UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI (BENIN)
==*=*=*=*=*=*=*==
FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES
(FSA)
==*=*=*=*=*=*=*==
DEPARTEMENT D'ECONOMIE DE SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET DE
COMMUNICATION POUR LE
DEVELOPPEMENT DU MILIEU RURAL (DESAC)
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Perceptions, savoirs locaux et stratégies
d'adaptation aux changements climatiques développées par les
producteurs des Communes d'Adjohoun et de Dangbo au Sud-Est
Bénin
THESE
Pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur
Agronome
OPTION: Economie, Socio-Anthropologie et
Communication
Présentée et soutenue par
Clément Olivier CODJIA
Le 17 Décembre 2009
Superviseur:
Prof. dr. ir.
Rigobert C. TOSSOU
Composition du jury
Président :
Prof. dr. ir. Nestor AHO
Rapporteur :
Prof. dr. ir. Rigobert C. TOSSOU
Examinateur : Dr. ir. Pierre V. VISSOH
UNIVERSITY OF ABOMEY-CALAVI (BENIN)
==*=*=*=*=*=*=*==
AGRONOMICS SCIENCES
FACULTY
==*=*=*=*=*=*=*==
DEPARTEMENT OF ECONOMY SOCIO-ANTHROPOLOGY AND COMMUNICATION FOR
RURAL
DEVELOPMENT
==*=*=*=*=*=*=*=
Perceptions, indigenous knowledges and strategies of
adaptation to climate changes developed by producers of Townships of Adjohoun
and Dangbo in south-east Benin
THESIS
Submitted to the requirement of degree of «Ingenieur
Agronome»
OPTION: Economy, Socio-Anthropology and
Communication
Presented and defended by
Clément Olivier CODJIA
December 17th, 2009
Supervisor:
Prof. dr. ir.
Rigobert C. TOSSOU
Composition of jury
Chairman :
Prof. dr. ir. Nestor AHO
Reporter :
Prof. dr. ir. Rigobert C.
TOSSOU
Examinator : Dr. ir. Pierre V. VISSOH
CERTIFICATION
Je certifie que ce travail a été
réalisé par Clément Olivier CODJIA du
Département d'Economie, de Socio-Anthropologie et de Communication pour
le développement rural (DESAC) de la Faculté des Sciences
Agronomiques (FSA) à l'Université d'Abomey-Calavi (UAC) sous ma
supervision.
Le superviseur
Prof. dr. ir.
Rigobert C. TOSSOU
Agro-sociologue,
Maître de
conférences des Universités du
CAMES
Enseignant-Chercheur au DESAC / FSA-UAC
DEDICACES
A
la mémoire de ma très chère et
regrettée feue Diane Orphélie ZOUNON
brutalement rappelée à l'amour du père tout
puissant, le Samedi 17 janvier 2009 dans sa vingtième année, je
dédie ce travail. Que le seigneur, notre Dieu, te reçoive dans la
gloire de son royaume au près de lui.
Souvenirs éternels !
REMERCIEMENTS
En terminant ce travail, il m'est un agréable devoir :
celui de saluer et de remercier sincèrement tous ceux qui, de
près ou de loin, ont permis sa réalisation en apportant une
contribution sous une forme ou une autre. Il y a lieu de garder toute
l'humilité nécessaire en mesurant combien je suis redevable de
l'extrême sollicitude des uns et des autres à mon endroit.
En premier lieu, je tiens à faire part à mon
superviseur
Prof. dr. ir. Rigobert C. TOSSOU de ma
profonde et sincère reconnaissance, pour avoir accepté d'encadrer
ce travail malgré ses multiples occupations. Votre rigueur scientifique
a été une école qui m'a fortement mûri. Vos conseils
ont été d'un grand apport pour mes premiers pas de jeune
chercheur à travers le processus de production de cette thèse.
Que le Dr. ir. Simplice D. VODOUHE, chef du Département
Economie, Socio Anthropologie et Communication (DESAC), reçoive
l'expression de ma sincère reconnaissance pour m'avoir aidé
à obtenir le financement de cette étude. A travers lui, j'adresse
aussi mes remerciements à tous les enseignants du DESAC pour les
sacrifices consentis à notre formation optionnelle. C'est aussi le lieu
d'exprimer à tous les autres enseignants de la FSA ma gratitude pour
avoir contribué à ma formation d'agronome.
Toutes mes gratitudes à l'endroit du
Prof. dr. ir. Euloge AGBOSSOU,
vice-doyen de la FSA et coordonnateur du projet PAAPCES pour avoir
accepté de financer ce travail.
Sincères remerciements à toute l'équipe
d'encadrement scientifique du projet PAAPCES: Dr. ir. Houinsou DEDEHOUANOU, Dr.
ir. Pierre V. VISSOH, tous enseignants à la FSA, Dr. ir. Hervé
GUIBERT Chercheur du CIRAD affecté au CRA-CF, Mr Firmin AMADJI, Agronome
Système, chercheur au CRA-Centre, ainsi que Dr. Michel HAVARD.
Au Prof. dr. Eustache BOKONON-GANTA du Département de
Géographie et d'Aménagement du Territoire de la FLASH, Expert sur
les questions des changements climatiques, j'adresse mes remerciements pour sa
contribution à ce travail à travers toutes les séances
d'explications et d'échanges qu'il nous a accordée.
A l'endroit de mes parents : Barnabé CODJIA et
Anne-Marie AZIAKPO CODJIA, je témoigne ma profonde gratitude. Je suis
très reconnaissant pour votre constant soutien et encouragement. Trouver
ici le résultat de tant d'années de sacrifices consentis à
mon éducation. Puissiez-vous être réellement comblés
par ce travail.
Que mes grands frères Anicet et Innocent et mes grandes
soeurs Sophie, et Fidèle reçoivent l'expression de toutes mes
reconnaissances. Vivement merci pour vos divers soutiens. C'est la preuve que
la fraternité qui nous lie est intense.
A vous mes jeunes frères Alexandre, Ferdinand, Donatien
et à toi Donatienne ma jeune soeur, je dis aussi merci pour votre
soutien moral. Ceci est pour vous un exemple que vous avez le devoir de
surpasser.
A l'endroit du Dr. ir. Pascaline BABADANKPODJI ASSOGBA, je
tiens particulièrement à exprimer ma profonde gratitude pour tous
les conseils dont j'ai pu bénéficier de sa part pour
l'aboutissement de ce travail. Infiniment merci.
Aux ingénieurs Désiré AGOSSOU et Rodrigue
DIMON, j'adresse mes sincères remerciements pour avoir contribué
à ce travail à travers les différents échanges
scientifiques que nous avons eus.
Que mon camarade Stanislas DEKOUN, ayant eu le mérite
de conduire cette même étude dans le Département du Mono
accepte mes remerciements pour sa collaboration lors des formations du projet
PAAPCES ainsi que pour sa solidarité durant les différentes
phases de nos recherches.
A tous mes camarades de la 33ième promotion
et plus particulièrement à Christelle CODJIA, Narcisse SENON,
Elie PADONOU et Gaston GBEDO, je témoigne toute ma gratitude. Je ne peux
oublier tous ces instants plus studieux que ludiques partagés
ensemble.
J'adresse aussi mes remerciements à l'endroit du RCPA
d'Adjohoun, Mr Etienne ADANGO, du RCPA de Dangbo Mr Florentin AKPLOGAN et
à travers eux tous les agents des deux CeCPA pour l'attention
particulière qu'ils ont accordée à ce travail.
Je ne saurais oublier ici les braves producteurs des villages
de Sissèkpa et de Zounta à qui j'adresse mes sincères
remerciements pour avoir accepter de se prêter à mes questions.
Toutes mes reconnaissances à Mlle Jeanne-d'Arc M.
AGONZAN, la personne qui m'a le plus soutenu et qui s'est personnellement le
plus investi, après moi, dans la réalisation de cette
thèse. Merci pour avoir consacré ton temps et ton énergie
à l'aboutissement de ce travail . Des fois, les mots ne suffisent point,
les gestes non plus, seul le résultat peut en dire long.
A l'Eternel Dieu Tout Puissant : le commencement et la fin de
toute oeuvre humaine, pour m'avoir donné la force et le courage
nécessaire pour commencer, poursuivre et terminer ce travail, je dis
merci. Merci aussi pour toutes les grâces dont tu ne cesses de me
combler. A toi seul, tout honneur et toute gloire !
RESUME
Les changements climatiques sont un défi mondial auquel
fait face l'humanité toute entière. Les paysans, en dehors des
nombreux problèmes auxquels ils sont déjà
confrontés, doivent désormais faire face à ce nouveau
phénomène. L'adaptation apparait actuellement comme l'une des
meilleures alternatives.
Dans cette perspective, la présente étude traite
des perceptions, des savoirs locaux et des stratégies d'adaptation
développées par les producteurs des villages de Sissèkpa
dans la commune d'Adjohoun et de Zounta dans la commune de Dangbo en
réponse aux changements climatiques vécus. Quatre
hypothèses ont servi de fil directeur à cette étude : (i)
les changements climatiques dans le terroir sont perçus par les
producteurs, (ii) les causes attribuées aux changements climatiques sont
plus liées aux normes et croyances locales, (iii) les
conséquences des changements climatiques varient selon les unités
de paysage du terroir et les saisons de culture et, (iv) les stratégies
développées face aux changements climatiques diffèrent
selon les catégories de producteurs.
La méthodologie utilisée est une combinaison
d'approches de recherche quantitative et qualitative. Les données
collectées ont été saisies avec Access pour constituer une
base de donnée. Différents outils de traitement de donnée
ont été utilisés. Il s'agit d'une part, des statistiques
descriptives et analytiques réalisées à l'aide d'Excel et
SPSS et d'autre part, des tests statistiques effectués avec SAS.
Divers résultats ont été obtenus suite
aux investigations de la présente étude. En effet, les
producteurs des deux villages perçoivent les manifestations des
changements climatiques. Au cours des quinze (15) dernières
années, ceux-ci ont enregistré de profonds bouleversements ayant
traits aux facteurs climatiques de leur milieu. Les changements
pluviométriques affectent tous les deux saisons pluvieuses de la
localité et se manifestent par : le démarrage tardif des saisons
pluvieuses avec des poches de sécheresse en cours de déroulement,
le raccourcissement de leur durée, la diminution des nombres de jours
pluvieux, la concentration de pluies abondantes sur de courtes durées
avec des pluies moins fortes pendant la petite saison, l'occurrence de pluies
violentes vers la fin de la grande saison (Mai et Juin) de même que la
diminution sensible des hauteurs pluviométriques. Pour la
température et le vent, les producteurs perçoivent qu'il fait de
plus en plus chaud, avec une manifestation plus nombreuse de vents violents
pendant le début et la fin de la grande saison pluvieuse. D'autres
modifications telles que le retard de la crue annuelle (Juillet et Août
au
lieu de Juin) et la diminution de l'ampleur de son
étendue sont perçues comme des indicateurs des changements
climatiques vécus dans leur terroir. Les causes reconnues a ces
changements par les producteurs sont plus liées aux cadres de
référence locales. Ainsi, les normes et croyances locales
occupent une place de choix dans les causes évoquées par les
producteurs.
Les conséquences des changements climatiques sont
ressenties sur le milieu physique, sur le cadre de vie des producteurs, leurs
activités économiques, de même que sur leurs santé
et habitats. Sur le milieu physique, les conséquences du
phénomène d'excès de pluies sur de courtes durées
se traduisent par les cas d'érosion des parcelles de culture sur les
unités de paysage de haut et de milieu de pente. Sur l'unité de
paysage de bas de pente, ils occasionnent l'inondation précoce des
parcelles de cultures. Concernant les retards ou ruptures de pluies, ils
provoquent la dessiccation des sols des parcelles situées en haut et
milieu de pente. Sur les cultures pratiquées par les producteurs, la
baisse de rendement constitue la principale conséquence
occasionnée par les changements climatiques. Ces baisses de rendement
varient suivant les différentes unités de paysage et par saison
de culture.
Pour faire face aux effets ressentis, les producteurs ont
développé différentes stratégies d'adaptation. Il
s'agit : de l'adoption/abandon de variétés/cultures, du
déplacement de culture, du labour à sec, de l'intensification de
l'utilisation d'engrais, de la modification de certaines rotations de culture,
de la modification des emblavures, de l'exploitation de plusieurs unités
de paysage, de la vaccination des animaux d'élevage, de la
diversification des sources de revenus et de la gestion de l'eau. Les atouts en
capitaux divers traduit par la structure de chaque exploitation
déterminent la mise en oeuvre de ces différentes
stratégies d'adaptation. L'analyse des stratégies d'adaptation
développées par les producteurs montre qu'ils tiennent compte
dans un rapport d'interrelation, de leurs perceptions, reposent sur la
structure de leur exploitation à travers le niveau d'accès aux
ressources de chacun d'eux et ont pour source les savoirs locaux et
exogènes.
Mots dles : Changements climatiques,
perceptions, savoirs locaux, stratégies d'adaptation, systèmes de
production, basse vallée de l'Ouémé.
ABSTRACT
The climate changes are a world challenge to which the whole
humanity makes face. The peasants, outside the numerous problems to which they
are already confronted, must face this new phenomenon henceforth. The
adaptation appears currently as one of the best alternatives.
The present study treats the perceptions, the local knowledges
and the strategies of adaptation developed by the producers of the villages of
Sissèkpa in the township of Adjohoun and Zounta in the township of
Dangbo in answer to the lived climate changes. Four hypothesis acted as leading
thread to this study : (i) the climate changes in the soil are perceived by the
producers, (ii) the reasons assigned to the climate changes are bound more to
the norms and local beliefs, (iii) the climate change consequences vary
according to the units of landscape of the soil and the seasons of culture and,
(iv) the strategies developed facing the climate changes differ according to
the categories of producers.
The methodology used is a combination of quantitative and
qualitative research approaches. The data collected have been seized with
Access to constitute a data base. Differents tools of data treatment have been
used. It is about on the one hand, of the descriptive and analytic statistics
achieved with the help of Excel and SPSS and on the other hand, of the
statistical tests done with SAS. Various results have been got following the
investigations of the present survey.
Indeed, the producers of the two villages perceive the climate
changes manifestations. During the fifteen (15) last years, these recorded deep
distresses having milked to the climatic factors of their middle. The rainfall
change affect the two rainy seasons of the locality and appears by: the belated
starting of rainy season with pockets of drought under progress, the shortening
of their length, the reduction of the numbers of rainy days, the abundant rain
concentration on short lengths with less strong rains during the small season,
violent rain occurrence toward the end of the big season (May and June) as well
as the sensitive reduction of the height rainfall. For the temperature and
wind, the producers perceive that it is more and more hot, with a more numerous
demonstrations of violents winds during the beginning and the end of the big
rainy season. Other modifications as the delay of the yearly rise of river
level (July and August instead of June) and the reduction of the size of it
extent is perceived like indicators of the climate changes lived in their soil.
The origins assigned to these changes
by the producers are more bound to the local settings of
reference. Thus, the norms and local beliefs occupy a choice place in the
reasons evoked by the producers.
The climatic change consequences are felt on the physical
environment, on the life setting of the producers, their economic activities,
as well as on their health and habitats. On the physical environment, the
consequences of the phenomenon of excess of rains on short lengths result in
the cases of parcels culture erosion on the units of landscape of top and
middle of slope. On the unit of landscape of slope bottom they cause the
precocious flooding of the parcels of cultures. Concerning the delays or
ruptures of rains, they provoke the dessication of the soils of the parcels
situated in top and middle of slope. Regarding the cultures practiced by the
producers, the decrease of output constitutes the main consequence caused by
the climate changes. These decreases of outputs vary according to the different
units of landscape and per season of culture.
To face the felt effects, the producers developed various
strategies of adaptation. It is about of: the adoption/abandonment of
varieties/cultures, the displacement of culture, the ploughing to dry, the
intensification of the use of manure, the modification of some rotations of
culture, the cultivated surfaces modification, the cultivation of several units
of landscape, the vaccination of the raising animals, the diversification of
the sources of incomes and management of water. The assets in various funds
translated by the structure of every exploitation determine the setting up of
these differents strategies of adaptation. The analysis of the adaptation
strategies developed by the producers watch that they take account in a report
of interrelation, of their perceptions, rest on the structure of their
exploitation through the level of access to resources of each of them and have
for source the local and exogenous knowledge.
Key words: Climate changes,
perceptions, local knowledge, strategies of adaptation, systems of production,
low valley of the Ouémé
TABLE DES MATIERES
Pages
CERTIFICATION ii
DEDICACES iii
REMERCIEMENTS iv
RESUME vi
ABSTRACT viii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS xiii
LISTE DES ENCADRES xv
LISTE DES PHOTOS xv
LISTE DES TABLEAUX xvi
LISTE DES FIGURES xvii
LISTES DES GRAPHIQUES xvii
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE 1
1.1. Introduction 1
1.2. Problématique et justification de l'étude 3
1.2.1. Problématique 3
1.2.2. Justification de l'étude 6
1.3. Objectifs et hypothèses de la recherche 10
CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL ET ANALYTIQUE
12
2.1. Cadre conceptuel 12
2.1.1. La variabilité climatique et les changements
climatiques 12
2.1.2. La perception 14
2.1.3. Les savoirs locaux « indigenuos knowledge »
17
2.1.4. Les stratégies paysannes d'adaptation aux
changements climatiques 21
2.1.5. La vulnérabilité aux changements
climatiques 28
2.2. Cadre analytique de l'étude 31
2.2.1. L'approche d'analyse de la perception 31
2.2.2. L'Approche d'Analyse des Moyens d'Existence Durable
(AMED)
« The Substainable Livelihood Analyse (SLA) »
32
2.2.3. Approche d'analyse retenue pour l'étude
35
CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE DE L'ETUDE 41
3.1. La phase préparatoire 41
3.1.1. La documentation 41
3.1.2. Ateliers méthodologiques 41
3.1.3. Choix de la zone d'étude 42
3.2. La phase exploratoire 42
3.2.1. Prise de contact avec les autorités locales
43
3.2.2. Choix des villages d'enquête 43
3.3. La phase d'enquête approfondie 43
3.3.1. Choix des unités d'observation et justification
44
3.3.2. Construction de l'échantillon d'enquête
44
3.4. La phase de traitement, d'analyse et d'interprétation
des données collectées 49
3.4.1. Nature, sources et outils de collecte de
données 49
3.4.2. Outils de traitement de données 51
3.5. Limites de la recherche : problèmes rencontrés
et fiabilité des données collectées 54
CHAPITRE 4 : GENERALITES SUR LE MILIEU D'ETUDE ET
CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES DES EXPLOITATIONS
AGRICOLES ENQUETEES 55
4.1. Présentation de la zone d'étude 55
4.1.1. Cadre physique 56
4.1.2. Cadre humain 60
4.2. Présentation des villages d'enquêtes 61
4.2.1. Historique et évolution des villages 61
4.2.2. Situation géographique et activités
économiques 64
4.3. Caractéristiques démographiques et
socio-économiques des
exploitations agricoles enquêtées : Typologie de
structure 65
4.3.1. Caractéristiques sociodémographiques des
exploitations 66
4.3.2. Activités économiques menées au
sein des exploitations enquêtées 68
4.3.3. Niveau d'accès aux facteurs de production par
les exploitations enquêtées 69
4.4. Conclusion partielle 71
CHAPITRE 5 : PERCEPTIONS PAYSANNES DE L'EVOLUTION DU
CLIMAT DANS LA ZONE, IDENTIFICATION DES INDICATEURS DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES ET ANALYSE DES TENDANCES
CLIMATIQUES. 72
5.1. Perceptions socio-anthropologiques de l'évolution du
climat
dans les deux villages d'étude 72
5.1.1. Perception paysannes des changements
pluviométriques 72
5.1.2. Perceptions paysannes des changements thermiques et
solaires 77
5.1.3. Perceptions paysannes des changements du vent
77
5.1.4. Perceptions paysannes des changements dans les crues
du fleuve
Ouémé dans la vallée 78
5.2. Niveau de cohérence entre les perceptions paysannes
et les données
sur l'évolution du climat. 80
5.2.1. Analyse des tendances pluviométriques dans les
communes
d'Adjohoun et de Dangbo 80
5.2.2. Analyse des tendances thermométriques
83
5.3. Perception socio-anthropologique des causes des changements
climatiques 83
5.3.1. La déforestation 83
5.3.2. Le non respect des normes sociales et des
divinités 84
5.3.3. Les pratiques occultes de neutralisation des nuages et
la nature 85
5.4. Conclusion partielle 86
CHAPITRE 6: CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES SUR LE MILIEU 87
6.1. La diversité topo séquentielle du paysage
agraire : les différentes
unités de paysage des terroirs étudiés 87
6.2. Niveau d'exposition des sols suivant les unités de
paysage
pendant les changements climatiques 92
6.2.1. Zone de plateau 92
6.2.2. Zone de rebord des plateaux 93
6.2.3. Zone de la plaine d'inondation 94
6.3. Conclusion partielle 94
CHAPITRE 7: CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR
LE QUOTIDIEN DES PRODUCTEURS 95
7.1. Conséquences des changements climatiques sur les
activités agricoles 95
7.1.1. Les niveaux d'affectation des principales cultures
95
7.1.2. Conséquences des changements climatiques sur
les animaux d'élevage 101
7.2. Conséquences des changements climatiques sur les
conditions de vie des populations 102
7.2.1. Conséquences sur l'agriculture comme
activité économique 102
7.2.2. Conséquences sur la santé
humaine 103
7.2.3. Conséquences sur les habitations des
populations locales. 104
7.2.4. Les changements climatiques et les effets ressentis
selon le genre 104
7.3. Conclusion partielle 105
CHAPITRE 8: STRATEGIES D'ADAPTATION DES POPULATIONS
LOCALES
FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES : Adaptations
réalisées et prévues 106
8.1. Adaptations réalisées par les producteurs
agricoles 106
8.1.1. Conduite des cultures 107
8.1.2. Conduite des animaux d'élevage 112
8.1.3. Aménagement individuel : gestion des eaux
d'excès de pluies 113
8.2. Diversification des sources de revenu 113
8.3. Stratégies d'adaptation par catégories de
producteurs 114
8.3.1. Analyse en Composantes Principales (ACP) 114
8.3.2. Conclusions sur les stratégies des producteurs
119
8.4. Les mesures d'adaptation prévues par les populations
locales 120
CHAPITRE 9 : ANALYSE DES INTERRELATIONS ENTRE
PERCEPTIONS,
SAVOIRS LOCAUX ET STRATEGIES D'ADAPTATION 121
9.1. Relations entre perceptions et savoirs locaux dans
le domaine des changements climatiques 121
9.2. Analyse des mécanismes de mise au point et de
transmission des savoirs 123
9.3. Logique entre perceptions, savoirs et stratégies
d'adaptation
des producteurs face aux changements climatiques 124
9.4. Changement climatiques : Liens entre cadre objectif
d'activité
des producteurs et stratégies d'adaptation 125
CHAPITRE 10 : CONCLUSION ET SUGGESTIONS 127
10.1. Synthèse des résultats 127
10.2. Suggestions 129
BIBLIOGRAPHIES 132
ANNEXES 137
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ACP : Analyse des Composantes Principales
AMED : Approche d'analyse des Moyens d'existence
Durable
ASECNA : Agence pour la Sécurité
de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar
BIDOC : Bibliothèque Centre de Documentation
CCNUCC : Convention Cadre des Nation Unies sur
les Changements Climatiques
CE : Chef d'Exploitation
CeCPA : Centre Communal de Promotion Agricole
CeRPA : Centre Régional pour la Promotion
Agricole
CIKARD : Centre for Indigenous Knowledge for
Agricultural and Rural Development CIRAD : Centre de
Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour
le
Développement
CLCAM : Caisse Locale de Crédit Agricole
Mutuel
CRA-CF : Centre de Recherche Agricole Coton et
Fibres
DESAC : Département Economie
Socio-Anthropologie et Communication
DFID : Département pour le
développement International du Royaume -Uni
ETP : Evapotranspiration Potentiel
FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'Agriculture et l'Alimentation
FIDA : Fond International pour le
Développement de l'Agriculture
FLASH : Faculté des Lettres Arts et
Sciences Humaines
FSA : Faculté des Sciences
Agronomiques
GES : Gaz à Effet de Serre
GIEC : Groupe Intergouvernemental d'Experts sur
l'Evolution du Climat
Gn : Exploitations de grande production agricole
ne possédant pas de palmeraie
Go : Exploitations de grande production agricole
possédant de palmeraie
GTZ : Deutsche Gesellschaft fin Technishe
Zusammenarbeit
IFDC : International Fertilizer Development
Cente r-Africa
INRA : Institut National de la Recherche
agricole
INSAE : Institut National de la Statistique et
de l'Analyse Economique
IPCC ; Intergouvernemental Panel on Climate
Change
MED : Moyens d'Existence Durable
MEHU : Ministère de l'Environnement de
l'Habitat et de l'Urbanisme
MEPN : Ministère de l'Environnement et de
la Protection de la Nature
Mn : Exploitations de production agricole
moyenne ne possédant pas de palmeraie
Mo : Exploitations de production agricole
moyenne possédant de palmeraie
OMD : Objectif du Millénaire pour le
Développement
OMM : Organisation Météorologique
Mondiale
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PAAPCES : Perception Adaptation et
Accompagnement des Populations locales face aux changements Climatiques,
Environnementaux et Sociaux
PANA : Programme d'Action Nationale aux fins
d'Adaptation aux Changements
Climatiques
PDC : Plan de Développement Communal
Pn : Exploitations de petite production agricole
ne possédant pas de palmeraie
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
Po : Exploitations de petite production agricole
possédant de palmeraie
PVD : Pays en Voie de Développement
RCPA : Responsable Communal de la Promotion
Agricole
SLA : Substainable Livelihood Analyse
UAC : Université d'Abomey-Calavi
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education la Science et la Culture
LISTE DES ENCADRES
Pages
Encadré 1: Bilan des concepts clés
liés aux saisons pluvieuses
et des changements caractéristiques 73
Encadré 2: Manifestations de la chaleur
et du vent pendant les changements climatiques 77
Encadré 3 : Propos d'un producteur sur
les changements perçus dans les crues 78
Encadré 4 : Témoignage d'un
producteur à propos des conséquences
des changements climatiques sur la production de maïs 96
Encadré 5: Les conséquences des
changements climatiques sur
la production du niébé : témoignage d'un
producteur 98
Encadré 6: Problèmes induits par
les changements climatiques sur
les conditions de vie des femmes 105
LISTE DES PHOTOS
Pages
Photo 1: Erosion de sol dans un champ de
maïs à Zounta 93
Photo 2: Rigole d'érosion creusée
par les eaux de ruissellement
sur les parcelles à Sissèkpa 93
Photo 3: Délabrement des pistes de
dessertes causé par érosion hydrique à Sissèkpa
94
Photo 4 : Conséquences de la rupture
précoce de la grande saison sèche
sur la culture de niébé à Zounta (gauche) et
à Sissèkpa (droite) 98
Photo 5: Point d'eau à Sissèkpa
103
Photo 6: Démolissage des habitations
pendant les changements climatiques 104
Photo 7 : Parcelles labourées à
sec en attendant le démarrage
des pluies pour les semis précoces 110
Photo 8: Effet de la modification de la rotation
maïs-niébé 110
Photo 9 : Contention de la bouche des bovins sur
le chemin de pâturage à Zounta 112
Photo 10: Constitution de réserve d'eau
en période d'excès d'eau
pour l'irrigation des parcelles en période de rupture de
pluie à Sissèkpa 113
LISTE DES TABLEAUX
Pages
Tableau 1: Répartition des exploitations
agricoles recensées par
Commune et par Village 47
Tableau 2: Répartition des exploitations
48
Tableau 3: Echantillonnage des exploitations
49
Tableau 4 : Répartition de CE
enquêtées par tranche d'âge 66
Tableau 5 : Répartition des âges
moyens des CE par types d'exploitation enquêtées 66
Tableau 6 : Proportion des CE par type
d'exploitations enquêtées
et par catégorie de mode de faire-valoir de terres
exploitées 69
Tableau 7 : Superficie moyenne cultivée
par catégorie
de mode de faire-valoir et par type d'exploitation
enquêté 70
Tableau 8 : Répartition des CE des
exploitations enquêtées
suivant le niveau d'accès aux crédits et le type
d'exploitation d'appartenance 71
Tableau 9: Synthèse sur les perceptions
paysannes des changements pluviométriques 75
Tableau 10: Variabilité des
caractéristiques des saisons pluvieuses 81
Tableau 11 : Causes attribuées aux
changements climatiques selon la religion 85
Tableau 12: Proportion de pertes de
récoltes par saison et suivant
les différentes unités de paysage pour la culture
de maïs 97
Tableau 13 : Proportion de pertes de
récoltes par saison et suivant
les différentes unités de paysage pour la culture
du niébé. 99
Tableau 14 : Répartition des
exploitations enquêtées par types distingués 107
Tableau 15 : Répartition des CE suivant
l'occupation de chaque unité de paysage 111
Tableau 16: Répartition des CE suivant
l'occupation des différentes unités de paysage 111
Tableau 17: Différentes activités
développées par catégories de producteurs 114
Tableau 18 : Valeurs propres et proportions
d'informations concentrées sur les axes 115
Tableau 19: Corrélation entre composantes
et variables initiales 115
Tableau 20 : Stratégies d'adaptation
développées par catégories de producteurs 119
LISTE DES FIGURES
Pages
Figure 1: Modèle de la perception humaine
32
Figure 2: Cadre analytique du « livelihood
34
Figure 3: Cadre analytique 39
Figure 4: Profils historiques de Zounta et de
Sissèkpa 63
Figure 5: Cartes des Communes d'Adjohoun et de
Dangbo
présentant les villages d'enquête 65
Figure 6: Transect de Sissèkpa (Adjohoun)
89
Figure 7: Transect de Zounta (Dangbo) 91
Figure 8 : Cercle de corrélation dans le
plan formé par Factor1 et Factor2 116
Figure 9: cercle de corrélation dans le
plan formé par z1 et Z3 116
Figure 10: Cercle de corrélation
formé par le plan Factor2 et Factor3 117
Figure 11: Représentation des types
d'exploitations sur les axes1 et 2 117
Figure 12 : Représentation des types
d'exploitation sur les axes 1 et 3 118
LISTES DES GRAPHIQUES
Pages
Graphique 1: Proportion des CE en fonction des
religions 67
Graphique 2 : Proportion des CE
enquêtés en fonction du niveau d'instruction 67
Graphique 3 : Proportion des types
d'exploitations enquêtées
en fonction du niveau d'instruction 68
Graphique 4: Proportion des membres de
l'exploitation
en fonction des activités principales exercées
68
Graphique 5 : Proportion des CE en fonction des
activités secondaires exercées 68
Graphique 6: Proportion des CE des exploitations
enquêtées
suivant le niveau d'accès aux crédits 70
Graphique 7: Répartition de la main
d'oeuvre mobilisable par type d'exploitation 71
Graphique 8: Évolution des hauteurs de
pluies annuelles 80
Graphique 9: Évolution du nombre de jours
de pluie 81
Graphique 10: Tendances thermométriques
annuelles des trente dernières années 83
qu'elle suscite chez les producteurs qui ont perdu leurs
repères saisonniers. Cependant, les changements climatiques sont
perçus différemment par les producteurs agricoles qui
développent diverses stratégies au regard de leurs perceptions de
ces phénomènes climatiques. Alors, il est important pour la
recherche de comprendre et d'analyser les perceptions qu'ont les producteurs
des changements climatiques vécus par eux, ainsi que les
stratégies d'adaptation développées par ces derniers. Par
ailleurs, il est aussi très utile d'analyser les interrelations entre
les perceptions paysannes des changements climatiques et les stratégies
d'adaptation mises en place pour faire face aux effets néfastes des
risques climatiques, aux fins de mieux accompagner les producteurs dans
l'adaptation aux changements climatiques. Dans cette optique, la
présente recherche se propose d'étudier les perceptions, les
savoirs locaux et les stratégies d'adaptation des producteurs. Elle
s'inscrit dans le cadre de la phase 2 (Composante extension enquête
perception) du projet Perceptions Adaptation et Accompagnement des Populations
face aux Changements Climatiques Environnementaux et Sociaux (PAAPCES).
Le présent mémoire est organisé en dix (10)
chapitres.
Le premier est une introduction générale du
document qui présente la problématique, les objectifs et
hypothèses de recherche.
Le second chapitre, présente le cadre conceptuel et
analytique de l'étude.
La méthodologie suivie pour atteindre les objectifs de la
recherche est présentée dans le troisième chapitre.
Le chapitre suivant, le quatrième, présente les
généralités sur le milieu d'étude.
Les perceptions des populations locales des changements
climatiques vécus par eux et les causes qu'elles leur attribuent sont
exposées et analysées dans le cinquième chapitre.
Le sixième chapitre est consacré aux
conséquences des changements climatiques sur le milieu physique des
producteurs.
Les conséquences sur le quotidien des producteurs sont
présentés dans le septième chapitre.
Le chapitre huit présente les stratégies
développées par les producteurs pour faire face aux changements
climatiques vécus.
Les différentes relations entre perceptions, savoirs
locaux et stratégies d'adaptation des producteurs sont
présentées dans le chapitre neuf.
Enfin, le chapitre dix est consacré à la
synthèse des résultats obtenus et aux suggestions y
afférentes.
1.2. Problématique et justification de
l'étude
1.2.1. Problématique
Les changements climatiques et leurs impacts sont
désormais reconnus comme l'un des plus grands défis du monde, de
ses peuples, de son environnement et de ses économies (GIEC, 2007). Pour
la communauté scientifique internationale, les changements climatiques
sont déjà une réalité dont les effets viennent
s'ajouter à ceux de la variabilité naturelle du climat. En
général, la variabilité climatique se réfère
à la variation naturelle intra et interannuelle du climat, alors que les
changements climatiques désignent une modification irréversible
du climat attribuée directement ou indirectement aux activités
humaines qui altère la composition de l'atmosphère globale et qui
s'ajoute à la variabilité climatique naturelle observée
sur des périodes de temps comparables. Autrement, la variabilité
climatique désigne des variations naturelles de l'état moyen du
climat à toutes les échelles temporelles et spatiales
au-delà des phénomènes climatiques individuels, tandis que
les changements climatiques désignent une variation statistiquement
significative de l'état moyen du climat et de sa variabilité,
persistant pendant de longues périodes, généralement,
pendant des décennies ou plus (GIEC, op.cit).
Le développement des activités industrielles et
agricoles, la multiplication des moyens de transports et l'explosion
démographique au cours du siècle passé, ont en effet
engendré l'accroissement des concentrations des rejets anthropiques de
Gaz à Effet de Serre (GES), cause des changements climatiques actuels.
Le dioxyde de carbone (CO2) est le gaz à effet de serre
anthropogène le plus important et sa concentration atmosphérique
globale en 2005 (280 ppm à 379 ppm) excédait de loin la normale
naturelle au cours des 650.000 dernières années (180 à 300
ppm) comme déterminé à partir des noyaux de glace (IPCC,
2007).Le réchauffement du climat est donc sans équivoque. En
réalité, les changements climatiques actuels sont un
phénomène nouveau.
A l'échelle planétaire, comme effets directs,
les changements climatiques sont entrain d'induire une élévation
de la température et une nouvelle répartition des
précipitations (Bergonzini, 2004). Ainsi, la température moyenne
du globe a augmenté d'environ 0,4 à 0,8 degré Celsius
depuis le XIXième siècle et pourrait augmenter de 1,5
à 4,5 degré Celsius d'ici l'an 2100 selon les estimations des
rapports 2007du Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat
(GIEC). Le phénomène de réchauffement climatique ira donc
en s'accélérant. De plus, bien que le processus des changements
climatiques ne soit qu'à son commencement, ses retentissements se font
déjà sentir sous formes d'ouragans de plus en plus puissants,
d'accroissement des sécheresses et des inondations,
d'élévation du niveau de la mer, de la fonte des glaciers et des
calottes polaires. Le changement climatique entraînera également
une perte de biodiversité: de 15 à 37% des plantes et
espèces animales terrestres pourraient disparaître d'ici à
2050 (FIDA, 2008). L'acidification des océans,
conséquence directe de la hausse des niveaux de CO2, aura des effets
majeurs sur les écosystèmes marins et, peut-être, sur les
stocks de poissons. Pour les forêts, les risques d'incendie se sont
accrus du fait de la chaleur et de la sécheresse de l'atmosphère
(FIDA, op.cit). Bref, la santé, les écosystèmes
terrestres et aquatiques et les systèmes socio-économiques comme
l'agriculture, l'exploitation forestière, la pêche et les
ressources en eau, éléments essentiels au développement et
au bien-être de l'humanité, subissent déjà les
conséquences des changements climatiques.
Néanmoins, malgré son ampleur mondiale, c'est
pourtant les pays en développement, et avant tout les pays les moins
avancés, qui sont les plus exposés aux effets des changements
climatiques. L'Asie du Sud et l'Asie du Sud-Est sont excessivement sujettes aux
inondations, tandis que les océans Pacifiques et Indiens sont les zones
où les ouragans surviennent le plus fréquemment. Il est largement
admis que la production agricole va sans doute décliner dans la majeure
partie du monde en développement du fait de la baisse des
disponibilités en eau, de la hausse des températures, de la
longueur incertaine ou abrégée de la période de
végétation, de la réduction des superficies arables et des
nouveaux modes de propagation des ravageurs et des maladies (FIDA, op.
cit). Les perspectives agricoles sont les plus sombres pour eux en raison
à la fois de la baisse des rendements et des surfaces arables (FAO,
2007).
Dans ce contexte global, l'Afrique et, très
particulièrement l'Afrique subsaharienne apparaît comme la
région du monde la plus exposé aux changements climatiques
(Thornton et
al., 2008). Cette grande vulnérabilité
de l'Afrique subsaharienne face au changements climatiques est due à sa
forte dépendance de l'agriculture et à sa capacité
d'adaptation limitée qui tient au manque de ressources et de
technologies (Daouda Hamani, 2007). Les changements climatiques
représentent une menace supplémentaire pour les moyens de
subsistance déjà précaires des ruraux de ces pays et ils
accentuent leur vulnérabilité préexistante. Les pays
subsahariens sont les plus fortement touchés par la sécheresse
et, par conséquent, pâtissent le plus de son impact négatif
sur la production agricole.
Les impacts des changements climatiques seront variés
suivants les zones de la région. Dans les zones humides,
l'intensité des tempêtes et les inondations pourraient
s'intensifier et le ravinage des sols par érosion empirer. Dans les
zones arides, on s'attend à de plus fréquentes sécheresses
et à des périodes sèches plus longues. Les zones
côtières seront affectées par l'élévation du
niveau des eaux, entraînant une érosion côtière, la
submersion de terres, des inondations et un accroissement de la salinité
des nappes phréatiques. Les modifications attendues du climat par
rapport à la norme actuelle conduiraient à des pertes de
récoltes, des perturbations dans la gestion du bétail et de
possibles famines et les maladies devraient être en recrudescence (Daouda
Hamani, op.cit).
Le Bénin, pays subsaharien, n'échappe pas
à la réalité de ce nouveau phénomène mondial
que constituent les changements climatiques. Les secteurs les plus
affectés par ces changements sont ceux des ressources en eaux, de
l'énergie, des zones côtières, de la santé de
l'agriculture et de la foresterie (MEPN, 2008). Le secteur de l'agriculture
fortement tributaire des stimuli climatiques se trouve fortement menacé
par les changements climatiques. En effet, les principaux risques climatiques
identifiés sur le territoire de la République du Bénin
sont la sécheresse, les inondations et l'avancée de la
mer/l'érosion côtière (MEPN, op.cit). Leurs
impacts, variables suivant les zones agro-écologiques, sont très
importants et se caractérisent par une dégradation des ressources
naturelles, le déplacement des populations, les perturbations des
activités économiques surtout agricoles avec des coûts
économiques et sociaux de plus en plus lourds alors que l'agriculture
constitue l'activité principale de 70% de la population active et
contribue pour 36% du PIB et 88% des recettes d'exportation à hauteur de
15% aux recettes de l'Etat (Aho et al, 2006). En conséquence,
les changements climatiques sont devenus une menace pressante pour le
développement national.
Les paysans ont perdu leurs repères saisonniers, les
pertes de récoltes s'accroissent et l'insécurité
alimentaire menace.
Dans un pareil contexte, il importe de se demander : Comment
les producteurs perçoivent-ils dans leurs vécus les changements
climatiques notamment ses manifestations et ses causes ? Quels sont les effets
néfastes des changements climatiques sur les ressources et les
activités de production selon les vécus des producteurs ? Comment
ces producteurs réagissent-ils face à ces effets néfastes
? Enfin, quelles sont les logiques soutenant les mesures prises
(stratégies) pour faire face aux changements climatiques vécus ?
La contribution de la présente étude vise à combler ces
attentes dans le cas des producteurs des communes d'Adjohoun et de Dangbo.
1.2.2. Justification de l'étude
La présente étude se justifie à travers ses
rapports avec les recherches antérieures et sa pertinence pratique.
> Rapport avec les recherches
antérieures
Les travaux menés à l'échelle
internationale, notamment ceux du GIEC (2007), insistent aujourd'hui sur le
fait que, même si tout est mis en oeuvre pour limiter les changements
climatiques (par la réduction des émissions de gaz à effet
de serre), ces changements sont inévitables, du fait de l'inertie du
système climatique, et demandent de notre part une adaptation. La
question de la capacité d'adaptation aux changements climatiques est
donc fondamentale, même si elle ne doit pas occulter celle de la
vulnérabilité des systèmes naturels et humains ainsi que
celle de l'intensité de changements, qui doivent être bien
comprises (SIFEE, 2009). A cet effet, les options d'adaptations aux changements
climatiques au Bénin ont été abordées par le
Ministère de l'environnement et de la Protection de la Nature (MEPN),
à travers l'élaboration du Programme d'Action Nationale aux fins
de l'Adaptation aux Changements Climatiques (PANA). Cette étude a
montrée que s'il est vrai que certaines pratiques sociales comme les
prières collectives, l'exode rural, les pluies provoquées et
l'application de doses massives d'engrais aux cultures sont discutables du
point de vue de leur objectivité ou de leur durabilité, il est
aussi vrai que la satisfaction momentanée des besoins à laquelle,
elles peuvent donner lieu constitue des résultats réels qui
encouragent les populations à recourir souvent à ces pratiques.
Au total, les orientations nationales en matière de
développement durable et les résultats obtenus
ou attendus des programmes et projets nationaux dans le secteur de
l'agriculture et de la foresterie, devront être appréciés
en relation avec les mesures endogènes d'adaptation pour identifier les
mesures potentielles d'adaptation.
Par ailleurs au plan national, des études initiales de
vulnérabilité avaient été réalisées,
notamment dans la zone littorale et dans la région du centre
(Bokonon-Ganta, 1999 ; MEHUPNUD, 1999). Aussi, les changements climatiques
ont-ils fait l'objet de plusieurs travaux de recherche, articles,
mémoires et thèses (Boko,1988 ; Afouda, 1990 ; Houndénou,
1999 Houdénou, 2002 ; Bokonon-Ganta et al., 2003 ;
Ogouwalé, 2004 etc.). Ces études ont pu mettre en évidence
les tendances et la pertinence du phénomène pour le
développement agricole. C'est ainsi que concernant les manifestations
des changements climatiques dans notre pays, on a observé ces
dernières années une perturbation du cycle global de l'eau. En
effet, depuis la fin des années 1960, des perturbations climatiques sont
intervenues au Bénin et se sont manifestées par une
réduction d'amplitude annuelle moyenne des hauteurs totales de pluies de
180 mm (Aho et al., op.cit). Selon ces mêmes auteurs,
on a noté une intensification des sécheresses qui se sont
produites pendant la même période, notamment dans les
années 1970 et 1980. Ces phénomènes climatiques ont eu
d'énormes impacts sur le secteur de l'agriculture et de la foresterie.
