G-/ ÉMERGENCE DE L'APPROCHE GENRE
L'approche genre tente d'expliquer les comportements sexuels
par les inégalités entres sexes et les rapports de genre qui en
découlent. En effet, les inégalités existant entre les
hommes et les femmes et les rapports qui en découlent sont socialement
construits, prennent des formes spécifiques dans chaque
société et doivent être analysées en tant que
productions sociales et non pas comme des faits intangibles liés au
destin de chaque sexe. L'approche genre est fondée sur l'idée
selon laquelle la réduction de l'écart entre les pouvoirs
dévolus à chaque sexe par la société permettra
à la femme de participer plus efficacement à la prise de
décisions dans le domaine de la santé. Cette approche vise une
amélioration du statut des femmes par un renforcement du pouvoir
décisionnel des femmes dans tous les domaines, plus
particulièrement celui de la sexualité (Delaunay, 2005).
De manière générale, la position des
hommes et des femmes dans les sociétés ne serait pas la
même puisque le pouvoir, du moins un certain pouvoir formel, serait
davantage l'affaire des hommes alors que la soumission et la dépendance
davantage celle des femmes (Emanuelle B, 2005). Prenant partie dans ce
débat, Kamdem H (2006) suggère que « L'approche genre,
pour être efficace, doit être généralisée
à toutes les politiques et programmes d'action, qu'ils relèvent
prioritairement de l'économie, de la culture, des législations ou
de l'action sur les comportements démographiques » (Kamdem
Hélène, 2006, p.16).
a-/ Pouvoir de prise de décision en
matière de sexualité
La sexualité entre l'homme et la femme s'inscrit dans
un processus de négociation implicite. Mais en Afrique, les rôles
traditionnellement accordés à la femme ne laissent entrevoir
aucune marge de manoeuvre dans la négociation des rapports avec l'homme.
Les rapports hommes/femmes s'inscrivent alors dans un système de genre
fortement inégalitaire dans lequel les hommes sont en position de
pouvoir et les femmes dans un rapport de subordination. Les
inégalités de genre sont mises en avant pour expliquer la
vulnérabilité des jeunes femmes dans le domaine de la
sexualité. Les comportements sexuels à risque chez les jeunes
filles sont étroitement liés à leurs pouvoirs de
négociation du type des rapports sexuels, et donc de l'utilisation du
condom. Les inégalités de genre se manifestent également
au niveau du marché du travail. Selon l'hypothèse
féministe, les inégalités d'emploi entre hommes et femmes,
au détriment de ces dernières, constituent un pur cas de
discrimination. Cette discrimination résulte elle-même de la
position subordonnée des femmes dans la société, position
historiquement et culturellement construite. Les formes de cette subordination
sont diverses (sur le lieu de travail, dans la famille, à
l'école, dans les sphères économique, politique et
culturelle) (Anker et Hein, 1986 ; Lecuyer, 1995 cité par Aka
Kouamé et Gueye A, 2000), et semblent faire l'unanimité chez les
auteurs féministes, qui posent la domination masculine comme un postulat
historique (Bourdieu, 1990).
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