale de la région et est composée en majorité d'hommes (51 % d'hommes contre 49 % de femmes); soit 103 hommes pour 100 femmes. La structure par sexe et par âge des ivoiriens fait apparaître une prédominance du sexe masculin dans les groupes d'âge 0-19 ans et de 65-94 ans et un déficit masculin dans les groupes de 20-64 ans et de 95 ans et plus. La supériorité féminine dans la tranche d'âge 20-64 ans trouve son explication dans les facteurs suivants : -Les difficultés rencontrées sur le terrain par les agents recenseurs et les absences longues et répétées aussi bien en ville qu'en campagne de certains individus de sexe masculin ; -On sait aussi le penchant des gens à se donner des âges ronds (âges terminés par 0 et 5 ans). -Les jeunes migrent vers les villes ou vers d'autres campagnes. La population non ivoirienne est aussi en majorité masculine (57% d'hommes contre 43 % de femmes); soit 130 hommes pour 100 femmes. Trois communautés dominent cette population: les Burkinabé (63,7%), les Maliens (22,65%) et les Guinéens (4,65%). L'analyse de sa structure par âge et par sexe révèle une supériorité masculine dans tous les groupes d'âge. Cette supériorité provient d'une forte immigration alimentée par une main-d'oeuvre essentiellement étrangère et de sexe masculin. La prédominance des hommes atteint son maximum dans la tranche d'âge 60-64 où nous avons 355 hommes pour 100 femmes. Ce rapport de masculinité élevé au profit des hommes est lié aux mouvements importants des populations lors de la colonisation. En effet, entre 1932 et 1933, la puissance coloniale d'alors c'est-à-dire la France à créé par décret les villages dits de colonisation dans le centre-ouest de la colonie de Côte d'Ivoire. Ces villages sont peuplés de la main- d'oeuvre mossi venue de l'ex-colonie de la Haute Volta. Les hommes âgés en 1998 de 60 à 64 ans sont les enfants nés des premiers immigrants installés dans la Marahoué dans les années 1932-1933. La structure par âge de la population non ivoirienne présente aussi un rétrécissement au niveau de la classe d'âge de 10 à 19 ans surtout chez les· hommes. Ce rétrécissement peut s'expliquer par un départ massif des jeunes dans leur pays d'origine pour des raisons scolaires. En effet, les perturbations que connaissent l'école ivoirienne depuis ces dix dernières années ; ainsi que le coût élevé de la scolarité amènent les parents à inscrire leurs enfants dans leurs pays d'origine. Il faut ajouter à cela le fait que l'immigration des personnes en âge de travailler commence généralement à partir de 20 ans. L'analyse des caractères de la population régionale révèle une prédominance des hommes sur les femmes. Néanmoins, nous constatons un déficit de la population masculine dans les groupes d'âge 30-39 ans. Ce déficit est lié à la forte migration des hommes vers d'autres zones. Au niveau de sa composition, la population non ivoirienne se caractérise par une supériorité masculine dans tous les groupes d'âge. Cette supériorité s'explique par une forte immigration commencée depuis l'époque coloniale. L'évolution de la population de la Marahoué s'est faite au rythme moyen annuel de 3,4% (le taux national est de 3,3%). La proportion masculine dans la région est de 52% d'hommes contre 48% de femmes contrairement au taux national qui est de 51 % d'hommes contre 49% de femmes. Ainsi, l'hypothèse selon laquelle la Marahoué renferme des caractéristiques démographiques différentes des moyennes nationales est vérifiée. Il convient à cet effet de montrer l'impact de cette population sur son espace de vie.
