Ministère de l'Environnement
et du Développement Durable
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D'IVOIRE
Union - Discipline -
Travail
Ministère de l'Enseignement
Supérieur
et de la Recherche Scientifique
ÉCOLE
SUPÉRIEURE D'AGRONOMIE (ESA) BUREAU
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Cycle des Ingénieurs Agronomes
MÉMOIRE DE FIN D'ÉTUDES
Pour l'obtention du Diplôme d'Agronomie
Approfondie (DAA)
Option : Eaux et Forêts
SUIVI PAR TÉLÉDÉTECTION DE
L'ÉVOLUTION DES FORMATIONS VÉGÉTALES ET DU STOCK DE
CARBONE DE LA RÉSERVE DE FAUNE D'ABOKOUAMÉKRO EN VUE DE SON
INTÉGRATION DANS LE MÉCANISME REDD+
Thème :
Période : 05 Septembre 2011 au 05
Mars 2012
Présenté par :
OUATTARA Zana Inzan
41ème Promotion ENSA
Soutenu le Vendredi 06 Juillet 2012 à 10 heures
à l'ESA
MEMBRES DU JURY
Mme TOUALY Wassia Sylvie, Enseignant
chercheur au département FOREN de l'INP-HB,
Présidente du jury ;
Prof. WANDAN Eboua Narcisse, Enseignant
chercheur au département FOREN de l'INP-HB,
Encadreur pédagogique ;
Cne. YAO Marcel, Chef du Service de Suivi des
Programmes Nationaux au MINEDD et Point
Focal National REDD+, Encadreur de terrain ;
M. KOUADIO Bob, Enseignant chercheur au
département FOREN de l'INP-HB, Assesseur
Juillet 2012
DEDICACE
Je dédie ce mémoire à la grande famille
OUATTARA BARA DOH afin qu'elle trouve en ce mémoire ma reconnaissance
pour leur amour, leur abnégation et pour tous leurs sacrifices.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE I
TABLE DES MATIERES II
AVANT-PROPOS ET REMERCIEMENTS IV
LISTE DES TABLEAUX VI
LISTE DES FIGURES VII
LISTE DES ANNEXES VIII
SIGLES ET ABREVIATIONS IX
RESUME X
ABSTRACT XI
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 3
1-1- PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
2
1-1-1- Situation géographique et
administrative
3
1-1-2-Historique
3
1-1-3- Milieu naturel
5
1-1-3-1- Relief
5
1-1-3-2- Sols
5
1-1-3-3- Hydrographie
5
1-1-3-4- Climat
5
1-1-3-5- Flore et végétation
6
1-1-3-6- Faune
7
1-1-4- Milieu humain
8
1-2- INFORMATIONS GENERALES SUR QUELQUES
CONCEPTS
8
1-2-1- Changements climatiques
8
1-2-1-1- Définitions
8
1-2-1-2- Facteurs des changements climatiques
8
1-2-1-3- Rôle des forêts dans les
changements climatiques
10
1-2-2- Mécanisme REDD+
11
1-2-2-1- Définition et origines
11
1-2-2-2- Objectifs
12
1-2-2-3- Activités
12
1-2-2-4- Différentes phases de la mise en
oeuvre du mécanisme REDD+
12
1-2-2-5- Éléments techniques du
mécanisme REDD+
13
1-2-2-6- Marchés du carbone pour les projets
REDD+
15
1-3- NOTIONS GENERALES SUR LA
TELEDETECTION
16
1-3-1-Télédétection
16
1-3-1-1- Définition et principe
16
1-3-1-2- Outils de
télédétection
17
1-3-1-3-Domaine d'application
17
1-3-1-4- Comportement spectrale de la
végétation
17
1-3-1-5- Télédétection en tant
qu'outil de mesure de la déforestation
18
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
19
2-1- LOCALISATION DU SITE DE
L'ÉTUDE
2
2-2- MATERIEL
20
2-2-1- Données satellitaires et
cartographiques
20
2-2-2- Collecte de données de terrain
20
2-2-3- Logiciels
20
2-3- METHODES
21
2-3-1- Evolution de la superficie des formations
végétales de la réserve
21
2-3-1-1- Traitement des images avant les travaux de
terrain
21
2-3-1-2- Travaux de terrain
22
2-3-1-3- Traitement des images après les
travaux de terrain
23
2-3-2- Estimation du potentiel carbone de la
réserve
24
2-3-2-1- Estimation du stock de carbone contenue
dans la biomasse
24
2-3-2-2- Estimation des émissions de
CO2 de la réserve
25
2-3-3-Identification des facteurs de
dégradation
27
CHAPITRE III : RESULTATS ET
DISCUSSION 29
3-1- CARTOGRAPHIE ET EVOLUTION DES
FORMATIONS VÉGÉTALES DE LA RÉSERVE
2
3-1-1- Traitement numérique des images
satellitaires
29
3-1-2- Dynamique des formations
végétales de la réserve de 1989 à 2011
36
3-2- FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA
RÉSERVE
39
3-2-1- Activités agricoles
39
3-2-2- Exploitation forestière
41
3-2-3- Exploitation de charbon de bois et de
produits secondaires
41
3-2-4- Feux de brousse
42
3-2-5- Facteurs socio-économiques
42
3-3- EVALUATION DU STOCK DE CARBONE DE LA
RFA
42
3-3-1- Variation des stocks de carbone en fonction
des types de végétation
42
3-3-2- Evaluation des émissions annuelles de
carbone
44
CONCLUSION ET PERSPECTIVES 46
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 47
AVANT-PROPOS ET REMERCIEMENTS
Le présent rapport est le fruit de six mois de travail
marquant la fin des quatre années d'études à
l'École Supérieure d'Agronomie (ESA) en Cycle des
Ingénieurs Agronomes option Eaux et Forêts. La fin de cette
formation est sanctionnée par le Diplôme d'Agronomie Approfondie
(DAA), option Eaux et Forêts, suite à la soutenance du
mémoire de fin d'études. C'est dans le cadre de la
réalisation de ce mémoire que nous avons effectué un stage
au Ministère de l'Environnement et du Développement Durable
(MINEDD), plus précisément au Bureau Changements Climatiques sur
le thème «Suivi par
télédétection de l'évolution des formations
végétales et du stock de carbone de la réserve de faune
d'Abokouamékro en vue de son intégration dans le mécanisme
REDD+».
La conception de ce rapport doit son succès à la
contribution de bon nombre de personnes. À défaut de tous les
citer ici, nous voulons les remercier collectivement tout en accordant une
attention particulière à certaines d'entre elles.
Ainsi, nous tenons à exprimer nos
remerciements :
- au Directeur du Bureau Changements Climatiques, Dr
KADIO Ahossane, qui a accepté de nous accueillir dans sa
structure pour la réalisation de ce stage ;
- au Capitaine YAO Marcel, Chef du Service de
Suivi des Programmes Nationaux au MINEDD et Point Focal National REDD+, notre
encadreur de terrain, pour son suivi, ses orientations et ses
suggestions ;
- à notre encadreur pédagogique, Prof.
WANDAN Eboua Narcisse pour sa disponibilité, ses
conseils et ses critiques ;
- à Monsieur KOUADIO Kouakou Bob,
Enseignant Chercheur au Département FOREN de l'INP-HB pour sa
contribution à la réussite des travaux de terrain ;
- à tous les enseignants de l'INP-HB qui ont
contribué à notre formation, en particulier ceux du
Département FOREN ;
- à nos parents pour leur soutien affectif, moral et
financier et particulièrement à Papa GNONZIE
pour avoir tracé le sillon ;
- à Mlle KONE T. Nabintou pour ses
encouragements et son soutien inconditionnel ;
- à nos amis de la 41ème et
42ème promotion ENSA pour leur soutien moral.
Pour finir, nous tenons à exprimer notre gratitude
à tous ceux qui nous ont soutenu, encouragé et aidé sur
tous les plans tout le long de nos études jusqu'à
l'accomplissement de ce mémoire.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I : Espèces forestières de la
Réserve de Faune d'Abokouamékro 6
Tableau II : Espèces savanicoles de la réserve de
faune d'Abokouamékro 7
Tableau III : Répartition des parcelles à visiter
22
Tableau IV : Matrice de confusion de la classification
dirigée 1989 34
Tableau V : Matrice de confusion de la classification
dirigée 1999 34
Tableau VI : Matrice de confusion de la classification
dirigée 2011 35
Tableau VII : Synthèse de l'évaluation des
classifications dirigées 35
Tableau VIII : Taux de variation des formations
végétales de la réserve entre 1989 et 2011 38
Tableau IX : Stock de carbone de la RFA par type de formation
végétale 43
Tableau X : Émissions annuelles de CO2 de la
réserve 44
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Localisation de la réserve de
faune d'Abokouamékro dans le réseau des Parcs nationaux et
réserves (LAUGINIE, 2007)
2
Figure 2 : Pluviosité moyenne mensuelle de
Yamoussoukro de 2001 à 2009
6
Figure 3 : Description du phénomène
de l'effet de serre (IPCC, 1996)
9
Figure 4 : Graphique des sources d'émission
anthropique de gaz à effet de serre dans le monde (GIEC, 2007)
10
Figure 5 : Graphique d'illustration d'un projet
additionnel
13
Figure 6 : Matérialisation du niveau de
référence (RANE et PETER, 2009)
14
Figure 7 : Schéma du processus de capture et
d'enregistrement des informations en télédétection (CCT,
2007)
16
Figure 8 : Courbe de réflectance des
végétaux, sols et eaux (SOUDANI, 2006)
18
Figure 9 : Localisation de la réserve de
faune d'Abokouamékro
19
Figure
10 : Forme et dimension d'une placette utilisée lors de la collecte des
données
22
Figure 11 : Localisation des parcelles
inventoriées dans la réserve de faune d'Abokouamékro
23
Figure
12 : Synthèse des traitements
28
Figure 13 : Récapitulatif du traitement de
l'image satellitaire ETM+ 4-5-3
29
Figure 14 : Un îlot forestier sur une colline
dans la réserve
30
Figure 15 : Une forêt galerie dans la
réserve
30
Figure 16 : Une savane boisée dans la
réserve
31
Figure 18 : Une savane arbustive dans la
réserve
32
Figure
17 : Savane arborée dans la réserve
32
Figure 19 : Classification dirigée de
l'image LANDSAT ETM+ de 1999
33
Figure
20 : Cartes de végétation des images de 1989, 1999 et 2011
37
Figure 21 : Evolution des formations
végétales de la RFA de 1989 à 2011
38
Figure 22 : Champ de cultures vivrières au
sein de la réserve
39
Figure 23 : Exploitations agricoles au sein de la
réserve en mai 2012
40
Figure 24 : Zones de fortes et de faibles pressions
agricoles de la RFA
40
Figure 25 : Exploitation frauduleuse dans la
réserve (OIPR, 2007)
41
Figure 26 : Arbre abattu au sein de la
réserve (près de Pranoua)
42
Figure 27 : Répartition spatiale du carbone
de la réserve
43
Figure 28 : Potentiel de séquestration
carbone de la RFA en 1989, 1999 et 2011
44
LISTE DES ANNEXES
Annexe I : Les gaz à
effet de serre anthropiques 51
Annexe II : Caractéristiques des bandes spectrales
ETM+ 52
Annexe III : Les phases
du mécanisme REDD+ 53
Annexe IV : Caractéristiques des parcelles
inventoriées dans les îlots forestiers et forêts galeries
54
Annexe V : Les cultures pratiquées dans la
réserve de la RFA 54
Annexe VI : Nombre d'individus en fonction des classes de
diamètres 55
Annexe VII : Modèle de conception d'une
équation allométrique 56
Annexe VIII : Fiche d'entretien 57
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACCN : Action Culturelle pour la
Conservation de la Nature
BNETD : Bureau National d'Étude
Technique et de Développement
CCNUCC : Convention Cadre des Nations
Unies sur les Changements Climatiques
DPN : Direction de la Protection de la
Nature
ENVI : Environmental for Visualising
Image (environnement pour visualiser les images)
ETM : Enhanced Thematic Mapper
(carte thématique améliorée)
FAO : Organisation des Nations Unies
pour l'alimentation et l'agriculture
GFD : Gestion Forestière Durable
GIEC : Groupe d'experts
Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat
GES : Gaz à Effet de Serre
LANDSAT : LAND observation SATellite
(Satellite d'observation de la terre)
MDP : Mécanisme pour un
développement propre
MEMPD : Ministère d'État,
Ministère du Plan et du Développement
MINEDD : Ministère de
l'Environnement et du Développement Durable
MRV : Mesure, Rapportage et
Vérification
OIPR : Office Ivoirien des Parcs et
Réserves
ONG : Organisation Non Gouvernemental
ONU-REDD : Programme de collaboration
des Nations Unies pour la réduction des émissions liées
à la déforestation et à la dégradation des
forêts dans les pays en voie de développement
REDD+ : Réduction des
Émissions de gaz à effet de serre dues à la
Déforestation et à la Dégradation des forêts dans
les pays en développement, et le rôle de la conservation, la
gestion durable des forêts et de l'augmentation des stocks de carbone
forestiers dans les pays en développement
RFA : Réserve de Faune
d'Abokouamékro
SODEFOR : Société de
Développements des Forêts
SODEPRA : Société de
Développement de la Production Animale
TM : Thematic Mapper (Carte
thématique)
UICN : Union mondiale pour la nature
RESUME
La Réduction des Émissions de gaz à effet
de serre dues à la Déforestation et à la
Dégradation des forêts (REDD+) est une initiative récente
qui vise à lutter contre les changements climatiques par la
préservation des forêts tropicales. La présente
étude visait à évaluer la variation des formations
végétales de la réserve de faune d'Abokouamékro et
de son potentiel de séquestration carbone en prélude à
l'élaboration d'un projet REDD+. Elle consistait aussi à
identifier les causes et les facteurs de la dégradation de la
réserve. La télédétection a servi à
cartographier la dynamique de la couverture végétale de 1989
à 2011. Le stock de carbone de la réserve a été
estimé en intégrant les données de l'inventaire forestier
dans une équation allométrique. L'analyse des résultats
montre que cette réserve a connu une perte de sa couverture
forestière de l'ordre de 22,98% sur les 20 dernières
années. Les îlots forestiers/forêts galeries, les savanes
boisées et les savanes arborées/arbustives sont les formations
végétales identifiées dans la réserve. Celles-ci
stockent respectivement 164,84 ; 62,80 et 13,69 t C/ha. Environ 50% de ce
stock de carbone est contenu dans les îlots forestiers et forêts
galeries, qui ne couvrent que 12% de la superficie de la réserve. Il
ressort de cette étude que la réserve de faune
d'Abokouamékro subit des pressions anthropiques très
élevées et que son potentiel de séquestration carbone
s'amenuise au fil des ans. Une éventuelle stratégie de
réhabilitation de cette réserve devra tenir compte des causes
directes et indirectes de sa dégradation. Dans cette stratégie,
un accent doit être mis sur l'amélioration des conditions de vie
des populations riveraines.
