Chapitre 7 : Gestion de la fertilité du
sol
7.1. Gestion de la fertilité physique et
chimique du sol en rapport avec la dynamique de la matière organique du
sol
Au plan pratique pour accroître le stock de
carbone dans le sol ou la séquestration du carbone, diverses pratiques
peuvent être explorées :
· il est conseillé de réduire ou
supprimer le labour conventionnel par la pratique de zéro labour (Lal
et al., 1998) ; toutefois, Bricklemyer et MIller
(2002) des Universités des États de Montana et de Colorado, en
utilisant un modèle de prédiction de changement dans le stock du
carbone du sol, a constaté que si le modèle est sensible aux
effets de la teneur en argile dans la prédiction du stock de carbone
organique du sol, le modèle était insensible aux effets de la
texture du sol sur la séquestration du carbone quant à
l'utilisation de la technique de zéro labour dans le Nord du Montana
Central ;
· procéder à une fertilisation
adéquate ou à un apport d'engrais appropriés par exemple
contenant du Ca2+ et autres cations multivalents ;
· accroître l'intensification des cultures
par la réduction par exemple de la fréquence des jachères
;
· le rapport C/N est crucial pour la
séquestration de carbone organique du sol (molécules
recalcitrantes), de la qualité du matériel végétal,
donc de la matière organique dont dépend l'importance du stock de
carbone organique du sol.
7.2. Caractérisation de la matière
organique d'Acacia auriculaeformis
Les résultats concernent :
· la production de la litière
d'A. auriculaeformis à Pahou et le potentiel
chimique de cette litière,
· la caractérisation des émondes
ou de la matière organique fraîche d'A.
auriculaeformis des stations forestières de Pahou,
Sèmè et Ouèdo, puis le potentiel chimique de cette
biomasse fraîche,
· la decomposition de la matière
organique fraîche de cette espèce sur les trois stations
caracterisees par les types de sols successifs tels que :
> sols ferrugineux tropicaux à
Pahou,
> sols mineraux bruts à
Sèmè,
> sols ferrallitiques à
Ouèdo.
7.2.1. Production et caractéristiques du potentiel
agrochimique de la litière d'A. auriculaeformis
Les resultats d'analyse de la litière de la
parcelle P1-90 Pahou ont servi à calculer les moyennes et l'ecart-type
par mètre carre pour chaque paramètre evalue par couches de
litière definies de haut en bas (Tableau XXII), puis agregees (Tableau
XXIII). Parmi les agents de la decomposition de cette litière et au
niveau de la macrofaune presente, les iules
(Stemmiulus sp., Stemmiulidae) qui constituent un
groupe typique de la faune endogee ont ete aussi inventories pour leur
contribution à ce potentiel agrochimique de la litière (Tableau
XXIV).
Tableau XXII. Teneur moyenne de la litiere d'A.
auriculaeformis en elements
chimiques dans une plantation de 8 ans, a
Pahou
Couches de litières
|
Elements chimiques en g/kg de litière
matière seche
|
N
|
P
|
K
|
Mg
|
Ca
|
|
Moyenne (p)
|
14,12
|
0,16
|
0,5
|
0,38
|
1,45
|
1ere couche
|
Ecart-type (a)
|
1,61
|
0,05
|
0,07
|
0,06
|
0,18
|
|
Coefficient de variation (p.c.)
|
11
|
31
|
15
|
15
|
12
|
|
Moyenne (p)
|
15,3
|
0,17
|
0,38
|
0,42
|
1,83
|
2eme couche
|
Ecart-type (a)
|
2,9
|
0,05
|
0,06
|
0,05
|
0,26
|
|
Coefficient de variation (p.c.)
|
19
|
33
|
17
|
12
|
14
|
|
Moyenne (p)
|
8,6
|
0,06
|
0,14
|
0,18
|
0,66
|
3eme couche
|
Ecart-type (a)
|
2,4
|
0,05
|
0,03
|
0,04
|
0,16
|
|
Coefficient de variation (p.c.)
