5.3.3. Les pratiques occultes de neutralisation des nuages
et la nature
Le point de vue, largement partagé au sein des
producteurs de notre zone d'étude, identifie les pratiques mystiques de
plus en plus récurrentes d'empêchement de la précipitation
des nuages opérées par les faiseurs de pluies comme une cause des
changements climatiques. En effet, pour 86% des CE des exploitations de notre
échantillon d'enquête, pour éviter que leurs cultures ne
soient détruites par l'inondation précoce des champs suite aux
pluies, les producteurs de la vallée, recourent au service des chasseurs
de pluies pour protéger leurs cultures. Les producteurs
perçoivent ses pratiques comme des actes contre nature qui sont
responsables de la diminution du nombre de jour pluvieux au cours des saisons
de pluies.
C'est ainsi que 59% des CE attribuent les causes des
changements climatiques à la nature qui seraient entrain de changer
elle-même compte tenu des actes de contre nature tels que la
neutralisation des nuages et le non respect des normes sociales et des
divinités devenus très courants dans la communauté.
Somme toute, les producteurs attribuent plusieurs causes aux
changements climatiques vécus dans leur terroir selon leur conception
personnelle. Pour apprécier l'importance relative des causes
évoquées par rapport aux normes et croyance locale, nous les
analyserons alors par rapport à la religion des CE.
Tableau 11 : Causes attribuées aux changements
climatiques selon la religion
Causes
Réligion
|
Neutralisation des nuages
|
Non respect
des divinités
|
Non respect
des normes
sociales
|
La Nature
|
La Déforestation
|
Christianisme et
Islam* (n=41)
|
85,34%
|
43,90%
|
78,05%
|
58,54%
|
36,58%
|
Religion traditionnelle(n=29)
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86,21%
|
72,41%
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68,97%
|
58,62%
|
17,24%
|
|
Source : Données enquête de
terrain, Août-Octobre 2009 * Effectif Islam = 2
Il ressort des informations contenues dans le tableau 11 que
les pratiques occultes de neutralisation des nuages est perçus par les
CE enquêtés comme la première cause des changements
climatiques quelle que soit leur religion. Cette cause est
évoquée respectivement par 85,34% des CE pratiquant les religions
révélées et 86,21% de ceux pratiquant les religions
traditionnelles. Mais si le non respect des divinités vient en
deuxième
position des causes évoquées par les CE
pratiquant les religions traditionnelles (72,21%), c'est plutôt le non
respect des normes sociales qui représente la deuxième cause des
changements climatiques actuelles selon les pratiquants des religions
révélées (Christianisme et Islam) (78,05%). Cette
divergence, tient au fait que pour la majorité des CE pratiquants les
religions révélées, c'est le nom respect des normes
sociales prescrites par les principes moraux dans les « saintes
écritures » devenu pratiques courantes dans la
communauté villageoise qui est la cause des bouleversements climatiques
plutôt que le non respect des divinités. Pour eux, le
désintéressement manifesté à l'endroit des
divinités traditionnelles n'est que chose normale vu qu'il s'agit de
croyances rétrogrades, car, estiment-ils que c'est le créateur
tout puissant seul qui est digne de vénération. Par contre, la
majorité des producteurs pratiquants les religions traditionnelles
évoquent en plus du non respect des divinités le non respect des
normes sociales. Ceci se traduit par l'attachement de ceux-ci aux valeurs
traditionnelles. Par la suite, la nature occupe relativement la même
importance dans la survenance des changements climatiques selon les producteurs
quelle que soit leur religion et traduit l'attachement des producteurs aux
croyances locales. Pour la déforestation elle vient en dernière
position dans l'ordre d'importance des causes évoquées quelque
soit la religion considérée (36,58% et 17,24%). Il se
dégage donc que les causes évoquées par les producteurs
enquêtées trouvent leur enracinement dans la foi et les
convictions personnelles de chacun d'eux indépendamment de la religion
pratiquée.
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