Egalement ont-ils expliqué que les paramètres agroclimatiques
présentent des particularités contraignantes pour l'agriculture
et la foresterie surtout dans le Sud-Ouest et l'extrême Nord qui
connaissent parfois de graves sécheresses. Dans le centre,
d'après les travaux de Bokonon-Ganta et al., (2003), à
l'horizon 2025, les changements climatiques vont entraîner une baisse
considérable de la production des six principales cultures de cette
région. Cette baisse de production est estimée à 29,58%
pour le coton et à 6% pour les autres cultures que sont : le
niébé, le maïs, le manioc, l'arachide et le riz ; ce qui
aura pour conséquence la baisse du disponible alimentaire et un
appauvrissement continu des populations. Ce qui accentuera leur
vulnérabilité. Dans le Sud du pays, l'on assiste plutôt
à un déficit et un raccourcissement de la seconde saison
pluvieuse, ce qui provoque une réduction des rendements agricoles et une
diminution du taux de renouvellement de la couverture végétale
(MEPN, op.cit). Par ailleurs, selon cette même étude, les
pluies du début de saison pluvieuse sont violentes, atteignant
fréquemment une intensité supérieure à 100mm/h ce
qui favorise l'inondation et l'érosion sur les sols mal
protégés. Des travaux de Boko (1988) ; Afouda (1990) ;
Houndénou (1999) et de Ogouwalé (2004), on retient que la baisse
de la pluviosité associé au réchauffement thermique, ont
induit
une dégradation du milieu écologique
soldée par des impacts négatifs sur la production agricole. Les
effets des perturbations climatiques des trois (3) dernières
décennies ont permis de mettre en évidence la
vulnérabilité de notre économie, basée sur
l'agriculture (Houdénou, 2002).
Les résultats des travaux de Agbossou et
Akponikpè (1999) ont montré qu'actuellement les variations de
pluie et d'évapotranspiration ne compromettent pas trop le bouclage du
cycle du maïs, mais si elles perdurent, ce cycle serait
hypothéqué. Cette baisse des rendements sera la
conséquence directe des déficits du bilan hydrique des sols et la
faible productibilité des terres. Les impacts directs des changements
climatiques sur l'agriculture concernent les comportements des
végétaux, les modifications pédologiques et les baisses de
rendements. Au niveau des végétaux s'observent des
phénomènes de floraison précoce et parfois
d'assèchement des jeunes fruits. Par ailleurs, sous l'effet
répété des récessions et perturbations
pluviométriques, les rendements agricoles seront gravement
affectés. Les prévisions faites sur la productivité
agricole seront complètement faussées et des risques
d'insécurité alimentaire seront élevés. De
manière indirecte, les changements climatiques se manifestent surtout au
niveau de la main d'oeuvre agricole, des prix des denrées agricoles et
du mauvais fonctionnement du secteur industriel agricole. L'exode rural
atteindra un seuil important dans ce contexte des changements climatiques au
point de devenir un facteur limitant pour l'agriculture béninoise si de
véritables améliorations technologiques ne sont pas
apportées au processus de production agricole (MEPN,
op.cit).
Les travaux de Agossou (2008) et de Dimon (2008), ont mis en
exergue l'importance de la prise en compte des perceptions individuelles des
producteurs dans l'étude des stratégies d'adaptation aux
changements climatiques dans le secteur de l'agriculture. Leurs
résultats révèlent que les stratégies
développées par les producteurs en réponse aux changements
climatiques dépendent de la perception qu'ont ceux-ci de ces changements
et de leurs savoirs locaux.
A l'issue de cette revue, il ressort qu'au Bénin, en
dehors des travaux de Agossou (2008), et de Dimon (2008) ; pratiquement aucune
étude sur les changements climatiques ne s'est directement
intéressée à la fois aux perceptions, savoirs locaux et
stratégies d'adaptations ainsi qu'aux interactions existantes entre eux.
Ces études ont porté uniquement sur le centre et le Nord
Bénin et ont été menés à l'échelle
des exploitations agricoles en vue
de mettre au centre de l'étude des stratégies
d'adaptation, la diversité des perceptions et des savoirs locaux. Mais
si le GIEC (2007) admet que les changements climatiques sont observés
à l'échelle mondiale, et que la lutte contre ces risques
nécessite la convergence des efforts de toutes les nations, il
reconnaît cependant que les stratégies d'adaptation pour y faire
face durablement doivent être endogènes. C'est pour contribuer
à ce débat scientifique sur les stratégies locales
d'adaptation aux changements climatiques que nous nous proposons
d'étudier les stratégies d'adaptation développées
par les producteurs agricoles en relation avec leurs perceptions et savoirs
locaux dans la région sud-est de notre pays. Comme les études de
Agossou (2008) et de Dimon (2008), la présente recherche
intitulée Perceptions, savoirs locaux et stratégies
d'adaptation aux changements cimatiques développées par les
producteurs des communes d'Adjohoun et de Dangbo dans le Sud-Est Bénin
s'inscrit dans le cadre du projet Perceptions Adaptation et
Accompagnement des Populations face aux Changements Climatiques
Environnementaux et Sociaux (PAAPCES).
> Pertinence pratique
L'économie du Bénin reste
sous-développée et dépendante de l'agriculture, avec une
croissance démographique de 3.25% par an (INSAE 2003). Et d'un autre
point de vue, l'agriculture béninoise demeure caractérisée
par la prédominance de petites exploitations agricoles de type
traditionnel à faible niveau d'intrants, et de tailles moyennes variant
entre 0,50 ha dans la partie méridionale et 2 ha dans la zone
septentrionale. Au total, environ 450.000 exploitations agricoles sont actives
dans le secteur, évoluant effectivement sur à peine 1 million
d'hectares soit moins de 10% du territoire du pays, le reste de l'espace
étant occupé par les parcours et pâturages, les
forêts, les montagnes et les plans d'eau (Aho et al, 2006). En
dehors de cette structure, de toute évidence désavantageuse,
l'agriculture béninoise est confrontée à d'innombrables
difficultés dont la baisse de la fertilité des sols, la non
maîtrise de l'eau, la destruction des cultures par les ravageurs, etc.
Mais a tous ces problèmes, vient s'ajouter depuis deux décennies
déjà, le défi des changements climatiques qui menacent
directement la production agricole mais aussi la vie des populations rurales du
faite de leur vulnérabilité particulière aux effets
néfastes de ce nouveau phénomène.
Vu ce tableau peu reluisant, il urge de mener des
études sur les stratégies d'adaptation axées sur les
perceptions et savoirs locaux des producteurs agricoles face à ce
nouveau défi que constituent les changements climatiques. A ce titre,
cette étude devrait permettre d'abord
de préciser la perception des changements climatiques
vécus par les producteurs des communes d'Adjohoun et de Dangbo ainsi que
les stratégies d'adaptation développées localement. Des
besoins d'adaptation ressentis par les producteurs dans leur contexte local,
devraient être mis en relief par la même occasion. Dans cette
perspective, notre étude devraient aboutir à des suggestions
à l'endroit des différents acteurs du développement rural
notamment à l'endroit des centres de prise de décision afin que
des mesures prioritaires soit prises pour la valorisation des stratégies
locales d'adaptation ainsi que leur accompagnement. Tout ceci devrait donc
contribuer au renforcement à l'échelle nationale des mesures
urgentes d'adaptation pour faire face durablement aux effets néfastes
des changements climatiques.
1.3. Objectifs et hypothèses de la recherche
> Objectifs
Cette recherche vise globalement à étudier la
perception des changements climatiques vécus par les producteurs et les
stratégies d'adaptation développées par ces derniers pour
faire face aux manifestations induites par ce phénomène.
Plus spécifiquement il s'agira de :
1. Identifier et analyser les perceptions des changements
climatiques vécus par les producteurs ;
2. Comprendre et analyser les causes attribuées par les
producteurs aux changements climatiques ;
3. Evaluer les effets néfastes des changements
climatiques tels que vécus par les producteurs sur leurs milieu et
ressources ;
4. Catégoriser les mesures d'adaptation
développées par les producteurs pour faire face aux effets
induits par les changements climatiques ; et
5. Identifier les besoins d'adaptation et d'accompagnement
ressentis par les producteurs mais non satisfaits faute de ressources.
> Hypothèses
En général, on entend par hypothèse, une
conception provisoire de la réalité qui après
vérification peut être, soit confirmée, soit
infirmée ou nuancée. Pour Daane et al., (1992) une
hypothèse est une proposition de réponse à la question que
se pose le chercheur dans le cadre de sa recherche. Même plus ou moins
précise, elle aide à sélectionner les faits
observés. Ceux-ci rassemblés, elle permet de les
interpréter, de leurs donner une signification qui,
vérifiée, constituera un élément possible de la
théorie. Cette recherche permettra de vérifier les cinq (04)
hypothèses suivantes :
Hypothèse 1 : Les
changements climatiques dans le terroir sont perçus par les producteurs
;
Hypothèse 2 : Les causes
attribuées aux changements climatiques sont plus liées aux normes
et croyances locales ;
Hypothèse 3 : Les
conséquences des changements climatiques sur les principales cultures
varient selon les unités de paysage du terroir et les saisons de culture
;
Hypothèse 4 : Les
stratégies développées face aux changements climatiques
diffèrent selon les catégories de producteurs.
CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL ET ANALYTIQUE
2.1. Cadre conceptuel
Un concept est une représentation mentale,
générale et abstraite d'une catégorie de
phénomènes. Un même concept peut avoir plusieurs sens,
d'où la nécessité de bien définir le concept
utilisé et le sens qui lui est donné dans l'étude (Daane
et al. ; 1992). Les concepts retenus ici sont : variabilité et
changements climatiques, perception, savoirs locaux, stratégies
paysannes d'adaptation aux changements climatiques et
vulnérabilité.
2.1.1. La variabilité climatique et les changements
climatiques
> Distinction entre la variabilité climatique
et les changements climatiques
La variabilité climatique désigne des variations
de l'état moyen et d'autres statistiques (écarts standards,
phénomènes extrêmes, etc.) du climat à toutes les
échelles temporelles et spatiales au-delà des
phénomènes climatiques individuels. Elle est due à des
processus naturels au sein du système climatique (IPCC,
2001).
Les changements climatiques désignent par contre, une
variation statistiquement significative de l'état moyen du climat ou de
sa variabilité, persistant pendant de longues périodes
(généralement, pendant des décennies ou plus). Ces
changements climatiques peuvent être dus à des processus naturels
ou à des changements anthropiques persistants de la composition de
l'atmosphère ou de l'affectation des terres (IPCC, op.cit).
Il se dégage donc que variabilité climatique et
changements climatiques désignent des phénomènes tout
à fait distincts. Ainsi, la variabilité climatique se
réfère à la variation naturelle intra et interannuelle du
climat, tandis que les changements climatiques désignent une
modification irréversible du climat attribuée directement ou
indirectement aux activités humaines qui altèrent la composition
de l'atmosphère globale et qui s'ajoutent à la variabilité
climatique naturelle observée sur des périodes de temps
comparables.
Toutefois, la difficulté de dissocier
variabilité et changements climatiques, en particulier dans le contexte
africain, peut conduire à des débats complexes et interminables
(Dorsouma, et Requier-Desjardins, 2009). Prenant en compte cette
spécificité, Afouda et al., (2004) propose de
considérer les changements climatiques comme la modification ou la
variation significative du climat, qu'elle soit naturelle ou
due aux facteurs d'origine anthropique.
Plus précis, Ogouwalé (2006) mentionne que les
changements climatiques sont des modifications des statuts de
précipitations et une augmentation prononcée des
températures au cours du temps (généralement des
décennies). En effet, dans la région intertropicale, les deux
facteurs du climat les plus déterminants pour l'agriculture pluviale
sont les précipitations et les températures (Boko, 1988).
Le climat se définissant comme la synthèse des
phénomènes météorologiques observés sur
l'ensemble d'une période statistiquement longue pour pouvoir
établir ses propriétés statistiques d'ensemble à
savoir : valeurs moyennes, variances, probabilités des
phénomènes extrêmes, etc. (Pedelaborde, 1970 et Leroux,
1980 cités par Boko, 1988).
Pour ce qui nous concerne, c'est la définition de
Ogounwalé (2006) à la quelle nous ajoutons, les modifications du
vent qui deviennent récurrentes et affectent l'agriculture ; qui est
adoptée pour notre étude. Ainsi pour notre travail, les
changements climatiques désigne une modification des statuts de
précipitations mais aussi des vents et une augmentation prononcée
des températures au cours de la normale des trente (30) dernières
années.
Si la cause naturelle de la variabilité climatique ne
fait l'objet d'aucun doute, la cause des changements climatiques est parfois
l'objet de controverses dans le monde scientifique.
> Causes des Changements climatiques
Le climat est caractérisé par une tendance
stable sur une longue période de caractéristiques
météorologiques propres à un milieu géographique
donné (GIEC, 2007). Mais cette stabilité est très souvent
rompue pour des causes diverses (très souvent naturelles),
entraînant une modification durable que l'on nomme : changement
climatique. De ce fait, le climat de la terre a déjà subi
plusieurs modifications et autres évolutions cycliques au cours des
âges géologiques comme l'attestent de nombreuses études
paléo climatologiques (Bergonzini, 2004).
Néanmoins, depuis une trentaine d'années, la
préoccupation est devenue plus forte à propos des
éventuels impacts des émissions industrielles de certains gaz
(CFC, CH4, CO2, N2O) sur le devenir du climat de la terre (GIEC, 2007). C'est
le problème du réchauffement global dû aux gaz à
effet de serre (GES).
Les GES ont un rôle important dans la régulation
du climat. Sans eux, la température moyenne sur terre serait de - 18
°C au lieu de + 15 °C et la vie n'existerait peut-être pas
(Bergonzini, 2004). Toutefois, depuis le XIXe siècle, les
activités humaines ont considérablement accru la quantité
de GES présente dans l'atmosphère : entre 1970 et 2007 les
émissions globales de gaz à effet de serre ont augmenté de
70 % (GIEC, 2007). C'est l'origine des changements climatiques actuels
(Bergonzini, op.cit).
Pour Ogouwalé (2006), qui partage ce même point
de vue, les GES sont les principales causes des changements climatiques et les
pays industrialisés sont les grands producteurs de ces GES. Il souligne
par ailleurs que le dioxyde de carbone (CO2) est le GES le plus important et
est responsable à plus de 60% de l'effet de serre.
Au Bénin, les principales sources de GES en
équivalent de CO2 sont les secteurs de l'agriculture et de la foresterie
et la contribution du premier secteur évaluée à 70% est
essentiellement due aux émissions de méthane de ce secteur (MEPN,
2008). Le dioxyde de carbone vient en deuxième position après le
méthane dans l'ordre d'importance des gaz émis par le secteur
agriculture.
Outre les émissions des GES, le PNUD (2007) remarque
que la déforestation est aussi l'une des causes des perturbations
climatiques des régions tropicales. Au Bénin, parmi les causes
anthropiques du réchauffement climatique global, figure en très
bonne partie la déforestation généralisée,
imposée par les besoins croissants des populations en terres agricoles
et en divers produits ligneux (MEPN, 2008).
L'augmentation des concentrations atmosphériques des
GES due aux activités humaines constitue donc, à
côté de la déforestation, la cause fondamentale des
changements climatiques actuels.
2.1.2. La perception
Etymologiquement du latin percipere, percevoir, c'est
« prendre ensemble », « récolter », c'est à
dire organiser des sensations en un tout signifiant. En psychologie, la
perception est le processus de recueil et de traitement de l'information
sensorielle. C'est une lecture de la réalité. Cette lecture passe
par trois étapes mises au jour par les psychologues de la perception. Il
s'agit des étapes sensorielle, perceptive et cognitive.
- L'étape sensorielle, Ce premier niveau
strictement sensoriel de la perception est régi par des capteurs
sensoriels qui sont un héritage de notre évolution et permet de
repérer les caractéristiques du milieu extérieur.
- L'étape perceptive, elle correspond à
l'étape de traitement perceptif consistant à dépasser les
strictes données sensorielles pour les mettre en forme. Les formes nous
aident à organiser les données de l'environnement en
repérant les distinctions fond/forme, les contours des objets, en
déformant ou complétant au besoin les éléments
manquants pour redonner aux choses une certaine cohérence. Le filtrage
des données de l'environnement est également
déterminé par l'attention et la motivation.
- L'étape cognitive, cette étape
purement cognitive, se greffe sur les niveaux précédents de la
perception. Elle consiste à attribuer une signification à
l'information (Dictionnaire Encarta, 2009).
Selon Lalande (1985), la perception est <<l'acte par
lequel un individu, organisant ses sensations présentes, les
interprétant et les complétant par des images et des souvenirs,
s'oppose un objet qu'il juge spontanément distinct de lui, réel
et actuellement connu de lui». Notre perception du monde est donc
finalisée et orientée en fonction des capacités de nos
organes sensoriels mais aussi en fonction de nos centres d'intérêt
et de nos connaissances antérieures. La perception d'une situation fait
appel à la fois au sens et à l'esprit.
En cela, Baruch Spinoza distingue quatre modes de perception : -
la perception par les sens,
- la perception par l'expérience,
- la perception par le raisonnement et,
- la perception par l'intuition.
Les êtres humains disposent de plusieurs systèmes
perceptifs - vue, ouïe, odorat, goût, toucher - qui participent de
<< l'extéroception », c'est-à-dire la
perception du monde extérieur. Il faut y ajouter la perception interne
de notre organisme - appelée << interception » - qui
nous permet de ressentir l'état de notre organisme. A cela s'ajoute la
proprioception qui nous renseigne sur la position de notre corps dans
l'environnement.
Le concept de perception a donné lieu à de
nombreuses théories psychologiques et à de nombreux débats
philosophiques. Les plus dominants sont la théorie intellectualiste, la
théorie de Gestalt, la théorie de la perception de la
durée de Bergson et la théorie écologique.
Pour la théorie intellectualiste soutenue par Alain,
Platon, Descartes et Malebranche, la perception moins qu'une expérience,
plus qu'une sensation est un jugement immédiat. Cette théorie
insiste sur le caractère « construit », élaboré
de la perception. Ce serait en effet l'intelligence qui, grâce à
son travail d'interprétation, transforme les sensations en perceptions,
opère un travail de synthèse pour donner à la
diversité des sensations une cohésion et un sens. Selon Alain, le
pionnier de la théorie intellectualiste cité par MerleauPonty
(1976), toute perception est un jugement.
Une autre théorie de perception est la théorie
de la « forme » ou de la Gestalt. Née en 1910, suite au
travaux du groupe de psychologues allemands Max Wertheimer, Kurt Koffka et
Wolfang Kohler, la théorie de la Gestalt prétend que les
intellectualistes ont exagéré le rôle de l'intelligence et
des constructions mentales dans la perception. Ce n'est pas l'intelligence qui
construit une forme avec des sensations dispersées, mais la forme qui
est sentie, ou perçue d'emblée. Toute perception serait
d'emblée perception d'un ensemble. Contrairement à la
théorie intellectualiste qui considère que les sensations sont la
matière de la perception, et que c'est le jugement et la mémoire
qui leur donne une forme ; la théorie de Gestalt soutient qu'il n'y a
plus de distinction entre sensation et perception. La forme est
inséparable de la matière et nous est donnée intuitivement
avec la matière.
Développée par Bergson , la théorie de la
perception de la durée fournit un champ de débat sur la
façon de percevoir le temps. Cette théorie fait une distinction
entre le temps et l'espace, grâce à la distinction entre
l'intellect et l'intuition. Elle soutient que l'intellect a le but de
promouvoir l'action, pas la connaissance, ce qui est le but de la perception et
de l'intuition. Puisque l'intellect est dirigé vers l'action, il
réagit à ce qu'il rencontre en termes de spatialité. C'est
grâce à l'intuition qu'on a accès à la durée.
L'intellect par contre, a tendance à diviser tout dans des unités
homogènes et uniformes. Ces caractéristiques ont amené
Bergson à comparer l'intellect à une caméra de
cinéma qui construit le mouvement dans une série d'images fixes.
Selon la logique de l'intellect, tout doit être coupé dans des
parties distinctes et constantes, et même des nouvelles
expériences ne peuvent être comprises que par rapport à
celles qui sont vieilles et déjà bien définies dans
l'intellect. La lumière est faite sur
la distinction entre la perception du passé, la
perception du présent et celle de l'avenir. Nous ne percevons
pratiquement, que le passé, le présent pur étant
l'insaisissable progrès du passé rongeant l'avenir. Pour la
théorie de la perception du temps de Bergson, toute perception, si
instantanée soit-elle, consiste donc en une incalculable multitude
d'éléments remémorés. Autrement, toute perception
est déjà mémoire.
Quant à la théorie dite écologique de la
perception, elle a été développée par James Gibson
en 1969 et considère la perception comme une « conduite »
adaptative permettant au sujet de s'adapter à son environnement.
L'action du sujet est une réponse cohérente à la
modification du milieu ; la perception n'a de sens qu'en relation avec une
action. Cette théorie écologique est fondée sur
l'idée de redondance de l'information dans l'environnement, qui permet
au sujet d'avoir une certitude sur le monde perçu. Elle stipule donc
qu'avant d'être un mode de connaissance des choses, la perception est
l'activité vitale de tout organisme en contact avec son milieu.
Dans un grand nombre de situations quotidiennes, l'adaptation
des réponses dépend du lien entre perception et action. Dans le
cadre de notre recherche, nous retenons la théorie écologique de
la perception qui traduit donc, la compréhension que les producteurs
agricoles ont des manifestations des changements climatiques, de ses effets
néfastes ainsi que de leur vulnérabilité face au
phénomène. Nous considérons d'après Leeuwis (2003),
que la perception est subjectif, sélective, organisée et
directive. La perception est subjective car nous ne percevons les choses que de
façon relative. Elle est sélective en ce sens que notre
système nerveux ne peut être conscient que d'une partie de tous
les stimuli qu'il reçoit de notre environnement. La perception est
organisée puisque nous structurons nos expériences sensorielles
vers celles qui ont un sens pour nous. Aussi, la perception est-elle directive
car nous ne percevons que ce nous espérons. De l'environnement total,
seuls les aspects conscients ou inconscients perçus par l'individu
peuvent influer sur son comportement (Boom et Browers, 1990 cités par
Lawin, 2006).
2.1.3. Les savoirs locaux « indigenuos knowledge
»
Longtemps négligé pendant la période
coloniale et post coloniale, la prise de conscience des savoirs locaux a
été suscitée par de nombreux facteurs. Parmi ces facteurs,
les plus déterminants ont été d'une part, l'influence des
travaux de recherche sur les savoirs locaux enclenchée par la
création du Center for Indigenuos Knownledge for Agricultural and
Rural
Developement (CIKARD) à Iowa au USA. Par ailleurs, le
bilan désenchanté des efforts de développement depuis
l'indépendance des pays subsahariens, dû en grande partie au non
prise en compte des pratiques et savoirs paysans (Banque Mondial, 2000 ;
Warren, 1993) y a également contribué .
Depuis ce regain d'intérêt, une
littérature assez variée s'est développée autour du
concept « savoirs locaux ». Mais il est important de
reconnaître que même s'il est encore connu sous plusieurs autres
dénominations telles que « savoir endogène », «
savoir paysan » ou « Ethnoscience », etc., le savoir local reste
jusqu'à nos jours difficile à déterminer de façon
précise.
Pour l'UNESCO (2003), les savoirs locaux désignent les
ensembles cumulatifs et complexes de savoir, savoir-faire, pratiques et
représentations qui sont perpétués et
développés par des personnes ayant une longue histoire
d'interaction avec leur environnement naturel. Ces systèmes cognitifs
font partie d'un ensemble qui inclut la langue, l'attachement au lieu et
à la vision du monde.
Selon Warren (1993), les savoirs locaux représentent
l'ensemble des connaissances acquises par une population locale à
travers l'accumulation d'expériences et l'interprétation de
l'environnement dans une culture donnée. Il comprend les idées,
les expériences, les pratiques et les informations qui ont
été soit générées localement ou soit
produites en dehors de la communauté, mais qui ont été
transformées par la population locale et incorporées à
travers le temps aux conditions culturels agro-écologiques et
socio-économiques locales.
D'après Hountondji (1994), qui souligne l'aspect
culturel dans sa définition, le savoir local est une connaissance
vécue par la société comme partie intégrante de son
héritage. Le savoir local représente le reflet des facteurs
agro-écologiques et socio-économiques emboités dans les
préférences et traditions culturelles. Tout savoir local est donc
relatif à une culture.
Selon la FAO (2005), qui propose une définition
conceptuelle, les savoirs locaux sont un ensemble de faits liés au
système de concepts, de croyances et de perceptions que les populations
puisent dans le monde qui les entoure.
Briggs et Sharp (2003), précisent pour leur part que
les savoirs locaux, comme tous les autres types de savoirs (scientifiques,
techniques, etc.) sont dynamiques par nature. Il s'agit donc d'une accumulation
des connaissances qui a essentiellement pour objectif de réagir à
la
modification des conditions du milieu provoquées souvent
par les changements des paramètres écologiques et humains
(Hountondji, op.cit).
De ces différents points de vue nous pouvons retenir sur
la base des éléments de cohérence, que fondamentalement
les savoirs locaux sont :
-Fondés sur l'expérience ;
- Souvent testés au cours de siècles d'utilisation
;
- Adaptés à la culture et à l'environnement
local ;
- Gravés dans les pratiques de la communauté, les
institutions, les relations et les rituels ; - Détenus par les
particuliers ou les communautés ;
- Dynamiques et en évolution permanente.
De toutes ces définitions, c'est celle de Warren
(1993), qui sera retenue pour notre travail puisqu'elle prend explicitement en
compte les savoirs étrangers qui peuvent s'incorporer au savoir local au
cours du temps.
Bien que les savoirs locaux soient uniques pour chaque culture
ou société ils ne sont pas uniformément répartis au
sein de la communauté. A cet effet, une typologie des savoirs locaux
nous est proposée par la FAO (op.cit). Elle identifie les trois
(03) types de savoirs locaux suivants : le savoir commun, le savoir
partagé et le savoir spécialisé.
Le savoir commun est détenu par la plupart des
personnes au sein d'une communauté tandis que le savoir
partagé est détenu par un bon nombre de membres de la
communauté mais pas par tous, par exemple, les villageois qui
élèvent des animaux domestiques en sauront plus sur
l'élevage que ceux qui n'ont pas d'animaux. Le savoir
spécialisé est détenu par quelques personnes qui ont
reçu une formation spéciale ou un apprentissage.
Au sein d'une communauté locale, différents
groupes de personnes détiennent donc, différents types de
savoirs. Cependant, en fonction du type de savoir, la transmission s'effectue
de façons différentes. Le savoir commun est intimement lié
à la vie quotidienne de la population locale. Il n'a pas besoin de
mécanismes spéciaux pour se transmettre. La transmission du
savoir spécialisé et du savoir partagé représente
un cas différent. Ici la transmission nécessite des
mécanismes traditionnels et culturels spécifiques
d'échanges d'informations. Ils peuvent être conservés et
transmis oralement par les plus anciens ou les spécialistes.
Concernant l'importance des savoirs locaux pour la recherche
et le processus de développement agricole, plusieurs aspects se
révèlent pertinents pour la présente étude. Dans
son rapport 2000 sur les connaissances endogènes, la Banque Mondiale
mentionne que les savoirs locaux représentent le capital humain des
populations rurales (et urbaines).
Warren et Cashman (1988), mentionne pour leur part
que le système de savoirs locaux constitue une ressource
stratégique pour la prise de décision dans les
sociétés rurales. Il permet de préserver les
éléments essentiels pour la stabilité sociale d'une
communauté donnée dans un environnement global en
perpétuel changement.
Les savoirs locaux présentent néanmoins
certaines limites. Ces limites sont étroitement liées à
leurs caractéristiques ci-dessus présentées. D'abord,
compte tenu de son inégale répartition dans ou à travers
les communautés, le savoir local ne doit pas être pris hors de son
contexte social, politique et économique (FAO, op.cit). Il doit
être exploré et partagé de manière participative et
doit bénéficier à toutes les parties impliquées
(Hansen et Van Fleet, 2003).
Ensuite, les savoirs locaux ne sont pas exclusifs ou
nécessairement suffisants pour faire face à tous les défis
que les populations rurales doivent affronter pour leur survie (Banque Mondial,
op.cit). Dans ce même sens, Dupré, (1991) cité par
Biaou et al. ; (2007) recommande de se garder d'un «
fétichisme » qui doterait les savoirs locaux de toutes les vertus
qui leur étaient refusées autrefois. Il est important qu'il soit
associé à d'autres sources externes de savoir. Puisque, si les
paysans savent mieux établir les corrélations entre
différents phénomènes ; leurs explications des causes
peuvent être toute fois, erronées (Floquet et Mongbo, 1994).
Enfin, par rapport aux savoirs scientifiques formels ou
techniques qui sont standardisés, uniformisés et
formalisés ; les savoirs locaux sont localisés,
contextualisés et empiriques. Aussi, selon Mettrick, (1993), cité
par Agossou (2008), la diffusion des savoirs locaux est-elle restreinte
à ce dont on peut se rappeler et qui peut se transmettre oralement. De
même, si il a des domaines de connaissances dans une large mesure
maitrisées par les savoirs locaux et qui peuvent aider la recherche
scientifique ; il existe tout de même des données et des concepts
que les savoirs locaux ne peuvent détenir parce que nécessitant
des travaux expérimentaux, hors de porté des paysans ruraux.
En dépit de ces limites ; Howes et Chambers (1979),
cité par Okry (2000), suggèrent un certain nombre d'usages des
savoirs locaux dans le domaine du développement :
- l'utilisation du système local de classification comme
un moyen plus rapide pour compiler et inventorier les ressources du terroir.
- les savoirs locaux comme source d'inspiration aux
scientifiques.
- les savoirs locaux comme source d'hypothèses
préliminaires.
- les savoirs locaux comme moyen de correction des erreurs des
acteurs externes à la société dans la perception
réelle des réalités sociales.
- les savoirs locaux comme canal d'information sur les
problèmes environnementaux.
Pour Biaou et al., (op.cit) l'essentiel est
de valoriser ce patrimoine pour servir aux objectifs du développement
économique et social. C'est dans cette perspective que les savoirs
locaux seront pris en compte ici sous l'angle des quatre premiers usages
suggérés ci-dessus pour l'analyse des perceptions et des
stratégies ainsi que de leurs interrelations.
2.1.4. Les stratégies paysannes d'adaptation aux
changements climatiques
> Le risque et l'incertitude en
agriculture
Aucune activité économique n'est
dépourvue de risque et/ou d'incertitude. Mais, à la
différence des autres secteurs d'activité, il n'est pas
exagéré de considérer qu'en agriculture, il joue un
rôle particulièrement grand du fait que même la production
est extrêmement incertaine : avec les mêmes facteurs de production,
la récolte peut varier du simple au double selon la
météorologie (Boussard, 1987 ; cité par Adégbidi,
2003). Certes, les paysans sont confrontés à cette incertitude
dans toutes les régions du monde. Néanmoins, les petits
exploitants agricoles des Pays en Voie de Développement (PVD), qui sont
généralement sans épargne, en souffrent naturellement plus
que les autres (Adégbidi, 2003).
C'est Knight (1921) qui introduit pour la première fois
une différenciation entre risque et incertitude. Il y a risque lorsqu'on
peut associer une loi de probabilité aux différents
résultats possibles d'une action donnée ; tandis qu'il y a
incertitude, lorsque l'information dont on dispose est si pauvre, qu'il est
impossible d'attribuer une probabilité aux différents
résultats possibles (Boussard, 1987 ; cité par Adégbidi,
2003). Mais dans le contexte particulier des perturbations
pluviométriques subies par les exploitations agricoles familiales
béninois, Adégbidi (2003) précise que les
deux termes sont équivalents et donc, interchangeables.
De nombreux auteurs (Dillon et Scandizzo; 1978 ; Binswanger et
Sillers; 1983), cité par Adégbidi (2003), ont constaté que
souvent les pertes subies pendant les mauvaises années (par exemple,
pertes de récolte et de biens de production, endettement, etc.) ne sont
presque jamais complètement compensées par les gains obtenus
pendant les bonnes saisons. Ils ont relevé que l'ampleur des
fluctuations de revenus que subissent ces paysans est très grande.
Huijsman (1986) a montré que le sous-investissement dans l'agriculture,
est causé par le comportement d'aversion pour le risque.
Ellis (1996), cité par Adégbidi (2003), à
partir des recherches qui couvrent presque tous les aspects de la vie des
familles paysannes et leurs liens avec le risque, a conclu aux propositions
ci-après: l'aversion pour le risque (1) induit des pratiques agricoles
telles que la dispersion spatiale des parcelles et l'association des cultures,
(2) empêche la diffusion et l'adoption des innovations qui pourraient
améliorer la production voire les revenus agricoles. La perception des
risques encourus dans leur activité influence donc nombre des
stratégies développées par les producteurs agricoles.
Mahawonken (1989), cité par Sènahoun (1994),
dans un article présenté au séminaire sur << la
gestion de risque et l'administration de l'assurance agricole au Nigéria
>> à résumé les risques du secteur agriculture en
quatre (4) types que sont :
- les risques naturels,
- les risques sociaux,
- les risques économiques et,
- les risques personnels (personal risks).
Boehlje et Eidman (1984), cité par Sènahoun
(1994) répartissent pour leur part, les risques agricoles en deux
groupes : les << Business risk >> et les risques financiers
(Financial risk). Selon eux, les << Business risk >> comprennent
les risques de variation des prix et les risques de variations de la
production. Ces derniers (risques de variation de la production) sont les plus
importants dans un pays comme le Bénin où l'agriculture est
largement dépendante de la météorologie. Les facteurs de
variation de la production sont des facteurs climatiques, des facteurs
biologiques...etc. Les risques financiers sont liés à la
variation des taux d'intérêt et à la non
disponibilité du crédit.
Aken Ova (1988) cité par Sènahoun (1994)
répartit lui les facteurs de risque en acte de Dieu (Act of God) et
actes de l'homme (Act of men). Dans cette classification, le vol, l'incendie
sont des exemples d'actes de l'homme alors que la variation
pluviométrique est un exemple d' « Act of God ».
Si en première apparence ces différentes
typologies présentes des variations de forme, au fond, elles effectuent
toutes la classification des mêmes risques. Il en ressort que le risque
climatique est une constante du secteur agriculture. Le risque climatique
désignant ici, la fréquence d'occurrence d'un
événement climatique ou biologique qui peut être
préjudiciable aux écosystèmes et aux moyens et modes
d'existences des populations (IPCC, 2007).
Dans son rapport d'évaluation concertée de la
vulnérabilité aux variations actuelles du climat et aux
phénomènes météorologiques extrêmes, Aho
(2006) notifie que les principaux risques climatiques dans la commune
d'Adjohoun sont :
- les pluies tardives et violentes, - les vents violents,
- la chaleur excessive,
- les inondations et,
- la sécheresse.
L'influence de ces différents risques climatiques sur
les activités agricoles et le milieu de vie des producteurs agricoles
seront pris en compte pour notre étude.
Pour Hunt (1991, p50), cité par Adégbidi (2003),
les pratiques courantes agricoles de dispersion du risque, notamment la
diversification des productions, la diversification spatiale des parcelles et
des sources de revenus du ménage agricole, n'impliquent pas
nécessairement un sacrifice de l'efficience. Les stratégies
paysannes anti risques seraient alors des pistes porteuses pour l'analyse et la
compréhension des stratégies des producteurs agricoles dans le
contexte actuel des changements climatiques.
> Les stratégies paysannes
anti-risque
On entend par stratégie, la conception et la mise en
oeuvre d'un ensemble d'actions coordonnées en vue d'atteindre un
résultat ultime. Elle induit donc une hiérarchie d'actions et de
résultats intermédiaires qui permet l'identification et la
caractérisation de la stratégie menée.
Par le concept de stratégie, praticiens et chercheurs
de différentes disciplines (agronomes, géographes,
économistes ruraux, sociologues) manifestent le souci de recentrer les
analyses et les propositions d'action sur la prise en compte de la
capacité des paysans à prendre des décisions
cohérentes en fonction d'intérêts et d'objectifs qui leur
sont propres (Chauveau, 1997 cité par Nambena, 2004)
Pour Yung et Zaslavsky (1992), le concept de stratégies
des producteurs désigne l'ensemble des combinaisons plus ou moins
structurées de réponses élaborées des acteurs pour
faire face aux défis auxquels ils se trouvent confrontés ou
qu'ils s'assignent (objectifs).
En abordant l'étude des stratégies des
producteurs agricoles Losch et al. ; (1991) évoque la
nécessité de pouvoir distinguer le structurel et le temps long,
le conjoncturel et le temps court ; car si le temps long est explicatif des
tendances et des grandes évolutions, le temps court est aussi porteur
d'évènements explicatifs de ruptures, de différenciations
économiques et sociales et de reformulation des stratégies
développées. Toutefois, l'urgence de court terme fait obstacle au
développement de stratégies à long terme chez beaucoup de
producteurs (Sautier, 1989 cité par Yung et Zaslavsky, 1992).
En référence aux facteurs influençant les
stratégies des producteurs africains, Yung et Zaslavsky (1992),
mentionnent les repères suivant :
· Les objectifs poursuivis et moyens mis en oeuvre
varient selon ce que l'on a affaire à un acteur dont la
préoccupation est à dominante agricole ou pastorale, selon qu'il
est riche ou pauvre, selon qu'il est aîné ou dépendant,
selon qu'il s'agit d'un producteur ou d'une productrice, selon qu'il exerce une
activité exclusivement agricole ou, parallèlement, d'autres
activités économiques, etc.
· Les stratégies des acteurs sont
déterminées par les perceptions qu'ils ont ou les
représentations qu'ils se font, de leur situation ainsi que des autres
acteurs.
· Les stratégies et changements de pratiques des
producteurs constituent des points de repère permettant de reconstituer
les stratégies.
· Le discours des acteurs sur leurs pratiques et
changements de pratiques constituent un objet privilégié
d'investigation pour comprendre leurs stratégies.
· Les évolutions climatiques, sociales,
techniques et économiques peuvent induire des changements rapides dans
les stratégies des acteurs.
· Les stratégies des acteurs sont
déterminées par la situation dans laquelle il se trouve en tant
que producteurs ou ses objectifs, ou les deux à la fois.
Par rapport aux objectifs guidant les choix
opérés par les paysans face aux risques, Losch et al. ;
(1996) font la synthèse et soulignent qu'il est possible de
distinguer trois types de stratégies des producteurs en fonction de leur
caractère plus ou moins offensif ou défensif :
- Les stratégies à dominante
défensif consistent, pour les producteurs en situation de fortes
contraintes, à préserver la survie de leur unité de
production et à assurer la reproduction du groupe familial. Ces
stratégies passent par l'atténuation des effets des risques en
les dispersant au maximum.
- Les stratégies à dominante offensive
ont pour objectif principal : la croissance du revenu monétaire. Elles
consistent à prévenir l'occurrence des risques en évitant
leur manifestation, ou du moins en agissant sur leurs causes.
- Entre ces deux types de stratégies existe une
stratégie intermédiaire capable d'évoluer, en fonction de
l'environnement économique, dans un sens ou dans l'autre et que l'on
peut qualifier de « stratégie d'attente » ou de
« détournement ». Il s'agit dans ce cas pour le
producteur de se situer hors d'atteinte des risques en les contournant sans
agir directement sur les effets ni sur leurs causes.
Maatman (2000, p. 169; cité par Adégbidi, 2003)
a pour sa part catégorisé quatre stratégies paysannes qui
réduisent l'impact des risques sur les résultats de
l'activité agricole. Il s'agit :
- des stratégies de contournement/évitement;
- des stratégies de dispersion par la diversification;
- des stratégies de contrôle des risques par la
prise de décision séquentielle ; - des stratégies
"d'assurance" contre les risques.
Les travaux d'Adégbidi (2003, p. 14) axés sur
cette dernière typologie des stratégies paysannes face aux
risques pluviométriques dans le Département du Borgou mentionnent
les résultats suivants :
· les stratégies de contournement ou
d'évitement; concerne la pratique du labour ou des buttes et l'abandon
des parcelles de sorgho ;
· les stratégies de dispersion par la
diversification; se manifeste par la large gamme de cultures rencontrées
sur une même exploitation, la pratique des associations de cultures
encore persistante dans le milieu de même que la multiplication des
parcelles sur différents types de sols, la culture de plusieurs
variétés pour une seule et même culture. La combinaison de
la production végétale à la production animale participe
elle aussi, à ces stratégies de dispersion.
· Les stratégies de contrôle des risques par
la prise de décision séquentielle concernent la réduction
des impacts de la faible levée des plants par le resemis.
· Les stratégies "d'assurance" concernent
l'entretien des relations sociales marquées par
la pratique des dons
de produits vivriers aux parents et amis après chaque récolte.
Face au contexte des changements climatiques vécus
actuellement, les expériences d'adaptation aux risques serviraient sans
doute de base pour l'élaboration de stratégie d'adaptation.
> Les stratégies d'adaptation aux
changements climatiques
La notion d'adaptation est aussi vieille que le monde (IPCC,
2001). L'adaptation aux changements climatiques indique l'ajustement des
systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli
climatiques présents ou futurs ou à leurs effets, afin
d'atténuer les effets néfastes ou d'exploiter des
opportunités bénéfiques (GIEC, 2001).
On distingue divers types d'adaptation, notamment l'adaptation
anticipative et réactive, l'adaptation publique et privée, et
l'adaptation autonome et planifiée (GIEC, 2001).
L'adaptation climatique apparaît être une des
solutions qui permettraient à la communauté humaine de
réduire les impacts des changements climatiques annoncés
(Ogouwalé, 2006). Ceci ne saurait être une réalité
en l'absence de stratégie d'adaptation.
Le GIEC (2001) définit la stratégie
d'adaptation aux changements climatiques comme étant le mécanisme
ou les actions entreprises par un système, une communauté, un
individu en réaction aux impacts et effets présents et futurs
induits par les modifications du climat.
Pour notre étude, seules les réactions des
communautés et des individus en réponse aux effets
présents et futurs des changements climatiques seront
considérées car c'est uniquement les stratégies
d'adaptation des producteurs qui constituent l'objet de notre
préoccupation.
A côté de la notion de stratégie
d'adaptation, la capacité d'adaptation (GIEC, 2007) désigne la
capacité d'ajustement afin de s'adapter aux effets et aux impacts des
changements climatiques (y compris la variabilité climatique et les
extrêmes climatiques).
En adoptant la définition du GIEC (2001) du concept
stratégie d'adaptation aux changements climatiques, Ogouwalé,
(2006) a distingué deux types de capacité d'adaptation:
- La capacité d'adaptation des
agrosystèmes qui est assimilée à la résilience
des systèmes naturels, c'est-à-dire leur aptitude à
supporter les magnitudes de changements des paramètres du système
ou de l'élément étudié pour revenir à des
états de dynamique stable à moyen termes sans changement majeur
de leurs physionomies, qualités et compositions spécifiques.
- La capacité d'adaptation du système
humain qui est l'aptitude d'une communauté à planifier,
à se préparer pour faciliter et mettre en oeuvre des mesures
d'adaptation en tenant compte de ses atouts économiques, technologiques,
institutionnels, etc.
