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Analyse des méthodes paysannes de protection des cultures dans le delta du fleuve Sénégal

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par Christian Ilitch NGUINDA - AKANY
Université polytechnique de Thiès- Sénégal - Diplôme d'études approfondies en agronomie et protection des cultures  2008
  

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REPUBLIQUE DU SENEGAL

MINISTERE DE L'EDUCATION

UNIVERSITE DE THIES

Ecole Nationale Supérieure d'Agriculture (ENSA)

Département de Productions végétales

Analyse des méthodes paysannes de protection des cultures au niveau du Delta du fleuve Sénégal

MEMOIRE D'ETUDES APPROFONDIES EN AGRONOMIE ET PROTECTION DES CULTURES

Présenté par

Christian Ilitch NGUINDA - AKANY

Ingénieur Agronome

Soutenu publiquement le  18 Novembre 2008

devant la commission d'examen composée de :

Dr Abdoulaye DIENG, Directeur de l'UFR SADR

Dr Saliou NDIAYE, Directeur des Études de l'ENSA

M. Mamadou SOW, Assistant D./ENDA Pronat

M. Makhfouss SARR, Coordonnateur du programme GIPD

M. Alpha O. DIALLO, enseignant au Département Productions Végétales, ENSA

Président

Examinateur

Rapporteur

Examinateur

Encadreur

« Nous n'héritons pas la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants »

Proverbe africain

AVANT PROPOS

Ces travaux ont été menés au niveau de l'ENDA - Pronat de Rufisque dans le cadre du mémoire de Diplôme d'études approfondies en agronomie et protection de cultures initié par l'Ecole Nationale Supérieure d'Agriculture de Thiès.

J'exprime toute ma gratitude au Docteur Abdoulaye NDIENG, Directeur de l'ENSA de Thiès pour avoir accepté de présider la commission d'examen.

Je remercie le Docteur Saliou NDIAYE, Responsable du D.E.A., d'avoir accepté de siéger dans le jury et de s'être intéressé à mes travaux. Son soutien moral (parfois paternel) et scientifique a été d'une importance notable.

Que Monsieur Alpha Omar DIALLO, enseignant du Département de Productions Végétales, trouve ici toute ma reconnaissance pour avoir accepté de diriger mes travaux de recherche et surtout pour ses conseils et ses encouragements.

J'adresse mes sincères remerciements à Monsieur Mamadou SOW, Coordonateur d'ENDA-Pronat rufisque, pour son accueil, et les conditions de travail qu'il a mises à ma disposition. A travers lui, mes pensées vont à l'endroit de madame Mariama SOW et monsieur KALIDOU.

Je témoigne toute ma reconnaissance au Docteur Papa Maliké DIEDIOU, enseignant chercheur au Département Productions végétales de l'ENSA pour n'avoir ménagé aucun effort afin que mon apprentissage, durant le DEA, répendent à mes attentes scientifiques. Avec lui, j'ai appris la rigueur, le sérieux et le dévouement aux travaux de recherche. Je le remercie, ainsi que l'ensemble du corps des enseignants.

Je remercie également Monsieur Amavi KODJOVI, qui a toujours été disponibles pour de nombreux conseils d'analyses statistiques.

Je souhaite adresser aussi toute ma reconnaissance aux différents membres du jury qui ont bien voulu accepter d'examiner ce travail.

Merci aussi à tous mes condisciples du DEA (Assa BALAYARA, Cheick Tidiane TOURE, Babacar NDAO, Jeano DIATTA, Babacar SANE et Kémo BADJI) qui ont toujours été présent dans les bons et mauvais jours.

Un grand merci, bien évidemment, à tous les agriculteurs des différents villages dans lesquelles nous avons travaillé. Étant à la base de ce travail, j'ai sans aucun doute reçu bien plus que je n'ai pu offrir.

J'exprime ma gratitude à l'endroit de tous les frères et soeurs de l'Eglise Evangélique Baptiste de Thiès. Je n'oublie pas non plus les bien-aimés en Jésus - Christ de la cellule de prière de l'ENSA

Je ne saurais oublier Caroline FALL et tous ses enfants pour les merveilleux rapports que j'ai eu avec eux durant toute ma location dans leur domicile.

Enfin, je tiens à remercier Luc Léger MANGA, mon bien fidel compagnon, pour son soutien moral quand tous m'auraient abandonné. Merci mon frère !

Merci à mes parents adoptifs de Dakar (Joseph louis et Cécile PANGUI) pour avoir toujours été là pour moi!

Ma profonde gratitude à Carine MURAT, pour son amitié sincère et surtout son beau sourire qui m'a beaucoup aidé.

Je termine mon propos à l'endroit de mes parents. En fait, il n'y a pas de mots pour exprimer totalement mes sentiments à leur égard. Ils le savent. Donc, merci à ma mère qui, le jour de ma soutenance et malgré mes 28 années, continuera de s'angoisser pour moi. Merci à mon père qui, en sa qualité de Dr vétérinaire, fût la première personne à me faire aimer les plantes et les animaux. Je me souviens encore de ce jardin potager familial, dont il m'avait confié la responsabilité dans ma tendre enfance.

Je ne saurais oublier la Soeur Marguerite TIBERGHIEN qui, au travers son oeuvre de l'école spéciale, m'a plus qu'aider dans ma tendre enfance.

Quant au Prophète William YAUCAT - GUENDI, mon père spirituel, ce mémoire lui est tout simplement dédié.

RESUME

La présente étude sur les méthodes locales de protection des cultures a été menée pour en dégager les principes fondamentaux, au niveau du Delta, de manière à souligner les pratiques à risque ou à encourager. L'approche de la présente étude concilie protection des cultures et prise en compte de l'environnement à une échelle locale.

Elle a mis en évidence la relation entre le choix de la spéculation et la saison des cultures qui est la base des différentes stratégies de protection des cultures adoptées par les producteurs. C'est d'ailleurs pourquoi, d'un point de vu pratiques les activités agricoles sont développées de manière à ce que les stades phénologiques les plus sensibles ne coïncident pas avec la saison chaude et humide. En outre, il a été identifié six stratégies de protection de cultures utilisées à savoir : la lutte mystique, la lutte culturale (rotation des cultures et jachère), les biopesticides (extraits naturels de plantes à propriétés pesticides), la GIPD, la lutte physique et la lutte chimique. De toutes les stratégies de lutte, la lutte chimique est la principale et la mystique de dernier recours. Cependant, en cas d'infestation le choix de la méthode de lutte est principalement influencé par la disponibilité financière, le temps nécessaire cumulé de la préparation à l'application, l'éminence du résultat attendu et la maîtrise du moyen de lutte. Les pesticides chimiques utilisés sont tous susceptibles, avec le temps, d'affecter négativement les arthropodes. Or toute rupture de l'équilibre écologique serait propice aux apparitions de nouvelles formes de bioagressions sur les plantes. En outre, les trois quarts des pesticides chimiques utilisés sont classés dangereux pour la santé humaine d'après l'Organisation Mondiale de la Santé. Les traitements se font généralement sans appliquer les précautions d'usages inscrits sur les emballages de produits agropharmaceutiques du fait que près de la moitié des producteurs sont analphabètes. Les effets secondaires des pesticides de synthèses sur l'environnement et la santé ne s'avèrent pas compatibles avec une exploitation durable des agro - écosystèmes. Il est donc nécessaire d'encourager des stratégies de protections de cultures reposant sur une considération rationnelle de l'environnement local et une adaptation des systèmes de culture.

Mot - clés : Protection de cultures/ Pesticides de synthèses/ Environnement

ABSTRACT

The present study on the local methods of protection of culture was led to loosen the fundamental principles of it at the level of the Delta so as to underline the practices at risk or to encourage them. The approach of the present study reconciles protection of cultures and consideration of the environment in a local scale.

It puts in evidence the choice of the speculation in connection with the season of culture that is the base of the various strategies of protection of the cultures adopted by the producers. It is why, in a practical point of view, the agricultural activities are developed in a way that the most sensitive and phenological stages do not coincide with the warm and wet season. Besides, six strategies of protection of cultures were identified and used, namely: mystic fight, cultural fight (rotation of cultures and fallow), bio pesticides (extracted natures of plants with pesticide properties), GIPD, the physical fight and the chemical fight. Of all the strategies of fight, the chemical fight is the most fundamental fight, whereas the mystical one should be the last to be used. However, in case of infestation the choice of the method of fight is mainly influenced by the financial availability, the necessary time accumulated by the preparation for the application, the eminence of the expected result and the control of the means of fight. Used chemical pesticides are all susceptible in time to affect negatively arthropods. Now, any break of the ecological balance would be convenient to the appearances of new forms of ``bioattacks'' on plants. Besides, three quarters of used chemical pesticides are classified dangerous for the human health according to World Health Organization. Treatments are generally made without applying the precautions of manners registered on the packagings of agropharmaceutic products, most of the producers are illiterate. The side effects of pesticides of syntheses on the environment and the health do not turn out compatible with a long-lasting exploitation of agro - ecosystems. It is thus, necessary to encourage strategies of protections of cultures resting on a rational consideration of the local environment and an adaptation of the systems of culture.

Word - keys: Protection of cultures / Pesticides of syntheses / Environment

LISTE DES ACRONYMES

ACM : Analyse des Correspondances Multiples

CERES-Locustox : Centre de recherches en écotoxicologie pour le Sahel

DSRP : Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté

CERAAS : Centre d'Etude Régional pour l'Amélioration de l'Adaptation des plantes à la Sécheresse

CFSI : Comité Français pour la Solidarité International

CIRAD : Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement

CRDI : Centre de Recherche le Développement International

DDAR : Direction du développement et de l'aménagement rural

DEA : Diplôme d'Etudes Approfondies

DL: Dose Létale

DPV: Direction de la Protection des Végétaux

ENDA Pronat : Environnement et développement du Tièrs monde Protection naturelle

ENSA : Ecole Nationale Supérieure d'Agriculture

EPA : Environnemental Protection Agency

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture

GIE : Groupement d'Intérêt Economique

GPS : Geografical Positions System

GRET : Groupe de recherche et d'échanges technologiques

INMA: Institut National de Médecine Agricole

INRA: Institut National de Recherche Agronomique

ISRA: Institut Sénégalais de Recherche Agricole

ITA: Institut de Technologie Aagroalimentaire

LFDA : Ligue Française des Droits de l'Animal

MA : Ministère de l'Agriculture

OCDE: Organisation de coopération et de développement économiques

PDMS : Programme de développement des marchés agricoles au Sénégal

PIB : Produit Intérieur Brut

SAED : Société d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta du Fleuve Sénégal et de la Falémé

SPAD : Système portable d'analyse des données

SPSS: Statistical packaged for socials sciences

UNESCO: Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture

XLSTAT : Statistical software for MS Excel

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Localisation des sites de l'étude 4

Figure 2 : Répartition des superficies cultivées durant l'année 10

Figure 3 : Cumul des superficies cultivées par saison 11

Figure 4 : Variation des productions moyennes en kg/ha en fonction des saisons de culture 12

Figure 5: Répartition des dégâts causés par les différents ennemis de cultures 12

Figure 6 : Répartition de la pression des ennemis en fonction des principaux stades phénologiques 13

Figure 7 : Classification des moyens de lutte au niveau du producteur 14

Figure 8 : Répartition des stratégies de lutte alternative aux pesticides 15

Figure 9 : Répartition des producteurs en fonction des raisons d'utilisation de pesticides 16

Figure 10 : Approvisionnement en pesticide chimique 17

Figure 11 : Étiquetage des contenants de pesticides 17

Figure 12 : Classification des pesticides utilisés suivant la cible 19

Figure 13 : Regroupement des agriculteurs en fonction du choix de stockage de pesticides avant traitement 20

Figure 14 : Lieux de stockage de pesticides avant utilisation 20

Figure 15 : Dispersion des données du test paramétrique quantité produit utilisé en fonction du niveau d'instruction 22

