UNIVERSITE PROTESTANTE D'AFRIQUE
CENTRALE (UPAC) PROTESTANT UNIVERSITY OF CENTRAL AFRICA FACULTE DE
THEOLOGIE PROTESTANTE FACULTY OF PROTESTANT THEOLOGY Yaoundé -
Cameroun
APPORT DE « HERITIERS DE LA JUSTICE » A
L'EMERGENCE D'UNE CULTURE JURIDIQUE ET DE PAIX AU SUD - KIVU
(RDC)
MEMOIRE
Présenté pour l'obtention du Diplôme d'Etudes
Approfondies en Théologie
Option : Ethique Politique
Par
KITOKA MOKE MUTONDO
Directeur : Rév. Pr. Jean Samuel ZOE
OBIANGA
Résumé
Le présent mémoire de DEA traite de l'Apport de
« Héritiers de la Justice » à l'émergence d'une
culture juridique et de paix au Sud-Kivu.
En effet, le problème qui préoccupe M. Kitoka
Moke Mutondo est celui de l'inadéquation entre l'émergence de la
violence et de la justice populaire au Sud-Kivu alors que, depuis 1991,
l'association sans but lucratif Héritiers de la Justice
travaille dans le domaine de la promotion des Droits Humains dans cette
Province située à l'Est de la RD Congo.
La question principale que soulève ce problème
est celle de savoir pourquoi la présence de Héritiers de la
Justice ne parvient-elle pas à développer une culture
juridique et de paix dans la Province ?
A l'issu de ses recherches, l'auteur constate que le
déficit d'une culture juridique et de paix au Sud-Kivu se justifie par
l'approche sectorielle utilisée par Héritiers de la
Justice. C'est-à- dire, l'association ne socialise juridiquement
que les enseignants et élèves de quelques écoles de la
Province.
C'est pourquoi, après avoir présenté le
fondement théologique de la socialisation juridique, l'auteur propose
une socialisation juridique globale et globalisante appliquée au
contexte de la province du Sud-Kivu comme approche susceptible de
développer une culture juridique et de paix dans La province : non
seulement que tous les cadres de socialisation présentes dans la
Province (la famille, les confessions religieuses, les écoles
maternelles et les institutions d'enseignement supérieur et
universitaire, les mutualités tribalo ethniques, les partis politiques,
l'armée, la police, les services de sécurité, les
médias, les syndicats et la société civile) doivent
être impliqués dans le processus, mais aussi toutes les couches
sociales de la population doivent bénéficier de la socialisation
juridique pour qu'émerge une culture juridique et de paix à
l'Est de la RD Congo.
L'Auteur : Né à Lusilu (RD
Congo, Sud-Kivu, territoire de Fizi) le 14 juillet 1971, le Pasteur Kitoka Moke
Mutondo est de nationalité congolaise. Après avoir longtemps
travaillé comme assistant chargé des cours dans la chaire de
théologie systématique à l'Université
Evangélique en Afrique (Bukavu-RD Congo), il est actuellement Doctorant
en éthique politique au sein de l'Université Protestante
d'Afrique Centrale (UPAC) au Cameroun où il prépare sa
thèse dans le même domaine.
LA FACULTE N'ENTEND NI APPROUVER NI DESAPROUVER LES
OPINIONS PARTICULIERES DU CANDIDAT
DEDICACE
A la mémoire de Pascal KABUNGULU KIBEMBI, défunt
secrétaire exécutif de Héritiers de la Justice,
lâchement assassiné l'aube du 31 juillet 2005 devant sa femme et
ses enfants pour la cause des Droits Humains. Malheureusement depuis lors, ...
!
A tous les activistes des Droits Humains au Sud - Kivu.
En mémoire de notre père et ami, le
Révérend MUTONDO KITOKA MOKE qui, malgré sa
détermination, n'est pas arrivé à la moisson. Que notre
veuve mère TUMAINI MUTONDO trouve ici une consolation.
Nous dédions ce travail.
Yaoundé, le 08 juin 2007
5 REMERCIEMENTS
Nombreux sont ceux et celles qui, directement ou indirectement,
ont rendu possible la réalisation de ce mémoire.
Merci donc :
A l'Eternel Dieu pour sa fidélité à notre
égard.
A l'Université Evangélique en Afrique qui nous a
recommandé tant pour une bourse d'études que pour la formation
doctorale.
A Evangelischer Entwicklungsdienst e.V. (EED) pour la
bourse sans laquelle nos études ne seraient possibles.
Au comité de gestion et au corps enseignant de
l'Université Protestante d'Afrique Centrale pour la formation
reçue.
A Héritiers de la Justice, non seulement pour
nous avoir accepté et encadré comme stagiaire, mais aussi pour
avoir mis à notre disposition toutes les informations utiles à ce
travail. Que ses animateurs et les responsables de ses structures relais
à la base trouvent ici l'expression de notre reconnaissance pour la
collaboration.
Au Rév. Pr. Jean Samuel ZOE OBIANGA qui nous a fait
l'honneur de bien vouloir diriger ce mémoire. Sa rigueur scientifique et
ses conseils ont beaucoup contribué à l'orientation de ce
travail.
Au Dr. Jacqueline EKAMBI MUTOME dont le regard de sociologue a
enrichi ce
travail.
Au Dr. LAM BIDJECK qui, avec son regard de juriste, a beaucoup
apporté à l'aspect juridique de ce travail.
Au Pr. Maurice KOUAM pour les remarques et observations qui ont
enrichi l'aspect théologique de ce mémoire.
Au juriste Gervais ZOLO ASSOUMOU dont la contribution
mérite d'être reconnue.
A notre épouse ALPHONSINE BWADJA et à nos filles
Jeanne MANYUNDO et Jeanoah TUMAINI MOKE pour avoir consenti à une
séparation au moment très fort de leur attachement envers
nous.
A la famille Daniel HALLDORF et MARTHA GRETA qui a
été pour nous une grande consolation depuis la mort de notre
père. Ses conseils et son soutient désintéressés
nous ont rassuré.
A notre beau père FAMBA ABDALAH et sa femme Anne pour
leurs conseils et soutiens de tout genre.
Aux oncles MUSENGE et LUYUBA KITOKA pour leur
paternité.
A nos frères et soeurs KITOKA KILONGO, KITOKA SUKUMA,
NGOY, MWAJUMA, et APENDEKI MUTONDO pour leurs prières en notre faveur.
Qu'ils trouvent en nous le modèle à suivre.
Au Pr. Bosco MUCHUKIWA dont la collaboration a fait naître
en nous ce sujet lors de nos échanges du 03 mars 2005.
A la famille Jacques et Anne TCHINO qui nous a adopté et
soutenu au Cameroun.
Aux Révérends MAENDELEO NKUSHIBWIRE et MITIMA
OLONDHO pour avoir soutenu notre famille en RD Congo pendant notre absence.
Au Révérend ABEKYAMWALE EBUELA ABI dont la
collaboration et les conseils constructifs nous ont encouragé.
Au Rév. SHINDANO MASILYA, notre pasteur, pour avoir
spirituellement encadré notre famille laissée au Pays.
Qu'à travers lui, toute la Paroisse de la 8ème CEPAC /
CHAI trouve ici l'expression de notre reconnaissance.
A la paroisse Margaret ANN CHASE de l'Eglise
Presbytérienne Camerounaise pour notre encadrement spirituel au
Cameroun.
A NKUMUNDO Joseph, Marie Jeanne MEYONG, MINKO
Evangéline, NKOTO Sara, MBENUN Rebecca, ESSAM, NKOLO GRACIA et MINTYA
ENGOLA Octave pour la collaboration dans l'oeuvre de Dieu au Cameroun.
Aux collègues et amis MBOUTE Madeleine, EPIEMBONG
Louis, MUENYI KAMUINGA, KALONDJI Claude, MAZAU et NYEMBO IMBANGA pour leur
collaboration.
7 SIGLES ET ABREVIATIONS
AG : Assemblée Générale
a.i. : à d'intérim
AFDL : Alliance des forces démocratique pour la
libération du Congo
al. : et les autres
AMP : Alliance de la majorité présidentielle
AOG : Assembles of God
Art. : Article
BP : Boite ostale
CA : Conseil d'Administration
CAA : Connaissance, Attitude et Attentes
CAC : Communauté anglicane au Congo
CADAF : Communauté des assemblées de Dieu en
Afrique
CADC : Communauté des assemblées de Dieu au
Congo
CBCA : Communauté baptiste au Centre de l'Afrique
CCI : Consolider les capacités institutionnelles
CCTV : Congo communication télévision
CDE : Convention relative aux droits de l'enfant
CDP : Club de paix
CEBCE : Communauté des églises baptistes au Congo
Est
CEEBECO : Communauté des Eglises Evangéliques
Beréennes au Congo
CECA : Communauté des Eglises Chrétiennes en
Afrique
CEDAC : Centre d'études, de documentation et d'animation
civique
CELCE : Communauté des églises luthériennes
au Congo Est
CEGC : Communauté des églises de grâce au
Congo
CELPA : Communauté des Eglises de Pentecôte en
Afrique
CELZa : Communauté des églises libres au
Zaïre
CEPAC : Communauté des Eglises de Pentecôte en
Afrique Centrale
Cfr. : Confère
Chap. : Chapitre
CIIRE : Centre interdisciplinaire et interreligieux de recherches
en éthique
CMLC : Communauté Méthodiste Libre au Congo
EMGL : Eglise mennonite des Grands Lacs
CNCA : Communauté des Nations du Christ au Congo
CNS : Conférence nationale souveraine
COJESKI : Collectif des organisations des jeunes du Sud- Kivu
DDR : Démobilisation, Désarmement et
réinsertion
DEA : Diplôme d'études approfondies
DFID : D EPARTMENT FOR INTERNATIONAL DEVELOPMENT
DH : Droits Humains
DHP : Droits de l'Homme et de la Personne
Dr. : Docteur
ECC : Eglise du Christ au Congo
ECZ : Eglise du Christ au Zaïre
ECOPA : Ecole des parents
éd. : Edition (s)
EED : Evangelischer Entwicklungsdienst
EMCC : Eglise méthodiste unie
EP : Ecole primaire
EPP : Ecoles pour la paix
etc. : et cetera
F : Femme ou fille
FFP : Fédération des femmes protestante
FIDH : Fédération internationale des Droits
Humains
G : Garçon
GASAP : Groupe d'action sociale agro pastorale
GTER : Groupe technique d'encadrement régional
H : Homme
HJ : Héritiers de la Justice
Ibid. : ibidem, même auteur et la même oeuvre
ICCO : I nterchurch organisation for development cooperation
Idem : même auteur, même ouvrage et même
page
ISDR : Institut Supérieur de Développement Rural
KIOS : THE FINNISH NGO FOUNDATION FOR HUMAN RIGHTS
M : Monsieur
MLC : Mouvement pour la libération du Congo
NB : Nota Bene
Nb : Nombre
ONG : Organisation non gouvernementale
ONGDH : Organisation non gouvernementale des Droits Humains
ONU : Organisation des nations unies
Op. Cit. : opus citatum, ouvrage cite
p., pp. : Page (s), pages
PAPR : Programme Aide légale, Recherche et Protection
PCC : Programme Campagne et Communication
PDP : Paillote de aix
PFE : Programme Femme et Enfant
PFRI : Programme Formation et Renforcement Institutionnel
PPDH : Programme promotion des droits humains
Pr. : Professeur
PRIO : Plan de renforcement institutionnel et organisationnel
PUF : Presse universitaire de France
RDC : République Démocratique du Congo
ROI : Règlement d'ordre intérieur
RADOSKI : Réseau des Associations des Droits de l'homme du
Sud - Kivu
REDOCIC : Réseau des organisations des jeunes du Sud-
Kivu Registre du Ministère Public
REPRODHOC : Réseau Provincial des organisations de droits
de l'homme
au Congo
Rév. : Révérend
RIO : Réseau d'innovation organisationnelle
RTNC : Radio télévision nationale congolaise
sd. : Sans date
s/CMD : Sous /Comité de médiation et de
défense
s/d i r : Sous la direction
SMM : Sauti ya mama myonge (la voix de la femme indigente)
T : Total
TH : Tuitetee haki (défendons les droits)
% : Pourcentage
O. INTRODUCTION GENERALE
Le choix de travailler sur l'émergence d'une culture
juridique et de paix est né du souci de contribuer, en tant que
théologien et à la suite de bien d'autres chercheurs, à la
construction de la paix dans un monde où la violence est
omniprésente. En ce qui concerne le choix de Héritiers de la
Justice (HJ) comme objet d'étude de ce mémoire, il est
dû au fait qu'en notre qualité de chrétien protestant du
Sud-Kivu, à la fois témoin et victime de l'absence d'une culture
juridique et de paix dans la Province, sommes obligé d'apporter notre
contribution à l'émergence de la culture juridique et de paix
à travers cette association d'obédience protestante.
Les mots clés1 constituant l'intitulé de
ce travail sont utilisés dans les sens ci- dessous :
- Apport : Contribution.
- Emergence : Développement.
- Culture juridique : Ensemble des valeurs, des
attitudes, des traditions, de comportements et des modes de vie fondés
sur le droit.
- Droit : Ensemble des règles régissant la
vie en société et sanctionnées par la puissance
publique.
- Culture de paix : Ensemble des valeurs, des attitudes,
des traditions et de comportements fondés sur le respect de la vie, le
rejet de la violence, la promotion et la pratique de la non-violence, le
dialogue, la coopération ainsi que sur l'engagement de régler
pacifiquement les conflits.
- Socialisation juridique : Processus d'information et
de formation du citoyen droit.
1 Pour plus de détails, se
référer aux ouvrages, articles et site ci-dessous : -
Microsoft Encarta 2005
- Le petit Robert, Dictionnaire de la langue
française, Dictionnaire le Robert, Paris, 2004, p. 120 -
Collection, Dictionnaire des synonymes, les usuels du Robert,
Paris, 1984, p. 39
- Collection, Le petit Larousse illustré,
10ème édition, Larousse, Paris, 2004, p. 101
.-
www.reds.msh-paris.fr/publications/revue/html/ds019/ds019-05.htm
- E. Le ROY, Le jeu des lois, une anthropologie dynamique du
droit, L. G. D. J. , 1999, p. 145 - M. VIRALLY, La pensée
juridique, I. G. D. J., Paris, 1998, p. 9
- Nations Unies, Résolution 53/ 243 portant
déclaration et programme d'action sur une culture de paix, 1999, p.2
- W.A., ETEKI MBOUMOUA, « Eléments d'une culture de
la paix en Afrique centrale » in La prévention des conflits en
Afrique centrale. Prospective pour une culture de la paix, Karthala,
Paris, 1999, p.p. 189 - 1999
- S. GUINCHARD et G. MONTAGNIER (S/dir), Lexique. Termes
juridiques, 10ème éd., Dalloz, Paris, 1995, p.
216
Ainsi, ce travail traite de la contribution de HERITIERS
DE LA JUSTICE au développement (par l'information et la formation des
citoyens au droit) des valeurs, des attitudes, des traditions, de comportements
et des modes de vie fondés sur le droit et sur le respect de la vie, le
rejet de la violence, la promotion et la pratique de la non- violence, le
dialogue et la coopération ainsi que sur l'engagement de régler
pacifiquement les conflits dans la Province du Sud- Kivu.
De ce fait, l'intérêt de ce travail ressort à
deux niveaux :
- Sur le plan théorique, il a pour
intérêt de comprendre dans quelles circonstances les protestants
du Sud - Kivu s'étaient trouvés dans l'obligation de créer
HJ ; les objectifs qu'ils s'étaient fixés à la
création de l'association et l'impact de la présence de
l'association sur l'émergence d'une culture juridique et de paix dans la
province ;
- Sur le plan pratique, le travail a pour
intérêt d'analyser les stratégies utilisées par
l'association pour l'émergence d'une culture juridique et de paix au
Sud- Kivu, d'en dégager les forces et faiblesses de ces
stratégies et de proposer une démarche qui permet à
l'association de contribuer de manière efficace à
l'émergence d'une culture juridique et de paix dans la Province.
En initiant cette étude, l'objectif
général est de contribuer à l'émergence d'une
culture juridique et de paix au Sud - Kivu à travers
Héritiers de la Justice.
Ainsi, le travail poursuit les objectifs spécifiques
suivants :
- Comprendre les circonstances et les motivations qui ont
milité pour la création d'une organisation des Droits Humains et
de paix par les laïcs protestants du Sud - Kivu ;
- S'imprégner de l'interaction entre HJ et les autres
structures de socialisation existantes dans la Province ;
- Analyser le travail fait par HJ dans le domaine des DH et de
la paix au Sud- Kivu ;
- Apprécier, à la lumière de son apport
à l'émergence d'une culture juridique et de paix dans la
Province, l'efficacité des stratégies de travail de
l'association;
- Présenter l'adéquation entre la foi
chrétienne et la socialisation juridique ;
- Proposer une approche globale et globalisante de la
socialisation juridique pouvant permettre à HJ de contribuer
efficacement à l'émergence d'une culture juridique et de paix au
Sud - Kivu.
La revue de la littérature sur la socialisation
juridique est abondante. C'est le cas des travaux de Chantal KOURILSKY, de
MALEWSKA-PAYRE, de NAOUMOVA S. ROULAND N., TAPP J. L. et KOHLBERG L., de TAPP
J. L. et LEVINE F. J. ainsi que celui de TORNEY J.V. pour ne citer que ceux
là. Cependant, en ce qui concerne Héritiers de la
Justice, il n'en n'existe aucun autre travail scientifique à part
le mémoire de maîtrise présenté par Moïse
RWABIRA MAKUBULI et qui traite des « ONG et la gestion des conflits en
territoire d'Uvira : cas de Héritiers de la Justice et de GASAP »
dans lequel l'auteur souligne l'apport de Héritiers de la
Justice dans la gestion de conflits en territoire d'Uvira à travers
ses structures relais à la base.
La spécificité de notre travail est donc triple
:
- D'abord il ne fait pas une étude restreinte de
Héritiers de la Justice, mais la traite dans son ensemble ;
- En suite, il aborde le travail fait par l'association sur la
promotion des DH et de la paix à travers l'ensemble de la Province du
Sud-Kivu et non de la gestion des conflits dans le territoire d'Uvira ;
- Enfin, ce travail constitue un diagnostic institutionnel
dont le but est d'évaluer la contribution de HJ à
l'émergence d'une culture juridique et de paix dans la Province.
En effet, depuis son accession à l'indépendance
le 30 juin 1960, la RD Congo a connu des moments tragiques qui, non seulement
l'ont ruinée, mais aussi l'ont plongée dans une crise multiforme
dont les conséquences sont entre autres, l'appauvrissement de la
population, la violation massive des Droits Humains, l'injustice sociale, la
corruption, la dictature, les guerres cycliques, la violence, les conflits
tribalo - ethniques, l'instabilité politique, etc.
Le vent de la démocratie qui a soufflé sur le
continent africain a fait que le 24 octobre 1990 le feu président, le
Maréchal MOBUTU SESE SEKO, proclame le début du multipartisme
comme signe de la démocratisation du pays. C'est dans une telle
circonstance que verront le jour plusieurs organisations non gouvernementales
de défense des DH à travers le pays dont Héritiers de
la Justice est la plus ancienne au Sud - Kivu.
Pendant que la période de transition est
terminée par des élections dites libres, démocratiques et
transparentes, et que les institutions démocratiquement élues se
mettent en place, il sied de souligner que la pérennisation des cas de
violations des DH et de la violence au Sud- Kivu risque de mettre en
péril le processus de démocratisation en cours. Cette
inadéquation entre l'existence de Héritiers de la
Justice depuis 1991 et la pérennisation des cas de violation
massive des DH et de la violence au Sud - Kivu suscite la curiosité et
soulève la question de savoir pourquoi Héritiers de la Justice ne
parvient pas à développer une culture juridique et de paix dans
la Province.
Cette question principale de notre étude sous-entend
des questions secondaires d'ordre ecclésiologique, théologique,
éthique et socio - politique :
a. Sur le plan ecclésiologique : dans quelles
circonstances les protestants du Sud - Kivu se sont-ils retrouvés dans
la nécessité de créer cette organisation de défense
des Droits Humains ?
b. Sur le plan théologique
- Quelle relation existe -t-il entre la confession de foi
chrétienne et la
promotion des Droits Humains dont s'occupe Héritiers
de la Justice ?;
- Quelles sont la connaissance, l'attitude et les attentes de
l'Eglise
protestante du Sud- Kivu vis- à - vis de l'association
?
c. Sur le plan socio - politique : Quelle relation
Héritiers de la Justice entretient - elle avec les autres
structures de socialisation : l'Eglise, l'administration publique, la police,
l'armée, les instances judiciaires la population ainsi qu'avec les
autres organisation de défense des Droits Humains, présentes dans
la Province ?
d. Sur le plan éthique : En créant
cette organisation des Droits Humains, les protestants pensent que l'Etat
Congolais ne travaille pas pour l'émergence d'une culture juridique et
de paix dans le pays. Que fait Héritiers de la Justice pour
développer les deux cultures dans la Province ?
De ce fait, deux hypothèses peuvent être
formulées pour ce travail :
- Le fait de s'impliquer dans beaucoup d'activités
à la fois déconcentre Héritiers de la Justice de
sa mission de promouvoir les Droits Humains et la paix ; et
- L'émergence d'une culture juridique et de paix
à travers Héritiers de la Justice n'est pas remarquable
au Sud-Kivu parce que l'approche utilisée par l'association n'est pas
globalisante. L'implication des toutes les
structures de socialisation présentes dans la Province
est l'approche d'une socialisation juridique devant développer la
culture juridique et de paix au Sud - Kivu.
Pour la réalisation de ce travail, les méthodes
et techniques suivantes ont été utilisées :
a. Méthode inductive
Elle a permis de remonter à la genèse de HJ, de
comprendre son évolution dans le temps et son implication dans
l'émergence d'une culture juridique dans la province du Sud - Kivu.
b. Approche qualitative
Cette orientation a été utilisée dans la
mesure où son emploi permet de déterminer la connaissance,
l'attitude et l'attente de l'Eglise Protestante du Sud - Kivu par rapport
à l'association.
c. Recherche action
Pendant les recherches sur l'apport de HJ à
l'émergence d'une culture juridique et de paix au Sud - Kivu, nous avons
travaillé avec l'association et les structures de base comme stagiaire
dans la structure. Il s'est agi de diriger les séances de
médiation, participer à l'accompagnement Juridique et Judiciaire
des indigents ainsi que de participer à la formation des enseignants
pour la paix lors de séminaires de formation. Ces trois méthodes
sont soutenues par les techniques ci-dessous :
a. Interview
L'interview est l'entretien ou interaction verbale entre deux
personnes dont l'une transmet à l'autre des informations à la
demande de l'autre. C'est donc une forme de communication entre le chercheur et
la population cible ayant pour but de recueillir certaines informations
concernant un objet précis. Elle a servi dans la collecte d'information
sur HJ au près des personnes ressources : les responsables à
divers niveaux au sein de l'ECC/Sud - Kivu et de ses communautés
membres, les autorités politico- administratives, militaires et de la
police, les responsables et animateurs de Héritiers de la Justice ainsi
que les responsables et membres de structures relais à la base
travaillant avec l'association.
b. La technique documentaire
Il s'agit de la consultation des publications, des
différents rapports d'activités, de stage, les documents à
télécharger, les monographies et mémoires ainsi que des
ouvrages généraux en rapport avec HJ et la socialisation
juridique.
d. Le questionnaire d'enquêtes ouvert
Une étude CAA (Connaissance, Attitude et Attente) a
été menée après des Représentants
Légaux des communautés membres de l'Eglise du Christ au Congo /
Sud- Kivu, des chargés d'évangélisation et vie de l'Eglise
au niveau communautaire, des pasteurs responsables des paroisses, des
responsables des associations des femmes et des jeunes ainsi que des
préfets et directeurs d'écoles conventionnées protestantes
sur HJ entant que structure d'obédience protestante.
Le présent mémoire est limité de la
manière suivante :
- Sur le plan spatial, le sujet se délimité
à l'espace couvert par HJ dans l'ensemble de la Province du Sud - Kivu
;
- Sur le plan temporel, les observations vont de la
création de l'association en 1991 à la fin du mois d'octobre
2006, date qui marque la fin de nos recherches sur le terrain.
- Sur le plan thématique, le travail examine l'aspect
de la promotion des Droits Humains.
Par ailleurs, le travail est divisé en deux grandes
parties :
- La première partie consacrée à la
présentation de HJ, comprend deux chapitres dont l'organisation de
l'association et la contribution de HJ au développement d'une culture
juridique et de paix au Sud - Kivu.
- Dans la deuxième partie qui traite des
mécanismes d'une socialisation juridique globalisante, deux chapitres y
sont également développés dont : le fondement
théologique de la socialisation juridique et l'approche globalisante de
la socialisation juridique au Sud - Kivu.
Première partie PRESENTATION DE HERITIERS DE
LA JUSTICE
Introduction
Selon les sources concordantes en notre possession, cette
association est née dans un contexte où la RD Congo, ancien
Zaïre, venait de faire son entrée dans le processus
démocratique accepté par le Maréchal MOBUTU SESE SEKO,
alors Président de la République, qui avait proclamé le
début du multipartisme politique le 24 avril 1990. A cette
époque, l'Eglise du Christ au Congo (ECC), alors Eglise du Christ au
Zaïre (ECZ), s'était rendue compte de la violation massive des DH,
des arrestations arbitraires, du non respect de la dignité humaine et de
la peur de l'autorité de l'Etat qu'avait développée le
pouvoir de Mobutu. Au-delà de ces facteurs, Charles MAYAO
SHEMUPENGE2 ajoute la dégradation de la situation
sécuritaire, le trafic d'influence, la corruption, le népotisme,
l'injustice sociale, consécutifs à la paupérisation de la
population à la suite du non paiement des salaires des agents de l'Etat
comme facteurs ayant milité à la création de
l'association.
D'après MUNDYO MWENELUSIBA3, l'Association
tire ses origines du Département de l'Evangélisation et Vie de
l'église de l'ECZ/ Sud- Kivu qui, pour faire face à cette
déplorable situation des DH, initia un programme dénommé :
évangélisation libératrice qui était
piloté par LUBALA MUGISHO KAZA, alors conseiller juridique de l'ECZ. Le
but de ce programme était, selon MUNDYO, d'aider les pasteurs et
fidèles protestants à connaître leurs droits en tant que
citoyens afin de les revendiquer en cas de violation et de défendre la
cause des victimes de violation des Droits Humains4. Cette
explication de MUNDYO montre à suffisance que la création d'une
structure de défense des DH par les laïcs protestants au Sud -Kivu
n'est pas, comme le prétend Charles MAYAO, l'idée personnelle de
LUBALA MUGISHO KAZA comme avocat près la cours d'appel de
Bukavu5 ; mais une inspiration du programme
d'évangélisation libératrice de l'ECC / Sud Kivu
que LUBALA, en sa qualité de conseiller Juridique de l'ECZ à
l'époque, pilotait. C'est ce que soutiennent davantage les propos de
LUBALA MUGISHO KAZA qui nous a déclaré :
2 Charles MAYAO CHEMUPENGE, Rapport de stage
inédit effectué à Héritiers de la justice du 30
janvier au 28 mars 2006, p. 2
3 MUNDYO MWENELUSIBA, Chargé
d'Evangélisation et Vie de l'Eglise à l'E. C. C./ Sud -Kivu,
interview accordé à Bukavu, le 28 août 2006
4 Enquêté déjà cité,
interview accordé à Bukavu, le 28 août 2006
5 Charles MAYAO SHEMUPENGE, Op. Cit., p. 2
A l'époque tout a commencé lorsque moi, le
Rév. LUKEBA MULAMBA, le Rév. MUNDYO MWENELUSIBA et le Rév.
TOTORO, respectivement conseiller juridique de l'ECZ, président, vice
président de l'ECZ et Représentant Légal de la
5ème CELZa, avions fait, dans toutes les zones de la
région du Sud-Kivu, des descentes de sensibilisation de la population
sur les droits de l'homme à travers le programme
évangélisation libératrice....la création de
Héritiers de la Justice a même été
décidée lors d'un comité exécutif de l'ECZ/ Sud
Kivu6.
Il a fallu attendre 19937, pour que les laïcs
protestants (juristes, sociologues, psycho - pédagogues,
théologiens) rendent le programme autonome sous la dénomination
Héritiers de la Justice tirée du passage
d'Hébreux 11, 7 et dont l'ECC ne deviendra que tuteur moral. Il
ressort donc que depuis 1993, HJ n'est plus un programme de l'ECC / Sud - Kivu
mais une association sans but lucratif (asbl) jouissant d'une
personnalité juridique.
Cette «privatisation» du programme
évangélisation libératrice par les laïcs
sous le nom de Héritiers de la Justice est confirmée
tant par l'article premier des statuts qui dispose : entre les
soussignés et ceux qui adhéreront aux présents statuts, et
conformément au décret-loi du 18 septembre 1965, il est
constitué une association sans but lucratif dénommée
« HERITIERS DE LA JUSTICE8 » ; que par la
note de présentation de l'association qui ajoute : Héritiers
de la Justice a été fondée par trois personnalités
de la région, soucieuses du niveau de répression des populations
civiles sous le régime de Mobutu ainsi que du degré d'ignorance
dans laquelle croupissaient ces personnes9.
S'agissant de l'inscription service des églises
protestantes pour les Droits Humains et la paix que porte le papier
entête de l'association, trois explications sont données :
- Pour BAHATI NAMWIRA10, elle se justifie par le fait
que l'association a été créée et est
gérée par les laïcs protestants ;
- Pour MUNDYO MWENELUSIBA11, elle se justifie par le
fait qu'elle est l'émanation du programme Evangélisation
libératrice créé par l'ECC ; et
6 LUBALA MUGISHO KAZA, Président de
Héritiers de la Justice, interview accordé à
Bukavu, le 25 août 2006
7 la considération de 1993 comme
année de privatisation de l'association est justifiée par le fait
que les statuts de l'association ont été signé par ses
propriétaires le 08 juin 1993 et son acte notarial date du même
jour.
8 Art. 1er des statuts de
Héritiers de la Justice, p. 2
9 Découvrez HJ in
www.heritiers.org
10 BAHATI NAMWIRA, Secrétaire Exécutif
a. i. de Héritiers de la Justice, Interview accordé
à Bukavu, le 15 août 2006
- Pour Moïse RWABIRA MAKUBULI, elle se justifie par le fait
que l'Association est d'inspiration chrétienne12.
Il s'avère que c'est la justification que donne MUNDYO qui
s'accorde le mieux avec l'inscription qui était valable avant que
l'association ne soit autonome en 1993.
En ce qui concerne son rayon d'action, l'association travaille
dans l'ensemble de la Province du Sud -Kivu et ne s'est pas encore
implantée dans d'autres Provinces de la RD Congo. Ainsi que le
précise Moïse RWABIRA ; compte tenu du contexte qui prévaut
dans la sous- région des Grands Lacs africains, les actions de
l'Association ont débordé en dimension provinciale et touchent le
niveau régional et international13.
Selon ses textes14, Héritiers de
la Justice a un double but :
- Rendre le faible fort pour qu'il revendique lui-même
ses droits au quotidien ;
- Promouvoir la justice, la cohésion sociale et la
force critique individuelle et collective pour une société
véritablement de paix.
Quant à l'objet social de départ, l'article 6 des
statuts de l'association montre que la création de HJ poursuivait les
objectifs ci-après :
- Promouvoir, dans la communauté de base une justice
équitable qui engendre l'harmonie collective et une culture des Droits
Humains et de la démocratie par la formation, l'information et la
sensibilisation ;
- Aider l'Eglise et les autres organisations de la base dans
la recherche des réponses aux questions juridiques notamment par des
consultations périodiques, systématiques ou épisodiques,
par la fourniture des textes légaux ou règlementaires et par des
consultations écrites ;
- Appuyer les revendications des victimes et combattre les
violations des Droits Humains par la non-violence évangélique
;
- Accorder une assistance juridique aux groupes sociaux
vulnérables (indigents,
minorités, exclus, réfugiés, etc.),
spécialement aux femmes et aux enfants ; et - Favoriser les
échanges d'expériences entre organismes régionaux et
internationaux ayant des objectifs similaires15.
11 Op. Cit.
12 Moïse RWABIRA MAKUBULI, Les ONG et la gestion
des conflits en territoire d'Uvira : Cas de Héritiers de la Justice et
de GASAP, Mémoire, ISDR, Bukavu,
13 Ibid, p. 8
14
www.heritiers.org
15 Statuts de Héritiers de la Justice, Art. 6,
pp. 2 - 3
2005 - 2006, p. 7
Par ailleurs, même si les objectifs opérationnels
de chaque programme de l'association varient selon la situation
sécuritaire, de DH, de la paix et selon les besoins de la population au
niveau local, ils sont toujours inspirés et orientés par ces buts
et objectifs fixés par l'association à sa création.
Les mêmes statuts de l'association précisent que
HJ a cinq organes : l'AG, le CA, la présidence, le comité
directeur et le secrétariat exécutif. Ainsi, l'association est
structurée et organisée selon les organigrammes
présentés en annexes n° 1 et 2.
A ce jour, HJ emploie 18 agents répartis de la
manière suivante dans les différents programmes et services :
N°
|
Service ou Programme
|
Nombre
|
1
|
PAPR
|
3
|
2
|
PCC
|
3
|
3
|
PFE
|
2
|
4
|
PFRI
|
2
|
5
|
Sentinelles
|
2
|
6
|
Chauffeurs
|
2
|
7
|
Comptabilité
|
1
|
8
|
Encodage
|
1
|
9
|
Réception16
|
1
|
10
|
Secrétariat exécutif
|
1
|
Total
|
18
|
16 Pour le moment, c'est le réceptionniste qui
joue aussi le rôle de caissier
Chap. I. ORGANISATION DE HERITIERS DE LA JUSTICE
Ce chapitre traite de deux points :
- Les différents programmes de HJ
- La relation entre HJ et les autres structures de socialisation
dans Province.
I.1 .1. Les différents programmes de
Héritiers de la Justice
L'engagement de HJ dans le domaine de la paix et des DH se
réalise à travers les quatre programmes coordonnés par le
secrétariat exécutif de l'association. Il s'agit des programmes
suivants :
- Programme Aide légale, Protection et Recherche (PAPR)
;
- Programme Campagne et Communication (PCC) ;
- Programme Formation et Renforcement Institutionnel (PFRI) ;
- Programme Femme et Enfant (PFE) ;
I.1.1.1. Programme Aide légale, Protection et
Recherche (PAPR)
I.1.1.1.a. Création du Programme
Le programme aide légale, protection et recherche est le
service de HJ crée en 1991. Il est donc le plus ancien des programmes de
l'association.
I.1.1.1.b. But du programme
Ce programme a pour but l'amélioration de la situation des
DH dans la province. C'est pourquoi, il poursuit les objectifs suivants :
- Contribuer à la réduction des cas de
détention arbitraire, au réconfort des défenseurs des DH,
au rétablissement de la cohésion sociale, aux actions de
poursuite et de campagne ainsi qu'au soulagement des indigents et victimes de
violations des DH ;
- Sensibiliser l'opinion locale, nationale et internationale sur
la situation des DH; - Interpeller les autorités sur les cas de
violations des DH ;
I.1.1.1 .c. Activités
Le Programme Aide légale, Protection et Recherche a pour
activités :
- Assister juridiquement et judiciairement les indigents et
victimes des violations des DH;
- Accueillir, écouter et orienter les indigents et les
victimes de violations des DH; - Accompagner et réaliser les
médiations ;
- Appliquer les mécanismes non violents de revendication
des DH;
- Mener les recherches sur les cas de violation des DH et les
thèmes y relatifs ;
- Répondre ou mener des actions non violentes par rapport
aux cas de violation des DH;
- Elaborer le rapport des violations des DH;
- Assister les défenseurs des DH en danger ;
- Faire des recherches sur les thématiques liées
aux DH, des résultats de la médiation pour le maintien de la paix
ainsi que des dossiers judiciaires des indigents et victimes de violation des
DH ;
- Etablir des contacts ;
- Surveiller systématiquement la situation des DH ;
- Documenter les faits ;
- Analyser les informations collectées et en
vérifier les allégations ;
- Participer à l'enregistrement des émissions et
aux sessions de formation ; - Assurer la médiation entre personnes ou
groupes en conflit ;
- Eduquer à la résolution pacifique des conflits
à travers le dialogue et la non violence ;
- Localiser les lieux de détention et militer pour
l'amélioration des conditions carcérales.
I.1.1.1.d. Stratégies de travail
Pour atteindre ses objectifs, le PAPR utilise les
stratégies suivantes :
- Production des émissions Haki Yetu (notre
droit) et des rapports synoptiques des cas de violation des DH ;
- Collection et traitement des informations collectées sur
la violation des DH ; - Plaidoirie ;
- Enquêtes et investigations dans le domaine des DH ;
- Assistances juridique et judiciaire des victimes de violation
des DH ;
- Ecoute et conduite de médiation entre les personnes ou
les parties en conflit ; - Visites des détenus et des
lieux de détention ;
- Recherches sur les cas de viols et violences faites aux femmes
;
- Protection des défenseurs des DH.
I.1.1.1.e. Réalisations du programme
Les réalisations du PAPR ont un poids certain dans le
domaine de la
construction de la paix et de défense des droits
humains.
En effet, dans le domaine de la construction de la paix, le
rapport sectoriel du programme17 montre que HJ, à travers ce
programme, est devenu la structure de référence pour la
population. Souvent, lorsqu'un conflit voit le jour, la population consulte
Héritiers de la Justice pour une médiation. C'est ce qui ressort
du tableau ci- dessous reprenant les cas et la fréquence des conflits
dont les acteurs ont sollicité la médiation de HJ de juillet
à octobre 2005, sans considérer les cas traités dans
l'ensemble de la Province, tant par HJ que par les CMD depuis la
création de l'association et de ses structures relais :
N°
|
Type de conflit
|
Fréquence de cas
|
1
|
Conflits fonciers/ parcellaires
|
306
|
2
|
Abus de confiance
|
264
|
3
|
Tracasseries policières, administratives et militaires
|
276
|
4
|
Adultère
|
249
|
5
|
Abus de pouvoir
|
248
|
6
|
Arrestation arbitraires et détention illégale
|
234
|
7
|
Inexécution des obligations contractuelles
|
189
|
8
|
Inexécution des décisions judiciaires
|
187
|
9
|
Dénonciation calomnieuse /imputation
dommageable
|
153
|
10
|
Pillage et extorsion
|
120
|
11
|
Conflit conjugal et / ou de famille
|
89
|
12
|
Conflit de succession
|
78
|
13
|
Abandon de famille
|
58
|
14
|
Torture
|
57
|
15
|
Conflits de travail
|
46
|
16
|
Coups et blessures
|
23
|
17
|
Assassinat et / ou meurtre
|
23
|
18
|
Enlèvement
|
21
|
19
|
Demande d'asile
|
4
|
Total
|
2. 893
|
S'agissant de la provenance de la population qui consulte
l'association pour une médiation et un accompagnement juridique ou
judiciaire, le même rapport cite tous les territoires de la Province du
Sud-Kivu. Ce qui montre que la population lui fait confiance sur l'ensemble de
la Province.
17 Héritiers de la Justice, Programme
Aide légale, Protection et Recherche, Rapport sectoriel annuel Janvier -
Décembre 2005, janvier 2006, p. 15
Dans le domaine de la protection juridique, le programme
assiste la population victime de violation des DH. A titre d'exemple, pour la
seule période allant de juillet à octobre 2005, le programme a
suivi 75 dossiers judiciaires et 91 dossiers physiques ont été
enrôlés devant les cours et tribunaux du Sud Kivu et sont
conservés dans le bureau du Président de l'association.
