Université Paris Sorbonne (Paris IV)
UFR de Géographie et d'Aménagement
Master 2 G.A.E.L.E.
Spécialité Transports, Logistique, Territoires et
Environnement Option Logistique et Transports Internationaux
|
|
Le développement des enseignes de
points relais face à l'essor du
e-commerce : facteurs de succès et
limites d'une logistique liée au dernier
kilomètre
Le cas du point relais
Mémoire de fin d'année
Xuan, Phi, Pasteur TRAN
Directeur de mémoire : Patrice
SALINI Année universitaire 2010 / 2011
REMERCIEMENTS
Avant de commencer, je souhaite remercier toutes les personnes
qui ont contribuées de près ou de loin à la
réalisation de mon mémoire de fin d'études.
Tout d'abord, Patrice Salini, directeur de mémoire, pour
ses bons conseils tout au long des phases de recherches, d'entretien, de
méthodologie et de rédaction.
Ensuite, Géraud Felgines de ColiPoste, Emmanuel Maillet
de Kiala, Bruno Mandrin de Geodis pour leurs disponibilités, leurs
réponses aux questionnaires et la vision sur leur activité
respective.
Monsieur Antoine Beyer, responsable du Master 2 T.L.T.E. de
l'Université Paris Sorbonne (Paris IV), pour m'avoir permis
d'intégrer une formation de qualité.
Enfin, ma famille, pour son soutien tout au long de mon
parcours.
Merci à vous tous.
Sommaire
INTRODUCTION ET OBJECTIFS 5
1ERE PARTIE : PROBLEMATIQUES DE LA LOGISTIQUE DU DERNIER
KILOMETRE LIEE AU SECTEUR DU E-COMMERCE EN FRANCE 7
A. LE DEVELOPPEMENT DU E-COMMERCE ET SES CONSEQUENCES SUR LA
LOGISTIQUE 7
1. Les chiffres clés du dynamisme du e-commerce 8
2. Le e-commerce et ses conséquences sur la logistique
13
3. L'apparition de nouvelles exigences des clients 14
4. L'émergence d'un modèle logistique
dédié au e-commerce : la e-logistique 15
B. LES PROBLEMATIQUES DE LA LOGISTIQUE DU DERNIER KILOMETRE 16
1. Les contraintes que suppose la livraison à domicile
16
2. Les contraintes liées au cadre législatif et
relatives au e-commerce 17
3. Les principaux enjeux de la logistique du dernier
kilomètre 20
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 22
2E PARTIE : LE POINT RELAIS : UN MODE ALTERNATIF A LA LIVRAISON
DE COLIS A DOMICILE 23
A. LE MARCHE DU POINT RELAIS EN FRANCE 23
1. Le point relais, une approche qui a évolué en
trente ans 23
2. Fonctionnement d'un point relais 24
3. Le poids des principaux acteurs de points relais en France
27
B. ZOOM SUR LE SUCCES RECENT DE L'ENSEIGNE DE POINTS RELAIS DE
KIALA AVEC UNE STRATEGIE EN PLEINE RECOMPOSITION
DEPUIS JUILLET 2011 32
1. L'émergence d'un acteur qui a connu une
décennie de croissance 32
2. Kiala adopte en 2011 des nouvelles alliances
stratégiques à la fois dans la gestion des points relais et
dans sa logique de distribution 38
C. LES EVOLUTIONS RECENTES DES ENSEIGNES DE POINTS RELAIS EN
CONCURRENCE AVEC KIALA 43
1. L'apparition inéluctable d'une nouvelle
stratégie de Mondial Relay pour concurrencer Kiala 43
2. La stratégie de La Poste face au développement
du e-commerce 44
3. L'adossement à la solution des points relais par les
expressistes 45
D. LES CONCURRENTS DES POINTS RELAIS 47
1. Emergence des systèmes de consignes automatiques 47
2. Positionnement des expressistes dans le e-commerce avec une
offre de livraison en J+1 48
3. Concurrence de ColiPoste avec son produit So colissimo 50
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 52
3E PARTIE : LE SYSTEME DES POINTS RELAIS EST UNE SOLUTION ADAPTEE
A LA LOGISTIQUE DU DERNIER KILOMETRE 53
A. LES POINTS RELAIS PERMETTENT DE REPONDRE AUX DIVERSES
CONTRAINTES LIEES A LA LIVRAISON A DOMICILE EN VILLE 53
1. L'absence du destinataire à son domicile 53
2. La difficulté de stationnement 55
3. Les embouteillages des centres-villes pendant les heures de
pointe 55
4. Les nombreux arrêts en ville 55
5. La dispersion géographique des clients à livrer
56
6. L'exigence des clients qui souhaitent être
livrés rapidement 57
7. Le respect des normes environnementales et écologiques
58
B. LES POINTS RELAIS PERMETTENT DE REPONDRE AUX DIVERSES
CONTRAINTES LIEES AUX DISPOSITIONS LEGISLATIVES ET AU E-
COMMERCE 59
1. Les réponses aux contraintes législatives 59
2. Les réponses aux contraintes liées au
e-commerce 60
C. LES POINTS RELAIS PERMETTENT DE REPONDRE AUX ENJEUX DE
L'EFFICACITE ECONOMIQUE DE TOUS LES ACTEURS 61
1. Au niveau du cybermarchand 61
2. Au niveau de l'enseigne de point relais 61
3. Au niveau du transporteur 62
4. Au niveau du commerçant relais 62
D. LES POINTS RELAIS PERMETTENT DE BENEFICIER DE LA GRATUITE DES
FRAIS DE PORT POUR LE CYBERCLIENT QUI A DE PLUS EN
PLUS RECOURS A CETTE SOLUTION DE LIVRAISON 64
CONCLUSION GENERALE 67
BIBLIOGRAPHIE 70
ENTRETIENS 73
LEXIQUE 74
ANNEXE 1. ENTRETIEN AVEC GERAUD FELGINES -
COLIPOSTE - LE 23 AOUT 2011 75
ANNEXE 2. ENTRETIEN AVEC EMMANUEL MAILLET -
KIALA - LE 6 SEPTEMBRE 2011 81
ANNEXE 3. ENTRETIEN AVEC BRUNO MANDRIN - GEODIS
- LE 7 SEPTEMBRE 2011 84
ANNEXE 4. FICHES TECHNIQUES DES ACTIVITES COLIS ET EXPRESS DE
LA POSTE, ET DE QUATRE ENSEIGNES DE POINTS RELAIS 88 ANNEXE 5. LE PARCOURS D'UN
COLIS EN IMAGE, DU SITE MARCHAND AU POINT RELAIS KIALA (DANS LE
CADRE DE L'ANCIEN PARTENARIAT AVEC MONDIAL RELAY ENTRE MAI 2003
ET JUILLET 2011). 94
TABLES 101
Introduction et objectifs
La logistique du dernier kilomètre se définit
comme l'art d'acheminer dans les meilleures conditions les flux de marchandises
qui entrent, sortent et circulent. La caractéristique principale de
cette logistique repose sur le fait que c'est une livraison
éclatée. Imaginons le cas d'une commande en ligne et du transport
d'un colis, le transport débute à l'entrepôt de
l'entreprise ou le colis est envoyé à un centre de distribution
régional. Ensuite le colis est envoyé à un hub
régional d'expédition pour être transféré
à un hub régional de réception. Une fois arrivé, il
sera transporté dans un centre de distribution urbain et c'est
après que la livraison du dernier kilomètre commence, pour
distribuer le colis au client final avec toutes les problématiques que
suppose la logistique urbaine (absence du destinataire à son domicile,
difficulté de stationnement, embouteillage pendant les heures de pointe,
nombreux arrêts en ville, dispersion géographique des clients
à livrer, exigence des clients qui souhaitent être livrés
rapidement, respect des normes environnementales et écologiques, etc.).
On voit donc que la partie de la livraison du dernier kilomètre est
très courte dans le total de la chaîne logistique de distribution,
mais elle est en revanche la partie la plus coûteuse et la plus complexe
à gérer.
Pour contourner les obstacles liés au dernier
kilomètre, les réseaux de points relais se sont progressivement
imposés comme la solution idéale. Ils présentent plusieurs
avantages : du côté de l'acheteur ils offrent de la
flexibilité pour le retrait des colis et la gratuité des frais de
livraison ou, du moins, des prix inférieurs à la livraison
à domicile. Du côté du vendeur, ils permettent de grouper,
voire de massifier, les flux vers une même destination et ainsi de
rentabiliser la livraison. Nous allons essayer de démontrer dans
ce travail que le système des points relais est une solution
adaptée à la logistique du dernier kilomètre en ville dans
le secteur du e-commerce. Notre travail s'appuie sur les flux BtoC
(Business to Consumer) et CtoC (Consumer to Consumer).
La Fédération e-commerce et vente à
distance (FEVAD) estime à 300 millions le nombre de colis
expédiés en 2009. Encore dominée par La Poste, l'expansion
de ce marché profite autant à l'opérateur postal qu'aux
transporteurs express et surtout aux enseignes de points relais. Ces
dernières se sont multipliées depuis le début des
années 2000 avec l'essor du e-commerce. Huit réseaux sont
aujourd'hui présents sur le marché français : A2pas,
DistriRelais (Adrexo), Kiala, le réseau « Mon commerçant
» de ColiPoste, Mondial Relay (Groupe 3 Suisses), Ocyto (Presstalis),
Relais Colis (groupe PPR via Redcats via Sogep) et, depuis fin 2010, Relais
Homebox (MGF Logistiques). Nous allons approfondir sur le cas concret de Kiala
pour plusieurs raisons : pour ses innovations technologiques - son
système d'information puissant permet de trier les informations et de
les adresser au bon endroit et au bon moment dans une chaîne
composée de multitudes d'acteurs (cybermarchands, cyberclients,
commerçants relais, transporteurs), pour son portefeuille clients
(touchant les cybermarchands les plus importants), pour son approche marketing,
pour la gestion de ses points relais, pour sa communication plutôt fine,
pour leur capacité de tri performante à Lisses (91) et Decines
(69) - avec comme unité de transport le conteneur et non le colis - et
par sa réponse à l'équation coût / qualité de
service.
Dans la première partie, nous décrirons le
dynamisme du e-commerce et ses conséquences sur la logistique des
cybermarchands. Nous traiterons ici exclusivement des
activités supposant un service logistique. Nous
définirons ensuite les problématiques de la logistique du dernier
kilomètre en France en lien avec l'activité du e-commerce.
Dans la deuxième partie, nous analyserons le
marché des points relais en France tout en faisant état de son
histoire. Nous nous intéresserons par la suite au succès
récent de l'enseigne de points relais Kiala qui est cependant en pleine
recomposition depuis juillet 2011 en raison de la fin de son partenariat avec
Mondial Relay et de sa nouvelle stratégie au niveau de la gestion des
points relais et de la partie distribution. Nous finirons par faire
l'inventaire des solutions concurrentes à Kiala parmi les autres
enseignes de points relais (Mondial Relay, « l'offre mon commerçant
» de ColiPoste et l'adossement sur les points relais par les expressites)
ainsi que l'inventaire des concurrents des points relais (consignes
automatiques, solutions des expressistes et produit So Colissimo de
ColiPoste).
Nous verrons dans la troisième partie que le point
relais est une solution adaptée à logistique du dernier
kilomètre parce qu'il répond aux diverses contraintes
liées à la livraison à domicile en ville, aux diverses
contraintes liées aux dispositions législatives et au e-commerce
et aux enjeux de l'efficacité économique de tous les acteurs de
la chaîne (cybermarchand, enseigne de points relais, transporteur,
commerçant relais).
1ère Partie : Problématiques de la
logistique du dernier kilomètre liée au secteur du e-commerce en
France
Le développement du commerce électronique
(e-commerce) suppose l'adaptation des systèmes logistiques pour faire
face aux nouvelles exigences exprimées, tant par les marchands que par
les clients. Orienté vers le consommateur (BtoC et CtoC), le e-commerce
a révolutionné l'organisation et la gestion des différents
flux de marchandises. Bien que la logistique ne doive pas constituer un frein
au succès du e-commerce, elle est pourtant fréquemment
montrée du doigt en cas d'échec. Toutefois, bien pensée et
structurée, et mise au service de la réactivité, la
logistique contribue à la réussite de l'entreprise. Dans tous les
cas, elle doit être considérée comme une priorité
stratégique.
Nous allons nous intéresser dans cette première
partie aux contraintes et aux enjeux de la logistique du dernier
kilomètre liée au e-commerce en France. Tout d'abord nous allons
commencer par décrire l'évolution du e-commerce depuis une
dizaine d'années et ses conséquences sur la logistique.
A. Le développement du e-commerce et ses
conséquences sur la logistique
L'e-commerce est un marché en pleine explosion depuis
le début des années 2000. L'achat en ligne présente un
certain nombre d'avantages, dont notamment des prix moins élevés,
du choix et la possibilité de comparer facilement les prix, et un grand
confort pour les clients qui ne sont plus obligés de se déplacer
eux-mêmes dans les magasins. Généralement les entreprises
bénéficient d'un accroissement de leur chiffre d'affaires en
proposant à leurs clients la possibilité d'acheter en ligne,
c'est le cas notamment des Click and Mortar1.
Nous allons évoquer ici le dynamisme du e-commerce depuis
le début des années 2000 et voir de quelle façon il a
influencé les modèles logistiques des cybermarchands.
1 Société provenant de l'économie
traditionnelle et qui a également une présence sur internet pour
développer ses activités
1. Les chiffres clés du dynamisme du e-commerce
L'e-commerce est un secteur en plein développement.
a) Les ventes en ligne aux particuliers ont franchi la
barre des 30 milliards d'euros en 2010
La dimension commerciale d'internet n'a cessé de
s'affirmer tout au long des années 2000, bouleversant les modes de
consommation. Les ventes en ligne ont augmenté de plus de 45% en moyenne
par an sur la période 2000 - 2010 et représentent aujourd'hui 87%
du chiffre d'affaires de la vente à distance2, une part qui a
triplé par rapport à 2003. Selon la Fédération
e-commerce et vente à distance (FEVAD), en 2010 en France, le e-commerce
(incluant le CtoC3) a représenté un chiffre d'affaires
de 31 milliards d'euros, soit une augmentation de 24% par rapport à 2009
(figure 1).
Figure 1. Evolution des ventes en ligne aux particuliers entre
2000 et 2010 (en milliard d'euros)
35
30
25
20
15
10
0
5
2000 2002 2004 2006 2008 2010
0,7 1,4 2,2
3,6
5,5
8,4
11,5
15,5
19,8
25
31
Source : FEVAD (2011) Bilan annuel du e-commerce en
2010
En dépassant la barre des 30 milliards d'euros, les ventes
du e-commerce s'élèvent ainsi à 2,8% des dépenses
totales des ménages en 2010, contre 0,1% en 2000 (figure 2).
2 La vente à distance (VAD) regroupe l'ensemble
des opérations de ventes s'effectuant par catalogue,
téléphone, annonces presse, publipostages ou internet
3 CtoC : les échanges de particulier à
particulier
Figure 2. Evolution de la part du e-commerce dans la consommation
totale des ménages (en %) entre 2000 et 2010
0,5
2,5
1,5
0
3
2
1
2000 2002 2004 2006 2008 2010
0,1 0,2 0,3 0,4
0,6
0,9
1,2
1,5
1,8
2,3
2,8
Source : FEVAD (2011) Bilan annuel du e-commerce en
2010
b) Hausse du nombre moyen de transactions par
cyberacheteur
L'augmentation du nombre de cyberacheteurs a été
le principal facteur de soutien à la croissance des ventes en ligne
entre 2005 et 2010, devant la hausse du nombre de transactions par
cyberacheteur, multiplié par deux, et la croissance du panier moyen
(+4,6%). La confiance des cyberclients dans l'achat en ligne ne cesse de
progresser, jouant un rôle moteur dans l'afflux de nouveaux clients.
Tableau 1. Principaux contributeurs à la croissance du
e-commerce entre 2005 et 2010
Indicateurs analysés
|
Unités
|
2009
|
2010
|
Tendance sur moyenne période (2005-2010)
|
Ventes en ligne
|
Chiffres d'affaires
|
+ 26,0 %
|
+ 24,0 %
|
x 3,7
|
Nombre de cybermarchands
|
Nombre de sites de e-commerce
|
+ 35,5 %
|
+ 27,8 %
|
x 5,6
|
Nombre de cyberacheteurs
|
|
+ 9,4 %
|
+ 14,8 %
|
x 2,0
|
Transactions par cyberacheteurs
|
Nombre de transactions par cyberacheteur
|
+ 25,3 %
|
+ 8,1 %
|
x 2,0
|
Panier moyen
|
Panier moyen des cyberacheteurs
|
- 1,5 %
|
+ 0,9 %
|
+ 4,6 %
|
Source : XERFI (2011) Logistique et e-commerce. Panorama de
la chaîne e-logistique et analyse du jeu concurrentiel. Avril
2011
+
++
Figure 3. Le dynamisme du e-commerce
DEMANDE
Population de cyberacheteurs ++
par transaction
Panier moyen
Nb moyen de transactions
par cyberacheteur
Dynamisme du e-commerce
++++
Nombre de sites marchands
OFFRE
++++
+ = Petite influence
++ = Influence moyenne +++ = Forte influence
++++ = Très forte influence
Source : XERFI (2011) Logistique et e-commerce. Panorama de
la chaîne e-logistique et analyse du jeu concurrentiel. Avril
2011
c) Multiplication des sites marchands
L'augmentation du nombre de sites marchands a également
continué à stimuler la demande des internautes et donc la
croissance du chiffre d'affaires du e-commerce. En 2010, la vente en ligne a
notamment profité de l'arrivée de nombreuses enseignes click
and mortar : Krys, Zara, Toy'sRus, etc.
Il existe 82 000 sites marchands en France, à comparer aux
64 100 répertoriés en 2009, soit une augmentation de 28%, comme
indique la figure 4.
Figure 4. Evolution du nombre de sites de commerce en ligne
actifs entre 2003 et 2010
40000
90000
80000
70000
60000
50000
30000
20000
10000
0
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
7500
5800
14500
22900
35500
47300
82000
64100
Source : FEVAD (2011) Bilan annuel du e-commerce en 2010
d) Le tourisme largement en tête
Le tourisme (voyages, transport, hôtellerie) a
représenté 44% des ventes en ligne aux particuliers en 2009,
d'après les données de Benchmark Group. Les produits
technologiques (high tech et électroménager) sont arrivés
en deuxième position, avec un peu plus de 20% du chiffres d'affaires du
e-commerce, devant l'habillement (près de 15%).
Figure 5. Répartition des ventes en ligne par
catégorie de produits / services en 2009
Equipements de la maison; 5%
Produits
culturels; 4% Divers; 11%
Habillement, textile; 15%
High tech, électroménag er; 21%
Tourisme; 44%
Source : Benchmark Group, 2009
e)
Près des trois quarts des internautes
sont des cyberacheteurs
Le nombre de cyberacheteurs a augmenté trois
fois plus vite que la population d'internautes entre 2005 et
2010. La princip ale explication à cette
hausse repose sur la confiance grandissante des internautes
dans l'achat en ligne. Le nombre de cyberacheteurs équivaut
à près de 55 % de la population âgée
de 16 ans et plus, soit 25,1 millions en 2010.
Figure 6. Evolution du nombre d'internautes et de
cyberacheteurs entre 2005 et 2010
Source : FEVAD (2011)
Bilan annuel du e-commerce en
2010
f) Les consommateurs achètent plus souvent sur
internet
La progression du nombre de transactions par
cyberacheteur a fortement participé au
dynamisme du e- commerce au cours des dernières années.
Un cyberacheteur a exécuté en moyenne 11,7
transactions en 2010.
Figure 7 . Evolution du nombre de transactions
par cyberacheteur entre 2005 et 2010
6,8
10,9
8,7
11,7
7,6
6
4
2
0
2005 2006 2007 2008 2009
2010
14
12
10
8
6
Source : FEVAD (2011) Bilan annuel du
e-commerce en 2010
En 2010, les sites internet ont enregistré plus de 340
millions de transactions, soit 60 millions de plus qu'en 2009. Comme on peut
voir dans le tableau 2, le premier site de vente en ligne en France est La
Redoute avec près de 11,5 millions de visiteurs uniques au 3e trimestre
2010.
Tableau 2. Nombre de visites des principaux sites marchands au
3e trimestre 2010
Rang
|
Noms
|
Visiteurs uniques
|
1
|
La Redoute
|
11
|
493
|
000
|
2
|
eBay
|
10
|
326
|
000
|
3
|
PriceMinister
|
9
|
945
|
000
|
4
|
Amazon
|
8
|
625
|
000
|
5
|
Fnac
|
7
|
597
|
000
|
6
|
3 Suisses
|
7
|
415
|
000
|
7
|
Voyages-Sncf.com
|
7
|
412
|
000
|
8
|
Cdiscount
|
7
|
225
|
000
|
9
|
Carrefour
|
6
|
926
|
000
|
10
|
Spartoo
|
6
|
219
|
000
|
Source : FEVAD (2011) Bilan annuel du e-commerce en
2010
Ainsi, la forte croissance du e-commerce depuis les
années 2000 entraîne dans son sillage une forte hausse des volumes
de marchandises à distribuer et surtout implique de relever de nouveaux
défis en termes d'organisation et de processus logistique pour les
cybermarchands.
2. Le e-commerce et ses conséquences sur la
logistique
Le e-commerce a considérablement fait évoluer
les caractéristiques des échanges commerciaux. Ainsi, alors qu'il
était courant auparavant de s'approvisionner chez un marchand au sein
même de la zone géographique, les achats en ligne
représentent aujourd'hui une alternative à la vente classique. Le
e-commerce a par conséquent engendré des organisations
logistiques ad hoc.
a) De nouveaux défis pour la logistique
Les cybermarchands ont contribué au
développement d'une nouvelle forme de commerce, celui du commerce en
ligne. Celui-ci implique de nouveaux défis pour la logistique dans le
sens où il faudra intégrer ou développer le modèle
BtoC ; en effet le produit commandé devra être livré des
entrepôts des cybermarchands directement chez le consommateur final, qui
se situe en bout de chaîne.
Aux regards de la rapidité de livraison et de la nature
des biens transportés, les enjeux logistiques que cela implique ont pour
conséquence une véritable transformation de la logistique aval en
ville. En effet, on passe d'un modèle traditionnel au sein duquel les
industriels livraient des entrepôts afin de livrer des grossistes qui
approvisionneront des détaillants à un autre modèle
logistique. Le modèle traditionnel BtoB se transforme dans le cadre
d'une activité de e-commerce en un modèle BtoC au sein de
laquelle l'organisation logistique est modifiée en profondeur.
b) De nouveaux processus pour la logistique
Le développement du e-commerce implique de nouveaux
processus pour la logistique. Il induit la mise en relation entre deux acteurs
dans le cadre d'un échange BtoC et cela implique un certains nombre
d'exigences dans la gestion des processus logistiques du cybermarchand :
- la vitesse de livraison et les implantations
géographiques des réseaux deviennent des facteurs clés de
succès pour les acteurs du e-commerce
- l'implication d'intermédiaires dans la chaîne
logistique est un nouvel enjeu (logisticiens, transporteurs, etc.)
- les systèmes d'information se mettent en place
- les plates-formes d'offre en ligne de prestation logistique se
développent
- on assiste à une externalisation des activités
logistiques mettant en avant la spécialisation de certains
opérateurs logistiques
Concernant le point sur l'externalisation des activités
logistiques, les cybermarchands ont souhaité se concentrer sur le coeur
de métier depuis le début des années 1990 et externalisent
ainsi leurs activités logistiques à des prestataires
spécialisées dans le secteur, qu'on appelle aussi les
3PL4. Ces derniers contribuent à développer une large
gamme de services logistiques et de services à valeur ajoutée
comme le packaging ou les systèmes d'information. La
nécessité de répondre à une demande du
marché qui évolue rapidement et dont les clients exigent des
livraisons rapides, impose aux 3PL de maintenir un niveau de collaboration
très fort avec leurs partenaires.
3. L'apparition de nouvelles exigences des clients
Les nouveaux modes de consommation en ligne ont fait
apparaître de nouveaux enjeux pour les cybermarchands face à des
consommateurs qui souhaitent être livrés de plus en plus
rapidement et attachent une valeur croissante à la rapidité de
cette livraison. Auparavant le paiement sur internet était une source de
stress pour le consommateur en absence de filtre de sécurité sur
les sites de vente en ligne ; aujourd'hui c'est la livraison qui est un
élément stressant car exogène au consommateur et sensible
aux différents aléas comme la mauvaise organisation logistique,
la circulation en ville, la météo, etc.
Les consommateurs expriment une autre exigence forte envers
les cybermarchands. Ils requièrent davantage de garanties qu'un commerce
traditionnel où la relation de confiance s'établit par une
relation directe entre marchand et client. Dans le cadre du e-commerce, la
relation s'établit uniquement par le biais d'une interface dite «
utilisateur ». En absence de lien direct avec le marchand, le consommateur
insatisfait par la transaction sera d'autant plus déçu et
frustré. Ainsi dans le cadre d'une transaction décevante, les
chances que le consommateur renouvelle l'expérience chez le même
cybermarchand sont quasi nulles.
Une étude menée en 2009 par le Boston Consulting
Group (BCG) démontre l'importance de satisfaire le consommateur le plus
tôt possible afin de le fidéliser. Cette étude
réalisée auprès de 12 000 consommateurs fait
apparaître que 28% des transactions
4 Third Party Logistics ; c'est-à-dire à
des prestataires de services logistiques
en ligne n'ont pas satisfait le consommateur et que 44% des
acheteurs ont été déçus au moins une fois dans leur
achat sur les douze derniers mois. L'étude démontre
également qu'une transaction décevante est un facteur fortement
démotivant pour le consommateur et qu'environ 25% d'entre eux ne
réaliseront pas d'autres achats chez le même cybermarchand. De
plus, le BCG révèle qu'un acheteur insatisfait fera part à
neuf personnes en moyenne de son expérience négative. On peut
donc soulever l'impact que peut avoir une logistique défaillante sur les
enseignes de vente en ligne et à quel point il est crucial d'avoir un
fonctionnement logistique adapté au e-commerce.
4. L'émergence d'un modèle logistique
dédié au e-commerce : la e-logistique
Les prestataires de services logistiques vont dès lors
prendre une place importante dans le processus du commerce de vente en ligne.
Les processus de la logistique du commerce en ligne, ou e-logistique,
s'articulent de la manière suivante :
- A travers internet, le client va explorer les
différentes offres de produit ou de service qui correspondent à
son besoin et procéder ensuite à l'achat si l'offre est en
adéquation avec son besoin. La présence des systèmes
d'information reliés à l'interface de l'utilisateur lui permet de
savoir en temps réel si le produit qui suscite son intérêt
est disponible dans le stock du cybermarchand
- Le client commande le produit. A travers cette transaction,
le client inscrira dans la base de données du vendeur les informations
bancaires nécessaires au paiement ainsi que des indications d'ordres
personnelles et pratiques (adresse postale, numéro de bâtiment,
code d'accès, étage, etc.) qui permettront la livraison du
produit au lieu indiqué
- Ces informations sont généralement
retransmises au client par une confirmation électronique prenant
généralement la forme d'un courriel, récapitulant les
données inscrites lors de la commande. Seront également
envoyées au client les informations liées au délai de
livraison estimé
- Les biens en stock seront expédiés
immédiatement si la commande est effectuée un jour ouvré
en heure de journée. Si le produit n'est pas en stock, le client devra
attendre que le marchand soit approvisionné
- Les systèmes de traçabilité et de suivi
des colis mis en place en entrepôt permettent d'avoir une
visibilité totale des produits en stock et d'automatiser les processus
d'identification qui sont liés à la gestion des espaces de
stockage
B. Les problématiques de la logistique du
dernier
kilomètre
Dans le processus e-logistique, le dernier kilomètre
est défini comme la dernière étape. Le dernier
kilomètre dans une chaîne logistique BtoC est la plus courte, mais
en même temps la plus complexe à gérer et la plus couteuse.
Ceci est dû à un grand nombre de contraintes qui vont être
décrites. Le e-commerce étant un phénomène encore
récent, peu d'informations empiriques existent sur les coûts du
dernier kilomètre. Gevears et al. (Characteristics of Innovations in
Last Mile Logistics, 2009) expliquent que le coût du dernier
kilomètre représente entre 13 et 75% du coût total de la
e-logistique BtoC. L'analyse des différentes contraintes liées
à la livraison de colis sur le dernier kilomètre permettra de
mieux comprendre le grand écart existant entre ces deux
extrêmes.
1. Les contraintes que suppose la livraison à
domicile
Les contraintes liées à la livraison sur le dernier
kilomètre dépendent fortement du mode de livraison
utilisé. Il existe quatre modes de livraison :
- La livraison traditionnelle à domicile
- Les points de collecte dans les résidences (boites pour
colis, locaux gardiens) - La livraison dans les points relais
- Les consignes automatiques
Aujourd'hui, la majorité des livraisons de colis est
effectué à domicile ; en effet, entre 60 et 70% de la livraison
du e-commerce est assurée par ColiPoste, la branche « colis »
de La Poste, par le biais de son produit phare Colissimo
d'après Géraud Felgines, directeur marketing de l'offre
ColiPoste (entretien du 23 août 2011). Les 30 à 40% restants,
selon lui, sont assurés par les expressistes, les enseignes de points
relais, les consignes automatiques et Adrexo, le premier opérateur
postal à domicile privé en France (avec 15,2 millions de colis
livrés par ce dernier en 2010).