Figure 16 : Utilisation de différents doseurs 23

Figure 17 : Distribution de matériel de traitement en fonction de superficies cultivées 24

Figure 18: Risques sanitaires potentiels de pesticides utilisés 25

Figure 19: Risque potentiel de pesticides utilisés sur l'environnement 27

Figure 20 : Répartition des producteurs en fonction du mode de gestion des contenants de pesticides 29

Figure 21 : Répartition des sites dépotoirs des pesticides en fonction de leur utilisation 29

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Résumé des travaux d'enquêtes 7

Tableau 2 : Test du Khi² d'indépendance entre la saison de culture et la superficie cultivée 10

Tableau 3 : Taux de superficies cultivées par spéculation au niveau de la zone d'étude 11

Tableau 4: Test du Khi² d'indépendance entre pression des ennemis des cultures et le stade phénologique 12

Tableau 5 : Répartition des pesticides utilisés en fonction du groupe chimique 18

Tableau 6 : Classification des pesticides utilisés suivant la formulation 18

Tableau 7 : Classification de matériels de protection par priorité lord de préparation de solutions 21

Tableau 8 : Test de corrélation de Pearson (test paramétrique) entre quantité de pesticide par traitement et niveau d'instruction. 21

Tableau 9 : Délais avant récolte (DAR) en fonction de pesticides utilisée 26

Tableau 10 : Test de Khi² d'indépendance entre paramètres de gestion des emballages de pesticides 28

LISTE DES ANNEXES

Annexe1: Mesure des principaux doseurs utilisés 38

Annexe 2: Photos mauvaise utilisation de pesticides de synthèse 38

Annexe 3: Scènes d'eau aux sites dépotoirs de contenants de pesticide 38

Annexe 4 : Mécanismes mis en jeux lors des épandages par pulvérisation. 39

Annexe 5 : Risques de pesticides utilisés dans les zones d'enquête sur la faune non - cible 40

Annexe 6 : Liste des pesticides des classes Ia et Ib utilisés ou présents au Sénégal 43

TABLE DES MATIERES

AVANT PROPOS I

RESUME III

ABSTRACT IV

LISTES DES ACRONYMES V

LISTES DES FIGURES VI

LISTES DES TABLEAUX VI

LISTES DES ANNEXES V II

INTRODUCTION 1

PROBLEMATIQUE 2

1- SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE 3

1.1- GESTION DES CONTRAINTES DE PRODUCTIONS AGRICOLES AU SENEGAL 3

1.1.1 - Le contexte agricole 3

1.1.2 - Les principales contraintes de productions agricoles et les stratégies de lutte développées 3

1.2- PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 4

1.2.1 - La situation géographique et administrative 4

1.2.2 - Les caractéristiques physiques 4

1.2.3 - Les caractéristiques socio - économiques 5

2- METHODOLOGIE DE RECHERCHE ET D'ANALYSE 6

2.1- METHODOLOGIE DE RECHERCHE 6

2.1.1- Analyse documentaire 6

2.1.2 - Entretiens informels 6

2.1.3 -Enquêtes sur le terrain 6

2.1.4 - Organisation du questionnaire 7

2.2 - TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES 8

3- RESULTATS ET DISCUSSIONS 10

3.1 - Les superficies cultivées 10

3.2 - Les cultures pratiquées 11

3.3 - Problèmes phytosanitaires 12

3.4 - Protection de cultures 13

3.5 - Usage des pesticides et problèmes liés 16

3.5.1 - Motifs de choix des pesticides chimiques par les producteurs 16

3.5.2 - Approvisionnement en pesticides chimiques 17

3.5.3- Typologie des pesticides utilisés 18

3.5.4 - Mode d'utilisation des pesticides 19

3.5.4.1 -Stockage des pesticides 19

3.5.4.2 - Préalables avant le traitement 20

3.5.4.3 - Précautions durant le traitement 21

3.5.4.4 - Précautions après le traitement 21

3.5.5 - Risques potentiels des pesticides utilisés 21

3.5.5.1 - Niveau d'instruction des producteurs 21

3.5.5.2 - Organisation sociale de l'application de pesticides de synthèse 22

3.5.5.5 - Instruments de traitement phytosanitaire 23

3.5.5.5.1 - Les doseurs de pesticides 23

3.5.5.5.2 - Matériel de traitement phytosanitaire 23

3.5.5.6 - Toxicité potentielle des pesticides utilisés vis-à-vis des humains et de l'environnement 25

3.5.5.6.1 - Cas d'intoxications relevés par les producteurs 25

3.5.5.6.2- Toxicité potentielle des pesticides utilisés vis - à -vis de l'homme 25

3.5.5.6.3. - Toxicité potentielle des pesticides utilisés vis-à-vis de l'environnement 27

3.5.5.6.4- Gestion des emballages de pesticides 28

CONCLUSION ET PERSPECTIVES 30

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 33

ANNEXES 38

INTRODUCTION

Dans le cadre du grand projet d'irrigation, sous l'administration de la Société d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta du Fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED), pour l'augmentation et la sécurisation des productions, les barrages de Diama et Manantaly ont été construit au niveau du Delta à la suite de la sécheresse des années 1970 (CRDI, 2001 ; Touré et al., 2002).

Ces ouvrages ont largement contribués à améliorer l'approvisionnement en fruits et légumes alimentaires au niveau du pays. Cependant, il convient de préciser que la construction de ces deux barrages a causé l'émergence d'impacts nouveaux et non prévus tant sur le plan écologique, que socio - économique et sanitaire jouant d'ailleurs le plus souvent en interaction (Dumas et al., 2006). En effet, le changement de l'écosystème et l'intensification des cultures ont eu pour conséquence, une menace permanente pesant sur les récoltes à cause des infestations et attaques des ennemis des cultures (ENDA, 1986). Cependant, devant une augmentation croissante de la population, il y a nécessité d'augmenter la production alimentaire (Schultz, 2005). Les pertes, avant et après récoltes, dues aux ravageurs, aux maladies et aux mauvaises herbes représentent une contrainte importante pour la production agricole et la sécurité alimentaire. On évalue ces pertes, de l'ordre de 20 à 25%, en ce qui concerne les plantes cultivées dans les pays industrialisés (Sheets et al., 1979 ; Daniel, 1989 ). Elles atteignent 30 à 50 % dans les pays en développement (Daniel, 1989 ; Doucouré, 2007). Il convient donc de dire que la nuisance aux plantes cultivées concoure énormément à la précarisation de la sécurité alimentaire dans de nombreux pays de la zone intertropicale.

Ces chiffres démontrent que de par son enjeu, la protection des cultures devrait figurer parmi les solutions proposées pour faire face à la crise alimentaire. Cependant, il ne suffit pas seulement de protéger les cultures, mais également veiller à ce que les stratégies adoptées ne puissent pas entraîner des bouleversements importants au niveau des agrosystèmes. Bouleversements qui ont très souvent une influence sur l'apparition et l'impact des maladies et des ravageurs des cultures.

Dans un tel contexte, analyser les méthodes locales de protection de culture, afin d'identifier les pratiques à risque ou à encourager revêt une grande importance.

La présente étude effectuée dans le cadre d'un mémoire de D.E.A. va donc d'une part, dégager les principes fondamentaux régissant les méthodes paysannes de protection de cultures au niveau du Delta ; Et d'autre part, identifier les pratiques locales de protection de cultures qui pourraient contribuer à rompre l'équilibre de l'environnement.

Dans la première partie de ce mémoire est présentée la synthèse bibliographique sur la protection de cultures au Sénégal et sur la zone d'étude. La méthodologie de recherche et d'analyse statistique est présentée dans la deuxième partie. Les résultats et discussions des méthodes de lutte, constituent la troisième partie de ce mémoire qui se termine par une conclusion générale et des perspectives.

PROBLEMATIQUE

Les estimations démographiques des nations unies, en 2007, indiquent que les 81,7% soit 5,412 milliards de la population mondiale vivent dans les pays en développement et soufrent à des degrés divers, la faim ou la malnutrition (ONU - Département des affaires économiques et sociales, 2007). Selon les mêmes estimations, pour éviter qu'il y ait plus de 600 millions d'urbains sous alimentés d'ici 2025, la production agricole devra doubler (CFSI, avril 2008). Cependant, les contraintes phytosanitaires à elles seules pourraient occasionner des pertes qualitatives et quantitatives de l'ordre de 50% dans les pays en développement. Nourrir 5,412 milliards de personnes n'est plus seulement une exigence humanitaire, mais aussi un défi technologique. Les exploitants agricoles seront certainement encouragés à produire d'avantage de nourriture, mais le problème de fond reste la garantie assurer une protection de cultures pour une meilleure expression du potentiel productif des plantes cultivées du fait qu'elles couvrent l'essentiel des besoins alimentaires humains ( World Population Data Sheet, 2007). Selon Daniel, (1989), la recherche d'une productivité plus grande a déjà poussé, dans le passé, le paysan à mettre en oeuvre des pratiques empiriques de prévention des contraintes, notamment le choix des plantes cultivées et le mode d'exploitation. Ces pratiques ont eu à entraîner des bouleversements importants au niveau des agrosystèmes qui ont eu une influence sur l'apparition et l'impact des maladies et des ravageurs. Le plus difficile n'est donc pas de protéger les cultures, mais d'éviter que les mesures prises pour prévenir ou contrôler n'importe quel problème phytosanitaire ne puissent contribuer à rompre l'équilibre environnemental, au point de favoriser des apparitions de nouvelles formes de bioagression. Pour la plupart des pays en développement et en particulier le Sénégal dont 70% des populations dépendent, pour leur subsistance, de leur production agricole ; mieux se nourrir est tributaire de la maîtrise du risque que représentent les maladies et les ravageurs de cultures. Aussi, convient - il, pour une contribution pragmatique à l'amélioration de la disponibilité alimentaire, d'observer une démarche logique qui procède progressivement à une identification participative des différentes stratégies de protection de cultures en milieu rural, de manière à souligner les pratiques qui contribueraient à affecter l'expression du potentiel productif des plantes cultivées. Une des attentes techniques de ce travail est de faire la lumière sur les principales stratégies de préventions et de gestion des ennemies mise en oeuvre à l'échelle de parcelles paysannes. Au-delà d'une simple description des stratégies, l'attente technique consiste à rendre compte des facteurs qui influencent les interventions et les pratiques liées à la protection des cultures par le paysan.

1- SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

1.1- GESTION DES CONTRAINTES DE PRODUCTIONS AGRICOLES AU SENEGAL

1.1.1 - Le contexte agricole

L'agriculture constitue le principal domaine d'activité et d'insertion professionnelle des populations rurales et, l'une des principales sources de revenus et de satisfaction des besoins alimentaires (DSRP, 2002 ; Doucouré, 2007). Cependant, la contribution de l'agriculture au Produit Intérieur Brut (PIB) qui était de 19% sur la période 1960-1966 ne représente aujourd'hui que 8 à 9% (Kassé, 2002). Ces indicateurs mettent en évidence la faiblesse structurelle de la productivité de l'agriculture malgré les énormes potentialités repérées particulièrement dans les régions périphériques du Nord, de l'Est et du Sud du pays. Il y a par conséquent une baisse substantielle des revenus des paysans. Face au grand challenge pour bâtir une agriculture moderne et performante, l'Etat encourage appuie les producteurs à promouvoir une production locale diversifiée et compétitive tout en préservant l'équilibre de l'environnement et des ressources naturelles.

Les terres arables représentent 27% de la superficie du territoire. L'arachide, le millet, la canne à sucre, le maïs, le sorgho, le riz, le coton, le manioc, la patate douce, et la tomate en sont les principales cultures. L'expansion des cultures de tomate, du riz et de la canne à sucre est l'une des conséquences des efforts de diversification, axés particulièrement sur le maraîchage d'exportation et la valorisation du Delta du Sénégal. En 2004, bien que la production annuelle se chiffrait à 465 000 t d'arachides, 628 426 t de mil, 189 787 t de sorgho et 231 805 t de riz, les pertes de produit demeurent importantes à l'échelle du territoire (SAED, 2004 ; Doucouré, 2007).