I.1.1.2.Programme Campagne et Communication (PCC)
I.1.1.3.a. Création du programme
Le Programme Campagne et Communication a été
créé en 2003 après la fusion de programmes Information et
Communication ainsi que Campagne et advocacy.
I.1.1.2.b. But et objectifs du Programme
Comme le souligne BAGULA BURUME18, le but de cette
fusion était de rendre plus efficace le travail de ces deux programmes
qui étaient complémentaires. Ainsi, le but du programme est de
contribuer à la transformation sociale et à la promotion des DH
et la paix. C'est pourquoi il poursuit entre autres objectifs :
- Alimenter et sécuriser le site Héritiers de
la Justice ;
- Mobiliser et informer la communauté locale, nationale et
internationale sur la situation des DH dans la région des Pays des
Grands Lacs d'Afrique ;
- Informer la population locale sur ses droits et ses devoirs
;
- Contribuer à la disponibilité de l'information
;
- Accroître la synergie entre les différents
programmes de HJ.
I.1.1.2.c. Activités du programme
Le PCC exécute les activités suivantes :
- Production des émissions radiodiffusées
Sauti ya Mama Mnyonge (la voix de la femme indigente), Tuitetee
Haki (défendons le droit), Mimi Kadogo (moi l'enfant
soldat) et Haki Yetu (notre droit) ainsi que des rapports synoptiques,
des feuillets Nota Bene, des livrets didactiques, des brochures, des affiches,
des T-shirt, des calendriers, des dépêches et des annonces
précoces ;
- La sensibilisation à travers les actions de campagne,
advocacy et lobbyng; - Dissémination de l'information
sur les violations des DH ;
18 BAGULA BURUME, Animateur au PCC, interview
accordé à Bukavu, le 07 août 2006
- Identification des adresses des maisons des indigents et
victimes de violation des DH ;
- Souscription aux abonnements, passation des commandes et achat
d'ouvrages - Gestion de la pharmacie de droit et du site de l'association
- Participation aux activités d'autres programmes de
l'association, aux visites des associations partenaires et au processus de
démobilisation des enfants soldats ; - Entretien du contrat avec les
médias locaux et internationaux19.
I.1.1.2.d. Stratégie de travail
S'agissant des stratégies utilisées par le
programme, BAGULA BURUME20
cite :
- La sensibilisation de la population ;
- La surveillance ;
- La documentation de faits de violation des DH;
- Les publications à travers le site web ;
- La dénonciation par la radio, les publications et le
site de l'association.
I.1.1.2.e. Réalisations du programme
Le programme a pour mérite d'avoir contribué au
changement social du milieu. Ainsi, ses réalisations sont :
- La régularité de l'apparition des bulletins et
feuillets ;
- La mise sur pieds d'une pharmacie de droits21 ;
- La production des émissions radiodiffusées sur
les DH et la paix.
I.1.1.3. Le Programme Formation et Renforcement
Institutionnel (PFRI)
I.1.1.3.a. Création du programme
Crée en 2003, le Programme Formation et Renforcement
Institutionnel est le résultat de la fusion des deux anciennes approches
de HJ, formation et suivi de terrain, dans le but de mettre en place un
programme qui pourra assister le secrétaire exécutif dans
l'exercice de ses fonctions.
19 Héritiers de la Justice, Rapport
du brainstorming sur les méthodes de travail de Héritiers de
la Justice, Bukavu, du 22 au 23 décembre 2004
20 BAGULA BURUME, Enquêté
déjà cité.
21 Dans ce programme, la pharmacie des droits
désigne exclusivement la
Bibliothèque. Ce qui n'est pas le cas au sein du PFRI.
I.1.1.3.b. But et objectifs du programme
Le programme a pour but de renforcer les capacités des
structures et acteurs des DH. C'est pourquoi il poursuit les objectifs suivants
:
- Renforcer les capacités d'action de la
société civile ;
- Offrir aux organisations non gouvernementales des DH et la paix
un cadre d'échange d'expériences ;
- Promouvoir les instruments juridiques et les lois nationales
;
- Consolider le niveau d'action des animateurs des Comité
de Médiation et de Défense (CMD).
I.1.1.3.c. Activités du programme
Comme activités, le programme planifie et organise
différentes formations tant au niveau national qu'au niveau sous -
régional. En plus de cela, il s'occupe de :
- Former et recycler les enseignants et Inspecteurs
d'enseignement ;
- Encadrer les CMD ;
- Rende visiter et échanger avec les organisations
partenaires et échanger avec elles ;
- Organiser les formations, les colloques, les conférences
et les sessions de planification ;
- Renforcer les réseaux et les partenariats locaux ;
- Produire les rapports de formation.
I.1.1.3.d. Stratégies de travail :
Pour atteindre ses objectifs, le programme fait usage des
stratégies suivantes : - La formation en salle ;
- La distribution de documentation en matière des DH, paix
et démocratie ;
- Visite de suivi auprès des ONG
bénéficiaires de formation (CMD et autres) ; - Appui au
fonctionnement des CMD ;
- Echange des correspondances.
Les bénéficiaires directs et indirects du
programme sont HJ, les CMD, Les ONG locales des DH, les enseignants pour la
paix, pour la première catégorie, et les victimes des violations
des DH, les autorités politico - administrative et les
élèves pour la seconde catégorie.
I.1.1.3.e. Réalisations du programme
Comme Héritiers de la Justice ne peut pas
être partout à la fois, elle a installé, depuis 1993, des
comités de médiation et de défense (CMD) qui sont des
structures relais à la base dont les responsables et animateurs
bénéficient de la formation de la part de HJ. C'est ce que
souligne Déodatte CIKWANINE dans son rapport de stage22. En
installant les CMD, HJ ne tient pas compte des divisions administratives de la
province de manière que le rayon d'action de chaque CMD dépend de
sa capacité de s'étendre en créant les sous CMD.
Dans son analyse, Gérard KWIGWASA23
définit le CMD et présente son mode d'installation en disant que
le CMD est un regroupement des personnes dont les principales attributions sont
la médiation et la protection des Droits de l'Homme. Ses membres et
animateurs sont issus des différentes couches sociales sans
discrimination de quelque nature que ce soit. Ainsi, à la suite de HJ,
le rôle des CMD est de contribuer à la cohésion sociale
à travers :
- La gestion des conflits au sein des communautés de base
;
- La protection et la promotion des DH violés par le
pouvoir ou ses représentants ; - La dénonciation et la
documentation des cas de violation des DH ;
- La formation et l'information de la population sur ses droits
et sur la procédure
légale de les revendiquer selon le principe de non
violence évangélique.
C'est dans ce sens que la médiation est la
stratégie la plus utilisée dans la gestion des conflits par les
CMD. Pour atteindre sa mission, HJ promeut la justice et la cohésion
sociales par la réalisation du « gendarme social » et d'
« artisans de paix »qui sont des personnes morales ou physiques dont
les principes fondamentaux et d'action sont :
- L'évangile libère l'homme et le conduit à
agir avec un profond respect de ses
semblables ;
- La connaissance de ses droits est l'un des sentiers qui
débouchent sur leur reconnaissance ;
- Chaque individu a le devoir d'exiger le respect des droits de
ses semblables ;
- La vraie justice est celle qui est consentie librement par les
parties et réconcilie les hommes appelés à vivre dans la
joie et l'entraide en société ;
22Déodatte CIKWANINE KULIMUSHI,
Héritiers de la Justice et la lutte contre les viols et
violence faits aux femmes (Cas de la Province du Sud -Kivu), Rapport de
stage
effectué du 13 décembre 2004 au 15 janvier, 2005,
p.6
23 Les Comites de Médiation et de
Défense des Droits Humains (CMD) : Etat des lieux et perspectives
après dix ans d'âge, Analyse de Gérard KWIGWASA NAKAHUGA,
Animateur au Programme Formation et Renforcement Institutionnel, septembre
2005, p. 2
- Les droits et libertés de chaque personne s'exercent
dans le respect du droit de l'autre, de la sécurité collective,
de la morale et de l'intérêt commun.
Il faut noter que cette appellation d' « artisan de paix
» convient mieux aux membres des CMD préalablement formés
par HJ.
En ce qui concerne la genèse des CMD, Gérard
KWIGWASA24. observe que les membres de l'équipe
exécutive de HJ chargés de la structuration de la base
procédaient par des réunions de sensibilisation à travers
les Eglises et autres structures connexes. A l'issue de ces séances, la
population s'organisait pour mettre sur pied, sur la base d'élections,
une équipe de personnes qui constituait désormais le noyau soit
provisoire, soit définitif du CMD naissant
A ce jour, HJ a réussi à implanter 21 CMD dans
l'ensemble de la Province. Pour leur localisation à travers la province,
se référer au tableau tracé par Gérard
KWIGWASA25 et présenté ci-dessous :
Entités administratives
|
|
Nom du Comité
|
Ville de Bukavu
|
|
·
|
CMD Bagira
|
|
|
·
|
CMD Ibanda
|
|
|
·
|
CMD Kadutu
|
Territoire de Fizi
|
|
·
|
CMD Fizi/Baraka
|
Territoire de Kalehe
|
|
·
|
CMD Bunyakiri
|
|
|
·
|
CMD Kalehe
|
|
|
·
|
CMD Kalonge
|
|
|
·
|
CMD Nyabibwe
|
Territoire de Mwenga
|
|
·
|
CMD Kalambi
|
|
|
·
|
CMD Kamituga
|
|
|
·
|
CMD Kitutu
|
|
|
·
|
CMD Mwenga
|
Territoire d'Uvira
|
|
·
|
CMD Lemera
|
|
|
·
|
CMD Luvungi
|
|
|
·
|
CMD Sange
|
|
|
·
|
CMD Uvira
|
Territoire de Walungu
|
|
·
|
CMD Bideka
|
|
|
·
|
CMD Ibanda/Ngweshe
|
|
|
·
|
CMD Kamanyola
|
|
|
·
|
CMD Kamisimbi
|
|
|
·
|
CMD Kaziba
|
Pour ce qui est de l'encadrement des CMD, il relève de la
responsabilité du PFRI appuyé par les autres programmes de
l'association.
Selon Gérard KWIGWASA, la formation et le mandat des
responsables des CMD ainsi que leur structuration se font de la manière
suivante :
- De la formation des membres des CMD : elle est
constituée des divers modules
utiles à l'exercice de leur travail d'Artisan de paix et
activistes des DH. C'est le cas des modules qui ont été
dispensés aux membres des CMD selon le calendrier ci - dessous:
PERIODE
|
THEMES CENTRAUX
|
THEMES DES EXPOSES
|
Mars
|
Droits de l'Homme
|
- Analyse des problèmes dans une approche communautaire
- Comment collecter les informations en matière des Droits
Humains
- Les principales atteintes aux droits de l'homme dans nos
milieux
- L'Eglise et la protection des Droits Humains
- Les techniques d'animation et de mobilisation de la base
- La non-violence évangélique
|
Juillet
|
Connaissances juridiques
de base
|
- Les connaissances spéciales du droit de la famille
- Les éléments du droit foncier
- La légalité des actes de l'administration - La
fiscalité et la parafiscalité dans les entités
décentralisées au Zaïre (actuelle
RD Congo)
- L'organisation et le fonctionnement des juridictions au
Zaïre
- Les mandats de justice
- Démocratie et élections au quotidien - Les
éléments méthodologiques
d'éducation des adultes
|
Octobre
|
Gestion des conflits
|
- Eléments d'éducation à la paix
- Etude de cas : Expérience du centre Espoir
- Modes et avantages de résolution
pacifique des conflits
- Analyse des conflits au sein des groupes structurés
- Les techniques de médiation
|
- De l'organisation des CMD : Chaque Comité de
Médiation et de Défense s'organise à sa manière.
Cependant, dans l'ensemble, chaque CMD a un Président, un
Vice-président, un Secrétaire, un Trésorier et des
conseillers. Ce qui fait que le rapport entre HJ et les CMD est
structuré à quatre niveaux :
1er niveau : Equipe exécutive de Héritiers de la
justice
2ème niveau : Comités de Médiation et de
Défense
3ème niveau : Sous Comités de Médiation et
de Défense
4ème niveau : Antennes ou Cellules de Médiation et
de Défense
Contrairement à ce que présente Gérard
KWIGWASSA comme structure des CMD26, il s'est avéré
que seul le CMD d'Uvira possède un organigramme et un R.O.I. clairs et
mis en application (les autres CMD travaillent sans organigramme ni R.O.I). Cet
organigramme du CMD Uvira nous a été présenté par
BWEYO27 de la manière suivante :
Assemblée Générale
Conseil d'Administration
|
|
Commission de suivi
|
Direction exécutive
|
|
|
|
S'agissant des personnes constituant les CMD, ce sont des
volontaires reconnus dans leurs milieux respectifs comme des leaders locaux :
agents d'évangélisation, laïcs (fonctionnaires, enseignants,
membres du personnel médical, commerçants, femmes) ; seule
l'appartenance à la classe du pouvoir public et l'immoralité
manifeste constituent des freins à l'adhésion au CMD.
26 Les CMD fonctionnent comme des structures autonomes
par rapport à HJ à qui ils sont liés par un protocole de
collaboration contre signé par le Secrétaire exécutif de
HJ et le Président de chaque CMD.
27 M. BWEYO, Président du CMD Uvira, Interview
accordé à Uvira, le 16 août 2006
Pour s'inscrire à l'idéal de HJ, les CMD se sont
accordés d'accompagner les populations victimes des abus et violations
des DH en utilisant la sensibilisation et la conscientisation de la base en
matière des DH, la défense des droits de la personne (canaliser
les revendications), l'éducation sur la démocratie et les droits
et les devoirs de la personne, la médiation, la supervision des
Pharmacies de droits ainsi que l'organisation et l'animation des
Barza juridiques.
Outre les CMD, le PFRI encadre, comme structures relais à
la base, les Barza juridiques et les pharmacies de droits.
Par Barza juridique, Gérard
KWIGWASA28 entend des rencontres foraines organisées
périodiquement par un CMD pour diverses raisons, notamment un
échange d'informations sur la situation des DH dans la contrée,
une initiation et une formation progressive du gendarme social dans le
chef de la population ainsi qu'une éducation populaire, à la
culture démocratique, sur les droits de l'homme et les devoirs du
citoyen en utilisant la sagesse africaine comme support de la vulgarisation.
En ce qui concerne la Pharmacie de droit, Moïse
RWABIRWA29 dit que ce terme inspiré du monde médical,
désigne à la fois la permanence des CMD. Celle-ci est
assurée à tour de rôle par les membres de la structure, le
lieu d'écoute et d'orientation des opprimés et indigents, le
cadre où l'on conduit les médiations conciliatrices des parties
en conflits et le lieu de documentation en DH, paix et démocratie.
Bien que Héritiers de la Justice ait fourni
des efforts pour la formation des membres des CMD, force est de constater, avec
Gérard KWIGWASSA, que la plupart des membres des CMD aujourd'hui ne sont
pas formés. C'est ce qui ressort du tableau ci-dessous qu'il
présente dans son rapport30:
28 Gérard KWIGWASSA, Op. Cit., p. 9
29 Moïse RWABIRA MAKUBULI, Op. Cit., p.
28
N°
|
Nom du CMD
|
Nb S/CMD Opéra.
|
Membres
|
Nombre
|
Femmes
|
Formés *
|
Non formés
|
1
|
Bagira
|
|
5
|
0
|
4
|
1
|
2
|
Ibanda
|
|
6
|
1
|
3
|
3
|
3
|
Kadutu
|
|
12
|
4
|
4
|
8
|
4
|
Bideka
|
1
|
9
|
0
|
5
|
4
|
5
|
Ibanda/Ngweshe
|
7
|
33
|
3
|
6
|
27
|
6
|
Kamanyola
|
1
|
11
|
2
|
6
|
5
|
7
|
Kamisimbi
|
3
|
37
|
5
|
3
|
34
|
8
|
Kaziba
|
2
|
20
|
1
|
6
|
14
|
9
|
Lemera
|
|
7
|
0
|
5
|
2
|
10
|
Luvungi
|
|
7
|
2
|
4
|
3
|
11
|
Sange
|
|
14
|
1
|
4
|
10
|
12
|
Uvira
|
|
13
|
3
|
10
|
3
|
13
|
Fizi
|
|
7
|
0
|
2
|
5
|
14
|
Bunyakiri
|
4
|
47
|
7
|
10
|
37
|
15
|
Kalehe
|
1
|
13
|
0
|
2
|
11
|
16
|
Kalonge
|
|
8
|
1
|
5
|
3
|
17
|
Nyabibwe
|
2
|
25
|
3
|
2
|
23
|
18
|
Kalambi
|
1
|
11
|
2
|
4
|
7
|
19
|
Kamituga
|
2
|
18
|
0
|
7
|
11
|
20
|
Kitutu
|
10
|
39
|
3
|
9
|
30
|
21
|
Mwenga
|
1
|
15
|
1
|
4
|
11
|
|
TOTAL
|
34
|
357
|
38
|
105
|
252
|
Ce tableau révèle que sur 357 membres que compte
les CMD, seul 105 sont formés, soit un pourcentage de 29 % de
formés contre 71 % (252) des membres non formés. Ce qui justifie
bien les faiblesses constatées dans le fonctionnement des CMD par
Gérard KWIGWASSA31 dans le tableau présenté en
l'annexe n°3. Interrog és sur ces faiblesses, les responsables de
certains CMD nous ont donné les raisons présentées en
annexe n°4 et qui ne sont pas forcéme nt celles
évoquées par Gérard KWIGWASA. De ces enquêtes, il
ressort que la responsabilité des faiblesses de CMD doit être
partagée entre HJ et les CMD ; car, si HJ respectait les closes du
protocole d'accord (présenté en annexe n°5) avec les CMD, ce
ux-ci pourraient aussi bien fonctionner.
S'agissant des remèdes à ces faiblesses des CMD, le
tableau présenté en annexe n° 6 présente clairement
tant les propositions de HJ que celles des CMD.
I.1.1.4. Programme Femme et Enfant (PFE)
31 Gérard KWIGWASA, forces et faiblesses des
comites de médiation et de défense (CMD) de Héritiers
de la Justice, sd, pp. 1-9
I.1.1.4.a. Création du programme
Contrairement à ce qu'écrit Moïse
RWABIRA32 qui situe en 2 000 la création du programme de
promotion de la paix piloté par PFE, les origines de ce programme
remontrent à 1994. S'agissant des circonstances qui ont motivé
cette création, Paulin KISANGULA observe :
L'expérience de Héritiers de la Justice dans
le domaine d'éducation à la paix dans les écoles remonte
de l'année 1994 lors de la guerre fratricide qu'a connue le Rwanda. Dans
la marée humaine des réfugiés qui avaient réussi
à traverser la frontière de la RD Congo, Zaïre à
l'époque, Héritiers de la Justice avait
récupéré certains enfants non accompagnés et les a
encadré dans le « Centre Espoir ». Dans ce
centre, contrairement à ce qui se passait au Rwanda, où les
frères s'entretuaient sur des stéréotypes faciès,
ces enfants non accompagnés vivaient en parfaite harmonie. Cette
situation engendra l'idée,
pour Héritiers de la Justice, d'aider les enfants pour
qu'ils s'engagent
activement et inévitablement dans le travail de la
pacification et la
reconstruction du pays sans tenir compte du temps que cela
va prendre ni du sacrifice que cela va coûter ni même de la
difficulté de la tâche à accomplir. Les enfants doivent
éradiquer dans leur esprit les tendances déshumanisantes leur
laissées par les guerres pour espérer arriver à un Congo
pacifié demain33.
C'est de là qu'est né le programme de promotion
de la paix auprès des enfants. Ayant débuté avec 8
écoles, puis successivement 16, 26 et 40 écoles, le programme
encadre aujourd'hui 1. 028 écoles regroupées dans 20 points
focaux à travers la Province34.
Pour sa part Déodotte CIKWANINE35
précise que le centre de promotion de la paix au près des femmes
et enfants n'est pas une structure à part, mais désigne
l'ensemble des activités de promotion de la paix menées en faveur
de ces deux catégories vulnérables de la population.
I.1.1. 4.b. But et objectifs du programme
Le PFE a pour but de promouvoir la culture de la paix et des DH
auprès des enfants et des femmes. C'est pourquoi, ses objectifs sont les
suivants :
- Contribuer à l'édification d'une
société de paix avec les enfants ;
- Renforcer les capacités d'intervention des femmes
démunies membres des Paillotes de Paix ;
- Accroître la synergie et la complémentarité
entre les programmes ;
32 Moïse RWABIRA MAKUBULI, Op. Cit., p.
30
34 Ibid
33 Paulin KISANGULA, L'éducation à la
paix à travers l'école. Une expérience de
Héritiers de la Justice, Exposé présenté
au séminaire atelier organisé par RIO, Bukavu, le 19 juillet,
2006
35 Déodotte CIKWANINE, Op. Cit. , p.
8
- Eduquer à la démocratie et à la
participation citoyenne. I.1.1 .4.c. Les activités du
programme
Pour atteindre ces objectifs, le PFE déploie les
activités suivantes :
- Informer et former les enseignants, les élèves
ainsi que les parents d'élèves des EPP en DH et la paix ;
- Visiter les écoles de paix ;
- Accompagner les Clubs de Paix des écoles et
quartiers ;
- Organiser les échanger inter CDP, les projections des
films, les écoles des parents, les campagnes de sensibilisation
et les journées de réflexion ;
- Créer, organiser et faire le suivi des CDP ;
- Documenter sur les cas des viols et violences sexuelles ;
- Participer aux activités des autres programmes de
l'Association.
I.1.1.4.d. Les stratégies de travail
Pour réaliser ces activités, le PFE fait usage des
stratégies suivantes :
- Organisation des ateliers de travail avec les différents
éducateurs sur les stratégies
d'éducation des enfants à la paix, des ECOPA, des
sessions de formations des
enseignants sur la paix et des journées de
réflexion sur l'enfant et la paix ;
- Mise au point, production et diffusion d'un guide
pédagogique et d'autres supports
pédagogiques d'éducation des enfants aux DH et
à la paix ;
- Enseignement des notions des DH et la paix dans les
écoles ;
- Publication des bulletins Salam ;
- Production et animation des émissions
radiodiffusées avec les enfants ;
- Célébration de la journée internationale
de la paix le 21 septembre de chaque année et celle de l'enfant
africain.
I.1.1.4.e. Les réalisations du programme
Depuis sa création, le programme a déjà
réussi à mettre sur pied, à travers la province, les
structures relais et activités ci-dessous :
- Les écoles pour la paix
(EPP) : le rapport narratif de la formation - restitution faite par les points
focaux de juillet à septembre 200636 révèle que
le programme a réussi à parsemer, à travers la province,
20 points focaux comptant 1. 028 écoles
36 Paix et Démocratie, Rapport narratif
trimestriel juillet - septembre 2006, p. 3
de paix avec un effectif de 1. 822 enseignants formés
(dont 1. 465 hommes et 357 femmes) et 80. 278 enfants (dont 66. 940
garçons et 13. 338 filles) en DH et paix. Soit, un effectifs global de
82. 100 personnes formées sur les Droits Humains, la paix et la
démocratie à travers les écoles, sans compter les parents
de ces élèves encadrés à travers les ECOPA. Ces
effectifs sont présentés dans le tableau en annexe n° 7.
S'agissant des thèmes développés pendant
cette formation, le même rapport37 les présente en deux
domaines, à savoir : Les Droits Humains et la démocratie :
Thèmes concernant les Droits Humains
|
Thèmes concernant la
démocratie
|
1.
|
Droits Humains : Notions et raisons de leur enseignement ;
|
1. Une entrée dans les systèmes
électoraux ;
|
2.
|
Introduction au Pacte International
relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels ;
|
2. Elections libres, démocratiques et transparentes
;
3. Rôle du citoyen avant, pendant et
|
3.
|
Comprendre la Convention relative aux
|
|
après les élections
|
|
Droits de l'Enfant ;
|
|
|
4.
|
Vers une culture de paix à l'école et dans la
société : promouvoir la tolérance
|
|
|
5.
|
Introduction aux méthodes
participatives
|
|
|
6.
|
Techniques d'élaboration des rapports.
|
|
|
|
A chaque école pour la paix le PFE distribue, en plus de
la formation des enseignants pour la paix, les supports pédagogiques
suivants :
- La Convention relative aux Droits de Enfant ;
- La Constitution de la RD Congo ;
- La loi électorale ;
- Le guide pédagogique de l'éducation des enfants
aux DH et à la paix ;
- Le pacte international relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels
- Les rapports synoptiques de la situation sécuritaire et
des DH dans la province et
dans la région ;
- Les bulletins d'information sur la paix et les DH, les
Nota Bene, les Salam, les recueils des poèmes des
enfants sur la paix et les DH, le pacte international des D H;
- Les grandes dates des journées nationales et
internationales de la paix, de l'enfant africain ;
- Les rapports et les modules de formation sur les DH et la paix
;
- L'argent pour permettre aux participants aux
séminaires de formation à organiser des séances de
restitution - formation dans leurs écoles et points focaux
respectifs.
Parmi ces documents que quatre instruments juridiques font
l'objet de socialisation juridique et sont distribués à toutes
les EPP. Il s'agit de copies de la Constitution de la République
Démocratique du Congo, de la Convention relative aux Droits de l'Enfant,
de la loi électorale et du Pacte International relatif aux Droits
Economiques, Sociaux et Culturels. C'est ce qui ressort du tableau ci-dessous
présenté par le PFE38. Ces livres sont
distribués dans les points focaux qui, à leur tour les
distribuent dans les 1. 028 écoles pour la paix, partenaires à
Héritiers de la Justice39 :
AXE BUKAVU ET SES ENVIRONS
|
AXE PLAINE DE LA RUZIZI-FIZI
|
N°
|
POINT FOCAL
|
Nbre. Doc. Reçus
|
N°
|
POINT FOCAL
|
Nbre. Doc. Reçus
|
A
|
B
|
C
|
D
|
A
|
B
|
C
|
D
|
01
|
Ibanda I
|
222
|
111
|
111
|
111
|
01
|
Kamanyola
|
70
|
35
|
35
|
35
|
02
|
Ibanda II
|
112
|
56
|
56
|
56
|
02
|
Luvungi
|
90
|
45
|
45
|
45
|
03
|
Kadutu
|
142
|
71
|
71
|
71
|
03
|
Lemera
|
54
|
27
|
27
|
27
|
04
|
Bideka
|
90
|
45
|
45
|
45
|
04
|
Sange
|
66
|
33
|
33
|
33
|
05
|
Kabare
|
80
|
40
|
40
|
40
|
05
|
Kiliba
|
86
|
43
|
43
|
43
|
06
|
Kaziba
|
106
|
53
|
53
|
53
|
06
|
Uvira
|
178
|
89
|
89
|
89
|
07
|
Katana
|
78
|
39
|
39
|
39
|
07
|
Mboko-Nundu
|
74
|
37
|
37
|
37
|
08
|
Kavumu
|
80
|
40
|
40
|
40
|
08
|
Baraka
|
110
|
55
|
55
|
55
|
09
|
Bagira
|
142
|
71
|
71
|
71
|
09
|
Fizi
|
88
|
44
|
44
|
44
|
10
|
Mumosho- Nyangezi
|
94
|
47
|
47
|
47
|
10
|
Makobola
|
38
|
19
|
19
|
19
|
TOTAL
|
1146
|
573
|
573
|
573
|
TOTAL
|
854
|
427
|
427
|
427
|
Soit, un total de 2. 000 copies de la Constitution de la RD
Congo, 1. 000 copies de CDE, 1. 000 copies de la loi électorale de la RD
Congo et 1.000 copies de PIDESC distribuées dans les écoles de
paix, partenaires de HJ. En outre, avant de distribuer les différents
manuels des lois et conventions aux écoles de paix, l'association
commence par organiser des sessions de formation en faveur des enseignants, des
préfets d'études et des inspecteurs d'enseignement primaire et
secondaire sur ces manuels et leur utilisation.
38 Idem, p. 8
39 Légende :
· A = Constitution de la République
· B = Convention relative aux Droits de l'Enfant
· C = Loi Electorale
· D = Pacte International relatif aux Droits Economiques,
Sociaux et Culturels
- Les paillotes de paix (PDP) qui
regroupent les femmes marginalisées que HJ encadre pour les aider
à connaître leurs droits civiles, politiques, économiques,
sociaux et culturels. La plupart d'entre elles sont soit des veuves, soit des
divorcée ou vivant seules.
- Les écoles des parents
(ECOPA) qui sont un cadre de formation et information des parents
d'élèves des EPP. A travers ce cadre, le PFE sensibilise les
parents sur les droits de l'enfant (CDE), les DH, les mécanismes de
transformation des conflits, la coexistence pacifique et le processus de paix
en cours.
- Les Club de paix (CDP)
qui regroupent les enfants issus des écoles pour la paix à
travers les camps d'entraînement à la paix, l'émission
« L'enfant et la paix », la production des
oeuvres littéraires (poèmes) et artistiques (dessins), des
scénettes, des pièces théâtrales par les enfants, la
production du bulletin mensuel Salam et la célébration
de la Journée Internationale de la Paix (le 21 sept de chaque
année).
- Diffusion des émissions sur la paix et les
Droits Humains sur les ondes RTNC Bukavu, RTNC Uvira et Umoja de
Kaziba40.
Les quatre programmes sont coordonnés par le
secrétariat exécutif chargé d'assurer un meilleur service
administratif, de capitaliser les données, de renforcer l'interaction
entre les différents programmes, de contribuer à l'efficience du
plan et à la facilitation du fonctionnement des programmes ainsi que de
stimuler la productivité et contribuer au renforcement d'une gestion
saine41.
Faut-il encore savoir la relation que HJ entretient avec les
autres structures de socialisation existant dans la Province du Sud - Kivu
à par l'école.
I.1.2. Relation entre Héritiers de la Justice et
les autres structures de socialisation dans la Province
Ce paragraphe examine la relation que l'association entretient
avec l'Eglise protestante42, avec l'administration publique,
l'armée, la police et les autres organisations non gouvernementales des
DH dans la Province.
I. 1.2.1. Relation entre Héritiers de la Justice et
les églises protestantes
40 PFE, Paix et Démocratie, rapport narratif
trimestriel juillet - septembre 2006, Op. Cit., pp. 6-7
41 Héritiers de la Justice, Plan de
renforcement institutionnel et organisationnel de Héritiers de la
Justice (Plan PRIO - CCI, inédits, mars 2005, pp. 7-11
42 Par églises protestantes, nous entendons les
communautés constituant l'E. C. C.
Une étude CAA (connaissance, attitude et attentes) a
permis de dégager la relation entre HJ et les communautés
constituant l'ECC / Sud Kivu. Ceci, parce qu'en tant qu'une structure
d'obédience protestante, la connaissance, l'attitude et les attentes de
l'Eglise protestante peuvent jouer un rôle déterminant dans
l'efficacité de l'action de l'association dans la Province. Ce qui n'est
pas le cas pour l'interaction avec les autres structures. L'étude a
consisté à lancer un questionnaire ouvert à 9 questions
auquel étaient soumis les faiseurs d'opinion dans ces communautés
(Représentants légaux43, les chargés
d'évangélisation et vie de l'Eglise au niveau des
communautés dans la Province, les Pasteurs responsables des paroisses,
les présidents des comités des femmes et des jeunes au sein des
paroisses) ainsi que les préfets et directeurs des écoles
conventionnées protestantes de la ville de Bukavu44.
Compte tenu du nombre des paroisses que compte les
communautés membres de l'ECC dans la ville de Bukavu notre enquête
a été menée de la manière suivante :
- Des 20 Représentants Légaux des églises
constituant l'ECC/ Sud- Kivu enquêtés,
13 ont répondu et remis notre questionnaire ; soit 80 %
- Des 20 chargés d'Evangélisation et vie de
l'Eglise enquêtés, 7 ont remis notre questionnaire; soit 35 %
- Pour les pasteurs, Présidentes des Femmes et
Présidents des jeunes, nous avons ciblé 33 paroisses protestantes
considérées comme les plus peuplées et plus influentes de
la ville de Bukavu selon les cota suivant45 : 8ème
CEPAC : 9 paroisses ; 5ème CELPA : 8 paroisses ;
26ème CELMC : 4 paroisses ; 7ème CEGC : 4
paroisses ; 40ème CECA : 3 paroisses ;
34ème CADAF : 3 paroisses et la 21ème CNCA
: 2 paroisses. De 99 responsables ciblés, 92 ont remis le questionnaire
; soit 93 %
- Sur 15 préfets et Directeurs d'écoles
conventionnées protestantes que nous avons ciblés, 9 ont remis le
questionnaire, soit 60 %
Ainsi, sur 152 questionnaires distribués, 121 nous ont
été retournés ; soit 79 %.
43 Par Représentant Légaux, il faut
entendre soit les présidents communautaires au niveau national (pour les
Communautés qui ont leurs sièges dans la Province) ou les
Délégués provinciaux, les Représentants
légaux suppléants ou adjoints qui sont des représentants
légaux de leurs communautés respectives dans la Province (pour
les communautés dont les sièges sont dans d'autres Provinces que
le Sud -Kivu
44 Ces deux questionnaires sont
présentés en annexes n° 8a et b
45 Le nombre de paroisses attribué à
chaque communauté a tenu compte de l'importance et de l'influence des
communautés dans la ville.
I.1.2.1. a. Présentation de l'échantillon
Tableau n° 1 : Présentation de
l'échantillon
Paramètres
Eglises
|
Ministères ou Fonctions dans l'Eglise
|
Ages
|
Total
|
%
|
Représentant Légal
|
Chargé d'évangélisation et vie de
l'église
|
Pasteurs
|
Présidentes de femmes
|
Présidents des
jeunes
|
Préfets ou Directeurs d'école
|
18- 27 ans
|
28- 37ans
|
38- 47ans
|
48- 57ans
|
58ans et
plus
|
8ème CEPAC
|
1
|
1
|
10
|
8
|
10
|
6
|
1
|
9
|
15
|
8
|
3
|
36
|
30
|
5ème CELPA
|
1
|
0
|
3
|
5
|
7
|
0
|
6
|
4
|
4
|
2
|
0
|
16
|
13
|
26ème CMLC
|
1
|
0
|
4
|
5
|
4
|
1
|
1
|
6
|
4
|
4
|
0
|
15
|
12
|
40ème CECA
|
1
|
1
|
4
|
3
|
3
|
0
|
2
|
4
|
3
|
3
|
0
|
12
|
10
|
21ème CNCA
|
1
|
0
|
3
|
2
|
2
|
2
|
0
|
1
|
5
|
4
|
0
|
10
|
8
|
34ème CADAF
|
0
|
0
|
2
|
3
|
3
|
0
|
0
|
5
|
0
|
2
|
1
|
8
|
7
|
7ème CEGC
|
1
|
0
|
3
|
1
|
2
|
0
|
0
|
5
|
1
|
1
|
0
|
7
|
6
|
28ème CMCC
|
1
|
2
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
2
|
1
|
0
|
4
|
3
|
37ème CADC
|
1
|
0
|
2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
0
|
3
|
2
|
12ème AOG
|
1
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
0
|
2
|
2
|
52èmeCELCE
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
0
|
2
|
2
|
55ème CEBCE
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
2
|
2
|
3ème CBCA
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
11ème CAC
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
19èmeCEEBECO
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
27ème EMGL
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
Total
|
13
|
7
|
34
|
27
|
31
|
9
|
10
|
37
|
36
|
32
|
6
|
121
|
100
|
%
|
11
|
6
|
28
|
22
|
26
|
7
|
8
|
31
|
30
|
26
|
5
|
100
|
100
|
De ce tableau n° 1 il ressort que notre
échantillon est constitué de 121 personnes reparties de la
manière suivante selon les paramètres Eglise d'appartenance,
ministères ou fonction dans l'Eglise et âge :
- selon le paramètre église d'appartenance
il y a 36 membres de la 8ème CEPAC, 16 membres de la
5ème CELPA, 15 membres de la 26ème CLMC, 12
membres de la 40ème CECA, 10 membres de la
21ème CNCA, 8 membres de la 34ème CADAF, 7
membres de 7ème CEGC, 4 membres de la 28ème
CMCC, 3 membres de la 37ème CADEC, 2 membres de la
12ème AOG, 2 membres de la 52ème CEELCO, 2
membres de la 55ème CEBCE, 1 seul membre de la
3ème CBCA, 1 seul membre de la 11ème CAC, 1
seul membre de la 19ème CEBCO et 1 seul membre de la
27ème EMGL.
- Selon le paramètre ministère ou fonction au
sein de l'église d'appartenance, l'échantillon est
constitué de 34 Pasteurs responsables des paroisses, 31
Présidents des jeunes dans les paroisses, 27 Présidentes des
mamans dans les paroisses,
13 Représentants légaux dans la Province, 7
Chargés d'évangélisation et vie de l'Eglise au niveau
communautaire dans la Province et de 9 Préfets et directeurs
d'écoles conventionnées protestantes de la ville.
- Selon le paramètre âge, notre
échantillon est constitué d'hommes et des femmes les jeunes de
moins de 27 ans représentent 8 % ; les personnes dont l'âge
varie entre 28 et 37 ans représentent 31 %, celles dont l'âge
varient entre 38 et 47 ans représentent 30 %, celles dont l'âge
varie entre 48 et 57 ans représentent 26 % et les répondants dont
l'âge varie entre 58 ans et plus représentent 5 % de
l'échantillon.
I.1.2.1. b. De la connaissance des lois du pays par les
enquêtés
Question n°1 : Pouvez-vous dire le nombre
des lois promulguées pendant la période de transition dans
notre pays ?
Tableau n° 2 : de la connaissances des lois promulg
uées pendant la période de transition dans le pays
Assertions
Ministères ou fonctions
|
Oui
|
Non
|
Total
|
%
|
Pasteurs
|
13
|
21
|
34
|
28
|
Présidents des jeunes
|
10
|
21
|
31
|
26
|
Présidentes des femmes
|
7
|
20
|
27
|
22
|
Représentants Légaux
|
5
|
8
|
13
|
11
|
Préfets ou Directeurs d'école
|
4
|
5
|
9
|
07
|
Chargés d'évangélisation et vie de
l'église
|
4
|
3
|
7
|
6
|
Total
|
43
|
78
|
121
|
100
|
%
|
36
|
64
|
100
|
100
|
De ce tableau, il ressort que 64 % de faiseurs d'opinions dans
les églises protestantes ne savent pas le nombre de lois
promulguées en RD Congo pendant la période de transition allant
de 2002 à 2006 ; contre 43 % qui prétendent le connaître.
Parmi ceux qui ignorent ce nombre, les présidents des jeunes viennent en
premier lieu (68 %), puis Pasteurs des paroisses (62 %) et les
Représentants Légaux des communautés (62 %), suivis des
Présidentes de femmes (74%), puis viennent les des préfets et
directeurs d'écoles secondaires et primaires conventionnées
protestantes
56 %) ; et en fin, les chargés
d'évangélisation et vie de l'Eglise dans les différentes
communautés membres de l'ECC (42 %).
Parmi les 43 enquêtés qui prétendent
connaître le nombre précis des lois promulguées, les
Présidentes de femmes représentent le pourcentage le plus faible
(26 %) suivies des Présidents des jeunes (31 %), puis suivent les
pasteurs des paroisses (38 %), en suivis des préfets et directeurs
d'écoles conventionnées protestantes (44 %), en suite
Représentants Légaux des communauté (56 %), et en fin les
chargés d'évangélisation et vie de l'Eglise (57 %) des
enquêtés par catégorie.
