9.4. Situation d'adoption (adoptabilité) des
technologies d'agroforesterie à base d'Acacia
Parmi les technologies agroforestières à
base d'Acacia, qui étaient mises en
vulgarisation sur tout le plateau d'Abomey-Calavi dans le Sud-Bénin, il
y avait :
n le « choc Acacia
», indiqué pour le relèvement de la fertilité des
sols de terre de barre dégradée (Djegui, 1992 ; Versteeg
et al., 1998) ; c'est aussi une jachère
plantée ou friche plantée ;
n la culture en couloirs ou « alley-cropping »
du programme AFNETA (African Network for Agroforestry) coordonné par
l'IITA ;
n la jachère plantée à objectif
lutte contre Imperata cylindrica ;
n la culture en bandes alternées, qui est une
amélioration de la culture en couloirs avec la possibilité de
produire plus de biomasse pour le relèvement de la fertilité du
sol ;
n la plantation de contours des champs ou plantation
de clôture ou de haie.
Ils convient de signaler que les couloirs n'ont pu
être identifiés séparément faute de cultures
intercalaires pendant la période d'enquête. Toutefois, ce
système a existé dans ce terroir (Akonde et
al., 1995) avec l'appui du Projet Bois de Feu et du CARDER
Atlantique.
9.4.1. Situation d'adoption des technologies
d'agroforesterie à
base d'Acacia
La fréquence des grandes catégories
d'acteurs socio-économiques de l'Arrondissement Administratif de
Ouèdo dans l'adoption des technologies à base d'A.
auriculaeformis est présentée dans le tableau
LVII.
Tableau LVII. Fréquences des différents
corps de métier sur l'adoption des
technologies a base d'Acacia auriculaeformis
dans l'arrondissement de Ouèdo
Profession
|
Fréquence absolueFréquence
|
relative (p.c. )
|
Cultivateur/fermier
|
20
|
40
|
Fonctionnaire
|
14
|
28
|
Commergant
|
5
|
10
|
Artisan
|
4
|
8
|
Autres
|
7
|
14
|
Total
|
50
|
100
|
Les producteurs agricoles notamment les paysans et
fermiers planteurs sont les plus représentés avec une
fréquence relative de 40 p.c.. Ils sont suivis des salariés
à temps partiel dans l'agriculture avec pour fréquence relative
de 28 p.c. les artisans constituent la catégorie la moins
représentée avec 8 p.c.. La représentation des femmes dans
l'échantillon des 50 exploitations est de 10 p.c. (tableau LVIII). Les
catégories socio-économiques présentes sont surtout les
commerçantes. Les hommes représentent les 90 p.c. de
l'échantillon. Tandis que les objectifs de plantation d'A.
auriculaeformis sont résumés dans le tableau LIX.
Les arbres conservés sur l'espace agricole, instruments de
sécurisation foncière ont la plus forte fréquence relative
(36 p.c.). La foresterie et l'agroforesterie, à travers leurs
différentes composantes ont des fréquences relatives
respectivement pour la production de bois (26 p.c.) et la jachère
plantée en vu de l'amélioration de la fertilité des terres
cultivées (20 p.c.), la plantation d'A.
auriculaeformis pour la lutte contre Imperata
cylindrica (10 p.c.) et la production de branchages pour la
pisciculture traditionnelle aux acadjas (8 p.c.).
Tableau LVIII. Participation du genre dans la formation
des fréquences des acteurs
socio-économiques
Profession
|
Sexe des enquêtés
|
Féminin
|
Masculin
|
Fréquence
|
Fréquence
|
absolue
|
|
relative (p.c. )absoluerelative
|
(p.c. )
|
Cultivateur/fermier
|
0
|
0,0
|
20
|
100,0
|
Fonctionnaire
|
0
|
0,0
|
14
|
100,0
|
Commergant
|
2
|
40,0
|
3
|
60,0
|
Artisan
|
0
|
0,0
|
4
|
100,0
|
Autres
|
3
|
42,9
|
4
|
57,1
|
Total
|
5
|
10,0
|
45
|
90,0
|
Tableau LIX. Fréquence des objectifs de plantation
sur l'adoption des
technologies a base d'Acacia auriculaeformis
dans l'arrondissement de Ouèdo
Objectifs
|
Fréquence absolueFréquence
|
relative (p.c. )
|
Foncier
|
18
|
36
|
Production de Bois
|
13
|
26
|
Jachère plantée
|
10
|
20
|
Chiendent
|
5
|
10
|
Acadja
|
4
|
8
|
Total
|
50
|
100
|
Les objectifs de plantation ainsi recensés
représentent les différentes formes d'appropriation de ces
technologies agroforestières à base d'A.
auriculaeformis dans les 23 villages échantillons de
l'Arrondissement de Ouèdo (Tableau LX).
Il y a une unanimité pour tous les acteurs
recensés dans les plantations d'A.
auriculaeformis, autour de la sécurisation foncière.
Tous ont planté aussi pour la production du bois à l'exclusion
des artisans. Ils se sont tous investis au niveau de leurs exploitations
surtout les paysans et artisans, dans la jachère plantée à
l'exception des seuls commerçants.
