Protection et Gestion du patrimoine culturel du Cameroun
: Proposition pour la mise en valeur des sites archeologiques.
(François NGOUOH)
Liste des acronymes et abréviations utilises
- CEO Mount Cameroon: Mount Cameroon Inter-communal Ecotourism
Board.
- DSRP : Document de stratégie pour la réduction de
la pauvreté.
- ICOM : Conseil international des musées.
- ICOMOS: Conseil international des monuments et sites. - MI
NCULT : Ministere de la culture du Cameroun.
- MI NTOUR : Ministere du tourisme du Cameroun. - OMT :
Organisation mondiale du tourisme.
- PIB : Produit intérieur brut.
- RCA : République centrafricaine.
- REPAC : Réseaux des aires protégées
d'Afrique centrale.
- UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education la
Science et la Culture.
Les temoins materiels du passe que sont les sites
archeologiques et les vestiges qui leur sont associes sont des destinations
touristiques mondialement reconnues. Ils constituent des sources d'entree de
devises pour les economies des pays tels l'Egypte, le Canada ou la France. Ces
pays figurent parmi les meilleures destinations touristiques proposees par les
tours operateurs. En 2009, la France a regu pr$s de 74 millions de visiteurs
internationaux, pour un revenu de 42 millions de millions de dollars. L'apport
du tourisme dans le PIB frangais est de 6,4 %. En Egypte, le tourisme a employe
en 2010 pr$s de 12 % de la population active. Le pays a ete visite par 13
millions de touristes internationaux ce qui a rapporte pr$s de 7 milliards de
dollars, et pour un apport de 11 % au PIB1.
Le Cameroun est generalement presente comme une Afrique en
miniature. Les auteurs de cette assertion se basent sur le fait que, de par sa
position geographique, le pays est depuis la prehistoire jusqu'a l'epoque
actuelle la zone de rencontre de peuples venus d'Afrique de l'ouest, du centre,
de l'est et du Sahara2. Le brassage des populations aux modes de vie
differents qui y vivent en est une illustration. Du sud vers le nord il
coexiste une association foret -- savane -- sahel, et celle-ci influence les
mceurs et coutumes des peuples qui y vivent depuis des millenaires3.
Le Reverend Pere Engelbert MVE NG, avait declare que : « le
Cameroun regorge de bien des vestiges de la présence ancienne
de l'homme (...) les gravures rupestres du Nord-Cameroun, les urnes
funéraires de la période sao, les outils taillés et les
pierres polies »4. Bien que disposant a l'epoque de tres
peu de donnees, ces observations furent confirmees quelques annees plus tard
par de nombreuses decouvertes. A ce jour, il est admis que les plus anciennes
traces materielles de presence humaine remontent a pr$s de 30 000
ans5. En plus des vestiges enumeres en 1992, on peut citer d'autres
tels les fragments et tessons de poterie, les pierres levees, les tessons de
verre et perles d'origine europeenne de la periode precoloniale. Tous ces
temoins ont ete recoltes pendant les campagnes de fouille de sites de plein
air, d'abris sous roche ou de grottes6. Les structures megalithiques
de l'Adamaoua et des Grassfields, les
1
www.omt.org consulte le 25 avril
2011
2 ASOMBA NG, R. (1988). Bamenda in Prehistory (the
evidence from Fiye Nkwi, Mbi Crater and Shum laka rock shelters). Ph.D
thesis, University of London, 496 pages.
ATA NGA NA C. (1992) Les fosses d'Okolo (sud du Cameroun):
fouiles et axes de recherches in Nyame Akuma, 38,
pp.7-13. FROME NT, A. GUFFROY, J. (2003). (Ed.) Peuplements anciens et
actuels des forêts tropicales. Editions IRD, Collection Colloques et
Seminaires, Paris, 358 pages.
3
www.mintour.gov.cm consulte le
10 mars 2011
4 MVE NG (E.), ESSOMBA (J.M.), De MARET(P.), MARLIAC
(A.), WAR NIER (J.-P.), (1992), Table ronde, peuplement ancien du Cameroun,
In L'archeologie au Cameroun, ESSOMBA, J.M., (ed), Khartala,
Paris, pp. 323 -- 325.
5 LAVACHERY, P. (1998 b). Le peuplement des grassfields :
recherches archéologiques dans l'ouest du Cameroun, in Afrika
Focus, Vol. 14, Nr. 1, 1998, pp. 17-36.
6 ATEBA, L. F. (2003). Preliminary study of lithic
material from the Ocean division. Memoire de maitrise, Universite de
Yaounde I, 80 pages.
LAVACHERY, P., MacEACHER N, S., TCHAGO, B., GOUEM GOUEM, B., KI
NYOCK, P., MBAIRO, J., MBIDA, C., et NKOKO NDA, O. (2005 b). Kome to Ebome:
Archaeological research for the Chad Export Project, 1999-2003 in Journal
of African Archaeology 312, pp 175 -- 193.
GOUEM GOUEM, B. (2005). Archéologie de la cote
méridionale camerounaise. Données préliminaires pour
l'étude du peuplement holocene du bas -- Nyong, Memoire de DEA,
Universite Libre de Bruxelles, 130 pages.
MBIDA, C. (1992). Etude préliminaire du site de
Ndindan et datation d'une premiere série de fosse. In L'archeologie
au Cameroun, ESSOMBA, J.M., (Ed), Khartala, Paris, pp 263-284.
NGOUOH, F. (2008). Archéologie du Littoral Atlantique
camerounais: Etude des sites du bassin de la Lokoundjé. Memoire de
DEA, Universite de Yaounde I, 122 pages.
gravures rupestres de la region de Bidzar, les abris sous
roche de la zone de Bamenda ou les sites a fosse de Yaounde et du littoral
camerounais en sont des exemples. Bien qu'ils attestent d'une occupation
humaine depuis le paleolithique, ils ne sont pas mis en valeur. Et, malgre ces
potentialites importantes l'industrie du tourisme joue encore un role mineur
dans l'economie camerounaise en ne representant que 2,5 % du
PIB7.
Le Cameroun regorge d'un patrimoine culturel et naturel
diversifie et varie qui merite d'être mis en valeur, mais qui ne
beneficie pas d'actions de protection, de conservation et de valorisation. Ces
constatations soulevent le probleme de la gestion des sites historiques et
archeologiques a valeur patrimoniale au Cameroun. On peut des lors se demander
s'il est possible de promouvoir les richesses naturelles et culturelles du
Cameroun a l'exemple des paysages naturels ou les realisations culturelles
des Grassfields ? Ce questionnement est oriente vers une mise en
valeur du patrimoine archeologique constitue de pierres levees, et reconnues
comme des temoignages du mode de vie des hommes du passe. Il souleve la
problematique du role et de la place des structures en pierre dans les societes
anciennes. En y ajoutant un volet socio-anthropologique il peut aider a
comprendre leur fonction dans les societes actuelles et a emettre des
hypotheses sur celles du passe. Vu dans un angle de valorisation de ce
patrimoine, on peut s'interroger sur les enjeux d'une mise en valeur des
vestiges du passe dans les societes actuelles ? Quel inter=t y a-t-il a
valoriser le patrimoine archeologique du Cameroun en general et
particulierement les sites a megalithiques des Grassfields ? Quel
mecanisme peut etre elabore pour valoriser et promouvoir ce patrimoine pourtant
present mais dont on parle tres peu au Cameroun ? Au vu des activites humaines
du passe, de la dynamique d'occupation de l'espace et d'une approche integree
de la culture materielle, quelle est la place accordee par les populations
actuelles a ces temoins materiels ?
Selon la legislation en vigueur au Cameroun8, la
gestion du patrimoine s'accompagne de mesures de protection et de mise en
valeur de ce dernier. Cette preoccupation s'inscrit dans deux composantes : une
d'ordre economique et l'autre d'ordre social. Aucune societe ou pays ne peut en
effet se separer de ses deux elements ou de l'un des deux dans tout effort de
valorisation de son patrimoine.