Ces résultats impliquent que l'Eglise protestante a besoin
d'une socialisation juridique comme structure de d'encadrement de la population
dans la Province du Sud - Kivu.
i. Parmi les 5 Représentants Légaux qui ont lu
au moins une loi promulguée pendant la transition :
- Un ne connaît pas le nombre des lois promulguées
mais avoue avoir lu trois lois ; - Un deuxième parle de 4 lois
promulguées et les a toutes lues ;
- Un troisième parle de 5 lois promulguées et en a
lues trois ;
- Un quatrième ne connaît pas le nombre mais avoue
avoir lu 3 lois ; - Un dernier parle de 229 lois promulguées dont il a
lu 150.
ii. Parmi les 4 chargés d'Evangélisation et
vie de l'Eglise qui ont lu au moins une seule loi :
- Le premier dit que seules quatre lois ont été
promulguées et les a lues toutes ;
- Le deuxième parle d'une seule loi promulguée et
l'a lue ;
- Le troisième parle des 5 lois promulguées dont
il n'a lu que 3 ;
- Et le quatrième parle des 244 lois promulguées et
prétend les avoir
lues toutes.
iii. Des 12 pasteurs responsables des paroisses
ciblées et qui ont lu au moins une loi :
- Le premier parle de 6 lois promulguées mais n'a lu
qu'une seule ;
- Le deuxième parle des 2 lois promulguées et les
a toutes lues ;
- Le troisième ne connaît pas le nombre mais a lu 3
lois ;
- Le quatrième parle de plus ou moins 30 lois
promulguées dont il n'a
lu que 7 ;
- Le cinquième parle de 4 lois promulguées dont il
n'a lu qu'une seule ;
- Le sixième parle de 3 lois promulguées et les a
toutes lues ;
- Le septième parle de 6 lois promulguées mais n'a
lu qu'une seule ;
- Le huitième ne connaît pas le nombre mais
prétend avoir lu 229 lois ;
- Le neuvième parle de 229 lois promulguées mais
n'a lu que plus ou
moins 18 lois ;
- Le dixième parle de 3 lois promulguées et a lu 2
lois ;
- Les deux derniers parlent d'une seule loi promulguée et
l'ont lue.
iv. Parmi les 8 présidentes des associations de
femmes qui ont lu au moins une loi :
- La première a parlé de 229 lois
promulguées et n'en a lue que 4 ;
- La deuxième a parlé de 2 lois promulguées
et n'a lu qu'une seule ; - La troisième a parlé de 3 lois
promulguées et n'a rien lu ;
- La quatrième a parlé de 225 lois
promulguées et n'a lu que 10 ;
- La cinquième a parlé de 150 lois
promulguées et n'a lu que 36 ;
- La sixième a parlé de 10 lois promulguées
et n'a lu que 3 ;
- La septième parle de 229 lois promulguées mais
n'a lu que 31 ;
- La huitième ne connaît pas le nombre des lois
promulguées mais avoue avoir lu 47 lois.
v. Parmi les 11 présidents des associations des
jeunes qui ont lu au moins une loi :
- Le premier fixe à 543 le nombre des lois
promulguées pendant la transition
et n'a lu que 150 ;
- Le deuxième avoue qu'il ne connaît pas le nombre
des lois promulguées
mais dit avoir lu 100 ;
- Le troisième a parlé de 75 lois
promulguées et n'a lu que 25 ;
- Le quatrième a parlé de 229 lois
promulguées et les a lues toutes ;
- Le cinquième parle aussi de 229 lois promulguées
et n'a lu que 217 ;
- Le sixième parle de 2 lois promulguées et n'a lu
qu'une seule ;
- Le septième parle de 6 lois promulguées et n'a
lu que 4 ;
- Le huitième parle de 2 lois promulguées et les a
lues toutes ;
- Le neuvième parle de 4 lois promulguées mais n'a
lu que 3 ;
- Le dixième ne connaît pas le nombre des lois
promulguées et n'a rien lu ;
- Le onzième ne connaît pas non plus le nombre de
lois promulguées mais a
lu 1 une seule loi.
vi. Parmi les quatre Préfets et Directeurs des
écoles conventionnées protestantes qui ont lu au moins une loi
:
- Le premier a parlé 2 lois promulguées et n'a lu
aucune ;
- Le deuxième a parlé de 245 lois
promulguées dont il dit avoir lu 8 ;
- Le troisième ne connaît pas le nombre des lois
promulguées mais dit avoir lu
une seule ;
- Le quatrième a parlé de 3 lois promulguées
et les a lues toutes.
I.1.2.1. c. Source de provenance des lois lues
Question n°2 : De qui avez-vous eu les lois
lues
Tableau n° 4 : De la provenance des lois lues par les
enquêtés
Assertions
Ministères ou fonctions
|
D'un parti
politique
|
De Héritiers de la Justice
|
D'une autorité
ecclésiastique
|
De votre pasteur
|
D'une
autre
source
|
Total
|
%
|
Représentants Légaux
|
0
|
0
|
2
|
0
|
11
|
13
|
18
|
Chargés d'évangélisation et vie de
l'église
|
0
|
0
|
0
|
0
|
7
|
7
|
9
|
Pasteurs
|
2
|
2
|
7
|
2
|
1
|
14
|
19
|
Présidentes des femmes
|
2
|
1
|
5
|
2
|
6
|
16
|
22
|
Présidents des jeunes
|
4
|
2
|
2
|
2
|
6
|
15
|
20
|
Préfets ou Directeurs d'école
|
0
|
0
|
0
|
0
|
9
|
9
|
12
|
Total
|
8
|
5
|
16
|
6
|
39
|
74
|
100
|
%
|
11
|
7
|
22
|
8
|
53
|
100
|
100
|
Tels qu'ils se présentent dans le tableau n° 4,
les résultats des enquêtes montrent que des 74
enquêtés qui ont prétendu avoir lu au moins une loi
promulguée pendant la période de transition, seuls 7 les ont eues
de HJ. Ce qui représente le dernier taux de 5 % alors que 39 les ont
eues d'autres sources dont la Commission Electorale Indépendante compte
34 des 39 enquêtés qui ont reçu les lois d'une autre
source. C'est ce qui justifie le fait que le Référendum
constitutionnel, la loi électorale et la Constitution de la
troisième République sont les lois qui ont été lues
par tous les 74 enquêtés qui ont lu au moins une lois. Ces
résultent sous-entendent que l'Eglise comme structure de socialisation
ne bénéficie pas de l'information et de la formation au droit que
HJ donne à certaines écoles.
I.1.2.1. d. De la connaissance que les
enquêtés ont de Héritiers de la Justice Question
n° 3 : Avez-vous personnellement une certaine connaissance de
Héritiers de la Justice ?
Tableau n° 5 : De la connaissance que l'on a de
Héritiers de la Justice
Assertions
Ministères ou fonctions
|
Oui
|
Non
|
Total
|
%
|
Représentants Légaux
|
10
|
3
|
13
|
11
|
Chargés d'évangélisation et vie de
l'église
|
6
|
1
|
7
|
6
|
Pasteurs
|
21
|
13
|
34
|
28
|
Présidentes des femmes
|
13
|
14
|
27
|
22
|
Présidents des jeunes
|
18
|
13
|
31
|
26
|
Préfets ou Directeurs d'école
|
8
|
1
|
9
|
7
|
Total
|
76
|
45
|
121
|
100
|
%
|
63
|
37
|
100
|
100
|
De ce tableau, il ressort que 76 des enquêtés ;
soit 63 % de 121 personnes qui ont répondu au questionnaire ont une
certaine connaissance de Héritiers de la justice contre 45
enquêtés, soit 37 % qui disent n'avoir aucune connaissance de
cette association.
S'agissant de la manière dont ils ont eu connaissance
de HJ, deux moyens sont donnés par 52 des 76 enquêtés ayant
une certaine connaissance de l'association, il s'agit des émissions
à la radio et à travers les publication de l'association ; alors
que les 24 autres ont eu connaissance de HJ en bénéficiant,
directement ou indirectement, de la plaidoirie, de l'accompagnement juridique
ou judiciaire, de la médiation en cas de conflits ou à travers
les relations personnelles avec les agents e l'association. Malheureusement,
tous les 76 enquêtés ont une connaissance erronée de HJ,
qu'ils identifient à une
structure de l'ECC alors que depuis 1993 Héritiers de la
Justice est une association sans buts lucratifs autonome vis-à-vis de
l'ECC/ Sud- Kivu.
I.1 .2.1. e. De la relation entre Héritiers de
la Justice et les Communautés membres de l'ECC
Question n° 4 : Votre communauté
entretient-elle de relation avec Héritiers de la Justice ?
Tableau n° 3 : De la relation entre communautés
mem bres de l'EC C et Héritiers de la justice
Paramètres Eglises
|
OUI
|
NON
|
Je ne sais pas
|
Total
|
%
|
3ème CBCA
|
1
|
0
|
0
|
1
|
1
|
5ème CELPA
|
5
|
9
|
2
|
16
|
19
|
7ème CEGC
|
0
|
6
|
1
|
7
|
6
|
8ème CEPAC
|
12
|
21
|
3
|
36
|
30
|
11ème CAC
|
1
|
0
|
0
|
1
|
1
|
12ème AOG
|
0
|
2
|
0
|
2
|
2
|
19ème CEBCO
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
21ème CNCA
|
3
|
7
|
0
|
10
|
8
|
26ème CELMC
|
4
|
11
|
0
|
15
|
12
|
27ème EMGL
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
28ème CMCC
|
1
|
3
|
0
|
4
|
3
|
34ème CADAF
|
1
|
7
|
0
|
8
|
7
|
37ème CADEC
|
0
|
3
|
0
|
3
|
2
|
40ème CECA
|
4
|
8
|
0
|
12
|
10
|
52ème CEELCO
|
0
|
2
|
0
|
2
|
2
|
55ème CEBCE
|
1
|
1
|
0
|
2
|
2
|
Total
|
33
|
82
|
6
|
121
|
100
|
%
|
27
|
68
|
5
|
100
|
100
|
En ce qui concerne la relation entre Héritiers de
la Justice et les Eglises protestantes membres de l'ECC/ Sud- Kivu, le
tableau ci-dessus montre que 82 sur 121 responsables et faiseurs d'opinions
dans ces églises disent que leurs communautés n'entretiennent pas
de relation avec cette association dont les fondateurs sont des Laïcs
protestants issus des Communautés constituants l'ECC. Soit 68 % de ceux
dont les communautés n'ont pas de relation avec H.J. ; contre 33
personnes ; soit 27 % de ceux qui prétendent que leurs
communautés ont une relation avec l'Association.
Interrogé sur la relation entre Héritiers de
la Justice et l'ECC d'une part et les communautés membres de
l'ECC/Sud -Kivu de l'autre, l'un des hauts responsables de l'EC C au niveau
provincial et qui a voulu garder l'anonymat nous a dit ce qui suit :
Il existe un sérieux problème
d'identité de cette association qui se dit Service des Eglises
protestante pour les Droits Humains et la paix ; car elle n'appartient
pas à l'ECC et n'entretient aucune relation particulière ni avec
l'ECC, ni avec les communautés membres. C'est pourquoi, elle doit
changer l'inscription service des églises protestantes
et la remplacer par une autre pour éviter que les responsables
de l'ECC continuent à répondre des actes et les publications de
cette association qui ne lui appartient pas comme c'était le cas lors de
l'occupation de l'Est du pays par le Rassemblement Congolais pour la
Démocratie. Si cette relation n'est pas clarifiée, nous allons
créer une commission justice et paix de l'ECC qui sera
considérée comme service protestant pour les Droits Humains et la
paix46.
Ce souci de dissiper tout malentendu quant à la
relation entre Héritiers de la Justice et l'ECC/Sud-Kivu est
clairement exprimé dans le rapport47 des travaux de
diagnostic organisationnel organisés par l'ECC. En effet, la
qualité du travail de HJ et l'unité des protestants dans la
promotion et la protection des Droits Humains dans la Province en
dépendent.
Interrogé sur cette méconnaissance de
Héritiers de la Justice comme service des églises
protestantes pour la paix et les DH par certains des hauts responsables de
l'ECC, le président de Héritiers de la Justice l'a
justifié de la manière suivante :
L 'asbl Héritiers de la Justice a été
créée par une décision prise par le comité
exécutif de l'ECZ lors de l'une de ses assises. Si elle a
été rendue autonome, c'est de peur qu'elle ne tombe en faillite
comme le Groupe Technique d'Encadrement Régional qui était
dissout48 à cause des conflits qui sévissaient
à l'ECZ. L'intention n'était pas de détourner le
programme, sinon, elle ne porterait plus l'inscription Service des
églises protestantes pour la paix et les Droits
Humains49.
Cette déclaration du présidant de
Héritiers de la Justice donne l'impression que, selon lui, l'association
appartient à l'ECC, ce qui n'est pas conforme à l'article premier
des statuts de l'association et de la présentation du site
évoqués dans les pages précédentes du
présent travail.
Précisons cependant que, dans ses statuts, l'association
donne à l'ECC la considération suivante :
- Dans l'Art. 18, les statuts de Héritiers de la
Justice disent que parmi les six personnes devant constituer le Conseil
d'Administration de l'Association, deux devront être les
délégués de l'ECC ;
46 Responsable anonyme de l'E C.C./ Sud- Kivu,
interview accordé à Bukavu, le 30 août 2006
47 Eglise du Christ au Congo, Programme de
redynamisation de l'ECC /Synode du Sud - Kivu, Rapport inédit, Bukavu,
juin 2006, p. 22
48 Selon les informations à notre possession,
le GTER était dissous le 12 mai 1998
49 LUBALA MUGISHO KAZA, enquêté
déjà cité
- L'Art. 2 des statuts de Héritiers de la Justice
dispose que Héritiers de la Justice est une association apolitique sous
tutelle de l'Eglise du Christ au Zaïre, Secrétariat Régional
du Sud -Kivu ;
- L'Art. 9 des statuts dispose que sont membres d'honneur
toutes les communautés religieuses membres de l'ECZ/ Sud- Kivu et toutes
autres personnes ayant rendu des services exceptionnels à l'Association,
en particulier lors de sa création ;
- Le deuxième paragraphe de l'Art. 14, relatif aux
membres de l'assemblée générale de l'Association dispose
que le Conseil d'Administration de l'Association fixe le nombre des membres du
conseil d'Administration et en élit les membres à l'exception des
délégués du Secrétariat Régional de l'ECZ/
Sud - Kivu.
- Le quatrième paragraphe du même article dispose
que le rapport annuel et les comptes sont adressés chaque année
à tous les membres de l'Association.
De ces articles, il ressort que la demande de la clarification
de la relation entre l'ECC ou les communautés membres de l'ECC et HJ est
consécutive au flou qu'entretien l'association qui, se reconnaissant
autonome par rapport à l'ECC, s'appelle Service des églises
protestantes pour la paix et les Droits Humains alors que Héritiers
de la Justice présente les 13 Communautés constituant l'ECC en
1993 comme associées et non fondatrices de l'association50.
Aussi, le fait de demander la clarification de la relation entre elle
et Héritiers de la Justice montre à suffisance que tous les
membres du Comité Exécutif de l'ECC n'ont pas la connaissance des
statuts régissant HJ et qui précisent le statut et les droits de
l'ECC par rapport à HJ : Tuteur moral de l'Association, ayant droit
à deux sièges au CA, membre d'honneur, libre de désigner
et fixer le nombre de ses délégués à
l'Assemblée Générale de HJ et ayant droit de recevoir les
copies de rapport annuel et des comptes de l'Association en sa qualité
de membre.
Interviewé sur cette question du flou entretenu sur la
relation entre l'ECC et Héritiers de la Justice, le
président51 de l'Association répond que seuls les
nouveaux responsables d'églises ne connaissent pas bien l'appartenance
de Héritiers de la Justice à l'ECC; ceci à cause des
guerres qui n'ont pas permis d'organiser beaucoup de réunions
50 Découvrez HJ,
www.heritiers.org
51 LUBALA MUGISHO KAZA, Président de
Héritiers de la Justice, interview accordé à Bukavu,
août 2006.
avec eux. Sinon, à chaque conseil d'administration de HJ,
il y a toujours les délégués de l'ECC.
Contrairement à cette raison avancée par le
président de l'association, les informations recueillies pendant les
enquêtes ont révélé que la cause de ce conflit
d'information est la non tenue des réunions de l'AG et du CA de
l'Association qui sont des cadres qui pourraient dissiper cette ignorance de
l'Eglise Protestante du Sud Kivu sur la relation entre elle et
HJ52.
I.1 .2.1. f. Du service rendu par Héritiers de
la Justice aux chrétiens protestants Question n° 5 :
Avez -vous déjà bénéficié des services de
Héritiers de la Justice ? Tableau n° 4 : les
protestants ayant bénéficié des services de HJ.
Assertions
Ministères ou fonctions
|
Oui
|
Non
|
Total
|
%
|
Présidents des jeunes
|
5
|
26
|
31
|
26
|
Présidentes des femmes
|
5
|
22
|
27
|
22
|
Représentants Légaux
|
3
|
10
|
13
|
11
|
Chargés d'évangélisation et vie de
l'église
|
2
|
5
|
7
|
6
|
Préfets ou Directeurs d'école
|
4
|
5
|
9
|
7
|
Pasteurs
|
16
|
18
|
34
|
28
|
Total
|
35
|
86
|
121
|
100
|
%
|
29
|
71
|
100
|
100
|
Le tableau ci-dessus révèle que des 121
enquêtés seulement 35 ont déjà
bénéficié des services de HJ contre 86 qui ont
répondu par non ; soit 71 % des nos
enquêtés n'ont pas encore bénéficié des
services de l'association contre 29 % qui en ont déjà
bénéficié. De ces 86 responsables enquêtés
qui n'ont jamais bénéficié de services de HJ, les
présidents des jeunes viennent en premier lieu avec 84 %, puis suivent
les présidentes des femmes avec 81 %, suivies de Représentants
Légaux avec 77 %, puis suivent les chargés
d'évangélisation et vie de l'Eglise avec 71 %, et en fin les
préfets et directeurs d'écoles conventionnées protestantes
avec 53 % d'enquêtés par catégorie.
S'agissant d'enquêtés qui ont déjà
bénéficié des services de HJ, les préfets et
directeurs d'écoles viennent en premiers lieu avec 57 %, suivis des
pasteurs de
52 A moins que certains documents aient
échappé à notre recherche, il est établi qu'une
seule assemblée générale s'est tenue lors de l'adoption
des textes statutaires de l'association. Depuis lors aucune autre A. G. n'a
été organisée bien que les statuts de l'association (Art.
14) prévoient au moins une assemblée générale par
an . S'agissant du C.A., le dernier conseil ne s'est tenu qu'en 1999 à
Nairobi ; bien qu'il soit prévu au moins 4 séances du CA par an
(Art. 22 des statuts de l'association).
paroisses avec 47 %, puis les chargés
d'évangélisation et vie de l'Eglise avec 29 %, suivis des
Représentants Légaux avec 23 %, en suite les présidentes
des femmes avec 19 % et en fin viennent les présidents des jeunes avec
16 %. La prééminence des préfets et directeurs
d'école ainsi que des pasteurs des paroisses se justifie à la
fois par le fait que l'école est la structure de socialisation qui
bénéficie de la socialisation juridique de la part de HJ, et par
le fait que lors de notre stage à HJ, plusieurs indigents venus
consulter l'association étaient munis de recommandations des pasteurs
des paroisses protestantes.
I.1 .2.1. g. De l'attente des Protestants vis -
à - vis de Héritiers de la Justice
Question n°6 : Selon vous que
devrait faire Héritiers de la Justice pour être plus utile
à la population ?
Les réponses des chrétiens protestants au Sud-
Kivu sur leurs attentes vis-à-vis de cette association peuvent
être résumées en cinq catégories telles que
présentées dans le tableau ci-dessous :
Ministères/Fonction
Attentes
|
Représentants Légaux
|
Chargés d'Evangélisation et vie de
l'Eglise
|
Pasteurs
|
Présidentes des femmes
|
Présidents des jeunes
|
Préfets et directeurs d'écoles
conventionnées protestantes
|
Total
|
%
|
Création des comités justice et paix dans chaque
communauté et chaque paroisse
|
4
|
2
|
11
|
1
|
9
|
1
|
28
|
23%
|
Plaidoirie et accompagnement juridique et judiciaire des
victimes de violation des DH
|
0
|
1
|
7
|
16
|
3
|
1
|
28
|
23%
|
Information et formation sur les DH
|
4
|
1
|
5
|
0
|
11
|
6
|
27
|
22%
|
Collaboration dans la promotion et la protection des DH
|
5
|
3
|
9
|
2
|
3
|
1
|
23
|
19%
|
Appui financier aux pauvres et militaires
|
0
|
0
|
2
|
8
|
5
|
0
|
15
|
12%
|
Total
|
13
|
7
|
34
|
27
|
31
|
9
|
121
|
100%
|
De ce tableau, il apparaît que les attentes des
églises protestantes par rapport à HJ sont de trois ordres :
premièrement, la volonté de collaborer avec l'association pour la
promotion des Droits Humains à travers la création des
comités justice et paix dans chaque communauté et/ou paroisse
protestante cette attente est exprimée par 51 sur 121 les deux attentes
présentées par la majorité des Représentant
Légaux (69 %), les Chargés d'évangélisation et vie
de l'Eglise dans différentes communautés (71 %), par les pasteurs
responsables des paroisses (59 %) et par les présidents de jeunes (35 %)
; ensuite, La plaidoirie ainsi que l'appui financier des pauvres et des
militaires est l'attente des trois quarts des femmes enquêtées (89
%). Ceci se justifie par le fait que les femmes ont été les
premières victimes de viols et violences de la part des militaires et
bandes armées opérant dans la Province pendant les
périodes de guerre. En fin, l'information et la formation en DH est la
proposition présentée par la plupart de préfets et
directeurs d'écoles primaires et secondaires conventionnées
protestantes (67 % de 9 répondants).
De cette étude sur la connaissance, l'attitude et
l'attente de l'Eglise protestante
du
Sud - Kivu vis-à-vis de HJ, il ressort ce qui suit :
L'Eglise protestante du Sud- Kivu n'a pas une bonne connaissance de
l'association étant donné qu'elle l'identifie comme son
association alors que HJ est autonome, ayant sa personnalité juridique
et que l'ECC n'est qu'un tuteur moral ; l'attitude de l'Eglise Protestante
vis-à-vis de HJ est d'indifférence, car, au bout de 15 ans de
fonctionnement de l'Association, dirigée et animée par les
Laïcs protestants issus des communautés constituant l'ECC/ Sud-
Kivu, ces dernières n'entretiennent aucune relation avec l'Association
et pourtant, les attentes de ces communautés vis-à-vis de
l'association sont nombreuses.
Cette incohérence entre d'une part, la connaissance et
l'attitude ; et les attentes de l'Eglise protestante vis-à-vis de HJ de
l'autre, constituent à la fois un défi à relever et un
atout à exploiter. Un défi parce que l'Association ne collabore
pas avec les églises ; un atout parce que l'Eglise est, à travers
ses attentes, disposée à collaborer avec HJ si celle-ci
l'implique dans ses activités.
I.1.2. 2. Relation avec le pouvoir public
Selon le Secrétaire général
exécutif à d'intérim de l'Association, la relation entre
Héritiers de la Justice et les autorités politico-
administratives de la Province n'est pas stable. Elle est bonne lorsque HJ ne
dénonce pas les cas de violation des DH commis par elles. Elle est
mauvaise ou de tension lorsque HJ les dénonce53.
A propos des tensions sporadiques entre le pouvoir public et HJ,
l'une des autorités politico administratives nous a dit ce qui suit :
Le travail que fait HJ dans la province est important, car
elle nous permet parfois de découvrir ce qui se passe sur le terrain. En
ce qui concerne la relation médiocre entre nous et elle, elle est
consécutive au fait que H.J. ne nous respecte pas comme autorité
et écrit du n'importe quoi sur nous54.
Interrogé sur la raison de la publication des forfaits
des autorités politico - administratives, policières et de
l'armée dans les journaux, BYAMUNGU DUNIA les a justifiés en ces
termes :
Parmi les missions de Héritiers de la Justice, il y
a celle d'amener l'Etat congolais à respecter et promouvoir les Droits
Humains. Or, il est souvent remarqué que les représentants de
l'Etat constituent le groupe qui bat le record dans la violation des Droits
Humains et insécurisent la population à travers la Province.
Dénoncer publiquement leurs délits est l'un des moyens pour les
amener à respecter et à faire respecter ces
droits55.
Il s'avère cependant qu'au-delà des moments de
tension, les agents publics bénéficient parfois de la formation
dispensée par HJ sur les DH et la paix.
I.1.2.3. Relation avec l'armée et la police
La relation entre la police, l'armée et HJ est la plus
tendue dans la Province du Sud - Kivu et ce, en dépit des formations que
celle-ci donne parfois aux militaires et policiers. Cette
médiocrité de relation est consécutive à trois
raisons :
- A cause du non paiement de leurs salaires, les militaires et
policiers
congolais sont la couche qui viole les droits de l'homme
à travers les
53 BAHATI NAMWIRA, Secrétaire Exécutif
a. i. de HJ, interview accordé à Bukavu, le 23 août 2006
54 Enquêté anonyme, interview
accordé à Bukavu, le 26 août 2006
55 BYAMUNGU DUNIA, Avocat et animateur au PAPR,
interview accordé à Bukavu, le 24 août 2006
arrestations arbitraires, viol et violence faites aux femmes,
extorsion, vol à main armée, etc.
- HJ dénonce ces violations des Droits de l'Homme chaque
fois que cela
se passe ;
- HJ assiste juridiquement et judiciairement les victimes des
tracasseries
militaires et policières.
I.1.2.4. Relation avec les instances judiciaires
La relation entre Héritiers de la justice et
les instances judiciaires dans la province est, aux yeux du secrétaire
exécutif à l'intérim de HJ, bonne. Le fait que les
juristes de l'association offrent gratuitement leurs services aux indigents,
rend mécontents les autres juristes qui gagnent leur vie dans
l'accompagnement juridiques des personnes qui cherchent les avocats
défenseurs de leurs causes. C'est ce que nous a affirmé un avocat
près la cours de la ville de Bukavu qui a préféré
garder l'anonymat56.
I.1.2.5. Relation avec les autres organisations de
défense des Droits Humains Répondant à notre
questionnaire d'enquête à ce sujet, le secrétaire
exécutif
a.i. de HJ nous a affirmé que Héritiers de la
Justice collabore très bien avec les
autres associations sans but lucratif des DH. C'est dans ce sens
qu'elle collabore :
- Avec des réseaux comme CRONGD, Société
Civile, RADHOSKI, REPRODHOC, REDHOCIC, COPARE, COJESKI sur le plan local ;
et
- Sur le plan international avec Amnesty International, Human
Rights Watch, International Law Group, EED, ICCO / HOLLAND, CHRISTIAN AID,
DFID, 11.11.11., KIOS et FIDH57.
De ce qui précède, il ressort d'une part que
l'interaction entre Héritiers de la Justice et les
différentes structures d'encadrement de la population au Sud -Kivu n'est
pas la même. Car, paradoxalement, avec l'Eglise protestante du Sud -
Kivu, l'Association ne collabore pas (bien qu'elle soit financièrement
appuyée par les églises : EED, Christian Aid, ICCO, etc.). Avec
le Pouvoir public, la Police et l'Armée, la relation n'est pas stable
étant à la fois de collaboration et de tension. Cependant,
56 Enquêté anonyme, interviewé
à Bukavu, le 12 octobre 2006
57 Héritiers de la Justice, Eduquer les enfants
aux droits humains et à la paix, rapport intérimaire
inédit de la session de formation des enseignants pour la paix de la
province du Sud - Kivu, du 04 au 08 février 2004, pp. 3-4
la collaboration entre l'association et les instances
judiciaires de la Province comme avec les autres associations de défense
des DH est très bonne ; d'autre part que seule l'école comme
milieu de socialisation est capitalisée par HJ dans le processus
d'information et de formation de la population au droit dans la Province du
Sud- Kivu.
Chap. II. LA CONTRIBUTION
DE HERITIERS DE LA JUSTICE AU DEVELOPPEMENT D'UNE CULTURE JURIDIQUE ET DE PAIX
AU SUD - KIVU
A partir du travail et des réalisations de chaque
programme de Héritiers de la Justice présentés
dans le chapitre précédant, il ressort que la contribution de
cette association à l'émergence d'une culture Juridique et de
paix reste indéniable bien qu'insuffisante.
I.2.1. Dans le domaine de la promotion d'une culture
juridique
- 1. 822 enseignants et 80. 278 élèves des 1. 028
EPP sont juridiquement socialisés
- 1. 822 enseignants et 80. 278 élèves des 1. 028
EPP connaissent et exercent davantage leurs droits et devoirs et sont capables
de les revendiquer ;
- Les enfants, élèves dans les écoles de
paix, connaissent leurs droits et les revendiquent. Ceci est rendu possible par
la distribution du recueil de la convention relative aux droits des enfants
(CDE) dans les écoles et de la Convention sur l'élimination de
toutes les formes de discrimination à l'égard de la femme aux
différentes associations des femmes ;
- Certaines des victimes de violations des DH sont
réhabilitées ;
- Les institutions étatiques fonctionnent mieux qu'avant
en matière de protection et de respect des DH en craignant d'être
dénoncées dans les journaux ;
- Les institutions intergouvernementales et organismes
internationaux tiennent mieux compte des évolutions au niveau des droits
de la personne et des peuples dans leurs actions et politiques respectives ;
- Les organisations de la société civile sont plus
efficientes dans leurs actions de promotion et de protection des droits de la
personne et des peuples
- Les autorités politico administratives cessent
d'être au dessus de la loi et commencent à répondre de
leurs actes de violation des DH. Ceci se manifeste par la comparution à
Bukavu de l'ancien Vice / Gouverneur de province (Didace KANINGINI), du
Commandant Thierry ILUNGA ainsi que des caporaux Désiré NDAGANO
et HEMEDI TAMBWE impliqués dans le meurtre de Pascal
KABUNGULU, ancien secrétaire Exécutif de
Héritiers de la Justice58. Malheureusement, le verdict n'est
jusque là pas tombé.
- La mise sur pied des structures relais à la base (CMD,
ECOPA, EPP, CDP, ...) chargées de la promotion des DH.
- L'appui et accompagnement des structures de promotion des DH
sur le plan local.
- Le renforcement, si modeste soit-il, de capacités des
membres et animateurs des CMD, EPP, ECOPA, PDP, en matière des DH et la
paix.
- Les cas de violation des DH sont observés et
documentés par les CMD, les EPP et H.J.
- La population de la région est sensibilisée et
conscientisée sur les DH et la paix.
I.2.2. Dans le domaine de la promotion d'une culture de
Paix :
- 1. 822 enseignants et 80. 278 élèves des 1. 028
EPP sont capables de travailler pour la paix.
- Les élèves des écoles de paix sont
capables de concevoir les poèmes, matériels et outils
d'éducation à la paix.
- Formation des Artisans des paix et leur installation dans les
différents territoires et communes de la Province.
- Création des structures locales (écoles de
paix, Clubs de paix, Ecoles des
parents, paillotes de paix) de contribution à la
construction de la paix.
- Disponibilité des outils d'éducation à la
paix, des supports pédagogiques pour les
enseignant pour la paix.
- Encadrement, à travers la formation, l'information et le
soutien financier, des structures de promotion à paix dans la
Province.
- Disponibilité d'une documentation sur les DH et la
paix.
- Les personnes et groupes en conflits qui consultent HJ ou ses
structures relais à la base, bénéficient de
médiation.
Toutefois, l'association présente plusieurs lacunes qui
nécessitent un amendement pour que sont travail soit plus efficace.
58 Photos de leur comparution en annexe n°9
I.2.3. Limites de l'Association
Les lacunes que présente Héritiers de la
justice et qui ne favorisent pas l'émergence d'une culture
Juridique et de paix dans la Province sont à la fois d'ordre
institutionnel, organisationnel, social, logistique, matériel, gestion
des ressources humaines et stratégique.
I.2.3.1. Sur le plan institutionnel
Héritiers de la Justice présente les
faiblesses suivantes :
- L'association vit une crise d'identité entre son
appartenance à l'ECC et à des personnes physiques ;
- L'association utilise les textes (statuts et
règlement du personnel) très anciens et non adaptés aux
réalités et exigences actuelles du travail. Depuis leurs
conception et adoption, les statuts et le règlement du personnel de HJ
n'ont jamais été modifiés ;
- Le manque d'alternance à la tête de
l'association. Selon les informations en notre possession c'est toujours LUBALA
MUGISHO KAZA qui est président de l'association depuis sa
création en 1991.
- Irrégularité dans la tenue des réunions
de l'AG et du CA. Cette irrégularité des réunions expose
le président au danger de ne faire de rapport ni aux autres membres du
CA ni à ceux de l'association comme cela est prévu par l'Art. 14
des statuts;
- Le texte donne beaucoup de pouvoir au président de
l'Association qu'à l'AG59.
I.2.3.2. Sur le plan Organisationnel
- Manque de bâtiment propre à l'association. Sur ce
point, rappelons que HJ est toujours locataire de la FFP à qui elle paie
le loyer ;
- Manque d'une bonne structuration des structures relais à
la base. Beaucoup de CMD fonctionnent sans ROI et au gré des vagues ;
- Plusieurs des structures relais n'ont pas de bureau et
fonctionnent dans les maisons des membres ;
- Manque de projets générateurs de recettes pouvant
rendre les structures relais et HJ financièrement autonomes
vis-à-vis des bailleurs de fonds étrangers.
I. 2.3. 3. Sur le plan financier
- Manque de financement de certaines activités des
différents programmes ;
- Manque des moyens financiers suffisants. C'est le cas des
frais de protection juridique des indigents qui font défaut : la plupart
des personnes victimes de violations des Droits Humains qui viennent solliciter
l'accompagnement juridique de Héritiers de la Justice
économiquement pauvres et attendent, non seulement la mise à leur
disposition d'un avocat, mais aussi les frais liés aux dossiers à
introduire dans les instances judiciaires. Comme le programme ne dispose pas de
fonds à cette fin, les indigents se découragent et pensent que
Héritiers de la Justice est soit incapable, soit une structure
des farceurs, soit encore une structure qui détourne l'argent
envoyé à leur nom.
I.2.3. 4. Sur le plan logistique
- Manque de parc automobile pour les recherches, descentes sur
le terrain et suivi des dossiers. Lorsque les indigents viennent porter
plainte, ils exigent que Héritiers de la Justice descente sur le terrain
pour le suivi de leurs dossiers. Le fait que le programme n'a pas son propre
véhicule, le programme donne parfois les rendez-vous qu'il ne sait plus
honorer. C'est ce que nous avons, à plusieurs reprises constaté
pendant les deux premières semaines d'août passées comme
stagiaire dans le programme. Il serait mieux que chaque programme ait son
véhicule 4 x 4 ;
- Etat vétuste du véhicule de l'Association ;
- Manque d'ordinateur et imprimantes pour certains
programmes60 ;
- Manque d'un cadre de travail approprié. Ceci a pour
conséquences le désordre dans la manière de travailler :
L'un des animateurs de PFRI, deux du PCC et deux autres du PFE travaillent tous
dans un même couloir faute de bureaux. C'est le cas aussi de l'animateur
principal du PFE qui travail dans le même bureau que le secrétaire
de l'association, du PAPR dont le bureau contient trois avocats qui ont de la
peine, soit à entendre les indigents, soit à diriger une
séance de médiation ; du bureau du président de
Héritiers de la Justice où travaille également un autre
animateur du PFRI ; le désordre dans le classement des dossiers :
Beaucoup des dossiers de Héritiers de Justice sont à terre et
mélangés faute de place et d'armoire ; l'insécurité
du personnel et des outils de
60 Certains programmes utilisent encore des
ordinateurs dépassés et non conformes à leur travail
(PAPR, Encodage, PFE)
travail : Comme certains agents travaillent dans le couloir,
il est facile pour un agent de Héritiers de la Justice d'être
enlevé par les inciviques ; mais aussi, il est facile que les outils de
travail soient volés par les visiteurs comme ils se trouvent dans le
couloir et mal classés ; le Responsable du programme est
séparé des animatrices qui sont installées dans le couloir
avec un animateur de PFRI et un autre de PCC ; la difficulté pour les
agents des certains programmes à travailler en étroite
collaboration, et la perte régulière des outils de travail ;
etc.
I.2.3.5. Sur le plan de la gestion des ressources
humaines
- Manque de mécanismes appropriés de
sécurisation des Artisans de paix et des agents de l'Association qui
sont victimes des arrestations, tortures et tueries. Dans son travail avec les
structures de base, Héritiers de la Justice, à travers le PAPR ne
garantie pas la sécurité de ses partenaires ou de ses agents.
C'est ce
qui ressort du répertoire présenté par
Gérard KWUGWASSA61 dans ses analyses sur l'état des
lieux et perspectives après dix ans de fonctionnement et repris dans le
tableau présenté en annexe n°10. A cette liste, il faut
ajouter l'assassinat, à son domicile le 31 juillet 2005, de l'ancien
Secrétaire exécutif de l'Association, M. Pascal KABUNGULU.
Cette situation de victimisation des agents ou des
partenaires de Héritiers de la Justice constitue un blocage dissuasif
pour l'adhésion de nouveaux membres, mais aussi sur l'efficace
engagement des activistes des DH et sur la réputation de l'association
;
- Insuffisance des animateurs : actuellement, le personnel de
Héritiers de la Justice
est débordé. Aucun des programmes n'a le nombre
d'agents dont il a besoin ;
- Salaire insuffisant par rapport au travail fourni par le
personnel et à la nécessité de
conditions sécuritaires qu'exige leur travail ;
- Les conditions de travail très difficiles (de 7h 30'
à 16h sans manger) ;
- Les responsables et animateurs des structures relais à
la base ne sont pas salariés
comme ceux de HJ ; Ce qui a pour conséquence le
désintéressement des
membres dans l'engagement ;
- Recrutement et implication des personnes soit non
formées, peu formées ou sans expérience dans les CMD et au
sein de HJ. La formation des animateurs et
61 Gérard KWIGWASSA, Les comités de
Médiation et de Défense des Droits Humains (CMD) : Etat des lieux
et perspectives après dix ans d'age, Analyse inédit, Bukavu,
septembre 2005, pp. 12 - 13
collaborateurs de l'association devrait aussi être
financée par les collaborateurs de fond de l'association ;
- Manque d'une politique de formation approfondie des animateurs
et responsables des programmes au sein de HJ.
I.2.3. 6. Sur le plan stratégique
- L'association s'est engagée dans un domaine
d'activité très vaste. Elle fait beaucoup de choses à
la fois. C'est ce qui justifie la multiplicité de programmes ;
- L'irréalisme dans la planification des
activités: souvent, PFRI planifie les activités qu'il n'arrive
pas à exécuter. C'est ce qui ressort du travail
d'évaluation du plan PRIO - CCI 2005 présenté par
Gérard KWIGWASSA et Roger MUCHUBA dans le tableau en annexe n° 11.
Cette évaluation montre que sur 20 activités programmées
pour l'année 2005, seules 2 ont été totalement
réalisées, 5 partiellement réalisées et 13 non
entamées. Ce qui est plus frappant ici c'est que ce sont les programmes
les plus importants de l'Association qui ont été soit
partiellement réalisées, soit pas exécutées du tout
;
- Le manque des moyens financiers suffisants62 ;
- Seuls 80. 278 enfants et 1. 822 enseignants des 1. 028
écoles primaires et secondaires bénéficient de la
socialisation juridique63. Ce qui représente un taux minime
de 10 % de la population de la Province qui, en 2004, était
déjà évaluée à 4. 303. 041
habitants64.