Mots clés : changements
climatiques, REDD+, télédétection, équation
allométrique, stock de carbone.
ABSTRACT
Reducing carbon Emissions from Deforestation and Degradation
in developing countries is of central importance in efforts to combat climate
change. This study evaluated the variation of vegetation in the wildlife
reserve of Abokouamekro and its potential for carbon sequestration. It was also
to identify the causes and factors of degradation of the reserve.
Remote-sensing has been used to map the dynamics of forest from 1989 to 2011
and the carbon stocks has been estimated by using an allometric relationships.
It appears from this study that about 22.98% of forest cover was destroyed in
the past 20 years. The vegetation of this reserve store 13.69 t C / ha to
164.84 t C/ha. About 50% of this stock is contained in forest islands and
gallery forests, which cover 12% of the reserve size. This study shows that the
wildlife reserve of Abokouamekro undergoes very high anthropogenic pressures
and its capacity to store carbon is decreasing over time. A possible strategy
for the rehabilitation of this reserve must take into account direct and
indirect causes of its deterioration. In this strategy, an emphasis should be
on improving the living conditions of local residents.
Key words: climate change, REDD+,
Remote-sensing, allometric relationships, carbon stock.
INTRODUCTION
Sur la totalité des émissions annuelles de gaz
à effet de serre générées par les activités
humaines depuis 1990, 20% proviennent des changements d'usage des sols (GIEC,
2007) et en particulier de la déforestation et de la dégradation
des forêts en milieu tropical (PAN et al, 2011). De ce fait, la
déforestation et la dégradation accentuent le
phénomène des changements climatiques (BOER et al, 2000). Face
à ce constat, un mécanisme qui prend en compte la lutte contre la
déforestation et de la dégradation des forêts dans les pays
tropicaux a été mis en place sous la dénomination de REDD+
(Réduction des Émissions de gaz à effet de serre dues
à la Déforestation et à la Dégradation des
forêts). Ce mécanisme de la Convention Cadre des Nations Unies sur
les Changements Climatiques (CCNUCC) a pour objectif de rémunérer
les pays qui font des efforts pour lutter contre la déforestation et la
dégradation forestière, mais aussi pour conserver et augmenter
les stocks de carbone forestiers et gérer durablement les forêts.
Ce dispositif est déjà expérimenté avec
succès dans certains pays du bassin du Congo. Au regard de ce
succès, la Côte d'Ivoire s'est engagée dans le
mécanisme REDD+. Elle a été admise depuis Juin 2011 au
programme ONU-REDD. Ce mécanisme constitue une opportunité pour
la Côte d'Ivoire de bénéficier des fonds
multilatéraux pour la restauration et la gestion durable de son couvert
forestier qui est fortement dégradé. En effet, ce couvert
forestier est passé de 12 millions d'ha en 1960 à moins de 3
millions d'ha en 2007 (MEMPD, 2009). Un des défis du Ministère de
l'Environnement et du Développement Durable (MINEDD) est de convertir
l'ensemble des efforts de conservation des forêts ivoiriennes (Parcs
nationaux, Réserves, Forêts Classées, Reboisement du
domaine rural, etc.) en projet REDD+. Elle compte ainsi contribuer à la
lutte mondiale contre le réchauffement climatique. Mais, la mise en
place d'un tel mécanisme, nécessite des données fiables
sur la variation des superficies forestières et du stock de carbone
forestier du pays. C'est dans l'optique de contribuer à la mise en place
de ce mécanisme en Côte d'Ivoire que nous avons mené
l'étude portant sur le thème « Suivi par
télédétection de l'évolution des formations
végétales et du stock de carbone de la réserve de faune
d'Abokouamékro en vue de son intégration dans le mécanisme
REDD+ ».
L'objectif global de cette étude est de contribuer
à la lutte contre les changements climatiques en fournissant des
connaissances sur la dynamique de la végétation et du stock de
carbone en vue de faciliter la mise en place d'un projet REDD+ pour la
réserve de faune d'Abokouamékro.
Cette étude vise plus spécifiquement à :
- cartographier et à décrire les formations
végétales de la réserve ;
- identifier les causes et les facteurs de la
dégradation de la réserve ; et
- estimer le stock de carbone de la réserve.
Le présent rapport s'articulera autour de trois
parties. La première partie présente les
généralités sur la zone d'étude et les concepts
liés à l'étude. La deuxième partie décrit le
matériel et les méthodes utilisés. La troisième
partie porte sur l'analyse des résultats, suivie de leur
interprétation et discussion.
CHAPITRE I :
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1-1- PRESENTATION DE LA
ZONE D'ETUDE
1-1-1- Situation géographique et administrative
La Réserve de Faune d'Abokouamékro,
créée par décret N°93-695 du 19 août 1993,
couvre une superficie de 20 430 ha dont la partie sud, d'une superficie de
7 230 ha avait été aménagée et
entièrement clôturée. Cette réserve est
située au centre de la Côte d'Ivoire, au coeur du ''V
Baoulé'. Elle fait partie du réseau des parcs nationaux et
réserves géré par l'OIPR (Figure 1). Il s'agit d'un
réseau de huit (8) parcs nationaux et six (6) réserves naturelles
répartis sur l'ensemble du territoire national de façon à
représenter un large échantillon des différents
écosystèmes du pays. Ces aires protégées couvrent
une superficie totale de 2 100 000 hectares, soit environ 6,5 % du
territoire national.
La réserve de faune d'Abokouamékro est à
cheval sur trois (3) sous-préfectures :
- Attiégouakro (District de Yamoussoukro) ;
- Dimbokro (Département de Dimbokro) ; et
- Tiébissou (Département de
Tiébissou).
L'entrée principale de la RFA (porte des lacs) est
à 30 km à l'est de Yamoussoukro, 35 km au nord de Toumodi et 40
km à l'ouest de Dimbokro. Ce qui lui confère un accès
assez facile à partir de ces grands centres urbains.
1-1-2-Historique
La réserve de faune d'Abokouamékro est issue
d'un ancien projet d'élevage de gibier dont la gestion était
confiée à une ONG française dénommée Action
Culturelle pour la Conservation de la Nature (ACCN). Cette réserve porte
le nom d'un village riverain dénommé Abokouamékro. Elle a
changé plusieurs fois de statut. En effet, initialement appelée
parc animalier, elle est passée sous le nom de société du
parc d'Abokouamékro en 1988, suite à des études de
faisabilité réalisées par l'ACCN (ACCN, 1988a). Cette ONG
est à l'origine de la majeure partie des réalisations que l'on
trouve dans la réserve. A partir de 1991, sa gestion fut reprise en main
par des experts sud-africains en partenariat avec l'État de Côte
d'Ivoire. En Août 1993, la société du parc
d'Abokouamékro fût érigée en réserve de faune
d'Abokouamékro, par décret n° 93-695 du 19 Août 1993.
A partir de cette 1995, la réserve est gérée exclusivement
par l'administration ivoirienne à travers la Direction de la Protection
de la Nature (DPN). Depuis le 11 Février 2002, sa gestion a
été confiée à l'Office Ivoirien des Parcs et
Réserves (OIPR) par la loi n° 2002-102 du 11 Février 2002.
N
Figure 1 : Localisation de la
réserve de faune d'Abokouamékro dans le réseau des Parcs
nationaux et réserves (LAUGINIE, 2007)
1-1-3- Milieu naturel
1-1-3-1- Relief
Le relief est dominé par une succession de collines
appelées « chaîne baoulé ». Au sud,
hors de la RFA, le Mont Kounyé culmine à 528 m d'altitude. Dans
son prolongement, le Mont Soyéna culmine dans la réserve à
441 m d'altitude. Les points culminants sont marqués
par des reliefs tabulaires avec une cuirasse massive, épaisse et parfois
bauxitique. Par endroit, des glacis se sont développés au pied
des collines (LAUGINIE, 2007).
1-1-3-2- Sols
Les sols de la RFA se rattachent principalement à deux
grands groupes :
- les sols ferralitiques moyennement désaturés
issus des granites de la pénéplaine du Nord et du Nord-ouest. Ils
occupent aussi le piedmont schisteux des collines ;
- les sols ferrugineux tropicaux qui se développent sur
les matériaux appauvris issus des granites de la
pénéplaine du Nord et Nord-ouest où ils alternent avec les
sols ferralitiques.
On rencontre également, sur les coulées de
roches basiques des collines, des sols ferralitiques faiblement
désaturés et des sols hydromorphes au bas des pentes et dans les
bas-fonds (PERRAUD, 1971).
1-1-3-3- Hydrographie
Le réseau hydrographique est formé
principalement par les rivières Kan et Kpra. Ces deux rivières
sont des affluents de la rivière N'Zi, elle-même affluent du
fleuve Bandama. La rivière Kan se situe à la limite de la
réserve au sud-ouest et draine ensuite les parties centrale et
septentrionale grâce à ses affluents. Une retenue de 350 ha a
été réalisée sur cette rivière à
l'intérieur de la réserve (ME, 2005).
1-1-3-4- Climat
Le climat de la zone d'étude est celui du secteur
mésophile guinéen, plus précisément le type
subéquatorial baouléen. Ce climat présente un
régime à quatre saisons constituées de deux saisons
pluvieuses et deux saisons sèches.
La pluviométrie annuelle est comprise entre 992 et 1
365 mm avec une moyenne de 1 036 mm de pluie par an. La température
moyenne mensuelle est de 26°C avec une forte amplitude journalière
(plus de 10°C) en pleine saison sèche. L'humidité relative
moyenne est voisine de 75 % (LAUGINIE, 2007).