La livraison à domicile suppose de multiples
contraintes. Il y a deux types de livraison à domicile ;
premièrement la livraison standard où le colis sera livré
normalement et le client ne sait pas à quel moment l'opération
aura lieu, et deuxièmement une livraison durant un créneau
horaire déterminé. Dans le premier cas, on estime à 30% la
part des livraisons qui ne sont pas réceptionnées à cause
de l'absence du client au moment de la livraison, il est ainsi probable que le
prestataire de transport soit obligé de revenir une deuxième
fois, voire éventuellement une troisième fois. Evidemment cette
situation engendre des coûts supplémentaires ; le transporteur
subit en effet deux ou trois fois le coût du transport et de la
logistique. Dans le deuxième cas, la planification des tournées
devient très complexe parce que le transporteur doit livrer une
multitude de clients qui ont des rendez-vous avec des heures précises.
La figure 8 illustre bien la complexité d'une planification de la
tournée pour les livraisons sur rendez-vous (à droite) par
rapport à une tournée classique (à gauche).
Figure 8. Planification de la tournée de livraison
à domicile
Livraison à domicile classique Livraison à domicile
sur RDV
Source : Boyer et al. Extending the Supply Chain,
2004
Une autre contrainte qui affecte et complique fortement la
planification des tournées concerne la dispersion géographique
des clients. En 2010, environ 25% de la population française vivaient
dans un milieu rural, 21% dans les espaces périurbains et 54% dans les
villes. L'organisation des tournées coûte chère dans les
campagnes compte tenu des distances plus importantes entre les
différents points de livraison. A la ville, l'encombrement de la voirie
et des espaces de stationnement perturbent les livraisons.
Une dernière contrainte se situe au niveau du
changement dans le comportement des clients et de l'évolution de
l'opinion publique. Les clients s'intéressent de plus en plus à
l'environnement et exigent que les entreprises atteignent un bilan carbone plus
favorable à l'environnement, qu'ils respectent des normes
écologiques, qu'ils utilisent des moyens de transport peu polluants, que
les poids lourds disposent d'un accès limité aux centres-villes.
Or en même temps, les clients sont exigeants et souhaitent que la
livraison soit rapide. Pour les cybermarchands, il est primordial de prendre en
compte les contraintes environnementales d'un coté et le critère
coûts de transport de l'autre.
2. Les contraintes liées au cadre législatif
et relatives au e-commerce
La logistique du dernier kilomètre liée au
e-commerce comprend d'importantes contraintes car génératrice de
transport à un moment où les communes cherchent à
réduire les nuisances sonores et les émissions de CO2
dues au transport de marchandises. De plus, il peut avoir des impacts
conséquents sur l'organisation logistique lorsque l'Etat, par le biais
d'une loi, impose aux commerçants de vente en ligne de respecter des
délais de livraison.
a) Les contraintes liées au cadre
législatif
i. La réglementation et la limitation du transport de
marchandises dans les centres-
villes
De nombreuses communes françaises cherchent aujourd'hui
à réduire les effets négatifs du transport de marchandise
en ville (TMV), à savoir :
- L'encombrement de la voirie par les véhicules de
livraison en circulation et à l'arrêt induit des effets
socio-économiques négatifs tels que la perte de temps pour les
automobilistes et usagers des transports collectifs
- Le bruit entrainé par la circulation des
véhicules mais aussi par les opérations de chargement /
déchargement, en particulier lors des périodes matinales ou
tardives de la journée
- Les pratiques de livraison en pleine voie avec des manoeuvres
dangereuses relatives aux opérations de chargement /
déchargement
- Les émissions de polluants atmosphériques
Les récentes dispositions législatives accordent
pour la première fois une place à la logistique urbaine dans la
prise de décisions des collectivités en France.
La loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de
l'énergie du 30 décembre 1996 intègre le rôle des
marchandises au niveau de l'organisation globale des déplacements dans
les grandes agglomérations, dans le cadre des PDU. Elle donne une
définition restreinte aux seules nuisances des transports de
marchandises en ville sans prendre en considération sa dimension
fonctionnelle. L'article 28 de la LAURE stipule que : « le PDU
définit les principes de l'organisation des transports de personnes et
de marchandises, de la circulation et du stationnement. Il est ajouté
que le transport et la livraison des marchandises doivent être
organisés de façon à en réduire les impacts sur la
circulation et l'environnement ». D'autres lois vont aller dans cette
direction.
Plus récemment, la loi Solidarité et
Renouvellement Urbain (SRU), votée en décembre 2000, introduit
les déplacements de marchandises dans les schémas de
cohérence territoriale et élargit les compétences des PDU
sur les TMV. Elle intègre des modalités particulières de
stationnement et d'arrêt des véhicules de livraison de
marchandises dans l'organisation du stationnement. Elle envisage de
rationaliser : « les conditions des échanges de
marchandises et l'agglomération afin de maintenir les activités
commerciales et artisanales. De plus, elle prévoit la mise en
cohérence des horaires de livraison au sein du périmètre
des transports urbains. On prend ainsi en compte les besoins en surfaces
nécessaires au bon fonctionnement des livraisons afin notamment de
limiter la congestion des voies et aires de stationnement. Elle propose une
réponse adaptée à l'utilisation des infrastructures
logistiques existantes, notamment celles situées sur les voies de
pénétration autres que routières et précise la
localisation des futures, dans une perspective d'offre multimodale
».
Aussi, le code des collectivités territoriales
légalise les emplacements réservés à l'arrêt
des véhicules effectuant une opération de chargement ou
déchargement.
Toutes ces réglementations concernent de près la
logistique du dernier kilomètre liée à l'e-commerce car
les cyberconsommateurs habitent majoritairement les grandes
agglomérations. Le cadre législatif vient contraindre un peu plus
le transport en ville ; cela signifie que les transporteurs doivent prendre en
compte ces différentes réglementations qui ne vont pas dans le
sens de la livraison à domicile. En effet la livraison à domicile
nécessite de nombreux arrêts en ville, oblige parfois plusieurs
repassages et génèrent donc une plus grande pollution.
ii. Des cybermarchands qui se voient imposer le respect des
délais de livraison
annoncés sur leurs sites
La loi Châtel « pour le développement de la
concurrence au service des consommateurs » a été
adoptée le 20 décembre 2007. Cette loi a fait beaucoup de bruit
dans le monde du e-commerce en France notamment dans le domaine de la
logistique. Elle impose les sites de vente en ligne différentes
obligations sur de nombreux points qui sont :
- Indiquer, avant la conclusion du contrat, la date limite
à laquelle il s'engage à livrer le
bien ou exécuter la prestation de services
- Fournir des coordonnées téléphoniques
permettant d'entrer en contact avec le vendeur
- Les moyens de communication permettant de suivre
l'exécution de sa commande,
d'exercer son droit de rétractation ou de faire jouer la
garantie ne supportent que des
coûts de communication, à l'exclusion de tout
coût supplémentaire spécifique
- Indiquer l'existence d'un droit de rétractation, et ses
limites éventuelles ou, dans le cas
où ce droit ne s'applique pas, l'absence d'un droit de
rétractation
- Lorsque le droit de rétractation est exercé, le
professionnel est tenu de rembourser le consommateur de la totalité des
sommes versées, dans les meilleurs délais
- Le client, en revanche, prend en charge les frais de retour de
la marchandise
La fonction logistique est concernée en premier lieu
par ces nouvelles dispositions. Désormais, le cybermarchand doit
être en mesure d'avancer une date de livraison réelle et
d'être muni d'un système de traçabilité des flux
logistiques efficace. D'où la nécessité pour lui d'opter
pour une méthode de livraison sûre qui lui permet de fiabiliser un
maximum ses délais de livraison tout en disposant d'un système de
traçabilité performant dont la mise en place est relativement
onéreuse. Un autre élément important doit être pris
en compte dans cette loi ; il s'agit de l'exercice du droit de
rétractation qui oblige le site marchand à rembourser les frais
de livraison aller sept jours après la livraison. On peut donc noter
l'importance d'avoir un moyen de contrôle à la livraison et
d'avoir une logistique retour bien organisée.
Maintenant que nous avons vu les contraintes
législatives liées à la logistique du dernier
kilomètre, nous allons maintenant nous intéresser aux contraintes
liées au e-commerce.
b) Les contraintes liées au e-commerce
L'e-commerce appartient à un domaine plus large qui est la
vente à distance. Cette notion de « à distance »
suppose des contraintes que nous allons tenter d'identifier.
i. Le caractère anxiogène de l'achat en ligne
entraîne pour le cybermarchand le besoin
d'informer le client
Auparavant, le frein à l'achat sur internet
était lié à la sécurisation des données lors
du paiement en ligne. Aujourd'hui, ce frein est quasiment levé avec la
mise en place de sécurités importantes. Mais l'achat en ligne
reste cependant anxiogène notamment sur toute la partie qui suit
l'après paiement. Le fait que le cyberclient ait payé mais n'ait
pas encore le
produit génère, comme le suggèrent
Messieurs Issac, Volle et Bréban (E-commerce : De la
stratégie à la mise en oeuvre opérationnelle, 2008),
« une demande de contrôle sur les processus en ligne »
qui passe par le suivi de la commande, la traçabilité du
colis et la capacité à communiquer des informations en temps
réel.
Cela se justifie par le fait que « la promesse » du
e-commerce se réalise lorsque le produit arrive effectivement en bon
état au lieu choisi par le cyberclient dans les délais
prévus. On se rend bien compte de l'importance de la réalisation
de cette « promesse » qui peut être déterminante dans le
processus d'achat en ligne. Ainsi une étude IPSOS / ColiPoste
réalisée en 2005 met en évidence que 42% des internautes
ont annulé une commande en ligne en raison des conditions de livraison
proposées et 66% considèrent que les conditions de livraison
constituent un élément de choix du site marchand.
A ces résultats viennent s'en ajouter d'autres,
toujours à la suite de cette même étude, sur les
critères attendus par le client lors du processus de livraison : 68% des
personnes sondées souhaitent avoir la possibilité de suivre son
colis et 65% souhaitent connaître le délai de livraison
communiqué par le site marchand.
ii. Disparition du contact avec le commerçant
Lorsque nous réalisons un achat en ligne, il y a
disparition du contact humain. Nous n'achetons pas chez un commerçant
traditionnel en nous déplaçant sur place, mais derrière un
ordinateur. Cela signifie qu'une relation « humaine », qui permet
parfois de fidéliser le client, ne peut se créer. Dans ce
contexte, le service de logistique et transport est le seul maillon visible par
le client. De ce fait, la personne remettant le colis représente aussi
bien l'entreprise qui livre le colis que le cybermarchand. D'où
l'importance de ne pas négliger ce point pour le logisticien.
iii. L'importance du facteur prix sur internet avec
l'utilisation des comparateurs de prix
Il suffit de quelques clics à l'internaute, grâce
aux comparateurs de prix, pour connaître le prix d'une
référence sur plusieurs sites. Si nous prenons l'exemple du
comparateur
www.touslesprix.com, et que
nous écrivons dans l'onglet prévu à cet effet la
référence du produit auquel nous nous intéressons, nous
obtenons une liste de cybermarchands proposant le produit recherché
classée en fonction du prix de vente du moins cher au plus cher. On
retrouve alors la disponibilité produit, le temps de livraison, les
frais de port (qui dans ce cas peut beaucoup varier d'un cybermarchand à
l'autre), l'écotaxe ainsi que le prix total. Le prix du transport peut
être un frein à l'achat s'il est considéré trop
élevé.
Nous venons de décrire les différentes
contraintes liées à la logistique du dernier kilomètre
dans le cadre du e-commerce. L'objectif est maintenant de définir les
principaux enjeux de cette logistique.
3. Les principaux enjeux de la logistique du dernier
kilomètre
Plus que jamais, la logistique liée au e-commerce est au
coeur des réflexions des cybermarchands. Elle peut être un frein
à l'achat mais à l'inverse elle peut être un levier en
vue d'augmenter le panier moyen. De plus, elle permet de
fidéliser le cyberclient. Les enjeux qui vont être
présentés ne sont pas les seuls qui existent dans le domaine de
la logistique du dernier kilomètre. Il s'agit ici de trois principaux
enjeux que nous allons faire ressortir en vue de faire dégager par la
suite une solution logistique adaptée au dernier kilomètre
liée au e-commerce.
a) Respecter la législation pour le transport et
l'e-commerce
La législation autour du transport dans les villes est
forte et de plus en plus contraignante. Il est donc important pour les acteurs
de la e-logistique de trouver une solution à cet égard, notamment
en ce qui concerne :
- La taille des véhicules : passer du poids lourd au
véhicule utilitaire dans les centres-villes - Les émissions de
CO2 : en essayant de réduire le nombre de kilomètres
parcourus pour
livrer un colis et en étant équipé d'une
flotte de camions aux normes anti-pollution - Le nombre d'arrêts lors des
livraisons en vue de ne pas gêner la circulation
- Le nombre d'opérations de chargement et
déchargement afin de réduire la pollution
sonore
b) Optimiser les coûts logistiques et de transport, et
garantir les délais de livraison au cyberclient
La part du coût du transport dans le prix final du
produit peut être élevée en fonction du type de produit
commandé. D'où la nécessité pour le cybermarchand
de maîtriser au maximum ses coûts de transport. Rappelons que des
frais de transport trop élevés peuvent être un frein
à l'achat. La difficulté à l'heure actuelle pour les
acteurs concernés par la logistique du dernier kilomètre est
d'être en mesure de proposer des frais de port les plus bas, tout en
garantissant les délais de livraison au cyberclient. De plus, le
caractère anxiogène de l'achat sur internet amène le
cyberclient à vouloir être informé en temps réel sur
l'état d'avancement de sa commande. Cela impose donc d'avoir une
logistique équipée de systèmes d'information qui permet
une traçabilité du colis.
Pour résumer, les cybermarchands doivent être en
mesure de maîtriser leurs coûts logistiques pour être capable
d'offrir aux cyberclients des frais de transport bas, une garantie sur les
délais de livraison lors de la commande, une information en temps
réel sur l'état d'avancement du colis et une possibilité
de retourner le produit sous sept jours.
Conclusion de la première partie
Le secteur de la vente en ligne connaît depuis une
dizaine d'années un développement puissant et affiche des taux de
croissance à deux chiffres, avec un chiffre d'affaires de 31 milliards
d'euros en 2010. Ce développement entraîne une forte hausse des
volumes de marchandises à traiter et surtout implique de relever de
nouveaux défis en termes d'organisation et de processus logistique. Les
cybermarchands doivent ainsi intégrer ou développer le
modèle BtoC, et adapter leur logistique en répondant aux
différentes exigences des clients en ligne, notamment en termes de
rapidité de livraison ou de système d'informations.
Dans le processus e-logistique, le dernier kilomètre
est défini comme la dernière étape. Il est la plus courte
dans la chaîne de transport mais en même temps la plus complexe
à gérer et surtout la plus coûteuse. Les contraintes du
dernier kilomètre dans le cadre de la livraison à domicile en
ville sont multiples : absence du destinataire à son domicile,
difficulté de stationnement, embouteillage pendant les heures de pointe,
nombreux arrêts en ville, dispersion géographique des clients
à livrer, exigence des clients qui souhaitent être livrés
rapidement, respect des normes environnementales et écologiques (en
particulier la réduction du bruit qui est entrainé par la
circulation des véhicules), etc. Ces contraintes engendrent par
conséquent des coûts supplémentaires et une organisation
elogistique complexe. De plus, le cadre législatif vient contraindre un
peu plus les problématiques de la logistique du dernier kilomètre
avec la loi Châtel qui impose les cybermarchands de respecter les dates
de livraison indiquées sur le site de vente en ligne et de rembourser
toutes les sommes avancées par les cyberclient dans l'exercice de son
droit de rétractation, sauf pour les frais de retour qui sont pris en
charge par ce dernier. Enfin, le caractère anxiogène de l'achat
en ligne entraîne la nécessité pour le cybermarchand de
mettre en place un système d'information en temps réel dans le
cadre du suivi de la commande et de la traçabilité du colis.
Les enjeux de la logistique du dernier kilomètre sont
multiples. D'abord il s'agit de trouver des solutions pragmatiques afin de
respecter la législation du transport en ville, qui est de plus en plus
contraignante, et les normes de bonne conduite en particulier sur la
réduction de la taille du véhicule de livraison en ville, la
réduction des émissions de CO2, la réduction
des arrêts en ville, la réduction du nombre d'opérations de
chargement / déchargement en vue de réduire la pollution sonore,
etc. Aussi il est essentiel pour le cybermarchand d'optimiser ses coûts
logistiques et de transport, et garantir les délais de livraison.
2e Partie : Le point relais : un mode alternatif
à la livraison de colis à domicile
La multiplicité des offres e-logistiques et des
services rendus au cyberconsommateur étant révélateurs de
la qualité d'un site en ligne, les cybermarchands tendent à
développer des modes alternatifs pour combler les lacunes de la
livraison à domicile qu'on a identifié en première
partie. En effet, même si cette dernière fait
toujours des émules, elle peut très rapidement se transformer en
un réel poison pour l'acheteur contraint de se rendre dans un bureau de
poste le samedi matin, après avoir manqué à plusieurs
reprises le passage du facteur. La livraison, lien physique entre le
cyberacheteur et cybermarchand, devient primordiale et son échec lourd
de conséquences.
La solution des points relais a donné un second souffle
au marché de la vente à distance. L'idée est simple :
proposer à l'acheteur de récupérer son colis dans un
commerce de proximité bénéficiant de créneaux
d'ouverture bien plus larges que les bureaux de poste, y compris le
week-end.
Tout d'abord, nous allons analyser le marché des points
relais en France en identifiant l'ensemble des acteurs qui composent le
secteur. Ensuite, nous étudierons le succès récent de
l'enseigne de points relais Kiala qui a contracté en 2011 des nouvelles
alliances stratégiques. Après, nous ferons l'inventaire des
solutions concurrentes à Kiala parmi les autres enseignes de points
relais (Mondial Relay, ColiPoste et les solutions des expressites). Enfin, nous
identifierons les concurrents des points relais.
A. Le marché du point relais en France
Nous allons commencer par tracer brièvement l'histoire
du système des points relais en France, puis décrire le
fonctionnement actuel d'un point relais. Enfin nous dresserons la typologie des
acteurs en présence et nous interrogé sur la nature de la
dynamique des points relais.
1. Le point relais, une approche qui a évolué
en trente ans
a) Le point relais, une nouvelle forme de distribution
du colis dans les années 1980
Les années 1980 ont vu le développement des
réseaux de points relais alternatifs à la livraison à
domicile, à la fois pour répondre aux nouveaux besoins de la
clientèle, pour faire face aux dysfonctionnements de la Poste
(grèves à répétition, horaires des bureaux de poste
pas en adéquation avec les modes de vie des citadins, livraison de
mauvaise qualité, etc.) et dans une logique de réduction du
coût du dernier kilomètre (en souhaitant éviter le
surcoût du fort taux de repassage lors des livraisons à domicile).
Les points relais, créés par les entreprises de vente par
correspondance (VPC), en ont été la première forme. La
Sogep, filiale logistique de La Redoute et principal concurrent des 3 Suisses,
décide de modifier son plan logistique au début des années
1980 en développant un réseau de points de livraison
chez des particuliers. Les « hôtesses locales
» constituant ce réseau ne sont rémunérées que
pour réceptionner les colis et recevoir les clients pendant leurs heures
d'astreinte. Mais devant les contraintes financières (coût du
dernier kilomètre peu réduit), commerciales (gêne de
certains clients à retirer leurs colis chez un particulier) et sociales
(heures d'astreinte des hôtesses difficiles à respecter), ce
schéma n'a pas réussi à se généraliser.
Devant ces difficultés, la Sogep a décidé
entre 1986 et 1989 de substituer les commerces de proximité aux
hôtesses. Le commerçant qui propose ce service trouve un
intérêt financier en augmentant son chiffre d'affaires. Le contrat
signé entre les deux parties est assez simple : les commerces de
proximité doivent à la fois respecter une clause de non
concurrence, présenter une bonne image, posséder une surface de
stockage d'au moins 3-4 m2 et avoir des heures d'ouverture assez
étendues. De plus, le stationnement aux abords du magasin doit
être facile pour les transporteurs comme pour les clients. Enfin, la
motivation du commerçant et sa capacité d'accueil sont
primordiales, bien que particulièrement difficiles à mesurer.
C'est ce concept de point relais qui sert aujourd'hui de modèle. Les
entreprises traditionnelles de VPC ont d'ailleurs développé un
maillage tel que 80% de la population française ont accès
à un point relais en moins de 10 minutes.
b) Les années 2000 : une nouvelle approche
Depuis le début des années 2000, la croissance
du e-commerce a favorisé le développement de solutions
alternatives à la livraison à domicile. Les enseignes de points
relais historiques, Sogep et Mondial Relay, ont densifié leurs
réseaux et de nouveaux prestataires ont investi le domaine. Né de
cette dernière tendance, Kiala, qui n'est ni une entreprise de vente
à distance, ni un logisticien, ni un transporteur, mais un organisateur
d'informations et de flux de colis, a développé son réseau
de points relais. L'idée est alors de « proposer aux
commerçants, vépécistes et aux sociétés
faisant du télé-achat, une alternative à la livraison en
48 heures à domicile grâce à un réseau de relais de
proximité » (Denis Payre, co-fondateur de Kiala, Journal du
Net, 24 octobre 2002). Pour cela, l'entreprise s'appuie sur une
automatisation des livraisons des colis et de leur suivi, et une gestion
professionnalisée des commerçants partenaires.
2. Fonctionnement d'un point relais
a) Au niveau client
Le principe du point relais consiste à livrer le colis
commandé sur un site de vente en ligne non pas au domicile du
cyberclient mais chez un commerçant adhérant à une
enseigne de points relais (le commerçant relais) préalablement
choisi par le cyberclient lors de sa commande. Une fois le produit
réceptionné par le commerçant relais, le cyberclient
reçoit un e-mail lui indiquant que le colis se trouve bien chez le
commerçant adhérent sélectionné et qu'il peut venir
retirer son colis pendant les horaires d'ouverture du commerçant. Le
cyberclient peut alors se rendre au commerçant relais muni de sa carte
d'identité.
Le point relais assure aujourd'hui des délais de
livraison en 48 heures après enlèvement du colis au
dépôt du cybermarchand. Le client peut suivre en ligne
l'état d'avancement de son colis dans le processus de livraison
après remise d'un numéro de suivi
par le cybermarchand. De plus, le client a la possibilité
de régler sa commande à la réception du colis chez le
commerçant relais.
Il y a par ailleurs des restrictions fortes pour pouvoir
utiliser un point relais ; il existe en effet des contraintes de poids, en
général ne sont pas autorisés les colis supérieurs
à 20 ou 30 kilogrammes (dépendant des enseignes de relis colis).
Il existe aussi des contraintes de volume afin de ne pas encombrer les
commerçants relais, ainsi que des contraintes de valeur.
b) Au niveau logistique
D'un point de vue structurel, les cybermarchands sont
composées d'une ou de plusieurs plateformes logistiques principales, ou
hub(s), qui rassemblent et dispatchent l'ensemble des flux de colis. S'ajoutent
après plusieurs agences réparties sur le territoire
français de manière à pouvoir réceptionner les flux
de ou des hub(s) pour pouvoir à leur tour les distribuer dans les points
relais. Dans le cadre de la distribution du colis au cyberclient, ce n'est plus
le colis qui va au cyberclient mais le cyberclient qui va au colis.
La sélection et le recrutement des commerçants
relais en vue de créer un réseau de proximité fort est une
particularité propre des points relais. Le recrutement des
adhérants se fait sur plusieurs critères de choix que sont :
- La situation géographique du commerce : est ce que
celui-ci se situe à proximité d'une zone d'activités,
d'une zone d'habitat dense, d'une gare, etc. ?
- Les horaires et jours d'ouverture : à quelles heures le
commerce ouvre et ferme ? Est-il ouvert le samedi, le dimanche ?
- La motivation du commerçant : le commerçant
est-il motivé pour être un adhérant de
l'enseigne ? Est-il prêt à consacrer de son temps
à cette activité supplémentaire ?
- La capacité de stockage : le commerçant a-t-il
suffisamment d'espace à allouer au
stockage des colis ?
Ce fonctionnement est d'autant plus facile avec le
développement des technologies de l'information et de la communication
(NTIC). L'introduction du PDA équipé d'un lecteur de code
à barres (planche 1) qui renvoie les informations via le réseau
GSM ou internet a permis aux enseignes de points relais d'améliorer et
de développer de nouveaux services comme :
- Une meilleure traçabilité des colis
- Le paiement à la réception du colis chez le
commerçant relais - Une meilleure gestion des retours
- Une meilleure gestion du remboursement
Planche 1. PDA équipé d'un lecteur de code à
barres (exemple de Kiala)
La figure 9 permet de comprendre de manière
relativement simple le fonctionnement des points relais avec les mouvements des
différents flux qu'ils soient physiques ou virtuelles à travers
l'ensemble des acteurs du système (cybermarchands, logisticiens,
transporteurs, commerçants relais et cyberclient). On peut aussi
visualiser les flux de retours en cas d'avarie, d'erreur ou en cas de
rétractation.
Figure 9. Le fonctionnement des points relais
Source : Mathieu Mandron, Les points relais sont-ils une
solution adaptée dans les trois à cinq prochaines années
?, 2009
c) Au niveau du commerçant relais
Aujourd'hui le commerçant relais dispose d'un terminal
informatique équipé d'un scanner pour lire les codes-barres des
colis, d'un modem pour faire remonter les données vers un site central
et d'un écran à messages pour les guider dans les
opérations à effectuer, avec la possibilité de signer sur
l'écran ou de capturer les signatures des clients. Les opérations
administratives se sont simplifiées et le processus informatique
professionnalisé.
La solution du point relais apporte trois avantages au
commerçant relais. D'abord le point relais est le seul commerce dans la
zone de chalandise à proposer ce service unique. Il devient le point de
passage obligé du quartier pour les cyberacheteurs qui décident
de se faire livrer dans un point relais d'un réseau. Le commerce relais
est donc un chaland qui est mis en valeur par cette activité exclusive.
Ensuite, le point relais offre un nouveau service à la clientèle
existante. Cela lui permet de fidéliser ses clients en diversifiant les
activités. Enfin le commerçant qui propose ce service augmente
son chiffre d'affaires puisqu'en échange d'un colis, chaque
commerçant relais est rémunéré entre 25 et 35
centimes d'euros le colis.
On peut noter par ailleurs qu'en passant par un relais les
cyberclients sont moins vulnérables aux risques de paralysie de la
livraison de colis en cas de grève des services postaux.
d) Les limites de la solution De multiples limites existent du
point de vue du commerçant relais :
- Une capacité de stockage limitée
- Une absence de service personnalisé
Il existe en parallèle plusieurs inconvénients que
peuvent subir le client :
- Le système de points relais est réservé
aux petits colis
- Le système des points relais n'est pas adapté aux
ruraux en absence d'un vrai maillage dans les campagnes
- Le système n'est pas adapté à la livraison
des colis à haute valeur
- Le cyberclient se déplace à un point relais pour
chercher son colis, ce qui peut constituer un frein pour les personnes
âgées, les PMR, etc.
3. Le poids des principaux acteurs de points relais en
France
Après avoir expliqué le fonctionnement d'un
réseau de point relais, nous allons maintenant identifier les principaux
acteurs qui composent le marché de points relais en France.
La FEVAD estime à 300 millions le nombre de colis
expédiés en 2009. En rapprochant nos chiffres, nous estimons
à 313 millions le nombre de colis ordinaires en 2010 (hors colis
générés par les expressistes). La branche colis du groupe
La Poste, ColisPoste, reste l'acteur principal du colis avec 253 millions de
colis en 2010. Ce volume concerne
presque5 exclusivement les colis livrés
à domicile (ou à défaut dans un bureau de poste).
D'après nos estimations de calcul, le point relais représente
quant à lui 60 millions de colis. Ainsi avec une part de 19,2% des colis
ordinaires expédiés, la livraison en point relais devient de plus
en plus un mode alternatif à la livraison à domicile.
On compte huit enseignes de points relais en France en
septembre 2011. Le marché du point relais est relativement
équilibré en termes de colis expédiés annuels, avec
un acteur principal qui est Sogep avec 41,7% de part de marché en 2010.
Suivent ensuite Mondial Relay et Kiala avec 20,0%, A2Pas et Adrexo avec 8,3% et
enfin Ocyto et « Mon commerçant » de ColiPoste avec 0,8%.