Ceci implique que seule l'école comme structure de
socialisation est impliquée par HJ au détriment d'autres
structures existant dans la Province (confession religieuse, famille,
associations, mutualités, syndicats, médias, etc.) qui ne
bénéficient que des dénonciations, plaidoirie,
accompagnement judiciaire et juridique. Ce qui a pour conséquence la
pérennisation de la violation massive des DH et de violence dans la
Province étant donné que ce ne sont pas les écoliers qui
violent les DH et font manquer la paix ; mais des adultes membres de ces
milieux de socialisation non impliqués dans le travail de HJ.
62 Comme on l'a remarqué dans le tableau
reprenant le nombre d'enfants formés, les filles sont moins
scolarisées que les garçons. Parfois les parents sollicitent
l'appui financier de HJ pour la scolarisation des filles ; Parfois les femmes
membres de PDP sollicitent les micro crédits à HJ qui est
incapable de les leurs donner.
63 Comme nous l'avons remarqué dans le rapport
narratif de septembre - décembre 2006 du programme PFE seuls les
élèves et enseignants des écoles pour la paix
reçoivent les copies et la formation sur les lois (Constitution, CDE,
Pacte International relatif aux droits économiques, sociaux et culture,
etc.) au détriment du reste de la population.
64 Statistiques fournies par la division provinciale
des affaires intérieures au Sud - Kivu, mars, 2007
I.2.4. Quelques propositions pour le renforcement
institutionnel
Pour le renforcement institutionnel de l'Association, les
propositions suivantes peuvent palier aux insuffisances constatées
ci-dessus.
I.2.4.1. Sur le plan institutionnel
- Comme l'ECC s'est déjà stabilisée par
rapport aux conflits qu'elle traversait et qui ont conduit à la
dissolution du GTER, les fondateurs de HJ et le Comité Exécutif
de l'ECC pourraient étudier les modalités, soit du retour de
Héritiers de la Justice sous la direction du département
de la diaconie à l'ECC, soit de la signature d'un protocole de
partenariat pour qu'elle fonctionne désormais comme le RIO, le COPARE et
le programme éducation à la démocratie. Car, il ne sert
à rien aux protestants de fragiliser leur action en créant deux
structures qui se concurrencent dans la promotion et la protection des DH dans
la même Province du Sud - Kivu. En travaillant en bonne collaboration
avec l'ECC, l'association se doterait d'un ROI actualisé, adapté
à la mission de l'association et respecté en ce qui concerne
l'alternance à la tête de l'association et la tenue
régulière de réunions des différents organes. S'il
s'avère que l'association voudrait demeurer autonome, il lui sera
indispensable de réviser ses textes et conclure un partenariat de
collaboration avec l'ECC pour garder l'inscription Service des
églises protestantes.
- La collaboration entre l'association et l'ECC présente
plus d'avantages que les désavantages :
· Elle mettra fin à la crise d'identité que
traverse l'Association ;
· Elle permettra aux protestants de travailler ensemble en
évitant à l'ECC de créer une autre commission justice et
paix ;
· Elle facilitera la tâche aux bailleurs des fonds
qui financent presque les mêmes activités dans plusieurs
organisations protestantes.
I.2.4.2. Sur le plan organisationnel
- En harmonisant sa relation avec l'ECC Héritiers
de la Justice aura résolu le problème de bâtiment
étant donné qu'elle sera gratuitement hébergée par
l'ECC comme RIO, COPARE et le programme éducation à la
démocratie qui ne payent pas de loyer ;
- HJ devrait aider les structures relais à la base
à se stabiliser en ayant de
bâtiment propre, des projets générateurs de
recettes pouvant leur permettre de se prendre en charge après un certain
nombre d'années.
I.2.4.3. Sur le plan financier
Les églises membres de l'ECC devront appuyer
financièrement HJ à travers les cotisations des chrétiens
pour la permettre de fonctionner sans beaucoup des difficultés et la
préparer à fonctionner sans financement extérieur.
I.2.4.4. Sur le plan Logistique
Les programmes étant déjà réduits
à trois, quatre véhicules suffiraient pour l'association : 1 pour
le secrétariat exécutif, 1 pour les descentes de terrain pour le
programme protection des DH, 1 pour les descentes de terrain pour le programme
promotion des DH et 1 pour les courses en ville pour les suivis des dossiers
judiciaires. Il faudra aussi doter chaque animateur d'un ordinateur portable et
acquérir une imprimante par programme.
I.2.4. 5. Sur le plan de la gestion des ressources
humaines
- Les partenaires de l'association devraient aussi appuyer la
formation en spécialisation des animateurs des différents
programmes ;
- Le recyclage des animateurs tant de HJ que des structures
relais devrait être régulier ;
- Le nombre des programmes ayant diminué, les salaires
des animateurs seraient revus à la hausse pour leur permettre de
travailler dans les bonnes conditions ;
- L'ECC et l'association devraient prendre des mesures
efficaces pour la sécurisation des membres de l'association et pour que
justice soit faite pour les familles de victimes.
De ce deuxième chapitre, les investigations sur
l'apport de HJ à l'émergence d'une culture Juridique et de paix
au Sud - Kivu ont révélé que l'association
privilégie la protection des DH au détriment de leur promotion
étant donné toute la population bénéficie de la
plaidoirie, l'accompagnement judiciaire et juridique alors que seuls 82. 100
élèves et enseignants de 1. 028 écoles primaires et
secondaires bénéficient de la socialisation juridique qui est
l'approche successible de susciter le
développement d'une culture juridique et de paix. Ceci
confirme l'hypothèse selon laquelle la pérennité des cas
de violation des Droits Humains et de la violence au Sud - Kivu en dépit
de la présence de HJ se justifie par le fait que son approche de
socialisation juridique n'est pas globalisante. Car, les 82. 100
élèves et enseignants sont juridiquement socialisés
à travers 1. 028 écoles primaires et secondaires de la Province.
Ce qui représente un taux de 10 % de la population provinciale qui, en
2004, s'évaluait déjà à 4. 303. 041
habitants65 dans toute la Province du Sud - Kivu. Etant
minoritaires, ces élèves et enseignants informés et
formés au droit ne peuvent pas influencer le développement d'une
culture juridique et de paix dans la Province. Au contraire, leur propre
culture juridique et de paix se corrompe par la culture de violence et de
délinquance qu'ont la majorité de la population provinciale non
juridiquement socialisée.
I.2.4.6. Sur le plan stratégique
- En tant que service des églises protestantes,
Héritiers de la Justice ne devrait s'occuper que de la promotion et de
la protection des DH. Ce qui sous entend que certaines activités qu'elle
réalise seraient attribuées soit au RIO, soit au COPARE, soit
encore au Programme éducation à la démocratie de
l'ECC66. En effet, HJ devrait s'organiser en trois programmes s'il
faut considérer le secrétariat exécutif comme un autre.
Ces programmes sont le Secrétariat Exécutif
chargé de la coordination de l'association. C'est ce programme qui
combinera les tâches du secrétariat exécutifs et celles du
PFRI ; celui de Promotion des Droits Humains (PPDH): il pourra
fusionner le Programme Femme et Enfant ainsi que le Programme Campagne et
Communication. Ce programme aura pour tâche la promotion des DH. Le
programme devrait privilégier la socialisation juridique globalisante
comme approche pour l'émergence d'une culture juridique dans la
Province. Ceci implique qu'elle devrait aussi informer et former la population
au droit à travers les familles, les écoles (primaires,
secondaires, professionnelles et universitaires), les confessions religieuses,
les partis politiques, les syndicats et la société civile au lieu
de ne travailler qu'avec les quelques écoles primaires et
65 Rapport de la division provinciale des affaires
intérieures. Les données de 2005-2006 ne sont pas encore
disponibles. Il est font possible que les statistiques ont augmenté
pendant les deux dernières années.
66 - Toutes les activités liées à
la médiation, réconciliation et à la paix seraient
réalisées par COPARE - Les activités liées à
l'éducation à la démocratie et à la participation
citoyenne dont s'occupe PFE seraient affectées au programme
éducation à la démocratie
- Les activités liées à l'éducation
à la paix et au renforcement institutionnel seraient affectées au
RIO qui s'investie de manière efficace dans ces domaines
secondaires de la Province selon la proposition
présentée au chapitre quatre du présent travail ainsi que
le Programme Protection Juridique (PPJ) qui comprendra les juristes
dont le rôle sera d'amener l'Etat à respecter et à faire
respecter les Droits Humains. C'est ce programme qui fera le travail que fait
actuellement le PAPR.
Conclusion partielle
Au terme de cette première partie consacrée
à la présentation de Héritiers de la Justice,
nous pouvons affirmer qu'elle est une organisation non gouvernementale et sans
buts lucratifs issu du programme évangélisation
libératrice créé en 1991 par l'ECC/ Sud -Kivu. Les
conflits que traversait cette institution protestante vers les années
1991 ayant conduit à la disparition de l'un de ses programmes
dénommé Groupe Technique d'Encadrement Régional
(GTER), les Laïcs protestants (juristes, sociologues, psycho
pédagogues, théologiens), dans le souci de sauver le programme
évangélisation libératrice, l'ont doté, en
1993, d'une personnalité juridique sous le nom de Héritiers
de la Justice. Dès lors, le programme
évangélisation libératrice de l'ECC est devenue
une association sans but lucratif jouissant d'une personnalité juridique
propre et dont l'ECC n'est que tuteur moral. L'histoire de Héritiers
de la Justice comprend donc deux grandes périodes : la
première part de sa création en 1991 à février
1993. A cette période, il n'était que question d'un programme
évangélisation libératrice de l'ECZ / Sud -Kivu.
La seconde période part de mars 1993 à nos jours. Pendant cette
période, le programme évangélisation
libératrice est devenu une association sans but lucratif jouissant
d'une personnalité juridique le rendant autonome par rapport à
l'Eglise du Christ au Congo.
S'agissant du contexte et de motivation de sa création,
il apparaît que cette association a été créée
dans le contexte de l'entrée de la RD Congo, alors Zaïre, dans le
processus de démocratisation proclamé par le Maréchal
Mobutu en 1990 ; processus mettant fin au monopartisme et au régime du
MPR caractérisé par la violation massive des Droits Humains, le
népotisme, les tracasseries militaires, la corruption, l'injustice
sociale, ainsi que du musellement de la population et de la presse.
Régie par les statuts, le ROI et un règlement du
personnel, la structure de Héritiers de la Justice comprend
cinq organes dont l'AG, le CA, la présidence, le comité directeur
et le secrétariat exécutif.
tous, travaillent sous la supervision de l'administration
chapotée par le Secrétaire Exécutif de l'Association.
Parmi ces programmes figurent, celui de la formation et renforcement
institutionnel, celui d' « Aide Légale, Protection et Recherche
», celui dit Femme et enfant ; et celui de Campagne et Communication.
Concernant l'interaction entre HJ et les autres structures
d'encadrement de la population dans la Province, les recherches ont
révélé que le rapport est nuancé étant
donné qu'avec les églises protestantes, la relation est
d'indifférence à cause de l'incertitude sur son appartenance ou
pas à l'ECC; avec les autorités politico- militaires et
policières, la relation est soit bonne , soit de tension ; avec les
autres organisations locales des DH, la relation est de collaboration ; et avec
la population à la base, l'association jouit de la
crédibilité de cette dernière.
En matière de stratégie de travail, HJ fait
usage de la protection des DH pour l'ensemble de la population et la promotion
des DH aux seuls élèves et enseignants de 1. 028 écoles
primaires et secondaires pour la paix qu'elle encadre. Ce qui rend moins
visible sa contribution à l'émergence d'une culture juridique et
de paix dans la Province étant donné que son approche n'est pas
globalisante, n'impliquant pas toutes les autres structures de socialisation
présentes dans la Province (familles, les confessions religieuses, les
syndicats, les mutualités tribalo-ethniques, les médias, les
partis politiques et la société civile).
Pour son renforcement institutionnel, nous proposons que
l'association clarifie sa relation avec l'ECC pour fonctionner comme RIO,
COPARE et le programme éducation à la démocratie ; qu'elle
réduit ses programmes de cinq à trois (le Secrétariat
Exécutif, le Programme Promotion des Droits Humains et le Programme
Protection des Droits Humains) laissant ainsi les autres activités au
RIO, COPARE et au programme éducation à la démocratie de
l'ECC.
De ce qui précède, les hypothèses de
départ sont confirmées. Devant ce constat, une question reste
pendante : Comment Héritiers de la Justice devra -t-elle impliquer
les autres structures de socialisation au processus d'information et de
formation des citoyens au droit à travers la Province?
Deuxième partie
MECANISME D'UNE SOCIALISATION
JURIDIQUE GLOBALISANTE
Introduction
Avant de traiter du fondement théologique de la
socialisation juridique et de l'approche globalisante de socialisation
juridique au Sud - Kivu, il sied de préciser que le travail de
socialisation juridique que font les protestants à travers HJ au Sud-
Kivu n'est pas en contradiction avec la confession de foi chrétienne
étant donné qu'elle tire son fondement de la Bible et fait partie
intégrante de la mission du peuple de Dieu.
En ce qui concerne la socialisation juridique comme processus
d'information et de formation des citoyens au droit, disons avec Chantal
KOURILSKY67 qu'elle s'inscrit dans le domaine de la sociologie du
droit et constitue un champ de recherche non encore suffisamment
exploité.
Dans son étude sur « la socialisation juridique et
identité du sujet », le même auteur68 distingue
deux approches les plus souvent utilisées :
- La première porte sur la période qui
précède l'âge adulte et qui a une orientation instrumentale
plutôt qu'elle ne s'intéresse directement à la construction
de l'identité du sujet. Bien qu'elle ait recours à la
théorie explicative empruntée à la psychologie cognitive
ou à la psychologie sociale, c'est plutôt du point de vue du
système qu'elle semble rechercher la voie d'une adéquation entre
l'individu et le système juridique. Cette approche passe par les
questions d'obéissance (ou de non obéissance) aux lois, de
conformité (critique ou non) ou de déviance, d'utilisation des
ressources du système juridique ou au contraire l'évitement du
système et de ses règles. C'est ce qui est à la base de ce
qu'elle appelle la culture juridique dominante.
- La seconde concerne les recherches sur les
phénomènes de socialisation juridique qui adoptent davantage le
point de vue du sujet et s'attache à la construction par lui d'un
système de représentation du monde social qui fasse
67 C. KOURILSKY, « socialisation juridique :
naissance d'un champ de recherche et d'un concept aux confins de la sociologie
du droit et de la psychologie », Annales de Vaucresson,
« Adolescence et socialisation », n°8, 1988 in
www.
http://www.reds.msh-
Paris.fr/publications/revue/html/ds019/ds019-05.htm
68 C. KOURILSKY, Op. Cit. C'est cette
approche qui est considérée par les autres auteurs comme la
phase primaire de la socialisation
sens pour lui et dans lequel s'inscrit le droit. C'est ce qu'elle
appelle la culture propre de l'individu.
Dans le contexte de la Province du Sud - Kivu, aucune de ces
deux approches ne suffit en elle seule étant donné que la
population de la Province n'a pas encore développé une culture
juridique et de paix. Ayant défini la culture juridique comme l'ensemble
des valeurs, des attitudes, des traditions, de comportements et des modes de
vie fondés sur le droit, la socialisation juridique de la population au
Sud - Kivu doit combiner les deux approches.
Si la culture juridique dominante recouvre, pour KOURILSKY,
l'ensemble des savoirs relatifs aux lois et aux institutions, aux rapports
entre l'Etat et les citoyens, à leur formation au cours de l'histoire
nationale et aux valeurs communes auxquelles ils font appel, cet ensemble des
savoirs doit s'acquérir par l'information et la formation de la
population par des personnes compétentes en matière de droit pour
éviter une interprétation partisane et restrictive de la loi.
C'est pour cette raison que, même dans la Constitution de la RD Congo,
l'accès aux lois est présenté comme un droit pour tout
citoyen et la socialisation juridique un devoir pour l'Etat.
Dans un contexte de l'après guerre, post conflit
où le peuple a développé une culture de violence, de
conflits, de non respect des DH et de la délinquance ; la culture propre
à l'individu, entendue par l'auteur comme étant la combinaison
unique des savoirs (savoir - faire, savoir- dire, savoir- penser) et des
valeurs qui lui ont été transmis par ses groupes d'appartenance
(famille, école, etc.) et qu'il s'est appropriés, ne peut pas
à elle seule contribuer au développement d'une culture juridique
et de paix dans la Province du Sud - Kivu.
Cela sous-entend que la culture propre du Sud -
Kivucien de l'après guerre ne peut contribuer à
l'émergence d'une culture juridique. Cette approche ne peut porter des
fruits que pour les nouvelles générations des pays
démocratiquement avancés et non dans une société
comme la RD Congo où l'on voudrait encore renforcer le processus de
socialisation juridique69.
69 Dans le cas de RD Congo, le travail à faire
est celui de faire connaître et comprendre le droit aux citoyens.
C'est de cette connaissance et compréhension que, avec
l'aide de l'Etat qui doit respecter et respecter le
droit par la justice, que l'appropriation du droit par la
population sera possible.
Chez Chantal KOURILSKY70, comme dans toute forme de
socialisation, un double processus est à l'oeuvre pour favoriser la
socialisation juridique : le processus d'acculturation juridique DU
sujet dans la mesure où il reçoit l'ensemble des
éléments de la culture juridique qui pénètre sa
société, et le processus d'acculturation PAR le sujet de
ces éléments, une sorte d'acclimatation par lui de ces
éléments dans sa culture propre de manière à ce
qu'il fasse sens de cette culture.
Ce double processus d'acculturation DU et
PAR le sujet consécutif à la socialisation juridique
peut être appelé connaissance et appropriation
du droit par le sujet. C'est ce processus qui en fin conduit le sujet
à avoir, non seulement une connaissance et une compréhension du
droit, mais surtout à développer des valeurs, des
attitudes, des traditions, de comportement et de mode de vie fondés sur
le droit.
Chap. III. : FONDEMENT THEOLOGIQUE DE LA SOCIALISATION
JURIDIQUE
Comme dans ce travail la socialisation juridique est
utilisée dans son sens de processus d'information et de formation du
citoyen au droit, l'objectif de ce chapitre est de montrer qu'elle n'est
pas en contradiction avec la foi chrétienne, étant donné
qu'elle tire son fondement de la Bible et fait par conséquent partie de
la mission de l'Eglise.
Pour mettre ce fondement en évidence, la
démarche consistera à dégager, dans les deux grandes
parties de la Bible, la manière dont se faisait la socialisation
juridique au sein du peuple de Dieu.
II.3.1. Dans l'Ancien Testament
Selon Jacques PIRENNE71, la notion de
l'Etat72 n'est entrée en Israël qu'avec le roi David.
Avant lui, il n'était question que de familles, de clans et de tribus.
Par la multiplication des familles, le nombre des clans n'a cessé de
croître. Les rapports permanents, forcément noués entre
voisins, ont créé entre les clans une cohésion nouvelle et
si étroite qu'il en est résulté des groupements nouveaux,
les Tribus, lesquelles conservèrent le souvenir de leur origine
commune.
Avant le désert et la réception de la loi de
Dieu par Moïse, le peuple était un ensemble de tribus que les
anciens avaient le pouvoir de juger. C'est avec la loi que la cohésion
entre tribus et la notion de nation ont vu le jour autour d'un culte
unique. Dans ses analyses, M.-J. LAGRANGE73 précise que cette
loi était à la fois religieuse et sociale74. Et il
ajoute qu'à la loi purement religieuse du culte rendu au seul
Yahvé, était jointe une loi morale qui réglait les
rapports des membres de la tribu entre eux, sous l'aspect de la justice qui
doit régner parmi les hommes : c'était la loi dictée par
la divinité. Nous pouvons donc affirmer qu'à partir du don de la
loi sur le Sinaï, Dieu n'était pas seulement attentif aux
négligences commises dans le service de son autel. Il se devait de punir
aussi toute infraction à la justice, que le prochain fût atteint
sur sa femme, dans ses biens ou dans tout autre de ses droits.
71 J. PIRENNE, La société
Hébraïque d'après la Bible, Albin Michel, Paris, 1965,
p. 29
72 Le mot Etat n'a pas ici son sens actuel et signifie
la nation.
73 M.-J. LAGRANGE, Le judaïsme,
Librairie LECOFFRE, Paris, 1931, p. 1
74 M.-J. LAGRANGE, Op. Cit., p. 4
Dans la Bible, la socialisation juridique trouve son fondement
dans le texte de Deutéronome 6 : 6 - 7 où il est écrit:
Et ces commandements, que je te donne aujourd'hui, seront dans ton coeur.
Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans
ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te
lèveras.
Dans ce passage, le mot qui a été traduit par
inculqueras est, dans la originale,
~~
~ T
Z1~ . Il est ici question du verbe ïð
ù (enseigner, apprendre) qui, selon N. Ph.
SANDER et I. TRENEL75, a le sens
d'aiguiser. Au piel le sens est de faire
pénétrer dans l'esprit, façonner. C'est pourquoi ils
proposent la traduction de ce verbe par inculquer qui se rapproche
beaucoup du sens d'aiguiser. Il n'est donc pas seulement question de
à1' (lire) la loi à plusieurs reprises devant les enfants, mais
de les enseigner avec le but de tailler l'enfant, le travailler pour
faire de lui un homme juridique, qui se comporte selon la loi, qui se
l'approprie. C'est pourquoi, le Seigneur insiste sur le fait que le
processus de socialisation se fera quand tu seras dans ta maison, quand tu
iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras.
BASHER76 montre que ce sont ces deux mots
à1' (lire) et ïð ù (enseigner),
caractéristiques de l'étude de la loi écrite et
la loi orale chez les juifs, qui sont à l'origine des noms
Miqra et Mishna attribués par les juifs aux deux
catégories de la loi. Ceci montre suffisamment combien la socialisation
juridique est une mission que Dieu donne à son serviteur Moïse en
faveur de son peuple. C'est ce que précise Moïse en disant au
peuple : Voici les commandements, les lois et les ordonnances que
l'Eternel, votre Dieu, a commandé de vous enseigner, afin que vous les
mettiez en pratique dans le pays dont vous allez prendre possession
(Deutéronome 4, 14 ; 6, 1). Il ressort de ce texte que le but du
don de la loi par Dieu était sa mise en pratique par le peuple. Pour
permettre au peuple de pratiquer les commandements, les lois, il faut, non
seulement une prise de connaissance, mais aussi leur compréhension par
celui-ci. Ce qui n'est possible qu'après un enseignement. C'est
pourquoi, en Deutéronome 5, 1 Moïse s'adresse au peuple en ces
termes: ...Ecoute, Israël, les lois et les ordonnances que je vous
fais entendre aujourd'hui. Apprenez-
75 N. Ph. SANDER Et I. TRENEL, Dictionnaire
Hébreu - Français, Slatkine Reprint, Genève, 1979, p.
764
76 BASHER cité par T. PERLOW,
L'éducation et l'enseignement chez les juifs à
l'époque talmudique, Ernest
LEROUX, Paris, 1931, p.34
les et mettez-les soigneusement en
pratique77. La chaîne logique de l'appropriation de la
loi se dessine en trois étapes à l'époque de Moïse :
présentation de la loi au peuple (prise de connaissance de la
loi), apprentissage de la loi par le peuple (enseignement ou
explication) et la mise en pratique de celle-ci par le peuple
(l'appropriation de la loi). Point n'est donc besoin de préciser avec
Deutéronome 5, 29 que la paix ou le bonheur de générations
en générations était lié à la pratique de la
loi.
A chaque étape du voyage dans le désert
après Sinaï, Moïse prenait soin de reprendre la socialisation
juridique pour que le peuple n'oublie la loi. C'est ainsi qu'il la
présenta de nouveau au peuple de l'autre côté du
Jourdain, dans la vallée, vis-à- vis de Beth-Peor, au pays de
Sihon, roi des Amoréens, qui habitait à Hesbon
(Deutéronome 4, 44-46).
C'est cette socialisation juridique qui a donné
naissance aux lois plus détaillées qui déterminent les
modalités d'application des dix commandements que le Seigneur donna
à Moïse.
Ecrivant sur la Cabale, ALEXANDRE SAFAN78,
différencie bien la Tora écrite de la tradition Orale (le
Talmud)79. Pour lui, la Tora est d'origine divine, c'est en elle et
par elle que Dieu se manifeste à l'homme, se lie à lui.
Cependant, ajoute - t -il, l'homme est incapable de saisir la substance de Dieu
; d'où son besoin d'une explication et d'une interprétation.
C'est la Massora, communément appelée tradition
orale.
A propos de la naissance de la tradition orale chez les juifs,
ALEXANDRE affirme :
Moïse a inauguré formellement la «
tradition » ou la Massora qui, en fait, existait déjà.
Après l'avoir « transmise » oralement à ses
collaborateurs et au peuple tout entier, il l'a « liée »,
concentrée et incluse symboliquement dans le texte même de la
Tora. La tradition est ainsi devenue une Massora qui vise à
l'extrême précision des termes80.
77 A ce passage il faut ajouter Deutéronome 4,
5, 14 ; 5, 31
78 S. ALEXANDRE, La Cabale, Payot, Paris,
1960, p.10
79 Dans le langage contemporain, la Tora
(constituée des dix commandements) peut être
considérée comme
la constitution de la République et le Talmud (né
de la tradition orale) comme les différentes lois déterminant les
modalités d'application de la constitution.
80 Ibid, p. 11
Ainsi, précise ALEXANDRE, Moïse a reçu
Kibel (Tora) sur le Sinaï, et la transmise (messara)
à Josué. La Cabale ou la Tora, d'origine divine, se
distingue de la Massora, tradition d'homme à
homme81.
Toutefois, la socialisation juridique chez Moïse
comportait une faiblesse : elle n'était pas globalisante du fait que
seuls les chefs de famille (les anciens) et des clans étaient
juridiquement socialisés au détriment des femmes, des enfants et
des jeunes. C'est ce qu'affirme, à la suite de Proverbes 31, 1, Roland
DE VAUX82 qui montre que, chez les juifs, dans ses premières
années l'enfant était laissé à sa mère ou
à sa nourrice après avoir été sevré. La
mère donnait à ses petits les premiers éléments
d'une instruction surtout morale. Ces conseils maternels pouvaient continuer
jusqu'à l'adolescence. Il fallait attendre l'après l'adolescence
pour que seul l'enfant garçon reçoive un enseignement de son
père. Cet enseignement paternel, précise DE VAUX83,
était constitué des traditions nationales, qui étaient
aussi les traditions religieuses, et les inscriptions divines données
aux ancêtres. Le même auteur84 précise que cette
instruction dont bénéficiaient les enfants mâles ne
concernait pas les filles qui restaient sous la direction de leur mère
pour apprendre ce qu'elles devaient savoir pour leur métier de femme et
la tenue d'une maison.
Cette exclusion des femmes et filles dans le processus de
socialisation juridique aura des conséquences non négligeables
dans la pratique de la loi en Israël.
Après la mort de Moïse, la socialisation juridique
du peuple de Dieu fut l'oeuvre de Josué son successeur. Cependant, le
texte de Deutéronome 31, 9ss, précise que, avant sa mort,
Moïse écrivit la loi et la remit aux sacrificateurs, fils de
Lévi, qui portaient l'arche de l'Alliance de l'Eternel et à tous
les anciens d'Israël et leur donna l'ordre de lire la loi devant tout
Israël en leur présence après chaque sept ans. Dans ce
testament, Moïse ajoute deux éléments : ce n'est pas
Josué seul, comme son successeur, qui se chargera de la socialisation
juridique mais aussi les sacrificateurs, les responsables spirituels. C'est ce
qui justifie l'implication des sacrificateurs, des prêtres, des
lévites et des prophètes dans le processus de socialisation
juridique; et ce ne sont plus les anciens seuls qui devront être
81 Ibidem
82 R. DE VAUX, Les institutions de l'Ancien
Testament, Cerf, Paris, 1960, p.p. 1, 8 et 82
83 Op. Cit,, p. 13
84Ibid, p. 85
juridiquement socialisés, mais l'ensemble du peuple
dont les hommes, les femmes, les enfants et l'étranger afin
qu'ils apprennent à craindre l'Eternel, à observer et
à mettre en pratique toutes les paroles de cette loi
(Deutéronome 31,12-13).
Avant que Josué ne prenne la direction du peuple, Dieu
se révèle à lui pour le rassurer de son soutien dans la
mission. Cependant, cette réussite est conditionnée par la
fidélité à la loi de Moïse dont il ne doit se
détourner ni à gauche, ni à droit. Pour y
parvenir, Dieu lui révèle la stratégie : Que ce livre
de la loi ne s'éloigne point de ta bouche ; médite-le jour et
nuit (Josué 1, 7 et 8). C'est dans cette condition seulement que le
succès est garanti à Josué. Il est donc question pour lui,
non seulement de prendre connaissance de la loi, mais de la maîtriser en
vue de se comporter selon elle.
Le texte de Josué 3 : 34 montre que Josué a
effectivement continué avec la socialisation juridique: arrivé au
mont Ebal où il bâtit un autel, comme Moïse le lui avait
recommandé, Josué lut ensuite toutes les paroles de la loi,
les bénédictions et les malédictions, suivant ce qui est
écrit dans le livre de la loi.
Malheureusement, malgré le testament qu'avait
laissé Moïse dans Deutéronome 31, 12-13, la socialisation
juridique à l'époque de Josué n'a concerné que les
anciens, les officiers et les sacrificateurs et non pas l'ensemble du peuple.
C'est ce qui ressort des séances de socialisation juridique
organisées par Josué et rapportées dans Josué 8, 34
; 22, 5 et 23, 6. La précision à relever ici est que la
socialisation était, bien que non globalisante, globale étant
donné que rien de tout ce que Moïse avait prescrit
n'était oublié dans l'enseignement.
La socialisation juridique a donc, jusqu'à Josué,
joué un rôle très important dans la consolidation de la
nation au détriment des tribus.
Lors de son installation en Canaan, la société
juive se trouvait organisée suivant un double principe de
cohésion, celui de la famille et de la tribu, qui s'était
déjà formé lors de son séjour en Egypte. Comme le
souligne Jacques PIRENNE, la dispersion des tribus à travers la terre de
Canaan et au milieu de peuples étrangers fragilisa l'unité que le
peuple d'Israël s'était donnée dans le désert. Les
tribus reprirent, par la force des choses, leur vie autonome85.
Cette fragilité de l'unité
85 J. PIRENNE , Op. Cit., p. 55
nationale par la mise en place des tribus en Canaan est
confirmée par CECIL ROTH:
De longues bandes de territoires ennemis séparaient
les différents groupes les uns des autres. Juda, Siméon et Ruben
vivaient dans l'extrême Sud ; Nephtali et Zabulon au Nord, coupés
du centre par les forteresses cananéennes qui se dressaient entre Beth
Chean et Meguido ; les puissants Manassé et Ephraïm occupaient le
centre montagneux, et une partie de ces deux tribus demeurait sur l'autre rive
du Jourdain. Dans des telles conditions des violentes jalousies locales se
déclanchaient. L'organisation tribale supplanta la nation. La
constitution politique était rudimentaire. L'organisation tribale elle-
même était faible, chaque ville ou chaque village formait en fait
une communauté indépendante dirigée par ses anciens qui
rendaient justice86.
Ainsi, après Josué qui apparut encore comme
« roi » de toutes les tribus israélites, la vie nationale se
limitait, pendant les premiers siècle de l'installation en Canaan,
à la tribu.
Décrivant la manière dont le peuple était
dirigé après la mort de Josué, ROTH précise que de
temps à autre, quelques personnalités remarquables parvenaient
à faire connaître leur autorité sur une région plus
vaste, généralement après une victoire militaire, et en
vertu de ce fait les pouvoirs de Juges leur étaient confiés par
le peuple ou par une fraction du peuple, pour un certain temps87.
Embrouillés par les guerres de conquête (Juges 1 et 2), les
anciens qui succèdent à Josué ne s'occupent pas de la
socialisation juridique. Cette ignorance de la loi plongera le peuple dans la
délinquance de sorte que chacun faisait ce que bon lui semblait
(Juges 21, 25).
En ce qui concerne les Juges en Israël, le Dictionnaire
Encyclopédique de la Bible en distingue deux catégories :
- Les grands Juges qui étaient les chefs de guerres
choisis pour des missions spéciales de salut. Parmi eux nous pouvons
retenir : Othniel (Juges3, 8-11), Ehud (3, 12, 30), Baraq (4, 5),
Gédéon (6,8), Jephté (10, 6-12, 6) qui devint en suite
petit juge. On les croyait porteur d'un charisme guerrier (Juges 3, 30 ; 6, 34
; 11, 29) qui n'impliquait aucune autorité permanente (Juges 8, 22s), ni
l'administration de la justice. Ils conduisaient la guerre, sauvaient du
péril et n'exerçaient leur fonction qu'au profit d'un clan ou
d'une tribu88, sauf dans le cadre da Baraq. Ils n'étaient
donc pas des juges au sens propre du terme.
86 C. ROTH, Histoire du peuple juif,
éd. De la terre retrouvée, Paris, 1963, p.p. 28-29
87 Ibidem
88 A ce sujet, précisons que les juges
n'avaient pas le pouvoir sur toutes les tribus comme chacune était
libre
- Les petits Juges dont Deborah, Tolah, Yaïr,
Jephté, Ibçan, Elon, Ebdon et Samuel. Ils exerçaient leurs
fonctions pendant la période qui précéda
immédiatement l'institution de la monarchie et dura une centaine
d'années. Leur charge consistait à gouverner l'ensemble
d'Israël et ils auraient donc accédé à la plus haute
autorité civile de l'Etat amphictyonique89.
Cette classification du Dictionnaire encyclopédique
de la Bible90 montre qu'elle fut l'oeuvre des petits Juges.
C'est dans ce sens que Déborah siégeait sous un palmier entre
Rama et Béthel pour juger le peuple (Juges 4, 4-5). Commentant ce
passage, C.H. MACKINTOSH précise que le jugement du peuple dont il est
question consistait à enseigner la loi au peuple pour lui montrer son
déraillement.
Il fallait attendre le règne de Jephté pour que
l'unité nationale perdue se reconstruise progressivement au tour du
sanctuaire de Silo qui devint un lieu de pèlerinage de plus en plus
fréquenté par toutes les tribus (1 Samuel 1, 1-3) ; et il parait
bien que le premier juge qui fut unanimement reconnu par tout Israël fut
le grand prêtre Eli (1 Samuel 1, 9 ; 4, 18). Ainsi, l'arche d'alliance
devint le signe de ralliement de l'armée des tribus. Après
Héli, ce fut un autre prêtre, Samuel, que le peuple se choisit
comme juge devant jouer le rôle semblable à celui du roi dans les
temps avenir (1 Samuel 7, 5-6).
La mauvaise conduite des fils de Samuel, le dernier des juges
en Israël, et surtout la pérennité des guerres,
poussèrent le peuple à demander un roi à Samuel (1 Samuel
8, 5). C'est ce qu'affirme LAGRANGE91 en précisant que la
monarchie était née de la nécessité d'avoir un chef
de guerre. Profitant de l'unité nationale qui se construisait et se
consolidait par l'oeuvre du juge Samuel, Saül sera le premier roi
établi par tout le peuple (1 Samuel 11, 14-15). Inaugurée dans
Benjamin avec Saül, la royauté aura pour condition de succès
l'obéissance au Seigneur manifestée dans le respect de la
loi (1 Rois 2, 23).
de s'en choisir un « juge » propre à elle : Ehud
juge de la tribu de Benjamin (Jg 3, 21) ; Gédéon, juge de
la tribu de Manassé (6, 14-15) ; Thola juge de la tribu
d'Ephraïm (10, 2) ; Jaïr de Galaad (10, 3-5) ; Jephté de
Gallad (11, 3) ; Abesan de Benjamin (12, 8-10) ; Ahialon de Zabulon ( 12, , 11)
; Abdon d'Ephraïm (12, 13-15) ; Samson de Dan ( (15, 20) ; Héli le
grand prêtre et juge 1Samuel 4, 18 et Samuel
le dernier des Juges (1 Samuel 7, 2)
89 Collection, Dictionnaire encyclopédique
de la Bible, Brepols, Paris, 1987, p. 703
90 C.H. MACKINTOSH, Notes sur le livre des
Juges, Bibles et traités chrétiens, Vevey, 1975, p. 29
91 M.-J., LAGRANGE, Op. Cit., p. 9
Evoquant le rôle joué par la royauté
davidique pour la consolidation de l'unité nationale à la place
des tribus, LAGRANGE dit de cette monarchie ce qui suit : Grandie par
l'élévation du judéen David, roi d'Hébron, puis
conquérant de Jérusalem, la royauté ayant fait ses preuves
et organisé sa capitale s'était imposé facilement à
toutes les tribus. Le règne glorieux de Salomon, avait scellé
l'unité92.
La socialisation juridique à l'époque de la
royauté était l'apanage des sages, des prophètes (2
Rois17, 13), des prêtres (2 Chroniques 15, 3) des chefs, des
Lévites et des sacrificateurs (2 Chroniques 17, 7-9) étant
donné que chaque roi étaient entouré de sages, de
secrétaires, de chefs et de sacrificateurs.
Comme le montre J. PIRENNE, chaque roi était
obligé de revoir la loi en l'adaptant aux réalités de son
époque tout en restant fidèle à la loi du Seigneur. C'est
ce que stipule en affirmant:
Au bout de 7 ans était inaugurée
l'année sabbatique en Israël. Pendant cette fête chaque roi
devait revoir la loi pour l'adapter aux situations du moment. Puis, les sages
et secrétaire du roi devaient convoquer le peuple et le roi lisait la
loi en présence de tout le peuple93.
Selon les versets 12 et 13 de Deutéronome 31, le
processus de socialisation juridique au bout de chaque 7 ans était
globalisante étant donné que c'est l'ensemble du peuple (hommes,
les femmes, les enfants et l'étranger vivant au milieu d'Israël)
participait aux séances.
Ainsi, la loi occupe une place de choix dans les fonctions
royales en Israël. Non seulement il lui est demandé de marcher
selon elle, mais aussi le roi est évalué en fonction de son
degré d'obéissance à la loi. C'est pourquoi :
- Dès son entrée au pouvoir comme premier roi,
Saül juge le peuple en fonction de la loi (1 Samuel 14, 33);
- dans son testament à son fils et successeur à la
royauté, David demande à
Salomon de marcher selon la loi du Seigneur (1 Chroniques 22,
12)
- Le roi Salomon fait allusion à la loi dans l'exercice
de ses fonctions (2
Chroniques 6, 16)
92 Ibidem
93 J. PIRENNE, Op. Cit., p.
- Les rois Jéhu et Roboam sont jugés n'avoir pas
marché selon la loi (2 Rois, 22,11 ; 2 Chroniques 12, 1)
- 2 Chroniques 15, 3 montre comment le peuple se plaint du
manque de prêtre, non pour les services cultuels, mais pour
l'enseignement de la loi à l'époque de ses pères.
C'est dans ce cadre que le reproche du prophète Amos
contre le peuple est lié au manque d'obéissance à la loi
comme le souligne le passage d'Amos 2, 4-6 : Parce qu'ils ont rejeté
la loi de Yahvé, et qu'ils n'ont pas gardé ses ordonnances,...
Chez le prophète Osée, la préoccupation concerne
également la désobéissance à la loi (Osée 2,
18 ; 4, 6). Si Josias est considéré comme un roi qui plait
à Dieu, c'est parce qu'à partir de la connaissance de la loi
découverte dans la maison de Dieu, il initia la réforme qui
rétablit la relation entre Dieu et son peuple d'une part, mais aussi
pour avoir accordé beaucoup d'importance à la socialisation
juridique: ayant découvert la loi dans la maison de Dieu il envoya une
équipe de ses chefs avec les lévites et les sacrificateurs
enseigner la loi au peuple dans les villes de Juda (2 Chroniques 17, 7- 9).