Dans son rapport d'évaluation concertée de la
vulnérabilité aux variations actuelles du climat et aux
phénomènes météorologiques extrêmes, Aho
(2006) notifie que dans le secteur de l'agriculture de l'élevage de la
pêche et de la foresterie, les populations locales de la commune
d'Adjohoun ont développée les mesures d'adaptation telles que
:
- la provocation des pluies par les faiseurs de pluie,
- les semis précoces qui permettent parfois de faire
profiter des premières pluies aux cultures,
- l'abandon des cultures à cycles longs comme le manioc,
la patate douce etc., - l'application de fortes doses d'engrais,
- l'adoption de variétés de maïs à
cycle court et,
- la conversion des pêcheurs en agriculteurs, lorsque
l'ensablement des cours d'eau ne permet plus les activités de
pêche.
Dans le cas de la présente étude, ces
différentes mesures d'adaptation sont retenues comme point de
départ des adaptations mis en oeuvre en générale dans
notre zone d'étude et seront approfondis aux niveaux des exploitations
agricoles. Ceci passe nécessairement par la compréhension de la
diversité des capacités d'adaptation de ces exploitations
agricoles. Cette diversité de capacité d'adaptation est
caractéristique du niveau de vulnérabilité de chaque
exploitation ou groupe homogène d'exploitation agricole.
2.1.5. La vulnérabilité aux changements
climatiques > Le concept de
vulnérabilité
Le concept de vulnérabilité a fait l'objet
d'une abondante littérature scientifique qui se caractérise toute
fois par certains points saillants.
Chambers, (1989, cité par van Dillen, 2002) l'a
défini globalement en termes d'exposition aux risques et de la
capacité de s'en sortir de tels risques. Mentionnons ici que ces deux
composantes qu'il appelle aussi les cotés externes et internes de la
vulnérabilité, sont typiquement à la base de toutes les
définitions de ce concept quelque soit le domaine
considéré.
En développant cette double structure du concept
vulnérabilité, Bohle, (1997), cité par Nambena, (2004)
différencie le côté externe en risques résultants
des conditions d'écologie humaines, incluant des changements
écologiques ou le développement démographique, en
perturbations découlant de la situation politico-économique,
défini par l'histoire du développement politique et
économique, et en dangers provenant du déclin des
prétentions, des titres et des accès. Concernant le
côté interne, il distingue trois catégories de
capacités de s'en sortir : des capitaux écologiques en
l'occurrence les ressources naturelles, les actifs socio-économiques
tels les alliances, organisations sociales, etc., ainsi que des ressources
économiques (infrastructures) et personnels (santé, âge,
éducation).
Akadiri et Bhole, (1999), cité par Nambena, (op.
cit) met en relief les dimensions sociales, culturelles, politiques,
géographiques et temporelles de la vulnérabilité et la
nécessité de considérer des différenciations
spécifiques et précise que la vulnérabilité se
présente pour un individu, des groupes sociaux ou des régions
comme une combinaison de facteurs écologiques, socio-économiques,
institutionnels et légaux.
Dans ce même ordre d'idée et en rapport avec le
phénomène de la pauvreté, certains auteurs (Blaikie et
al. ; 1994 et van Dillen, 2002) expliquent que vulnérabilité
et pauvreté sont des états souvent liés, mais ne sont pas
synonymes. En ce sens, plus que la pauvreté qui décrit simplement
une condition dans laquelle une personne ou un ménage n'a pas les moyens
d'obtenir un certains paquets de biens dont la valeur est appelé seuil
de pauvreté ou de bien être humain, la vulnérabilité
est une mesure complexe, relative, hypothétique et prédictive en
ce sens qu'elle reflète les mécanismes et les processus qui
causent des privations actuelles et futures afin de connaître non
seulement qui est en détresse actuellement mais qui risque de
l'être pour l'avenir.
En quoi se résume alors la vulnérabilité
aux changements climatiques ? > La vulnérabilité
aux changements climatiques
La vulnérabilité aux changements climatiques
est définie par le GIEC (2007), comme « le degré par lequel
un système risque de subir ou d'être affecté
négativement par les effets néfastes des changements climatiques,
y compris la variabilité climatique et les phénomènes
extrêmes.
La vulnérabilité aux changements climatiques
admet donc plusieurs approches de définition selon l'usage que l'on veut
en faire (MEPN, 2008). Deux approches seront retenues pour notre étude :
celle de la vulnérabilité sociale et celle de la
vulnérabilité bio-physique.
Parmi les facteurs qui engendrent la
vulnérabilité bio-physique, on compte ceux dépendant du
climat comme la pluviométrie (déficit, répartition
temporelle et spatiale) et ceux favorisés par les régimes
pluviométriques tels que les invasions de prédateurs, les
maladies contagieuses, parasitaires, animales et végétales, les
mauvaises récoltes, les pénuries de fourrages, ainsi que les
faibles potentiels génétiques végétaux et
animaux.
La vulnérabilité sociale est
caractérisée par la pauvreté, une insécurité
alimentaire structurelle, des techniques de production obsolètes, un
sous équipement marqué et l'insuffisance d'intrants agricoles
(semences, engrais).
Néanmoins, on distingue par ailleurs toujours par
rapport à la problématique des changements climatiques, la
vulnérabilité actuelle et la vulnérabilité future.
A cet effet, celle dite actuelle permet d'évaluer les risques connus,
avec l'objectif de réduire les dangers et
d'identifier des actions d'atténuation des risques et
pour la gestion des risques tandis que celle dite future permet
d'évaluer les risques connus et potentiels avec l'objectif d'estimer des
dangers et d'identifier des capacités et des actions d'adaptation.
La vulnérabilité dépend du
caractère, de l'ampleur, et du rythme des changements climatiques
auxquels un système est exposé, ainsi que de sa
sensibilité et de sa capacité d'adaptation (GIEC, 2007).
Par rapport aux changements climatiques, le concept de
vulnérabilité peut être traduit en termes
opérationnels comme suit :
Vulnérabilité = Risque climatique (danger
x expositions) +/ - Adaptation (Réponses/Options) De cette
façon :
· la vulnérabilité est donc une fonction des
risques, des dangers, de l'exposition et des options et réponses
d'adaptation ;
· le risque climatique une fonction de la
probabilité et la magnitude d'occurrence des dangers comme les
événements climatiques ou biologiques préjudiciables ;
· le danger une fonction des menaces actuelles et/ou
potentielles pour les humains et leurs bien être et aussi pour les
écosystèmes, leurs biens et services ;
· l'exposition une fonction de la susceptibilité
à des impacts, des effets et/ou des pertes des changements climatiques ;
et enfin,
· les options et les réponses d'adaptation comme une
fonction des mécanismes,
stratégies et actions pour faire face
de manière réactive, soit de manière préventive.
L'évaluation concertée, rapide, de la
vulnérabilité effectuée auprès des populations
locales dans le cadre des travaux du Programme d'Action National aux fins de
l'Adaptation aux changements climatiques (PANA) précise qu'au sud du
Bénin, trois communes sont plus vulnérables
(Aguégué, Adjohoun et Grand-Popo), deux communes au nord du pays
(Tanguiéta et Malanville) et une commune sur le matériel
précambrien du socle granito gneissique du centre Bénin (Savalou)
(MEPN, 2008). Par rapport à sa proximité avec la commune
d'Adjohoun et leur appartenance à la même zone
agroécologique, nous admettons que la commune de Dangbo, la seconde
commune de notre zone d'étude est également vulnérable aux
changements climatiques. Dans la commune d'Adjohoun, Aho (2006) notifie
dans son rapport d'évaluation concertée de la
vulnérabilité aux variations actuelles du climat et aux
phénomènes météorologiques extrêmes que les
groupes sociaux les plus vulnérables au point de vue
socio-économique sont : (i) les petits exploitants agricoles, (ii) les
éleveurs et (iii) les transformateurs des produits agricoles. Les
producteurs agricoles de notre zone d'étude sont donc vulnérables
aux changements climatiques.
2.2. Cadre analytique de l'étude
Nous avons choisi pour constituer le fil directeur de notre
travail, l'approche d'analyse de la perception et l'approche d'analyse des
moyens d'existence durables « Substainable Livelihood ». L'approche
d'analyse de la perception nous permettrait d'appréhender les
perceptions des manifestation des effets néfastes des changements
climatiques vécus par les producteurs dans leur terroir. L'approche
d'analyse des moyens d'existence durables permettra pour sa part d'analyser les
différentes stratégies d'adaptation développées par
les producteurs sur la base de leurs expériences au contact de leur
environnement dans un contexte de vulnérabilité aux changements
climatiques.
2.2.1. L'approche d'analyse de la perception
Nous ne percevons que certains éléments de tout
ce qui se passe dans notre environnement. En effet, à tout moment, nos
sens reçoivent une multitude de stimuli de l'environnement autour de
nous. Mais malgré sa capacité à traiter une importante
quantité d'information, notre système nerveux ne peut pas
être conscient de tous les stimuli à la fois. Nous faisons une
sélection en fonction de notre concentration sélective. Ce qui a
été sélectionné est directement ordonné et
activement modifié au cours de la perception (van den Ban et al, 1994).
Ceci fait naître une différence évidente entre
l'environnement physique et l'environnement subjectif, tel que nous l'avons
perçu c'est-à-dire l'environnement psychique. Tout comportement
individuel dans n'importe quelle situation repose non pas sur une
réalité, mais sur la réalité telle que
perçue et comprise par cet individu. La figure N°1 suivante
visualise ceci. Le mode de transformation et d'enregistrement des stimuli
perçus est, d'une part fonction des facteurs structurels relatifs
à la constitution psychologique des organes et leur conduite, d'autre
part, des facteurs fonctionnels relatifs à la situation psychique du
percepteur.
Stimuli Facteurs
fonctionnels
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Situation psychique du percepteur
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Perception Sensorielle
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Mémorisation
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Transformation sélective Projective, significative
ordonnante
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Facteurs structurels Personne
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Figure 1: Modèle de la perception humaine
Source : Adapté de GTZ, 1987 : 91
Selon Van den Ban et al. (1994), nous pouvons considérer
les éléments ci-dessus comme faisant partie des facteurs
fonctionnels :
- les expériences,
- les notions de valeurs,
- les attentes, - les besoins,
- les opinions et,
- les normes socio-culturelles.
2.2.2. L'Approche d'Analyse des Moyens d'Existence Durable
(AMED) « The Substainable Livelihood Analyse (SLA) »
Les changements climatiques sont un phénomène
qui entraîne des changements sociaux, ils ont des impacts sur le
bien-être des populations locales. A cet effet, nous retenons dans le
cadre de notre étude l'AMED ou « Livelihood » pour l'analyse
des stratégies d'adaptation développées par les
producteurs. Cette approche trouve son origine dans les débats
initiés à la fin des années 1980 autour des notions et des
caractérisations de la pauvreté. Ces débats visaient le
dépassement des visions réductionnistes basées simplement
sur le niveau de revenus ou de consommation des personnes (Bucci, 2008). Dans
sa substance, le
<< livelihood >> est un concept alternatif
à celui de << système >> comme paradigme de
conceptualisation des modes de production et de vie des producteurs et groupes
sociaux (FIDA, 2007).
Dans sa conception théorique, l'AMED est une approche
construite autour du concept de << Moyen d'Existence Durable
(MED)>> et d'une théorie du changement. Celle-ci identifie un
certain nombre de niveaux et facteurs stratégiquement importants qui,
dans une logique d'ensemble, expliquent comment la maîtrise et
l'orientation des facteurs vers les stratégies d'existence devrait
engendrer des effets positifs sur l'existence d'individus dans un territoire
déterminé.
Les moyens d'existence englobent les capacités, les
atouts (y compris les ressources matérielles et sociales) et les
activités nécessaires pour vivre. Ils sont durables lorsqu'ils
permettent aux groupes sociaux concernés de faire face à des
contraintes et à des chocs, de maintenir ou d'accroître les
capacités et les actifs présents et à venir, sans porter
atteinte à la disponibilité des ressources naturelles pour les
générations futures (DFID, 1999). Ainsi, le concept de moyen
d'existence durable est construit autour de trois éléments :
- les capacités nécessaires pour mener une
existence décente,
- les biens tangibles qu'un individu ou un ménage
possède ou au quels il a accès,
- les biens intangibles, comme la possibilité de faire
des demandes ou des requêtes ou d'accéder à des services,
à la technologie, à une activité génératrice
de revenus, etc (Chambers et Corway 1991)
Le << livelihood >> intègre beaucoup de
données (quantitatives et qualitatives) et peut permettre de fournir une
analyse socio - économique et surtout politique sur ce que cache les
disparités entre ménages dans la mobilisation des atouts et le
déploiement des stratégies de subsistance (Ann Whitehead, 2002).
Il est basé sur sept principes fondamentaux : les populations locales au
coeur du développement, une vision holistique, la flexibilité et
le dynamisme, la valorisation du capital des individus ou des ménages,
les interrelations micro-macro, des alliances partenariales larges, et la
durabilité (DFID, 1999). De ce point de vu, le << livelihood
>> est une démarche centrée sur l'humain, les individus ou
ménages constituent le point d'entrée privilégié et
non, par exemple, une région ou un secteur d'activité
donné. Il est une approche englobante, c'est-à-dire qu'il ne se
cantonne pas à un seul secteur, un seul lieu
ou un niveau donné ; et il intègre la
multiplicité des acteurs et des stratégies. Il se fonde avant
tout sur l'analyse des dynamiques de changement, les relations de cause
à effet, l'enchaînement d'événements, et non sur une
vision statique et figée des populations et de leurs moyens d'existence.
Il s'appuie, ceci est très important, sur les atouts et les forces
disponibles au sein des populations, afin de les appuyer et de les renforcer,
et non sur leurs besoins. En rupture avec les pratiques de développement
qui tendent à se concentrer de manière exclusive sur des aspects
macro ou micro, le << livelihood >> vise à
réconcilier les deux échelles, notamment en décortiquant
l'impact des politiques macro sur les populations à l'échelle
locale. Les interventions s'envisagent en partenariat avec d'autres acteurs de
développement, du secteur privé ou public. Enfin l'approche du
<< livelihood >> situe la durabilité à quatre niveaux
que sont : le niveau financier en limitant la nécessité d'un
recours aux financements extérieurs ; le niveau institutionnel, à
travers l'intégration dans des institutions existantes ; le niveau
environnemental, en tenant compte du potentiel physique à long terme et
le niveau social, en minimisant l'exclusion sociale.
Elaboré par la DFID, le cadre analytique de l'AMED est
un outil pratique pour faire comprendre et assimiler l'approche en favorisant
l'analyse des moyens réels d'existence des populations. La figure 2
présente les cinq composantes de ce cadre.
Légende
H = capital Humain S = capital Social
N = capital Naturel P = capital Physique F = capital
Financier
AVOIR DE MOYENS
D'EXISTENCE
CONTEXTE DE
VULNERABILITE
CHOCS
TENDANCES SAISONNALITE
STRUCTURE ET
PROCESSUS DE
TRANSFORMATION
STRUCTURES
· Niveau de gouvernement
· Secteur
privé
Lois
Politique
Culture Institution
RESULTATS DE
MOYENS
D'EXISTENCE
· Plus de
revenus
· Bien être
accru
· Vulnérabilitéréduite
· Plus grande
sécuritéalimentaire
· Utilisation plus durable
STRATEGIES DE MOYENS D'EXISTENCE
Pour obtenir des
Influence
& accès
H
S N
P F
Figure 2: Cadre analytique du « livelihood Source
: DFID, 1999
Ces cinq composantes peuvent être décrites dans
le cadre du présent travail de la manière suivante : (i) le
contexte de vulnérabilité aux changements climatiques du monde
dans le quel opèrent les producteurs agricoles ; (ii) leurs atouts en
capital (social, humain, naturel, physique et financier) ; (iii) les
politiques, institutions et processus qui influent sur leur vie ; (iv) les
stratégies adoptées par ces producteurs qui peuvent soit
être basées sur l'exploitation des ressources naturelles, soit sur
l'exploitation d'autres types de ressources, soit encore sur le changement de
contexte de la part de l'exploitation et (v) les résultats qu'ils
obtiennent ou auxquels ils aspirent.
Ce cadre ne fonctionne pas de manière linéaire
et ne cherche pas à donner une représentation exacte de la
réalité. Il vise plutôt à fournir une façon
de considérer les moyens d'existence des producteurs qui stimule le
débat et la réflexion sur les nombreux facteurs en l'occurrence
le risques climatiques, influençant ces moyens d'existence, la
façon dont ils interagissent et leur importance relative dans une
situation donnée, ce qui devrait faciliter l'identification de
manières plus efficaces d'appuyer les moyens d'existence et de
réduire leur vulnérabilité (FIDA, op.cit).
Pour la présente étude, l'AMED permettra une
meilleure prise en compte des aspirations, des atouts et des contraintes des
producteurs, de leur inhérente diversité, de la complexité
de leur environnement et de leurs stratégies d'existence dans un
contexte globale de changement climatique.
2.2.3. Approche d'analyse retenue pour l'étude
Telle que présentée ci-dessus, l'approche
d'analyse de la perception et celle du « livelihood » pris
isolément ne pourraient suffire pour les analyses de notre étude
qui remarquons le se préoccupe à la fois des perceptions, des
savoirs locaux et des stratégies d'adaptation des producteurs agricoles
face aux changements climatiques ainsi que de leurs interrelations. Face
à cette situation, et sur la base de ces deux approches, nous avons
alors élaboré tout comme Agossou (2008) et Dimon (2008), une
approche d'analyse propre à cette spécificité de notre
recherche.
Fondamentalement, au sein de la communauté paysanne, il
y a une certaine hétérogénéité des
stratégies d'adaptation face aux aléas pluviométriques
(Adégbidi, 2003). En effet, des paysans de la même région
frappés par un choc ou bouleversement pluviométrique
d'ampleur égale vont réagir rarement de la
même manière pour les choix de leurs pratiques et techniques
à mettre en oeuvre en réponse à ce changement en face. En
réalité, les pratiques des paysans sont surtout
façonnées par une foule de facteurs axés sur leur
perception des risques encourus ainsi que de leur habileté à
contrôler ou à s'accommoder à ces risques (Leeuwis, 2003).
De cette façon, les stratégies mises en oeuvre par les
producteurs au sein de leurs exploitations agricoles face aux risques des
changements climatiques vécus ne peuvent se comprendre en dehors de leur
perception de ces changements. Autrement, les différentes
stratégies observées chez les producteurs en rapport aux
bouleversements du climat local, sont fonction de l'idée qu'ils se font
du phénomène et de la façon dont ils le ressentent donc,
de leur perception du phénomène.
Etant donné que les producteurs ne sont pas des acteurs
isolés dans un environnement neutre, notre analyse de la perception des
changements climatiques vécus par ceux des communes d'Adjohoun et de
Dangbo prendra en compte la perception collective et les perceptions
individuelles. La perception collective se rapporte ici à l'opinion
générale des populations locales sur les manifestations physiques
et les effets subis globalement par les producteurs. Les perceptions
individuelles concernent les représentations empiriques des changements
climatiques vécus par chaque producteur ou groupe homogène de
producteurs du point de vue de la structure de leur exploitation, sa
localisation physique sur une unité de paysage ou de leur appartenance
à un réseau social donné. Pour la prise en compte de leur
source d'enracinement, les perceptions individuelles des effets des changements
climatiques sur les activités agricoles seront étudiées en
relation avec le corpus de savoirs, les attentes, les désirs et les
besoins des producteurs. La prise en compte des normes socio-culturelles dans
notre analyse des perceptions nous permettra surtout de comprendre les
influences exercées par les perceptions collectives sur celles
individuelles.
Les perceptions des évolutions climatiques du milieu
agissent sur les connaissances des producteurs qu'ils capitalisent pour
constituer leur stock de savoirs locaux. Les sources de ces savoirs ainsi que
les mécanismes au moyen desquels ils sont emmagasinés et
échangés entre producteurs ou catégories de producteurs
constitueront un point d'intérêt de nos analyses. Les flux
d'échanges d'informations qui concourent à ces processus par le
biais des réseaux de parentés et d'amitié, l'observation
des pratiques des voisins, l'introduction de
nouvelles variétés via le marché et par
les échanges de semences de variétés entres paysans seront
intégrés à l'analyse des liens entre perceptions et
stratégies d'adaptation
Précisons toutefois que les savoirs locaux ne seront
pas examinés isolément des savoirs exogènes. Seront
considérés pour les besoins de la présente étude
comme savoirs exogènes ceux qui ont été introduits dans le
milieu par des institutions ou des personnes autres que les membres de la
communauté.
Dans notre analyse des stratégies d'adaptation, les
mesures d'adaptation développées par les producteurs en
réponses aux défis imposés par les changements climatiques
vécus par eux seront considérées comme des composantes
élémentaires des stratégies qu'ils mettent en oeuvre. A
cet égard, les différentes mesures mises en oeuvre ou
prévues par les producteurs pour faire face aux conséquences des
évolutions climatiques dans leur milieu seront identifiées et
décrites. A cette étape deux types de mesures devront être
distinguées : les mesures communes (prières collectives,
provocation de pluies, reboisement etc.) et les mesures individuelles et
typiques (adoption de nouvelle variétés de cultures, de nouvelles
pratiques culturales, abandon de cultures/variétés de culture,
changements de parcelles d'une unité de paysage à une autre,
diversification des sources de revenu, etc.).
Les mesures d'adaptation recensées seront
analysées parallèlement et ceci en rapport aux objectifs
soutenant leur mise en oeuvre. Cette analyse s'appesantira sur les facteurs
d'émergence de ces stratégies. En terme de facteurs
d'émergence il sera pris en compte le temps (le court terme/le long
terme), les intérêts en jeu (particuliers/collectifs), les formes
de diversification (agricole/extra-agricole) ainsi que le caractère
offensif, défensif ou de contournement des mesures d'adaptation mises en
oeuvre par les producteurs. Ici, contrairement à Agossou (2008) et Dimon
(2008), qui l'ont occulté dans leur cadre analytique, l'influence
possible (positive/négative) de certaines mesures d'adaptation sur les
aléas climatiques pourra être discutée. Cette analyse
compréhensive des stratégies prendra en compte l'influence du
cadre objectif d'activité des exploitations, des savoirs locaux ainsi
que des perceptions des changements climatiques vécus en vue de pouvoir
ressortir le lien entre stratégies et types de producteurs
concernés.
L'analyse du cadre objectif d'activité des producteurs
permettra d'appréhender l'environnement des contraintes et des
potentialités dans lequel s'insèrent les mesures d'adaptation des
producteurs ce qui ouvrira par la suite le champ à
l'interprétation des enjeux
de leurs stratégies dans le contexte globale des
changements climatiques. Cette analyse du cadre objectif d'activité
prendra en compte deux éléments majeurs : la structure des
exploitations et leur environnement socio-politique et institutionnel. La
structure d'exploitation concerne les niveaux et modalités
d'accès aux facteurs de production à savoir la terre (superficies
disponibles), la force de travail mobilisable (le nombre d'actif agricole, la
main d'oeuvre salariée, l'entraide etc.) et les capitaux (crédit,
tontine, équipements palmeraies, etc.). Les autres
éléments socio-culturels structurants des exploitations agricoles
tels que l'âge, le sexe, l'origine et la religion du chef d'exploitation
seront intégré dans l'analyse. L'environnement socio-politique et
institutionnel prendra en compte l'influence des organismes de
développement local opérant dans le milieu, de même que
l'historique et l'évolution des villages.
Contrairement à Agossou (op. cit) et Dimon
(op. cit), qui l'ont implicitement intégré dans la
composante stratégie d'adaptation de leur cadre analytique, nous avons
consacré le cadre objectif d'activité des producteurs, composante
à part entière pour la présente étude. Car, c'est
elle qui représente la base opérationnelle des stratégies
d'adaptation et traduit par ailleurs, le niveau de vulnérabilité
de chaque producteur ou des groupes homogènes de producteurs. Une
meilleure connaissance des caractéristiques de ces groupes
s'avère nécessaire pour l'analyse des stratégies
d'adaptation en relation avec les types d'exploitation.
Il se dégage que notre étude sera conduite sur
la base d'une approche d'analyse reposant sur cinq composantes. Il s'agit : du
cadre objectif d'activité des producteurs, des phénomènes
climatiques, des perceptions, des savoirs et des stratégies
d'adaptation. Les différentes relations possibles entre ces
différentes composantes sont présentées à la figure
3.
Perception
Commune
Savoir
exogène
Savoirs
Perception
Perception
Individuelle
Savoirs
locaux
Perception sensorielle
Perception psychiqu
· Facteurs Sociodémographiques
· Atouts en capital
· Facteurs de production
Cadre objectif d'activité des producteurs
Structure des
exploitations
Manifestation effets
Phénomènes
· Politique
· Institution
· Processus
· Mairie
· CeCPA s ONG
· Projet
Environnement
Socio-économique
et Politique
e
· Défensive
Offe
· Offensive Ctt
· Contournement
Mesure collctive
Mesure
et indivduelle
collective et
Stratégies d'adaptation
· Courte terme / long terme
· Intérêt collectif / intérêt
individuel
· Diversification
Objectifs (facteur
d'émergence)
+ Utilisation de RN + Adaptation aux CC
+ Revenu
+ Bien être
+ Sécurité
Résultats
Figure 3: Cadre analytique
Source : Réalisé dans le
cadre de la présente étude 39
Les phénomènes climatiques vécus par les
producteurs dans leur cadre d'activité sont perçus de
façon sensorielle à partir de la variation des facteurs du climat
(température, pluviométrie, vents, insolation.), mais aussi de
façon psychique sous l'influence des facteurs fonctionnels. L'annonce
des phénomènes climatiques (sécheresse, pluies
précoces et tardives, pluies abondantes ou faibles, etc.) sont
signalés par des indicateurs qui existent dans le milieu (migration
d'oiseau, comportement phénoménologique particulier de certaines
plantes, etc.) qui proviennent des savoirs locaux des populations et qui
déterminent leur perception de l'état du climat.
A partir du type de perception qu'ils ont du climat et des
stratégies endogènes existantes construites sur des savoirs
locaux en réponse aux phénomènes climatiques passés
dans le milieu, les producteurs développent de nouvelles
stratégies en réponse aux nouvelles conditions climatiques.
Les stratégies développées sont fonction
de leur cadre objectif d'activité impliquant la structure des
exploitations et l'environnement politique et institutionnels qui règne
dans le milieu. Les résultats obtenus constituent de nouvelles
connaissances qui s'ajoutent au stock ancien, le tout constituant une source
d'inspiration et d'alternatives pour des mesures futures d'adaptation.
xxxx)xxx Q3 Q: METHODOLOGIE DE L'ETUDE
La démarche méthodologique suivie a
été une combinaison d'approches de recherche qualitative et
quantitative. La présente étude s'est déroulée en
trois grandes phases que sont : la phase préparatoire, la phase
exploratoire, et la phase d'enquête approfondie. Dans ce chapitre, nous
présenterons d'abord ces différentes phases. Ensuite, les
données collectées, les outils et méthodes de collecte et
d'analyse de ces données seront également
présentés.
3.1. La phase préparatoire
L'étape préparatoire de notre étude comprend
trois étapes parallèles : la documentation, les ateliers
méthodologiques et le choix de la zone d'étude.
3.1.1. La documentation
C'est au cours de cette phase que nous avons consulté
la littérature existante (ouvrages, mémoires, articles, etc.) sur
les changements climatiques, leur perception par les populations ainsi que les
stratégies d'adaptation développées par celles-ci dans le
monde, en Afrique et au Bénin de façon particulière. Les
résultats de ce processus nous ont permis de faire le point des
recherches antérieures en rapport avec notre thème, mais aussi
d'en identifier les aspects non encore ou pas suffisamment explorés, de
fixer les objectifs, de poser les hypothèses et de déterminer les
méthodes de collecte des données, de même que les outils
d'analyse à utiliser. Commencée au début de
l'étude, la documentation s'est poursuivie durant toutes les autres
phases de la recherche.
3.1.2. Ateliers méthodologiques
Nous avons également suivi trois (3) ateliers
méthodologiques organisés par le projet PAAPCES à
l'intention des étudiants bénéficiaires de l'appui
financier, technique et matériel dudit projet. Les deux premiers
ateliers ont porté sur les techniques et méthodes pratiques de
conduite d'enquête sociale en milieu paysan. Au cours de ces formations
méthodologiques, nous avons été conviés à
élaborer sous la supervision des formateurs les différents outils
de collecte des données sur le terrain tels que les guides d'entretien
et les questionnaires individuels. Le troisième atelier
méthodologique organisé au retour de la phase d'enquête
approfondie a consisté en une formation sur l'utilisation d'Access pour
la saisie des données collectées en vue de constituer une base de
données.
3.1.3. Choix de la zone d'étude
Les communes d'Adjohoun et de Dangbo dans la basse
vallée de l'Ouémé constituent notre zone d'étude.
Deux raisons majeures ont présidé au choix de cette zone. D'une
part, elle appartient à la zone agro écologique VIII, celle des
pêcheries ; et a été retenue compte tenu de sa
vulnérabilité avérée aux changements climatiques
(MEPN, 2008). Ensuite, compte tenu de l'importance des activités
agricoles et des nombreuses potentialités hydro-agricoles
afférentes à cette zone, elle convient bien pour notre recherche
qui vise à étudier les perceptions et stratégies
d'adaptation des producteurs agricoles face aux changements climatiques.
D'autre part, cette zone à été retenue, car la
présente recherche s'inscrit dans le cadre du projet PAAPCES qui vise
à étudier les impacts des changements climatiques sur le milieu
et le quotidien des producteurs dans les différentes zones climatiques
de notre pays à savoir :
- La zone Nord caractérisée par une
pluviométrie unimodale, - La zone Sud caractérisée par une
pluviométrie bimodale,
- Et la zone méridionale caractérisée par
un climat de transition entre les deux zones climatiques ci-dessus
citées.
C'est dans cette optique que la zone sud a été
retenue cette année, étant donnée que les études de
Agossou (2008) et Dimon (2008), inscrites dans le cadre du même projet,
ont été déjà consacrées à la zone
Centre et Nord. Mentionnons également que pour cette année, cette
même étude a été conduite dans le département
du Mono, toujours, pour le compte du même projet.
3.2. La phase exploratoire
La phase exploratoire a durée deux semaines et nous a
permis de choisir les deux villages d'enquête. Elle a consisté par
la même occasion en une prise de contact, de reconnaissance et
d'intégration dans le milieu d'étude. Un pré-test du
questionnaire a été fait auprès de deux (02) producteurs
par village pour relever ces insuffisances et incohérences. Toutes ces
activités nous ont été utiles pour mieux cerner notre
problématique et appréhender les perceptions globales des
producteurs des villages d'enquête sur les changements climatiques, ses
conséquences subis par eux de même que leurs stratégies
d'adaptation.
3.2.1. Prise de contact avec les autorités
locales
Suite à notre descente sur le terrain, nous avons
d'abord pris contact avec les autorités des Centres Communaux pour la
Promotion agricole (CeCPA) des deux Communes. Par la suite, nous sommes
rentrés en contact avec les autorités administratives au niveau
des mairies et des arrondissements. Nous avons été introduits
dans chaque village auprès du chef du village par un agent du CeCPA.
Chaque fois, avec ces différentes autorités, les échanges
ont porté sur l'explication et la discussion autour du sujet de notre
recherche.
3.2.2. Choix des villages d'enquête
Le choix des villages enquêtés s'est fait sur le
terrain avec l'orientation des RCPA et de leurs agents responsables de zone.
Les agents responsables de zone sont des agents du CeCPA affectés
à l'encadrement des producteurs par arrondissement. En vue
d'appréhender les perceptions des changements climatiques vécus
par les producteurs de la zone d'étude ainsi que la diversité de
leurs stratégies d'adaptation, quatre critères
prédéfinis ont servis de base de discussion avec les agents des
CeCPA dans l'identification des villages potentiels d'enquête. Il s'agit
de la variabilité de la situation de toposéquence du terroir
villageois, de la présence de bas fond, de la proximité avec le
fleuve Ouémé et de l'importance des activités agricoles
dans les villages.
Sur la base de ces critères, et des visites
guidées dans certains villages avec les agents du CeCPA, le village de
Zounta dans la commune de Dangbo et le village de Sissèkpa dans la
commune d'Adjohoun ont été retenus pour les enquêtes de la
présente étude.
3.3. La phase d'enquête approfondie
Cette phase, la dernière de notre recherche, à
été essentiellement une phase d'enquête structurée.
Elle a consisté d'une part en la collecte des données
nécessaires au test des hypothèses grâce au questionnaire
d'entretien individuel corrigé (annexe 2). D'autre part, la technique
d'observation participante et des entretiens informels nous ont permis
d'obtenir des informations complémentaires pour comprendre certaines
tendances obtenues à travers les questionnaires. Les quelques questions
ouvertes du questionnaire ont contribué aussi à cette fin. Afin
d'éviter que l'entretien ne dure trop longtemps, ce qui pourrait
entacher la fiabilité des informations collectées, nous avons
effectué deux passages par exploitation.
3.3.1. Choix des unités d'observation et
justification
L'unité d'observation est l'exploitation agricole.
L'exploitation agricole est une unité de production où un groupe
d'individu travaille collectivement avec des productions communes pour
satisfaire leurs besoins de subsistance ainsi que ceux de leurs
dépendants (Dugué, 1986). Adégbidi (1992), mentionne que
celui qui assure la mise en valeur de l'exploitation est appelé chef
d'exploitation ; il est en outre appelé chef de ménage.
Dans le cas présent de notre zone d'étude
où l'unité de production correspond à l'unité de
consommation et à l'unité de résidence, l'exploitation
agricole équivaut au ménage agricole et se résume à
l'ensemble regroupant le chef de ménage, le ou les conjoint(s), leur
progéniture et les dépendants directs, les parcelles sous
cultures, celles en jachères, les plantations, le cheptel animal, les
équipements ainsi que l'ensemble des activités extra agricoles
qui occupent en son sein des membres.
Le choix des exploitations agricoles comme unités
d'observation se justifient par le fait que nous jugeons que les chefs
d'exploitation seuls ne sauraient relater tous les problèmes qu'ils
rencontrent dans leur exploitation. Ainsi pour limiter les pertes
d'informations et tenir compte des détails qui échappent parfois
au chef d'exploitation, les autres membres de l'exploitation ont
été aussi questionnés. Les autres membres de
l'exploitation ont aussi et surtout contribué à la collecte des
données relatives à la structure de l'exploitation.
3.3.2. Construction de l'échantillon
d'enquête
En vue de garantir la représentativité de notre
échantillon d'enquête, nous avons procédé à
la réalisation d'une typologie de structure des exploitations agricoles
de nos deux villages d'enquête. Par hypothèse, il est
supposé que les stratégies d'adaptation mises en oeuvre par les
producteurs face aux modifications climatiques vécues seront fonction
des perceptions mais aussi des structures des exploitations. Il nous importait
donc de tenir grand compte de la diversité de structure existante au
niveau des exploitations agricoles de notre zone d'étude.
A cet égard, la typologie d'exploitations est un
modèle de représentation (en graphe ou en tableau) de la
diversité des exploitations composant une agriculture locale ou
régionale (INRA, 1988). Cependant, on distingue différents types
de typologies. Jouve (1992), affirme qu'il y a autant de typologies que de
points de vue et d'objectifs mais, il distingue deux types :
les typologies de structure et les typologies de
fonctionnement. Les typologies de structure sont basées essentiellement
sur la nature et les modalités d'organisation et de combinaison des
moyens de production (capital, terre et travail), offrant ainsi un cadre pour
des analyses sur des ensembles homogènes ; tandis que les typologies de
fonctionnement s'attachent plus à l'analyse des processus techniques de
production. Pour notre cas, la typologie de structure a été
retenue pour nous servir de porte d'entrée dans la population des
producteurs.
La construction de notre échantillon d'enquête
à partir d'une typologie de structure s'est déroulée en
trois étapes à savoir : le choix des critères de
typologie, la construction de la base de sondage et
l'échantillonnage.
> Choix des critères de typologie et
justification
Identifier des types d'exploitations agricoles fait appel
à de nombreux critères qui peuvent constituer autant de
typologies (Losch et al. ; 1991). La majorité des
critères de typologie de structure des exploitations
élaborées prennent toujours en compte les moyens de production
(terre, travail, capital), les activités extra-agricoles et parfois les
revenus monétaires quant elles sont disponibles (Jouve, 1984 ;
Mbetid-Bessane et Besacier, 1996 ; Moussa et Jonson, 1998). Suivant les
objectifs visés et le niveau de précision recherché, ces
typologies peuvent distinguées de 3 à 10 groupes, voire plus
(Mbetid-Bessane, 2002).
En effet à partir de nos observations et des
différentes discussions que nous avons eues avec les personnes
ressources et certains producteurs dans chacun des deux villages, deux
critères de structure d'exploitation se sont
révélés les plus déterminants pour la
discrimination des exploitations agricoles. Il s'agit de la superficie
cultivée et de la possession de palmeraie par exploitation.
Ces deux critères ont été retenus par la
méthode de classement par niveau de prospérité car nous
étions limités par le temps pour procéder à un
recensement exhaustif de la structure de toutes les exploitations des deux
villages. Ainsi, nous avons retenus à partir de nos observations et des
entretiens de groupe, une liste de 25 producteurs par village que nous avons
soumis à un groupe de 5 producteurs retenus pour l'exercice dans chaque
cas. C'est à partir des raisons justificatives de leur classement que
les deux critères sont ressortis comme étant les plus pertinents
du classement. Une triangulation de sources a été
effectuée à travers
les discussions informelles effectuées avec d'autres
producteurs dans chacun des deux villages pour le test de la validité
des deux critères retenus.
L'importance du choix des critères superficie
cultivé et possession de palmeraie par exploitation tient à ce
que suit :
. Superficie totale cultivée par
exploitation
La terre est le premier facteur de production en agriculture.
L'économie paysanne repose sur trois (03) grands facteurs de production
: la terre, la main d'oeuvre et le capital. Toutefois on ajoute souvent le
management comme le quatrième facteur (Adégbidi ,1994). Au cours
des deux dernières décennies, on a assisté à une
forte augmentation de la densité de la population dans la plupart des
régions du Bénin, particulièrement dans le Sud. En
conséquence le processus de marchandisation de la terre s'est
accéléré (Moussaratou, 2008). C'est dire que c'est de la
superficie disponible par exploitation que dépendent les
stratégies de production des producteurs. Compte tenu de la forte
pression foncière dans les deux villages d'enquêtes, ce
critère traduit donc non seulement le pouvoir économique de
chaque exploitation mais aussi la marge de manoeuvre dont elle dispose par
rapport à l'adaptation aux changements climatiques.
. Possession de palmeraie
En dehors des palmiers spontanés présents dans
beaucoup de champs dans les deux villages d'enquêtes, c'est les
palmeraies qui font l'objet de considération particulière. C'est
une culture de rente. Elles constituent une source permanente de revenu.
Plusieurs qualificatifs sont utilisés par les producteurs pour traduire
son importance. Pour les uns c'est une << assurance problème
» pour les autres c'est une << garantie retraite » paisible. La
possession de palmeraie traduit donc le pouvoir économique, la
capacité d'investissement agricole mais également le niveau de
prestige social de chaque exploitation. Ce critère détermine la
marge de manoeuvre des exploitations dans le choix et la mise en oeuvre de
leurs mesures d'adaptation aux changements climatiques.
> Construction de la base de sondage
La construction de la base de sondage nous à
été nécessaire pour avoir connaissance complète de
notre population opérationnelle qui est l'ensemble des exploitations
agricoles des
deux villages d'enquête et ayant à leur
tête un chef âgé d'au moins quarante (40) ans. Pour ce
faire, sur la base de nos deux critères de typologies retenus auxquels
un troisième critère âge du chef d'exploitation a
été ajouté ; nous avons procédé à un
recensement de toutes les exploitations agricoles pour chacun des villages.
Le critère âge du chef d'exploitation est un
critère prédéfini pour les besoins de notre étude
pour s'assurer que les perceptions des changements climatiques recueillies soit
effectivement celles vécues par les enquêtés. En effet,
l'étude concerne les faits observés sur la normale climatique des
trente (30) dernières années. Chaque enquête avait à
comparer donc, les faits survenus depuis les quinze (15) dernières
années à ceux des quinze (15) autres années. Pour
être en mesure de faire cet exercice, nous estimons que le chef
d'exploitation (CE) devrait avoir au moins dix ans, il y a trente ans.
Nous nous sommes fait aider dans chaque village par un
guide-pisteur pour identifier et rentrer en contact avec les exploitations
agricoles. La répartition des exploitations est présentée
au tableau 1.
Tableau 1: Répartition des exploitations
agricoles recensées par Commune et par Village
Communes
|
Adjohoun
|
Dangbo
|
Total
|
Villages
|
Sissèkpa
|
Zounta
|
Effectif des exploitations
|
207
|
172
|
379
|
Effectif des exploitations à CE
âgé de plus de 40 ans
|
129
|
116
|
245
|
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
Après analyse des données de la base de sondage,
trois modalités pour le critère superficie cultivée et
deux modalités pour le critère niveau de possession de palmeraie
se sont dégagées comme les plus déterminants pour la
segmentation des exploitations. Ces modalités se présentent comme
suit :
Pour le critère superficie totale cultivée par
exploitation :
v' Superficies inférieures ou égales à 1,5
ha ;
v' Superficies comprises entre 1,5 ha et 3 ha et,
v' Superficies supérieures à 3 ha.
Pour le critère possession de palmeraie :
v' Ne possède pas de palmeraie et,
v' Possède de palmeraie
Concernant le critère superficie totale cultivée
par exploitation nous avons constaté après analyse des
données de la base de sondage, que la superficie moyenne cultivée
pour l'ensemble des exploitations étaient d'environ 2,5 ha. Le choix des
trois modalités pour ce critère visaient donc à tenir
compte des exploitations ayant des superficies cultivées en dessous et
au-delà de cette moyenne.
La répartition des exploitations dont le CE est
âgé d'au moins 40 ans suivant ces modalités est
présentée au tableau 2.
Tableau 2: Répartition des
exploitations
Villages
Caractéristiques
|
Sissèkpa
|
Zounta
|
Superficie cultivée par exploitation
|
Sup ~ 1,5 ha
|
39
|
36
|
1,5 ha < Sup ~ 3 ha
|
45
|
46
|
Sup > 3 ha
|
47
|
34
|
Possession de palmeraie
|
Non
|
48
|
47
|
Oui
|
81
|
69
|
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
> Échantillonnage
L'univers de l'échantillonnage est l'ensemble des
exploitations agricoles des communes d'Adjohoun et de Dangbo. L'unité
d'échantillonnage est l'exploitation agricole. Nous avons
procédé à un échantillonnage stratifié
suivant les six types d'exploitation agricole obtenus après combinaison
des modalités retenues pour les deux critères. Ces
différents types se présentent comme suit :
I : Exploitations de petite production agricole ne
possédant pas de palmeraie (Pn)
II : Exploitations de petite production agricole possédant
de palmeraie (Po)
III : Exploitations de production agricole moyenne ne
possédant pas de palmeraie (Mn)
IV : Exploitations de production agricole moyenne
possédant de palmeraie (Mo)
V : Exploitations de grande production agricole ne
possédant pas de palmeraie (Gn)
VI : Exploitations de grande production agricole possédant
de palmeraie (Go)
Au total 70 exploitations agricoles ont été
enquêtées à raison de 35 par village (tableau 3).