Plus de la moitié des localités recensées sont rurales et représentent 71,4% de la population régionale (RGPH- 1998). En effet, les populations qui arrivent dans la région sont en majorité des paysans. Elles s'installent donc dans les campagnes qui offrent les meilleures conditions pour la création d'exploitations agricoles. Une des caractéristiques du milieu rural de la Marahoué est la présence d'un nombre important de campements. L'existence de campement de façon pérenne ou saisonnière est liée à l'économie de plantation, dans les zones de forêt. Leur importance s'explique par l'immigration. Les immigrés, une fois les terres agricoles acquises élisent domicile non dans les villages d'accueil, mais sur la parcelle du terroir qui leur est acquise. Les campements sont créés soit par la volonté des autochtones qui refusent la cohabitation avec les migrants, soit par le désir des migrants de s'éloigner ou de s'isoler des autochtones. Tableau 5 : Les sous-préfectures et leurs campements
Source : INS-1998 Selon le recensement de 1998, la Marahoué totalise 2 155 campements avec une population 136 534 habitants qui y résident. La sous-préfecture de Sinfra compte 779 campements avec 32,82% de la population totale des campements. C'est la sous-préfecture de Gohitafla qui compte le moins de campements et par conséquent la plus faible proportion de population (54 campements pour 3,21% l'effectif total des campements). L'une des spécificités de la Marahoué, c'est la présence de nombreux campements d'immigrés. Les campements d'immigrés sont par définition des lieux de résidences plus ou moins durables .Ils se développent avec une rapidité alimentée par des arrivées massives en provenance des pays limitrophes. Rares sont les villages Gouro qui n'ont pas accueillis au moins un campement de planteurs immigrés .La zone la plus dense est la sous-préfecture de Sinfra. Il existe un va et vient incessant entre les campements immigrés et les villages d'origines de ces planteurs en pays Gouro. Tableau 6 : Evolution du nombre de localités par sous-préfectures
Source : INS (1988-1998) Les données du tableau ci-dessous indiquent le nombre de nouvelles localités officielles dans la région (17). Au niveau des sous-préfectures de Bonon, Gohitafla, Zuénoula nous remarquons une disparition de localités alors qu'à Bouaflé et Sinfra, nous constatons les valeurs négatives du tableau. Nous pouvons dire que le recensement de 1988 a soit, inscrit des campements qui ont disparu, soit, intégrés à des villages qui se sont regroupés. Il y a aussi le cas où le campement est déserté par une frange importante de sa population ; par conséquent il n'est pas officiellement pris en compte par le recensement. Au niveau des augmentations, soit des campements se sont regroupés pour créer des villages, soit des campements saisonniers pendant la période du recensement ont été inscrits sur la liste des villages.
Afin de mieux maitriser l'équipement et la modernisation du milieu rural, l'autorité ivoirienne a organisé l'espace en pays « rural » de quelques milliers d'habitants et de petites unités de superficies dont les pôles sont les villages centres. Ainsi les FRAR (Fonds Régionaux d'Aménagement Rural) ont défini pour chaque type d'établissement humain des grilles d'équipements adaptables aux besoins particuliers des différents « pays ». Un équipement correct du milieu rural suppose : - Des voies de communication permanente entre les villages et les chefs-lieux de sous -préfecture. -Des écoles. -Des centres de santé. -Des équipements hydrauliques. Dans ces conditions, le village centre apparait comme le premier niveau de polarisation. C'est là que la majorité des habitants de la région trouve à sa portée certains services qui rendent leurs conditions de vie acceptables. Le village centre doit exercer une certaine attraction sur les autres villages du pays rural qui lui sont rattachés. Ainsi la Marahoué compte 48 pays ruraux ou villages centres repartis comme suite : 20 pour le département de Zuenoula, 20 pour Bouaflé et 08 pour le département de Sinfra. Un autre élément de la modernisation est l'habitat. Nous avons eu en premier lieu un habitat de type traditionnel où il existe très peu de maison de style moderne. Dans un second cas, il y a des villages en grande partie ou entièrement modernisés grâce à l'intervention de l'Etat. C'est le cas des villages AVB (Aménagement de la Vallée du Bandama) de la forêt des TOS (Nangrékro, N' dénoukro, Attossè, Bénou, N'douffoukankro, Blé, Akouriébo, Diacohou sud). Les cases se repartissent le long de la voie principale et sont construites en briques et recouvertes de tôles. Elles ont parfois l'allure de petites habitations de quartiers populaires des villes. La création de la région de la Marahoué obéit à une volonté politique de circonscrire une zone géographique à cheval sur la savane et la forêt. Cet atout naturel l'a ainsi dotée de réelles potentialités agricoles. Cela fait d'elle une contrée qui attire les populations. Les migrations dans cette région sont une réponse aux problèmes de subsistance et de revenus des populations des savanes. La migration qui est la plus importante dans la région est essentiellement celle de migration de colonisation agricole. Il ya aussi les migrations « occasionnées » par l'Etat suite à la construction du barrage hydroélectrique de Kossou. La migration qui nous intéresse ici est celle des enfants des pays limitrophes à des fins d'exploitation dans les plantations de café cacao dans la région. De façon générale, la zone de Bouaflé constitue la plus grande zone de progression avec des taux de croissance de 10 à plus de 20% ; suivi de Sinfra avec une croissance qui varie entre 1 et 15%. Mais Sinfra est aussi une zone d'abandon avec régression de -5%. Il faut noter que le département de Zuénoula est une zone où les abandons sont négligeables.
La Marahoué se caractérise par sa ruralité. Néanmoins, cette région présente quelques signes de modernité avec une urbanisation naissante. Les cinq (5) villes de la Marahoué disposent au minium d'infrastructures pour le fonctionnement Etatique. A cela s'ajoutent des établissements hospitaliers, scolaires et de formation.
L'agriculture, dans la région de la Marahoué, repose sur des atouts naturels et humains, quelques infrastructures de communication et les productions agricoles.
