II-2 Les insuffisances rencontrées
Les actions et réalisations des organisations de la
société civile, du secteur privé et des
municipalités échappent en grande partie au contrôle de la
délégation départementale du MINEE. En effet, les
organisations de la société civile et le secteur privé
négocient directement le financement et construisent souvent des points
d'eau avec l'appui des anciens techniciens ayant déjà
travaillé dans le cadre d'autres projets d'AEP dans le
département.
Quand on observe la manière dont les projets ont
été menés jusqu'à présent, on constate un
manque de coordination et de concertation dans les actions des
différents acteurs de l'eau. De nombreux projets sont
élaborés dans l'opacité, entraînant ainsi une
inégale répartition des points d'eau. En effet, il y a des zones
dans certains villages et quartiers où l'on dénombre 3 ou 4
points d'eau dans un rayon de 300 m tandis que dans d'autres, on parcourt 3
à 4 km pour avoir de l'eau potable. Plusieurs paramètres peuvent
expliquer cette situation: données techniques, raisons politiques,
présence d'élites fortes, etc.
Les choix stratégiques liés au prix et à
la qualité du service sont décidés dans les bureaux, sans
tenir compte de l'avis des bénéficiaires. La maîtrise des
lieux par les collectivités locales n'est pas mise à
contribution. Elles sont considérées comme de simples «
relais » de programmes élaborés à huis clos. Leur
marge de manoeuvre est donc très réduite.
Les ONGs perçoivent l'administration comme un
prédateur. C'est pourquoi, elles ne fournissent aucune information sur
leurs activités dans le territoire. En outre, la
délégation départementale du MINEE ne peut pas transmettre
toutes les informations au Ministère par manque de moyens
matériels et financiers.
Les relations entre le MINEE et les communes sont pour le
moment inexistantes. En effet, les municipalités attendent dans
l'impatience le décret d'application des lois de juin 2004 sur la
décentralisation.
Le manque de coordination des actions et l'insuffisance
d'implication des collectivités locales aboutissent parfois à des
concentrations de points d'eau au détriment des zones peu desservies et
nécessiteuses.
Par ailleurs, les relations entre les Communes et la SNEC
sont inexistantes. Les services techniques des mairies devraient se rapprocher
de la SNEC pour rechercher les voies et moyens devant permettre de
résoudre les problèmes d'eau des populations. Les communes
doivent consulter les plans d'investissement de la SNEC afin de planifier leurs
réalisations.
Le développement du secteur de l'eau se heurte dans le
Mbam-et-Inoubou à de nombreux problèmes dont les plus importants
sont liés à l'environnement institutionnel, au manque de
précision dans la définition des objectifs, à l'absence
d'autonomie de décision et de responsabilisation, aux difficultés
financières. Par ailleurs, on note également un ensemble de
conflits, de pratiques et comportements à risques qui sont de nature
à mettre en péril tout le processus d'approvisionnement en eau
potable dans le département.
II-2- 1 Une multitude de conflits
II-2-1-1 les conflits liés au puisage
Ils sont dus à la grande affluence autour des ouvrages
et s'observent sur la quasi totalité des points d'eau. Ce type de
conflit affecte les enfants. En effet, les plus âgés ou les plus
forts ont tendance à ne pas respecter l'ordre d'arrivée et
veulent puiser au détriment des autres. Ceci entraîne des
engueulades, des injures et des bagarres.
Il arrive aussi que des réfractaires aux cotisations
soient interdits de s'approvisionner en eau. Certains d'entre eux manifestent
parfois leur colère de manière violente.
Ce type de conflit est parfois évité par la
présence d'un fontainier qui veille au respect de l'ordre et de la
discipline au moment du puisage et par de fortes amendes dissuasives
infligées en cas de bagarres.
II-2-1-2 Les conflits liés à la position
du point d'eau au sein de la communauté
C'est le cas à Ndékalend et à
Ndékoujé où les habitants s'opposent en camps
rangés.
En effet, lorsqu'un village est bénéficiaire
d'un point d'eau, il peut arriver que des individus ou des personnalités
influentes décident d'implanter cet ouvrage dans des secteurs du village
qui les avantagent. Il s'en suit une scission au sein de la communauté.
Les populations des quartiers lésés refusent de contribuer pour
assurer le fonctionnement du point d'eau. Si l'ouvrage tombe en panne, les
populations du quartier desservi sont interdites d'accès aux sources
localisées dans les autres quartiers.
Pour éviter ce type de conflits, le choix de la
position du point d'eau se fait de manière participative. Dans le cas
où des dissensions persistent, le point d'eau est implanté
à la
chefferie, au centre du village ou chez une personne qui jouit
d'un profond respect ou d'une grande estime au sein de la communauté.
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