REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
Union - Discipline - Travail
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Ministère de l'Enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique
UNIVERSITE DE COCODY
CENTRE DE RECHERCHE
ET D'ACTION POUR LA PAIX
UFR des Sciences Juridique,
Institut de la Dignité et des Droits
Humains
Administrative et Politique
(IDDH)
Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées
en Droits de l'Homme
MEMOIRE DE FIN DE CYCLE
LES CONTRAINTES DE L'ACTION HUMANITAIRE DANS LES
SITUATIONS DE CONFLITS ARMES : CAS DE LA COTE D'IVOIRE
Présenté par :
LOROUX BI Trazié Gabriel
Stéphane
Sous la direction du : Pr. MELEDJE
Djedjro Francisco : Agrégé des Facultés de Droit,
Doyen de la
Faculté de
Droit, Université de Cocody Côte d'Ivoire
JURY:
- President : Pr OURAGA Obou,
Agrégé des Facultés de Droit, ancien Doyen de la
Faculté de Droit,
Université de Cocody Côte d'Ivoire
- Assesseurs :
- NEULSS Peter,
Responsable protection des enfants à OCHA Côte d'Ivoire
- Pr. MELEDJE Djedjro
Francisco, Agrégé des Facultés de Droit public,
Doyen de la
Faculté de Droit Université de Cocody Côte
d'Ivoire
Année académique :
2006-2007
Sommaire
INTRODUCTION....................................................................................
05
Première partie : LES CONTRAINTES LIEES A
L'ENGAGEMENT DU DROIT
IVOIRIEN A L'EGARD DU
DIH............................................19
Chapitre 1 : Les difficultés liées
à la réception et à l'incorporation du DIH dans
l'ordre juridique
ivoirien.......................................................20
Section 1 : La difficile réception du DIH dans
l'ordre juridique ivoirien............... .....20
Section 2 : Une incorporation lacunaire des normes
internationales dans l'ordre
juridique
ivoirien........................................................27
Chapitre deuxième : La
défaillance du système de répression et du système
interne
de
régulation humanitaire ..............................................
34
Section 1 : Un système défectueux de
répression des violations du DIH .......................34
Section 2 : Le système ivoirien de
régulation humanitaire quasi-inexistant................. ....41
Deuxième partie : LES ENTRAVES A LA PRATIQUE
HUMANITAIRE DU
FAIT DES ACTEURS DU
CONFLIT..................................... ....46
Chapitre premier: L'impact de la difficile
construction de l'Etat de Droit sur la
pratique
humanitaire.......................................................... .47
Section 1 : L'impact de l'effondrement de l'Etat
de droit sur l'action humanitaire.... ..47
Section 2 : L'atmosphère
d'insécurité du fait des
acteurs......................................56
Chapitre deuxième: Les
réalités socio économiques comme frein à l'action
humanitaire et
l'influence de l'évolution de la situation
politique sur les
contraintes..................................................63
Section 1 : L'effet subversif des
réalités socioéconomiques sur la pratique humanitaire..63
Section 2 : la dérive de l'aide humanitaire
et l'impact l'évolution politique sur
les contraintes
humanitaires............................................... ..69
Troisième partie : LES OBSTACLES
EXTERIEURS AUX ACTEURS DU CONFLIT
Chapitre premier: Les limites
spécifiques aux organismes et agences humanitaires.......76
Section 1 : Le
dysfonctionnement interne des organismes humanitaires...................76
Section 2 : Les contraintes liées aux
rapports des Organismes humanitaires............. ....83
Chapitre deuxième : les
contraintes politiques et l'influence négative des
médias
sur la crise
humanitaire........................................90
Section 1 : L'humanitaire comme facteur de
perméabilité juridique et
politique
nouvelle.................................................................90
Section 2 : L'influence incendiaire des médias
sur la crise.................................98
Principales abréviations
APDH : Actions pour la protection des
droits de l'homme
ASA : Afrique Assistance Secours
ASAPSU : Association da Soutien à
l'Autopromotion Sanitaire et Urbaine
BANBAT : Bataillon bangladais
BIMA : Bataillon d'infanterie de
marine
CATD : Camp de Transit temporaire des
Déplacés
CECOS : Centre de Commandement des
Opérations de Sécurité
CEDEAO : Communauté
économique des États d'Afrique de l'Ouest
CERAP : Centre de Recherche et d'Action
pour la Paix
CICR : Comité
International de la Croix Rouge
CNCA : Conseil national de la communication
audiovisuelle
CNP : Conseil national de la presse
CNSP : Comité National de salut
publique
COJEP : Congrès panafricain des
jeunes patriotes
CPI : Cour pénale
internationale
DIH : Droit International
Humanitaire
DRC : Conseil Danois pour les
Refugiés
ECHO : European Commission of
Humanitarian office
FAFN : Forces Armées des Forces
Nouvelles
FANCI : Forces armées nationales de
Côte d'Ivoire
FESCI : Fédération
estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire
FN : Forces Nouvelles
FPI : Front populaire ivoirien
GRIP : Groupe de recherche et
d'information sur la Paix et la Sécurité
GTI : Groupe de travail international
GTZ : Coopération Technique Allemande
HCR : Haut Commissariat des Nations unies pour
les Réfugiés
IDDH : Institut de la Dignité
et des Droits Humains
MIDH : Mouvement Ivoirien des Droits de
l'Homme
MINUCI : Mission des Nations Unies en
Côte d'Ivoire
MJP : Mouvement pour la justice et la
paix
MPCI : Mouvement patriotique de
Côte d'Ivoire
MPIGO : Mouvement populaire ivoirien du
Grand Ouest
MSF : Médecin Sans
Frontière
NRC : Conseil Norvegien pour les
Refugiés
OCHA : Bureau de coordination des affaires
humanitaires
OIM : Organisation Internationale pour les
Migrations
OLPED : Organisation de la liberté
de la presse, de l'éthique et de la déontologie
OLPED :Observatoire de la liberté de la
presse, de l'éthique et de la déontologie
OMS : Organisation Mondiale pour la
Santé
ONG : Organisation non
gouvernementale.
ONU : Organisation des Nations
unies
ONUCI : Opération des Nations
unies en Côte d'Ivoire
PAM : Programme Alimentaire Mondiale
PDCI : Parti démocratique de
Côte d'Ivoire
PDCI-RDA : Parti Démocratique de
Côte d'Ivoire Rassemblement Démocratique Africain
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
RDR : Rassemblement des Republicains
RTI : Radio télévision
ivoirienne
UNICEF : Fond des Nations unies pour
l'enfance
UOCI : Union des ONG de Côte
d'Ivoire
UVPAP : Union Villageoise des
Producteurs Agro pastoraux
ZOC : Zone de Confiance
Résumé
Les années 1990 ont marqué le début de la
déstabilisation de toute de l'Afrique de l'ouest. Ces différents
conflits majeurs, à commencer par celui du Liberia, sont marqués
par des crises humanitaires majeures.
La Côte d'Ivoire n'a pas été en reste.
Depuis 1999, date inaugurant le coup d'Etat, elle s'est véritablement
faite le théâtre à ciel ouvert des barbaries et des
catastrophes humanitaires depuis le 19 septembre 2002.Comme toute situation
pareille, celle de la Côte d'Ivoire a mérité une attention
particulière des humanitaires.
En réponse aux différentes voix qui se sont
élevées, la communauté nationale et internationale s'est
portée au chevet de la Côte d'Ivoire depuis 2002, à travers
une assistance tout azimut.
En dépit de toute cette assistance, la situation
humanitaire reste toujours alarmante parce qu'elle se trouve limitée
dans son fonctionnement par des facteurs qui lui sont propres et que des
obstacles ne lui permettent pas d'évoluer en toute quiétude et en
toute sécurité. On aurait pensé que l'apport des
militaires par l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire
aurait permis d'améliorer cette situation, mais il s'est heurté
à une presse dite de poubelle conditionnée par la situation
politique qui prévaut depuis le multipartisme. Tous ces facteurs rendent
inéluctable l'enlisement de l'action humanitaire. Ce qui est
préjudiciable aux droits humains.
Toutefois, des esquisses de solution pourraient provenir de
l'action émergente des Organisations Non Gouvernementales
internationales et locales, et d'une implication attendue de l'Etat ivoirien.
Au total, la contribution de cette recherche réside
à deux niveaux: Au niveau normatif et au plan humain.En effet, les
imperfections des dispositions normatives et les carences constatées,
accentuées notamment par un contexte politique
délétère et aggravées par un contexte
socioéconomique précarisé par la pauvreté et le
chômage, incitent à l'adoption de mesures internes et à la
ratification de textes internationaux. Enfin l'observation des acteurs
humanitaires, exige d'eux un renforcement des capacités, gage d'une
pratique humanitaire professionnelle.
Mots clés : humanitaire,
ingérence, droit, intervention, contraintes, normes
Médias,
souverainété, insécurité, corruption
Introduction
Le thème que nous nous sommes proposés
d'enrichir est de ceux dont l'approche est aussi délicate que
périlleuse. En effet, s'il aborde la question sensible de la
qualité du travail des humanitaires sur le terrain, il soulève en
substance d'une part les rapports entre les ONG internationales comme
nationales et l'Etat et d'autre part les relations entre les factions rivales
au regard des principes qui guident l'action humanitaire sur le
théâtre des conflits. Toutefois, son importance reste à
relever même si le substratum textuel offert par l'Etat de Côte d'
Ivoire ne permet pas son plein essor. Cependant, cela n'enlève rien
à l'intérêt d'un tel sujet (1) conforté par son
contexte d'étude (2). La revue de littérature (3) qui a servi de
base à notre réflexion, permettra de faire la lumière sur
la problématique (4) et de vérifier les hypothèses
émises (5) à l'aide d'une méthodologie bien affinée
(6) pour en faire ressortir l'articulation adaptée (7).
1/ INTERET DU SUJET
L'histoire de l'humanité est faite de rapports de
force, de confrontations, de conflits entre nations et surtout entre des
peuples ou des individus. Ceux-ci pouvant s'analyser en effet comme
« une relation entre plusieurs personnes ou plusieurs groupes qui
poursuivent des buts incompatibles ».1(*) Ainsi définis, les
conflits peuvent se caractériser et se caractérisent assez
souvent d'ailleurs par un degré extrême de violence,
dégénérant en guerre.
Cette activité polémologique qui est le fait
d'un être exclusivement rationnel, physique et social2(*), se donne comme une
activité typiquement humaine. Cela est d'autant plus vrai que
« les Etats du tiers monde et notamment ceux d'Afrique ne sont
pas à l'abri de cet attrait voire de cette passion pour la
guerre »3(*)
qui gagne progressivement du terrain telle une gangrène et
s'étend aux Etats qui étaient, au lendemain des
indépendances, identifiés comme les plus stables, les plus
paisibles et les plus aptes à susciter et promouvoir le
développement de l'Etat de droit, de la démocratie et surtout des
droits de l'homme. Cette prolifération s'accompagne
inévitablement de destructions, massacres et atrocités les plus
effroyables4(*).
L'Afrique de l'Ouest illustre malheureusement ce tableau vu
que la situation générale dans cette sous
région paraît en voie de dégradation très
avancée, évoquant une évolution non sans analogie avec
celle qui prévaut depuis quelques années déjà dans
le reste de l'Afrique.5(*)
En effet, considérée jusque là comme
l'un des Etats les plus paisibles par rapport aux autres Etats du sous
continent subsaharien, La Côte d'Ivoire, jadis havre de paix, est
rentrée dans une sorte de résonance conflictuelle dont le ton a
été donné par le Liberia et la Sierra Léone. Elle
s'engouffre ainsi dans une spirale de conflits violents6(*) dont le ciment est à
coloration politique. Le désordre politique née des luttes
hégémoniques ou simplement de pillages organisés,
animé par les fossoyeurs des Etats7(*), a emporté la Côte d'Ivoire dans un
torrent sans précèdent, d'ailleurs elle s'est prêtée
à ce désordre (voir annexe arc de tension).
En effet la gestion de l'héritage politique du premier
Président feu Félix Houphouët Boigny a entraîné
des tensions sociopolitiques. Ces tensions accouplées aux
problèmes socioéconomiques se sont exacerbées et ont
conduit au coup d'Etat de décembre 1999, qui a vu renverser le
Président Henry Konan Bedié. Depuis ces événements
majeurs, la Côte d'Ivoire est tombée dans un tourbillon de
violences politiques dont l'aboutissement est conflit armé du 19
septembre 2002. L'Afrique subsaharienne, subissant ce dysfonctionnement
chronique du fait de la guerre, est ainsi en passe de rater le train du
développement au regard des multiples guerres civiles avec leur
corollaire de drames humanitaires « qui ont contribué
à déséquilibrer tout un ensemble sous-régional, de
la Sierra Léone à la Côte d'Ivoire, en passant par la
Guinée et le Liberia»8(*).
Dans ce vaste « brasier recouvert tout entier
par une épaisse flamme rouge de sang et de chaleur, des larmes
répandues par des manifestations de violence de tous ordres et tout
acabit »9(*),
le phénomène de la pratique humanitaire interpelle à plus
d'un titre les consciences au niveau des difficultés qui entravent son
bon fonctionnement sur le terrain.
Depuis l'antiquité, les hommes ont tenté, avec
plus ou moins de succès, de maîtriser les effets de la violence
pour limiter les maux qu'elle ne manque de provoquer. On peut ainsi
remarquer, « Que ce soit le roi de Babylone Hammourabi qui
codifie, il y a 4000 ans la conduite de la guerre ; les textes du
Mahâbhârata et ceux de la loi de Manou dans l'Inde ancienne qui
prêche la miséricorde envers les ennemis désarmés et
les blessés ; ou encore le code Viqâyet de 1280 dans
l'Espagne sarrasine, code qui protège les civils et les
vaincus »10(*) ; l'humanité a continué la
réglementation de la guerre à travers l'expression du
génie de Grotius « De jure belli ac
pracis » et de Rousseau dans son Contrat social qui a
posé le principe des conventions de Genève : les soldats
désarmés ne peuvent plus être considérés
comme des ennemis. « Ils deviennent simplement hommes et l'on n'a
plus le droit sur leur vie... »11(*). C'est dans cette droite ligne que, de la Convention
pour l'amélioration du sort des blessés dans les armés en
campagne aux conventions actuelles sur le droit humanitaire ; l'action
humanitaire s'est vue réglementer pour une meilleure pratique sur le
terrain. Malgré ce lourd dispositif juridique, l'action humanitaire
connaît toujours des contraintes dans sa mise en oeuvre.
. La question devient de savoir ce qu'il faut entendre par
« contraintes de l'action humanitaire » ?
Existe-il un lien entre les termes « ingérence
humanitaire», « limites de l'action
humanitaire », «respect des principes humanitaires »
et « obstacles à l'action
humanitaire » ?
La contrainte selon Le Petit Robert, s'explique par une
violence exercée contre quelqu'un, une entrave à la
liberté d'action. Le Littré lui emboîte le pas en la
résumant en une gêne, en la difficulté d'action. Le Lexique
des Sciences Sociales, à travers une définition groupée de
la Sociologie et de la Science Politique, définit la contrainte comme ce
qui entrave la liberté d'action d'un individu (du dehors ou du dedans).
Cette définition qui porte l'empreinte de Durkheim nous convient le
mieux dans la mesure où elle nous permet de l'orienter en fonction de
notre thème. La contrainte sera ici entendue dans le sens des
difficultés qui entravent la liberté d'action humanitaire du
dehors comme du dedans, c'est à dire dans le sens des obstacles et des
limites. Qu'en est-il alors de l'action humanitaire ?
Il convient de noter à ce propos que ni les instruments
contraignants du droit international des Droits de l'Homme, ni ceux du Droit
International Humanitaire (DIH) et en particulier les différentes
Conventions de Genève sur le DIH, aussi bien que contribuant à
humaniser les guerres, ne parviennent pas à donner expressément
une définition exhaustive de l'action humanitaire. Elles se contentent
seulement de faire allusion à l'assistance humanitaire tout en indiquant
la nécessité de venir en aide aux militaires
désarmés devenus civils ou aux civils sans discrimination aucune.
Une telle carence du moins un tel manque de clarté justifie les
difficultés sur le terrain.
En effet, au delà des bégaiements des textes
internationaux notamment des conventions de Genève qui constituent par
excellence, le substratum du DIH et par delà de l'action humanitaire, la
doctrine s'en est véritablement fait l'écho. Le Comité
International de la Croix Rouge (CICR) qui est du reste le gardien du DIH s'est
essayé mais aussi maladroitement que les autres à cette
définition. Pour le CICR l'action humanitaire est vue sous l'angle de
l'aide qu'il apporte aux populations en détresse. C'est pour cette
raison que l'action humanitaire est appréciée différemment
en ces termes : « L'aide humanitaire est une forme de
solidarité, généralement destinée aux populations
pauvres, sinistrées ou prises dans une guerre, qui peut répondre
à des besoins divers (faim, santé, reconstruction après un
sinistre, éducation, protection des enfants, mise en place de
réseaux d'eau et de communication...)12(*) ». On distingue souvent à
ce sujet l'aide d'urgence qui est réalisée aux premières
heures de la crise et de l'aide permanente ou de développement qui
intervient post conflit.
C'est Lamartine et Chateaubriand, qui utilisent les premiers
le mot « humanitaire » dans le sens de la philanthropie,
c'est-à-dire de bienveillance envers « l'humanité
considérée comme un grand être
collectif 13(*)». Selon le Littré de 1866 et
adopté par le petit Larousse, l'adjectif humanitaire évoque ce
qui recherche le bien de l'humanité et vise à améliorer
les conditions des Hommes. Avec une pareille définition il est cependant
difficile de cerner ce qui recouvre aujourd'hui l'action humanitaire. Mais on
peut néanmoins relever deux éléments principaux :
- La première consiste à percevoir la
démarche humanitaire comme portant un objectif en soi : la
volonté d'accomplir quelque chose pour autrui sans obligation de
résultat. Toute initiative relève donc d'une intention avant
tout.
- La seconde réside dans l'objectif lui-même qui
vise à améliorer la condition humaine.14(*)
Le conseil de l'Europe n'a pas été en reste.
Son règlement concernant l'aide humanitaire définit celle-ci
comme : « des actions non discriminatoires d'assistance, de
secours et de protection en faveur des populations des pays tiers, notamment
les populations les plus vulnérables et en priorité celles des
pays en développement, victimes de catastrophes naturelles,
d'événements d'origine humaines tels que les guerres et les
conflits ou des situations et circonstances exceptionnelles comparables
à des calamités naturelles ou causées par l'homme et ceci
durant le temps nécessaire pour faire face aux besoins humanitaires
résultant de ces différentes situations ». Cette
aide comporte aussi bien des actions de préparation préalable aux
risques ainsi que des actions de prévention de catastrophes ou
circonstances exceptionnelles15(*). Cinq éléments ressortent de cette
définition ;
1 - La situation de détresse humaine ou de souffrance
physique ou morale de l'homme
qui appelle une réponse de la part de la
communauté humaine.
2 - la notion de victime qui est le moteur de toute action
humanitaire
3 - La volonté de porter secours aux victimes
d'où le caractère désintéressé
4 - l'idée diffuse d'urgence ou
d'immédiateté
5 - l'absence de discrimination
Au-delà de la polémique, la dernière
approche définitionnelle qui, du reste, est le fruit de la conjugaison
de la théorie et de la pratique, nous paraît mériter
l'adhésion et ceci, pour trois raisons fondamentales. D'abord, elle est
conforme à la doctrine dominante des acteurs humanitaires en la
matière. Ensuite, elle est la mieux à même de
répondre aux exigences de préservation de l'intérêt
et de la dignité tel que consacrés par le droit international
humanitaire. Enfin, elle est conforme à la réalité des
conflits, surtout nationaux, opposant généralement le
gouvernement en place et les rébellions. C'est ce qu'on peut constater
dans le conflit ivoirien. C'est une définition simple mais
complète du terme qui a été proposée par Rony
Brauman16(*) : «
L'action humanitaire est celle qui vise à préserver la vie
dans le respect de la dignité, à restaurer dans leur
capacité de choix des hommes qui en sont privés par les
circonstances. Elle est mise en oeuvre pacifiquement et sans discrimination, en
toute indépendance, neutralité et impartialité
».17(*) Cette
définition balise clairement ce qui ressort du domaine de l'humanitaire
et ce qui ne l'est pas. Il serait difficile, pour une quelconque force
armée, de réaliser des actions humanitaires en respectant les
principes avancés dans cette définition. D'abord, parce qu'une
armée dépend d'un pouvoir politique et qu'ensuite, sa mission
principale est de défendre un territoire et une population par l'usage
éventuel de la force, donc de la violence.
