4.3. IMPORTANCES ACCORDEES PAR LES PRODUCTEURS AUX
FONCTIONS
ET AUX ESPECES ASSOCIEES DANS LES AFC.
Les résultats de la MDC ont permis de calculer et de
présenter l'importance accordée aux fonctions et aux
espèces associées par les producteurs dans les AFC. L'ensemble
des importances attribuées à chacun des usages permet de dresser
le profil fonctionnel de chacune des zones.
4.3.1. Importances accordées aux fonctions par les
producteurs dans les AFC.
Il ressort des enquêtes menées dans la zone
d'étude que les producteurs pour l'ensemble ont sept principales
fonctions qu'ils accordent aux arbres des AFC. Ces fonctions sont :
l'autoconsommation, le bois d'oeuvre et d'usage (chauffage), la
fertilité, la pharmacopée, l'ombrage, la vente, et un aspect
social. La figure 13 présente les fonctions accordées aux arbres
des AFC par les producteurs.
Figure 13: Importances accordées aux fonctions par
les producteurs dans les AFC
Il ressort de la figure 13 que sur l'ensemble de la zone
d'étude, les producteurs accordent aux arbres les fonctions suivantes :
vente (36 %), autoconsommation (21 %), bois d'oeuvre et de chauffage (12 %),
ombrage (11 %), médecine traditionnelle (10 %), fertilité (5 %)
et le social (5 %). Plus spécifiquement, l'importance accordée
aux espèces dans chaque zone suit l'ordre suivant :
Bokito : Vente (43 %), Autoconsommation (21 %), Ombrage (11 %),
Bois d'oeuvre et bois de chauffage (8 %), Social (8 %), Fertilité (6 %),
Médicinale (3 %) ;
Ngomedzap : Vente (33 %), Autoconsommation (17 %),
Médicinale (17 %), Bois d'oeuvre et de bois de chauffage (13%), Ombrage
(13%), Fertilité (4 %), Social (3 %) ;
Zima : Vente (32 %), Autoconsommation (24 %), Bois d'oeuvre et
bois de chauffage (17 %), Ombrage (9 %), Médicinale (9 %), Social (5 %),
Fertilité (4 %).
Les producteurs ont fait savoir au cours de l'enquête
que l'objectif principal, et même le but visé dès la
création des cacaoyères était de se procurer de l'argent
à travers la vente (36 %) du cacao. Suite à la baisse drastique
du prix d'achat du cacao marchand aux producteurs, l'introduction des fruitiers
a très vite contribué à augmenter les revenus. La valeur
hautement représentative attribuée dans ce cas à la
fonction vente exprime la stratégie des producteurs de diversifier les
sources de revenus et même de vivre aisément. Ces résultats
sont proches de ceux de Morgane (2008) et contraire aux résultats de
Todem (2005) qui a trouvé que les producteurs accordaient plus
d'importance à la fonction d'ombrage aux espèces présentes
dans les AFC. L'argent obtenu de la vente va concourir à promouvoir la
croissance.
L'autoconsommation (20,7 %) est la deuxième fonction
prise en compte par les producteurs. Pour ces derniers, les arbres
présents dans les cacaoyères ne sont pas conservés ou
introduits
au hasard. C'est le résultat des habitudes alimentaires
qui en ait l'idée directrice. Pour eux, ces arbres contribuent à
leur fournir des aliments tels que les feuilles, les condiments, le vin, les
fruits, et les chenilles. (Photos 1, et 2). Ces résultats concordent
avec ceux de Todem (2005) et Morgane (2008). Pour ces derniers cette fonction
est aussi classée au second rang.
Photo 1: Noix récoltées pour faire de
l'huile d'Elaeis guineensis
Source : Photo Jagoret, 2009
Photos 2: Chenilles de consommation
Source : Photo Jagoret, 2009
Le bois d'oeuvre ou de chauffage (12,7 %) est la
troisième fonction prise en compte dans les cacaoyères par les
producteurs. Ces résultats sont contraires à ceux
présentés par Todem
(2005) qui avait trouvé que cette fonction était
la principale des fonctions des arbres dans les cacaoyères. Dans cette
étude, les producteurs laissent les arbres dans les AFC pour faire de
l'ombrage aux cacaoyers (Photo 3) et par la suite, ils trouvent une importance
diversifiée des arbres. Ainsi après une étude menée
par Todem (2005) et complétée par Messie (2007), puis par Morgane
(2008). Ils ont montré que la vente des arbres contribuait
significativement aux revenus des producteurs.
Photo 3: Une agroforêt à base de cacaoyers
dans le Centre Cameroun (Ngomedzap)
La médecine (9,7 %) pour les producteurs est
classée en cinquième position. Pour ces derniers,
l'agroforêt constitue un milieu riche de produits de la médecine.
Les feuilles, les écorces, les racines, les fruits sont utilisés
dans le cadre des traitements des maladies. La maîtrise de cette
pharmacopée diversifiée par les producteurs limite leurs
présences dans les hôpitaux. C'est ainsi que l'Herbier National du
Cameroun estime le nombre d'espèces de plantes médicinales
à 1000. Pour ces producteurs, le choix de la médecine
traditionnelle est dû au manque de moyens financiers, du mauvais
état des routes dans les zones reculées.
Suite à la baisse des prix d'achat de cacao aux
producteurs en 1989 (Massein, 2000), la suppression des organismes
chargés de fournir les intrants, la dévaluation du franc CFA en
janvier 1994 contribue à faire doubler le prix des intrants. Les
producteurs abandonnés se voient obligés de s'organiser et mieux
encore d'adopter des stratégies de diversification ayant pour rôle
principal d'intégrer des arbres bio fertilisants dans les AFC. Il est
donc important
pour les producteurs d'introduire et mieux encore de conserver
des plantes fertilisantes (4,7 %) dans les cacaoyères pendant leur
installation et durant le cycle de vie des cacaoyers. (Photo 4)
Photo 4: Fruits de Ficus mucoso au sol
(Fertilisation de la cacaoyère)
Source : Photo Jagoret, 2009
Les producteurs trouvent au sein des AFC, des plantes
utilisées au cours des rites traditionnels. Ces rites sont pour la
plupart du temps fait lors de veuvages, les décès accidentels des
membres d'une famille. De plus, les fruits, le vin de palme (photo 5) et bien
d'autres produits des AFC sont utiles pour l'accueil des convives.
Photo 5: Accueil des convives par la sève
d'Elaeis guineensis.
Source : Photo Jagoret, 2009
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