1.1.2 - Les principales contraintes de productions agricoles et les stratégies de lutte développées

L'agriculture sénégalaise est soumise à diverses contraintes parmi lesquelles on peut citer : la sécheresse, les retards de pluies et divers déprédateurs. Ces derniers, ont une importance variable suivant les zones agroécologiques et la physionomie des hivernages. Les infestations de divers sauteriaux, les pourritures et avortements de panicules, le dépérissement suite aux attaques de pucerons et cochenilles, les dégâts d'oiseaux granivores, les maladies cryptogamiques, les pullulations de rongeurs, constituent entre autre les causes de la plupart des pertes évoquées (ISRA - ITA - CIRAD, 2005). Selon Doucouré, (2007), pour les principales plantes cultivées au Sénégal les ennemis des cultures provoquent des pertes annuelles d'environ 30%.

On dénombre plusieurs procédés de lutte qui permettent de réduire l'impact des ravageurs, dont : la lutte législative, la lutte culturale, la lutte génétique, la lutte chimique, la lutte physique, la lutte biologique et la lutte intégrée.

1.2- PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ETUDE

1.2.1 - La situation géographique et administrative

Les sites ciblés pour l'étude couvrent plusieurs villages situés dans la partie nord ouest du Sénégal appelé Delta1(*). Il s'agit dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal d'Ouro Madiiw, Ndiawara, Diambo soubalo; dans le bas Delta du fleuve, Pont Gendarme, Gandiaye peulh, Médine, Thilène; et sur les rives Est et Ouest du lac de Guiers Ndiakhaye, Thiarène, Mbayène, Yamane. Ces villages sont rattachés aux circonscriptions administratives des départements de Podor et Dagana qui font partie de la région de Saint-Louis.

La région de Saint-Louis couvre une superficie de 19.034 Km2 soit 10% du territoire national, avec une population de 695.720 habitants majoritairement urbaines. Il est important de garder à l'esprit que son milieu urbain, constitue le marché potentiel des différents produits agricoles (PDMS, 2005).

Ouro Madiiw

F Enquêtes sur le terrain

Mbayène

Thiarène

Ndiakhaye

Thilène

Pont-Gendarme

Ndiambo soubalo

Ndiawara

Gandiaye peul

Médine

Yamane

Village d'étude

Figure 1 : Localisation des sites de l'étude

1.2.2 - Les caractéristiques physiques

L'année climatique est divisée en deux saisons principales en considérant le critère pluviométrique. La saison de pluies couvre juillet à fin octobre avec une hauteur comprise entre 300 mm et 500 mm. La saison sèche débute en octobre et prend fin en juin (Mbodj, 2001 ; ilri.org). Dans la vallée et le Delta, la pluviométrie est généralement faible et dépasse rarement 500 mm/an (Unesco.org).

Les températures sont en général élevées avec des moyennes de 26° à 27°C. Les minima sont enregistrés vers Décembre et Janvier et les maxima vers Août et Septembre. La température moyenne entre Septembre et octobre est de 35° (Noungo, 2003).

L'insolation moyenne annuelle est de 7,5h/jour et varie de 9 à 10h/jour en saison sèche (Rae et Sy, 1992). L'évaporation moyenne de l'ordre de 8 mm/jour, augmente fortement les besoins en eau des plantes ; particulièrement lorsque l'harmattan souffle (ilri.org).

On y distingue comme eaux de surface le Sénégal qui est un fleuve paissant long de 1,750 km. Sa largeur est de 2 à 300 m, mais il peut s'étaler en saison des pluies sur plus de 25 km (ilri.org)

Selon Boudet (1989), le découpage morpho - pédologique fait distinguer les Waalo ou sols argileux et argilo - limoneux au nord, les Diéri ou sols sableux non inondable dans le sud (Figure 1). Dans le Waalo, il y a toute l'année une dominance de graminées Sporobolus robustus, Echinochloa colona, Elitrophorun spicatus, Leersia hexandra, Oryza barthii, Panicum subalbidum, ainsi que des arbustes Acacia nilotica et Prosopis sp. On y trouve aussi d'autres adventices comme Typha australis, Aeschynomene indica, Phragmites vulgaris, Scirpus maritimus, Scirpus littoralis et Cyperus rotondus (Mbodj, 2001). Sur le Diéri, on rencontre Acacia raddiana, Balanites aegyptiaca et Acacia senegal. La strate herbacée est composée de graminées annuelles où dominent Cenchrus biflorus, Aristida sp. ou encore Schoenefeldia gracilis (Corniaux, 2005).

1.2.3 - Les caractéristiques socio - économiques

La population du Delta du fleuve Sénégal s'élevait d'après une enquête démographique en 2002 à 25 000 d'habitants. Elle est majoritairement urbaine et vit à Saint - Louis (43%), Richard Toll (20%) et Dagana (37%). La densité est de 64 habitants au km2 et le taux moyen annuel de croissance démographique s'élève à 3,8%. Elle est principalement composée de Peulhs, Toucouleurs, Soninkés, Malinkés, Bambaras, Wolofs, Maures, et d'autres encore (unesco.org).

L'agriculture irriguée est le moteur de développement depuis la mise en eau des barrages (1986 et 1988). L'élevage a toujours été une activité majeure dans le Delta grâce à la capacité de charge assez élevée des pâturages au niveau des plateaux herbeux et des plaines d'inondations (Unesco.org ; Faye et al., 2003). La pêche est l'activité économique la plus importante du bassin après l'agriculture, en particulier pour les populations qui vivent à proximité du fleuve dans la vallée et le Delta (Unesco. org).

Les producteurs sont organisés en section et en GIE. La section villageoise regroupe les GIE. Ces derniers jouent le rôle d'intermédiaire entre les producteurs et la section villageoise. Elle définie les plans de campagne, assure la coordination autour des aménagements, répartit les terres entre les GIE et recherche les financements auprès de la CNCAS. Elle recense aussi les besoins exprimés au niveau des GIE, mène les négociations auprès de partenaires (SAED, CNCAS), établit des contrats de prestations de services avec les fournisseurs, gère les infrastructures (station de pompage, les canaux, les axes d'irrigation) et assure les entretiens des aménagements.

2- METHODOLOGIE DE RECHERCHE ET D'ANALYSE

2.1- METHODOLOGIE DE RECHERCHE

Pour mener cette étude, la méthodologie de recherche comportait principalement : une analyse documentaire, des entretiens informels et des enquêtes sur le terrain.

2.1.1- Analyse documentaire

Une recherche bibliographique a été faite au niveau des différentes bibliothèques à savoir celle de l' E.N.S.A de Thiès, l'Enda - Pronat de Rufisque, du CERAAS, CERES - Locustox ainsi que des sites Internet.

2.1.2 - Entretiens informels

Les entretiens informels (sans questionnaire) ont été menés au près des spécialistes et des personnes ressources travaillant à la SAED et DPV. Nous avons aussi discuté avec les représentants des firmes de production d'intrants. Ces entretiens avaient pour but essentiel de nous donner une vision globale sur les conditions d'exercice de la protection des cultures par les paysans.

2.1.3 -Enquêtes sur le terrain

Nous avons effectué un échantillonnage, suivant la méthode par quotas à partir des périmètres, des villages ou hameaux et les ménages des agriculteurs. Cette méthode d'échantillonnage lors des enquêtes est aussi appelée choix raisonné. Elle a pour avantage d'assurer la représentativité de l'échantillon en conformant sa structure aux caractéristiques de la population. Cela suppose une information fiable de la population mère. Comme unités statistiques, il a été retenu les agriculteurs possédant au moins des terres, et donc pouvant être capables de jauger ou d'apprécier les différentes méthodes de luttes.

Les enquêtes ont été effectuées en trois phases:

- Une phase exploratoire de prise de contact qui a permis de mieux circonscrire l'étude et d'effectuer une caractérisation des villages et de la communauté rurale ;

- Une phase test du questionnaire, réalisé sous la supervision des experts lors d'un atelier du 6 au 11 octobre 2007, au près d'un groupe d'agriculteurs originaires de Ndiagambale vivant dans des conditions similaires à ceux des sites ciblés pour l'étude. Celle-ci, nous a permis d'apporter quelques correctifs (sur leur traduction en wolof et Poular) afin de donner au questionnaire et au guide d'entretien leurs formes définitives.

- Une phase d'enquête d'exploitation a été menée avec un questionnaire par une équipe constituée d'enquêteurs et d'experts. Les experts de leur côté se sont répartis les rôles. Pendant que l'un conduisait les focus group, un autre assurait la supervision des enquêteurs (contrôle du remplissage des questionnaires). Les deux autres faisaient les prises de vue en relevant les coordonnées GPS des points stratégiques (stations d'exhaure, drainages, puits et points de lavage et/ou de puisage de l'eau).

L'enquête proprement dite a été faite de manière à dégager les principes fondamentaux régissant les méthodes paysannes de protection de cultures. Ainsi, la collecte des données a combiné l'approche qualitative et quantitative de manière à respecter la dynamique, les cadres de référence des propos de l'agriculteur. Le principal intérêt a été de mettre en exergue l'ampleur d'un phénomène et de comprendre les interprétations qu'ils en font.

Les enquêtes se sont déroulées du 20 au 30 octobre 2007, essentiellement à partir de la méthode face à face. L'enquêteur rempli le questionnaire directement. Les réalisations d'enquêtes durant les 10 jours dans les trois périmètres sont résumées dans le tableau 1 ci-dessous.

Tableau 1: Résumé des travaux d'enquêtes

Périmètres

Villages

Nombre de ménages enquêtés

Nombre d'agents de santé CP/ASC) enquêtés

Nombre de focus groups

Nb de prises de vue et coordonnées GPS relevés

Ouro Madiiwe

Ouro Madiiwe

70

2

2

9

Ndiawara

39

3

2

9

Diambo Soubalo

20

2

1

5

Pont gendarme

Pont gendarme

60

2

2

7

Gandiaye Ouolof

16

 
 
 

Gandiaye* Peulh*

13

 

1

1

Médine*

5

 

1

 

Thilène

5

 
 

1

Lac de Guiers

Ndiakhaye

40

2

1

4

Thiarène

7

1

1

 

Mbayène

21

 
 

2

Yamane*

2

 
 
 

Totaux

 

297

12

9

38

Source : Données d'étude * hameau

2.1.4 - Organisation du questionnaire

Le questionnaire qui a été soumis aux producteurs combine les questions fermées et ouvertes. Il a été soumis aux producteurs de la zone d'étude, dans le but de collecter les informations relatives à la manière dont ils contrôlent et préviennent la multiplication des ennemis des cultures.

Les données collectées concernent les principales spéculations cultivées, les différents groupes de ravageurs et les principales pathologies des spéculations en question, les perceptions des producteurs sur ces ravageurs et maladies, les périodes de forte attaque, les méthodes de lutte endogènes et modernes y compris les méthodes de lutte intégrée, les produits utilisés pour les traitements phytosanitaires, les critères de choix des méthodes de lutte, etc. Les données relatives aux caractéristiques des producteurs, aux différents systèmes de cultures (successions culturales et associations et systèmes culturaux), aux périodes de culture, à la taille de l'exploitation, aux modes d'acquisition des parcelles, aux types de main-d'oeuvre, et de traitement phytosanitaire, aux contraintes liées à la production ont été également collectées.