On voit donc facilement toute l'ambiguïté qu'il y
a à parler d'action « militaire humanitaire », ou
encore et de manière plus flagrante de « guerre
humanitaire ». Ainsi pour certains auteurs de la doctrine tel que
Xavier Zeebroek, « l'expression « guerre humanitaire »
apparaît plus comme un alibi et un slogan de marketing politico-militaire
face à l'opinion publique »18(*). Les Institutions militaires ont, depuis peu, une
tendance récurrente à l'utilisation du terme humanitaire,
amplifiant ainsi la confusion. Aussi, les tâches dites «
humanitaires » des missions des armées devraient
être, plus conformément à la réalité des
choses, appelées « missions de protection de la
population », en référence aux fonctions réelles
des forces militaires.
Il est un fait qu'aujourd'hui, les missions des forces
armées se sont diversifiées (en empiétant sur un terrain
jadis réservé aux ONG humanitaires) et qu'elles jouent un
rôle prépondérant aux yeux du public. Une des
conséquences de cela est qu'il reste de moins en moins de place pour
une aide humanitaire indépendante, au détriment direct des
populations dans le besoin. Par ailleurs, les pressions exercées sur les
ONG par l'armée et les bailleurs de fonds se renforcent pour les amener
à servir de « relais » à une propagande
politique.
Ainsi défini, le phénomène de la
pratique humanitaire n'est pas contemporain. Il remonte à
l'antiquité et se rencontre sur tous les continents. S'il faut
l'entendre dans le sens d'aider son prochain en difficulté, il s'impose
à nous de faire ressortir les différents éléments
de l'action humanitaire (évaluation des besoins, la décision sur
la réponse à apporter, la planification de l'action,
l'exécution des opérations et l'évaluation ou le suivi)
dont le respect assuré permettra de sauver des vies humaines en
Côte d'Ivoire et certainement dans le reste du monde.
2/ CONTEXTE D'ETUDE
L'étude des contraintes de l'action humanitaire dans
les situations de conflits armés dans le cas particulier de la
Côte d'Ivoire, se veut une contribution au mouvement international de
diffusion du DIH. Elle participe également à
l'amélioration de la pratique humanitaire dans le monde, en Afrique
subsaharienne et surtout en Côte d'Ivoire où les hostilités
ont été des plus dévastatrices19(*). Elle est menée dans le
cadre de la préparation du Diplôme d'Etude Supérieure
Spécialisée (DESS) en Droits de l'Homme organisé par
l'Institut de la Dignité et des Droits Humains (IDDH) du Centre de
Recherche et d'Action pour la Paix (CERAP). Ce DESS est organisé en
partenariat avec l'Université d'Abidjan Cocody (Faculté de
droit) et, la présente promotion, en est la troisième.
La recherche ayant été balisée dans son
contexte scientifique, il convient de la définir dans son cadre
spatio-temporel. Une telle démarche présenterait l'avantage de la
précision et de la concision de l'étude.
Ainsi ratione loci, le champ de celle-ci ressort du
thème lui-même, à savoir « les contraintes de
l'action humanitaire dans les situations de conflits armés : cas de
la Côte d'Ivoire ». Ce
critère purement géographique nous parait le mieux
approprié, dans la mesure où il nous permet de nous limiter
à la Côte d'Ivoire avec toutefois des possibilités
d'ouverture sur le reste du sous continent. Cependant, nous avons pris soin de
nous « limiter » à un échantillon c'est
à dire à la région ouest du pays, celle du
« Moyen Cavally et des 18 montagnes » qui pour nous sont
représentatives de la Côte d'Ivoire au point de vue des
difficultés humanitaire rencontrées sur l'ensemble du territoire
ivoirien.
Un tel choix n'est pas fortuit. Il repose sur trois raisons
principales. Au delà des difficultés communes, la pratique
humanitaire connaît d'autres contraintes du fait des
spécificités qui sont propres à ces régions.
D'abord, la région Ouest du pays à l'image de la région du
Moyen Cavally et des 18 montagnes a payé le plus lourd tribut :
pertes en vie humaine très élevées et pertes
matérielles (des villages entiers rayés de la
région20(*), les
plus gros charniers : Monoko Zohi, Guitrozon et les grands assassinats
dans des villages qui n'ont pas encore révélés21(*)). Aussi l'ouest de la
Côte d'Ivoire est elle à cheval sur les trois zones
caractéristiques de la guerre depuis le 19 septembre. Ce sont la zone
sous contrôle gouvernementale, la zone sous contrôle rebelle et la
zone de confiance qui sépare ces deux zones antagonistes. Ensuite, cette
région a été la première à accueillir un
camp de réfugié (Peace Town à Guiglo mais le reste des
réfugiés a connue une bonne insertion dans des familles de la
région). Enfin existe le phénomène des
déplacés de guerre qui a atteint une proportion
démesurée22(*) sur fond de problème du foncier rural. Toutes
ces difficultés se trouvent exacerbées avec les conditions
insupportables de la pratique humanitaire. Ces spécificités
propres à la région, de par leur gravité, menacent la paix
et la stabilité de toute la Côte d'Ivoire et de toute la sous
région. A cela, il est à ajouter que même si les
contraintes semblent pratiquement être les mêmes, les explications
diffèrent en fonction des réalités de chaque
région. Par exemple, les spécificités des zones du nord
influent singulièrement sur les difficultés humanitaires
rencontrées au nord. Il en va ainsi des autres zones du pays.
Ratione temporis, la situation des contraintes
relativement à l'action humanitaire dans les situations de conflits
armés en Côte d'Ivoire ne sera envisagée pour l'essentiel
qu'à partir du moment où la Côte d'Ivoire a franchi le
rubicond de turbulence depuis le 24 décembre 1999, date inaugurant le
cycle de déstabilisation de l'Etat.
Par cette étude, Il s'agit ainsi de réaliser
l'espoir suscité par le mouvement international de codification en
faveur des sinistrés de guerre. Cette codification permettra de leur
apporter le réconfort nécessaire dans le sens du respect de leur
dignité. Par cela seul la notion de droit d'assistance humanitaire selon
le secrétaire général des Nations unies Kofi Anan,
« deviendra en quelque sorte, l'une des dimensions
opérationnelles de la garantie des droits de
l'Homme »23(*).
3/ REVUE DE LA LITTERATURE
L'étude des contraintes qui existent dans le sens des
limites et des obstacles rencontrés sur le théâtre de la
pratique humanitaire, s'inscrit parfaitement dans le cadre
général de la protection de la dignité humaine telle que
les Conventions de Genève sur le DIH le prescrivent. Ce droit
d'assistance a fait l'objet d'une littérature abondante.
Le terreau sur lequel a poussé l'humanitaire, est la
charité aussi bien chrétienne qu'islamique sans pour autant
oublier les autres confessions religieuses. Mais l'humanitaire moderne est
né avec la Croix-Rouge en 1864, en même temps que le
développement de l'information.
Ainsi on peut lire dans le livre de la Genèse que, pour
parachever son oeuvre de création, « Dieu dit : faisons
l'Homme à notre image, selon notre ressemblance... et Dieu créa
l'homme à son image ; il le créa à l'image de Dieu,
homme et femme il les créa24(*),.... ». Cette image de l'homme fait de lui
un être capable d'amour et de miséricorde. Le Seigneur JESUS
Christ dans la nouvelle alliance, ne fera qu'enseigner l'amour base de la
dignité humaine. C'est cette dignité que la parabole du bon
Samaritain vient confirmer.
En effet, l'évangile selon Saint Luc (1 Luc 10 versets
25 à 37) s'étale largement sur la question de la charité
envers le prochain à travers la parabole du bon Samaritain. A la
question de qui est mon prochain ? Le Seigneur JESUS, par une parabole
comme il était de coutume avec lui, exposa l'attitude de trois personnes
face à un homme dépouillé, battu et laissé pour
mort. Le premier un prêtre serviteur de DIEU le vit et passa à
bonne distance, le second un lévite25(*) en fit de même. Le troisième un
samaritain26(*) qui
partait en voyage fut pris de pitié le soigna et l'amena à
l'auberge qu'il paya de ses propres frais. Des trois individus, qui s'est
montré le prochain de l'homme qui est tombé sous les coups des
bandits ? Le légiste répondit à Jésus c'est le
samaritain et au Seigneur de rétorquer « va et toi aussi fais
de même ». Cet enseignement de Jésus aux peuples du
monde se trouve soutendu par l'idée
d' « Amour » qui doit constamment guider les
hommes dans leurs différents actes. Cette idée d'AMOUR est pour
Jésus au coeur de toute chose : Quand j'aurais la foi ......s'il me
manque l'amour je ne suis rien27(*). Des trois éléments essentiels de la
vie chrétienne (la foi, l'espérance et l'amour), l'AMOUR est le
plus grand. Il commande toute oeuvre d'humanité. Il en est de même
dans la religion musulmane.
Les droits de l'Homme en Islam reposent sur l'idée que
Dieu en est la source exclusive. Partant, aucune organisation humaine, qu'elle
soit législative ou gouvernementale ne peut octroyer des droits aux
Hommes28(*). C'est ce qui
explique que pour les musulmans, les actes humanitaires constituent un
élément essentiel de la pratique religieuse. Les textes
coraniques et prophétiques qui plaident en faveur de l'action
humanitaire en la définissant sont soit de nature obligatoire, soit de
nature incitative et n'excluent pas les non musulmans de l'aide humanitaire.
Pour le musulman, accomplir un acte humanitaire est une façon de
recevoir l'aide du ciel, de racheter ses péchés de valider sa
foi, de satisfaire le Prophète MAHOMED et ALLAH et de mériter le
paradis29(*). Ceux qui
croient et font de bonnes oeuvres auront le plus grand bien et aussi le
meilleur retour...30(*) Le
hadith du Prophète précise à cet effet que: « Dieu
aime parmi les humains ceux qui sont au service de leurs semblables....
31(*)». Ainsi donc,
la proximité verticale (avec le Créateur) se trouve
conditionnée par la proximité horizontale (entre les individus).
C'est ce qui ressort d'ailleurs dans un hadith : « Le
généreux est proche de Dieu, proche des êtres humains,
proche du paradis32(*)....
»
La dignité humaine bénéficie du suffrage
de tous les courants de pensées autant religieux que moraux. La
philosophie bouddhiste opte pour l'égalitarisme. Tous les hommes son
égaux en dignité, il faut éviter de faire mal à
quelqu'un. Cela implique aussi d'aider celui qui est dans le besoin. C'est dans
cette approche que Gandhi déclarait que « nous sommes tous
taillés dans le même patron, mépriser un seul être
humain, c'est mépriser le divin qui est en nous ».
Les théoriciens, à qui l'on doit le
développement de l'Humanitaire moderne, ont emprunté à la
théorie religieuse, l'idée de bienfaisance pour améliorer
la pratique humanitaire tout en assurant sa propagation au delà des
frontières religieuses. Pour ce faire, ils vont à travers des
ouvrages généraux, suggérer l'idée
d'amélioration de l'humanitaire et de la pratique qui s'en suit. Les
théoriciens locaux occupent une place de choix puisqu'ils sont les mieux
placés pour stigmatiser les problèmes propres à leurs
régions.
Par ailleurs, le monde des praticiens s'est également
penché sur la question de l'action humanitaire dans sa théorie.
Les premiers et les plus influents restent le CICR qui en tant que gardien du
DIH a aussi la lourde tâche d'assurer sa diffusion. Ainsi des ouvrages
généraux aux articles spécifiques en passant par les
ouvrages spécialisés et les actes de colloques, le CICR participe
à sa manière à vulgariser le DIH. Certains praticiens ont
recueilli les avis de leurs confrères sur différents sites y
compris la Côte d'Ivoire pour les classer dans un document qui sert de
guide d'expérience, c'est le cas de « Humanitarian
négociation » de Deborah Mancini- Griffoli et
d'André et de « Evaluer l'action
humanitaire » de Adrian Wood, R Athorpe et de John Borton aux
éditions Karthala.
En outre il est à confirmer que la revue de la
littérature est assurée pour la majorité par des
praticiens rompus à l'oeuvre de bienfaisance. On peut citer pèle
mêle Rony Brauman, Bernard Kouchner anciens directeurs de MSF. Le Groupe
de Recherche et d'Information sur la Paix et la Sécurité (GRIP)
consacre tous ses efforts à les accompagner dans leur mission
philanthropique à l'image de Xavier Zeebroek responsable de recherche au
GRIP.
A ces ouvrages, il faut mentionner les travaux et les rapports
des spécialistes sur le terrain tels que les structures
spécialisées des Nations unies et les ONG nationales
A partir de ces ouvrages, mais aussi en nous inspirant des
mémoires, articles et rapports consacrés plus ou moins à
la pratique humanitaire, nous aborderons le problème des
difficultés que connaît l'action humanitaire en Côte
d'ivoire
4/ PROBLEMATIQUE
« Les Conventions de Genève permettent
à tous les Etats de démontrer leur sollicitude et leur
humanité en acceptant que dès lors qu'un prisonnier est
blessé il devient un être humain, il n'appartient plus à
cet Etat mais est restitué à l'Humanité. La distinction
entre combattant et non combattant est la racine de l'action
humanitaire »33(*)
L'humanitaire
moderne, héritier de la charité chrétienne et de
l'humanisme du siècle des lumières, naît dans l'idée
que les armées doivent être retenues, que l'éclatement des
violences de la guerre ne doit pas se faire de façon
démesurée. L'humanitaire moderne a permis de créer des
« oasis d'humanité » à l'intérieur des
espaces de violence. Les conventions imposent aux belligérants
l'obligation de réserver des espaces protégés, neutres,
pour soigner les soldats. L'humanitaire voit le jour sur les champs de bataille
avec pour mission initiale de soigner les blessés de guerre et les
civils affectés directement ou indirectement. Avec l'évolution,
le terrain de l'humanitaire moderne s'est vu peuplé par deux grands
acteurs qui parfois sont opposés parce que les intérêts ne
coïncident pas toujours. Ce sont les acteurs institutionnels (Etats et les
organisations internationales) et les organisations humanitaires (ONG
internationales, nationales et le CICR) qui font généralement
face aux factions rivales. Cette nouvelle donne survient à une
période où les ONG (Organisations non Gouvernementales) se voient
reconnaître une place sur la scène internationale, naguère
territoire exclusif des Etats. Elargissant considérablement leur champ
d'intervention (programme d'urgence et de développement...), elles
travaillent à la production de nouvelles régulations dans
l'espace politique surtout des droits de l'Homme.
Dans un tel contexte parfois de désordre
généralisé où s'entrechoquent divers
intérêts partisans et égoïstes, où chacun pense
se servir de la population en les prenant en otage pour assouvir ses desseins
machiavéliques, comme on le constate en Côte d'Ivoire, le
problème de l'effectivité des actions humanitaires se pose dans
leur application en faveur des civils, des blessés et des prisonniers
(de guerre). A cet effet, la démarche tournera autour de savoir si les
normes sont suffisamment élaborées pour permettre une telle
activité. Il s'agira donc, au-delà des normes, de leur
réception, incorporation et des failles qu'elles recèlent,
d'interroger le contexte social de leur application afin d'identifier les
facteurs mais aussi les manifestations des contraintes humanitaires en
Côte d'Ivoire.
5/ HYPOTHESES
Les contraintes de l'action humanitaire, si elles ne sont pas
souvent manifestes, semblent avoir affecté considérablement
l'action humanitaire en Côte d'Ivoire dans cette période
conflictuelle. Néanmoins en raison principalement du contexte
politico-militaire d'une complexité sans pareille, nous avons en vue
tous les secteurs de la vie en Côte d'Ivoire permettant de comprendre ces
obstacles et limites. Par ailleurs, la conjoncture socioéconomique a
dû exacerber le phénomène. Cela parait peut être
illusoire de vouloir ordonner dans le sens du respect des règles, une
situation qui, du reste constitue le désordre par excellence. Cela reste
cependant une action louable puisque les conflits sont de nature humaine et
s'en suivra toujours une assistance humanitaire.
Il est donc opportun qu'au-delà des textes
insuffisants, de leur incorporation plus ou moins suffisante, nous identifions
dans le contexte ivoirien les facteurs empiriques qui ont conduit à ces
difficultés tant sur le plan textuel que sur le théâtre des
opérations. Ce qui nous permettra de faire certaines suggestions.
6/ PROCESSUS METHODOLOGIQUE
Toute analyse scientifique ne pourrait se faire sans une
démarche propre, sans méthode, laquelle permet d'assurer au mieux
le résultat escompté.
L'analyse des contraintes de l'action humanitaire dans le
paysage conflictuel ivoirien ne saurait échapper à son tour
à une telle exigence et commande de ce fait la définition d'une
approche méthodologique. Ainsi, par une démarche aussi bien
descriptive que critique, l'étude sera menée tout en se
nourrissant de données empiriques empruntées à
l'actualité politico-militaire et sociale du pays ayant pour cadre les
grandes théories sur la pratique humanitaire sous-régionale et
internationale.
Dans une perspective éducative et scientifique,
l'étude épousera une double approche positiviste mais aussi
sociologique c'est à dire rapporter les faits et les analyser . En
effet, sur un plan positiviste ou juridique, nous serons conduits à
rechercher les normes inadaptées afin de lire et révéler
leur contenu ainsi que leur degré de protection, le tout en vue de
suggérer des amendements ou de nouvelles adoptions et ratifications des
textes qui attendent.
En outre, le souci de restituer plus fidèlement la
question, appuyé par le fait qu'une démarche purement juridique
serait partielle, impose d'aller aux delà des normes ; d'où
l'intérêt de l'approche sociologique.
Il s'agira donc, sur la base notamment des rapports
d'enquêtes conduites par les Nations Unies et/ou les ONG internationales
et nationales, les structures étatiques en la matière, des
déclarations des personnalités politiques et diplomatiques, de
confronter les textes existants dont il faudra d'ailleurs relever les
mérites et avancées avec la pratique ; le tout dans une
optique suggestive. La démarche ainsi que les propositions seront,
à cet effet élaborées toujours dans le sens d'une
meilleure pratique de l'action humanitaire en Côte d'Ivoire et dans le
monde entier.
Par ailleurs, l'ambition de conférer une dimension
beaucoup plus pratique à l'oeuvre, nous imposera de l'alimenter des
informations recueillies dans le cadre d'une enquête de terrain
réalisée dans les régions du Moyen Cavally et des 18
Montagnes, sur la base d'un questionnaire que nous avons confectionné,
auprès des spécialistes exerçant dans la région.
Mais une telle entreprise, il convient de le souligner, est
largement tributaire de l'accès à la documentation
(législation, jurisprudence, témoignages...) et aux populations
cibles. Notre étude ne prétend pas, par conséquent,
présenter un caractère exhaustif et parfait.
7/ ARTICULATION
L'étude des contraintes comme entraves à
l'action humanitaire dans cette situation conflictuelle que vit la Côte
d'Ivoire nous autorise à adopter une démarche en trois
mouvements. Il s'agit en effet, sur la base des informations que nous avons
rassemblées et de la confrontation des textes internationaux aux textes
nationaux, de situer la part de l'Etat de Côte d'Ivoire dans ces
difficultés qui entachent la pratique humanitaire dans ce pays
(Partie I) mais au delà des carences notées dans
les textes nationaux par rapport aux textes internationaux de base, l'action
humanitaire se trouve également compromise par une constante violation
des textes par les parties au conflit (Partie II) et des
facteurs exogènes aux deux premières causes (Partie
III).
Première partie
LES CONTRAINTES LIEES A L'ENGAGEMENT DU
DROIT IVOIRIEN A L'EGARD DU DIH
En règle générale, le défi de
l'action humanitaire reste à relever dans notre monde menacé par
les catastrophes naturelles et en proie à la violence. En Côte
d'Ivoire, depuis quelques années, ce défi est
singulièrement plus perceptible à travers
l'évolution de la crise qu'elle traverse. Tout conflit
armé engendre des conséquences humaines qui appellent la mise en
oeuvre d'une action humanitaire pour faire face à toutes ces situations
désastreuses. Mais la mise en oeuvre de cette action humanitaire est le
résultat d'une disposition normative en la matière. S'il est vrai
qu'à l'instar des autres Etats, la Côte d'Ivoire s'est
engagée sur cette voie, il n'en demeure pas moins qu'à la
lumière de la crise qu'elle vit, la pratique a
révélé un certain nombre de difficultés
liées à son ordre juridique interne. Il s'agit en
réalité de mettre en relief les difficultés liées
à la réception et l'incorporation du DIH dans l'ordre juridique
ivoirien (chapitre 1) mais aussi de fustiger la défaillance de son
système interne de répression des violations du DIH et de son
système interne de régulation humanitaire qui contraignent la
pratique humanitaire (chapitre 2).