Le climat de la région tient du régime tropical de transition caractérisé par le double passage du front intertropical. L'année se subdivise en quatre saisons dont deux sèches et deux saisons pluvieuses. D'abord on distingue la grande saison sèche qui débute à partir de la fin de Novembre et Décembre et se prolonge jusqu'au mois de Mars. C'est le temps non seulement de la préparation des terrains de culture (défrichements, brûlis) mais aussi des récoltes d'ignames et des feux de brousse. C'est à cette période (fin Décembre-Janvier) que souffle l'harmattan ou «funè» en langue locale. C'est une brise froide et sèche venant du nord et particulièrement sensible dans la région de Zuénoula. Ensuite, arrive la grande saison de pluies à partir d'Avril-Mai. Les pluies éclatent généralement les après-midi ou la nuit et durent parfois toute une journée dans les années favorables. Quant à la petite saison sèche, elle survient à partir de Juillet-Août et dure parfois quelques semaines à deux mois. Elle correspond au temps de sarclages des champs d'igname et à la période de maturité du riz pluviale et du maïs qui «sauve» les populations de la disette qui accompagne souvent la fin des semaines. Enfin, avec le mois de Septembre correspondant à la redescente du front intertropical, la pluie reprend ses droits jusqu'à la fin Novembre. C'est une deuxième saison pluvieuse courte mais intense. Aujourd'hui ce climat connait bien des perturbations fréquentes (irrégularités des pluies, sécheresse fréquentes). Ces perturbations mettent les paysans dans une situation d'incertitude d'une année à l'autre. Aussi, note-t-on une migration vers d'autres régions. Il faut remarquer que le rythme des saisons et les cycles culturaux sont dans une relation de dépendance. Et les champs se localisent dans l'espace en fonction de ces saisons et en fonction de la végétation naturelle et de la qualité des sols.
La région de la Marahoué est une zone de transition qui se trouve à cheval sur la forêt au sud et à l'ouest et sur la savane au Nord et à l'Est. La forêt est largement entamée par le développement des cultures de rente (café et cacao) et des cultures vivrières. Quant à la savane, elle est le domaine de croissance des cultures vivrières comme l'igname, la patate et des légumes. Autrefois soumise annuellement aux feux de brousse, la savane avec la disparition progressive de la forêt primaire semble connaître un regain d'intérêt; elle constitue de ce fait la zone privilégiée où se cultivent l'arachide et le coton qui devraient apporter un souffle nouveau à l'économie de la région. Il reste cependant vrai que les perturbations climatiques et la dégradation du couvert végétal constituent une certaine menace pour les sols, désormais soumis aux effets directs de l'érosion et à une pression démographique nulle part égalée.
Toute la végétation pousse sur des sols de qualités médiocres ; notamment des sols ferralitiques moyennement dénaturés. Leurs caractéristiques résultent du climat et de son évolution. Sur le plan des aptitudes, le comportement des espèces culturales vis à vis de ces sols est variable. Ce sont les sols forestiers aptes à l'arboriculture qui attirent les populations. Les possibilités d'associer les produits vivriers aux cultures d'exportation constituent un autre élément d'attraction. En plus, les voies de communication permettent aux immigrants d'exploiter toutes les possibilités de ce milieu.
La population de la Marahoué est, en majorité, rurale. Cependant, l'accès à la terre diffère d'une communauté à l'autre.
TAUXIER place comme figure centrale dans le régime foncier Gouro, le «treza» (qu'il traduit par «chef de terre»), descendant virtuel des premiers occupants. En pays Gouro, la terre est avant tout un bien familial. Les populations ne travaillent que dans la propriété familiale. La Marahoué, en même temps zone de forêt et de savane dispose de très peu de forêt; par conséquent de peu de terre pour une population de plus en plus importante. Dans le cas où un autochtone sollicite une parcelle de terre dans un autre domaine familial, il se fait aider par un « tuteur ». La terre est louée ou prêtée au demandeur uniquement pour les cultures annuelles et non pour la réalisation de cultures pérennes. Le prêt ou la location s'accompagne toujours de dons ou de cadeaux au propriétaire terrien. Mais avec le relâchement des rapports de parenté, nous assistons de plus en plus à l'apparition de la propriété individuelle. Il y a également le cas où le chef de terre s'accapare la terre avec l'apparition des cultures commerciales génératrices de revenus.
Généralement, l'allochtone a déjà des contacts sur place. Il arrive dans la région soit à l'appel d'un parent ou d'un ou d'un ami. Parfois, il vient dans la région sans y connaître précisément quelqu'un. Dans le premier cas, «l'étranger» travaille pour son contact. Ce dernier lui sert plus tard d'intermédiaire auprès du propriétaire terrien pour l'obtention de sa propre parcelle de terre ; ou le « parent» peut donner une partie de la terre qu'il occupe au nouveau venu avec l'accord du chef de terre. Dans le second cas, le migrant s'adresse directement au chef de terre pour l'acquisition d'une terre à cultiver. Il est évident que les portions de forêt attribuées ne le sont jamais à titre gratuit. A ce niveau, la pratique la plus courante est celle de «cadeau» en espèces ou en nature. Par ce cadeau au donateur, l'immigrant acquiert le droit de défricher et de planter. Mais comme il s'agit bien de cadeau et non d'un achat, celui-ci ne permet pas une appropriation réelle de la terre par le migrant.
