2.1.1.2. CADRE POLITIQUE
L'histoire politique de la République
Démocratique du Congo est caractérisée par la crise de
légitimité du pouvoir au lendemain de son accession à la
souveraineté tant nationale qu'internationale provoquant ainsi des
guerres, des rebellions et des mutineries. Elle est dominée par une
grande crise hégémonique des forces modérées
soutenues par des pays occidentaux et des multinationales profitant dans la
foulée l'exploitation illégale des ressources minières du
pays.
Le gouvernement mis en place à l'issue des
accords de Sun City du 17 décembre 2002 (accord global et inclusif),
s'était fixé comme objectif prioritaire l'organisation du
referendum pour doter le pays d'une constitution et l'organisation des
élections libres, démocratiques et transparentes en vue de
remettre le pouvoir au souverain primaire de choisir ses dirigeants et
représentants, pari que ce gouvernement de transition avait
réussi. La constitution étant adoptée et promulguée
le 18 février 2006 par le chef de l'Etat et l'organisation des
élections avec en toile de fond l'installation des institutions issues
des urnes avec l'aide de la communauté internationale, le pays se dota
depuis lors d'un ambitieux programme de reconstruction nationale sous le label
des cinq chantiers de la République. La stabilité
politique retrouvée, bien qu'il y a encore des poches
d'insécurité surtout à l'Est du pays, le gouvernement
active sa diplomatie pour faire entendre sa voix sur la scène politique
internationale et cela se manifeste à travers sa participation
remarquable dans des organisations régionales, dont dans certaines, le
pays à travers son chef de l'Etat, assume la présidence tournante
notamment la Communauté Economique des Etats d'Afrique Australe (SADC),
la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC),le
Marché Commun d'Afrique Orientale et Australe (COMESA), la
Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL).
Cela dit, voyons le cadre économique.
2.1.1.3.CADRE ECONOMIQUE
La gouvernance économique et financière
en République Démocratique du Congo de façon
générale nous révèle que le souci d'assainir le
cadre macroéconomique est confronté aux difficultés
d'ordre structurel paralysant ainsi la consolidation de la stabilité
macroéconomique et la croissance, affectant très
négativement les possibilités de réduction de la
pauvreté et surtout l'atteinte même de quelques voire un OMD
(Objectifs du Millénaire pour le Développement).
Cependant, bien que frappée de plein fouet par
la crise financière internationale, les autorités de la
République Démocratique du Congo, n'ont pas pour autant baisser
les bras, avec une discipline exemplaire en matière de gestion et
d'organisation ainsi qu'une gestion rigoureuse des deniers publics en se
conformant aux instructions du Document Stratégique pour la Croissance
et la Réduction de la Pauvreté (DSCRP) et de Plans d'Ajustement
Structurel (PAS), documents imposés par le Fonds Monétaire
International (FMI) et la Banque Mondiale, le pays a pu finalement
accéder au fameux point d'achèvement de l'Initiative
Pays
Pauvres Très Endettés (I-PPTE), quatre
jours après la commémoration du cinquantième anniversaire
marquant l'accession du pays à l'indépendance le 30juin 2010
à l'issue de la réunion des conseils d'administration du FMI et
de la Banque Mondiale, bénéficiant de l'annulation d'environ 90%
d'une dette odieuse évaluée jusqu'au premier semestre de 2010
à USD 13 milliards, et dont les service de la dette pesait lourdement
dans le budget de l'Etat congolais.
A. DEVELOPPEMENT RURAL ET AGRICULTURE
Jusqu'en décembre 2008, « près de
80% de la population vivent en milieu rural avec comme activités
principales : l'agriculture, la pèche et l'élevage »
(Ministère du Plan/RDC, DSCRP juillet 2010, p.30).
En outre, en dépit des conditions naturelles
favorables pour l'agriculture en République Démocratique du Congo
et la fertilité de son sol, « 96% des terres arables
bénéficient d'une saison culturale de plus de huit mois dans
l'année, 135 millions d'hectares des terres agricoles, soit 34% du
territoire national dont 10% seulement sont mise en valeur » (RDC, DSCRP
juillet 2010, p.30).
Le sol congolais est encore à son état
naturel, inexploité depuis que le Congo est Congo (RDC), ce qui implique
que le secteur agricole connait une faible production entrainant
l'insécurité alimentaire, la hausse des importations et la baisse
des exportations des produits agricoles.