Chapitre premier : Les difficultés
liées à la réception et à l'incorporation
du Droit International
Humanitaire (DIH) dans
l'ordre juridique
ivoirien
L'ordre juridique international et interne sont dans un
rapport souvent qualifié de juxtaposition ou de
supériorité. Ce qui implique que les normes issues de l'ordre
international ne soient pas pour la plus part d'une applicabilité
directe dans l'ordre interne. Il faut ainsi distinguer en fait, la question de
l'introduction d'une norme internationale dans l'ordre interne de celle de son
exécution automatique dans cet ordre. D'une manière
générale, les traités internationaux accordent la latitude
aux Etats parties d'adopter des mesures internes visant à assurer la
mise en oeuvre des engagements internationaux librement consentis. Dès
lors que les traités internationaux sont ratifiés et
publiés au journal officiel, ils sont introduits de manière
régulière et légale dans l'ordre juridique interne
ivoirien .Ce mécanisme n'est pas sans reproche d'autant plus que les
rapports entre les ordres juridiques national et international sont toujours
empreints de conflictualité sur la question de la
supériorité de l'un sur l'autre. Nous étudierons donc la
difficile réception du DIH dans l'ordre juridique ivoirien (section1),
ce qui nous permettra de mieux relever les imperfections de son incorporation
(section2).
Section 1 : La difficile réception du DIH
dans l'ordre juridique ivoirien
Avant toute critique aussi constructive soit elle, il
important et honnête de relever que l'Etat de Côte d'ivoire a fait
une consécration éloquente des droits de l'Homme dans l'actuelle
Constitution du 1er Août 2000. Cependant, la pratique
humanitaire se heurte à des entraves qui trouvent fondement dans la
réception difficile du DIH dans l'ordre juridique ivoirien (paragraphe
1). Ce qui, par voie de conséquence donne de constater une
réception insuffisante des textes internationaux (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La procédure de réception
comme une entrave à
l'action humanitaire
Il est difficile, même inconcevable de comprendre que la
législation ivoirienne soit en porte à faux avec les instruments
internationaux des droits de l'Homme et du droit humanitaire qu'elle a
librement accepté et auxquels elle se réfère. Toute
la législation doit obéir aux engagements internationaux
librement consentis34(*).
Ainsi donc si des irrégularités ou des
contrariétés sont constatées dans la législation
ivoirienne, certainement que le système de contrôle interne ou
d'harmonisation a failli. C'est le lieu ou l'occasion pour nous de faire une
analyse rétrospective des procédures de mise en oeuvre des
engagements internationaux (A) et d'analyser le choix des autorités
étatiques chargées du contrôle de constitutionalité
des normes internationales (B).
A : La procédure de réception des
engagements
internationaux
La constitution ivoirienne du 1er août 2000
en son article 8535(*),
reprenant la défunte du 03 novembre 1960, définit clairement les
différentes procédures de réception des engagements
internationaux dans l'ordre juridique ivoirien. Ce sont les techniques
d'introduction dites automatiques et celles dites particulières. Les
techniques dites automatiques intéressent les lois et traités qui
sont d'application directe c'est à dire
« self-executing36(*) ». Cette technique qui trouve sa base dans
la constitution ivoirienne en son article 8737(*), ne pressente pas autant de complications que celle
dite particulière. Les techniques dites particulières
intéressent les traités ou conventions qui nécessitent une
procédure particulière pour leur réception dans l'ordre
interne. La conformisation de la règle interne à la convention
internationale pose le plus souvent problème, dans la mesure ou elle
débouche pour la plupart sur des résultats de
contrariété. Le souhait serait alors pour tout humanitaire de
savoir que les conventions ou traités le concernant soient d'une
applicabilité directe à l'effet de faciliter la pratique
humanitaire sur le terrain.
La notion d'applicabilité directe traduit la
préoccupation d'effectivité interne du droit international. Elle
est d'une portée particulière concernant le droit humanitaire vu
son objet, sa nature. On peut même penser que ces traités ou
conventions méritent de bénéficier d'une
applicabilité directe bien qu'il faille constater que la doctrine reste
divisée sur ce point38(*).
De façon générale le DIH lui, a
la particularité d'indiquer de façon précise les mesures
adéquates qui doivent être prises par les Etats pour garantir sa
mise en oeuvre. Certaines de ses dispositions sont d'application directe dans
l'ordre interne des Etats. Par contre, de très nombreuses règles
du droit humanitaire doivent d'abord être incorporées dans les
législations nationales en vue de garantir leur applicabilité.
Cette incorporation n'est pas aisée car le problème de
l'incorporation renvoie à la question des rapports entre le droit
international et le droit interne. Dans la controverse doctrinale qui oppose le
dualisme au monisme, la Côte d'Ivoire pays de tradition francophone, a
opté pour le monisme avec primauté du droit
international39(*). De
façon concrète, la
« supériorité » du droit
international est constamment affirmée en droit interne ivoirien, comme
l'attestent les articles 86 et 8740(*) de la Constitution du 1er Août 2000.
Aux termes de l'article 85 de la constitution ivoirienne, les engagements
internationaux d'application indirecte ne peuvent être ratifiés
qu'à la suite d'une loi après avis du conseil constitutionnel. Ce
faisant, le constituant ivoirien par ces articles sus visés a
trouvé le mécanisme pour faire face à
l'incompatibilité entre les deux normes qui en réalité ne
saurait constituer un obstacle à la mise en oeuvre du DIH et l'action
humanitaire. Si tant est que le rapport entre le traité et la
constitution met le constituant devant un dilemme41(*) difficile à
résoudre relativement à la « supériorité
relative » du traité par rapport à la loi nationale, il
n'en demeure pas moins que la bonne lecture de ces rapports permet de mieux
restaurer autant la substance du traité que celle de la norme
fondamentale. La réelle difficulté reste liée à la
détermination des autorités étatiques chargées du
contrôle de constitutionnalité.
B : Le malaise dans la détermination des
autorités
étatiques chargées du
contrôle de
constitutionnalité des normes
internationales
Dans le domaine des droits de l'Homme, comme dans tous les
autres domaines, le droit n'a de sens que si les normes édictées
ou proclamées réalisent leurs fins en prenant place dans la
régulation des complexes rapports sociaux. Il ne suffit pas qu'elles
existent il faut encore qu'elles prennent vie. Il faut pour cela, au
delà des mécanismes institutionnels, une appropriation de ces
droits.
Ainsi les conventions ou traités qu'elles soient
d'application directe ou indirecte doivent nécessairement passer, avant
leur appropriation c'est-à-dire leur incorporation, au contrôle du
Conseil Constitutionnel. Les difficultés se situent au niveau de la
désignation des autorités étatiques du contrôle de
constitutionnalité de ces normes internationales. Qui peut être
saisi et qui doit être saisi? Comment et quand ? Ces
différentes questions résultent des différentes
difficultés qui jalonnent ce parcours. C'est le système de
confusion des pouvoirs qui prévaut en Afrique selon le Professeur
DEGNI-SEGUI42(*). En
effet, règne théoriquement en Afrique, le principe de
séparation des pouvoirs qui est abondamment proclamée par les
différentes constitutions. Cependant la pratique contraste avec la
théorie tant abondante. La Constitution ivoirienne de 2000 est
particulièrement éloquente en ce point. En effet, aux termes de
l'article 88 de la Constitution ivoirienne, le Conseil Constitutionnel est juge
de la constitutionnalité des lois avant leur application. Pour
être appliqués, les traités sont soumis à
interprétation. Cette tache incombe en principe au juge constitutionnel.
Cependant cette règle connaît un assouplissement qui du reste
prend le contre pied du principe de séparation des pouvoirs,
défini par la loi suprême en ses articles art 88 et 101. En effet
si le problème d'interprétation qui se pose, relève du
droit international ou de la haute diplomatie, contrairement à ce qu'on
pourrait penser, la compétence d'interprétation appartient
à l'exécutif (Chef de l'Etat selon l'art 8443(*)) qui peut en
déléguer la mise en oeuvre aux membres du gouvernement, notamment
au Ministre des affaires étrangères44(*). Cette confusion faite au
niveau des autorités chargées du contrôle de
constitutionnalité pose le problème de séparation des
pouvoirs. Le pouvoir politique en Côte d'Ivoire de type
présidentiel et présidentialiste favorise cet état de fait
étant donné que tout le pouvoir est concentré dans les
seuls mains du Président de la République (art 41, 42). Dans un
tel système, la confusion est telle que l'exécutif finit par
phagocyter les autres pouvoirs. Le pouvoir judiciaire, moteur essentiel du
fonctionnement et de l'équité démocratique se trouve
soumis au pouvoir exécutif, il en est de même pour le pouvoir
législatif qui perd son indépendance. Toutes ces
difficultés évoquées ne sont pas de nature à
favoriser une bonne réception des normes internationales dans l'ordre
juridique ivoirien.
Paragraphe 2 : Une réception insuffisante
des textes internationaux
La réception du DIH dans l'ordre juridique ivoirien se
heurte à de nombreuses entraves qui rendent difficile son incorporation.
Ces vicissitudes ont certainement retenti sur la quantité des textes
déjà reçus (A). C'est sans doute les conséquences
d'une politique humanitaire défaillante pratiquée par l'Etat
ivoirien (B).
A : Une insuffisance des textes nationaux en
matière
Humanitaire
La particularité de l'Afrique en général
réside dans la proclamation à cor et à cri de son
attachement aux différentes conventions des droits de l'Homme. Le
professeur DEGNI-SEGUI en fait largement écho dans son ouvrage Les
Droits de l'Homme en Afrique Noire Francophone, théorie et
réalité. Les africains n'ont pas à envier les autres
peuples en matière de proclamation et attachement aux principes
universels des droits de l'Homme. Mais entre la proclamation, l'édiction
des textes et la pratique, existe un fossé. En somme, la qualité
d'incorporation du DIH dans l'ordre juridique interne ivoirien n'est pas
satisfaisant au regard des exigences de ce droit spécial.
Malgré leur importance, les dispositions du code
pénal et du code de procédure pénale en vigueur restent
insuffisantes et techniquement imparfaites pour une bonne application du DIH
par les juridictions nationales45(*). D'ailleurs, en plus du Statut de Rome, un certains
nombres de conventions non moins importantes attendent la ratification ou
l'adhésion de la République de Côte d'Ivoire. Ce
sont : la Convention de 1972 sur l'interdiction des armes biologiques,
le protocole de 1954 et 1999 à la Convention de 1954 sur la protection
des biens culturels ; la Convention de 1976 sur l'interdiction des
techniques de modification de l'environnement à des fins militaires,
convention de 1980 sur l'interdiction de certaines armes classiques, protocole
facultatif à la Convention sur les droits de l'enfant, relatif à
l'implication des enfants dans les conflits armés de 2000 ; les
deux Protocoles de relative aux droits de l'enfant concernant la vente
d'enfants dans les conflits armés et le protocole additionnel à
la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale
organisée visant à prévenir, réprimer et punir la
traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants ; le
Protocole à la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples
relatif aux droits des femmes etc.)
L'adoption de nouvelles dispositions législatives et
réglementaires, venant en complément à celles existantes,
serait d'une nécessité impérieuse. C'est dans ce sens que
la création de la Commission interministérielle de mise en oeuvre
du DIH est à saluer. Elle a déjà fait adopter en Novembre
2003, les deux avant-projets de loi portant respectivement protection et
utilisation de l'emblème de la Croix-Rouge en Côte d'Ivoire et
modification complément du code pénal en vue de la
répression des violations du DIH. C'est dans l'optique de
sensibilisation que, le 31 Mai 2005, la Commission en collaboration avec le
CICR et la société nationale de la Croix-Rouge a participé
à une journée d'information parlementaire sur le DIH et l'action
de la Croix-Rouge en vue de sensibiliser les députés ivoiriens
sur l'opportunité et l'urgence de l'adoption desdits projets de loi. Ces
journées d'information se sont vues multipliées à la
faveur de la crise46(*).
Ces efforts en vue d'une incorporation solide du DIH dans
l'ordre juridique ivoirien sont à encourager car, en définitive,
ce qui demeure le plus important dans la mise en oeuvre nationale du DIH pour
le bon fonctionnement de l'action humanitaire, reste la volonté
politique, du moins humanitaire qui est encore défaillante.
B : Une politique humanitaire défaillante
Toute action ne saurait prendre véritablement forme si
elle n'a pas été préalablement et théoriquement
conçue. Au delà des efforts considérables
déjà faits dans ce sens, la réalité des choses
donne de constater que l'Etat de Côte d'Ivoire reste toujours timide dans
sa politique de mise en oeuvre ou de promotion du DIH. Cela reste perceptible
tant au niveau textuel, infrastructurel qu'au niveau structurel et cela
à travers la « mauvaise santé » des
structures mises en places à cet effet.
Il est temps pour la Côte d'Ivoire, si elle veut avoir
une réponse humanitaire adéquate et proportionnelle aux
catastrophes et aux crises humanitaires nées des conflits armés,
de faire un toilettage textuel afin de mieux baliser la pratique humanitaire.
Il est impérieux de faire une remise à jour de la loi n°
60-315 du 20 septembre 1960 relative aux associations. En effet cette loi aussi
vague, se trouve inappropriée pour servir de base juridique à la
création des ONG en général et en particulier les ONG
à caractère humanitaire régies par les principes
d'humanité47(*). La
crise a servi de terreau fertile à un foisonnement de ONG au point que
les autorités ne savent pas combien de ONG nationales travaillent et
continuent de travailler dans le domaine humanitaire depuis le
déclenchement de la crise en Côte d'Ivoire. L'Etat ivoirien se
doit de créer un cadre textuel spécial portant création
des ONG humanitaires qui pourra tenir compte des principes humanitaires
(impartialité, neutralité etc.) et surtout tenir compte du
caractère social et du but non lucratif. Cela permettra à l'Etat
d'écarter du troupeau, les brebis galeuses qui entachent la
réputation des humanitaires par leur avidité de pouvoir et leur
penchant pour le profit qui dénaturent et constituent du reste une
limite à la pratique humanitaire.
Au niveau institutionnel, l'Etat ivoirien a manqué de
mieux orienter sa politique humanitaire. En effet, pour répondre
à la situation d'urgence née de la guerre, et pour mieux
gérer les effets de la guerre, une cellule dénommée
Cellule Solidarité et Action Humanitaire est née dans la
précipitation. Ses multiples difficultés l'ont
précipité à disparaître prématurément
avant de réapparaître avec le décret n° 2006- 003 du
25 janvier 2006. Cette politique à tâtons mal affinée
entrevoit une piètre politique infrastructurelle qui
bénéficie souvent de l'alibi de la pauvreté. Comme
conséquence, la politique lacunaire de l'Etat au niveau humanitaire
retentit sur la réception et sur la qualité des textes pris.
Section 2 : Une incorporation lacunaire des
normes internationales
dans l'ordre juridique
ivoirien
Les instruments textuels qui présentent des lacunes
d'incorporation sont aussi nombreux que diversifiés. Toujours est-il
qu'ils sont portés par le droit positif, c'est à dire le
« droit applicable à la société
ivoirienne » . L'incorporation incomplète et
imparfaite du DIH résulte, d'une part, de la contrariété
de certaines dispositions constitutionnelles avec les exigences du DIH
(paragraphe 1) et d'autre part, de la contrariété de certaines
dispositions législatives et réglementaires avec les exigences
du DIH (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La contrariété des
normes constitutionnelles avec
les exigences du
DIH
Les contrariétés des normes constitutionnelles
avec les exigences du DIH sont à double niveau. Il s'agit d'une part de
relever ses incompatibilités avec le statut de la Cour Pénal
Internationale(A), ce qui nous permettra de mieux apprecier la timidité
de la constitution vis à vis des exigences du DIH(B).
A: La contrariété de la Constitution avec
le statut de
Rome
Bien que n'ayant pas encore ratifié le statut de la
Cour pénale internationale, la Côte d'Ivoire par le biais de son
Président de la République a pris un acte de
reconnaissance48(*) de la
compétence de la CPI conformément à l'article 12 - 3 du
statut de Rome. Cependant, cette déclaration ne vaut pas ratification du
statut et vise des faits commis antérieurement à son
dépôt. Néanmoins la constitution du 1er août 2000 en
ses articles 68, 93, 109, 110, 117 et 132 prend manifestement le contre-pied
des principes définis par le statut de la CPI. Le statut de
Rome49(*) en son article
27 ne fait pas de distinction ; il ne tient pas compte de la
qualité officielle des personnalités de l'Etat50(*). En effet, l'article 132 de la
constitution accorde aux membres du Comité National de Salut
Public(CNSP)51(*) une
immunité contraire à toute répression des infractions aux
droits de l'Homme commises lors des événements ayant
entraînés le changement de régime intervenu le 24
Décembre 1999. Il en est de même des articles 68, 93, 109, 117
qui accordent respectivement une immunité totale aux
députés, aux membres du Conseil Constitutionnel, au Chef de
l'Etat, au médiateur de République pour les actes accomplis dans
l'exercice de leurs fonctions. Par ces articles, selon madame Kouablé
Gueu Clarisse52(*), il est
question de protéger la charge publique confiée à ces
personnalités. Ces articles sont contraires au défaut de
pertinence liée à la qualité officielle des
autorités étatiques, règle essentielle du DIH
énoncée par l'article 27 du statut de la CPI, parce qu'ils
prévoient des immunités de poursuite accordées à
certaines personnalités de l'Etat en leur garantissant une protection
contre toute poursuite judiciaire, toute procédure d'accusation et de
jugement spécial. La responsabilité politique, qui selon le
doyen MELEDJE, signifie « l'obligation du titulaire d'un mandat
politique de répondre de son exercice (actes, paroles, écrits)
devant celui ou ceux de qui il le tient ; ce qui emporte l'obligation pour
le gouvernant de quitter le pouvoir, s'il n'a plus la confiance de celui de qui
il exerce53(*) », a toujours manqué à
la Côte d'Ivoire au point ou tout est permis, même l'inadmissible
est consigné dans la norme suprême ( art 132).
La qualité officielle de l'auteur des infractions au
DIH (chef d'Etat ou de gouvernement, membres de gouvernement ou du
parlement54(*), de
représentant élu ou d'agent d'un Etat) ne saurait faire en
principe faire disparaître sa responsabilité comme semble insinuer
ces articles de la constitution. D'ailleurs, cette qualité officielle ne
saurait à aucun moment être un obstacle à l'exercice de la
compétence de la Cour. La convention de Vienne sur le droit des
traités en son article 60 est plus explicite. La convention prescrit que
l'extinction d'un traité ou la suspension de son application,
tiré de l'exeptio non adempleti contractus énoncé
par « les paragraphes 1 à 3 ne s'applique pas aux
dispositions relatives à la protection de la personne humaine contenues
dans les traités de caractère humanitaire, notamment aux
dispositions excluant toute forme de représailles à
l'égard des ces personnes protégées par les dits
traités ». Après la décision du conseil
constitutionnel sur la compatibilité entre le statut de la Cour
pénale internationale et la constitution ivoirienne55(*), une révision
constitutionnelle respectant la procédure prévue viendra
certainement corriger les contrariétés de la présente
constitution avec les exigences du statut de Rome.
La ratification de cet instrument viendra accroître les
potentialités de la protection des droits humains en Côte d'Ivoire
et permettra d'étendre cette
« conformisation » aux dispositions
législatives et réglementaires concernant l'humanitaire.Ce qui
permettra à l'arsenal juridique ivoirien d'être moins timide face
au DIH.
B: La timidité de la Constitution vis à
vis des
exigences du DIH
La constitution ivoirienne du 1er Août 2000
apporte une innovation majeure dans la proclamation et l'attachement à
la protection de la dignité humaine. Elle va plus loin au delà de
son préambule pour consacrer dans un titre spécial (Titre I
consacré aux libertés, droits et devoirs du citoyen), le respect
des droits attachés à la personne humaine. Ce qui du reste est
pertinent d'ailleurs. Cette consécration abondante trouve fondement dans
l'acceptation des Conventions de Genève, par la procédure de
déclaration. En ratifiant les Conventions, la Côte d'Ivoire,
à l'instar des Etats parties, s'est engagée à respecter
l'être humain, son honneur, les droits de la famille, les convictions
religieuses et la protection particulière de l'enfant, interdire les
traitements inhumains, la destruction injustifiée de biens. Ces
Conventions exigent surtout aux Etats, la prise d'un certain nombre de mesure
tendant à mieux renforcer le respect de la dignité humaine.