L'installation des Burkinabé dans la Marahoué est facilitée par la présence des Mossi installés dans la région depuis la période coloniale. Les nouveaux arrivants s'adressent en premier lieu à leur communauté dans laquelle se trouvent des propriétaires terriens67(*). Dans le cas où le nouveau venu n'a aucun lien de parenté avec les Burkinabé installés dans la région depuis longtemps, il se fait engager comme manoeuvre dans les plantations de ses compatriotes. Dans certains cas, les paysans Gouro prennent les nouveaux arrivants burkinabés comme manoeuvres ; et en retour ils leur attribuent des parcelles de terre sur la base de contrats (métayage). Il faut ajouter à cela le fait que les autochtones dans leur désir de freiner l'avancée de la migration baoulé facilitent quelquefois l'accès à la terre des Burkinabés pour contrer l'afflux baoulé.
L'état du réseau routier apparait dans ce tableau. Tableau 7 : Répartition du réseau routier
Source : Direction des routes et voiries Le développement de la Marahoué, région à vocation agricole repose aussi sur la diversité de son réseau routier estimé à 2 600 Km (soit 3,2% du réseau national) dont 243 km de routes bitumées contre 2357 km de routes en terre qui prennent aussi en compte les pistes. Ainsi les routes bitumées ou routes nationales d'intérêt général (3,7% du réseau national bitumé) permettent d'assurer la jonction entre les préfectures et les régions du pays. Les routes en terre (3,1% du réseau en terre au niveau national) font la connexion entre les villages et les villes de la région. Les pistes permettent de relier les campements entre eux et les villages. Ce réseau est l'un des atouts majeurs de la région et constitue un élément stratégique du développement régional en ce sens qu'il permet non seulement l'écoulement des produits vivriers et d'exportation, mais également le déplacement des personnes. Les pisteurs n'éprouvent pas de difficultés particulières à rallier les sites de productions. Néanmoins à cause de la nature des sols, la saison des pluies est la période redoutée pour certains tronçons.
Elles ont deux grandes composantes : les productions vivrières et les productions d'exportation.
Les activités agricoles vivrières portent en grande partie sur la culture du riz et de l'igname dans la zone de savane, tandis que la forêt demeure le domaine de la banane plantain. En savane, c'est une agriculture itinérante sur brûlis où la jachère permet la reconstitution des éléments fertilisants du sol. Cette agriculture associe et fait succéder dans le même champ et sur les mêmes parcelles plusieurs cultures qui cèdent progressivement la place les unes aux autres à mesure de leur maturité. Les cultures vivrières sont destinées à l'autoconsommation. Le surplus est destiné à la commercialisation. Le marché du vivrier est singulièrement détenu par les femmes. Comme nous le disons plus haut, le cycle cultural se calque sur le rythme des saisons et en fonction des deux principales périodes de précipitations. La culture du riz et de l'igname qui occupe l'essentiel du calendrier agricole tente donc de s'adapter à cette division du temps. Parfois les grains de riz sont mélangés à ceux de gombo, de piment et surtout du maïs qui associé au riz arrive toujours à maturité avant celui-ci. Plante exigeant d'importantes quantités d'eau, la croissance du riz en l'absence d'une technique de capture et de maîtrise de l'eau, est souvent contrariée et demeure de ce fait tributaire des pluies. La culture du riz demeure ainsi à la merci des moindres perturbations climatiques. C'est pourquoi, pour prévenir d'éventuelles mauvaises récoltes liées aux irrégularités pluviométriques, les populations s'adonnent aussi à la culture de l'igname ; l'autre pilier de l'alimentation en pays Gouro. Il faut noter que l'igname se cultive très souvent en association avec d'autres cultures comme le bananier, le manioc. Notons que la Marahoué de par sa position, présente deux images. Dans la savane du Nord, c'est le règne de la spéculation vivrière autour d'une culture : l'igname. Au Sud où l'écosystème forestier est plus favorable, c'est le règne du café et du cacao. L'igname est la seule culture au niveau de laquelle la région enregistre le plus grand volume de production (20 000 à 60 000 tonnes). Par contre, la production de banane plantain est la plus faible dans la région (900 à 3 500 tonnes). Les départements de Bouaflé et de Zuénoula ont sensiblement les mêmes volumes production de manioc sur les quatre ans. Les cultures vivrières occupent l'espace en même temps que les cultures d'exportation.