Malheureusement, les rois qui lui succédèrent
n'accordèrent pas d'importance à la socialisation juridique
jusqu'à ce que Dieu les amène en captivité en Babylonie.
En Babylonie, le petit groupe du peuple et des prophètes qui
connaissaient la loi a joué un rôle important dans la
socialisation juridique pendant la déportation. C'est ainsi que la
prédication d'Ezéchiel à Babylone était au fond la
même que celle de Jérémie resté au pays. Ne rendre
un culte qu'à Dieu seul, et sans le diminuer par une image, se
serrer autour de la loi. Là était le principe de la
cohésion nationale que la domination chaldéenne ne put mettre en
péril.
De même, malgré la division entre Judas et
Israël lors de la royauté de Roboam (2 Chroniques 10), la loi
demeura l'élément commun aux deux peuples. C'est ainsi que le Roi
Asa commande à Juda d'obéir à la loi (2 Chroniques 14,
3-4).
De la lecture d'Ezéchiel 8,1 ; 14, 1 ; 20,1, il ressort
de ce texte que pendant la période de la déportation babylonienne
de 586, au sein de la communauté des captifs, une personnalité de
premier plan se dresse, c'est le prophète Ezéchiel. Il va, le
premier, s'attacher à résoudre le problème dont
dépendait le salut d'Israël. Ces prophéties mentionnent
trois circonstances où les « anciens de Juda» se
réunirent chez- lui et l'on est fondé à supposer que dans
ces entretiens fut examinée la
question qui obsédait leur esprit. La solution qu'ils
retinrent peut être résumée en un seul mot : Torah.
Selon A. COHEN94, les savants s'accordent à
penser que l'institution de la synagogue date du temps de l'exil babylonien.
L'expression hébraïque qui la désigne beth
hakenéseth (maison d'assemblée) en marque avec
précision le but initial : On s'y réunissait pour lire et
expliquer les écritures. C'est plus tard, lorsque les
prières furent jointes à ces lectures commentées de la
Torah, que la synagogue devint le lieu d'adoration.
Cette pensée de COHEN permet d'affirmer que la
socialisation juridique était faite par les anciens dans les synagogues
pendant la déportation. A l`époque de la déportation, la
chute de Jérusalem marque la fin des institutions politiques en
Israël. La Judée sera désormais une partie intégrante
des empires néo-babyloniens, perse et séleucide qui lui
imposeront le statut habituel de leurs provinces.
Concernant la manière dont la loi a réussi
à survivre pendant la déportation, ROLAND DE VAUX95
montre que malgré leur état de déportés, une
certaine autonomie fut accordée aux juifs sur le plan religieux et
culturel. De ce fait les habitudes anciennes ont été
perpétuées, au plan de la vie municipale, par les clans et leurs
anciens qui représentent le peuple auprès des autorités
(Esdras 5, 9 ; 6, 7) ; mais il n'y a plus de notion de la nation d'Israël.
C'est ainsi que les juifs constituèrent, en Babylonie, une
communauté religieuse régie par la loi, sous le gouvernement de
ses prêtres qui l'enseignaient au peuple pendant les cultes. Cet
enseignement de la loi, précise COHEN96, provoqua
l'éveil d'un intérêt croissant pour l'étude des
livres hébreux en terre étrangère, et ce désir de
connaissance, en se répandant parmi les masses, fit
nécessairement éprouver le besoin d'avoir des hommes
qualifiés par leur instruction pour donner l'enseignement. Ils sont
connus sous le nom de sopherim (scribes), ce qui veut dire «
hommes de lettres ». Quelques uns d'entre eux figurent certainement dans
la liste des « docteurs » mentionnés en Esdras 8, 16 et dans
l'énumération de ceux qui s'occupent de la socialisation
juridique en expliquant la torah au peuple (Néhémie 8,
7). Au premier rang de ces instructeurs, se trouve Esdras.
94 A. COHEN, Le Talmud, Payot, Paris, 1958,
p.18.
95 R. DE VAUX, Les Institutions de l'Ancien
Testament, T1, Cerf, Paris, 1960, p. 151
96 A. COHEN, Op. Cit., p.18
Parlant d'Esdras, Marcel PELLETIER dit que lorsqu'il part de
Babylone pour Jérusalem, il a en main deux documents : la
rédaction du livre de Moïse, la Tora, à quelque chose
près, notre actuel Pentateuque et l'édit du roi qui est un acte
royal qui, à côté des dispositions destinées
à faciliter la mission à l'envoyé, rend obligatoires pour
les juifs les dispositions de la Torah. L'Edit disait :
Quiconque, en mon royaume, partie du peuple d'Israël,
de ses lévites ou de ses prêtres, déclare le Souverain,
peut partir avec toi puisque le roi t'a envoyé pour inspecter Juda et
Jérusalem d'après la loi de ton Dieu et pour porter l'argent et
l'or que le roi et ses conseillers ont offerts au Dieu d'Israël dont la
maison est à Jérusalem97.
Le reconnaissant comme Prêtre et scribe versé
dans la Loi de Dieu des cieux, le roi l'envoie en disant : et toi
Esdras, selon la loi de Dieu que tu as en main, installe des scribes et des
juges pour tout le peuple de l'autre côté du fleuve qui pratique
la loi de ton Dieu et qui est la loi du roi. C'est ainsi que la « loi
de Moïse » constitue désormais, pour les juifs en
déportation, la « loi du roi » ; elle devient officielle. S'y
soustraire devient un délit et n'est plus seulement une faute devant
Dieu : quiconque de la communauté juive n'observe pas la loi de ton
Dieu sera condamné à la mort, au bannissement, à une
amende ou à la prison, ajoutait d'Edit royal.
M. PELLETIER précisera que, jusqu'à cette
époque, la loi n'était qu'une exhortation sans véritable
obligation, tout au plus, placée sous la contrainte de la pression
sociale, au mieux, un droit coutumier, une jurisprudence réglant les
rapports entre les individus ou entre les groupes et tirant sa seule force d'un
consentement mutuel né d'un culte commun et de la tradition.
Dans son ouvrage, M. PELLETIER98 présente
Esdras, spécialiste de la loi, comme le père des scribes qui vont
tenir une place si importante, tout particulièrement chez les
Pharisiens. Il est aussi un prêtre et un personnage officiel
chargé d'une sorte de secrétariat aux affaires judéennes
en Babylone.
C'est ainsi qu'arrivé à Jérusalem, Esdras
est venu proclamer que l'antique loi des pères est désormais la
loi officielle. L'holocauste, la solennité de sang, des chairs et des
graisses offerts au Dieu de la nation préparent la socialisation
juridique. Le but de cette socialisation juridique est double chez Esdras :
97 M. PELLETIER, Les Pharisiens, Histoire d'un
parti inconnu, Cerf, Paris, 1990, p. 35
98 Ibidem
- Il faut que le peuple possède la connaissance
complète de la loi, et - Qu'il s'en pénètre.
Ainsi que le relève PELLETIER, avec Esdras, la
socialisation juridique devint plus globalisante qu'à l'époque de
Moïse, de Josué, des Juges et des rois chez qui, comme le soutient
Jacques PIRENNE99, seuls les anciens des tribus, les magistrats et
les hommes majeurs étaient convoqués pour apprendre la loi.
Esdras, lui, convoque les hommes, les femmes et tous les enfants en âge
de raison100.
Ainsi la socialisation juridique comprendra deux étapes
dont :
- La lecture de la loi à haute voix devant tout le
monde
- L'explication de la loi à travers les commentaires
Ces deux étapes peuvent être appelées
INFORMATION - FORMATION du peuple au droit.
L'analyse du texte d'Esdras 10 montre que cette socialisation
juridique a eu quatre résultats :
- Par la connaissance de la loi et après avoir
considéré sa façon de vivre, le
peuple
tombe sous une grande émotion ; les larmes jaillissent
sous l'effet conjugué du repentir ;
- Toute interprétation de la loi est
appréciée et amène les divisions lorsqu'elle devient
relativiste et infidèle à la loi apprise ;
- La loi occupe désormais la place capitale dans la
société ;
- La loi devient omniprésente dans la vie quotidienne.
Esdras enseignait que l'existence quotidienne du juif doit
nécessairement être réglée, dans chacune de ses
étapes, par les préceptes qu'on trouve dans la Torah vue qu'elle
est destinée à servir de guide complet à l'existence, elle
sera forcement capable de fournir pour toute circonstance de la vie humaine une
direction efficace. Pour accomplir cette mission, il faut absolument
connaître la Torah. C'est pourquoi Esdras introduit en Judée la
socialisation juridique de manière à familiariser les masses avec
son contenu (Néhémie 8, 7 - 8). Ce passage de
Néhémie montre combien la socialisation juridique avait pris la
forme d'un métier : 13 personnes sont ajoutées aux Lévites
pour s'occuper de la socialisation juridique. Cette réforme vient du
fait que, pour Esdras, exclure les femmes et les enfants en âge de raison
au processus de socialisation juridique entretient, au sein de la
communauté, un groupe
de personnes qui peut facilement corrompre la culture juridique
que peuvent acquérir les hommes socialisés.
Dans leur travail de socialisation juridique JOSUE, BANI,
SCHEREBIA, JAMIN, AKKUB, SCHABBETHAÏ, HODIJA, MAASEJA, KELITHA, AZARIA,
JOZABAD, HANAN, PELAJA, et les Lévites ne se limitaient pas à
faire une lecture de la loi, mais donnaient également le sens pour
faire comprendre ce qu'ils avaient lu. C'est pourquoi la socialisation
juridique prit sept jours (Néhémie 8, 18).
D'après la tradition juive, écrit COHEN, Esdras
avait fondé le kenéseth hagedola (la grande synagogue),
corps des docteurs qui reçurent l'ensemble doctrinal conservé
jusqu'à eux, pour l'adapter et le développer en accord avec les
conditions nouvelles de leur époque, et le transmirent ensuite aux
devanciers directs des rabbins talmudiques101. La preuve de
l'émergence d'une culture juridique chez les juifs, à la
période intertestamentaire, peut être relevée dans la
première moitié du second siècle avant notre ère.
Une poignée de juifs entreprit la lutte héroïque pour
résister à ceux qui tentaient alors d'anéantir leur
religion : Les Hasmonéens se dressent contre les armées
assyriennes, parce qu'ANTIOCUS EPIPHANE a osé leur enjoindre de violer
les préceptes du Judaïsme, d'oublier la Torah et de changer
toutes les règles de la Justice (1 Maccabées 1, 49).
Mattathias, levant l'étendard de la révolte, lance cette
proclamation : Que ceux qui aiment la Tora et veulent maintenir l'alliance
viennent et me suivent. (1 Maccabées 2, 27). Avant de mourir, il
exhorte encore ses fils en ces termes : Déployez votre force et
votre vaillance en faveur de la Torah (1 Maccabées 6, 64).
Ceci établit incontestablement que, dès le
début du second siècle avant notre ère, la Tora
était puissamment implantée parmi les juifs grâce à
la socialisation juridique.
Décrivant l'éducation et l'enseignement chez les
juifs à l'époque talmudique,
Towa PERLOW102 montre que l'enseignement comportait
trois cycles :
- Au premier cycle, le jeune apprenait la lecture, la
prière et les points essentiels de la religion. Toute personne qui ne
possédait pas ce niveau était méprisable ;
- Au deuxième cycle, on ne dépassait pas en moyenne
la compréhension du pentateuque ainsi que certains passages de la Michna
; et
101 A. COHEN, Op. Cit., p. 19
102 T . PERLOW, Op. Cit., p. 20
- Au troisième cycle l'on abordait l'étude
approfondie du Talmud sous la direction des plus savants docteurs.
Il ressort de cette organisation de l'éducation et
l'enseignement qu'au fond, le judaïsme repose tout entier sur
l'éducation et ce sont ses conceptions essentiellement religieuses et
morales du monde et de la vie qui impriment à toute la question de
l'éducation le caractère d'importance primordiale qu'elle
revêt chez lui : c'est par elle qu'elle transmet aux enfants
d'Israël la Tora. Dans la société juive la loi domine et
protège à la fois l'individu qui ne saurait vivre sans elle,
la vie est Tora et la Tora est la vie. Autrement dit, la Tora est,
pour le juif, loi de vie.
Montrant la place qu'occupait l'appropriation de la loi par les
juifs, Towa ajoute :
C'est elle qui dirige la vie et qui enseigne comment on
doit vivre ; c'est la doctrine qui embrasse toute la théologie et la
métaphysique et c'est aussi la morale qui règle les rapports des
individus entre eux et leurs devoirs envers la société ;
connaître la Tora, c'est savoir ce qu'il faut croire et pratiquer dans le
domaine religieux comme dans le domaine moral et social103.
C'est dans ce sens que la vertu principale devint donc de
posséder dans leur ensemble tous les détails de la Tora,
d'en entendre et d'en approfondir la connaissance, de se rendre
capable d'en discuter avec utilité.
S'agissant de l'éducation des enfants à la
période talmudique, saint Jérôme témoigne :
Dès leur âge le plus tendre, ils sont familiarisés avec
l'Ecriture et peuvent citer tous les personnages bibliques depuis Adam
jusqu'à Zorobabel sans hésiter que si on leur demandait leur
propre nom104.
Dans leur travail de socialisation juridique, les docteurs
n'étaient pas des théoriciens et ne poursuivaient pas la
connaissance pour elle - même. Ils s'attachaient surtout à
l'application de leur enseignement : La théorie doit s'accorder avec
la pratique et se borner à lui servir de guide ; disaient-ils. Cet
accent mis sur la pratique de loi dans la vie des juifs est confirmé par
F. JOSEPH105 qui témoigne qu'en conformant la théorie
à la pratique, les juifs se sont distingués des
Lacédémoniens et des Crétois ou encore des
Athéniens et d'autres Grecs qui prescrivaient par les lois ce qu'il
fallait faire ou éviter, mais ne se souciaient point d'en donner
l'habitude par l'action.
103 Ibid, p. 18
104 Saint Jérôme cite par T. PERLOW, Ibid,
p. 20
105 JOSEPH F., Cité par T. PERLOW, Ibid, p. 21
Cet accord entre les notions de la loi apprises à
l'école et son application dans la vie courante paraît être
la preuve de l'émergence d'une culture juridique dans la
société juive. C'est ce qu'affirmait ELISHA en disant :
Un homme vertueux qui a étudié la Tora est
comme un architecte qui construirait des murs de brique sur des fondations de
pierre : son bâtiment résistera aux plus fortes inondations. Mais
celui qui étudie la Tora sans pratiquer la vertu est comme un architecte
qui ferait ses fondations en brique et ses murs en pierre, la moindre crue
renversera sa construction106.
Et PHILON ajoute qu'étant donné qu'ils
considèrent leurs lois comme révélées par Dieu, et
qu'on les instruit dans la connaissance de ces lois dès leur plus tendre
enfance107, ils portent dans leurs âmes l'image des
prescriptions de la loi108.
A la suite d'ELISHA et de PHILON, JOSEPHE témoigne
également de cette culture juridique chez les juifs du deuxième
siècle avant notre ère en disant : Chez nous, qu'on demande
les lois au premier venu, il les dira toutes plus facilement que son propre
nom. Ainsi dès l'éveil de l'intelligence, l'étude
approfondie des lois les grave, pour ainsi dire, dans nos
âmes109.
Dans l'Ancien Testament, la socialisation juridique
apparaît donc comme une mission du peuple de Dieu.
II.3.2. Dans le Nouveau Testament
Après la grande synagogue qui cessa d'exister vers le
milieu ou la fin du 3ème siècle, c'est le Sanhédrin qui
pris la relève de la socialisation juridique. La tradition juive affirme
que ce furent cinq couples de rabbins (Zougoth) qui se
succédèrent dans cette tâche. La dernière comprenant
HILLEL et CHAMMAÏ (morts vers l'an 10 ap. JC).
Selon A. COHEN110, les études historico -
modernes montrent que le sanhédrin fut un corps composé de
prêtres et des légistes, réunis sous la présidence
du grand prêtre. Les délibérations du sanhédrin
furent marquées de bonne heure par une opposition qui composa la
formation de deux partis distincts : les Sadducéens d'une part et les
Pharisiens, lesquels constituaient le bloc des légistes,
héritiers
106 ELISHA cité par T. PERLOW, Ibidem, note 4
107 Précisons que chez les Juifs, un jeune garçon
de 12 ans était appelé Bar - mitsrah = enfant de la
loi.
108 PHILON cité par T. PERLOW, Ibid, p. 27
109 F. JOSEPH cité par T. PERLOW, Ibidem
110 A. COHEN , Op. Cit., p. 22
directs d'Esdras, qui continuèrent avec la socialisation
juridique dans la synagogue, les académies et les retraites à
l'époque de Jésus.
Contrairement à ce que dit M. SIMON111, pour
qui les pharisiens étaient légalistes comme les
Sadducéens, P. MARCEL précise que les deux partis n'avaient pas
la même considération de la loi : les Pharisiens
présentaient au peuple une multitude d'observances
héritées de leurs pères et non inscrites dans la loi de
Moïse. Ils combinaient la tradition orale avec la loi ; alors que les
Sadducéens déclaraient ne tenir pour obligatoires que les
prescriptions contenues dans la Parole écrite et affirmaient qu'il n'y
avait pas lieu d'observer ce qui émanait de la tradition (orale) des
pères112.
Outre les Pharisiens et les Sadducéens qui ont choisi
l'enseignement de la loi comme moyen d'acquérir la paix, existaient
trois autres partis juifs à savoir les Zélotes, les
Esséniens et les publicains. Alors que pour les Zélotes, la paix
serait obtenue par la révolution populaire, la violence ou la guerre,
les Esséniens privilégiaient la vie de sanctification et de
dévotion. C'est dans ce sens qu'ils se sont séparés du
reste du peuple pour se retirer dans la montagne113.
A propos des Pharisiens, Marcel PELLETIER114 montre
que ce parti inscrit vit dès le départ au centre de ses
préoccupations, la fidélité à l'alliance
contractée au Sinaï. Il exigeait encore une conformité de
tous les instants à la volonté de Dieu exprimée dans la
loi. Car, cette loi renfermait, à côté des obligations
proprement cultuelles, des règles concernant la vie collective et la vie
individuelle.
Justifiant le poids des Pharisiens sur les instances
légales, M. PELLETIER115 dit que ces derniers avaient une
certaine influence sur le peuple étant donné que
111 M. SIMON, Les sectes juives au temps de
Jésus, PUF, Paris, 1960, p.19
112 M. PELLETIER, Op. Cit., p. 9
113 Pour plus de détails sur les Zélotes et les
Esséniens, lire : S.G.F. BRANDON, Jésus et les
Zélotes, Flammarion, France, 1975, pp. 39- 81
P. GRELOT, L'espérance juive à l'heure de
Jésus, Desclée, Paris, 1978, pp. 61 - 85
A. PAUL, Le monde des juifs à l'heure de Jésus.
Histoire politique, Desclée, Paris, 1981, pp. 216 - 219
114 M. PELLETIER, Idem, pp.7-8
115 Ibidem
leur réussite fut l'éducation
populaire116 qu'ils s'étaient fait le devoir de promouvoir,
l'éducation de masse.
En ce qui concerne la socialisation juridique, les pharisiens
furent les premiers, à l'époque de Jésus, à
concevoir un enseignement élémentaire pour tous et à
commencer à mettre systématiquement en place un programme
d'enseignement de la loi. C'est ce qu'affirme PALLETIER en disant :
A l'époque de Jésus, partout où
s'élevait une synagogue, se trouvait une école capable
d'accueillir les garçons de 5 à 10 ans. On y apprenait à
lire et écrire et l'on s'y nourrissait de la Loi. Au-delà de 13
ans, cet enseignement élémentaire pouvait être approfondi
au sein de nombreuses académies d'où sortaient les scribes,
spécialistes de la Loi, et le plus souvent animateurs des
confréries. La formation de l'adulte du commun se poursuivait dans la
synagogue, autre pièce maîtresse du système pharisien, et
par l'enseignement bénévole donné par les docteurs de la
Loi lors des pèlerinages117.
Cette citation de Pelletier, montre qu'à l'époque
de Jésus, chez les
Pharisiens, la socialisation juridique n'était plus
globalisante comme l'avait fait Esdras ; étant donné qu'elle ne
concernait que les garçons et les hommes. Cependant, le mérite
des Pharisiens est à deux niveaux :
- La socialisation juridique se fait de manière
systématique et conserve la
forme d'une école avec trois niveaux :
élémentaire (pour les enfants garçons de 5 à 13
ans), académique (pour les jeunes de13 ans et plus) et pour les adultes
lors des cultes et pèlerinages.
- La socialisation juridique est incorporée dans le
programme
d'alphabétisation : les enfants qui apprennent à
lire et écrire se nourrissent de la loi.
- Le huitième jour de sa naissance, Jésus est
amené au temple pour la
circoncision conformément à la loi de Moïse
(Luc 2, 21) ;
- En Luc 6, 2, les pharisiens reprochent à Jésus de
faire ce qui n'est pas
permis de faire
- Joseph et Marie se sont rendus à Jérusalem pour
leur purification selon la
loi de Moïse (Luc 2, 22) ;
116 L'éducation populaire ne vise pas seulement
l'acquisition du savoir en général, mais inclut
également
«l'idéologisation »' et a une dimension de
politisation. Chez les Juifs de l'époque de Jésus Les synagogues
(à la fois comme école et lieu de culte) constituait un cadre
d'idéologisation. 117Ibid, p. 9
- Comme le recommandait la loi de Moïse, Jésus, en
tant que premier né
mâle, est amené au temple pour être
consacré au Seigneur et ses parents donnent un sacrifice pour la
purification de Marie (Luc 22, 23 - 24).
- La lapidation d'Etienne en Actes 6, 12 est montée par
les maîtres de la loi ;
- Actes 13, 15 montre que la socialisation juridique a
continué dans la
communauté chrétienne naissante qui se
réunit dans les synagogues ;
- En Actes 15, 1 l'obéissance à la loi est
présentée aux pagano chrétiens comme l'unique moyen du
salut ;
- En Actes 15, 5, on voit les pharisiens insister sur la
circoncision de pagano
chrétiens avant de prier avec eux ;
- Actes 15, 21 montre que chaque jour du sabbat, la socialisation
juridique a
continué par la lecture et l'enseignement de la loi dans
les synagogues et les réunions des chrétiens ;
- Actes 21, 20 relève que les juifs, malgré leur
conversion au christianisme
continuent à suivre fidèlement la loi et à
la mettre en pratique ;
- Actes 21, 28 présente comment les juifs se
soulèvent contre les apôtres
accusés d'enseigner ce qui n'est pas conforme à la
loi ;
- L'apôtre Paul utilise la loi pour persuader les notables
;
- Dans Romains 3, 31 Paul montre que croire c'est donner à
la loi toute sa
valeur.
Ces passages et bien d'autres dans le Nouveau Testament
attestent à suffisance que les Pharisiens on joué un rôle
important dans l'émergence d'une culture juridique depuis la naissance
de leur parti à l'époque d'Esdras jusqu'à l'an 70 ap. J.
C., année à laquelle ils ont pris le pouvoir. L'influence
exercée par les pharisiens dans la communauté juive était
très importante. C'est ce qui justifie la libération des
apôtres par la seule parole de Gamaliel qui était un Pharisien
(Actes 5 : 34-35).
Se référant à Actes 8, 1 et 12, 1ss,
Georges GANDER affirme que la communauté chrétienne de
Jérusalem était restée judaïsante118. Car,
ajoute t-il, les quelques hommes venus de la Judée dont il est
question en Actes 15, 1 sont des
118 G. GANDER, Les actes des apôtres. Nouveau
commentaire d'après l'Araméen, le Grec et le Latin,
éd.
Contrastes diffusion, Lausanne, 1990, p. 222
juifs légalistes stricts appartenant à la secte
des pharisiens119. Ainsi, la vision et l'exigence des pharisiens
voulaient que la loi soit lue et enseignée dans les synagogues et les
maisons dans lesquelles se réunissaient les chrétiens. C'est
pourquoi, en Actes 21, 20-24, l'apôtre Paul est repris par les anciens de
l'église de Jérusalem en ces termes :
Quand ils l'eurent entendu, ils glorifièrent Dieu.
Puis ils lui dirent : tu vois, frère, combien de milliers de juifs ont
cru, et tous sont zélés pour la loi. Or, ils ont appris que tu
enseignes à tous les juifs qui sont parmi les païens à
renoncer à Moïse, leur disant de ne pas circoncire les enfants et
de ne pas se conformer aux coutumes. Que faire donc ? Sans aucun doute la
multitude se rassemblera, car on saura que tu es venu. C'est pourquoi fais ce
que nous allons te dire. Il y a parmi nous quatre hommes qui ont fait un voeu;
prends-les avec toi, purifie-toi avec eux, et pourvois à leur
dépense, afin qu'ils se rasent la tête. Et ainsi tous sauront que
ce qu'ils ont entendu dire sur ton compte est faux, mais que toi aussi tu te
conduis en observateur de la loi.
L'équivoque qu'il faut lever ici c'est que ni
Jésus ni ses disciples ne sont opposés à la loi, car :
- En Matthieu 5, 17- 18, Jésus montre qu'il n'est pas
venu abolir la loi mais l'accomplir et que rien n'en sera aboli aussi longtemps
que le ciel et la terre existeront ;
- Au verset 19 Jésus montre combien celui qui se charge
de la socialisation juridique sera important dans le royaume des cieux ;
- Au verset 20, Jésus présente
l'obéissance à la loi comme condition d'entrer dans le royaume de
Dieu ;
- En Actes 15, 23 - 29 il ressort que malgré la tenue
de la conférence de Jérusalem la loi a continué à
être enseignée et pratiquée dans les communautés
chrétiennes.
C'est ce qui ressort de cette conclusion - recommandation des
apôtres à toutes les églises d'Antioche, en Syrie, et en
Cilicie :
Alors il parut bon aux apôtres et aux anciens, et
à toute l'Église, de choisir parmi eux et d'envoyer à
Antioche, avec Paul et Barnabas, Jude appelé Barsabas et Silas, hommes
considérés entre les frères.
Ils les chargèrent d'une lettre ainsi
conçue: Les apôtres, les anciens, et les frères, aux
frères d'entre les païens, qui sont à Antioche, en Syrie, et
en Cilicie, salut! Ayant appris que quelques hommes partis de chez nous, et
auxquels nous n'avions donné aucun ordre, vous ont troublés par
leurs discours et ont ébranlé vos âmes, nous avons
jugé à propos, après nous être réunis tous
ensemble, de choisir des délégués et de vous les envoyer
avec nos bien-aimés Barnabas et Paul, ces hommes qui ont exposé
leur vie pour
le nom de notre Seigneur Jésus -Christ. Nous avons
donc envoyé Jude et Silas, qui vous annonceront de leur bouche les
mêmes choses. Car il a paru bon au Saint -Esprit et à nous
de ne vous imposer d'autre charge que ce qui est nécessaire, savoir, de
vous abstenir des viandes sacrifiées aux idoles, du sang, des animaux
étouffés, et de l impudicité, choses contre lesquelles
vous vous trouverez bien de vous tenir en garde. Adieu.
Bien que l'intervention de Jacques commence par maintenant
donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou des disciples un joug
que ni nos pères ni nous n'avons pu porter ? (Actes 15, 10), il
s'avère que la loi de Moïse a été imposée aux
pagano chrétiens (Lévitiques 17, 10s ; 18, 6ss).
Concernant l'attitude de Jésus vis-à-vis des
pharisiens, il n'est pas question pour lui de refuser la socialisation
juridique faite par ces derniers, mais de lutter contre leur hypocrisie : ils
enseignent ce qu'ils ne vivent pas et que pour eux : la loi devient plus
importante que l'homme. Ces reproches de Jésus sont suffisamment
présentés dans le chapitre 23 de l'Evangile de Matthieu où
il leur reproche qu' :
- Ils disent, et ne font pas ;
- Ils lient les fardeaux pesants, et les mettent sur les
épaules des hommes ; - Ils font toutes leurs actions pour être vus
des hommes ;
- Ils aiment la première place dans les festins et les
premiers sièges dans les synagogues ;
- Ils aiment à être salués dans les places
publiques et à être appelés par les hommes rabbi, rabbi
;
- Ils ferment aux hommes le royaume des cieux et ils n'y entrent
pas ;
- Ils dévorent les maisons des veuves et qu'ils font pour
apparence des longues prières ;
- Ils courent la mer et la terre pour faire un prosélyte
de qui ils font deux fois fils de la géhenne plus qu'eux-mêmes
;
- Ils laissent ce qui est important dans la loi : la justice, la
miséricorde et la fidélité ;
- Ils nettoient le dehors de la coupe et du plat alors
qu'au-dedans ils sont pleins de rapine et d'intempérance ; etc.
Ces caractéristiques des pharisiens du temps de
Jésus et du début de l'Eglise montrent que la mise en pratique de
la loi avait souffert de l'hypocrisie des pharisiens qui auraient dû
être un modèle à suivre.
Bien que l'apôtre Paul soit accusé d'avoir
interdit l'enseignement et la pratique de la loi (Actes 21, 28), le malentendu
entre lui et les pharisiens comme avec les autres apôtres ne porte pas
sur la nécessité ou pas de continuer la socialisation juridique,
mais sur le moyen d'accession au salut offert par Jésus. Ceci est
prouvé par le fait que lui-même, ayant été
juridiquement socialisé auprès du grand docteur du pharisien
(Gamaliel), il connaît ses droits de citoyen romain et les revendique, en
faisant recours à la loi, lors de son arrestation à Rome (Actes
23, 3). Il prend Aussi soin de recourir à la loi dans ses enseignements,
ils entre librement dans les synagogues où se faisait la socialisation
juridique et demande au jeune Timothée de se rappeler de l'enseignement
reçu de la part de sa grand-mère Aloïs qui était une
juive pratiquante (2 Timothée 1, 5) ; il fait circoncire Timothée
selon la loi (Actes 16, 3). C'est ainsi qu'il procède lui-même
à la socialisation juridique en envoyant aux églises les parties
de la loi qu'il demande de lire dans l'église :
- Dans Romains 7, 2-3 il ingère les instructions de la
loi sur le mariage ;
- Dans Actes 7, 53 il montre que croire en Jésus c'est
donner à la loi toute sa valeur ;
- Dans Romains 8, 4 il demande aux chrétiens de vivre
comme la loi juive le demande ;
- Dans 1 Corinthiens 14, 34 il demande à l'église
de ne pas permettre à la femme de parler dans l'assemblée selon
la tradition juive.
Il apparaît donc que dans le Nouveau Testament la
socialisation juridique était l'oeuvre des pharisiens, des
apôtres, des judéo chrétiens et des anciens d'Eglise.
De cette étude sur le fondement théologique de
la socialisation juridique, il ressort que le processus d'information et de
formation des citoyens sur la loi est une mission confiée aux
responsables politiques et spirituels du peuple de Dieu. Depuis le don de la
loi au Sinaï par Dieu, Il insiste pour que le peuple soit tenu
informé et ait un enseignement approfondi de la loi pour éviter
la violence, la délinquance et l'anarchie dans la société.
C'est pourquoi, dans la Bible, la paix et la prospérité du peuple
de Dieu dépendent de la connaissance de la loi qui doit se manifester
par sa mise en pratique. L'ignorance de la loi par le peuple conduit à
sa perdition, à son malheur et à la violence (Osée 4,
6).
L'exemple d'Israël qui était toujours en
déportation, dans les guerres et la misère chaque fois que le
peuple ignorait ou refusait de mettre en pratique la loi suffit
pour
montrer que le processus d'information et de formation du
peuple au droit contribue beaucoup au développement d'une culture
juridique et de paix au sein d'un peuple, d'une nation ou d'un pays.
Loin d'être une innovation humaine, la socialisation
juridique trouve sa source en Dieu qui insiste devant Moïse, Josué,
les Juges, les rois, les sacrificateurs, les prêtres, les sages, les
prophètes Ezéchiel, Esdras et Néhémie sur
l'information et la formation du peuple au droit étant donné
qu'il n'y a pas de pratique de droit sans la lecture (àø÷)
et l'enseignement ou l'apprentissage (ïðù) de
la loi par le peuple.
Pour faire émerger une culture juridique, cette
socialisation juridique doit être non seulement globale (concernant
toutes les lois) mais aussi globalisante (impliquant toutes les
catégories sociales).
C'est la mauvaise interprétation des remarques que
Jésus adresse aux Pharisiens et aux Scribes ainsi que de l'enseignement
de l'apôtre Paul sur la loi et la grâce qui ont fait que la
connaissance et la pratique de loi soient remises en cause et la socialisation
juridique sans importance pour les chrétiens. Par conséquent, le
travail de socialisation juridique fait par Héritiers de la Justice
n'est pas en contradiction avec la foi chrétienne étant
donné qu'il fait partie de la mission du peuple de Dieu dans le monde.
C'est ce que soulignent E. FUCHS et P.-A. STUCKI : les DH tirent leur
fondement de la loi de Dieu. Ainsi, affirment-ils, les DH doivent être
reconnus dans leur portée ultime que si on les comprend comme
l'expression même de la loi de Dieu120.
120 E. FUCHS et P.- A. STUCKI, Au nom de l'autre. Essai sur
le fondement des droits de l'homme, Labor et Fides, Genève, 1985,
p.125
Chap. IV. APPROCHE GLOGALE ET GLOBALISANTE DE LA
SOCIALISATION JURIDIQUE
Ce chapitre développe l'accès aux lois comme un
droit constitutionnel en RD Congo, la nécessité du rôle
joué par l'Eglise dans la socialisation juridique en RD Congo et propose
la manière dont HJ pourra capitaliser les différents milieux de
socialisation dans le processus d'information et de formation des citoyens au
droit au Su-Kivu.
II.4.1. L'accès aux lois comme droit
constitutionnel en R. D. Congo
L'article 12 de la Constitution121 de la RD Congo
dispose que tous les congolais sont égaux devant la loi et ont droit
à une égale protection. Cette égalité
démocratique a une vertu pédagogique, pivot des valeurs
républicaines et fondement de la légalité et du respect du
droit qui ne peut être garantie aux citoyens que par la mise sur pied de
dispositions officielles assurant l'accès de tous les congolais aux
lois. Elle est la condition préalable d'une éthique fonctionnelle
qui préfigure l'Etat de droit et constitue la seule base d'un
développement durable et juridiquement garanti tant attendu par la
population. Le contenu du deuxième paragraphe de l'article 62 de la
Constitution qui dispose que toute personne est tenue de respecter la
Constitution et de se conformer aux lois de la République sous-
entend l'obligation qu'a chaque Congolais de se comporter conformément
aux lois du pays. Et pourtant, le droit ne commande l'action de l'homme
qu'après avoir été reçu matériellement et
psychologiquement par celui à qui il s'adresse ; conçu et bien un
accès réel à tout ce qui est objectivement
présenté comme étant le droit.
C'est pourquoi, comme nous l'avons constaté chez les
juifs, l'Etat de droit et de paix ne peut survivre que par la socialisation
juridique des citoyens dans le cadre des valeurs et règles propres
à assurer son fonctionnement. L'accès aux lois constitue de ce
fait une donnée essentielle dans la réalisation de l'Etat de
droit, non seulement dans la déclaration des textes de principes, mais
aussi dans la réalité concrète. Car, toute culture
juridique passe par les conditions de socialisation juridique et par les
modalités de civilité au quotidien dans les modes de
régulation.
121 Il s'agit de la Constitution régissant la
troisième République promulguée et le 16 février
2006
C'est dans ce sens que le sixième paragraphe de l'article
45 de la Constitution dispose:
Les pouvoirs publics ont le devoir d'assurer la diffusion
et l'enseignement de la Constitution, de la Déclaration universelle des
droits de l'homme, de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples,
ainsi que de toutes les conventions régionales et internationales
relatives aux droits de l'homme et au droit international humanitaire
dûment ratifiées.
Ce devoir de l'Etat congolais vis-à-vis de la
population sous entend que l'accès aux lois du pays est un droit de
chaque Congolais et suppose la réduction de l'ignorance de la loi par
les citoyens ; l'accès aux lois dans le sens de la connaissance
effective des normes et règles qui régissent l'ensemble du corps
social ; l'accès aux lois comme la possibilité matérielle
pour tout Congolais de faire valoir ses droits par les procédures
prévues par la loi.
Les dispositions prévoyant explicitement l'accès
aux lois sont nombreuses dans la Constitution de la RD Congo. Au lieu d'en
faire une liste exhaustive, nous essayerons d'en faire un survol. La
revendication de ses droits par la population suppose l'accomplissement
préalable d'une mesure officielle d'information suivant la nature de la
règle : publication, notification ou affichage constituent la formule la
plus répandu d'informer les citoyens sur les lois les régissant.
La publication des lois au journal officiel est l'un des moyens prévus
par la Constitution dans son article 141; mais l'insuffisance de la pratique du
journal officiel dans la publication et la diffusion des lois en RD Congo a
conduit à l'ignorance quasi-totale des lois du pays par les citoyens. En
ce début de la troisième République, l'Etat devrait
respecter les clauses de l'article 45 qui lui demandent d'intégrer les
droits de la population à la connaissance de la loi au programme
d'alphabétisation et d'enseignement aux différents cycles
scolaires et universitaires et dans tous les programmes de formation des forces
armées, des forces de sécurité publique et
assimilés. Il devrait également l'assurer dans les quatre langues
nationales, par tous les moyens de communication de masse, en particulier par
la radiodiffusion et la télévision, la diffusion et
l'enseignement des lois.
régissent : Non seulement elles affirment l'obligation
du pouvoir public à pourvoir et à faciliter l'accès aux
lois, mais encore, elles en prévoient les moyens. On comprend dès
lors que le principe « nul n'est sensé ignorer la loi » de
l'article 141 puisse être contesté en RD Congo en l'absence d'une
véritable politique de publication et de diffusion des règles
juridiques. La pratique du Journal Officiel est très limitée dans
ce pays et circonscrit l'accès aux textes juridiques aux seules chefs
lieux des provinces si ce n'est qu'à Kinshasa, et encore qu'il faut
avoir le moyen de se le procurer.
Les clauses du septième paragraphe de l'article 45
revêtent un intérêt particulier étant donné
qu'elles prévoient que l'Etat a l'obligation d'intégrer les
droits de la personne humaine dans tous les programmes de formation des forces
armées, de la police et des services de sécurité. Ces
dispositions sont pertinentes dans le contexte de la RD Congo étant
donné que ce sont les militaires, les policiers et les agents de
sécurité qui ont battu le record en violation des DH de la
deuxième République à ce jour en passant par la
période de transition allant de 1990 à 2006. Et pourtant, en sa
section XII, la loi n° 04/023 du 21 novembre 20 04122 portant
organisation générale de la défense et des forces
armées pendant la transition, prévoyait la création d'un
service d'éducation civique et patriotique des forces armées. Et
qu'en son article 115, la même loi précise que le rôle de la
justice militaire est de faire respecter la loi et de renforcer le maintien de
l'ordre public et de la discipline au sein des Forces Armées.
Le contenu de l'article 45 de la Constitution de la
troisième République, ainsi que des articles de la loi ci - haut
citée, montrent également la nécessité de
procéder à la socialisation juridique des militaires, policiers
et des agents de sécurité en RD Congo.