2.2 - TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES

L'analyse des données a d'abord consisté à élaborer des tableaux croisés afin de lire des profils lignes et des profils colonnes permettant de voir la répartition des modalités ou variables. Cependant, l'examen à vue d'oeil du tableau ne certifiant pas la liaison entre les lignes et colonnes, nous avons eu recours au test du Khi² d'indépendance. Le test du Khi² d'indépendance à la particularité de transformer les hypothèses de recherche en hypothèses testables (nulle dit H0 et alternative dit H1). L'hypothèse nulle est rejetée lorsque la p-value calculée est inférieure au niveau de signification alpha=0,05 ou encore lorsque la valeur observée est supérieure à la valeur critique. Des fois, nous avons eu recours au coefficient de corrélation pour mieux appréhender le mécanisme d'un phénomène. En suite, pour affiner les analyses statistiques (découvrir des faits nouveaux), nous avons utilisé des méthodes factorielles, notamment l'analyse des correspondances multiples (ACM). Cette dernière permet d'étudier et de représenter, en utilisant des fonctions graphiques, les associations deux à deux de plusieurs variables qualitatives. L'analyse des correspondances multiples (ACM) est une extension de l'analyse factorielle des correspondances (AFC) appliquée non plus à un tableau de contingence2(*), mais à un tableau disjonctif complet3(*). Le principe de l'ACM est de partir sans préjugé sur les données et de les décrire en analysant la hiérarchisation de l'information présente. Pour ce faire, l'ACM étudie l'inertie du nuage de points ayant pour coordonnées les valeurs présentes sur les lignes du tableau de données. La "morphologie du nuage" et la répartition des points sur chacun de ces axes d'inertie permettent alors, de rendre lisible et hiérarchiser l'information contenue dans le tableau. Elle à l'avantage de rendre homogènes des données de nature disparates et de mettre en évidence des liaisons non linéaires. Cette méthode est particulièrement adaptée à l'analyse d'enquêtes pour lesquelles les lignes du tableau sont en général des individus (il peut en exister plusieurs milliers) et les colonnes sont des modalités de variables qualitatives, le plus souvent des modalités de réponses à des questions.

Les données collectées ont été traitées avec différents logiciels :

- Excel pour les calculs, les constructions de graphiques, les tableaux et la statistique descriptive ;

- SPSS version 9.0, SPAD version 5.5 et XLSTAT version 5.0 pour les différentes analyses;

Les risques potentiels sont traités sur la base d'informations publiées par EPA et OCDE sur le profil écotoxicologique de différents pesticides utilisés par les producteurs. L'approche consiste à confronter les quantités de pesticides utilisés et les fréquences d'utilisation, aux indices de risques basée sur la DL50 rat orale, la DL50 rat cutané, la DL50 poisson de chaque pesticide en regard des principaux effets potentiels dans les villages.

3- RESULTATS ET DISCUSSIONS

3.1 - LES SUPERFICIES CULTIVÉES

La figure 2 ci-dessous, fait ressortir que pour l'ensemble des parcelles de la zone d'étude, les superficies cultivées sont relativement faibles. En effet en l'observant, 93% des parcelles cultivées n'excèdent pas 2 ha, contre 7% qui ont plus de 2ha.

Figure 2 : Répartition des superficies cultivées durant l'année

Cette situation pourrait s'expliquer par l'insuffisance de périmètres aménagés. D'après Maïga, (1992) ce sont seulement 10 % de terres cultivables qui sont exploitées annuellement, soit 2.000 ha aménagés sur les 29.000 ha potentiellement exploitables.

Les analyses statistiques ont révélées au biais du test de Khi² qu'il y a un lien significatif au seuil de 5%, entre la saison de culture et les superficies cultivées.

Tableau 2 : Test du Khi² d'indépendance entre la saison de culture et la superficie cultivée

Khi² (Valeur observée)

Khi² (Valeur critique)

DDL

p-value

Alpha

354,282

231,829

198

< 0,0001

0,05

Par ailleurs, en faisant un cumul de superficies cultivées par saison, il apparaît une différence entre elles (Figure 3). Il est fort de constater qu'en terme de terres cultivées, près de la moitié (48%) le sont en saison froide (octobre à avril) et qu'à peine le cinquième (19%) le sont en saison chaude (avril à juin). L'hivernage (juillet à octobre) quand à elle représente le tiers (33%) des superficies cultivées. En d'autre terme, une classification des saisons de cultures par ordre croissant des superficies cultivées aurait donnée premièrement la chaude, secondement l'hivernage et troisièmement la froide (chaude - hivernage - froide). Ce résultat corrobore avec ceux publié par l'Unesco, montrant que les terres cultivées sont plus importantes durant l'hivernage et la période froide de l'année.

Figure 3 : Cumul des superficies cultivées par saison

Le système de production végétale de la zone d'étude est principalement de type irrigué (unesco.org). Le taux élevé de superficies cultivées particulièrement durant la saison froide, pourrait s'expliquer par le fait que la pression parasitaire sur les cultures est en général faible durant cette période de l'année.

3.2 - LES CULTURES PRATIQUÉES

Pour l'ensemble des spéculations cultivées au niveau des localités d'étude, le cumul de superficies cultivées au cours de l'année est de 785 ha. Les spéculations les plus importantes sont le riz, la patate, l'oignon, la tomate et l'arachide. Tendance qui corrobore avec les résultats publiés par Doucouré, (2007). Cependant, d'autres spéculations sont en pleine émergence, il s'agit du niébé et du maïs. Le tableau 3, nous donne le taux de superficies emblavées pour chaque spéculation.

Tableau 3 : Taux de superficies cultivées par spéculation au niveau de la zone d'étude

Culture

Taux de superficie

Culture

Taux de superficie

Culture

Taux de superficie

Riz

37,53

Pastèque

3,92

Choux

0,48

Patate

17,38

Manioc

3,86

Piment

0,47

Oignon

12,42

Gombo

3,71

Maïs

0,34

Tomate

11,22

Melon

2,85

Niébé

0,33

Arachide

4,73

Aubergine

0,75

 

 

Par ailleurs, le développement des cultures maraîchères et la diversification des cultures, qui se dessinent a déjà été souligné par Pagès, (1993). Il est donc nécessaire de noter qu'en fonction du contexte économique de la vallée, cette tendance pourrait énormément contribuer à la sécurité alimentaire du pays.

En outre, l'observation des productions moyennes par spéculation présentée à la figure 4, fait ressortir une variation du rendement avec la saison de cultures. Quelque soit la spéculation considérée, les rendements agricoles (en kg/ha) décroissent de l'hivernage vers la saison chaude ; le classement serait hivernage - froide - chaude. Autrement dit, l'hivernage correspond à une période de rendements à l'hectare les plus importants, par contre pendant la saison chaude ils sont plus faibles.

Ce résultat semble confirmer ceux de Marta et al., (2004) qui ont déjà montré que les rendements agricoles étaient généralement plus faibles durant les périodes chaude.

Figure 4 : Variation des productions moyennes en kg/ha en fonction des saisons de culture

3.3 - PROBLÈMES PHYTOSANITAIRES

On rencontre divers ravageurs dans la zone d'étude : les pucerons, les chenilles, les mauvaises herbes, les oiseaux, la mouche blanche, les nématodes, les trips, les acariens, etc. La figure 5 ci-dessous, nous donne l'importance relative des différentes contraintes phytosanitaires.

Figure 5: Répartition des dégâts causés par les différents ennemis de cultures

De par les dégâts causés aux cultures, les insectes constituent la contrainte phytosanitaire la plus redoutable, suivis par les mauvaises herbes, les oiseaux et les diverses maladies parasitaires. Ce résultat, classant les insectes et les mauvaises herbes comme contraintes phytosanitaires les plus redoutables, confirme ceux publié par Collingwood et al., (1984)

Par ailleurs, un test d'indépendance a révélé que la pression des ennemis des cultures est liée au stade phénologique.

Tableau 4: Test du Khi² d'indépendance entre pression des ennemis des cultures et le stade phénologique

Khi² (Valeur observée)

Khi² (Valeur critique)

DDL

p-value

Alpha

1721,957

535,234

483

< 0,0001

0,05

Le lien étroit entre la pression des ennemis des cultures et le stade de développement de la plante - hôte a été révélé par Stoll, (2002).

Bien plus encore, la répartition de la pressions des ennemis de cultures en fonction du stade phénologique se caractérise par un résultat de coefficient de détermination R2 = 0,79. Ce qui signifie que pour l'ensemble de la zone d'étude, 79% des données montrent que la répartition des ennemis de cultures est variable suivant le stade phénologique considéré.


1- Semis/repiquage ; 2- Levée/reprise ; 3- formation des organes végétatifs(Croissance) ; 4- Formation organe reproducteur ;

5- Floraison ; 6- Fructification ; 7- Maturation

Figure 6 : Répartition de la pression des ennemis en fonction des principaux stades phénologiques

En générale, les contraintes phytosanitaires sont plus importantes entre la levée et le stade de formation des organes végétatifs avant de commencer à décroître sérieusement. Cette tendance à déjà été rapporté par Bijlmakers et al., (1995). Vers la fin du cycle de culture les spéculations sont sujettes de moins de contraintes phytosanitaires. Lorsque les jeunes plantules sont aisément attaqués, ces dernières sont déjà affaiblies avant la formation des organes reproducteurs ; ce qui affecterait la productivité de la spéculation.

3.4 - PROTECTION DE CULTURES

Face à ce parasitisme, les producteurs ont mis en place des stratégies de lutte qui englobent aussi bien les méthodes vulgarisées par la recherche que des méthodes basées sur des savoirs locaux.

Plusieurs moyens de lutte contre les ennemis des cultures ont été répertoriés. Il a été signalé notamment l'utilisation de produits chimiques, de techniques de chasse contre les ravageurs, de biopesticide (extraits naturels de plante), de GIPD, de méthodes mystiques, etc. En les classant, par affinité, nous avons identifié six groupes dont le recours à l'utilisation de pesticides constitue le plus important. Ces résultats ont la même tendance avec ceux publiés par l'INRA sur son site. Autrement dit en cas d'infestation le producteur utilise prioritairement les pesticides chimiques, en suite les moyens mécaniques (chasse, piège, etc.), suivie des autres méthodes de lutte dont les aspects mystiques sont de dernier recours (figure 7).

Figure 7 : Classification des moyens de lutte au niveau du producteur

Il faut préciser que le choix d'un moyen de lutte est très influencé par le facteur humain (la disponibilité financière, le temps nécessaire de la préparation à l'application, l'éminence du résultat attendu et la maîtrise du moyen de lutte). En cas de besoin le producteur à de façon prioritaire d'abord recours aux pesticides chimiques. Le recours aux autres moyens de lutte est souvent motivé par des limites financières. Mais quoi qu'il en soit, il associera par ordre d'importance d'abord, les moyens mécaniques, en suite les biopesticides (extraits de plantes à propriété pesticides), la GIPD, la rotation culturale et le mystique.

Chaque moyen de lutte utilisé à une particularité. Cependant en fonction des opportunités poursuivies par le producteur un moyen peut être délaissé pour un autre. Ainsi :

- La lutte mystique constituée essentiellement de prière, de sacrifice, offrande, incantation, est de moins en moins utiliser par le producteur (4% d'utilisation). Selon Tourrand, (1993) le faible recours au mystique dans la protection de cultures s'expliquerait par la modernisation des systèmes de culture.

- La méthode culturale consiste essentiellement à la rotation de culture. Elle à pour principe essentielle de séparer les ravageurs et sa plante - hôte dans l'espace et le temps. D'ailleurs, Litsinger et al., (1976), ont montré que l'interruption du cycle biologique de l'organisme nuisible par l'introduction d'une plante non - hôte réduit la probabilité d'infestation des cultures suivantes. En dehors de l'objectif principal que les producteurs ont spécifié, il convient de préciser qu'Hoffman (1990) a eu à souligner dans ses travaux que la rotation de cultures facilite la lutte contre les mauvaises herbes et les maladies. Au niveau de la zone d'étude, la rotation est également moins utilisée dans le cadre de la protection de cultures. C'est un moyen de lutte qui vient en avant-dernière position parmi celles que le producteur est susceptible d'utiliser (6%).

- Les extraits de plantes et la gestion intégrée de la production et des déprédateurs (GIPD) sont des stratégies de lutte peu onéreuses et respectueuses de la santé humaine et de l'environnement. Ils permettent aussi aux paysans de produire de cultures saines. La GIPD se base essentiellement sur des observations hebdomadaires du champ pour une meilleure gestion de la culture et la préservation des ennemis naturels. Elle est en 3ème position (19%) après la lutte chimique et la lutte physique dans la stratégie des paysans.