Dans le cadre de cette etude, qui voudrait montrer la
possibilite pour le Cameroun de mettre en valeur son patrimoine culturel en
general et particulierement son patrimoine archeologique, nous essaierons
d'abord d'y faire l'etat de la question en matiere de tourisme et du patrimoine
culturel. Ensuite, nous ferons une proposition de reponse au probleme de la
valorisation des biens culturels en general, et particulierement des sites
archeologiques et les vestiges qui leur sont associes. Nous focaliserons nos
exemples sur les sites a megalithes de la region des Grassfields. Mais
il est important de savoir que cet exemple peut etre applique a n'importe quel
site archeologique du Cameroun.
NLE ND NLE ND, P. R., (2002). Inventaire des sites
archéologiques de Kribi a Campo : études préliminaires des
sites Malongo 1, Allendé-Dibé 3 & Boussibiliga 1.
Memoire de maitrise, Universite de Yaounde I, 118 pages.
7 Chiffre donne lors d'une interview en 2010 par S.E
El Hadj Baba Hamadou, ministre dut tourisme. Consultable sur le site :
http://www.afrik.com/article19928.html.
8 Loi n°91/008 du 30 juillet 1991 portant
protection du patrimoine naturel et culturel national.
Cadre conceptuel.
> Le mégalithisme.
S'il est aujourd'hui admis que les megalithes constituent les
premieres formes d'architecture de pierre, leur fonction premiere reste encore
a elucider dans certaines regions du monde. Selon son etymologie, le mot vient
du grec megas (grand) et de lithos (pierre). Il s'agit d'un
monument forme de gros blocs de pierres brutes9. Le terme designe
les monuments de pierres souvent de grandes dimensions dresses par les hommes
du passe. Dans le monde, chacune de ces structures a ses caracteristiques.
Elles ne sont pas homogenes et different en fonction des regions of., elles
sont localisees. Les interrogations sur le megalithisme ont souleve la question
de la fonction premiere de ces structures de pierre dans le passe. Dans
differentes societes et regions du monde, elles furent levees par des groupes
n'ayant eu aucun lien et aucun contact. Pour ceux ayant herite de ces temoins,
la seule connexion est souvent le fait de partager ou d'heriter du meme
territoire que les batisseurs des structures observees qui sont a juste titre
considerees comme les traces de leur presence ancienne10. Selon
GUILAI NE11, les megalithes auraient eu une fonction religieuse en
Europe, notamment entre 8000 et 2000 ans avant l'ere chretienne. Il pense en
effet que leur erection etait liee aux rites des morts. Les fouilles effectuees
A proximite de ces structures de pierre ont permis aux archeologues de leur
attribuer une fonction funeraire. Mais, dans d'autres regions, cette idee est
loin de faire l'unanimite.
En Afrique ou ils ont fait l'objet de nombreuses etudes, il y
a des monuments de style chambre a couloir de type dolmen, des coffres
megalithiques, des pierres dressees, des steles et des tumulus qui remontent
pour les plus anciens au 5eme millenaire avant Jesus-Christ. Une
extrapolation des donnees a conduit a l'attribution de la meme fonction, ou
parfois a une origine commune a ces temoins du passe. Mais, toutes ces theses
ont a ce jour ete battues en breche. S'il est vrai que le cote religieux
apparait dans les etudes, la fonction cultuelle est plus presente. Jusqu'a une
date recente les monuments de pierre etaient levees A Madagascar. Selon les
traditions des hommes de cette region, c'etait pour des raisons funeraires ou
pour commemorer un evenement important. Certains monuments de pierre ont
souvent ete eriges par des vivants pour des raisons diverses et variees : a
leur propre gloire ou pour s'elever d'un degre dans la monarchie des notables
des villages.
Andre VARAG NAC12 affirme que : « la pierre
dressée suscitait, consacrait, fécondait des mariages ;
la pierre levée et plus encore le cercle de pierre étaient le
siege périodique ou saisonnier de la justice,
9 Le Nouveau Petit Robert, dictionnaire alphabetique
et analogique de la langue frangaise, edition de 1994.
10 PARIS, R. (2010). La disparition de la
civilisation mégalithique sans laisser d'autres traces que de grandes
pierres : une grande continuité de l'histoire de la
société humaine, disponible en ligne sur
http://www.matierevolution.fr/spip.php?article1618.
11 GUILAI NE, J. (2003). De la vague a la tombe,
La conquête néolithique de la Méditerranée
(8000-2000 avant J.-C.), Bulletin de la Societe prehistorique frangaise,
Vol. 100, N° 4, pp. 818-822,
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_2003_num_100_4_12923.
12 VARAG NAC, A. (1962). Les civilisations
mégalithiques, Economie, Societe, Civilisations, 17ème
annee, N°2, pp 332 -- 342, disponible en ligne sur :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-
2649_1962_num_17_2_420829.
principalement criminelle ». On pourrait
egalement se demander s'il ne s'agit pas d'une fonction secondaire, celle
acquise par le monument a partir du moment ou le role principal ou primitif a
ete perdu.
Tous ces ensembles de pierres reconnus constituent le patrimoine
du continent africain. > Qu'est-ce que le Patrimoine ?
La convention de l'U NESCO adoptee en 197213,
classe les structures de pierre dans la categorie du patrimoine culturel
tangible en gros, mais de maniere specifique il s'agit du patrimoine
archeologique. La notion de patrimoine qui vient du latin patrimonium
est l'equivalent en langue anglaise du mot heritage. Dans le droit
romain en effet, il designait l'ensemble des biens recueillis par
succession14. Le concept de patrimoine culturel apparait au
17eme siècle avec un usage metaphorique qui est d'origine
antique. Du fait de son etymologie, il est employe de fagon plus ou moins
large, et ses connotations ou equivalences different selon qu'il s'agisse du
monde latin ou anglo saxon a partir des annees 193015. Depuis les
annees 1950, il a integre l'ensemble de temoins materiels de l'homme et de son
environnement. C'est ainsi qu'on parlera de patrimoine folklorique,
scientifique, industriel ou culturel. Parlant du patrimoine culturel, la
definition fiable qui est celle de l'U NESCO est la suivante : « ...
sont consideres comme patrimoine culturel : - les monuments : ceuvres
architecturales, de sculpture ou de peintures monumentales, (...) -- les
ensembles : groupes de construction isoles ou reunis, (...) en raison de leur
architecture (...) -- les sites : ceuvres de l'homme et de la nature
»16.
Parce que partie integrante du patrimoine culturel, les sites
archeologiques et les objets qui leur sont associes doivent etre proteges par
le biais de lois locales, nationales, regionales ou internationales. Cette
protection doit se fonder sur l'idee selon laquelle : il s'agit d'un patrimoine
commun, et non celui des individus et a cet effet ils se doivent de le mettre a
l'abri de toute forme de destruction, degradation ou
alteration17.
> Quelle place pour les biens archeologiques ?
L'archeologie est definie comme l'etude des temoins materiels
du passe et grace auxquels il est possible de comprendre et d'expliquer les
modes de vie, les us et coutumes de ceux qui nous ont precede. Des lors, une
attention particulière doit etre accordee aux vestiges archeologiques
par des actions de protection et de gestion, lesquelles peuvent permettre aux
savants et scientifiques de comprendre, d'expliquer au nom des generations
presentes et a venir les changements culturels. Il est
13 UNESCO, (1972). Convention concernant la
protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, consultable en
ligne sur :
http://whc.unesco.org/fr/conventiontexte
/
14DESVALLEES, A., MAIRESSE, F. (2010). Concepts
cles de museologie, ICOM (ed.), Armand Collin, Paris, 87 pages
15DESVALLEES, A. (1985). Emergence et cheminement du mot
patrimoine, Musees et collections publiques de France, N° 208,
Septembre, pp. 6 -- 29
16 UNESCO, (1972). Convention concernant la
protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, consultable en
ligne sur :
http://whc.unesco.org/fr/conventiontexte
/
17 ICOMOS, (1990). Charte internationale pour la
gestion du patrimoine archéologique.
donc important que des mesures de protection dans l'optique
d'une conservation et d'une valorisation soient mises en place. Ce patrimoine
peut etre conserve et valorise dans des structures specialisees que sont les
musees ou in situ (ecomusees, ou musees a ciel ouvert).