Tableau 3: Echantillonnage des exploitations
Types d'exploitation
|
Effectif total
|
Echantillon
|
Sissèkpa
|
Zounta
|
Total
|
Sissèkpa
|
Zounta
|
Total
|
Pn
|
16
|
21
|
37
|
4
|
6
|
10
|
Po
|
23
|
15
|
38
|
6
|
5
|
11
|
Mn
|
19
|
18
|
37
|
5
|
5
|
10
|
Mo
|
26
|
28
|
54
|
7
|
9
|
16
|
Gn
|
13
|
8
|
21
|
4
|
2
|
6
|
Go
|
32
|
26
|
58
|
9
|
8
|
17
|
Total
|
129
|
116
|
245
|
35
|
35
|
70
|
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
L'échantillon des exploitations enquêtées
par types a été constitué de façon
aléatoire. Le coefficient d'échantillonnage est obtenu en faisant
le rapport entre l'effectif des exploitations à enquêter et celui
des exploitations recensés dans le village.
3.4. La phase de traitement, d'analyse et
d'interprétation des données collectées
3.4.1. Nature, sources et outils de collecte de
données
Les données collectées sont relatives aux
perceptions et mesures d'adaptation mises en oeuvre par les producteurs de nos
deux villages d'enquête face aux effets néfastes des changements
climatiques vécus.
Les données primaires collectées sont
constituées aussi bien de données quantitatives que de
données qualitatives et concernent surtout les informations recueillies
avec les différents outils de collectes de données
utilisés.
En effet, durant les différentes phases de
l'étude, plusieurs outils de collecte de données ont
été utilisés. Pendant la phase exploratoire, trois (3)
entretiens de groupe dont une consacrée aux femmes ont été
faits dans chaque village à l'aide d'un guide d'entretien de groupe
(annexe 1). Des transects ont été également
réalisées pour apprécier les conséquences des
changements climatiques sur le paysage des villages. D'autres entretiens
informels portant sur la connaissance des concepts locaux, citations et
proverbes en relation avec les
changements climatiques ont été également
réalisés. Pour cet exercice, ce sont des personnes du
troisième âge, de contact facile et maitrisant les
réalités du milieu qui ont été choisies.
La phase approfondie s'étant surtout focalisée
sur l'enquête des exploitations, nous avons essentiellement
utilisé le questionnaire. Suite aux déclarations recueillies, des
visites des champs ont été effectuées afin d'observer les
manifestations des conséquences induites par les changements
climatiques.
Pour évaluer les pertes de production
occasionnées par les changements climatiques, nous avons utilisé
la méthode des cailloux. Elle a consisté à disposer de 10
grains de maïs en l'assimilant au rendement de la culture
considérée en conditions favorables et puis à demander au
producteur d'évaluer les pertes moyennes qu'occasionnent les changements
climatiques à partir de ces 10 grains de maïs.
Des photos ont été prises pour l'illustration de
certaines conséquences des changements climatiques ainsi que de
certaines mesures d'adaptation. Des enregistrements audio des entretiens de
groupe ont été faits en vue d'éviter les « temps
morts » pour prise de notes lors de la conduite des entretiens. Les
enregistrements nous permettaient de compléter et de vérifier nos
prises de notes à la fin des entretiens. Pour vérifier les
informations, des recoupements ont été faits. Des triangulations
de sources et de méthodes nous ont permis de recouper les informations
et d'élargir l'éventail de la diversité et de la
validité des données collectées.
Les données secondaires concernent les
généralités sur la zone d'étude et proviennent des
différents centres de documentation que nous avons
fréquentés. IL s'agit : de la Bibliothèque Centre de
Documentation de la Faculté des Sciences Agronomiques (BIDOCFSA), du
centre de documentation de la Faculté des Lettres, Art et Sciences
Humaines (FLASH), des Centres Communaux pour la Promotion Agricole (CeCPA)
d'Adjohoun et de Dangbo, le Centre Régional pour la Promotion Agricole
des départements de l'Ouémé Plateau (CeRPA
Ouémé Plateau), et de l'Institut National de la Statistique et de
l'Analyse Economique (INSAE). Les données climatiques de l'ASECNA ont
été utilisées pour apprécier le niveau de
cohérence entre les perceptions des producteurs et les données
théoriques de l'évolution du climat. Les données
climatiques utilisées concernent les données
pluviométriques de la station d'Adjohoun et les données
thermométriques de la station synoptique de Cotonou.
3.4.2. Outils de traitement de données
Pour le traitement des données recueillies, nous avons
utilisé les logiciels suivants :
- Access pour la saisie des données collectées
à l'aide des questionnaires structurées afin de constituer une
base de données,
- Excel pour agréger certaines données
journalières climatiques en données mensuelles, décadaires
et pour le calcul des paramètres statistiques descriptives ainsi que la
réalisation de graphiques et,
- SAS pour la réalisation de l'Analyse en Composantes
Principales.
Les outils d'analyse seront présentés par
hypothèse :
Hypothèse 1 : « Les
changements climatiques dans le terroir sont perçus par les
producteurs.»
Pour cette hypothèse, des encadrés ont
été utilisés ainsi que des analyses de déclarations
paysannes inspirées des savoirs locaux qui révèlent leur
perception du phénomène ont été faites. Cependant,
pour appuyer ces résultats qualitatifs, nous avons fait une
synthèse de proportions relatives aux indicateurs de changement du
climat, selon les producteurs.
Par ailleurs, pour apprécier le niveau de
cohérence entre les perceptions paysannes et les données
(statistiques) sur l'évolution du climat, nous avons
procédé à une évaluation de l'impact des
changements climatiques sur les caractéristiques des saisons des pluies.
Cette démarche se justifie par le fait que les perceptions paysannes des
changements climatiques sont construites sur les modifications survenues par
rapport aux caractéristiques des saisons pluvieuses.
La saison des pluies du point de vue agricole est
définie entièrement si l'on connaît son début et sa
fin. Le début de la saison des pluies agricoles est très
important pour la planification du semis. Il en existe plusieurs
définitions. Cochéme et Franquin (1967) l'ont défini comme
la date (décade) à laquelle la pluie devient supérieure
à l'évapotranspiration potentielle (ETP). Leur définition
repose sur une période décadaire et ne permet pas de
détecter plus finement cette date ; une approche basée sur les
jours est plus indiquée. A ce sujet, Davey et al. (1976) ont
relaté que la date des semis du mil au Niger coïncidait avec la
première apparition de 20 mm de pluie en deux jours. De faux
départs ont été relevés et Benoît (1977) a
proposé un critère selon lequel une période sèche
de 5 jours ou plus dans les
12 jours suivant le départ potentiel constitue un faux
départ. Sivakumar et al. (1993) ont proposé pour le cas du Sahel
Nigérien que lorsque les précipitations recueillies en 3 jours
consécutifs constituent au moins 20 mm et quand aucune période de
sécheresse de plus de 7 jours n'intervient au cours des 30 jours
suivants, la saison a commencé. Pour Stern (1981) la fin de la saison
est définie par la première apparition d'une longue
période de sécheresse après une date
déterminée. Sivakumar et al. (1993) ont proposé la date de
fin de saison comme celle (après le 1er septembre au Niger) suivie d'une
sécheresse d'au moins 20 jours. La durée de
végétation (que nous désignerons comme la durée de
la saison) est le nombre de jours entre le début et la fin de la saison.
Pour notre étude nous avons adopté les définitions de
Sivakumar et al. (1993) avec seulement un cumul pluviométrique minimum
de 10 mm sur 3 jours pour le début de la 2ème saison des pluies
dans le contexte béninois. Nous avons ainsi calculé les
caractéristiques des saisons (date de début, de fin,
durée), cumul annuel, nombre de jours de pluie de l'année pour
chaque année concernant notre étude (1979 à 2008). Les
moyennes de ces caractéristiques ont été calculées
pour deux périodes (1979 -1993 et 1994-2008) et comparées entre
elles avec le test de Student (test t bilatéral) à 5% de
signification.
Hypothèse 2 : « Les
causes attribuées aux changements climatiques sont plus liées aux
normes et croyances locales.>>
A ce niveau, nous avons procédé à un
calcul de proportion des différentes causes évoquées par
les producteurs suivants leur religion. Les différentes proportions ont
été ensuite comparées.
Hypothèse 3 : « Les
conséquences des changements climatiques sur les principales cultures
varient en fonction des unités de paysage et des saisons de culture.
>>
Ici, les manifestations des conséquences des
excès/ruptures de pluies ainsi que des vents violents et des fortes
températures sur les principales cultures que sont le maïs, le
niébé, l'arachide, le manioc et la patate douce seront
décrites dans un premier temps suivants les différentes
unités de paysage et par saison de culture. Ces réalités
décrites seront ensuite complétées par des calculs de
fréquences. Mentionnons que du fait que les parcelles d'une même
exploitation se localisent souvent sur différentes unités de
paysage, la possibilité d'effectuer une analyse de variance des pertes
moyennes de récoltes enregistrées au sein de notre
échantillon d'enquête s'est révélée
infructueuse.
Hypothèse 4 : « Les
stratégies d'adaptation développées face aux changements
climatiques diffèrent selon les catégories de producteurs.
»
Pour cette hypothèse, les fréquences des mesures
d'adaptations répertoriées ont été d'abord
calculées pour l'ensemble des exploitations enquêtées.
Afin d'apprécier les relations entre toutes les
stratégies répertoriées et les différentes
catégories de producteurs, nous avons procédé à la
réalisation d'une analyse en composantes principales avec les
différentes catégories de producteurs. Le principe de l'analyse
en composante principale est de définir des variables
synthétiques, qui résument au mieux l'information contenue dans
les résultats bruts. Elle s'avère adaptée à notre
étude en ce sens qu'elle permet d'obtenir une vision synthétique
des liaisons entre catégories et stratégies
développées. Elle donne la possibilité de résumer,
en quelques dimensions importantes (ou axes factoriels indépendants), la
plus grande variabilité de la matrice des données. On peut alors
représenter variables et individus dans un même espace de
dispersion et connaître la quantité d'information expliquée
par ces axes factoriels indépendants, rendant ainsi compte du maximum de
covariance entre les descripteurs. Il s'agit donc d'une approche globale qui
dégage les relations essentielles existant entre les producteurs et les
mesures d'adaptation mises en oeuvre. Elle fait intervenir deux matrices de
données Y(n,p) et X(n,q) où n = 70 est le nombre de producteurs,
p =6 le nombre de catégories et q = 15 celui des descripteurs des
stratégies. La matrice Y contient les variables d'intérêt
direct (les catégories) en indice de présence et la matrice X,
les variables caractérisant la structure (descripteurs des
stratégies) supposées influencer les variables de Y. L'analyse
nécessite deux étapes:
· La première consiste à calculer p
régressions multiples simultanées dans une métrique D de
la matrice Y des catégories sur la matrice X des descripteurs. Ainsi,
toute catégorie yi peut s'exprimer comme une combinaison linéaire
des descripteurs: yi = cste + áx1 + âx2 + ... + äxq +
åi c'est à dire: yi = yi + åi où yi est une
estimation de yi et åi le résidu. On peut ainsi constituer une
nouvelle matrice PY (des estimations yi des yi) correspondant à la part
expliquée de Y par X [P = X(XDX)-1XD];
· La seconde étape revient à effectuer une
analyse sur la matrice PY des estimations des yi. Les axes factoriels
étant des combinaisons linéaires des estimations des
catégories et des descripteurs, les covariances sont maximisées.
En utilisant une mesure moyenne des relations entre les catégories et
les descripteurs, l'analyse en composante principale amplifie
la dissymétrie naturelle des relations
inhérentes aux études d'interactions. Dans le même temps,
cette caractéristique augmente la validité de l'analyse. Pour
faciliter l'analyse, les noms ont été codés.
3.5. Limites de la recherche : problèmes
rencontrés et fiabilité des données collectées
La méthodologie de notre recherche s'est
focalisée essentiellement sur la capacité des
enquêtés à se rappeler le passé. En effet, la
méthode de collecte des données sur les estimations des pertes
moyennes de récolte, qui s'est essentiellement basée sur la
méthode de cailloux et faisant appel à la mémoire des
producteurs constitue la principale limite de cette étude.
Néanmoins, nous avons été satisfaits de l'approche
utilisée pour plusieurs raisons. D'abord, plusieurs méthodes de
triangulation nous permettaient de vérifier la plausibilité des
réponses. De même, conscient que les questions faisant appel
à la mémoire, ne peuvent pas toujours avoir de réponses,
nous avons introduit la modalité « ne sait pas ». Cette
modalité a été utile dans les cas où
l'enquêté révélait qu'il n'avait pas de
réponse pour la question posée ou qu'il n'était pas
convaincu de sa propre réponse.
Une autre limite de notre étude est le
désintéressement des populations de nos deux villages « aux
enquêtes répétitives qui ne leur apportent rien ». De
cette façon, la plupart des enquêtés était
convaincue que l'enquête n'aboutirait pas immédiatement à
la résolution de leurs problèmes actuels. Ils avaient donc
tendance à répondre hâtivement aux questions ou à
les omettre. Néanmoins, avec nos explications, nous avions su leur
monter l'intérêt d'une pareille étude non seulement pour
eux mais aussi pour les générations futures. Ainsi, malgré
ces limites, la présente recherche a permis d'obtenir des
résultats intéressants que nous présenterons à
partir du chapitre suivant.
CHAPITRE 4 : GENERALITES SUR LE MILIEU D'ETUDE ET
CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES DES EXPLOITATIONS
AGRICOLES ENQUETEES
Notre étude sur les perceptions et stratégies
d'adaptation aux des changements climatiques vécus par les populations
locales, s'est déroulée dans les communes de Dangbo et
d'Adjohoun. Ce chapitre sera consacré dans un premier temps à la
présentation des traits physiques et humains de la zone d'étude.
Ensuite, les généralités sur les deux villages
d'enquête seront exposés. Enfin, les caractéristiques
socio-économiques des exploitations enquêtées seront
abordées suivant les différents types d'exploitations
enquêtées.
4.1. Présentation de la zone d'étude
Avant de se jeter dans la lagune de Porto-Novo, le fleuve
Ouémé a créé un véritable delta
intérieur avec une vaste plaine d'inondation. La zone de ce delta
intérieur constitue la basse vallée de l'Ouémé qui
géographiquement, couvre les communes de Bonou, d'Adjohoun, de Dangbo,
des Aguégués et de Sô-Ava (Dissou, 1986 cité par
Chikou, 2006).
La basse vallée est longue de près de 50
kilomètres Nord-Sud et large d'environ 25 kilomètres Est-Ouest.
Elle comprend deux parties distinctes : une plaine d'inondation logée
à l'intérieur d'une cuvette, et un plateau du continental
terminal surplombant la première partie. Ces différentes parties
couvrent une superficie de 1236 km2. La densité de population
est en moyenne de 215 habitants au km2 et la taille moyenne des
exploitations agricoles est de 1,60 ha (IFDC, 2004).
La crue apporte chaque année une importante
quantité d'alluvions qu'elle répartit sur les sols inondables. Au
total, plus de 60000 ha de terres sont irrigables dans cette basse
vallée, parmi lesquels la surface inondée est fonction de
l'intensité de la crue (IFDC, 2004).
Mais malgré ces potentialités agricoles et
halieutiques dont elles disposent, la région de la basse vallée
de l'Ouémé n'est pas à l'abri des manifestations des
dégradations globales de l'environnement liées aux
réchauffements climatiques de plus en plus connus dans le monde
(Villanueva, 2004 cité par Chikou, 2006). Pour Lalèyè
et al, (2005a) cité par Chikou, (2006) la baisse sensible,
l'irrégularité et la mauvaise répartition des
précipitations que connaît le Bénin ces dernières
années, notamment dans sa partie méridionale, ont
provoquées une diminution de la production halieutique et des cultures
vivrières dans le delta de l'Ouémé.
Les traits physiques et humains des communes d'Adjohoun et de
Dangbo sont présentés dans les parties suivantes.
4.1.1. Cadre physique
> Situation géographique
La commune d'Adjohoun, avec une superficie totale d'environ
308 km2 est située au centre du Département de
l'Ouémé, dans la vallée et à 32 km de Porto-Novo,
Capitale du Bénin. Elle est limitée au Sud par la commune de
Dangbo, au Nord par celle de Bonou, à l'Est par la commune de
Sakété et à l'Ouest par les communes d'Abomey-Calavi et de
Zè (PDC Adjohoun, 2004). Administrativement, la Commune d'Adjohoun est
constituée de cinquante sept (57) villages et quartiers de ville
répartis dans huit (8) Arrondissements à savoir : Adjohoun,
Akpadanou, Awonou, Azowlissè, Dèmè, Gangban, Kodé
et Togbota. La densité de population est d'environ 198 habitants au
Km2.
Situé dans le département de
l'Ouémé, à 15 Km de Porto-Novo, Dangbo est une commune
frontalière avec la commune d'Adjohoun. Son territoire s'étend
sur une superficie de 149 Km2 avec une densité de population
d'environ 443 habitants au Km2. Elle est limitée au Nord par
la commune d'Adjohoun, au Sud par la commune des Aguégués,
à l'Est par la commune d'Akpro-Missérété et
à l'Ouest par la commune de Sô-Ava du département de
l'Atlantique (PDC Dangbo, 2005). La commune de Dangbo comporte du point de vu
administratif quarante et un (41) villages et quartiers de ville
répartis dans Sept (7) Arrondissements qui sont : Dangbo, Dékin,
gbéko, Houétin-Houédomey, Hozin, Kessounou et
Zounguè.
> Climat
v' Pluviométrie et température
Les communes d'Adjohoun connaissent un climat
subéquatorial humide ou équatoguinéen
caractérisé par deux saisons pluvieuses alternant avec deux
saisons sèches. Ces quatre saisons se répartissent comme suit
:
- une grande saison pluvieuse d'Avril à Juillet,
- une petite saison sèche d'Août à
Septembre,
- une petite saison pluvieuse de Septembre à Novembre
et
- une grande saison sèche de Décembre à
Mars.
Soulignons toute fois que cette répartition n'est plus
standard avec la réalité des changements climatiques.
Les précipitations, d'une hauteur moyenne de 1122,19
mm en 50 jours par an, sont irrégulièrement réparties tout
au long des saisons pluvieuses, ce qui constitue une entorse pour l'agriculture
pluviale (PDC Adjohoun, 2004). Les mois les plus arrosés sont
respectivement Juin et Octobre avec une moyenne pluviométrique de
203,2mm et 123,2mm. En moyenne les hauteurs pluviométriques varient
entre 843,29 et 1401,01mm suivant les années (CeCPA Adjohoun, 2009).
Avec une moyenne annuelle de 27,3°C, la température de la commune
varie suivant les années entre 26,1 et 28,9°C. La moyenne mensuelle
de température la plus élevée s'enregistre au mois de Mars
où elle est de 28,6°C ; cette valeur descend à 25,6 en
Août et correspond à sa plus faible valeur (CeCPA Adjohoun,
2009).
La moyenne pluviométrique annuelle à Dangbo est
de 1097,83 mm (PDC Dangbo, 2005). Cette moyenne varie d'une année
à l'autre entre 818,93 et 1376,73mm (CeCPA Dangbo, 2009). Les mois de
Juin et d'Octobre demeure les plus arrosés comme pour Adjohoun. La
température moyenne annuelle de la Commune est de 28,06°C et les
moyennes thermiques mensuelles varient entre 25,91 et 29,53°C (CeCPA
Dangbo, 2009).
Remarquons qu'en ce qui concerne les facteurs climatiques tels
que les vents, l'insolation et l'humidité relative ils ne sont pas
disponibles spécifiquement pour les deux communes constituant notre zone
d'étude. Nous en ferons une présentation globale qui correspond
à celle valable pour l'ensemble de l'unité
géomorphologique de la basse vallée de l'Ouémé,
unité à laquelle appartient notre zone d'étude.
1' Vents
Dans la basse vallée de l'Ouémé, deux types
de vents dominants se succèdent au cours de l'année :
l'alizé maritime et l'harmattan.
· L'alizé souffle dans la période d'Avril
à Novembre dans la direction Sud-Ouest. Sa vitesse moyenne
décroît de 3 m/s en Avril à 2 m/s pendant la période
de Mai- Octobre. Sa vitesse maximale oscille entre 23 m/s et 30 m/s suivant les
mois.
· L'harmattan souffle du Nord vers l'Est sur toute la
partie méridionale du Bénin de Décembre à Janvier.
Il augmente le déficit de saturation de l'air et accentue encore les
conditions d'aridité de la saison sèche. Sa
vitesse moyenne n'excède pas 2 m/s avec un maximum de 12 à 14 m/s
(Chikou, 2006).
v' Humidité relative et insolation
L'atmosphère de la basse vallée de
l'Ouémé est en général caractérisée
par une humidité relative élevée qui connaît une
légère baisse en Décembre et en Janvier à cause de
l'Harmattan. L'humidité relative moyenne est de 82% avec un minimum de
70% et un maximum de 94%. Ces valeurs mensuelles restent élevées
au cours de l'année mais retombent à 79% entre Janvier et
Février pendant la saison sèche. Le total annuel de l'insolation
est de 193 heures en moyenne (Chikou, 2006). Notre zone d'étude est donc
caractérisée au cours de l'année par une forte
humidité relative et un total d'insolation élevé.
> Relief
Le relief de la Commune d'Adjohoun tout comme celui de la
commune de Dangbo est marqué par la présence de deux reliefs
différents :
-un plateau de faible altitude dont le modèle
présente des ondulations moyennes fortes. -une plaine inondable d'axe
Nord-Sud qui, dans la topo séquence Est-Ouest, jouxte le plateau. Elle
s'étend de part et d'autre du fleuve Ouémé (PDC Adjohoun,
2004 et PDC Dangbo, 2005).
> Sols
Le relief caractéristique des deux communes leur
confère en conséquence deux types de sols. On rencontre donc
suivant chaque zone de relief aussi bien à Adjohoun qu'à Dangbo
les sols suivant :
- les sols ferralitiques de terres de barre situés sur le
plateau ;
- les sols hydromorphes de bas-fond et,
- les vertisols rencontrés uniquement dans la zone de
plaine d'inondation.
Les sols ferralitiques de terre de barre sont des sols
appauvris sur 50-60 cm renfermant 40 % d'argile et de 2 à 3 % de
matière organique bien évoluée (Jeannerot et Viennot, 1971
cité par Chikou, 2006). Ils sont profonds, perméables et
appropriés pour la production des cultures vivrières et
pérennes telles que les palmiers à huile, les essences
forestières et fruitières (PDC Adjohoun, 2004). Signalons qu'on
rencontre par endroit dans la commune d'Adjohoun des étendus de sol
ferralitique concrétionné. Les sols ferralitiques sont les
plus
répandus et couvrent plus des deux tiers de la
superficie de chacun des deux communes (PDC, Adjohoun, 2004 et PDC Dangbo,
2005).
Les sols hydromorphes de texture argileuse à
limono-argileuse renfermant 50 à 80 % d'argile et 3 à 6 % de
matière organique assez évoluée (Jeannerot et Viennot,
1971 cité par Chikou, 2006). Dans la plaine d'inondation, la
fertilité de ces sols est annuellement renouvelée avec le
dépôt alluvionnaire de la crue et la décomposition
subséquente de la végétation de la plaine d'inondation
(CeCPA Dangbo, 2009).
Les vertisols de texture très lourde ont des teneurs
en argile dépassant 60 % avec des valeurs moyennes supérieures
à 70 % et celles en matière organique varient de 5 à 15 %
(Jeannerot et Viennot, 1971 cité par Chikou, 2006).
Pris ensemble, les sols hydromorphes et les vertisols sont
moins répandus que les sols ferralitiques (CeCPA Dangbo, 2009). Ces
sols, grâce aux dépôts alluvionnaires qu'ils
reçoivent chaque année, sont riches, profonds, perméables
et appropriés pour la production du riz et des cultures de contre saison
telles que les céréales, les légumineuses notamment le
niébé et les cultures maraîchères. Cependant ils
demeurent moins exploités par rapport aux sols ferralitiques. Par
ailleurs, ils sont difficiles d'accès pendant la saison pluvieuse.
> Réseau hydrographique
Le territoire de la Commune d'Adjohoun dispose d'un
réseau hydrographique dense dont le plus important cours d'eau est le
fleuve Ouémé auquel viennent s'ajouter le confluent
Sô, les rivières Tovè, Sissè, les
lacs Hlan, et Hounhoun propices à l'exploitation halieutique
(PDC Adjohoun, 2004).
La commune de Dangbo dispose d'un réseau
hydrographique non négligeable constitué essentiellement par le
fleuve Ouémé qui la traverse sur toute sa longueur avec
d'importante possibilité d'exploitation de ressources halieutiques (PDC
Dangbo, 2005).
Les variations qui marquent le régime hydrologique du
fleuve Ouémé au cours de l'année font que la zone de la
plaine s'inonde chaque année entre Juillet et Octobre par la crue du
fleuve. Le réseau hydrographique des deux communes leur laisse
d'importantes zones de bas-fond qui outre leurs potentiels agricoles offrent
également des possibilités d'exploitation piscicole à
travers les trous à poissons et les étangs piscicoles.
> Végétation
Le couvert végétal de la commune d'Adjohoun a
subi une forte dégradation sous l'influence des actions anthropiques
à travers l'exploitation agricole et les feux de brousse. En
dépit de la pluviométrie relativement bonne dans la
région, la végétation primaire a disparu et est
remplacée par des palmeraies et les plantations d'Eucalyptus
sp.. On trouve néanmoins par endroits, de la savane
herbacée, de la savane arbustive, des prairies et des marécages
dont certains sont en voie de comblement du fait de changement climatique et
d'ensablement. La seule forêt relique classée se trouve dans
l'arrondissement de Togbota (10 ha environ). Elle constitue l'habitat
du singe à ventre rouge Cercopithécus erythogaster : Zin
kaka ; espèce en voie de disparition, qui est protégée
(PDC Adjohoun, 2004).
La végétation de la commune de Dangbo est de
type savane arborée où prédominent les palmiers à
huile (naturels et plantés). Il est à noter par ailleurs une
dizaine de formations forestières secondaires, bénéficiant
toutes du statut de forêt sacrée et pouvant totaliser près
de 15ha. Les forêts sont à dominance de samba et de fromagers. Ce
couvert végétal est soumis régulièrement à
des assauts dévastateurs de l'homme pour des fins de recherche de bois
de chauffe, d' « acadjas » et de bois d'oeuvre, ce qui conduit
à la déforestation poussée dans la commune (PDC Dangbo,
2005).
4.1.2. Cadre humain
>
Population
La population de la Commune d'Adjohoun est estimée en
2002, à environ 60955 habitants avec une densité globale de 190
habitants au km2. Le nombre de ménages que compte la Commune
est d'environ 11342, avec une taille moyenne de l'ordre de 4,5. La population
est composée de 51,86% de femmes. Quant à la répartition
par âge, la population d'Adjohoun est relativement jeune, avec plus de
45% de personnes âgées de moins de 40 ans. Plus de 80% de la
population active est occupée dans le secteur agricole (INSAE, 2004).
Avec une population estimée à 70000 habitants
dont 52% sont des femmes, la commune de Dangbo a une densité de 110
habitants au Km2. Elle compte environ 14 473 ménages dont
10098 agricoles. La population de Dangbo est relativement jeune avec environ
46,34% de personnes dans la tranche d'âge de moins de 15 ans (INSAE,
2004).
Pour l'ensemble des deux communes,
l'homogénéité socio-linguistique constitue un fait
remarquable. L'ethnie majoritaire à Adjohoun et à Dangbo est le
Wémè. Cette ethnie représente plus de 90% de la
population totale dans chacun des deux localités.
Les immigrations ont néanmoins favorisé
l'installation dans les deux communes d'autres groupes ethniques à
savoir : les Fon, les Yoruba, les Tori, et les Adja venus pour le commerce,
l'agriculture et l'exploitation des ressources naturelles telles que le vin et
l'huile de palme. Ces ethnies sont très minoritaires par rapport aux
Wémè.
De même, les Communes d'Adjohoun et de Dangbo
connaissent un mouvement massif de leurs populations actives (hommes et femmes)
vers le Nigeria et le Gabon en quête d'emploi et vers les centres urbains
du pays comme Porto-Novo, Cotonou et Abomey en raison de la baisse persistante
de leurs revenus occasionnée par la dégradation de leurs modes et
moyens d'existence due en partie aux changements climatiques.
> Religion
Les religions les plus pratiquées dans la commune
d'Adjohoun sont : l'animisme et le christianisme. On observe également
le développement de l'islam dans la Commune et un foisonnement des
églises évangéliques (PDC Adjohoun, 2004).
Dans la commune de Dangbo la situation n'est pas
différente de celle d'Adjohoun. Les religions importantes de la commune
sont : l'animisme, le christianisme et l'islam (PDC Dangbo, 2005).
Précisons que malgré sa prédominance
à travers ses différentes divinités, l'animisme est en
régression dans la zone à cause du foisonnement des
églises évangéliques depuis les années 1990. Ce qui
entraîne l'émergence dans le milieu de nouvelles croyances et
traditions favorisant la désacralisation et la banalisation des
religions traditionnelles.
4.2. Présentation des villages d'enquêtes
4.2.1. Historique et évolution des villages
Les versions de l'histoire présentée pour chacun
des deux villages sont celles largement admises au sein des populations et
proviennent des patriarches des villages.
> Zounta
Zounta est un ancien village dont l'histoire remonte à
la deuxième moitié du XIXè siècle.
Originaire de Houègbo dans l'ancien royaume d'Allada, et fuyant la
guerre du royaume de Danhomey, HOUNNOU et HOUNKPONOU, les fondateurs du village
de zounta se seraient refugiés dans un premier temps à
Bêmbê (un village de la commune d'Aguégué). De
Bêmbê, toujours à la recherche de refuge les deux
frères seraient venus s'installer à Fingninkanmin un village
situé à environ 5km de Zounta.
C'est de Fingninkanmin qu'à la recherche de terres
agricoles qu'ils auraient commencé dans les années 1890 par
défricher la grande forêt qui couvrait le territoire actuel du
village. Il attribua alors le nom Zounta qui signifie "en forêt" à
cet emplacement de leur champ. Zounta était également une zone,
de chasse pour eux. Avec le temps ils s'y sont installés et rejoint
ensuite par d'autres populations de Fingninkanmin. Ce qui fait que la plus part
des groupes lignagers de Zounta détiennent également des terres
à Fingninkanmin (un village du bord de la plaine d'inondation). Avec
l'accroissement de la population et pour la satisfaction des besoins de terres
agricoles la forêt a été coupé petit à petit
jusqu'à disparaître totalement vers les années 1960. Les
évènements importants intervenus dans l'évolution de
Zounta sont présentés sur la figure 4 présentant le profil
historique du village.
> Sissèkpa
Sissèkpa est un village qui a été
fondé au début du XXè siècle plus
précisément vers les années 1906. C'est fuyant les
représailles à la suite d'un adultère qu'il aurait commis
à Fanvi son village d'origine situé à environ 10
kilomètres, qu'AGONOUGBATE, le fondateur de Sissèkpa, serait venu
se refugier près de la rivière Sissè. Il s'y serait
installé avec toute sa famille. Pour désigner ce lieu de refuge,
il donna le nom Sissèkpa ce qui signifie "près de
Sissè".
Il a été rejoint trois ans environ après
par Amoussou - Tcholè. originaire de Dékanmin un autre village
situé à environ 25 kilomètres. Ce dernier était
plutôt à la recherche de terres agricoles. De là, le
village a commencé par s'agrandir avec l'arrivée, au cours des
années suivantes, d'autres populations surtout en provenance des
villages de la plaine d'inondation. Ce qui justifie également le fait
que certains groupes lignagers du village détiennent des terres
dans la zone de la plaine d'inondation. Les changements globaux
intervenus par la suite sont représentés sur la figure 4
présentant le profil historique du village.
Création du village Sissèkpa
Grande sécheresse
Problèmes baisse de fertilité des sols
Vers 1890 1958 1968 1979 1990
1994
1996
1998
Vers 1906
1979
1990
1992
1999
2006
2009
2009
Création du village Zouta Introduction de palmier
sélectionné
· Expropriation de terres agricoles pour l'implantions de
palmeraies
· Création de coopérative pour la gestion des
palmeraies
· Perception de rente foncière
Grande sécheresse
Début des péjorations pluviométriques
actuelles
Introduction de jachères améliorées
Introduction de l'utilisation systématique de la fumure
minérale pour les cultures vivrières
Introduction de la culture de tomate sur le plateau
· Réappropriation des terres et abattage des
palmiers de la coopérative
· Très bonne fertilité des terres.
Début des péjorations
Début baisse progressive fertilité des sols
Introduction de l'utilisation systématique de la fumure
minérale pour les cultures vivrières
2004
·
2009
Aménagement bas-fond vallées avec crédits
Projet PUASA
· Fourniture d'engrais à crédit CeCPA
Début abandon des certaines associations de culture
Aménagement bas-fond vallées avec crédits
du Projet PUASA
Fourniture d'engrais à crédit CeCPA
Figure 4: Profils historiques de Zounta et de
Sissèkpa Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
La grande sécheresse de 1979 qui à
été caractérisée par l'absence de la grande saison
pluvieuse est l'événement lointain le plus vivace dans l'esprit
des populations de Sissèkpa actuellement. L'appauvrissement
généralisé des sols observé actuellement dans le
village remonte à l'année 1990. Pour les producteurs de Zounta,
la réappropriation des terres agricoles en 1990 après l'abattage
des palmeraies coopératives reste très présents dans la
mémoire collective. L'année 1993 constitue le point de
repère des péjorations climatiques vécues actuellement
dans le village.
4.2.2. Situation géographique et
activités économiques >
Zounta
Zounta est un village de l'arrondissement de Zounguè,
commune de Dangbo (figure5). Entièrement situé sur le plateau de
la basse vallée de l'Ouémé à environ 7 km à
l'Est de Dangbo centre, il bénéficie d'un réseau
hydrographique constitué de la rivière atan qui longe la
limite Nord-Est du village. Cette rivière laisse une importante
superficie de bas-fond au village et qui demeure entièrement
inexploitée.
La population de Zounta est estimée à 1415
habitants dont plus de la moitié sont âgés de moins de 15
ans (INSAE, 2004), la période de référence retenue dans le
cadre de notre étude pour la comparaison par les populations des
changements climatiques vécus ces 30 dernières années.
L'agriculture est la principale activité de 89,90% de la population de
Zounta dont la taille moyenne par ménage est 5 personnes (INSAE, 2004).
Le maïs, le manioc, la patate douce, le niébé et l'arachide
constituent les principales cultures pratiquées. Compte tenu des
péjorations climatiques actuelles la culture de niébé est
sujette à d'importante perte de récolte. La transformation de
noix de palme et du vin de palme, l'élevage et le trafic d'essence de
contrebande constituent les principales activités secondaires des
habitants.
> Sissèkpa
Situé sur le plateau de la basse vallée de
l'Ouémé à environ 8 km au Sud d'Adjohoun centre,
Sissèkpa est un village de l'arrondissement d'Azowlissè, commune
d'Adjohoun (figure 5). Son réseau hydrographique constitué par la
rivière Sissè irrigue le village sur toute sa largeur avec
d'importante superficie de bas-fond encore faiblement mis en valeur par les
populations.
Estimée à 1481 habitants dont moins de la
moitié 47,94% a un âge inférieur à 15 ans : c'est
une population essentiellement agricole (70% de la population) dont la taille
moyenne par ménage est 5 personnes (INSAE 2004). Les principales
cultures pratiquées sont : le maïs, le manioc, l'arachide, le
niébé, la patate douce et la tomate qui est une culture
d'introduction récente dans les assolements. Les activités
secondaires des populations sont la transformation de noix de palme et de vin
de palme, l'élevage, la vente de bois énergie et la conduite de
zémidjan et la vente d'essence de contrebande.
Figure 5 : Cartes des Communes d'Adjohoun et de Dangbo
présentant les villages d'enquête Source :
Laboratoire de cartographie FLASH/UAC
4.3. Caractéristiques démographiques et
socio-économiques des exploitations agricoles enquêtées :
Typologie de structure
En vue de garantir la représentativité de notre
échantillon d'enquête, nous avons effectué une typologie de
structure des exploitations agricoles de nos villages d'enquête lors de
l'échantillonnage. Rappelons que, sur la base des critères de
superficie totale cultivée et possession de palmeraie, six (6) types
d'exploitations agricoles ont été différenciés. A
ce niveau, les caractéristiques démographiques et
socio-économiques seront décrites suivant ces différents
types distingués. Ceci nous permet d'avoir une meilleure connaissance du
cadre objectif d'activité des exploitations agricoles
enquêtées dans le contexte actuel des modifications profondes des
conditions climatiques de leur milieu local.
4.3.1. Caractéristiques sociodémographiques
des exploitations
Les caractéristiques sociodémographiques
regroupent l'âge, l'ethnie, le sexe, la religion, la situation
matrimoniale ainsi que le niveau d'instruction.
> Age
L'âge des CE des 70 exploitations enquêtées
est compris entre 40 et 74ans. La répartition de l'âge de la
totalité des CE par tranche d'âge est consignée dans le
Tableau 4.
Tableau 4 : Répartition de CE
enquêtées par tranche d'âge
Tranche d'âge (ans)
|
Proportion (%)
|
Moins de 45
|
24,29
|
45 et plus
|
75,71
|
|
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
Il ressort du tableau 4 que 75,71%, soit les trois quart des
CE enquêtés sont âgés de plus de 45 ans. En grande
majorité, les CE des exploitations enquêtées sont à
même de parler des changements climatiques. La répartition des
âges moyens des CE des six (6) types d'exploitations
enquêtées est présentée dans le Tableau 5.
Tableau 5 : Répartition des âges moyens des
CE en fonction des types d'exploitation enquêtées
Types d'exploitation
|
Pn (n=10)
|
Po (n=11)
|
Mn (n=10)
|
Mo (n=16)
|
Gn (n=6)
|
Go (n=17)
|
Age moyen
|
55,8
|
50,27
|
48,7
|
53,81
|
50,5
|
54,47
|
CE (ans)
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
En dehors du cas des petites exploitations, l'âge moyen
des CE des exploitations possédant de palmeraie est plus
élevé que celui des CE ne possédant pas de palmeraie. Dans
l'ensemble, l'âge moyen des CE des exploitations enquêtées
ne présente pas de différence significative selon les
différents types d'exploitation et reste concentré autour de la
cinquantaine d'âge.
> Ethnie, sexe et situation matrimoniale
Les CE des exploitations enquêtées sont tous
(100%) de l'ethnie Wémè. La zone d'étude est
caractérisée par une forte homogénéité
ethnique. La dégradation poussée des terres cultivables et la
pénibilité du travail dans la zone de décrue de la
vallée expliquent l'absence des mouvements migratoires d'autres ethnies
vers cette zone d'étude.
Pour ce qui concerne le sexe, 97% des CE des exploitations
agricoles sont des hommes. Les femmes CE sont faiblement
représentées dans notre échantillon (3%). La zone se
distingue par l'investissement des femmes en priorité dans les
activités de transformations agro-alimentaires et de commerce.
S'agissant de la situation matrimoniale, 91,43% des CE des exploitations
enquêtées sont mariés. Les autres CE sont des veuf et
divorcés à raison de 7,14% et 1,43% respectivement.
> Religion
Les CE des exploitations enquêtées pratiques
aussi bien les religions traditionnelles que les religions
révélées. Le graphique 1 rend compte des proportions des
CE en fonction des différentes religions pratiquées.
Graphique 1: Proportion des CE en fonction des
religions
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
Plus de la moitié des CE enquêtées sont des
chrétiens (55%). Les musulmans sont en très faible proportion
dans notre échantillon d'enquête (3%).
> Niveau d'instruction des chefs
d'exploitation
Le graphique 2 présente les proportions des CE
enquêtés en fonction du niveau d'instruction
Graphique 2 : Proportion des CE enquêtés en
fonction du niveau d'instruction
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
Il ressort du graphique 2 que 66% des CE des exploitations
enquêtées sont instruits, même si le niveau d'instruction
demeure bas (54% de niveau primaire).
Les pourcentages du niveau d'instruction des CE suivants les
différents types d'exploitations enquêtées sont
présentés sur le Graphique 3.
Graphique 3 : Proportion des types d'exploitations
enquêtées en fonction du niveau d'instruction
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
Du graphique 3, il ressort que c'est au niveau des CE des
petites exploitations ne possédant pas de palmeraie qu'on rencontre le
plus fort taux d'analphabétisme (60%). Ce taux décroit
progressivement à partir des CE des petites exploitations
possédant de palmeraie (36,36%) pour présenter son plus faible
niveau au niveau des CE des grandes exploitations possédant de palmeraie
(24%).
4.3.2. Activités économiques menées
au sein des exploitations enquêtées
La totalité (100%) des CE des exploitations
enquêtées ont pour activité principale l'agriculture. Les
proportions des CE des exploitations enquêtées en fonction de leur
activité secondaire sont présentées au graphique 4.
L'élevage constitue la première activité secondaire
développée par les CE enquêtés (39%).
L'élevage est suivi de la transformation de vin de palme (30%).
Graphique 5 : Proportion des CE en fonction des
Graphique 4: Proportion des membres de l'exploitation en activités
secondaires exercées fonction des activités principales
exercées
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009 Source : Données
d'enquête Août-Octobre 2009
Le graphique 5 présente les activités
principales développées par les membres des exploitations
agricoles enquêtées. La scolarisation de plus de la moitié
des membres des exploiations (64%) est à l'origine des problèmes
de mobilisation à temps de la main d'oeuvre familiale avec les
bouleversements climatiques actuels.
4.3.3. Niveau d'accès aux facteurs de production
par les exploitations enquêtées
> Accès à la terre
La superficie moyenne cultivée pour l'ensemble des
exploitations enquêtées est de 2,63 hectares. Les modes de
faire-valoir utilisés par les exploitations enquêtées sont
l'héritage, le gage, l'achat et le prêt.
L'héritage et l'achat sont des modes de faire-valoir
direct où les superficies exploitées sont la
propriété des exploitants tandis que le prêt et le gage
sont au contraire des modes de faire-valoir indirect. Les proportions des CE
des différents types d'exploitations enquêtés en fonction
des modes de faire-valoir utilisés est consignée dans le tableau
6.
Tableau 6 : Proportion des CE par type d'exploitations
enquêtées et par catégorie de mode de faire-valoir de
terres exploitées
Types
d'exploitation
|
Pn
|
Po
|
Mn
|
Mo
|
Gn
|
Go
|
|
(n=10)
|
(n=11)
|
(n=10)
|
(n=16)
|
(n=6)
|
(n=17)
|
Mode de faire-valoir
|
|
|
|
|
|
|
Héritage
|
70%
|
72,72%
|
90%
|
81,25%
|
66,67%
|
82,35%
|
Gage
|
50%
|
45,45%
|
40%
|
62,5%
|
66,67%
|
58,82%
|
Achat
|
60%
|
45,45%
|
90%
|
50%
|
50%
|
100%
|
Prêt
|
20%
|
36,36%
|
30%
|
43,75%
|
66,67%
|
29,41%
|
|
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
C'est dans la catégorie des grandes exploitations avec
palmeraie que la totalité (100%) des CE ont des terres cultivées
acquis par achat. L'héritage constitue le mode de faire-valoir fortement
usité par tous les types d'exploitation. Les superficies moyennes
cultivées par les CE suivant cette répartition du tableau 6 sont
présentées dans le tableau 7
Tableau 7 : Superficie moyenne cultivée par
catégorie de mode de faire-valoir et par type d'exploitation
enquêté
|
Pn (n=10)
|
Po (n=11)
|
Mn (n=10)
|
Mo (n=16)
|
Gn (n=6)
|
Go (n=17)
|
Héritage (ha)
|
0,60
|
0,76
|
1,13
|
0,88
|
1,56
|
1,67
|
Gage (ha)
|
0,45
|
0,33
|
0,53
|
0,81
|
1,76
|
1,58
|
Achat (ha)
|
0,29
|
0,85
|
1,06
|
1,31
|
2,08
|
2,18
|
Prêt (ha)
|
1,06
|
0,44
|
0,25
|
0,71
|
0,94
|
0,83
|
|
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
Des informations contenues dans le tableau 7, il ressort que
pour les trois types d'exploitation possédant de palmeraie, la part des
superficies cultivées acquises par achat dépasse celle des
superficies acquises par héritage. Pour les moyennes exploitations ne
possédant pas de palmeraie c'est plutôt la part des superficies
acquises par héritage qui dépasse celle acquises par achat. Quant
aux petites exploitations ne possédant pas de palmeraie, c'est les
superficies prêtées qui sont les plus importantes.