Tableau 3. Réseaux et volumes des principaux acteurs de
points relais en France en 2010
|
Actionnariat
|
Nombre de points relais en 2011
|
Nombre de colis expédiés en France en
points relais (en millions par an)
|
Part de marché
|
Chiffre d'affaires (en millions
d'€) (1)
|
Commentaire
|
A titre d'indication : ColisPoste
|
La Poste
|
17 100 « points de contact » (2)
|
253
|
|
1 443
|
|
« Mon commerçant »
|
ColiPoste
|
3000
|
0,5 (3)
|
0,8%
|
|
|
Relais Colis
|
Groupe PPR via Redcats (via Sogep)
|
4000
|
25 (en 2009)
|
41,7%
|
130 (en 2009)
|
|
Mondial Relay
|
Groupe 3SI
|
4300
|
12 (4)
|
20,0%
|
100
|
|
A2pas
|
Imperial Tobacco via Altadis Distribution
|
3100 (5)
|
5 (en 2009)
|
8,3%
|
6 (en 2009)
|
Partenariat avec de nombreux expressistes (ChronoPost,
DHL, Ciblex, etc.)
|
Kiala
|
Investisseurs institutionnels
|
5600
|
12
|
20,0%
|
47,2
|
|
DistriRelais
|
SPIR Communication via Adrexo
|
3000
|
5
|
8,3%
|
nd
|
Utilise le réseau A2pas. L'activité
principale d'Adrexo = livraison à domicile
|
Relais Homebox
|
G7 Entreprises via MGF Logistique
|
55
|
0 (6)
|
0,0%
|
0 (6)
|
Service dédié
aux marchandises volumineuses
|
Ocyto
|
Presstalis
|
Entre 2500 et 3000
|
0,5
|
0,8%
|
nd
|
|
TOTAL
|
|
|
60
|
100%
|
|
|
(1) : Chiffre d'affaires avec cumul de toutes les
activités de l'entreprise
(2) : Les points de contact sont composés d'environ 10
000 bureaux de poste et 7 100 points relais et espaces Cityssimo
(3) : Tendance pour 2011 d'après Géraud
Felgines
(4) : Estimation de l'auteur. Mondial Relay communique dans la
presse avoir transporté 40 millions de colis en 2010. Mais par
déduction nous trouvons, dans ces 40 millions de colis, les colis
gérés par Kiala pour 12 millions, les 12 millions de colis qu'ils
gèrent, 1 million de colis qu'ils livrent à domicile et 15
millions de colis qu'ils remettent
5 ColiPoste livrent aussi 500 000 colis par son
réseau de point relais et 100 000 colis par ses consignes
automatiques
à La Poste (sources : avis de l'Arcep du 8 mars 2011 et
décision n° 11-MC-01 du 12 mai 2011 de l'Autorité de la
Concurrence)
(5) : 2000 des 3100 points relais ont été
rachetés par Kiala en juillet 2011
(6) : Chiffres à 0 car l'enseigne a été
créée fin 2010
Sources : articles de presse et site internet des enseignes
Les enseignes historiques du marché, Sogep et Mondial
Relay, ont cherché à compenser la forte baisse de
l'activité liée à la VPC par le dynamisme des flux de
colis engendré par le e-commerce. Les enseignes plus récentes
cherchent, quant à elles, à récupérer un maximum de
flux possibles afin de rentabiliser au plus vite leurs investissements. Dans le
cas de Kiala par exemple, il y a eu de lourds investissements dans le
développement des systèmes d'informations.
Sogep et son réseau Relais Colis, est
le pionnier en ce qui concerne l'installation d'un réseau de points
relais en France. Aujourd'hui, cette enseigne a un maillage de 4 000 commerces
de proximité en France qui lui permet de garantir d'être à
moins de 5 kilomètres d'un Point Relais pour 85% de la population.
Relais Colis a généré 25 millions de colis en 2009. Aussi
le réseau de commerçants de Relais Colis est assez
hétérogène comme on peut le voir sur la figure 10. En
effet, 28% des relais sont des bureaux de tabac ou de presse, 16% sont des
pressings, 9% des fleuristes, 8% des stations essence, 7% des libraires,
etc.
Figure 10. Composition du réseau de commerçants
relais de Relais Colis
Autres (merceries, supérettes, drogueries,
etc.) 32%
Librairie 7%
Station essence 8%
Fleuriste 9%
Tabac / presse 28%
Pressing 16%
Sources : articles de presse
Mondial Relay, anciennement Points Relais 3
Suisses, a été créé en 1993. Aujourd'hui, cette
enseigne est composée de 4 300 commerces. Tout comme Relais Colis, le
réseau Mondial Relay est composé d'un réseau de
commerçants assez hétéroclite. En 2010, l'enseigne a
traité 40 millions de colis dans le monde et près de 12 millions
de colis en France dans ses points relais. Entre 2003 et 2011, Mondial Relay
avait ouvert son réseau de
points relais à l'enseigne Kiala. L'avantage
étant pour Mondial Relay de créer des flux supplémentaires
de colis dans ses commerces et de profiter à l'étranger des
implantations de Kiala.
Kiala est arrivé en 2003 en France en
signant un partenariat avec le réseau Mondial Relay qui lui a permis de
pouvoir livrer assez rapidement dans les 3 500 points relais de
l'époque. Aujourd'hui, l'enseigne est présente chez d'importants
cybermarchands comme Cdiscount ou Rueducommerce, et poursuit sa forte
croissance. Les années 2008, 2009 et 2010 ont été
marquées par une croissance à deux chiffres, et 2011 suit la
même tendance d'après Emmanuel Maillet, relation presse et
business développement de Kiala (entretien du 6 septembre 2011). En
Europe, Kiala a traité 12 millions de colis en 2009 et 17 millions de
colis en 2010. L'entreprise s'appuie sur une automatisation des livraisons de
colis et de leur suivi, et sur une gestion professionnalisée des
commerçants partenaires.
L'enseigne A2pas, appartenant au groupe
Altadis Distribution, a vu le jour en 2005. A2pas était composé
de 3 100 buralistes avant juillet 2011 et s'est fait rachetée depuis 2
000 de ses points relais par Kiala. La particularité de ce réseau
est son homogénéité car uniquement composé de
bureaux de tabac. Les flux de colis d'A2pas, qui a traité environ 5
million de colis en 2009, ont principalement été
générés par ses partenaires expressistes comme Chronopost
et DHL.
Adrexo a lancé en avril 2008 son
service de points relais dénommé DistriRelais en
concluant un partenariat avec A2pas pour utiliser son réseau, portant
sur 3 100 tabacs en France. Les flux générés par
DistriRelais en point relais sont relativement mineurs par rapport à
l'activité principale de l'entreprise qui est la livraison à
domicile, représentant plus de 10 millions de colis par an. Adrexo est
la 1ère entreprise privée en concurrence avec La Poste
pour la partie distribution colis ordinaires livré au domicile.
Ocyto, la filiale logistique du groupe
Presstalis crée en février 2008 qui a pour principale
activité la distribution de la presse en dépôt-vente et
l'animation d'un réseau de 30.000 détaillants, a conclu un
partenariat avec Kiala, le 30 octobre 2009. Ce partenariat constitue un relais
de croissance pour Presstalis qui est confronté à la crise de la
presse papier ces dernières années. Le réseau
constitué par Presstalis compte actuellement entre 2500 et 3000 points
relais et génère 500.000 colis par an.
Nous aborderons le réseau de points relais
« mon commerçant » de ColiPoste dans le
3e chapitre de cette partie. Ce réseau représente
500.000 colis en 2011 d'après Géraud Felgines si la tendance
entre janvier et août 2011 se poursuivait jusqu'à la fin de
l'année.
Enfin Homebox a lancé en septembre
2010 son offre « Relais Homebox ». Son principe est
la mise à disposition dans 55 agences, réparties sur le
territoire français, comme autant de points relais dans lesquels le
cyberacheteur peut retirer ses commandes de produits volumineux
(électroménager, mobilier, etc).
Géraud Felgines souligne que la part de marché
des points relais dans la livraison de colis ordinaires en France n'a pas
beaucoup évolué en 20 ans. Pour lui, l'arrivée de nouveaux
acteurs de points relais en France depuis le début des années
2000, comme Adrexo, A2Pas ou Kiala, a fait perdre des parts de marché
des points relais des vépécistes
(Mondial Relay et Sogep). Il soutient aussi que l'essor des
points relais est très récent ; depuis deux ou trois ans. Pour
appuyer ce point, on peut noter deux éléments :
- D'abord, les entreprises de la VPC traversent depuis
quelques années une crise et accumulent plan social sur plan social.
Certains acteurs ont disparu, comme Quelle France en 2009, ou été
rachetés, comme la Camif en 2009. Les volumes de colis
générés par la VPC ont donc chuté, ce qui a
pénalisé Mondial Relay et Sogep.
- Ensuite, le nombre de colis livrés par la Sogep est
passé de 28 millions en 1996 à 25 millions en 2009, ce qui
représente une baisse d'activité de 12% pendant cette
période.
Emmanuel Maillet (entretien du 6 septembre 2011) et Bruno
Mandrin, directeur de la Division Messagerie et Express (entretien du 7
septembre 2011), parient quant à eux sur la poursuite de la croissance
récente des points relais et même sur une
accélération de la croissance dans les années à
venir, ce qui peut confirmer la poursuite de la concurrence des points relais
face à ColiPoste et ainsi de réduire les échelles de
grandeur entre ces acteurs.
B. Zoom sur le succès récent de
l'enseigne de points
relais de Kiala avec une stratégie en pleine
recomposition depuis juillet 2011
Créée en 2001 par Denis Payre et Marc Fourrier,
Kiala SA est une société belge qui a d'abord été
introduite en Belgique en raison de la taille du marché, de la
médiocrité des services de poste ainsi que la présence de
tous les grands vendeurs à distance européens. La
société s'est ensuite développée en France en 2003,
marché qui constitue aujourd'hui les deux tiers de son activité.
En Europe, le réseau exploité par Kiala compte un total d'environ
7000 points relais, traitant 17 millions de colis en 2010, pour plus de 300
clients actifs, parmi lesquels figurent d'importants acteurs de la vente
à distance (Rue du Commerce, C-Discount, Pixmania, Yves Rocher,
Vente-Privée, Amazon, H&M, Esprit, Nespresso, Spartoo, Sarenza,
etc.) et des télécommunications (SFR, Orange, Free, etc.).
Kiala en France a connu deux périodes bien distinctes :
d'abord il s'est appuyé entre mai 2003 et juillet 2011 sur un
réseau de points relais développé et géré
par un partenaire contractuel tiers, qui est Mondial Relay, par le biais d'un
partenariat. Ocyto, filiale de Presstalis, a été le
deuxième réseau de points relais partenaire en octobre 2009. Le
transport aval est alors géré par ces deux prestataires. Depuis
juillet 2011 Kiala s'appuie sur un réseau de points relais qu'il
recrute, en signant des contrats avec les commerçants participants,
développe et exploite en propre. La partie distribution a
été redéployée. Et une véritable alliance
stratégique est en train de se développer entre Kiala et Geodis,
avec pour chacun des enjeux différents, le but étant
d'accélérer le développement de l'activité BtoC et
de créer des synergies entre les deux entreprises. Ainsi, en changeant
de stratégie, l'enseigne est aujourd'hui en pleine recomposition et se
situe à une année charnière pour son avenir.
1. L'émergence d'un acteur qui a connu une
décennie de croissance
a) Son originalité de départ :
l'automatisation du suivi des colis et des activités de livraison, et la
mise en place de partenariats privés
L'originalité de départ de l'enseigne Kiala par
rapport aux points relais traditionnels, qui a été
récompensé par plusieurs prix (Thuiswinkel's Supplier Innovation
Award 2010, e-commerce Award en 2008, Trophées E-commerce 2008,
Logistics Project of the year en 2006, World Mail Award en 2005) est
l'automatisation du suivi des colis et des activités de livraison. Kiala
a ainsi industrialisé le point relais traditionnel en développant
une solution technologique qu'elle a mise en place pour les commerçants
relais. Ainsi les commerçants relais sont équipés de la
technologie Kiala en mode SAAS (« Software As A Service » / Logiciel
à la Demande) leur permettant de pouvoir administrer leurs flux de colis
et bénéficier des avantages de la traçabilité Kiala
sans avoir à développer un nouvel outil informatique. Le
procédé gère les flux de données depuis et vers les
cyberclients, les cybermarchands, les points d'enlèvement et de
livraison, et les transporteurs. Kiala a ainsi mis à la disposition de
ces points relais sa technologie, résultat de 10 ans d'expérience
et d'un investissement cumulé de plus de 20 millions d'euros. Cette
technologie se matérialise pour le commerçant relais par
l'équipement d'un terminal qui coûte environ 600 euros
l'unité.
Développer un réseau de points relais
automatisé nécessite un lourd investissement, d'autant plus qu'un
réseau de points relais est un métier de flux, de transactions,
avec des coûts fixes importants, un coût unitaire par transaction
très élevé, qui nécessite donc de
générer des volumes importants pour amortir ces coûts. De
plus, il faut ajouter à cela l'investissement commercial car pour se
faire connaître, convaincre les cybermarchands de rejoindre le
réseau de points relais, l'enseigne a besoin de recruter des
commerciaux, lancer des campagnes marketing, communiquer, etc.
Par ailleurs, Kiala développe des partenariats
privés avec qui il lie des exclusivités, avec des grands
cybermarchands. Denis Payre affirmait en 2002 (AUGEREAU V, CURIEN R. et DABLANC
L., Les relais livraison dans la logistique du e-commerce,
l'émergence de deux modèles 2008) : « Aujourd'hui, les
vendeurs à distance traditionnels (les vépécistes) ont des
volumes quarante fois plus importants que ceux du e-commerce. Pour
réussir dans ce secteur, il faut donc travailler avec ces grands
vendeurs à distance qui apparaissent aussi comme des grandes
sociétés du e-commerce ». La situation est différente
aujourd'hui, depuis le développement massif des activités sur
internet et l'apparition de nouveaux acteurs. En août 2011, la
société comptait plus de 300 sites clients parmi lesquels les
plus grands noms de la vente à distance en Europe (Bertelsmann, Karstadt
Quelle Neckermann, Otto, Pinault Printemps Redoute, Yves Rocher, etc.), de
grands cybermarchands (Alapage, Cdiscount, Pixmania, RueDuCommerce, etc.), mais
également de plus en plus de chaînes de distribution
lançant des activités de vente par internet (Carrefour, Ikea,
Kiabi, etc.).
Ainsi on peut distinguer deux raisons majeures au
succès de Kiala : son alliance précoce avec d'importants vendeurs
à distance et l'innovation technologique du service proposé.
Kiala n'a pas inventé le point relais mais l'a industrialisé,
modernisé et informatisé.
b) La fin du partenariat avec Mondial Relay en juillet
2011 et le début de la mise en place d'une gestion directe de ses points
relais
i. A l'origine Kiala sous-traitait la gestion des points relais
et le transport aval à
Mondial Relay
Mondial Relay et Kiala avaient conclu en mai 2003 un
partenariat sous la forme d'un contrat de fourniture de services et d'un
contrat de licence d'utilisation de logiciel informatique. Ces contrats ont
été entrés en vigueur le 1er janvier 2004. Aux
termes de leur partenariat, Mondial Relay s'engageait à mettre ses
points relais à la disposition de Kiala (à l'époque
environ 3 500 points relais) ainsi que sa capacité d'acheminement des
colis, à savoir le transport des colis depuis les 23 agences
régionales de Mondial Relay jusqu'aux points relais. Kiala, pour sa
part, apportait à Mondial Relay son modèle de gestion d'un
réseau de points relais, en se fondant en particulier sur ses deux hubs
permettant d'automatiser les processus de gestion des colis, y compris pour les
propres flux de colis de Mondial Relay. Ces infrastructures logistiques sont
situées à Lisses (surface logistique de 8 500 m2) en
région parisienne et Decines en région lyonnaise. La plate-forme
de Lisses est exploitée par le spécialiste de lalogistique
Neolog, une filiale du groupe La Poste. Kiala s'engageait également
à confier à Mondial Relay un volume minimum de 2 millions de
colis par an pendant toute la durée du partenariat et à mettre
à la disposition de Mondial Relay sa force de vente commerciale
puisqu'en vertu du contrat de prestation de services, Mondial Relay ne pouvait
pas vendre la solution de livraison aux points relais directement sur le
marché, sauf aux sociétés des groupes Otto et 3SI ainsi
qu'à certains clients, et ce pendant
toute la durée de l'accord. Pour sa part, Kiala
s'engageait à confier tous ses colis exclusivement au réseau
Mondial Relay. Ainsi, Kiala demeurait seul interlocuteur des cybermarchands
tandis que Mondial Relay interlocuteur des points relais.
Le réseau Kiala s'est ainsi constitué
grâce à l'utilisation du réseau de Mondial Relay. Cette
opération a facilité la rapide implantation de Kiala en France et
a permis de limiter les coûts de recherche de commerce relais. Mondial
Relay avait offert à l'enseigne Kiala un bon maillage6, qui a
permis d'économiser le dernier kilomètre de livraison, le plus
cher.
Figure 11. Le fonctionnement du réseau de points relais de
Kiala avec le partenariat Mondial Relay
Entrepôt du client
|
|
Collecte des colis dans les entrepôts des clients (90 %
des cas)
|
|
Hub de Kiala à Lisses (91)
Hub de Kiala à Decines (69)
Transport jusqu'aux hubs de Kiala assuré par Geodis BM
Tri à double niveau de colis :
- Un 1er niveau de tri segmente en 23 destinations (correspondant
aux 23 agences régionales)
- Un second, effectué par des ateliers
dédiés à chacune des 23 agences, affine la segmentation
vers 330 destinations et mettent toutes les livraisons en box-palettes
Gestion du hub de Lisses sous-traitée à Neolog, une
filiale de La Poste
|
Transport jusqu'aux agences régionales assurés par
Geodis BM ou TAT Express
23 agences régionales
|
|
Kiala utilise le réseau d'agence régional de
Mondial Relay. Peu d'opérations y sont effectuées, il s'agit
davantage d'un passage en cross-docking (pas de stockage)
|
|
Les tournées finales vers les points relais sont prises en
charge par les 800 transporteurs partenaires de Mondial Relay
|
|
|
4300 points relais
|
|
Le consommateur peut récupérer son colis au sein de
l'un des 4300 points relais
|
|
Sources : XERFI (2011) et correction apportée par
l'auteur
Le fonctionnement de Kiala avec ses différents
partenariats permet d'affirmer que Kiala dispose d'un statut de commissionnaire
de transport. En effet :
6 Il existait, en juillet 2007, 32 points relais
Kiala à Paris, soit un point relais Kiala tous les 3,3 km2 et
tous les 639 hab/km2. A Bordeaux, la densité était de
1 point relais tous les 6,17 km2 et tous les 545 hab/km2,
à Toulouse, elle était de 1 tous les 13,14 km2 et tous
les 367 hab/km2, et à Nantes, elle était de 1 tous les
7,24 km2 et tous les 481 hab/km2.
- les transports de collecte en amont (entre les
entrepôts des cybermarchands vers le hub national) et de traction (entre
le hub national et les agences régionales) sont sous-traités
à Geodis BM et quelques réseaux classiques de messagers
- les tournées finales (entre les agences
régionales et les points relais) sont assurées par des
véhicules légers de Mondial Relay
Figure 12. Les différents transporteurs dans le
schéma de livraison des points relais de Kiala
Source : fait par l'auteur
ii. La fin du partenariat avec Mondial Relay
Les relations contractuelles entre Kiala et Mondial Relay ont
été marquées par de nombreux différends. Kiala a
notifié le 14 décembre 2007 à Mondial Relay son intention
de mettre un terme à l'exclusivité qui la liait, avec effet au 31
décembre 2008, et souhaitait faire livrer une partie de ses colis par le
biais d'un autre opérateur de point relais. Le 30 octobre 2009, Kiala a
conclu un contrat avec Ocyto, filiale logistique de Presstalis, ayant pour
objet le recrutement, l'animation et la gestion d'un réseau de points
relais, et avec comme objectif de disposer de 3000 points relais Ocyto à
Kiala ainsi que la mutualisation du transport des colis avec les articles de
presse transportés par Presstalis depuis les dépôts
régionaux de Presstalis jusqu'aux points relais ainsi recrutés
(figure 13). Au début de l'année 2011, Kiala travaillait avec 1
300 points relais Ocyto et surtout possédait un vivier d'environ 30 000
relais (puisqu'il existe 30 000 bureaux de presse). Ainsi avec ce nouveau
partenariat, Kiala souhaitait reproduire son modèle de gestion
appliqué dans les autres pays européens. Cela lui a permis ainsi
de gérer en direct ses points relais.
Le 10 décembre 2009, Mondial Relay a mis en demeure
Kiala de mettre un terme à son partenariat avec Ocyto, estimant que
celui-ci méconnaissait l'exclusivité dont elle
bénéficiait aux termes du contrat de fourniture de services
qu'elles avaient conclu en 2003. Dans le cas contraire, Mondial Relay
annonçait son intention de résilier les contrats signés
avec Kiala. Les conflits qu'entretenaient les deux enseignes ont
entraîné la fin de leur contrat prononcé en juillet 2011.
La fin des relations commerciales entre les deux enseignes a été
souhaitée par Kiala pour plusieurs raisons :
- Kiala n'envisageait plus de travailler avec un partenaire qui
est en même un concurrent
- Le mode de fonctionnement avec Mondial Relay ne permettait pas
à Kiala d'opérer une approche directe visant
l'amélioration du service dans les points relais
- De plus, Kiala renforçait son concurrent à chaque
étape de son développement
Figure 13. Le fonctionnement du réseau de points relais de
Kiala avec le partenariat de Presstalis
Points relais d'Ocyto
Dépôts régionaux de Presstalis
Entrepôts des cybermarchands
Centre de tri de Lisses
Centre de tri de Decines
Transporteurs locaux partenaires de Kiala
Transporteurs locaux partenaires de Kiala
...
Transport géré par Presstalis
...
...
Source : fait par l'auteur
iii. La mise en place d'une gestion directe des points relais
« La France constituait une exception dans le
modèle mis en oeuvre par Kiala en Europe. Nos clients français
vont désormais pouvoir bénéficier des avantages d'un
modèle reposant sur l'une des meilleures solutions de transport du
marché et sur un réseau contrôlé directement par
Kiala et donc adapté aux besoins de la clientèle e-commerce et
télécoms en termes de localisation et de type de commerces
utilisés », annonce Denis Payre en juillet 2011 (source : site
internet Kiala, dans la rubrique Nouvelles). La stratégie de Kiala est
alors de dupliquer le modèle mis en place avec Presstalis,
c'est-à-dire avoir la possibilité de gérer les points
relais en direct. Plus largement, contrôler le réseau de points
relais va permettre à Kiala de développer de nouveaux services
plus facilement, avec plus de liberté. Kiala a ainsi
décidé d'avoir un rôle d'animation, de formation, de
contrôle des points relais et, aussi et surtout, de gestion
d'optimisation de ses points relais.
Pour illustrer ce dernier point, le système
d'information de Kiala permet aujourd'hui par exemple d'identifier la
capacité de stockage d'un point relais. En effet, une des limites du
système du point relais repose sur la saturation de l'espace de stockage
chez le commerçant relais. Pour répondre à cette
problématique qui est récurrente et lourde de conséquence,
Kiala a développé une application informatique qui lui permet
d'identifier la capacité de stockage de tous ses points relais. En cas
de saturation de l'espace de stockage, le système va interdire
automatiquement le point relais surchargé pour que le cyberconsommateur
soit
surcharge , surtout dans un
est essentiel dans la prise en compte de la
qualité de service
contexte où les volumes des
colis sont de plus en plus importants
à l'unité.
Kiala a conclu
par ailleurs un partenariat en février
2010
avec l'opérateur postal
Adrexo. Lorsque ce dernier livre un colis à domicile mais que le
destinataire n'est pas présent pour le
réceptionner
, Adrexo propose à l'acheteur de
réitérer ultérieurement sa point relais
Kiala.
livraison à domicile ou de déposer son
colis dans un
c) Les chiffres clés d'une décennie de
croissance
Le succès de Kiala s'explique d'abord
par son effort technologique avec la création de
logiciels performant de gestion de son entrepôt, de
géo- localisation des points relais, de systèmes
d'information, etc. L'entreprise se présente comme une
start-up et Denis Payre qui vient du monde informatique a
été le fondateur en 1990 de Business Objects, un
éditeur de logiciel dans le domaine de la Business Intelligence,
proposant aux entreprises un outil permettant à tout
employé d'extraire facilement des données des systèmes
d'information des e ntreprises sans passer par le
département informatique. Aujourd'hui 60
% des salariés Kiala
sont des développeurs.
Kiala a connu depuis sa création en 2001
un e décennie de croissance . Le groupe a
réalisé un chiffre d'affaires de 33,6 millions d'euros en
200 9 et 47,2 millions en 2010, soit une croissance de 40,5%
en un an.
Figure 14 . Evolution du chiffres d'affaires du
groupe Kiala entre 2002 et 2010 (en millions d'€)
45,0
40,0
50,0
35,0
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
0,0
5,0
2002 2003
1,4
6,0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
16,2
20,6
25,0 26,0 26,0
33,6
47,2
Sources : site internet Kiala,
articles de presse
Kiala a acheminé
17 millions de colis en 2010 en Europe
dont 12 millions en France. L'enseigne est
présente au Benelux et étend aujourd'hui
son réseau au Royaume-Uni, en Allemagne, en
Autriche, au Danemark et en Espagne. Une extension en Europe de l'est
et
rme.
au Japon est envisagée sur le long te
Le groupe
compte à son capital de grands investisseurs
institutionnels, et en
La Poste
particulier des fonds d'investissements proches de
française (Xange) et de La
Poste hollandaise (Logispring). Cet actionnariat
a permis à l'entreprise d'investir pour
6 millions d'euros
diversifier son offre (levée de fonds de 2 en
novembre 2007, 10 millions en
août 2005, 13 millions en mai 2003).
Tableau 4. Les actionnaires de Kiala
|
Secteur d'activités
|
Pays
|
AGF
|
Assurance, fonds de capital-risque
|
France
|
Arts Alliance
|
Fonds de capital-risque
|
Royaume-Uni
|
HarbourVest
|
Fonds de capital-risque
|
Etats-Unis
|
Logispring
|
Fonds de capital-risque, groupe TNT (Poste hollandaise)
|
Pays-Bas
|
Iris Capital
|
Fonds de capital-risque
|
France
|
Scottish Equity Partner
|
Fonds de capital-risque
|
Royaume-Uni
|
Tempo
|
Fonds de capital-risque
|
Royaume-Uni
|
Xange (Groupe La Poste)
|
Fonds de capital-risque
|
France
|
Source : site internet Kiala
En termes de répartition du capital du groupe, 70%
reviennent aux différents fonds de capital-risque, 23% pour les
fondateurs, Denis Payre et Marc Fourrier, et 7% pour les salariés
Kiala.
2. Kiala adopte en 2011 des nouvelles alliances
stratégiques à la fois dans la gestion des points relais et dans
sa logique de distribution
a) La refonte du réseau de points relais
s'inscrit dans un schéma optimiséi. Un nouveau partenariat conclu
avec Altadis
Toujours dans sa logique d'une gestion directe de ses points
relais, Kiala a signé en 2011 un accord avec Altadis Distribution France
(ADF) pour la reprise de 2 000 points relais du réseau A2pas (sur un
total de 3 100 points). Ce réseau est relativement
expérimenté puisqu'il effectue depuis 2005 des opérations
de livraison BtoC pour les acteurs du e-commerce. Les commerces de ce
réseau disposent des horaires d'ouverture larges, le plus souvent de
8h00 à 20h00, ouverts le samedi, et pour plus de la moitié le
dimanche, ce qui constitue un critère important de recrutement pour
Kiala. Ce dernier est aujourd'hui en train de finir de déployer sa
technologie sur les terminaux de ce réseau. Alexandre de Suzzoni,
Président d'Altadis déclare en juillet 2011 (site internet Kiala,
dans la rubrique Nouvelles) : « Via cet accord avec Kiala, ADF valorise le
travail remarquable fait par ses équipes A2pas auprès du
réseau des buralistes et diffuseurs de presse depuis 6 ans. Notre
stratégie sur ce secteur a toujours été guidée par
la recherche de flux de consommateurs additionnels dans ce réseau de
points de vente. Dans cet objectif, nos intérêts respectifs nous
sont apparus clairement convergents et dès lors, un accord a pu
être rapidement conclu pour apporter au réseau et à chaque
point de vente un potentiel significatif de volumes ». Denis Payre affirme
: « Cet accord avec ADF nous permet de déployer rapidement un
réseau de relais motivés par ce métier, professionnels et
expérimentés. Habitués à des opérations
très pointues tel que l'échange de téléphones
portables et de décodeurs, ces relais seront immédiatement
opérationnels sur l'ensemble des flux Kiala » (site internet Kiala,
dans la rubrique Nouvelles).
ii. La poursuite du partenariat avec Presstalis
Kiala s'appuie sur son partenaire Presstalis avec lequel il
dispose de 2000 points relais depuis août 2011.
iii. Un processus de recrutement en cours de 1 000 points
relais
En outre, Kiala procède depuis janvier 2011 au
recrutement direct d'environ 1000 points relais complémentaires afin de
parvenir à un total de 5 000 points relais théoriquement fin
août 2011. Le recrutement de points relais est un processus
maîtrisé par Kiala qui le pratique depuis dix ans dans quatre pays
européens. La notoriété de la marque Kiala ainsi que celle
des clients de l'enseigne contribuent aussi au succès de cette
démarche.
La mise en place de ce nouveau réseau de points relais
donne l'opportunité à Kiala d'ouvrir des points relais dans des
lieux adaptés à la clientèle du e-commerce et des
télécoms. Ce processus s'est effectué grâce à
des outils de géolocalisation reposant sur des algorithmes
propriétaires développés par Kiala depuis dix ans. Kiala
entend donc rester un réseau de points relais dense en France. La forte
croissance de Kiala, qui réalise 85% de son chiffre d'affaires avec des
cybermarchands ayant une croissance à deux chiffres, garantit que la
densité de son réseau de point relais va continuer à
fortement augmenter dans les années à venir.
En résumé, le nombre de points relais Kiala en
France est passé de 5 600 dans son ancienne configuration à 3 700
fin juillet 2011 pour remonter à 5000 fin août 2011. Il aura fallu
deux mois pour remonter à un niveau de couverture un peu près
équivalent au début du mois de juillet 2011.