A cet effet, l'ICOMOS suggere la participation active de la
population locale a la conservation du patrimoine archeologique. Cette
participation est essentielle et importante a partir du moment of., il s'agit
du patrimoine, des us et coutumes des peuples concernes. Celle-ci doit etre
fondee sur l'acces aux connaissances18. Le concept de conservation
integree ou de conservation in situ qui y puise son sens place les
populations locales au centre de la conservation et des operations de gestion
de leur patrimoine culturel.
> Protection et conservation du Patrimoine : Les
Musées.
Selon Engelbert MVE NG19, la protection du
patrimoine est l'allusion qu'on fait a un certain nombre de mesures
legislatives qui ont pour but d'assurer la sauvegarde des biens culturels d'un
pays. Ces biens constituent un heritage comprenant habituellement les sites,
les monuments, les ceuvres d'art ou tout produit de la creativite des individus
ou des groupes qui constituent le peuple de ce pays. Les mesures doivent lutter
et eviter l'alienation, l'exportation, la vente, la destruction des biens qui
constituent le patrimoine. Lui-meme ne devant pas etre constitue des seuls
produits du genie createur d'un peuple, mais aussi les biens materiels,
spirituels, intellectuels, la faune, la flore, les richesses du sol et du
soussol. La conservation vise a creer des conditions de preservation optimales
aux biens appartenant au patrimoine, de telle sorte qu'ils soient mis a l'abri
des deteriorations dues soit a la nature soit a l'homme. Le but final est de
leguer a la posterite un acces aupres de son patrimoine culturel tout en
gardant son integrite et sa verite historique. Les musees representent un
aspect de la protection et de la conservation du patrimoine culturel.
Le musee ancien a fait place A de nouveaux modes de gestion du
patrimoine. Des collections d'antiquites ne sont plus les seules a occuper une
place dans ces structures comme ce fut le cas au 18eme siècle
en Europe. Actuellement, font partie des collections des musees les temoins
materiels et immateriels des societes humaines qu'il s'agisse de celles du
passe ou celles de l'epoque presente. Et une volonte d'integrer de plus en plus
les communautes locales dans la gestion du patrimoine presente dans les musees
a conduit A l'emergence du concept de conservation integree, qui est liee a la
notion de musee au service du developpement local. Pour Georges Henri
RIVIERE20, un ecomusee ou musee de societe est un miroir dans lequel
une population se regarde, pour s'y reconnaitre, of., elle recherche
l'explication du territoire auquel elle est attachee, jointe aux peuples
l'ayant precede dans la discontinuite ou la continuite des generations. Ce
miroir est presente aux h6tes pour mieux se faire comprendre dans le respect de
son travail de son comportement, de son intimite. L'homme y est
18 ICOMOS, (1990). Charte internationale pour la
gestion du patrimoine archéologique.
19 MVE NG, E. (1992), Protection et conservation du
patrimoine culturel : A quand le musee national du Cameroun, In
L'archeologie au Cameroun, ESSOMBA, J.M., (ed), Khartala, Paris,
pp. 287 - 293
20 DESVALLEES, A., MAIRESSE, F. (2010). Concepts
cles de museologie, ICOM (ed.), Armand Collin, Paris, 87 pages
interprete dans son milieu naturel et culturel. C'est un
laboratoire dans la mesure of., il contribue ; l'etude historique et
contemporaine de cette population et de son milieu et ceci en cooperation avec
les organismes exterieurs de recherche. Il s'agit des lors d'une conservation
qui contribue a la preservation et a la mise en valeur du patrimoine naturel et
culturel ; une ecole qui associe une population aux actions d'etude et de
protection du patrimoine et l'incite a mieux apprehender les problemes de son
propre avenir.
L'ICOM definit les musees comme etant : g ...des
institutions permanentes sans but lucratif et au service de la societe et de
son developpement, ouvertes au public ; ils acquierent, conservent, diffusent
et exposent a des fins d'etude, d'education et de plaisir, les temoignages
materiels et immateriels des peuples et de leur environnement
»21.
Le role de lieu de protection et de conservation du patrimoine
est ainsi impute aux musees. Il doit etre constitue essentiellement d'un
certain nombre d'infrastructures fonctionnelles dans un cadre lui-meme
fonctionnel. Ces infrastructures peuvent abriter un certain nombre d'unites
telles : les magasins de stockage pour materiel a etudier, des laboratoires
d'analyse et de restauration des objets, des salles et vitrines d'exposition,
des centres de documentations et d'archives ecrites, orales, filmees
(audiovisuelles), des bibliotheques d'ouvrages et de revues socialises. Ce doit
etre un centre de production qui publie les resultats des recherches. S'ils
constituent des lieux of., les choses et valeurs qui s'y attachent sont
sauvegardees, etudiees, et communiques en tant que signes par une
interpretation de faits absents. Les musees de par leur definition remplissent
plusieurs fonctions et celles-ci ont entraine l'emergence de concepts nouveaux
tels musees virtuels, musees classiques, cyber musees ou ecomusees. Francois
Sauty22, affirme que les ecomusees et musees de societe doivent etre
consideres comme des institutions culturelles qui assurent d'une maniere
permanente, sur un territoire donne, avec la participation de la population,
les fonctions de recherche, conservation, presentation, mise en valeur des
biens naturels et culturels representatifs d'un milieu et des modes de vie qui
s'y sont succedes23. Ainsi, les musees de societe et ecomusees font
partie du paysage touristique, economique et social d'un territoire. Ils
peuvent parfois participer directement a son developpement et a son
amenagement. Tout cela denote d'une dynamique de la notion et du role sans
cesse en evolution de ces institutions de protection et de conservation du
patrimoine.
Au sens moderne du terme, un musee se doit d'être
dynamique, il doit integrer des activites pedagogiques culturelles,
folkloriques, artistiques, artisanales, et comporter des salles de projection,
de films, de conference. Un musee s'insere dans un espace amenage
culturellement : parc, jardin, site touristique, village artisanal et
folklorique.
21 Code de deontologie de l'ICOM pour les musees,
adopte en 1986 et revise en 2006 etablit les valeurs et principes communs a
l'ICOM et a la communaute museale mondiale.
22SAUTY, F. (2001) Ecomusees et musees de societe au
service du developpement local, utopie ou realite ? Collection Jeunes auteurs
n°3 -- Source 2001, 110 p
23 23 MVE NG, E. (1992), Protection et
conservation du patrimoine culturel : A quand le musee national du Cameroun, In
L'archeologie au Cameroun, ESSOMBA, J.M., (ed), Khartala, Paris,
pp. 287 - 293
Le concept de tourisme trouve son origine au 19eme
siècle. Il viendrait du mot « the tour )1 qui designait le
voyage que devaient effectuer les jeunes anglais sur le continent europeen en
vue de parfaire leur education. L'organisme mondial en charge du tourisme
definit le tourisme comme : « l'ensemble des relations et phenomenes
generes par le voyage et le sejour des personnes en dehors de leur domicile,
dans la mesure oU ce sejour ne constitue pas une residence permanente, qu'il ne
provienne pas d'une activite professionnelle ) 124.
Au vu de toutes les definitions donnees au concept de
patrimoine, il est clairement etabli qu'il s'agit d'une protection au sens
large. L'objet etant considere comme un temoignage de l'homme et de la societe.
