3.2- Exploitation des milieux de gagnage par le
Héron garde-boeufs
Quant à B. ibis, cet échassier montre
une utilisation plus diversifiés des milieux de gagnage. Nous en avons
compté 10 milieux différents (Fig. 29B). Cependant, tout comme la
cigogne, il a une grande préférence aux prairies (29,67 %), aux
cultures basses (15,79 %), aux milieux fauchés (12,11 %) mais aussi aux
labours (19,9 %). Il utilise ainsi en moindre importance les bordures d'eaux
usées (5,59 %), les prairies inondées (4,25 %) et les friches
(2,62 %) (Fig. 29B). Ceci dénote du fait que l'espèce utilise de
plus en plus des milieux terrestres dans son alimentation.
Selon SBIKI (2008), dans la région de Tébessa,
le Héron garde-boeufs fréquente principalement les friches (27,38
%), les immondices (22,64 %), les cultures basses (17,41 %) et les labours
(16,54 %). Par contre, les prairies, les milieux fauchés et les mares
temporaires sont les moins utilisés. Les résultats de SBIKI
(2008) rejoignent ceux de FRANCHIMONT (1986b), qui indique que les labours et
les immondices fournissent la plus grande partie de nourriture destinée
aux garde-boeufs dans la région d'Ouezzane au Maroc.
Par ailleurs, en plus de ces milieux, le Héron
garde-boeufs s'alimente dans différents types de déchets, tels
les déchets des fermiers (fumier et déchets d'aviculteurs) et les
immondices (dépotoirs de rejets ménagers). Cette observation est
notée surtout dans la zone de Merouana.
Nos résultats sont comparables avec ceux de FRANCHIMONT
(1986b) au Maroc, BOUKHEMZA (2000) en Kabylie et SI BACHIR (2007) à
Béjaia. Néanmoins, BREDIN (1883-1984) et LOMBARDINI et al.
(2001) signalent qu'en Camargue le Héron garde-boeufs utilise en
plus de ces milieux, les milieux halomorphes, les ronciers, les rizières
et les marais d'eau douce ou salée.
La fréquentation des dépôts d'ordures par
le garde-boeufs n'a pas été observée en Camargue (BREDIN,
1984), contrairement à nos résultats, et à ceux obtenus
par RENCUREL (1972), DEAN (1978) et FRANCHIMONT (1986b) au Maroc, SI BACHIR
(2007) à Béjaia et
(A)
Ciconia ciconia
(B)
Pr. Rep. P. C. Elev. Pt. Rep.
Bubulcus ibis
Hiver. Pr. Rep. P. C. Elev. Pt. Rep.
Bordures d'eaux usées Prairies Friches
Labours Cultures basses Immondices
Prairies inondées Dépôts de fumier
Déchets d'aviculteurs
Milieux fauchés
Figure 30- Variation des taux globaux de la
fréquentation des milieux de gagnage selon les périodes
phénologiques chez la Cigogne blanche (A) et le Héron
garde-boeufs (B).
SBIKI (2008) à Tébessa.
Selon SALMI (2001), le fumier et les rejets des poulaillers
constituent une ressource renouvelable en larves d'insectes notamment de
Scarabaeidae. Ce dernier auteur a déterminé aussi un
fort pourcentage de larves de Scarabaeidae et de Rhizotrogus sp.
dans les pelotes de rejection du Héron garde-boeufs, tout en
mentionnant qu'ils ne sont jamais échantillonnées dans les
milieux de gagnages.
Selon ELKINS (2001), dans les habitats les plus exposés
(milieux ouverts), les oiseaux bénéficient
considérablement, pendant l'hiver, des ressources alimentaires
crées par l'homme : cultures d'hiver, chaumes, champs d'épandage,
déchets de nourriture de toutes formes.
Le Héron garde-boeufs est observé dans les
prairies pendant toutes les périodes phénologiques (Fig. 30B). Il
fréquente les cultures basses pendant les périodes d'hivernage et
de pré-reproduction et en période d'élevage des jeunes. Il
s'alimente également dans les labours presque pendant toutes les
périodes phénologiques. Mais, c'est pendant la période de
ponte et couvaison et la période d'élevage des jeunes
héronneaux, que l'espèce utilise des milieux plus
diversifiés. Pendant ces deux périodes, le Héron
garde-boeufs fréquente, en plus des prairies, des cultures basses, des
labours et des milieux fauchés, les déchets d'aviculteurs, les
prairies inondées, les immondices, les friches et les bordures d'eaux
usées (Fig. 30B).
La diversité des milieux exploités par le
Héron garde-boeufs est en relation avec l'opportunisme de cette
espèce qui fait varier son alimentation selon les disponibilités
des proies dans les milieux de gagnage d'une région donnée et
suivant les besoins alimentaires liés à la phénologie de
l'espèce (DOUMANDJI et al., 1992-1993 ; BOUKHEMZA , 2000 ; SI
BACHIR et al., 2001). Ceci serait considéré parmi les
facteurs de l'expansion de cet échassier.
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