Il faudrait noter que le gouvernement congolais avait,
depuis 2008, doté toutes les provinces du pays des tracteurs agricoles
pour la relance de la production, mais le manque de suivi et d'un budget
important ont toujours entrainé l'arrêt des engins et des travaux,
à cela s'ajoute les problèmes de manque des pièces de
rechange et de carburant. En outre, le disfonctionnement des trains et surtout
pour la Société Nationale de Chemin de Fer du Congo et
l'impraticabilité des routes dans l'arrière pays du fait de
délabrement très avancé de cellesci, découragent
les opérateurs économiques et agriculteurs qui assistent
impuissamment à la destruction par la pluie de leurs produits suite
à la non évacuation de ceux-ci de centres de production
(villages) vers les centres de consommation.
américain a décidé d'exclure la
République Démocratique du Congo depuis fin 2010 de son programme
« AGOA », programme qui permet aux pays en développement
d'exporter les produits agricoles vers les USA à des conditions
douanières favorables. Pourtant, ce programme a permis de gagner en 2010
environ USD 300 millions. Il sied de noter aussi que le secteur agricole
représente une part importante du PIB dont « 46,7% en 2005 et 47,4%
en 2006 » (BAfD/OCDE, 2007-2008, p.233, p.258) pour ne citer que
cela.
B. FORET ET ENERGIE
La forêt équatoriale de la
République Démocratique du Congo est classée
première en Afrique et deuxième au monde après l'Amazonie
du Brésil, le pays joue un rôle important dans la
préservation de l'environnement et des écosystèmes dans le
monde. Mais le secteur forestier est surtout caractérisé par une
exploitation irrationnelle de la biodiversité et de bois du fait de la
faiblesse des autorités, le non respect des textes légaux et
réglementaires en la matière ce qui facilite l'évasion, la
fraude voire les détournements des recettes de l'Etat et la
dégradation de l'environnement, la non application du code forestier et
de la loi sur conservation de la nature.
« Dans le domaine de l'électricité,
les projets prolifèrent. La SNEL (Société Nationale
d'Electricité) a entrepris en 2005 un plan de sauvetage et de
redressement sur deux ans, pour un total de 263,3 millions de dollars. La RDC
dispose d'un gigantesque potentiel hydro-électrique, 100 000
mégawatts environ, dont 44 000 mégawatts concentrés sur le
seul site d'Inga, qui comporte deux stations pour une capacité
installée totale de 1774 mégawatts. En 2006 Inga n'a produit que
700 mégawatts. Plusieurs projets ont été
déjà identifiés au départ d'Inga vers d'autres pays
africains et notamment les pays de la SADC. Les estimations de couts indiquent
qu'une centrale Inga 3 couterait 3,5 milliards de dollars pour une puissance
installée de 3 500 mégawatts à l'horizon 2010. Le projet
Grand Inga, quant à lui, exigerait des investissements de 5,66
milliards de dollars, pour une puissance installée de 13 500
mégawatts...
La RDC est l'un des rares pays d'Afrique oil les
questions de désertification et de pénurie d'eau ne se posent
pas. Dense, le réseau hydrographique comprend une trentaine des
rivières totalisant plus de 20 000 kilomètres de berges et le
fleuve Congo, long de 4 670 kilomètres avec, à l'embouchure, le
deuxième débit le plus important du globe (40 000 m3
d'eau par seconde). La RDC est aussi le pays le plus arrosé du
continent, avec une moyenne de ressources hydriques renouvelables de 900
km3par an, ce qui représente presque le quart des
ressources en eau douce du continent africain. Ce
potentiel est immense et presqu'entièrement inexploité. Depuis
quelques années, la RDC est sollicitée par ses voisins et
certains organismes internationaux, en vue du transfert d'eau douce du fleuve
Congo vers d'autres pays... » (BAJD/OCDE, 2007, p.239).
C. RESSOURCES MINIERES ET ELEVAGE
La République Démocratique du Congo
possède d'importantes réserves en gisements de cuivre et de
cobalt. Son sous sol regorge également beaucoup d'autres minerais
notamment des gisements de diamants industriels et de joaillerie,
aurifères, de Coltan, de plomb, de nickel, de cassitérite, de
Fer, de cadmium, d'Argent, etc. Sur une cinquantaine des minerais
recensés, le pays n'exploite qu'une dizaine seulement.
Classée parmi les dix pays de la méga
biodiversité, la République Démocratique du Congo compte
« 480 espèces de mammifères, 565 espèces d'oiseaux,
1000 espèces des poissons, 350 espèces de reptiles, 220
espèces de batraciens et plus de 10 000 espèces d'angiospermes
dont 3000 seraient endémiques ». (RDC, DSCRP juillet 2010,
p.31)
Dans ce pays aux dimensions continentales,
l'élevage se pratique de façon artisanale dont l'élevage
des bovins, des caprins, de porcs, et des volailles ainsi que la sylviculture
et la pisciculture, dont la production ne suffit pas à satisfaire la
demande intérieure. Il convient de noter que la production locale en
viande, poissons, fruits, légumes voire épices est insuffisante
face à la demande intérieure, ce qui pour conséquence de
recourir à l'importation pour satisfaire la demande locale.