|
28
|
83
|
22
|
22
|
24
|
Tableau XXIII. Teneur moyenne en elements N, P, K, Mg et
Ca exprimée en kg.ha-
I de la litiere d'Acacia
auriculaeformis dans une plantation de 8 ans, a Pahou
Matière seche (kg/ha ) Composition en elements
chimiques (kg/ha
N P K Mg Ca
Moyenne 1 p a pa p a p a p a
41 130 10 770 402,87 109,47 3,46 1,18 10,08 9,07 9,3 2,01 35,06
8,12
p = Moyenne a = Ecart-type
Tableau XXIV. Teneur moyenne en elements N, P, K, Mg et
Ca de la biomasse des
iules ramasses dans la litiere d'Acacia
auriculaeformis a Pahou
Matiere seche (kg/ha ) Composition en elements
chimiques (kg/ha )
C N P K Mg Ca
Moyenne
|
34
|
8,84
|
1,34
|
0,41
|
0,03
|
0,08
|
0,97
|
Ecart-type
|
9,57
|
1,72
|
0,42
|
0,17
|
0,01
|
0,03
|
0,35
|
Coefficient de variation (p.c.)
|
28
|
19
|
31
|
40
|
38
|
36
|
36
|
Les couches de litières (tableau XXII) sont
surtout caractérisées par leurs concentrations en N total faibles
(<2 p.c.) et leurs rapports C/N relativement élevés qui sont
de 34,27 et 16,00 respectivement pour la 1ère couche, la
2ème couche et la 3ème couche,
identifiées de la surface en profondeur. Les deux premières
couches sont constituées de débris végétaux, de
feuilles, de bractées et de gousses, puis caractérisées
par leurs rapports C/N élevés. Ces deux couches peuvent
être dans le bilan organique, qualifiées de fractions peu ou pas
humifiées que Pieri (1989) classe dans le Compartiment Matière
Organique (CMO) sous l'appellation fraction «C libre ». La
dernière couche peut être qualifiée de couche
humifiée, adsorbée sur une fraction minérale et
qualifiée de la fraction «C fom ».
Avec le tableau XXIII qui fait la synthèse de
l'évaluation de la litière à Pahou, la matière
sèche est évaluée à 41 130 kg.ha-1 avec
une teneur moyenne en azote de 402,87 kg.ha-1. Cette valeur est
proche de celle obtenue par Zakra (1997) dans la région du littoral du
Sud-Est de la Côte d'Ivoire avec un potentiel de restitution de 350
kg.ha-1 et 420 kg.ha-1 respectivement pour
A. auriculaeformis et A.
mangium après un traitement de recépage tous les 4
ans. Toutefois, la litière à Pahou est pauvre en K (10,08
kg.ha-1) et Mg (9,3 kg.ha-1) contre respectivement 38
kg.ha-1 et 25 kg.ha-1 signalés en Côte
d'Ivoire. Par ailleurs, la teneur moyenne de la litière en N reste aussi
faible (tableau XXII). On observe en effet que la concentration en N pour les
deux premières couches de litière est d'environ 1,5 p.c. (soit
< 2 p.c.). Ce constat de la pauvreté
d'Acacia en N est similaire au résultat obtenu
au Zimbabwé par Chikowo (2004), qui constate que ce matériel
légumineuse utilisé par les paysans en Afrique Australe est
souvent de concentration en N < 2 p.c.. L'apport d'un tel matériel de
légumineuse dans les systèmes agroforestiers dans le
Sud-Bénin nécessite donc un apport complémentaire d'azote
minéral.
En complément à cette biomasse
litière, les iules dans les débris d'A.
auriculaeformis (Figure 40), sont en nombre variable, 2 à 8
par m2. La moyenne en nombre des 25 échantillons a
donné 2,45 #177; 0,58 par m2 (coefficient de variation p.c.
23,5) soit une biomasse de cette macrofaune en g de matière sèche
par m2 de 3,4 #177; 0,95 (coefficient de variation p.c. 28). Ces
résultats sont à rapprocher de ceux de Djakou et
al. (1986) qui en appréciant le rôle de ces
myriapodes diplopodes dans la décomposition des litières en zone
forestière de Côte d'Ivoire, estiment aussi le nombre des iules
variable dans une classe d'amplitude plus large, de 10 à 20 par
m2 pour une biomasse similaire, de 2 g. Cependant, la contribution
chimique de cette biomasse animale reste faible (tableau XXIV). Il faut
signaler que Attignon (2004) s'est intéressé aux relations
existantes entre des taux de décomposition successifs des
litières de certaines espèces forestières et l'abondance
relative des invertébrés qui y vivent dont les iules. Mais, les
travaux de Attignon ont surtout fait connaître une nouvelle espèce
d'iule, Stemmiulus lama, n.sp.(Diplopoda :
Stemmiulidae), de la réserve naturelle de Lama au
Bénin.
Figure 40. La biomasse des iules dans la li~iere
d'Acacia auriculaeformis a Pahou
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