Ainsi, Les Hautes Parties contractantes s'engagent à diffuser le plus
largement possible, en temps de paix et en temps de guerre, le texte de la
présente Convention dans leurs pays respectifs, et notamment à en
incorporer l'étude dans les programmes d'instruction militaire et, si
possible, civile, de telle manière que les principes en soient connus de
l'ensemble de la population, notamment des forces armées combattantes,
du personnel sanitaire et des aumôniers. Il est vrai que la Côte
d'Ivoire s'est engagée sur cette voie, mais son engagement reste timide.
On comprend sa timidité dans la mesure où elle fait l'experience
de la gestion des affres de la guerre. Elle a appris à ses depens. Le
défi le plus important reste de combler le manque textuel qui a eu de
lourdes conséquences sur la pratique humanitaire en Côte
d'Ivoire.
Paragraphe 2 : La contrariété des
dispositions législatives et
règlementaires avec les
exigences du DIH
L'analyse des contrariétés des dispositions
règlementaires avec les exigences du DIH (A) précédera
celle des dispositions législatives (B).
A : La contrariété des
dispositions législatives avec les
exigences du
DIH
Le droit de la guerre, à travers les différentes
conventions qui la régentent particulièrement les conventions de
Genève et le Statut de la Cour Pénale Internationale (CPI), a
instauré un régime spécial de répression des
infractions liées au non respect du DIH. Dans ce régime de
répression, certaines infractions définies comme étant les
plus graves (crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le
génocide) méritent des sanctions exemplaires. Ces infractions
sont jugées imprescriptibles et doivent être nécessairement
réprimées. Ainsi, les auteurs de telles infractions doivent
être poursuivis indifféremment du temps écoulé
depuis la commission des faits jusqu'à leur inculpation. Dans de tels
cas, l'écoulement du temps ne peut donc à aucun moment entraver
l'exercice de l'action publique ni même certaines situations
particulières. Le Code pénal ivoirien ne semble pas respecter ce
principe. L'article 108 dispose que : « L'amnistie
éteint l'action publique. Elle efface toutes les condamnations
prononcées et met fin à toutes peines et mesures de
sûreté à l'exception de l'internement dans une maison de
santé et la confiscation, mesure de police ». Le disant
ainsi il s'inscrit en faux contre les exigences du DIH. L'analyse
minutieuse de l'article révèle que les dispositions ne
précisent pas les types d'infractions pour lesquelles l'instruction de
l'action publique et l'effacement des condamnations prononcées ne sont
pas valables. Ce manque de précision pourrait remettre en cause tous les
efforts consentis en vue de mettre fin à l'impunité des criminels
de guerre qui se trouveraient du coup affranchis dès l'instant
où une loi d'amnistie serait votée en leur faveur. Conscient de
ces irrégularités le législateur ivoirien, en prenant la
loi d'amnistie du 08 Août 2003 a pris soin de préciser les
infractions qui en sont exclues. L'article 4 de ladite loi précise en
substance que les graves violations des droits de l'Homme et du droit
humanitaire ne sont pas concernées par la mesure d'amnistie. Le cas
d'amnistie pose l'épineux problème de sanction. Faut-il aller au
bout de la logique de la sanction ou surseoir au nom de la paix ? C'est la
question que bon nombre de juristes et praticiens des droits de l'Homme, au
nombre des quels : Stanislas NAHLIK, Larry MINEAR56(*) et bien d'autres, ne
cessent d'évoquer. Si cette loi d'amnistie a été prise
c'est bien dans l'intention de permettre à ceux qui ont pris les
armes de rejoindre la table de négociation. Ce dilemme moral entre
l'application du DIH et la recherche de la paix limite la plupart du temps
l'action humanitaire. En ne prévoyant aucune disposition sur la
compétence universelle pour des infractions commises hors du territoire
national, le Code pénal ivoirien ouvre des portes à
l'impunité internationale. Pourtant le droit humanitaire exige des Etats
qu'ils recherchent et sanctionnent toute personne ayant commis des infractions
graves, indépendamment de sa nationalité ou du lieu de
l'infraction. Ce principe dit de la juridiction ou de la compétence
universelle, s'avère fondamental pour assurer une répression
efficace des infractions graves d'autant plus que tous les Etats parties aux
conventions ont l'obligation « de respecter et de faire
respecter » le DIH. Les lois pénales et de procédure
pénale en certaines de leurs dispositions, contrarient encore plus les
exigences du DIH en abandonnant la prorogation de la garde à vue au
« bon vouloir » de l'officier de police (art 76
cpp). La contrariété va plus loin quand le code pénal en
son article 59 nouveau autorise les perquisitions de jour comme de nuit qui se
trouvent aggravées en période conflictuelle. Ce qui constitue une
entorse grave au droit humanitaire. Cette limite législative a des
rejaillissements sur les actes règlementaires.
B : La contrariété des dispositions
règlementaires
avec les exigences du DIH
Actes du gouvernement, les règlements peuvent
intervenir sous la forme dérivée pour assurer
« l'exécution des lois » ou sur
habilitation législative ou même de manière autonome pour
assurer la réglementation de l'exercice de certaines libertés.
Mais de manière générale, les règlements tendent
à limiter l'exercice des dites libertés. Etant souvent
chargés d'en déterminer les modalités d'exercice des lois
et des traités internationaux, les règlements se contentent
seulement de tracer les cadres généraux en leur laissant le soin
de les remplir. Ces actes règlementaires connaissent des limites qu'on
qualifierait d'opacité textuelle. Par ces limites, ils jettent le flou
sur l'organisation, le fonctionnement, le financement et les locaux des
structures de mise en oeuvre des droits de l'Homme et sur la
responsabilité des coupables des infractions commises en matière
humanitaire. Aux termes des articles 47, 48, 127, 144 respectivement des
1ere, 2e, 3e et 4e Conventions de
Genève et de l'article 83 du protocole I, l'obligation juridique incombe
aux Etats, hautes parties de faire connaître toutes ces conventions d'en
faire large diffusion. Elle doit être faite auprès des civils et
des Forces Armées en temps de paix comme de guerre. C'est dans cet
esprit que la Côte d'Ivoire, à l'instar des autres Etats, s'est
lancée dans la création et la réglementation des
structures en rapport avec le DIH. Les actes règlementaires pris
à cet effet se trouvent être en contradiction avec les exigences
du DIH qui imposent des structures assez indépendantes pour assurer
l'efficacité et mener à bien les missions à elles
soumises. En effet, certains décrets les plus importants d'ailleurs, ne
prennent pas le soin d'indiquer le financement et les locaux de sorte que les
structures en question, « errent » et restent
inféodées à des ministères. Ce qui atténue
leur efficacité. C'est le cas notamment du décret n°96-853
du 25 octobre 1996 portant création de la Commission
Interministérielle Nationale pour la mise en oeuvre du Droit
International Humanitaire et du décret n°2001-365 du 27 juin 2001
portant création d'un comité de suivi de l'application des
instruments internationaux relatifs aux Droits de l'Homme. La
contrariété des dispositions règlementaires est encore
plus vraie et plus visible au niveau de la répression
c'est-à-dire, de la responsabilité des auteurs des
infractions.
La responsabilité des supérieurs est
considérée dans le système de répression
établi par le DIH, comme une forme particulière de participation
criminelle dans la mesure où les violations graves du DIH commises par
les subordonnés peuvent engager la responsabilité du
supérieur hiérarchique. Les supérieurs militaires doivent
empêcher, réprimer et dénoncer aux autorités
compétentes les infractions graves commises par les militaires sous
leurs ordres. Un commandant n'encourt la responsabilité pénale
pour omission que dans les cas où il a failli à ses devoirs.
Cependant ni le Code pénal ivoirien dans ses dispositions
générales et spécifiques relatives aux infractions
militaires, ni le décret n°96-574 du 31 juillet 1996 portant
règlement de service et de discipline générale dans les
forces armées nationales ne prévoient la responsabilité
pénale du supérieur pour omission. Le décret insiste
plutôt sur la responsabilité liée aux ordres que le
supérieur a donnés57(*). Le décret n°96-574 du 31 juillet 1996
portant règlement de service et de discipline générale
dans les forces armées nationales, bien qu'intégrant certaines
dispositions du protocole I, observe un profond mutisme sur la
répression des manquements aux devoirs du combattant. En effet, il ne
prévoit expressément aucune sanction pénale en cas de
violations de ces dispositions. Tout le point 4.2 du décret ne fait
qu'une énumération des devoirs tout en mentionnant qu'il ne doit
pas « enfreindre les règles du Droit international
applicables dans les conflits armés », sans toutefois
régler la question de leur manquement. Si aucune sanction n'est
prévue à ce niveau, probablement que le système même
de répression de l'Etat connaît une certaine défaillance
qui, du reste, pose des obstacles à la bonne marche de l'action
humanitaire.
Chapitre deuxième : La
défaillance du système de répression et du
système interne de régulation humanitaire
La démocratie se caractérise en substance par le
respect des droits et devoirs que la loi suprême reconnaît à
chaque individu. Cela implique l'existence d'un système crédible
de répression des infractions liées au non respect des droits de
l'Homme. La qualité de l'action humanitaire en est liée dans la
mesure où la qualité du système de répression
(section 1) influe tant sur la portée de l'action humanitaire
menée par les spécialistes sur le terrain que sur
l'autorité interne de régulation humanitaire (section 2).
Section 1 : Un système défectueux de
répression des violations
nationales et internationales du DIH
Ancienne colonie française, la Côte d'Ivoire a
hérité tout ou partie du système judiciaire de la
métropole. Cependant elle fait montre de sa qualité innovatrice
en unifiant les deux ordres de juridiction (administrative et
judiciaire) ; chose qu'elle s'apprête à modifier à
nouveau. Comme bon nombre de systèmes nationaux africains de
répression, celui de la Côte d'Ivoire est confronté
à l'application des lois que l'Etat s'est
délibérément données (paragraphe 1) parce qu'il
s'est laissé aller au rythme de la corruption (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'application difficile des lois
La difficulté au niveau de l'application de la loi en
Côte d'Ivoire résulte en partie de la mauvaise gestion de son
appareil judiciaire, qui sans doute est la conséquence du volonté
de l'Etat (A). A cela il faut ajouter l'analphabétisme et le manque de
culture juridique en Côte d'Ivoire (B).
A : Le manque de volonté
étatique
La justice en Afrique noire n'est pas un
phénomène nouveau. Mais la forme sous laquelle elle a
été héritée de la métropole pose un
réel problème d'acclimatation. Le rôle de l'Etat
serait de créer une synergie entre la culture et la pratique de l'Etat
en matière de droit positif tout en mettant en oeuvre tous les moyens
nécessaires à cet effet. L'observation de la pratique sur le
terrain nous laisse perplexe et nous amène à nous poser la
question de savoir si l'Etat fait suffisamment en cette matière. Le
manque de volonté tire son fondement au coeur du système de
l'Etat. Le budget alloué à la justice selon l'Opération
des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONU CI), représenterait moins
de 2% du budget général annuel de l'Etat de Côte d'Ivoire,
ce qui est totalement insuffisant pour couvrir les besoins de base et fournir
aux justiciables un service de qualité et une justice
indépendante58(*).
Un appareil judiciaire doté de tous les moyens performants de travail,
s'il ne s'appuie pas sur un personnel bien formé, est voué
à l'inefficacité. De mauvais effets sont invariablement la
résultante de mauvaises causes. S'il est vrai que les autorités
ivoiriennes ont compris la nécessité d'améliorer la
formation des cadres et agents de la justice avec la création d'un
institut de formation du personnel de la justice59(*), des difficultés
persistent encore.
Au delà de ces difficultés, l'Etat est encore
lent dans sa politique de redynamisation des structures et infrastructures,
condition pour une meilleure justice. Le rapport des Nations unies sur le
fonctionnement du système judiciaire ivoirien est très prolixe.
Il fait état d'un déficit criard d'infrastructures. Les
bâtiments abritant la justice sont en de mauvais états, la plupart
de ces bâtiments datent des années 60 et 70 et n'ont subi aucune
rénovation pour répondre au surcroît d'effectifs du
personnel judiciaire et à l'accroissement des affaires. En comparaison
à certains locaux de l'administration ivoirienne, ceux de la justice
appartiennent à certains opérateurs économiques. Quelle
objectivité voulons nous attendre de la justice par de tels actes alors
que l'Etat peut s'offrir ces bâtiments. L'expression la plus
éloquente de ces difficultés auxquelles l'Etat ne semble pas
accorder d'importance est celle liée aux locaux qui hébergent la
Cour Suprême (pouvoir judiciaire). La juridiction suprême perd son
prestige dans la dispersion de ses services. L'unicité des locaux
à l'instar de ceux de la Présidence de la République
(pouvoir exécutif) et de l'Assemblée Nationale (pouvoir
législatif) devrait traduire la symbolique attachée au respect de
la séparation des pouvoirs. A moins de nous tromper, mais le nouveau
plan de transfert de la capitale à Yamoussoukro ne semble pas corriger
cet état de fait. Ce manque de volonté politique de l'Etat de
Côte d'Ivoire de prendre des mesures concrètes dans le sens de
développement de la justice ivoirienne reste à déplorer.
Des motifs économiques peuvent être évoqués, mais
n'empêche que cette situation ait inévitablement accentué
l'analphabétisme et le manque de culture juridique en agrandissant le
fossé entre les justiciables et la justice.
B : L'analphabétisme et la faiblesse du
recours à la
justice par la
population
Les Africains en général et en particulier les
Ivoiriens, dans leur majorité sont indifférents voire hostiles
à la justice étatique. Cela est peut être dû au fort
taux d'analphabétisme60(*) en Côte d'Ivoire qui contraint la population
à se réfugier dans sa culture61(*). La culture Africaine de « l'arbre
à palabre » permet à l'Ivoirien de régler
ses problèmes avec compromis de sorte que la grande famille Africaine
continue de resserrer d'avantage ses liens.
L'ivoirien préfère la voie
négociée sur la base de l'équité et de justice
plutôt que de subir la rigueur de la loi62(*). Ce refus « d'abandon »
de la culture a plutôt compliqué la tache de l'Etat dans la mesure
où tous les efforts dans le sens du rapprochement de la justice des
justiciables se sont soldés par un échec. Ce constat
d'échec trouve explication dans le fait que l'Africain ne se retrouve
pas dans les institutions importées de l'occident, surtout les
démêlés avec la justice qui signifient pour l'Africain un
déshonneur qui affecte la dignité de l'Homme Noire. Le juge
Kéba M'Baye s'en est fait largement écho quand il exprime la
pensée du Sénégalais en ces termes « La
fierté du paysan sénégalais est de dire : je n'ai
jamais mis les pieds dans un tribunal ou commissariat de
police »63(*) ; il en est de même pour l'Ivoirien.
Côtoyer la justice est autant déshonorant pour l'Africain qu'il a
même l'impression d'être contre l'autorité, vice versa. Ce
qui est fort inconcevable. En effet, le justiciable Africain comme Ivoirien
évite d'attaquer en justice la décision de l'administration dans
la mesure ou cela est interprété comme s'attaquer à
l'autorité en question (Président de République ou autres
autorités administratives). Au delà de la peur naturelle et
culturelle de la justice, un facteur non moins signifiant a plutôt
creusé l'écart entre les justiciables et la justice. En effet la
politisation de la justice a été le catalyseur de cette friction.
Les actes des hautes autorités politiques ont terni l'image de marque de
la justice de sorte que les justiciables s'en sont détournés au
profit des compromis. Ainsi dans l'affaire Gnadré Téti et autres,
le Président de la République feu Félix Houphouët
Boigny a « invalidé en dernier ressort »
l'arrêt de la Cour Suprême en ces termes : « ...
j'ai décidé de limiter les effets de la Cour
Suprême...aux seuls candidats admis...sont autorisés à
prêter serment et renvoyés à l'exercice de la profession
d'avocat, dès la prochaine rentrée judiciaire 1985-1986,
après réception de la présente
lettre »64(*) . Cette décision a révélé
que nos autorités politiques notamment le Président de la
République se croit au dessus de la loi et mélange politique et
justice. Ainsi il est à conclure qu'en Côte d'Ivoire, la
proportion de la population qui a véritablement accès à la
justice est très faible, en raison de l'ignorance des procédures
à suivre, de l'éloignement géographique des tribunaux et
encore et surtout du manque de moyens financiers.
L'assistance judiciaire, prévue par la loi, n'est
pratiquement jamais utilisée par les justiciables et est méconnue
de la plupart des justiciables65(*). Pour ceux qui choisissent d'y recourir, la lourdeur
et la complexité de la procédure sont dissuasives. Le recours aux
avocats est rare à cause du coût élevé des
honoraires, des frais et de la concentration de la justice à Abidjan.
Cette forte ignorance de la population doublée de la politisation de la
justice a conduit à instaurer l'impunité au plus haut sommet de
la justice et même à la généraliser.
Paragraphe 2 : L'impunité en train de devenir
une norme en Côte
d'Ivoire
La réalité sociale ivoirienne est l'une des plus
ahurissantes dans la mesure elle a érigé l'impunité en
principe et la justice en dérogation. Ainsi donc, les entraves à
la répression nationale des manquements aux principes humanitaires ont
pour indice de référence cette impunité au nom de laquelle
certaines autorités politiques et militaires se croient au dessus de la
loi. La généralisation de la corruption (A) est perceptible
à travers les enquêtes qui pour la majorité, sont sans
suite (B).
A : La généralisation de la
corruption
La corruption est donnée comme une altération de
ce qui est sain et honnête, le fait d'être détourné
de son devoir par acceptation frauduleuse d'une récompense quelconque.
Cette orientation malsaine du devoir a pour conséquence que les droits
de l'Homme courent le grand danger permanent d'être violés
impunément par leurs auteurs sans une quelconque crainte de la justice
tant elle corrompue. La justice ivoirienne semble en être le lieu de
prédilection. C'est du moins ce qui ressort du rapport de l'ONU CI
(division Etat de Droit) de juin 2007 sur le système judiciaire en
Côte d'Ivoire. Françoise Simard, chef de l'Unité Etat
de Droit de l'ONU CI a été sans
détour, pour elle la corruption gangrène tout le système
judiciaire. Aux ordres du pouvoir exécutif66(*), la justice reste une
institution fortement marquée par la corruption. L'analyse claire du
système selon elle, montre que «dans le milieu judiciaire, la
corruption peut prendre différentes formes, selon ce qui a
été rapporté par de nombreux acteurs judiciaires
(magistrats, greffiers, avocats, membres d'ONG, etc.). La forme de
corruption à laquelle l'on pense immédiatement est le versement
de sommes d'argent par les justiciables aux magistrats (procureurs et
substituts, juges d'instruction et magistrats du siège). Ces sommes
peuvent être spontanément proposées par les justiciables ou
être sollicitées par les magistrats, dans le but par exemple,
d'obtenir une décision favorable, la rédaction ou la
délivrance rapide d'une décision ou une libération
provisoire ». Selon le rapport, la plupart du temps, les
magistrats interrogés expliquent que le phénomène est
très répandu mais qu'il ne les touche pas personnellement. A mots
couverts, ils mentionnent tout de même qu'il faut être d'une
moralité au-dessus de la moyenne pour refuser des dessous-de-table
importants dans des affaires dont les enjeux économiques peuvent
être considérables (des dizaines de millions de FCFA), alors
qu'ils ont eux-mêmes du mal à couvrir leurs charges mensuelles et
que le montant de leur future pension est très bas. Les tentations sont
importantes et multiples et il est d'autant plus facile d'y succomber que les
risques encourus sont très limités : les dénonciations de
ce type de comportement sont rares ou mal étayées et les organes
de contrôle (hiérarchie, Inspection générale des
services judiciaires et Conseil supérieur de la magistrature) sont
largement défaillants. Cet état de fait donne libre court
à de telle pratique au point que les magistrats vont jusqu'à
avouer explicitement que si une partie à un procès, en plus
d'avoir manifestement le droit de son côté, leur proposait de
l'argent, ils n'auraient aucun complexe à accepter la somme offerte. A
vrai dire il est moins aisé de cumuler ces deux valeurs de
dignité et de loyauté si l'on éprouve des
difficultés à faire face à des besoins
élémentaires de la vie courante. Cependant les acteurs de la
justice qui se laisseraient habiter par un esprit de prévarication
devraient se rappeler le caractère sacerdotal de leur mission et avoir
le supplément d'âme nécessaire pour résister
à la tentation de la corruption. L'ampleur du phénomène
est inimaginable et cela revient dans tous les rapports et de la façon
la plus déshonorante possible. Selon le rapport 2006 de Transparency
International, la Côte d'Ivoire serait le
neuvième pays le plus corrompu au monde, ex aequo avec
5 autres pays d'Asie et d'Afrique, et le sixième pays
le plus corrompu en Afrique derrière la Guinée, le Soudan, la
RDC, le Tchad et la Guinée Equatoriale. La corruption est tellement
ancrée dans les habitudes des ivoiriens au travers de leur
système judiciaire que si ce n'est pas les feuilletons
judiciaires67(*) qui
entachent la sérénité des justiciables, ce sont les
autorités pénitentiaires qui procèdent à
l'évasion68(*) des
bandits. C'est à juste titre que Human Rights Watch dans son rapport du
21 décembre 2005sur le conflit ivoirien, jette de sérieux doutes
sur la volonté et la capacité des tribunaux nationaux ivoiriens
à poursuivre les graves crimes internationaux perpétrés
depuis 1999. Il en est de même pour les crimes des
événements du 11 septembre 2002 dans lesquels les politiques, les
soldats leurs commandants sont impliqués. Par cela seul,
l'impunité se trouve honorée. Peter Takirambudde, directeur
exécutif à la Division Afrique Human Rights Watch,
n'exagère pas quand il affirme « qu'en Côte
d'Ivoire, l'impunité est à l'ordre du jour. Tant les forces
gouvernementales que les factions rebelles ont tué des centaines de
civils depuis le coup d'Etat de 1999 mais aucun des deux camps n'a pris de
mesures pour punir les responsables69(*)». Les processus internationaux de sanction
qui ont été mis en attente dans l'intérêt du
processus de la paix semblent avoir facilité des violations graves et
répétées des droits humains commises par toutes les
parties. Le système judiciaire, attendu pour faire la lumière sur
certaines situations de violations des droits de l'Homme, semble à son
tour piétiner avec des enquêtes qui restent pour la plupart
inachevées.
