4- Caractérisation qualitative et quantitative
du régime alimentaire des deux espèces
4.1- Caractéristiques des pelotes de rejection des
deux échassiers
Les pelotes de la Cigogne blanche ont une taille de 50,91 mm
× 37,63 mm et pèsent en moyenne 9,7 #177; 4,6 g en poids sec. Alors
que celles du Héron garde-boeufs ont une taille de 36,67 mm × 21,27
mm et un poids sec de 1,8 #177; 1 g.
La taille des pelotes des deux échassiers varie d'une
façon très importante d'une année à une autre et
d'un mois à un autre dans la même région, et d'une
région à une autre (Tab. XXVII).
D'une manière générale, nos résultats
sont comparables avec ceux obtenus dans différentes régions du
pays.
Tableau XXVII- Données comparatives de la taille
et du poids des pelotes de rejection de la Cigogne blanche et du Héron
garde-boeufs dans quelques régions d'Algérie.
Espèce
|
Auteur
|
Région d'étude
|
N (nombre de pelotes triturées)
|
Longueur moyenne en mm
|
Diamètre moyen en mm
|
Poids sec moyen en g
|
Ciconia ciconia
|
BOUKHEMZA et al. (1995)
|
Tizi Ouzou
|
100
|
47,8
|
34,0
|
9,4
|
DOUADI et CHERCHOUR (1998)
|
Béjaia
|
20
|
50,0
|
33,7
|
10,2
|
ZENNOUCHE (2002)
|
Béjaia
|
69
|
59,3
|
36,9
|
10,2
|
HIMI et GHAZLI (2002)
|
Béjaia
|
40
|
54,0
|
37,3
|
9,2
|
DJADDOU et BADA (2006)
|
Batna
|
40
|
45,0
|
37,0
|
10,2
|
SBIKI (2008)
|
Tébessa
|
140
|
50,6
|
36,4
|
10,7
|
Présente étude
|
Batna
|
136
|
50,9
|
37,6
|
9,7
|
Bubulcus ibis
|
BENALLAOUA et BENAIDA (1997)
|
Béjaia
|
-
|
30,4
|
22,5
|
-
|
DOUADI et CHERCHOUR (1998)
|
Béjaia
|
20
|
35,7
|
25,4
|
2,5
|
BACHA (1999)
|
Béjaia
|
60
|
36,2
|
27,0
|
2,1
|
HADJI (1999)
|
Sétif
|
-
|
37,1
|
23,6
|
-
|
SETBEL (2003)
|
Boudouaou
|
96
|
28,7
|
18,0
|
-
|
SI BACHIR (2007)
|
Béjaia
|
240
|
35,4
|
26,5
|
2,5
|
SBIKI (2008)
|
Tébessa
|
140
|
37,3
|
23,4
|
2,6
|
Présente étude
|
Batna
|
957
|
36,7
|
21,3
|
1,8
|
Les résultats obtenus par SCHIERER (1967) en France (60
mm × 39mm), montrent que les pelotes de la cigogne sont un peu plus
volumineuses, alors que ceux de MUZINIC et RASAJSKI (1992) aux Balkans sont
proches des nôtres (50 mm × 40 mm).
Quant au garde-boeufs, HAMADACHE (1991), à
Draâ-El-Mizan (Kabylie) rapporte des mensurations de 45 mm x 15 mm pour
la plus grosse pelote et 25 mm x 10 mm pour la
plus petite. Par ailleurs, en comparant nos résultats
à ceux de BREDIN (1983) en Camargue (23,8 mm x 13,8 mm), les pelotes de
B. ibis dans la région de Batna paraissent plus grosses.
Cette variation des dimensions des pelotes serait en relation
avec le nombre de proies, leurs natures ainsi que leurs biomasses.
