5.2- Etat actuel des populations
5.2.1- Dans le monde
Depuis le début du XXème
siècle, le garde-boeufs est une espèce en pleine expansion tant
par l'évolution de son aire de répartition que par l'augmentation
locale de ses effectifs (SIEGFRIED, 1978 ; BREDIN, 1983).
En Afrique, à partir de l'Afrique tropicale,
l'espèce s'est répondue à travers toute l'Afrique
méridionale dès la fin du siècle dernier (BREDIN, 1983).
Ainsi, la colonisation a débuté à l'extrême sud
entre la fin du XIXème et le début du
XXème siècle avec une augmentation des effectifs et
des territoires occupés depuis la fin des années 1920 (VINCENT,
1947 ; SKEAD, 1956 ; SIEGFRIED, 1965-1966a).
En Afrique du Nord, le Héron garde boeufs a
également colonisé de nouvelles régions de plus en plus
méridionales. Au sud du Maroc, par exemple, cette espèce se
reproduit jusque dans la région de Ouarzazat (THEVENOT et al.,
1982) et à Tiznit depuis 1994 (KUSHLAN et HAFNER, 2000).
En Europe, l'espèce n'était jadis commune qu'en
Andalousie au XIXème (IRBY, 1895 in SARASA et
al., (1994) ; RIDDEL, 1944 ; VOISIN, 1991). Ce n'est qu'à la
fin des années 1960 que l'on observa une progression vers le nord
(FERNÁNDEZ-CRUZ, 1975). Selon KUSHLAN et HAFNER (2000), depuis les
années 1980, la distribution et les effectifs des couples nicheurs du
Héron garde-boeufs ont connu un grand essor, estimés à la
fin des années 1990, ils dépassent les 100.000 couples.
En France, la première observation du garde-boeufs en
Camargue remonte à 1953 et sa première reproduction à 1969
(HAFNER, 1970). Il a atteint la Brenne depuis 1992 où il devient
aujourd'hui une espèce banale (TROTIGNON, 2005). En Drôme et
Ardèche, FATON et coll. (2001), ont recensé deux couples
nicheurs en 1995 et 30 couples en l'an 2000. Il a niché pour la
première fois en Grèce en 1991 (GOUTNER et al., 1991) et
en Roumanie depuis 1997 (MUNTEANU, 1998). L'espèce, nichant depuis les
années 80 en Sardaigne, compte actuellement plusieurs centaines de
couples (GRUSSU, 1997) et un effectif augmentant en Italie (GRUSSU et
al., 2000, GUSTIN et al., 2001).
En zone semi-aride, en Israël, plusieurs nouvelles
colonies ont été signalées (SHY, com.
pers. in KUSHLAN et HAFNER, 2000) et même dans le delta
du Nil depuis 1990
(MEININGER et al., 1994). Selon KUSHLAN et HAFNER
(2000), en sus de ces nouvelles colonisations, les populations
déjà implantées dans le bassin
circumméditerranéen ont connu une nette progression des effectifs
au cours de la dernière décennie.
Sur le continent américain, bien que la première
capture de cette espèce remonte à 1937 (BLAKER, 1969), ce n'est
qu'à partir des années 1950 que l'on commença à
assister à une véritable conquête du nouveau monde (BREDIN,
1983).
D'après plusieurs auteurs, le Héron garde-boeufs
a colonisé le nouveau monde durant ce dernier siècle. Il est
observé aux Etats-Unis aux années 1940 (SPRUNT, 1953 in
FOGARTY et HETRICK, 1973 ; PALMER, 1962 in MILLER, 1979) ;
déclaré aux états d'Est, en Pennsylvanie, par GRUBE, 1962
(GRUBE, 1963), et à l'Ouest, au Colorado, en 1964 (BAILEY et NIE'DRACH,
1965 in MILLER, 1979). Par ailleurs, le garde-boeufs est
observé en Amérique centrale, à Costa Rica en 1954 (SLUD,
1957) et au Mexique par ZIMMERMAN en 1971 tout en citant qu'il est
déclaré déjà en 1964 par ALDEN (ZIMMERMAN,
1973).
En Amérique du Sud, B. ibis est signalé
pour la première fois au Pérou par STOTT en 1957 (MC FARLANE,
1975). Ce dernier auteur ajoute qu'à cause de sa grande dispersion, le
Héron garde-boeufs est observé dans plusieurs régions du
Pérou, à l'Est et à l'Oust, même à des
altitudes de 3.500 m et le long de toute la zone côtière, bien
qu'il est plus abondant dans les régions du nord. En effet, sa
première nidification à Cuba est notée en 1957 (ARENDT,
1988) et en Colombie en 1958 (LEHMANN, 1959). KREBS et al. (1994) et
BROOKS et DA'VALOS (2001), signalent sa dispersion aux îles Caraïbes
(Antilles) à partir de ces régions (Amérique du Sud)
durant cette même période (aux années 1950) tout en
soulignant que sa dispersion est continue jusqu'à nos jours
(observé pour la première fois à
l'Île-à-Vache aux années 1990-2000).
Selon BREDIN (1983), en plus de l'expansion naturelle,
certains individus furent introduits en Australie par des éleveurs
pensant qu'ils débarrasseraient le bétail de ses parasites. Au
Japon, IKEDA (1956), a noté un accroissement sensible de ses effectifs
dès les années 1950.
Parallèlement à cette expansion, la sous
espèce B. i. coromandus à commencer à coloniser
l'Australie, effectivement à partir des années 1940 (MORRIS, 1970
in MADDOCK, 1990 ; MADDOCK et BRIDGMAN, 1992) et par la suite elle a
atteint la Nouvelle Zélande aux années 1960 (TURBOTT et
al. 1963 ; GRANT, 1964), période depuis laquelle le nombre
d'oiseaux n'a pas cessé d'augmenter (HEATHER, 1978-1980-1982-1986-1991 ;
PRATT,
1979 ; CHILD, 1985 ; MORRISON, 1987 ; JACKSON et OLSEN, 1988 ;
MADDOCK, 1990 ; MADDOCK et GEERING, 1993 ; DOWDING, 1991).
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