B : Des enquêtes inachevées
L'aboutissement des enquêtes en Côte d'Ivoire
relève de l'extraordinaire tant les enquêtes achevées sont
rarissimes. Cette qualité tristement reconnue à l'Etat ivoirien
au travers de ses différentes structures d'enquêtes l'enfonce
encore d'avantage dans le rang des pays les plus corrompus au monde70(*). Du Charnier de
Yopougon à l'affaire des déchets
toxiques en passant par le charnier de Bouaké
et le charnier de Monoko zohi , l'attaque de l'avion du
premier ministre SORO à Bouaké, aucune enquête n'a
encore véritablement abouti pour situer les vraies
responsabilités. Ces situations d'enquêtes inachevées sont
légion en Côte d'Ivoire. Ce n'est pas surprenant dans la mesure ou
le système judiciaire, véritable et ultime rempart aux abus et
infractions n'est pas crédible. Il va de soi que les structures
chargées des enquêtes en collaboration avec lui sont
rangées au même banc des accusés. La politisation des
enquêtes a abouti à ce que nous connaissons aujourd'hui
c'est-à-dire l'impunité parce que les coupables ne sont pas
nommément désignés. Toutes les recommandations qui ont
été faites son restées lettre morte, mieux certains
rapports sont parfois contestés à tort ou à raison, au
motif qu'ils ne satisferaient pas aux exigences d'un rapport crédible et
objectif (impartialité, véracité des faits et sources de
l'analyse des faits). Toutes les voix se sont levées au plan national
comme international, mais rien n'a été fait. L'affaire charnier
de Yopougon en a été l'exemple type, chaque parti politique en a
fait une récupération politique soit pour se faire entendre et se
faire adopter, soit faire clouer son adversaire politique au pilori au point
qu'aujourd'hui personne ne sait ce qui s'est réellement passé.
Les enquêtes internationales n'ont pas
véritablement situé les responsabilités au point d'indexer
tel soldat ou son supérieur ou même les chefs politiques de la
rébellion. On aurait pu prétexter du processus de paix
engagé pour lequel le Conseil de sécurité des Nations
unies sursoit aux sanctions. Mais l'on ne peut pas tirer argument de ce fait
puisque les responsabilités ne sont pas établies. Le coup
théâtral a été celui de l'affaire des déchets
toxiques qui ont empoisonné impunément les ivoiriens. Chacune des
structures crées pour éviter une telle catastrophe, a tiré
à boulet rouge sur l'autre tout en tirant bien entendu le drap sur elle.
Des enquêtes de part et d'autre ont été diligentées
sans véritable succès. Les politiques ont pris le relais pour
démettre et réinstaller les mêmes autorités
accusées parce que chacun des politiques voulait affirmer son
autorité, sa préséance sur l'autre. Finalement l'Etat
s'est contenté d'une maigre indemnisation de la part de Trafigura,
société affréteur du bateau. Toutes ces manigances
confortent les autorités dans leur corruption tant l'impunité
leur est garantie comme trophée pendant que la population se meurt sans
véritable assistance humanitaire, parce que tout simplement les
structures chargées de la coordination font défaut.
Section 2 : Le système ivoirien de
régulation humanitaire
quasi-inexistant
Le droit international humanitaire a la particularité
de s'appliquer pendant les conflits armés, il en va ainsi de l'action
humanitaire qui se déploie à cet effet pour soulager les maux des
victimes. C'est bien parce que la période de conflit est
caractérisée par un désordre, qu'il faut au
préalable tracer les canevas de l'action humanitaire pour qu'ils
puissent mieux drainer les effets atroces de la guerre. Cela semble avoir
manqué à l'Etat ivoirien dans la mesure ou la Commission
nationale interministérielle de mise en oeuvre du droit international
humanitaire créée à cet effet n'a pas satisfait aux
exigences pour lesquelles elle a été mise en place (paragraphe
1). La Cellule Solidarité et action humanitaire, qui devrait normalement
voir le jour avant le conflit, a été mise sur pied dans la
précipitation (paragraphe 2)
Paragraphe 1 : La quasi inactivité de la
commission
interministérielle
Issue des Conventions de Genève, la Commission
interministérielle nationale de mise en oeuvre du droit international
humanitaire a pour mission essentielle de créer un cadre viable de la
pratique humanitaire. Mais les nombreuses difficultés auxquelles elle
est soumise (B) l'ont contraint à une hibernation précoce
soldée par une reprise timide de ses activités (A).
A : D'une léthargie à une reprise
timide des activités
à la faveur de
la crise
Les Conventions de Genève sur le droit humanitaire ont
imposé aux Etats parties, le respect des règles de la guerre
à l'effet de les humaniser. Obligation que chaque Etat a fait sienne au
moment de la ratification. Mais l'engouement au moment de la ratification s'est
vite dissipé. Ce n'est qu'en 1996 que l'Etat ivoirien s'est
véritablement engagé dans la diffusion et l'application des
Conventions de Genève par la création d'une commission à
cet effet. Ainsi par décret n°96-853 du 25 Octobre 1996, l'Etat
avec le concours du CICR a mis en place la Commission Interministérielle
Nationale pour la mise en oeuvre du Droit International Humanitaire (CINMODIH).
Cette Commission s'est vue confiée des attributions bien
précises aux termes de l'article premier du décret de
création. Cet article stipule que la commission est chargée
d'étudier et de préparer les lois et règlements
d'application dans les domaines où la législation nationale
nécessiterait d'être complétée ou modifiée et
de les soumettre au gouvernement. Elle veille par la même occasion au
respect du DIH et de sa mise en oeuvre effective en suscitant la
création des structures ou commissions à cet effet. Ces
attributions à titre préventif ont pour justification la
création d'un cadre pour une meilleure application du DIH en temps de
conflit comme le vit la Côte d'Ivoire depuis 2002. Depuis sa
création, la Commission n'a pas enregistré d'activités
majeures. Cette léthargie a été quelque peu secouée
par l'organisation d'un séminaire organisée avec le concours du
CICR sur le thème « Les rapports entre le droit international
et le droit interne : application à l'ordre juridique
ivoirien71(*) ».
A partir de 2003, elle a observé une reprise timide de ses
activités à la faveur de la loi d'amnistie et d'autres
activités qui s'en sont suivies. Il est clair que la Commission n'a pas
encore fonctionné conformément aux attentes. Cette
léthargie trouve explication dans le fait que la Commission
connaît d'énormes difficultés liées à son
fonctionnement72(*). Il ne
saurait être trop tard pour bien faire si l'Etat de Côte d'Ivoire
décide effectivement de faire face à ces difficultés
réelles qui entravent son bon fonctionnement. Cela s'impose de
façon impérieuse puisque l'action humanitaire en prend
véritablement un coup sur le théâtre du conflit
ivoirien.
B : Les entraves au fonctionnement de la
commission
La Commission Interministérielle Nationale pour la mise
en oeuvre du Droit International Humanitaire (CINMODIH) connaît de
réelles difficultés de fonctionnement qui l'ont contraint
à une prestation à demi teinte. Ces difficultés trouvent
en réalité leur source dans le décret portant sa
création. Elles sont de deux ordres : textuel et structurel.
Le décret n°96-853 du 25 Octobre 1996
créateur de la commission est son premier handicap en ce que son
imprécision a posé de réels problèmes de
fonctionnement. Le décret a certainement omis des précisions qui
n'ont manqué de ralentir et même de compliquer ses
activités. La pratique a contraint la Commission à admettre en
qualité de membres des structures qui n'avaient pas été
prévues par le décret dès sa prise mais qui se sont
révélées incontournables après fonctionnement. Il
s'agit du Ministère des Droits de l'Homme et de l'Assemblée
Nationale. C'est une grande erreur de la part de l'Exécutif parce que le
but premier de la Commission est d'harmoniser les textes de lois aux
conventions et traités en matière humanitaire. Cela dit, son
premier partenaire en la matière est le pouvoir législatif,
partenariat qui permettrait en amont d'accorder les violons entre les deux
structures afin d'éviter les contrariétés qui entravent la
bonne marche de la structure. Bien au delà, existe la plus grande
difficulté liée à ce que le décret n'a pas pu doter
la Commission d'un budget propre, chose qui va être corrigée.
Toute la difficulté de la Commission résulte du manque de moyens
financiers ; ce d'autant plus que la mise en oeuvre du droit humanitaire
suppose la tenue périodique de rencontres conférences et autres
auxquelles il faut ajouter la confection de brochures destinées à
la diffusion et la participation aux réunions internationales pour
s'inspirer des expériences des autres. L'apport du CICR ne saurait
à lui seul faire fonctionner la Commission quand on sait qu'à ces
difficultés s'ajoutent celles d'ordre structurel.
La Commission connaît des problèmes d'ordre
humain dans la mesure où le décret n'a pas pris le soin de
préciser les modalités de nomination des membres qui la
composeraient et la durée de leur mandat. Généralement les
différents ministres désignent leurs conseillers techniques
à ce poste et quand on sait que les remaniements ministériels
abondent dans ce pays, on imagine aisément la suite. A cela il faut
ajouter la disponibilité des membres, parce qu'occupant
déjà d'autres fonctions ils sont détachés
auprès de la commission ce qui les contraint à jongler les deux
fonctions et la plupart du temps au détriment de la Commission. Cela
s'explique par le fait que la Commission n'a pas de locaux propres, elle
« erre » à tout point de vue. Comment
pouvait-elle travailler à la mise sur pied d'une cellule de coordination
humanitaire ?
Paragraphe 2: La Cellule Solidarité et action
humanitaire
A la faveur de la crise que traverse la Côte d'Ivoire
depuis le 19 septembre 2002, la Cellule Solidarité et Action humanitaire
a vu le jour (A) dans un but de faire face aux effets de la crise (B)
A : Le cadre de création de la
Cellule
Pour répondre à la situation d'urgence
née de la guerre, pour mieux gérer les impacts sociaux, le
gouvernement ivoirien a mis en place sur l'initiative du Ministère de la
Solidarité, de la Sécurité sociale et des
Handicapés, la Cellule solidarité et action humanitaire en
septembre 200273(*). Cette
cellule s'est vue préciser les attributions par arrêté
interministériel n°001 du 25 novembre 2002. Elle était donc
chargée de coordonner les actions humanitaires et d'apporter une
assistance matérielle médicale et psychologique aux victimes de
la guerre.
L'élan de solidarité nationale et internationale
qui s'est manifesté au lendemain de cette crise avec l'appui du
gouvernement a permis de mobiliser d'importants dons en nature et en
espèce et la prise en charge médicale,scolaire pour faire face
aux conséquences désastreuses de la crise en aidant ces
populations. Mais avant, il fallait les enregistrer dans les camps de
déplacés. Cette opération selon la cellule
Solidarité a été la plus difficile dans la mesure
où aujourd'hui, elle ne saurait donner le chiffre exact des populations
déplacées car les différentes structures locales n'ont pu
les enregistrer véritablement74(*). Le souci majeur était de soulager les
personnes en détresse. Ce qui a rendu difficile le suivi et le
contrôle des activités réalisées. Cela a
constitué une des faiblesses de la cellule dans la pratique de l'action
humanitaire tant la précipitation était à l'ordre du jour,
et qu'elle était partout à la fois. Cela nous amène
à nous interroger sur le rôle véritable de cette Cellule.
B : Le rôle confus de la cellule
La Cellule Solidarité et Action Humanitaire
après sa création, son organisation, ses attributions et son
fonctionnement ont été déterminés par
l'arrêté n°001 du 25 novembre 2002. Chargée de
coordonner les actions humanitaires et d'apporter une assistance
matérielle et psychologique aux victimes, ses missions se regroupent en
cinq (5) composantes : la mobilisation des ressources, la logistique, la
santé eau et assainissement, la protection et la prise en charge
psychologique, l'évaluation et les impacts sociaux. Ces missions
exigeaient de la Cellule les objectifs suivants : l'organisation de la
collecte des dons, la détermination des priorités et
l'acheminement de l'aide sur le terrain et enfin apporter un appui moral et
psychologique aux victimes afin de les aider à sortir de la situation de
choc. Au terme de ce qui vient d'être exposé, une analyse à
triple niveau s'impose à nous. Elle sera axée d'abord sur la
notion d'urgence qui a présidé à sa création, ce
qui nous permettra ensuite de mieux cerner sa durée de vie et son
existence liée à une personnalité et enfin de mieux
appréhender son véritable rôle.
Au nombre des éléments qui ont soutenu
l'initiative du Ministre de la Solidarité, de la Sécurité
Sociale et des Handicapés, figure la notion d'urgence. Quel sens le
ministre entendait donner à cette notion ? Quelles sont donc les
limites de l'urgence en amont mais surtout en aval dans cette crise
ivoirienne ? On peut bien comprendre son
« effacement » de la scène humanitaire si
on estime qu'il n'y a plus d'urgence. Qu'en est-il alors des
conséquences de l'urgence qui se poursuivent dans le temps ? Qu'en
est-il encore de la situation d'urgence qui est permanente dans le pays et
surtout à l'ouest du pays où les foyers de tensions existent
encore entre autochtones et allochtones, où la situation
sécuritaire est encore alarmante. Cela pourrait expliquer certainement
la « décadence » de la cellule.
La cellule a quasiment disparu du paysage humanitaire à
la faveur d'un remaniement ministériel qui a vu le Ministre de la
solidarité et de la sécurité sociale, madame OHOCHI
Clotilde, se faire retirer sa charge ministérielle quand bien même
elle était animée de concert avec les organisations
internationales (OCHA, HCR, PAM, UNICEF, OMS, PNUD, OIM) Croix rouge, OICR,
ECHO les ONG et la société civile. On est tenté de se
demander si l'existence de la cellule est liée à la
qualité d'un individu en tant que ministre de la solidarité,
mieux si le fonctionnement de la cellule est lié à l'existence
du Ministère de la Solidarité, de la Sécurité
sociale et des Handicapés. Cela est plausible dans la mesure où
l'existence de la Cellule a été sur son initiative personnelle,
d'où une action individuelle.
Cette individualisation de l'action humanitaire, a
donné une empreinte particulière au rôle qu'a joué
cette cellule au point qu'on ne saurait savoir si elle a évolué
en tant que structure de coordination interne des affaires humanitaires en
Côte d'Ivoire ou structure étatique humanitaire à part
entière à l'image des ONG sur le terrain. Il est clair
qu'à ce niveau l'Etat de Côte d'Ivoire a failli au point
où, de façon sporadique des ONG se sont proclamées et ont
tenté de jouer ce rôle. C'est le cas de l'Union des ONG de
Côte d'Ivoire (UOCI) dirigée par son président homme
d'affaire Tapé Mambo lucien.
La création de l'UOCI a été vue comme
une action singulière et politique de la part de monsieur Tapé
Mambo l'initiateur. C'est ce qui explique peut être son
impopularité et son échec sur le terrain. Les autres ONG ont vu
en cette action une manière pour la cellule Solidarité de les
contrôler puisqu'elle était soupçonnée d'être
de connivence.
Deuxième partie
LES ENTRAVES A LA PRATIQUE HUMANITAIRE DU
FAIT DES ACTEURS DU CONFLIT
La crise ivoirienne est aussi tumultueuse, opaque dans son
explication quant à ses causes que dans l'exhaustivité des
acteurs aussi directs qu'indirectes qui y prennent part, tant les ramifications
sont diverses. Ces acteurs sont d'ordre national qu'international, et chacun
à son niveau influe négativement sur cette crise, surtout sur les
conditions offertes aux humanitaires dans le sacerdoce qui leur est
donné d'exercer. Le rythme abusif imprimé à la crise a eu
pour conséquence la désorganisation interne même de l'Etat
de Côte d'Ivoire, c'est à dire la déstabilisation de son
aspiration à un Etat de droit (chapitre I). A cela il est à
ajouter que les limites ou les difficultés de la pratique humanitaire
trouvent fondement dans certaines réalités
socioéconomiques. Cependant l'évolution de la situation politique
donne de constater un retentissement certain, assurément
indéniable sur les contraintes (chapitre 2).
Chapitre premier: L'impact de la difficile
construction de l'Etat de
droit sur la pratique
humanitaire
Le processus de démocratisation est
«...indissociable de la protection des droits de
l'Homme »75(*). Mais ce processus prend incontestablement appui sur
l'Etat de droit qui commençait véritablement à prendre
forme en Côte d'Ivoire, quand la guerre à surgit tel
« un cancer »76(*) pour réduire à néant tous
les efforts consentis, laissant ainsi l'Etat dans une situation de
« no man's land » (section 1). Cette
situation ne peut que créer dans l'esprit des citoyens un sentiment
d'abandon, de liberté totale, et une situation de non droit au point que
d'autres en arrivent à y croire véritablement en s'adonnant
à des actes pervers. Le constat d'insécurité qui en
résulte est tributaire des implications qui sont propres au conflit,
terreau par excellence du désordre et par ricochet de
l'insécurité aussi des hommes que des biens (section 2).
Section 1 : L'impact de l'effondrement de l'Etat
de droit sur l'action
humanitaire
L'effondrement de l'Etat de droit a eu pour conséquence
directe la perte de l'autorité de l'Etat sur toute l'étendue du
territoire national (paragraphe 1), avec son corollaire
d'insécurité qui s'en est suivi (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'autorité de l'Etat
amoindrie
La rébellion ivoirienne s'est incrustée telle
une gangrène en occupant du coup la moitié nord du pays. Cela eu
pour implication majeure l'amoindrissement de l'autorité légale
sur toute l'étendue du territoire national. Deux traits
caractéristiques expriment mieux ce constat. Le territoire national est
divisé en deux (zone sous contrôle gouvernemental et zone sous
contrôle de la rébellion) (A), cela a pour aboutissement la
limitation sinon la perte de sa fonction souveraineté sur
l'étendue du territoire national (B).
A : Le territoire national divisé en
deux
La situation ivoirienne est non moins différente de
celle des rébellions propagées à travers le monde entier.
Ces rébellions sont généralement marquées par une
crise de légitimité de l'Etat. Elles sont
généralement le fait de multiples groupes rebelles ou
d'opposition qui peuvent se trouver face à la même autorité
central. Ces groupes peuvent fusionner, ils ont des objectifs et des
méthodes très divers. C'est le cas particulièrement en
Côte d'Ivoire où à l'origine des soldats
« Zinzins et bahéfouets77(*) », par une mutinerie ont pris les
armes pour poser des revendications salariales. Dès que la
rébellion a eu un visage78(*), ces raisons ont commencé à
surgir au fur et à mesure qu'on avançait dans le temps.
Très critique du fait du prolongement du conflit, la situation va
entraîner une prolifération de groupes dissidentes (MJP,
MPIGO)79(*) et une plus
grande rupture des chaînes de commandement, en raison des clivages
ethniques qui sont très perceptibles à l'ouest du pays (Moyen
Cavally et les 18 montagnes) ou autres. Avec le temps, ce qui au départ
était une action entreprise pour des revendications corporatistes et
salariales (en témoigne les premiers accords à
Lomé) se transforme en rébellion sous fond de motifs
politiques caractérisés par l'anarchie et le pillage avec son
corollaire d'atrocité sur des civils et non combattants. Dans ce
contexte aux multiples parties prenantes, les acteurs influents ont
dépassé largement la traditionnelle division entre gouvernement
et guérilla politique. Les milices pro gouvernementales comme pro
rebelles se sont inscrites sur la liste déjà longue. Ce qui est
décrit comme société civile en Côte d'Ivoire et qui
devait détenir les clés qui permettent de comprendre la situation
et d'influer sur l'issue du conflit armé et la gestion de ses
conséquences, est restée quasi-inexistante. Telle est la
conséquence de la rébellion du 19 septembre 2002.