Figure 2 : Pluviosité moyenne
mensuelle de Yamoussoukro de 2001 à 2009
1-1-3-5- Flore et végétation
La végétation de la Réserve de Faune
d'Abokouamékro est caractérisée par une mosaïque de
forêt-savane, constituée d'îlots forestiers, de forêts
galeries et de savanes (2007).
· Formations forestières
Les îlots forestiers sont situés sur les pentes
des collines et certains plateaux. Les forêts galeries sont quant
à elles situées le long des cours d'eau. Les espèces
caractéristiques sont citées dans le Tableau I.
Tableau I : Espèces
forestières de la Réserve de Faune d'Abokouamékro
NOMS SCIENTIFIQUES
|
FAMILLES
|
Afzelia africana
|
Cesalpiniaceae
|
Aubrevillea kerstingii
|
Sterculiaceae
|
Albizzia coriana
|
Cesalpiniaceae
|
Erythrophleum suaveolens
|
Cesalpiniaceae
|
Berlina grandiflora
|
Cesalpiniaceae
|
Cynometra megalophylla
|
Rubiaceae
|
Pterocarpus santalinoides
|
Papilionaceae
|
Cola laurifolia
|
Sterculiaceae
|
Raphia spp
|
Palmaceae
|
Ceiba pentandra
|
Bombacaceae
|
· Formations savanicoles
Les formations savanicoles sont représentées par
la savane boisée, la savane arborée et la savane arbustive. Les
principales essences sont consignées dans le tableau II.
Tableau II : Espèces
savanicoles de la réserve de faune d'Abokouamékro
NOMS SCIENTIFIQUES
|
FAMILLES
|
Borassus aethiopum
|
Arecaceae
|
Daniellia oliveri
|
Caesalpiniaceae
|
Lophira lanceolata
|
Ochnaceae
|
Ficus capensis
|
Moraceae
|
Hymenocardia acida
|
Hymenocardiaceae
|
Afrormosia laxiflora
|
Papilionaceae
|
Annona senegalensis
|
Annonaceae
|
Lippia multiflora
|
Verbenaceae
|
Cochlospermum planchoni
|
Cochlospermaceae
|
Hyparrhenia chrysargyrea
|
Poaceae
|
1-1-3-6- Faune
La faune originelle de la RFA était composée de
très peu d'espèces : le céphalophe à flanc
roux (Cephalophus rufilatus, Cephalophinae) et de maxwell
(Cephalophus monticola maxwelli, Cephalophinae), l'hippopotame
amphibie (Hippopotamus amphibius, Hippopotamidae), le cobe de Buffon
(Kobus kob kob, Reduncinae), le Guib harnaché (Tragelaphus
scriptus, Tragelaphinae), de nombreux rongeurs dont l'aulacode
(Thryonomis swinderianus, Hystricidae) et divers singes dont le Patas
(Erythrocebus patas, Cercopithecidae) (ACCN,1988 b).
De 1988 à 1993, un repeuplement de la RFA en faune a
été effectué. Plus de 750 animaux ont été
introduits pour le tourisme de vision :
- des éléphants (Loxodonta
africana) et des rhinocéros blanc (Ceratotherium
simum), tous importés d'Afrique du Sud (Figure ) ;
- des cobes de Buffon (Kobus kob kob), des bubales
(Alcephalus buselaphus major), des buffles (Syncerus caffer
nanus var. savanensis), des hippotragues (Hippotragus
equinus), des cobes Défassa (Kobus ellipsiprymnus
defassa). Ces animaux furent capturés dans le parc de la
Comoé et de la Marahoué.
Suite à la destruction de
la clôture de la réserve par les populations riveraines en 2002,
des animaux se sont échappés de la réserve.
1-1-4- Milieu humain
La population riveraine de la réserve est
estimée à 12 679 habitants (INS, 1998) et répartie en
22 villages dont 07 dans la zone aménagée. Ces villages sont
peuplés par des Baoulés repartis en 3 tribus :
- Nanaffouè dans les villages de la
sous-préfecture d'Attiégouakro ;
- Ahitou dans les villages de la sous-préfecture de
Tiébissou ;
- Fahafouè dans les villages de la
sous-préfecture de Dimbokro.
Les allochtones sont composés essentiellement des
malinkés. Quant aux allogènes, il s'agit des Burkinabé,
Béninois, Ghanéens, Maliens et Nigériens.
Les populations des villages riverains d'Abokouamékro
sont généralement des agriculteurs, des chasseurs et des
pêcheurs.
1-2- INFORMATIONS GENERALES
SUR QUELQUES CONCEPTS
1-2-1- Changements climatiques
1-2-1-1- Définitions
On entend par «changements climatiques» des
changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement
à une activité humaine altérant la composition de
l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à la
variabilité naturelle du climat observée au cours des
périodes comparables (CCNUCC, 1992).
Pour le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution
du climat, le changement climatique s'entend d'une variation de l'état
du climat que l'on peut déceler par des modifications de la moyenne
et/ou de la variabilité de ses propriétés et qui persiste
pendant une longue période, généralement pendant des
décennies ou plus.
Le changement climatique actuel est le fait d'une augmentation
de 0,8 °C, cela peut encore aller jusqu'à plus de 1°C, mais si
elle augmente au-delà de 2°C, il y a à craindre une grave
catastrophe (GIEC, 2007).
1-2-1-2- Facteurs des
changements climatiques
Des preuves scientifiques sans équivoque
démontrent que la rapidité à laquelle se produisent
actuellement les changements climatiques tient à l'augmentation des
concentrations en gaz à effet de serre, en particulier du dioxyde de
carbone, dans l'atmosphère (GIEC, 2007). Les gaz à effet de
serre (GES) sont les constituants gazeux de l'atmosphère, tant naturels
qu'anthropiques, qui absorbent et réémettent le rayonnement
infrarouge
(Figure 3). Les concentrations en dioxyde de carbone sont
maintenant à leur niveau le plus élevé dans
l'atmosphère depuis plus de 650 000 ans, et dépassent tous les
autres facteurs qui contribuent aux changements climatiques (GIEC, 2007). Bien
que les processus naturels puissent rejeter ces gaz dans l'atmosphère,
des analyses révèlent que les gaz supplémentaires portent
la signature chimique unique de la combustion du charbon et du pétrole,
et non la marque de gaz rejetés par les volcans ou les geysers. En
outre, les modèles climatiques montrent que les augmentations de
température observées actuellement ne peuvent être
expliquées que si l'on prend en compte les activités humaines.
De nombreux GES interviennent dans le réchauffement
climatique, dont principalement six qui figurent sur la liste du Protocole de
Kyoto à savoir :
- dioxyde de carbone (CO2) ;
- méthane (CH4) ;
- oxyde nitreux (N2O) ;
- hydrofluorocarbones (HFC) ;
- hydrocarbures perfluorés (PFC) ;
- hexafluorure de Soufre (SF6).
Figure 3 : Description du
phénomène de l'effet de serre (IPCC, 1996)
1-2-1-3- Rôle des forêts dans les changements
climatiques
Responsables d'environ 20 % des émissions de gaz
à effet de serre dans le monde (GIEC, 2007), la déforestation et
la dégradation des forêts sont la troisième cause du
réchauffement de la planète (Figure 4). En effet, lorsque les
forêts sont converties à d'autres usages (agriculture ou
élevage), soumises à l'exploitation forestière, elles
libèrent le carbone stocké dans leur système sous forme de
CO2 et de CH4, devenant ainsi un contributeur au
réchauffement climatique. Depuis 1850, la déforestation a
libérée environ 120 Gt de carbone dans l'atmosphère (FAO,
2006). Cependant, lorsque les forêts ne sont pas défrichées
ou dégradées, elles séquestrent et emmagasinent du
carbone. Elles sont pour cette raison considérées comme des
réservoirs à carbone. On estime que les forêts du globe
stockaient environ 289 gigatonnes (Gt) de carbone dans leur biomasse, 38
gigatonnes dans le bois mort et 317 gigatonnes dans les sols (couche
superficielle de 30 cm) et la litière (FAO, 2010a). Les forêts
apparaissent ainsi comme un outil clé d'atténuation du changement
climatique.
Figure 4 :
Graphique des sources d'émission anthropique de gaz à effet de
serre dans le monde (GIEC, 2007)
1-2-1-4- Négociations internationales sur les
changements climatiques imputables aux forêts
C'est à la suite de débats intenses, que l'on a
inclus dans le Protocole de Kyoto la question des forêts, ainsi que de
l'utilisation des terres, du changement d'affectation des terres et de la
foresterie (FAO, 2011). Mais dans le protocole de Kyoto, la thématique
de la déforestation dans les pays en voie de développement n'a
pas été prise en compte (NASI et al). Le protocole de
Kyoto n'autorise que les activités de boisement et de reboisement dans
le cadre du Mécanisme pour un Développement Propre (MDP) (FAO,
2011).
Pourtant la déforestation et les changements du couvert
terrestre sont sources d'émission de 1,7 Gt de CO2 chaque
année dans l'atmosphère (GIEC, 2007) ; et selon le rapport
Stern (STERN, 2006), la lutte contre la déforestation est un moyen
très efficient de réduire les émissions de GES. Suite
à ces rapports, les négociations de la CCNUCC se sont fortement
concentrées ces dernières années sur les forêts.
Ainsi en 2007, lors de la 13ème conférence des parties
(COP 13) de Bali, les parties à la Convention ont décidé
de la mise en place d'un mécanisme REDD dans le cadre du régime
climatique post 2012 (AFD, 2011).
1-2-2- Mécanisme REDD+
1-2-2-1- Définition et
origines
REDD+ signifie Réduction des Émissions dues
à la Déforestation et à la Dégradation des
Forêts. Cette expression a été utilisée pour la
première fois dans sa forme abrégée RED (Réduction
des émissions dues à la déforestation) lors de la
11ème Conférence des Parties des Nations Unies (COP
11) à Montréal en 2005 par ''The Coalition for
Rainforest Nations'' dirigée par la
Papouasie-Nouvelle-Guinée (CHARLIE et al, 2009). L'initiative
de cette organisation s'inscrivait dans une logique de plaidoirie
visant à promouvoir le paiement de compensations aux pays en
développement qui réduiraient leur taux nationaux de
déforestation (ANGELSEN, 2009). L'ajout de `Dégradation' à
l'acronyme initial résulte de l'observation que la dégradation
des forêts dans certains pays en développement est autant
menaçante que la déforestation pour les écosystèmes
forestiers (CHARLIE et al, 2009). Bien accueilli à la COP 11,
le concept a été affiné, développé et
adopté officiellement lors de la COP 13 à Bali, en
Indonésie en 2007 sous la forme de la REDD (CCNUCC, 2007). A la suite
des discussions lors de la 14ème COP à Poznan, en
Pologne en 2008, il a été décidé que REDD devrait
évoluer vers REDD+ pour englober toutes les initiatives pouvant
accroître le potentiel d'absorption de carbone des forêts
(ANGELSEN, 2009). L'insertion du signe '+' sur le sigle REDD vise à
étendre ce mécanisme pour incorporer l'ensemble des
opérations visant la préservation, la restauration et la gestion
durable des écosystèmes forestiers. Après la clarification
de son identité et de sa mission, REDD+ a gagné une importance
accrue et depuis 2008, il est devenu un instrument clé pour les pays
forestiers tropicaux dans les négociations sur le changement climatique
menées au sein des Nations Unies (AFD, 2011).
1-2-2-2- Objectifs
L'accueil favorable de REDD+ au sein de la communauté
internationale, son soutien par les bailleurs de fonds et sa promotion dans le
cadre des négociations de la CCNUCC s'expliquent principalement par le
rôle important des forêts (surtout tropicales) dans la
régulation du climat mondial. REDD+ a comme objectif principal de
réduire les émissions de carbone résultant de la
déforestation dans les pays en développement (AFD, 2011). Deux
grands principes sous-tendent le mécanisme REDD+ (CHARLIE et
al, 2009) :
- une compensation financière appropriée doit
être fournie aux pays forestiers en développement en
échange de leurs efforts pour préserver leurs forêts
naturelles, ou participer aux initiatives de gestion forestière durable
(GFD) ;
- la compensation financière doit être
suffisamment incitative pour ces pays, de sorte que, lorsqu'ils ont le choix
entre préserver les forêts ou les défricher, ils optent
pour leur conservation.