Les ecomusees par leur presence dans la vie de la communaute contribuent a une
sensibilisation a la gestion de l'heritage culturel et naturel, ce qui peut
entrainer des retombees financieres pour le compte de la communaute et au
renforcement des activites de developpement tant economique que social. Cette
approche associant activites touristiques et patrimoine est a la base du
tourisme. S'il contribue au developpement economique des Etats, le tourisme est
egalement responsable de la degradation des sites patrimoniaux. C'est dans le
souci de coordonner les activites du tourisme culturel qu'est apparue la notion
de tourisme durable. Le concept qui est lie a celui de developpement durable
apparait comme une reponse aux besoins pour les generations actuelles sans
compromettre la capacite pour les futures generations a repondre elles aussi
aux leurs. Conscients du fait que le tourisme culturel est un facteur de
degradation et destruction du patrimoine, des chartes ont ete elaborees pour
canaliser cette activite. Au rang de celles-ci, la charte de l'ICOMOS adoptee ;
Mexico en 1999 qui stipule que : « les programmes de promotion
touristique doivent proteger et valoriser les caracteristiques du patrimoine
naturel et culturel ».
Tourisme du Cameroun.
En termes de chiffres, les resultats du tourisme mondial
enregistres jusqu'en ao0t 2010 indiquent qu'il etait en redressement apres la
crise economique de 2009. Durant les 8 premiers mois de l'annee 2010, le nombre
d'arrivees internationaux est alle au dela du record de 2008. Il s'est etabli a
642 millions de visiteurs entre janvier et ao0t 2010, soit environ 40 millions
de plus que la même periode en 2009, donc plus de 7 % et un million de
plus qu'en 2008. Pour 2011 les statiques montrent que l'arrivee des touristes
internationaux ressortira a 5 voire 6 %25.
Donn6es sur le tourisme au Cameroun.
Situe a la charniere de l'Afrique Occidentale et Orientale et
s'etirant du fond du golfe de guinee jusqu'au Lac Tchad, le Cameroun offre
des specificites touristiques que l'on ne regroupe pas facilement ailleurs
24 OMT : Organisation mondiale du tourisme.
25
www.omt.org consulte 25 avril 2011
en Afrique dans un meme pays. Le climat varie d'une region a
l'autre : desertique au nord, tropical au centre, humide au sud et tempere a
l'ouest, ce qui explique la multitude d'ecosystemes presents. Cette
particularite permet au pays de developper plusieurs types de tourismes :
- le tourisme balneaire : Le pays a 400 km de cote Atlantique
qui sont propices au tourisme balneaire dans les deux cites que sont Limbe et
Kribi (plages, baies pittoresques, mangrove, 'lots, etc.) ;
- l'ecotourisme : Plusieurs sites camerounais, comme le CEO
Mont Cameroun, participent a la valorisation du patrimoine culturel et a la
preservation de la biodiversite. Le Mont Cameroun ainsi que le Mont Manengouba
et les montagnes du Nord Cameroun constituent des lieux privilegies pour les
trekkeurs ;
- le tourisme de safari et de chasse : les parcs et reserves
crees dans le pays presentent tous
les attraits pour offrir aux visiteurs des sorties safari. La
grande faune est representee par les elephants, lions, girafes, rhinoceros,
pantheres ou buffles pour ne citer que ceux la) ;
- le tourisme culturel : La population camerounaise est une
mosaique de pr$s de 240 groupes ethniques aux us et coutumes (art de vivre,
folklore, religion, habitat, cuisine, artisanat, etc.) particuliers avec
notamment des modes de vie traditionnels comme les chefferies au nord et a
l'ouest du pays ;
- le tourisme d'affaires : Le pays compte une capitale
politique, Yaounde, et une capitale economique, Douala. Toutes constituent des
poles du tourisme d'affaires et de congres a l'echelle de la sous-region mais
aussi au niveau du continent ;
- les sejours itinerants sur plusieurs provinces pour
decouvrir toutes les caracteristiques du pays existent egalement. Il s'agit de
sejours specifiques comme le trekking, les circuits thematiques comme la
decouverte des chefferies traditionnelles des Grassfields et du Grand
Nord camerounais.
L'offre touristique se resume a des safaris dans la partie
nord du pays ; des sejours dans les cites balneaires du littoral atlantique que
sont Kribi et Limbe ; des tournees dans les Grassfields, pour
contempler les realisations des chefferies, le patrimoine immateriel lors des
manifestations traditionnelles, les paysages naturels et les centres artisanaux
; des visites des musees dans les chefferies des Grassfields et dans
les grandes villes du pays que sont Yaounde, Douala, Garoua ou N'gaoundere ;
les sejours d'affaire dans les principales villes du pays que sont Yaounde,
Douala, Bafoussam, Garoua, Maroua, Bamenda ou Buea ou des randonnees dans les
forets pour voir les pygmees, peuples legendaire ayant un mode de vie
traditionnel de chasseur-cueilleur. Cette offre touristique se fonde sur les
caracteristiques naturelles du pays : le grand Nord sahelien (regions de
l'Adamaoua, du Nord et de l'Extreme Nord) ; le Sud forestier (regions du
centre, de l'Est et du Sud) ; le Littoral atlantique (regions du Littoral, une
partie de la province du Sud et du Sud-ouest) et les hauts plateaux de l'Ouest
(province de l'Ouest et du Nord-Ouest).
Le constat qui en ressort est que le Cameroun offre une palette
large de produits touristiques. Neanmoins, compare aux destinations
dejà bien etablies comme celles d'Afrique de l'Est ou Australe, la
qualite des infrastructures et des prestations est moindre
pour un rapport qualite-prix souvent plus eleve. Suite a la notification du
tourisme dans le Document de Strategie pour la Reduction de la Pauvrete comme
un secteur pourvoyeur d'emplois et pouvant favoriser le developpement
economique du pays, le gouvernement camerounais a encourage la mise en place
des initiatives touristiques a travers tout le pays. Ainsi une strategie pour
le developpement touristique national a ete reflechie et elaboree.
Parallelement a cette strategie, un plan marketing avait aussi ete developpe
pour vendre la destination «Cameroon» sur les marches
emetteurs et atteindre la barre des 500.000 touristes par an, chiffre
incontournable si le pays voulait etre reconnu comme une destination
touristique.
Le tourisme rapporte environ 163 milliards de Francs CFA
annuellement et compte 48.000 emplois ce qui represente 1,3% de la masse totale
d'employes au Cameroun. Le nombre de touristes visitant le pays par an s'etait
stabilise pendant une longue au chiffre de 350 000, pour rebondir et atteindre
la barre de 500 000 en 2010, ambition poursuivie par le Ministere du Tourisme
pendant de longues annees. Le Cameroun figure desormais dans la liste de
destinations touristiques de l'OMT26. Malgre les efforts consentis durant ces
dernieres annees, il y a toujours l'absence d'une veritable politique
touristique au plan national freinant ainsi l'organisation efficace du secteur.
Bien que de nombreuses initiatives aient ete enclenchees au debut des annees
2000. Une decennie apres, peu ont ete concretisees sur le terrain. Par exemple,
le patrimoine archeologique et vestiges ne figurent toujours pas dans l'offre
touristique au Cameroun.
L'o ffre touristique dans les Grassfields du
Cameroun.
Localisee dans la partie occidentale du Cameroun, les
Grassfields se distinguent par le milieu naturel et les representations
d'ordre culturel notamment, les danses, les manifestations traditionnelles. Le
visiteur qui voudrait se rendre dans les Grassfields a partir de
Yaounde ou Douala y passera au moins une semaine. Les tours operateurs
proposent une visite de toutes les attractions naturelles et culturelles de
cette region.
La region des Grassfields (pays des savanes), aussi
appelee Grasslands (pays des prairies) ou des hauts plateaux, sur le
plan geographique se caracterise par l'alternance d'un relief de hautes terres,
etage de 1.000 a 3.000 metres et dont les accidents temoignent d'un passe
volcanique ancien et de vastes plateaux tailles dans le socle granitique. Ces
hautes terres sont dominees par trois volcans eteints : le Manengouba (2396
metres), les Bamboutos (2740 metres) et l'Oku (3010 metres). Entre ces volcans,
tout au long de la dorsale camerounaise allant de l'Ocean atlantique vers la
vallee du fleuve Benoue, on observe une serie de lacs de cratere dont certains
representent un danger permanent pour les populations, mais sont aussi des
lieux de distraction ou de culte des esprits. Ce relief permet de distinguer le
pays des savanes en plusieurs regions distinctes :
- a l'est et au sud, les plateaux Bamileke et Bamoun ;
- a l'ouest et au nord, les plateaux de Bamenda, Nso et Nkambe
;
26
www.mintour.gov.cm consulte le
10 mars 2011
- en contrebas, on trouve de s plaines d'altitude a l'exemple de
celle de Mbo, Ndop et Tikar.