Le binôme café-cacao domine largement les cultures d'exportation. Ces cultures ont bénéficié de techniques de production plus performantes. Tableau 8 : Production en tonnes des principales cultures d'exportation par département sur la période 1999-2003
Source : ANADER-Bouaflé, Rapport annuel 2003 Le cacao constitue la principale production exportée en poids. Au regard des données du tableau le cacao est le plus produit dans les départements de Bouaflé et de Sinfra. Tandis que la zone de prédilection du café est le département de Zuénoula. Les productions de café et de cacao connaissent de nombreuses fluctuations dues en grande partie aux perturbations climatiques. Les irrégularités pluviométriques qui affectent surtout les rendements de café dans la zone de savane amènent les paysans à se tourner vers des solutions de rechanges comme la culture du coton68(*). Plante à cycle végétatif court, le coton apparaît comme une plante adaptée à la zone de savane (Zuénoula). Cette culture est encouragée par la Compagnie Ivoirienne pour le Développement des Textiles (CIDT). Elle assure la vulgarisation des techniques culturales et l'encadrement des paysans producteurs. Tableau 9 : Production en tonnes de coton par départements sur la période 1997-2000.
Le département de Sinfra est le plus faible producteur de coton. De 1997 à 1999, la production cotonnière connaît une croissance. Mais cette production chute en 2000. La survie des cultures pérennes et annuelles dépend de la disponibilité des réserves des terres cultivables.
Dans la constitution de notre population d'enquête nous nous sommes intéressés à différentes catégories dans l'intention de mieux cerner les contours de notre sujet. Les acteurs directs impliqués dans le phénomène ont été les premiers à être interrogés. Il s'agit des enfants et des planteurs. La deuxième population concerne ceux qui favorisent le phénomène, il s'agit des intermédiaires (hommes ou femmes), des chauffeurs, des convoyeurs. Enfin, la troisième catégorie constituée de personne n'ayant aucun lien direct avec le phénomène mais qui sont interpellés par ses manifestations. Il s'agit de la police, la gendarmerie, les Préfectures et Sous-préfectures, les ONG et structures administratives.
Nous avons rencontré d'énormes difficultés à obtenir l'effectif de la population cible car il n'existe pas de données statistiques disponible. Nos investigations à l'INS (Institut Nationale de la Statistique) et au BNETD sont restées infructueuses. Il nous a été dit que ces institutions ne disposent pas de données. Cependant nous avons établi un échantillon qui se présente comme suit : Tableau 10 : Tableau relatif à la répartition de l'échantillon
II- METHODES DE RECHERCHE Trois (03) méthodes nous semblent pertinentes dans la description du phénomène de la traite d'enfants immigrés dans les plantations de café cacao. Il s'agit de la méthode historique, de la méthode comparative et de la méthode structurelle.
La causalité historique se présente comme un facteur de compréhension des phénomènes sociaux à travers l'espace et le temps. Aussi, cette méthode présente le cadre conceptuel des phénomènes sociaux. Elle recouvre plusieurs acceptions. Elle désigne d'abord une période de l'histoire incarnée par l'allemand Ranke. Désireux d'ériger l'histoire au rang de science rigoureuse, cet auteur va défendre plusieurs principes communs : l'historien doit établir les faits tels qu'ils se sont produits et saisir le passé dans sa singularité par rapport aux autres époques, sans chercher à émettre un jugement de valeur ; toute entreprise de systématisation doit être rejetée au profit d'une recherche des causes immédiates des événements. Dans le cas de notre sujet, cette méthode nous permettra de comprendre le passé de ces enfants et l'histoire d'immigration de la Côte d'Ivoire. Ce retour aux sources nous permettra aussi d'expliquer le côté traditionnel du trafic en général et particulièrement en ce qui concerne l'Afrique. Cela nous permettra de comprendre la pensée de E. TROELTSCH (1975) qui affirmait en 1922, que « l'historicisme est l'historicisation fondamental de toute notre pensée sur l'homme, sa culture et ces valeurs ». Selon lui ce n'est pas l'esprit humain qui en façonnant ces pensées et ces valeurs oriente l'histoire, mais le contexte historique qui le détermine d'où le déterminisme.