1-2-2-3- Activités
REDD+ est un mécanisme basé sur les
résultats comportant 5 activités principales (FAO, 2011) :
- réduction des émissions dues au
déboisement ;
- réduction des émissions dues à la
dégradation des forêts ;
- gestion durable des forêts ;
- conservation des stocks de carbone forestiers ; et
- accroissement des stocks de carbone forestiers.
La REDD+ est un mécanisme basé sur les
résultats, les récompenses liées à la REDD+ se font
donc ex-post suite à la vérification des résultats. Les
résultats sont mesurés et vérifiés par rapport
à un niveau de référence.
1-2-2-4- Différentes phases
de la mise en oeuvre du mécanisme REDD+
Il y a un consensus général dans les
négociations en cours sur une approche à trois phases dans les
opérations de mises en oeuvre de REDD+ (ANGELSEN et al, 2009) :
· La Phase 1 ou stade
préparatoire. A ce niveau les pays préparent leur
stratégie nationale REDD+ en organisant des consultations multipartites,
en renforçant les capacités de surveillance, de rapportage et de
vérification (MRV) et en menant des activités de
démonstration.
· La Phase 2 considérée
comme phase de « préparation plus avancée ». Les pays
se concentrent sur le développement des politiques et mesures de mise en
oeuvre des opérations de réduction des émissions tels que
décrites dans la stratégie nationale.
· La phase 3 encore appelée phase
de pleine «conformité» à la CCNUCC. Au cours de cette
phase, les pays forestiers tropicaux sont rémunérés
exclusivement pour la quantification des réductions d'émissions
et la séquestration du carbone grâce à une augmentation des
capacités de stockage, attestée à partir d'une base de
référence ayant fait l'objet d'un accord préalable.
1-2-2-5- Éléments techniques du mécanisme
REDD+
Il existe un certain nombre de questions et de
difficultés techniques dans la conception et la mise en oeuvre de tout
projet REDD+. Les principales questions sont l'additionnalité du projet,
la définition des niveaux de références, les fuites, la
permanence et la mise en place d'un système MRV (Mesure, Rapportage,
Vérification).
·
Additionnalité
Un projet REDD+ est additionnel si les réductions des
émissions réalisées par le projet n'auraient pas
été possibles sans le projet. La figure ci-après
présente l'exemple d'un projet additionnel.
Figure 5 : Graphique d'illustration d'un
projet additionnel
· Niveaux de
référence (Scénario de
référence)
Le scénario de référence
représente de façon raisonnable les émissions anthropiques
issues des sources de gaz à effet de serre (GES) qui seraient produites
en l'absence de projets REDD+ (Figure 6).
Figure 6 :
Matérialisation du niveau de référence (RANE et PETER,
2009)
· Fuites
Les fuites sont définies comme la variation nette des
émissions anthropiques par les sources de gaz à effet de serre
qui se produit en dehors du périmètre du projet, qui est
mesurable et imputable à l'activité de projet.
·
Permanence
La notion de permanence renvoie à la résilience
d'un projet face à des changements potentiels qui pourraient amener le
carbone stocké à être rejeté à une date
ultérieure. Bien que tous les secteurs aient un risque de non
permanence, les projets de carbone forestier sont placés sous une
surveillance particulière en raison d'une perception de risque de
mauvaise gestion, d'incendies, de ravageurs, etc., pouvant conduire à la
destruction de la forêt et par conséquent à des
émissions de carbone.
· Mesure, Rapportage,
Vérification (MRV)
Pour réduire de façon durable et dans les
délais fixés les émissions de gaz à effet de serre
liées aux forêts et remplir d'autres objectifs REDD+, il est
indispensable de disposer de systèmes nationaux de MRV et de suivi
pleinement opérationnels et durables. Les réductions des
émissions réalisées par un projet seront certifiées
au travers du processus de vérification, et à partir de ce stade,
elles pourront être vendues, échangées ou retirées.
Un suivi par satellite et sur le terrain devra se poursuivre tout au long du
projet pour s'assurer que les réductions des émissions sont
permanentes.
1-2-2-6- Marchés du carbone pour les projets REDD+
A l'heure actuelle, il n'existe pas de marché
règlementaire du carbone pour le mécanisme REDD+. Mais, il existe
plusieurs marchés volontaires du carbone pour les projets REDD+.
Sur les marchés volontaires du carbone, il existe
plusieurs standards qui certifient ou ambitionnent de certifier des
crédits générés par des projets REDD+.
Nous distinguons deux catégories de standards :
- ceux qui permettent de générer des actifs
carbone exprimés en tonnes d'émissions de CO2
évitées, selon des règles et critères
prédéfinis relatifs aux risques de non permanence, de non
additionnalité et de fuites ainsi que sur l'évaluation de
l'impact climatique net du projet. Parmi les plus connus, on mentionnera le
Voluntary Carbon Standard (VCS), le Chicago Climate Exchange
(CCX), le Climate Action Reserve (CAR), Plan Vivo et le
American Carbon Registry (ACR).
- ceux qui garantissent la qualité du projet dans son
ensemble sans permettre de générer de crédits, mais en
s'intéressant généralement à des dimensions
connexes comme la biodiversité ou les impacts sociaux et
économiques du projet : les standards de la Community, Climate and
Biodiversity Alliance (CCBA) et ceux de Social Carbon.
À noter qu'à l'heure actuelle :
- seuls les standards CCBs et Plan Vivo ont effectivement
certifié des projets REDD+ dans les pays tropicaux ;
- le standard CAR a certifié des projets de gestion
forestière améliorée (IFM) ;
- le standard Social Carbon est prêt pour
certifier les projets REDD+, mais il ne certifie que des projets qui ont
déjà été certifiés par un standard carbone.
Or, aucun projet REDD+ n'a été validé par un standard
carbone à ce jour (à l'exception des projets Plan Vivo, mais qui
génèrent des certificats Plan Vivo qui ne sont pas reconnus par
Social Carbon).
- le VCS est en cours de validation des méthodologies
REDD+. Aucun projet REDD+ VCS n'est aujourd'hui validé.
Une étude réalisée par CALMEL et
al (2012), a permis d'identifier 133 projets REDD+ au niveau mondial. Et
sur ces 133 projets, 80 % sont des projets REDD+ (Standard VCS) pour la
plupart développés dans des pays forestiers tropicaux, et 20 %
sont des projets IFM (dont 85% sont développés dans des pays de
l'Annexe 1). Près de 40 % des projets REDD+ inventoriés sont
situés sur le continent latino-américain.
1-3- NOTIONS GENERALES SUR
LA TELEDETECTION
1-3-1-Télédétection
1-3-1-1- Définition
et principe
La
télédétection est la technique qui, par l'acquisition
d'images, permet d'obtenir des informations sur la surface de la terre sans
rentrer en contact direct avec celle-ci. Le principe de la
télédétection est basé sur la capture et
l'enregistrement de l'énergie d'un rayonnement
électromagnétique émis ou réfléchi, le
traitement et l'analyse de l'information et la mise en application de cette
information (CCT, 2002).
Il existe essentiellement deux (2) formes de
télédétection :
La télédétection active : elle
utilise des capteurs actifs qui sont à la fois émetteurs et
récepteurs (les radars, les lasers etc.)
La télédétection passive : elle
utilise des capteurs passifs qui sont uniquement des récepteurs
(radiomètres, caméras, spectroradiomètres, etc.), la
source d'énergie est le plus souvent le soleil. La figure 7 montre le
processus de capture et d'enregistrement des informations en
télédétection (CCT, 2007).
Figure 7 : Schéma du processus de
capture et d'enregistrement des informations en
télédétection (CCT, 2007)
· A: une source d'énergie ou
d'illumination pour illuminer la cible;
· B: Interaction rayonnement et
atmosphère : durant son parcours entre la source
d'énergie et la cible, le rayonnement interagit avec
l'atmosphère.
· C : interaction avec la cible:
une fois parvenue à la cible, l'énergie interagit avec la surface
de celle-ci;
· D : enregistrement de l'énergie par
le capteur: l'énergie émise ou diffusée par la
cible est captée puis enregistrée;
· E : transmission, réception et
traitement: l'énergie enregistrée par le capteur est
transmise à une station de réception où l'information est
transformée en images numériques ou photographiques.
· F: interprétations et analyse:
une interprétation visuelle ou numérique de l'image
traitée est nécessaire pour extraire l'information que l'on veut
sur la cible.
· G : Application: consiste
à utiliser l'information extraite de l'image pour mieux comprendre la
cible, pour nous en faire découvrir de nouveaux aspects ou pour aider
à résoudre un problème particulier.
1-3-1-2- Outils de
télédétection
Les outils de télédétection sont les
vecteurs et les capteurs. Les vecteurs sont les supports (les avions, les
satellites, etc.) porteurs d'appareils de détection que sont les
capteurs (CCT, 2007). Parmi les vecteurs, on peut citer les satellites tels que
LANDSAT (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7), SPOT (1, 2, 3, 4, 5), ENVISAT, TERRA, QUICKBIRD,
ASTER, etc. Concernant les capteurs embarqués à bord de ces
satellites on peut citer : ETM+ (Enhanced Thematic Mapper) pour LANDSAT,
XS pour SPOT etc.
1-3-1-3-Domaine
d'application
La télédétection est utilisée dans
de nombreux domaines. Elle est utilisée dans les domaines de la
géomorphologie, l'urbanisme, le climat, la foresterie, l'agriculture,
etc. (MIDEKÜR, 2009)
1-3-1-4- Comportement
spectrale de la végétation
En télédétection, le terme
végétation fait référence à la chlorophylle,
entre autre, le comportement spectral dépend aussi de la nature de
l'espèce, la pigmentation, de la structure physiologique, du contenu en
eau de la plante, du stade de développement, du taux de recouvrement et
de l'état du peuplement.
La figure 8, montre que la réflectance de la
végétation est faible, avec un maximum de 0,55 ìm (le
vert) et un minimum de 0.66 ìm (le rouge), et élevée dans
le proche infrarouge avec 0.7 - 1 ìm
Longueur d'ondes (micromètre)
Reflectance (%)
Figure 8 : Courbe de réflectance
des végétaux, sols et eaux (SOUDANI, 2006)
1-3-1-5- Télédétection en tant qu'outil
de mesure de la déforestation
La technologie satellitaire nous permet d'observer la
couverture forestière depuis l'espace. Elle permet de cartographier les
zones écologiques et de repérer les fronts de
déforestation massive ou « points chauds » de
déforestation (MAYAUX et al., 2000 et 2005 ; MAYAUX et LAMBIN,
1997 ; LAMBIN et EHRLICH, 1997 ; MALINGREAU et al., 1989).
La méthode d'évaluation au niveau global ou
régional consiste à utiliser les images à haute
résolution spatiale (Landsat, Spot, IRS) sur un échantillon de
sites, et à généraliser ensuite les résultats
à l'ensemble d'un continent ou d'une zone écologique par
extrapolation statistique. La FAO a procédé de cette
manière pour évaluer les superficies forestières et leur
diminution dans les régions tropicales, en parallèle avec les
inventaires forestiers nationaux (FAO, 2001a et b ; FAO, 1996). Une carte du
couvert forestier de l'Afrique Centrale a été
élaborée à partir de la classification d'images Landsat TM
(Achard et al., 2002). Généralisée à
l'ensemble de la zone intertropicale, cette approche cartographique a fait
état d'une déforestation portant sur 5,8 millions d'ha en plus de
2,3 millions d'ha de forêt dégradée (Achard et
al., 2002). Un état des forêts du bassin du Congo en 2008 a
été publié en 2009 à la suite d'une
évaluation réalisée notamment à partir de
l'utilisation d'images Landsat (De Wasseige et al., 2009). A l'aide de
ce type d'images, une estimation de l'évolution de la
déforestation, prenant en compte les pertes et les gains de surfaces
forestières entre 1990 et 2000, a été
réalisée en utilisant l'approche orientée objet pour faire
des classifications et produire des statistiques (Duveiller et al.,
2008).
CHAPITRE II :
MATERIEL ET METHODES
2-1- LOCALISATION DU SITE DE L'ÉTUDE
Le site de notre étude est la réserve de faune
d'Abokouamékro. Elle est située au centre de la Côte
d'Ivoire entre 6°47' et 7°00' de latitude nord et 4°55' et
5°08' de longitude ouest. Cette réserve couvre une superficie de
20 430 ha. L'étude a porté sur toute la superficie de la
réserve. Cette réserve a été choisie pour cette
étude car, elle est l'une des réserves qui subit des pressions
anthropiques des plus élevées sur le plan national
(UICN-BRAO, 2008). La figure 9 présente la localisation
de la réserve.