Le climat de la region est salubre et frais. En matinee, on
peut avoir des temperatures de l'ordre de 10 - 13 °C, et en altitude des
gelees blanches sont habituelles. En saison de pluies, elles n'excedent pas
25°C en journee. Des zones de microclimats favorables aux cultures
delicates sont determinees par le vent, l'altitude ou l'orientation. Elle est
abondamment arrosee pendant une longue saison des pluies, avec une pluviometrie
variable selon l'altitude, suivie d'une courte saison seche.
La vegetation est de type sub-montagnard avec des lambeaux de
foret humide et une epaisse prairie de graminees que foulent les troupeaux de
bovins. L'ensemble des espaces non cultives est constitue de vastes zones de
savanes, ou prairies d'altitude qui, selon les botanistes, etaient autrefois
recouverts de forets detruites au fil du temps par les populations a la
recherche de terres a cultiver. Peuplee sans discontinuite depuis des
millenaires, cette region fertile a ete extremement defrichee, ce qui peut etre
considere comme la cause d'importantes modifications constatees dans le couvert
vegetal.
Cette partie du Cameroun a livre les temoins archeologiques
dont les plus anciens remontent a plus de 20 000 ans. Elle est aujourd'hui l'un
des grands foyers de l'art d'Afrique noire27. Des nombreuses
hypotheses emises sur les migrations des locuteurs bantou28 situent
leur origine il y a plus de deux millenaires dans la region des
Grassfields du Cameroun29. Les travaux d'ordre archeologique,
linguistique, historique, botanique ont corrobore ces
hypotheses30.
Les Grassfields offrent aux voyageurs une association
d'elements naturels et culturels. Pour ce qui est du patrimoine naturel, le
visiteur pourra voir :
- le spectacle des chutes d'Ekom Nkam, de la Mouankeu ; de la
Metchie, de Mantube, de la source thermale et de la pierre de Ngoo Bamenyam
(Babadjou), de Mamy Wata (Fongo Tongo)
- les grottes de Ndovou ou de Fongo Tongo lieux de refuge dans le
passe lors des guerres tribales ;
27 NOTUE, J.P. (1993). Art et culture du Grassland
camerounais, in Les rois sculpteurs : Art et pouvoir dans le Grassland
camerounais, HARTER, L.P. presente par PERROIS, L., Reunion des Musees
Nationaux, Paris, 223 pages
28 Peuples parlant plus de quatre cents langues
apparentees dans les for=ts du bassin du Congo
29 De MARET, P. (1997), Bantous dites-vous?
Bulletin des Sciences de l'Academie Royale des Sciences d'Outremer 42, pp.
709-18.
VA NSI NA, J. (1990). Paths in the Rainforests. Toward a
History of Political Tradition in Equatorial Africa. London: James
Currey.
VA NSI NA, J. (1984). Western bantu expansion, in
Journal of African history 25, pp 129-145.
VA NSI NA, J. (1995). New linguistic evidence and "the Bantu
expansion". The Journal of African History 36, pp. 173-95.
30 ASOMBA NG, R. N., (1991). Ages de la Pierre Ancien et
Moyen : Cameroun, in LA NFRA NCHI R. et CLIST B. (Eds.), Aux origines de
l'Afrique Centrale, Centres Culturels Frangais de l'Afrique Centrale / Sepia,
Paris, pp.56-59.
LAVACHERY, P. (1998 a). De la pierre au métal.
Archéologie des dépôts holocènes de l'abri sous
roche de Shum Laka (Cameroun). Vol I, II et III, These de Doctorat,
Universite Libre de Bruxelles, 640 pages.
LAVACHERY, P. (1998 b). Le peuplement des grassfields :
recherches archéologiques dans l'ouest du Cameroun, in Afrika
Focus, Vol. 14, Nr. 1, 1998, pp. 17-36.
WAR NIER, J.-P. (1973). L'histoire précoloniale de la
chefferie de Mankom (Département de la Mezam), in Contribution de
la recherche ethnologique a l'histoire des civilisations du Cameroun, publie
sous la direction de Claude TARDITS, Colloques Internationaux du C NRS, Paris,
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WAR NIER, J.-P. (1992). Rapport préliminaire sur la
métallurgie du groupe In L'archeologie au Cameroun,
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TARDITS, C. (1973). Le royaume bamoun : chronologie --
implantation des populations -- commerce et économie -- diffusion du
mars et du manioc in Contribution de la recherche ethnologique a
l'histoire des civilisations du Cameroun, publie sous la direction de Claude
TARDITS, Colloques Internationaux du C NRS, Paris, 1973, pp 401 -- 420.
- le centre climatique de la ville de Dschang31 ; - le
col de Batie.
L'architecture traditionnelle originale est presente dans toutes
les chefferies. Mais, les plus visitees sont celles de Bana, de Bangangte, de
Bandjoun, de Balen ou de Foto.
Dans la region de Foumban ville foisonnant d'artisans, une
visite du palais du Sultan construit en 1917 est proposee. Son musee riche en
objets d'arts et historiques est accessible aux touristes. A la sortie du
palais on peut se rendre au centre artisanal ou des objets d'art sont vendus
comme souvenirs. De nombreux musees ethnographiques sont presents dans la
ville. La visite au bord du fleuve Noun permet de voir les hippopotames et une
randonnee sur le mont Mbappit a Baigom est offerte. En amont se trouve un lac
de cratere.
Dans la region administrative du Nord-Ouest, le passage par le
col de Batie conduit a la ville de Bamenda qui a un centre artisanal et une vue
panoramique de la chute de Up Station. Dans les environs de Sabga, il ya des
grottes dans les parois de la falaise dominant la ville eponyme. Le trajet vers
Ndop offre au voyageur une vue des paysages naturels et des prairies d'altitude
ou paissent les troupeaux d'eleveurs nomades Bororo. La vaste plaine de Ndop
qui est un immense bassin sedimentaire est propice a la riziculture inondee.
Le Nord-Ouest est culturellement semblable a la region de
l'Ouest et toutes les deux constituent les Grassfields du Cameroun. Le
style architectural est le meme. Les principales chefferies ici sont : Bamunka,
Bamungo (zone de Ndop), Bui situe a 2000 metres d'altitude dans la zone de
Kumbo est territoire de la chefferie de Nso. La chefferie seculaire de Bafout
est egalement une curiosite dans cette partie. Elle figure sur la liste
indicative du patrimoine culturel du Cameroun. A Achum, il ya une case sacree
et mystique, un musee et un lac des sacrifices et ceremonies
traditionnelles.
La chefferie de Bali constitue egalement l'une des particularites
de cette region. En termes de grandeur, elle est precedee par celle de
Bafout.
Dans la zone de Bamenda, les circuits ecotouristique proposes
comprennent :
- une visite de quelques chefferies traditionnelles telles :
Bafout, Bali, Fondom, Bamunka, Bamungo, Nso ;
- des grottes dans les parois de la falaise pr$s du village de
Sabga ;
- une escale au col de Batie ;
- une vue panoramique de la ville de Bamenda a partir de la chute
de Up Station ; - un paysage des prairies d'altitude ;
- une visite de la plaine de Ndop of., est pratiquee la
riziculture.
Selon les chiffres du Ministere du tourisme, l'activite
touristique du Cameroun se positionne de plus en plus comme l'un des
secteurs les mieux organises au niveau de la sous-region Afrique centrale.
Mais,
le pays fait face a de nombreux obstacles qui freinent ou
ralentissent son essor. Ainsi, bien que le pays soit riche en potentialites
touristiques, elles ne sont pas valorisees, amenagees et pour celles qui le
sont mal entretenues.
