La figure du père dans "Quelques adieux " de Marie Laberge. Discours de l'implicite et stratégies narratives( Télécharger le fichier original )par Massiva AIT OUARAB Université d'Alger - Licence de français 2011 |
1.2-Dédicace et épigraphes1.2.1- La DédicaceLa dédicace permet à l'auteur de rendre hommage soit à quelqu'un de connu ou pas connu du public, ou de s'adresser directement aux lecteurs afin de lui transmettre un message. Son utilisation « affiche (...) une relation (...) entre l'auteur ou quelque personne, groupe ou entité »52(*). Il s'agit d'une collaboration et d'un soutien des personnes proches de l'écrivaine, et c'est aussi une forme de reconnaissance à l'égard des dédicataires. Selon Lucie Joubet, qui a fait une étude du paratexte dans l'oeuvre d'Anne Marie Alonzo, Geste53(*) : les dédicataires « témoignent à plusieurs reprises d'un besoin de rattacher le recueil présenté à ceux et celles qui ont déjà participé à l'élaboration de l'ensemble de l'oeuvre »54(*). Elle donnera l'exemple de « Margie Gillis, La danse des marches, qui est dédié à celle qui précisément, a inspiré le texte »55(*) Le roman de M. Laberge est dédié à ses soeurs :
« A mes soeurs Lise, Michèle, Francine, Claire et Louise, mes merveilleuses, indispensables soeurs. » Cette dédicace, placée au début du roman, met en avant une relation fraternelle intense, l'utilisation des deux adjectifs merveilleuses et indispensables, expriment un attachement particulier à la famille; le pronom possessif mesrenforce ce sentiment et accentue le degré de sororité. Il est vrai que le lecteur peut se poser des questions concernant les dédicataires, il peut vouloir connaître la raison qui a poussé l'auteure à dédier son roman, uniquement, à ses soeurs et non à ses parents : Quelques Adieux contient un passage sur les soeurs Brontë, qui peut nous permettre de revenir à la dédicace. Ce retour à un élément du paratexte n'est pas accidentel, il s'agit d'une stratégie d'écriture qui a pour objectif d'éveiller les soupçons du lecteur et de le pousser à réfléchir à une éventuelle comparaison entre les soeurs Brontë et les soeurs Laberge. Pour être plus précis, dans le premier chapitre de l'oeuvre Le désir le personnage de François Bélanger demande à son étudiante Anne Morissette de faire un exposé sur les soeurs Brontë. Ce travail est le résultat d'un débat fougueux qui a opposé nos deux protagonistes et la classe « avait été passionnée par le débat et avait suivi l'échange entre le prof et cette Anne Morissette si éprise d'Emily Brontë. ».56(*) Les soeurs Brontë sont d'origine anglaise, elles se sont frayées un chemin dans le monde littéraire à une époque où la femme n'avait pas le même statut que l'homme sur le plan artistique, « étant donné l'importance du facteur social dans la création (...) »57(*). Ce qui lient ces soeurs, c'est la littérature et leur engouement à produire ainsi que leur destin tragique : celui d'une mère morte laissant trois jeunes filles avec leur père, qui finit par mourir lui aussi. Nous supposons que la présence de ces écrivaines anglaises dans l'oeuvre, suggère aux lecteurs un déjà vu et une intimité thématique. De cette manière, M. Laberge pourra mettre l'accent sur la relation qu'elle entretient avec ses soeurs, par le biais des soeurs Brontë. Ces dédicataires que G. Genette appelle privés, peuvent être une source d'inspiration et « responsable(s) de l'oeuvre qui leur est dédié et à laquelle ils apportent, Volens nolens, un peu de leur soutien, et donc de leur participation. ».58(*) Ayant établit des hypothèses concernant la dédicace et les dédicataires, c'est-à-dire la mise en avant de la relation fraternelle, nous nous sommes interrogés sur le lien existant entre la fiction et le choix du paratexte, c'est pour cette raison que nous avons décidé d'étudier plus précisément les épigraphes. * 52 -G. Genette, Seuils, Seuil, Paris, 1987, p.126. * 53 - A. M. Alonzo, Geste, Paris, Des femmes, 1979. * 54 -L. Joubet, le paratexte chez Anne- Marie- Alonzo : invitation à une lecture de la complicité, Université Queen's, p. 303. In : http://www.erudit.org/revue/vi/1994/v19/n2/201093ar.pdf (03/09/2007 à10h) * 55 -Idem, * 56 - M. Laberge, Quelques Adieux, Désir, Boréal, 1992, p22. * 57 -B. Didier, L'écriture femme, PUF, 1981, p5. * 58 - G. Genette, Seuils, Seuil, Paris, 1987, p.123. |
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