> Accès aux credits
L'accès au crédit formel des exploitations
enquêtées est faible (graphique 6). La majorité des
producteurs recours aux tontines comme source de financement de leurs
activités.
Graphique 6: Proportion des CE des exploitations
enquêtées suivant le niveau d'accès aux
crédits
Source : Données
d'enquête Août-Octobre 2009
La répartion des types d'exploitations
enquêtées suivant leur niveau d'accès au crédit est
présenté dans le tableau 8. Des informations contenues dans ce
tabeau, il se dégage qu'en dehors des grandes exploitations ne
possédant pas de palmeraie, le niveau d'accès au crédit
formel est bas pour les autres types d'exploitation. Néanmoins,
l'appartenace à des groupes de tontines est plus remarquable pour tous
les types d'exploitatation enquêtées.
Tableau 8 : Répartition des CE des exploitations
enquêtées suivant le niveau d'accès aux crédits et
le type d'exploitation d'appartenance
Types d'exploitation
|
Pn (n=10)
|
Po (n=11)
|
Mn (n=10)
|
Mo (n=16)
|
Gn (n=6)
|
Go (n=17)
|
Accès aux crédits formels
|
Oui (n=19)
|
1
|
2
|
4
|
1
|
2
|
9
|
|
9
|
9
|
6
|
15
|
4
|
8
|
Appartenance groupe de tontine
|
Oui (n=54)
|
7
|
9
|
6
|
13
|
5
|
14
|
|
3
|
2
|
4
|
3
|
1
|
3
|
|
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009 > Accès à la main
d'oeuvre
L'actif agricole est toute personne âgée de 8
à 60 ans qui exerce une activité agricole, que ce soit à
temps plein ou à temps partiel (Tossou, 1985). Le nombre moyen d'actif
par exploitation agricole est présenté sur le graphique 7.
Graphique 7: Répartition de la main d'oeuvre
mobilisable par type d'exploitation
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
Des informations contenues dans le graphique 7, il ressort
que pour les types des grandes exploitations possédant ou pas de
palmeraie, la main d'oeuvre salariée dépasse celle familiale.
C'est aussi ces deux types d'exploitation qui ont le moins recours à
l'entraide.
4.4. Conclusion partielle
En somme, les communes d'Adjohoun et de Dangbo en
dépit des nombreuses potentialités agricoles qu'elles offrent ne
sont pas exempts des effets néfastes des changements climatiques. Nos
deux villages d'enquêtes édifient fortement les impacts des effets
néfastes qu'engendrent les péjorations climatiques actuelles sur
le cadre de vie des populations de cette zone.
CHAPITRE 5 : PERCEPTIONS PAYSANNES DE L'EVOLUTION DU
CLIMAT DANS LA ZONE D'ETUDE, IDENTIFICATION DES INDICATEURS DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES ET ANALYSE DES TENDANCES CLIMATIQUES
Les changements climatiques sont perçus localement par
les producteurs. Mais cette perception et les explications qui y sont
liées diffèrent selon les réalités des populations
locales. Dans ce chapitre, les perceptions des modifications survenues au
niveau des paramètres climatiques tels que : les précipitations,
la température, les vents et les crues seront présentées
aux primes abords. Ensuite, les données climatiques seront confronter
avec ces différentes perceptions locales.
5.1. Perceptions socio-anthropologiques de
l'évolution du climat dans les deux villages d'étude
Convaincus des modifications du climat de leur milieu local,
les perceptions des populations d'Adjohoun et de Dangbo sont surtout
basées sur des indicateurs tels que les changements dans les saisons
pluvieuses, les changements thermiques, solaires, du vent et des crues
annuelles du fleuve Ouémé dans la vallée.
5.1.1. Perception paysannes des changements
pluviométriques
Les changements pluviométriques constituent le premier
élément de perception des changements climatiques au niveau des
producteurs de notre zone d'étude. En effet, la longue tradition de
l'interaction des populations locales avec leur environnement a
consolidé leur connaissance du climat, connaissance construite sur
certains concepts fondamentaux aux travers desquels les évolutions
pluviométriques sont observées. L'encadré 1
présente les manifestations et les modifications liées à
ces concepts traduisant la perception collective des producteurs de nos deux
villages d'enquête.
Encadré 1: Bilan des concepts clés
liés aux saisons pluvieuses et des changements
caractéristiques
> Zundji : Autrefois, cette pluie tombait
à la fin de l'harmattan entre fin Janvier et 10 février au plus
tard. Comme son nom l'indique, c'est la pluie « dji » de la
brousse ou forêt « zun ». On ne s'en sert pas pour
cultiver. Elle tombe au plus deux fois dans la période indiquée
et c'est elle qui fait régénérer les herbes
asséchés par la grande saison sèche ou brûlés
par les feux de brousse.
Mais de nos jours, précisément à partir
de douze à quinze années déjà, cette pluie a
tendance à disparaître. Elle ne vient que très rarement
certaines années et cela vers le début du mois de Mars.
Autrefois, c'est l'arrivée de cette pluie qui annonce le début de
la préparation des champs en l'occurrence des activités de
défrichage et de sarclage pour la grande saison pluvieuse. Mais depuis
plusieurs années déjà, ces travaux précèdent
toujours le « Zundji » les rares fois où elle vient
désormais.
> Ayitchiossin : Comme son nom l'indique, c'est
l'eau « sin » qui mouille « tchio » la
terre « ayi ». Avant les modifications observées
depuis 1990, cette pluie tombait deux à trois fois entre le 10 et le 25
Mars. En la mouillant, c'est cette pluie qui sert à éteindre la
chaleur de la terre. Elle refroidit la terre et c'est avec elle que les paysans
démarraient le labour de leur champs pour la confection des billons.
Elle permettait de faire le manioc et l'arachide en semis précoce. On ne
faisait jamais du maïs avec le « Ayitchiossin ».
Mais depuis plus de quinze ans déjà cette pluie
n'arrive plus jamais avant le début du mois d'Avril. On n'arrive plus
à la distinguer des pluies du début de la grande saison
pluvieuse.
> Xwuédjikun : cela signifie les pluies de
l'année. Ce nom s'explique surtout par le fait que ce sont ces pluies
qui marquent le début de la grande saison agricole. C'est avec ces
pluies qu'on faisait surtout le maïs compte tenu de la courte durée
de la petite saison pluvieuse (voir « Zodjikun »). Autrefois
ces pluies s'installent réellement à partir du 15 Avril et
correspondait à la période de semis du maïs qui
s'étendait autrefois jusqu'au 20-25 Mai pour les paysans retardataires.
Ces pluies tombaient régulièrement c'est-à-dire sur tout
le long de cette période (15 Avril - 25 Mai) ; ce qui permettait les
semis échelonnés sur la période. Ces pluies terminaient
généralement vers le 15 Juillet.
Mais de nos jours ces pluies ont connues d'importantes
modifications dans leurs régimes. Ainsi, depuis 12 à 15
années le « Xwédjikun » à tendance
à ne plus s'installer réellement à partir du 15 Avril.
Elle vient tardivement et s'installe en tombant très abondamment
à intervalle de jour très rapproché. Ensuite, elle coupe
sur 10-15 jours voir 20 jours certaines années avant de recommencer
à nouveau. Cette nouvelle tendance ne permet plus les semis
échelonnés dans le temps comme par le passé tel que
décrit ci-dessus.
Autrefois, c'est à partir de fin Mai jusqu'au 25 Juin
que les paysans de la zone installaient le niébé. Mais la
nouvelle tendance caractérisée par la coupure précoce de
cette pluie cause de grandes difficultés pour la réussite de la
culture du niébé. Les paysans enregistrent des pertes importantes
de récolte de ce fait.
|
|
> Amandji xèkuado : c'est une pluie qui
annonçait autrefois la fin du << Xwédjikun ».
Comme son nom l'indique c'est la pluie de la feuille << amandji
» et l'oiseau est mort dans le nid << xèkuado
». C'est une pluie légère et fine qui tombait sur cinq
à sept jours d'affilés (dans la journée comme dans la
nuit) ce qui empêchait même les oiseaux de pouvoir sortir pour
s'alimenter et ils mouraient de faim emprisonnés par cette pluie dans
leur nid. Le préfixe << amandji » tient sa logique
du fait que c'était une pluie qui permettait la feuillaison des arbres
qui avaient commencé par faner avec le manque d'eau de la fin du
<<Xwédjikun ». C'est cette pluie qui permettait au
niébé de boucler sa phase de feuillaison pour entrer dans la
phase de floraison de son cycle végétatif. C'était une
pluie qui tombait entre le 10 et le 20 Juillet.
Mais avec les modifications des saisons pluvieuses, cette
pluie tend à disparaître. Elle vient très rarement
certaines années.
> Todji: cela signifie la pluie << dji
» du fleuve << to ». C'est une pluie qui vient
suite à l'arrivée de la crue du fleuve Ouémé entre
fin Juin et début Juillet. Autrefois, cette pluie s'installait à
partir de mi Juillet et se poursuit jusqu'à mi Août.
C'était une pluie fine qui permettait au niébé de bien
murir. De part son intensité cette pluie donnait lieu à de faible
ruissellement.
Mais avec les modifications actuelles, cette pluie a tendance
à être rare. L'arrivée de la crue dans la vallée ne
s'accompagne plus automatiquement de l'installation de cette pluie. Et quand
elle vient ; son intensité est si faible qu'elle ne donne plus lieu au
ruissellement d'eau sur le sol qui le caractérisait autrefois. Cette
pluie n'est plus régulièrement répartie dans le temps sur
toute la période mi-Juillet, mi-Août, avec la tendance actuelle,
ce qui ajouté aux perturbations observées dans la fin du
régime du << Xwédjikun » occasionne
d'importantes pertes de récolte de niébé pour la plupart
des paysans
> Zodjikun : c'est une appellation
attribuée aux pluies de deuxième saison de culture dans la zone
d'étude et signifie la pluie du feu (Chaleur). L'appellation signifie
que c'est une pluie qui survient après une période de fort
ensoleillement notamment la saison sèche. Le << Zodjikun
» s'installait régulièrement autrefois à partir
du 15 Septembre pour se poursuivre jusqu'à mi Novembre. Autrefois, cette
répartition régulière sur toute cette période
laissait le temps aux paysans de faire le labour de leur champ pour la
confection de billons avec les premières pluies du << Zodjikun
».
Mais, actuellement, le << Zodjikun » ne
laisse plus le temps de labour aux paysans avant de connaître des poches
de sécheresse. Beaucoup de paysans optent désormais de plus en
plus pour le labour à sec afin de pouvoir commencer les semis dès
les toutes premières pluies qui servaient avant à faire le
labour.
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
Les informations contenues dans l'encadré 1 montrent
que les populations locales de nos villages d'enquête ont observé
sur la base d'indicateurs liés au déroulement de leurs
activités agricoles de profonds bouleversements des rythmes des saisons
pluvieuses
enregistrées autrefois dans leur milieu. Ces
perceptions collectives des modifications pluvieuses ont été
spécifiées par les perceptions individuelles au niveau des
exploitations enquêtées. Le tableau 9 présente la
synthèse des perceptions paysannes des changements
pluviométriques vécus par les CE des exploitations
enquêtées.
Tableau 9: Synthèse sur les perceptions paysannes
des changements pluviométriques
Changements pluviométriques
enregistrés
|
Indicateurs locaux :
manifestations/conséquences
|
Démarrage tardif
et/ou mauvaise
répartition des pluies pendant les saisons des
pluies
|
Grande saison pluvieuse
|
Pour la totalité des CE des exploitations
enquêtées, la grande saison pluvieuse ne commence plus
régulièrement en Avril pendant les quinze (15) dernières
années comme autrefois. Actuellement, les opérations de semis
précoce d'arachide et de manioc ne sont plus possibles en Mars comme par
le passé.
|
|
Selon la totalité des CE des exploitations de notre
échantillon d'enquête, la petite saison pluvieuse ne commence plus
vers la fin des cérémonies du culte « Oro »
dans la dernière décade du mois d'Août comme pour la
période d'il y a plus de 15ans. Son démarrage tardif vers
début Octobre oblige les producteurs à effectuer le labour
à sec des champs afin de pouvoir réaliser les semis dès
les premières pluies qui par ailleurs sont très mal
réparties sur les jours pendant cette début de saison.
|
Raccourcissement de la durée des saisons des
pluies
|
Grande saison pluvieuse
|
La totalité des CE des exploitations
enquêtées, ont remarqué un raccourcissement de la
durée de la grande saison pluvieuse occasionné par sa rupture
précoce et son démarrage tardif. La rupture précoce de la
saison perturbe la floraison et la maturation du niébé pendant
ces quinze (15) dernières années. Ceci occasionne très
souvent comme cette année, la perte de la totalité de la
récolte chez beaucoup de producteurs.
|
|
Ces quinze (15) dernières années, selon la
totalité des CE des exploitations enquêtées, le
démarrage tardif des pluies de la petite saison pluvieuse beaucoup plus
importante que les ruptures précoces enregistrées est à
l'origine du raccourcissement de la durée de cette saison.
|
Diminution du nombre de jours de pluies
|
Grande saison pluvieuse
|
Pour 97% des CE des exploitations de notre
échantillon, le nombre de jour de pluie de la grande saison pluvieuse
est en baisse au cours des quinze dernières années. Pendant les
quinze (15) dernières années, les pluies de la grande saison
pluvieuse se concentrent sur des périodes très courtes surtout en
Mai où l'on observe désormais les plus fortes hauteurs
pluviométriques plutôt qu'en Juin comme par le passé.
|
|
|
Petite saison pluvieuse
|
Le démarrage tardif couplé à la rupture
des pluies vers la fin de la saison entraîne la diminution du nombre de
jour de pluies pendant la petite saison pluvieuse au cours des quinze (15)
dernières années selon la totalité des CE des
exploitations enquêtées. Cette diminution du nombre de jour de
pluie perturbe le bouclage du cycle des cultures comme le maïs et le
sésame ; et l'arachide de deuxième saison est entrain
d'être progressivement abandonné pour cette cause.
|
Poches de sécheresse plus nombreuses
|
Grande saison pluvieuse
|
Selon la totalité des CE des exploitations
enquêtées, la multiplication des ruptures de pluies au
début, et à la fin de la grande saison pluvieuse entraîne
des stress hydriques pour les cultures sources de pertes de récoltes.
|
|
90% des CE des exploitations de notre échantillon
d'enquête, indiquent que les poches de sécheresse pendant la
petite saison pluvieuse sont devenues plus nombreuse à travers les
ruptures de pluies et concerne la période du début de la saison
(Octobre). Les fontes de semis qui en découlent occasionnent des
opérations de resemis répétitives pour les cultures de
maïs, d'arachide, et de sésame.
|
Occurrence des pluies très fortes et
violentes causant des dégâts
|
Grande saison pluvieuse
|
92% des CE des exploitations enquêtées ont
remarqué au cours des quinze (15) dernières années une
multiplication des pluies très fortes et violentes vers la fin de la
grande saison pluvieuse occasionnant le pourrissement sur pied des
récoltes de maïs et le démolissage des maisons en terre
battue par les eaux de ruissellement violentes qu'elles provoquent.
|
|
Pour 99% des CE des exploitations enquêtées, les
pluies enregistrées pendant la deuxième saison pluvieuse ont
plutôt tendance à être moins fortes surtout en début
de saison ; pendant les (15) quinze dernières années.
|
Persistance de la sécheresse
|
Grande saison sèche
|
98% des CE des exploitations de notre échantillon,
indiquent qu'il a eu changement au cours des quinze (15) dernières
années dans la durée de la grande saison sèche qui se
prolonge jusqu'à fin Avril au lieu de Mars comme autrefois.
|
|
La petite saison sèche devient de plus en plus
marquée au cours de ces quinze dernières années et
s'étend jusqu'en Octobre au lieu de mi-Septembre selon 90% des CE des
exploitations de notre échantillon d'enquête.
|
Diminution des hauteurs pluviométriques
|
Pour 93% des CE des exploitations enquêtées, sur
la normale de trente ans, les hauteurs pluviométriques
enregistrées ces quinze dernières années sont en baisse
progressif accentuée surtout pendant la petite saison pluvieuse.
|
|
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
Des informations contenues dans le tableau 9, il ressort que
les deux saisons pluvieuses ont connu d'importantes modifications dans leur
déroulement au cours des quinze (15) dernières années
comparativement aux quinze (15) autres précédentes. De plus,
l'ampleur des bouleversements diffère d'une saison pluvieuse à
l'autre.
5.1.2. Perceptions paysannes des changements thermiques et
solaires
Après les dérèglements des saisons
pluvieuses, l'accroissement soutenu des températures enregistrées
ces quinze (15) dernières années comparativement aux quinze (15)
précédentes, a également marqué la mémoire
collective des populations locales. Il fait de plus en plus chaud sur toutes
les périodes de l'année, avec augmentation du nombre de jours
ensoleillés (selon 96% des CE des exploitations enquêtées).
Cette perception des populations locales est illustrée par l'expression
commune de l'encadré.
Encadré 2: Manifestations de la chaleur et du
vent pendant les changements cimatiques
Yozo kpo djohuan kpo man so do assoun kabi assi
din : Selon cette expression, la chaleur « yozo »
et le vent « djohuan » non plus de nos jours ni de
mâle « assoun » ni de femelle « assi
». Les termes « assoun » et « assi »
étaient souvent utilisés pour la catégorisation des
vents et des chaleurs. Ainsi le terme « assoun »
(mâle) se rapporte souvent aux phénomènes qui ont un
caractère particulièrement dévastateur. Quant au terme
« assi » (femelle), il se rapporte plutôt aux
phénomènes moins violents et moins forts. Pour les producteurs
les périodes de fortes chaleurs et de vents violents étaient
connues autrefois.
Mais ces quinze (15) dernières années, tout
à changer. La chaleur n'a plus de périodes
caractéristiques comme autrefois en dépit de son accroissement.
Même en saison pluvieuse, avec un léger soleil, la chaleur est
remarquable.
Avec, la persistance des températures de plus en plus
fortes enregistrées, ce n'est plus seulement les cultures qui en
souffrent, la croissance des animaux domestiques (caprins, porcins et volailles
notamment) est aussi atteinte.
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
L'expression de cet encadré signale que les perceptions
des populations locales des changements climatiques concernent aussi les
perturbations enregistrées au niveau du vent.
5.1.3. Perceptions paysannes des changements du vent
Les vents enregistrés au cours de ces quinze (15)
dernières années par les populations locales de notre zone
d'étude n'ont plus les mêmes caractéristiques que ceux qui
étaient
connus jadis. Il a plus de vents, et les vents violents sont
devenus plus nombreux selon 96% des CE des exploitations
enquêtées. Ces changements du vent se notent pendant les deux
saisons pluvieuses. En effet, pendant le début et la fin de la grande
saison pluvieuse, les vents violents notés deviennent plus nombreux. Ces
vents se manifestent juste après la formation des nuages dans le ciel et
de par leur mouvement transportent ailleurs les nuages formés
empêchant la précipitation de ceux-ci donnant ainsi lieu à
des périodes de ruptures de pluies. Ce phénomène est aussi
caractéristique du début de la deuxième saison pluvieuse
où l'on assiste à plus de vents mais moins violents tout de
même.
5.1.4. Perceptions paysannes des changements dans les
crues du fleuve Ouémé dans la vallée
Les modifications de la crue du fleuve Ouémé
à travers l'inondation partielle de plus en plus récurrente de la
plaine d'inondation est manifeste dans la mémoire des communautés
locales qui la subissent à travers le non renouvellement naturel de la
fertilité de certaines parties cultivées. En effet, la crue
affecte une zone moins étendue (77% des CE exploitations
enquêtées) et apparait de plus en plus tardivement pendant les
quinze (15) dernières années par rapport aux quinze (15)
précédentes (83% des CE exploitations enquêtées). Le
témoignage de l'Encadré 3 est celui d'un producteur du village
Sissèkpa et illustre ce fait.
Encadré 3 : Propos d'un producteur sur les
changements perçus dans les crues
Dans la vallée, il y a certains trous à
poissons à différents endroits qui ne sont plus inondés
chaque années par la crue comme autrefois. Nos grands parents nous
disaient que l'excès d'eau à la base de la crue du fleuve vient
du nord de notre pays, et qui sait s'il ne pleut plus bien là-bas comme
chez nous ici pour qu'il ait l'arrivée de beaucoup d'eau dans le fleuve
pour inonder toute la plaine d'inondation !
Autrefois, avant la fin des cérémonies du culte
« Oro » dans notre village (Dernière décade du
mois d'Août), toute la plaine était déjà
inondée mais depuis plus de 10 ans, à cette même
période, certaines parties exploitées attendent encore de
recevoir la crue. Désormais la crue arrive en Août et quelquefois
en Juillet et plus jamais en juin comme autrefois.
Source : Données d'enquête
Août-Octobre 2009
Quoique ne constituant pas directement un facteur climatique,
la crue est toute fois liée de façon intrinsèque à
l'un de ces facteurs en l'occurrence la pluie et les modifications
pluviométriques enregistrées peuvent expliquer cette perception
paysanne qui impute les
changements dans la crue du fleuve aux changements
climatiques. Ce constat est conforté par les travaux de
Lalèyè et al., (2005) (cité par Chikou, 2006)
pour qui, la baisse sensible, l'irrégularité et la mauvaise
répartition des précipitations que connaît le Bénin
notamment dans sa partie méridionale, ces dernières
années, ont provoqué une apparition tardive et la diminution de
l'étendue des crues en même temps qu'une diminution de la
production halieutique et de cultures vivrières dans les plaines
d'inondation du delta de l'Ouémé. Mentionnons toute foisque pour
96% des CE des exploitations de notre échantillon d'enquête, il
n'y a pas eu changement de la période de décrue, de même
que le niveau des eaux pendant la crue pour 91% d'eux.
Somme toute, les populations locales de notre zone
d'étude ne sont pas restées insensibles aux modifications des
principaux facteurs du climat de leur milieu. Sur la période des quinze
(15) dernières années comparées aux quinze (15)
précédentes, les producteurs de nos deux villages d'enquête
ont perçu des modifications radicales dans le déroulement des
saisons pluvieuses, qu'il fait plus chaud avec plus de soleil, qu'il a plus de
vents violents et qu'il y a une diminution de l'étendue des crues du
fleuve Ouémé dans la vallée ; toute chose
caractéristiques des changements climatiques. Nous pouvons ainsi
conclure que les producteurs ont perçus les changements climatiques dans
leur terroir. Les proportions élevées de CE d'exploitations
enquêtées ayant répondu positivement (au moins 75% dans
tous les cas) avoir perçus ces changements traduit de plus que ces
changements sont perçus quelque soit le type d'exploitation auquel
appartient le CE. Ces résultats sont conforment à ceux de
Ogouwalé (2006). En effet, une étude qu'il a menée sur les
effets des changements climatiques sur le Lac Nokoué et les populations
riveraines, révèle que ces dernières ont perçu les
changements à travers
- le démarrage tardif et/ou mauvaise
répartition et la baisse des hauteurs de pluies, - la diminution du
nombre de jours de précipitations
- la rareté ou disparition assez rapide des
périodes de crues et
- une chaleur plus intense et accablante.
Néanmoins, nos résultats ne sont que des
perceptions paysannes fondées sur l'observation empirique du climat.
Pour conclure à la vérification de notre première
hypothèse selon laquelle les producteurs perçoivent les
changements climatiques de leur terroir, la
confrontation de ces perceptions aux résultats de
l'analyse statistique des données climatiques de leur localité
est nécessaire.
5.2. Niveau de cohérence entre les perceptions
paysannes et les données sur l'évolution du climat
Les changements climatiques peuvent être
considérés comme une variation statistiquement significative de
l'état moyen du climat et de sa variabilité, persistant pendant
une période prolongée (généralement des
décennies) (Ogouwalé, 2006). Les facteurs du climat qui sont
considérés dans la détermination de ces indicateurs des
changements climatiques sont les précipitations (hauteurs et nombres de
jours de pluies) et les températures maximales et minimales.
Les perceptions paysannes notées étant
essentiellement liées au déroulement de la saison pluvieuse, les
modifications du facteur pluviométrie seront analysées à
travers son influence sur la saison pluvieuse. Les données
pluviométriques utilisées sont celles de la station
pluviométrique de l'ASECNA d'Adjohoun.
5.2.1. Analyse des tendances pluviométriques dans
les communes d'Adjohoun et de Dangbo
L'étude des paramètres pluviométriques
nous permet d'examiner les modifications éventuelles qu'il y a eu ces
trente (30) dernières années. Pour ce faire, la saison des pluies
a été caractérisée dans le but de comparer
l'évolution de cette saison au cours des périodes P1 (1978-1993)
et P2 (1994-2008). Dans un premier temps, les graphiques 8 et 9 nous donnent un
aperçu sur l'évolution des hauteurs pluviométriques
annuelles et du nombre de jours pluvieux par années.
Graphique 8: Evolution des hauteurs de pluies
annuelles
Source : Données ASECNA
Graphique 9: Evolution du nombre de jours de
pluie
Source : Données ASECNA
L'analyse du graphique 8 montre une variation des hauteurs
pluviométriques annuelles avec une baisse brutale en 1990 qui s'est
poursuivie jusqu'en 2000. Le graphique 9 révèle pour sa part une
variation du nombre de jour pluvieux. Pour comprendre l'évolution des
saisons, nous nous référons au tableau 10.
Tableau 10: Variabilité des
caractéristiques des saisons pluvieuses
Année
|
Début1
|
Fin 1
|
Début2
|
Fin2
|
Durée1
|
Durée2
|
Cumul
|
Nb Jpl
|
1979
|
106
|
257
|
285
|
321
|
151
|
36
|
1480,7
|
89
|
1980
|
116
|
240
|
260
|
329
|
124
|
69
|
1020,6
|
69
|
1981
|
120
|
217
|
288
|
305
|
97
|
17
|
1025,7
|
63
|
1982
|
116
|
199
|
275
|
307
|
83
|
32
|
787,4
|
42
|
1983
|
144
|
175
|
247
|
260
|
31
|
13
|
968,7
|
59
|
1984
|
110
|
191
|
259
|
318
|
81
|
59
|
1015,4
|
63
|
1985
|
119
|
214
|
240
|
318
|
95
|
78
|
897
|
43
|
1986
|
163
|
194
|
256
|
294
|
31
|
38
|
1317,1
|
75
|
1987
|
215
|
256
|
263
|
291
|
41
|
28
|
1493,2
|
80
|
1988
|
125
|
204
|
246
|
308
|
79
|
62
|
1374,9
|
91
|
1989
|
115
|
207
|
271
|
289
|
92
|
18
|
1222,7
|
64
|
1990
|
108
|
195
|
275
|
291
|
87
|
16
|
1404,9
|
93
|
1991
|
123
|
216
|
248
|
265
|
93
|
17
|
826,3
|
64
|
1992
|
194
|
222
|
237
|
319
|
28
|
82
|
1039
|
80
|
1993
|
108
|
187
|
286
|
302
|
79
|
16
|
743,8
|
70
|
1994
|
117
|
204
|
289
|
313
|
87
|
24
|
1198,8
|
85
|
1995
|
142
|
246
|
219
|
311
|
104
|
92
|
1146,8
|
76
|
1996
|
93
|
213
|
290
|
305
|
120
|
15
|
1154,3
|
70
|
1997
|
93
|
246
|
259
|
294
|
153
|
35
|
757
|
53
|
1998
|
115
|
206
|
260
|
344
|
91
|
84
|
1251
|
76
|
1999
|
138
|
169
|
274
|
301
|
31
|
27
|
877,3
|
62
|
2000
|
154
|
229
|
-
|
-
|
75
|
-
|
872,5
|
60
|
2001
|
134
|
235
|
253
|
318
|
103
|
65
|
1052,7
|
65
|
2002
|
154
|
224
|
260
|
311
|
60
|
51
|
1581,4
|
102
|
2003
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2004
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2005
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2006
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2007
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2008
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Nombre ValP1
|
15
|
15
|
15
|
15
|
15
|
15
|
15
|
15
|
Nombre ValP2
|
9
|
9
|
8
|
8
|
9
|
9
|
9
|
9
|
Moyenne P1
|
131
|
204
|
263
|
301
|
28
|
12
|
113
|
72
|
Moyenne P2
|
151
|
180
|
263
|
312
|
15
|
5
|
109
|
72
|
Ecart-TypeP1
|
49
|
40
|
16
|
19
|
14
|
13
|
273
|
17
|
Ecart-TypeP2
|
22
|
28
|
23
|
15
|
18
|
12
|
428
|
15
|
t test p value 5%,
|
0.016
|
0.133
|
0.598
|
0.324
|
0.090
|
0.515
|
0.334
|
0.565
|
|
Source : Données ASECNA
Légende : P1 : Période 1 : 1979-1993 P2 :
Période 2 :1994-2008 Nombre ValP : nombre de
valeur de la période
Les informations du tableau 10 montrent que le début
de la première saison sèche a varié ces quinze (15)
dernières années. Par contre, l'évolution des hauteurs de
pluie, des nombres de jours de pluie, du début de la deuxième
saison pluvieuse et des fins des deux saisons n'ont pas varié
comparativement aux quinze (15) années précédentes. En
effet, pour ces caractéristiques, les tests ne sont pas significatifs au
seuil de 5%, ce qui n'est pas le cas du début de la première
saison pluvieuse. En dehors du résultat sur le retard du
démarrage tardif de la grande saison pluvieuse qui est conforme aux
dires des producteurs, le reste des résultats infirme les perceptions
des producteurs. Plusieurs raisons peuvent justifier cet état de chose
:
· Les données traitées ne sont pas
spécifiques aux villages d'étude.
· Les producteurs agricoles gardent beaucoup plus en
mémoire les phénomènes climatiques extrêmes qui les
ont marqués compte tenu de l'importance des conséquences sur le
milieu et leur quotidien.
· Les perceptions des populations locales des
changements climatiques sont basées sur leurs attentes du climat pour
une bonne campagne agricole. Et lorsque ces attentes ne sont pas satisfaites,
les phénomènes vécus non souhaités pourraient
influencer leurs perceptions.
· La méthode utilisée ne permet pas de rendre
compte de la mauvaise répartition des précipitations au cours des
saisons pluvieuses.
· Les données de 2003 à 2008 n'ont pas
été considérées dans l'analyse. Ceci pourrait
constituer un biais et être à la base de la divergence
constatée. Les données de 2003 à 2007 n'ont pas
été considérées car nous n'avons pas pu les
obtenir.
5.2.2. Analyse des tendances thermométriques
En dehors de la pluviométrie, la température
est un paramètre climatique qui affecte le cadre de vie aussi bien des
hommes que des animaux et végétaux. Ayant aussi marqué les
populations par son évolution, nous présentons ici
l'évolution de la température ces trente (30) dernières
années.
Graphique 10: Tendances thermométriques
annuelles des trente dernières années
Source :
Données ASECNA
La tendance thermométrique annuelle
présentée sur le graphique 10 montre qu'il y a une augmentation
annuelle des températures depuis 1988. Cette augmentation s'est
accentuée depuis 1998. Les affirmations des producteurs sur la hausse
des températures sont confirmées.
5.3. Perception socio-anthropologique des causes des
changements climatiques
Les changements climatiques en cours sont largement reconnus
par toute la communauté paysanne, mais les causes qui leur sont
attribuées revêtent diverses formes et sont plus liées aux
normes et croyances locales. Des différents points de vue recueillis
auprès des producteurs, les changements climatiques vécus
actuellement sont dus à la déforestation, au non respect des
normes sociales, au non respect des divinités, et aux pratiques occultes
de neutralisation des nuages très courantes au sein de la
communauté paysanne.
5.3.1. La déforestation
Les changements climatiques vécus actuellement sont le
résultat des actions anthropiques à travers le déboisement
des quelques rares reliques forestières de la zone d'étude selon
29% des CE des exploitations enquêtées. En effet, les besoins
d'extension des superficies cultivées face à la baisse de plus en
plus accrue des rendements des cultures, ce
qui amenuise leur revenu, amènent certains producteurs
à couper les domaines forestières avec les gros arbres qui s'y
trouvent. Par ailleurs, et dans cette même perspective, la conversion de
certains producteurs dans des églises évangéliques, les
orientant dans le sens du détournement des « choses »
traditionnelles, amènent d'autres producteurs à couper les
forêts sacrées se situant sur leur propriété
foncière et à en faire des champs.
Toutefois, s'il apparaît que la déforestation
comme cause des changements climatiques est soutenue par une faible proportion
des producteurs, la raison de son rejet par l'autre frange des producteurs
(72%) tient au fait que selon eux les opérations de reboisement avec
l'espèce Acacia auriculiformis en vue d'améliorer la
fertilité de leurs champs et les multiples palmeraies qui sont
installées chaque année compensent valablement les
déboisements opérés dans les villages. Pour cette frange
de producteur, sans ces reboisements les effets des changements climatiques
ressentis actuellement (notamment les vents violents, et la mauvaise
répartition spatio-temporelle des pluies) au sein de la
communauté seraient plus drastiques.
De ces avis tranchés sur la déforestation comme
causes des changements climatiques et les raisons justificatives de chaque
camp, il ressort que la population locale est consciente que la
déforestation est une cause des changements climatiques et que le
reboisement contribue à atténuer les conséquences des
changements climatiques.
5.3.2. Le non respect des normes sociales et des
divinités
La banalisation et la non observance des règles
sociales et morales promues par les croyances traditionnelles et religieuses
sont également désignés comme causes des changements
climatiques par les populations locales. Les temps plus chauds connus
actuellement dans les villages de Sissèkpa et de Zounta et les
phénomènes de retards de pluies, des poches de sécheresse
en cours de saisons pluvieuses de même que les ruptures de pluies ne sont
causés que par les pratiques de vandalisme, et de dépravation des
moeurs (67% des CE des exploitations enquêtées). Plus que
ça, l'abandon de certains cultes traditionnels (« toffa
») et la désacralisation de certaines divinités («
lo ») auraient déclenché la colère des
divinités et les changements climatiques ne sont rien d'autres que les
conséquences de cette colère (52% des CE des exploitations
enquêtées).
5.3.3. Les pratiques occultes de neutralisation des nuages
et la nature
Le point de vue, largement partagé au sein des
producteurs de notre zone d'étude, identifie les pratiques mystiques de
plus en plus récurrentes d'empêchement de la précipitation
des nuages opérées par les faiseurs de pluies comme une cause des
changements climatiques. En effet, pour 86% des CE des exploitations de notre
échantillon d'enquête, pour éviter que leurs cultures ne
soient détruites par l'inondation précoce des champs suite aux
pluies, les producteurs de la vallée, recourent au service des chasseurs
de pluies pour protéger leurs cultures. Les producteurs
perçoivent ses pratiques comme des actes contre nature qui sont
responsables de la diminution du nombre de jour pluvieux au cours des saisons
de pluies.
C'est ainsi que 59% des CE attribuent les causes des
changements climatiques à la nature qui seraient entrain de changer
elle-même compte tenu des actes de contre nature tels que la
neutralisation des nuages et le non respect des normes sociales et des
divinités devenus très courants dans la communauté.
Somme toute, les producteurs attribuent plusieurs causes aux
changements climatiques vécus dans leur terroir selon leur conception
personnelle. Pour apprécier l'importance relative des causes
évoquées par rapport aux normes et croyance locale, nous les
analyserons alors par rapport à la religion des CE.
Tableau 11 : Causes attribuées aux changements
climatiques selon la religion
Causes
Réligion
|
Neutralisation des nuages
|
Non respect
des divinités
|
Non respect
des normes
sociales
|
La Nature
|
La Déforestation
|
Christianisme et
Islam* (n=41)
|
85,34%
|
43,90%
|
78,05%
|
58,54%
|
36,58%
|
Religion traditionnelle(n=29)
|
86,21%
|
72,41%
|
68,97%
|
58,62%
|
17,24%
|
|
Source : Données enquête de
terrain, Août-Octobre 2009 * Effectif Islam = 2
Il ressort des informations contenues dans le tableau 11 que
les pratiques occultes de neutralisation des nuages est perçus par les
CE enquêtés comme la première cause des changements
climatiques quelle que soit leur religion. Cette cause est
évoquée respectivement par 85,34% des CE pratiquant les religions
révélées et 86,21% de ceux pratiquant les religions
traditionnelles. Mais si le non respect des divinités vient en
deuxième
position des causes évoquées par les CE
pratiquant les religions traditionnelles (72,21%), c'est plutôt le non
respect des normes sociales qui représente la deuxième cause des
changements climatiques actuelles selon les pratiquants des religions
révélées (Christianisme et Islam) (78,05%). Cette
divergence, tient au fait que pour la majorité des CE pratiquants les
religions révélées, c'est le nom respect des normes
sociales prescrites par les principes moraux dans les « saintes
écritures » devenu pratiques courantes dans la
communauté villageoise qui est la cause des bouleversements climatiques
plutôt que le non respect des divinités. Pour eux, le
désintéressement manifesté à l'endroit des
divinités traditionnelles n'est que chose normale vu qu'il s'agit de
croyances rétrogrades, car, estiment-ils que c'est le créateur
tout puissant seul qui est digne de vénération. Par contre, la
majorité des producteurs pratiquants les religions traditionnelles
évoquent en plus du non respect des divinités le non respect des
normes sociales. Ceci se traduit par l'attachement de ceux-ci aux valeurs
traditionnelles. Par la suite, la nature occupe relativement la même
importance dans la survenance des changements climatiques selon les producteurs
quelle que soit leur religion et traduit l'attachement des producteurs aux
croyances locales. Pour la déforestation elle vient en dernière
position dans l'ordre d'importance des causes évoquées quelque
soit la religion considérée (36,58% et 17,24%). Il se
dégage donc que les causes évoquées par les producteurs
enquêtées trouvent leur enracinement dans la foi et les
convictions personnelles de chacun d'eux indépendamment de la religion
pratiquée.
5.4. Conclusion partielle
Au total, les producteurs attribuent plusieurs causes aux
changements climatiques vécus dans leur terroir suivant leur foi et
conviction personnelle. Mais parmi toutes ces causes, seule la
déforestation, qui se situe d'ailleurs en dernière position
d'ordre d'importance des causes évoquées, constitue une cause
scientifique. De plus, l'émission des gaz à effet de serre qui
demeure la principale cause scientifiquement éprouvée des
changements climatiques n'a pas du tout été
évoquée. Ceci peut s'expliquer par le fait que les producteurs de
cette zone ne sont pas familier à cette réalité des gaz
à effet de serre et qu'il n'y pas eu des actions de sensibilisation
à leur endroit pour attirer leur attention sur le fait. Et, nous pouvons
confirmer notre hypothèse liée aux causes des changements
climatiques et conclure que les causes attribuées aux changements
climatiques par les producteurs de notre zone d'étude sont plus
liées aux normes et croyances locales.
CHAPITRE 6: CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
SUR LE MILIEU
Les manifestations des changements climatiques affectent le
milieu physique qui en subit les conséquences. Et, s'il est reconnu que
ce milieu était déjà fortement impacté par les
effets de la variabilité naturelle du climat, de la pression
démographique etc., les changements climatiques viennent donc en
addition pour inévitablement aggraver les multiples problèmes
existants. La diversité topo séquentielle que présente le
milieu physique lui confère tout de même une exposition
différenciée aux conséquences actuelles des
bouleversements climatiques.
Dans ce chapitre, nous exposerons d'abord les
différentes unités de paysage du terroir de chaque village.
Ensuite, nous présenterons le niveau d'exposition des sols de chaque
unité de paysage aux conséquences des changements climatiques.
6.1. La diversité topo séquentielle du
paysage agraire : les différentes unités de paysage des terroirs
étudiés
De par la situation de leur topo séquence, les terroirs
des deux villages d'étude se décomposent en trois unités
de paysage (confère figures 6 et 7 relatives aux transects).
- La zone de plateau : C'est un plateau de terre de
barre située en haut de pente par rapport aux deux autres zones. Elle
présente un relief caractérisé par une surface
conformément plane. On rencontre majoritairement dans cette zone de
paysage des sols ferralitiques de couleur rougeâtre et de texture
limono-sableuse.
- La zone de rebord des plateaux : Il s'agit d'une
zone de paysage à relief en pente qui jouxte la zone de plateau. Cette
zone se prolonge dans sa partie inférieure par des bas-fonds par endroit
dans chacun des deux villages. Les sols de cette zone sont de type ferralitique
et de texture argilo-sableuse.
- La zone de la plaine d'inondation : C'est une zone
de production de décrue. Les sols de cette unité de paysage sont
de type hydromorphe riches en matières organiques. Remarquons toute fois
que contrairement aux deux autres unités de paysage, la zone de la
plaine d'inondation se distingue par un relief légèrement
diversifié. On y rencontre des parties surélevées
appelées « houégbodji » et des parties plus
basse appelées le « tigbodji ». On y pratiquent
seulement un cycle de culture par an, celui de contre saison.