Les tracasseries administratives et policieres pour
l'obtention d'un visa ou d'un titre de sejour au Cameroun constituent les
facteurs defavorables auxquels pourraient s'ajouter le transport aerien, celui
par train a l'interieur du pays ou par terre.
Sur le plan international l'image du Cameroun est tres peu ou
pas du tout visible a cause d'une absence de communication et de promotion de
la destination Cameroun. Il n'existe pas de mesures encourageant la pratique de
l'activite touristique. Les tours operateurs et agences de voyage pratiquent
leurs activites sans se soumettre entierement aux legislations en matiere de
protection du patrimoine ou de la pratique de l'activite touristique au
Cameroun tels que stipule par la legislation en vigueur.
L'inexistence de mesures d'encouragement a l'activite
touristique (incitation financiere pour les investisseurs etrangers et
nationaux), l'absence de financement pour le secteur touristique et les
contraintes liees aux engagements avec les bailleurs de fonds, notamment la
forte pression fiscale, font que les operateurs touristiques sont frileux a
investir dans le pays et limitent de ce fait le renouvellement et le
developpement des infrastructures et des produits.
Gestion du patrimoine archeologique au
Cameroun
L'O.M.T. a indique qu'une nouvelle forme de tourisme etait en
train de prendre de l'ampleur il s'agit : « du tourisme culturel ».
Les flux importants de voyageurs s'interessent de plus en plus aux elements du
patrimoine naturel et culturel. Les statistiques montrent que les plus visites
sont les biens classes sur la liste du patrimoine mondial de l'U NESCO. Les
monuments, sites et lieux de memoire occupent une place de choix dans les
offres des tours operateurs et agences de voyage. Les sites archeologiques et
vestiges qui leur sont associes figurent dans les collections et expositions
qui sont proposees aux visiteurs. L'ICOMOS a elabore une Charte qui protege le
patrimoine archeologique. Elle est consideree comme un outil sur lequel les
gouvernants des pays membres des Nations Unies, notamment ceux qui ont ratifie
des conventions peuvent se baser pour la gestion de leur patrimoine. Bien qu'il
ne s'agisse pas d'un outil contraignant cette loi est utilisee par beaucoup de
pays pour valoriser les biens archeologiques32. Au niveau national,
sur le plan legislatif, la gestion du patrimoine culturel en general et du
patrimoine archeologique en particulier est reglementee un ensemble de mesures
legislatives33.
32 Charte Internationale du Tourisme Culturel -
1999
33 La loi N° 91/008 du 30 juillet 1991 portant
sur la protection du patrimoine culturel et naturel national
La loi N° 96/12 du 5 ao0t 1996 portant loi-cadre relative a
la gestion de l'environnement (section V, article 39, alineas 1 et 2). La loi
n° 98/006 du 4 avril 1998 regit de fagon generale l'activite touristique
dans le pays.
Archeologie et gestion du patrimoine culturel au
Cameroun.
Les premieres fouilles archeologiques effectuees au Cameroun
remontent au debut des annees 1920, et elles furent l'ceuvre des
administrateurs coloniaux34. Ce fut au debut des annees 1980 que les
nationaux se lancerent dans la connaissance du passe et surtout dans un but de
connaissance de l'histoire ancienne. Car, jusque-la les seuls ecrits
disponibles etaient ceux laisses par les Europeens35.
Il est evident aujourd'hui que le territoire regorge de lieux
et sites occupes depuis les temps anciens. Les temoins qui l'attestent sont
nombreux : pierre taillee et eclats de taille de pierre remontant au
paleolithique; megalithes ou tessons et fragments de poterie, attribues au
neolithique; objets en fer et ateliers de transformation de la metallurgie du
fer attribues a l'age du fer et, pour les periodes recentes correspondant a
l'arrivee des colons, des objets manufactures d'origine europeenne comprenant
les tessons de verre, les perles et de la porcelaine36. En l'etat
actuel de la recherche, les structures megalithiques ont ete reconnues et
identifiees dans trois regions du Cameroun : la partie septentrionale, le
plateau de l'Adamaoua et la zone des Grassfields a l'ouest du pays.
Au Cameroun, bien qu'il existe un outil reglementant la
protection du patrimoine, le patrimoine archeologique est absent voire
inexistant dans les structures supposees le valoriser que sont les musees. Une
etude a pu recenser sur l'etendue du territoire pr$s de 26 musees qui sont
majoritairement prives. En dehors du musee national dont l'Etat est le
principal promoteur, tous les autres entrent dans le domaine du prive car
appartenant a des individus ou a des chefferies. Si tous ont un meme objectif,
celui de mettre en valeur la richesse culturelle du Cameroun, ils different
pour ce qui est des collections. Certains s'apparentent a des musees
ethnographiques. Rares sont les musees specialises ou possedant des objets
archeologiques dans leurs collections, a l'exemple du musee de Dschang.
Pourtant sur le plan environnemental, le Cameroun a su favoriser la creation
des sites et aires consacres a la protection de la biodiversite. Avec l'appui
de quelques organisations non gouvernementales internationales, l'Etat a cree
des parcs et reserves naturels pour proteger les especes fauniques et
floristiques menacees de disparition. Ces aires de protection attirent des
touristes chaque annee37.
Au niveau de la sous-region Afrique centrale, le Cameroun est
l'un des rares pays of., l'enseignement de l'archeologie semble plus avance.
Les trouvailles qui y sont effectuees en sont une preuve.
34 ESSOMBA, J.M., (1986). Bibliographie critique de
l'archéologie camerounaise, Librairie universitaire de Yaounde, 132
pages.
35 ESSOMBA, J.M. (1985). Archéologie et
histoire au Sud du Cameroun, découverte des hauts fourneaux en pays
Bassa, Nyame Akuma, 26, pp.2-4.
MVE NG (E.), 1971, Archéologie Camerounaise :
Mvolye, Revue de la Societe Camerounaise d'Histoire, 1, pp.123-125,
2pls. 36 NLE ND NLE ND, P. R., (2002). Inventaire des sites
archéologiques de Kribi a Campo : études préliminaires des
sites Malongo 1, Nlendé-Dibé 3 & Boussibiliga 1. Memoire
de maltrise, Universite de Yaounde I, 118 pages.
OSLISLY, R., KI NYOCK, P., NLE ND NLE ND, P., NGOUOH, F., NKO
NKODA, O. (2008). Archaeology of the region of Douala (Cameroon): First
results of an excavation of rescue on the Dibamba, disponible en ligne
http://www.
cohesion.rice.edu/centersandinst/safa/emplibrary/OslislySafa2008.pdf,
24 pages
37
http://www.mintour.gov.cm/fr/culturel.php
Megalithisme dans les Grassfields du
Cameroun.
Le megalithisme du Cameroun est encore tres peu connu.
Pourtant, des sites de pierres levees ont ete signales dans certaines regions
du pays :
A la frontiere avec le Nigeria, dans la region du sud-ouest et
notamment au niveau de la cuvette de Mamfe, des monolithes anthropomorphes
sculptes sur du basalte ont ete identifies. Il s'agit des totems du groupe
Ekoi present entre le Cameroun et le Nigeria et dans l'ensemble du bassin
de la « cross river ». Ces megalithes ont ete etudies au
Nigeria of., ils sont plus nombreux. Ils ont ete dates du 3eme au
16eme siecle de notre ere et leur tradition s'est perpetuee jusqu'au
19eme siecle.
Au nord du Cameroun, il n'existe pas de veritables structures
megalithiques. Des donnees disponibles, nous savons que cette partie du pays
possede une presence remarquee de mortiers, de cupules et de bols creuses dans
la roche38.
A l'est du plateau de l'Adamaoua, region de transition
geographique entre le nord et le sud ; sur la ligne des bassins versants qui
separe la vallee de la Mbere et de celle du Lom, deux monolithes et un tumulus
ont ete signales dans les secteurs de Djohong et de Yikpangma en
197339. Ces megalithes font l'objet d'etudes d'ordre archeologique
et on essaie de les rattacher a la culture tazunu de la region de
Bouar en RCA et frontaliere de l'est du Cameroun.