Par ailleurs, le préambule de la Constitution
présente la volonté du peuple congolais à bâtir, au
coeur de l'Afrique, un Etat de droit et une nation puissante et prospère
fondés sur une véritable démocratie politique,
économique, sociale et culturelle; bien que ce préambule
réaffirme l'adhésion et l'attachement du peuple congolais
à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, à la
Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, aux Conventions des
Nations Unies sur les Droits de l'Enfant et sur les Droits de la femme ;
même si les lois de la RD Congo
122 CEDAC, Loi n°04/023 du 12 novembre 2004 portant
organisation générale de la défense et des forces
armées, éd. du CEDAC, Bukavu, mars 2005, pp. 59 et 53
étaient bonnes et présentaient des garanties
suffisantes pour les citoyens, le fait qu'elles soient ignorées des
citoyens restreint leur application et ne permet pas à ces derniers de
les revendiquer ou de les défendre123. La stabilité
politique et la construction de la paix en RD Congo ont besoin du droit. Or,
seule la connaissance de ce droit peut en être le moteur. Mettre à
la disposition des Congolais tout l'arsenal normatif (Constitution,
Traités, lois, décrets, conventions internationales
ratifiées par le pays) qui gouverne leurs activités et toutes les
formes de rapports qu'ils entretiennent avec l'Etat, les collectivités
et entre eux est un moyen indispensable pour l'émergence d'une culture
juridique et de paix devant conduire à la stabilité politique et
au développent tant attendu par tous.
L'accès aux lois sous entend à la fois une
adaptation des moyens d'information et de publication des différentes
lois et une diversification des acteurs pouvant contribuer à la
socialisation juridique.
En République Démocratique du Congo, la
présence des ONGDH (notamment celles appartenant aux églises)
depuis la démocratisation du pays en 1990, a joué un rôle
important dans ce domaine, surtout au Sud - Kivu où ces structures non
gouvernementales se sont investies, non seulement dans les questions du
développent local et des droits de l'homme, mais aussi dans la
socialisation juridique; car, la « démission de l'Etat » dans
ces domaines depuis la deuxième République montre bien l'abandon
de la population à son propre sort.
La seule pratique de moyens classiques, et d'ailleurs
insuffisante, de publication des lois (publication au Journal Officiel,
notification ou affichage) est incapable d'atteindre le but dans un pays aussi
continental que la RD Congo. L'expérience de la diffusion de la
Constitution et de la loi électorale par la Commission électorale
indépendante, a montré que le but de faire accéder tous
les citoyens aux lois est loin d'être atteint ; soit à cause de
l'ignorance, par la population, de l'importance de connaître les lois ;
soit à cause des moyens financiers insuffisants, nous croyons surtout
à la cause essentielle de l'analphabétisme de la population.
Le dispositif de l'article 45 de la Constitution propose des
voies plus adaptées au contexte de la RD Congo. : l'usage des
médias, la vulgarisation des lois fondamentales par l'enseignement
aux niveaux primaire, secondaire et universitaire,
123 L'exemple de la deuxième République est
très significatif sur ce point : Les forces de l'ordre traînaient
arbitrairement la population en prison sous prétexte des manquements
graves aux idéaux du parti qui étaient totalement
ignorés par celle-ci.
puis des programmes de formation adaptés à
certains corps de l'administration, la conception de la formation des
fonctionnaires dans le contexte des mutations politiques et institutionnelles
en cours dans le pays. Pour que cette socialisation juridique soit
globalisante, l'article 142 de la Constitution demande au Gouvernement d'en
assurer la diffusion en français et dans chacune des quatre langues
nationales dans les délais de soixante jours à partir de la date
de promulgation de la loi. Cet article soulève la question, non
seulement de l'accès de tous à la loi, mais aussi de l'importance
à y attacher pour mettre la population au courant de la loi le
plutôt possible. C'est pourquoi, conscient du taux exorbitant de
l'analphabétisme dans le pays, l'article 44 de la Constitution fait de
l'éradication de l'analphabétisme un devoir national pour la
réalisation duquel le Gouvernement doit élaborer un programme
spécifique.
La « défaillance de l'Etat » congolais
constatée depuis la Deuxième République, dans plus d'une
de ses missions, dont celle de socialisation juridique ; le souci de stabiliser
les institutions issues des élections de 2006, ne permet pas d'imaginer
pour demain une structure étatique spécifiquement conçue
et adaptée à la socialisation juridique des citoyens en
République Démocratique du Congo. Ce qui rend encore plus
nécessaire l'implication de l'Eglise, à travers ses ONGDH, dans
le processus de socialisation juridique dans ce pays.
II.4.2. Nécessité du rôle
joué par l'Eglise dans le processus de socialisation juridique en RD
Congo
L'expérience de la Province du Sud - Kivu de 1990
à nos jours, rend incontestable le rôle joué par
l'Eglise124 dans le domaine de la démocratisation et du
développement du pays. Elle a été consultée en
matière de décisions politiques, de planification et de mise en
oeuvre des projets tant au niveau local que national. Elle offre souvent de
nouvelles perspectives et possède une grande expérience dans les
domaines tels que le développement de la base, la protection de
l'environnement, la défense des DH et la protection des groupes
défavorisés.
Au Sud- Kivu par exemple, l'Eglise (Catholique et Protestante)
est plus active et mieux informée sur les cas de violation des DH et sur
les besoins de la
124 Le mot Eglise implique ici tant les ONGDH créés
par l'Eglise que celles créés par les chrétiens
Laïcs.
population que les organes de l'Etat. Cela s'est
matérialisé par la création de plusieurs Organisations Non
Gouvernementales des DH d'obédience chrétiennes telles HJ, GJ,
CDJP., APRODEPED, ICJP, Justice pour tous, CJP, CADHOM et AED, pour ne citer
que celles là.
Employant des juristes qualifiés, ces ONGDH de l'Eglise
disposent d'un large éventail de connaissances, de données
juridiques et statistiques fiables, sur la situation des DH dans la Province.
Ils sont le reflet d'un réel engagement de l'Eglise dans la promotion et
la protection des droits des citoyens les moins pourvus. C'est pourquoi, en RD
Congo en général, l'Eglise influence de plus en plus le
gouvernement, mobilise la population à la base par le renforcement de
ses institutions et accroît ses compétences jusqu'à avoir a
une influence sur elle que le gouvernement est souvent accusé par
celle-ci de « défaillant125 ». Par l'information,
la sensibilisation et la formation de la population sur les lois, l'Eglise
contribue beaucoup, à travers ces ONGDH, directement ou indirectement
à la socialisation juridique de la population au Sud- Kivu.
Comme chez les juifs à l'époque de Jésus,
la conception de la paix et des moyens d'y accéder n'est pas les
mêmes au Sud -Kivu. L'on peut dès lors constater des similitudes
entre la population juive et Congolaise en matière de moyen de la
construction de la paix :
- La position des Zélotes qui avaient opté pour
la guerre et la violence comme moyen d'établir la paix, était la
même que celle des mouvements de résistance locale
dénommé Maï Maï en RD Congo ;
- La position des esséniens qui ont trouvé la
solution dans la vie de prière et de sanctification, s'est fait
remarquer dans plusieurs mouvements de réveil spirituel et chez ceux qui
fréquentaient les chambres de prière, et qui
interprétaient la crise congolaise comme punition de Dieu aux Congolais
qui se sont livrés à l'idolâtrie pendant la deuxième
République ;
125 Sur ce plan, voir le rôle joué par l'Eglise
pendant la période de l'incursion Ougando -Rwandaise à l'Est de
la RDC ; le rôle joué par l'Eglise Congolaise pour la
réussite de la transition (La commission électorale
indépendante, la commission vérité et
réconciliation et le Sénat ont été, pendant la
transition, dirigés par les Leaders Chrétiens sans
considérer autant de Laïcs animateurs des ministères) ; et
son rôle dans la sensibilisation pour la paix et la réussite des
élections organisées en juillet et octobre 2006 dans le pays.
- La position des Organisations chrétiennes des Droits
Humains était celle des Sadducéens et Pharisiens qui ont
opté pour la promotion et la protection des droits humains comme moyen
de construction de la paix.
Telle est la situation à laquelle, nonobstant les
tracasseries administratives, les expropriations, les législations
politisées, les groupes d'intérêts formés par les
composantes, les politiciens, l'armée et la police, font face tant
l'Eglise que les ONGDH depuis 1990.
II.4.3. Les principaux milieux de socialisation
juridique au Sud - Kivu
Pour que la socialisation juridique soit globalisante,
Héritiers de la Justice devrait collaborer, en plus de
l'école, avec les autres milieux de socialisation existant dans la
Province. C'est le cas des confessions religieuses, des partis politiques, des
syndicats, des mutualités tribalo ethniques, des familles, des
médiats ainsi que des forces armées et de la police qui encadrent
la population. Le but de cette approche est de pouvoir socialiser juridiquement
toute la population.
En impliquant les divers milieux de socialisation juridique
dans la Province, Héritiers de la Justice, bien que d'obédience
chrétienne, l'on devra éviter la confusion entre la mission
d'évangélisation et celle de socialisation juridique, pour deux
raisons :
- L'objet de cette socialisation juridique n'est pas l'Evangile
ou la loi de Moïse mais les instruments juridiques régissant le
pays ;
- Le but dans ce processus n'est pas d'amener les âmes
à Christ, mais de travailler pour l'émergence d'une culture
juridique dans la Province à travers l'information et la formation de la
population au droit.
Comme le rappelle bien J. ELLUL126, le droit est
institué pour tous, ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. Les
chrétiens font aussi partie d'une nation terrestre, et ils ont à
se soumettre au droit de cette nation qui ne saurait être un droit
chrétien, parce qu'est chrétien ce qui dérive de la foi en
la personne de Jésus - Christ et l'on ne peut imposer ces
conséquence à ceux qui n'ont pas cette foi.
De cette pensée d'ELLUL, il ressort que le droit fait
partie du monde laïc et est laïc. Ainsi, pour promouvoir une culture
juridique au Sud- Kivu, la socialisation juridique
126 J. ELLUL, Op. Cit., p.9
faite par l'Eglise à travers HJ devra revêtir une
dimension globalisante atteignant à la fois les chrétiens et les
non chrétiens, les enfants, les jeunes, les adultes et les vieux.
Sur le plan didactique, P. PERRENOUD127
relève que la fonction socialisante a moins d'emprises sur les adultes
que chez les enfants mis en situation analogue. Les adultes affichent parfois
des comportements d'indépendance aux consignes, aux règles,
à l'autorité du formateur que ne le font les
élèves. Cela tient au niveau de socialisation atteint par les
adultes. Ainsi, HJ devra tenir compte des remarques ci- dessous
évoquées dans le processus de socialisation juridique :
- Le dispositif pour la socialisation des enfants devra donc
être l'éducation qui
développe la construction de l'identité de la
personne chez ces derniers.
- Quant aux jeunes, un encadrement, une guidance, un pilotage
seront d'autant plus nécessaires que l'on ira vers le début de la
scolarité ; d'où les consignes plus nombreuses, un accompagnement
par un responsable et des rapports de « savoirs sociaux ». La
socialisation chez les jeunes consistera donc au développement de savoir
être, de savoir devenir. Le dispositif éducatif pour les jeunes
dont la socialisation est en pleine élaboration, doit avoir
nécessairement ce double objectif : éducation et
apprentissage.
- Pour les adultes ayant acquis un degré de
socialisation et de savoir-faire plus développé que les enfants
et les jeunes, la formation est plus socialisant que l`éducation et
l'apprentissage.
HJ devra donc tenir compte du fait que si pour les enfants
l'éducation est l'approche indiquée et pour les jeunes c'est
à la fois l'éducation et l'apprentissage, alors que la formation
qui est l'approche la mieux indiquée pour les adultes. Car, C.
DUBAR128 fait remarquer que l'éducation, avec et par la
socialisation, développe la construction de l'identité de la
personne qu'est l'enfant ; alors que la formation a pour effet de
développer l'identité professionnelle de l'adulte. Ces
considérations d'ordre pédagogique sont à prendre en
compte dans le processus de socialisation juridique
127P . PERRENOUD, De la construction des identités
sociales et professionnelles, A. Colin, Paris, 1991, p. 7
128 . DUBAR, La socialisation. Construction des
identités sociales et professionnelles, A. Colin, Paris, 1991, p.
7
à travers diverses structures de socialisation que pourra
exploiter Héritiers de la Justice au Sud - Kivu.
II.4.3.1. La famille
La valeur et la nécessité de la famille comme
cellule de base de la communauté humaine sont bien reconnues par la
Constitution de la RD Congo en son article 40 qui souligne qu'elle est
placée sous la protection des pouvoirs publics.
Comme le soulignent BERGER et LUCKMANN129,
l'intervention de la famille dans le processus de socialisation se situe au
stade primaire; donc au tout début de la socialisation de la personne.
Ainsi, précisent-ils, la famille est l'organe clé de construction
de la personnalité de base. En tant que milieu de socialisation, la
famille doit être impliquée dans le processus de
l'émergence d'une culture juridique et de paix au Sud- Kivu. C'est ce
qu'a aussi constaté Andras SAJO130 dans une étude sur
la socialisation juridique en Hongrie où les opinions des parents sur le
problème de l'avortement par exemple, avaient plus d'impact que celles
des enseignants auprès des jeunes adolescents de 17 ans
enquêtés dans dix classes scolaires.
Il ressort que le rôle des parents comme agents et de la
famille comme milieu de socialisation est primordial et son efficacité
sans faille. De ce fait, Héritiers de la Justice doit mettre
beaucoup d'importance dans la socialisation juridique des parents dont
dépend la socialisation des enfants à travers la famille et
l'école.
Parlant du rôle que joue la cohérence entre le dire
et le faire des parents sur l'appropriation d'une culture politique par les
enfants, Philippe BREAUD dit :
Ce sera par exemple, dans la famille, la convergence entre
ce que disent les parents du bon usage de l'autorité, la manière
dont ils se comportent dans les relations de pouvoir entre eux ou à
l'extérieur, enfin le mode concret de distribution de tâches entre
tous les membres... ainsi, les préférences politiques des parents
ont-elles de meilleures chances d'être intériorisées par
leurs enfants si l'environnement local est lui-même majoritairement
marqué131.
129 BERGER et LUCKMANN, « Famille et socialisation »
in,
http://www3.ac-clemont.fr/pedago/sec/
sujets/prem/socialisation_fp.htm
130 A. SAJO, La socialisation juridique en Hongrie sous le
communisme et après le communisme in
http://G:/ds01 9- 12.htm
131 P. BRAUD, Socialisation politique, 7ème
éd., L.G.D.J., 2004, p. 277
Parlant du rôle du langage dans l'assimilation des
concepts juridiques les plus courants, C. KOURILSKY132 soutient
cette idée de BREAUD en disant que la famille transmet à l'enfant
tous les concepts communs au langage juridique et au langage quotidien (droit,
responsabilité, autorité, égalité,
tolérance). Elle lui transmet aussi sa propre compréhension des
connaissances et jugements de valeurs (loi, juge, Etat). Ces deux auteurs
soulèvent la question de l'importance à attacher à
l'appropriation d'une culture juridique par les parents pour l'émergence
d'une culture juridique et de paix chez les enfants. Si l'information et la
formation au droit sont bien faites chez les adultes, les parents (père
et mère) peuvent donner des informations de base sur les lois et le
droit, les interpréter et formuler des commentaires embryonnaires
à leurs enfants.
Précisons cependant que le fait que les normes et
valeurs évoluent au Sud - Kivu ne signifie pas nécessairement que
la famille a perdu son sens dans la Province. Sa place dans le processus de
socialisation juridique reste déterminante étant donné le
rôle qu'elle a joué pendant les conflits : l'adhésion
massive des jeunes dans les mouvements politico militaires à base
tribale133 comme preuve du patriotisme ; le fait que les membres de
plusieurs familles soit victimes de viols et violences pendant les guerres
atteste le caractère décisif de sa contribution montrent à
l'émergence d'une culture juridique et de paix dans la Province.
S'agissant du mécanisme de la socialisation à
travers la famille, Patrick ROBO134 précise que l'enfant
acquiert les éléments de la culture par deux mécanismes
:
1 ° Par l'apprentissage :
- Répétition : l'enfant répète les
mêmes choses que les parents. Ainsi cela devient un réflexe ;
- Imitation : l'enfant imite ses parents
- Renforcement/Coercition : l'enfant reçoit les
récompenses/punitions et son apprentissage se structure en
conséquence.
2° Par l'intériorisation d'autrui : elle
complète l'apprentissage. L'accent est mis sur
132 C. KOURILSKY, Op. Cit.
133 Nous faisons ici allusion aux mouvements mai mai qui ont
été créés dans les différentes tribus de la
Province : les Batembo, les Bavira, les Bafuliro, les Bambembe, etc
134 P. ROBO, De la socialisation, janvier 2002, in
http://probo.free.fr
l'importance de l'interaction. C'est par ce moyen qu'on acquiert
un rôle social.
Dans le processus de socialisation juridique à travers
la famille, HJ devra procéder par la création des paillotes pour
les rencontres avec les parents et adultes dans les quartiers et /ou villages
ainsi que des clubs pour des rencontre avec les enfants et les jeunes. Ici
encore, la présence des structures locales comme CMD, EPP, ECOPA est
nécessaire.
Dans le processus de socialisation juridique à travers
la famille, les instruments juridiques suivants feront l'objet de socialisation
: la Constitution du Pays, le code de la famille, les pactes, conventions et
traités ratifiés par la RD Congo tant au niveau régional
qu'international. Ceci n'exclut pas des séances exceptionnelles de
socialisation juridique des femmes, filles et enfants sur les instruments
juridiques spécifiques.
II.4.3.2. Les confessions religieuses135
L'article 22 de la Constitution garantit le droit à la
liberté de pensée, de conscience et de religion et dispose que
toute personne a le droit de manifester sa religion ou ses convictions, seule
ou en groupe, tant en public qu'en privé, par le culte, l'enseignement,
les pratiques, l'accomplissement des rites et l'état de vie religieux,
sous réserve du respect de la loi, de l'ordre public, des bonnes moeurs
et des droits d'autrui. Cet article sous entend au préalable la
connaissance de la Constitution, des lois régissant les asbl et les
confessions religieuses en RD Congo ainsi que les différents textes
ratifiés par la République tant au niveau régional
qu'international.
Avant de fréquenter l'école, l'enfant est
déjà amené à l'église par ses parents ou par
les membres de la famille. L'église devra donc collaborer avec les
parents pour son éducation à la fois religieuse et civique.
Selon une étude réalisée par le
Réseau d'Innovation Organisationnelle sur les conflits et leurs causes
au sein des églises membres de l'ECC/ Sud - Kivu,,il s'est
avéré que la culture juridique peu
développée occupe, avec le tribalisme et
135 Nous prendrons ici l'exemple de l'E. C. C. à
travers les communautés la constituant. Les mécanismes de la
socialisation juridique utilisés à travers cette confession
religieuse seraient adaptés à d'autres religions et confessions
religieuses selon leurs organisations et livres sacrés.
l'ethnicité, la deuxième place - après la
course au pouvoir, comme cause des conflits dans les
églises136. Non seulement que les textes régissant ces
églises accusent beaucoup de lacunes d'ordre juridique, mais aussi parce
que la plupart des leaders ecclésiastiques ne connaissent pas les lois
régissant les « asbl » et n'ont pas en eux- mêmes une
culture juridique. Ce manque de culture juridique au sein des églises se
manifeste par le fait que :
- La plupart des conventions se font oralement ;
- Les textes ne sont pas respectés ;
- L'on ne se réfère pas souvent aux textes lors de
la résolution des problèmes ; - Ces textes ne sont pas souvent
adaptés à la réalité de la vie ;
- Ils renferment beaucoup de vides et d'erreurs juridiques ;
- Ils sont presque ignorés par les membres et certains
responsables ;
- Ils ne contiennent pas les dispositions de retraite et de
sécurité sociale garantissant la survie de ceux qui quittent le
pouvoir.
Somme toutes, les confessions religieuses du Sud- Kivu n'ont
pas une culture juridique et nécessitent par conséquent une
socialisation juridique adéquate. C'est ce que, parlant de la
nécessité de la connaissance du droit par les chrétiens,
Jacques ELLUL affirme en disant: et de même qu'il est
nécessaire de leur (les chrétiens) apprendre ce qu'est l'Etat et
pourquoi ils doivent lui obéir, de même il est nécessaire
de leur enseigner le fondement et la finalité du droit, de leur former
une conscience juridique1 37.
Outre ce manque d'une culture juridique en leur sein, les
confessions religieuses ont été victimes de violation de leurs
droits de la part de l'Etat (expropriation de leurs terrains, arrestations
arbitraires, les viols et violences faits à leurs membres, etc.) par
ignorance de leurs droits en tant que Congolais. Et pourtant, parlant de la
nécessité de la connaissance du droit par les missionnaires dans
les pays étranger, Marc BOEGNER souligne :
Assurément les missions poursuivent un but
essentiellement religieux : apporter l'Evangile aux peuples qui ne le
connaissent pas encore, et, par cela même, implanter l'Eglise
chrétienne dans les pays où elle n'exerçait
antérieurement aucune action. Elles n 'en sont pas moins
obligées, cependant, par le développement même de la vie
chrétienne individuelle et collective, d'organiser
136 MATENDO, Les conflits et leurs causes au sein des
communautés membres de l'ECC/Sud-Kivu, Exposé
présenté à Bukavu, août 2006
137 J. ELLUL, Le fondement théologique du droit,
Delachaux et Niestlé, Paris, 1946, p. 107
des communautés, des écoles et des
hôpitaux. Dès lors, elles deviennent nécessairement
propriétaires et leur propriété doit être reconnue
et garantie par la loi138.
Ce constat de BOEGNER montre que la nécessité
pour l'église de développer une culture juridique qui se
caractérise par l'implication de la loi dans le fonctionnement de
l'Eglise est un impératif et vaut pour les communautés membres de
l'ECC/ Sud - Kivu qui ont réussi à créer des structures
qui nécessitent une couverture juridique139.
Pour ce faire, Héritier de la Justice devra collaborer
avec les départements d'éducation chrétienne et de
développement140 pour une socialisation juridique de la
population à travers l'Eglise. Dans cette collaboration, un programme
devra être conçu en vue de la conception d'un guide
pédagogique adapté au différents groupes et niveaux de
l'éducation chrétienne. Les cadres à exploiter à
travers l'Eglise seront :
- Au niveau de l'ECC: Le comité exécutif, le COPAB,
la FFP et bien d'autres
cadres en collaboration avec RIO, le COPARE et le programme
éducation à la
démocratie qui ont déjà des partenaires sur
le terrain ;
- Au niveau de chaque communauté : Le conseil
d'administration, le comité exécutif, les départements de
l'éducation chrétienne, de développement, de la femme et
famille, des oeuvres sociales, de l'évangélisation et vie de
l'église, la coordination des écoles primaires secondaires et
professionnelles et des instituts bibliques ainsi que les
délégations provinciales ou les régions
ecclésiastiques ;
- Au niveau des paroisses : le conseil paroissial,
l'école du dimanche, les comités de jeunes, les comités
des mamans, comités des papa, les chorales. Cette vision sous-entend
donc la création des structures de base dans chaque communauté et
paroisse que l'on nommerait par exemple comité de défense des DH
ou comité Justice et paix.
138 M. BOEGNER, Les missions protestantes et le droit
international, Librairie Hachette, Paris, 1929, p. 8
139 A titre d'exemple, nous pouvons citer le cas de la
8ème CEPAC qui a déjà 724 paroisses autonomes
avec bâtiments, 2 écoles maternelles, 535 écoles primaires,
193 écoles secondaires, 3 hôpitaux, 12 c entres hospitaliers, 154
centres et postes de santé, 2 pharmacies centrales, 2 instituts des
techniques médicales, etc. cfr. MAENDELEO KUSHIBWIRE, Interview
accordé à Bukavu le 22 août 2006
140 Dans les religions non chrétiennes, Héritiers
de la Justice pourra, avec l'aide de ses techniciens, étudier
les cadres à collaborer avec.
En ce qui concerne les instruments juridiques devant faire
l'objet de cette socialisation juridique à travers les confessions
religieuses, nous pouvons citer la Constitution de la RD Congo, la loi
régissant les « asbl » et les confessions religieuse dans le
Pays, les traités, pactes et conventions ratifiés par le pays au
niveau régional et international ainsi que d'autres instruments
juridiques jugés importants.
II.4.3.3. L'école
L'article 43 de la Constitution accorde le droit à
toute personne à l'éducation qui est pourvue par l'enseignement
national. L'article 45 ajoute que les Pouvoirs publics ont le devoir de
promouvoir et d'assurer, par l'enseignement, l'éducation et la
diffusion, le respect des droits de l'homme, des libertés fondamentales
et des devoirs du citoyen énoncés dans la présente
Constitution.
Cet article sous-entend que l'Etat congolais reconnaît le
rôle que doit jouer l'école dans la socialisation juridique de la
population.
Tout en reconnaissant le rôle des liens affectifs (au
sein de la famille) dans la facilitation de la transmission des traits
culturels, E. DURKHEIM141 fonde la nécessité de
l'école comme milieu pouvant compléter le processus de
socialisation déjà amorcé par la première est trop
douce, trop instable pour permettre l'apprentissage des règles morales
abstraites.
A la différence de la famille et des confessions
religieuses, la socialisation juridique à travers l'école devra
emprunter le canal officiel du programme d'enseignement en collaborant avec le
ministère de tutelle pour l'intégration, dans l'enseignement
d'histoire, de géographie, d'éducation civique, de morale et
d'éducation à la citoyenneté. Pour ce faire, outre le
guide pédagogique de l'éducation des enfants aux droits de
l'homme et à la paix conçu en mai 2000142, HJ mettrait
à la disposition d'institutions d'enseignement supérieures et
universitaires un autre guide pédagogique pouvant approfondir ce que les
enfants reçoivent de la famille, de l'églises, des écoles
maternelle, primaire, secondaire et professionnelle. Là encore, les
écoles conventionnées protestantes, catholiques et kimbanguistes
pourront bénéficier de la collaboration entre HJ et les
confessions religieuses fondatrices dans le domaine de la socialisation
juridique. Ce sera le cas des cours de morale, de
141 E. DURKHEIM, « Famille et socialisation » in,
Op. Cit.
142 Précisons que ce guide pédagogique de mai 2000
a été révisé et compété en 2006
religion et de l'éthique qui pourront également
développer d'autres notions pouvant contribuer à la socialisation
juridique des élèves et étudiants.
En RD Congo, de la deuxième République à
nos jours, les étudiants au Sud - Kivu ont développé une
culture de délinquance manifestée à travers les casses, le
libertinage, de violence et de liberticide : Lorsqu'ils ne se comprennent pas
avec le comité de gestion sur une question d'ordre académique,
soit ils cassent les vitres, arrêtent les membres du comité de
gestion, certains de leurs collègues ; en cas de la mort d'un de leurs,
ils descendent dans la rue et prennent en otage les véhicules des
particuliers sans leurs consentement ; lorsque l'un des leurs a un
problème personnel avec un particulier ou avec les membres de sa
famille, les étudiants quittent le campus pour aller saccager les
maisons, prendre en otages les gens ou confisquer les objets d'autrui. C'est ce
qu'ils appellent raide. Cette pratique a atteint son point culminant
lors de l'affaire Tontine en 2005. Tous ces agissements sont les
caractéristiques de la délinquance. Ces exemples montrent qu'ils
ont besoin d'une socialisation juridique pouvant les aider à
développer une culture juridique et de paix.
Les instruments juridiques devant faire l'objet de la
socialisation juridique à travers l'école sont : La Constitution
du pays, les lois régissant l'enseignement et le syndicat d'enseignants
dans le pays, les instructions académiques établies par le
ministère de tutelle ainsi que les différents pactes, conventions
et traités ratifiés par le pays tant au niveau national
qu'international.
II.4.3.4. Les Mutualités tribalo - ethniques
L'article 37 de la Constitution dispose que l'Etat garantit la
liberté d'association et que les pouvoirs publics collaborent avec les
associations qui contribuent au développement social, économique,
intellectuel, moral et spirituel des populations et à l'éducation
des citoyennes et des citoyens. Dans l'article 51, la Constitution donne
à l'Etat le devoir d'assurer et de promouvoir la coexistence pacifique
et harmonieuse de tous les groupes ethniques du pays.
L'existence des mutualités tribalo-ethniques au Sud-
Kivu nécessite qu'elles soient bien encadrées et que leurs
membres soient informées et formés sur la Constitution, les lois
régissant les associations, des textes régionaux et
internationaux ratifiés par la République pour
qu'elles contribuent à l'émergence d'une culture juridique et de
paix en RD Congo étant données le rôle qu'elles ont
joué dans l'entretien et le transfert des conflits pendant les
guerres.
Au Sud - Kivu, les mutualités tribalo ethnique ont pris
un élan les amenant à constituer un autre nouveau cadre
d'importance non négligeable à capitaliser pour la socialisation
juridique. C'est dans ce cadre que l'on retrouve, Lokochi pour la tribu Zimba,
Lusu pour la tribu de Warega, Emo'ya m'bondo pour les Babembe, etc. Tous ces
regroupements à base tribale et ethnique se retrouvent réunies
dans une structure dénommée Barza inter communautaire du
Sud - Kivu.
Il y a lieu de souligner aussi le rôle important
joué plus tard par cette structure dans l'amortissement des tensions
entre tribus pendant la période des guerres et dans la résolution
des conflits tribalo - ethniques dans la Province.
Dans le processus de socialisation juridique à travers
ce cadre de socialisation, Héritiers de la Justice procédera par
la traduction des différents instruments juridiques, pouvant faire
l'objet de la socialisation, dans les différentes langues locales. Elle
devra donc capitaliser les enfants, la jeunesse, les femmes, les hommes de
chaque tribu et le Barza inter communautaire au niveau provincial.
Compte tenu du niveau de l'analphabétisme de la
population rurale, HJ devra également collaborer avec les structures qui
gèrent le programme d'alphabétisation pour procéder
à la socialisation juridique des analphabètes.
Les instruments juridiques devant faire l'objet de
socialisation juridique à travers les mutualités tribalo
ethniques sont : La Constitution de la République, la loi
régissant les associations, les traités, conventions et pactes
ratifiés par le pays tant au niveau régional qu'international.
II.4.3.5. Les partis politiques
L'article 6 de la Constitution reconnaît le pluralisme
politique en RD Congo et reconnaît le droit, à tout Congolais
jouissant de ses droits civils et politiques, de créer un parti
politique ou de s'affilier à un parti de son choix. L'article
précise que les partis politiques concourent à l'expression du
suffrage, au renforcement de la conscience nationale et à
l'éducation civique. Ils se forment et exercent librement leurs
activités dans le respect de la loi, de l'ordre public et de bonnes
moeurs. Ainsi,
ils sont tenus au respect des principes de démocratie
pluraliste, d'unité et de souveraineté nationales. C'est dans la
confirmation de ce multipartisme qu'à son article 7, la Constitution de
la RD Congo qualifie l'institution d'un parti unique d'une infraction
imprescriptible de haute trahison et punie par la loi.
Définis par P. BRAUD143 comme des
organisations, relativement stables, qui mobilisent des soutiens en vue de
participer directement à l'exercice du pouvoir politique au niveau
central et/ou local, les partis politiques ont un rôle important à
jouer, comme milieu de socialisation, dans l'émergence d'une culture
juridique. Les partis politiques accomplissent trois fonctions: ils clarifient
les choix électoraux, sélectionnent les candidats aux fonctions
électives et sont facteurs d'intégration sociale144.
C'est en tant que facteurs d'intégration sociale que les partis
politiques au Sud - Kivu devront être capitalisés par HJ.
Parlant du rôle que joue les partis politiques dans la
formation de l'opinion, Roger- Gérard SCHWARTZENBERG145
précise que les partis politiques contribuent à créer ou
à maintenir une conscience politique en assurant l'information et la
formation de l'opinion ; ils assurent un encadrement thématique,
doctrinal ou idéologique des électeurs et des candidats. Ils
clarifient et alimentent le débat politique, en explicitant plus
clairement les choix.
En RD Congo existe l'absence d'une culture politique
bâtie sur la tolérance, le respect de l'opinion d'autrui, le
respect de la liberté d'adhérer à un parti de son choix,
le respect des Droits Humains ; etc. Ayant évolué dans une
culture politique à régime dictatorial sous MOBUTU suivie des
guerres alimentées par la géo politique et l'ethno tribalisme,
les partisans des différents partis politiques en RD Congo
nécessitent une socialisation juridique pouvant permettre la
construction d'un Etat de droit.
Il y a lieu de signaler la culture de casse, d'injures et de
violence manifestée par les partisans de différents partis
politique qui sont parvenus à détruire ou à incendier
les bureaux des autres partis politiques. Depuis la deuxième
République, l'opposition
143 P. BRAUD, Op. Cit., p. 429
144 KITOKA MOKE MUTONDO, Eglise et Etat, Cours inédit
dispensé à l'Université Evangélique en Afrique,
2005 - 2006, p.19
145 R. - G. SCHWARTZENBERG, La sociologie politique,
Montchretiens, Paris, 1998, 5ème éd., 408
politique est considérée comme ennemi du
pouvoir. La culture de marche non pacifique, de casse et d'injures publiques
qu'affichent les opposants politiques et leurs partisans146,
nécessite que les partis politiques (toutes tendances confondues) soient
juridiquement socialisés.
L'expérience de la violence, de l'intolérance et
de la délinquance affichées par les partisans des
différents partis politiques147, les discours envenimant des
politiciens congolais lors des campagnes présidentielles de juillet et
octobre 2006 témoignent de la nécessité d'un processus
d'information et de formation au droit de la population à travers les
partis politiques.
Parmi les mérites de la transition en RD Congo, l'on
peut citer l'évolution des partis politiques qui sont passés des
partis de cadres aux partis de masses libérant ainsi la population d'une
prise en otage dont elle a été victime de la part de certains
leaders politiques qui se faisaient charismatiques148.
En travaillant avec les partis politiques dans le processus de
socialisation juridique, Héritiers de la Justice devra
focaliser son attention sur le leadership politique, la jeunesse, les femmes
partisanes et les hommes partisans de chaque parti ainsi que les cadres
à différents niveaux (Village, Collectivité, Chefferie,
Territoire et Province).
Dans les partis politiques, les instruments juridiques suivant
feront objet de la socialisation :La Constitution du Pays, la loi
régissant les partis politiques et l'opposition et les pactes,
traités et conventions ratifiés par la R. D. C. tant au niveau
régional qu'international.
II.4.3.6. Les médias
L'article 24 de la Constitution dispose que la liberté
de presse, la liberté d'information et d'émission par la radio et
la télévision, la presse écrite ou tout autre moyen de
communication, sont garanties sous réserve du respect de l'ordre public,
des bonnes moeurs et des droits d'autrui. Ceci implique que les médias
doivent être
146 Le discours de l'une de commissions à la CNS in Mobutu
roi du Zaïre, Vol. 2
147 La culture de casse, d'injures et de violence
manifestée par les partisans de différents partis politique qui
sont parvenus à détruire ou à incendier les bureaux des
autres partis politiques
148 KITOKA MOKE MUTONDO, Les élections en RD Congo. Quels
enjeux sur la paix dans la région des pays des Grands Lacs africains,
Conférence animée à l'Université Evangélique
en Afrique, juillet 2006
juridiquement socialisés pour qu'ils connaissent et
comprennent la Constitution, les lois fixant les modalités d'exercice de
ces libertés et régissant les médias en RD Congo et tous
les autres textes ratifiés par le pays tant au niveau régional
qu'international.
Le fait même que parmi les deux institutions d'appui
à la démocratie que sont le conseil supérieur de l'audio
visuel et de la communication soient retenu comme institutions d'appui à
la démocratie, implique l'importance que la Constitution de la RD Congo
accorde aux média comme moyen très important pour le changement
et la formation des opinions. C'est dans ce cadre que l'article 112 de la
Constitution attribue pour mission à cette institution, non seulement de
garantir la liberté et la protection de la presse et de tous les moyens
de communication de masse dans le respect de la loi, mais aussi de veiller au
respect de la déontologie en matière d'information et à
l'accès équitable des partis politiques, des associations des
citoyens aux moyens officiels d'information et de communication.
Le rôle des médias dans la formation de l'opinion
public nécessite que ce cadre puisse , non seulement
bénéficier de la socialisation juridique, mais aussi contribuer
à la socialisation juridique du reste de la population étant
donné qu'il a un pouvoir de suggestion reposant sur son caractère
d'intrusion et de persuasion de la programmation permanente et
délibérée d'images animées, inanimées et de
son qui jouent un rôle non négligeable dans le changement
d'opinion, d'attitude et de comportement de la population.
Reconnaissant l'importance des médias dans la
communication juridique, Guillaume Joseph FOUDA dit :
L'idée de l'utilisation des médias comme
moyen de communication juridique nous paraît comme
particulièrement appropriée. Non seulement parce que plus d'un
foyer sur deux disposent déjà d'un récepteur radio, mais
plus encore parce que l'importance des moyens de communication de masse est un
fait reconnu par la plupart des chercheurs en sciences sociales qui l'abordent
comme un spectacle composé de discours et
d'images149.
149 G. J. FOUDA, L'accès au droit : richesse et
fécondité d'un principe pour la socialisation juridique et l'Etat
de droit en Afrique noire francophone in http://www.afrilex.u-bordeaux4.fr/
pdf/1doc3fouda.pdf
Matthias PREISWERK150 soutient cette idée en
évoquant le rôle non négligeable qu'a joué la Radio
PIE XII dans l'éducation populaire en Bolivie lorsqu'il affirme que la
Radio est un moyen de communication et d'expression populaire
particulièrement important.
Au Sud - Kivu, comme dans l'ensemble du pays, les
médias officiels ont été plus au service du pouvoir
qu'à celui de la population. Corrompus, les journalistes ne pouvaient
diffuser que ce qui leur était dicté par ceux qui leur donnaient
de l'argent. C'est ce qu'affirme Cyprien BIRINGINGWA en disant :
Les acteurs de la radio et de la télévision
officielles, regroupés au sein de la RTNC sont perçus par la
population comme ce qu'ils sont réellement : des propagandistes, des
hauts parleurs qui diffusent à longueur des journées, « la
voix de leur Maître » sans aucun sens critique. Certains vont
jusqu'à l'excès en enjolivant, pour un intérêt ou un
autre, le message qui leur a été
imposé151.
C'est cette corruptibilité de la radio et de la
télévision officiels qui a rendu nécessaire et
célèbre la création des radios privées qui,
malgré les intimidations, l'arrestation de leurs agents et la fermeture
toujours répétée de certaines d'en elles, ont su jouer
leur rôle de briser le silence devant les violation massives des DH dans
la Province. Parmi ces radios nous pouvons retenir la radio Maendeleo, la radio
Ave Maria et la Radio sauti ya Rehema. Parlant de la fermeture de la Radio
Maendeleo par le RD Congo, MUSHIZI NFUNDIKO KIZITO rapporte que l'un des
conseillers de la rébellion avait justifié cette fermeture en
disant : Pendant la guerre, il n'y a pas de démocratie : vous n'avez
pas aidé notre mouvement à être accepté, on va vous
suspendre pour non respect du cahier des charges152.
Malgré cette bravoure de ces radios, Cyprien
BIRINGINGWA remarque qu'un constant plutôt amer se dégage au
regard de la profession du journaliste communicateur dans la Province du Sud -
Kivu : la presse y est quasi inexistante si l'on considère à leur
juste valeur les paramètres qui doivent définir ce métier.