D. INDUSTRIE ET COMMERCE
Jadis important dans le pays, le secteur de
l'industrie congolais est actuellement dominé par l'industrie
minière de base située au Sud-est du pays avec l'afflux des
multinationales, de quelques Petites et Moyennes Industries dans le textile,
l'agroalimentaire, la chimie, le domaine de la production des biens
d'équipements. Les entreprises publiques à caractère
industriel et commercial en l'occurrence la GECAMINES, la MIBA et l'OKIMO sont
actuellement en phase d'ouverture de leurs capitaux pour devenir des
sociétés commerciales à l'issue du processus de
privatisation des entreprises étatiques chapoté par le
Comité pour le Pilotage et la Réforme des Entreprises Publiques
(COPIREP) sous le patronnât du ministère du
portefeuille.
Depuis un certain temps, le commerce (gros et
détails) occupe aussi une place importante dans le PIB, tout juste
après l'AGRIPEL (agriculture, pèche et élevage) surtout
avec la prolifération des Petites, Moyennes Entreprises et Artisanat et
contribue tant bien que mal à la création d'emplois et au budget
de l'Etat.
E. TRANSPORT ET COMMUNICATION
Le transport est actuellement un casse-tête pour
une bonne partie des congolais, surtout dans l'arrière pays.
L'état de délabrement très avancé de certaines
routes rend l'évacuation des produits agricoles en campagnes vers les
centres urbains.
Fort heureusement, les efforts sont en train
d'être déployés par les autorités qui font la
construction et la réhabilitation des routes un des cinq chantiers de la
République et une de leurs priorités. Le réseau de
transport est constitué de 16238kilomètres de voies navigables,
5033kilomètres des voies ferrées datant pour la plupart de
l'époque coloniale, 145000kilomètres des routes nationales et
régionales connaissant un véritable coup de balai et des pistes
secondaires rurales via le programme des cinq chantiers dans son volet routes,
7400kilomètres d'axes urbains qui sont aussi réhabilités
et remis à neuf actuellement dans la plupart des grandes
agglomérations du pays et 270 aéroports à travers tout le
pays dont 5 aéroports internationaux (Ndjili à Kinshasa, Luano
à Lubumbashi, Bangoka à Kisangani, aéroport de Goma et
celui de Gbadolité).
Les transports ferroviaire et maritime sont
gérés par la Société Nationale de Chemin de fer du
Congo (SNCC) et l'Office National de Transport (ONATRA) respectivement au
centre et à l'Est, et à l'Ouest du pays. A travers le tableau
ci-dessous nous présentons de façon synthétique la
situation de transport en République Démocratique du
Congo.
Tableau n°9 : Présentation de quelques
infrastructures de transports
N°
|
ROUTES, VOIES FERREES ET
NAVIGABLES
|
DISTANCES
|
01
|
Routes d'intérêt national
|
58385 kilomètres
|
02
|
Routes d'intérêt local
|
86615 kilomètres
|
03
|
Ponts
|
1965 kilomètres
|
04
|
Voies Ferrées
|
5033 kilomètres
|
05
|
Voies Navigables
|
16238 kilomètres
|
N°
|
PORTS FLUVIAUX
|
SOCIETE
|
01
|
Port de Kinshasa
|
ONATRA
|
02
|
Port d'Ilebo
|
SNCC
|
03
|
Port de Kalemie
|
SNCC
|
04
|
Port de Kisangani
|
ONATRA
|
05
|
Port de Mbandaka
|
ONATRA
|
06
|
Ports d'Ubundu et de Kindu
|
ONATRA
|
N°
|
PORTS MARITIMES
|
SOCIETE
|
01
|
Port de Banana
|
ONATRA
|
02
|
Port de Boma
|
ONATRA
|
03
|
Port de Matadi
|
ONATRA
|
N°
|
AEROPORTS ET AERODROMES
|
DISTANCES
|
01
|
Aéroports et aérodromes
|
270kilomètres
|
02
|
Aéroports et pistes goudronnées
|
24kilomètres
|
03
|
Aéroports et aérodromes non
goudronnés
|
205kilomètres
|
Source : Elaboré par nous-mêmes sur base
du DSCRP in Economie de la République Démocratique du Congo, FMI,
2006.
|