- La lutte physique, manuelle ou mécanique consiste au désherbage, mais aussi au ramassage des coléoptères, des larves, aux pièges, destruction des insectes par le feu et la fumée, l'élimination des parties atteintes, etc. Bref, elle regroupe tous les modes d'actions primaires de luttes qui ne font appel à aucun processus biochimique. Parfois, la lutte physique a une action répressive directe comme dans le cas où des insectes sont tués sur le coup par des chocs mécaniques. D'autres fois, les réactions au stress induit par la méthode physique apportent l'effet désiré. Les producteurs reconnaissent son efficacité, car disent ils elle permet de lutter contre tous les organismes de grande dimension. Cependant, aujourd'hui avec la diversification des activités connexe à l'agriculture au niveau des ménages ruraux comme le montre Azoulay (1993), le temps qu'elle demande a sérieusement relégué son utilisation en seconde place (28%) après la lutte chimique. Pour Vincent et al., (2001), ce moyens serait une alternative efficace aux pesticides de synthèse.

- la lutte chimique quant à elle, est la plus utilisée aujourd'hui pour plusieurs raisons dont les principales d'après nos producteurs sont le temps cumulé moins important de la préparation à l'application et l'efficacité. La majorité des producteurs (85%) disent qu'il est présentement impossible de mener une protection de culture efficace sans employer de pesticides de synthèse.

Cependant, même si les producteurs utilisent prioritairement les pesticides chimiques, ils associent quelques fois d'autres stratégies de lutte afin de rendre plus efficace le contrôle des contraintes phytosanitaires. Le classement des moyens de lutte alternatifs aux pesticides, fais ressortir par ordre d'importance stratégique, l'utilisation de cultures moins sensibles aux pressions de parasites,  culture de contre saison, la Gestion Intégrée de Produits et des déprédateurs, utilisation de biopesticides (extraits de plante) et le sarclage manuel (figure 8).

Figure 8 : Répartition des stratégies de lutte alternative aux pesticides

Ceci revient à dire que pour les agriculteurs, le choix de la spéculation moins sensible aux parasites et la période de culture sont primordiaux à la réussite de la protection des cultures. Ce point de vu corrobore avec les résultats de stratégies optimisant la production agricole publiés par Belem (1996).

Nous avons essayé de savoir si les producteurs pensent qu'il serait possible de mener à bien une culture sans avoir recours aux pesticides chimiques. Il nous a été donné de constater qu'à peine 15% d'agriculteurs pensent qu'il est possible de mener une culture sans en avoir recours. Ce groupe d'agriculteurs utiliserait comme moyens alternatifs aux pesticides chimiques : l'utilisation de cultures moins sensibles aux parasites, le sarclage manuel, la culture de contre saison, la gestion intégrée de produit et des déprédateurs puis les biopesticides.

3.5 - USAGE DES PESTICIDES ET PROBLÈMES LIÉS

3.5.1 - Motifs de choix des pesticides chimiques par les producteurs

Lors du diagnostic, il a été identifié six raisons qui poussent les agriculteurs à utiliser les pesticides chimiques. Ce sont :

a. la sécurisation de la production,

b. la forte sensibilité des cultures aux différents ennemis,

c. la pression parasitaire élevée, la non disponibilité d'alternative efficace à la lutte,

d. l'habitude de l'utilisation,

e. le faible temps entre la préparation et l'application que nécessite l'utilisation de pesticides.

La figure 9 ci-dessous nous donne une répartition des producteurs en fonction des différentes raisons réfutant l'idée d'une protection de culture sans pesticides. Parmi les 85% des agriculteurs réfutant la possibilité d'une lutte sans pesticide, plus de la moitié d'entre eux (55%) pensent formellement que les pesticides sécurisent la production et augmentent le rendement. Par contre à peu près le quart des agriculteurs (27%) justifient l'utilisation de pesticides par une pression parasitaire qu'ils estiment trop forte. Dans les quatre autres groupes, 7% affirment qu'il n'y a pas d'autres alternatives efficaces ; 3% les pesticides sont indispensables ; 4% le font par habitude et un autre groupe de 4% pense que l'utilisation de pesticide fait gagner du temps.

Figure 9 : Répartition des producteurs en fonction des raisons d'utilisation de pesticides

En réalité au travers ces multiples réponses, il y a un souci de garantir la production. Mais il n'est également pas exclut que la raison de l'emploi massif des pesticides soit associée la pression démographique signalée par Diagne, (1996). En effet, avec la pression démographique qui s'accentue chaque année, la demande en légume est de plus en plus importante. Les superficies cultivées étant faibles, les producteurs ont tendance à plus utiliser les pesticides pour juguler le parasitisme et sauver la production qui est d'ordinaire faible.

3.5.2 - Approvisionnement en pesticides chimiques

La source principale d'approvisionnement des populations reste le réseau de distribution développé par les industries chimiques de formulation de pesticides (SPIA, SENCHIM et Traoré & Frères). Parmi les agriculteurs interrogés, 45% affirment s'approvisionner en pesticides auprès des grossistes dans le cadre des achats groupés des coopératives et des GIE des producteurs, contre 38 % qui achètent des pesticides à des détaillants. Ces chiffres nous montrent que le mode d'approvisionnement principal des agriculteurs se fait par le biais des groupements de producteurs (Figure 10). Il montre d'autre part, que l'approvisionnement à partir de subventions et dons d'organisme est faible (17%). Cependant, l'enquête n'a pas révélé le pourcentage des acheteurs individuels qui s'approvisionnent dans le circuit informel (boutique du village ou dans les marchés hebdomadaires des pesticides).

Figure 10 : Approvisionnement en pesticide chimique

Figure 11 : Étiquetage des contenants de pesticides

La figure 11 fait ressortir que 34% des agriculteurs interrogés affirment acheter toujours les pesticides avec étiquette, 38% affirment le contraire c'est à dire jamais et 28% disent parfois oui et parfois non. Il en ressort donc que dans la majorité des cas les pesticides utilisés ne sont pas étiquetés au moment de l'achat. Pour le consommateur, l'étiquette représente souvent la seule source d'information pouvant garantir une utilisation sûre et efficace du produit. Comme le met en exergue Northoff, (2001), les pesticides sans étiquettes exposent le producteur aux intoxications car il est privé d'indications sur le principe actif, la date de fabrication ou les précautions, des conseils d'application et d'emploi . L'agriculteur peut donc parfois sans se rendre compte utiliser abusivement un pesticide de synthèse pour une cible pour laquelle le produit n'est pas indiqué ; car c'est ce produit qu'il a sous la main ou qui est disponible sur le marché.

3.5.3- Typologie des pesticides utilisés

Sur l'ensemble des sites de l'étude, il a été noté un total de 44 spécialités agro pharmaceutiques dont 31 matières actives utilisées pour lutter contre les ravageurs (annexe 5).

Les formulations utilisées se répartissent en différentes familles chimiques dominées par les organophosphorés, suivi des pyréthrinoïdes, des amides et des acétanilides. La part de formulations non classifiées du fait de contenants non étiquetés ou de sources douteuses occupe une proportion de 2,39% (Tableau 5).

Tableau 5 : Répartition des pesticides utilisés en fonction du groupe chimique

Groupes chimiques

Effectif

Taux (%)

Organochloré

18

1,79

Organophosphoré

257

25,62

Carbamate

41

4,09

Pyréthrinoïdes

148

14,76

Amides

142

14,16

Acétanilide

123

12,26

Chlorophenoxy acide

113

11,27

Autres*

104

10,39

Chloronicotinile

33

3,29

Non identifié

24

2,39

* famille chimique dont l'utilisation est inférieure à 1%

Parmi les produits agropharmaceutiques utilisés certains sont interdits d'importation depuis plusieurs années aux USA et en Europe. Tel est le cas de l'hexaclorocyclohexane (HCH), du dicofol et d'autres organochlorés largement commercialisés alors que comme le signal Thiam, (1991), ils sont pratiquement interdits.

Les explications probables de ces produits prohibés sont à chercher dans la proximité des frontières difficilement contrôlables et la vente frauduleuse de produits tout venant pouvant provenir de vieux stocks.

Quant à la formulation, 89% sont des concentrés émulsifiables (CE). Les fumigants (0,29%) et les Ultra Low Volume (0,19%) restent des formulations faiblement utilisées (Tableau 6).

Tableau 6 : Classification des pesticides utilisés suivant la formulation

Formulation

Concentré

émulsifiable (CE)

Micro granulé (GR)

Poudre mouillable

(WP)

Poudre pour poudrage (PP)

Fumigant

(F)

Ultra Low volume (ULV)

Effectif observé

920

49

37

22

3

2

Taux (%)

89,06

4,74

3,58

2,13

0,29

0,19

La présente tendance de formulation de pesticides de synthèse utilisés au niveau de la zone d'étude a été rapportée par Cissé et al. (2003) au niveau de la zone des Niaye4(*).

La classification des pesticides suivant la cible montre une dominante utilisation des herbicides suivis des insecticides. Les pesticides à large spectre c'est - à - dire agissant contre plusieurs cibles sont également utilisés ; notamment les insecticides - acaricides avec un taux de 14%.

Figure 12 : Classification des pesticides utilisés suivant la cible

En procédant à une catégorisation, on distingue :

- Contre les insectes les matières actives simples Metamidophos, Diméthotae, Deltamétrhine, Cypermethrine, Lamda-cyalothrine, Diazinon, Dicofol, Endosulfan, Acéphate, chlorothalonil, Lannate, carbofuran ainsi que les pesticides binaires : le Cypercal (Cyperméthrine + Propenophos), et les ternaires comme le Mospilan (Cyperméthrine- Acétamipride + Triophos), et le Tersen (Cypermétrine + triazophos + diméthoate).

- Contre les maladies fongiques : il s'agit principalement du Soufre contre l'Oïdium sur melon et gombo, du Manèbe contre le mildiou, l'alternariose sur tomate, le Tomex (Cuivre + Soufre + Methylthiophanate) sur tomate, melon gombo.

- Contre les nématodes : Le Furadan

- Contre les Mauvaises herbes : Le Propanyl (Propanyl), le Weedone (Dichlorprp-P), le Londax (Bensulfuron), le Kalach / Round up (Glyphosate), le Stomp (Pendiméthaline), le Super Gallant (Haloxyfop R) et les herbicides binaires comme le mélange Propanyl - weedone (Propanyl+Dichlorprp-P), le Stam 480 (Propanyl + 2,4,5,T), le Ronstar (Oxadiazone+Propanyl), et le Basagram (Bentazon + Propanil).

3.5.4 - Mode d'utilisation des pesticides

3.5.4.1 -Stockage des pesticides 

La plupart des producteurs (88%) stockent les pesticides avant utilisation et cela, 24 à 48 heures voire 72 heures avant la date du traitement. Il existe une diversité de lieu de stockage en fonction des agriculteurs : un endroit spécifique de la concession, à n'importe quel lieu de stockage de la maison, au champs (Figure 13).

Figure 13 : Regroupement des agriculteurs en fonction du choix de stockage de pesticides avant traitement

* dépôt du groupement ou GIE

Figure 14 : Lieux de stockage de pesticides avant utilisation

La figure 14 ci-dessus fait ressortir principalement deux lieux de stockage :

- le champ du producteur dans 30% de cas ;

- le domicile du producteur dans 69% de cas (30% endroit spécifique de la concession et 39%, à n'importe quel lieu de stockage de la maison).

Ces lieux privilégiés de stockage nous montrent que l'exposition aux produits agro pharmaceutiques est courante. Aussi, ces produits ne pourraient être inaccessibles aux enfants.