Les journalistes, mal payés, en sont réduits à monnayer
leurs articles pour une interview
150 M. PREISWERK, L'éducation populaire : Un lieu
théologique. Quatre exemples boliviens, Labor et Fides,
Genève, 1994, p. 145
151 C. BIRINGINGWA, « Au Sud - Kivu, le pouvoir fait des
journalistes des griots » in Op. Cit., pp. 111 - 113
152 MUSHIZI NFUNDIKO KIZITO, « Maendeleo, une radio dans la
guerre » in Parole d'Afrique centrale : Briser les silences,
Karthaka, Paris, 2003, pp. 107 - 110
auprès de leurs « sponsors », hommes
politiques ou hommes d'affaires153. Ce qui fait que cette couche des
faiseurs d'opinion a besoin d'une formation pouvant lui permettre d'être
à la hauteur de sa mission. En RD Congo en général et au
Sud - Kivu l'implication des médias dans le processus de socialisation
juridique se justifie par le rôle parfois négatif qu'ils ont
joué pendant la deuxième République et durant toute la
période de la transition :
- Ils ont servi, dans le monopartisme, comme cadre
d'idéologisation de la population,
- Ils ont servi l'AFDL et l'ont facilité dans la guerre
contre Mobutu en sensibilisant des enfants dits Kadogo (enfant soldat)
pour leur enrôlement dans l'armée154.
- Ils ont, pendant les campagnes électorales, servies aux
différents partis politiques du pays.
En RD Congo, d'autre part, au lieu de contribuer à la
compréhension mutuelle et à la tolérance entre les groupes
tribalo - ethniques, les militants des différents partis politiques,
l'Est et l'Ouest du pays, les médias ont plutôt contribué
à propager la haine, la division et la fragilité de l'esprit
national. De manière que chaque radio et /ou télévision
est suivi par les membres du parti politique, partie du pays, groupe ethnique
ou tribal auquel appartient le leader de tel ou tel autre parti
politique155. Et pourtant, comme l'a bien signalé
Sergueï LAVROV, le potentiel des médias doit être
employé pour le rapprochement des peuples, pour l'intensification du
dialogue et la promotion des rapports humanitaires156.
Parlant des propagandes, Jacques ELLUL157 soutient
fermement ce rôle négatif des moyens de communication
intellectuels (radio, presse) pendant les propagandes en montrant que loin
d'unir et de rapprocher les hommes, ils les
153 Ibidem
154 L'on se rappellera des émissions animées par
Raphaël BAKEMANA à la RTNC pour le « lavage
de cerveau » de la population en faveur de
l'idéologie de l'AFDL, les chansons révolutionnaires
diffusées par les médias, etc.
155 C'est le cas de Digital Congo pour le PPRD et CCTV pour le
MLC qui ont
beaucoup contribué à cette division. La
création même de la Radio Maria d'un coté et IBRA Radio et
Sauti ya Rehema de l'autre, suffit pour montrer combien les catholiques ont
leur radio et les protestants ont les leurs au Sud- Kivu.
156 S. LAVROV discours prononcé le 1er
décembre 2006 et cité dans LAVROV insiste sur le rôle
croissant des médias dans la formation du climat international in
http:/
fr.rian.ru/society/2006
12O 1/56328920.html
157 J. ELLUL, Propagandes, éd. Economica, 1990,
p. 236
divisent. Car, selon lui, on trouve dans cette propagande des
éléments de critique et de réfutation dirigés
contre les autres groupes.
A côté du rôle négatif joué
par les médias, Fernand TALA- NGAI rappelle que la presse écrite
et audiovisuelle a également joué un rôle positif dans le
changement de l'opinion publique en tant que faiseur d'opinion. C'est ce qu'il
affirme dans le cas de la RD Congo en disant :
C'est grâce à la
témérité de la presse privée nationale que
malgré toutes les brimades, arrestations, interdictions, spoliations
endurées, un certain droit à la parole a pu être
préservé et que les avancées ont pu être
constatées. Dans cet optique, les responsables d'éditions, de
publications, de rédaction comme les journalistes, sont des faiseurs
d'opinion158.
Ainsi, dans le processus de socialisation juridique de la
population par les médias, Héritiers de la Justice devrait
commencer par la socialisation juridique des propriétaires des
médias privés et publics, des membres des conseils
d'administration, des directeurs et chefs de services ainsi que des
journalistes. Parlant de l'affectation du monde du travail par les lois
sociales et restrictives qui voient le jour aux USA, Henry H. SCHULTE et Marcel
P. DUFRESNE159 soulignent que le journaliste doit se poser les
questions suivantes chaque fois qu'une loi vient d'être promulguée
:
- Qu'y a -t-il dans la loi ?
- Qui touche-t-elle ?
- Comment les normes vont-elles changer ?
- Quelle est la réaction de l'industrie du bâtiment
et des fonctionnaires chargés de veiller à l'application de la
loi ?
- Comment la loi va-t-elle affecter les calendriers des
principaux chantiers en cours ?
Toutes ces questions sous entendent que le journaliste doit
connaître toutes les lois possibles pour pouvoir participer au processus
de socialisation juridique de la population. C'est à ce niveau que doit
également intervenir la déontologie
158 F. TALA - NGAI, R.D.C. de l'an 2001 : Déclin ou
déclic ?, éd. Analyses sociales, Kinshasa, 2001, p. 106
159 H. H. SCHULTE et M. P. DUFRESNE, Pratique du
journalisme, Traduit de l'Américain par Christine DEMOREL et Michel
Le SEAC'H pour le chapitre 5, Macmillan College Publishing Company, Paris,
1999, p. 209
journalistique étant donné que le journaliste,
comme tout citoyen, est à la fois sujet du droit et de
droit : il est situé, en tant que Congolais, dans un pays doté
d'un système juridique précis qui attend de lui qu'il se conforme
aux règles communes mais aussi lui reconnaît des droits en tant
que citoyen et journaliste. C'est dans cette optique que Daniel CORNU rappelle
qu'en son troisième principe, la déclaration de l'Unesco sur les
médias précise la responsabilité sociale du journaliste en
ces mots :
Dans le journalisme, l'information est comprise comme un
bien social, et non comme un simple produit. Cela signifie que le journaliste
partage la responsabilité de l'information transmise. Il est donc
responsable, non seulement envers ceux qui dominent les médias mais, en
dernière analyse, envers le grand public, la diversité des
intérêts sociaux étant prise en compte. La
responsabilité sociale du journaliste requiert qu'il agisse en toutes
circonstances en conformité avec sa propre conscience
éthique160.
Dans le même ordre d'idée Laurent- Charles BOYOMO
ASSALA161, citant le code d'éthique des professionnels de la
communication de l'International Association of Business Communication
(IABC), renchérie en disant que les communicateurs publics doivent-ils
être particulièrement dans la conduite des opérations de
communication, attentifs aux dispositions légales qui préservent
l'égalité des citoyens et assurent le bon usage de l'argent
public engagé, privilégier l'information et l'explication et ne
pas céder aux seuls artifices de séduction.
De ces deux principes, découle la
nécessité pour le journaliste de prendre connaissance, non
seulement des lois, mais aussi des codes déontologiques régissant
sa profession sur le plan national, régional et international.
Les instruments juridiques devant faire l'objet de la
socialisation juridique des journaliste et de la population à travers
les médias sont : La Constitution du pays, la loi régissant les
medias en RD Congo, toutes les autres lois de la République ainsi que
les conventions, pactes et traités ratifiés par le pays sur le
plan régional et international.
160 D. CORNU, Journalisme et vérité. Pour une
éthique de l'information, Labor et Fides, Genève, 1994, pp.
481-482
161 L.- CH. BOYOMO ASSALA, «Les critères
professionnels de respect de l'éthique: survol des différents
codes déontologiques» in J. S. ZOE -OBIANGA et J. MOUTOME (s/dir),
Ethique et communication au Cameroun, CLE- CIIRE, Yaoundé,
2006, pp.116-117
II.4.3.7. Les syndicats
L'article 39 de la Constitution garantit la liberté
syndicale en RD Congo et donne le droit à tous les Congolais de fonder
des syndicats ou de s'y affilier librement, dans les conditions fixées
par la loi. Il s'avère donc indispensable que ces lois soient connues
par les membres des différents syndicats.
Si le Petit Larousse illustré définit
le syndicat comme étant un groupement constitué pour la
défense des intérêts professionnels162, le site
Wikipedia163. le définit comme étant une
organisation professionnelle ou catégorielle et privée,
indépendante de l'État (mais reconnue par lui) et régie
par un ensemble de lois. Il concerne des groupes de professionnels, notamment
des salariés, ayant pour but la défense des
intérêts de ses membres (revenus, conditions d'emploi et de
travail, relations avec leurs partenaires...). À ce but
économique, s'agrège souvent une action politique visant
à la modification des institutions et des structures économico -
politiques ou socio-économiques existantes, voire pour certains
syndicats à leur destruction (voir aussi syndicalisme-
révolutionnaire et syndicalisme de lutte) Pour Pierre
BESNARD164, le syndicat est un mouvement naturel qui groupe, sous
des formes diverses, des hommes qui ont des intérêts communs et
des aspirations identiques ; des hommes chez lesquels la concordance des
intérêts et l'identité des buts déterminent
normalement et logiquement le choix de moyens d'action semblables pour
atteindre le but qui est commun à leurs efforts.
De toutes ces définitions, il ressort que les deux
grandes caractéristiques d'un syndicat restent son indépendance
de l'Etat et sa constitution pour la défense des intérêts
professionnels. Par conséquent, il doit avoir pour but le progrès
social qu'il défend principalement pour de nouveaux acquis sociaux en
luttant par exemple dans le domaine des conditions de travail, des salaires ou
du nombre d'emplois. C'est pourquoi, les syndicalistes doivent avoir pour souci
l'amélioration des conditions de production, d'achat, de vente, relation
entre employeurs et salariés, les conditions de travail, salaires,
etc.
162 Collection, Le petit Larousse illustré en
couleur, Larousse, Paris, 2005, p. 1027
163
http://fr.wikipedia.org/wiki/Repr%C3%A9sentativit%C3%A9_syndicale
164 P. BESNARD in
http://bibliolib.net/article.php3?id_article=29
1
Présentant le syndicat comme l'un de groupes de pression
R.-
G.SCHWARTZENBERG165 situe son importance dans la
canalisation de revendications et précise qu'il rend à la
communauté le service de canaliser et de «rationaliser » des
aspirations et des mouvements qui, sans lui, prendraient souvent une forme
désordonnée et violente. Ce rôle modérateur
prévient les excès de la revendication « sauvage».
Bien que E. DURKHEIM166 ait pensé que le
syndicat n'est plus important dans un monde moderne, il reste important dans un
pays comme la R. D. Congo où, d'une part, les salaires ne sont plus
payés aux fonctionnaires et dans lequel l'Etat est le premier violateur
des Droits des travailleurs ; de l'autre, les mouvements syndicaux sont
tombés soit dans un clientélisme sans précédant,
soit dans l'anarchie totale ne respectant aucune loi. Fernand TALA -
NGAI167 stigmatise cette faiblesse des syndicats congolais en
affirmant que supprimés d'autorité ou manipulés pendant la
deuxième République, les syndicats n'ont jamais pu retrouver ni
leur totale indépendance, ni la vigueur qui les animaient. Tout en
respectant le pacte social, les syndicats devraient se remettre en question
pour jouer leur véritable rôle de groupe de pression.
Constitué des représentants dont la plupart ne connaissent pas la
signification, le fonctionnement, le rôle, les objectifs du syndicat et
les lois régissant les mouvements syndicaux en R.D. Congo, les syndicats
sont parfois composés des personnes sélectionnées en
fonction d'appartenance religieuse, de tendance politique et/ou d'appartenance
tribale. Or, Ce ne sont pas des chrétiens, des radicaux, des partisans
de tel ou tel autre parti politique, des représentants de tribus qu'il
s'agit de réunir dans un mouvement syndical, mais des travailleurs en
tant que tels. Dans la perspective d'un Congo qui se veut démocratique,
les syndicalistes doivent cesser d'être des chrétiens, des
radicaux, des partisans des partis politiques ou des représentants de
tribus, réunis dans un groupement voué d'avance à
l'impuissance en raison de la diversité des idées de ses
composantes - ce qui est bien le cas actuellement168 - pour devenir
des syndicats exclusivement des travailleurs aux intérêts
concordants. Pour son efficacité, le Syndicalisme congolais se doit
d'abandonner les luttes politiques stériles pour les luttes sociales
pratiques et fécondes ; de passer de la constatation
165 R.-G. SCHWARTZENBERG, Op. Cit., p. 569
166 E. DURKHEIM, Texte 3. Fonctions sociales et
institutions, éd. De Minuit, Paris, sd., p. 205
167 F. TALA-NGAI, Op. Cit., p. 109
168 L'on parle parfois de syndicat des enseignants des
écoles conventionnées catholiques
de fait à l'action nécessaire ; de s'unir sur un
terrain solide au lieu de se diviser pour des fictions.
De ce fait, les syndicalistes devraient être
sérieusement informés et formés sur le droit pour
éviter les dérapages liés à la délinquance
consécutive à l'ignorance de la loi et à la confusion des
termes souvent utilisés dans leurs revendications. Pour justifier les
violations de la loi, les syndicats utilisent couramment deux expressions : la
désobéissance « civique » et la
désobéissance « civile ». Souvent confondues, ces
expressions recouvrent des réalités très
différentes en éthique politique. La première a pour
objectif de contester un ordre juridique injuste afin d'obtenir la
reconnaissance de droits nouveaux : droit au logement, principe de
précaution, droit à un environnement sain... Elle constitue donc
une expression de la citoyenneté. Le fondement de la
désobéissance « civile » est tout autre : le philosophe
américain Henry David THOREAU169 qui l'a inventée, la
définit comme le droit de s'élever, au nom de la seule conscience
individuelle, contre les lois de la cité. Cette
désobéissance de l'individu aux injonctions de l'Etat reste
l'étendard des défenseurs d'un droit dit naturel, par opposition
à la loi démocratique, et érige le for intérieur en
censeur de l'ordre social, avec toutes les ambiguïtés qu'une telle
attitude peut receler. Bien que le pouvoir public ait souvent
considéré les mouvements syndicaux comme une menace, dans un Etat
qui se veut démocratique, les syndicats ont un rôle important
à jouer pour aider le gouvernement à considérer
l'intérêt des travailleurs. Ce rôle est bien défini
par E. DURKHEIM en disant : ...Il ne faut pourtant pas perdre de vue qu'en
dehors et au-dessus de l'intérêt des fonctionnaires, il y a autre
chose : il y a l'intérêt général du
pays170.
Dans le processus de socialisation juridique, à travers
les mouvements syndicaux, HJ devra inclure les notions des différentes
sortes de lutte telles que présenté dans le site
http://www.cntait.info/article.php3?id_article=1171.
169 Henry David Thoreau in
http://www.monde-diplomatique.fr/2006/04/ALBALA/13351
170 E. DURKHEIM, Op. Cit., pp. 203- 204
171 Techniques de lutte in
http://www.cnt-ait.info/article.php3?id_article=1
du mardi 28 mars 2006 :
Avant de procéder à telle ou telle autre
approche de lutte, le syndicaliste doit savoir les dispositions prises par la
loi de son pays sur le syndicat et son rôle. Pour réussir, la
lutte des syndicalistes doit chercher la complicité et le soutien de la
population, expliquer les revendications et éviter de gêner le
plus possible les salariés et/ou les usagers en violant les droits des
autres172. En tant que « groupe de pression », le
syndicalisme a besoin d'être réorganisé en RD Congo.
Fragilisés par des répressions, les travailleurs Congolais n'ont
pas compris l'importance d'adhérer aux différents mouvements
syndicaux. Dans ce pays, le processus de socialisation juridique devra
impliquer les trois niveaux de syndicat : les cadres, les groupements des
classes moyennes et les organisations générales des
salariés.
Les instruments juridiques devant faire l'objet de
socialisation juridique sont : la Constitution de la RD Congo, la loi
régissant les syndicats et le travail ainsi que les
- La pétition : c'est un écrit
dénonçant, réclamant, exprimant un désaveu, un
désir. La pétition peut
quelque fois influencer, faire obtenir de menus avantages le plus
souvent illusoires et démagogiques;
- Le débrayage : c'est la cessation d'activité
pendant une courte durée maximum quelques heures.
Le débrayage exprime déjà un
mécontentement plus grand, la naissance d'une certaine
radicalité. Le débrayage est utilisé comme pression pour
des négociations sur des effets à court terme ou des
revendications mineures ;
- La grève perlée : débrayage d'une partie
du personnel puis reprise tandis qu'une autre partie
débraye et ainsi de suite ;
- Le coulage : freiner la production en étant le moins
productif possible ;
- La grève du zèle : application stricte ou
excessive des consignes et des règlements entravant le bon
fonctionnement de la production ;
- La grève limitée : les salariés cessent le
travail pour une durée limitée ;
- La grève illimitée : cessation du travail par les
salariés jusqu'à ce que ceux-ci décident de
reprendre le travail ;
- Le piquet de grève : mise en place de barrages pour
empêcher les non grévistes de pénétrer dans
l'établissement pour réaliser l'ouvrage. Les conditions
matérielles du piquet sont souvent déplorables : pas d'abris,
soumis aux intempéries ;
- La grève avec occupation : les grévistes
investissent le secteur visé, évacuent les non
grévistes,
détournent à leur profit la logistique : salles de
réunions, réfectoires, dortoirs, photocopieuses,
téléphones et véhicules.
172 Il y a lieu de rappeler la pratique tant de la
société civile, des étudiants que des mouvements syndicaux
au Sud -Kivu ; pratique qui consiste à barricader la route, à
faire des casses, prendre en otage certaines personnes comme moyens de
revendication de leurs droits. Cette pratique viole les droits du reste de
citoyens qui ne sont ni auteurs du conflit ni impliqués dans le conflit
ou concernés par les revendications des manifestants.
différents pactes, traité et convention
ratifiés par le pays tant au niveau régional qu'international.
II.4.3.8. La société civile
L'histoire de la société civile remonte, selon
le Dictionnaire de philosophie173, aux grands penseurs du
droit naturel tels que HOBBES, LOCKE et ROUSSEAU chez qui elle désignait
l'association politique d'Aristote. A partir de HEGEL, le terme
société civile aura le sens de l'ensemble des individus dans leur
activité économique et leur sphère privée, par
opposition à la puissance publique de l'Etat, alors que chez les
marxistes, la société civile est l'ensemble des forces qui se
déterminent par opposition au pouvoir de l'Etat et du marché.
C'est A. GRAMSCI qui, le premier, a parlé de deux types de
société civile dont celle qui comprend les organes de
gouvernement exerçant de façon coercitive une domination directe
sur la société civile et celle qui a pour vocation,
à travers les institutions par lesquelles elle s'exprime, d'être
productrice d'orientation commune du sentiment publique.
En RD Congo, Jean - François PLOQUIN rappelle que la
société civile, comme organisation, tire ses premiers
repères dans les préparatifs de la conférence nationale
souveraine qui eut lieu d'août 1991 à décembre 1992. La
société civile rassemblait toutes les composantes
organisées de la société autres que les institutions
publiques et les partis politiques : églises, syndicats, organisations
professionnelles, ONG, associations féminines, associations sportives et
culturelles, mouvements de jeunesse, mutuelles, sociétés
savantes, chefs coutumiers et entrepreneurs174. C'est donc en vue de
la conférence nationale que se sont constituées des coordinations
régionales de la société civile qui restent encore actives
aujourd'hui.
L'importance de la société civile en RD Congo
ressort, non seulement dans sa reconnaissance comme partie prenante de la
conférence nationale souveraine, mais aussi par le fait que le
préambule de l'accord global et inclusif sur la transition en RD Congo
la considère comme composante et entité du dialogue
intercongolais au
173 CH. GODIN (s/dir.), Dictionnaire de philosophie,
Fayard, Paris, 2004, p. 1224
174 J. - F. PLOQUIN, « Dialogue inter congolais : la
société civile au pied du mur » in Politique africaine
n° 84 - décembre 2001, p. 139
même titre que les partis politiques, l'opposition
politique, les mouvements rebelles et les Maï Maï en disant
:
Le gouvernement de la RD Congo, le Rassemblement congolais
pour la démocratie, (RCD), le Mouvement pour la Libération du
Congo (MLC), l'opposition politique, les forces vives, le
Rassemblement Congolais pour la Démocratie/Mouvement de
Libération (RDC/ML, le Rassemblement Congolais pour la
Démocratie/National (RCD/N), les Maï - Maï175 ;
...
Cette considération de la société civile
comme structure incontournable dans le processus de la construction de la paix
en RD Congo est aussi justifiée par PLOQUIN par la place que cette
dernière a su prendre sur la scène publique congolaise depuis une
dizaine d'années en disant que la vitalité de cette
société civile s'explique également par le dynamisme de
populations qui ont appris depuis des années à pallier les
défaillances, voir l'absence de l'Etat dans de nombreux domaines
(enseignement, santé, équipement, etc.), dynamisme
canalisé par les initiatives des jeunes diplômés ne
trouvant à s'employer ni dans une administration publique
déliquescente, atrophiée, ni dans un secteur de l'économie
formelle176.
C'est à partir de l'engagement de ses leaders et de
l'encadrement de la population que la société civile est devenue
une structure influente en RD Congo jusqu'à se tailler une place de
choix dans le monde politique. Cependant, elle n'a pas échappé
à d'énormes défis qu'elle devait relever : parler haut et
juste alors que ses moyens d'expression sont limités et
réprimés ; dénoncer les pratiques arbitraires au risque
d'être accusée de collusion avec l'ennemi ; s'assurer de l'appui
des bailleurs de fonds étrangers sans paraître « à la
solde de l'Occident » ; en zone gouvernementale, elle doit trouver le
juste milieu entre un radicalisme et un alignement également
suicidaires. Outre ces défis, PLOQUIN177 souligne deux
défis majeurs que doit vaincre la société civile
congolaise étant donné qu'ils fragilisent son action. Il s'agit
du défi du maintien de sa cohésion et celui de son
indépendance. Parlant de la fragilité de la cohésion de la
société civile constituée en fonction de la CNS, l'auteur
rappelle que la société civile représentée au sein
du parlement de transition, n'a pas tarder à subir la bipolarisation qui
divisait la classe politique
175 Accord global et inclusif sur la transition en
République Démocratique du Congo signé le 17
décembre
2002
176 J. - F. PLOQUIN, Op. Cit., p. 136
177 Ibid, p. 140
entre « mouvance présidentielle » et «
force du changement », servant ainsi parfois d'adjuvant ou de
supplétif à l'un ou l'autre des camps en lutte pour le
contrôle - ou le partage du pouvoir.
Ce clientélisme de la société civile tant
à la période de la CNS que lors du dialogue inter congolais est
affirmé avec force par André KABANDA Kana K. qui affirme:
« Clochardisés» par une crise
économique qui ne cesse de s'aggraver au jour le jour, les ténors
de la société civile se sont laissés embarquer dans le
même bateau que l'opposition politique, s'assimilant ainsi à des
« marchandises » qui se vendent au plus offrant des manipulateurs. Ce
phénomène dégradant s'est illustré dans toute sa
splendeur, non seulement pendant la CNS, mais aussi lors de l'accord intervenu,
en avril 2002, à Sun City, en République Sud Africaine, entre le
gouvernement de Kinshasa et le MLC (Mouvement pour la Libération du
Congo) de J. P. Bemba, auquel avait adhéré une bonne partie des
délégués de l'opposition non armée et de la
société civile178.
En ce qui concerne le Sud - Kivu, la société
civile y a joué un rôle déterminant du fait de la relative
ancienneté de son tissu associatif et de la maturité politique de
ses leaders. Bien que confrontée au dilemme entre dénoncer
l'occupant sans donner prise aux accusations d'alliance avec la
résistance armée (les Maï Maï) ; des deux
côtés, elle doit porter les attentes populaires sans abonder dans
de possibles dérives « ethnoracistes », la
société civile du Sud- Kivu a joué un rôle non
négligeable, non seulement dans l'encadrement de la population, mais
aussi à travers :
- Le mémorandum à la délégation du
Conseil de sécurité des l'ONU en mai 2001 ; - La participation
aux propositions de la société civile de la RD Congo au
Président de la République relatives à la
gestion du pays et au dialogue national
(16 février 2001) ;
- La dénonciation de l'occupation de l'Est par le Rwanda
et l'Ouganda ; - L'organisation des marches pacifiques, rédaction des
pétitions ; etc.
Pourtant, la société civile du Sud - Kivu n'a
pas échappé à la prise de position politique pendant la
période de transition, prise de position qui l'a rendue subjective et
partisane. Le fait que le RDC et le MLC soient parrainés par les pays
agresseurs, a fait que, pendant la transition et les élections, la
société civile se comporte en
178 A. K. KABAN DA Kana, L'interminable crise du Congo -
Kinshasa. Origines et conséquences, L'Harmattan, Paris, 2005, p.
167
représentant du PPRD dans la Province. C'est ce qui l'a
conduite à l'intolérance politique, à la culture de casse,
de marches non pacifiques, etc.
L'organisation de la société civile au Sud -
Kivu comme instance constituée des « forces vives » telles que
les ONG, les Eglises, les syndicats, les organisations professionnelles, les
associations féminines, les associations sportives et culturelles, les
mouvements de jeunesse, les mutuelles, les sociétés savantes, les
chefs coutumiers, les entrepreneurs, etc. fait qu'elle nécessite une
socialisation juridique étant donné l'importance de la population
qu'elle encadre et sa capacité à influencer l'opinion publique
dans la Province. Les décrétions des journées villes
mortes réussies, des grèves, des soulèvements de la
population, sont autant d'éléments qui militent pour
l'information et la formation des animateurs de la société civile
au droit.
Dans le processus de socialisation juridique à travers
la société civile, HJ devra éviter de tomber dans l'erreur
de la deuxième République qui, selon Fernand TALA
-NGAI179, a consisté à ne pas impliquer la
société civile dans la gestion du pays. De ce fait, elle doit
collaborer avec les autres structures locales qui travaillent pour la promotion
des DH comme le CEDAC, la CDJP, GJ, etc. Ainsi, non seulement la Constitution,
les pactes, les conventions ratifiés par le pays tant au niveau
régional qu'international devront faire l'objet de cette socialisation,
mais aussi toutes les lois de la Républiques étant donné
la multiplicité des structures composant la société civile
au niveau de la Province.
De ce chapitre, il ressort que la socialisation juridique de
la population par HJ n'a pas seulement pour fondement la Bible mais aussi la
Constitution de la RD Congo qui présente l'accès aux lois comme
un droit pour chaque Congolais et un devoir pour le Pouvoir public. C'est
pourquoi, non seulement elle détermine les moyens de cette socialisation
juridique, mais aussi elle en fixe les milieux à travers lesquels le
pouvoir public pourra l'assurer.
La « défaillance de l'Etat » congolais dans
le domaine de la socialisation juridique depuis la Deuxième
République a rendu nécessaire le rôle joué par
l'Eglise, à travers ses ONGDH, dans le cadre de la promotion et la
défense des DH
dans la Province du Sud- Kivu dont HJ. Cependant, pour que la
socialisation juridique faite par cette association atteigne toute la
population et développe ainsi une culture juridique au Sud - Kivu, elle
devra collaborer avec tous les milieux de socialisation encadrant la population
dans la Province comme la famille, les confessions religieuses, l'école,
l'armée, la police et les services de sécurités, les
mutualités tribalo-ethniques, les partis politique, les médias,
les syndicats ainsi que la société civile.
Conclusion partielle
Au terme de cette deuxième partie consacrée aux
mécanismes d'une socialisation juridique, rappelons que le but de cette
partie était de présenter le fondement théologique de
cette socialisation ainsi qu'une approche globalisante de socialisation
juridique adaptée au contexte du Sud - Kivu.
S'agissant du fondement théologique de la socialisation
juridique, nos recherches ont montré que ce processus d'information et
de formation du peuple au droit tire son fondement du texte de
Deutéronome 6, 6-7 où, après lui avoir donné la loi
au Sinaï, Dieu demande à Moïse de la lire et de l'enseigner au
peuple pour qu'il la mette en pratique. Il est avéré donc que
depuis Moïse, l'information et la formation du peuple au droit fait partie
intégrante de la mission, non seulement des serviteurs de Dieu, mais
aussi de l'ensemble de son peuple. C'est pourquoi, dans l'Ancien Testament, la
socialisation juridique était faite par Moïse, Josué, les
juges, les rois, les conseillers du roi, les prêtres, les sacrificateurs,
les prophètes, les maîtres de la loi, les parents, etc.
Pendant la période néotestamentaire, la
socialisation juridique était l'oeuvre des Pharisiens qui, en
dépit de la contestation de leur approche par les Sadducéens (ces
derniers les accusaient d'avoir ajouté la tradition orale à
l'enseignement de la loi qui, selon eux devrait concerner seulement la loi
écrite), ont réussi à informer et former le peuple aux
lois.
Descendant de la lignée d'Esdras, les Pharisiens ont
fait des synagogues un lieu par excellence de la socialisation juridique.
Subdivisée en trois degrés, cette formation comprenait le
degré élémentaire où l'on associait l'apprentissage
de la loi à l'alphabétisation des enfants de 5-10 ans,
au-delà de 13 ans cet enseignement était approfondi au niveau des
académies. La formation des adultes était assurée dans les
synagogues et les retraites. L'impact et le succès de cette
socialisation juridique se manifestent dans l'attachement du peuple à la
loi et à l'intolérance envers quiconque enseigne ce qui est
contraire à cette loi. C'est ce qui justifie le conflit toujours
renouvelé entre Jésus et les Pharisiens d'une part et puis
l'apôtre Paul et le reste des juifs, de l'autre. L'exemple de
l'apôtre Paul qui connaît ses droits et les
revendique devant le proconsul, démontre le niveau de
l'appropriation de la loi par les juifs.
Cependant, ni Jésus, ni l'apôtre Paul ne sont contre
la loi comme telle, mais en tant que moyen du salut.
En ce qui concerne les mécanismes d'une socialisation
juridique globalisante, nos investigations ont dégagé qu'en RD
Congo, la socialisation juridique des citoyens est indispensable étant
donné que l'accès des citoyens aux lois est un droit
constitutionnel. Ainsi, le pouvoir public n'ayant pas rempli ce devoir
l'Eglise, à travers ses organisations non gouvernementales des DH, a
joué un rôle très important pour la promotion et la
protection de DH pendant la longue période de transition allant de 1990
à 2006.
Pour que la culture juridique puisse se développer dans
la Province, nous avons suggéré que le processus de socialisation
amorcé par Héritiers de la Justice soit globalisante en
atteignant toutes les couches de la population et pas seulement les
écoliers et leurs enseignants. De ce fait, l'Association devra impliquer
tous les milieux de socialisation encadrant la population dans la Province : La
famille, les confessions religieuses, l'école, les mutualités
tribalo-ethniques, les partis politiques, les médias, les syndicats et
la société civile. Sur le plan pédagogique,
l'éducation est indiquée pour les enfants, l'éducation et
l'apprentissage pour les jeunes et la formation pour les adultes sont des
approches à utiliser.
CONCLUSION GENERALE
Avant d'établir les éléments de
réponses aux questions soulevées à l'introduction
générale et d'évaluer les hypothèses émises
ainsi que les objectifs visés, de fixer que ce mémoire
relève à la fois du domaine de l'éthique sociale, de la
théologie de la paix et de la sociologie du droit étant
donné qu'il part d'un diagnostic institutionnel pour proposer la
socialisation juridique globalisante comme approche devant contribuer au
développement d'une culture juridique et de paix à travers
l`Eglise. Il s'agit donc d'une éthique empirique doublée de
l'éthique appliquée prévoyant l'usage de la socialisation
juridique dans le contexte de la Province du Sud- Kivu. Dès lors,
l'éthique politique trouve sa place dans le fait que l'émergence
d'une culture juridique et de paix au Sud - Kivu vise à contribuer
à la stabilité politique de la RD Congo180.
Sur le plan ecclésial, les investigations ont
souligné que la nécessité de la création d'une
structure des Droits Humains et de paix par les protestants du Sud - Kivu est
née du souci de rendre le faible fort et de l'amener à
revendiquer ses droits au quotidien. L'on se souviendra que l'injustice
sociale, le népotisme, le clientélisme, la violation massive des
DH, la corruption et le musellement de la population qui ont
caractérisé la deuxième République ont rendu la
situation insupportable. Profitant de la proclamation du multipartisme
consacrant le début de la démocratisation du pays, l'ECZ/ Sud -
Kivu a mis sur pieds, en 1991, un programme dénommé
Evangélisation libératrice chargé de sensibiliser
la population sur les DH à travers la Province. Les conflits qui
sévissaient au sein de l'ECZ ayant conduit à la dissolution du
Groupe technique d'encadrement régional181, les laïcs
protestants qui dirigeaient le programme évangélisation
libératrice jugèrent utile de protéger ce programme en le
rendant autonome par rapport à l'ECZ
C'est ainsi que depuis 1993 le programme est devenu une ONGDH
jouissant d'une personnalité juridique sous le nom de
Héritiers de la Justice et dont l'ECZ n'est que tuteur
moral.
180 Toutes les guerres qu'a connues la RD Congo depuis la
transition de 1990 ont toujours commencé dans la Province du Sud -
Kivu.
181 Le GTER est l'un des programmes que pilotait l'ECZ comme
celui d'évangélisation libératrice.
Sur le plan institutionnel, l'association est régie par
les statuts, le règlement d'ordre intérieur et le
règlement du personnel. Elle a comme organes l'Assemblée
générale, le Conseil d'Administration, la Présidence, le
comité directeur et le Secrétariat Exécutif.
Héritiers de la justice compte aujourd'hui cinq programmes dont le
secrétariat exécutif, le Programme Formation et Renforcement
Institutionnel, le Programme Aide légale Protection et Recherche, le
Programme Campagne et Communication ainsi que le Programme Femme et Enfant.
Pour atteindre ses objectifs, Héritiers de la justice utilise plusieurs
stratégies dont la recherche et la documentation des faits de violation
des DH, la dénonciation, la plaidoirie, la médiation, la
création et l'encadrement des structures relais à la base (les
CMD, les CDP, les PDP, les EPP), la formation des animateurs pour le
renforcement institutionnel, la production des émissions
radiodiffusées, la publication des feuillets, périodiques et des
rapports synoptiques sur la situation des DH et de la paix dans la
région ainsi que la mise sur pied d'une pharmacie des droits et du site
internet.
Bref, Héritiers de la Justice réalise plusieurs
activités dépassant les limites de la protection et de la
promotion des DH et de la paix.
En ce qui concerne l'aspect socio - politique, il ressort que
Héritiers de la Justice jouit de la crédibilité
auprès de la population et d'une renommée tant régionale
qu'internationale. Cependant, sa relation avec le pouvoir public,
l'armée, la police et les services de sécurité - bien que
parfois bonne - est plus souvent faite de tension ; car ces derniers
étant le premiers violateurs des DH dans la Province, l'association
constitue une menace pour eux en publiant, dénonçant leurs
forfaits et en exigeant que la justice soit faite à leurs victimes.
C'est ce qui explique les menaces, les intimidations, les arrestations ainsi
que les tueries dont sont souvent victimes tant les responsables de
Héritiers de la Justice, ses animateurs que les membres des structures
relais à la base. Par rapport à l'ECC et aux communautés
la constituant, l'association ne collabore pas avec elles dans le processus de
socialisation juridique et elle traverse une crise d'identité
étant donné que celle-ci (l'ECC) ne la reconnaît pas comme
service des églises protestantes pour la paix et les DH en exigeant la
clarification de la relation entre les deux institutions. Toutefois, il y a
lieu de constater la disponibilité des églises protestantes
à collaborer avec HJ qu'elle souhaite voir installer dans chaque
communautés et paroisse une
commission justice et paix au modèle de la commission
diocésaine justice et paix qui a installé des comités dans
chaque paroisse catholique182.
S'agissant de l'aspect théologique, les recherches
effectuées ont dégagé une adéquation entre la foi
chrétienne et la socialisation juridique, montrant que celle-ci tire son
fondement de la Bible et fait partie intégrante de la mission du peuple
de Dieu. Dès la remise de la loi à Moïse sur le Sinaï,
Dieu exige que l'ensemble du peuple en soit informé et formé au
droit pour éviter l'anarchie, la violence et le liberticide au sein de
la nation. L'expérience du peuple juif a suffisamment
démontré que la paix et la pratique du droit entre les groupes
sociaux d'une nation dépendent de la présence d'une culture
juridique et de paix qui est le fruit d'une socialisation juridique global et
globalisante.
Sur le plan éthique, point n'est besoin de constater
l'échec de l'Etat congolais dans son rôle de faire accéder
les citoyens aux lois et ce, depuis l'indépendance. D'où
l'implication de l'église dans la protection et la promotion des DH,
surtout depuis l'entrée du pays dans le processus de
démocratisation. Bien que la Constitution régissant la
troisième République ait présenté l'accès
aux lois comme droit de chaque Congolais et la socialisation juridique des
citoyens comme le devoir du pouvoir public, l'implication de l'église et
des ONGDH dans le processus de socialisation juridique demeure plus que
nécessaire pour l'émergence d'une culture juridique et de paix en
RD Congo aussi longtemps l'Etat ne mettra pas sur pieds les mécanismes
adéquats pour atteindre le but.
La pérennisation des cas de violation des DH et de la
violence au Sud- Kivu en dépit de l'existence de Héritiers de la
Justice dans la Province depuis quinze ans témoigne des limites que
présente l'association sur le plan institutionnel, organisationnel,
financier, logistique, de la gestion des ressources humaines et sur le plan
stratégique. C'est pourquoi, quelques propositions pour le renforcement
institutionnel ont été faites.
Sur le plan stratégique, la présence de
Héritiers de la Justice ne parvient pas à
développer une culture juridique et de paix au Sud - Kivu à cause
du fait que la socialisation juridique qu'elle utilise comme approche n'est pas
globalisante. Il s'en
est suivi que seule l'école comme structure de
socialisation est utilisée par l'association dans le processus
d'information et de formation des citoyens au droit. Le fait de collaborer avec
l'école seule comme milieu de socialisation juridique dans la Province
rend inexistante la culture juridique et de paix au Sud - Kivu vue que ce ne
sont pas les écoliers et leurs enseignants qui sont auteurs de violence
et de violation des DH au Sud - Kivu. Aussi, les élèves et
enseignants juridiquement socialisés étant minoritaires par
rapport aux statistiques de la population dans la Province qui, en 2004
s'évaluait déjà à 4. 303. 041 habitants, ils sont
incapables d'influencer le reste de la population et la culture juridique qui
tente de se développer chez eux est vite corrompue par l'entourage qui
n'est pas juridiquement socialisé. La culture juridique et de paix ne
peuvent par conséquent pas être manifestes dans la Province
étant donné que 98 % de la population provinciale, n'étant
pas juridiquement socialisés, ne peuvent développer des valeurs,
des attitudes, des traditions, de comportements fondés sur le droit et
sur le respect de la vie, le rejet de la violence, la promotion et la pratique
de la non violence, le dialogue et la coopération ainsi que sur
l'engagement de régler pacifiquement les conflits. C'est cette faiblesse
de l'association sur le plan stratégique qui justifie
l'inadéquation entre l'existence de Héritiers de la
Justice et la pérennisation des cas de violation massive des DH et
de la violence dans la Province, constituent de fait la réponse à
la question principale de notre étude et confirme les hypothèses
pré établies.