Figure 9 : Localisation de la
réserve de faune d'Abokouamékro
2-2- MATERIEL
2-2-1- Données
satellitaires et cartographiques
Nous avons utilisé les images satellitaires suivantes
:
- une image LANDSAT TM de la scène 196_55 du
10/02/1989;
- une image LANDSAT ETM+ de la scène 196_55
du 14/02/1999;
- une image ASTER, scène 196_55 du 07/02/2011.
Ces images sont dépourvues de nuages. Elles ont
été prises pendant la saison sèche.
Le
second type de données est constitué de couches numériques
du contour de la réserve, du réseau hydrographique, du
réseau routier et des localités riveraines. Ces couches ont
été extraites de la carte topographie au 1/500.000 de la
réserve de faune d'Abokouamékro, réalisée par le
BNETD en 2002.
2-2-2- Collecte de
données de terrain
Pour réaliser l'inventaire, nous avons utilisé :
- un (1) GPS (Global Positionning System) pour le
levé des coordonnées des placettes ;
- des fils pour la délimitation des placettes ;
- un (1) ruban pour la mesure de circonférence des
individus;
- un (1) sécateur pour le prélèvement
d'échantillons ;
- des papiers journaux pour la constitution
d'herbiers ;
- un bloc note pour les prises de note ;
- un appareil photographique pour les prises de vue.
2-2-3- Logiciels
Nous avons utilisé les logiciels suivants :
- ENVI 4.7 (Conçu par Exelis Visual Information
Solutions, Boulder, CO 80301, USA), pour les traitements des images LANDSAT et
ASTER ;
- ARCVIEW 3.2a (Conçu par ESRI, 380 New York Street
Redlands, CA, USA) ;
- MAPINFO 7.5 (Conçu par Pitney Bowes Software Inc.,
One Global View Troy, NY, USA) pour la reproduction des cartes ;
- Excel de Microsoft pour le traitement des données de
terrain.
2-3- METHODES
2-3-1- Evolution de la
superficie des formations végétales de la réserve
Pour l'estimation de l'évolution de la superficie des
formations végétales de la réserve de faune
d'Abokouamékro sur les 20 dernières années, nous avons
utilisé des images LANDSAT et ASTER. Le traitement de ces images
satellitaires a été fait en plusieurs étapes à
savoir l'extraction de la zone d'étude, la composition colorée,
la classification, la dégradation des images et enfin
l'élaboration des cartes thématiques (Figure 12).
2-3-1-1- Traitement des images avant les travaux de
terrain
· Extraction de la zone
d'étude
La RFA a été extraite de la scène
complète de 185 km sur 185 km de l'image du satellite LANDSAT.
L'extraction a été faite pour avoir une zone plus restreinte
à partir de points proches des limites de la réserve dont les
coordonnées UTM sont (X=263000 ; Y=774000) et (X=288000 ; Y=751000).
· Composition
colorée
La composition colorée a consisté à
combiner des informations que contiennent trois bandes en les affichant
simultanément dans les trois couleurs primaires, rouge, vert et bleu.
L'objectif visé par cette opération est d'avoir une
synthèse d'informations en vue de faire une bonne discrimination des
types de formations végétales. Pour
l'étude des différentes caractéristiques de la
végétation, nous avons combiné les bandes spectrales TM4,
TM5 et TM3 pour l'image Landsat de 1989 et les bandes spectrales
ETM+4, ETM+5 et ETM+3 pour l'image Landsat de
1999. Quant à l'image ASTER sa composition colorée a
été obtenue en combinant les bandes 1, 2, 3 du visibles.
· Choix des parcelles à
visiter
Les compositions colorées précédemment
effectuées, ont permis de faire le choix des parcelles à visiter
avant les travaux de terrain. Ces parcelles sont suffisamment grandes et
spectralement homogènes pour être reconnaissables sur le terrain.
L'accessibilité (existence de piste, point d'intrusion) a
été un critère important dans le choix de ces parcelles
à visiter. Ainsi 57 parcelles ont été choisies dont 37
parmi elles ont été décrites avec installation de
placette, tandis que 20 autres ont été décrites sans
installation de placette (inventaire itinérant). Ces sites à
visiter sont répartis comme suit (Tableau III).
Tableau III :
Répartition des parcelles à visiter
|
Nombre de parcelles avec placettes
|
Nombre de parcelles sans placettes
|
Îlots forestiers/forêts galerie
|
5
|
5
|
Savanes boisées
|
10
|
5
|
Savanes arborées/savanes arbustives
|
22
|
10
|
TOTAL
|
37
|
20
|
2-3-1-2- Travaux de
terrain
· Taille et forme
La taille des placettes utilisées est de 20 m × 20
m (Figure 10).
Figure 10 : Forme et dimension d'une
placette utilisée lors de la collecte des données
· Dispositif d'inventaire
Le dispositif d'inventaire à consister à mettre
en place 37 parcelles de 400 m2 chacune réparties sur
l'ensemble de la réserve. Ce dispositif présente la localisation
des parcelles inventoriées en 2010 et celles inventoriées en 2012
(Figure 11).
Dans le cadre de cette étude nous avons
réalisé un inventaire forestier dans les îlots forestier et
forêts galeries car aucun inventaire forestier n'avait été
réalisé dans ces formations végétales. Quant
à la zone savanicole, elle a été l'objet d'un inventaire
forestier (KOUADIO, 2010). Nous avons donc utilisé, les données
de cet inventaire pour cette étude. Les parcelles allant de 1 à
32 ont été inventoriées en 2010 et sont situées
dans la zone savanicole. Les parcelles numérotées de 33 à
37 ont été inventoriées lors de la visite de terrain.
Toutes ces parcelles ont été placées de manière
aléatoire dans la réserve.
Figure 11 : Localisation des parcelles
inventoriées dans la réserve de faune d'Abokouamékro
· Collecte de données
L'inventaire a consisté à identifier toutes les
espèces à l'intérieur de chaque placette et à
mesurer les circonférences des individus ligneux à une hauteur de
1 m 30 au dessus du sol. Les mesures des circonférences ont
été effectuées à l'aide d'un ruban. La phase de
mesure a été facilitée par l'absence quasi-totale de
contrefort au niveau des arbres. Mais, des cas particuliers tels que la
ramification des individus à moins de 1 m 30 ont été
rencontrés. Pour ces cas, chaque tige issue de la ramification a
été considérée comme une tige à part
entière et a fait l'objet de mesure.
2-3-1-3- Traitement des
images après les travaux de terrain
· Classification
dirigée
La classification dirigée est la procédure que
nous avons utilisée pour la discrimination des formations
végétales. La connaissance du terrain, nous a permis d'utiliser
cette méthode. Ainsi, nous avons regroupé les pixels des
différentes images en cinq classes spectralement similaires.
· Evaluation de la classification
Dans le cadre de notre étude, nous avons
évalué la classification dirigée par la matrice de
confusion à travers le calcul de la précision globale et du
coefficient de Kappa. La précision globale correspond au nombre de
pixels correctement classifiés pondéré par le nombre de
pixels de la classe par rapport au nombre total de pixels
d'entrainement et le coefficient Kappa exprime la réduction
proportionnelle de l'erreur obtenue par une classification, comparée
à l'erreur obtenue par une classification complètement au
hasard.
Pour faciliter la codification, les images classifiées
LANDSAT TM 1989, LANDSAT ETM+ 1999, ASTER 2011 ont été
dégradés en différents degrés de gris. Chaque
degré de gris correspond à une classe bien définie.
· Elaboration des cartes
thématiques
Le logiciel Arcview 3.2 a été utilisé
pour l'élaboration des cartes. Les images dégradées dans
le logiciel Envi 4.7 ont été exportées dans le logiciel
Arcview. La surface de la réserve a été extraite en
appliquant les limites de la RFA sur les images obtenues. Après la
définition des différentes strates, on y a ajouté le
réseau routier, le réseau hydrographique et les villages
riverains. La dernière étape a consisté à la mise
en page définissant l'échelle, la légende et le nord
géographique.
2-3-2- Estimation du potentiel carbone de la
réserve
L'estimation du stock de carbone dans les
écosystèmes forestiers requiert des estimations pour les
réservoirs de carbone suivants :
- au dessus du sol : arbres, lianes,
végétation du sous bois, litière et bois mort ;
- en dessous du sol : carbone contenu dans les racines et
le sol.
Dans cette étude, nous nous sommes
intéressés à l'estimation de la quantité de carbone
contenue dans la biomasse aérienne.
2-3-2-1- Estimation du stock de carbone contenue dans la
biomasse
La quantité de carbone stockée est
déduite de la quantité de la biomasse, en multipliant cette
quantité de biomasse par 0,5 (BROWN, 1997). Où 0,5 désigne
la teneur en carbone dans une unité de volume de biomasse. Par
conséquent, le calcul de la quantité de carbone revient au calcul
de la quantité de la biomasse.
· Estimation de la biomasse
aérienne
Plusieurs méthodes sont utilisées pour
l'estimation de la biomasse aérienne. Parmi ces méthodes, nous
avons :
- la méthode de Chave et al. (2005) :
cette méthode intègre la hauteur totale de l'arbre, la
densité et la hauteur de poitrine, avec 5 cm < DHP < 156 ;
- la méthode de Ponce-Hernandez (2004) : elle
intègre uniquement le diamètre à hauteur de poitrine, avec
1 cm < DHP < 80 cm ;
- la méthode de Brown (1997).
Dans cette étude, nous avons utilisé la
méthode proposée par Brown pour les zones tropicales humides
à longue saison sèche et adoptée par la FAO (BROWN, 1997).
Cette méthode n'intègre que le diamètre à hauteur
de poitrine et le domaine de ce paramètre intègre nos
données issues de l'inventaire forestier. Elle s'exprime par
l'équation (1).
Biomasse aérienne d'un arbre (kg) = 42,69 -
12,80×DHP + 1,242×DHP2 (1)
Avec 5 (cm) < DHP < 148 (cm), DHP :
diamètre à hauteur de poitrine où hauteur à 1,30 m
au dessus du sol.
· Estimation de la biomasse
souterraine
Elle est en générale estimée à
17,5% de la biomasse aérienne (FEARNSIDE, 1992).
· Estimation du stock
de carbone contenu dans la litière
Elle est en générale estimée à 7%
de la biomasse aérienne (RAKOTOMARO N. J., 2002).
2-3-2-2- Estimation des émissions de CO2 de la
réserve
Les émissions de CO2 estimées dans
cette étude proviennent de la combustion de la biomasse sur le sol et de
la décomposition de la biomasse au dessus du sol.
Cette estimation s'est faite en six (6) étapes selon le
guide des lignes directrices du GIEC (2006) :
· Étape 1 : Estimation de la
biomasse issue des défrichements (E)
La biomasse issue des défrichements se traduit par
l'équation (2) :
(2)
Avec :
E : Perte annuelle de biomasse (kilo tonnes de
matière sèche : kt ms)
A : Superficie dégradée annuellement dans
la réserve (kilo hectares : kha)
D : variation nette de la densité de biomasse (t
ms/ha) = B - C
B : Biomasse avant conversion (t ms/ha) = 75 t ms/ha ;
C : Biomasse après conversion (t ms/ha) = 10 t
ms/ha ;
· Étape 2 : Estimation du carbone
libéré par la combustion sur site (K)
L'évaluation de l'estimation du carbone
libéré par la combustion sur site reste approximative et
s'exprime par l'équation (3).
(3)
Avec :
K : Quantité de carbone libérée par
la combustion sur site (kilo tonnes de carbone : kt C)
I : Quantité de biomasse oxydée sur site
(kt ms) = G × H
G : Quantité de biomasse brûlée sur
site (kt ms) = E × F
H : Fraction de biomasse oxydée sur site =
0,9
F : Fraction de biomasse brûlée sur place =
0,55
J : Fraction de carbone de la biomasse aérienne
brûlée sur site = 0,5
· Étape 3: Estimation du carbone
libéré par la combustion hors site
Pour estimer le carbone libéré par la combustion
hors site, les valeurs par défaut ont été utilisées
dans l'équation (4).