On observe ainsi et avec Neef (1997) que la
sensibilité à la sécurité foncière est
liée à la proximité de centres urbains. L'arrondissement
de Ouèdo est situé à 5 km d'Abomey-Calavi, ville
universitaire et à 15 km de Cotonou, la plus grande ville du
Bénin. Ce qui rejoint l'argument de Neef (1997) encore est que la
sécurité foncière est un facteur-clé dans
l'adoption de systèmes agraires durables, système agraire
bâti autour de l'arbre.
Des variables pour les paramètres socio-techniques
sont analysés et résumés au tableau LXI.
Tableau LX. Formes d'appropriation des technologies
agroforestieres a base d'A.
auriculaeformis dans Ouedo
Profession
|
Objectifs
|
'mperata
|
Foncier
|
Jachare plantée
|
Production de Bois
|
"Acadja"
|
,
Fréquence
|
Fréquence
|
Fréquence
|
Fréquence
|
Fréquence
|
absolue
|
relative (p.c.
)
|
absolue
|
relative (p.c.
)
|
absolue
|
relative (p.c.
)
|
absolue
|
relative (p.c.
)
|
absolue
|
relative (p.c.
)
|
Cultivateur/fermier
|
3
|
15,0
|
5
|
25,0
|
5
|
25,0
|
4
|
20,0
|
3
|
15,0
|
Fonctionnaire
|
2
|
14,3
|
5
|
35,7
|
3
|
21,4
|
4
|
28,6
|
0
|
0,0
|
Commergant
|
0
|
0,0
|
3
|
60,0
|
0
|
0,0
|
2
|
40,0
|
0
|
0,0
|
Artisan
|
0
|
0,0
|
3
|
75,0
|
1
|
25,0
|
0
|
0,0
|
0
|
0,0
|
Autres
|
0
|
0,0
|
2
|
28,6
|
1
|
14,3
|
3
|
42,9
|
1
|
14,3
|
Total
|
5
|
10,0
|
18
|
36,0
|
10
|
20,0
|
13
|
26,0
|
4
|
8,0
|
Tableau LXI. Caracteres socio-techniques des plantations
dans l'Arrondissement
de Ouedo
Profession
|
Age du planteur
|
Superficie (m2)
|
Age de la plantation
|
Ecartement
|
p
|
a
|
e
|
p
|
a
|
e
|
p
|
a
|
e
|
P
|
a
|
e
|
Cultivateur/fermier
|
41,7
|
11,7
|
2,6
|
|
17625,020234,14524,5
|
|
3,3
|
2,1
|
0,5
|
1,9
|
0,6
|
0,2
|
Fonctionnaire
|
52,0
|
10,2
|
2,7
|
|
16384,611425,83168,9
|
|
4,0
|
3,5
|
0,9
|
2,1
|
1,4
|
0,5
|
Commergant
|
41,8
|
8,2
|
3,7
|
12500,0
|
7500,0
|
3354,1
|
3,3
|
2,5
|
1,5
|
2,0
|
0,0
|
0,0
|
Artisan
|
45,8
|
13,0
|
6,5
|
9250,0
|
1500,0
|
750,0
|
3,3
|
0,5
|
0,3
|
1,5
|
0,0
|
0,0
|
Autres
|
43,3
|
6,4
|
2,4
|
9478,6
|
6428,1
|
2429,6
|
2,2
|
1,4
|
0,6
|
2,0
|
0,6
|
0,3
|
Table Total
|
45,1
|
11,0
|
1,6
|
|
14925,514694,52099,2
|
|
3,4
|
2,5
|
0,4
|
1,9
|
0,9
|
0,1
|
p = Moyenne a = Ecart-type e = Erreur-type de la
moyenne
Les acteurs socio-économiques qui se retrouvent
à la base de ces formes d'appropriation des technologies à base
d'A. auriculaeformis se situent dans la tranche
d'âge moyenne de 42 à 52 ans avec une taille moyenne
d'exploitation par catégorie d'acteurs socio-économiques de 1,49
ha. Certes, l'âge moyen des plantations varie entre 2 et 4 ans. Par
ailleurs, parlant des écartements de plantation, ils se situent entre
1,5 et 2,1 m. Cependant, il a été observé des
écartements inférieurs à 1,5 m. En effet, est apparue
l'adaptation de la technologie à d'autres préoccupations que
celles diffusées par l'encadrement rural.
Les paysans et d'autres acteurs, comme par exemple les
pêcheurs ont planté pour un objectif de production de branchages
d'Acadja jusque là
provenant des friches et forêts secondaires et,
à cet effet ont observé des écartements de plantation
conséquents (1 m x 1 m). On pourrait réagir comme Rhoades (1994)
qui a étudié le rôle des agriculteurs dans la
création de la technologie, pour dire que nous avons été
surpris de voir que l'application de la technique différait de nos
attentes. Néanmoins, c'est seulement 8 p.c. de la technologie et non 98
p.c. que les agriculteurs n'avaient pas « adoptée » telle
qu'elle leur était présentée dans le cadre de la
vulgarisation, mais ils avaient « adapté » l'idée aussi
à leurs besoins non couverts. On en déduit que l'adoption n'est
pas une simple appropriation, mais aussi l'adaptation de la technologie
proposée aux réalités des bénéficiaires par
ceux-ci.
Il faut rappeler par ailleurs qu'A.
auriculaeformis est une essence à croissance rapide et donc
de courte rotation. Le renouvellement des plantations a préoccupé
tous les acteurs socio-économiques à travers leur
appréciation des régimes de
régénération.
|
|