De toutes les regions du Cameroun of., elles ont pu etre
reconnues et identifiees, les structures megalithiques de l'Ouest sont plus
nombreuses et presentent des formes diverses et variees. Dans le Nord-Ouest,
elles se trouvent dans quatre zones principales a savoir: Fundong, Ndop, Ndu et
Nkambe. De nombreux monolithes sur granite et ayant des dimensions
disproportionnees y ont ete inventories40. Certains sont debout,
d'autres couches ou en cercles.
A Fundong, des structures de forme carree construites avec des
blocs de pierre sur du granite ont ete observees. Elles sont disposees en forme
de sieges. Actuellement les populations s'en servent comme lieu de reunion.
Dans la meme region, des monolithes sur basalte ont ete identifies dans
certaines aires de pratique agricole. Ils y sont de maniere eparse (Fig. 1).
A Ndop, les structures de pierre sont des monolithes se
presentant comme des menhirs. Dans le village de Bamali, une pierre d'une
hauteur de 4,70 metres se trouve au milieu de la place de la chefferie. A
Bambalang, une autre haute de 3,30 metres est au milieu de la place du marche.
Elle a une fonction de totem pour les populations riveraines, car souvent
consulte lors des conflits ethniques (Fig. 2 & 9).
A Nkambe, les megalithes se particularisent par leurs formes
architecturales. Les structures de pierre y ont ete localisees sur des flancs
de colline et sur des terrasses amenagees par les hommes. Dans le village de
Ndarkwe, une structure constituee de 24 pierres levees et formant un carre a
ete identifiee. Celle-ci a en moyenne 5 metres de cote et entoure un petit
ensemble de 8 bornes cylindriques
38 MARLIAC, A. (1973). Prospection
archéologique au Cameroun, Cahiers ORSTOM, Serie Sciences Humaines,
10, 1, pp.47-114
39 MARLIAC, A. (1973). Op. cit.
40 OSLISLY, R. (2007). Mégalithisme et art rupestre,
patrimoine méconnu du Cameroun, in Sciences au Sud -- le journal de
l'IRD N° 39, mars/avril/mai 2007, p 10
disposees au milieu de la structure. A Mbomotchou, un ensemble
de pierres formant un cercle est comparable a l'ensemble de Ndarkwe. A Mbula,
les monolithes sont constitues de blocs sur granite ou de basalte prismatique
(Fig. 3 -- 6).
A Mbooseng, le site localise sur un flanc de colline est un
etagement de huit terrasses amenagees. Et c'est sur celles-ci que se decouvrent
les monolithes, les meules dormantes et des structures de pierre levees erigees
en carre.
Les datations obtenues sur les deux sites sondes (Ndarkwe 1 et
Mbula 8a) situent certains megalithes vers le 16eme siècle.
Les populations actuelles se sont appropriees les structures a des fins
cultuelles dans certains villages.
Dans le village de Mme Bafumen, les populations locales ont
reconnu avoir trouve les megalithes in situ. Mais actuellement elles
leur font des offrandes et des sacrifices.
A Nkambe, le monolithe place dans la cour du palais a ete
erige par les notables du village. Son role est d'expier les fautes des
habitants du village. Les offrandes lui sont faites lorsque la population est
confrontee a un probleme. Les megalithes places a l'entree de la chefferie ont
ete disposes en forme de triangle et au milieu duquel a ete plante un arbuste
symbole de la paix dans les coutumes des ethnies de cette partie du
Cameroun.
A Mbula, les populations bien que ne connaissant pas la
sculpture de la pierre utilisent les megalithes ; des fins religieuses. Les
monolithes souvent ramasses dans les aires d'activites agricoles sont le plus
souvent utilises pour resoudre des problemes de la collectivite ;
A Bamali, les populations anciennes, venus du pays Tikar situe
a l'est de leur region actuelle. Ils auraient trouve les megalithes en place.
Le plus grand des trois monolithes qui sert a la resolution des problemes est
considere comme le totem protecteur du village. Les deux autres regoivent
generalement des offrandes en periode de saison seche. Les habitants du village
y versent alors du vin ou et y font des sacrifices d'animaux ;
A Bambalang, le monolithe situe au marche est un totem, et il
a le statut de juge de la communaute. Chaque annee, notamment au debut de la
semaine culturelle, les populations procedent aux offrandes. Il s'agit
generalement du sel ou de l'huile. Aux dires des habitants, des personnes
vivantes auraient ete enterrees sous le monolithe (Fig. 9).
S'il faut s'accorder avec VARAG NAC41, nous
placerons les megalithes de la region des Grassfields du Cameroun dans
la categorie des structures de pierres dressees dont on n'a aucune connaissance
approfondie, notamment sur des peuples qui les ont erige et egalement pour ce
qui est de leur fonction premiere.
41 VARAG NAC, A. (1962). Les civilisations
megalithiques, Economie, Societe, Civilisations, 17eme annee, N°2, pp
332 -- 342.
Figure 1 Cercle de pierres et Monolithe du site de Mme Bafumen
Photo : R. Oslisly, 2003).
Figure 2 #riangle de megalithes et monolithe de Bamali Palace
(Photo : R. Oslisly, 2003). Figure 3 Cercle de pierres levees de Mbomotchu
(Photo : R. Oslisly, 2003).
Figure 5 Cercle de pierres levées de Mbula 8a (Photo : R.
Oslisly, 2003).
Figure 6 Relevés des structures de pierres levés de
Mbooseng (Photo : R. Oslisly, 2003).
Figure 4 Structures de pierre du site de Ndarkwé 1
(Photo : R. Oslisly, 2003).
Figure 7 Sondages sur le site de Mbula 8b Photo : R. Oslisly,
2003).
Proposition pour la mise en valeur du patrimoine
archeologique du Cameroun.
Selon le DSRP42, de nombreux projets ont ete
inities par les communautes locales, qui souvent se sont regroupees en
GIC43 ou en association a but non lucratif. Les bailleurs de fonds
et autres O NG44 internationales ont ete et sont encore très
impliques sur la thematique du tourisme. Beaucoup d'entre eux interviennent sur
des projets de gestion durable des ressources ayant un volet appui aux
activites alternatives. Le tourisme est souvent pergu comme un outil efficace
pour generer des revenus additionnels et bien evidement preserver et valoriser
la biodiversite d'une zone ainsi que son patrimoine culturel. Un projet de
valorisation des megalithes dans la region des Grassfields, devra donc
prendre en consideration de nombreux atouts naturels et culturels qui peuvent
faire l'objet d'une mise en valeur.
Presentation
Au Cameroun, un ensemble de mesures reglementaires oriente les
actes de protection, gestion et valorisation du patrimoine naturel et
culturel. Il s'agit de : la loi N°91/008 du 30 Juillet 1991 portant
protection du patrimoine culturel et naturel national et la loi
N°96/12 du 5 ao0t 1996 portant loi- cadre a la gestion de
l'environnement). Le Cameroun est egalement signataire de plusieurs
conventions internationales (Les conventions 1970 et 1972 de l'U NESCO, la
convention 1984 ACP-EEC, Lome III.
Malgre ce cadre legislatif, le patrimoine archeologique n'est
pas pris en compte dans les differentes politiques de developpement. En
matière d'offre touristique, notre region d'etude se presente comme
l'une des rares zones du Cameroun riche sur les plans naturel et
culturel et qui regoit des flux importants de visiteurs.
> Objectifs du projet.
Par la realisation de ce projet dans les Grassfields
notre objectif est de mettre en valeur le patrimoine naturel et culturel par
une visite des megalithiques, des paysages naturels de la region, la
participation
aux ceremonies traditionnelles ou aux activites des communautes
locales. Ce qui pourra generer des retombees diverses qui contribueront a
coup sir a une meilleure connaissance et au developpement de
la region sur les plans socio-economique et scientifique. Il
visera la formation des etudiants camerounais et le renforcement de leurs
capacites pour le developpement d'actions similaires dans
d'autres regions du Cameroun. De plus, les chantiers de fouille
initieront la formation de guides locaux dans le cadre d'une valorisation
touristique des structures megalithiques.
