INTRODUCTION
Le monde est devenu un " village planétaire »
selon une formule consacrée pour parler du contexte de
mondialisation. Ce processus de globalisation n'est pas toujours porteur
d'opportunités de développement à l'image des technologies
de l'information et de la communication. Il engendre dans son sillage beaucoup
de problèmes dont les conséquences sont souvent
désastreuses pour les populations les plus vulnérables. Dans une
certaine mesure, bon nombre de résolutions de la gouvernance mondiale
pour la mitigation et l'atténuation des effets
néfastes des changements climatiques entrent dans cette
logique. En effet, la promotion à outrance des agrocarburants dans les
pays du sud pour l'approvisionnement des pays du nord en bioénergie
reste problématique. Cette dynamique globale des interactions
environnement et développement se traduit localement par la mise en
oeuvre de projets d'agrocarburants sur les terres arables des pays pauvres.
Dans ces pays, les populations rurales deviennent des " victimes du conflit
pour l'usage des terres, identifié par les «4F»: Food, Feed,
Forest, Fuel (alimentation humaine, cultures pour l'alimentation du
bétail, protection des forêts et de la biodiversité, et
culture destinées à être transformées en carburant)
» (GANDAIS-RIOLLET N., LIPIETZ A., 2008). Cette situation est
créée en grande partie par la logique dominante qui s'appuie sur
des projets de monocultures d'agrocarburants pilotés le plus souvent par
des multinationales.
A côté de cette logique, des projets dits «
d'agrocarburants de proximité » sont mis en oeuvre pour tenter de
trouver des solutions locales au problème global en partenariat avec les
acteurs locaux. Ainsi, deux rapports à la paysannerie s'opèrent
aujourd'hui dans la conduite des projets d'agrocarburants.
Au Sénégal, ces deux modèles existent
à côté du programme national biocarburant lancé par
l'état en 2006. Cependant la « cohabitation » entre les
acteurs locaux, particulièrement les exploitations agricoles familiales
et les projets aux enjeux globaux, suscite beaucoup d'interrogations. Les
détracteurs reprochent généralement aux agrocarburants
d'être à l'origine de beaucoup de méfaits notamment la
volatilité des prix des produits agricoles, la déforestation
massive, l'accaparement des terres fragilisant l'agriculture paysanne, la
compétition avec les cultures alimentaires au risque de voir les
agriculteurs s'y détourner.
C'est dans ce cadre que s'inscrit le champ
d'intérêt de mon mémoire. En effet, je me propose
d'investiguer les stratégies des exploitations agricoles familiales qui
se sont engagées dans les projets d'agrocarburants de proximité.
Dans cette optique, je vais partir des cadres
contextuel, théorique et conceptuel du thème des
agrocarburants avant de m'intéresser spécifiquement à la
relation entre un projet de plantation de Jatropha de proximité et les
exploitations agricoles familiales impliquées dans le département
de Foundiougne au Sénégal. Ainsi, il sera question de la
caractérisation et de la typologie structurelles de ces exploitations,
de leurs contraintes et stratégies de survie et le mode
d'intégration du Jatropha dans leurs systèmes de production.
Ensuite, les logiques des acteurs directs, indirects, locaux et nationaux
seront abordées avant de terminer par des propositions d'actions pour
une réponse appropriée d'un tel projet de Jatropha de
proximité aux besoins énergétiques locaux comme
alternative aux monocultures d'agrocarburants promues par le modèle
dominant.
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