(4)
Avec :
Q : Quantité de carbone libérée par
la combustion hors site (kt C)
P : Quantité de biomasse oxydée hors site =
M × N ;
O : Fraction de carbone de la biomasse aérienne
brûlée hors site = 0,5 ;
L : Fraction de biomasse aérienne
brûlée hors site = 0,5 ;
M : Quantité de biomasse brûlée hors
site (kt ms) = E × L ;
N : Fraction de biomasse oxydée hors site =
0,9
· Étape 4 : Estimation totale de
carbone libéré par la combustion
Les émissions totales de carbone libéré
par la combustion s'obtiennent en faisant la somme des équations (3) et
(4).
(5)
Avec:
R : Total du carbone libéré sur site et
hors site (kt C)
· Étape 5 : Estimation du
carbone libéré par la décomposition de la
biomasse
Le carbone
libéré par la décomposition de la biomasse se traduit par
l'équation (6).
(6)
Avec :
I : Quantité de
carbone libérée par la décomposition de la
biomasse
G : Quantité de biomasse laissée en
décomposition = E × F
H : Fraction de carbone de la biomasse aérienne =
0,5
E : Perte annuelle moyenne de biomasse au dessus du sol
(kt ms) = A × D
F : Fraction moyenne pour décomposition (sur 10
ans) = 0,5
A : Superficie moyenne convertie annuellement (moyenne
sur 10 ans) en kha
B : Biomasse avant conversion (t ms/ha) = 75 t ms/ha ;
C : Biomasse après conversion(t ms/ha) = 10 t
ms/ha ;
D : variation nette de la densité de biomasse (t
ms/ha) = B - C
· Étape 6 : Émissions
totales de CO2
Pour convertir le stock de carbone (C) en équivalent
CO2, on multiplie cette quantité par un facteur (44/12).
(7)
Avec :
D : Rejet annuel total de CO2
C : Rejet annuel total de carbone = A + B
A : Rejets de carbone provenant immédiatement de
la combustion (R : Quantité totale de carbone
libéré)
B : Émissions différées provenant de
la décomposition (I : Quantité de carbone
libéré par la décomposition de la biomasse)
2-3-3-Identification des
facteurs de dégradation
Dans le cadre de cette étude, nous avons eu un
entretien avec l'ex-chef secteur de la réserve de faune
d'Abokouamékro dans le but de :
- comprendre la gestion antérieure de la
réserve ;
- diagnostiquer les causes et les facteurs de la
dégradation de la réserve et
- localiser les différentes menaces et pressions
exercées sur la réserve.
L'entretien s'est déroulé en suivant les
questions rédigées sur la fiche d'entretien (Annexe III)
Images Landsat
TM : 1989, 1999 et Image Aster 2011
ETM+: 2000 et 2001
Couche numérique du contour
Extraction de la zone d'étude
Composition colorée
Travaux de terrain
- Inventaire de la flore dans les îlots forestiers
- Description des types d'occupation du sol
Classification dirigée
Évaluation de la classification
Stock de carbone de la réserve
Carte de végétation
1989, 1999 et 2011
Figure 12 :
Synthèse des traitements
CHAPITRE III :
RESULTATS ET DISCUSSION
3-1- CARTOGRAPHIE ET EVOLUTION
DES FORMATIONS VÉGÉTALES DE LA RÉSERVE
3-1-1- Traitement numérique des images
satellitaires
3-1-1-1- Composition colorée
Les différentes compositions colorées obtenues
à l'issue de traitement ont servi à la description des formations
végétales et à la localisation des placettes lors des
missions de terrain. La composition colorée des bandes 4, 5 et 3 (Figure
13) de l'image LANDSAT ETM+ de 1999 a permis une meilleure discrimination des
types de formations végétales.
Figure 13 : Récapitulatif du
traitement de l'image satellitaire ETM+ 4-5-3
La figure 13 montre que, les forêts galeries et les
îlots forestiers sont caractérisés par la coloration rouge.
Les savanes boisées sont caractérisées par la coloration
verte. Les savanes arborées et arbustives sont
caractérisées par les couleurs orange jaune ou d'une
mosaïque de ces couleurs. Les feux sont identifiées sur cette
composition par du bleu foncé et bleu clair.
3-1-1-2- Description des formations
végétales
Les types de formations végétales
rencontrées dans la réserve d'Abokouamékro sont :
- les îlots forestiers : Ils
existent sous forme de poche à cause de la forte pression dont elles
font l'objet de la part des producteurs de charbon de bois et des exploitants
agricoles. Les îlots forestiers sont situés sur les pentes des
collines et certains plateaux (Figure 14). On y rencontre des espèces
telles que : Aubrevillea kerstingii, Ceiba pentandra, Kaya
grandifoliola.
Îlot forestier
Figure 14 : Un îlot forestier sur
une colline dans la réserve
- les forêts galeries :
Elles longent la rivière Kan et ses affluents
qui servent de pare-feu naturel dans la réserve (Figure 15). Dans ces
formations végétales, la strate arborée est fermée
avec un recouvrement qui peut atteindre 70 à 90 %. Le sous bois
herbacé est peu dense. Certaines espèces fréquentes dans
ces formations végétales sont Carapa procera,
Costusofer sp , Cola cordifolia, Elaeis guineensis
Figure 15 : Une forêt galerie dans
la réserve
- Les savanes boisées: Les savanes
boisées sont globalement constituées de 3 strates (Figure 16). La
strate ligneuse supérieure est composée d'arbres peu dense et
pouvant atteindre 15 à 20 m. La deuxième strate située
entre 5 m et 10 m de hauteur est dense. La troisième strate est
composée d'herbacées qui peuvent atteindre 50 cm de hauteur. Le
recouvrement de la strate ligneuse peut atteindre 20 à 40%. Quelques
espèces fréquentes dans ces zones sont Borassus aethiopum,
Daniellia oliveri, Ficus platyphilla et Lophira lanceolata. Dans
cette étude, les îlots forestiers et forêts galeries
dégradées ont été considérées comme
des savanes boisées.
Figure 16 : Une savane boisée dans
la réserve
- Les savanes arborées : Les
savanes arborées sont constituées de 2 strates. La strate
supérieure est constituée d'arbres disséminés parmi
le tapis graminéen et peut atteindre 8 à 15 m de hauteur (Figure
17). Le recouvrement de cette strate peu atteindre 10 à 20%. La strate
inférieure est constituée de végétation
herbacée pouvant atteindre 1 m de hauteur. Au niveau de la strate
ligneuse, on trouve fréquemment les espèces telles que :
Borassus aethiopum , Chromolaena odorata (L.) R. M. King & H.
Rob.(Asteraceae), Ficus sur Forsk. (Moraceae) et
Terminalia glaucescens Planch. ex Benth.
- les savanes arbustives : Elles sont
globalement constituées de 2 strates (Figure 18). La strate
supérieure est composée d'arbres et d'arbustes qui peuvent
atteindre 7 m de hauteur. Cette strate ligneuse peut avoir un recouvrement de 5
à 15%. La strate inférieure est constituée de
graminées de plus d'un (1) mètre de hauteur. Les savanes
arbustives sont en général les plus parcourues par les feux de
brousse. Quelques espèces fréquentes dans ces zones sont
Borassus aethiopum, Borreria scabra (Schumach & Thonn.)
K. Schum. (Rubiaceae), Cochlospermum planchonii Hook. f.
(Cochlospermaceae), Elymandra androphila, Piliostigma thonningii .
Figure 17
: Savane arborée dans la réserve
Figure 18 : Une savane arbustive dans la
réserve
3-1-1-3- Classification dirigée
Les classifications des images LANDSAT TM de 1989, LANDSAT
ETM+ de 1999 et l'image ASTER de 2011 réalisées à partir
de la composition des bandes spectrales 4, 5 et 3, a permis de
caractériser cinq (5) classes (Figure 19). Il s'agit de trois (3)
classes de formations végétales et deux (2) classes appartenant
à d'autres types d'occupation du sol que sont :
- les forêts galeries et îlots forestiers ;
- les savanes boisées ;
- les savanes arborées et savanes arbustives ;
- les cours d'eau ;
- les brulis.
Figure 19 :
Classification dirigée de l'image LANDSAT ETM+ de 1999
3-1-1-4- Evaluation de la classification
dirigée
Les différentes classifications ont été
évaluées par la matrice de confusion à travers le calcul
de la précision globale de classification et du coefficient de Kappa.
Les tableaux IV, V et VI indiquent que les précisions globales de
classifications sont comprises entre 84,93% et 88,63%. Ces tableaux affichent
dans la diagonale le pourcentage de pixels bien classés et hors
diagonale le pourcentage de pixels mal classés.
L'évaluation de la précision de la
classification de l'image de 1989 est donnée par la matrice de confusion
(Tableau IV).
Tableau IV : Matrice de confusion de
la classification dirigée de l'image de 1989
Classes
|
Forêts galeries/
ilots forestiers
|
Savane boisée
|
Savane arborée/
savane arbustive
|
Brûlis
|
Lac
|
Forêts galeries/
ilots forestiers
|
91,33
|
10,09
|
0,07
|
0,99
|
2,29
|
Savane boisée
|
8,57
|
86,99
|
1,36
|
0,23
|
0,57
|
Savane arborée/
savane arbustive
|
0,00
|
2,58
|
89,19
|
12,19
|
0,00
|
Brûlis
|
0,10
|
0,34
|
9,39
|
86,59
|
0,29
|
Lac
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
96,85
|
TOTAL
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
Précision globale = 88,18%
La précision globale de la classification de l'image de
1989 est de 88,18%. Cela montre que la carte de
végétation classifiée est compatible avec les
réalités de terrain. Cependant quelques confusions se sont
produites. Nous pouvons citer par exemple :
- 8,57 % des ilots forestiers confondus à la savane
boisée ;
- 12,19% des brûlis confondus aux savanes
arborées et arbustives.
Pour l'image de 1999, la matrice de confusion consignée
dans le tableau V, nous a permis d'évaluer la précision de sa
classification dirigée.
Tableau V : Matrice de confusion de la
classification dirigée de l'image de 1999
Classes
|
Forêts galeries/
ilots forestiers
|
Savane boisée
|
Savane arborée/
savane arbustive
|
Brûlis
|
Lac
|
Forêts galeries/
ilots forestiers
|
93,25
|
12,30
|
0,05
|
0,00
|
0,00
|
Savane boisée
|
6,60
|
82,85
|
2,35
|
1,73
|
0,00
|
Savane arborée/
savane arbustive
|
0,00
|
2,80
|
89,28
|
8,52
|
0,00
|
Brûlis
|
0,15
|
2,05
|
8,33
|
89,75
|
2,81
|
Lac
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
97,19
|
TOTAL
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
Précision globale = 88,63%
Une analyse plus fine du tableau V montre que la classe savane
boisée présente de fortes confusions avec la classe forêts
galeries/ilots forestiers. On observe également une confusion entre les
brûlis et les savanes arborées arbustives. En d'autres
termes :
- 12,30% des savanes boisées ont été
confondues aux îlots forestiers et forêts galeries ;
- 8,52% des brûlis ont été confondus aux
savanes arborées et arbustives.
Quant à l'image de 2011, le tableau VI, nous renseigne
sur sa matrice de confusion. Dans cette matrice, une nouvelle colonne a
été ajoutée pour les autres occupations du sol (culture,
sol nu).
Tableau
VI: Matrice de confusion de la classification dirigée de
l'image de 2011
Classes
|
Forêts galeries/
ilots forestiers
|
Savane boisée
|
Savane arborée/
savane arbustive
|
Brûlis
|
Autres
|
Lac
|
Forêts galeries/
ilots forestiers
|
85,73
|
11,08
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
Savane boisée
|
14,27
|
88,02
|
1,09
|
0,44
|
0,00
|
0,00
|
Savane arborée/
savane arbustive
|
0,00
|
0,39
|
70,49
|
6,40
|
4,58
|
0,00
|
Brûlis
|
0,00
|
0,52
|
1,09
|
91,12
|
0,00
|
0,50
|
Autres occupations du sol
|
0,00
|
0,00
|
27,32
|
2,04
|
95,42
|
0,00
|
Lac
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
99,50
|
TOTAL
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
Précision globale = 84,93%
L'analyse de ce tableau montre que des confusions se sont
produites d'une part entre les îlots forestiers/forêts galeries et
savanes boisées, entre les savanes arborées/arbustives et les
brûlis. Une confusion importante s'est produite entre les savanes
arborées / arbustives et la classe autre occupation du sol.