Tableau 5. Evolution du nombre de points relais Kiala depuis
2004
Partenariat et gestion en direct
|
Possibilité de gérer en direct les
points relais
|
2004
|
Octobre 2009
|
Fin Juillet
2011
|
Fin août 2011
|
Mondial Relay
|
Non
|
3 500
|
4 300
|
0
|
0
|
Altadis (A2pas)
|
Oui
|
0
|
0
|
2000
|
2 000
|
Pressatlis
|
Oui
|
0
|
1 300
|
1 700
|
2 000
|
Recrutement en direct
|
Oui
|
0
|
0
|
0
|
1 000
|
TOTAL
|
|
3 500
|
5 600
|
3 700
|
5 000
|
Source : fait par l'auteur
Selon Denis Payre (Journal du Net, 21 juillet 2011) : «
pour l'acheteur final, cette transition est complètement transparente.
La liste des relais colis fait déjà l'objet d'un
rafraîchissement quotidien auprès des e-commerçants. Comme
en matière de prix, de système d'information ou de process
logistiques, ils ne subiront aucune conséquence de ce changement de
réseau. »
b) L'alliance stratégique nouvelle avec Geodis
dans le cadre du développement de l'activité BtoC
(réorganisation de la distribution, coopération dans les domaines
marketing et commercial, réflexion sur les synergies des points relais
respectifs, etc.)
Les relations qu'entretiennent Kiala avec Geodis,
contrairement avec Mondial Relay auparavant, ne sont pas une attitude de
fournisseurs mais une attitude de « partenaires proactifs ». En
effet, le développement de l'offre BtoC et CtoC est pensé et
construit à deux. Les deux entités pensent que de cette
façon la performance sera plus élevée et profitera aux
deux acteurs. Bruno Mandrin explique : « Nous avons une ambition
très forte dans l'ebusiness, qui est un relais de croissance important.
Ce marché représente déjà 15% de notre volume
d'affaires » (Le Figaro Entreprises, 22 juillet 2011). Et Denis Payre qui
renchérit : « Nous sommes une alternative à La Poste pour la
livraison aux particuliers, qui est le seul segment du colis en progression.
Nous visons 25% de croissance cette année. En France, les
e-commerçants livrent 25 à 30% seulement de leurs colis dans des
points relais. Ce taux pourrait à terme passer à 40% ».
Bruno Mandrin précise que le principe de fond du
système entre Geodis et Kiala est une alliance stratégique
(entretien du 7 septembre 2011). La relation est un échange de
stratégie et d'expertise. Une des applications concrète de cet
échange va se matérialiser par exemple par la création de
points relais supplémentaires dédiés aux colis lourd et
volumineux sur les huit bases BLUE (Base Logistique Urbaine et Economique) de
la solution DistriPolis7 de Geodis sur Paris. En livrant une partie
des points relais sur Paris et bientôt dans d'autres villes (Lille,
Toulouse, Strasbourg, etc.) par le biais de DistriPolis, Geodis apporte
à Kiala une image positive reposant sur le respect de l'environnement
avec une communication reposant sur le « zéro bruit », le
« zéro pollution ». Bruno Mandrin ajoute : « Il faut
qu'on soit plus inventif que les autres pour trouver des méthodes et des
moyens qui fassent qu'on puisse être compétitif ».
Ce travail de synergie entre les deux groupes se
concrétise par :
- La mise à disposition des moyens matériels
(capacités de transport du réseau France Express), des
capacités immobilières, des capacités d'investissement, la
mise en place d'une organisation (livraison la nuit ou le samedi matin par
exemple) du côté de Geodis
- La mise à disposition des capacités
informatiques, des capacités d'animation d'un réseau de points
relais, des capacités de tri performantes du côté de
Kiala
- L'organisation de groupes de travail inter-entreprise sur des
ateliers marketing, production et informatique
Sur la partie distribution, France Express et Kiala ont
signé un accord de partenariat sur cinq ans. Le partenariat paraissait
tout naturel puisque France Express était déjà le
transporteur dans le cadre du réseau A2pas depuis juin 2009 (avec le
réseau Top Relais). L'avantage pour Kiala est que le réseau
France Express possède un maillage territorial dense avec un, deux, voir
trois agences par département. Le niveau de performance est
élevé avec 80% des expéditions livrées avant 10h du
matin et la capacité de livrer deux fois par jour sur l'ensemble du
territoire.
L'intérêt pour Geodis dans ce partenariat actif
repose sur deux critères :
7 Ce service de distribution "du dernier
kilomètre", à Paris (25 véhicules à la fin 2011)
puis en province (65 véhicules), est assuré par des
véhicules électriques
- l'optimisation de ses coûts de livraison. Le
coût d'une livraison à domicile s'élève en moyenne
à 15 euros environ en raisonnant service rendu (et non service vendu) ;
Bruno Mandrin affirme que son groupe ne dégage pas de
bénéfice sur la livraison à domicile. Aujourd'hui entre 15
et 18% des livraisons de Geodis sont des livraisons à domicile et la
stratégie d'alliance avec Kiala consiste à faire diminuer cette
part au profit de la livraison en point relais et ainsi pouvoir dégager
de la marge
- en sortant des hubs logistiques de Kiala, l'unité de
transport est le conteneur et non le colis, ce qui permet à France
Express de consolider la marchandise et d'avoir un taux de groupage
satisfaisant
- profiter des capacités d'innovation et du dynamisme de
Kiala pour rester compétitif
L'intérêt pour Kiala repose sur :
- le développement de son porte-feuille client en se
rapprochant des 60 000 clients de Geodis puisque ce dernier commercialisera
l'offre Kiala à ses clients dans le cadre des livraisons BtoC
- le maillage territorial et la rapidité de France
Express
France Express est un acteur important du marché du
colis express en France avec 11,5 millions d'envois8 en 2011.
L'entreprise de transport offre par ailleurs plusieurs avantages qualitatifs
pour Kiala :
- Un nombre de destinations de tri divisé par 3, passant
de 330 à 112
- Un même prestataire de bout en bout de la chaîne de
transport réduisant les transferts de responsabilités et les
risques qui y sont associés
- Une solution de transport desservant les grandes villes
plusieurs fois par jour donnant à Kiala une capacité à
atteindre des niveaux de qualité de service élevés
- France Express a développé une expertise dans la
livraison des petits commerces
- L'accès à de grandes infrastructures de tri et
de transport en Europe, au Plessis Pâté en région
parisienne, proche du principal centre de tri de Kiala, permettant de mettre en
oeuvre rapidement des moyens additionnels significatifs pour faire face
à des situations exceptionnelles auxquelles le secteur du transport peut
être confronté (grèves ou intempéries)
8 L'envoi est la quantité de marchandises,
emballage et support de charge compris, mise effectivement, au même
moment, à la disposition d'un transporteur et dont le transport est
demandé par un même donneur d'ordre pour un même
destinataire d'un lieu de chargement à un lieu de déchargement
unique et faisant l'objet d'un même contrat de transport
Figure 15. Le fonctionnement du réseau de points relais de
Kiala avec le partenariat de France Express depuis juillet 2011
Entrepôt du client
|
|
|
Collecte des colis dans les entrepôts des clients
|
|
|
Hub de Kiala à Lisses (91)
Calexpress à Gennevilliers (92)
Hub de Kiala à Decines (69)
France Express à Corbas (69)
Transport jusqu'aux hubs de Kiala assuré par Geodis BM ou
d'autres
Toutes les livraisons sont préparées en
conteneur
(1 conteneur = 25 colis)
Gestion du hub de Lisses sous-traitée à Neolog, une
filiale de La Poste
Transport jusqu'aux hubs de France Express assuré par
Geodis BM
Kiala utilise le réseau d'agences de France Express.
Peu d'opérations y sont effectuées, il s'agit davantage d'un
passage en cross-docking (pas de stockage)
Transport assuré par France Express
112 agences France Express
|
|
|
Kiala utilise le réseau d'agences de France Express.
Peu d'opérations y sont effectuées, il s'agit davantage d'un
passage en cross-docking (pas de stockage)
|
|
|
|
Les tournées finales vers les points relais sont prises en
charge par France Express
|
5000 points relais (1)
|
|
Le consommateur peut récupérer son colis au sein de
l'un des 5000 points relais
|
|
(1) : les 5000 points relais seront atteints théoriquement
fin août 2011
Source : fait par l'auteur (inspiré de l'entretien du 7
septembre 2011 avec Bruno Mandrin)
C. Les évolutions récentes des enseignes
de points relais
en concurrence avec Kiala
Le divorce récent entre Kiala et Mondial Relay va
pousser ce dernier à concurrencer de manière directe son ancien
partenaire en offrant ses services directement aux cybermarchands, ce que
l'ancien contrat ne permettait pas. De plus, Mondial Relay
réfléchit aussi à renforcer certaine de ses
activités. En parallèle, qu'ils s'appellent La Poste, Chronopost,
TNT ou DHL, ces concurrents de la livraison en points relais veulent profiter
de la croissance du e-commerce et des évolutions des besoins des
cyberconsommateurs pour proposer leurs offres.
1. L'apparition inéluctable d'une nouvelle
stratégie de Mondial Relay pour concurrencer Kiala
Jusqu'en juillet 2011, Kiala livrait dans les points relais de
Mondial Relay la majorité de ses colis. Le groupe 3 Suisses étant
à l'origine de 50% du chiffre d'affaires de Mondial Relay, la rupture
avec Kiala a entraîné une perte estimée entre un tiers et
un peu moins de la moitié du chiffre d'affaires de Mondial Relay. Le
reste de l'activité est apporté par 1 000 entreprises.
Antoine Pottiez, directeur de Mondial Relay, annonce en
juillet 2011 (Journal du Net, 21 juillet 2011) : « Nous voulons
désormais pouvoir offrir nos services directement aux
ecommerçants, ce que le partenariat avec Kiala nous empêchait
jusqu'ici de faire ». Cet axe de développement fait émerger
une concurrence frontale entre les deux anciens partenaires. De plus, Mondial
Relay souhaite renforcer ses activités telles que le réseau
dédié aux colis lourds et encombrants, le Drive, qui comprend
aujourd'hui une centaine de points relais, et la livraison à domicile
sur rendez-vous avec plusieurs niveaux de gammes (livraison au
rez-dechaussée, livraison à l'étage, déballage,
etc.).
Mondial Relay n'a pas attendu l'année du divorce pour
développer de nouveaux services, puisqu'en 2010 l'enseigne a
créé l'offre C.pour Toi, un service de livraison de particulier
à particulier lancé en décembre 2010. Elle attend le
million de colis par an pour 2011, puis 5 à 7 millions par an dans les
prochaines années. Avec l'offre C.pour toi, Mondial Relay pratique des
prix de 20 à 30% moins chers que ceux pratiqués en France par
ColiPoste (figure 16). Enfin l'enseigne a développé un service
autour du recyclage ; elle récupère les capsules Nespresso
déposées dans les points relais ainsi que, pour
MisterRecycle.fr, les portables
usagés.
Figure 16. Tarification de l'offre C.pour toi par rapport
à un envoi Colissimo
Source : site internet Mondial Relay
2. La stratégie de La Poste face au
développement du e-commerce
La Poste souhaite profiter des opportunités
économiques qu'offre l'essor du e-commerce et a adapté ses
services en vue de se positionner dans le marché des points relais.
a) La Poste élargit ses horaires d'ouverture
L'actuel leader français du traitement de colis,
ColiPoste, a depuis peu créé de nouveaux services soit de
manière locale, soit de manière généralisée.
L'une des premières mesures depuis juillet 2009 a été
l'élargissement des plages horaires d'ouverture des bureaux de poste
à 20h. Cette mesure ne s'applique que de manière locale dans
certains bureaux de poste parisiens et d'autres grandes villes. Par cette
action, clairement adressée aux personnes actives et urbaines ayant le
besoin de récupérer leurs colis ou leurs recommandés tard
en soirée, ColiPoste souhaite aussi inciter les cyberconsommateurs
à opter pour une livraison à domicile par le biais du
Colissimo au moment de leurs commandes sur internet. La seconde mesure
concerne la volonté de limiter le temps d'attente en agence. Pour cela,
des « points accueil » avec un conseiller ont été mis
en place dans la majorité des bureaux de poste afin de mieux distribuer
le flux de clientèle en fonction des besoins exprimés et ainsi
réduire le temps d'attente.
On peut supposer que ces deux types de mesure peuvent motiver
les cyberclients auparavant réfractaires du bureau de poste sous
prétexte que les horaires n'étaient pas adaptés et les
temps d'attente en agence trop longs.
b) ... et développe sa propre solution de livraison en
point relais
Pour compléter son offre So Colissimo,
ColiPoste a décidé en 2008 de lancer un service de livraison en
points de retrait dans des commerces de proximité. ColiPoste n'a pas
souhaité solliciter les bureaux de poste pour constituer son service de
points relais parce que comme le dit Géraud Felgines : « les
bureaux de poste ont un point faible : des horaires d'ouverture pas toujours
cohérents avec le rythme de vie des citadins actifs, et ils sont en
général fermés le samedi après-midi, même si
des efforts ont été fait dans ce sens ces dernières
années, notamment à Paris. »
Par conséquent, ColiPoste a publié, le 17
décembre 2008, un avis de marché destiné à la mise
en place d'un service de mise à disposition et de dépôt de
colis pour les particuliers, hors domicile dans un réseau de points de
contacts de proximité. A l'issue de cette procédure de mise en
concurrence, ColiPoste a sélectionné l'une de ses filiales,
Exapaq, qui utilisait alors le réseau de points relais A2pas, et Mondial
Relay. Si le partenariat conclu avec Exapaq est entré en vigueur et
permet d'ores et déjà à ColiPoste de proposer un service
de livraison en points relais, celui convenu avec Mondial Relay a
été unilatéralement suspendu par La Poste le 12 janvier
2011 en attente de la décision de fond de l'Autorité de la
Concurrence qui a été saisie suite à l'intervention de
Christine Lagarde, la ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie de l'époque en septembre 2010 et de Kiala en octobre 2010.
« À ce stade de l'instruction, compte tenu du pouvoir de
marché que détient déjà La Poste sur le
marché de la livraison standard de colis, de l'importance du
réseau de points de retrait de Mondial Relay et des barrières
à l'entrée que présente ce
secteur, l'Autorité de la Concurrence considère
que la mise en oeuvre de l'accord risquerait de marginaliser les
opérateurs concurrents déjà présents ou potentiels
», précise le communiqué de l'Autorité de la
Concurrence du 12 mai 2011. L'Autorité de la Concurrence prononce alors
une « mesure d'urgence » qui impose à La Poste de maintenir la
suspension de toute signature avec Mondial Relay « jusqu'à ce
qu'intervienne la décision de fond de l'autorité sur cette
affaire ».
En somme, le réseau de points relais de La Poste s'est
réduit à celui d'Exapaq et ses 3000 points de retrait. Notons
qu'en novembre 2009, Geopost a acquis 80% du capital de la
société Pickup Services, la société qui
gérait la logistique du réseau A2pas, estimant que le
système d'information développé par A2pas était
facile à combiner avec celui de La Poste et que la capacité
d'animation et de supervision de Pickup Services correspondait également
aux attentes de La Poste (notamment avec l'existence d'un centre
d'opération national qui pilote le réseau de points relais).
Après le rachat par GeoPost, Pickup Services a reconstitué son
propre réseau en recrutant 3000 points relais.
3. L'adossement à la solution des points relais par les
expressistes
Une des stratégies récentes
privilégiées par les expressistes dans le domaine de la livraison
de colis issu de la vente à distance est l'adossement à des
points relais. Cette solution de livraison permet aux expressistes de massifier
les flux vers une même destination et de proposer des tarifs meilleurs
marchés aux cyberacheteurs. Ainsi les expressistes, comme Chronopost,
TNT ou DHL, dont l'objectif principal est toujours de livrer leurs clients au
plus vite mais aussi d'optimiser les coûts, ont eu comme stratégie
de s'adosser à des points relais pour développer leur
activité BtoC. La solution du point relais est surtout employée
par les expressistes en solution de rechange : en cas d'absence ou
d'impossibilité de livraison, le colis est déposé dans le
point relais le plus proche et le client peut le retirer le jour même
à partir de 14h. Chronopost a signé en 2007 un partenariat avec
l'enseigne A2pas. Rebaptisé « Chrono Relais », ce
réseau est proposé aux clients e-commerce de Chronopost pour les
produits à haute valeur ajoutée (téléphonie,
high-tech, etc.). TNT a lancé un partenariat avec l'enseigne Relais
Colis de la Sogep et profite aujourd'hui de ses 4 000 points relais.
France Express s'est associé en juin 2009 avec le
réseau A2pas et a lancé le réseau Top Relais. Cette
solution est un échec à cause en partie des aspects de prix trop
élevés (entretien B. Mandrin). L'objectif pour France Express est
de ne pas se battre sur les prix mais sur le service en garantissant la
livraison du produit avant le lendemain midi. Elle cherche à se placer
en second choix des points relais sur les sites de vente en ligne mais sans
réel succès.
Le réseau C Dispo de Ciblex est un point relais
professionnel qui ouvrent très tôt le matin et permet de mettre
à disposition des pièces de rechanges ou des outillages
d'entreprises par exemple. On comptait 270 points relais avec le partenariat
A2pas. Aujourd'hui Kiala et Geodis travaillent ensemble pour maintenir ce
nombre.
Tableau 6. Les transporteurs express qui s'adossent sur un
réseau de points relais
|
Adossement à un point relais
|
Commentaires
|
ChronoPost
|
- Agences ChronoPost
- Chrono Relais (A2pas)
|
Complémentaire à ColiPoste
|
TNT Express
|
Relais Colis (Sogep)
|
Partenariat avec Adrexo
|
DHL Express
|
DHL ServicePoint (A2pas + boutiques DHL +
consignes automatiques)
|
Rare opérateur à proposer une offre logistique
globale pour les cybervendeurs (logistique amont, gestion de l'information et
distribution)
|
France
Express (Geodis)
|
Top Relais (Kiala)
|
|
UPS
|
Non
|
Livraison uniquement à domicile avec qualité de
service élevée (rapidité, fiabilité, etc.)
|
GLS
|
Non
|
Positionnement BtoB dominant
|
Fedex
|
Non
|
Fedex reste positionné sur les flux internationaux et le
BtoB
|
TAT Express
|
Non
|
|
Ciblex (Geodis)
|
C Dispo depuis juin 2009 (Kiala)
|
|
Sernam
|
Non
|
|
Mory
|
Non
|
|
Sources : Xerfi, 2011 et mise à jour par l'auteur
Cette tendance confirme le développement des points
relais dans la logistique du dernier kilomètre en France liée
à l'e-commerce et les avantages qu'elle lui apporte. De plus, si une
partie du développement des expressistes s'effectue sur la base de
partenariats avec les enseignes de point relais alors tout cela sera
bénéfique à la solution des points relais qui profitera de
flux supplémentaires pour s'accroitre et se développer.
D. Les concurrents des points relais
1. Emergence des systèmes de consignes
automatiques
Deux systèmes de consignes automatiques existent en France
: Cityssimo et Consignity.
Il y a un an, ColiPoste a innové en créant le
produit So Colissimo, adressé aux sites de vente en ligne, qui
permet aux cyberconsommateurs de choisir entre cinq modes de livraison parmi
lesquels trois concernent la livraison hors domicile. Parmi ces derniers existe
l'offre Cityssimo. Cityssimo est le service de consignes automatiques
que ColiPoste développe depuis 2005. Ce service est une sorte de
livraison en self-service : les clients peuvent venir récupérer
leur colis dans des « espaces colis », consignes automatiques
placées en boutique, dans des espaces intérieurs
dédiés et sécurisés. Avec le lancement de
Cityssimo, ColiPoste émet un signal fort en destination des
consommateurs de la vente en ligne. Cityssimo vise en effet à
mieux répondre aux attentes actuelles et futures des cyberconsommateurs
qui ne peuvent pas rester à leur domicile pour attendre leur colis.
« Notre but était de nous adapter au rythme de vie des habitants
des grandes villes, en particulier à leurs horaires de travail »,
explique Jean-Louis Carrasco, directeur des nouveaux services de ColiPoste
(Journal du Net, Cityssimo : des espaces pour retirer ses colis jour et nuit).
Il existe plusieurs avantages avec ce service :
- l'accessibilité : les espaces colis Cityssimo
sont ouverts 24h/24, 7j/7
- la traçabilité : les colis sont
enregistrés en utilisant un système de code-barres
Cityssimo est pour le moment essentiellement implanté
en région parisienne : 22 consignes à Paris et 5 en banlieue
parisienne sur les 31 agences au total. D'autres sites ont ouvert dans de
grandes agglomérations françaises : Aix en Provence, Lille,
Nantes et Lyon. A l'heure actuelle, on ne peut pas réellement parler de
succès. En juin 2008, Cityssimo livrait en moyenne 250 colis par jour,
ce qui correspond à environ 80 000 colis par an, un chiffre très
faible à comparer avec ceux des enseignes de points relais. En revanche
Cityssimo connaît depuis le lancement de So Colissimo en 2009 des volumes
de progression de 2 chiffres et devrait dépasser les 100 000 colis par
an en 2011 d'après Géraud Felgines. Ce dernier évoque par
ailleurs que le vrai problème de Cityssimo aujourd'hui réside
dans son modèle économique ; le retour sur investissement va
être très long. En effet l'investissement d'un service de
consignes automatiques est très lourd comme il s'agit d'espaces
intérieurs dédiés et sécurisés. Il n'existe
pas par ailleurs aujourd'hui de projets de développement des consignes
Cityssimo.
En 2006, DHL lance quant à lui un service logistique de
proximité sous forme de consignes automatiques à Paris. DHL s'est
associé à la société Consignity,
propriétaire du premier réseau d'automates logistiques urbains
français, pour optimiser sa distribution de marchandises en ville. Le
prestataire propose un service qui s'appuie sur quatre éléments :
la proximité, l'accessibilité (ouverture permanente), la
sécurité des clients et des colis (vidéosurveillance,
codes, scanners...), la traçabilité des colis. Comme l'explique
Olivier Diehl, président-directeur général de DHL Express
(site internet Lognews : DHL lance un nouveau service logistique de
proximité) : « en utilisant ces relais répartis sur Paris,
DHL fournit un nouveau service de proximité à ses clients
professionnels, en leur permettant de
se faire livrer et de retirer leurs colis au plus près
de leurs zones d'intervention, 24h/24, 7j/7. De plus, ce nouveau mode de
livraison, limitant les déplacements urbains, s'inscrit dans la
stratégie de développement durable de DHL et s'intègre
dans la politique de réduction du trafic menée par la Mairie de
Paris ». Installés dans des parcs de stationnement parisiens, les
dix points de livraison sont accessibles 24h/24 et 7j/7 à DHL comme
à ses clients. Ce nouveau système de distribution en centre-ville
offre ainsi une très grande flexibilité aux clients DHL. Ils ont
en effet la possibilité de se faire livrer sur l'automate de leur choix
et de disposer ensuite de leur colis à n'importe quel moment.
Planche 2. Un agent DHL chargeant une consigne automatique
Consignity
2. Positionnement des expressistes dans le e-commerce avec
une offre de livraison en J+1
La Livraison de colis en express consiste à assurer la
livraison du colis dans des délais plus courts par rapport à une
livraison dite classique. Le temps dépend bien entendu de la distance.
En France métropolitaine, toutes les villes sont accessibles en moins de
24h après remise du colis par le cybermarchand. La livraison sera
également considérée comme « express » à
partir du moment où celle-ci est traitée en priorité dans
le processus, à savoir au niveau de la préparation de commande
chez le cybermarchand jusqu'au transport. La livraison de colis en express
permet de tracer, après remise d'un code de suivi de colis par le
cybermarchand, l'évolution du colis dans le processus de transport.
Aujourd'hui, avec la livraison express, il est possible de se
faire livrer à domicile contre signature en main propre ou en point
relais. Certains prestataires comme TNT proposent de déposer le colis du
cyberclient dans un point relais en cas d'absence afin d'éviter de
repasser et de manière à ce que le client puisse
récupérer son colis plus tard dans la journée sans que
celui-ci soit contraint d'attendre le deuxième passage du coursier. Si
tel est le cas, le client sera informé par un email ou SMS du point
relais le plus proche du lieu de livraison choisi dans lequel se trouve son
colis. Les contraintes de poids varient en
fonction du prestataire, il est en général
inférieur à 20 kg. L'inconvénient de cette solution c'est
évidemment son coût. Même si les différents
transporteurs expressistes ont réduit ce coût, les tarifs restent
beaucoup plus élevés que les offres de livraison comme
Colissimo ou les points relais.
Les flux de colis des expressistes, après avoir
fortement chuté en en 2008 et 2009, ont légèrement
progressé en 2010. Ils sont passés de 100 millions d'envois au
1er trimestre 2009 à 109 millions au 1er trimestre
2011 (figure 17) ; une hausse timide qui a été limitée par
les nouvelles réductions tarifaires consenties par les
spécialistes de l'express national, plus particulièrement pour
les colis légers.
Figure 17. Evolution du chiffre d'affaires, du nombre d'envois et
du tonnage de l'express national entre 1994 et 2011
Source : Commissariat général au
développement durable - Service de l'observation et des statistiques.
Publication n°223. Juin 2011
Le secteur du transport express est très
concentré en France. Les quatre leaders (GeoPost, TNT Express, DHL
Express et Geodis) réalisent en effet à eux seuls 56% du chiffre
d'affaires du secteur.
Tableau 7 . Les leaders de l'express en France en
2009
Rang
|
Opérateurs
|
Chiffre d'affaires express en France (en millions
d'€)
|
Nationalité
|
Part de marché
|
|
GeoPost
|
906
|
|
20,2%
|
1
|
dont ChronoPost
|
632
|
France
|
14,1%
|
|
dont Exapaq
|
274
|
|
6,1%
|
2
|
TNT Express France
|
720
|
Pays-Bas
|
16,1%
|
3
|
Geodis (France Express)
|
445
|
France
|
9,9%
|
3,4%
|
|
dont Ciblex
|
154
|
|
4
|
DHL Express France
|
440
|
Allemagne
|
9,8%
|
5
|
Fedex France
|
249
|
Etats- Unis
|
5,6%
|
6
|
UPS France
|
200
|
Etats- Unis
|
4,5%
|
7
|
GLS France
|
160
|
Royaume- Uni
|
3,6%
|
8
|
TAT Express
|
141
|
France
|
3,1%
|
9
|
Sernam
|
106
|
France
|
2,4%
|
10
|
Mory
|
50
|
France
|
1,1%
|
TOTAL
|
4477
|
|
100%
|
Source : XERFI (2011) Logistique et e
- commerce. Panorama de la chaîne e
-logistique et analyse du jeu concurrentiel. Avril
2011
3. Concurrence de
ColiPoste avec son produit So colissimo
a) Evolution des activités colis de
ColiPoste
Le c hiffre d'affaires de ColiPoste a
progressé de 5,6 % en 2010, se fixant à 1 443
millions d'euros. ColiPoste livre en moyenne 1 million de colis par
jour, ce qui représente 250 millions de colis par an. Il
a enregistré une hausse des volumes de 2,7 %
pendant en 2010. Depuis 2004, il affich e des taux de
croissance annuels supérieurs à 5 %, sauf pour
2009, année de la répercussion de la crise
économique dans la livraison des colis. On peut observer dans
la figure 18 que l'activité colis est bien plus dynamique que
l'activité courrier.
Figure 18 . Evolution du chiffre d'affaires de La Poste
dans les activités courrier et colis entre 2004 et 2010
5,0% 5,3%
|
|
|
|
|
6,2%
|
5,6%
|
|
|
|
|
3,4%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2,6%
|
|
|
2,3%
|
|
|
|
|
0,7%
|
|
|
|
|
|
2004 2005 2006 2007
|
|
2008
|
|
2009
|
|
2010
|
|
|
-1,8%
|
|
-1,1%
- 1,1%
|
|
-
8,00% 6,00% 4,00% 2,00% 0,00% -2,00% -4,00%
Courrier Colis
Source : XERFI (2011) Logistique et e
- commerce. Panorama de la chaîne e
-logistique et analyse du jeu concurrentiel. Avril
2011
b) Le produit So Colissimo et les raisons de sa
création
L'offre So Colissimo, lancée en juin 2010
s'adresse aux entreprises. Elle est devenue la principale gamme de produits de
ColiPoste après la suppression en mars 2006 du Colis
économique. So Colissimo, une nouvelle offre
spécialement créée pour le e-commerce, est une solution de
livraison multi-choix, à domicile et hors domicile en France. Parmi les
cinq possibilités de livraison de So Colissimo comme on peut le
voir sur le tableau 8, deux concernent la livraison à domicile (la
solution « mon domicile » et la solution « mon rendezvous
»), et trois concernent la livraison hors domicile (Cityssimo, le bureau
de poste et le point relais).
Tableau 8. Les cinq possibilités de livraison que propose
le produit So Colissimo
Domicile
|
Mon domicile
|
Avec ou sans signature
|
Mon rendez vous
|
Prise de RDV à domicile le soir entre 17h et 21h30
à Paris
|
Hors domicile
|
Mon espace Cityssimo
|
Avec garde des colis pendant 10 jours ouvrables 31 espaces
Cityssimo, pour les colis < 20 kg
|
Mon bureau de poste
|
Avec garde des colis pendant 10 jours ouvrables
+ de 10 000 bureaux de poste, pour les colis < 20 kg
|
Mon commerçant
|
Commerces de proximité avec garde des colis pendant 10
jours ouvrables.