N4S
Stations
I
|
II
|
III
|
IV
|
V
|
VI
|
VII
|
VIII
|
IX
|
Distance (m)
|
600m
|
300
|
450
|
380
|
250
|
150
|
75
|
500
|
800
|
Unité de paysage
|
Plateau (kpodji)
|
Plateau (Kpodji)
|
Plateau - depression (Kpodji)
|
Dépression (Dogbamè)
|
Dépression (Dogbamè)
|
Bas-fond (Togbamè)
|
Dépression (Dogbamè)
|
Dépression- Plateau
(Kpodji)
|
Plateau (Kpodji)
|
Type de sol
|
Sol rouge limono sableux (kovè)
|
Sol rougeâtre sablo- argileux
concrétionnés (Kinko)
|
Sol rouge limono sableux (kovè)
|
Sol
noirelimono argileux (kowi)
|
Sol noir limono argileux (kowi)
|
Sol
hydromorphe (gbon)
|
Sol noir limono
argileux (kowi)
|
Sol rouge limono sableux (kovè)
|
Sol rouge limono sableux (kovè)
|
Végétation
|
Palmier naturel
|
-
|
Fruit à
pain Bambou (Oxythenanthera abyssinica)
|
Fruit à pain bambou
|
Fruit à pain (Artocarpus communis) bambou,
cocotier
|
Raphia vinifera
|
Bambou cocotier
|
Palmier naturel
|
Palmier naturel
|
Plantation
|
Palmeraie,
Acacia auriculiformis
|
-
|
Palmeraie Bananeraie
Acacia auriculiformis
|
Palmeraie
Acacia auriculiformis
|
Bananeraie
Acacia auriculiformis
|
-
|
Palmeraie Bananeraie
|
Palmeraie Bananeraie Acacia auriculiformis
|
Palmeraie
Acacia auriculiformis
|
Utilisations actuelles
|
Agriculture
|
Carrière de sable
|
Agriculture
|
Agriculture
|
Agriculture habitation
|
Maraîchage pépinière
|
Agriculture habitation
|
Agriculture
|
Agriculture
|
Utilisations passées
|
Agriculture jachère naturelle
|
Agriculture jachère
naturelle
|
habitation Agriculture
|
Agriculture jachère
naturelle
|
habitation
|
Aucune
|
Agriculture habitation
|
Agriculture
|
Agriculture jachère naturelle
|
Cultures pratiquées
|
Maïs, Niébé, Manioc,
|
-
|
Maïs, Niébé, Arachide,
|
Maïs, Niébé, tomate,
|
Maïs, Niébé, tomate, Manioc,
|
-
|
Maïs, Niébé, tomate,
|
-
|
Maïs, Niébé, tomate, Manioc,
|
|
actuellement
|
Arachide
|
|
Manioc
|
Manioc, Arachide
|
Arachide
|
|
Manioc, Arachide
|
|
Arachide
|
Cultures pratiquées il y a plus de 15
ans
|
Maïs, Niébé, Manioc,
Arachide ; patate douce ; goussi
|
Maïs ; Manioc
|
-
|
Maïs ; Manioc
|
Maïs ; Manioc
|
-
|
Maïs ; Manioc
|
Maïs, Niébé, tomate,
Manioc, Arachide
|
Maïs, Niébé, tomate, Manioc, Arachide
|
Atouts actuels
|
Sols bien drainants aptitude au palmier à huile
|
Sols bien drainants aptitude au palmier à huile
|
Sols bien drainants aptitude au palmier à
huile
|
Sols moins appauvris Sols bien drainant
|
Sols moins appauvris Sols bien drainants
|
Culture de contre saison
|
Sols moins appauvris Sols bien drainants
|
Bonne aptitude aux cultures vivrières
|
Bonne aptitude aux cultures vivrières
|
Atouts passés
|
Bonne aptitude aux cultures vivrières
|
Bonne aptitude aux cultures vivrières
|
Bonne aptitude aux cultures vivrières
|
Zone de
jachère
naturelle
habitat des petits gibiers
|
Zone de jachère naturelle habitat des petits
gibiers
|
-
|
Zone de
jachère
Habitat des petits gibiers
|
Bonne aptitude aux cultures vivrières
|
Bonne aptitude aux cultures vivrières
|
Problèmes actuels
|
Baisse de fertilités des sols
|
Baisse de fertilités des sols
|
Baisse de fertilités des sols
|
Pression foncière disparition des petits gibiers
|
Pression foncière disparition des petits gibiers
|
Insuffisance d'aménagement Raréfaction
des
ressources halieutiques
|
Pression fonction disparition des petits gibiers
|
Baisse de fertilités des sols
|
Baisse de fertilités des sols
|
Problèmes passés
|
Dégâts des ravageurs des cultures
|
Dégâts des ravageurs des cultures
|
Dégâts des ravageurs des cultures
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Dégâts des ravageurs des cultures
|
Dégâts des ravageurs des cultures
|
Problèmes actuels dus aux
changements climatiques
|
Lessivage
|
Lessivage
|
Erosion Lessivage des nutriments apportés, par
les engrais minéraux
|
Erosion destruction des billons
|
Erosion
destruction des billons
|
Inondation ensablement des points d'eau
|
Erosion destruction des billons
|
Erosion destruction des billons
|
Lessivage
|
Solutions appliquées
|
Fumure minérale
|
Fumure minérale
|
Fumure minérale
|
Bute en quinconce
|
Bute en quinconce
|
-
|
Bute en quinconce
|
Bute en quinconce
|
Fumure minérale
|
Infrastructure
|
|
|
Ecole Pompe
|
-
|
|
Pont
|
-
|
Ecole
|
-
|
|
Figure 6: Transect de Sissèkpa (Adjohoun)
Source: Données d'enquêtes Août-Octobre
2009
E4O
Stations
I
|
II
|
III
|
IV
|
V
|
VI
|
VII
|
Distance (m)
|
250
|
700
|
200
|
600
|
400
|
200
|
500
|
Pente
|
3 %
|
Très négligeable
|
2 %
|
1 %
|
Négligeable
|
3 %
|
Négligeable
|
Unité de paysage
|
Bas-fond-Plateau (Atannou)
|
Plateau (Kpodji)
|
Plateau (Dogbamè)
|
Plateau (Kpodji)
|
Plateau (Dogbamè)
|
Plateau (Kpodji)
|
Plateau (Kpodji)
|
Type de sol
|
Sol noir limono- argileux
(Atank?)
|
Sol rouge Sablo-limoneux (Aïgbavè)
|
Sol noir limono- argileux
(k?vè)
|
Sol rouge Sablo-limoneux (Aïgbavè)
|
Sol rouge limono- argileux (Aïgbavè)
|
Sol rouge Sablo-limoneux (Aïgbavè)
|
Sol rouge Sablo-limoneux (Aïgbavè)
|
Végétation
|
|
Bambou
|
|
Bambou
|
Bambou
|
|
Bambou
|
Plantation
|
Palmeraie
|
Palmeraie
|
Bananeraie Palmeraie
|
Palmeraie Eucalyptus Bananeraie
|
Palmeraie Bananeraie
|
Palmeraie
|
Palmeraie
|
Utilisations actuelles des terres
|
Agriculture, Culture de contre saison
|
Agriculture, Habitation
|
Agriculture, Habitation
|
Agriculture, Habitation
|
Agriculture, Habitation
|
Agriculture
|
Agriculture
|
Utilisations Passées des terres
|
Agriculture
|
Agriculture; Palmeraies Coopératives
|
Agriculture, Habitation
|
Agriculture Habitation
|
Agriculture Habitation Palmeraies Coopératives
|
Agriculture
|
Agriculture
|
Cultures Pratiquées actuellement
|
Tomate, Piment, Patate douce, Maïs
|
Maïs, Manioc, Niébé
|
Maïs, Niébé
|
Maïs, Niébé, Arachide
|
Maïs, Arachide, Niébé, manioc
|
Maïs, manioc, patate douce, arachide
|
Maïs, Manioc, Arachide, Niébé
|
Cultures pratiquées
|
|
Maïs, Manioc,
|
Maïs, niébé, Patate
|
Maïs, manioc,
|
Maïs, niébé
|
Maïs, Manioc,
|
Manioc, Manioc,
|
|
avant (il y a plus de 15 ans)
|
Maïs, Patate douce
|
Niébé
|
douce
|
arachide, patate douce
|
|
Arachide, Niébé
|
Arachide, Niébé
|
Atouts actuels
|
Cultures de contre saison Sols fertiles
|
Sols bien drainants
|
Sols moins appauvris
|
|
Sols moins appauvris
Sols bien drainants
|
Sols bien drainants
|
Sols bien drainants
|
Atouts passés
|
Cultures de contre saison
|
Bon état de fertilité des terres après
abatages des palmeraies coopératives
|
Bon état de fertilité des terres après
abatages des palmeraies coopératives
|
Bon état de
fertilité des terres après abatages des palmeraies
coopératives
|
Bon état de fertilité des terres après
abatages des palmeraies coopératives
|
|
|
Problèmes actuels
|
|
Baisse de fertilité des sols
Forte pression foncière
|
Forte pression foncière
|
Baisse de
fertilité des sols Forte pression foncière
|
Forte pression foncière
|
Baisse de fertilité des sols
Forte pression foncière
|
Baisse de fertilité des
sols
Forte pression foncière
|
Problèmes passés
|
|
Expropriation des terres
|
Expropriation des terres
|
Expropriation des terres
|
Expropriation des terres
|
Expropriation des terres
|
|
Problèmes actuels dus
aux changements climatiques
|
Inondation des cultures
|
Erosion
Lessivage Dégradation des sols
|
Erosion
Lessivage Dégradation des sols
|
Erosion Lessivage
|
Erosion
|
Erosion
Lessivage
Dégradation des sols
|
Lessivage Dégradation des sols
|
Solutions appliquées
|
|
Fumure minérale
|
|
Fumure minérale
|
|
Fumure minérale
|
Fumure minérale
|
Infrastructures
|
|
Ecole, Pompe
|
|
|
Ecole, Pompe
|
|
|
|
Figure 7: Transect de Zounta (Dangbo)
Source: Données d'enquêtes
Août-Octobre 2009
6.2. Niveau d'exposition des sols suivant les
unités de paysage pendant les changements climatiques
Le degré d'exposition des sols d'une parcelle de
culture aux conséquences des changements climatiques dépend de la
situation de sa topo séquence. La considération des
conséquences des retards/ruptures de pluies et des excès de
pluies sur les différentes unités de paysage nous permet
d'apprécier l'effet des principaux bouleversements climatiques sur les
sols des trois (3) différentes unités de paysage du terroir des
villages de Sissèkpa et de Zounta.
6.2.1. Zone de plateau
La nature ferralitique des sols situés sur cette
unité de paysage localisée en haut de pente, les distingue par
leur structure fine avec une faible capacité de rétention en eau.
Ce qui fait de ces sols, des sols bien drainants. Il s'en suit que la vitesse
d'infiltration de l'eau sur ces types de sols est élevée.
Ainsi, en situation de rupture/retard de pluies, les sols des
parcelles situées en haut de pente, s'assèchent très
rapidement diminuant ainsi la disponibilité en eau pour les cultures. Ce
phénomène de dessiccation des sols, en réalité
lié à la nature même des sols de cette unité de
paysage, s'est surtout aggravé avec la fréquence
régulière des manifestations de rupture/retard de pluies dans les
deux villages d'études. La dessiccation des sols en début de
saison pluvieuse perturbe énormément les opérations de
semis sur les parcelles situées en haut de pente et soumet les cultures
aux stress hydriques lorsque les ruptures temporaires de pluies interviennent
en cours ou en fin de saison pluvieuse.
Mais en situation d'excès de pluie, le fort lessivage
des éléments nutritifs constitue la principale conséquence
des changements climatiques subi par les sols du plateau. En effet, avec la
violence des précipitations induisant les excès de pluies, la
structure des sols est entamée favorisant le lessivage aussi bien des
éléments nutritifs apportés aux sols que ceux y existant.
En haut de pente, les sols s'appauvrissent donc avec les changements
climatiques et entraine la baisse des rendements des cultures.
En raison de leur caractère de sols bien drainants,
les situations d'excès de pluies n'occasionnent pas des inondations sur
cette unité de paysage. Il en est de même de leur surface
relativement plane qui les soustrait du phénomène
d'érosion hydrique.
6.2.2. Zone de rebord des plateaux
De même caractéristiques physiques que les sols
situés sur le plateau, c'est leur localisation en milieu de pente qui
les distingue de ceux-ci.
Ainsi, favorisé par le relief en pente de la zone de
rebord des plateaux, les excès de pluies enregistrés avec les
changements climatiques ont fortement accentué l'érosion des sols
situés sur cette unité de paysage.
Photo 1: Erosion de sol dans un champ de maïs
à Zounta Source : Cliché CODJIA, Septembre
2009
La violence des précipitations au cours de ces quinze
(15) dernières années donne naissance à des eaux de
ruissellement abondantes sur de courtes durées provoquant des rigoles
d'érosion sur les sols des parcelles de cette unité de paysage.
Sur la ligne de ces rigoles d'érosion, même les billons à
sillons perpendiculaires à la pente sont emportés.
L'érosion appauvrie les sols en humus, rompt leur structure et partant
détériore la cohésion de leur éléments
constitutifs.
Rigole d'érosion à travers des billons
perpendiculaire à la pente (gauche) et rigole d'érosion dans un
champ de manioc (droite)
Photo 2: Rigole d'érosion creusée par
les eaux de ruissellement sur les parcelles à
Sissèkpa
Source : Cliché CODJIA, Septembre
2009
Les excès de pluies sont aussi à l'origine du
lessivage des éléments nutritifs des sols de cette unité
de paysage. Mis ensemble, l'amplification des phénomènes de
lessivage et d'érosion des sols, induite par les changements climatiques
occasionne inévitablement des pertes de récoltes.
Les dégâts de la violence des eaux de
ruissèlement accompagnant les excès de pluies sur cette
unité de paysage, affectent dangereusement les voies de dessertes menant
aux points d'écoulement des produits. Toute chose qui complique le
transport des produits aux marchés.
Photo 3: Délabrement des pistes de dessertes
causé par érosion hydrique à Sissèkpa
Source : Cliché CODJIA,
Août 2009
Pour ce qui concerne les retards/ruptures de pluies, ils
concourent également à la dessiccation des sols situés sur
cette unité de paysage tout comme ceux situés en haut de pente
mais dans une ampleur moindre. Ceci tient à la situation favorisante de
la toposéquence de cette unité en milieu de pente. La
durée de dessiccation dans ce cas étant plus longue, les sols des
parcelles en milieu de pente résistent mieux aux retards/ruptures comme
manifestation des changements climatiques.
6.2.3. Zone de la plaine d'inondation
Les excès de pluie sur de courtes durées
enregistrés avec les changements climatiques occasionnent l'inondation
précoce des sols des parcelles de cette zone de culture de décrue
avec à la solde la destruction des récoltes. Ces cas d'inondation
des parcelles par les excès de pluies concernent surtout la grande
saison de pluie
Les retards de pluie en début de la grande saison de
pluie sont moins préjudiciables pour les cultures de cette zone. La
deuxième saison pluvieuse n'est pas considérée car elle
correspond à la période de la crue du fleuve.
6.3. Conclusion partielle
En somme, toutes les unités de paysage subissent les
conséquences des changements pluviométriques. Mais les impacts
varient d'une unité de paysage à l'autre. Les excès de
pluies sur de courtes durées, et les retards/ruptures de pluies sont
plus préjudiciables pour les unités de paysage de haut et de
milieu de pente, tandis que pour l'unité de paysage de bas de pente
(plaine d'inondation) c'est plutôt les excès de pluies qui
occasionnent les dégâts d'inondation précoce
enregistrés sur les parcelles de cultures.
11111111 II I ICONSEQUENCES DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES SUR LE QUOTIDIEN DES PRODUCTEURS
En dehors des conséquences sur les unités de
paysage, les producteurs expriment par ailleurs les conséquences des
changements climatiques à travers les effets néfastes ressentis
sur leurs activités, sur leur santé et leurs habitats. Ces
conséquences sont présentées dans le présent
chapitre.
7.1. Conséquences des changements climatiques
sur les activités agricoles
Les activités agricoles évoquées ici sont
l'agriculture et l'élevage.
7.1.1. Les niveaux d'affectation des principales cultures
par les changements climatiques
Les conséquences des changements climatiques sur les
cultures diffèrent selon les manifestations du facteur climatique
considéré. Etant donné que ces manifestations
diffèrent sensiblement pour leur part suivant les deux saisons
pluvieuses de notre zone d'étude, les conséquences seront
développées suivant les saisons pluvieuses et les
différentes unités de paysage. Les effets des retards/ruptures de
pluies, des excès de pluies de même que ceux des vents violents et
des températures trop fortes caractéristiques des changements
climatiques en cours dans nos deux villages d'études, seront donc
exposés pour les principales cultures que sont le maïs, le
niébé, l'arachide, le manioc et la patate douce.
> Conséquences des changements climatiques sur
le maïs
Le maïs est cultivé sur les trois cycles de
culture pratiqués par les producteurs des villages de Sissèkpa et
de Zounta. On le retrouve dans les assolements des parcelles des trois
unités de paysage. Il est cultivé aussi bien pour
l'autoconsommation que pour la commercialisation. Mais avec les changements
climatiques actuels, la culture de maïs est fortement affectée avec
à la solde des pertes de récoltes et des baisses de rendement
considérables.
En effet, le maïs est une culture exigeante en eau
particulièrement sensible à la sécheresse aux moments de
la levée mais surtout de la floraison qui se trouve être la
période la plus critique de son cycle et, les températures
doivent être élevées et régulières
immédiatement après. L'excès d'eau lui
est toutefois préjudiciable car il provoque l'asphyxie ou même la
pourriture des racines. Il se dégage que le maïs est une culture
supportant mal aussi bien les retards/rupture de pluies que les excès de
pluies.
Ainsi, les retards/ ruptures de pluies en début de la
grande saison pluvieuse entraînent l'étalement des
opérations de semis et de resemis sur des périodes inhabituelles.
Ces opérations se poursuivent jusqu'en Juin chez certains paysans au
lieu de début Mai comme autrefois. De cette façon,
l'itinéraire technique du maïs est fortement bouleversé. La
résultante de ce bouleversement est l'exposition du maïs sur tout
son cycle pendant la grande saison pluvieuse à de fréquente
période de stress hydriques et thermiques. Pendant la deuxième
saison pluvieuse, la situation est plus désastreuse, compte tenu de sa
courte durée de telle sorte que les opérations prolongées
de semis, resemis projettent le bouclage du cycle de la culture hors de la
période pluvieuse.
Les excès de pluies sur courte période sont
surtout enregistrés pendant la grande saison pluvieuse. Lorsqu'ils
surviennent sur les parcelles de bas de pente (plaine d'inondation), les
excès de pluie sur courte durée du début de la grande
saison pluvieuse provoquent la perte de tout ou d'une bonne partie de la
récolte par inondation, lorsque les cultures de maïs n'ont pas
encore commencé à sécher. Dans ce dernier cas, seule une
récolte précoce permet de sauver la récolte avec les
changements climatiques actuels. Sur les parcelles de haut et de milieu de
pente, l'excès de pluie sur plusieurs jours de pluies provoquent sur la
culture de maïs le jaunissement des jeunes plants ou l'attaque massive des
épis par les insectes foreur de grains. L'encadré 4 est le
témoignage d'un producteur septuagénaire.
Encadré 4 : Témoignage d'un producteur
à propos des conséquences des changements cimatiques sur la
production de maïs
C'est avec un peu de pluies et un peu de soleil que les
plantes se développent bien ! Avec les excès de pluies sur courte
durée, même les doses d'engrais que nous apportons aux cultures
n'ont plus d'effet. Avec les excès de pluies qui arrivent
désormais à la fin de la grande saison pluvieuse, nous ramenons
rarement des épis de maïs intacts à la maison. Presque toute
la récolte est attaquée par des insectes. Nous avons beaucoup de
mal à conserver nos récoltes de maïs de la grande saison
avec ce qui nous arrivent ces dernières années.
Source Données d'enquêtes
(Zounta) Septembre 2009
Les vents violents de la fin de la grande saison pluvieuse
occasionnent sur la culture du maïs des cas de verse. Ces cas de verse
sont plus importants sur l'unité de haut de pente selon 81,42% de CE
enquêtés. Le tableau 12 présente les proportions de pertes
de récoltes par saison et suivant les différentes unités
de paysage pour la culture de maïs.
Tableau 12: Proportion de pertes de récoltes par
saison et suivant les différentes unités de paysage pour la
culture de maïs
Saisons pluvieuses
|
Grande saison
|
Petite saison
|
Contre saison
|
% de
pertes
|
Min
|
Moy
|
Max
|
Min
|
Moy
|
Max
|
Min
|
Moy
|
Max
|
Zone 1
|
25
|
54,28
|
70
|
45
|
62,85
|
75
|
-
|
-
|
-
|
Zone 2
|
25
|
42,02
|
55
|
40
|
50,94
|
60
|
-
|
-
|
-
|
Zone 3
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
0
|
1,53
|
5
|
|
Source: Données d'enquête
Août-Octobre 2009
Des informations du tableau 12, il se dégage que les
pertes moyennes de récolte de maïs les plus élevées
sont enregistrées au cours de la petite saison pluvieuse. Au cours de
cette saison, les pertes moyennes de la zone 1 (62,85%) sont plus
élevées que celles de la zone 2 (50,94%). Cette situation est
aussi valable pour les pertes de récoltes de la grande saison pluvieuse
seulement qu'elles sont moins élevées que celles de la petite
saison pluvieuse (54,28% et 42,02%). Pour la zone3, hormis les cas de pertes de
la totalité des récoltes en cas d'inondation précoce, les
pertes de récoltes enregistrées au cours des changements
climatiques sont presque négligeables (1,53%).
> Conséquences des changements climatiques sur
la culture de niébéLe niébé est la culture
la plus impactée par les effets néfastes des changements
climatiques dans les villages de Sissèkpa et de Zounta.
Le niébé est produit pour l'autoconsommation
mais surtout pour la commercialisation par les exploitations agricoles de nos
deux villages d'enquêtes. Sa production se fait sur les trois
unités de paysages exploitées par les producteurs agricoles et
concerne la grande saison pluvieuse et la saison de décrue.
Cependant, les retards/ruptures de pluies de la grande saison
pluvieuse font peser sur la culture du niébé, le risque de
disparition des assolements pour les parcelles situées dans les
unités de haut de pente (plateau) et de milieu de pente (rebord de
plateau). L'encadré 5 est le
témoignage d'un producteur sexagénaire du village
de Sissèkpa qui rend compte de la situation des conséquences
climatiques sur la production de niébé.
Encadré 5: Les conséquences des
changements cimatiques sur la production du niébé :
témoignage d'un producteur
Cette année, pour la culture du niébé,
j'ai payé des semences pour 1200F et j'ai dépensé en
dehors de mes efforts personnels et de ceux de mes enfants qui m'aident quelque
fois, 50.000F pour la main d'oeuvre salariée, de la confection des
billons jusqu'au sarclage d'entretien, mais je n'ai pas ramené 5 mesures
de niébé (1mesure=1kg) à la maison au moment des
récoltes. Les pluies ont coupé au moment où les plants ont
commencé par former les gousses.
Nous ne savons plus quoi faire. Depuis plus de Cinq (5) ans
déjà, c'est ce à quoi nous assistons. Nos rendements de
niébé ne cessent de baisser progressivement. Moi, j'ai même
commencé par appliquer de l'urée et du NPK sur mes parcelles de
niébé tout comme certains autres paysans. Mais ça n'a rien
changé. Avec la rupture des pluies enregistrée à la fin de
la grande saison pluvieuse, au lieu de trois récoltes comme autrefois,
nous n'arrivions plus qu'à faire une seule récolte. Mais ce qui
est arrivé cette année, c'est du jamais vu pour moi depuis que je
cultive la terre (Voir photo 4).
C'est uniquement ceux qui n'ont pas attendu de finir avec les
opérations d'entretien du maïs, avant d'entamer celles des semis du
niébé qui ont pu récolter de niébé. Cela
nous crée ainsi, un cumul de travaux que nous avons beaucoup du mal
à gérer. Nos enfants sont encore à l'école en Mai
et la mobilisation des tâcherons à temps est tout un
problème dans notre milieu ici. A défaut d'abandonner le
maïs et ceci, au risque de mourir de faim, nous sommes obligés de
chercher des variétés qui durerons moins sur les champs que ce
que nous faisons maintenant si nous voulons nous en sortir de cette
situation.
Source : Données d'enquête,
(Sissèkpa) Août-Octobre 2009
Les informations contenues dans l'encadré 5 montrent que
la production du niébé est
devenue un dilemme pour les producteurs des villages de
Sissèkpa et de Zounta avec le raccourcissement de la durée de la
grande saison pluvieuse.
Photo 4 : Conséquences de la rupture
précoce de la grande saison sèche sur la culture de
niébé
à Zounta (gauche) et à Sissèkpa
(droite) Source : Cliché CODJIA, Août 2009
Le tableau 13 présente les proportions de pertes de
récoltes par saison et suivant les différentes unités de
paysage pour la culture du niébé.
Tableau 13 : Proportion de pertes de récoltes par
saison et suivant les différentes unités de paysage pour la
culture du niébé.
Saisons pluvieuses
|
Grande saison
|
Contre saison
|
% de pertes
|
Min
|
Moy
|
Max
|
Min
|
Moy
|
Max
|
Zone 1
|
45
|
61,42
|
80
|
-
|
-
|
-
|
Zone 2
|
40
|
50,54
|
60
|
-
|
-
|
-
|
Zone 3
|
-
|
-
|
-
|
0
|
2,08
|
5
|
|
Source: Données d'enquête
Août-Octobre 2009
Il se dégage du tableau 13 que les pertes moyennes de
récolte de niébé sur les zones 1 et de 2 respectivement de
61,42% et de 50,54% sont plus élevées que celle
enregistrées pendant la culture de contre saison 2,08%.
> Conséquences des changements climatiques sur
la culture d'arachide
Les changements climatiques ont induit une modification de
l'itinéraire technique de la production d'arachide pendant la
deuxième saison pluvieuse. L'arachide est produit exclusivement pour la
commercialisation ou la transformation. Mais, avec les péjorations
climatiques de la petite saison pluvieuse notamment les retards/ ruptures de
pluies en début de la saison, la culture d'arachide se trouve fortement
affectée sur les parcelles des unités de paysage de haut de pente
et de milieu de pente. Tout comme la culture de Maïs avec qui l'arachide
se cultive en association sur ces deux unités de paysage, les
retards/ruptures de pluies en début de la deuxième saison
pluvieuse entraînent l'étalement des opérations de semis et
de resemis. Ces opérations qui prenaient fin en Septembre autrefois, se
poursuivent jusqu'à fin mi Octobre avec les changements climatiques. De
cette façon, les poches de sécheresse intervenant à la fin
de la saison en Novembre exposent la culture d'arachide au manque d'eau pour la
floraison-formation des gousses. La période de floraison-formation des
gousses (30-70 jours après semis) correspond en effet à la
période critique de l'arachide à la sécheresse. Il en
découle une baisse de rendement considérable. Mentionnons toute
fois que
les péjorations climatiques de cette grande saison
pluvieuse ne sont pas pour leur part sans effets sur la culture d'arachide sur
ces deux unités de paysage.
Le tableau 14 présente les proportions de pertes de
récoltes par saison et suivant les différentes unités de
paysage pour la culture d'arachide.
Tableau 14 : Proportion de pertes de récoltes par
saison et suivant les différentes unités de paysage pour la
culture du d'arachide.
Saisons pluvieuses
|
Grande saison
|
Petite saison
|
Contre saison
|
% de pertes
|
Min
|
Moy
|
Max
|
Min
|
Moy
|
Max
|
Min
|
Moy
|
Max
|
Zone 1
|
5
|
11,71
|
20
|
20
|
36,74
|
55
|
-
|
-
|
-
|
Zone 2
|
5
|
7,10
|
25
|
15
|
22,85
|
35
|
-
|
-
|
-
|
Zone 3
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
0
|
3,56
|
10
|
|
Source: Données d'enquête
Août-Octobre 2009
Des informations contenues dans le tableau 14, il ressort que
les pertes moyennes de récoltes s'élevant respectivement à
11,71% et à 36,74% au cours de la grande et de la petite saison
pluvieuse sur la zone 1 sont plus élevées par rapport à
celles enregistrées sur la zone 2 pour ces mêmes saisons et qui
s'élèvent 7,10% et 22,85%.
> Conséquences des changements climatiques sur
les cultures de manioc et de la patate douce
Les changements climatiques affectent beaucoup la production
de manioc et de patate douce dans notre zone d'étude. Ces cultures
subissent les conséquences des changements climatiques aussi bien sur
les unités de haut de pente, de milieu de pente que pendant les trois
saisons de culture. Toute fois, l'ampleur des effets des poches de
sécheresse sur ces cultures sont variables suivants les
différentes unités de paysage pour chaque saison de culture.
Ainsi, sur les parcelles de haut de pente, la multiplication
des poches de sécheresse et le raccourcissement de la durée des
deux saisons pluvieuses, enregistrés au cours des quinze (15)
dernières années expose les cultures de manioc et de patate douce
à des retards de croissance. De cette façon, la dessiccation
prolongée des sols des parcelles en haut de pente ne favorise plus le
développement végétatif suffisant des cultures de manioc
et de patate douce pour pouvoir supporter la sécheresse des saisons
sèches. De ce fait, la production de
manioc et de patate douce est de plus en plus
déplacée par les producteurs vers les parcelles de l'unité
de milieu de pente où les sols retiennent plus longtemps l'eau et
où la dessiccation prolongée est moins fréquente en vue de
la limitation des baisses de rendement.
Sur les parcelles situées en bas de pente (zone de
plaine d'inondation), les excès de pluies de la grande saison pluvieuse
occasionne l'inondation précoce des parcelles et provoque des pertes de
récoltes par pourrissement des racines de manioc et des tubercules de la
patate douce.
7.1.2. Conséquences des changements climatiques sur
les animaux d'élevage
Les changements climatiques affectent fortement
l'élevage dans les villages de Sissèkpa et de Zounta. La
recrudescence de certaines maladies et le rapetissement des animaux
d'élevage sont les principales conséquences occasionnées
sur le cheptel villageois par les excès de pluies et les
températures de plus en élevées enregistrés. Les
espèces constituant ce cheptel sont variées. On distingue la
volaille, les ovins, les caprins, les porcins et les bovins.
Pour la volaille, la maladie de Gomboro, la grippe et les
maladies parasitaires sont les principales maladies en recrudescence et se
manifeste beaucoup plus sur la période de Mai à Juin où
les excès de pluies sont prolongés sur plusieurs jours. C'est
cette même période qui est indiquée par les producteurs
pour les cas de recrudescence de maladies observées chez les ovins, les
caprins, et les porcins.
Au niveau des ovins et des caprins donc, l'on assiste avec
les changements climatiques à la recrudescence des maladies
diarrhéiques, épidermiques et pneumoniques. Les maladies
diarrhéiques et pneumoniques sont surtout mortels pour les caprins. Pour
les porcins, les maladies en recrudescence sont la peste et les affections
pneumoniques. Ces affections sont très mortelles pour l'espèce et
se manifestent par le refus de manger, des étirements et le
décès des animaux atteints.
Ces recrudescences de maladies peuvent se comprendre dans une
certaines mesures par le fait que les périodes d'excès de pluie
constituent des périodes favorables à la prolifération des
germes pathogènes. Mentionnons toute fois, que le mode d'élevage
en divagation de ces animaux contribue à la contamination des
animaux.
Chez les bovins, les cas de recrudescence de maladie ne sont
pas encore enregistrés. L'élevage bovin est en fait plus
confronté au problème de raréfaction du pâturage. En
effet, l'augmentation des emblavures a réduit les surfaces de
pâture. Ceci augmente les conflits de dégât des cultures par
les animaux entre les producteurs.
La persistance de la sécheresse qui se
caractérise par la rareté de fourrage frais, aggrave ces
problèmes de pâturage chez les ruminants. Les fortes chaleurs qui
caractérisent la persistance de la sécheresse n'est pas non plus
sans effet sur les animaux d'élevage. Ainsi en temps de chaleur, les
dépenses énergétiques des animaux pour le maintien de leur
équilibre thermique sont élevées. Etant donné que
cette élévation des dépenses énergétiques
(d'entretien) ce fait au dépend des dépenses de production, les
fortes chaleurs enregistrées avec les changements climatiques peuvent
favoriser le rapetissement des animaux tels que la volaille, les porcins, les
caprins et les ovins comme l'on remarqué les producteurs. Ces
espèces ne réalisent plus les performances pondérales qui
leur étaient caractéristiques.
7.2. Conséquences des changements climatiques
sur les conditions de vie des populations
Les changements climatiques actuels à travers leurs
extrêmes, perturbent énormément les conditions de vie des
populations locales qui se fragilisent davantage.
7.2.1. Conséquences sur l'agriculture comme
activité économique
Les changements climatiques à travers leurs effets
néfastes, affectent profondément l'agriculture, la principale
source de revenus des populations locales. Les conséquences qui en
découlent bouleversent fortement tous les aspects liés à
cette activité, le premier mode de subsistance des populations locales.
Les manifestations de ces conséquences se traduisent par des baisses
drastiques des rendements des cultures, des pertes de récoltes
considérables, des cas de mauvaises qualité de produits
récoltés pour la culture du maïs, et la recrudescence de
certaines maladies chez les animaux d'élevage. Toutes ces
conséquences sont plus particulièrement ressenties par les
producteurs à travers la baisse accentuée de leur revenu. Cette
érosion soutenue des revenus des populations locales, fragilise
davantage leur condition de vie et les confine de plus en plus dans une
situation de précarité. Cette situation de
précarité des conditions de vie engendrée par les
changements climatiques se traduit surtout par la limitation de leur
capacité d'accès aux ressources et services divers des
ménages. Au
sein des ménages l'amenuisement des conditions de vie
se manifestent donc par : difficulté de consommation alimentaire,
difficulté d'accès aux services de soins de santé,
impossibilité de faire face au renchérissement du coût de
la main d'oeuvre salariée pour effectuer les travaux agricoles à
temps, incapacité de supporter les charges scolaires des enfants qui
sont laissés à eux même, etc.
7.2.2. Conséquences sur la santé humaine
A l'instar de leur condition de vie, la santé des
populations de Sissèkpa et de Zounta subit les répercussions des
effets néfastes des changements climatiques. Ces répercussions se
traduisent par la recrudescence de certaines maladies chez les populations
locales. En effet, les maladies comme le paludisme, la tension
artérielle (hypo/hyper), les maladies diarrhéiques, les
infestions respiratoires ainsi que la rate et l'anémie chez les enfants
sont devenus très récurrentes (90% des CE enquêtés).
Particulièrement dans le village de Sissèkpa (commune d'Adjohoun)
cette liste de maladies en recrudescence est prolongée par la maladie de
l'ulcère de burili. Même si l'on ne saurait imputer exclusivement
la recrudescence de toutes ces maladies aux changements climatiques, ils y
contribuent fortement à coup sûr. En effet, les vecteurs de ces
maladies sont favorisés par les facteurs du climat : vent pour les
infestions respiratoires, et pluie pour le paludisme et l'anémie.
L'ulcère de burili et les maladies diarrhéiques sont
particulièrement favorisés par la mauvaise qualité des
eaux de boissons. En effet, dans les villages de Sissèkpa et de Zounta
le niveau d'accès à l'eau potable est faible. Les points d'eau
aménagés dans les bas-fonds constituent la source
d'approvisionnement de la majorité des populations (Photo 5).
Photo 5: Point d'eau à
Sissèkpa
Source : Cliché CODJIA
Même si à la faveur de la présence des
bas-fonds, ces points d'eau ne tarissent pas avec la persistance de la
sécheresse, les excès de pluies en saison pluvieuse font drainer
vers ces points d'eau des débris et des micro-organismes de tout
genre.
7.2.3. Conséquences des changements climatiques sur
les habitations des populations locales
Les conséquences des changements climatiques sur les
habitations des populations locales sont considérables. Avec les vents
violents du début et de la fin de la grande saison pluvieuse, on assiste
au décoiffement de la toiture des habitats des populations locales (23%
des CE enquêtés ). Ce phénomène a été
vécu au moins une fois par le quart des exploitations
enquêtées au cours des quinze (15) dernières années.
Les excès de pluie et la violence qui leur est caractéristique
provoquent le démolissage des habitations en terre battue (59% des CE
enquêtés). Plus de la moitié des exploitations de notre
échantillon l'on vécu au moins une fois au cours des quinze (15)
dernières années.
Photo 6: Démolissage des habitations pendant
les changements climatiques
Source : Cliché
CODJIA
7.2.4. Les changements climatiques et les effets ressentis
selon le genre
Tout comme les hommes, les femmes des villages de
Sissèkpa et de Zounta ne sont pas insensibles aux changements
climatiques en cours dans leurs terroirs. Elles perçoivent les
manifestations du phénomène telles que présenté
plus haut : retards/ruptures de pluies en saison pluvieuse, raccourcissement de
la durée des saisons pluvieuses, concentration de pluies abondantes sur
courtes durée, plus de chaleur, plus de vents, dégradation des
sols, érosion des sols etc. Mais leurs perceptions des
conséquences des changements climatiques s'expriment beaucoup plus
à travers la dégradation des conditions de vie au sein de leurs
ménages. En effet, pour les femmes avec les bouleversements climatiques
actuels elles ont perdu la paix au foyer ( Encadré 6).
Encadré 6: Problèmes induits par les
changements cimatiques sur les conditions de vie des femmes
Nous souffrons trop désormais ! Avec les
retards/ruptures de pluies en saison pluvieuse, les champs de nos maris ne
produisent plus grand-chose désormais. Ils n'arrivent plus à
s'occuper du foyer financièrement. Notre misère s'est accrue !
Nous autres femmes, nous n'avons pas des champs comme nos
maris. C'est les bananiers et les papayers installer aux alentours des
habitations qui étaient nos sources de revenus personnels. Mais la
persistance de la sécheresse et les vents violents ont tous
changé, désormais. Ces phénomènes provoquent des
cas de chutes des pieds de bananiers et de papayers, surtout ceux portant des
fruits. Comme ça, ces fruits à défaut de pourrir se
rabougrissent et lorsque nous les amenons aux marchés plus personne ne
veut les prendre.
Nos enfants tombent plus malades. Nous sommes tous le temps
à nous occuper des cas de maladies, surtout en période
d'abondance de pluies où le paludisme sévit beaucoup. Ça
nous fait aussi dépensé plus, car les cas d'anémies
mortelles tels que nous n'en avons jamais connu sont devenus plus
fréquents depuis 7 ans. Pour sauver la vie à nos enfants nous
aidons nos maris pour payer la transfusion sanguine à
l'hôpital.
Source : Données
d'enquêtes terrain Août-Octobre 2009
7.3. Conclusion partielle
Au total, tout comme leur milieu physique, le quotidien des
populations locales subit les effets induits des changements climatiques. Sur
le quotidien des producteurs, les effets des changements climatiques affectent
la production végétale à travers des baisses de rendement
des cultures (maïs, niébé, arachide, patate douce et manioc)
et des pertes de récoltes qui varient sensiblement selon les
unités de paysage et les différents cycles culturaux de
l'année. A cela s'ajoute la baisse des revenus agricoles, la
recrudescence de certaines maladies chez les animaux d'élevage et sur la
santé humaine. Les habitations des producteurs subissent aussi l'effet
des affres des vents violents et de la concentration des pluies abondantes sur
courte période.
Les changements climatiques ont donc, ébranlé
le milieu de subsistance et les conditions de vie des producteurs de
Sissèkpa et de Zounta, dans tout leur angle. Pour y faire face, ces
producteurs ont développé des mesures variées pour
s'assurer un mieux-être et améliorer leurs conditions de vie.
CHAPITRE 8: STRATEGIES D'ADAPTATION DES POPULATIONS
LOCALES FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES : Adaptations réalisées
et prévues
Ce chapitre aborde les stratégies d'adaptation
développées ou prévues par les producteurs de
Sissèkpa et de Zounta pour faire face aux bouleversements climatiques
vécus actuellement dans leur terroir.
En effet, afin de pouvoir continuer à tirer
l'essentiel de leur subsistance de leur milieu de vie malgré les
changements climatiques, les populations locales ont donc,
développé diverses stratégies d'adaptation. Ces
stratégies concourent à la limitation des effets néfastes
induits par les modifications du climat local, et sont assez variées au
sein de la communauté paysanne. Fortement inspirées des nouvelles
perceptions du climat, les stratégies mises en oeuvre sont aussi bien
collectives qu'individuelles avec un fort enracinement dans les savoirs locaux.
Les savoirs et savoir faire en cours dans le milieu ont du être
réajustés au contexte climatique actuel.
Ainsi, des stratégies collectives telles que les
prières collectives aux divinités « tolégba
» et « lô » de même que le recours aux
services des faiseurs de pluies sont communes aux deux villages d'études
et interviennent dans l'adaptation aux retards/ruptures ainsi que les
excès de pluies.
Les stratégies individuelles se déclinent en
des composantes incluant aussi bien la conduite des cultures, que des animaux
d'élevage, la gestion des sols du terroir et la diversification des
sources de revenus. Dans notre développement, seules les
stratégies individuelles des producteurs au sein de leur exploitation
seront exposées dans un premier temps. Par la suite, nous exposerons les
stratégies prévus pour le court et moyen terme par les
producteurs.
8.1. Adaptations réalisées par les
producteurs agricoles
En vue de tenir compte de la diversité des
stratégies développées par les producteurs de notre zone
d'étude nous avions réalisé une typologie de structure
à priori des exploitations agricoles de nos deux villages
d'enquête. Les différents types d'exploitations
enquêtés ont été déjà
présentés dans le chapitre sur la méthodologie et
analysés dans le chapitre consacré à la
présentation des caractéristiques socio-économiques des
exploitations enquêtées.
Nous rappelons toute fois ici, les critères de
typologie utilisés et les six (6) types d'exploitations
enquêtés. En effet deux critères ont été
utilisés. Il s'agit de la superficie totale cultivée au sein de
l'exploitation et la possession de palmeraie. A partir de la combinaison des
modalités de ces deux critères les six types d'exploitation
obtenus sont :
I : Exploitations de petite production agricole ne
possédant pas de palmeraie (Pn)
II : Exploitations de petite production agricole possédant
de palmeraie (Po)
III : Exploitations de production agricole moyenne ne
possédant pas de palmeraie (Mn)
IV : Exploitations de production agricole moyenne
possédant de palmeraie (Mo)
V : Exploitations de grande production agricole ne
possédant pas de palmeraie (Gn)
VI : Exploitations de grande production agricole
possédant de palmeraie (Go)
La répartition des exploitations enquêtées
suivant ces différents types est consignée dans le tableau 14.
Tableau 14 : Répartition des exploitations
enquêtées suivant les différents types
distingués
Types d'exploitations
|
Pn
|
Po
|
Mn
|
Mo
|
Gn
|
Go
|
Total
|
Effectif
|
10
|
11
|
10
|
16
|
6
|
17
|
70
|
|
Source : Données
d'enquêtes terrain Août-Octobre 2009
8.1.1. Conduite des cultures
Dans ce domaine, les producteurs ont développé
plusieurs mesures d'adaptation. Elles sont variées et se
déclinent en ce qui suit : abandon de cultures ou de
variétés, adoption de nouvelles cultures ou
variétés, déplacement de culture d'une unité de
paysage à une autre, modification des emblavures et changement
d'itinéraire technique.
s/ Abandon de cultures ou de
variétés
L'abandon de culture comme mesure d'adaptation aux changements
climatiques dans les villages de Sissèkpa et de Zounta concerne deux
cultures. Il s'agit de l'arachide et du taro.
Pour la culture d'arachide, l'abandon progressif provient de
l'amenuisement total de son rendement induit par les péjorations
climatiques. Les retards de pluies enregistrés au cours du début
de la deuxième saison pluvieuse et les ruptures de pluies qui
caractérisent la fin de cette saison, ont donc, impliqué un
raccourcissement de la durée de la deuxième saison pluvieuse de
telle sorte que le cycle végétatif des variétés
d'arachide cultivées ne tient plus dans la
nouvelle durée de la saison. C'est alors la
réduction sensible du rendement de cette qui à conduit à
l'abandon de la culture d'arachide au cours de la deuxième saison
pluvieuse par les producteurs (plus de 77% des CE enquêtés). Cette
mesure d'abandon s'explique surtout de la part des producteurs, par le fait
qu'elle leur permet de se concentrer sur la culture de maïs afin de
pouvoir effectuer ses opérations de semis à temps. C'est donc une
mesure de choix du moindre mal qui n'est rien d'autre qu'une mesure de
contournement des risques climatiques permettant aux producteurs de se mettre
ainsi hors d'atteinte des effets des bouleversements climatiques sur la culture
d'arachide pendant la deuxième saison pluvieuse.
Concernant la culture du taro, c'est l'effet combiné
du raccourcissement de la durée des deux saisons pluvieuses et la
persistance des deux saisons sèches qui ont motivé les
producteurs à son abandon dans les systèmes de culture au cours
des deux saisons pluvieuses (plus de 84 % des CE enquêtés).
s/ Adoption de cultures ou variétés de
culture
En réaction aux conséquences des
bouleversements d'ordre climatiques vécus, certains producteurs ont
opté pour l'adoption dans leurs systèmes de cultures de nouvelles
variétés et de nouvelles spéculations. Mentionnons
toutefois que cette mesure est encore restreinte à une faible proportion
des producteurs de nos deux villages d'étude (16% des CE
enquêtés).