Nous avons décidé de diriger nos investigations dans trois départements dans le but de diversifier les informations que nous aurions recueilli .Dans cette vision de notre étude, il nous semble primordial de recourir à la méthode comparative. Elle nous permettra d'apprécier au mieux les manifestations du phénomène dans nos différentes régions. Nous nous efforcerons de dégager les éléments constants, abstrait et généraux69(*) et les ressemblances et/ou différences notamment, au niveau des caractéristiques socioéconomiques et démographiques des enfants, des facteurs explicatifs, des éventuelles conséquences et des perspectives dans nos zones d'étude
Le structuralisme cherche à expliquer un phénomène à partir de la place qu'il occupe dans un système, suivant des lois d'association et de dissociation (supposé immuable). Elle cherche à comprendre le lien qui lie les enfants du lieu de départ au lieu d'arrivée. L'organisation qui sous entend cette pratique doit être analysée afin d'en cerner le contour. L'on assiste à une professionnalisation qui s'apparente à une entreprise où l'enfant est la marchandise, et utilisé à partir d'un contrat verbal. Le but visé par ces trafiquants est la recherche de gains financiers. Le structuralisme nous permettra d'apprendre d'autres types de rapports structurels entre les auteurs du trafic et des variables d'ordre socioculturel (ethnie, sexe, culture, pays d'origine, religion) elle nous permettra de nous pencher sur les interactions des influences mutuelles entre le développement et la traite des enfants dans un contexte socio-économique et culturel. III- TECHNIQUES DE RECUEIL, MODES DE TRAITEMENT DES DONNEES ET DIFFICULTES RENCONTREES
L'étude documentaire de notre sujet a été très difficile car la littérature dans ce domaine est rare. Ce fut l'une des phases les plus importantes de notre travail. Aussi, avons-nous consulté : - les bibliothèques des Unités de Formation et de Recherche de Criminologie, des Sciences de l'Homme et de la Société, et de l'Institut de Géographie Tropicale ; - les services de documentation du BICE, de l'OIT et de l'UNICEF ; - le site internet de l'ONU et le dictionnaire en ligne Wikipédia.org ; - des coupures de journaux ; - des thèses et des mémoires - des séminaires - des décrets ministériels
L'entretien peut être défini comme un procédé d'investigation scientifique utilisant un processus de communication verbale pour recueillir des informations en relation avec le but fixé70(*). L'entretien nous a amené à échanger avec toutes les catégories de populations composant notre échantillon. Au cours de ces échanges, les interlocuteurs ont exprimé les uns leurs perceptions et interprétations du travail des enfants dans les plantations de café- cacao et les autres, leurs expériences et motivations dans ces espaces de travail, ainsi que leurs aspirations sociales. Ces entretiens ont cependant varié selon le degré de liberté (questions ouvertes et questions fermées) et le niveau du répondant qui a conditionné la qualité des réponses, (réponse « riches, complexes », « précises et univoques »), mais aussi, parce que nous voulions obtenir le maximum d'informations. Ce sont : l'entretien libre, l'entretien dirigé et l'entretien semi- dirigé ; tous menés de façon individuelle en vue de mettre les acteurs en confiance et leur permettre de s'exprimer plus ou moins librement sans être influencé par la présence d'autres individus.
Cet entretien nous a permis d'échanger directement avec des populations qui se sont exprimées de façon libre sur le sujet en se prêtant à différentes questions. Tandis que les unes ont raconté leurs expériences du travail dans ces plantations de café-cacao, d'autres en ont plutôt fourni des données d'opinion et de fait. Dans le premier cas, ce sont surtout les enfants qui ont été entendus dans les plantations pour certains et en dehors de celles-ci pour d'autres. Ceux- ci ont en outre formulé des voeux quant à leurs aspirations sociales. Concernant les seconds, il s'est agi des responsables institutionnels et autres, des exploitants agricole, qui ont respectivement livré des informations dans les locaux de leur service et à leur domicile.
Nous nous sommes particulièrement intéressées à cette technique, parce qu'elle est à même de permettre de vérifier la fréquence des informations que pourraient livrer les populations enquêtées. Aussi, celles-ci ont-elles été interrogées sur les mêmes questions que nous avions au préalable prévues ainsi que leur ordre. De même ces individus pendant l'entretien ont bénéficié des mêmes explications sur l'objet de travail et ce, dans le souci de recevoir des informations du même niveau de connaissance des divers acteurs. Cette technique s'est avérée d'autant plus importante pour nous qu'elle a pu nous situer sur les discours récurrents des acteurs interrogés.
Technique à cheval sur l'entretien libre et l'entretien dirigé, l'entretien semi- dirigé n'est ni entièrement libre, ni entièrement dirigé par un grand nombre de questions précises structurées. Il faut en effet noter qu'au cours de cette investigation, nous n'avons pas forcément posé toutes les questions prévues, tant du point de vue de la formulation que dans l'ordre prévu. Mais, le guide d'entretien (question guides) relativement ouvert dont nous disposions, a plus ou moins comblé cette lacune. Il a permis d'amener d'une part, les personnes entretenues à ne pas trop s'éloigner de l'objet d'étude, quoique ces dernières puissent s'exprimer aisément dans des termes et l'ordre qui leur convenaient, et d'autre part, il a servi de support. Par ailleurs, il nous est apparu nécessaire au cours de cet entretien de faire discrètement usage d'un dictaphone afin de pouvoir mieux profiter des réponses des populations interrogées, car il ne nous était pas toujours facile de les retenir toutes. Cette technique non moins importante que les précédentes, s'est appliquée à toutes les personnes composant notre échantillon, mais plus encore, à celles que nous n'étions pas sure de constamment revoir du fait de leurs nombreuses responsabilités. Ce sont singulièrement, les responsables institutionnels et autres responsables de service ainsi que les autorités villageoises. Elle a également concerné les personnes qui avaient des difficultés à s'exprimer en français ; celles- ci répondant par moment dans des langues locales (singulièrement en malinké, baoulé, bété) que nous parlons et comprenons plus ou moins.