+ de 3 000 points de retrait, pour les colis < 20 kg
|
Source : Présentation institutionnelle ColiPoste, 2011
Comme l'explique Géraud Felgines, les raisons de la
création de So Colissimo est double. Premièrement
ColiPoste a constaté que le comportement du cyberconsommateur devenait
mature. L'arrivée des TIC a d'abord provoqué chez le consommateur
une sensibilité sur le prix des produits de vente en ligne. Le
consommateur recherchait d'abord du prix. La possibilité de comparer
instantanément les prix du marché a beaucoup aidé dans ce
sens. Cette tendance a été observée avec l'arrivée
d'internet, qui correspond à la phase de démocratisation de
l'accès internet. Aujourd'hui, le cyberconsommateur a besoin de choix,
de pouvoir comparer, il recherche du confort et de l'usage. Et plus il consomme
sur internet plus il a tendance à diversifier ses modes de livraison. Le
consommateur souhaite ainsi choisir son mode de livraison aussi parce que
chaque achat est unique.
Deuxièmement, ColiPoste a fait le constat que le
marché de la livraison en point relais n'existait pas chez les petits
cybermarchands ; les enseignes de points relais, comme Mondial Relay ou Kiala,
ne proposaient pas leur mode de livraison parce que les petits cybermarchands
ne généraient pas assez de volumes de colis. Au final ces deux
constats ont poussé ColiPoste à créer So
Colissimo. Aujourd'hui, le point relais du produit So Colissimo
est la seule solution sur le marché français à être
proposé aux petits cybermarchands. Ce constat, comme le dit
Géraud Felgines, est d'autant plus pénalisant que, concernant la
dynamique du e-commerce, la moitié de la croissance du e-commerce est
réalisée par des petits acteurs et des nouveaux entrants.
Conclusion de la deuxième partie
Sur les 313 millions de colis ordinaires
expédiés en 2010 en France (hors express), 60 millions concernent
les colis traités par les points relais, soit 19,2% des colis
expédiés. La livraison en point relais devient de plus en plus un
mode alternatif à la livraison à domicile. Le marché du
point relais en France, qui est composé de huit enseignes en septembre
2011, prend des parts de marché depuis deux ou trois ans à
ColiPoste (qui livre presque exclusivement des colis à domicile). Cela
s'explique par l'arrivée de nouveaux entrants qui ont vu des
opportunités dans le secteur (Kiala en 2003, A2pas en 2005, Adrexo et
Ocyto en 2008, et Homebox en 2010) et le dynamisme de ces derniers. Les deux
plus importants relais colis, qui sont en même temps les acteurs
historiques, Sogep et Mondial Relay, profitent moins de cette croissance
à cause de leur modèle économique reposant sur la gestion
des flux générés par leur maison-mère, les
sociétés de vente par correspondance, La Redoute et 3 Suisses, et
qui subissent depuis quelques années la crise économique.
Aujourd'hui ces deux acteurs compensent la forte baisse de l'activité
liée à la VPC par l'essor du e-commerce. Plus globalement, le
dynamisme du secteur des points relais s'explique avant tout par les flux de
colis engendrés par le développement du e-commerce.
L'enseigne Kiala est très caractéristique de ce
dynamisme puisqu'elle affiche des taux de croissance à deux chiffres
chaque année depuis 2008. Les raisons du succès de départ
de l'enseigne reposent sur l'automatisation du suivi des colis et des
activités de livraison, les capacités de tri automatisé et
performantes de ses deux plates-formes logistiques français (Lisses et
Decines), ainsi que les alliances précoces avec des importants
cybermarchands. Kiala a connu deux périodes bien distinctes en France :
l'entreprise s'est appuyée entre mai 2003 et juillet 2011 sur un
réseau de points relais développé et géré
par un partenaire contractuel tiers qui est Mondial Relay. Cette
opération a facilité la rapide implantation de Kiala en France et
a permis de limiter les coûts de recherche de commerce relais. Depuis
juillet 2011, Kiala s'appuie sur un réseau de points relais qu'il
recrute, en signant des contrats avec les commerçants participants,
développe et exploite en propre. Et une véritable alliance
stratégique se développe depuis cette date entre Kiala et Geodis,
avec pour chacun des acteurs des enjeux différents, le but commun
étant d'accélérer le développement de
l'activité BtoC.
Il existe d'autres acteurs dans le marché du point
relais en concurrence avec Kiala. C'est le cas de Mondial Relay et de sa
nouvelle stratégie, élaborée depuis la rupture avec Kiala,
de proposer en direct ses services aux cybermarchands, ce que son ancien
contrat ne permettait pas. La Poste a, quant à elle, adapté ses
services en vue de se positionner dans le marché des points relais en
élargissant les horaires d'ouvertures de ses bureaux de poste dans les
villes et en développant sa propre solution de livraison en point
relais. Enfin les expressistes s'adaptent au marché en s'adossant aux
points relais par le biais de partenariats (ChronoPost et DHL avec A2pas, TNT
avec Sogep, France Express et Ciblex avec Kiala).
En termes de concurrence des points relais, on peut noter
l'émergence des systèmes de consignes automatiques (Cityssimo et
Consignity), les expressistes qui se place dans une offre de livraison en J+1
et ColiPoste qui a lancé en 2010 le produit So Colissimo
à destination des cybermarchands.
3e partie : Le système des points relais est une
solution adaptée à la logistique du dernier kilomètre
Nous allons voir en quoi le système des points relais,
qui séduit aujourd'hui de plus en plus de cybermarchands et
cyberclients, est une solution qui répond aux enjeux de la logistique du
dernier kilomètre. Le point relais permet en effet de contourner les
principales contraintes du dernier kilomètre qu'on a défini dans
la première partie.
A. Les points relais permettent de répondre aux
diverses
contraintes liées à la livraison à
domicile en ville
1. L'absence du destinataire à son domicile
Les cyberclients sont souvent des jeunes actifs et sont donc
peu présents à leur domicile les jours de semaine pendant les
heures de journée. Comme on peut l'observer sur la figure 19, 83% des 25
- 34 ans et 81% des actifs de la catégorie socio-professionnelle
supérieure ont acheté en ligne au 1er trimestre 2008.
A l'inverse, « seulement » 63% des retraités et 51% des moins
de 25 ans sont des cyberacheteurs.
Figure 19. Profil des cyberacheteurs (1er trimestre
2008)
Source : Médiamétrie, Observatoire des usages
internet, 2008
Plus spécifiquement pour les achats d'habillement en 2006,
on observe que 76% des cyberacheteurs ont entre 25 et 49 ans, et que 76% sont
des actifs. Ce constat induit qu'il y a
un risque important que le destinataire de l'achat d'un
vêtement soit absent pendant la livraison à son domicile.
Tableau 9. Profil des cyberacheteurs pour les achats
d'habillements et accessoires en 2006
Source : Fevad, Médiamétrie-Nielsen Netratings,
octobre 2006
Le taux d'absence du destinataire à son domicile est
estimé de l'ordre de 30% selon Kiala (communiqué de presse de
Kiala le 24 juin 2009). Les tentatives de livraison en l'absence du
consommateur entraînent ainsi :
- La nécessité de reprendre contact avec le
destinataire
- Des coûts d'exploitation supplémentaires
- La dégradation de l'image du cybermarchand comme de
celle du prestataire qui les livre.
L'avantage de distribuer un colis dans un point relais permet
de contourner cette problématique de l'absence du destinataire à
son domicile puisque ce n'est plus le colis qui va au cyberclient mais le
cyberclient qui va au colis. De plus, les colis sont disponibles pendant 14
jours en point relais, ce qui est pratique et offre aux cyberclients plus de
choix et de liberté dans le moment choisi pour venir
récupérer les colis.
D'après une enquête interne
réalisée en juillet 2010 auprès de 10.000 utilisateurs
(site internet Kiala, rubrique Faits et Chiffres clés), l'utilisateur du
point relais Kiala possède le profil suivant :
- 67% des clients sont des actifs
- 49% des clients font partie de la classe socio-professionnelle
supérieure (CSP+) - 60% des clients sont des femmes
- 72% des clients ont entre 25 et 54 ans
Les clients des points relais concernent avant tout une
population active, jeune et plutôt féminine. Les fenêtres de
livraison à domicile sont donc limitées pour cette population ;
elles sont situées le matin relativement tôt, le soir après
les heures de travail standard (18h / 19h) ou le samedi. Les commerçants
relais répondent à cette problématique des horaires en
ouvrant tard en soirée, en ouvrant le samedi et pour la moitié le
dimanche (le matin uniquement ou toute la journée). Ce qui va dans le
sens des besoins des
cyberconsommateurs de la ville qui ont tendance à
récupérer leurs colis entre 18h et 20h en rentrant du travail ou
en fin de semaine.
2. La difficulté de stationnement
Il est de plus en plus difficile pour un livreur en ville de
stationner son véhicule et d'opérer aux opérations de
chargement / déchargement sans obstacle, surtout si il a de nombreux
arrêts à assurer qui correspond au nombre de clients à
livrer. La solution du point relais permet d'atténuer la contrainte du
stationnement en ville car un des critères de sélection pour un
commerçant relais est la facilité de stationnement aux abords du
magasin pour les transporteurs comme pour les clients. De plus, à un
nombre de colis constant, si on compare la livraison à domicile et la
livraison dans un point relais on peut noter que globalement le transporteur
marquera beaucoup moins d'arrêts dans le cadre du point relais, et par
conséquent la difficulté de stationner sera moins contraignante.
Enfin le véhicule utilisé dans la livraison de colis dans un
point relais est de type véhicule léger, ce qui facilite aussi le
stationnement.
Bruno Mandrin (entretien du 7 septembre 2011) rappelle que le
concept DistriPolis, qui livre une partie des points relais Kiala sur Paris,
permet de réduire de 30% le nombre de véhicules en ville et de
10% le nombre de kilomètres. Le stationnement est plus aisée avec
ce concept car il s'agit de véhicules légers de type porteurs VL
électriques ou triporteurs électriques. DistriPolis comprendra
sur Paris 25 véhicules électriques à la fin de
l'année. Geodis apporte en plus une image à Kiala qui est
différente avec ce type de véhicule.
3. Les embouteillages des centres-villes pendant les heures
de pointe
A comparer avec la livraison à domicile, la livraison
en point relais permet de réduire les embouteillages des centres-villes
pendant les heures de pointe puisque les flux groupés de colis sont
livrés vers un nombre limité de destinations, vers les points
relais, alors que la livraison d'un colis à domicile induit autant de
livraisons qu'il y a de destinataires.
4. Les nombreux arrêts en ville
Livrer à domicile implique pour le transporteur de
nombreux arrêts en ville alors que le point relais permet une
consolidation de la marchandise vers bien moins de points de livraison. De
plus, les approches relatives à la livraison à domicile sont
souvent difficiles contrairement au point relais. Dans le cadre d'une livraison
à domicile, les prestataires de transport devront avoir une très
bonne connaissance de leur zone de livraison (arrondissement, plan des rues,
cartes précises pour les livraisons en milieu isolé) et avoir
reçu des informations très précises sur les
coordonnées postales (numéro de digicode, étage,
entrée d'immeuble, etc....).
5. La dispersion géographique des clients à
livrer
a) Le point relais permet de grouper les colis vers une seule
destination
La livraison à domicile reste le mode de livraison
préféré du cyberacheteur puisqu'elle représente 3
colis expédiés sur 4 en France. La dispersion géographique
des clients complique la tâche de la livraison à domicile par le
maillage logistique qu'il s'agira de mettre en place. La dispersion
géographique des cyberclients entraînera souvent une
multiplication de prestataires pour assurer les livraisons ; d'où une
gestion complexe et coûteuse. La solution du point relais permet de
surmonter cette problématique de la logistique éclatée
puisqu'il permet de consolider les colis vers un nombre de destinations
limité.
b) Le point relais est un service de distribution de
proximité vers lequel les clients viennent chercher leur colis
La proximité est le maître mot des enseignes de
point relais. Les principaux acteurs du marché se vantent de disposer
d'un réseau de point relais à moins de 5 kilomètres pour
plus de 80% de la population citadine. Le but est bien entendu d'avoir un
maillage dense de points relais permettant une proximité similaire
à celle fournie par les bureaux de poste. Lorsqu'un cyberclient opte
pour la livraison en point relais, il a la possibilité de faire livrer
son colis où bon lui semble : à proximité de son domicile,
de son bureau, de ses lieux de vacances ou de week-end, etc. Le colis peut
être expédié dans n'importe quel commerce adhérant
à une enseigne de point relais déterminée au
préalable par le cybermarchand. La proximité de la livraison
près de ses lieux de vie (domicile, travail, etc.), qui va permettre les
cyberclient de récupérer leur colis facilement, répond
à la problématique de la dispersion des clients à livrer
à domicile.
c) Le relais à relais, qui est une réponse au
développement des échanges CtoC, permet aussi de contourner la
contrainte de la dispersion des clients
Le développement du relais à relais avec l'essor
des échanges CtoC répond aussi à la problématique
de la dispersion géographique des clients à livrer.
L'e-commerce évolue. Non seulement en ce qui concerne
son importance dans la VAD mais également en ce qui concerne la nature
de ses échanges. Aujourd'hui l'ecommerce est essentiellement
composé d'échanges BtoC et évolue de plus en plus vers des
échanges de type CtoC, de particulier à particulier. Il suffit
d'observer l'essor de sites de vente en ligne tels que Priceminister ou Ebay
pour comprendre cette évolution qui prend de plus en plus d'importance.
Même des sites classiques BtoC comme
Fnac.com cherchent à proposer un
modèle mixte dans lequel il pourrait en plus de leur activité
classique, mettre en place une plateforme d'échanges entre cybervendeur
(un vendeur particulier sur internet) et cyberclient. En vue de répondre
à l'évolution du e-commerce CtoC, les acteurs du secteur des
points relais ont développé, notamment grâce à
l'apport des NTIC, une offre dite du « relais à relais ».
L'idée est qu'un cybervendeur qui vend son produit sur un site de
revente CtoC puisse expédier son colis via le point relais qu'il aura
choisi. Par la suite, le colis sera expédié vers un autre point
relais de la même enseigne que le premier.
Figure 20. Le fonctionnement du relais à relais
Source : Mathieu Mandron, Les points relais sont-ils une
solution adaptée dans les trois à cinq prochaines années
?, mémoire de fin d'année, 2009
Certains cybermarchands ont déjà mis en place ce
type de système comme
2xmoinscher.com par le biais du
réseau de Mondial Relay. Le cybervendeur imprime une étiquette
générée automatiquement par
2xmoinscher.com sur laquelle sont
affichés un code à barres, le nom du destinataire, ainsi que
l'adresse du point relais où sera livré le colis. Le vendeur
dépose ensuite son colis dans le point relais retenu. Le colis est alors
pris en charge par Mondial Relay et son acheminement s'opère avec la
localisation en temps réel du colis.
Des études sont aujourd'hui en cours entre Kiala et
Ebay France concernant la solution du relais à relais. D'ores et
déjà, les clients d'eBay Belgique et Pays-Bas peuvent envoyer et
recevoir via Kiala les objets achetés aux enchères sur Ebay.
6. L'exigence des clients qui souhaitent être
livrés rapidement
Le comportement du cyberconsommateur évolue. Ce dernier
porte aujourd'hui une attention toute particulière sur la qualité
et la rapidité de la livraison. Les points relais garantissent
aujourd'hui une livraison à J+2 après enlèvement du colis
dans l'entrepôt du cybermarchand, ce qui est très acceptable en
termes de réactivité de la livraison.
Les transporteurs expressistes, quant à eux,
hésitent souvent à se positionner sur la niche de la livraison
à domicile car cela entraîne des difficultés et des
coûts supplémentaires : personnel qui travaille à des
heures tardives pour que le client puisse être
livré le soir après son travail, re-livraisons
fréquentes pour cause d'absence du destinataire, etc. Livrer à
domicile coûte naturellement plus cher aux expressistes qui s'orientent
désormais de plus en plus vers l'adossement de leur réseau aux
enseignes de points relais.
7. Le respect des normes environnementales et
écologiques
Nous l'avons vu en première partie, les grandes villes
françaises tentent de réduire l'accès aux poids lourds en
vue de réduire la pollution et de désengorger les centres-villes.
La solution des points relais s'inscrit dans cette politique et permet de
réduire les émissions de CO2 en procédant
à la livraison de plusieurs colis en un seul point et en faisant en
sorte que ce soit le client qui vienne au colis et non l'inverse. Lors de la
distribution des colis en relais, le véhicule utilisé est de type
utilitaire qui est moins gourmand en carburant que le poids lourd. Cette
demande de réduire la consommation d'énergie émane
également des cybermarchands qui, dans une démarche de
développement durable, s'orientent vers des solutions visant aussi
à réduire les gaz à effet de serre.
Selon une enquête du cabinet Vlaams Instituut voor de
Logistiek (V.I.L.) de 2008, le modèle de livraison de colis via un
réseau de points relais aux Pays-Bas permet de réduire les
émissions de CO2 de plus de 60% par rapport au modèle
traditionnel de livraison à domicile (communiqué de presse de
Kiala du 24 juin 2009, site internet Pays-Bas de l'enseigne). L'étude du
V.I.L. a permis d'obtenir les données relatives au modèle de
distribution en points relais suivantes :
- 78 % des collectes se font en voiture
- 19 % des collectes se font en vélo ou à pied
- 3 % des collectes se font en transport en commun
- 61 % des colis sont collectés sur le chemin vers une
autre activité
- 24 % des colis sont collectés lors d'un trajet
spécifique
- 15 % des collectes sur le chemin vers une autre activité
nécessitent un détour
- La distance moyenne parcourue en voiture et en transport en
commun par le cyberclient pour récupérer un colis est de 1,5
km
De plus, le système des points relais permet de
réduire le nombre d'opérations de chargement /
déchargement, à comparer avec la livraison à domicile, en
vue de réduire la pollution sonore en ville.
B. Les points relais permettent de répondre aux
diverses
contraintes liées aux dispositions
législatives et au e-
commerce
1. Les réponses aux contraintes
législatives
a) Garantir les délais de livraison
La loi Châtel impose aux cybermarchands de garantir
à leurs clients les délais de livraison annoncés dans le
site lors de la commande. Cette loi contraint ainsi les cybermarchands à
avoir des prestataires logistiques fiables en mesure de respecter la promesse
du délai. Les enseignes de points relais de La Redoute et des 3 Suisses
sont depuis une vingtaine d'années en mesure de garantir à leurs
clients, cybermarchands comme cyberclients, leurs délais de livraison.
La concurrence était telle entre les deux principaux acteurs de la VPC
que l'un et l'autre ont cherché à se différencier par ce
type de service. Les deux acteurs se sont affrontés sur le terrain de la
rapidité de livraison avec l'engagement de livrer partout en France
(sauf la Corse) en 24h, 48 h ou 72h en fonction du choix du client. Les points
relais ont donc réussi à développer un niveau de service,
qui se serait presque banalisé aujourd'hui. Ils sont donc en mesure de
répondre à ce besoin de fiabilisation des délais de
livraison que recherchent autant cybermarchands, pour être en
conformité avec la loi, que cyberclients, qui souhaitent
généralement obtenir au plus vite leurs colis après leur
commande. Les autres points relais s'inscrivent dans la même
démarche et sont conscients que leur évaluation en termes de
qualité de service repose avant tout sur le respect des délais de
livraison.
b) Prise en charge totale des frais de livraison retour par
certains cybermarchands
Dans le cas d'un produit endommagé, d'une commande non
conforme ou d'une rétractation du cyberclient, le point relais peut
effectuer des retours auprès des cybermarchands. Chez certains
cybermarchands, les frais de retour par un point relais sont totalement pris en
charge en cas de rétractation. Pour les autres cybermarchands, il existe
une participation pour les frais de retour, qui est comprise entre 3 et 5 euros
pour Kiala par exemple, ce qui reste une somme relativement modeste.
Aussi, le point relais peut aussi rembourser directement le
client en cas de retour, ce qui permet la réduction de procédures
administratives lourdes pour le client.
Kiala a développé, dans la gestion du retour des
colis, la solution retour +, qui est une application informatique
brevetée. Retour + permet la création d'une étiquette
intelligente que le client colle sur le colis pour le retourner au
cybermarchand. Cette application offre ainsi la possibilité au
cybermarchand d'anticiper le retour, de gérer son stock, de renvoyer un
autre colis en cas d'erreur ou d'échanges, et de rembourser.
2. Les réponses aux contraintes liées au
e-commerce
a) Le caractère anxiogène de la vente en ligne
Le cybermarchand et l'enseigne de point relais ont mis en
place des systèmes d'information qui communiquent entre eux, en temps
réel dans le cadre du suivi de la commande et de la
traçabilité du colis, ce qui permet de diminuer le
caractère anxiogène de la vente en ligne. L'apparition des NTIC,
notamment avec l'utilisation de PDA équipé d'un lecteur de code
à barres qui renvoie les informations via le réseau GSM ou
internet, ont permis aux enseignes de points relais de développer au
profit des cyberclients un service qui n'existait pas au début des
années 2000. Le cyberclient peut donc savoir en temps réel
où se trouve son produit dans le processus de livraison et se
rassurer.
b) Contact avec le commerçant
L'une des particularités avec le point relais est que
le commerçant relais n'est pas un professionnel de la livraison tel que
peuvent l'être le facteur ou le coursier. Il s'agit d'un
commerçant qui propose des services liés au quotidien et à
la vie courante : presse / tabac, pressing, superette, etc. Il existe donc un
contact avec le commerçant qui peut s'étendre à la simple
remise du colis. La population française est sensible à ce
contact humain.
C. Les points relais permettent de répondre aux
enjeux
de l'efficacité économique de tous les
acteurs
La solution du point relais est une réponse positive
dans le cadre de l'efficacité économique du point de vue de tous
les acteurs de la chaîne : cybermarchand, enseigne de point relais,
transporteur et commerçant relais.
1. Au niveau du cybermarchand
Le point relais permet au cybermarchand de réduire les
coûts de transport. En effet, livrer dans un point relais permet de
massifier considérablement les flux de transport vers une même
destination. Le système du point relais permet ainsi au cybermarchand
d'optimiser ses coûts logistiques et de transport.
2. Au niveau de l'enseigne de point relais
Hormis Homebox qui dispose d'un schéma particulier
(distribution de produits volumineux), toutes les enseignes de point relais
disposent de 3000 à 5000 points relais parce que, comme l'explique
Géraud Felgines, « avec ce nombre, cela permet de toucher un
maximum de personnes avec un modèle économique très bas
». Le modèle économique d'un point relais repose en effet
sur la massification à la livraison ; plus l'enseigne livre de colis au
même point le même jour, moins cela coûte cher. Ce
modèle économique permet aux enseignes de points relais de
proposer des coûts bas aux cybermarchands et d'avoir une approche
agressive en termes de prix sur le marché pour pouvoir concurrencer la
livraison à domicile.
En termes de coût d'exploitation, le point relais est
14,5% moins cher que le produit Colissimo. Cette différence de
coût se justifie par le fait que la solution des points relais permet de
supprimer les surcoûts engendrés par la livraison à
domicile. Livrer un colis de 1 kg coûte 3,10 € en Colissimo
contre 2,65 € pour le point relais comme l'indique la figure 21.
Figure 21. Comparaison des coûts d'exploitation d'une
livraison à domicile (Colissimo) et d'une livraison en point relais
(Sogep) pour un colis de 1 kg
Source : Maxime d'Hauteville, 2005
Entre les coûts d'exploitation d'une livraison à
domicile et ceux d'une livraison dans un point relais comme celui de Sogep, la
principale économie pour le point relais se fait sur le transport,
presque deux fois moins cher : 1,30€ contre 2,50€ pour
Colissimo. Economie importante, et contrairement au
Colissimo, une variable supplémentaire propre au système
des point relais s'ajoute, la rémunération du commerçant
pour ce service. Malgré ce poste de coût supplémentaire le
coût global d'une livraison en point relais reste moins
élevé qu'une livraison en Colissimo. Cela permet donc
aux enseignes de point relais d'avoir des tarifs publics inférieurs
à ceux de Colissimo.
3. Au niveau du transporteur
Quant au transporteur, livrer un point relais permet une
consolidation de la marchandise, ce qui permet au transporteur d'obtenir un
taux de groupage plus satisfaisant. Cette solution de transport est par
conséquent une solution économique efficace. De plus, dans
l'exemple de Kiala, l'unité de transport est le conteneur et non le
colis.
4. Au niveau du commerçant relais
Le point relais permet au commerçant relais de
dégager un revenu de complément correspondant à un
treizième mois pour les plus dynamiques selon Emmanuel Maillet (50
visites par jour x 0,40 € la commission par colis livré x 280 jours
ouvrables par an = 5600 euros). De plus, l'activité de point relais
génère dans le commerce 30 à 50 visites par jour, dont
à peu près les deux tiers vont se transformer en clients
récurrents selon les statistiques
de Kiala. En effet, 27% des clients vont tout de suite acheter
et un autre tiers reviendra acheter dans le mois. Dans les grandes villes,
beaucoup de consommateurs redécouvrent ainsi leurs commerces de
proximité. Avant d'aller y chercher un colis, 60% des clients ne les
connaissait pas ou n'y avait jamais mis les pieds.
Par ailleurs, le processus de point relais est
entièrement automatisé, ce qui procure au relais
commerçant de la simplicité. Il existe aucune tâche
administrative. En outre, aucun investissement n'est requis puisque dans le cas
de Kiala c'est bien ce dernier qui fournit l'équipement technologique
nécessaire à l'activité au commerçant relais. La
solution de point relais comme celle proposée par Kiala est ainsi une
solution low cost pour le commerçant relais ; la solution n'est
pas chère en intégration (entretien avec Emmanuel Maillet).
D. Les points relais permettent de
bénéficier de la
gratuité des frais de port pour le cyberclient
qui a de
plus en plus recours à cette solution de
livraison
On peut noter l'intérêt récent des
cyberconsommateurs vis-à-vis de la solution du point relais.
D'après la FEVAD en 2006, 28% des colis générés par
la vente à distance étaient livrés en point relais au
moins une fois durant les 6 derniers mois. En 2009, toujours d'après la
FEVAD, les cyberclients étaient plus de 43% à avoir opté
pour la livraison en points relais. Ces résultats font ressortir un
point important : les livraisons en point relais sont en pleine expansion entre
2006 et 2009. La livraison à domicile reste par ailleurs le mode de
livraison principal avec 88% à l'avoir opter.
Figure 22. Les modes de livraison choisis par le cyberclient en
2009
Source : FEVAD (2011) Bilan annuel du e-commerce en
2010
L'avantage du point relais pour le client est la
gratuité des frais de port allouée par une grande majorité
des cybermarchands. Comme le suggère les figures 23, 24 et 25, les
cybermarchands RueduCommerce, 3 Suisses et Quiksilver offrent la livraison pour
tout achat sur leur site, avec la nuance près pour RueduCommerce qu'il
s'agit pour toutes les commandes supérieures à 101 euros.
Figure 23. Comparaison des prix de la livraison en point relais
(entourés en rouge), de la livraison à domicile et de la
livraison express sur le site
RueduCommerce.fr en septembre
2011
Figure 24. Prix de la livraison en point relais sur le site 3
Suisses.fr en septembre 2011
Figure 25. Prix de la livraison en point relais sur le site
Quiksilver.fr en septembre 2011
Conclusion générale
Dans ce travail, le but était de démontrer que
l'une des réponses possibles à la réduction des
contraintes générées par la logistique du dernier
kilomètre dans le cadre du e-commerce en France repose sur la solution
des points relais, qui est une alternative à la livraison à
domicile. La solution des points relais, qui profite de la croissance
importante du e-commerce, semble aujourd'hui faire partie de ces
réponses incontournables pour les raisons qu'on va synthétiser
ici.
Les points relais permettent de répondre aux diverses
contraintes liées à la livraison à domicile en ville :
- L'absence du destinataire à son domicile :
Le taux d'absence du destinataire à son domicile est
estimé de l'ordre de 30%, le cyberclient étant avant tout une
population jeune et active. L'avantage de distribuer un colis dans un point
relais permet de contourner cette problématique de l'absence du
destinataire à son domicile puisque ce n'est plus le colis qui va au
cyberclient mais le cyberclient qui va au colis.
- La difficulté de stationnement :
La solution du point relais permet d'atténuer la
contrainte du stationnement en ville car un des critères de
sélection pour un commerçant relais est la facilité de
stationnement aux abords du magasin pour les transporteurs comme pour les
clients. De plus, le type de véhicule utilisé dans la livraison
dans un point relais est de type véhicule léger, ce qui facilite
le stationnement.
- Les embouteillages des centres-villes pendant les heures de
pointe :
La livraison en point relais permet de réduire les
embouteillages des centres-villes pendant les heures de pointe puisque les flux
groupés de colis sont livrés vers un nombre limité de
destinations.
- Les nombreux arrêts en ville :
Livrer à domicile implique pour le transporteur de
nombreux arrêts en ville alors que le point relais permet une
consolidation de la marchandise vers bien moins de points de livraison. De
plus, les approches relatives à la livraison à domicile sont
souvent difficiles contrairement au point relais.
- La dispersion géographique des clients à livrer
:
La solution du point relais permet de surmonter toute la
problématique de la logistique éclatée puisqu'il permet de
consolider les colis vers un nombre de destinations limité. De plus, le
point relais est un service de distribution de proximité vers lequel les
clients viennent chercher leur colis. Enfin, le relais à relais, qui est
une réponse au développement des échanges CtoC, permet
aussi de contourner la contrainte de la dispersion des clients.