3.5.4.2 - Préalables avant le traitement

Une fois la décision de traiter prise, la majorité (98%) des producteurs prennent en compte les conditions climatiques ; 72% d'entre eux regardent si le temps est couvert, les 26% évitent les vents fort et le ciel nuageux avant de traiter. Les 2% restant sont indifférents.

Les producteurs rencontrés ont donc conscience que les conditions climatiques au moment de l'application sont déterminantes pour une meilleure efficacité. Selon Angoujard et al., (2005), des températures supérieures à 20°C lors du traitement peuvent limiter sensiblement l'efficacité du produit ; un vent léger augmente sérieusement les risques d'innéficacité du traitement à cause de la dérive.

Afin de limiter les risques d'exposition pendant la préparation du produit, 75% des agriculteurs affirment porter un matériel de protection. Beaucoup d'adaptations ont été constatées. Certains agriculteurs préfèrent utiliser la main gauche pour préparer la bouillie du fait que les considérations musulmanes limitent son utilisation dans la vie courante. Cependant, il est rare de rencontrer des producteurs utilisant des vêtements de protection. Selon Houmy, (2001), cela s'expliquerait par leur coût relativement élevé et aussi par le fait qu'ils sont inconfortables (forte sueur à cause de l'effort physique et surtout pendant des périodes de forte chaleur). D'autres, utilisent des matériels, simple et conformes à leurs besoins de protection. Il s'agit du turban principalement qui fait office de masque, lunette et chapeau. Le tableau 7 ci-dessous classe par priorité le matériel de protection utilisé.

Tableau 7 : Classification de matériels de protection par priorité lord de préparation de solutions

ASTUCES DE PROTECTION

Effectif

Taux (%)

Turban

183

33,89

Masque

113

20,93

Gant

107

19,81

Botte

103

19,07

Combinaison

28

5,19

Autre

6

1,11

Nous pouvons remarquer que les pesticides pourrait pénétrer dans le corps principalement par les voies cutanées car les respiratoires et digestives (ou voie orale) sont plus protégées.

3.5.4.3 - Précautions durant le traitement

Pour réduire le risque d'exposition durant le traitement, 53% des producteurs disent « Ne jamais boire, manger, se frotter les parties sensibles avec les mains souillées » et 41% «  Eviter les zones déjà traitées » et traitent en adoptant un sens perpendiculaire au sens du vent. Par contre, à peine 6% des agriculteurs évitent strictement tout contact des produits en se protégeant les yeux, la bouche, les narines, le corps (69% les voies respiratoires et digestives ; 31% le reste du corps). Cela démontre que les producteurs sont suffisamment sensibilisés et respectent les précautions d'usage.

3.5.4.4 - Précautions après le traitement

La plupart des agriculteurs (78%), ne prennent pas de précautions après traitement. Le reste (22%) prennent comme précautions, le lavage de main à grande eau avec du savon ou très rarement la consommation de produits réputés détoxifiants.

3.5.5 - Risques potentiels des pesticides utilisés

3.5.5.1 - Niveau d'instruction des producteurs

Le test paramétrique a mis en exergue une corrélation positive de la quantité de produit utilisée par traitement avec le niveau d'instruction.

Tableau 8 : Test de corrélation de Pearson (test paramétrique) entre quantité de pesticide par traitement et niveau d'instruction.

Valeur observée

p-value bilatérale

Alpha

0,026

0,579

0,050

La figure 15, donnant la dispersion des données à partir du test paramétrique, montre qu'en générale les producteurs les moins instruits utilisent une quantité de pesticide chimique les plus important par traitement (plus de 200 unités). Cela revient à dire que le niveau d'instruction du producteur est un facteur qui influence la quantité de pesticide à utiliser par traitement.

0= Pas instruit ; 1= Arabe ; 2= Primaire ; 3= Secondaire ; 4= Supérieur

Figure 15 : Dispersion des données du test paramétrique quantité produit utilisé en fonction du niveau d'instruction

Cette tendance est préoccupante, car la majorité (87%) des producteurs n'ont pas un niveau d'instruction leur permettant de comprendre les précautions d'usage inscrites sur les emballages de pesticides. Le niveau d'instruction est donc l'un des facteurs contribuant énormément aux intoxications à long terme.

3.5.5.2 - Organisation sociale de l'application de pesticides de synthèse

L'application des pesticides se fait d'abord et principalement par les hommes (87% des cas), et on trouve des rares situations où ce sont des enfants (11% de cas) qui le font, mais très rarement les femmes ou toute la famille (2%). Le fait que les enfants effectuent à la demande de leurs parents des traitements phytosanitaires, est assez préoccupant ; car les enfants dans la plupart des cas ignorent les dangers liés aux produits, comme l'a montré Thiam, (1991) dans la problématique de l'utilisation des insecticides chimiques dans la lutte anti - acridienne au Sahel.

3.5.5.3 - Critères de traitements phytosanitaires

Plusieurs critères ont été avancés par les producteurs, comme étant des paramètres déterminant le traitement chimique. Il s'agit entre autre de la présence d'ennemis, du stade phénologique jugé sensible, la disponibilité du pesticide chimique, la recommandation du conseiller agricole. Pour les deux tiers soient 69% des producteurs, la fréquence du traitement est strictement déterminée par la pression des ennemis de cultures. Par contre, l'atteinte d'un stade phénologique jugé sensible et la disponibilité du produit chimique sont les paramètres qui déterminent la fréquence de traitement pour le tiers, soit 31% des producteurs. Cette description des critères de traitement met en exergue, que la disponibilité du produit chimique et le stade phénologique jugé sensibles par le producteur, ne contribueraient que très peux aux intoxications d'applicateurs.

3.5.5.4 - Sources de conseil pour le traitement phytosanitaire

L'analyse a fait ressortir deux groupes, dont le plus important (61%) regroupe les producteurs qui se basent sur les recommandations de fiches techniques ou du conseiller agricole ; et le plus faible (39%) ceux qui s'appuient sur leur propre expérience pour le traitement phytosanitaire.

Les deux tiers des producteurs qui se basent sur les recommandations des fiches techniques ou du conseiller agricole, respectent prioritairement les doses d'application (46%), ensuite les précautions d'emploie pour une meilleure efficacité (29%), la fréquence de traitement (18%), les spécificités des pesticides (4%) et les mesures de protections individuelles (2%).

Par contre le tiers (39%) des producteurs estime que leur propre expérience suffit pour effectuer un traitement phytosanitaire efficient et efficace. Ils recourent prioritairement au conseil et à l'expérience de l'entourage qu'à celui conseiller agricole. Lorsqu'ils font recours à l'avis du conseiller agricole, ils modifient très souvent le dosage (63%), augmentent ou réduisent quelques fois la fréquence de traitement (31%) et les heures de traitement (7%). Leur principe essentiel est le raisonnement des traitements à effectuer en fonction du stade phénologique de la plante en relation avec les moyens disponibles.

3.5.5.5 - Instruments de traitement phytosanitaire

3.5.5.5.1 - LES DOSEURS DE PESTICIDES

La figure 16 ci-dessous fait une classification des différents instruments de mesure de pesticides par le taux d'utilisation. Les instruments de mesure les plus utilisés sont la tasse de thé, la capsule de bidon de cinq litres, la boite de lait gloria et la boite de nescafé. Les instruments très faiblement utilisé avec un taux d'utilisation inférieure à 1% sont : la cuillérée à café, la seringue, capsule de flacon de pesticides et les pincées de doigt.

Autre* : Doseur très faiblement utilisée (Boite de vaseline, seringue graduée, capsule de flacants de pesticides, instruments gradués, manuel ou pincée et cuillère à café).

Figure 16 : Utilisation de différents doseurs

Ces différents instruments de mesure étant approximative, il y a presque toujours une à deux unités de plus pour chaque dose prescrite. La forte utilisation de tasse de thé, capsule de bidon de cinq litres, boite de lait gloria et la boite de nescafé comme doseurs accroît les éventualités de surdosage en pesticide vu leurs mesures (annexe 2).

3.5.5.5.2 - MATÉRIEL DE TRAITEMENT PHYTOSANITAIRE

Les analyses ont fait ressortir que dans l'ensemble, le niveau d'équipement pour le traitement phytosanitaire n'est pas important. On distingue d'une part des matériels conventionnels tel que les pulvérisateurs, les atomiseurs, les sacs poudreuse ; et d'autre part des matériels « non conventionnels » dont la fonction phytosanitaire a été initiée par les producteurs. Parmi le matériel « non-conventionnels » nous pouvons citer les branchages d'arbres, les balais et les arrosoirs. Ces matériels déterminent les façons d'utilisation de pesticides qui sont essentiellement l'aspersion et le traitement avec pulvérisateur manuel ou motorisé.

En outre les producteurs ont tendance à utiliser un matériel de traitement phytosanitaire plus conventionnel et adéquat avec l'augmentation des superficies cultivées. La figure 17 ci-dessous illustre la distribution de matériel de traitement phytosanitaire en fonction de superficies cultivées

20,57

0,1%

1%

10%

Taux d'utilisation

G1

G2

G3

2,39

0,48

0,96

3,35

38,76

4,78

23,44

2,87

2,39

Sac poudreuse ; Balais, arrosoir, branchage ; Atomiseur (moteur) ; Pulvérisateur ;

G1 : Moins d'1ha cultivé; G2 : 1 à 2ha cultivé ; G3 : Plus de 2ha

Figure 17 : Distribution de matériel de traitement en fonction de superficies cultivées

Les petits producteurs (G1 : Moins d'1ha cultivé) et les producteurs moyens (G2 : 1 à 2ha cultivé) ont en commun les applications à l'aide de seau de bouillie de pesticides où l'on trempe des branches d'arbres, des balais, des brosses pour asperger les plantes. A ce niveau, les applications sont effectuées à la main sans matériel de protection. Ces deux groupes utilisent également le sac poudreur. Par contre au niveau des grand producteurs (G3 : Plus de 2ha cultivé), il n'y a pas d'utilisation de sac poudreuse et des branches d'arbres, des balais, des brosses.

Cependant, pour les autres types de matériel de traitement (pulvérisateur et atomiseur), la différence apparaît avec le taux d'utilisation par groupe. Ainsi, on observe que le pulvérisateur et l'atomiseur sont plus utilisés chez les producteurs moyens (38% pulvérisateur ; 4% atomiseur) suivi successivement des grands producteurs (23% pulvérisateur ; 2% atomiseur).

Le fait qu'il n'y ait que 7% de parcelle avec plus de 2 ha, il ressort que dans la plupart des cas les solutions de pesticides se préparent sans matériel de protection adéquat. Ces produits peuvent en effet provoquer des brûlures des ongles, de la peau, des yeux pouvant entraîner des irritations ou encore des cécités irréversibles. Les producteurs en sont exposés. Selon Voltz, (2004) au moins 30 à 50% de produits sont perdus dans l'atmosphère sous forme de gaz et de gouttelettes durant le traitement avec du matériel conventionnel. Dans 93% de cas pour nos producteurs, le matériel de traitement étant le plus souvent inapproprié, les pertes seraient très probablement supérieures à 50%. Les effets souhaités sur les ennemis de cultures seraient donc généralement aléatoires avec des dérives importantes sur la faune et flore non cible.

3.5.5.6 - Toxicité potentielle des pesticides utilisés vis-à-vis des humains et de l'environnement

3.5.5.6.1 - CAS D'INTOXICATIONS RELEVÉS PAR LES PRODUCTEURS

Les cas d'intoxications, aussi bien sur les populations rurales que sur l'environnement local du fait de la mauvaise utilisation des pesticides et leur emploi excessif, ont été relevés par les producteurs. Les analyses statistiques ont révélé que 72% des proches parents des producteurs ont été victimes d'intoxications, alors qu'à peine 23% des producteurs l'on été. Le taux élevé d'intoxication de parents proches aux producteurs pourrait s'expliquer par le fait que les pesticides sont principalement stockés aux domiciles. Par contre d'après les producteurs, les cas d'intoxication sur les animaux (4%) et la végétation (2%) sont rares. Cette affirmation n'est pas étonnante d'autant plus que, les effets pervers d'une utilisation incontrôlée de pesticides sur les zones agro-écologiques ne sont pas forcément perceptibles de façon sommaire.