En effet, le 19 septembre 2002, des soldats rebelles venus du
Burkina Faso où ils se sont entraînés80(*) ont tenté de prendre le
contrôle des villes d'Abidjan, Bouaké et Korhogo. Ils
échouent dans leur tentative de prendre Abidjan mais sont victorieux
dans les deux autres villes (Bouaké et Korhogo), respectivement dans le
centre et le nord du pays. La rébellion qui prendra plus tard le nom de
"Forces Nouvelles", occupe progressivement la moitié nord du pays le
coupant ainsi en deux zones géographiques distinctes : le sud tenu
par le gouvernement légal soutenu par les Forces Armées
Nationales de Côte d'Ivoire (FANCI) et le nord tenu le Mouvement
Patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI) soutenu par les Forces Armées
des Forces Nouvelles (FAFN) (voir annexe 1 carte de la Côte d'Ivoire). De
ce fait le territoire national se trouve divisé en deux : une zone
gouvernementale et une zone rebelle81(*). Le 17 octobre, le cessez-le-feu82(*) signé a
contribué d'avantage à cristalliser les différentes
positions. Depuis la signature de cessez- le feu et les échanges
protocolaires mettant fin à la guerre le 4 juillet 2003, la paix reste
sur papier car le désarmement n'a pas encore été. La crise
humanitaire constatée dans ces régions, qui même si elle
semble être actuellement maîtrisée, court le grand risque de
dégradation au cas où, la crise persisterait. Car bien que les
armes ne crépitent plus, le pays reste toujours divisé en deux
parties.
La partition de l'Etat a même frôlé la
sécession. Divers actes et déclarations ont confirmé cette
assertion. Ainsi dans une déclaration sur les antennes de la
télévision ivoiriennes (RTI) le 12 décembre 2006, SIDIKI
Konaté avant l'engagement et l'aboutissement du « dialogue
direct », affirmait alors qu'il était porte parole du
secrétaire du MPCI, SORO Guillaume, que celui ci devenu premier ministre
par la suite, avait un territoire, une armée et une organisation
administrative et qu'il fallait tenir compte de ces différents
facteurs pour le partage du pouvoir. Ces actes ont été
posés en marge du principe de l'intangibilité des
frontières83(*).
Cela reste assurément une marque de la limitation de sa
souveraineté sur toute l'étendue de son territoire.
B : La perte de sa fonction de
souveraineté sur l'étendue du
territoire national
La définition de l'Etat réunit cumulativement
trois (3) éléments indispensables. Ce sont le territoire dont les
frontières sont consacrées par le droit international
public84(*), une
population vivant sur son territoire et son autorité à
l'intérieur et à l'extérieur de ses frontières, ce
qui traduit sa souveraineté. Cette réalité est souvent
compromise par les antagonismes au pouvoir légalement investi,
matérialisé par la rébellion.
Une rébellion se caractérise par nature par le
non respect du droit et partant de l'effondrement des fonds baptismaux de
l'Etat de droit. C'est une situation qui lui sied de facto dans la mesure ou
force sera reconnu aux armes et le droit sera rangé sous
l'éteignoir. La souveraineté des États implique une
responsabilité et c'est à l'État lui-même qu'incombe
au premier chef, la responsabilité de protéger son
peuple85(*).
Cela dit, la Souveraineté se définit, en droit,
comme la détention de l'autorité suprême,
c'est-à-dire d'un pouvoir absolu (dont tous dépendent) et
inconditionné (qui ne dépend de qui que ce soit). Dans les
régimes despotiques, la souveraineté est le plus souvent
détenue par un seul homme. Mais dans les démocraties, elle est
détenue par le peuple, constitué en un corps politique, la
nation. On parle dès lors de souveraineté nationale.
L'article 3 de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen du 26
août 1789 pose clairement le principe de la souveraineté
nationale : "Le principe de toute Souveraineté réside
essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer
d'autorité qui n'en émane expressément". Dans ce
cadre, la souveraineté ne peut être exercée par un despote
(une rébellion), ni divisée entre plusieurs fractions du
peuple. Elle est détenue par un être collectif et indivisible,
distinct des individus qui la composent.
Cette souveraineté cependant, est plutôt une
souveraineté de responsabilité que de contrôle,
pour ce qui est tant des fonctions internes que des responsabilités
externes86(*). Cette
conception de la souveraineté comme responsabilité, qui est de
plus en plus reconnue dans la pratique étatique, est importante à
trois égards. En premier lieu, elle implique que les autorités
étatiques sont responsables des fonctions qui permettent de
protéger la sécurité et la vie des citoyens et de
favoriser leur bien-être. En deuxième lieu, elle fait des
autorités politiques nationales responsables à l'égard des
citoyens au plan interne et de la communauté internationale par
l'intermédiaire des Nations unies. En troisième lieu, elle
signifie que les agents de l'État sont responsables de leurs actes,
c'est à dire qu'ils doivent rendre des comptes pour ce qu'ils font ou ne
font pas. C'est le schéma qui a court dans toutes les démocraties
du monde à l'instar de celle de la Côte d'Ivoire. La situation
conflictuelle donne de constater que le pays a perdu de sa puissance
souveraine, s'apparentant ainsi à un déclin87(*) de son Etat. Ce
déclin peut être entendu comme un déclin du politique.
L'intervention de la rébellion sur une partie du territoire national
dans le sens de contester l'autorité légale en place a eu pour
implication directe l'existence de deux « sous
Etats » matérialisée par une frontière
imaginaire mais réelle : la zone de confiance devenue ligne
verte88(*). Le
gouvernement légal se trouve donc à tout le moins dans
l'incapacité de faire face aux problèmes relevant de sa
compétence du point de vue de ses prérogatives liées
à sa souveraineté sur toute l'étendue du territoire
national. La faiblesse ou dans certains cas, l'effondrement
généralisé des services publics comme ceux qui concernent
la santé, l'approvisionnement en eau et le bien-être social, rend
la transition de situation d'urgence vers des stratégies de
développement plus difficile à réaliser et contribue
d'avantage à exacerber la perte de la souveraineté. Ce
« déclin » de souveraineté au plan
national retentit sur l'international, au point que les autorités
légales en réclament la reconnaissance et l'exercice total dans
le sens indiqué par la constitution de l'Etat dans toute sa
plénitude. Le Président de la République, garant de cette
puissance réclame son exercice presque dans toutes ses adresses tant
nationales qu'internationales89(*). Le Front Populaire Ivoirien (FPI) a également
demandé au Conseil de sécurité de l'ONU et au
Secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, de
«prendre acte de la volonté du peuple ivoirien de refuser la
négation de sa souveraineté»90(*). La lutte pour la reconnaissance de la
souveraineté sur le plan national comme international a conduit à
des événements qui ont empêché le cours normal de
l'action humanitaire en Côte d'Ivoire à des moments et lieux
indiqués. C'est le cas des attaques de Sebroko (siège de ONUCI
à Abidjan), Daloa et Guiglo en 2004 et en 2006. Ces réactions
comme certaines dans d'autres évènements restreignent fortement
la libre circulation dans son application.
.
Paragraphe 2 : La limitation du principe de libre
circulation
La rébellion dans la suite logique de la contestation
de l'autorité étatique, a finit par
« s'octroyer » une partie du territoire national,
sur laquelle elle exerce son autorité. La situation conflictuelle
prévalant, les suspicions de part et d'autre ont eu pour
conséquence majeure de limiter l'accès aux différentes
zones, c'est à dire limiter la libre circulation des personnes (A) et
des biens de peur d'une éventuelle déstabilisation (B).
A : La limitation de la libre circulation des
personnes
La constitution ivoirienne du 1er août 2000,
issue du referendum du 24 juillet 2000, proclame dans son préambule son
attachement, « son adhésion aux droits et libertés tels
que définis dans le Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
de 1948 et dans la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples de
1981 ». Toute personne « ...a le droit de circuler
librement...91(*) ». Telle est la matrice directive
permettant normalement à tout individu d'aller et venir librement en
tout temps et en tout lieu en Côte d'Ivoire. Mais il est des situations
qui constituent une entrave véritable à la libre circulation tant
prônée par tous les textes internationaux en matière des
droits humains. Parmi ces situations figurent les crises politico-militaires ou
les rébellions. C'est la situation dans laquelle baigne la Côte
d'Ivoire depuis le 19 septembre 2002. En effet le territoire national
étant divisé en deux, chaque partie
« réglemente » du mieux quelle peut dans le sens qui
lui sied, c'est à dire dans le sens de sa protection. Cela dit, la
grande difficulté reste et demeure pour les humanitaires, l'accès
aux victimes92(*). Ce qui
induit une circulation non fluide tant des civils que des humanitaires.
Au plan de la libre circulation des civils, il est à
noter que c'est le noeud gordien de l'action humanitaire. Elle a
été entravée de la façon la plus humiliante, la
sortie du ministre Amichia François93(*) illustre cet état de fait. La Côte
d'Ivoire, à l'instar des autres Etats en conflit (Libéria, Sierra
Léone etc.), a eu son lot de déplacement interne94(*) des populations. Selon le
manuel d'application des principes directeurs relatifs aux déplacements
internes, les déplacements privent les gens du choix de leur lieu de
résidence et les prive également de leur droit de circuler
librement en les contraignant à quitter leur domicile tel que
défini à l'article 13 de la Déclaration Universelle des
Droits l'Homme de 1948. Les civils se sont vus dénier l'exercice de ce
droit naturel95(*). En
effet depuis le début de cette guerre, de nombreuses populations sont
contraintes de se déplacer pour fuir les combats ou échapper
à la précarité de leur situation alimentaire et
médico-sociale. Cet exode s'est fait dans des conditions difficiles. Les
déplacements du nord au sud vice versa sont contingentés à
la tête du client parfois sur fond culturel, politique et
ethnique96(*).
Cette limitation de la circulation a obligé les forces
françaises à procéder à des
évacuations97(*)
individuelles et de masse98(*) par la création des corridors
humanitaires99(*).
Au plan de la libre circulation des humanitaires,
L'accès à la zone de rébellion sera conditionné au
bon vouloir des rebelles, rendant ainsi la situation sécuritaire
préoccupante. Dans son rapport hebdomadaire n°51 du 18 au 24
décembre 2004, OCHA faisait état de ce que l'accès
humanitaire reste difficile au point ou la distribution de kits scolaires aux
enfants en zone sous contrôle rebelle se faisait sous escorte de la
Licorne. Mais depuis un court instant selon OCHA/Man100(*), le plaidoyer auprès
des autorités militaires des FAFN pour la facilitation de la circulation
des organisations humanitaires, semble avoir porté ses fruits. En effet,
aucune fouille n'a été rapportée, cette semaine, par les
organisations humanitaires. Les choses semblent aller mieux pour ce qui est de
la circulation des personnes, mais pas totalement pour les biens et services
destinés aux populations.
B : La limitation de la libre circulation des
biens et services
Le droit des victimes des conflits armés de recevoir
des approvisionnements indispensables à leur survie est reconnu par les
Etats parties aux conventions de Genève de 1949. Ce droit a
été développé avec l'adoption des protocoles
additionnels aux Conventions de Genève en 1977. Dans un conflit
armé non international comme international, le droit à
l'assistance humanitaire a prévu le libre passage de certains biens
nécessaires à la survie de la population civile101(*). Il est une obligation pour
la puissance occupante, d'assurer l'approvisionnement de la population des
territoires qu'elle occupe102(*). Si cet approvisionnement reste insuffisant, cette
puissance a l'obligation d'accepter les actions de secours venant de
l'extérieur (art .59, IVe convention). Le protocole I (art. 69 et 70)
renforce le corps de règle adopté en 1949. Par exemple, un Etat
en guerre devra accepter une action de secours de caractère humanitaire,
impartiale et conduite sans aucune distinction défavorable, en faveur de
la population se trouvant sur son propre territoire, sous réserve de
l'agrément des parties concernées. Si ces conditions sont
remplies, il paraîtrait abusif de refuser de telles actions de secours
qui ne seront considérées ni comme une ingérence dans le
conflit armé, ni comme des actes hostiles. Dans un conflit armée
non international, le protocole II (art. 18) précise notamment que
lorsque la population civile souffre de privation excessives, par manque
d'approvisionnements essentiels à sa suivie, des actions de secours
exclusivement humanitaires, impartiales et conduites sans aucune distinction de
caractère défavorable seront entreprises avec le consentement de
la haute partie contractante concernée. Il est aujourd'hui
généralement reconnu que l'Etat devra autoriser les actions de
secours de nature purement humanitaire. Mais quand bien même l'Etat
s'engage sur de telles voies, l'évidence du résultat
escompté n'est pas toujours assurée. Le territoire ivoirien
divisé en deux, « les autorités
douanières » et militaires de la rébellion doivent
passer au peigne fin tout le convoi de vivre dans le sens de la protection de
leur « territoire ». Cela prend un temps
considérable103(*) alors que des populations meurent de faim. Le
processus humanitaire se trouve de ce fait interrompu parce que l'aide n'a pas
atteint sa destination du fait de l'inaccessibilité de la zone
sinistrée.
Les principes directeurs plaident pour le respect et la
protection des transports et fournitures. Plus précisément
l'assistance humanitaire ne devrait être détournée à
des fins politiques ou militaires. Malheureusement, ce principe est trop
souvent tronqué104(*). Imbriqués très rapidement dans
certaines réalités locales comme dans le « Far
West » crée à l'ouest du pays, les humanitaires sont
témoins des actes peu scrupuleux qui font de l'aide qu'ils apportent une
source d'enrichissement illicite. Dans certains cas, des convois entiers de
vivres et d'autres produits sont confisqués par les autorités
administratives décentralisées105(*), par « les hommes en
armes », ou même par la population106(*) pour leur propre usage. Dans
d'autres cas, « les hommes en armes » comme le
font certaines milices , taxent ou s'approprient une partie des
denrées avant qu'elles ne parviennent aux civils.
Section 2 : L'atmosphère
d'insécurité du fait des acteurs
La caractéristique première de la
rébellion reste par nature le non respect du droit et partant de
l'effondrement de l'Etat de droit. On retourne alors à l'état de
nature, dans la jungle où l'autorité de l'Etat n'existe quasiment
plus. Ce qui aboutit ainsi à une situation sécuritaire
délétère. La sécurité des personnes et des
biens qui relevait du devoir de l'Etat reste dévolue aux
bénéficiaires sans véritable capacité en la
matière. D'où une insécurité totale tant au niveau
des civils (paragraphe 1) que du personnel humanitaire (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'insécurité des
populations civiles
La situation sécuritaire délétère
depuis le déclenchement de la crise a plongé les civils dans une
insécurité sans précèdent. Cette
insécurité est à double vitesse : en zone
gouvernementale elle se traduit par des exécutions sommaires qui
échappent au contrôle de l'Etat (A) pendant qu'en zone rebelle
elle se caractérise par sa totalité (B)
A : Les exécutions sommaires qui
échappent au
contrôle de l'Etat
La sécurité des citoyens incombe à l'Etat
de Côte d'Ivoire pour ce qui est de tous les individus vivant sur son
territoire national. C'est du moins ce qui ressort de la constitution
ivoirienne du 1er août 2000107(*). Ce devoir de l'Etat envers les citoyens est
assuré en tout temps selon les prescriptions des lois internes et
internationales auxquelles la Côte d'Ivoire a fait
adhésion108(*).
Mais la situation toute particulière qui prévaut depuis le 19
septembre 2002 a conduit les NU à s'investir dans cette action de
protection aux cotés de l'Etat. C'est ainsi que La résolution
1464 du Conseil de sécurité des Nations unies du 4 février
2003 a autorisé «les États membres participant à
la force de la CEDEAO en vertu du Chapitre VIII, de même que les forces
françaises qui les soutiennent, à prendre les mesures
nécessaires pour assurer la sécurité et la liberté
de circulation de leurs personnels et pour assurer, sans préjudice des
responsabilités du Gouvernement de réconciliation nationale, la
protection des civils immédiatement menacés de violences
physiques à l'intérieur de leurs zones d'opérations et en
fonctions de leurs moyens...». Cela s'est cependant
avéré insuffisant puisque les tueries et les exécutions
sommaires ont doublé en ce qui concerne le nombre de victimes. Pour
lutter contre ce phénomène, le gouvernement a instauré des
couvres feu dans les zones sous son contrôle. C'est
précisément aux heures de ces couvres feu que la plupart de ces
crimes ont été commis. Ainsi par exemple, le 31 octobre 2002,
Tehe Emile, Secrétaire Général du Mouvement Populaire
Ivoirien (MPI) est enlevé à son domicile et est retrouvé
mort le lendemain criblé de balles, à proximité de la
forêt du banco à Abidjan. Mais avant, à M'Bahiakro, le 12
octobre 2002, Cissé Adama, Commissaire politique du RDR succombe
des coups et blessures reçus lors de la perquisition de son domicile par
des éléments des forces de l'ordre. Le 06 novembre 2002, quelques
jours seulement après l'annonce de l'appartenance de Louis André
Dacoury Tabley au MPCI, son frère cadet le Dr Benoît Dacoury
Tabley, est enlevé sur son lieu de travail et est retrouvé mort
sur la route d'Anyama. Par ailleurs, c'est le représentant du Consul du
Mali, Touré Bakary, qui est enlevé et retrouvé mort dans
un marécage à Labia le 25 octobre 2002. A cela il faut ajouter
l'assassinat en pleine ville (Plateau) du journaliste Jean Hélène
et la disparition du journaliste Gui André kieffer le 16 avril 2004.
L'ampleur des crimes a poussé le gouvernement à créer par
décret présidentiel en juillet 2004 pour assurer la
sécurité à Abidjan une nouvelle force de
sécurité d'environ 1700 hommes appelé Centre de
Commandement des Opérations de Sécurité (CCOS). Cette
unité plutôt que d'assurer la sécurité des civils au
regard de ses attributions a crée l'insécurité au sein de
la population même si le gouvernement soutient qu'elles ont eu lieu dans
le cadre de la lutte contre la criminalité de droit commun109(*).
La république brûle il faut la défendre,
c'est dans ce cadre que la Fédération Scolaire et Estudiantine de
Côte d'Ivoire (FESCI), s'est crut obligé de commettre des
exactions notamment des actes de torture et des viols sur des étudiants
perçus comme étant des partisans de l'opposition et même
sur d'autres civils. Il en a été de même avec les milices
progouvernementales qui ont semé la terreur au sein de la population.
C'est le cas de l'ouest où les éléments du Pasteur Gami et
Maho Glofiéi ont terrorisé toute la population du Moyen Cavally.
Toute cette situation a fait régner une atmosphère de terreur
extrême et de suspicion généralisée. Certaines
personnes en profitent pour régler de vieux comptes personnels, d'autant
plus facilement qu'une catégorie précise de personnes est, de par
son appartenance politique et/ou son origine, considérée sans
preuve comme « assaillant » potentiel. Il en a
été de même en zone rebelle.
B : L'insécurité en zone de
confiance et en zone
rebelle
Comme dans toute rébellion ou conflit interne, la zone
sous contrôle des insurgés reste le siège de
l'insécurité totale, puisque toute règle légale y
est balayée du revers de la main. La situation de rébellion en
Côte d'Ivoire n'a pas échappé à ce scénario.
Depuis le 19 septembre 2002, le MPCI règne en maître
incontesté dans la partie nord du pays, instaurant ainsi un ordre
nouveau où force n'est reconnu qu'aux armes. Dans ce climat de non
droit, les civils se sont vus dénier l'effectivité de leur droit
à tous les niveaux. De l'insécurité à la
suppression de la vie, la sécurité des civils a été
beaucoup éprouvée. Pour la rébellion, il fallait
éliminer de façon systématique tous les partisans du
régime gouvernemental en place. Cette situation critique a crée
un vent de panique faisant fuir la population vers les zones qui offrent un peu
plus de sécurité. Cela est inconfortable pour les humanitaires
puisqu'il faut les fixer à un endroit pour leur apporter l'aide dont ils
ont besoin. La situation de déplacement intense jetait le
discrédit sur la rébellion. Il fallait y mettre un terme. Des
arrestations des voyageurs ont été organisées sous le
prétexte qu'ils sont des rebelles qui veulent infiltrer la zone
gouvernementale. L'insécurité a atteint une proportion
démesurée avec la libération en masse des prisonniers dans
les localités sous contrôle de la rébellion. Des cas de
viols, de vols et des meurtres ont doublé de fréquence. Pour
pallier cette situation, les rebelles appliquent une justice
primitive110(*). En
effet, en dehors de tout cadre « légal »,
ils procèdent à des exécutions sommaires de
présumés délinquants. Par ailleurs, après la grande
confusion qui a suivi l'annonce, par le porte-parole des FANCI (Forces
Armées Nationales de Côte-d'Ivoire), de la reprise de
Bouaké par les forces gouvernementales, les rebelles après avoir
reconquis la ville ont procédé à des exécutions de
prétendus collaborateurs des loyalistes, selon le quotidien ivoirien
Fraternité Matin du 08 octobre 2002. Dans une telle
atmosphère, de nombreuses populations ont envisagé de quitter la
zone. Cependant elles se sont heurtées, pendant un certain temps,
à un refus des rebelles qui les retenaient de force.