C'est pourquoi, pour que Héritiers de la Justice fasse
développer une culture juridique et de paix dans la Province, il
faudrait que le processus d'information et de formation des citoyens au droit
soit globalisant ; c'est-à-dire, impliquant tous les milieux de
socialisation encadrant l'ensemble de la population du Sud - Kivu. Autrement
dit, qu'en plus des écoles primaires et secondaires,
Héritiers de la Justice doit capitaliser la famille, les
confessions religieuses, les écoles maternelles et les institutions
d'enseignement supérieur et universitaire, les mutualités tribalo
ethniques, les partis politiques, l'armée, la police, les services de
sécurité, les médias, les syndicats et la
société civile en usant de la pédagogie pour les enfants,
de la pédagogie et de l'apprentissage pour les jeunes et de la formation
pour les adultes.
Ainsi, en présentant les circonstances et les
motivations de la création, l'organisation, le dégagement de
l'apport de Héritiers de la Justice à la promotion des
Droits Humains et de la paix ainsi que ses limites dans la première
partie, ce travail satisfait aux trois premiers objectifs; alors qu'en
présentant le fondement théologique de la socialisation juridique
et en proposant une approche globalisante de la socialisation juridique
adaptée au contexte du Sud - Kivu, nous avons atteint les deux derniers
objectifs assignés.
BIBLIOGRAPHIE
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bibelgesellschaft, Stuttgart, 1983
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3. ETEKI MBOUMOUA W.A., « Eléments d'une culture de
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5. CONFERENCES, RAPPORTS, COURS ET AUTRES DOCUMENTS
INEDITS
1. CIKWANINE KULIMUSHI Déodatte, Héritiers de la
Justice et la lutte contre les viols et violence faits aux femmes (Cas de la
Province du Sud - Kivu), Rapport de stage effectué du 13 décembre
2004 au 15 janvier, 2005
2. Eglise du Christ au Congo, Programme de redynamisation de
l'ECC , Synode du Sud - Kivu, Rapport inédit, Bukavu, juin 2006
3. Héritiers de la Justice, Eduquer les enfants aux
droits humains et à la paix, rapport intérimaire inédit de
la session de formation des enseignants pour la paix de la province du Sud -
Kivu, du 04 au 08 février 2004
4. Héritiers de la Justice, Rapport du brainstorming sur
les méthodes de travail de Héritiers de la Justice, Bukavu, du 22
au 23 décembre 2004
5. Héritiers de la Justice, Plan de renforcement
institutionnel et organisationnel de Héritiers de la Justice (Plan PRIO
- CCI, inédits, mars 2005
6. Héritiers de la Justice, Programme Aide légale,
Protection et Recherche, Rapport sectoriel annuel Janvier - Décembre
2005, janvier 2006
7. KISANGULA Paulin, L'éducation à la paix à
travers l'école. Une expérience de
Héritiers de la Justice, Exposé
présenté au séminaire atelier organisé par RIO,
Bukavu, le 19 juillet, 2006
8. KITOKA MOKE MUTONDO, Eglise et Etat, Cours inédit
dispensé à l'Université Evangélique en Afrique,
2005 - 2006
9. KITOKA MOKE MUTONDO, Les élections en RD Congo.
Quels enjeux sur la paix dans la région des Grands Lacs africains,
Conférence animée à l'Université Evangélique
en Afrique, juillet 2006
10. KWIGWASSA NAKAHUNGA Gérard, Les comités de
Médiation et de Défense Des Droits Humains (CMD) : Etat des lieux
et perspectives après dix ans d'âge, Analyse inédite,
Bukavu, septembre, 2005
12. KWIGWASA NAKAHUNGA Gérard, forces et faiblesses des
comites de médiation et de défense (CM D) de Héritiers de
la Justice, sd.
13. MATENDO exposé présenté à
Bukavu, août 2006
14. MAYAO CHEMUPENGE Charles, Rapport de stage inédit
effectué à Héritiers de la Justice du 30 janvier au 28
mars 2006
15. Paix et Démocratie, Rapport narratif trimestriel
juillet - septembre 2006
16. PFE, Paix et Démocratie, rapport narratif trimestriel
juillet - septembre 2006
17. Statuts de Héritiers de la Justice
6. MEMOIRE INEDIT
RWABIRA MAKUBULI Moïse, Les ONG et la gestion des conflits
en territoire d'Uvira : Cas de Héritiers de la Justice et de GASAP,
mémoire inédit, ISDR, Bukavu, 2005 - 2006
7. PERSONNES RESSOURCES
N°
|
Noms
|
Fonction
|
Lieu et date d'interview
|
1
|
ALPHONSE
|
Président du CMD Kadutu
|
Bukavu, le 05 août 2006
|
2
|
BAGULA BURUME
|
Animateur au PCC
|
Bukavu, le 07 août 2006
|
3
|
BAHATI NAMWIRA
|
Secrétaire Exécutif a. i. de
Héritiers de la Justice
|
Bukavu, le 15 et le 23
août 2006
|
4
|
BWEYO M.
|
Président du CMD Uvira
|
Uvira, le 16 août 2006
|
5
|
BYAMUNGU N.
|
Président du CMD Sange,
|
Sange, le 16 août 2006
|
6
|
BYAMUNGU DUNIA
|
Avocat et animateur au PAPR
|
Bukavu, le 24 août 2006
|
7
|
Enquêté anonyme
|
Responsable politico-
administratif du Sud - Kivu
|
Bukavu, le 26 août 2006
|
8
|
Enquêté anonyme
|
Responsable à l'ECC/ Sud- Kivu
|
Bukavu, le 30 août 2006
|
9
|
Enquêté anonyme
|
Avocat près la cours de Bukavu
|
Bukavu, le 12 octobre
2006
|
10
|
KABWE MUKAMBILWA
|
Membre du CMD Baraka
|
Baraka, le 17 août 2006
|
11
|
LUBALA MUGISHO KAZA
|
Président de Héritiers de la
Justice
|
Bukavu, le 25 août 2006
|
12
|
MANOKA Noé
|
Président du CMD Luvungi
|
Luvungi, 19 août 2006
|
13
|
MULONGECHA L.
|
Président du CMD Lemera
|
Lemera, le 18 août 2006
|
14
|
MUNDYO MWENELUSIBA
|
Chargé d'Evangélisation et Vie de l'Eglise
à l'E. C. C./ Sud - Kivu
|
Bukavu, le 28 août
2006
|
15
|
NDAGANO Pierre
|
Président du CMD Bideka
|
Bukavu, le 25 août 2006
|
16
|
RUHANYA MULEMANGABO
|
Président du CMD Kamisimbi
|
Kamisimbi, le 13août
2006
|
17
|
SEMURONGO K.
|
Membre du CMD Lemera
|
Lemera, le 18 août 2006
|
Table des matières
Dédicace i
Remerciements ii
Introduction générale 1
Première Partie
PRESENTATION DE HERITIERS DE LA JUSTICE
Introduction 7
Chap. I. Organisation de Héritiers de la
Justice 11
I.1.1. Les différents Programmes de Héritiers
de la Justice 11
I.1.1.1. Le Programme Aide légale, Protection et Recherche
(PAPR) 11
I.1.1.2. Le Programme Campagne et Communication (PCC) 14
I.1.1.3. Le Programme Formation et Renforcement Institutionnel
(PFRI) 15
I.1.1.4. Le programme Femme et Enfant (PFE) 24 I.1.2. Relation
entre Héritiers de la Justice et les autres structures de
socialisation
dans la Province. 29
I.1.2.1. Relation entre Héritiers de la Justice
et l'Eglise Protestante 29
I.1.2.2. Relation entre Héritiers de la Justice
et le pouvoir public 44
I.1.2.3. Relation entre Héritiers de la Justice
et l'armée et la police 45
I.1.2.4. Relation entre Héritiers de la Justice
et les instances judiciaires 46
I.1.2.5. Relation entre Héritiers de la Justice
et les autres organisations de défense
des Droits de l'Homme
Chap. II. : Contribution de Héritiers de la
Justice au développement d'une
|
.46
|
culture juridique et de paix dans la Province
|
47
|
I.2.1. Dans le domaine de la promotion d'une culture juridique
|
47
|
I.2.2. Dans le domaine de la promotion d'une culture de paix
|
.48
|
I.2.3. Limites de l'association
|
48
|
I.2.3.1. Sur le plan institutionnel
|
49
|
I.2.3.2. Sur le plan organisationnel
|
49
|
I.2.3.3. Sur le plan financier
|
49
|
I.2.3.4. Sur le plan logistique
|
50
|
I.2.3.5. Sur le plan de la gestion des ressources humaines
|
51
|
I.2.3.6. Sur le plan stratégique
|
.51
|
I.2.4. Quelques propositions pour le renforcement institutionnel
|
52
|
I.2.4.1. Sur le plan institutionnel 52
I.2.4.2. Sur le plan organisationnel 53
I.2.4.3. Sur le plan financier 53
I.2.4.4. Sur le plan logistique 53
I 2.4 5. Sur le plan de la gestion des ressources humaines 54
I.2.4.6. Sur le plan stratégique 54
Conclusion partielle 56
Deuxième Partie
MECANISME D'UNE SOCIALISATION JURIDIQUE
GLOBALISANTE
Introduction 58
Chap. III. : Fondement théologique de la
socialisation juridique 61
II.3.1. Dans l'Ancien Testament 61
II. 3. 2. Dans le Nouveau Testament 74
Chap. IV. Approche globalisante de la socialisation
juridique 82
II.4.1. L'accès aux lois comme droit constitutionnel en RD
Congo 82
II.4.2. Nécessité du rôle joué par
l'Eglise dans le processus de socialisation juridique
en RD Congo
|
86
|
II.4.3. Les principaux milieux de socialisation juridique au Sud
- Kivu
|
87
|
II.4.3.1. La famille
|
89
|
II.4.3.2. Les confessions religieuses
|
91
|
II.4.3.3. L'école
|
94
|
II.4.3.4. Les mutualités tribalo - ethniques
|
95
|
II.4.3.5. Les partis politiques
|
96
|
II.4.3.6. Les médias
|
98
|
II.4.3.7. Les syndicats
|
.103
|
II.4.3.8. La société civile
|
106
|
Conclusion partielle
|
111
|
Conclusion Générale
|
113
|
Bibliographie
|
117
|
Table des matières
|
123
|
Annexes
|
|
LES ANNEXES
Annexe N°1 : Organigramme de Héritiers de
la Justice
Assemblée Générale
Conseil d'Administration
Secrétaire Exécutif
Chargé de l'Administration et finances
Comptable
Programme aide légale protection
et recherche
Comité de médiation et de défense
Programme de formation et renforcement institutionnel
Centre de formation et de documentation
- Agents publics
- Employés
- Formateurs sociaux - Leaders des églises -
Médiateurs ruraux - Moniteur juridique
|
Programme campagne et communication
Bulletins, Radio et Web site
Programme femme et enfant
Centre de formation de la paix auprès des enfants et des
femmes
-Ecole des parents (ECOPA) - Ecole pour la paix (COP)
Huissier
|
|
Sentinell
|
|
Chauffeur
|
|
Encodage
|
|
|
|
|
|
Réception
Annexe N° 3 : Faiblesses des CMD telles que
présen tées par Gérard KWIGWASA
Structure
|
Faiblesse
|
CMD Bagira
|
- Effectif des membres statique et réduit
- Structure sans cadre de travail approprié - Tenue
irrégulière des réunions
- Rareté d'activités d'éclat
- Non couverture effective du rayon d'action - Absence de femme
dans l'équipe
- Production irrégulière et souvent tardive des
rapports
- Manque de concrétisation de bonnes résolutions
prises en réunion
- Crainte, parfois injustifiée, d'agir et de prendre le
risque
- Surveillance et documentation des faits limitées -
Prééminence de la personne du Président
- Manque de statuts et du R.O.I.
|
CMD Ibanda
|
- Léthargie dans les activités d'accompagnement des
populations
- Regard plus tourné vers l'appui qui viendrait de HJ et
moins sur la visibilité sur terrai
- Surveillance et documentation des faits limitées
à une partie du rayon d'action - Crainte, souvent injustifiée,
d'agir et de prendre le risque
- Structure fermée : nombre inchangé des membres au
fil des années - Tenue irrégulière des réunions des
membres
- Responsabilisation théorique des membres
- Faible utilisation des matériels disponibles
- Manque de cadre approprié de travail
- Manque de statuts et du R.O.I.
|
CMD Kadutu
|
- Peu d'occasions d'évaluation des activités et des
stratégies - Initiative réduite de collaborer avec les autres
CMD
- Manque de statuts et du R.O.I.
|
CMD Bideka
|
- Prééminence du Président sur la
structure
- Tenue sporadique des réunions des membres - Absence de
figures féminines
- Absence de planification des activités
- Non organisation de la Pharmacie de droits - Insouciance
vis-à-vis du S/CMD Bolole
- Non définition claire des responsabilités -
Manque de statuts et du R.O.I.
|
CMD Ibanda/Ng.
|
- Existence des sous structures presque non
opérationnalisés - Utilisation réduite de
matériel
- Manque de statuts et du R.O.I.
|
CMD Kamanyola
|
- Manque de cadre approprié pour la Pharmacie de droits -
Faible initiative de faire lire les documents disponibles
- Présence infime de la femme
- Rapport parfois tumultueux avec d'autres ONG locales ; - Faible
capacitation des membres
|
CMD Kamisimbi
|
- Participation réduite de certains membres aux
activités du comité
- Absence d'initiation pour organiser la restitution des
formations par les quelques membres déjà formés
- Faible représentation de la femme
- Manque de statuts et du R.O.I.
- Non remplacement des membres partis
|
CMD Kaziba
|
- Irrégularité dans la tenue des réunions
- Dynamique « Genre » non respecté
- Usage peu visible du matériel reçu
- Production des rapports en chute
- Membres en grande partie non encore formés
- Absence d'initiatives pour contourner l'éloignement
géographique par rapport
|
|
aux autres CMD du même territoire
|
CMD Lemera
|
- Manque de statuts et du R.O.I.
- Structure quasiment cantonnée au seul groupement de
Lemera
- Timide engagement à opérationnaliser la Pharmacie
de droits
- Connaissances et compétences restées en friche
- Effectif réduit des membres au regard de l'espace
à couvrir et de la multiplicité des violations
enregistrées
- Hésitation de sortir du traumatisme de la guerre
- Structure sans femme
|
CMD Luvungi
|
- Nombre de membres statique depuis plusieurs années
- Manque de stratégies réalistes de couvrir le
rayon d'action
- Absence remarquée des femmes
- Rencontre irrégulière des membres
- Baisse de l'engagement des membres
- Connaissances et compétences restées en friche
- Faible couverture du terrain (Katogota, Bwegera, Ndolera,
Lubarika,...)
|
CMD Sange
|
- Manque de statuts et du R.O.I.
- Manque de restitution des acquis de formations
- tenue irrégulière des réunions
- Faible matérialisation des bonnes résolutions
prises en réunions, notamment la création des S/CMD
- Pas de bureau approprié
- Membres en grande partie non formés
- Une seule femme dans l'équipe depuis la naissance
|
CMD Uvira
|
- Pas de pancarte indicateur du Bureau
- Point focal de HJ, il collabore peu avec d'autres CMD de
l'axe
- Décisions importantes prises avec hésitations
- Différentiel engagement des membres
- Grands médiateurs à l'extérieur souvent
incapables de s'accorder sur des questions importantes de la vie de la
structure
- Non organisation des visites aux S/CMD
- Implication moins marquée des femmes dans les prises de
décision et les activités d'éclat
|
CMD Fizi
|
- Manque de statuts et du R.O.I.
- Travail en routine et quasiment clandestin
- Membres pour la plupart non encore forcés
- Prééminence du Président
- Faible utilisation à bon escient des moyens
- CMD difficilement dissociable de l'EPP que le Président
dirige aussi - Rencontre irrégulière des membres
- Absence de femmes
- Effectif statique des membres
- Non répartition des tâches
|
CMD Bunyakiri
|
- Présence insignifiante de la femme
- S/CMD Kavumu quasi oublié (peut être à
cause de son éloignement
géographique)
|
CMD Kalehe
|
- Manque de statuts et du R.O.I.
- Moindre capacité du Président et quelques autres
membres de dissocier le CMD de l'EPP Ruharaga
- Travail en vase clos et sans répartition des
tâches
- Absence quasi-totale de visite et suivi de S/CMD
- Membres en nombre insuffisant
- Balbutiement dans la collaboration avec HJ
- Réunions et productions de rapports
irrégulières
- Structure exclusivement masculine
|
CMD Kalonge
|
- Dynamisme tributaire d'un petit nombre de membres -
Tergiversation sur les stratégies de couvrir le rayon
|
CMD Nyabibwe
|
- Erosion des membres au niveau du comité central
- Peu de membres formés et non organisation de restitution
des formations par d'autres
- Représentation faible de la femme
- Gestion parfois inappropriée des conflits internes et
avec les antennes
|
CMD Kalambi
|
- Effectif réduit et non évolutif depuis plusieurs
années
- Lenteur des réformes malgré le
départ/désertion de certains membres
|
CMD Kamituga
|
- Irrégularité de permanence à la Pharmacie
de droits - Répartition théorique des tâches
- Manque des textes réglementaires
- Prééminence Président du dans la structure
- Absence de femmes
|
CMD Kitutu
|
- Faible concertation avec d'autres structures locales - Absence
de femmes
- Utilisation moins efficiente des outils
- Irrégularité dans la production des rapports -
Absence des statuts
- Manque de cadre approprié de travail
|
CMD Mwenga
|
- Insuffisance dans la coordination des activités -
Absence de cadre approprié de travail
- Non respect de l'approche Genre
|
Annexe N° 4 : Justification des faiblesses des CMD
telle que donnée par les responsables de certains CMD
CMD
|
Réponses
|
Kamisimbi183
|
- H.J. ne forme plus les nouveaux membres que nous avons
- H.J. a suspendu l'appui financier mentionné dans notre
contrat de collaboration
- Plusieurs personnes hésitent d'adhérer au CMD vu
les menaces dont
nous sommes victimes
- Plusieurs membres démissionnent par manque de
motivation
- Nous manquons le bureau
- Manque des cartes de service comme membre des CMD
|
Bideka184
|
- H .J. ne fait plus le suivi et visites des CMD depuis la mort
de
Kabungulu
- Les conditions de travail sont devenues difficiles
- L'argent de fonctionnement ne vient plus de H.J.
- H. J. n'est pas resté fidèle à ses
engagements vis-à-vis des CMD
- Manque des fournitures des bureaux
- Manque de moyen de déplacement et de communication
- H.J. ne nous a pas aidé à réhabiliter
notre bureau abîmé
- Pas de prime de motivation pour les membres
- Pas de formation des nouveaux adhérents
- Difficultés de payer le loyer du bureau
- Manque des cartes de service comme membre des CMD
|
Kadutu185
|
- Manque des moyens de financement
- La formation donnée par H.J. est non continue et
insuffisante
- Manque des frais de fonctionnement (vélo,
téléphone, crédits pour le
téléphone)
- Manque des cartes de service comme membre des CMD
- H.J. n'est pas expéditif dans la correspondance
- Manque d'implication des responsables des CMD par H.J. dans
l'établissement des différents programmes et
activités
|
Luvungi186
|
- Manque de bureau
- Manque des frais de fonctionnement
- Manque de moyen de fonctionnement
- Manque des cartes de service comme membre des CMD
- Manque de moyen de communication (vélo,
téléphone, crédits pour le
téléphone)
|
Uvira187
|
- Insuffisance des frais de fonctionnement
- Impermanence des frais de fonctionnement envoyés par
H.J.
- Manque des cartes de service comme membre des CMD
- Manque des moyens de communication et de déplacement
- Manque de rémunération des responsables des
CMD
- Manque d'outils informatiques
- Difficultés d'accéder à l'Internet.
|
Baraka188
|
- Indifférence de la population envers les membres des
CMD
- Manque de moyen de déplacement
- Manque des cartes de service comme membre des CMD
- H.J. n'envoie plus les frais de fonctionnement depuis janvier
2006
|
183 RUHAMYA M., Président du CMD Kamisimbi,
interview accordé à Kamisimbi, le 13 août 2006
184 NDAGANO P., Président du CMD Bideka,
interviewé à Bukavu, le 25 août 2006
185 Alphonse, Président du CMD Kadutu,
Interview accordé à Kadutu, le 05 août 2006
186 MAHOKA N., Président du CMD Luvungi,
Interview accordé à Luvungi, le 19 août 2006
187 BWEYO M., Président du CMD Uvira, Interview
accordé à Uvira, le 16 août 2006
188 KABWE MUKAMBILWA, Membre du CMD Baraka, Interview
accordé à Baraka, le 17 août 2006
|
- Certains membres partent avec les matériels de la
structure
- La grandeur de l'étendu de travail
|
Sange189
|
- Manque de logistique
|
|
- Insécurité croissante
|
|
- Insuffisance de la documentation
|
|
- Manque de bureau
|
|
- Manque des cartes de service comme membre des CMD
|
|
- Héritiers de la justice ne réalise pas ses
promesses
|
Lemera190
|
- la victimisation des membres des CMD
|
|
- Manque des moyens de communication et déplacement
(vélo,
téléphone, crédits dans le
téléphone)
|
|
- Les arrestations dont sont victimes les membres des CMD
|
|
- Manque des cartes de service comme membre des CMD
|
189N. BYAMUNGU, Président du CMD Sange,
interview accordé à Sange, le 16 août 2006
190 K. SEMURONGO et L. MULONGECHA, Membre et Président du
CMD Lemera, interview accordé à
Lemera, le 18 août 2006
Annexe N°5 : Protocole d'accord entre
Héritiers de la Justice et les CMD
Entre A.S.B.L. HERITIERS DE LA
JUSTICE
Et le COMITE DE MEDIATION ET DE DEFENSE (CMD) de
IL EST CONVENU CE QUI SUIT :
Article 1 : Le CMD de est une structure locale
constituée à la
base après sensibilisation de la population par
HERITIERS DE LA JUSTICE.
Article 2 : HERITIERS DE LA JUSTICE et
le CMD de sont décidés de
renforcer leurs liens et d'oeuvrer pour la transformation sociale
par la promotion des droits humains et de la paix à la base.
Article 3 : a cet effet :
· HERITIERS DE LA JUSTICE s'engage
à :
- Accompagner le CMD dans sa mission par la formation de ses
membres, l'information et le suivi de ses activités ;
- Renforcer le CMD en tant que structure locale notamment par
une allocation mensuelle des frais de fonctionnement (75 DM/mois) pour diverses
fournitures et démarches ponctuelles ;
- Assurer la protection juridique des membres de CMD dans
l'exercice de leur mission - Doter le CMD d'un minimum de matériel
nécessaire à la bonne exécution de sa mission
(vélo, imperméable, botte, cartable).
· Pour sa part, le CMD s'engage à
:
- Se confier à HERITIERS DE LA JUSTICE pour tous les
problèmes relatifs à la promotion des droits humains et de la
paix
- Participer à toutes les sessions de formation
organisées par HERITIERS DE LA JUSTICE à l'intention des CMD
- Sensibiliser constamment la population dans la revendication de
ses droits dans le cadre des Pharmacies des droits, et promouvoir une culture
de paix au sein de celles-ci ;
- Privilégier la médiation comme mode de
résolutions des conflits sociaux ;
- Etablir régulièrement des rapports
d'activités et les transmettre à HERITI ERS DE LA
JUSTICE, et l'informer sur tous les cas de violation des droits
humains ; - Utiliser rationnellement le matériel et autres moyens mis
à sa disposition
Article 4 : Les deux parties conviennent
d'exécuter les clauses du présent protocole d'accord
de bonne foi.
La violation par l'une des parties d'une des clauses ci-dessous
peut entraîner l'interruption de la collaboration.
Article 5 : Le présent protocole est
valable pour une période de trois renouvelable à dater du
Fait à Bukavu, le / /19
Annexe N° 6 : Propositions données par
Gérard KWIGW ASSA et recommandations des responsables des CMD pour
remédier aux faiblesses de ces derniers
Structure
|
Propositions de H.J.191
|
Recommandations de
quelques CMD192
|
Structure
|
Défis majeurs à relever
|
|
CMD Kadutu
|
- S'ouvrir davantage à d'autres ILD présentes dans
le milieu
- Maintenir la participation de chaque membre
|
- Que H.J. respecte le
protocole d'accord signé
entre elle et les CMD
- Que H.J. soit réaliste dans
les promesses qu'elle
donne aux CMD
- Que H.J. soit transparente
dans la gestion des fonds envoyés pour le fonctionnement
des CMD
- Que H.J. mette en contact les CMD et les organismes qui les
financent à travers H.J.
- Que H. J. prenne au
sérieux les demandes des CMD
|
CMD Bideka
|
- Trouver un cadre de travail approprié
- Cultiver une culture démocratique - Dossier du S/CMD
Bolole apparemment non désiré aujourd'hui
- Initier d'autres sous structures
|
- Que le protocole d'accord
entre les CMD et H. J. soit actualisé
- Que les agents des CMD
soient aussi mensuellement rémunérés
comme ceux de H .J.
- Que H. J. mette à la
disposition des CMD un moyen de déplacement et de
communication adéquat.
- Que H. J. face
régulièrement la formation des membres des CMD
|
CMD Kamisimbi
|
- Rendre actifs tous les membres - Former/recycler les membres
- Sensibiliser les femmes pour qu'elles adhèrent à
l'équipe
- Trouver des astuces pour faire lire la documentation en
attendant la construction du bureau
- Chercher un accord de tous avant de lancer une activité
de grande portée
|
- Que H. J. aide les CMD à
être autonomes au lieu de
les avoir sous tutelle
chaque jour.
- Que H.J. intensifie la
formation des membres des CMD
- Que H. J. alimente
régulièrement les bibliothèques des CMD
|
CMD Lemera
|
- Vaincre la peur et sortir de l'anonymat
|
- Que H.J. reprenne le
soutien financier des CMD
|
191 Forces et faiblesses des comites de
médiation et de défense (CMD) de héritiers de la justice,
Op. Cit., pp. 1 - 9
192 Responsables des CMD enquêtés au Sud
- Kivu, août 2006
CMD Luvungi
|
- Etendre le champ d'action
- Stimuler l'arrivée de nouveaux membres
- Respecter le « Genre »
|
- Prendre un engagement pour une sortie de la dormance
- Prendre des initiatives et les matérialiser
- Diversifier les activités au-delà de la
médiation, notamment s'activer dans l'éducation aux droits
humains et la démocratie
- Rendre effectives les promesses répétées
de créer des S/CMD et intégrer les femmes
|
- Que H.J. aide les CMD à devenir autonomes
- Que les membres formés par H.J. aient des certificats
Renforcer le travail des
CMD et intensifier les formations
- Que H.J. prenne au sérieux les correspondances lui
envoyées par les CMD
|
- Que H.J. continue à
envoyer les frais de
fonctionnement aux CMD
- Que les CMD soit dotés de
leurs propres bâtiments
- Que H.J. dote les CMD de
moyens de déplacement.
|
CMD Sange
|
CMD Uvira
|
- Concrétiser le projet de création des S/CMD
- Augmenter le nombre de femmes et éviter qu'elles ne
fassent la figuration
- Trouver un cadre de travail approprié
|
- Mobiliser les ressources à
hauteur des ambitions
- Renforcer la solidarité de l'équipe -
Responsabiliser effectivement les membres
- Jouer le rôle de locomotive des autres CMD de l'axe
- Impliquer grandement les
femmes
|
- Que H.J. soit régulière dans
l'assistance financière
- Que les Bibliothèques des CMD soient bien
alimentées
- Que H.J. intensifie la
formation des anciens et des nouveaux membres des CMD
|
- Que H.J. aide les CMD à être autonomes
- Que H.J. intensifie la
formation des membres des CMD
- Que les visites des CMD soient régulières
- Que les frais de fonctionnement envoyés aux CMD soient
revus à la hausse
- Que les frais de
fonctionnement soient envoyés aux CMD de manière
régulière
- Que les membres du
bureau des CMD soient mensuellement
rémunérés
- Que les moyens de communication et déplacement soient
mis à la disposition des bureaux des CMD
- Que les membres des CMD soient sécurisés
|
Annexe N° 7 : Effectifs des enseignant et
d'élèves des écoles pour la paix selon les points
focaux
N°
|
Point Focal
|
Nbr. EPP formées
|
Nombre enseignants formés
|
Nombre d'élèves
|
F
|
H
|
T
|
F
|
G
|
T
|
01
|
Kabare
|
33
|
17
|
49
|
66
|
889
|
1883
|
2772
|
17
|
09
|
25
|
34
|
02
|
Baraka
|
37
|
04
|
61
|
65
|
223
|
2645
|
2868
|
22
|
02
|
42
|
44
|
03
|
Fizi
|
25
|
03
|
47
|
50
|
136
|
2005
|
2141
|
19
|
01
|
36
|
37
|
04
|
Uvira
|
14
|
08
|
20
|
28
|
1713
|
7599
|
9312
|
21
|
07
|
13
|
20
|
29
|
14
|
44
|
58
|
25
|
11
|
39
|
50
|
05
|
Kiliba
|
29
|
03
|
49
|
52
|
361
|
4492
|
4853
|
14
|
01
|
27
|
28
|
06
|
Kadutu
|
39
|
13
|
62
|
75
|
2018
|
3126
|
5144
|
32
|
17
|
44
|
61
|
07
|
Kamanyol a
|
18
|
06
|
27
|
33
|
197
|
1396
|
1593
|
17
|
08
|
21
|
29
|
08
|
Bideka
|
26
|
11
|
32
|
43
|
395
|
2395
|
2790
|
19
|
05
|
33
|
38
|
09
|
Mboko
|
11
|
01
|
19
|
20
|
165
|
2570
|
2735
|
17
|
00
|
31
|
31
|
12
|
00
|
24
|
24
|
10
|
Ibanda I
|
57
|
19
|
38
|
57
|
1638
|
4973
|
6611
|
54
|
13
|
41
|
54
|
11
|
Ibanda II
(Panzi)
|
21
|
17
|
25
|
42
|
1523
|
3641
|
5164
|
35
|
21
|
44
|
65
|
12
|
Luvungi
|
33
|
12
|
54
|
66
|
388
|
884
|
1272
|
17
|
07
|
27
|
34
|
13
|
Sange
|
16
|
09
|
23
|
32
|
309
|
3094
|
3403
|
13
|
05
|
21
|
26
|
09
|
00
|
18
|
18
|
14
|
Kaziba
|
37
|
12
|
57
|
69
|
916
|
2247
|
3163
|
16
|
02
|
30
|
32
|
15
|
Bagira
|
45
|
17
|
28
|
45
|
848
|
4240
|
5088
|
26
|
14
|
38
|
52
|
16
|
Mumosho
|
18
|
08
|
28
|
36
|
481
|
9424
|
9905
|
27
|
13
|
39
|
52
|
17
|
Makobola
|
13
|
00
|
26
|
26
|
144
|
1355
|
1499
|
09
|
00
|
18
|
18
|
18
|
Lemera
|
16
|
05
|
27
|
32
|
|
|
|
11
|
02
|
20
|
22
|
19
|
Kavumu
|
19
|
13
|
25
|
38
|
435
|
2110
|
2545
|
21
|
11
|
31
|
42
|
20
|
Katana
|
24
|
09
|
39
|
48
|
559
|
6861
|
7420
|
15
|
07
|
23
|
30
|
TOTAL
|
1028
|
357
|
1465
|
1822
|
13338
|
66940
|
80278
|
Annexe N° 8a : Questionnaire d'enquêtes pour
les fa iseurs d'opinion au sein des Communautés membres de l'E. C.C. /
Sud Kivu
Lisez attentivement chaque question et
répondez-y.
- Pour certaines questions mettez X entre parenthèses
- Pour d'autres, écrivez brièvement votre
réponse entre les prévus.
En cas de nécessité, utilisez le verso du papier en
précisant le n° de la question.
De quelle communauté êtes- vous membre
:
a. 8ème CEPAC ( ) ; b. 5ème
CELPA ( ) ; c. 26ème CELMC ( )
d. 40ème CECA ( ) ; e. 7ème
CEGC ( ) ; f. 21ème CNCA ( ) g. autre ( )
Quel (le) est votre ministère (fonction) dans
l'Eglise
a. Représentant Légal193 ( ) ; b. Chef
de département ( )
c. Révérend Pasteur ( ) ; d. Pasteur ( )
e. Président des jeunes ( ) ; f. Présidente des
mamans ( ), g. Laïc ( )
h. Préfet d'école ( ) ; i. Directeur d'école
( )
Votre âge varie entre :
a. 18 ans - 27 ans ( ) ; b. 28 ans - 37 ans ( ) ; c. 38 a ns - 47
ans ( )
d. 48 ans - 57 ans ( ) ; e. 58 ans et plus ( )
QUESTIONS
1. Pouvez-vous dire le nombre des lois
promulguées pendant toute la période de transition dans notre
pays ? Oui ( ) ; Non ( )
2. Si oui, Précisez le nombre ( )
3. De toutes ces lois, combien avez-vous lues ?
Précisez le nombre ( )
4. De qui avez-vous eu (la) les lois lues (lue)
?
a. D'un parti politique ( )
b. De Héritiers de la Justice ( )
c. Du comité diocésain Justice et Paix ( )
d. D'une autorité ecclésiastique ( )
e. De votre Pasteur ( )
f. De qui d'autre ?
5. Avez-vous personnellement une certaine
connaissance sur Héritiers de Justice ? a. Oui ( ) ; b. Non (
)
Si oui, la quelle (précisez en quelques mots
6. Votre église entretient-elle de
relation avec Héritier de Justice ? a. Oui ( ) ; b. Non ( )
7. Comment avez-vous fait connaissance de
Héritiers de Justice :
8. Avez-vous déjà
Bénéficié des services de Héritiers de
Justice ?
a. Oui ( ) ; b. Non ( ) ,
lesquels .
9. Selon vous que devrait faire
Héritiers de la justice pour être de plus en plus utile
à
la population ?
Annexe N° 8b : Questionnaire d'enquêtes pour
les Préfets et Directeurs d'écoles conventionnées
protestantes de la ville de Bukavu
Lisez attentivement chaque question et
répondez-y.
- Pour certaines questions mettez X entre parenthèses
- Pour d'autres, écrivez brièvement votre
réponse entre les prévus.
En cas de nécessité, utilisez le verso du papier en
précisant le n° de la question.
A quelle communauté appartient votre école
?
a. 8ème CEPAC ( ) ; b. 5ème
CELPA ( ) ; c. 26ème CELMC ( )
d. 40ème CECA ( ) ; e. 7ème
CEGC ( ) ; f. 21ème CNCA ( )
Quelle est vote fonction ?
a. Préfet d'école ( ) ; b. Directeur d'école
( )
Votre âge varie entre :
a. 18 ans - 27 ans ( ) ; b. 28 ans - 37 ans ( ) ; c. 38 a ns - 47
ans ( )
d. 48 ans - 57 ans ( ) ; e. 58 ans et plus ( )
QUESTIONS
4. Pouvez-vous dire le nombre des lois promulguées
pendant toute la période de transition dans notre pays ? Oui ( ) ;
Non ( )
5. Si oui, Précisez le nombre ( )
6. De toutes ces lois, combien avez-vous lues ? Précisez
le nombre ( )
4. De qui avez-vous eu (la) les lois lues (lue)
?
a. D'un parti politique ( )
b. De Héritiers de la Justice ( )
c. Du comité diocésain Justice et Paix ( )
d. D'une autorité ecclésiastique ( )
e. De votre Pasteur ( )
f. De qui d'autre ?
5. Avez-vous personnellement une certaine connaissance sur
Héritiers de Justice ? a. Oui ( ) ; b. Non ( )
Si oui, la quelle (précisez en quelques mots
6. Votre école entretient-elle de relation avec
Héritier de Justice ? a. Oui ( ) ; b. Non ( )
7. Comment avez-vous fait connaissance de Héritiers de
Justice :
8. Avez-vous déjà Bénéficié
des services de Héritiers de Justice ? a. Oui ( ) ; b. Non ( )
lequel
9. Selon vous que devrait faire Héritiers de la
justice pour être de plus en plus utile à La population ?
Le Colonel Thierry Ilunga donnant
son témoignage
Annexe N° 9 : Comparution du Vice/ Gouverneur Didace
Kaningini, du Colonel Thierry Ilunga et des caporaux Désiré
Ndagano et Hemedi Tambwe lors de la 11ème
journée du procès Pascal Kabungulu
Mr.le Vice Gouverneur Didace Kaningini,
déposant devant la cour
A l'avant plan, de gauche à droite, les
caporaux Désiré Ndagano et Hemedi Tambwe
Annexe N° 10 : Liste des agents et collaborateurs
de H. J. assassines
Structure
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Victimes
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Fonctions
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Date de décès
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Circonstances
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CMD Kalonge
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Cizungu
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Président
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2002
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Difficiles
conditions de vie en refuge causé par
l'insécurité et sa traque par la rébellion du RCD
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CMD Uvira
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Djumapili Rumanya
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Conseiller
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29/11/2001
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Abattu froidement chez lui par des hommes armés qui
n'ont emporté
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CMD Sange
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Ndaheba Rusagara, son
épouse Dikila et
leur nourrisson Sharifa Rusagara
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Président
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30/11/2002
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Assassinés chez
eux par des éléments
présumés Maï-
Maï qui n'ont rien pris. Les multiples
dénonciations faites par ce
CMD des exactions dont le groupe était responsable dans
le cité de Sange seraient la cause.
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CMD Kalambi
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Florent Bashika
Ngirangi
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Membre
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Dans la nuit du
19 au 20/06/2003
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Tué à domicile à Kionvu par des hommes
armés
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S/CMD Bushushu
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Cizungu
Chirembya et sa femme
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Président
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Août 2004
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Mort survenue en refuge consécutif aux menaces des
hommes de Laurent Nkunda.
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Bureau central
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KABUNGULU KIBEMBI
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Secrétaire Exécutif de HJ
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31 juillet 2005
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Mort assassiné à son domicile par les hommes
armés
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Annexe N° 11 : Tableau des activités
réalisées et n on réalisées en 2005
N°
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Activités
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Réalisées
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Non réalisées
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observation
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Totalement
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Partiellement
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01
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Former les CMD en technique de conception et gestion des
projets
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X
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02
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Former les points focaux et
associations en droits fonciers et communautaire
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|
X
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03
|
Organiser des ateliers de réflexion sur les femmes et
la paix pour les autorités gouvernementales et militaires
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X
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04
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Organiser une formation des
femmes des PDP
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X
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05
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Former les EPP
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X
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06
|
Organiser un échange avec les Inspecteurs de l'EPSP
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X
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07
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Tenir une session d'évaluation du programme promopaix
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X
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Réalisée avec
le concours des consultants
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08
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Ouvrir un centre de formation et d'échanges sur les DHP
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X
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09
|
Organiser des formations sur la lutte contre la torture et
l'impunité
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X
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Financement
non octroyé par la Commission Européenne
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10
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Organiser 2 formations sur la
collecte et le monitoring des DH
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X
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Activité non
financée
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11
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Former le personnel - DH
- Anglais
- Webmaster
- Restitution des formations
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X X
|
X X
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Participation
aux ateliers des partenaires
Formation de 3 agents par Samy et 1 par Front Line
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12
|
Visiter les CMD
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X
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- tous les CMD visités 1 fois,
- 6 CMD
seulement
visités 2 fois
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13
|
Faciliter les échanges inter-CMD
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X
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14
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Créer des nouveaux CMD
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|
|
X
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15
|
Organiser des visites d'échanges avec d'autres
organisations
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|
X
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16
|
Collecter et traiter les informations sur les DH et la Paix
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X
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En moyenne
Une info
collectée et
traitée sur deux prévues par semaine
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17
|
Suivre et évaluer les activités
d'autres programmes
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X
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18
|
Assister le Secrétaire Exécutif
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|
X
|
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19
|
Participer aux activités d'autres
programmes
|
X
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|
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20
|
Organiser des colloques
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|
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X
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