- L'exigence des clients qui souhaitent être livrés
rapidement :
Les points relais garantissent aujourd'hui une livraison à
J+2 après enlèvement du colis dans l'entrepôt du
cybermarchand.
- Le respect des normes environnementales et écologiques
:
Le modèle de livraison de colis via un réseau de
points relais aux Pays-Bas en 2008 permet de réduire les
émissions de CO2 de plus de 60% par rapport au modèle
traditionnel de livraison à domicile, selon une enquête du cabinet
Vlaams Instituut voor de Logistiek (V.I.L.).
De plus, les points relais permettent de répondre aux
diverses contraintes liées aux dispositions législatives :
- Garantir les délais de livraison :
L'ensemble des points relais s'inscrivent dans la
démarche de garantir les délais et sont conscients que leur
évaluation en termes de qualité de service repose avant tout sur
ce critère de respect des délais de livraison.
- La prise en charge totale des frais de livraison retour par
certains cybermarchands :
Le point relais peut effectuer des retours produits
auprès des cybermarchands à titre gratuit pour certains
cybermarchands. Pour les autres cybermarchands, il existe une participation
pour les frais de retour, qui est comprise entre 3 et 5 euros pour Kiala par
exemple, ce qui reste une somme relativement modeste.
Ensuite, les points relais permettent de répondre aux
diverses contraintes liées au e-commerce :
- Le caractère anxiogène de la vente en ligne :
Le cyberclient peut savoir en temps réel où se
trouve son produit dans le processus de livraison et se rassurer.
- Contact avec le commerçant :
Il existe un contact avec le commerçant qui peut
s'étendre à la simple remise du colis.
Après, les points relais permettent de répondre aux
enjeux de l'efficacité économique de tous les acteurs :
- Au niveau du cybermarchand :
Le point relais permet au cybermarchand de réduire les
coûts de transport. En effet, livrer dans un point relais permet de
massifier considérablement les flux de transport vers une même
destination.
- Au niveau de l'enseigne de point relais :
Le modèle économique d'un point relais repose en
effet sur la massification à la livraison ; plus l'enseigne livre de
colis au même point le même jour, moins ça coute cher. De
plus, en termes de coût d'exploitation, le point relais est 14,5% moins
cher que le produit Colissimo.
- Au niveau du transporteur :
Livrer un point relais permet une consolidation de la
marchandise, ce qui permet au transporteur d'obtenir un taux de groupage plus
satisfaisant. De plus dans le cas de Kiala, l'unité de transport est le
conteneur et non le colis,
- Au niveau du commerçant relais :
Le point relais permet au commerçant relais de
dégager un revenu de complément correspondant à un
treizième mois pour les plus dynamiques et d'avoir de la
clientèle supplémentaire dans le commerce.
Enfin, la solution du point relais permet au cyberclient de
bénéficier de la gratuité des frais de port allouée
par une grande majorité de cybermarchands. Pour les autres
cybermarchands, la participation des frais de port sont en
général inférieure à 5 euros.
Pour toutes ces raisons, nous souhaitons pour l'avenir que les
offres de points relais, qui permettent de diminuer les obstacles du dernier
kilomètre, aillent encore en progressant car l'urbanisation en France et
la responsabilité environnementale jouent un rôle de plus en plus
important.
Bibliographie
ALLIGIER L., PATIER D. (2002) Les conséquences du
développement des nouvelles formes de e-commerce sur la logistique
urbaine. Rapport de recherche au Ministère des Transports. Non
publié
AUGEREAU V, CURIEN R. et DABLANC L. (2008) Les relais
livraison dans la logistique du e-commerce, l'émergence de deux
modèles. Cahiers Scientifiques du Transport, numéro
spécial sur la logistique urbaine
BOYER, Kenneth K., MARKHAM, T. Frohlich, HULT, G. Tomas M.
(2004) Extending the Supply Chain: How Cutting-edge Companies Bridge the
Critical Last Mile into Customers' Home. AMACOM, New York
BOYER, Kenneth K., PRUDHOMME, Andrea M., CHUNG, Wenming (2009)
The Last Mile Challenge : Evaluating the Effects of Customer Density and
Delivery Window. Journal of business logistics, Vol.30, No.1
CAHIERS DE L'ARCEP (2011) « Nous avons inventé le
relais du XXIe siècle ». p. 46-47.
Janvier-Février-Mars 2011
CAPPELI P. (2008) Une nouvelle génération de
prestataires. Stratégie Logistique, p.38, 1er septembre 2008
Commissariat général au développement
durable - Service de l'observation et des statistiques. Publication n°223.
Juin 2011
CREDOC (2007) La diffusion des technologies de
l'information dans la société française. Rapport
réalisé à la demande du Conseil Général des
Technologies de l'Information et de l'Autorité de Régulation des
communications Electroniques et des Postes, décembre. Non
publié
CREDOC (2006) Le profil des acheteurs à distance et en
ligne. Etude pour la Fevad, La Poste et Reed/CCI, novembre. Non
publié
DESFILHES P. (2008) Le e-commerce bouscule les schémas
de livraison. Logistiques Magazines, n°3014, mai 2008
ELSEN C. (2008) De quels moyens disposent les pure players
pour satisfaire le consommateur ? Master 2 sciences du management
spécialité Logistique - Université Paris I - La
Sorbonne
FAILLON M. (2009) Quelles solutions pour le transport de
marchandises en ville ? Master 2 sciences du management
spécialité Logistique - Université Paris I - La
Sorbonne
FEVAD (2011) Bilan annuel du e-commerce en 2010
FONTAINE G. (2006) Kiala fait un carton dans la
livraison. Challenges, n°37, 24 mai
FRISON M.N. (2006) L'e-commerce tiré par
l'opérationnel. Logistiques Magazine, n°205, p.72-77, mars
GANDILLOT E. (2011) Logistique de proximité : Kiala
trouve deux nouveaux partenaires pour ses points relais. Réseaux
Telecom
GEVEARS, Roel, VAN DE VOORDE, Eddy, VANELSLANDER, Thierry
(2009) Characteristics of Innovations in Last Mile Logistics - Using Best
Practices, Case Studies and Making the Link with Green and Sustrainable
Logistics. European transport conference 2009
GOUIN C. (2011) L'offre de service de DHL en Allemagne
permet-elle de contourner l'obstacle du dernier kilomètre ? GRIN
HONORE R. (2010) Colis : La Poste soupçonnée
d'assécher la concurrence. Les Echos, 20 septembre 2010
HUIJGEN A. et M. VISSEYRIAS (2011) Geodis s'allie à
Kiala dans la livraison de colis. Figaro Magazine, 22 juillet 2011
ISSAC H., VOLLE P. et BREBAN Y. (2008) E-commerce : De la
stratégie à la mise en oeuvre opérationnelle.
Broché
L'ANGEVIN M. (2005) Les projets appliqués à la
logistique des derniers kilomètres dans les activités de la
messagerie et de l'express. IAE des Rennes - Université de Rennes
I
LAUTREDOU D.-I. (2007) Les Points relais ont modernisé
la VAD. Les Echos, n°19886, p. 111, 27 mars 2007
KIALA (2011) Dossier de presse
MANDRON M. (2009) Les points relais sont-ils une solution
adaptée dans les trois à cinq prochaines années ?
Master 2 sciences du management spécialité Logistique -
Université Paris I - La Sorbonne
MONDIAL RELAY (2011) Dossier de presse
RAMONEDA CUENCA L. (2008) Le problème du dernier
kilomètre à Paris intra-muros. Mémoire de fin
d'année - Université Polytechnique de la Catalogne
ROUTHIER J-L. (2002) Du transport de marchandises en ville
à la logistique urbaine. Centre de prospective et de Veille
Scientifique, Direction de la Recherche et des Affaires scientifiques et
Techniques, Ministère de l'Equipement des Transports et du Logement,
avril
TRANCART M. (2008) Kiala : des colis au plus proche du
consommateur. Logistiques Magazines, n°228, p. 50-51, mai
XERFI (2011) Logistique et e-commerce. Panorama de la
chaîne e-logistique et analyse du jeu concurrentiel. Avril 2011
La Presse spécialisée
E-commerce Magazine Transports Actualités Logistiques
Magazine
Site internet
Journal du Net.
http://www.journaldunet.com
L'Entreprise.
http://www.lentreprise.com
E-commerce Mag.
http://www.e-commercemag.fr
Les Echos.
http://www.lesechos.fr
FEVAD.
http://www.fevad.com
La Poste.
http://www.laposte.fr
Médiamétrie.
http://www.mediametrie.fr
Statégies.fr.
http://www.strategies.fr
WK Transport Logistique.
http://www.wk-transport-logistique.fr
Salon professionnel
E-commerce Paris 2011 - 13-16 septembre 2011
Entretiens
- Géraud Felgines, ColiPoste, directeur marketing de
l'offre. Rencontré le 23 août 2011
- Bruno Mandrin, Geodis, directeur messagerie express.
Rencontré le 7 septembre 2011
- Emmanuel Maillet, Kiala, directeur Relation Presse et Grands
Comptes. Rencontré le 6 septembre 2011
Lexique
BtoB : Se dit d'une activité professionnelle
(échanges ou transactions commerciales) effectuée d'entreprise
à entreprise. Le commerce B to B désigne par exemple les
échanges entre un fournisseur de produits intermédiaires et un
producteur distribuant au consommateur final
BtoC : Désigne tout type d'activité
économique (business) à destination du grand public et du
consommateur final (consumer)
Click and Mortar : Se dit d'une entreprise traditionnelle, le
plus souvent du secteur de la distribution, ayant ajouté des
activités en ligne (click) à son modèle classique
(mortar). La Fnac est l'archétype de l'acteur « click & mortar
»
CtoC : Désigne les services d'échanges entre
consommateurs, services facilités par le média internet : petites
annonces, sites d'enchères, rencontres... Ne nous y trompons pas
toutefois : derrière un service C to C, on trouve le plus souvent un B
(business). Quand il n'y a pas de B, on se trouve théoriquement en
présence d'un service P2P... Ebay est le premier des services en ligne C
to C
Commerçant relais : Commerce de proximité qui
accepte de réaliser, pour le compte d'un opérateur de
réseaux, des prestations de distributions de colis et plus
généralement des prestations logistiques à destination des
particuliers
Cross-docking : Action de faire passer des marchandises des
quais d'arrivée aux quais de départs, sans passage par le
stock
E-commerce : activité qui se concentre sur le processus
d'achat, par le biais d'un moyen électronique tel qu'internet. Cela
permet à une entreprise de vendre ses produits où ses services de
manière permanente et sans interruption
Logistique : Ensemble des opérations qui permette de
mettre à disposition le bon produit au bon moment au bon endroit
à moindre cout
Picking : Prélèvement des articles sur les
meubles de stockage pour préparer une commande
Point relais : Solution logistique et de livraison hors
domicile gérée par une enseigne (Mondial Relay, Sogep, Kiala,
etc.) qui consiste à distribuer des produits commandés sur un
site de vente en ligne chez un commerçant adhérant à une
enseigne de points relais préalablement choisi par le cyberclient lors
de sa commande
Pure Player : Société exerçant uniquement
ses activités sur internet. Le modèle du « pure player
» est incarné par Amazon
Reverse logictic : Système de gestion logistique des
produits qui sont récupérés par l'entreprise, qu'il
s'agisse de recyclage, récupération et autres formes de retours
de produits du client vers le producteur
Véadiste : Entreprise dont l'activité principale
repose sur la vente à distance
Annexe 1. Entretien avec Géraud Felgines
- ColiPoste - le 23 août 2011
Remarque sur le titre du mémoire portant
initialement sur « l'émergence des services de points relais
» :
Géraud Felgines (GF) : « La multiplication d'acteurs
majeurs de points relais a fait perdre une part de marché dans la
livraison des véadistes.
La part des colis livrés par la Redoute et les 3 Suisses
en point relais a diminué au profit de nouveaux acteurs, notamment au
profit de Kiala. Le marché du point relais n'a pas tant bougé que
ça en 20 ans. Il a évolué plutôt à la hausse
mais ce qu'on a constaté depuis les 3-4 dernières années
c'est une substitution des volumes de la vente par catalogue par la vente sur
internet avec l'entrée de nouveaux acteurs comme Kiala. Mais
significativement le nombre de colis livrés en points relais n'a pas
augmenté. »
Aparté sur Kiala :
GF : « Grosso modo, ColiPoste fait en 2 semaines, ce que
Kiala fait en un an. Kiala est un petit acteur pour ColiPoste et quand on fait
quelque chose on ne réagit pas à Kiala même si Denis Payre
aime bien se présenter comme le concurrent principal de La Poste. Penser
qu'on a que lui dans notre esprit malheureusement pour lui ce n'est pas le cas.
»
« Le e-commerce existe depuis une dizaine d'année et
Kiala progresse réellement depuis 2 ans. En 2009 il faisait 4 millions
de colis et aujourd'hui ils en font 12. Entre 2005 et 2009 ils ont peu
progressé. Ils ont pris des parts de marché aux acteurs
historiques du point relais parce que l'e-commerce a pris des parts de
marché à la vente par correspondance. Le nombre de clients de
Kiala est de 200 alors qu'il existera près de 100 000 sites internet
à la fin de l'année. »
Présentez-vous et présentez
ColiPoste.
GF : « Géraud Felgines, directeur marketing de
l'offre ColiPoste. Je gère avec mon équipe
l'intégralité de la gamme de produits et services de ColiPoste,
essentiellement sur la marque Colissimo, à destination des entreprises
et des particuliers. ColiPoste est une branche de La Poste dont la
spécificité et le métier est de livrer des colis à
des particuliers, que ces colis sont envoyés par des particuliers ou par
des entreprises. ColiPoste livre en moyenne 1 million de colis par jour, avec
des pics maximum compris entre 1,6 et 1,8 million de colis, ce qui
représente 260 millions de colis par an. Sur ces 260 millions de colis,
il y a 220 millions qui sont expédiés par des entreprises.
ColiPoste est un acteur essentiellement BtoB. Colissimo vendu dans les bureaux
de poste est seulement une face émergée de l'iceberg et cette
activité est relativement mineure (40 millions de colis par an). Les 220
millions sont essentiellement issus de la vente à distance. On est
l'acteur principal aujourd'hui de la vente à distance, que ce soit la
VPC traditionnelle ou du e-commerce. Parmi nos clients, on a tous les
principaux sites internet de France et de navarre : Venteprivee, Amazon,
PriceMinister, Rueducommerce, 3Suisses, Cdiscount, etc. On a suivant les
estimations entre 60 et 70% du marché de la livraison du e-commerce.
»
Quels acteurs représentent les 30-40% restants
?
GF : « Parmi les 30 et 40% qui restent, il y a Mondial
Relay, Sogep, Kiala, quelques expressistes et Adrexo. »
Qu'est-ce que Colissimo ?
GF : « Colissimo est notre principal gamme de produits. La
gamme Colissimo Entreprise se décline en 2 produits : Colissimo suivi,
un produit de livraison à domicile suivi livré en 48h et So
Colissimo qui permet à l'acheteur en ligne de se faire livrer où
il veut, à domicile ou hors domicile. »
Quelles sont les raisons de la création de
Colissimo ?
La raison de la création du Colissimo est double.
1er constat : Elle provient d'une analyse des comportements des
acheteurs en ligne. On s'est aperçu que plus les consommateurs
achetaient en ligne, plus ils avaient tendance à diversifier le choix de
livraison. Et ce qu'on a constaté en approfondissant les
éléments c'est que ce que veulent les consommateurs c'est choisir
leur mode de livraison parce que chaque achat est unique et pour chaque achat
il veut pouvoir choisir la solution de livraison la plus adaptée
à cet achat. Après dans le comportement, le choix prioritaire est
le domicile, pour 80% des cas, car c'est le plus simple, ça fonctionne
bien, c'est le plus pratique. Dans certains cas, le client veut se faire livrer
ailleurs parce qu'il
est en vacances par exemple, il change de local en local, de
l'hôtel au camping par exemple et il veut se faire livrer dans un relais.
Typiquement c'est l'exemple de Venteprivee qui au mois d'aout fait des soldes
événementiels avec une marque, le client veut pouvoir se faire
livrer n'importe ou en France, pas nécessairement à l'adresse ou
il réside pendant une semaine, 15 jours, etc. Ca peut être, on le
voit de plus en plus, à Noel le client achètent les cadeaux en
ligne et ne veut pas se faire livrer à domicile car il ne veut pas que
ses enfants ou les gens pour lesquels il achète le cadeau tombe dessus,
il veut se faire livrer ailleurs, le récupérer directement et
donner en main propre le cadeau à la personne. Avec le
développement du commerce en ligne, on s'aperçoit que les
comportements sont entrain de devenir des comportements de consommation
traditionnels, normaux. La Fevad avait fait en début d'année une
conférence sur la fin du commerce en ligne ; une des idées c'est
qu'avec du commerce en ligne les clients se comportent aujourd'hui avec les
mêmes mécaniques de consommation qu'en magasin. Il y a 3 ans on
allait chercher du prix sur internet ; aujourd'hui on va chercher de l'usage,
du confort. On achète quand on veut, on n'a pas besoin de se
déplacer, tout est disponible, on a le plus grand nombre de
références en quelques clics. Aujourd'hui la consommation sur
internet c'est avant tout un usage. Le comportement de consommation est devenu
très mature ; les gens comparent, et en fonction du produit et de la
période de l'année il n'a pas le même comportement. Il veut
avoir le choix. Donc le standard de la livraison après un achat sur
internet c'est aussi d'avoir plusieurs possibilités de livraison.
Le 2e constat : aujourd'hui les très grands
sites sont en mesure de construire ce choix la. Ils n'ont pas attendu La Poste
pour proposer du choix sauf que les points relais, les véadistes et
Kiala, ne proposent pas aux petits sites de vente en ligne la solution de
livraison hors domicile. Parce que ces enseignes avaient besoin d'un volume
minimum. Le marché de la livraison hors domicile, à part les
très gros acteurs, n'existait pas car il n'était accessible que
pour les très gros chargeurs. Et en parallèle de ça,
concernant la dynamique du e-commerce, la moitié de la croissance du
e-commerce est fait par des petits acteurs et des nouveaux entrants. Or ces
acteurs là ne bénéficiaient pas ce que devrait être
le standard de livraison.
Ces 2 constats nous ont dit il faut qu'on y aille. On ne peut pas
se dire leader sur le marché de la livraison de vente en ligne et ne
peut pas proposer ce que doit être le standard du marché. Et on
l'a fait car on pensait qu'en proposant l'offre Colissimo à tous les
e-commerçant quelque soit leur taille on allait être un relais de
croissance pour le marché du e-commerce. C'est aussi une solution qui va
permettre de faire grandir le marché parce que le consommateur en ligne
aura tout le choix nécessaire à une bonne livraison. On est bien
sûr une logique de faire tirer le marché vers le haut et aider les
petits e-commerçants à grandir en même temps que les gros.
Donc on a crée Colissimo pour répondre à ça. Ce
n'est absolument pas une réponse à la concurrence. C'est vraiment
une réponse aux attentes du client et à la structure du
marché. Le patron d'Amazon dit régulièrement qu'au lieu de
passer du temps à regarder les clients des concurrents regardez
plutôt vos clients. C'est vraiment les consommateurs qui nous ont fait
prendre cette direction là. Et nous avons crée une marque qui
s'appelle So Colissimo pour être la marque de référence de
la livraison du e-commerce. Dans ce Colissimo nous avons mis notre
savoir-faire, c'est-à-dire la livraison à domicile en 48h, la
livraison dans n'importe quel bureau de poste de votre choix en 48h, la
livraison dans une consigne automatique Cityssimo, la livraison dans un des
3500 commerces de notre réseau - on a intégré notre propre
réseau de points relais - et un service un petit peu vitrine : la
possibilité de prendre rendezvous le soir sur Paris. Ca c'est le
standard du marché de la livraison le plus accessible à la fois
du point de vue du chargeur, quelque soit sa taille, et du point de vue du
consommateur parce qu'avec la livraison à domicile et les 14000 points
de relais ColiPoste (les bureaux de poste et les points relais) offre une
accessibilité géographique qui n'a pas d'égal sur le
marché.
So Colissimo a été construit pour que le client ne
subisse plus la livraison, on impose obligatoirement les 5 possibilités
de livraison aux sites de vente en ligne s'ils choisissent l'offre So
Colissimo. On essaie d'offrir aux consommateurs d'avoir le choix de livraison
et de maitriser son choix.
Près de 800 sites internet proposent aujourd'hui So
Colissimo et on aura 1500 clients qui vont le proposer dans les 6 mois à
venir. »
Comment a été construit le réseau de
commerces de proximité ?
GF : « Quand on a commencé à
réfléchir à l'offre Colissimo, on voulait quelque chose de
simple, qu'il soit accessible pour le client. Le bureau de poste a
été une évidence, on sait que les bureaux de poste ont un
très gros point fort, ce sont leur accessibilité
géographique puisque 50% de la population française habite
à moins de 500 mètres d'un bureau de poste. Néanmoins les
bureaux de poste ont un point faible : des horaires d'ouverture pas toujours
cohérents, et ils sont en général fermés le samedi
après-midi, même si des efforts ont été fait
notamment sur Paris avec plus de 100 bureaux ouvert de 8h à 20h du lundi
au vendredi et de 9h à 13h le samedi. Dans l'offre on voulait
intégrer les
commerces de proximité qui proposeront
l'accessibilité horaire la plus large ; ils sont ouverts le samedi et
parfois le dimanche matin. S'il y a des nouveaux modes de comportement, des
nouveaux modes de livraison il faudra qu'on les intègre dans
Colissimo.
Dans ce cadre ColiPoste a lancé un appel d'offre pour
sonder le marché ; on veut mettre en place une solution de livraison en
commerce de proximité avec des volumes prévisionnels, des
conditions, etc. On a publié l'appel d'offre européen et 4
acteurs ont répondu : Sogep, Mondial Relay, Kiala et Exapaq en
partenariat avec le réseau A2pas.
Au final ColiPoste a décidé de retenir 2
réseaux partenaires sur la base des propositions commerciales et en
fonction de la cohérence stratégique : Exapaq avec A2pas et
Mondial Relay. Vu les montants de l'appel d'offre, la Commission Centrale des
Marchés de la Poste (CCMP) est intervenue pour contrôler la bonne
exécution des procédures de l'appel d'offres. On a
décidé d'évincer Sogep et Kiala ; Sogep pour des raisons
économiques et des raisons d'organisation, Kiala pour des raisons
économique et des raisons stratégiques puisque Kiala refusait
d'apparaître en marque blanche sur le réseau. Kiala souhaitait en
effet que son logo apparaissait sur les sites internet proposant l'offre de La
Poste. Aussi il se trouvait qu'il y avait un accord entre Mondial Relay et
Kiala avec des clauses d'exclusivité qui ont donné lieu à
des procédures juridiques entre ces derniers puis à la rupture de
leur contrat commerciale, rupture négociée qu'on connaissait
depuis le mois de janvier 2011.
Une des raisons d'avoir retenu Exapaq et A2pas c'est la
présence d'une société qui gérait le réseau
A2pas qui s'appelle Pickup Services. Pickup Services est un vrai
spécialiste de la livraison en relais et de l'animation de réseau
de relais. »
En quoi Pickup Services est considéré pour
vous comme un « vrai spécialiste de la livraison en relais »
?
GF : « Parce qu'ils se sont posés les vrais questions
stratégiques d'un réseau logistique de proximité. Dans le
marché, on a 3 acteurs de points relais :
- les acteurs historiques Mondial Relay et Sogep qui se sont
construits en réponse aux dysfonctionnements de La Poste dans les
années 1980, l'élément déclencheur étant la
grande grève de La Poste de l'époque.
A la fois pour des raisons économique mais aussi
organisationnelles, fiabilité, qualité de service, les grands
vépécistes se sont dit on va créer notre propre
réseau de livraison pour nous défragiliser par rapport aux
grèves éventuelles de La Poste. La raison d'être de ces 2
réseaux là c'est ça. Ce sont des réseaux internes
optimisés économiquement pour faire la livraison la moins
chère possible.
- Kiala a vu une opportunité de créer un
marché sur ce créneau, une opportunité de créer des
activités alternatives notamment à Mondial Relay et 3 Suisses qui
ne vendaient des prestations qu'aux sociétés du groupe. Avec le
développement du e-commerce Kiala voulait
faire son beurre aussi sur une approche économique en
faisant un produit pas cher, en remettant un peu de technologie et en ayant des
services plus optimisés mais fondamentalement le principe est le
même que les véadistes d'autant que Kiala n'avait pas de
réseau de points relais et a fait le choix de s'appuyer sur le
réseau de Mondial Relay. Kiala n'avait pas de réseau en propre,
pas d'animation de réseaux en propre. Il ne pouvait pas recruter des
commerces au bon endroit avec les bons profils, être capable de les
fidéliser, être capable de « monitorer » le flux des
colis qui arrivent pour savoir si ce dernier est au bon endroit, etc..
- La spécificité de Pickup Services : c'est le seul
sur le marché qui a un centre d'opération
national qui pilote son réseau sur l'ensemble du
territoire notamment un centre d'appel qui supervise l'ensemble du trafic.
Dès qu'il y a une anomalie le centre appelle les commerçants pour
leur dire de flasher, de demander s'ils ont bien reçu ou pas un colis,
ou de demander de saisir sur le logiciel les périodes de fermeture
annuelle pendant les mois de juillet et aout. Il y a une vraie action
pro-active pour assurer une qualité de service indéfectible et
c'est une vraie valeur dans le service parce que ça permet
d'éviter les conflits entre le site de vente en ligne et le
commerçant, et cela permet de fidéliser les clients. Sur Paris,
Mondial Relay devait renouveler tous les ans 100% de ses commerces ; concernant
Pickup Services le taux de
renouvellement est de 15% sur Paris et 7% en national. C'est un
élément de qualité de service qui est
prépondérant pour nous. La stabilité du réseau est
un élément essentiel et pour ça il faut avoir une
organisation d'animation qui est essentielle, et seul Pickup Services
proposait.
Pickup Services a été racheté par GeoPost en
2009. Altadis qui exploite le réseau commercial A2pas a choisi de ne
plus travailler avec Pickup Services. Ce dernier a été contraint
de reconstituer son
réseau et en 5 mois il a reconstitué son
réseau de 3500 points. Depuis le 3e trimestre 2010 on a un
réseau qui est standard du marché et qui est d'une approche
économique équivalente à Mondial Relay. »
Qu'est-ce qui fait aujourd'hui qu'on a tous les
réseaux de points relais à 3500 - 4000 points ? GF :
« Aujourd'hui c'est la taille en France qui permet de toucher le maximum
de personnes avec un modèle économique très bas. Le
modèle économique d'un point relais repose sur la massification
à la livraison ; plus je livre de colis au même point le
même jour, moins ça coute cher. C'est qui me permet de faire des
prix très bas et d'avoir une approche agressive sur le marché, le
positionnement aujourd'hui de Sogep, Mondial Relay et Kiala.
Nous on a fait un autre choix car notre volonté ce n'est
pas de développer le hors domicile mais de développer la solution
qui convient au consommateur et donc dans cette vision là on parle
plutôt d'usage et d'attente du consommateur que de moyens
économiques pour orienter le choix du consommateur. On constate que la
part du marché du hors domicile oscille entre 10 et 15%. On a
considéré que ce n'était pas nécessaire de proposer
des prix très agressifs pour 10 à 15% de nos volumes. »
Considérez-vous que la part des 15 à 20%
des livraisons hors domicile va être une constante dans les années
à venir ?
GF : « Oui je le pense, c'est ma conviction du moment. On a
des sites qui fonctionnent avec plus d'un an maintenant et la part maximum de
la livraison hors domicile est de 15%. Sarenza, dont un des modèles
économiques repose sur le fait que plus il y aura de livraison hors
domicile plus il va gagner d'argent, met en avant Kiala, explique que ça
va être difficile d'être livré à domicile à
ses clients, arrive à 50% domicile, 50% hors domicile. Pourtant il fait
des gros efforts pour convaincre le client de se faire livrer hors domicile.
A la base, le besoin du consommateur c'est de se faire livrer
chez lui parce que c'est le plus simple. Le plus grand réseau de point
relais en France ce sont les boites aux lettres. Sur les 1 million de colis
livré tous les jours 900 000 arrivent directement chez le destinataire,
soit en main propre, soit dans les boites aux lettres. Par conséquent
les 10% restants correspondent aux colis à récupérer dans
les bureaux de poste, ce qui est marginal.
La livraison hors domicile est bien un besoin
complémentaire. Je parle plutôt de complémentarité
que d'alternative.
50% de la population de plus de 18 ans est inactive en France
donc il y a des gens au domicile. C'est là ou Colissimo apporte un
élément complémentaire parce qu'il offre d'autres
solutions à des gens qui ne sont pas nécessairement à
domicile. Il ouvre d'autre choix qui fonctionnent et qui sont plutôt
satisfaisantes. On est sur quelque chose qui doit aider les commerçants
à se développer, et pas à essayer de se battre contre des
Kiala, des Sogep, des Mondial Relay où de toute façon, eux, ils
vont se battre par le prix. L'infrastructure pour livrer 1 millions de colis
tous les jours en France avec un taux de fiabilité extrêmement
important n'a rien à voir avec l'infrastructure d'un Kiala qui
jusqu'à présent n'est qu'une marque, et un système de
communication et d'information ; il n'a pas son réseau, jusqu'à
tout récemment n'a pas son animation réseau, et ce n'est pas un
transporteur.