3.5.5.6.2- TOXICITÉ POTENTIELLE DES PESTICIDES UTILISÉS VIS - À -VIS DE L'HOMME

La figure 18 est une analyse des correspondances multiples (ACM) entre la dose, le nombre de traitement (fréquence d'application) de pesticides et le risque sanitaire. En fonction des effets nocifs directement que peuvent occasionner les pesticides utilisés, elle a dégagée 3 classes.

Figure 18: Risques sanitaires potentiels de pesticides utilisés

- 1ère classe est constituée de produits très dangereux pour la santé : elle concerne 29% des cas d'utilisation. La fréquence de traitement serait en deçà de 5 par cycle de culture. En outre, le temps de contact avec ces pesticides est d'environ 2h avec des doses qui seraient proches de 4kg/ha.

- 2ème Classe est constitué des produits moyennement dangereux pour la santé: elle concerne 54% des cas d'utilisation soit la majorité. Les produits utilisés sont modérément toxiques pour l'homme. La fréquence de traitement y est spécifiquement élevée, soit plus de 9, avec plus de 3h de contact pour des doses supérieures à 4kg/ha.

- 3ème Classe est constituée des produits peu dangereux pour la santé : elle concerne 17% des cas d'utilisation de pesticide. Dans cette classe la fréquence d'épandage qui varie de 5 à 9 traitements par cycle de culture est associée des doses moyennes de 1 à 4kg/ha.

En définitif, l'ACM nous révèle que les produits contenant peu de substances dangereuses à effets nocifs directement sur la santé humaine sont les moins utilisés (17%), avec un temps de contact inférieur ou égal à 1h et des doses comprises en moyenne entre 1 à 4kg/ha. Par contre les pesticides qui contiennent plus des substances dangereuses à effets nocifs directement sur la santé humaine sont les plus utilisés (83%) avec un temps de contact d'au moins 2h et des doses qui seraient supérieurs à 4kg/ha. Ces utilisations contribueraient à la pollution de l'air, car au cours d'un traitement les 30 à 75% des produits épandus sont transférés dans l'atmosphère (LFDA et al., 2002). Même si la concentration en pesticides dans l'air est souvent de l'ordre du ìg/m3 , des calculs du type "masse de composé inhalée comparé à une masse ingérée par l'eau de boisson semblent indiquer que les quantités qui pénètrent dans l'organisme par ces deux voies sont parfois du même ordre de grandeur (Voltz, 2004). De ce fait, en dehors des producteurs toutes les populations locales sont sujettes d'exposition chronique dont l'une des conséquences les plus insidieuses serait le problème sanitaire. En effet, selon les travaux de Ngom, (1992) confirmé par l' Institut National de Médecine Agricole, (2006) une utilisation courante de pesticides en protection de cultures provoquerait à long terme des troubles de reproductions et neurologiques.

Par ailleurs, le délai avant récolte adopté par les producteurs est en moyenne compris entre 9 jours #177; 3 et 16 jours #177; 7 (tableau 13).

Tableau 9 : Délais avant récolte (DAR) en fonction de pesticides utilisée

Classe de Pesticide (OMS)

Risque élevé

Risque moyen

Risque faible

Taux d'utilisation (%)

11,7

76,84

11,45

DAR moyenne (jour)

16

13

9

En se basant sur Bulletins Techniques des Stations d'Avertissements Agricoles (AQUITAINE N°16 du 3 août 2004) sur les bonnes pratiques agricole, les délais avant récolte (DAR) utilisés par nos producteurs, limiteraient l'exposition des consommateurs de fruits et légumes aux éventuelles intoxications. Il n'est cependant pas exclut de retrouver dans ces fruits et légumes des résidus de pesticides en des seuils supérieurs aux limites autorisées. En effet, les producteurs font en moyenne 4 applications de pesticides sur une culture avec des quantités moyennes de 5 kg/ha. Ces dernières ne sont pas négligeables, si nous les comparons avec celle d'un certain nombre de pays industrialisés comme la France (5,4kg/ha) et le Portugal (7kg/ha) qui se situent en position moyenne de consommateurs européens de pesticide (INF'ODE, 1997 ; Laurent Mikael, 2007).

3.5.5.6.3. - TOXICITÉ POTENTIELLE DES PESTICIDES UTILISÉS VIS-À-VIS DE L'ENVIRONNEMENT

En regardant la figure 19, l'ACM permet de définir 3 classes en fonction des fréquences de traitements, des doses d'utilisation et des risques que représentent les pesticides utilisés pour les Arthropodes terrestres (Faune du sol, abeille et ennemis naturel), les Arthropodes aquatiques (insectes et zooplancton) et les Vertébrés (Poisson, mammifère, oiseaux, reptile).

Figure 19: Risque potentiel de pesticides utilisés sur l'environnement

- 1ère Classe est constituée des produits dont l'utilisation est inférieur 5 par cycle cultural: ces produits présenteraient un risque élevé pour les Arthropodes. Par contre, ils présenteraient de risques négligeables pour les Vertébrés. Cette classe caractérise les utilisations de pesticides au niveau des 12% des producteurs.

- 2ème classe est constituée de produits utilisés plus de 9 fois par cycle cultural: les produits utilisés sont peu dangereux pour les vertébrés. Par contre, ils présenteraient un risque modéré pour les Arthropodes terrestres. Ces pesticides sont utilisés dans 36% de cas avec des doses moyennes qui seraient supérieures à 4kg/ha.

- 3ème Classe est constituée des produits utilisés 5 à 8 fois par cycle cultural: les produits utilisés présentent un risque élevé pour les vertébrés. Ils présentent par contre un risque modéré pour les Arthropodes aquatiques. Les doses moyennes d'utilisation seraient comprises entre 1 et 4kg/ha. Ces pesticides font l'objet de 52% d'utilisation.

L'ACM nous montre que dans le cadre de la protection de cultures, les pesticides utilisés sont tous nocifs aux arthropodes et présentent un risque négligeable pour les vertébrés. Ces utilisations seraient propices à une augmentation de la pression parasitaire des plantes, car comme le montre bien Boisclair, (2006) et Bernard, et al., (2000), l'équilibre écologique contribue énormément à la phytoprotection. En plus, une application répétée de pesticides fait que leurs résidus se retrouvent dans l'eau potable par le biais des déplacements des substances chimiques dans le sol, l'eau ou l'air. Même si les concentrations de pesticides dans l'eau sont très faibles, Hilliard et al., (2000) ont montré qu'elles augmentent à chaque étape de la chaîne alimentaire. Selon la même source, l'eau contaminée est absorbée par les cellules des algues, qui sont ingérées par les puces d'eau, qui sont avalées par les menés, qui à leur tour, sont mangés par de plus gros poissons, qui, en bout de ligne, sont consommés par les humains et d'autres mammifères. Il y aurait donc une étroite liaison entre la pollution environnementale par les pesticides et l'exposition chronique des populations locales.

3.5.5.6.4- GESTION DES EMBALLAGES DE PESTICIDES

Le test de Khi² d'association entre les différents paramètres de gestion des emballages des pesticides a montré que la relation entre les différentes variables est globalement significative au seuil de 5%.

Tableau 10 : Test de Khi² d'indépendance entre paramètres de gestion des emballages de pesticides

Khi² (valeur observée)

Khi² (valeur critique)*

DDL

p-value unilatérale

Alpha

1149,054

89,391

69

< 0,0001

0,050

La figure 20 met en exergue que la plupart des producteurs évitent la réutilisation des emballages de pesticides. De ceux - ci, sont les producteurs qui jettent les emballages (53%) et ceux les enterrant (40%). Le reste des producteurs (7%) conservent les emballages de pesticides soit pour l'usage domestique, soit pour l'achat ultérieure de pesticides en vrac dans les magasins de produits phytosanitaires (annexe 3). Parmi les producteurs qui conservent les emballages de pesticides, 42% le recycle pour la fabrication d'outils ou de matériel de construction, contre 35% qui les réutilisent pour un usage domestique notamment le stockage d'eau et d'aliments. Les 23% restant conserve généralement les emballages pour l'achat de pesticides en vrac.

Figure 20 : Répartition des producteurs en fonction du mode de gestion des contenants de pesticides

Figure 21 : Répartition des sites dépotoirs des pesticides en fonction de leur utilisation

La figure 21 montre que ceux qui se débarrassent de contenants de pesticides le font principalement au niveau des cours d'eau servant à la pêche (25% de cas), au bain (23% de cas) et au nettoyage domestiques (12% de cas). Le second lieu où les producteurs se débarrassent des emballages de pesticides servent soit à l'élevage (21% de cas), soit à l'agriculture (6% de cas). Cette attitude contribue énormément à une pollution environnemental, car d'après une publication de l'institut de recherche et de développement en agroenvironnement, le récipient contient encore en moyenne 1% de son contenu original et jusqu'à 4% pour un contenant de 10 litres. Il apparaît en outre clairement que les contenants de pesticides sont jetés dans les endroits les plus utilisés dans la vie villageoise particulièrement la rivière (annexe 4). Cette dernière serait certainement contaminée par les résidus de pesticides que contiennent des emballages. Il en résulterait donc un risque sanitaire non négligeable pour les populations. Dans le cas présent comme l'a montré Thiam., (1991) le mode de gestion des emballages de pesticides pourrait contribuer aux contaminations de l'utilisateur, du sol et des sources d'eau

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

L'année 2008 s'est révélée extrêmement difficile pour les pays en développement à cause de la flambée subite des prix des denrées alimentaires. Face aux prévisions de plus en plus catastrophique de la situation alimentaire mondiale d'ici 2025, l'Etat du Sénégal à décider d'accroître la disponibilité alimentaire en améliorant la productivité agricole nationale, notamment au niveau de la vallée du fleuve. Dans le passé, suite à la sécheresse des années 1970 la mise en service des barrages de Diama et de Manantali avait énormément contribuée à améliorer l'approvisionnement en fruits et légumes. Cependant, la pression démographique et la conjoncture économique exigent aujourd'hui, une efficience de stratégies techniques de production agricole. Dès lors, l'augmentation des surfaces cultivables, l'amélioration du matériel végétal, les dons d'engrains pour palier aux problèmes de fertilité de sols, que prévoit l'Etat Sénégalais ne suffiraient à elles seul pour augmenter la productivité des terres. En effet, au-delà des contraintes qu'a prises en compte l'Etat Sénégalais pour répondre à la crise alimentaire, la pression de différents ennemis des cultures représente à elle seul près de 50% de causes de pertes de produits. Elle constitue de ce fait un maillon stratégique pour une amélioration remarquable de la production agricole. Pour contribuer à l'augmentation de la production agricole, cette étude a été menée de manière à faire la lumière sur les principales stratégies de préventions et de gestion de ravageurs mises en oeuvre à l'échelle de parcelles paysannes. Elle a adoptée comme démarche une identification participative des stratégies et pratiques de protections de cultures afin de souligner, celles qui pourraient d'une manière ou d'une autre contribuer à favoriser la pression de ravageurs.

La présente étude a fait ressortir qu'il y a principalement six types d'approches utilisées par les producteurs pour la protection de cultures. On distingue: la lutte mystique, la lutte culturale (rotation des cultures et jachère), les biopecticides, la GIPD, la lutte physique et la lutte chimique. Pour rendre efficace la prévention et la gestion des contraintes phytosanitaires, les producteurs ont tendance à combiner les différentes approches de lutte. Les sources de conseil au moment de l'application sont cependant variables. Les moyens chimiques, les biopesticides et la GIPD ont pour référence d'application le conseiller agricole le plus souvent et la famille quelque fois. Par contre la référence d'application des autres moyens de lutte est constituée que de l'entourage du producteur. En outre, il n'y a que le moyen chimique qui pour le producteur garantit le résultat attendu. Théoriquement, nous pouvons dire que les producteurs ont déjà amorcé le sentier de la lutte intégré. En réalité en cas de bioagression, le choix d'un moyen de lutte est principalement influencé par le temps qu'il nécessite (préparation à l'application) et l'éminence du résultat escompté (réduire dans les plus bref délai l'agression du parasite). Ces principaux éléments qui déterminent le choix du moyen de lutte correspondent bien souvent aux possibilités qu'offrent les pesticides chimiques. De ce fait, il sont les plus utilisés dans le cadre de la protection de cultures. Les familles chimiques dont les paysans ont le plus recourent sont les organophosphorés, suivi successivement des pyréthrinoïdes, des amides et des acétanilides.