L'adoption de nouvelles cultures concerne le riz pluvial
NERICA. En effet, à la faveur de leur contact permanent avec les agents
du CeRPA, certains producteurs ont découvert cette nouvelle culture
qu'ils ont dû adopter. Le cycle relativement court de trois (3) mois de
ce riz pluvial lui permettant de supporter les conséquences du
raccourcissement des saisons pluvieuses est un facteur favorisant de cette
adoption. La lenteur de la diffusion de cette culture doit être due
à la méconnaissance des exigences de son itinéraire par
beaucoup de producteurs pour le moment.
L'adoption de nouvelles variétés de culture
concerne le maïs. En vue de pouvoir palier aux conséquences des
ruptures de pluie en fin de cycle, certains producteurs ont introduit les
variétés locales de maïs de trois (3) mois cultivées
pendant la contre saison dans la zone de décrue dans les systèmes
de cultures pluviales. La lenteur de la diffusion de cette mesure au sein des
producteurs tient au fait que c'est une mesure innovatrice qui est encore
inconnue de certains producteurs, et pour d'autres c'est la nostalgie des
rendements obtenus dans les temps anciens avec les variétés
traditionnelles de maïs qui explique leur hésitation à
adopter.
1' Déplacement de cultures (extension
à une nouvelle unité de paysage d'une culture
donnée)
Le déplacement de culture est l'une des mesures
d'adaptation les plus développées par les producteurs des
villages de Sissèkpa et de Zounta. Dans le contexte spécifique de
nos deux villages, le déplacement de cultures se traduit par l'extension
vers une nouvelle unité de paysage du terroir d'une culture
donnée. Cette mesure concerne surtout les cultures à cycle long
qui figurent encore dans les assolements des producteurs. Il s'agit du manioc
et de la patate douce. Pour faire face aux stress hydrique et thermique induits
par les ruptures/retards de pluie en saison pluvieuse de même que la
persistance de la sécheresse pendant les saisons sèches les
producteurs ont opté pour l'extension des cultures de manioc et de
patate douce vers les unités de paysage de milieu de pente et de bas de
pente (plus de 77% des CE enquêtés). Cette mesure de
déplacement des cultures de patate douce et de manioc est en fait une
mesure défensive qui permet aux producteurs de limiter les effets des
changements climatiques sur la productivité de ces cultures.
1' Changement progressif du calendrier agricole et
des itinéraires techniques
Cette mesure d'adaptation regroupe toute une gamme de
nouvelles pratiques développées par les producteurs. Ainsi, avec
les conditions climatiques des plus incertaines du milieu, de nouvelles
pratiques telles que le labour à sec, l'application de forte dose
d'engrais même aux cultures légumineuse des fois ; et la
modification des rotations ont pris corps dans les itinéraires
techniques anciens aboutissant au changement progressif du calendrier cultural
empirique.
· Le labour à sec pour les semis
précoce
Face aux retards que connaissent le démarrage des deux
saisons pluvieuses dans leur localité, et les poches de
sécheresse enregistrées en début de saison pluvieuse les
producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta ont
développé la technique de labour à sec. En effet, en vue
de pouvoir démarrer les opérations de semis de culture dès
les premières pluies, les producteurs procèdent au labour de leur
champ en début de saison bien avant l'installation des pluies (98% des
CE enquêtés). Autrefois, c'était avec les premières
pluies que démarraient les opérations de labour. C'est une mesure
qui exige un surcoût d'effort de la part des producteurs et se pratique
sur les unités de paysage de haut de pente (plateau) et de milieu de
pente (rebord des plateaux).
Photo 7 : Parcelles labourées à sec en
attendant le démarrage des pluies pour les semis
précoces
Source : Cliché CODJIA, Octobre
2009
· L'intensification de l'utilisation de
fertilisants chimiques aux cultures
Cette mesure est développée par les producteurs
sur les parcelles en haut de pente (plateau) et de milieu de pente (rebord
plateau) dans le but de réduire la baisse de rendement induit par les
retards des pluies et le raccourcissement de la durée des saisons
pluvieuses. C'est une mesure défensive dont la durabilité et
l'intérêt agronomique peuvent être néanmoins
discuté surtout si l'on considère les cas où elle
s'applique même aux cultures légumineuses telles que le
niébé et l'arachide. Pour notre échantillon
d'étude, environ 68% des producteurs l'appliquent à l'une et/ou
l'autre de ces deux cultures. En principe, ces cultures sont censées
améliorer la fertilité des sols.
· La modification de certaines rotations de
culture
Les conséquences du raccourcissement de la
durée des deux saisons pluvieuse ont conduit les producteurs à la
modification de la succession des cultures. Ainsi, la culture du
niébé qui s'installait dans la période ancienne
après les opérations d'entretien du maïs de la grande saison
pluvieuse a commencé par être installée au que ces
opérations.
Parcelle de niébé installée au moment des
Parcelle de niébé installée après les
opérations d'entretien du maïs (Sissèkpa)
opérations d'entretien du maïs (Sissèkpa)
Photo 8: Effet de la modification de la rotation
maïs-niébéSource : Cliché
CODJIA, Août 2009
1' La modification des emblavures
La modification des emblavures en tant que mesure
d'adaptation aux changements climatiques se décline dans les villages de
Sissèkpa et de Zounta aussi bien en l'extension qu'en la diminution des
superficies totales cultivées. Les cas de diminution d'emblavure sont
moins répandus. Environ 65% des CE enquêtés ont
augmenté leur superficie totale emblavée. Avec, la forte pression
foncière qui prévaut dans les deux villages, c'est surtout
l'achat de parcelles et le recours aux modes de faire valoir indirects tels que
le gage et le prêt qui permettent aux producteurs l'augmentation de leur
superficie exploitée.
1' Exploitation des unités de
paysage
Le tableau 15 présente l'occupation de chaque
unité de paysage par les producteurs.
Tableau 15 : Répartition des CE suivant
l'occupation de chaque unité de paysage
Zones
|
Oui
|
Non
|
Zone 1 (haut de pente)
|
70
|
0
|
Zone 2 (milieu de pente)
|
37
|
33
|
Zone 3 (bas de pente)
|
26
|
44
|
|
Source : Données enquête de
terrain, Août-Octobre 2009
Il se dégage des informations du tableau 15 que la
totalité des producteurs enquêtées ont des parcelles
situées en haut de pente (plateau). Plus de la moitié (50%) des
producteurs enquêtés ont des parcelles dans l'unité de
paysage de milieu de pente. Près de 40% des producteurs exploitent
l'unité de paysage de bas de pente. Autrement, c'est 40% des producteurs
enquêtés qui font des cultures de contre saison donc, trois cycles
de cultures par an.
La répartition des CE par rapport à l'occupation
d'au moins deux unités de paysage est présentée dans le
tableau 16.
Tableau 16: Répartition des CE suivant
l'occupation des différentes unités de paysage
CE
|
Zone 1 et 2
|
Zone 1 et 3
|
Zone 2 et 3
|
Zone 1, 2 et 3
|
Fréquence
|
23
|
11
|
0
|
17
|
|
Source : Données enquête de
terrain, Août-Octobre 2009
Il se dégage des informations du tableau 16 qu'il n'y
a pas de producteurs, exploitant uniquement les zones 2 et 3 à la fois.
Il en ressort également que le quart (25%) des producteurs exploitent
simultanément les unités de haut, milieu et de bas de pente. Au
total, près des trois quart (73%) des producteurs enquêtés
exploitent simultanément au moins deux (2) unités de paysage.
8.1.2. Conduite des animaux d'élevage
Les changements climatiques à travers leurs
extrêmes ont induit quelques modifications dans les pratiques anciennes
de conduite de certaines espèces animales. Ainsi face à la
recrudescence de certaines maladies au cours des quinze (15) dernières
années comparativement aux quinze (15) autres précédentes,
certains producteurs (30% des CE enquêtés) recourent
désormais à la mesure de vaccination des espèces telles
que les caprins, les ovins, les porcins, et la volaille.
Par ailleurs, pour limiter les cas de conflits
fréquents entre agriculteurs et éleveurs de bovins en raison des
dégâts perpétrés sur les cultures à cause de
la raréfaction des aires de pâture, les éleveurs ont
développé une mesure spéciale leur permettant le
contrôle de leurs animaux sur le chemin de pâturage (voir Photo 9).
Les animaux sont empêchés de tout broutage anarchique sur le
chemin aussi bien à l'aller qu'au retour des pâturages.
Photo 9 : Contention de la bouche des bovins sur le
chemin de pâturage à Zounta
Source : Cliché CODJIA, Septembre
2009
Toujours par rapport à la gestion des conflits entre
producteurs dus aux dégâts des bovins pendant les changements
climatiques, les communautés locales notamment celles de Zounta ont
initié la limitation de la taille maximale du cheptel bovin
autorisée par exploitation à six (6) bêtes adultes. C'est
une mesure qui intègre donc, la gestion rationnelle de la
capacité de charge des pâturages du terroir.
8.1.3. Aménagement individuel : gestion des eaux
d'excès de pluies
En réaction au phénomène de poche de
sécheresse qui alterne avec les périodes de concentration de
pluies abondantes sur une courte durée, les producteurs des villages de
Zounta et de Sissèkpa ont développé une mesure de
constitution de réserve d'eau de pluie par l'intermédiaire de
creusage de trous. Ces réserves d'eau sont utilisées alors en
période de rupture de pluie pour l'irrigation des cultures telles que la
tomate et le piment sur les parcelles des unités de haut de pente et de
milieu de pente.
Photo 10: Constitution de réserve d'eau en
période d'excès d'eau pour l'irrigation des parcelles
en
période de rupture de pluie à Sissèkpa
Source : Cliché CODJIA, Octobre
2009
Dans l'unité de paysage de bas de pente (plaine
d'inondation), les producteurs ont développé en réaction
à la situation d'inondation précoce que subit cette unité
pendant la grande saison pluvieuse, la mesure de réalisation de drain.
Développée par 58% des producteurs enquêtés ayant
des parcelles dans cette unité de paysage (soit environ 22% de notre
échantillon d'enquête), la réalisation de drain permet de
diminuer le niveau de l'eau d'inondation sur les parcelles en les orientant
vers le lit majeur du fleuve.
8.2. Diversification des sources de revenu
La diversification des sources de revenu est l'une des
mesures d'adaptation développées par les populations locales pour
faire face aux bouleversements climatiques vécus dans leur terroir.
Cette diversification se traduit par le développement d'autres
activités parallèles à la production agricole. Il s'agit
notamment de : l'élevage, la transformation agroalimentaire, la vente de
bois de chauffe, le salariat agricole, le commerce, la pêche et la vente
de sable d'érosion. Le tableau 17 présente les différentes
activités de diversification développées par les
producteurs au cours des quinze (15) précédentes années
pour faire face aux effets induits par les changements climatiques sur leur
cadre de vie.
Tableau 17: Différentes activités
développées par les différentes catégories de
producteurs
Catégories
|
Élevage
|
Agroali mentaire
|
Vente de bois de chauffe
|
Salariat agricole
|
Commerce
|
Vente de sable d'érosion
|
Pêche
|
Po
|
9
|
3
|
4
|
3
|
1
|
0
|
3
|
Pn
|
10
|
4
|
6
|
5
|
0
|
3
|
1
|
Mo
|
13
|
3
|
5
|
1
|
5
|
2
|
1
|
Mn
|
9
|
9
|
4
|
0
|
3
|
0
|
2
|
Go
|
17
|
16
|
6
|
0
|
1
|
0
|
2
|
Gn
|
6
|
2
|
4
|
0
|
2
|
2
|
0
|
|
Source : Données enquête de
terrain, Août-Octobre 2009
Les données du tableau 17 révèlent que
les producteurs, toutes catégories confondues, ont diversifié
leur source de revenus. Globalement les activités les plus importantes
sont : l'élevage (91,43%), les transformations agroalimentaires (52,86%)
et la vente de bois de chauffe (41.43%). Le développement du salariat
agricole comme mesure d'adaptation aux changements climatiques a
été particulièrement mise en oeuvre par les petits
producteurs.
8.3. Stratégies d'adaptation par
catégories de producteurs
Il n'est pas aisé de faire une bonne lecture
cohérente des différentes stratégies en fonction des
catégories de producteurs (voir annexe 4). En vue d'apprécier
alors ces relations, nous avons réalisé une Analyse en Composante
Principale en prenant en compte les différentes mesures d'adaptation des
producteurs. Les résultats ont permis de tester notre hypothèse
intitulée : « les stratégies d'adaptation des producteurs
varient suivant les catégories de producteurs ».
8.3.1. Analyse en Composantes Principales (ACP)
L'efficacité de stockage d'informations d'une
composante principale est mesurée par la proportion de sa valeur propre
par rapport à la somme de toutes les valeurs propres. Le tableau 18
présente les valeurs et proportions d'information concentrées sur
les différents axes.
Tableau 18 : Valeurs propres et proportions
d'informations concentrées sur les axes
Valeur propre
|
Différence
|
Proportion cumulée
|
1
|
10.4339804
|
7.9041518
|
0.6956
|
0.6956
|
2
|
2.5298285
|
0.9642680
|
0.1687
|
0.8643
|
3
|
1.5655605
|
1.2812914
|
0.1044
|
0.9686
|
4
|
0.2842691
|
0.0979075
|
0.0190
|
0.9876
|
5
|
0.1863616
|
0.1863616
|
0.0124
|
1.0000
|
6
|
0.0000000
|
0.0000000
|
0.0000
|
1.0000
|
7
|
0.0000000
|
0.0000000
|
0.0000
|
1.0000
|
8
|
0.0000000
|
0.0000000
|
0.0000
|
1.0000
|
9
|
0.0000000
|
0.0000000
|
0.0000
|
1.0000
|
10
|
0.0000000
|
0.0000000
|
0.0000
|
1.0000
|
11
|
0.0000000
|
0.0000000
|
0.0000
|
1.0000
|
12
|
0.0000000
|
0.0000000
|
0.0000
|
1.0000
|
13
|
0.0000000
|
0.0000000
|
0.0000
|
1.0000
|
14
|
0.0000000
|
0.0000000
|
0.0000
|
1.0000
|
15
|
0.0000000
|
|
0.0000
|
1.0000
|
|
L'analyse du tableau 18 indique que la première
composante explique 69,56% des informations de départ, la
deuxième 16,87% et la troisième 10,44%. Ainsi donc, avec ces
trois axes, on arrive à expliquer 96,86% des informations contenues dans
les variables initiales. Ce qui est suffisant pour garantir une
précision d'interprétation du tableau de départ.
Dans le but de connaitre l'information que contiennent les
trois (3) composantes retenues, le tableau 19, nous permet d'examiner les
corrélations entre ces composantes et les quatorze (14) variables
initiales.
Tableau 19: Corrélation entre composantes et
variables initiales
|
Factor1
|
Factor2
|
Factor3
|
zones1
|
0.91535
|
0.29229
|
-0.27583
|
zone2
|
0.98285
|
0.02730
|
0.17695
|
Zone3
|
0.98484
|
-0.06481
|
0.02922
|
ABANDARCH
|
0.97986
|
-0.04392
|
-0.08156
|
ADOPRIZ
|
0.31080
|
0.89574
|
0.11315
|
DPZ1V2
|
0.79390
|
-0.40356
|
0.42721
|
DPZ1V3
|
0.26550
|
0.05473
|
0.95905
|
EXTEMBLV
|
0.92257
|
0.06562
|
0.23337
|
LABSEC
|
0.93859
|
0.22704
|
-0.19728
|
FERTCHIM
|
0.84319
|
-0.44998
|
-0.21856
|
ROT
|
0.99502
|
-0.06591
|
-0.06104
|
DRAIN
|
0.96396
|
0.00506
|
0.20251
|
OUICRED
|
0.68384
|
-0.66595
|
-0.22165
|
NONCRED
|
0.45292
|
0.87055
|
-0.12369
|
ELV
|
0.93145
|
0.07253
|
-0.29198
|
|
Les composantes principales sont dénommés
ici factor
De l'analyse du tableau 19, il ressort que seules les
variables adoption riz, déplacement culture de cycle long de la zone1
vers la zone3 et non accès aux crédits ne sont pas
représentées sur le premier axe, car ayant des coefficients de
corrélation inférieurs à 0,5. Les variables adoption riz,
non accès aux crédits et accès aux crédits pour ce
qui les concerne, sont bien représentées sur le
2ème axe avec des coefficients de corrélation
supérieurs à 0,5.
Quant au 3ème axe, il n'est bien
corrélé qu'avec la variable déplacement culture de cycle
long de la zone1 vers la zone3. Les cercles de corrélations nous
permettent de bien visualiser ces positions des différentes variables
sur les axes factoriels.
Factor1
C B
L O I .9H A
|
J
F
M
|
.8
.7
.6
.5
|
|
|
|
|
|
|
N
|
|
|
|
|
.4
|
|
|
|
|
|
.3
|
E
|
|
|
|
|
G
|
|
|
|
|
|
.2
|
|
|
|
|
|
|
|
F
|
|
|
|
.1
|
|
a
c
|
|
|
-1 -.9-.8-.7-.6-.5-.4-.3-.2-.1
|
0 .1 .2 .3 .4
|
.5 .6 .7 .8 .9
|
1.0t
o
|
|
|
|
-.1
|
|
r
|
|
|
|
|
|
2
|
|
|
|
-.2
|
|
|
|
|
|
-.3
|
|
|
|
|
|
-.4
|
|
|
|
|
|
-.5
|
|
|
|
|
|
-.6
|
|
|
|
|
|
-.7
|
|
|
|
|
|
-.8
|
|
|
|
zones1=A
|
zone2=B Zone3=C
|
ABANDARCH=C
|
ADOPRIZ=E
|
DPZ1V2=F
|
DPZ1V3=G
|
EXTEMBLV=H
|
LABSEC=I FERTCHIM=J
|
ROT=C
|
DRAIN=L
|
OUICRED=M
|
NONCRED=N
|
ELV=O
|
|
|
|
|
|
|
Figure 8 : Cercle de corrélation dans le plan
formé par Factor1 et Factor2
Factor1 DK C B
|
O I
|
L
|
|
|
|
|
A
|
.9 H
|
|
|
|
|
J
|
|
|
|
|
|
|
.8 F
|
|
|
|
|
M
|
.7
|
|
|
|
|
|
.6
|
|
|
|
|
|
.5
|
|
|
|
|
N
|
|
|
|
|
|
|
.4
|
|
|
|
|
|
.3 E
|
|
|
|
|
|
|
|
G
|
|
|
|
.2
|
|
|
|
|
|
|
|
F
|
|
|
|
.1
|
|
a c
|
|
|
-1 -.9-.8-.7-.6-.5-.4-.3-.2-.1
|
0 .1 .2 .3 .4
|
.5 .6 .7 .8
|
.9 1.0t
o
|
|
|
|
-.1
|
|
r
|
|
|
|
|
|
3
|
|
|
|
-.2
|
|
|
|
|
|
-.3
|
|
|
|
|
|
-.4
|
|
|
|
|
|
-.5
|
|
|
|
|
|
-.6
|
|
|
|
|
|
-.7
|
|
|
|
|
|
-.8
|
|
|
|
|
|
-.9
|
|
|
|
|
|
-1
|
|
|
|
zones1=A
|
zone2=B Zone3=C
|
ABANDARCH=D
|
ADOPRIZ=E
|
DPZ1V2=F
|
DPZ1V3=G
|
EXTEMBLV=H
|
LABSEC=I FERTCHIM=J
|
ROT=K
|
DRAIN=L
|
OUICRED=M
|
NONCRED=N
|
ELV=O
|
|
|
|
|
|
|
Figure 9: cercle de corrélation dans le plan
formé par z1 et Z3
Factor2
|
1
|
|
|
|
|
.9 E
|
|
|
|
|
N
|
|
|
|
|
.8
|
|
|
|
|
.7
|
|
|
|
|
.6
|
|
|
|
|
.5
|
|
|
|
|
.4
|
|
|
|
|
A .3
|
|
|
|
|
I
|
|
|
|
|
.2
|
|
|
|
|
.1
|
|
F a
|
|
|
O B H
|
|
G c
|
|
|
-1 -.9-.8-.7-.6-.5-.4-.3-.2-.1 0 .1 .L .3
.4
DK C
-.1
|
.5 .6 .7 .8
|
.9 1.0t o r
|
|
|
|
|
3
|
|
|
-.2
|
|
|
|
|
-.3
|
|
|
|
|
-.4 F
|
|
|
|
|
J
|
|
|
|
|
-.5
|
|
|
|
|
-.6
|
|
|
|
|
M
|
|
|
|
|
-.7
|
|
|
|
zones1=A
|
zone2=B Zone3=C ABANDARCH=D
|
ADOPRIZ=E
|
DPZ1V2=F
|
DPZ1V3=G
|
EXTEMBLV=H
|
LABSEC=I FERTCHIM=J ROT=K
|
DRAIN=L
|
OUICRED=M
|
NONCRED=N
|
ELV=O
|
|
|
|
|
|
Figure 10: Cercle de corrélation formé par
le plan Factor2 et Factor3
La figure 11 nous permet de visualiser la position des
différents types d'exploitations sur les axes factoriels afin d'en
identifier leurs stratégies.
Plot of z1*z2$Types. Symbol used is '*'.
6 à
·
·
·
·
·
· * Go
·
·
·
5 à
·
·
·
·
·
·
·
·
·
4 à
·
·
·
·
·
·
·
·
·
3 à
·
·
·
z1
·
· *
Mo
·
·
·
·
2 à
·
·
·
·
·
·
·
·
·
1 à
·
·
·
·
·
·
·
·
· 0
àÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
·
·
·
·
·
·
·
·
-1 à
·
·
·
· *
·Po
·
·
· * Mn
·
-2 à
·
·
·
· * Gn
·
·
· * Pn
·
·
-3 à
·
ÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉ
-2.0 -1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5
z2
Figure 11: Représentation des types
d'exploitations sur les axes1 et 2
La Figure 11, qui présente la représentation des
types de producteurs sur les axes 1 et
2 nous permet de constater que les stratégies des
producteurs des types Go et Mo peuvent bien s'expliquer positivement par
rapport à l'axe Z1, alors que celles des producteurs des types Gn, Mn,
Pn et Po peuvent s'expliquer négativement sur cet axe. Les
stratégies des producteurs des types Mn et Go peuvent s'expliquer
négativement par rapport à l'axe Z2. Celles des producteurs de
type Mo et Pn peuvent s'expliquer positivement par rapport à l'axe
Z2.
Plot of z1*z3$Types. Symbol used is '*'.
6 à
* go
5 I
4 I
3 I
z1 * mo
2 "
1 "
0
àÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
-1 à
* po
* mn
-2 à
* gn
* pn
-3 à
àÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉàÉ
-1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5
z3
Figure 12 : Représentation des types
d'exploitation sur les axes 1 et 3
La Figure 12 qui présente la représentation des
types de producteurs sur les axes 1 et 3 nous permet de constater que les
stratégies des producteurs des types Mo et Go peuvent s'expliquer
positivement par rapport à l'axe Z1, alors que celles des producteurs de
types Gn, Mn, Po, et Pn peuvent s'expliquer négativement sur cet axe.
Les stratégies des producteurs des types Mn, Po, et Pn peuvent
s'expliquer négativement par rapport à l'axe Z3. Celles des
producteurs de types Mo Gn peuvent s'expliquer positivement par rapport
à l'axe 1.
8.3.2. Conclusions sur les stratégies des
producteurs
La synthèse des stratégies
développées par les producteurs est présentée dans
le tableau 20.
Tableau 20 : Stratégies d'adaptation
développées par catégories de producteurs face aux
changements cimatiques
Types d'exploitation
|
Stratégies d'adaptation
|
Go et Mo
|
Exploitation simultané des trois unité de
paysage, Déplacement des cultures de cycle long vers l'unité de
milieu de pente, Extension des emblavures, Labour à sec suivi de semis
précoces, Fertilisation chimique des cultures, Recours aux
crédits pour financer leur production et le Drainage des parcelles de
bas de pente
|
Mn
|
Recours aux crédits pour financement de leur production
|
Gn
|
Déplacement des cultures de cycle long vers
l'unité de bas de pente et Spécialisation dans la
réalisation de trois cycles culturaux par an
|
Pn
|
L'adoption de nouvelles cultures et le Non Recours aux
crédits pour la production
|
Po
|
Sortie de la production agricole
|
Source : Données enquête de
terrain, Août-Octobre 2009
Des informations contenues dans le tableau 20, il se
dégagent ce qui suit :
> Les CE cultivant au moins 3ha et qui possèdent de
palmeraie (Go) ont adopté face aux changements climatiques une
stratégie faite de tout une gamme de mesures d'adaptation. Cette
catégorie de producteurs adopte des stratégies de maintien dans
l'agriculture. Le recours au crédit est pour ces producteurs une mesure
de renforcement de leur liquidité financière pour faire face
à la gestion de pointe de la main d'oeuvre salariée qu'impose
désormais les mesures telles que l'extension des emblavures, et le
labour à sec pour les semis précoces qu'ils ont
adoptées.
> Les CE cultivant entre 1,5 et 3 ha de culture et qui
possèdent de palmeraie (Mo) ont opté à l'enface des
changements climatiques pour les même mesures d'adaptation que leurs
pairs cultivant au moins 3 ha de culture et possédant comme eux de
palmeraie (Go). L'adoption des mêmes mesures par ces deux
catégories indépendamment des écarts de superficies
emblavées s'expliquent par le fait que la transformation de vin palme,
activité secondaire des producteurs de cette catégorie est une
activité qui occupe ceux-ci même en
saison pluvieuse. Ce qui ne leur laissent pas le temps d'emblaver
les mêmes superficies que la première catégorie.
> Les CE cultivant entre 1,5 ha et 3 ha de culture mais ne
possédant pas de palmeraie (Mn) ont principalement fait l'option du
recours aux crédits pour le financement de leurs activités de
production pour tenir face aux changements climatiques. Ce qui leur garanti de
couvrir les charges financières liées à la gestion de
pointe de la main d'oeuvre et l'achat de fertilisant chimique pour leur
production.
> Les CE cultivant au moins 3 ha de culture et ne
possédant pas de palmeraie (Gn) ont pour leur part opté
principalement face aux changements climatiques pour la spécialisation
dans la culture de contre saison. Cela se justifie par le fait que la
principale source de revenu de cette catégorie de producteurs est la
production vivrière.
> Les CE cultivant moins de 1,5 ha et ne possédant
pas de palmeraie (Pn) ont fait pour leur part, l'option de l'adoption de
nouvelles cultures. Incapables de fournir des garanties pour recourir aux
crédits, ils ont fait l'option d'adoption de la culture du riz pour
réduire leur vulnérabilité aux changements climatiques.
> Les CE cultivant moins de 1,5 ha et possédant de
palmeraie (Po) ont surtout fait
de sortie de la production agricole. Ce sont des producteurs
ayant un passé migratoire au Nigéria qui leur à permis
d'accumuler de l'épargne pour développer d'autres
activités connexes à l'agriculture telles que la contrebande
d'essence, le commerce etc.
8.4. Les mesures d'adaptation prévues par les
populations locales
Les mesures d'adaptation prévues par les producteurs
sont celles qu'ils envisagent mettre en oeuvre sur le court terme, les saisons
prochaines, et sur le moyen terme, les années à venir en vue de
pouvoir faire face aux changements climatiques vécus dans leurs
terroirs. Dans l'ensemble, les actions perspectives des producteurs des
villages de Sissèkpa et de Zounta s'inscrivent dans la logique des
mesures déjà mises en oeuvre. Pour eux, la
nécessité d'effectuer trois cycles de cultures par an s'impose
désormais. Le maïs demeure la culture privilégiée
pour cette mesure. La diversification des sources de revenu à travers
l'élevage des volailles et des petits ruminants avec l'adoption de la
vaccination dans leur conduite des animaux est envisagée. Le commerce et
l'installation des plantations d'Acacia auriculiformis dans le double
objectif de fertilisation des sols ainsi que de la commercialisation du bois
figurent sur la liste des producteurs comme perspective de moyen terme.
CHAPITRE 9 : ANALYSE DES INTERRELATIONS ENTRE
PERCEPTIONS, SAVOIRS LOCAUX ET STRATEGIES D'ADAPTATION
Les changements climatiques affectent le milieu physique de
l'homme et l'influence dans ses relations avec son environnement. Ils le
confrontent à de nouveaux défis qui l'ébranlent dans ses
dimensions psychique, culturelle et socio-économique. Les producteurs
des villages de Sissèkpa et de Zounta ne sont pas exempts de cette
réalité. Les résultats concernant leur cas à
l'échelle de leurs exploitations agricoles ont été
présentés dans les chapitres précédents. Dans ce
chapitre, nous aborderons aux primes abords, les relations entre perceptions et
savoirs locaux dans le contexte des modifications du climat. Ensuite, nous
analyserons la logique entre perceptions, savoirs et stratégies
d'adaptation des producteurs. Pour finir, nous nous pencherons sur les liens
entre le cadre objectif d'activité des producteurs et les mesures
d'adaptations développées par ceux-ci face aux modifications
climatiques actuelles.
9.1. Relations entre perceptions et savoirs locaux dans
le domaine des changements climatiques
Notre analyse de la compréhension des relations entre
perceptions et savoirs locaux part de l'analyse des perceptions paysannes des
changements climatiques. Elle portera sur deux axes : les perceptions
collectives et les perceptions individuelles.
Les manifestations des changements climatiques perçues
par les producteurs des villages de Sissèkpa et de Zounta sont
liées aux bouleversements intervenus dans le déroulement des
saisons pluvieuses au cours de ces quinze (15) dernières années
par rapport à la période des quinze (15) autres
précédentes. Les populations locales perçoivent les
changements climatiques à travers : (i) le démarrage tardif des
deux saisons pluvieuses, (ii) l'arrêt précoce des pluies en fin
des deux saisons, (iii) la concentration de pluies abondantes sur de courtes
périodes au cours des saisons pluvieuses, (iv) les poches de
sécheresse au cours des deux saisons pluvieuses, (v) le raccourcissement
de la durée des deux saisons pluvieuses, (vi) l'augmentation de la
chaleur, et (vii) l'occurrence de vents violents pendant la grande saison
pluvieuse. Ces perceptions font objet d'unanimité au sein de la
population locale. Ceci est d'autant plus vrai que la documentation des
concepts clés liés au climat effectuer dans les deux villages,
conforte ces modifications observées dans le déroulement de la
saison
pluvieuse et révèle la tendance à la
disparition de certaines manifestions pluvieuses typiques qui étaient
caractéristiques de ces saisons au cours de la période ancienne.
Il en découle que les perceptions des manifestions
évoquées par les producteurs enquêtés ne sont pas
que les perceptions d'une couche isolée de la communauté locale.
Ces perceptions collectives rendent compte de la façon
particulière dont les producteurs de la zone d'étude
repèrent les manifestations physiques des changements du climat en cours
dans leur milieu. Ces perceptions collectives sont alors spécifiques
à cette région. A cet effet, les spécificités des
perceptions collectives diffèrent selon que l'on passe d'une
communauté résidant dans une région donnée à
une autre.
Néanmoins, s'il est vrai que les effets des
manifestations des changements climatiques perçus affectent tous les
producteurs, il n'en demeure pas moins vrai que le niveau de perception de ces
effets n'est pas identique. Certaines perceptions sont donc subjectives et ne
traduisent que les niveaux différenciés auxquels chaque
producteur ou groupe homogène de producteurs se trouve confronté
aux manifestions des péjorations climatiques en cours dans le milieu. Il
en résulte tout une diversité de perceptions au sein de la
communauté villageoise qui s'identifie à des catégories de
producteurs qui partagent les mêmes réalités
socio-économiques ou soit appartiennent au même tissu social ou
encore exploitent la même unité de paysage. Pour preuve, les
producteurs dont les parcelles sont situées sur l'unité de haut
de pente (plateau) se réfèrent beaucoup plus à l'existence
des poches de sécheresse au cours des saisons pluvieuses comme
manifestations des changements climatiques en cours dans le milieu. Tandis que
ceux qui exploitent l'unité de milieu ou de bas de pente évoquent
beaucoup plus la concentration de pluie abondante sur une courte période
et l'inondation précoce comme manifestation des changements climatiques.
Cependant, le village reçoit sensiblement la même hauteur de
pluies au cours de la saison. La disponibilité de l'eau pour les
cultures sur les différentes unités de paysage conditionne les
perceptions des producteurs.
Les perceptions des changements climatiques vécus par
les producteurs s'expriment à travers des indicateurs qualitatifs issus
des interactions qu'ils entretiennent avec leur environnement. Par exemple, les
ruptures précoces de pluies en fin de la grande saison pluvieuse qui ne
garantissent plus des récoltes de niébé comme dans le
temps ancien, le raccourcissement de la deuxième saison pluvieuse qui
n'assure plus les rendements
d'arachide des temps anciens, sont des indicateurs qui
témoignent de l'évolution du climat selon les producteurs. Ces
résultats sont conformes à ceux de Wakponou et al. ;
(2008) qui révèlent au terme des travaux conduits sur les
perceptions paysannes des changements climatiques dans l'extrême-Nord
Cameroun, que la lecture paysanne des perturbations climatiques se fait
notamment à travers les interruptions de pluies ou séquences
sèches causant l'arrêt du cycle végétatif et la
perte des récoltes de sorgho et le retard constant des pluies
responsables des semis tardifs. La conviction de l'évolution du climat
par le producteur repose sur l'observation empirique de son environnement. Le
constat de la disparition de certaines manifestations pluvieuses qui rythmaient
le déroulement des travaux champêtres dans les temps anciens tels
que le « Ayitchiossin » et le « Zundji »
évoqués par les producteurs en est un exemple. Les
perceptions des changements climatiques vécus par les producteurs
s'enracinent donc dans les savoirs locaux emmagasinés sur la base des
expériences vécues dans le domaine du climat. Ces savoirs
endogènes sont évolutifs et tiennent compte des mutations de
l'environnement.
9.2. Analyse des mécanismes de mise au point et
de transmission des savoirs
La transmission de certains savoirs est
héréditaire. En revanche, d'autres se transmettent par le biais
des réseaux d'amitié.
Le décalage de la date de semis de la culture du
niébé est l'oeuvre de certains paysans expérimentateurs
qui essayent de définir une période de semis qui réponde
mieux aux nouvelles situations vécues. Ce savoir mis au point, n'est pas
encore accessible à toutes les catégories de producteurs, et
constitue des savoirs spécialisés. Ces savoirs connaissent une
restriction à certaines franges de producteurs. C'est de cette
façon que la connaissance de la date convenable de semis du
niébé est désormais l'apanage de certains producteurs qui
savent décoder facilement le comportement des saisons pour juger de la
pertinence des opérations culturales à entreprendre.
Les savoirs exogènes interagissent avec les savoirs
locaux à travers le fonctionnement des réseaux d'amitié,
de parenté ou de profession. C'est ainsi que l'introduction de la
nouvelle culture de riz pluviale NERICA, est l'oeuvre de certains paysans en
contact avec le CeCPA. L'introduction de la vaccination des animaux
d'élevage tels que les caprins, les ovins et les
porcins dans la conduite de l'élevage familiale
à été aussi facilité par les expériences de
collaboration de certains producteurs avec le CeCPA. Ces nouvelles
expériences sont en cours de diffusion au sein des producteurs. Les
savoirs exogènes s'incorporent donc aux savoirs locaux.
9.3. Logique entre perceptions, savoirs et
stratégies d'adaptation des producteurs face aux changements
climatiques
Les résultats obtenus de cette étude
révèlent que les producteurs ont développé des
mesures d'adaptation variées en réponse aux changements
climatiques vécus dans leur milieu. Notre analyse des stratégies
d'adaptation repose alors sur l'analyse des mesures collective et individuelle
mises en oeuvre par les producteurs de nos deux villages d'enquête.
En matière de mesures collectives, les pratiques de
provocation de pluies par recours aux services des faiseurs de pluies
identifiées dans le cadre du processus PANA, comme stratégies
collectives dans la commune d'Adjohoun ont encore cours dans les deux villages.
C'est donc une mesure offensive d'intérêt collective qui permet
d'agir directement sur le climat. Toutefois, cette mesure de provocation de
pluie et son revers de neutralisation en cas d'excès de pluies ne
rencontrent plus l'adhésion collective des producteurs.
La limitation de la taille du cheptel bovin autorisée
par exploitation est une mesure collective de gestion des effets induits des
changements climatiques. Cette mesure privilégie les
intérêts collectifs de la communauté paysanne et vise la
préservation de la cohésion sociale.
En dehors des mesures collectives, les producteurs
développent individuellement plusieurs mesures sur leurs exploitations
pour faire face aux changements climatiques vécus. Les mesures
individuelles mises en oeuvre par les producteurs concernent aussi bien la
conduite des cultures que la gestion des sols.
Certaines mesures individuelles développées par
les producteurs en réponse aux péjorations climatiques sont des
résultats des échecs connus par les producteurs dans l'exercice
de leurs activités agricoles, et la capitalisation de nouveaux savoirs
au regard de l'évolution du climat. C'est le cas des mesures d'abandon
de variétés/culture, l'adoption de nouvelles
variétés, le déplacement des cultures, le labour à
sec, l'application de forte dose d'engrais et la modification de certaines
rotations.
Au regard du démarrage tardif des deux saisons
pluvieuses et du raccourcissement de leurs durées, les producteurs ont
opté pour le labour à sec avant les premières grandes
pluies. Ainsi donc, le labour à sec rend possible les semis
précoce. Autrefois, les producteurs attendaient le démarrage des
saisons pluvieuses avant d'entamer les opérations de labours, mais les
insécurités alimentaires qu'ils ont connues et dont les causes
sont relatives à la rupture précoce des pluies en fin des saisons
pluvieuses mettant en péril leur récolte, ont amené ces
derniers à opter pour le labour précoces. Cette mesure
d'adaptation répond donc à l'objectif de faire
bénéficier aux cultures du maximum des hauteurs
pluviométriques tombées sur le village. Ces résultats sont
similaires à ceux d'Amadou (2005) qui ont montré qu'au Niger les
producteurs ont adopté en réponse aux changements climatiques la
stratégie « de semis dès la première pluie dans le
souci de profiter au mieux des premières pluies utiles et le labour
précoce pour que l'humidité que conservent les mottes puissent
profiter aux jeunes plants en cas de sécheresse ».
Les mesures d'exploitation simultanées de plusieurs
unités de paysages et la modification des emblavures s'inscrivent plus
dans une perspective de mesures défensives permettant aux producteurs
une dispersion des effets des risques tels que le démarrage tardif des
pluies, les poches de sécheresse en cours de saison, et la rupture
précoce des pluies.
Au total, les mesures d'adaptation mises en oeuvre par les
producteurs en réaction aux manifestations physiques des changements
climatiques dans leur milieu ne sont pas décousues de sens. Elles
s'insèrent dans un champ de confrontations dynamiques entre perceptions
et savoirs et s'identifie donc, comme des composantes
élémentaires des stratégies développées par
les producteurs pour faire face aux changements climatiques.
9.4. Changement climatiques : Liens entre cadre
objectif d'activité des producteurs et stratégies
d'adaptation
Les stratégies développées par les
producteurs pour faire face au changement climatique vécus dans leur
milieu ne sont pas neutres. S'il est vrai qu'elles sont mises en oeuvre suite
à une perception spécifique des effets ressentis par chaque
producteur et aussi qu'elles tirent leurs inspirations des savoirs locaux
enrichis des savoirs exogènes, il n'en demeure pas moins vrai qu'elles
sont fortement dépendantes du cadre objectif d'activité des
producteurs. Le cadre objectif d'activité des producteurs
définit l'environnement des contraintes et des
potentialités dans lequel s'insèrent les mesures
d'adaptation développées par les producteurs pour faire face aux
effets des changements climatiques vécus dans leur terroir. C'est la
base opérationnelle des mesures d'adaptation et repose sur les atouts en
capital. Ainsi, les mesures d'adaptation mises en oeuvre sont fortement
influencées par le niveau d'accès de chaque producteur aux
ressources au sein de son exploitation. A titre d'exemple, l'exploitation de
plusieurs unités de paysage nécessite que le producteur dispose
de parcelle sur ces unités.
Dans le cas d'une agriculture sans traction animale ni
mécanisation comme celle des villages de Sissèkpa et de Zounta,
la forte concentration des opérations culturales sur une même
période, qui nécessite une mobilisation urgente de la main
d'oeuvre contraint la plus part des producteurs dans la mise en oeuvre de la
mesure de décalage de la date de semis du niébé. Ainsi,
dans nos deux villages d'enquête, la mobilisation de la main d'oeuvre
à temps est très problématique pour les producteurs. La
proximité du Nigéria est une source qui ponctionne la main
d'oeuvre tant salariale que familiale par les mouvements d'émigration
massive des jeunes qu'elle favorise. Certaines mesures d'adaptation concourent
au renchérissement du coût de la main d'oeuvre salariée.
C'est le cas du labour à sec en raison de la pénibilité du
travail qu'il impose.
Les changements climatiques peuvent induire chez les
producteurs des mesures de diversification de source de revenu à impact
négatif sur l'environnement. Pour preuve, la vente des tas de sable
d'érosion, très répandus dans les deux villages n'est pas
sans conséquence sur le paysage.
Les stratégies d'adaptation développées
par les producteurs pour faire face aux changements climatiques sont alors des
combinaisons de mesures d'adaptation qui tiennent compte de leurs perceptions,
reposent sur la structure de leur exploitation à travers le niveau
d'accès aux ressources et ont pour source les savoirs locaux et
exogènes.
Les interrelations entre perceptions, savoirs et
stratégies d'adaptation définissent les processus de diffusion
des mesures innovantes entre les producteurs, gage de la réduction de la
vulnérabilité du milieu rural aux changements climatiques.
CHAPITRE 10 : CONCLUSION ET SUGGESTIONS
La présente étude réalisée dans le
cadre du << volet extension enquête perception >> du projet
PAAPCES s'intitule << Perceptions, savoirs locaux et stratégies
d'adaptation aux changements climatiques développées par les
producteurs agricoles des communes d'Adjohoun et de Dangbo au Sud-Est Benin
>> et fait suite aux travaux de Agossou (2008) et Dimon (2008).
Elle a pour objectif de contribuer à la connaissance
des perceptions des changements climatiques vécus par les producteurs
agricoles ainsi que des stratégies d'adaptation
développées pour y faire face.
A la suite d'une synthèse des principaux résultats
obtenus, des suggestions ont été faites à l'endroit des
différents acteurs du développement local.
10.1. Synthèse des résultats
En ce qui concerne l'état des perceptions des
changements climatiques vécus par les populations locales, il ressort
qu'au cours des quinze (15) dernières années les producteurs ont
enregistrés de profonds bouleversements ayant traits aux facteurs
climatiques de leur milieu. Pour la pluie, les changements n'épargnent
aucune des deux saisons pluvieuses de la localité. Démarrage
tardif, poches de sécheresse abondante en cours des saisons pluvieuses,
raccourcissement de leur durée, diminution du nombre de jours pluvieux,
concentration des pluies abondantes sur de courtes durées avec des
pluies moins fortes pendant la petite saison, occurrence de pluies fortes et
violentes vers la fin de la grande saisons pluvieuse (Mai et Juin), et
diminution sensible des hauteurs pluviométriques sont autant de
modifications perçues par les producteurs. Pour la température et
le vent, les producteurs ont perçu des bouleversements se traduisant par
des temps plus chauds, avec une manifestation plus nombreuse de vents violents
pendant le début et la fin de la grande saison pluvieuse. D'autres
modifications telles que le retard de la crue annuelle (Juillet et Août
au lieu de Juin pour la période avant les changements climatiques) et la
diminution de l'ampleur de son étendue sont perçues comme des
indicateurs des changements climatiques vécus dans leur terroir. Des
concepts et des adages courants liés au climat existent au sein de la
communauté et sont révélateurs des changements climatiques
vécus.