La naissance de tendances au sein des forces nouvelles
à savoir : les partisans du sergent chef Coulibaly Ibrahim dit
« IB » et ceux de Soro Guillaume, a entraîné
la tentative de prise de contrôle des Forces Nouvelle par les partisans
de « IB » (prise de la télé et radio
Bouaké par le commandant de zone Bamba Kassoum dit
« kass » et ses hommes.). Cette situation a
débouché sur un affrontement sanglant entre ces deux tendances du
20 au 25 juin 2004 occasionnant des violations graves des droits humains dans
les villes de Korogho et de Bouaké avec pour conséquence,
l'exécution du commandant zone « kass » après
sa capture lors des affrontements.
L'insécurité n'est pas seulement du fait des
rebelles, mais des civils ex combattants transformés pour l'occasion en
coupeur de route en semant sur leur passage tristesse et
désolation111(*).
Cependant certains civils constituent des mobiles d'insécurité
pour d'autres, c'est le cas notamment de la situation particulière qui
prévaut dans le ZOU112(*). L'insécurité des civils retentit sur
celle des humanitaires qui leur viennent en aide.
Paragraphe 2 : L'insécurité du personnel
humanitaire
L'humanitaire moderne a vu le jour sur les champs des
batailles113(*) et se
déploie sur des terrains sinistrés. Cet état de fait les
prédispose à l'insécurité à tous les
niveaux, que ce soit en zone libre (A) comme sur le théâtre des
opérations (B).
A : L'insécurité sur le
théâtre des opérations militaires
Mener à bien des activités humanitaires dans des
zones de conflit armé ou de violence interne a toujours
été une entreprise dangereuse. La sécurité des
collaborateurs et agents humanitaires et même des
bénéficiaires a toujours été une priorité et
une responsabilité cruciale tant pour ces organismes que pour l'Etat
d'accueil. Dans la nouvelle donne des conflits non internationaux ou conflits
internes, les acteurs humanitaires se trouvent face à des risques
à la fois de rejet et d'instrumentalisation qui débouchent sur
des conséquences démesurées. Le CICR mais aussi plusieurs
Sociétés nationales, d'autres agences onusiennes et non
gouvernementales, ont perdu des collaborateurs au cours d'attaques
délibérées ces dernières années114(*). Le personnel humanitaire
est l'objet de menaces et d'attaques de plus en plus fréquentes qui
peuvent provoquer des blessures ou même la mort. Ces agressions limitent
ainsi les mouvements du personnel humanitaire pour accéder aux personnes
déplacées et accomplir ainsi leur sacerdoce. S'il est vrai que le
conflit ivoirien n'a pas suivi le mouvement des grandes situations
d'insécurité qui ont enlevé la vie à plusieurs
agents humanitaires dans le monde entier, il n'en demeure pas moins que des
situations d'insécurité totale aient entravé à
divers moments comme à divers endroits, l'action humanitaire dans cette
situation conflictuelle. Ainsi le 15 janvier 2006, le Groupe de travail
international (GTI), chargé de suivre le processus de paix en Côte
d'Ivoire annonçait qu'à son avis le mandat des
députés de l'Assemblée nationale qui avait expiré
le 16 décembre 2005 n'avait «pas à être
prolongé». Cette décision a provoqué une
réaction immédiate de la part de groupes de manifestants des
«Jeunes Patriotes115(*)» qui ont bloqué les principales
artères d'Abidjan et d'autres villes de Côte d'Ivoire afin
d'exiger le départ de l'ONU CI, présente en Côte d'Ivoire
depuis avril 2004. Les affrontements les plus graves ont eu lieu à
Guiglo116(*) dans le
Moyen Cavally, dans l'ouest du pays, où les Casques bleus bangladais ont
fait usage de leur arme à feu, tuant cinq personnes et en blessant au
moins une vingtaine d'autres. Cette situation a mis à mal la
sécurité de toutes les structures nationales comme
internationales humanitaires. Pendant près d'une semaine une chasse en
général aux humanitaires et en particulier ceux des Nations unies
était organisée, suivi d'un pillage systématique117(*). Ce sont ces pillages qui
ont permis l'extraction des soldats onusiens et la plupart des agents
humanitaires avec la complicité de l'officier de liaison118(*). Pendant toute cette
période, les réfugiés, les déplacés de
guerres du CATD et les autres personnes appelant assistance croulaient sous le
poids de leur difficultés. Cette situation a eu pour conséquence
directe, le transfert des sous bureaux de certaines structures à
Duekoué loin de leurs activités. Cela dit, l'ONG
Solidarités installée depuis lors à Blolequin et
Toulépleu a dû après une longue pause, parce que n'ayant
pas accès à ses sites d'intervention, finalement les laisser aux
soins de l'ONG ASAPSU après qu'une dégradation importante ait
été remarquée sur les ouvrages. Mais cette situation
d'insécurité a continué à exister jusqu'à la
mise sur pied du Centre de Commandement Intégré qui assure la
sécurité dans la zone de confiance, permettant ainsi aux
humanitaires d'évoluer sans avoir peur de subir des exactions des
éléments incontrôlés des forces nouvelles et des
milices. Nous espérons que le désarmement effectif va aider
à la restauration de la sécurité dans sa quasi
totalité.
B : L'insécurité des humanitaires en
zone libre
Le Président de la République de l'Etat de
Côte d'Ivoire déclarait dans le quotidien Fraternité
Matin119(*),
« Nous avons des règles, eux n'en ont pas c'est pourquoi
on nous appelle Etat et eux les assaillants. Un Etat est obligé de
respecter un minimum de règle pace qu'il vit à coté
d'autres Etats. Mais les assaillants, la seule règle qu'ils respectent
c'est leurs instincts ». Le respect de certaines règles
a contribué beaucoup à circonscrire le développement de
certaines activités ou situations dont les conséquences directes
sur la sécurité des humanitaires pourraient être de grande
intensité. Mais avant toute chose il est à reconnaître que
la sécurité des humanitaires relève avant tout de leur
collaboration mutuelle et celle avec l'Etat d'accueil par le respect des
principes du DIH. C'est certainement ce que le Directeur des opérations
du CICR, Pierre Krähenbühl a exprimé par ces mots
« la sécurité ... une question d'acceptation, de
perception de l'organisation, de comportement individuel des
délégués et de capacité d'écouter,
de communiquer et de projeter une image stable et cohérente à
tous les acteurs engagés... La neutralité,
l'indépendance et l'impartialité s'imposent à cet
effet»120(*). Il
estime par ailleurs que « la gestion de la sécurité
incombe aux responsables des opérations eux-mêmes. Il ne voit pas
de séparation entre gestion de la sécurité et conduite des
opérations. L'évaluation des risques et des menaces fait partie
intégrante de la définition de la stratégie
opérationnelle ». Le respect à certains
égards de ces principes humanitaires a permis d'éviter le pire
à des moments où l'Etat est entré dans une phase
d'ébullition totale. C'est le cas des événements de
novembre 2004 et de janvier 2006. Nous précisons au passage que
contrairement aux zones sous contrôle de la rébellion, la zone
gouvernementale hors mis les évènements de 2004 et de 2006, a
enregistré moins de situations compromettant la sécurité
des humanitaires, même si l'appréciation du niveau
sécurité par les Nations unies en Côte reste
alarmante121(*).
Chapitre deuxième: Les réalités
socio économiques comme frein à l'action
humanitaire et l'influence
de l'évolution de la situation
politique sur les
contraintes.
Si les contraintes de la pratique humanitaire se
révèlent être connues généralement sur le
terrain juridique, les réalités locales montrent cependant que
les facteurs socio économiques sont d'une part importante pour ce qui
est des difficultés (section 1), cependant l'évolution de la
situation politique a eu un véritable retentissement sur les
difficultés tout au long de cette activité sacerdotale (section
2).
Section 1 : L'effet subversif des
réalités socioéconomiques sur la
pratique
humanitaire
Les articulations diverses des
réalités locales qui se sont tissées entre acteurs et
enjeux du conflit ivoirien ont montré les limites d'une approche
victimaire de certaines populations (A). A cela il est à ajouter la
suspicion portée sur les réfugiés libériens du fait
de la situation conflictuelle à l'ouest à laquelle ils auraient
pris part (B).
Paragraphe 1 :
Les limites de l'approche victimaire de certains
acteurs
Cette approche victimaire s'analyse à deux niveaux,
d'une part au niveau de la qualité multiple des civils, c'est à
dire la casquette civilo-militaire (A) et d'autre part au niveau des
réfugiés libériens dans leur prétendue implication
dans la crise à l'ouest du pays (B).
A : La double casquette civil/militaire
La crise ivoirienne, à l'instar de celles de certains
Etats comme du Liberia, de la Sierra Léone et d'autres Etats, s'est
trouvée confrontée à des moments et à des lieux
à l'épineuse question de la qualification de certains
intervenants. En effet, ces intervenants quels qu'ils soient, se retrouvent
dans des situations où les catégories habituelles122(*) (du type civils/ militaires)
ne font plus grand sens. La logique humanitaire123(*) ne permet pas de
résoudre ce problème en Cote d'Ivoire lorsque, dans les zones
sous contrôle rebelle où dans certaines zones (l'ouest)124(*), les soldats peuvent
être des enfants, ou des réfugiés. Aussi les civils que
voudrait-on voir ou réduire au statut de
« victimes » passives ou neutres, s'affirment
partiellement comme des acteurs authentiques de la crise125(*).
La situation à l'ouest a montré combien les
« acteurs locaux » pouvaient changer de casquette
rapidement. Aujourd'hui civils meurtris dans la chair et dans la
dignité, demain seigneur de guerre, après demain notable local,
commerçant ou autorité religieuse ou même
représentant de la société civile. Ainsi dans le Moyen
Cavally, on ne peut pas s'étonner de voir une situation aussi
malheureuse mais vrais qui déjoue les pronostics des humanitaires,
rendant ainsi complexe la situation humanitaire à cerner et à
faire face. La situation particulière du ZOU illustre malheureusement ce
tableau noir. Pour l'histoire c'est une zone (Bangolo dans la Zone de
Confiance) où les Yacouba aidés par les miliciens pro rebelles,
en guise de riposte, ont délogé les Guérés de leur
zone. Pendant que les humanitaires s'apprêtaient à les accueillir
dans les zones de transit, ils (Guérés) ont organisé une
autre attaque contre les allochtones en majorité des Burkinabés
qui à leur tour les ont chassé de leur zone (Bangolo). Fuyant la
situation, ils ont eu pour refuge les champs des autochtones
guérés de Guiglo qui pour certains ont fuit la rébellion
et pour d'autres ont chassé les allochtones de leur champs mettant ainsi
les humanitaires dans une situation de « casse tête
chinois ». Cette situation paralyse l'ouest entier dans la mesure
où les guérés de Guiglo qui ont accepté de
rétrocéder les champs des allochtones ne peuvent pas retrouver
les leurs, parce que investis par ceux du ZOU qui refusent retourner chez eux
à cause des allochtones qui règnent en maître absolu sur
leurs villages et champs. Cette situation indélicate risque de
compromettre tout le travail abattu par toutes les bonnes volontés
venues aider l'Etat de Côte d'Ivoire dans les moments difficiles qu'il
traverse. Le « Far West » crée à
l'ouest ivoirien, fait planer un vent de suspicion sur les allochtones pour
leur « prétendue » participation à
la guerre. C'est le cas des réfugiés libériens.
B : La suspicion sur les réfugiés
libériens en Côte
d'ivoire du fait de la situation à l'ouest
Fidèle à sa réputation de pays
hospitalier, la Côte d'Ivoire a accueilli plus de 60000
réfugiés libériens sur son sol126(*), installés en partie
dans un camp de réfugié (Peace town ou village de paix à
Guiglo) et le reste dispersé dans des villages et villes. Nombreux
parmi eux étaient des ex-combattants soit de Taylor soit anti-Taylor qui
ont déserté les rangs de l'armée et des milices depuis
1996127(*). Cela dit,
tous ces ex combattants ont été recrutés de part et
d'autre dans les milices progouvernementales, pro rebelles et les milices
d'auto défense qui sont nées à l'ouest. Ces ex combattants
réfugiés libériens étoffaient à plus de
70%128(*) ces groupes
puisqu'ils sont rompus à la guérilla suite à leur
participation à la guerre du Liberia. L'implication des
réfugiés libériens dans la crise à l'ouest n'est
plus à démontrer même si de façon officielle les
rapports des Nations unies n'en font pas large écho. Mais l'une des
raisons essentielles de leur implication reste l'argent et le butin de guerre
(pillage totale des villes et villages). Cette implication à mis en
danger la vie de tous les réfugiés et des
réfugiés129(*) au point que le HCR a cherché à partir
de 2003, à les relocaliser130(*). Plus de 8000 ont été
évacués vers les Etats unis d'Amérique et plus de 11000
ont été rapatriés en juin 2005. La situation était
tellement invivable que des fonctionnaires des organisations humanitaires se
sont également préoccupés de la sécurité des
réfugiés libériens et même des
Burkinabés131(*)
déplacés dans la partie ouest de la Côte d'Ivoire où
certains font porter la responsabilité de la reprise des combats
à des ressortissants étrangers. C'est cette inquiétude que
le porte-parole régional de l'Office des Nations Unies du Haut
Commissariat aux Réfugiés Fati Kaba exprime en ces mots,
« les tensions dans la partie ouest de la Côte d'Ivoire
présentent le risque d'affecter négativement la protection des
réfugiés, parce que chaque fois qu'il y a un conflit en
Côte d'Ivoire, la population locale a tendance à être
hostile aux réfugiés, à cause de l'implication
passée des Libériens dans les combats132(*) ».
Toute cette situation, a malheureusement crée un
contexte invivable entre autochtones et allochtones (réfugiés)
alors qu'il est question de cohésion sociale de paix, gage d'une
Côte d'Ivoire prospère réconciliée avec le
développement.
Paragraphe 2 : La protection des
intérêts et le soutien des
populations aux programmes humanitaires
Les réalités sociopolitiques ne cesseront de
retentir sur la qualité de la pratique humanitaire si chaque acteur n'a
seulement en vue que la protection égoïste ses
intérêts économiques (A) ou si chaque population se garde
d'apporter sa participation communautaire aux différents programmes
mises en place pour la restauration de la dignité humaine bafouée
par la guerre (B).
A : La protection des intérêts
économiques
internationaux
L'Afrique subit avec une acuité particulière les
« destabilisations politiques et sociales dûes à la
mondialisation. En effet, déja fragiles, les jeunes Etats independants
ont hérité d'une souverainété chancelante que la
domination des multinationales et la dislocation des sociétés
sous l'effet des politiques d'ajustement structurel ont achévé de
reduire à néant. Ainsi, la puissance publique devient une fiction
dont on cherche à tirer profit et le coup d'Etat un mode naturel de
conquète du pouvoir133(*) ». C'est la réalité de
nos pays subsahariens comme celle de la Côte d'Ivoire dont la situation
reste cependant marquée par une certaine forme de prédation
économique.Tant que l'économie de ces Etats sera fortement
dirigée par les Etats développés et les plus
riches134(*), les
intérêts économiques continueront de peser lourdement sur
la dynamique des conflits135(*). Les Etats africains sont fortement interdependants.
Et cela depend pour beaucoup des interêts des multinationales. Qu'elles
soient européennes ou orientales, elles ont soumis et dompté les
appareils d'Etat, ont aboli de facto les frontières
héritées de la colonisation, en modifiant la nature des Etats et
en en faisant des annexes ou bureaux de contrôles. Dans un tel cas de
figure, les conflits ethniques ne sont souvent que le paravent des calculs
d'interêts effectués par ces multinationales. Ces derniers
instrumentent les conflits pour obtenir ou conserver des marchés et des
concessions136(*).
Les analystes estiment que Paris s'est servi de la
rébellion pour faire pression sur le gouvernement ivoirien afin qu'il
renouvelle le contrat de la CIE-SODECI qui est la Compagnie
d'électricité et de distribution d'eau appartenant au puissant
groupe français Bouygues et qui prospère en Côte d'Ivoire.
Le contrat de CIE-SODECI renouvelé par l'Etat de Côte d'Ivoire, la
France ne voyait plus de raison de soutenir Guillaume Soro (le leader des
Forces nouvelles) et ses hommes. La rébellion, hier moyen de pression,
n'a plus de raison d'être soutenue, Il faut donc lui couper tous les
conforts, à commencer par l'eau, l'électricité et emmener
les rebelles à désarmer au plus vite ». Ceci explique
la coupure d'eau et d'électricité pendant plus d'un an à
partir de 2003137(*).
L'intervention des certains Etats par le biais de leur grandes
firmes dans le sens de la protection et de la conservation de leurs
intérêts, est un des facteurs déclencheur et catalyseur de
la crise ivoirienne. Cette analyse n'est pas totalement erronée dans la
mesure où les actes de la métropole comme certains accords
politiques n'ont enregistré que des contestations souvent violentes.
L'économiste Yves Ekoué Amaïzo138(*) voit
« derrière le soulèvement rebelle et l'arrangement
de Marcoussis, la main des multinationales dont les intérêts
étaient menacés par le pouvoir en place à Abidjan : ayant
pris le contrôle des juteuses filières agricoles, réalisant
des profits exorbitants contre quelques « pourboires » versés
traditionnellement à l'Administration, ces sociétés, dont
les contrats arrivent à terme en 2004, verraient d'un mauvais oeil les
réformes envisagées par Laurent GBAGBO, sur l'attribution des
marchés notamment139(*) ».
Cela peut être un « acte
normal » de la métropole ou de ses entreprises de
protéger des intérêts, mais les réactions
(réactions contre l'accord de Marcoussis, contre les forces Licornes
et contre les décisions des Nations unies qui ont
dégénéré en véritable guerre) des
populations à ces conceptions et actes de défense (qu'ils
jugent comme une recolonisation), n'ont pas permis à certains
moments une fluidité des activités aussi civiles qu'humanitaires.
Conscients de cette entreprise de la part de la métropole, les
réactions étaient encore plus
« sauvages » et dirigées contre les
humanitaires qui pour eux sont à leur solde, mettant ainsi à mal
toutes leurs activités de foi. Cela pourrait expliquer l'attitude timide
de la population face aux programmes humanitaires.
B : La participation des populations aux
programmes humanitaires
La pratique humanitaire dans l'ouest de la Côte d'Ivoire
est toute autre dans le sens de la différence. En effet les humanitaires
rencontrent d'énormes difficultés dans la mise en oeuvre, et la
réalisation de leurs différents projets destinés à
la population. Les difficultés éprouvées sont peut
être dues à la situation qui a prévalue depuis le
déclenchement de la guerre du Liberia. Depuis 1989, la Côte
d'Ivoire a accueilli sur son sol la plus grande partie des libériens
fuyant les affres de la guerre. Ces réfugiés ont
été reçus pour certains dans le centre de
réfugié (Peace town) et pour d'autres, la majorité bien
entendu, par les populations locales selon un principe qui prévaut dans
cette localité c'est-à-dire le
« tutorat ». Ce terme désigne
une sorte d'institution traditionnelle rurale qui gouverne les relations
sociales naissant de l'accueil d'un étranger (ou d'un groupe
d'étrangers) et de sa famille dans une communauté villageoise
locale pour une durée indéterminée et incluant une
dimension «
transgénérationnelle »140(*).Ce système a
obligé les humanitaires venus à leurs secours, plutôt que
d'aider seulement les réfugiés, à aider leurs
hôtes, et cela d'un assistanat total. Ces peuples Guérés
passifs, inactifs et paresseux141(*) à la culture forestière se sont
accommodés de cette situation au point ou tous les projets humanitaires
qui requièrent leur participation communautaire se trouvent dans
l'impasse pour la plupart. Presque tous les humanitaires (HCR, PAM, ASA,
ASAPSU, SOLIDARITES etc.) dans le Moyen Cavally ont confirmé ce
état de fait qu'ils vivent quotidiennement. Cependant certaines
structures comme SOLIDARITES et PAM ont trouvé la solution
adaptée, c'est-à-dire l'intéressement des personnes qui
prennent part aux activités (paiement ou Food for Works). Les
réactions des populations aux différents projets évoluent
en fonctions des ONG et structures humanitaires, c'est à dire des moins
aux plus nanties. Cette situation met mal à l'aise les structures et ONG
locales qui ne sont pas suffisamment riches142(*).