Ce qu'il faut savoir de Kiala, c'est qu'au travers de Xange on
est actionnaire de Kiala et qu'une de nos filiales, Néolog, trie les
colis de Kiala. Si on voulait sa mort on lui aurait refusé d'être
son prestataire logistique on aurait refusé d'entrer dans son
capital.
On pense qu'il faut maintenir une qualité de service
importante et c'est aussi pour ça qu'on a crée So Colissimo et
qu'on communique vers le consommateur. Une marque c'est un service à
valeur ajoutée et elle a une valeur. Sur Twitter je fais
régulièrement des recherches sur #Kiala, #Colissimo, #Mondial
Relay, #Adrexo, et je regarde les commentaires plus ou moins négatifs et
quand je compare le nombre de commentaires négatifs des
différents opérateurs ramenés aux colis livrés je
me dit qu'on est bien meilleur que n'importe qui sur la livraison aux
particuliers. Je pense qu'on a la meilleure offre du marché, la
meilleure qualité de service du marché. Il y a des
problèmes certes, on n'est pas parfait néanmoins je pense qu'on
est les meilleurs sur le marché. »
Si je comprends bien, Pickup Services a été
absorbé par La Poste parce que le contrat avec Mondial Relay a
été suspendu ?
GF : « Non. Il s'est trouvé que la période
était concomitante, que ça correspondait à une
réflexion avec ChronoPost. ChronoPost a un service de livraison qui
s'appelle ChronoRelais qui existait avant Colissimo, qui correspondait à
tout ce qui est échange de téléphonie mobile, service
fournisseur d'accès à internet, etc. ChronoPost travaillait,
comme Exapaq, avec Pickup Services et A2pas et c'est
vrai qu'ils étaient totalement satisfaits de la
prestation, de la qualité de service. Ils nous ont aussi mis en
confiance sur cette affaire en disant que c'est un opérateur fiable.
Geopost s'est demandé si ce n'est pas une vraie valeur d'avoir cette
expertise de la livraison hors domicile en interne. Il s'est trouvé que
c'était au moment de la signature. Ce n'est pas directement lié
à l'appel d'offre, il se trouvait que la réflexion était
là dans le groupe.
Aujourd'hui on travaille avec Pickup Services depuis plus d'un an
puisque So Colissimo a été lancé en juin 2010.
Lorsqu'on a annoncé le lancement des 13 000 points de
retrait dans la nouvelle offre Colissimo, je pense que Kiala a
immédiatement réagit en annonçant à la presse
l'agrandissement de son réseau à 7000 points relais. »
Quel est le poids de l'e-commerce en volume et en
valeur dans l'activité de Coliposte ?
GF : « C'est de l'ordre de 200 millions de colis. Il s'agit
plus généralement des colis issus de la vente par correspondance
et du e-commerce. »
Comment vous organisez-vous lors des gros pics
saisonniers ?
GF : « C'est un de nos savoir-faire, c'est de savoir
s'adapter. Entre aout et décembre le rapport d'activité est entre
2 et 2,5. C'est faire appel à des moyens supplémentaires
provisoires, c'est mettre en place des régimes d'organisation
particuliers notamment avec la neige de l'hiver dernier qui a bien
perturbé l'organisation, Ce sont des capacités d'adaptation, des
ressources spécifiques, des capacités de tri
supplémentaires, sachant que Noel se prépare à partir du
mois de avril-mai. Plus les années avancent, plus le seuil
d'activité haut est atteint tôt, l'année dernière le
pic se situait à la 3e ou 4e semaine de novembre alors que
les années antérieures c'était plutôt début
décembre. »
Le système de consignes automatisées
connait un succès plus franc en Allemagne. Comment expliquez-vous cette
différence avec la France ?
GF : « On devrait passer avec Cityssimo au-dessus des 100
000 colis cette année. On est sur des volumes en progression sur deux
chiffres en 2010 et 2011. Il y a eu une augmentation significative du nombre de
colis livrés en Cityssimo parce que justement So Colissimo le propose
d'entrée contrairement au process antérieur.
On n'est pas sur le même marché que le marché
allemand. D'abord on est sur un marché avec des volumes qui n'ont rien
à voir avec une population plus importante (plus de 20% que la
population française). On a un marché du colis qui est 2 fois
plus important en Allemagne. Historiquement la vente à distance
allemande était plus importante. Ensuite les Packstations de DHL
remplacent finalement les bureaux de poste d'instance parce qu'aujourd'hui
DeutchPost a de moins en moins de bureaux de poste. Les Packstations sont
devenus une alternative à l'instance. Après il y a eu un
investissement massif de DHL. Les modèles économiques
français et allemands des consignes automatisés sont
différents parce que les Packstations sont des automates
extérieurs, installés sur le trottoir, ce qui n'est pas le
modèle qu'on a retenu en première approche. Quand je lis la
presse, je note qu'il y a un grand succès d'usage mais je ne vois pas de
grande satisfaction économique. Je ne suis pas certain
qu'économiquement on soit sur des solutions qui soient moins couteuse,
voir aussi coûteuse que la livraison à domicile.
Le vrai problème de Cityssimo aujourd'hui est aussi dans
le modèle économique. »
Existe-t-il des projets de développement de
consignes Cityssimo ?
GF : « Pour l'instant, non. On est plutôt sur une
poursuite de l'expérimentation. Aujourd'hui le seul modèle
économique viable sur les consignes automatiques dans le monde c'est un
modèle estonien que la poste finlandaise va lancer sur laquelle on a une
structure qui est légère, plutôt en bois, dans des galeries
commerciales, et sur des marchés ou les standards de livraison sont des
marchés plutôt hors domicile que domicile. La livraison à
domicile en Finlande et en Estonie est plutôt un standard
complémentaire. Ce sont des modèles qui sont totalement
opposés aux nôtres.
Les Packstations font du retrait mais aussi du dépôt
alors les Cityssimo font que du retrait. L'investissement du Cityssimo est
lourd parce qu'on a décidé de mettre en place des choses
très sécurisées. On n'a pas de plan de
généralisation en cours mais on réfléchit à
des mises en place de Cityssimo en externe comme les gares SNCF, gares tramway,
parkings ; des sites un peu moins sécurisés.
Les consignes automatiques correspondent bien à un usage
mais cela implique un lourd investissement de La Poste. Mais ce n'est pas
adapté aux pics. »
L'année 2009 a accusé un déficit du
chiffre d'affaires pour ColiPoste. En quoi cela correspond ?
GF : « 2009 correspond à une grosse chute de la
vente par correspondance de la part de la Redoute, les 3 Suisse. Quelle
Deutschland a disparu en 2009, Quelle France a été
racheté. La Camif a disparu. ColiPoste en 2009 a subit l'effet crise
avec une baisse macro-économique sur la consommation. »
Annexe 2. Entretien avec Emmanuel Maillet -
Kiala - le 6 septembre 2011
Entretien Kiala
Emmanuel Maillet (EM) : « Kiala a racheté le
réseau A2pas, recrute des points relais en direct. Historiquement Kiala
s'est adossé sur le réseau Mondial Relais. Aujourd'hui Kiala a
voulu prendre son indépendance et a besoin d'innovation et il s'est
avéré que Mondial Relay était dans une optique
différente car appartient à un groupe, les 3 Suisses, et en
quelques sorte n'est pas indépendant. Kiala est un groupe
indépendant, a besoin d'innover avec des investissements de 2 millions
d'euros dans la recherche technologie, dans l'innovation. On a envie de servir
au plus près tous les acteurs du e-commerce. On a quasiment tous les
pures-players, tous les FAI, tous les acteurs du multi-canal... On
développe pleins d'applications et on a envie d'avoir la main totale sur
notre réseau. »
Pour quelle(s) raison(s) Kiala s'est associé avec
Mondial Relay en 2003 dans une optique où Kiala n'avait pas la main sur
le réseau, positionnement différent des modèles belges ou
hollandais qui gèrent en direct ses points relais ?
EM : « Je n'y étais pas en 2003 donc je ne peux
pas vous parler de tout l'historique. Je m'occupe du marketing, du business
développement, des relations extérieures. D'un point de vue
technique je ne peux pas vous donner tout l'historique. Ce qui s'est
passé à l'époque ; Kiala a démarré en
Belgique, au Benelux et est venu en France. Et en France on ne pouvait pas se
permettre de démarrer sans
réseau. On ne pouvait pas faire une création ad hoc
et recruter des commerçants au fil de l'eau comme on a pu le faire en
Belgique. La Belgique est plus petit donc c'est un laboratoire, la Poste belge
est déplorable, la Belgique a la Poste la pire au monde. Il y avait donc
de la place pour créer des points relais.
Kiala n'a pas inventé le relais mais l'a
industrialisé, l'a modernisé, l'a informatisé. Et
là-dessus on est vraiment les leaders. La technologie c'est Kiala.
Mondial Relay apportait son réseau, son plan de transport, son mapping.
Et là c'est une fin de vie, la fin des fiançailles, chacun a prit
son indépendance.
Et on avait aussi signé un accord avec Presstalis. On
avait donc 2 canaux de distribution : Presstalis et Mondial Relay. Presstalis
nous offrait des tournées, livre à l'heure, comme la presse est
livrée à l'heure, et on a pu développer et accentuer la
densité de notre réseau grâce à Presstalis avec un
vivier d'environ 30 000 relais. Comme il y a 30 000 bureaux de presse. Sans
compter tous les réseaux qu'on est entrain de développer en
propre, qui nous appartient, qu'on équipe, qu'on anime, qu'on suit
à tous les niveaux. »
Présentez-vous
EM : « Je m'appelle Emmanuel Maillet, je m'occupe des
relations extérieures, du développement commercial. J'ai
été Key Account Manager (commercial senior).
60% de la population de Kiala ce sont des informaticiens, des
développeurs. »
J'ai trouvé intéressant de travailler sur
Kiala car vous êtes innovant et vous affichez des taux de croissance
forts.
EM : « On suit la croissance du e-commerce. Vous regarderez
sur le site de la FEVAD. On a tous les pures players, les plus gros : Amazon,
Cdiscount, Sarenza, Spartoo, Oscaro, Zalendo, les 3 fournisseurs d'accès
à Internet (Orange, Free, SFR), on échange les box, on a beaucoup
d'enseignes du multi-canal qui s'aperçoivent que la vente sur internet
est une activité supplémentaire. On a tous les acteurs du multi
canal : Zadig et Voltaire, Tati, IKKS, La Halle, Quicksilver qui est une offre
européenne (Kiala travaille avec eux en Espagne, en France ...).
»
Considérez-vous que la part des 15 à 20%
des livraisons hors domicile (via un point relais par exemple) va
s'améliorer dans les prochaines années ?
EM : « On est le poil à gratter de La Poste, on est
un aiguillon parce qu'on est très dynamique. La part de marché
des livraisons hors domicile va augmenter parce que les consonautes vont
vouloir chercher leur colis quand ils veulent et ou ils veulent. Ils
choisissent le moment ou ils se font livrer.
Ce qui était anxiogène auparavant était le
paiement. Avant lorsqu'on commandait sur internet on était
stressé par le mode de paiement. Maintenant ce qui stresse les gens
c'est la livraison. Ils ne peuvent pas se faire livrer chez eux parce qu'ils
n'y sont pas, ils ne peuvent pas se faire livrer au travail et le samedi matin
ils ont d'autres choses à faire que la queue à La Poste.
Et en plus on est moins cher qu'une livraison à domicile.
Vous pouvez chercher votre colis pendant 2 semaines, vous allez chercher le
colis ou vous voulez et quand vous voulez. Et même en vacances
quand vous louez une maison à Clermont Ferrand ou à
Montpellier par exemple vous pouvez commander sur internet et vous faire livrer
en relais. Par contre vous ne pouvez pas vous faire livrer à domicile
parce que vous n'êtes pas chez vous. Me relais, c'est le confort
absolu.
Et on a la visibilité du colis c'est-à-dire qu'on
sait quand le colis est arrivé.
Donc je pense très honnêtement que les relais vont
prendre des parts de marché à La Poste. »
Quelle est la place de l'e-commerce dans
l'activité de Kiala ?
EM : « C'est l'essentiel de notre activité. On livre
un peu de la VAD traditionnelle mais très peu (Dammart, les Bergers de
France), du téléshopping (M6 boutique, Paris Première)
mais c'est vraiment l'e-commerce. »
Quel est sa part dans l'activité de Kiala
?
EM : « Je ne sais pas. C'est une grosse majorité.
»
Pensez-vous développer un jour un système
de consignes automatisés ?
EM : « Pour le moment non. Par contre on a des pilotes en ce
moment avec la SNCF. On est les premiers à le faire ; on a signé
des accords avec la SNCF pour livrer dans les gares. On a deux pilotes Kiala :
gare de l'est et gare Montparnasse. Et on a une autorisation spéciale
malgré le plan Vigipirate pour livrer des colis. »
La stratégie de s'associer avec Presstalis (Ocyto)
en 2009 était-elle définie pour répondre au produit So
Colissimo de ColiPoste ?
EM : « Kiala ne se positionne pas par rapport aux autres.
C'est une volonté du business développement tout simplement,
c'est la volonté d'étendre son réseau. Les atouts de Kiala
c'est sa technologie en numéro 1 et c'est son réseau. C'est un
effet de levier, une source de développement. Presstalis a
été confronté à la crise de la presse papier et a
besoin aussi de relais de croissance. Ils se mettent à livrer des DVD,
des bonbons, des colis Kiala. C'était une idée d'optimiser le
dernier kilomètre et de massifier les flux. »
Vous vous développez indépendamment de ce
qui se passe autour de vous
EM : « Oui. C'est la vérité. On écoute
ce qui se passe sur le marché, on écoute ce qui se passe autour
de nous. Il y a énormément de retour d'expériences. Il y
en a ce qui sont à la V2 nous on est à la V12 sur certaine chose
avec des applications sur la traçabilité de colis, la
géo-localisation d'un relais ... Avec un outil « Local and Select
», on choisit, on sélectionne pour renseigner une adresse postale
et de manière intelligente et pertinente le logiciel va vous donner le
relais le plus proche. C'est une application qui est brevetée comme
beaucoup d'applications (la solution retour +). On a beaucoup eu de
trophées, on a dans nos gênes une philosophie très start-up
et très développement. Un peu Silicon Vallée sans
arrogance. On est très fier.
La solution retour + est la création d'une
étiquette intelligente que le client colle sur le colis pour le
retourner aux e-marchands. Ca permet aux e-marchands d'anticiper le retour, ils
gèrent comme ça son stock, ils peuvent renvoyer autre chose et
ils peuvent rembourser. C'est un facilitateur extrême. »
Et concernant votre logistique
EM : « On a deux hubs ; à Lisses avec Neolog et
Decines dans la banlieue de Lyon. On va chercher les colis et on livre, on
ventile les colis dans les hubs en fonction des régions. Après
c'est dispatché dans d'autres centres de tri. Au départ c'est de
la route après c'est de la camionnette. Par moment chez Oscaro on peut
avoir à quai 2 semi-remorques de pièces automobile. Ca
cartonne.
On s'adapte aux clients qui sont très variés (Tati,
Oscaro, etc.). C'est la force de Kiala. On traite jusqu'à 150 000 colis
par jour. »
Allez-vous proposer un jour la solution Kiala aux petits
cybermarchands (comme le fait So Colissimo) ?
EM : « De manière très claire, on n'est pas
très cher en intégration, simplement comme on est une solution
low cost il faut qu'il y ait du volume. Plus on a de colis, moins vous payez
cher. On est très attiré par les belles enseignes. Il y en a
qu'on a accompagné, il y avait des enseignes avec peu de colis comme
Etam. On les a accompagné dans leur croissance. On vient de signer avec
Darty,
Zalendo, Zadig et Voltaire. Darty a très peu de colis
aussi. On est très innovant ; aujourd'hui on peut même chercher
des colis dans une boutique de Darty.
Il y a beaucoup de petits commerçants qui souhaitent
intégrer Kiala. Pourquoi ? Parce que Kiala est une marque, Kiala est
reconnu, il y a des opérations marketing. On nous reconnait, on fait
des
opérations media. Quicksilver est venu nous voir parce
qu'on est une marque, une valeur ajoutée, une technologie, un
réseau.
Il y a aussi des coûts économiques. Pour qu'on livre
les gens s'il y a trois colis qui se battent en duel vous voyez ce que je veux
dire... C'est une question économique.
Aujourd'hui j'ai même une vingtaine de clients en prospect,
d'acteurs majeurs du e-commerce qui réfléchissent en ce moment.
»
Qui est pour vous le plus grand concurrent de Kiala
?
EM : « A mon avis le plus grand en taille c'est La Poste. La
Poste est nationalement reconnue et elle est un reflexe de la population
française. On l'a vu lorsqu'on a retiré des bureaux de poste dans
les villages on s'est inquiété. Apres il faut comparer ce qui est
comparable. Kiala est né en 2001 d'une page blanche avec un chiffre
d'affaires de rien du tout. Aujourd'hui on est à plus de 50 millions de
CA, ça n'a rien à voir avec La Poste. Et puis on est le seul
opérateur indépendant dédié aux colis.
On transporte des colis aussi en logistique pure, on ne fait pas
que rêver. Il y a des aspects opérationnels très
importants. »
Le transport express est-il un concurrent sérieux
pour Kiala ?
EM : « On n'est pas dans le même milieu. Nous on est
dans le J+2. Ce n'est pas le sujet. Après on peut développer avec
eux, on a pleins de projets. »
Votre positionnement sur le CtoC
EM : « On y travaille, notamment avec Ebay. »
Comment réagissait vous envers Mondial Relay et
sa stratégie de proposer en direct ses solutions aux cybermarchands, ce
qui auparavant par vos accords ne pouvaient pas se permettre ?
EM : « Maintenant ils sont libres de le faire. Moi je ne les
connais pas. C'est la fin d'une histoire. Estce qu'ils ont les arguments pour ?
Est-ce qu'ils ont la technologie ? C'est l'avenir qui nous le dira.
Ce qu'il faut savoir c'est qu'on représentait plus de la
moitié des flux de Mondial Relay. Donc aujourd'hui les relais se disent
« c'est bizarre aujourd'hui je n'ai plus de colis Nespresso, je n'ai plus
de colis Amazon, je n'ai plus de colis Sarenza, je n'ai que les 3 Suisses
».
Les relais ont intérêt à avoir du trafic. Ce
que je peux vous dire c'est que beaucoup d'anciens relais nous appellent pour
être Kiala. »
Votre avis sur l'appel d'offre de La Poste pour
constituer son réseau de point relais et son intention de retenir
Mondial Relay et Exapaq
EM : « D'abord La Poste a été
débouté. Ensuite Denis Payre qui fait partie des membres de
l'Autorité de la Concurrence s'est retiré de ce Comité
pour qu'il n'y ait pas de conflit d'intérêt. Kiala a saisi
l'autorité de la Concurrence et a attaqué La Poste pour position
dominante. Pour votre information Christine Lagarde qui était Ministre
de l'Economie a suivi Kiala. Par ailleurs La Poste s'est octroyée
à la marge 160 millions d'euros d'argent public pour augmenter son
business. »
Ouvrir un relais pour un commerçant lui permet de
développer un chiffre d'affaires complémentaire, à combien
ce CA peut-il monter ?
EM : « Ca peut constituer un 13e mois. Le
commerçant est rémunéré des centimes pour un colis,
quand c'est un échange c'est plus cher (les box par exemple). »
Quel est pour vous le plus gros inconvénient de la
livraison hors domicile ? EM : « Les points relais sont
limités par le volume et le poids »
Qu'est-ce qui vous fait démarquer des autres
enseignes de points relais ?
EM : « On se distingue par la technologie qu'on a
développé, notre système d'information, notre
réseau. Et nous sommes une marque »
Quelle est la tendance de croissance de votre CA en 2011
? EM : « A deux chiffres ... »
Vous parlez de finir le recrutement en direct de 1000
points relais à la fin de l'été. Qu'en est-il ?
EM : « La fin du recrutement des points relais est fixée
pour la fin du mois de septembre. »
Annexe 3. Entretien avec Bruno Mandrin - Geodis
- le 7 septembre 2011
Bruno Mandrin est le directeur de la Division Messagerie et
Express de Geodis Quelle est la stratégie de Geodis dans le
cadre de votre partenariat avec Kiala ?
Bruno Mandrin : « Le principe de fond du système avec
Kiala est une alliance stratégique. C'est un échange de
stratégie et d'expertise. Kiala a souhaité travailler avec des
gens qui ne soient pas des concurrents, Kiala s'est appuyé sur Mondial
Relay qui était aussi son concurrent et un moment ça lui posait
un problème, ce qui est assez logique. La 2e chose :
l'approche de Kiala est d'améliorer considérablement sa
performance, le service. Il a crée des services pour coller de plus en
plus au besoin du consommateur. Et il ne pouvait pas le faire avec Mondial
Relay parce que le mode de fonctionnement avec Mondial Relay ne le permettait
pas. Et en plus Kiala renforçait son concurrent à chaque
étape de son développement. Kiala avait besoin de sortir de
Mondial Relay et trouver un autre opérateur et partenaire logistique.
Kiala c'est quoi ? C'est une approche marketing tout à
fait pertinente et un système d'information qui est assez balèze,
ce qui est assez logique de la part des anciens fondateurs de Business Object.
La 1ère particularité de Kiala : c'est la capacité
à prendre des informations, à savoir les trier, à savoir
les adressé au bon endroit à la fois aux points relais
concernés, aux cybermarchands et aux
consommateurs par SMS, etc. Et il gère aussi toute la
logistique du retour. La 2e particularité : Kiala a un
rôle d'animation, de formation, de contrôle des réseaux de
points relais et aussi de gestion préalable d'optimisation de ces points
relais. Son système permet par exemple d'identifier la capacité
de stockage d'un point relais et en cas de saturation il va l'interdire
automatiquement pour que le consommateur soit obligé de prendre un autre
disponible. Un point majeur des points relais concerne la surcharge, surtout si
on a des volumes de colis important à l'unité. La 3e :
la communication. Ils sont très bons. La 4e : leur
capacité de tri à Lisses et Decines qui sont assez performantes
et qui nous permette d'optimiser une partie des coûts car je ne
transporte pas des colis je transporte des conteneurs. Il n'y a pas le
problème insupportable de l'équation du coût du e-commerce
BtoC.
C'est un leader pour moi. Il est entrain de développer
l'UK, il est implanté au Benelux, il est implanté en
Espagne...
Il avait besoin effectivement d'un opérateur. Geodis est
un groupe complet de présence mondiale (62 pays) et on est
organisé en 5 divisions différentes : Freight Forwarding (Geodis
Wilson), Logistics avec 4 millions de m2 dans le monde, la division
Route (Geodis Bourget-Montreuil), Geodis Calberson et la division Supply Chain
(avec la gestion de la logistique In & Out d'IBM).
En tant que division messagerie et express, on se doit de
créer le maillon qui permet à tous les clients dans le monde
d'avoir accès à une organisation compétitive en termes de
BtoC.
Lorsqu'on s'est rencontré avec Denis Payre je lui ai
dit que ce qui m'intéresse c'est de créer une alliance
stratégique c'est-à-dire moi je mets les moyens et je mets en
place une organisation pour répondre à ses besoins de
développement et puis ensemble on réfléchit sur le
développement du BtoC et CtoC.
Sur le plan physique on s'appuie sur le réseau France
Express. France Express est un peu particulier car c'est un GIE ; chaque agence
est une entreprise. Geodis représente 88% du CA de France Express. Et on
a la particularité d'avoir une proximité forte dans la
géographie française. On a parfois 2 , voir 3 agences dans un
même département dans certains cas. Et on a un niveau de
performance élevé ; on livre 80% des expéditions avant 10h
du matin et surtout on a la capacité de livrer 2 fois par jour et
partout. On croit toujours que c'est de la « daube » mais pas du
tout. Ca a plusieurs intérêts : ça permet dans le cadre par
exemple des pièces détachées automobile d'être
livrer rapidement : si j'enlève la marchandise à Amiens le matin
je peux livrer Roubaix, Lille, Beauvais, Reims l'après-midi. Le
2e intérêt c'est la sécurisation. Temps en temps
il y a des embouteillages sur la route, des problèmes,
etc. et si j'ai un camion qui va arriver
trop tard dans l'agence de livraison - je ne vais pas faire attendre les autres
camions pour livrer - je vais au pire je vais livrer à 14h alors que
tous les concurrents vont livrer le lendemain. Face à n'importe quelle
anomalie qui fait que j'ai du retard, j'ai au pire, par rapport à mes
engagements de livrer avant 12h, une heure ou deux heures de retard alors que
les concurrents en ont 24h.
Moi ce qui m'intéresse c'est de construire ensemble
même s'il faut modifier les choses dans l'organisation, dans le
système d'information. Moi je construis l'offre e-business BtoC en
m'appuyant sur Kiala. Je n'ai pas du tout une attitude de fournisseur. J'ai une
attitude de partenaire proactif. Je dis là on peut faire ça, sur
ça on peut faire ça... Il est clair que la performance nous est
favorable à tous les 2. »
Je comprends mieux l'expression « partenaire
pro-actif » que je lis dans la presse
BM : « On a toujours l'image du gros camionneur. Et c'est
difficile de sortir de cette image. Et, sans doute, on n'a pas fait ce qui
fallait dans le temps pour avoir une autre image.
1 je suis leader 2 je gère une entreprise publique et
à ce titre j'ai un double devoir d'être exemplaire dans la
réponse à l'éco-mobilité qui est le fer de lance de
l'ambition de la SNCF, je me dois d'être au plus près de mon
client citoyen et je me dois d'améliorer la vie des gens en ville. Donc
je dois répondre à l'évolution du besoin du consommateur,
en même temps je dois trouver des réponses à des
équations économiques complexes, je dois répondre à
des besoins écologiques et de respect de l'environnement. Quand je parle
d'environnement en ville, pour le citoyen c'est plus le bruit que le
carbone.
J'ai lancé DistriPolis cette année avec le concept
de mieux vivre en ville. Ce modèle me permet de réduire de 30% le
nombre de véhicules en ville, de 10% le nombre de km et de mettre des
porteurs VL électriques ou des triporteurs électriques. Il n'y a
que moi qui sais faire ça sur le marché. Je vais livrer les
points relais avec ça. J'ai commencé sur Paris avec bientôt
25 véhicules à la fin de l'année et je suis entrain de
l'imaginer à Lille, Toulouse, Strasbourg, etc. Je travaille avec les
collectivités locales. J'apporte une image à Kiala qui est
différente avec ce type de véhicule. Je lui donne quelque part
cette image. Et lui va pouvoir vendre à ces clients cette image
zéro bruit, zéro pollution. Après j'ai des moyens pour
livrer la nuit, le samedi matin.
On réfléchit à créer un service avec
Kiala pour mettre mes agences en points relais pour les colis lourd et
volumineux. C'est un sujet en cours de discussion.
Je suis entrain de mettre en oeuvre avec DistriPolis 8 bases
qu'on appelle BLUE, Base Logistique Urbaine et Economique. Il en existe une
à Montparnasse. Ces bases à termes peuvent être des points
relais pour ce type de produit, etc.
Les véhicules électriques coutent 3 fois plus cher
qu'un véhicule normal. Une fois que j'ai tout optimisé le nombre
de véhicules, le nombre de km etc. je passe de base 300 à 130. Et
cette optimisation me permet d'investir sur le véhicule
électrique même si c'est plus cher à l'achat. J'ai
commandé 90 véhicules en tout.
Avec Kiala on fait des ateliers marketing, production,
informatique et on réfléchit ensemble. Kiala a ses
capacités informatiques, ses capacités d'animation, son
réseau, ses capacités de tri, etc. Et moi j'ai les
capacités en termes de puissance immobilière, des moyens
véhicules, mes capacités d'investissement, etc. On est entrain de
travailler ensemble.
Les comparateurs de prix sur internet font que les consommateurs
sont sensibles au prix et je dois donc de proposer des prix de vente
compétitifs. Il faut qu'on soit plus inventif que les autres pour
trouver des méthodes et des moyens qui fassent qu'on puisse être
compétitif.
Auparavant on a lancé un relais qui s'appelle Top Relais
de France Express avec A2pas et moi ma position était claire : je ne me
bats pas sur les prix, je me bats sur le service. J'ai un produit qui sera
là demain avant midi garantie. On a essayé de faire comprendre
aux acteurs du e-business qu'on ne cherche pas à être le moins
cher ; ce qu'on souhaitait c'était être en second choix en relais
colis dans les sites en ligne : j'ai un produit qui sera là avant demain
midi garantie. Et ça vaut 5 € ou 10 € de plus. Le consommateur
choisit. Ca n'a pas bien marché parce que c'est de notre fait, on n'a
pas travaillé sur les aspects économiques. »
Comment fonctionne les interfaces entre vos
systèmes d'informations et ceux de Kiala ?
Figure 26. Flux d'informations générés par
les différents acteurs du consommateur au point relais en passant par
Kiala et France Express
Source : Bruno Mandrin, entretien du 7 septembre 2011
Considérez-vous que la part des 15 à 20%
des livraisons hors domicile (via un point relais par exemple) va
s'améliorer dans les années à venir ?
BM : « Si je ne le pensais pas, je ne le ferais pas
(s'associer à Kiala). La livraison à domicile coûte de
l'ordre de 15 euros en raisonnant service rendu (qui est différent du
service vendu).
Ce prix n'est pas psychologiquement insupportable pour le
e-consommateur parce que 15 € en moyenne par rapport à un panier
moyen de 120 euros ça représente 13%.
