II.4.3.2. Les confessions religieuses135
L'article 22 de la Constitution garantit le droit à la
liberté de pensée, de conscience et de religion et dispose que
toute personne a le droit de manifester sa religion ou ses convictions, seule
ou en groupe, tant en public qu'en privé, par le culte, l'enseignement,
les pratiques, l'accomplissement des rites et l'état de vie religieux,
sous réserve du respect de la loi, de l'ordre public, des bonnes moeurs
et des droits d'autrui. Cet article sous entend au préalable la
connaissance de la Constitution, des lois régissant les asbl et les
confessions religieuses en RD Congo ainsi que les différents textes
ratifiés par la République tant au niveau régional
qu'international.
Avant de fréquenter l'école, l'enfant est
déjà amené à l'église par ses parents ou par
les membres de la famille. L'église devra donc collaborer avec les
parents pour son éducation à la fois religieuse et civique.
Selon une étude réalisée par le
Réseau d'Innovation Organisationnelle sur les conflits et leurs causes
au sein des églises membres de l'ECC/ Sud - Kivu,,il s'est
avéré que la culture juridique peu
développée occupe, avec le tribalisme et
135 Nous prendrons ici l'exemple de l'E. C. C. à
travers les communautés la constituant. Les mécanismes de la
socialisation juridique utilisés à travers cette confession
religieuse seraient adaptés à d'autres religions et confessions
religieuses selon leurs organisations et livres sacrés.
l'ethnicité, la deuxième place - après la
course au pouvoir, comme cause des conflits dans les
églises136. Non seulement que les textes régissant ces
églises accusent beaucoup de lacunes d'ordre juridique, mais aussi parce
que la plupart des leaders ecclésiastiques ne connaissent pas les lois
régissant les « asbl » et n'ont pas en eux- mêmes une
culture juridique. Ce manque de culture juridique au sein des églises se
manifeste par le fait que :
- La plupart des conventions se font oralement ;
- Les textes ne sont pas respectés ;
- L'on ne se réfère pas souvent aux textes lors de
la résolution des problèmes ; - Ces textes ne sont pas souvent
adaptés à la réalité de la vie ;
- Ils renferment beaucoup de vides et d'erreurs juridiques ;
- Ils sont presque ignorés par les membres et certains
responsables ;
- Ils ne contiennent pas les dispositions de retraite et de
sécurité sociale garantissant la survie de ceux qui quittent le
pouvoir.
Somme toutes, les confessions religieuses du Sud- Kivu n'ont
pas une culture juridique et nécessitent par conséquent une
socialisation juridique adéquate. C'est ce que, parlant de la
nécessité de la connaissance du droit par les chrétiens,
Jacques ELLUL affirme en disant: et de même qu'il est
nécessaire de leur (les chrétiens) apprendre ce qu'est l'Etat et
pourquoi ils doivent lui obéir, de même il est nécessaire
de leur enseigner le fondement et la finalité du droit, de leur former
une conscience juridique1 37.
Outre ce manque d'une culture juridique en leur sein, les
confessions religieuses ont été victimes de violation de leurs
droits de la part de l'Etat (expropriation de leurs terrains, arrestations
arbitraires, les viols et violences faits à leurs membres, etc.) par
ignorance de leurs droits en tant que Congolais. Et pourtant, parlant de la
nécessité de la connaissance du droit par les missionnaires dans
les pays étranger, Marc BOEGNER souligne :
Assurément les missions poursuivent un but
essentiellement religieux : apporter l'Evangile aux peuples qui ne le
connaissent pas encore, et, par cela même, implanter l'Eglise
chrétienne dans les pays où elle n'exerçait
antérieurement aucune action. Elles n 'en sont pas moins
obligées, cependant, par le développement même de la vie
chrétienne individuelle et collective, d'organiser
136 MATENDO, Les conflits et leurs causes au sein des
communautés membres de l'ECC/Sud-Kivu, Exposé
présenté à Bukavu, août 2006
137 J. ELLUL, Le fondement théologique du droit,
Delachaux et Niestlé, Paris, 1946, p. 107
des communautés, des écoles et des
hôpitaux. Dès lors, elles deviennent nécessairement
propriétaires et leur propriété doit être reconnue
et garantie par la loi138.
Ce constat de BOEGNER montre que la nécessité
pour l'église de développer une culture juridique qui se
caractérise par l'implication de la loi dans le fonctionnement de
l'Eglise est un impératif et vaut pour les communautés membres de
l'ECC/ Sud - Kivu qui ont réussi à créer des structures
qui nécessitent une couverture juridique139.
Pour ce faire, Héritier de la Justice devra collaborer
avec les départements d'éducation chrétienne et de
développement140 pour une socialisation juridique de la
population à travers l'Eglise. Dans cette collaboration, un programme
devra être conçu en vue de la conception d'un guide
pédagogique adapté au différents groupes et niveaux de
l'éducation chrétienne. Les cadres à exploiter à
travers l'Eglise seront :
- Au niveau de l'ECC: Le comité exécutif, le COPAB,
la FFP et bien d'autres
cadres en collaboration avec RIO, le COPARE et le programme
éducation à la
démocratie qui ont déjà des partenaires sur
le terrain ;
- Au niveau de chaque communauté : Le conseil
d'administration, le comité exécutif, les départements de
l'éducation chrétienne, de développement, de la femme et
famille, des oeuvres sociales, de l'évangélisation et vie de
l'église, la coordination des écoles primaires secondaires et
professionnelles et des instituts bibliques ainsi que les
délégations provinciales ou les régions
ecclésiastiques ;
- Au niveau des paroisses : le conseil paroissial,
l'école du dimanche, les comités de jeunes, les comités
des mamans, comités des papa, les chorales. Cette vision sous-entend
donc la création des structures de base dans chaque communauté et
paroisse que l'on nommerait par exemple comité de défense des DH
ou comité Justice et paix.
138 M. BOEGNER, Les missions protestantes et le droit
international, Librairie Hachette, Paris, 1929, p. 8
139 A titre d'exemple, nous pouvons citer le cas de la
8ème CEPAC qui a déjà 724 paroisses autonomes
avec bâtiments, 2 écoles maternelles, 535 écoles primaires,
193 écoles secondaires, 3 hôpitaux, 12 c entres hospitaliers, 154
centres et postes de santé, 2 pharmacies centrales, 2 instituts des
techniques médicales, etc. cfr. MAENDELEO KUSHIBWIRE, Interview
accordé à Bukavu le 22 août 2006
140 Dans les religions non chrétiennes, Héritiers
de la Justice pourra, avec l'aide de ses techniciens, étudier
les cadres à collaborer avec.
En ce qui concerne les instruments juridiques devant faire
l'objet de cette socialisation juridique à travers les confessions
religieuses, nous pouvons citer la Constitution de la RD Congo, la loi
régissant les « asbl » et les confessions religieuse dans le
Pays, les traités, pactes et conventions ratifiés par le pays au
niveau régional et international ainsi que d'autres instruments
juridiques jugés importants.
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