Nous avons eu recours au questionnaire au regard de l'objectif principal (chercher à saisir les contours et dimensions du phénomène du travail des enfants dans les plantations de café-cacao en Côte-d'Ivoire). C'est un moyen de communication entre l'enquêté et l'enquêteur. Il consiste à poser une série de questions par écrits sur des sujets de relatives à une situation. Cela permet d'obtenir leur opinion, leurs attentes, et leur niveau de connaissance ou de conscience d'un problème ou de tout autre point qui intéresse le chercheur et nécessite des réponses écrites. Cette dernière exigence nous a empêché de l'étendre à l'ensemble de tous nos sujets enquêtés, car il faut le rappeler, les sujets qui ont contribué à réaliser notre travail sont pour la plupart issus du milieu rural et nombreux à ne pas savoir lire et écrire. Notre enquête par questionnaire a donc concerné exclusivement les personnes lettrées qui ont l'habitude de s'exprimer par écrit. Elaborés autour de trois types de questionnaires d'administration « directe » et « indirecte » refermant des questions ouvertes et fermées, cette technique s'est adressée à un nombre restreint de personnes (les responsables institutionnels et autres responsables de service public et privés et quelques enfants travailleurs ainsi que des employeurs et/ ou parents de ces enfants travailleurs). Nous avons alors utilisé : - Deux questionnaires d'administration indirecte ont été adressés. Dont l'un relatif aux conditions de vie et de travail des enfants dans les plantations, aux facteurs susceptibles d'expliquer leur implication dans les travaux champêtres et aux probables conséquences qu'ils subissent au travail ainsi qu'à leurs aspirations sociales : - L'autre a concerné des parents et/ou employeurs des enfants, qui ont essentiellement répondu à des questions de comportement, c'est-à-dire que ces individus nous ont aussi renseigné sur les différentes activités menées par les enfants, mais surtout les traitements auxquels ils sont sujets dans ces espaces de travail et la nature de leur rapport avec eux. Nous voulions par ce genre de questionnaires (d'administration indirecte) éviter toutes situations susceptibles de provoquer des sentiments de désapprobation chez les enquêtés, parce qu'ils sont directement concernés par le phénomène étudié et la dernière catégorie est surtout tenue pour responsables des mauvais traitements dont les enfants travailleurs seraient l'objet. Par ailleurs, nous nous donnions ainsi la possibilité d'avoir des réponses certes pas précises, mais dont l'exploitation pourrait donner lieu à des informations non moins importantes et relatives au sujet de recherche. - Le troisième et dernier questionnaire d'administration directe, basé sur des questions de fait, d'opinion, de croyance et de connaissance était destiné aux responsables institutionnels et autres responsables de services publics et privés non impliquées dans le processus de production du café - cacao, mais qui ont également pu nous éclairer sur notre objet d'étude.
Comme dans les sciences de la nature, la recherche empirique dans les sciences de l'homme et en criminologie en particulier suppose d'abord l'observation des faits à expliquer71(*), l'observation étant une technique de collecte de données qui consiste à observer les faits sociaux que l'on veut étudier. L'acte d'observer met le chercheur dans une situation de captage de données aussi bien observables que non observables. Dans cette optique, il nous est apparu important d'avoir recours à cette technique dans le cadre de notre étude. Ce qui a nécessité notre déplacement sur le lieu de travail des enquêtés, c'est-à-dire dans les plantations afin de les observer nous même pendant l'exécution de leurs différentes taches. Outre l'observation directe, nous avons en second lieu eu recours à l'observation participante qui a permis d'intégrer pendant un peu plus d'un mois, la vie des communautés rurales enquêtées. Mêlés donc au système étudié, nous avons avec les villageois effectué des taches dans les plantations de café - cacao en participant, principalement au ramassage des cabosses de cacao, à la mise en tas des cerises de café à l'écabossage. Nous avons également travaillé dans des plantations de culture vivrières. L'exécution de ces travaux s'est faite sans difficultés pour nous, parce que comme déjà noté, nous avons-nous aussi pendant l'enfance travaillé dans les champs et encore de nos jours, nous continuons à effectuer quelques activités agricoles. Cette dernière observation a été d'autant plus importante que de par ces quelques expériences vécues temporairement dans les zones d'étude, nous avons pu cerner, que le choix ou les motivations, les préférences et les attentes des enfants travailleurs, les attitudes ont pu être plus ou moins cernés. En somme, les observations directes et participantes qui se sont toutes les deux révélées nécessaires pour notre travail de recherche, ont dans une certaine mesure donnée l'occasion d'infirmer ou de confirmer les discours officiels ou récurrents de certains acteurs en rapport avec le travail des enfants. Au total, toutes les techniques de recueil de données n'ont pas été vainement utilisées. Elles ont d'autant plus été importantes qu'elles ont dans la pratique permis d'obtenir diverses informations susceptibles d'éclairer le phénomène étudié et vérifier nos hypothèses de travail. Aussi convient-il d'exposer les méthodes qui ont concouru à interpréter ces données recueillies.