Le tableau ci-dessous fait la synthèse de
l'évaluation des différentes classifications dirigées.
Tableau VII : Synthèse de
l'évaluation des classifications dirigées
|
1989
|
1999
|
2011
|
Précision globale de classification (%)
|
88,18
|
88,63
|
84,93
|
Coefficient de Kappa
|
0,84
|
0,85
|
0,82
|
Les valeurs des précisions globales de classification
des images LANDSAT TM 1989, LANDSAT ETM+ 1999 et ASTER 2011 sont
proches de celles de N'GUESSAN et N'DA (2005) qui ont obtenu une
précision globale de 87% en classifiant une image LANDSAT couvrant la
forêt classée de Bouaflé située dans la même
zone d'étude que la réserve de faune d'Abokouamékro.
Les coefficients de Kappa de ces images étant compris
entre 0,81 et 1, les résultats de ces classifications sont excellents
selon LANDIS et KOCH (1977). En effet selon ces auteurs, le coefficient de
Kappa est excellent quand il est compris entre 0,81-1; bon
lorsqu'il est compris entre 0,61-0,80; et modéré entre
0,21-0,60.
3-1-2- Dynamique des formations
végétales de la réserve de 1989 à 2011
Les différentes classifications dirigées ont
permis l'élaboration des cartes de végétation de 1989,
1999 et de 2011 (Figure 20).
Cette figure montre qu'en 1989, les îlots forestiers et
forêts galeries représentaient15% de la superficie de la
réserve. Les savanes boisées représentaient 18% de la
réserve quand 67% de cette superficie était couverte par les
savanes arborées et arbustives. Les îlots forestiers et
forêts galeries sont plus localisés dans la zone
aménagée (Sud-est de la réserve). Dans la zone non
aménagée de la réserve (nord), les forêts sont
situées au bord des cours d'eau.
En 1999, l'occupation du sol par les formations
végétales de la réserve était de 14% pour les
îlots forestiers/forêts galeries ; 17,6% pour les savanes
boisées et de 68,4% pour les savanes arborées/arbustive. On
observe une réduction de la couverture forestière des
forêts galeries dans la partie non aménagée.
En 2011. Les îlots forestiers et forêts galeries
occupaient une superficie de 2 088 ha (12%). Quant aux savanes
boisées, elles occupent 2 779 ha (15%). La majeure partie de la
réserve était dominée par les savanes arborées et
arbustives avec une superficie de 13 308 ha (73%). Les savanes herbeuses
et les autres occupations du sol ont été prises en compte dans
l'estimation de la superficie des savanes arborées et arbustives. Sur la
carte de végétation de 2011, dans la partie non
aménagée, les forêts situées au bord des cours d'eau
sont fortement dégradées et donc assimilables à des zones
de savanes boisées.
Année 1999
Année 2011
Année 1989
Figure 20 : Cartes de
végétation des images de 1989, 1999 et 2011
L'analyse de la figure 21 fait ressortir une
réduction de la superficie des îlots forestiers et forêts
galeries de 15% en 1989 à 12% en 2011 soit une perte de couverture
forestière de 623 hectares. La couverture végétale des
savanes boisées est passée de 18% en 1989 à 15% en 2011.
Par contre, on observe une augmentation de la proportion des savanes
arborées et arbustives qui passe de 67% à 73%.
Figure 21 : Evolution des formations
végétales de la RFA de 1989 à 2011
Cette augmentation de la superficie des savanes
arborées et arbustives est concomitante à la réduction des
forêts et savanes boisées. Le tableau VIII présente le taux
de variation des formations végétales de la réserve entre
1989 et 2011.
Tableau VIII : Taux de variation
des formations végétales de la réserve entre 1989 et
2011
Type de formations végétales
|
|
Taux de variation (%)
|
|
1989 - 1999
|
1999 - 2011
|
global (1989-2011)
|
Îlots forestiers et forêts galeries
|
Moyen
|
-6,86
|
-16,12
|
-22,98
|
Annuel
|
-0,69
|
-1,34
|
-1,01
|
Savanes boisées
|
Moyen
|
-2,42
|
-11,47
|
-13,88
|
Annuel
|
-0,24
|
-0,96
|
-0,60
|
Savanes arborées et arbustives
|
Moyen
|
2,17
|
6,62
|
8,79
|
Annuel
|
0,22
|
0,55
|
0,38
|
Cette étude montre que la réserve de faune
d'Abokouamékro a connu une réduction de sa couverture
forestière de l'ordre de 22,98% sur ces vingt dernières
années. Cette réduction de la couverture forestière
pourrait s'expliquer par les activités illégales telles que les
défrichements, l'exploitation forestière, la production de
charbon de bois qui se pratiquent dans la réserve. L'UICN (2008) dans
son évaluation des parcs et réserves de Côte d'Ivoire a
également relevé des pressions exercées sur la
réserve de faune d'Abokouamékro notamment l'exploitation
agricole, l'exploitation forestière et les feux de brousse. Les
importantes réductions de la couverture forestière
constatées entre 1999-2011 qu'entre 1989 et 1999 pourraient s'expliquer
d'une part par la destruction des infrastructures de la réserve suite
à la révolte des populations riveraines en 2002 (OIPR, 2009) et
d'autre part par le manque de moyen matériel dont dispose le secteur
Abokouamékro de l'OIPR pour la préservation de cette
réserve.
3-2- FACTEURS DE DÉGRADATION DE LA RÉSERVE
Les pressions et menaces, révélées par
les entretiens avec l'ex-chef secteur de la Réserve de Faune
d'Abokouamékro et effectivement constatées sur la réserve
au cours de notre visite de terrain sont :
3-2-1- Activités
agricoles
Les activités agricoles se pratiquent dans la partie
non aménagées et dans la zone aménagée surtout dans
le secteur des villages d'Abokouamékro, de Morokinkro et de Pranoua. Les
défrichements s'y font au profit des cultures vivrières (igname,
manioc) bien qu'il y existe des plantations de cultures pérennes
notamment l'anacarde. La Figure 22 présente un champ de cultures
vivrières localisé vers Morokinkro lors de la visite de
terrain.
Figure 22 : Champ de cultures
vivrières au sein de la réserve
Lors de cette visite, nous avons relevés les
coordonnées géographiques de plusieurs parcelles
défrichées au sein de la réserve (Figure 23). La parcelle
P54 situé a proximité d'Abokouamékro est une plantation
d'anacarde qui s'étend sur une grande surface. Cette zone est
considérée comme zone de fortes pressions agricoles par TOURE
(2008).
Figure 23 : Exploitations agricoles au
sein de la réserve en mai 2012
Les entretiens, la visite de terrain et l'étude
réalisée par TOURE (2008) nous ont permis d'établir une
carte des fortes, moyennes et faibles pressions agricoles (Figure 24).
Figure 24 : Zones de fortes et de faibles
pressions agricoles de la RFA
3-2-2- Exploitation
forestière
Cette opération est observée depuis 1994 dans la
zone non aménagée de la RFA, mais également, dans la
partie initialement clôturée de la zone aménagée.
Elle est le fait des scieurs clandestins et d'exploitants agréés
ayant leurs périmètres dans les environs de la réserve.
Les exploitations frauduleuses sont surtout localisées au Nord-est de la
réserve à proximité du village d'Assanou (Figure 25).
Figure 25 : Exploitation frauduleuse dans
la réserve (OIPR, 2007)
3-2-3- Exploitation de charbon
de bois et de produits secondaires
Les forêts galeries et les îlots forestiers de la
réserve sont l'objet de prélèvement des essences pour la
production de charbon de bois. Les charbonniers en complicité avec les
riverains participent à la destruction des formations
végétales de la réserve.
Les produits forestiers non ligneux de la réserve ne
sont pas épargnés par les riverains. Ces produits sont
utilisés pour la construction des habitations ou pour divers autres
usages. La figure ci-après présente un arbre abattu dans la
réserve.
Figure 26 : Arbre abattu au sein de la
réserve (près de Pranoua)
3-2-4- Feux de brousse
Les feux précoces étaient utilisés pour
renouveler le pâturage et réduire les risques de feux de brousse.
Mais, depuis l'arrêt de la pratique des feux précoces après
les événements de 2002, des feux de brousse pratiqués de
manière incontrôlée par les populations riveraines et des
transhumants sont observés sur toute l'étendue de la
réserve.
3-2-5- Facteurs
socio-économiques
D'après le recensement général de la
population et de l'habitat (INS, 1998), la population des 22 villages riverains
de la RFA a été évaluée à 14 082 dont
10 957 habitants autour de la zone non aménagée qui
représente 2/3 de la superficie de la réserve. La grande
proximité des villages riverains à la réserve et le manque
de terres cultivables accentuent les pressions sur la réserve.
3-3- EVALUATION DU STOCK DE CARBONE DE LA RFA
3-3-1- Variation des stocks de
carbone en fonction des types de végétation
Le tableau IX présente les valeurs du stock total de
carbone évalué dans les différentes formations
végétal en 2011. Les valeurs sont comprises en moyenne entre
13,69 t C/ha et 164,84 t C/ha. Ces valeurs sont en dessous du stock moyen de
carbone forestier de la Côte d'Ivoire estimé à 177 t C/ha
par la FAO (2011).
Le tableau IX présente le stock total de carbone selon
le type de formation végétal en 2011.
Tableau IX: Stock de carbone de
la RFA par type de formation végétale
Types de formations végétales
|
Stock moyen de carbone (t C)
|
Superficie (Ha)
|
Stock total de carbone (t C)
|
IF/FG
|
164,84
|
2 088
|
344 185,92
|
Savane boisée
|
62,80
|
2 779
|
174 521,20
|
Sav arb/arbst
TOTAL
|
13,69
|
13 308
|
182 186,52
|
700 893,64
|
IF/FG : Îlots forestiers/forêts galeries
Sav arb/arbst : Savane arborée/arbustive
Le stock total de carbone de la réserve de faune
d'Abokouamékro en 2011 est de 700 893,64 t C soit
2 569 943,35 tonnes équivalent CO2. Les îlots
forestiers et forêts galeries représentent environ 50% de ce stock
de carbone.
La figure 27 présente la répartition spatiale du
stock de carbone de la réserve de faune d'Abokouamékro. Les
parcelles P34, P17 et P12 stockent respectivement le maximum de carbones des
îlots forestiers/forêts galeries, savanes boisées et savanes
arborées/arbustives.
Figure 27 :
Répartition spatiale du carbone de la réserve
L'analyse de cette figure montre que le stock de carbone de la
réserve de faune d'Abokouamékro est situé dans des
îlots forestiers à proximité de Pranoua, qui est une zone
où les défrichements sont importants. Si les défrichements
agricoles se poursuivent dans cette zone de la réserve, son potentiel de
séquestration carbone s'amenuisera au fil des ans.
La figure ci-après présente les stocks de
carbone de la réserve en 1989, 1999 et 2011
Années
Stock de carbone (kt C)
Figure 28 : Potentiel de
séquestration carbone de la RFA en 1989, 1999 et 2011
L'analyse de cette figure 27, montre que le stock de carbone
de la réserve de faune d'Abokouamékro est passé de 816,363
kt à 700,893 kt de carbone soit une réduction de 14% sur les 20
dernières années, ce qui représente une perte annuelle de
5,22 kt de carbone.
3-3-2- Evaluation des
émissions annuelles de carbone
Le tableau X donne les émissions annuelles de
carbone de la réserve de faune d'Abokouamékro en
utilisant les paramètres par défaut du GIEC (2006). Comme on le
constate, le rejet total annuel de carbone est de 2,1 kt C.
Tableau X : Émissions
annuelles de carbone de la réserve
A
|
B
|
C
|
D
|
Carbone libéré par la combustion
(kt C)
|
Carbone libéré par la décomposition
(kt C)
|
Rejet total annuel de carbone
(kt C)
|
Rejet total annuel de CO2
(Gg CO2)
|
|
|
C = A + B
|
D = C × (44/12)
|
1,54
|
0,57
|
2,1
|
7,72
|
Rejet total de CO2 = 7, 72 Gg = 7720
t CO2
Le rejet annuel de carbone obtenu selon les paramètres
par défaut du GIEC (2006) correspond au quart du rejet de carbone obtenu
selon les variations des formations végétales. Cette
différence pourrait s'expliquer par le fait que les valeurs par
défaut du GIEC ne reflètent toujours pas la réalité
du terrain.
