RESUME
Les changements climatiques sont un défi mondial auquel
fait face l'humanité toute entière. Les paysans, en dehors des
nombreux problèmes auxquels ils sont déjà
confrontés, doivent désormais faire face à ce nouveau
phénomène. L'adaptation apparait actuellement comme l'une des
meilleures alternatives.
Dans cette perspective, la présente étude traite
des perceptions, des savoirs locaux et des stratégies d'adaptation
développées par les producteurs des villages de Sissèkpa
dans la commune d'Adjohoun et de Zounta dans la commune de Dangbo en
réponse aux changements climatiques vécus. Quatre
hypothèses ont servi de fil directeur à cette étude : (i)
les changements climatiques dans le terroir sont perçus par les
producteurs, (ii) les causes attribuées aux changements climatiques sont
plus liées aux normes et croyances locales, (iii) les
conséquences des changements climatiques varient selon les unités
de paysage du terroir et les saisons de culture et, (iv) les stratégies
développées face aux changements climatiques diffèrent
selon les catégories de producteurs.
La méthodologie utilisée est une combinaison
d'approches de recherche quantitative et qualitative. Les données
collectées ont été saisies avec Access pour constituer une
base de donnée. Différents outils de traitement de donnée
ont été utilisés. Il s'agit d'une part, des statistiques
descriptives et analytiques réalisées à l'aide d'Excel et
SPSS et d'autre part, des tests statistiques effectués avec SAS.
Divers résultats ont été obtenus suite
aux investigations de la présente étude. En effet, les
producteurs des deux villages perçoivent les manifestations des
changements climatiques. Au cours des quinze (15) dernières
années, ceux-ci ont enregistré de profonds bouleversements ayant
traits aux facteurs climatiques de leur milieu. Les changements
pluviométriques affectent tous les deux saisons pluvieuses de la
localité et se manifestent par : le démarrage tardif des saisons
pluvieuses avec des poches de sécheresse en cours de déroulement,
le raccourcissement de leur durée, la diminution des nombres de jours
pluvieux, la concentration de pluies abondantes sur de courtes durées
avec des pluies moins fortes pendant la petite saison, l'occurrence de pluies
violentes vers la fin de la grande saison (Mai et Juin) de même que la
diminution sensible des hauteurs pluviométriques. Pour la
température et le vent, les producteurs perçoivent qu'il fait de
plus en plus chaud, avec une manifestation plus nombreuse de vents violents
pendant le début et la fin de la grande saison pluvieuse. D'autres
modifications telles que le retard de la crue annuelle (Juillet et Août
au
lieu de Juin) et la diminution de l'ampleur de son
étendue sont perçues comme des indicateurs des changements
climatiques vécus dans leur terroir. Les causes reconnues a ces
changements par les producteurs sont plus liées aux cadres de
référence locales. Ainsi, les normes et croyances locales
occupent une place de choix dans les causes évoquées par les
producteurs.
Les conséquences des changements climatiques sont
ressenties sur le milieu physique, sur le cadre de vie des producteurs, leurs
activités économiques, de même que sur leurs santé
et habitats. Sur le milieu physique, les conséquences du
phénomène d'excès de pluies sur de courtes durées
se traduisent par les cas d'érosion des parcelles de culture sur les
unités de paysage de haut et de milieu de pente. Sur l'unité de
paysage de bas de pente, ils occasionnent l'inondation précoce des
parcelles de cultures. Concernant les retards ou ruptures de pluies, ils
provoquent la dessiccation des sols des parcelles situées en haut et
milieu de pente. Sur les cultures pratiquées par les producteurs, la
baisse de rendement constitue la principale conséquence
occasionnée par les changements climatiques. Ces baisses de rendement
varient suivant les différentes unités de paysage et par saison
de culture.
Pour faire face aux effets ressentis, les producteurs ont
développé différentes stratégies d'adaptation. Il
s'agit : de l'adoption/abandon de variétés/cultures, du
déplacement de culture, du labour à sec, de l'intensification de
l'utilisation d'engrais, de la modification de certaines rotations de culture,
de la modification des emblavures, de l'exploitation de plusieurs unités
de paysage, de la vaccination des animaux d'élevage, de la
diversification des sources de revenus et de la gestion de l'eau. Les atouts en
capitaux divers traduit par la structure de chaque exploitation
déterminent la mise en oeuvre de ces différentes
stratégies d'adaptation. L'analyse des stratégies d'adaptation
développées par les producteurs montre qu'ils tiennent compte
dans un rapport d'interrelation, de leurs perceptions, reposent sur la
structure de leur exploitation à travers le niveau d'accès aux
ressources de chacun d'eux et ont pour source les savoirs locaux et
exogènes.
Mots dles : Changements climatiques,
perceptions, savoirs locaux, stratégies d'adaptation, systèmes de
production, basse vallée de l'Ouémé.
|