Technique qui permet de faire des inférences en identifiant objectivement et systématiquement les caractéristiques spécifiées du message, l'analyse de contenu a servi à traiter tous les entretiens et les données recueillies. Qu'elles soient latentes ou manifestes, l'analyse du contenu a permis de retenir les informations les plus fréquentes et donc qui paraissent assez objectives et utiles pour la compréhension de notre travail de recherche.
Le recours à l'analyse quantitative nous a permis de quantifier les données recueillies (catégories d'enfants travailleurs, les parents des enfants, les employeurs agricoles des plantations de café-cacao, les responsables institutionnels, les travailleurs d'autres structures modernes etc.). Elle nous a en outre amené à mettre en relation des variables (sexes, âge, niveau d'instruction, religion, type d'habitat...) qui ont éprouvé nos hypothèses. Aussi a-t-on pu mesurer le degré d'implication des enfants aux différentes activités liées au processus de production du café- cacao dans les plantations.
Cette approche a été d'un grand apport dans la compréhension du phénomène étudié en nous édifiant sur les attitudes, les choix et les motivations des adultes (les parents des enfants et les employeurs dans les plantations de café- cacao) utilisant les enfants dans les champs de café- cacao d'une part et sur ceux des enfants d'autre part. L'analyse qualitative nous a permis de cerner les aspirations sociales des enfants travailleurs et les opinions d'autres sujets concernés par les enquêtes.
Les difficultés rencontrées sont de deux ordres. D'abord la question de la documentation fut un réel problème pour nous. Il nous a été très difficile d'avoir des documents sur la manifestation du phénomène car la plupart des documents disponibles traitent de l'insertion sociale des enfants victimes de traite, de l'impact des activités informelles. Il faut adjoindre à cela le manque de données statistiques nationales. Les dernières difficultés nous viennent du terrain. Ces difficultés sont d'ordres techniques. Nous avons eu comme problème majeur la question de la langue. La plupart de ces enfants s'exprime en bambara. Il nous a fallu trouver des traducteurs en langue sur le terrain. Malgré, ces difficultés énumérées nous avons pu obtenir des résultats grâce à nos motivations personnelles et au conseil de notre directeur de thèse qui n'a ménagé aucun effort tant financier qu'humain pour nous pousser au travail. Nous avons eu le soutien financier de l'Etat qui nous a octroyé quatre années de bourse. L'UNICEF, structure qui a en charge au plan international l'éducation et la protection de l'enfant nous a octroyé un ordinateur portable qui nous a permis de saisir notre travail. * 1 O. PETRE-GRENOUILLEAU, Les traites négrières, Essai d'Histoire globale, Paris, Gallimard, 2004. * 2 H. MEMEL-FOTE, Esclavage, traite et droits de l'homme en Côte d'Ivoire de l'époque précoloniale à nos jours, Abidjan, Editions du CERAP, 2006. * 3 O. PETRE-GRENOUILLEAU, Les traites négrières, Essai d'Histoire globale, Paris, Gallimard, 2004. * 4 D. DIENE, La Chaîne et le lien, Paris, Unesco, 1998. * 5 D. DIENE, La Chaîne et le lien, Paris, Unesco, 1998. * 6 C. D. ALVISE, Voyages en Afrique Noire, Paris, Edition Chadeigne, UNESCO, 2003. * 7 OIT/ BIT, Convention n° 182 relative aux pires formes de travail des enfants et l'action immédiate en vue de leur élimination, adopté à Genève le 17 juin 1999, entré en vigueur le 19 novembre 2000. * 8 Ministère du plan et de développement de la République de Côte d'Ivoire, Stratégie de développement de la Côte d'Ivoire, Abidjan, 2007 * 9 Y. DIALLO, Les déterminants du travail des enfants en Côte d'Ivoire, Bordeaux, Mémoire de DEA, Centre d'Economie du développement, Université Montesquieu Bordeaux IV, 1995. * 10 ONU, Convention relative aux Droits de l'Enfant, 1989. * 11 N. J. 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