Sur le plan socio-economique, il pourra inciter :
- l'implication des operateurs economiques et populations
residentes ; - la formation professionnelle ;
- le ralentissement de l'exode rural ;
42 Etude financee par le MI NEPAT
43 Groupe d'interêt communautaire
44 Organisation non gouvernementale
- des opportunites economiques nouvelles avec des possibilites de
visites touristiques sur les sites archeologiques inventories et repertories au
Cameroun.
Sur le plan scientifique il sera possible :
- d'organiser des campagnes systematiques d'inventaire, de
prospections et de sondages sur les megalithes afin d'obtenir suffisamment
d'indices materiels sur leur fonction et de recolter les elements necessaires a
des datations radiocarbones ;
- d'integrer les sites dans un partenariat avec les institutions
d'enseignement secondaires et
superieures pour une education au patrimoine et a la pratique de
la recherche archeologique ; - de financer de travaux de recherches
universitaires sur le patrimoine architectural dans la
region des Grassfields ;
- de rediger et publier les articles et ouvrages scientifiques
sur les structures megalithiques.
> Résultats attendus.
La conception dans une region du Cameroun d'un projet
d'amenagement des sites a megalithes integre A un circuit ecotouristique
desenclavera celle-ci et pourra contribuer au developpement socioeconomique
local. Cela sera perceptible par la creation de petits emplois et la promotion
des us et coutumes des populations riveraines. Des lors, les attentes peuvent
etre d'ordre patrimonial, social, economique et politique. Les strategies
pourront etre : sensibilisation des pouvoirs publics, des operateurs
economiques et de la population locale, promotion de la riche diversite
culturelle et naturelle integration des sites dans un circuit ecotouristique.
Le but a atteindre etant une meilleure connaissance du passe de la region et de
la dynamique du peuplement ; l'agrandissement du champ de la recherche et
l'enrichissement de la carte archeologique du Cameroun.
Dans la region des Grassfields du Cameroun, notamment
dans les villages avec des sites a megalithes, les strategies consisteront donc
a mettre sur pied des associations patrimoines naturel et culturel, patrimoine
materiel et immateriel ; ces combinaisons constitueront des «bouquets
culturels »45 et les resultats attendus sont les suivants :
- contribuer a la relance de la recherche archeologique dans
cette region du Cameroun ; - creer les circuits ecotouristiques ;
- promouvoir le potentiel naturel et culturel des
Grassfields (Fig. 10 & 11).
Figure 10 Proposition de promotion et de valorisation du
patrimoine naturel et culturel des Grassfields
Visites des chefferies et sites
artisanaux
Manifestations culturelles
Circuit écotouristique
Sites archéologiques
Sites et paysages naturels
Figure 11 Schema d'intégration des sites
archéologiques dans des offres touristiques au Cameroun. >
Fonctionnement.
La realisation d'un projet scientifique et culturel doit se
faire en collaboration avec tous les intervenants, aussi bien ceux en charge du
volet scientifique que du technique. Il faut egalement qu'il y ait adequation
entre les ressources humaines et financieres.
La population locale etant la principale beneficiaire, avant
de lancer un projet il est indispensable qu'elle adhere au projet, qu'elle
donne ses attentes et comment celle-ci entend participer a sa realisation. A
cet effet, un comite de gestion compose des autorites administratives et
traditionnelles, des representants des administrations en charge de la gestion
de la culture, de l'environnement et du tourisme et de la population locale
pourra etre mis sur pied. C'est lui qui devra decider du choix des sites a
amenager.
> Choix et amenagement des sites.
Le choix des sites a inclure dans le projet doit emaner des
populations locales, apres consultation et concertation avec le comite de
gestion. Les structures de gestion doivent epouser l'architecture
traditionnelle de la localite. Le but etant la protection des aires a
megalithes par la mise en place des dispositifs contre leur degradation ou
destruction (destruction par l'erosion ou le pillage). Il sera construit dans
chaque village des petits musees ou seront exposes les vestiges archeologiques
recoltes lors des operations de sondages archeologiques. Lors de la visite des
sites des depliants expliquant l'historique du peuplement ou les us et coutumes
pourront etre distribues. Les plans d'orientation et deplacement seront
egalement disponibles sur les sites. La promotion touristique sera assuree a
travers les differents moyens de communication audio -- visuel et presse
ecrite.
> Formation du personnel.
Des seances de formation des guides locaux seront organisees.
Cela dans une optique de gestion par les populations locales de cette
initiative. Il reviendra donc aux guides d'orienter les visiteurs, de leur
parler des us et coutumes de la region, et de l'histoire des differents groupes
ethniques de la region.
Le personnel administratif charge de la gestion quotidienne
s'occupera du suivi et la bonne marche du projet. Il suivra une formation en
matiere de gestion des structures de tourisme et aura l'assistance technique
des ministeres en charge de la culture, du tourisme et de l'environnement au
Cameroun, ou d'entreprises de bonne renommee.
> Mise en place des structures de fonctionnement.
Avec l'accord des autorites administratives et traditionnelles
; des campagnes de sensibilisation seront organisees dans les villages afin
d'informer les populations locales sur le projet, les preparer
psychologiquement a la presence dans leurs villages des personnes aux modes de
vie differents.
L'expertise des ministeres de l'environnement, de la culture,
du tourisme ou des associations, ONG ou partenaires nationaux ou internationaux
sera demandee. Une collaboration sera possible avec des tours operateurs ou des
agences de voyage.
Sur les depliants et pancartes qui seront distribues, il sera
explique aux visiteurs les modes de deplacement au niveau des sites : les
sanctions pourraient etre prises a l'encontre de ceux qui ne respecteraient pas
les regles de bonne conduite.
Pour anticiper les effets negatifs de la frequentation des
sites et de la presence des visiteurs dans les villages, il sera instaure une
journee hebdomadaire d'hygiene et de salubrite. Les visiteurs pourront, pour
ceux qui le souhaitent participer aux activites de nettoyage des villages ou
des sites.
> Administration du projet.
Le projet aura a sa tete un administrateur qui sera seconde par
un comptable, les gestionnaires des sites, et des guides.
L'administrateur aura en charge la gestion du circuit
ecotouristique. Il appliquera la politique du comite de gestion pour la bonne
marche du circuit et sera seconde au niveau du site par un gestionnaire.
Les gestionnaires des sites auront a gerer l'un des sites. Ils
seront les relais dans les villages, ils travailleront en collaboration les
populations locales et appliqueront sur les sites les directives du comite de
gestion.
Le comptable sera charge de la gestion des finances du
circuit. Il rendra compte au comite de gestion et devra faire l'etat des
finances chaque semaine a l'administrateur. C'est lui qui fixera les tarifs
pour la visite des sites.
Les guides auront en charge la presentation et l'explication
aux visiteurs des sites. Pendant les visites des villages, il devra expliquer
les modeles architecturaux ou l'historique d'installation des ethnies dans la
region.
Il est necessaire de prevoir un suivi de ce type projet. Par
exemple une fois par an, il faudra mesurer son impact sur l'economie, les modes
de vie et l'environnement des populations locales. Pour cela, une base de
donnees doit regulierement etre mise a jour. Elles s'interesseront aux
visiteurs du circuit et leurs attentes. Des enquetes en sociologie et economie
doivent etre menees tous les semestres dans les villages impliques dans le
projet pour voir ses impacts reels sur la population.
Toutes ces enquetes tiendront compte de tous les parametres,
et les resultats permettront d'avoir des statistiques sur :
- le nombre et la categorie des visiteurs du circuit et leurs
attentes ; - l'impact du circuit sur le mode de vie des populations locales
;
- l'impact du projet sur l'environnement ;
- l'avis des autorites administratives sur le circuit ;
- les besoins et attentes des populations vis-à-vis des
visiteurs.
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