6.2. Niveau d'exposition des sols suivant les
unités de paysage pendant les changements climatiques
Le degré d'exposition des sols d'une parcelle de
culture aux conséquences des changements climatiques dépend de la
situation de sa topo séquence. La considération des
conséquences des retards/ruptures de pluies et des excès de
pluies sur les différentes unités de paysage nous permet
d'apprécier l'effet des principaux bouleversements climatiques sur les
sols des trois (3) différentes unités de paysage du terroir des
villages de Sissèkpa et de Zounta.
6.2.1. Zone de plateau
La nature ferralitique des sols situés sur cette
unité de paysage localisée en haut de pente, les distingue par
leur structure fine avec une faible capacité de rétention en eau.
Ce qui fait de ces sols, des sols bien drainants. Il s'en suit que la vitesse
d'infiltration de l'eau sur ces types de sols est élevée.
Ainsi, en situation de rupture/retard de pluies, les sols des
parcelles situées en haut de pente, s'assèchent très
rapidement diminuant ainsi la disponibilité en eau pour les cultures. Ce
phénomène de dessiccation des sols, en réalité
lié à la nature même des sols de cette unité de
paysage, s'est surtout aggravé avec la fréquence
régulière des manifestations de rupture/retard de pluies dans les
deux villages d'études. La dessiccation des sols en début de
saison pluvieuse perturbe énormément les opérations de
semis sur les parcelles situées en haut de pente et soumet les cultures
aux stress hydriques lorsque les ruptures temporaires de pluies interviennent
en cours ou en fin de saison pluvieuse.
Mais en situation d'excès de pluie, le fort lessivage
des éléments nutritifs constitue la principale conséquence
des changements climatiques subi par les sols du plateau. En effet, avec la
violence des précipitations induisant les excès de pluies, la
structure des sols est entamée favorisant le lessivage aussi bien des
éléments nutritifs apportés aux sols que ceux y existant.
En haut de pente, les sols s'appauvrissent donc avec les changements
climatiques et entraine la baisse des rendements des cultures.
En raison de leur caractère de sols bien drainants,
les situations d'excès de pluies n'occasionnent pas des inondations sur
cette unité de paysage. Il en est de même de leur surface
relativement plane qui les soustrait du phénomène
d'érosion hydrique.
6.2.2. Zone de rebord des plateaux
De même caractéristiques physiques que les sols
situés sur le plateau, c'est leur localisation en milieu de pente qui
les distingue de ceux-ci.
Ainsi, favorisé par le relief en pente de la zone de
rebord des plateaux, les excès de pluies enregistrés avec les
changements climatiques ont fortement accentué l'érosion des sols
situés sur cette unité de paysage.
Photo 1: Erosion de sol dans un champ de maïs
à Zounta Source : Cliché CODJIA, Septembre
2009
La violence des précipitations au cours de ces quinze
(15) dernières années donne naissance à des eaux de
ruissellement abondantes sur de courtes durées provoquant des rigoles
d'érosion sur les sols des parcelles de cette unité de paysage.
Sur la ligne de ces rigoles d'érosion, même les billons à
sillons perpendiculaires à la pente sont emportés.
L'érosion appauvrie les sols en humus, rompt leur structure et partant
détériore la cohésion de leur éléments
constitutifs.
Rigole d'érosion à travers des billons
perpendiculaire à la pente (gauche) et rigole d'érosion dans un
champ de manioc (droite)
Photo 2: Rigole d'érosion creusée par
les eaux de ruissellement sur les parcelles à
Sissèkpa Source : Cliché CODJIA, Septembre
2009
Les excès de pluies sont aussi à l'origine du
lessivage des éléments nutritifs des sols de cette unité
de paysage. Mis ensemble, l'amplification des phénomènes de
lessivage et d'érosion des sols, induite par les changements climatiques
occasionne inévitablement des pertes de récoltes.
Les dégâts de la violence des eaux de
ruissèlement accompagnant les excès de pluies sur cette
unité de paysage, affectent dangereusement les voies de dessertes menant
aux points d'écoulement des produits. Toute chose qui complique le
transport des produits aux marchés.
Photo 3: Délabrement des pistes de dessertes
causé par érosion hydrique à Sissèkpa
Source : Cliché CODJIA,
Août 2009
Pour ce qui concerne les retards/ruptures de pluies, ils
concourent également à la dessiccation des sols situés sur
cette unité de paysage tout comme ceux situés en haut de pente
mais dans une ampleur moindre. Ceci tient à la situation favorisante de
la toposéquence de cette unité en milieu de pente. La
durée de dessiccation dans ce cas étant plus longue, les sols des
parcelles en milieu de pente résistent mieux aux retards/ruptures comme
manifestation des changements climatiques.
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