4.2- Analyse globale de la composition du régime
alimentaire des deux échassiers
4.2.1- Analyse de la composition en proies des pelotes
de la Cigogne blanche
La décortication de 96 pelotes de la Cigogne blanche
nous a permis d'enregistrer un minimum de 7 proies dans une pelote contenant 2
Pimelia sp., 5 individus de Curculionidae sp. ind. avec la
présence de plumes de poulet domestique (Galus domesticus). Un
maximum de 1.022 proies est noté dans une pelote contenant 786
Caelifera sp. ind., 197 Ensifera sp. ind., 15 Geotrupes
sp., 10 Gryllus bimaculatus, 6 Coleoptera sp. ind., 3
Acinopus sp., 3 Tenebroinidae sp. ind., 1 Scarabaeus
sacer et 1 Helicidae sp. ind.. Le nombre moyen de proies par
pelote est de 165,4 #177; 139 proies.
DAJOZ (2002), signale dans le contenu de 3 pelotes de la
cigogne collectées durant la migration de printemps dans la
région de Sede Boker en Israël, la composition suivante, en nombre
d'individus : Adesmia dilatata : 356 ; Adesmia abbreviata :
242 ; Pimelia boehmi : 190 ; Pimelia sp. : 150 ; Pimelia
grandis : 35 ; Sepidium tricuspidatum : 170 ; Erodius
edomitus : 86 ; autres Tenebrionidae : 51 ; autres Arthropodes :
182 (Total 1.462).
Toutefois, nos résultats dépassent largement
ceux obtenus dans différentes régions du pays. Sur un lot de 350
pelotes de la cigogne BOUKHEMZA (2000), a enregistré un minimum de 4
proies, un maximum de 219 proies et une moyenne de 46,2 proies par pelote. Pour
ZENNOUCHE (2002), 69 pelotes de la cigogne contiennent d'une seule proie
à 399 proies et en moyenne 79,7 proies par pelote.
En outre, une étude pareille à la nôtre,
réalisée au cours de la même année à
Tébessa, par SBIKI (2008), révèle que les pelotes de la
Cigogne blanche de cette région contiennent presque 6 fois moins de
proies que celles des cigognes de la région de Batna. En fait, SBIKI
(2008), a mentionné 2.718 proies dans 127 pelotes de C. ciconia
(21,4 proies par pelote).
Cette variation importante du nombre de proies dans les
pelotes, s'expliquerait non seulement par le besoin alimentaire de
l'espèce, qui lui-même dépend de ses stades
phénologiques, mais aussi par la richesse des milieux de gagnage et la
phénologie des proies.
Cependant, toutes les études faites en Algérie
et dans d'autre régions du monde s'accordent à dire que C.
ciconia est un échassier prédateur entomophage (SCHIERER,
1962-
1967 ; LAZARO, 1986 ; LAZARO et FERNÁNDEZ, 1991 ;
PINOWSKA et PINOWSKI, 1989 ; PINOWSKI et al., 1991). La part des
insectes dans son régime alimentaire dans la région de Batna est
de 99,23 % de l'effectif total des proies consommées.
A titre indicatif, ANTCZAK et al. (2002), mentionnent
83 % d'insectes, en Pologne. En Algérie, nos résultats sont
conformes à ceux obtenus par BOUKHEMZA (2000), ZENNOUCHE (2002), DJADDOU
et BADA (2006) et SBIKI (2008), qui mentionnent respectivement des taux de 94 %
; 94,3 % ; 97,3 % et 98,9 % d'insectes.
Dans cette étude nous n'avons pas fait
l'évaluation en biomasse des proies consommées. Néanmoins,
nous jugeons utile de citer des résultats de quelques auteurs qui
montrent une différence dans l'abondance en biomasse par rapport
à l'abondance en nombre. BOUKHEMZA (2000), indique que la cigogne
consomme, en termes de biomasse, 74,2 % d'insectes, 7,3 % d'arachnides et 17,9
% de vertébrés. ANTCZAK et al. (2002), notent 58 % de
petits mammifères, 22 % d'insectes et 11,5 % de vers de terre.
Dans la région de Batna, la part des
vertébrés entrant dans la composition du régime
alimentaire de la Cigogne blanche est de 0,13 % en termes d'abondance en
nombre. Ces vertébrés, représentés principalement
par des reptiles (Lacertidae) et des micromammifères
(Rodentia), ne sont retrouvés que dans les pelotes
collectées de la zone d'El Madher (15,63 % de fréquence
d'occurrence pour les reptiles et 6,25 % pour les mammifères). Ce qui
dénote d'une consommation sporadique des vertébrés.
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