On distingue deux types de paysages
végétaux au Bénin :
· dans le Sud, la végétation
naturelle primaire est remplacée par une mosaïque de cultures et de
jachères avec ça et là des îlots de forêts
reliques dites forêts sacrées (Agbo et Sokpon, 1998) et des
savanes anthropiques. Les zones inondées portent des formations
marécageuses et même des mangroves à Avicennia
africana et Rhizophora racemosa
là où prédominent les eaux saumâtres;
· dans les régions soudaniennes au
Nord du bassin sédimentaire et jusqu'à la latitude de Kandi, une
savane arborée dominée par le néré
(Parkia biglobosa Jacq., Benth), le karité
(Vitellaria paradoxa, Gaertn. F), le
cailcédrat (Khaya senegalensis, Jacq.) et le
kapokier (Ceiba pentandra Gaertn. F) ; cette savane
est coupée de réserves et de forêts classées qui
sont des formations décidues et semi-décidues. Sur les bordures
soudano-sahéliennes on rencontre une savane arborée et arbustive
caractérisée par des épineux et des rôniers
(Borassus aethiopum Martius). La
végétation n'est vraiment dense que le long des cours d'eau
(forêts-galeries).
Ce manteau vert du Bénin en ce qui concerne les
détails de la couverture végétale est décrit par
Agbahungba et al. (2001).
Toutefois, des travaux plus récents de
Akoegninou (2004) à partir des études phytosociologiques à
la lumière de l'analyse factorielle des correspondances (AFC),
distinguent 7 types de forêt constitués de 30 groupements
végétaux au Bénin. Ces forêts sont
rassemblées en deux grands groupes de formations :
· les formations climatiques avec les forêts
denses humides semi-décidues (FDHSD), les forêts denses
sèches (FDS) et les forêts claires (FC) ;
· les formations édaphiques avec les
forêts marécageuses (FM), les forêts ripicoles (FR), les
forêts galeries (FG) et les mangroves (Mang).
Les formations climatiques
Les formations climatiques regroupent les forêts
denses humides semidécidues, les forêts denses sèches et
les forêts claires.
· Forêts denses humides semi-décidues,
trois groupes s'individualisent :
V' le groupe (GI), constitué des forêts
denses humides semi-décidues du Sud et situé sur sols
ferrallitiques ;
V' le groupe (GII), formé des relevés
plus septentrionaux, toujours sur sols ferrallitiques, dont l'espèce
dominante est Celtis zenkeri ; c'est le groupement
à Celtis zenkeri ;
V le groupe (GIII), constitué sur sols mal
drainés du Sud, dont les espèces dominantes sont
Dialium guineense et Cynometra
megalophylla ; c'est le groupement à Dialium
guineense et Cynometra
megalophylla.
· Forêts denses sèches, deux
sous-unités se distinguent :
V' une sous-unité sur les affleurements rocheux ;
la sous-unité (SUI) formant le groupement à
Hildegardia barteri et Aphania
senegalensis.
V' une sous-unité sur les plateaux de terre de
barre; la sous-unité (SUII)
constituée de quatre (4) groupements qui se sont
individualisés :
V' le groupement à Albizia
glaberrima et Diospyros abyssinica ;
rencontré dans les zones guinéenne et
soudano-guinéenne ;
V' le groupement à Mimusops
kummel et Manilkara multinervis,
toujours observé en zone soudano-guinéenne ;
V' le groupement à Pterocarpus
erinaceus et Terminalia glaucescens,
recensé en zones soudano-guinéenne et soudanienne ;
V' le groupement à Tamarindus
indica et Cassia sieberiana
identifié dans la partie septentrionale de la zone
soudanienne.
· Forêts claires, les forêts claires
sont divisées en trois groupes : V' le groupe (GI) a
présenté 3 groupements :
V' le groupement à Isoberlinia
doka et Burkea africana ;
V' le groupement à Isoberlinia
tomentosa et Isoberlinia doka et
V' le groupement à Uapaca
togoensis et Monotes
kerstingii.