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Il ressort de cette étude, que la réserve de
faune d'Abokouamékro qui ne devrait pas subir des agressions
anthropiques du fait de son statut juridique a été fortement
dégradée. Sa couverture forestière à
été réduite de 22,98% sur ces 20 dernières
années.
Les défrichements agricoles, la production de charbon
de bois, l'exploitation forestière et les feux de brousse ont
été identifiés comme les principales causes de cette
réduction. Sur la période de 1989 à 2011, la superficie de
l'ensemble des îlots forestiers, forêts galeries et savanes
boisées a diminuée au profit des savanes arbustives.
Les îlots forestiers et forêts galeries qui ne
représentent que 12% de la superficie de la réserve stockent
environ 50% du stock total de la réserve. Les stocks de carbone de la
réserve varient de 13,69 t C/ha à 164,84 t C/ha selon les types
de formations végétales. Cette réserve a perdu 14% de son
potentiel de séquestration carbone sur ces 20 dernières
années.
Le défi du mécanisme REDD+ dans la
réserve de faune d'Abokouamékro serait d'inverser la tendance
baissière de son potentiel de séquestration carbone. L'atteinte
de cet objectif passe nécessairement par la réhabilitation de la
réserve. Mais une politique de réhabilitation de cette
réserve, qui ne prendra pas en compte les causes directes et indirectes
de sa dégradation, ne donnerait pas les résultats
escomptés. Des campagnes de sensibilisation doivent être
menées pour expliquer l'importance de la réserve aux populations
riveraines et leur montrer les différents avantages qu'elles pourront
tirer de l'existence de la réserve. Par exemple, dans le cadre des
activités écotouristiques certains jeunes des villages riverains
pourront servir de guides touristiques. En outre, de nouvelles pratiques
culturales dont l'agroforesterie doivent être vulgarisées pour
l'amélioration des rendements agricoles et également pour la
production de bois énergie. En somme, une stratégie de gestion
durable de la réserve de faune d'Abokouamékro doit contribuer
à l'amélioration des conditions de vie des populations
riveraines. Les éventuels revenus carbone dans le cadre d'un projet
REDD+, doivent servir à réaliser des activités de
préservation de la réserve.
Par ailleurs dans l'optique de connaître avec
précision le potentiel de stockage du carbone de la réserve de
faune d'Abokouamékro, il faut réaliser des études
complémentaires qui prendront en compte le carbone emmagasiné
dans la biomasse souterraine (racine), dans la matière organique morte
(litière, bois mort) et dans le sol. Aussi faudra t-il mettre en place
un système de suivi, de mesure, de notification et de
vérification (S&MNV) pour le suivi des formations
végétales et du stock de carbone de la réserve.
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Annexe I:
Les gaz à effet de serre anthropiques
|
CO2
|
CH4
|
N2O
|
HFC
|
PFC
|
SF6
|
Concentration
atmosphérique 2005
|
379 ppm
|
1 774 ppb
|
319 ppb
|
60,6 ppt
|
76,9 ppt
|
5,6 ppt
|
Durée de séjour
dans l'atmosphère
|
entre 2 ans
et des milliers
d'années
|
12 ans
|
114 ans
|
entre 1 et
260 ans
|
environ
10 000
ans
|
3 200 ans
|
Pouvoir de
réchauffement global
(cumulé sur 100 ans)
|
1
|
25
|
298
|
[124 ;
14 800]
|
[7 300 ;
12 200]
|
22 800
|
Origine des émissions
anthropiques
|
combustion
d'énergie
fossile et
déforestation
tropicale
|
décharge,
agriculture,
élevage et
procédés
industriels
|
agriculture,
procédés
industriels,
utilisation
d'engrais
|
sprays, réfrigération,
fonte d'aluminium
|
Modification du forçage
radiatif depuis 1750 par les
émissions anthropiques
(W/m2)
|
+ 1,66
|
+ 0,48
|
+ 0,16
|
+ 0,337
|
Source : GIEC, 1er groupe de travail,
2007.
Annexe II : Caractéristiques
des bandes spectrales ETM+ (CCT, 2002
Bandes
|
Domaine spectrale en micron
|
Application
|
ETM+ 1
|
0,45 - 0,52 (bleu)
|
Discrimination entre le sol et la végétation,
|
|
|
bathymétrie/cartographie côtière;
identification des
|
|
|
traits culturels et urbains
|
|
|
|
ETM+ 2
|
0,52 - 0,60 (vert)
|
Cartographie de la végétation verte (mesure le
sommet de réflectance); identification des traits culturels et
urbains
|
|
|
|
ETM+ 3
|
0,63-0,69 (rouge)
|
Discrimination entre les espèces de plantes à
feuilles ou sans feuilles; (absorption de chlorophylle); identification des
traits culturels et urbains
|
ETM+ 4
|
0,76-0,96 (proche IR)
|
Identification des types de végétation et de
plantes;
|
santé et contenu de la masse biologique;
délimitation des étendues d'eau; humidité dans le sol
|
ETM+ 5
|
1,55-1,75 (IR de courte longueur d'onde
|
Sensible à l'humidité dans le sol et les
plantes;
|
|
discrimination entre la neige et les nuages
|
ETM+ 6
|
10,4 - 12,5 (IR thermique)
|
Discrimination du stress de la végétation et
de
|
l'humidité dans le sol relié au rayonnement
thermique; cartographie thermique
|
ETM+ 7
|
2,08 - 2,35 (IR de
|
Discrimination entre les minéraux et les types de
|
courte longueur d'onde)
|
|
|
roches; sensible au taux d'humidité dans la
végétation
|
Annexe III :
Les phases du mécanisme REDD+
Annexe IV:
Caractéristiques des parcelles inventoriées dans les îlots
forestiers et forêts galeries
Parcelles
|
Caractéristiques
|
P33
|
forêt galerie, sous bois clair, exploitation artisanale,
canopée peu dense
|
P34
|
îlot forestier, sous bois dense, zone non
brûlée, trace de buffle, absence de culture, présence de
savane herbeuse avant la forêt, trace de feux
|
P35
|
îlot forestier, sous bois dense, non loin d'une
jachère et d'un champ vivrier, passage de feux
|
P36
|
Forêt galerie, Sous bois dégagé moins dense,
trace de feux, absence de culture
|
P37
|
îlot forestier intact, sous bois dense, zone non
brûlée
|
Annexe V : Les cultures
pratiquées dans la réserve de la RFA
Parcelles
|
Types d'occupation du sol
|
P40
|
Parcelle brûlée, champ d'igname, vielle
jachère (a proxilité de pranoua)
|
P41
|
champ de vivrier (banane - papaye - manioc), zone brulée
(vielle jachère)
|
P42
|
champ de vivrier (banane - papaye- manioc), zone brulée
(vielle jachère)
|
P3
|
champ de vivrier, zone brulée (proximité de
pranoua)
|
P46
|
champ (zone agricole), champ de manioc, banane
|
P47
|
savane brûlée, champ de manioc, banane
|
P48
|
ilot forestier peu dense
|
P9
|
ancienne jachère avec des champs à
l'intérieur (manioc, banane, papaye)
|
P50
|
champ de maïs, manioc, plantation d'anacarde
|
P51
|
point de contrôle de la réserve détruit et
présence d'un champ d'anacarde
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P52
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plantation d'anacarde
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P53
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champ de vivier ( manioc), plantation d'anacarde
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P54
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plantation d'anacarde sur une vaste étendue
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P55
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Eucaluptus opposé à un champ d'anacarde ( parc)
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Annexe VI : Nombre d'individus en
fonction des classes de circonférence
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Nombre d'individu par type de formations
végétales
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Classes de circonférence (cm)
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Îlots forestiers/forêts galeries
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Savanes boisées
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Savanes arborées/ arbustives
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Total
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[0 - 10[
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0
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0
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0
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0
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[10 - 20[
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16
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51
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22
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89
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[20 - 30[
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25
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70
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37
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132
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[30 - 40[
|
32
|
54
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18
|
104
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[40 - 50[
|
17
|
33
|
19
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69
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[50 - 60[
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15
|
24
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6
|
45
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[60 - 70[
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12
|
10
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5
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27
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[70 - 80[
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6
|
14
|
3
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23
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[80 - 90[
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21
|
0
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3
|
24
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[90 -100[
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5
|
6
|
3
|
14
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[100 - 110[
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4
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7
|
0
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11
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[110 - 120[
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1
|
2
|
0
|
3
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[120 - 130[
|
2
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5
|
0
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7
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[130 - 140[
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1
|
1
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1
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3
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[140 - 150[
|
1
|
3
|
0
|
4
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[150 - 160[
|
7
|
0
|
0
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7
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[160 - 170[
|
1
|
0
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0
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1
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[170 - 180[
|
0
|
0
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0
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0
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[180 - 190[
|
3
|
0
|
0
|
3
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[190 -200[
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2
|
0
|
0
|
2
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[200 - 210[
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6
|
0
|
0
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6
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[210 - 220[
|
0
|
0
|
0
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0
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[220 - 230[
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0
|
0
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0
|
0
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Total
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177
|
280
|
117
|
574
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Annexe VII : Modèle de
conception d'une équation allométrique
Développer des équations de biomasse peut
être une opération coûteuse en ressources. Des
équations générales existent ; cependant pour plusieurs
espèces à usages multiples, ça peut ne pas être le
cas, et il vaudrait la peine aux initiateurs des projets de développer
les équations de biomasse locales. Le processus de développer des
équations de biomasse spécifiques aux sites et aux espèces
locales comprennent les étapes suivantes.
· Étape 1 : Sélectionner l'espèce
végétale dominante.
· Étape 2 : Sélectionner environ 30 arbres
au hasard représentatifs de la gamme complète de classes de
diamètre présentes ou à venir.
· Étape 3 : Mesurer le DHP et la hauteur de chaque
arbre.
· Étape 4 : Récolter les arbres
sélectionnés en les abattants.
· Étape 5 : Débiter l'arbre en billots de
taille appropriée pour estimer directement la masse de l'arbre vivant.
· Étape 6 : Si débiter un large tronc pour
le peser n'est pas faisable :
- i) Estimer le volume en utilisant les données sur le
diamètre aux deux extrémités du tronc et la longueur du
tronc. (Volume = [ð r12 + ð r22
] / 2 x L, où r1 et r2 = les rayons aux deux
extrémités du tronc et L = la longueur du tronc.)
- ii) Amasser un échantillon de bois frais qui fait la
coupe transversale complète de chaque grume, estimer son volume,
sécher-le au four, et mesurer sa masse sèche. Estimer la
densité (g / cm3) en divisant la masse sèche par son
volume.
- iii) Estimer la masse du tronc en utilisant le volume et la
densité du bois (Masse = Volume x Densité), et ajouter aux autres
composantes (branches, feuilles, etc.) pour obtenir la masse totale de l'arbre.
· Étape 7 : Développer des équations
de biomasse liant les données de biomasse des arbres au diamètre
de poitrine d'homme (DPH) seul, ou à la densité et à la
hauteur.
Annexe VIII : Fiche
d'entretien
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Date :
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Nom et Prénoms :
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Service:
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1. Combien d'agents dispose l'OIPR pour la préservation de
la RFA?
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2. Ce nombre est il suffisant pour l'accomplissement de toutes
les tâches?
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3. Si non, qu'est ce qui explique cet état de fait
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4. Avez-vous connaissances de la pratique de certaines
activités illégales
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au sein de la réserve?
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5. Si oui, quelles sont ces activités?
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6. A quand remontent les premières infiltrations?
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7. Quelles sont les actions entreprises par l'OIPR pour corriger
cet état de fait?
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8. Dispose t-on de statistique sur les superficies
défrichées par an, les superficies
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dévastées par le feu, l'exploitation
forestière dans la réserve ?
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9. Quel est l'état actuel de la réserve de faune
d'Abokouamékro ?
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10. L'OIPR collabore t-il avec les populations pour la protection
de la réserve?
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11. Quels sont les moyens dont dispose l'OIPR pour la
préservation de la réserve ?
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