L'étude à montré que moins l'exploitant est instruit plus il à tendance à utiliser de fortes quantités de pesticides de synthèse. Le fait que la majorité (84%) des exploitants soit dépourvue d'instruction leur permettant de pratiquer les conseils d'usage inscrit sur les emballages de pesticides, il serait fort probable qu'il y ait des surdosages lors des traitements chimiques de toutes les spéculations. Il convient donc de préciser que si les délais avant récolte (16jours en moyenne) adoptés par les producteurs limitent l'exposition des consommateurs aux éventuelles intoxications, les quantités utilisées par traitement ne garantissent pas les limites autorisées en trace de pesticides chimiques dans les fruits et légumes. Or parmi les nombreux produits agropharmaceutiques qu'ils utilisent, les 83% contiennent des substances dangereuses à effets nocifs directement sur la santé humaine. Cette situation est inquiétante dans la mesure où non seulement les 84% ne sont pas capables de lire les prescriptions des emballages de pesticides, mais aussi du fait qu'ils les jettent principalement dans le cours d'eau. Ce dernier les servant souvent de lieu de baignade, de lessive, de vaisselle et d'approvisionnement en eau de boisson, les risques d'intoxication à long terme seraient considérables.

Les applications de pesticides se font avec du matériel aussi bien conventionnel (pulvérisateur, sac poudreuse) que non (balais, branchage....). Le matériel d'application de pesticide étant dans 93% de cas inapproprié, les effets souhaités sur les ravageurs seraient donc généralement aléatoires à cause des dérives importantes sur la faune et flore non cible. Les pesticides utilisés étant pour les 82% nocifs aux arthropodes terrestres (Faune du sol, abeille et ennemis naturel), et aquatiques (insectes et zooplancton), il y a des risques écologiques non négligeables à la longue. Cependant, toutes ruptures d'équilibre écologique seraient propices aux apparitions de nouvelles formes de pressions parasitaires sur les plantes cultivées.

Pour pouvoir mesurer l'importance des effets des pesticides sur la santé et déterminer les meilleurs moyens d'y remédier, il est indispensable de renforcer les systèmes d'information de façon à fournir des données sur la mortalité et la morbidité associées à leur utilisation.

Quoi qu'il en soit, au niveau de la zone d'étude, plusieurs bases de la protection de cultures déjà rassemblées par les paysans, peuvent être exploitables avec efficience dans le cadre d'une agriculture durable. Parmi les exemples les plus caractéristiques nous pouvons citer la gestion des systèmes de cultures dans un sens défavorable aux ravageurs établi et tous les modes d'actions primaires de luttes qui ne font appel à aucun processus biochimique. Toutes fois, le raisonnement de choix techniques, adaptés aux diverses situations, qui permettent de limiter les dégâts parasitaires, devra être étudié de façon approfondie ultérieurement. Il s'agira dans cette étude ultérieure, de prendre en compte le mode de transmission du savoir dans la protection de culture en milieu paysan. En effet, l'étude a montré que quelque soit la méthode de lutte considérée, le producteur ne manque pas de demander l'avis technique de son entourage. Il semblerait donc que les apprentissages familiaux restent le mode privilégié de transmission de savoir faire pour la grande majorité de ces paysans.

En dehors des aspects de recherche à approfondir relevé plus haut, il nous semble nécessaire de proposer des astuces pratiques réduisant l'ensemble de risques liés à l'emploi de pesticides de synthèse en milieu paysan. Parmi celles-ci nous suggérons :

Ø Le renforcement des formations sur l'utilisation de pesticides et les méthodes alternatives ;

Ø l'élaboration d'un support visuel (fascicule) explicite adapté à la pédagogie d'adulte sur les méthodes biologiques de lutte. Il devra être conçu de manière à être un livre de chevet sur la base d'une intégration des savoirs et pratiques locaux ;

Ø l'identification et l'assemblage des techniques locales susceptibles de réduire les risques sanitaires relative a la gestion et l'emploie de pesticides de synthèses ;

· Elaboration d'un système de magasinage (stockage de pesticides) en groupe. Ceci réduira les stockages à domicile qui augmente l'exposition ;

· Dotation des producteurs d'un matériel de protection et de traitement adéquat. Elle se fera sur la base de prêt à remboursement échelonné adapté aux revenus car leur cherté est la cause essentielle de leur non acquisition par les producteurs ;

· Mise en place d'un système de collecte de tous emballages ou contenants vide de pesticides de synthèse. Il sera donc conçu un local de réception - stockage et un processus d'élimination ;

Ø informer les producteurs sur les pesticides de synthèse à éviter ;

Ø contrôler des distributeurs de pesticides de synthèse par la DRDR. A cet effet, les ressources humaines de cette dernière seront équipées de moto afin de sensibiliser parallèlement les producteurs sur la réglementation en vigueur ;

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ANNEXES

Annexe1: Mesure des principaux doseurs utilisés

Instruments de mesure

Poudre mouillable (remplissage à ras)

Concentré liquide

(1ml =1cc = 1cm3)

Cuillère à café (modèle courant)

#177; 1g

1 ml

Cuillère à soupe (modèle courant)

#177; 3,5g

5 ml

Boite d'allumettes (le boxeur)

#177; 9g

-

Verre de thé

#177; 33,5g

70 ml

Boite de lait gloria (petit modèle 170g)

#177; 81,7g

170 ml

Boite de lait gloria (grand modèle 305g)

#177; 145,7g

285 ml

Annexe 2: Photos mauvaise utilisation de pesticides de synthèse

L'étiquette reproduite par photocopie et l'emballage en aluminium facilement récupérable (Photo CIRAD).

Travailleur préparant une bouillie de pesticides chimiques à mains nues (Photo Banque Mondiale).

Insecticide vendu reconditionner dans des bouteilles de jus

Traitement des parcelles par des agriculteurs, sans masque ni vêtement de protection adapté

Annexe 3: Scènes d'eau aux sites dépotoirs de contenants de pesticide

 
 
 
 
 

12345

1. Scène de puisage au puits.

2. Baignade et vaisselle dans le canal

3. Baignade et vaisselle au fleuve

4. Pêche dans les eaux du drain

5. Prise de poissons

Annexe 4 : Mécanismes mis en jeux lors des épandages par pulvérisation.

Les flèches indiquent les interactions avec les différents compartiments

Source : Marc VOLTZ

Annexe 5 : Risques de pesticides utilisés dans les zones d'enquête sur la faune non - cible

Nom commercial

Matière active

Catégorie

Groupe chimique

OMS

Arthropodes terrestres

Arthropodes aquatiques

Vertébrés

Faune

du sol

abeille

ennemis

naturel

insecte

zooplancton

poissons

oiseau

mammifère

reptile

Métaphos

Metamidophos

Insecticide acaricide

Organophosphorés

Ib

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mospilan

Cyperméthrine- Acétamipride + Triophos

Insecticide

Chloronicotinyles

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diméthoate

Diméthoate

Insecticide acaricide

Organophosphorés

II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cyperfos

Cyperméthrine

Insecticide

Pyréthrinoïdes

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tamaron

Métamidophos

Insecticide acaricide

Organophosphorés

I

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Acaron

Méthamidophos

Insecticide acaricide

Organophosphorés

Ib

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Califol

Dicofol

acaricide

carbinol

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Décis

Deltaméthrine

Insecticide

Pyréthrinoïdes

II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Malathion

Malathion

Insecticide

Organophosphorés

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cypercal

Cyperméthrine + Propenophos

Insecticide

Pyréthrinoïdes + Organophosphorés

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Orthène 50

Acephate

Insecticide

Organophosphorés

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Karaté

Lamda-cyalothrine

Insecticide

Pyréthrinoïdes

II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tersène

Cypermétrine + triazophos + diméthoate

Insecticide

Pyréthrinoïdes + Organophosphorés + Organophosphorés

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Daconil

Chlorothalonil

Insecticide

Chloronitrile

II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sumithion

Fénitrothion

Insecticide

Organophosphorés

Ia

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Reldane

Chlorpyriphos-Methyl

Insecticide

Organophosphorés

II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Thimul 35

Endosulfan

Insecticide acaricide

Organoclorés

Ib

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Systoate

Diméthoate

Insecticide acaricide

Organophosphorés

II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Supergallan

Haloxyfop-R-Méthyl

Herbicide

Aryloxyphenoxypropionate

II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Thiofanex

Endosulfan

Insecticide acaricide

Organoclorés

I

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diazinon

Diazinon

Insecticide

Organophosphorés

II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cyhalone

Cyhalothrine

Insecticide

Pyréthrinoïdes

II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cetrelex

Trifluraline 480

Herbicide

Dinitroanilines

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Attakan 350 Sc

Imidaclopride

Insecticide

Chloronicotinile

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Furadan

Carbofuran

Insecticide Nematicide

Carbamate

Ia

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mélange d'extraits de plantes

extrait de plante

Insecticide Acaricide

Biopesticide

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

Cocktail GIPD

Cocktail GIPD1 + (détergents + piment + cendres)

Insecticide Acaricide

Biopesticide

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

Ronstar

2% oxadiazon, 1,5% carbétamide

Herbicide

Oxadiazole

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Stam 480

Propanil + 2,4,5,Trichlorophénoxyacétique)

Herbicide

Acétanilide et x

II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Londax

Bensulfuron

Herbicide

Sulfonylrée

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Stomp

Pendiméthaline

Herbicide

Dinitroaniline

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Round up (ou Kalach)

Glyphosate

Herbicide

Acides amines

II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Propanil

Propanyl

Herbicide

Amides

II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Basagram

Bentazon + Propanil

Herbicide

Benzothiadiazines

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

weedone

Dichlorprp-P

Herbicide

Chlorophenoxy acide

II

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Soufre

Soufre

Fongicide

Inorganique

IV

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manèb

Manèbe

Fongicide

Ethylène ethylène dithicarbamate

IV

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tomex

Cuivre + Soufre + Methylthiophanate

Fongicide

Xy+xy+ Benzimidazole précurseur

I

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Basta

Glufosinate-ammonium

Herbicide

Amino-phosphonate

III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : Base de donnée de substances dangereuses (http://toxnet.nlm.nih.gov)

Informations non disponibles

Risque modéré

Risque élevé

Risque faible

Ib : Très dangereux

Ia : Extrêmement dangereux

III : Peu dangereux

II : Modérement dangereux

Annexe 6 : Liste des pesticides des classes Ia et Ib utilisés ou présents au Sénégal

* 1 Le delta du fleuve Sénégal est une entité de 5 000 km2 à cheval sur la frontière Sénégalo-Mauritaniène. Il est compris entre 15.8° - 16.5°N et 15.7° - 16.5°O (Corniaux, 2005).

* 2 Un tableau de contingence à n lignes et p colonnes contient à la i - ème ligne et j - ème colonne la valeur de n(i,j) qui est le nombre d'individus qui possèdent à la fois le caractère i et le caractère j.

* 3 Un tableau disjonctif complet est composé de données logiques. Le terme situé sur la ligne i et dans la colonne j vaut 1 ou 0, suivant que le phénomène étudié à lieu ou non pour le caractère - ligne i et caractère - colonne j.

* 4 La zone agroécologique des Niayes s'étend sur une longueur de 181 Km du sud au nord (de la région de Dakar à celle de St-Louis) et sur 10 à 30 Km d'ouest en Est






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