On a réfléchit aux problèmes de la
logistique urbaine, les modes de vie évoluant, pour que ça soit
simple pour les gens et qui ne soit pas cher. La livraison dans un point relais
est une solution. Un point relais, c'est un endroit ou je peux stocker de
manière sécurisée un colis et qui a des heures compatibles
avec les heures libres des consommateurs. C'est pour ça que les bureaux
de tabac étaient intéressant à l'époque car
ça ouvre tôt, ça ouvre tard, le samedi voir le dimanche...
C'était très intéressant sauf qu'il y avait un
problème par rapport aux parents qui envoient ses enfants dans un tabac
pour récupérer un colis comme ça pue le tabac et il y a de
l'alcool. Les marchands de la santé ou de la cosmétique ne
voulaient pas passer par le tabac.
L'intérêt pour le relais c'est d'avoir une
clientèle supplémentaire qui en profite pour acheter autre chose.
C'est un chaland.
Moi je n'étais pas allé chercher le cybermarchand
au départ. Mais il s'avère que mes plus gros clients comme France
Telecom avait une partie de leur activité en e-business et qu'entre 15
et 18% de mes livraisons étaient au particulier à domicile. Et
sur cette livraison au particulier je ne gagne pas d'argent. Donc je cherche un
moyen qui me permet d'avoir des services de livraison à des coûts
moins élevés puisqu'au lieu de livrer un colis chez une personne,
je vais livrer 10 ou 20 colis dans un même
endroit. »
Qu'en est-il du réseau de point relais de France
Express « Top Relais » (A2pas) ?
BM : « Top Relais existe toujours sauf que ça
s'appelle Top Relais by Kiala. Ca ne change rien puisque Kiala a racheté
A2pas. »
Présentez le réseau de point relais de
Ciblex « C Dispo » (A2pas) ?
BM : « C'est un réseau professionnel, un point relais
professionnel. C'est ce qu'on appelle un puit d'eau. C'est un point qui ouvre
très tôt le matin. On fait la livraison en général
la nuit et on met à disposition la marchandise très tôt
comme les pièces de rechanges pour les techniciens de maintenance, pour
les techniciens informatiques, électroniques, etc.
Il y avait 270 points relais A2pas qui avaient cette
capacité là. Aujourd'hui on va travailler pour maintenir ce
nombre. »
De quelle façon les commerciaux de Geodis
commercialiseront l'offre Kiala ?
BM : « Le réseau Geodis a un porte feuille client
de l'ordre de 60 000. Kiala doit avoir une centaine de clients mais ce ne sont
que des gros comptes. Moi je me suis engagé auprès de Kiala pour
proposer à mes clients la prestation Kiala quand il s'agit des
livraisons vers les consommateurs terminaux.
J'ai 2 prestations possibles :
- la prestation classique Kiala
- et la prestation beaucoup plus rapide qui consiste à
« shunter » physiquement les prestations de Kiala (capacité de
tri des hubs Kiala) et d'aller directement livrer les hubs et les agences
France Express. En revanche je vais utiliser toute la plate-forme informatique
de Kiala dans le cadre des informations vers les consommateurs et les
cybermarchands.
Il y a bien entendu des relations entre les 2 services
commerciaux. »
Annexe 4. Fiches techniques des activités
colis
et express de La Poste,
et de quatre enseignes de points relais
1. ColiPoste
Chiffres clés en 2010
Chiffre d'affaires : 1 443 M€
Effectifs : 6500
Nombre d'entreprises clientes : 35 000
Nombre de colis traités en 2009 : 253
millions
Figure 27
. Evolution du chiffre d'affaires de ColiPoste entre 2003
et 2010 (en millions €)
1600
1400
1200
1000
400
800
600
200
0
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
1045 1097 1155
1238
1330
1412 1361
2010
1443
Source : La Poste
2. GeoPost
Chiffres clés en 2010
Chiffre d'affaires : 3 398 M
€ (dont 958 M€ en France avec 293
M
€ pour Exapaq et 665 M€
pour ChronoPost)
Effectifs : 20 000
Nombre de hubs et dépôts : 830
Nombre de clients : 310 000
Nombre de véhicules : 26 000
Figure 28 . Evolution du chiffre d'affaires de GeoPost
entre 2003 et 2010 (en millions €)
4000
3398
3500
2932
3000
2534
2387
2500
2194
2000
1500
1000
500
0
3171 3292 3093
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
2010
Source : La Poste
3. Sogep
Chiffres clés en 2009
Chiffre d'affaires : 130 M€
Effectifs : 750
Nombre de hubs : 4 hubs nationaux
Agences régionales : 26
Nombre de véhicules : 800
Commerçants partenaires : 4 000
Nombre de colis livrés par an : 25 millions
Nombre de colis livrés par an en 1996 :
28 millions
Figure 29
. Evolution du chiffre d'affaires de Sogep entre 2002 et
2009 (en millions €)
2009
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
160
140
130,0
113,8
120
104,1
100
80
60
40
20
0
124,4 129,2 128,4 130,2 135,0
Sources : Sogep, presse professionnelle
4. Mondial Relay
Chiffres clés en 2010
Chiffre d'affaires : 100 M€
Effectifs : 550
Nombre de hubs : 4 hubs dont 2 en France
Agences de distribution : 26
Transporteurs : 1000
Points relais dans le monde : 6 000 dont 4 300
en France
Nombre de colis livrés par an : 40 millions
Figure 30
. Evolution du chiffre d'affaires de Mondial Relay entre
2007 et 2010 (en millions €)
120
100
100
80
60
40
20
0
2007 2008 2010
70
81
Sources : Mondial Relay, presse professionnelle
Figure 31 . Activités de Mondial Relay
Mondial Relay
Livraison de colis à domicile (Home)
Livraison de colis en points relais (Points
Relais)
Solutions d'envois et de réception de colis
(C.pour Toi)
5. A2pas
Chiffres clés en 2009
Chiffre d'affaires : environ 6 M€ Nombre de points relais :
3 100 Nombre de commerçants : 12 000
Nombre de colis distribués par an : 5 millions
6. Kiala
Chiffres clés en 2010
Chiffre d'affaires : 47,2 M€
Nombre de points relais en Europe : 7 000 (dont 5 600 en France)
Nombre de colis livrés par an : 17 millions (dont 12 millions en France)
Hub français à Lisses et Decines
Annexe 5. Le parcours d'un colis en image, du site marchand au
point relais Kiala (dans le cadre de l'ancien partenariat avec Mondial Relay
entre mai 2003 et juillet 2011).
Source : Journal du Net
Planche 3. Kiala centralise dans son hub national, à
Lisses, les colis récupérés auprès des
cybermarchands par le biais du transporteur Geodis BM
Un transporteur de Geodis BM arrive de sa tournée chez
plusieurs cybercommerçants. Il est 18h environ, il décharge ses
colis au hub national de Kiala à Lisses (91)
Planche 4. Un 1er niveau de tri, par agence régionale
Déchargés sur un tapis roulant, les colis subissent
un premier niveau de tri. Ils sont répartis dans 23 chariots
correspondant aux 23 agences régionales de Mondial Relay
Planche 5. L'étiquette normalisée pour tous les
cybermarchands
Les cybermarchands ont préalablement apposé aux
colis une étiquette normalisée Kiala. L'opérateur sait
donc que ce colis doit être envoyé à l'agence
régionale 930, à Montreuil
Planche 6. Un 2ème niveau de tri, par tournée de
livraison
Emporté vers une deuxième zone de tri, chaque
chariot est réparti dans des "conteneurs ". Chacune correspondra
à une tournée de livraison au départ de l'agence
régionale
Planche 7. A chaque opération, le colis est
scanné
A chaque opération - déchargement, tri, etc., la
position du colis doit être connue. Ici, l'opératrice scanne le
paquet grâce à une bague qui n'entrave pas ses mouvements
Planche 8. Avant expédition, chaque conteneur est
contrôlé
Une fois rempli, chaque conteneur fait l'objet d'un
contrôle de son contenu et de sa destination. Fermé avec deux
scellés numérotés, il est prêt à être
expédié
Planche 9. Départ des colis vers les agences
régionales (opération de chargement)
Le camion (Geodis BM ou TAT Express) se met à quai, un
opérateur y charge les conteneurs correspondant à l'agence
régionale où il va. Selon l'éloignement de celle-ci, il
part entre 17h et 22h
Planche 10. Arrivée en agence régionale chez
Mondial Relais
L'agence régionale reçoit le camion entre 1h et 6h
du matin. Ici, l'agence de Montreuil, pris en charge par Mondial Relais
Planche 11. Un 3ème niveau de tri, par point relais
Opération de cross-docking : chaque conteneur est ouvert
et son contenu réparti dans de grands sacs en plastique. Chaque sac
correspond à un point relais
Planche 12. Le camion de livraison part en tournée
Le conducteur (ici 1 parmi les 800 transporteurs partenaires de
Mondial Relay) charge les colis. Ceux qui desservent les zones
éloignées partent en premier, pour que toutes les zones
commencent à être livrées vers 10h30
Planche 13. Arrivée du camion à un point relais
Le livreur dépose à chaque point relais de sa
tournée les colis qui lui reviennent. En région parisienne, 70%
des commandes sont livrées avant 15h
Planche 14. Le point relais accuse réception des colis
Le gérant du point relais ouvre les sacs et scanne tous
les colis avec son PDA. Kiala peut alors envoyer une notification au marchand
ou aux clients finaux
Planche 15. Le point relais remet un colis au client
Le point relais contrôle l'identité du client,
scanne le colis et le remet à l'acheteur, qui appose sa signature sur le
PDA
Tables
Table des figures
Figure 1. Evolution des ventes en ligne aux particuliers entre
2000 et 2010 (en milliard d'euros) 8
Figure 2. Evolution de la part du e-commerce dans la consommation
totale des ménages (en %) entre 2000 et 2010 9
Figure 3. Le dynamisme du e-commerce 10
Figure 4. Evolution du nombre de sites de commerce en ligne
actifs entre 2003 et 2010 11
Figure 5. Répartition des ventes en ligne par
catégorie de produits / services en 2009 11
Figure 6. Evolution du nombre d'internautes et de cyberacheteurs
entre 2005 et 2010 12
Figure 7. Evolution du nombre de transactions par cyberacheteur
entre 2005 et 2010 12
Figure 8. Planification de la tournée de livraison
à domicile 17
Figure 9. Le fonctionnement des points relais 26
Figure 10. Composition du réseau de commerçants
relais de Relais Colis 29
Figure 11. Le fonctionnement du réseau de points relais de
Kiala avec le partenariat Mondial Relay 34
Figure 12. Les différents transporteurs dans le
schéma de livraison des points relais de Kiala 35
Figure 13. Le fonctionnement du réseau de points relais de
Kiala avec le partenariat de Presstalis 36
Figure 14. Evolution du chiffres d'affaires du groupe Kiala entre
2002 et 2010 (en millions d'€) 37
Figure 15. Le fonctionnement du réseau de points relais de
Kiala avec le partenariat de France Express depuis juillet 2011 42
Figure 16. Tarification de l'offre C.pour toi par rapport
à un envoi Colissimo 43
Figure 17. Evolution du chiffre d'affaires, du nombre d'envois et
du tonnage de l'express national entre 1994 et 2011 49
Figure 18. Evolution du chiffre d'affaires de La Poste dans les
activités courrier et colis entre 2004 et 2010 50
Figure 19. Profil des cyberacheteurs (1er trimestre
2008) 53
Figure 20. Le fonctionnement du relais à relais 57
Figure 21. Comparaison des coûts d'exploitation d'une
livraison à domicile (Colissimo) et d'une livraison en point relais
(Sogep) pour un colis de 1 kg 62
Figure 22. Les modes de livraison choisis par le cyberclient en
2009 64
Figure 23. Comparaison des prix de la livraison en point relais
(entourés en rouge), de la livraison à domicile et de la
livraison express sur le site
RueduCommerce.fr en septembre 2011
65
Figure 24. Prix de la livraison en point relais sur le site 3
Suisses.fr en septembre 2011 65
Figure 25. Prix de la livraison en point relais sur le site
Quiksilver.fr en septembre 2011 66
Figure 26. Flux d'informations générés par
les différents acteurs du consommateur au point relais en passant par
Kiala et
France Express 86
Figure 27. Evolution du chiffre d'affaires de ColiPoste entre
2003 et 2010 (en millions €) 88
Figure 28. Evolution du chiffre d'affaires de GeoPost entre 2003
et 2010 (en millions €) 89
Figure 29. Evolution du chiffre d'affaires de Sogep entre 2002 et
2009 (en millions €) 90
Figure 30. Evolution du chiffre d'affaires de Mondial Relay entre
2007 et 2010 (en millions €) 91
Figure 31. Activités de Mondial Relay 91
Table des tableaux
Tableau 1. Principaux contributeurs à la croissance du
e-commerce entre 2005 et 2010 9
Tableau 2. Nombre de visites des principaux sites marchands au
3e trimestre 2010 13
Tableau 3. Réseaux et volumes des principaux acteurs de
points relais en France en 2010 28
Tableau 4. Les actionnaires de Kiala 38
Tableau 5. Evolution du nombre de points relais Kiala depuis 2004
39
Tableau 6. Les transporteurs express qui s'adossent sur un
réseau de points relais 46
Tableau 7. Les leaders de l'express en France en 2009 50
Tableau 8. Les cinq possibilités de livraison que propose
le produit So Colissimo 51
Tableau 9. Profil des cyberacheteurs pour les achats
d'habillements et accessoires en 2006 54
Table des planches
Planche 1. PDA équipé d'un lecteur de code à
barres (exemple de Kiala) 26
Planche 2. Un agent DHL chargeant une consigne automatique
Consignity 48
Planche 3. Kiala centralise dans son hub national, à
Lisses, les colis récupérés auprès des
cybermarchands par le biais du
transporteur Geodis BM 94
Planche 4. Un 1er niveau de tri, par agence régionale
95
Planche 5. L'étiquette normalisée pour tous les
cybermarchands 95
Planche 6. Un 2ème niveau de tri, par tournée de
livraison 96
Planche 7. A chaque opération, le colis est scanné
96
Planche 8. Avant expédition, chaque conteneur est
contrôlé 97
Planche 9. Départ des colis vers les agences
régionales (opération de chargement) 97
Planche 10. Arrivée en agence régionale chez
Mondial Relais 98
Planche 11. Un 3ème niveau de tri, par point relais
98
Planche 12. Le camion de livraison part en tournée 99
Planche 13. Arrivée du camion à un point relais
99
Planche 14. Le point relais accuse réception des colis
100
Planche 15. Le point relais remet un colis au client 100
Table des annexes
ANNEXE 1. ENTRETIEN AVEC GERAUD FELGINES - COLIPOSTE - LE 23 AOUT
2011 75
ANNEXE 2. ENTRETIEN AVEC EMMANUEL MAILLET - KIALA - LE 6
SEPTEMBRE 2011 81
ANNEXE 3. ENTRETIEN AVEC BRUNO MANDRIN - GEODIS - LE 7 SEPTEMBRE
2011 84
ANNEXE 4. FICHES TECHNIQUES DES ACTIVITES COLIS ET EXPRESS DE LA
POSTE, ET DE QUATRE ENSEIGNES DE POINTS RELAIS 88 ANNEXE 5. LE PARCOURS D'UN
COLIS EN IMAGE, DU SITE MARCHAND AU POINT RELAIS KIALA (DANS LE CADRE DE
L'ANCIEN PARTENARIAT AVEC MONDIAL RELAY ENTRE MAI 2003 ET JUILLET
2011). 94
Table des matières
INTRODUCTION ET OBJECTIFS 5
1ERE PARTIE : PROBLEMATIQUES DE LA LOGISTIQUE DU DERNIER
KILOMETRE LIEE AU SECTEUR DU E-COMMERCE EN FRANCE 7
A. LE DEVELOPPEMENT DU E-COMMERCE ET SES CONSEQUENCES SUR LA
LOGISTIQUE 7
1. Les chiffres clés du dynamisme du e-commerce 8
a) Les ventes en ligne aux particuliers ont franchi la barre des
30 milliards d'euros en 2010 8
b) Hausse du nombre moyen de transactions par cyberacheteur 9
c) Multiplication des sites marchands 10
d) Le tourisme largement en tête 11
e) Près des trois quarts des internautes sont des
cyberacheteurs 12
f) Les consommateurs achètent plus souvent sur internet
12
2. Le e-commerce et ses conséquences sur la logistique
13
a) De nouveaux défis pour la logistique 13
b) De nouveaux processus pour la logistique 14
3. L'apparition de nouvelles exigences des clients 14
4. L'émergence d'un modèle logistique
dédié au e-commerce : la e-logistique 15
B. LES PROBLEMATIQUES DE LA LOGISTIQUE DU DERNIER KILOMETRE 16
1. Les contraintes que suppose la livraison à domicile
16
2. Les contraintes liées au cadre législatif et
relatives au e-commerce 17
a) Les contraintes liées au cadre législatif
17
i. La réglementation et la limitation du transport de
marchandises dans les centres-villes 17
ii. Des cybermarchands qui se voient imposer le respect des
délais de livraison annoncés sur leurs
sites 19
b) Les contraintes liées au e-commerce 19
i. Le caractère anxiogène de l'achat en ligne
entraîne pour le cybermarchand le besoin d'informer le
client 19
ii. Disparition du contact avec le commerçant 20
iii. L'importance du facteur prix sur internet avec
l'utilisation des comparateurs de prix 20
3. Les principaux enjeux de la logistique du dernier
kilomètre 20
a) Respecter la législation pour le transport et
l'e-commerce 21
b) Optimiser les coûts logistiques et de transport, et
garantir les délais de livraison au cyberclient 21
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 22
2E PARTIE : LE POINT RELAIS : UN MODE ALTERNATIF A LA LIVRAISON
DE COLIS A DOMICILE 23
A. LE MARCHE DU POINT RELAIS EN FRANCE 23
1. Le point relais, une approche qui a évolué en
trente ans 23
a) Le point relais, une nouvelle forme de distribution du colis
dans les années 1980 23
b) Les années 2000 : une nouvelle approche 24
2. Fonctionnement d'un point relais 24
a) Au niveau client 24
b) Au niveau logistique 25
c) Au niveau du commerçant relais 27
d) Les limites de la solution 27
3. Le poids des principaux acteurs de points relais en France
27
B. ZOOM SUR LE SUCCES RECENT DE L'ENSEIGNE DE POINTS RELAIS DE
KIALA AVEC UNE STRATEGIE EN PLEINE RECOMPOSITION
DEPUIS JUILLET 2011 32
1. L'émergence d'un acteur qui a connu une décennie
de croissance 32
a) Son originalité de départ : l'automatisation du
suivi des colis et des activités de livraison, et la mise
en place de partenariats privés 32
b) La fin du partenariat avec Mondial Relay en juillet 2011 et
le début de la mise en place d'une
gestion directe de ses points relais 33
i. A l'origine Kiala sous-traitait la gestion des points relais
et le transport aval à Mondial Relay 33
ii. La fin du partenariat avec Mondial Relay 35
iii. La mise en place d'une gestion directe des points relais
36
c) Les chiffres clés d'une décennie de croissance
37
2. Kiala adopte en 2011 des nouvelles alliances
stratégiques à la fois dans la gestion des points relais et
dans sa logique de distribution 38
a) La refonte du réseau de points relais s'inscrit dans un
schéma optimisé 38
i. Un nouveau partenariat conclu avec Altadis 38
ii. La poursuite du partenariat avec Presstalis 39
iii. Un processus de recrutement en cours de 1 000 points relais
39
b) L'alliance stratégique nouvelle avec Geodis dans le
cadre du développement de l'activité BtoC (réorganisation
de la distribution, coopération dans les domaines marketing et
commercial, réflexion sur les synergies des points relais respectifs,
etc.) 40
C. LES EVOLUTIONS RECENTES DES ENSEIGNES DE POINTS RELAIS EN
CONCURRENCE AVEC KIALA 43
1. L'apparition inéluctable d'une nouvelle
stratégie de Mondial Relay pour concurrencer Kiala 43
2. La stratégie de La Poste face au développement
du e-commerce 44
a) La Poste élargit ses horaires d'ouverture 44
b) ... et développe sa propre solution de livraison en
point relais 44
3. L'adossement à la solution des points relais par les
expressistes 45
D. LES CONCURRENTS DES POINTS RELAIS 47
1. Emergence des systèmes de consignes automatiques 47
2. Positionnement des expressistes dans le e-commerce avec une
offre de livraison en J+1 48
3. Concurrence de ColiPoste avec son produit So colissimo 50
a) Evolution des activités colis de ColiPoste 50
b) Le produit So Colissimo et les raisons de sa création
51
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 52 3E PARTIE : LE SYSTEME DES
POINTS RELAIS EST UNE SOLUTION ADAPTEE A LA LOGISTIQUE DU DERNIER
KILOMETRE 53
A. LES POINTS RELAIS PERMETTENT DE REPONDRE AUX DIVERSES
CONTRAINTES LIEES A LA LIVRAISON A DOMICILE EN VILLE 53
1. L'absence du destinataire à son domicile 53
2. La difficulté de stationnement 55
3. Les embouteillages des centres-villes pendant les heures de
pointe 55
4. Les nombreux arrêts en ville 55
5. La dispersion géographique des clients à livrer
56
a) Le point relais permet de grouper les colis vers une seule
destination 56
b) Le point relais est un service de distribution de
proximité vers lequel les clients viennent chercher
leur colis 56
c) Le relais à relais, qui est une réponse au
développement des échanges CtoC, permet aussi de
contourner la contrainte de la dispersion des clients 56
6. L'exigence des clients qui souhaitent être livrés
rapidement 57
7. Le respect des normes environnementales et écologiques
58
B. LES POINTS RELAIS PERMETTENT DE REPONDRE AUX DIVERSES
CONTRAINTES LIEES AUX DISPOSITIONS LEGISLATIVES ET AU E-
COMMERCE 59
1. Les réponses aux contraintes législatives 59
a) Garantir les délais de livraison 59
b) Prise en charge totale des frais de livraison retour par
certains cybermarchands 59
2. Les réponses aux contraintes liées au e-commerce
60
a) Le caractère anxiogène de la vente en ligne
60
b) Contact avec le commerçant 60
C. LES POINTS RELAIS PERMETTENT DE REPONDRE AUX ENJEUX DE
L'EFFICACITE ECONOMIQUE DE TOUS LES ACTEURS 61
1. Au niveau du cybermarchand 61
2. Au niveau de l'enseigne de point relais 61
3. Au niveau du transporteur 62
4. Au niveau du commerçant relais 62
D. LES POINTS RELAIS PERMETTENT DE BENEFICIER DE LA GRATUITE DES
FRAIS DE PORT POUR LE CYBERCLIENT QUI A DE PLUS EN
PLUS RECOURS A CETTE SOLUTION DE LIVRAISON 64
CONCLUSION GENERALE 67
BIBLIOGRAPHIE 70
ENTRETIENS 73
LEXIQUE 74
ANNEXE 1. ENTRETIEN AVEC GERAUD FELGINES -
COLIPOSTE - LE 23 AOUT 2011 75
ANNEXE 2. ENTRETIEN AVEC EMMANUEL MAILLET -
KIALA - LE 6 SEPTEMBRE 2011 81
ANNEXE 3. ENTRETIEN AVEC BRUNO MANDRIN - GEODIS
- LE 7 SEPTEMBRE 2011 84
ANNEXE 4. FICHES TECHNIQUES DES ACTIVITES COLIS ET EXPRESS DE LA
POSTE, ET DE QUATRE ENSEIGNES DE
POINTS RELAIS
|
|
88
|
1.
|
ColiPoste
|
88
|
2.
|
GeoPost
|
89
|
3.
|
Sogep
|
90
|
4.
|
Mondial Relay
|
91
|
5.
|
A2pas
|
92
|
6.
|
Kiala
|
93
|
ANNEXE 5. LE PARCOURS D'UN COLIS EN IMAGE, DU SITE MARCHAND AU
POINT RELAIS KIALA (DANS LE
CADRE DE L'ANCIEN PARTENARIAT AVEC MONDIAL RELAY ENTRE MAI 2003
ET JUILLET 2011). 94
TABLES 101
RESUMÉ
La gestion de la logistique pour les livraisons de colis sur
le dernier kilomètre dans le secteur du e-commerce est
généralement la partie la plus complexe et la plus couteuse dans
toute la chaîne logistique. Les prestataires de transport, organisant les
livraisons de colis, sont soumis à un grand nombre de contraintes qui
engendre des coûts très élevés, comme entre autres
la dispersion géographique des clients ou l'absence des clients au
moment de la livraison. De nombreuses solutions ont été
développées en vue de répondre à la
problématique de la livraison de colis depuis l'entrepôt du
cybermarchand jusqu'au cyberclient avec des délais garantis et à
moindre coût.
C'est à la solution du système des points relais
en France que nous allons particulièrement nous intéresser dans
ce travail. Dans les années 1980, les grands noms de la vente par
correspondance (VPC), La Redoute et 3 Suisses, ont créé des
réseaux de points relais, pour des raisons économiques
(réduction des coûts) et de qualité de service (face aux
grèves à répétition de La Poste), qui consistent
à livrer les colis des entrepôts vers les commerçants
adhérent à des enseignes de point relais se trouvant à
proximité des lieux de vie des clients. Le client avait alors à
récupérer son colis pendant les horaires d'ouverture du
commerçant relais de leur choix. Il a ainsi la garantie de recevoir son
colis dans un délai annoncé et à moindre coût. Le
distributeur peut alors réaliser des économies d'échelle.
La pratique de la livraison dans les points relais, vieille de trente ans, est
aujourd'hui omniprésente dans le monde du e-commerce.
Nous essaierons de démontrer dans ce travail que le
système des points relais est une solution adaptée à la
logistique du dernier kilomètre en France dans le secteur du e-commerce
parce qu'il répond à ses principales problématiques.
Après avoir décrit dans la première partie le dynamisme du
e-commerce et identifié les problématiques de la logistique du
dernier kilomètre liés au e-commerce, nous nous
intéresserons dans la deuxième partie à l'étude du
marché des points relais. Nous analyserons le succès
récent de l'enseigne de points relais de Kiala qui est cependant en
pleine recomposition depuis juillet 2011, puis nous ferons l'inventaire des
solutions concurrentes à Kiala parmi les autres enseignes de points
relais (Mondial Relay, « l'offre mon commerçant » de ColiPoste
et l'adossement sur les points relais par les expressites) ainsi que
l'inventaire des concurrents des points relais (consignes automatiques,
solutions des expressistes et produit So Colissimo de ColiPoste). Nous
verrons dans la troisième partie que le point relais est une solution
adaptée à logistique du dernier kilomètre parce qu'il
répond aux diverses contraintes liées à la livraison
à domicile en ville, aux diverses contraintes liées aux
dispositions législatives et au e-commerce, aux enjeux de
l'efficacité économique de tous les acteurs de la chaîne
(cybermarchand, enseigne de points relais, transporteur, commerçant
relais). Aussi, le point relais permet au cyberclient de
bénéficier de la gratuité des frais de port allouée
par une grande majorité de cybermarchands.
Mots clés : logistique du dernier kilomètre,
e-logistique, points relais, colis, internet, BtoC, e-commerce, Kiala, VPC,
ColiPoste, Mondial Relay, Sogep
ABSTRACT
The management of logistics for the deliveries of package on
the last mile in the sector of the e-business is generally the most complex
part and most expensive in all the supply chain. The transport providers,
organizing the deliveries of package, are submitted to many of constraint which
generate very high costs, like the geographical dispersion of the customers or
the absence of the customers at the time of delivery. The logistic of the last
mile occupies a strategic place in the e-business. Many solutions were
developed in order to answer the problematic of the delivery of package from
the cyber-grosser's warehouse until cybercustomers on guaranteed times and with
lower costs.
It is in the solution of pickup point solution in France that
we will particularly interest in this work. In 80s, the great names of
mail-order selling, La Redoute and 3 Suisses, created pickup point solution's
networks, for economic reasons (reduction of the costs) and for quality of
service (because of strikes of the Post office), which consist in delivering
the package of the warehouses to the trader who are member of pickup point
solution and who is situated closed of the customers place to live. The
customer had just to recover his package during the schedules of opening. So he
has the guarantee to receive his package within an announced time with lower
costs. The distributor can then benefit economies of scale. The practice of
delivery in the pickup point solution, old than 30 years, is now omnipresent in
the world of the e-business.
We will try to demonstrate in this work that the system of the
pickup point is a solution adapted to the logistics of the last mile in France
in the sector of the e-business because he answers its mains problematics.
After describing in the first part the dynamism of the e-business and
identified the problems of the logistic of the last mile related to the
e-business, we will interest in the second part in the study of the market of
the pickup point solution. We will analyze the recent success of the pickup
point solution Kiala which has been however in full recombining since July
2011. Then we will make an inventory of the concurrent solutions of Kiala among
the other pickup point solution (Mondial Relay, «l'offre mon
commerçant» of ColiPoste and the partnership between express
companies and pickup point solution) and the inventory of the competitors of
pickup point solution (left-luggage locker, solution of express companies and
product So Colissimo of Coliposte). We will see in the third part that the
pickup point is a solution adapted to logistics of the last mile because he
answers to several constraints linked to the delivery at home on the city, to
the legal disposition, to the e-commerce and to the issues of efficiency
economic for all the actors (cyber-grosser, transporter, pickup point, pickup
point trader). Also, the pickup point solution allows to the cyber-customers to
benefit free delivery allocated by a majority of cyber-grosser.
Key words : logistics of the last mile, e-logistic, pickup point
solution, package, internet, BtoC, e-business, Kiala, ColiPoste, Mondial Relay,
Sogep
|