V' le groupe (GII) où Anogeissus
leiocarpus domine : c'est le
groupement à Anogeissus
leiocarpus et Pterocarpus
erinaceus.
V' le groupe (GIII) où l'espèce
Lophira lanceolata est dominante : c'est le
groupement à Lophira lanceolata et
Anthocleista djalonensis.
Les formations édaphiques
Les formations édaphiques comprennent les
forêts marécageuses, les forêts ripicoles, la mangrove et
les galeries forestières.
· Forêts marécageuses, ces
forêts ont été discriminées en trois groupements
végétaux :
V' le groupement à Cleistopholis
patens et Symphonia globulifera ;
V' le groupement à Syzygium
guineense et Chionanthus niloticus ;
V' le groupement à Alstonia
congensis et Psychotria
articulata.
· Forêts ripicoles, les trois groupements
végétaux déterminés sont les suivants :
V' groupement à Maranthes
robusta et Symphonia globulifera ;
V' groupement à Pterocarpus
santalinoides et Cola laurifolia; V
groupement à Berlinia grandiflora
et Cynometra vogelii.
· Galeries forestières, ici il y a deux
grands ensembles de groupements :
V' l'ensemble I avec les
trois groupements discriminés suivants :
· groupement à Parinari
congensis et Pterocarpus santalinoides ;
· groupement à Syzygium
guineense et Uapaca togoensis ;
· groupement à Celtis toka
et Garcinia livinstonei ; V' l'ensemble
II avec les deux groupements discriminés ci-après :
· groupement à Cynometra
megalophylla et Cola gigantea ;
· groupement à Manilkara
multinervis et Cola gigantea var. glaberescens.
· Mangrove, les groupements végétaux
identifiés sont les suivants : V' groupement à
Rhizophora racemosa ;
V' groupement à Rhizophora racemosa
et Avicennia germinans ; V' groupement à
Avicennia germinans ;
v' groupement à Dalbergia
ecastaphyllum et Machaerium lunatum.
L'analyse factorielle des corespondances successives
de l'ensemble des relevés de terrain a permis de distinguer aussi un
total de 23 groupes écologiques dans l'ensemble des formations
végétales discriminées.
Akoègninou (2004) a aussi abordé la
variation de la structure et la composition floristique des différentes
forêts ainsi que leurs groupements en fonction des divers facteurs du
milieu et de la latitude.
La richesse spécifique des forêts
actuelles du Bénin varie beaucoup d'une formation à une autre,
d'un groupement à un autre et à l'intérieur d'un
même groupement. Les forêts denses humides semi-décidues
sont les plus diversifiées. Elles comptent 517 espèces. Elles
sont suivies des galeries forestières (342 espèces) et des
forêts denses sèches (341 espèces). La plus faible
contingence floristique est obtenue dans la mangrove (17 espèces). La
plus importante surface terrière (49,01 m2. ha-1)
est enregistrée en forêts denses humides semidécidues. Les
galeries forestières arrivent en deuxième position (42,13
m2. ha-1). Elles sont suivies par les forêts denses
sèches avec 33,23 m2. ha-1. La plus faible aire
basale est en mangrove qui est une formation très dégradée
au Bénin. Le plus grand nombre de tiges à l'hectare est de 544
dans les forêts denses humides semi-décidues. Il n'est que de 143
dans la mangrove. Les plus grands diamètres des arbres sont toujours
enregistrés dans les forêts denses humides semi-décidues.
Viennent les forêts ripicoles (34,05 cm). On tire de ces travaux
d'Akoègninou (2004) que la forêt béninoise actuelle
présente une très grande diversité floristique et de
végétations ; mais est pauvre en bois.
La présente étude concerne la partie
Sud du Bénin qui s'étend jusqu'au 8ème degré de
latitude Nord couvrant le littoral et le sub-littoral avec une orientation
conséquente liée au faible potentiel en bois, une option
agroforestière (production du maïs et du bois).