Les populations locales ne manquent pas de motifs
d'explication des changements climatiques vécus dans leur terroir. En
effet, loin de la cause du réchauffement terrestre dû au gaz
à effet de serre, les normes et croyances locales occupent une place de
choix dans les causes évoquées par les producteurs. C'est ainsi
que la cause des pratiques mystiques de << neutralisation >> des
nuages pratiquées par les << faiseurs de pluies >> sur
demande des producteurs de la zone de la plaine d'inondation pour
préserver leurs cultures contre les inondations précoces est
largement répandue au sein des producteurs. Toutefois, aucune des causes
évoquées par les producteurs ne fait l'unanimité au sein
de la communauté locale. Le non respect des normes sociales, le non
respect des divinités et la nature ont été diversement
cités comme causes des bouleversements climatiques vécus. La
déforestation a été également indiquée au
nombre des causes perçues.
Au nombres des conséquences des changements climatiques
sur le milieu physique et le cadre de vie des producteurs, les analyses ont
montré que les sols sont fortement impactés par les modifications
climatiques du milieu locale. Les excès de pluies sur une courte
durée impactent plus les parcelles situées sur les unités
de milieu (rebord de plateau) et de bas de pente (plaine d'inondation) à
travers respectivement les érosions et les inondations qu'ils provoquent
sur ces unités. Les retards/ruptures de pluies laissent les
conséquences les plus désastreuses sur les unités de haut
de pente (plateau) à travers la dessiccation des sols.
Les conséquences des changements climatiques sur le
quotidien des producteurs agricoles concernent surtout la diminution des
rendements des cultures pratiquées. Cette baisse de rendement des
cultures varie suivant les unités de paysage du terroir.
Dans le domaine de l'élevage, les conséquences
des changements climatiques se manifestent essentiellement par la recrudescence
de certaines maladies notamment la maladie de Gomboro, la grippe et les
maladies parasitaires chez la volaille, les affections diarrhéiques,
épidermiques et pneumoniques chez les petits ruminants de même que
la peste et les affections pneumoniques chez les porcins. Les bovins font aussi
les frais des effets indirects des changements climatiques à travers la
raréfaction des aires de pâture occasionnant des
difficultés de pâture pour ces animaux.
Sur la santé humaine, des cas de recrudescences de
certaines maladies sont également enregistrées avec les
changements climatiques actuels. Il s'agit des maladies telles que le
paludisme, la tension artérielle (hypo/hyper), les maladies
diarrhéiques, les infections
respiratoires, l'ulcère de burili ainsi que la rate et
l'anémie particulièrement observées chez les enfants. Les
changements climatiques affectent aussi les habitations et les pistes de
dessertes rurales. Les cas de décoiffement de toitures, de
démolissage des murs en terre battue et d'érosions des voies sont
devenus fréquents.
Concernant les différentes stratégies
d'adaptation développées en réponse au changement
climatique, les analyses montrent que les producteurs s'activent
déjà sur plusieurs pistes. Dans le domaine de la conduite des
cultures, les mesures mises en oeuvre concernent l'abandon de
variétés ou de cultures, l'adoption de cultures ou de
variétés de cultures (riz NERICA), l'extension aux unités
de milieu et de bas de pente des cultures à cycles longs tels que la
patate douce et le manioc. C'est également le cas des mesures comme la
modification des emblavures, l'exploitation de plusieurs unités de
paysage ainsi que le changement des itinéraires techniques à
travers le labour à sec pour les semis précoces,
l'intensification de l'utilisation de la fumure minérale, la
modification des rotations. D'autres mesures mises en oeuvre concernent la
conduite des animaux d'élevage et la gestion des eaux des excès
de pluies. Il s'agit dans le dernier cas, de la constitution de réserve
d'eau pour l'irrigation et du drainage. Aussi, plusieurs mesures de
diversification des sources de revenu telles que l'élevage, la
transformation agroalimentaire et le commerce sont-elles déjà
mises en oeuvre.
Enfin, les interrelations entre perceptions, savoirs locaux et
les stratégies d'adaptation des producteurs agricoles face aux
changements climatiques ont été analysées. Il en ressort
que les stratégies d'adaptation des producteurs en réponse aux
changements climatiques ne sont pas neutres. Perceptions, savoirs et
stratégies d'adaptation des producteurs sont reliées par une
relation d'interdépendance dans laquelle le niveau d'accès aux
ressources de chaque producteur joue un rôle important.
10.2. Suggestions
La présente étude confirme que les producteurs
ont une bonne perception des manifestations des changements climatiques
vécus dans leur terroir mais ceux-ci demeurent moins
éclairés sur les causes réelles du
phénomène. Une sensibilisation aux primes abords des producteurs
est donc utile. Les changements climatiques contribuent fortement à la
dégradation du milieu physique et du cadre de vie des producteurs
à travers les cas d'érosion et d'inondation des sols. Pour y
faire face, les producteurs développent déjà d'une part,
des
mesures telles que le reboisement pour protéger les
sols contre l'érosion et la baisse de fertilité, et d'autre part,
le drainage des parcelles pour préserver leurs récoltes contre
les inondations précoces de la zone de la plaine d'inondation. Il urge
donc que d'autres actions soient entreprises dans ce sens pour l'accompagnement
des producteurs. Avec les changements climatiques actuels, les rendements des
cultures pratiquées par les producteurs ont considérablement
baissé. Les inondations précoces de la zone de bas de pente
conduit dans certains cas à la perte de la totalité des
récoltes des producteurs. Certaines mesures d'adaptation mises en oeuvre
par les producteurs telles que le labour à sec pour les semis
précoces, l'exploitation simultanée de plusieurs unités de
paysage et la production sur trois (3) cycles par an, imposent aux producteurs
une mobilisation urgente de la main d'oeuvre qui fait très souvent
défaut. L'accompagnement des producteurs dans la mécanisation de
leur agriculture s'avère utile. Plus spécifiquement nous
suggérons alors :
> A l'endroit du pouvoir public central et
local
- De renforcer la politique de mécanisation de
l'agriculture en cours actuellement à travers le projet PPMA (Projet de
Promotion de la Mécanisation de l'Agriculture) en mettant à la
disposition des producteurs des machines adaptées aux
caractéristiques des sols de la zone et en assouplissant les conditions
d'accès à ces machines.
- De promouvoir la valorisation de la zone de la plaine
d'inondation en procédant à des aménagements
hydroagricoles,
- De mettre en place un système d'alerte
agrométéorologique en vue de fournir aux producteurs des
informations sur la prévision des saisons pluvieuses,
- De sensibiliser les producteurs sur la réalité
des changements climatiques pour une bonne prise de conscience ,
- De créer un cadre officielle de concertation et de
sensibilisation entre les « faiseurs de pluies » et les
autorités administratives en vue de prévenir les conflits sociaux
qui pourraient survenir des amalgames entre les populations locales qui
imputent la responsabilité des changements climatiques aux actions des
faiseurs de pluies
- De promouvoir des activités de diversifications des
sources de revenus durables telles que l'élevage et les transformations
agroalimentaires,
- De promouvoir le crédit agricole pour faciliter le
financement à temps de la production des producteurs.
> A l'endroit des services de vulgarisation et
d'encadrement
- D'inscrire au rang de priorité les questions des
changements climatiques dans leur programme d'action,
-D'étudier dans une perspective d'approche
participative, les possibilités de vulgariser des systèmes
d'agroforesterie à base d'essences fruitières en vue de permettre
aux producteurs de pouvoir limiter l'amenuisement de leur revenu en raison de
la baisse de rendement des cultures vivrières induit par les changements
climatiques,
- D'accompagner les producteurs dans les opérations de
reboisement en vue de la protection des sols contre l'érosion.
> A l'endroit des producteurs des villages
- D'assurer une franche collaboration avec les services de
vulgarisation et d'encadrement afin de tirer profit des savoirs exogènes
promus par ces structures,
- Le partage des expériences d'adaptation entre
producteurs.
> A l'endroit de la recherche
- De mettre au point dans une perspective d'approche
participative qui intègre les conditions socio-économiques des
producteurs, des variétés à cycle court adaptées
aux conditions climatiques actuelles.
- De s'investir dans la mise au point des variétés
de culture rustiques pouvant mieux supporter les ruptures de pluies en cours de
saison pluvieuse.
Au terme de cette étude sur les perceptions des
producteurs et des stratégies d'adaptation mises en oeuvre pour faire
face aux changements climatiques d'autres perspectives s'ouvrent. La
durabilité socio-économique et écologique des
différentes mesures/stratégies développées par les
producteurs devra être étudiée. Il en est de même
pour l'impact des changements climatiques sur la mobilisation et la gestion de
la main d'oeuvre agricole. Les relations entre les changements climatiques et
les stratégies de sortie d'agriculture telles que les migrations et
l'exode rural pourrait aussi servir de piste pour de nouvelles recherches.
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Visité le 17 mai 2009
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ANNEXES
Annexe 1: Guide d'entretien de groupe
I. Présentation de l'enquête aux
paysans
Bonjour/bonsoir à toute l'assemblée. Merci
à tous et toutes et au chef village d'avoir répondu
présents à notre invitation. Je m'appelle... et je suis
étudiant en fin de formation dans le domaine agricole à
l'université d'Abomey-Calavi. Ma présence parmi vous se justifie
par la volonté de consacrer mes recherches de fin de formation à
comprendre les changements intervenus dans votre localité. Parmi ces
changements, ceux climatiques seront étudiés afin de comprendre
comment ces changements affectent l'agriculture et votre vie. Je dois vous
avouer que je n'ai pas encore une maîtrise de votre langue, ce qui
justifie la présence d'un tel...comprenant votre langue, à mes
cotés, pour me servir de guide et d'interprète. Je veux aussi
respectueusement solliciter votre accord pour l'enregistrement de la
présente séance. Je vous remercie d'avance pour votre
indulgence.
Nous allons laisser la parole au chef village ou à
son représentant pour les mots de bienvenu et pour lancer officiellement
l'entretien.
II. Généralités sur le
village
D'abord nous aimerions mieux connaître votre
village
1. Historique (origines, évolution...)
Pourquoi le nom du village ?
Quelles sont les origines de votre village ? Comment votre
village a évolué dans le temps ?
2. Caractéristiques socioculturelles (ethnies, religions
pratiquées) Quelles sont les langues que vous parlez dans votre village
? Quelle est l'importance de chaque ethnie ?
Quelles sont les religions que vous pratiquez ?
Quelle est l'importance de chaque religion ?
3. Caractéristiques géomorphologiques (relief,
types de sol, cours d'eau, noms locaux) Quels sont les types de sols que vous
avez ?
Quels sont les sols dominants ?
Votre village présente t-il des montées et des
descentes ?
Il y a-t-il une rivière qui traverse le village ?
4. Mode de faire valoir du foncier (achat, don, héritage,
location...) Comment avez-vous accès à la terre ?
5. Activités menées et leur importance
(agriculture, élevage, transformation, commerce, artisanat...)
Quelles sont les activités qui sont menées ici
?
Quelles sont les activités dominantes ?
6. Main d'oeuvre (familiale, salariée, entraide ...)
En dehors des membres de la famille, il y a-t-il d'autres
personnes qui travaillent dans les champs, et comment sont-il
récompensés ?
7. Infrastructures socio-communautaires dont vous disposez
En fonction des réponses et des changements
évoqués, des précisions seront demandés sur les
items suivants qui n'auraient pas été mentionnés
« J'ai bien noté ce que vous m'avez décrit.
Mais vous ne m'avez pas parlé de . Pouvez-vous m'en dire
plus sur cet aspect ?
écoles, centre de santé, marché, pompe,
barrage ...
|
8. Institutions intervenant dans le village
Quelles sont les structures qui vous accompagnent dans vos
activités ?
En fonction des réponses et des changements
évoqués, des précisions seront demandés sur les
items suivants qui n'auraient pas été mentionnés
« J'ai bien noté ce que vous m'avez décrit.
Mais vous ne m'avez pas parlé de Pouvez-vous m'en dire
plus sur cet aspect ?
CeCPA CLCAM ONG
|
III. Informations sur les changements
cimatiques
Comme je vous l'ai dit au début, nous allons
discuter des changements qui surviennent dans votre
village.
a. Changements ayant intervenu dans le
village
Pouvez-vous nous décrire les événements
importants ayant marqués le village et les années où ils
sont intervenus ?
Quelles sont les causes de ces changements ?
Quels sont les changements qui vous ont plus marqués ?
Si les changements climatiques ne sont pas
évoqués, il faut attirer l'attention du groupe sur les questions
suivantes
b. Changements cimatiques N'avez-vous
constaté un changement dans la pluie, la température, le vent,
l'ensoleillement...?
Avez-vous connus de sécheresses, d'inondations, de grands
vents, de fortes chaleurs, quelles sont les années et comment sont- ils
intervenus ?
Parmi ces événements, lesquels vous-ont le plus
marqué ?
En fonction des réponses et des changements
évoqués, des précisions seront demandés sur les
items suivants qui n'auraient pas été mentionnés
« J'ai bien noté ce que vous m'avez
décrit.
Mais vous ne m'avez pas parlé de Pouvez-vous m'en dire
plus sur cet aspect ?
Pluies Températures Vents Durée de
l'ensoleillement Manifestations climatiques extrêmes (vent, pluie,
orages)
|
|
Si au cours de la conversation, les thèmes
discutés dérivent sur les autres chapitres à aborder, on
passera donc directement à ces thèmes que l'on approfondira,
avant de revenir sur le premier thème.
c. Les causes des changements cimatiques
Vous venez de m'entretenir sur les événements
climatiques que vous constatez dans votre village
Quelles sont selon vous leurs causes ? (Recueillir l'avis des
vieux, des jeunes, des femmes, des migrants)
d. Conséquences des changements climatiques sur le
milieu et le quotidien
Dans votre village, quelles sont les conséquences de ces
événements climatiques sur le sol, les animaux, les cultures, les
habitations, vos activités ... ?
Ces changements ont-ils affecté de la même
manière les différents champs en haut de pente et les champs en
bas de pente ?
En fonction des réponses et des conséquences
évoquées, des précisions seront demandées sur les
items suivants qui n'auraient pas été mentionnés
« J'ai bien noté ce que vous m'avez décrit.
Mais vous ne m'avez pas parlé de Pouvez-vous m'en dire
plus sur cet aspect ?
Conséquences sur le sol, Conséquences sur la faune,
Conséquences sur la flore, Conséquences sur les habitations
Des précisions seront demandées par rapport aux
conséquences des changements climatiques sur le milieu suivant les
différentes zones de paysage.
Vous venez de m'entretenir des conséquences des
changements climatiques sur la zone de paysage ..mais vous ne m'avez pas
parlé des conséquences sur la zone de
paysage (énumérer les noms des zones non
évoquées en langue locale).
|
f- Adaptations réalisées
Aux vues de toutes ces conséquences que vous venez
d'évoquer, dites nous quelles sont les mesures que vous
développez pour y faire face ? (remarque sur conduite des cultures,
élevages, gestion des sols, transformation,...)
En fonction des réponses et des adaptations
évoquées, des précisions seront demandées sur les
items suivants qui n'auraient pas été mentionnés
« J'ai bien noté ce que vous m'avez décrit.
Mais vous ne m'avez pas parlé de Pouvez-vous m'en dire
plus sur cet aspect ?
Conduite des cultures Conduite des animaux d'élevage
Gestion des sols Conditions sociales
Des précisions seront demandées par rapport aux
adaptations suivant les différentes zones de paysage.
Vous venez de m'entretenir des adaptations dans la zone de
paysage mais vous ne m'avez pas parlé
des adaptations dans la zone de paysage
(énumérer les noms des zones non évoquées en
langue
locale).
|
IV. Mots de remerciement
Je vous remercie une fois encore pour votre attention et
votre collaboration. Nous sommes
pratiquement à la fin de notre
entretien. Je voudrais vous laisser la parole si vous désirez revenir
sur
certains aspects de notre entretien.
Après une éventuelle intervention de
l'assemblée nous allons clôturer la séance par ces
mots
Je vous remercie une fois encore d'avoir répondu
présents à mon invitation. Je tiens à vous dire
que
j'ai beaucoup appris de vous. Je voudrais profiter de cette occasion
pour solliciter votre disponibilitépour des entretiens individuels dans
les tous prochains jours pour l'approfondissement des points
débattus
au cours de cet entretien.
Annexe 2: Questionnaire d'entretien individuel à
administrer dans les exploitations
Perceptions, savoirs locaux et stratégies
d'adaptation aux changements climatiques développées par
les
producteurs
Questionnaire d'entretien individuel à administrer au Chef
d'Exploitation (CE) Préliminaires
FICHE N° /___ / Date d'enquête /___ /___ /_09__ /
Nom de
l'enquêteur : .
Caractéristiques
Modalités (à pré-remplir avant
l'enquête)
Département
Communes
Arrondissement
Village
Type d'exploitation
I-Structure de l'exploitation
1. Identification du Chef d'Exploitation Nom et prénoms
du CE :
Origine (Autochtone ; Allochtone)
Depuis quand êtes-vous chef d'exploitation ? .
Appartenance à groupement (s)
Type de groupement(s)
Statut dans le (s) groupement(s)
Accès aux crédits (oui, non) Religion (Animiste,
chrétien, musulman)
2. Composition de l'exploitation
Lien avec CE
|
Ethnie
|
Situation familiale
|
Sexe
|
Age
|
Origine et Situation de
résidence
|
Activité principale
|
Activités secondaires % dans le revenu
|
Possession de champ individuel
|
Niveau d'instruction /Alphabétisation
|
|
|
|
|
|
|
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|
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|
|
|
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|
|
|
|
3. Production végétale
3.1. Relevé des champs cultivés de l'exploitation
cette année
Membre Exploitation
|
|
|
|
|
Champ n° :
|
|
|
|
|
Unités de paysage
|
|
|
|
|
Superficie
|
|
|
|
|
Type de sol
|
|
|
|
|
Mode d'acquisition
|
|
|
|
|
Cultures
|
1er cycle
|
|
|
|
|
2ème cycle
|
|
|
|
|
3.2. Relevé des champs en jachère
Champ n° :
Unités de paysage
Date de mise en jachère
Durée de la jachère
Superficie
Raison de la mise en jachère Type de
jachère
Mode d'acquisition
3.3. Relevé des plantations
Champ n° :
Unités de paysage
Espèces
Age de la plantation
Superficie
Localisation
Mode d'acquisition
Raison d'installation de la plantation
4. Production Animale
Espèces Paramètres
|
Bovins
|
Ovins
|
Caprins
|
Porcins
|
Poulets
|
Canards
|
Effectif vivant
|
Cette année
|
|
|
|
|
|
|
Année passée
|
|
|
|
|
|
|
5.Main d'oeuvre
Type de Main
d'oeuvre
Catégories d'activité
|
Main d'oeuvre familiale
|
Main d'oeuvre salariale
|
Main d'oeuvre communautaire
|
8 à 15 ans
|
16 à 65a ns
|
Plus
de 65 ans
|
8 à 15 ans
|
16 à
65 ans
|
Plus
de 65 ans
|
Aide
|
Entraide
|
8 à 15 ans
|
16 à
65 ans
|
Plus de 65 ans
|
8 à 15 ans
|
16 à
65 ans
|
Plu s de 65 ans
|
Déshe rbage
|
Hommes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Femmes
|
|
|
|
|
|
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|
|
|
|
|
|
Billon nage
|
Hommes
|
|
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|
|
|
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|
|
|
|
|
|
Femmes
|
|
|
|
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|
|
Semis
|
Hommes
|
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|
|
|
|
|
|
|
|
|
Femmes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Déshe rbage
|
Hommes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Femmes
|
|
|
|
|
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|
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|
|
Récolt e
|
Hommes
|
|
|
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|
|
Femmes
|
|
|
|
|
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|
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Transf
|
Hommes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ormati ons
Autres
Femmes
Hommes
Femmes
II-Changements cimatiques
1. Perceptions
Pour vous, ces ... dernières années, la tendance
est :
Pour la pluviométrie
Plus de pluie [ ; Moins de pluiesLi, Pas de changements, Li Ne
sait pas ~
Pour la 1ère saison des pluies
Plus longue LI; Plus courte [II, Pas de changements L, ne sait
pas ~ Plus précoce ? Oui L, Non L, Pas de changements L, ne sait pas ~
Plus tardive ? Oui L, Non L, Pas de changements L, ne sait pas ~
Pour la 2ème saison des pluies
Plus longue Li; Plus courte L, Pas de changements L, ne sait
pas ~ Plus précoce ? Oui Li, Non Li, Pas de changements L, ne sait pas ~
Plus tardive ? Oui L, Non L, Pas de changements Li, ne sait pas ~
Pour la 1ère saison
sèche
Plus longue Li; Plus courte Li, Pas de changements L, ne sait pas
~ Plus précoce ? Oui Li, Non L, Pas de changements L, ne sait pas ~ Plus
tardive ? Oui L, Non L, Pas de changements L, ne sait pas I
Pour la 2ème saison
sèche
Plus longue Li; Plus courte Li, Pas de changements L,
ne sait pas ~
Plus précoce ? Oui Li, Non L, Pas de changements L,
ne sait pas ~
Plus tardive ? Oui Li, Non L, Pas de changements L,
ne sait pas I
Commentaires (En confrontant les réponses sur les saisons
sèches et les saisons des pluies, vous pouvez voir si les
réponses sont cohérentes. Si elles ne le sont pas, demander des
précisions : « pourtant vous m'aviez dit que la saison des pluies
...)
Nombre de jours de pluie pendant la
2ème saison
Augmentation Li , diminution Li , pas de changement Li , ne sait
pas ~
Si changements, à quelle période interviennent-ils
?
Nombre de jours de pluie pendant la
1ère saison
Augmentation Li , diminution Li , pas de changements Li , ne sait
pas ~
Si changements, à quelle période interviennent-ils
? Caractéristiques des pluies :
Nombre de pluies fortes (susceptibles de faire des
dégâts sur les cultures ou les sols) par an :
Nombre de pluies très fortes (susceptibles de faire des
dégâts sur les habitations) ces quinze dernières
années : Les pluies ont tendance à être pour la
1ère saison:
Plus fortes ? LI, Moins fortes ? Li , à la fois plus
fortes pour certaines, plus faible pour les autres LI, Pas de changements Li,
Ne sait pas ~
Les pluies ont tendance à être pour la
2ème saison:
Plus fortes ? LI, Moins fortes ? Li , à la fois plus
fortes pour certaines, plus faible pour les autres LI, Pas de changements Li,
Ne sait pas ~
La répartition des pluies au cours de la
1ère saison La répartition des pluies au cours
de la 2ème saison
La répartition est ? Plus variable [ Plus
régulière LI, La répartition est ? Plus variable Li Plus
régulière Li,
Pas de changements LI, Ne sait pas ~ Pas de changements L, Ne
sait pas ~
L'existence de poches de sécheresse est L'existence de
poches de sécheresse est
Plus nombreuse [ Moins nombreuse ~ Plus nombreuse Li Moins
nombreuse Li Pas de
Pas de changements LI, Ne sait pas ~ changements L, Ne sait pas
~
Manifestations à quelle période ? Manifestations
à quelle période ?
Pour la température
Fait-il :
Plus chaud Oui NonE Pas de changements~, Ne sait pas ~ Plus
froid Oui NonE Pas de changements, Ne sait pas ~ Température
maximale
Augmentation E, Diminution E, Température
minimale
Pas de changement E, Ne sait pas ~ Augmentation Diminution E,
Si changements, à quelles périodes
interviennent-ils ? Pas de changement E, Ne sait pas ~
Pour le vent
Plus de vent Moins de vent Pas de changement Ne sait pas
Caractéristiques des vents :
Nombre de vents forts (susceptibles de faire des
dégâts sur les cultures ou la végétation) par an :
Nombre de vents très forts (susceptibles de faire des
dégâts sur les habitations) ces quinze dernières
années : Les vents ont tendance à être :
Plus forts ? E, Moins forts ? , à la fois plus forts pour
parfois, plus faible d'autres fois~, Pas de changements~, Ne sait pas
~
Pour l'insolation
Plus de soleil Moins de soleil Pas de changement Ne sait pas
Pour nombre de jours ensoleillés
Augmentation Diminution ~ Pas de changement Ne sait pas
Apparition
Précoce Tardive Normale Ne sait pas ~
Pour nombre de jours nuageux
Augmentation Diminution ~ Pas de changement Ne sait pas
Pour les crues
Les crues ont tendance à être:
Durée
Plus longue Moins longue ~
Pas de changement Ne sait pas
Ampleur
ü Etendue : Plus étendue Moins étendue Pas
de changement Ne sait pas
ü Niveau d'eau : Plus élevé Moins
élevé Normal Ne sait pas ~ Autres perceptions des
changements climatiques:
2. Causes des changements climatiques
Quelles sont pour vous les principales causes de ces changements
climatiques ?
Les responsables sont :
Par
|
Les gens du village ?
Oui Non Ne sait pasE
|
Les gens hors du village ?
Oui Non Ne sait pasE
|
Déboisement ?
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
Les feux de brousse ?
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
L'augmentation des surfaces cultivées ?
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
Non respect des divinités ?
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
Non respect des normes sociales ?
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
Avortement des nuages ?
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
Non respect du calendrier cultural ?
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
Oui
|
Non Ne sait pas
|
Autres actions
|
|
|
|
|
La nature ? Oui Non Ne sait
pasE Les divinités ? Oui Non Ne sait pas
Autres ? Préciser
3. Les conséquences sur le milieu
Dans l'unité de paysage quels sont les
conséquences les plus visibles sur le milieu des changements climatiques
?
Rubriques
|
Questions
|
|
|
|
Zone1
|
Zone2
|
Zone3
|
Espèces végétales
|
Avez-vous constaté sur cette unité de paysage que
des espèces végétales ont disparu ? Si oui lesquelles ?
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pas
|
Avez-vous constaté sur cette unité de paysage que
des espèces végétales sont apparues ? Si oui lesquelles
?
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pas
|
Avez-vous constaté sur cette unité de paysage des
espèces végétales qui ont proliféré ? Si oui
lesquelles ?
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pas
|
Avez-vous constaté sur cette unité de paysage des
espèces végétales qui ont fortement diminué ? Si
oui lesquelles ?
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pas
|
Espèces animales
|
Avez-vous constaté sur cette unité de paysage que
des espèces animales ont disparu ? Si oui lesquelles ?
|
OuiC, NonE, Ne sait pasi
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pas
|
Avez-vous constaté sur cette unité de paysage que
des espèces animales sont apparues ? Si oui lesquelles ?
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pas
|
Avez-vous constaté sur cette unité de paysage des
espèces animales qui ont proliféré ? Si oui lesquelles
?
|
OuiC, NonE, Ne sait pasi
|
OuiC, NonE, Ne sait pasE
|
OuiC, NonE, Ne sait pasE
|
-Avez-vous constaté sur cette unité de paysage des
espèces animales qui ont fortement diminué ? Si oui lesquelles
?
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
OuiC, NonE, Ne sait pasE
|
OuiC, NonE, Ne sait pasE
|
Rubriques
|
Questions
|
Zone1
|
Zone2
|
Zone3
|
Bas-fonds ou points d'eau temporaire
|
Avez-vous constaté dans cette unité de paysage que
les niveaux d'eau dans les bas-fonds/point d'eau temporaire ont augmenté
ou diminué pendant les saisons pluvieuses ?
|
AugmentationE, DiminutionE, Stable, Ne sait pas
|
AugmentationE, Diminution, Stable, Ne sait pas
|
AugmentationE, Diminution, Stable, Ne sait pas
|
Avez-vous constaté dans cette unité de paysage que
les niveaux d'eau dans les bas-fonds/point d'eau temporaire ont augmenté
ou diminué pendant les saisons sèches ?
|
AugmentationE, DiminutionE, Stable, Ne sait pas
|
AugmentationE, Diminution, Stable, Ne sait pas
|
AugmentationE, Diminution, Stable, Ne sait pas
|
Champs inondés temporairement
|
Avez-vous connu dans cette unité de paysage des parcelles
inondées temporairement ?
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pas
|
Si Oui, leur importance A quelles périodes interviennent-
elles
|
Très peu I ; Peui ; Beaucoupi
|
Très peui ; Peui ; Beaucoupi
|
Très peui ; Peui ; Beaucoupi
|
Erosion
|
Avez-vous observé des rigoles d'érosion dans cette
unité de paysage?
|
OuiI, NonE, Ne sait pasi
|
Oui~, Non, Ne sait pas
|
Oui~, Non, Ne sait pas
144
|
Avez-vous constaté des ensablements des mares et plans
d'eau dans cette unité de paysage ?
|
OuiE, NonE, Ne sait pasi
|
Oui~, NonE, Ne sait pasE
|
Oui~, NonE, Ne sait pas
|
4. Conséquences sur le quotidien
Quelles sont pour vous les conséquences les plus
importantes de ces changements sur votre quotidien ces ... dernières
années ?
> 1ère saison
Spéculation
|
Questions
|
Zone1
|
Zone2
|
Zone 3
|
Maïs
OuiLl NonLi
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
Manioc
OuiLl NonLi
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
Niébé
OuiLl NonLi
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
Arachide OuiLl NonLi
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
Patate douce OuiLl NonLi
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
Cultures maraîchères (tomate, piment )
OuiLIl NonLil
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
> 2ème Saison
Spéculation
|
Questions
|
Zone1
|
Zone2
|
Zone3
|
Maïs
OuiLIl NonLil
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
Arachide OuiLIl NonLil
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
Patate douce OuiLIl NonLil
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
Cultures maraîchères (tomate, piment )
OuiLIl NonLil
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
> 3ème Saison
Spéculation
|
Questions
|
Zone1
|
Zone2
|
Zone3
|
Maïs
OuiLl NonLi
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
Arachide OuiLl NonLi
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
Patate douce OuiLl NonLi
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
Cultures maraîchères (tomate, piment )
OuiLIl NonLil
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
Niébé
OuiLl NonLi
|
Si oui Estimation en % des pertes ou gains de récolte
|
|
|
|
Si oui Principales causes ?
|
|
|
|
Quels sont les autres conséquences sur
:
Les habitations
Décoiffement des toitures OuiLl Non
Démolissage des murs Oui E Non
Autres
Les autres biens individuels Oui E NonE si oui lesquels ? Les
biens collectifs Oui E Non
Lesquels ?
Les autres conséquences sur la santé
humaine Avez-vous constaté que des maladies sont apparues ? Oui
E , Non E , Ne sait pasE Si Oui, lesquelles ?
|
Avez-vous constaté que des maladies ont disparu? Oui E ,
Non E , Ne sait pasE Si Oui, lesquelles ?
Avez-vous constaté la recrudescence de certaines maladies
?
Oui E , Non E , Ne sait pasE Si Oui, lesquelles ? Autres
|
Quels sont les autres conséquences sur
l'approvisionnement en eau ? Mauvaise qualité des eaux Oui E
Non
Autres
Quels sont les problèmes causés par les
changements climatiques sur vos animaux ?
Conséquences sur
|
Ovins
|
Caprins
|
Porcins
|
Volailles
|
Autres
|
Apparition de certaines
maladies. Si oui, Lesquelles
|
Oui NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui NonE
|
Recrudescence de certaines maladies. Si oui, Lesquelles
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Disparition de certaines
maladies ? Si oui, Lesquelles
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Difficultés de pâture pour alimentation ?
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Baisse de performances ?
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Autres
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Oui
|
NonE
|
Pensez vous que ces changements ont un effet sur les
conditions de vie du ménage ? Si oui, comment ?
- Augmentation du revenu ? Oui Non
- Baisse du revenu ? Oui Non
- Autres ? (préciser)
Si modification du revenu : quels sont les postes de
dépenses nouveaux (augmentation du revenu) ou que vous ne pouvez plus
payer (diminution des revenus) ?
5. Adaptations réalisées
Dans les différentes unités de paysage où
vous avez des parcelles, quelles mesures avez-vous adoptées pour faire
face aux changements climatiques subis ces 15 dernières
années?
5 a- Adaptations réalisées (pratiques
agricoles)
Rubriques
|
|
Questions
|
|
Zone 1
|
|
Zone 2
|
|
Zone 3
|
Changement cultures
Oui~ Non
|
de
|
Abandon de cultures Si Oui, lesquelles ?
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Nouvelles cultures Si Oui, lesquelles ?
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Abandon de variétés de culture Si Oui,
lesquelles ?
|
Oui~
|
Non
|
Oui~
|
Non
|
Oui~
|
Non
|
Nouvelles variétés de culture Si Oui,
lesquelles ?
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Déplacement culture
Oui Non
|
de
|
Déplacement de cultures Si Oui, lesquelles ?
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Le déplacement de ces cultures s'effectue de :
Unité de paysage vers unité de
paysage
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Le déplacement de ces cultures s'effectue de saison vers
saison....
|
|
|
|
|
|
|
Evolution emblavures
Oui Non
|
des
|
Extension de surface totale cultivée
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Diminution de surface totale cultivée
Pourquoi ?
|
Oui~
|
Non
|
Oui~
|
Non
|
Oui~
|
Non
|
Changement parcelles/sites
Oui Non
|
de
|
Changement de parcelles/site Si oui, le
changement s'est effectué de :
Unité de paysage vers unité de
paysage
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Changement d'itinéraire technique
|
|
Modification de la pratique de labour
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Modification de la date de semis
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
OuiE Non
Si oui, précision de la mesure (pour les
réponses cochées oui)
|
Modification dans les pratiques de désherbage
|
Oui
|
Non
|
Oui0
|
Non
|
Oui0
|
Non
|
Modification dans les pratiques d'association de cultures
|
Oui0
|
Non
|
Oui0
|
Non
|
Oui0
|
Non
|
Modification dans les pratiques de rotation de cultures
|
Oui0
|
Non
|
Oui0
|
Non
|
Oui0
|
Non
|
Modification dans les pratiques de fertilisation du sol
|
Oui0
|
Non
|
Oui0
|
Non
|
Oui0
|
Non
|
Modification dans les pratiques de protection phytosanitaire
|
Oui0
|
Non
|
Oui0
|
Non
|
Oui0
|
Non
|
Modification dans les pratiques de récolte
|
Oui0
|
Non
|
Oui0
|
Non
|
Oui0
|
Non
|
Modification dans les pratiques de
stockage/conservation des produits agricoles
|
Oui 0
|
Non
|
Oui 0
|
Non
|
Oui 0
|
Non
|
Quelles sont les activités que vous avez dû
développer pour faire face aux problèmes induits par les
changements climatiques ?
Nouvelles activités agricoles
Elevage d'animaux Oui Non Si oui, lesquels ?
Pêche Oui Non ~
Transformation de charbon Oui Non ~
Vente de bois de chauffe Oui Non ~
Transformation agroalimentaire Oui Non ~
Autres .
Nouvelles activités non agricoles
Commerce Oui Non ~
Activités artisanaux Oui Non ~
Autres
Quelles sont les activités que vous avez dû
abandonner pour faire face aux problèmes induits par les changements
climatiques ?
Abandon d'activités agricoles
Elevage d'animaux Oui Non Si oui, lesquels ?
Pêche Oui Non ~
Transformation de charbon Oui Non ~
Vente de bois de chauffe Oui Non ~
Transformation agroalimentaire Oui Non Si oui, lesquels ?
Autres
Abandon d'activités non agricoles
Commerce Oui Non ~
Activités artisanaux Oui Non ~
Autres
Face aux conséquences des changements climatiques dans les
différentes unités de paysage où vous avez des parcelles,
quels sont les aménagements qui y ont été
réalisés ?
5 b. Adaptations réalisées
(aménagement)
Rubriques
|
Questions
|
Zone 1
|
|
Zone 2
|
|
|
Zone 3
|
Aménagement individuel
|
anti érosif
|
OuiLI
|
Non[I1
|
OuiLI
|
Non[I1
|
Oui[I1
|
Non[I1
|
Installation de brises vent
|
OuiLI
|
Non[I1
|
OuiLI
|
Non[I1
|
Oui[I1
|
Non[I1
|
Réalisation de drain
|
OuiLI
|
Non[I1
|
OuiLI
|
Non[I1
|
Oui[I1
|
Non[I1
|
Rétention d'eau du sol
|
OuiLI
|
Non[I1
|
OuiLI
|
Non[I1
|
Oui[I1
|
Non[I1
|
Irrigation
|
OuiLI
|
NonLi
|
OuiLI
|
NonLi
|
OuiLl
|
NonLi
|
Autres
|
OuiLI
|
NonLi
|
OuiLI
|
NonLi
|
OuiLl
|
NonLi
|
Aménagement collectif
|
Anti érosif
|
OuiLI
|
Non[I1
|
OuiLI
|
Non[I1
|
|
|
Installation de brises vent
|
OuiLI
|
Non[I1
|
OuiLI
|
Non[I1
|
Oui[I1
|
Non[I1
|
Réalisation de drain
|
OuiLI
|
Non[I1
|
OuiLI
|
Non[I1
|
Oui[I1
|
Non[I1
|
Rétention d'eau du sol
|
OuiLI
|
NonI1
|
OuiLI
|
NonI1
|
OuiI1
|
NonI1
|
Irrigation
|
OuiLI
|
NonLi
|
OuiLI
|
NonLi
|
OuiLl
|
NonLi
|
Autres
|
OuiLI
|
NonLi
|
OuiLI
|
NonLi
|
OuiLl
|
NonLi
|
Quelles sont les stratégies que vous développez
dans la conduite de vos animaux d'élevage pour faire face aux
changements climatiques ?
Introduction de nouvelles races Oui~ Non~
Modification de l'alimentation des animaux OuiLI] Non~
Autres
Si oui, précision de la mesure (pour les réponses
cochées oui)
Avez-vous développé d'autres techniques pour faire
face aux changements climatiques ? OuiLI NonLI
Si oui, lesquels ?
4. Adaptations prévues
Eu égard aux différentes stratégies que vous
développez actuellement face aux changements climatiques, quelles sont
celles que vous prévoyez mettre en oeuvre pour vos adaptations futures
?
6 a- Adaptations prévues (pratiques agricoles)
Itinéraire technique
Quelles sont les différentes mesures d'adaptation que vous
prévoyez mettre en oeuvre concernant votre itinéraire technique
pour faire face aux conséquences changements climatiques vécus
sur vos parcelles?
Quelles sont les activités que vous prévoyez
développer pour faire face aux problèmes induits par les
changements climatiques ? Nouvelles activités agricoles
Elevage d'animaux Oui ~ Non ~
Si oui, lesquels ?
Transformation agroalimentaire Oui ~ Non ~
si oui, lesquelles ?
Autres
|
Pêche
Oui LI] Non ~
Transformation de charbon
Oui LI Non LI
Vente de bois de chauffe
Oui LIl Non ~
|
Nouvelles activités non agricoles
Commerce Oui ~ Non ~
Activités artisanaux Oui ~ Non ~
Autres
Quelles sont les activités que vous prévoyez
abandonner pour faire face aux problèmes induits par les changements
climatiques ?
Autres
6 b. Adaptations prévues
(aménagement)
Quelles sont les aménagements individuels que vous
prévoyez mettre en oeuvre pour adapter aux effets néfastes du
changements climatiques ?
Prévoyez-vous des aménagements collectifs au niveau
de votre communauté villageoise pour faire face aux changements
climatiques?
Quelles sont les stratégies que vous vous prévoyez
développer dans la conduite de vos animaux d'élevage pour faire
face aux changements climatiques ?
Transhumance OuiLI] Non~
Introduction de nouvelles races Oui~ Non~
Modification de l'alimentation des animaux OuiLI] Non~
Autres
Si oui, précision de la stratégie (pour les
réponses cochées oui)
Prévoyez-vous développer d'autres techniques pour
faire face aux changements climatiques ? OuiLI] Non~
Si oui, lesquelles ?
Mots de fin
Annexe 3 : Données sur les mesures
d'adaptation
R E
Ty zon zon Zon ABAND ADO DPZ DPZ EXTE LAB FERTC O DR OUIC
NONC L pes es 1 e 2 e 3 ARCH PRIZ 1V2 1V3 MBLV SEC HIM T AIN RED RED
V
po
|
11
|
3
|
4
|
7
|
0
|
0
|
1
|
3
|
11
|
8
|
3
|
2
|
2
|
9
|
9
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
pn
|
10
|
2
|
2
|
5
|
3
|
0
|
1
|
0
|
8
|
6
|
2
|
1
|
1
|
9
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
mo
|
16
|
11
|
6
|
9
|
6
|
5
|
5
|
15
|
16
|
7
|
6
|
4
|
1
|
15
|
3
|
mn
|
10
|
3
|
3
|
5
|
1
|
2
|
1
|
7
|
10
|
6
|
3
|
1
|
4
|
6
|
9
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
go
|
17
|
14
|
8
|
12
|
1
|
11
|
3
|
16
|
17
|
16
|
9
|
5
|
9
|
8
|
7
|
gn
|
6
|
4
|
3
|
5
|
0
|
6
|
6
|
5
|
6
|
6
|
2
|
2
|
2
|
4
|
6
|
- Corrélation Matrix
Correlation Matrix
|
zones1
|
zone2
|
Zone3
|
ABANDARCH
|
ADOPRIZ
|
DPZ1V2
|
DPZ1V3
|
EXTEMBLV
|
zones1
|
1.0000
|
0.8587
|
0.8746
|
0.9035
|
0.5155
|
0.4907
|
-.0072
|
0.8067
|
zone2
|
0.8587
|
1.0000
|
0.9644
|
0.9426
|
0.3628
|
0.8517
|
0.4306
|
0.9488
|
Zone3
|
0.8746
|
0.9644
|
1.0000
|
0.9846
|
0.2046
|
0.7958
|
0.2924
|
0.9111
|
ABANDARCH
|
0.9035
|
0.9426
|
0.9846
|
1.0000
|
0.2165
|
0.7423
|
0.1937
|
0.8432
|
ADOPRIZ
|
0.5155
|
0.3628
|
0.2046
|
0.2165
|
1.0000
|
-.0203
|
0.2260
|
0.3807
|
DPZ1V2
|
0.4907
|
0.8517
|
0.7958
|
0.7423
|
-.0203
|
1.0000
|
0.5923
|
0.8049
|
DPZ1V3
|
-.0072
|
0.4306
|
0.2924
|
0.1937
|
0.2260
|
0.5923
|
1.0000
|
0.4509
|
EXTEMBLV
|
0.8067
|
0.9488
|
0.9111
|
0.8432
|
0.3807
|
0.8049
|
0.4509
|
1.0000
|
LABSEC
|
0.9831
|
0.8882
|
0.9225
|
0.9243
|
0.4416
|
0.5506
|
0.0685
|
0.8713
|
FERTCHIM
|
0.6957
|
0.7783
|
0.8538
|
0.8897
|
-.1725
|
0.7576
|
0.0038
|
0.6383
|
ROT
|
0.9091
|
0.9665
|
0.9777
|
0.9752
|
0.2530
|
0.7950
|
0.1986
|
0.9088
|
DRAIN
|
0.8250
|
0.9787
|
0.9733
|
0.9583
|
0.2890
|
0.8320
|
0.4642
|
0.8986
|
OUICRED
|
0.4956
|
0.6206
|
0.6871
|
0.6822
|
-.3620
|
0.7393
|
-.0831
|
0.5763
|
NONCRED
|
0.7012
|
0.4420
|
0.4051
|
0.4411
|
0.8684
|
-.0632
|
0.0602
|
0.4208
|
ELV
|
0.9523
|
0.8744
|
0.8739
|
0.9198
|
0.3757
|
0.6155
|
-.0312
|
0.7738
|