Ces situations particulières compromettent gravement
certains programmes basés sur la participation communautaire puis qu'il
« faut les payer pour qu'ils se rendent service eux
même ». Pour éviter une quelconque participation,
ils préfèrent selon GTZ CFR (Centre Formation et de
Réinsertion) Guiglo, papillonner de projet en projet avec la plus grande
oisiveté à la recherche surtout de l'assistanat total.
Section 2 : la dérive de l'aide
humanitaire et l'impact
l'évolution politique sur les contraintes humanitaires
La distribution de l'aide en Côte a connu des
dérives, elle a été utilisée très souvent
à des fin personnelles (paragraphe 1) heureusement que
l'écoulement du temps a permis de faire face à ces contraintes
(paragraphe 2)
Paragraphe 1 : L'aide humanitaire comme ressources
économiques
La situation humanitaire ivoirienne ne s'est pas
écartée de ce qui a été décrié
partout dans le monde en guerre143(*). La cupidité et l'amoralité des hommes
ont pris le dessus dans la gestion de l'aide destinée à ceux qui
en avaient besoin. Elle a été tantôt utilisée comme
moyen de contrôle des milices et des civils (A) tantôt comme un
moyen de prédation économique (B).
A : L'aide comme moyen de contrôle
Toute action humanitaire de masse appelle toujours à
une distribution massive de l'aide aux sinistrés. Mais entre le projet
de distribution et la réception par les victimes, existe un très
grand écart qui est pour la plupart géré avec
opacité ou légèreté. La plupart du temps l'aide
n'arrive pas et cependant si elle devait arriver, c'est par le biais de
certaines entités qui s'en servent pour atteindre des buts souvent
dénués de toute morale. Alors que pour les humanitaires,
continuer à soulager au maximum les souffrances des populations sans
pouvoir autant devenir l'instrument des autres acteurs est le défi
essentiel qui s'impose aujourd'hui. Ne plus fournir une aide massive et sans
contrôle, ayant de fortes chances d'être captée, est une
première réponse à ce défi. Même si la mise
au point des techniques d'aides comme entre autres l'évaluation
précise des besoins et le contrôle après distribution,
s'avèrent théoriquement efficaces, que peuvent bien faire ces
humanitaires ténus par les principes du DIH ? Peut être que
les humanitaires doivent définir un périmètre de
responsabilité pour chacune des situations dans lesquelles ils sont
amenés à intervenir. Ce n'est qu'ainsi qu'ils pourront peut
être remplir leurs devoirs et par cela seul faire entendre la voix
des victimes, défendre leur droit à la vie, à la
sécurité et la reconnaissance, à moins que cela ne
s'apparente à une ingérence humanitaire qui sera mal
interprétée. Le risque pour les humanitaires est alors de
devenir des "sous-traitants de la puissance publique" ou de ses
milices144(*). Se
développe ainsi une pratique de l'humanitaire d'Etat, qui tend à
paraître comme un nouvel outil de sa politique. L'aide humanitaire, qui
en principe doit être considérée comme un
phénomène conjoncturel145(*), est devenue un phénomène structurel,
conséquence de la défaillance des mécanismes de
sécurité collective des acteurs du conflit et des humanitaires.
Cette défaillance s'explique par le manque d'engagement des acteurs
ainsi que de la mise en place systématique d'accords de paix
adaptés qui, souvent, ne proviennent pas d'un processus dynamique
interne mais sont imposés de l'extérieur et favorisent souvent
l'impunité146(*).
Face a tant d'intrigues on se pose la question selon laquelle à qui
profite l'aide humanitaire ? Les techniques de l'aide humanitaire doivent
être révisées pour que celles-ci ne soient pas
dévoyées mais restent au contraire fidèles aux principes
qui la guident. L'étude de la situation particulière de l'ouest
ivoirien a montré comment l'aide humanitaire peut être
détournée subtilement de ses objectifs
et de ses cibles et comment elle peut être instrumentalisée aussi
bien par le gouvernement, la rébellion et les milices avec l'allure
d'une véritable prédation économique.
B : L'aide comme moyen de
prédation économique
Au plus fort de la crise, le gouvernement ivoirien pour
répondre à la situation d'urgence née de la guerre, a mis
en place, sur l'initiative du Ministre de la Solidarité, de
Sécurité Sociale et des Handicapés, la Cellule
Solidarité et Action Humanitaire. Cette Cellule avait surtout pour
objectif d'apporter un appui physique, moral et psychologique aux victimes afin
de les aider à sortir de la situation de choc. Cela passe par la
détermination des priorités et l'acheminement de l'aide que la
cellule s'est chargée de collecter auprès de la population
surtout auprès des bonnes volontés. Mais à coté de
cela, des âmes sensibles, pour aider victimes147(*) dans la détresse, ont
convoyé148(*) des
vivres presque partout dans les zones sous occupation rebelle. C'est dans ce
cadre que le moyen Cavally a reçu son lot de vivres qui a
été entreposé à la Mairie du chef lieu de
Région (Guiglo). Mais au vue sue de tout le monde, ces vivres se sont
retrouvés sur le marché de Guiglo sans que personne ne
s'émeuve devant une telle situation inhumaine. Cette attitude amorale
n'est pas seulement le fait des certaines autorités politiques
véreuses, mais aussi des populations appelant assistance. Toutes les
structures et ONG dans le moyen Cavally en souffrent véritablement. En
effet, la Coopération allemande (GTZ) selon l'information qu'elle nous a
donné, pour l'exécution du programme de réinsertion des ex
combattants dans le Moyen Cavally a mis en place des projets (porcherie,
boutique etc..) leur permettant de revenir à la vie civile. Les fonds de
démarrage à leur allouer pour le lancement des activités a
frôlé le bradage, n'eut été l'intervention
énergique de la structure qui parfois s'est faite aidée pour la
circonstance des forces de l'ordre pour les en dissuader. Pour le directeur du
sous bureau de Guiglo, monsieur Zabavi, dans l'entretien qu'il nous a
accordé149(*),
ces personnes préfèrent plutôt brader tous ces biens qu'on
leur donne pour avoir un peu de sou que de les conserver. On peut
aisément affirmer que les évènements de janvier 2006
à Guiglo qui se sont soldés par le pillage de toutes les
structures humanitaires résidant dans la ville, répondaient
à cette volonté d'enrichissement illicite tant les stocks
pillés se sont retrouvés quelque temps après sur tous les
marchés de la région150(*).
Paragraphe 2 : L'incidence de l'évolution
de la situation politique
sur les contraintes
L'impact de l'évolution de la situation politique sur
la pratique humanitaire est perceptible à double niveau. D'une part, des
premiers accords jusqu'à ceux de Ouagadougou (A) et d'autre part
l'accord de Ouagadougou comme une véritable volonté de paix
(B)
A : De Lomé à Ouagadougou
La résolution du conflit ivoirien a eu pour cadre de
résolution, et ce de façon itinérante, différentes
capitales et villes du monde qui du reste ont donné leur nom aux
différents accords qui en sont issus. C'est ainsi qu'il a eu Lomé
I et II, Accra I, II et III, Marcoussis et Kléber et enfin Pretoria I et
II avant de franchir le cap de Ouagadougou qui nous espérerons sera le
dernier. Cette succession de capitale ne semble pas depuis 5 ans permettre de
trouver le réel remède aux maux qui minent la Côte
d'Ivoire. Mais ces accords avaient naturellement la particularité
d'avoir un retentissement réel sur le climat favorisant l'action
humanitaire en Côte d'Ivoire à divers moments et à divers
endroits. Ces accords au delà de leurs individualités avaient
pour point commun de contraindre le Président de la République
d'abandonner une partie de ses des prérogatives constitutionnelles
auxquelles visiblement il est resté cramponner. Pour lui, ces accords
n'étaient pas le fruit de leur volonté d'aller à la paix
mais de l'imposition de la volonté des autres. Ce qu'il a toujours
exprimé dans ses discours, même dans sa dernière adresse au
peuple pour présenter les accords de Ouagadougou.
Les accords de Lomé ont mis à nu le volte face
de la rébellion, pendant qu'à Accra il était question de
leur vrai visage ; contrairement à Pretoria où il a
été dénoncé le parti pris du médiateur Thabo
M'beki. Pour les observateurs, c'était une occasion pour les anglophones
de prendre le pas sur les francophones qui jusque là n'ont pas
réussi à trouver une solution. Mais de tous ces accords,
Marcoussis reste celui qui a le plus eu un impact négatif sur les
humanitaires tant les multiples événements qu'il provoquait en
signe de contestation empêchait véritablement les humanitaires
d'accomplir leur sacerdoces. La signature de «l'Accord
de Linas-Marcoussis ne ramène cependant pas le calme dans le pays,
où manifestations et contre-manifestations deviennent quotidiennes, les
différents camps tentant chacun, où de les banaliser ou d'en
tirer le plus grand bénéfice »151(*).
Depuis sa signature, l'accord de Linas-Marcoussis avait du
plomb dans l'aile. Le politologue Bernard DOZA explique son échec en ces
mots : « arrachés aux forceps à une classe
politique mise sous pression pendant dix jours, hors de la Côte d'Ivoire
et dans un huis clos contrôlé par la France, les Accords de
Marcoussis ont plutôt été considérés par ce
peuple ivoirien en lutte contre l'étranger comme un acte de
recolonisation avalisé par le protectorat défini dans la
résolution1464 du Conseil de Sécurité de l'ONU152(*) ».
Cependant pour Yves AMAIZO, le soulèvement rebelle et
l'arrangement de Marcoussis sont le fait des multinationales dont les
intérêts étaient menacés par le pouvoir en place
à Abidjan matérialisé par les réformes
envisagées par Laurent GBAGBO, sur l'attribution des marchés
notamment153(*).
Conscient de cette « arnaque »,
c'est-à-dire « la recolonisation avalisée
par le protectorat défini dans la résolution1464 du Conseil de
Sécurité de l'ONU154(*) », la population s'est dressée
pendant 5 ans contre les humanitaires, ce qui explique les exactions à
chaque sortie des populations contre les structures humanitaires des Nations
unies et partant contre tous les humanitaires. L'espoir placé en
l'accord de Ouagadougou semble avoir imprimé une certaine
fluidité à la pratique humanitaire.
B : Ouagadougou : l'impact de la
volonté de paix sur
la pratique humanitaire
A l'initiative du président Laurent Gbagbo et
acceptées par la rébellion militaire avec l'aval des Partis dits
"Houphouetistes155(*)",
il a été engagé des négociations directs qui ont
abouties à la signature le 4 mars 2007 des accords dits "Accords de
Ouagadougou" dont le président du Burkina Faso Blaise Compaoré
est le facilitateur. Cet accord résultant de la volonté des
acteurs du conflit semble être porteur de paix. L'annexe au
chronogramme156(*) de
mise en oeuvre donne toutes les garanties de cette entreprise. Son application
progressive a permis d'observer des avancées notables en matière
de réconciliation et surtout en matière de sécurité
tant des civils, des humanitaires que des biens et aides. La
sécurité est du reste l'un des gages les plus importants pour une
pratique satisfaisante de l'action humanitaire même si le paradoxe est
qu'en matière de l'action humanitaire dans les situations
conflictuelles, l'insécurité reste le paysage essentiel qui lui
donne son goût du risque. La suppression de la zone de confiance et la
mise sur pied du centre de commandement intégré a permis de faire
régresser l'insécurité dans ces zones. Tout laisse croire
que cet accord a réunit toutes les conditions idoines à cette
activité.
Troisième partie
LES OBSTACLES EXTERIEURS AUX ACTEURS
DU CONFLIT
Les contraintes qui ont émaillé le cours normal
de la pratique humanitaire en Côte d'Ivoire depuis le
déclenchement de la crise en 2002, ne tirent pas seulement leurs sources
ni dans les limites de l'engagement du droit ivoirien à l'égard
du DIH, ni seulement dans les actes des acteurs du conflit mais aussi dans des
facteurs qui leur sont extérieurs. C'est le cas notamment des
dysfonctionnements internes des organismes humanitaires (chapitre 1), mais
aussi de l'influence des politiques et des médias sur la crise
humanitaire (chapitre 2)
Chapitre premier: Les limites spécifiques aux
organismes et agences
humanitaires
Comme toutes les organisations et structures oeuvrant dans
divers domaines, les organisations humanitaires connaissent aussi des
difficultés liées à leur fonctionnement interne qui du
reste entachent souvent la faisabilité ou même la qualité
de leurs activités (section 1). Aussi, à l'image de leurs
concepteurs et de leurs animateurs, les ONG et structures humanitaires
souffrent la plupart du temps de la nature de leurs rapports mutuels (section
2).
Section 1 : Le dysfonctionnement interne des
organismes humanitaires
Le dysfonctionnement dont il est question ici, est relatif au
non respect des principes qui guident leurs actions, c'est à dire les
principes du DIH (paragraphe1).Ce dysfonctionnement trouve aussi fondement
dans l'insuffisance des moyens d'action dont ils disposent (paragraphe 2)
Paragraphe 1 : Le non respect des principes du
DIH par les
organismes humanitaires
Le DIH comme toutes les sciences humaines, est guidée
par des principes qui balisent sa bonne application. Pour certains de ces
principes comme la neutralité (A), l'indépendance,
l'impartialité, le non respect est synonyme d'entraves à la
pratique humanitaire (B).
A : La rupture du principe de neutralité
et
d'indépendance
Les organismes ou ONG humanitaires ne tirent pas leur
justification des textes relatifs aux Droits de l'Homme, mais de la
nécessité d'avoir, en situation de crise, des
intermédiaires neutres et suffisamment indépendants, qui puissent
trouver des solutions pratiques aux problèmes humanitaires. C'est en
cela que s'impose le respect scrupuleux de ces principes. Les principes de
neutralité et d'indépendance sont donnés respectivement
comme des principes qui guident l'action humanitaire, interdisent aux
organismes humanitaires de prendre part aux hostilités, et en tout temps
aux controverses d'ordre politique, racial, religieux ou idéologique.
Cette neutralité implique que l'assistance militaire ne soit pas
considérée comme une ingérence dans un conflit. Il en
est de même pour le volet idéologique selon lequel l'humanitaire
doit veiller à ne pas suivre la doctrine d'un Etat particulier et
à ne pas entrer dans la sphère du politique. Il en est de
même de l'indépendance qui permet de garantir que l'action
humanitaire reste libre d'influences politiques, économiques,
confessionnelles, militaires et idéologiques. Les humanitaires sont
parfois les auxiliaires des pouvoirs publics dans des activités
d'assistance en temps de paix ou en faveur de victimes de catastrophes
naturelles et des conflits armés, ce qui exige d'eux de veiller à
garder toute l'autonomie nécessaire157(*).
Cependant toutes ces belles théories ne valent que
théoriquement. Si les opérations de maintien de la paix sont
considérées dans une approche large comme des opérations
humanitaires, il n'en demeure pas moins que le respect de ces principes reste
le gage de la réussite de leurs différentes opérations.
Considérés comme tels, les soldats de la Force Licorne sous
mandat des Nations unies en Côte d'Ivoire se sont illustrés de
manière à rompre ces principes. Différents actes de leur
part ont contribué à saper leurs images. En 2003 et 2004, des
éléments « incontrôlés » de
cette force française se sont rendus coupables de pillage de deux
succursales de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO)
(Bouaké et Man) en dérobant successivement des sommes
équivalent à 57 000 euros et 337.000 euros environ 220
millions de francs CFA. Cet acte de vandalisme a eu pour conséquence de
raviver les tensions déjà visible du fait de leur
« prétendue » participation au conflit
ivoirien. Les populations à travers des manifestations sauvages, aussi
à travers certains journaux ont remis en question leur présence
en Côte d'Ivoire. De tels actes de la part des soldats de maintien de
paix nous invitent à nous interroger sur le bien fondé de ces
opérations et aussi sur les conséquences directes qui s'analysent
en une paralysie de l'action humanitaire. Cela appelle à réviser
ces opérations ou leur donner peut être un autre contenu pour ce
qui est des Etats sous développés comme la Côte
d'Ivoire.
Au-delà de l'opération de maintien de la paix,
La capacité des associations humanitaires à faire des choix
indépendants des contraintes politiques (intervenir ou non, se retirer
d'une zone, être libre de s'exprimer...) dépend souvent de leur
indépendance et de leur santé financière vis à vis
des bailleurs institutionnels (Etats, organisation internationales...), mais
aussi parfois vis à vis des donateurs privés. En fonction de ce
constat, les associations font des choix de politique financière. Comme
certaines ONG, Médecin Sans Frontière (MSF) est l'une des ONG
d'urgence qui ait fait le choix de financements totalement privés afin
d'être totalement indépendante du pouvoir politique158(*). Cela ne lui a
été d'aucune utilité dans la mesure ou ses
démêlés avec certains démembrements administratifs
lui ont valu des expulsions, c'est le cas notamment à Man159(*).
L'instrumentalisation politique de l'humanitaire reste un des
véritables dilemmes aujourd'hui sur les terrains humanitaires. Les
associations humanitaires connaissent ce risque et acceptent de le prendre,
considérant le plus souvent qu'il vaut bien les vies sauvées par
l'intervention que d'observer strictement ces principes. Ce choix difficile
entre sauver la victime et accepter un léger compromis politique ou
rester ferme sur son indépendance et prendre le risque de ne pouvoir
atteindre la victime, donne l'impression que la neutralité et
l'indépendance comme piliers de l'action humanitaire tendent à
disparaître. Ce qui met en doute leur impartialité.
B : La rupture du principe
d'impartialité
La conception de l'action humanitaire est fondée sur ce
qui peut être appelé l'axiome humanitaire, c'est-à-dire la
dignité de la personne humaine qui pose comme obligation principale de
sauver la vie des victimes d'un conflit armé ou d'une catastrophe
naturelle. Cette obligation morale se retrouve dans toutes les grandes
cultures. C'est la raison pour laquelle elle ne souffre d'aucune contestation.
Les principes humanitaires, inscrits dans le droit
international humanitaire, sont fondés sur ce principe de
l'humanité qui a pour conséquence l'obligation d'assistance et de
protection des victimes potentielles (les populations civiles en
général) et actuelles (combattants, non combattants comme
populations civiles). Inscrits dans le DIH, ces principes impliquent non
seulement des obligations et des droits des belligérants mais aussi et
surtout de tous les Etats, comme le postule le premier article commun des
Conventions de Genève: « Les Hautes Parties contractantes
s'engagent à respecter et à faire respecter la présente
Convention en toutes circonstances ». Mais sauver des victimes est
consubstantiel au principe d'impartialité que les humanitaires sont
tenues de respecter.
L'impartialité est l'un des sept principes qui guident
l'action humanitaire. Ce principe implique que les associations humanitaires ne
fassent aucune distinction de nationalité, de race, de religion, de
condition sociale ou d'appartenance politique. De même, les
discriminations subjectives, par exemple la distinction entre ami et ennemi,
sont prohibées. Aussi l'ordre des soins ne se détermine-t-il que
selon l'urgence médicale et la priorité dans les secours selon le
degré de la détresse.
Les premières heures de la crise ivoirienne ont vu le
déplacement massif des populations des zones rebelles vers celles
gouvernementales, fuyant les exécutions sommaires et tous les actes de
barbarie. Ce vent de panique, avec l'intensité de la crise, a contraint
les soldats français à créer des corridors
humanitaires160(*) pour
des évacuations massives de leurs ressortissants, ceux de l'union
européenne et des Amériques. Le deuxième couloir a eu pour
point de départ le stade de Bouaké où certaines personnes
(des ressortissants français d'origine ivoirienne et certaines
gouvernantes dont les maîtres n'ont pas voulu s'en défaire) se
sont vues refuser l'accès des cars et hélicoptères.
De tels actes peuvent être analysés comme le non
respect de ce principe. Il est clair que le corridor humanitaire ne peut faire
évacuer tout le monde en même temps, mais pourquoi ne pas, pour
éviter certaines discriminations même si certains les qualifient
de positives, créer en tant que force d'imposition de la paix, des
conditions dans lesquelles chacun se sentira en sécurité
même si elles sont loin d'être totales. Face à de tels actes
redéfinir les corridors humanitaires nous semble opportun dans la
mesure où beaucoup de discriminations sont commises.
Les événements de novembre 2004 ont vu les
forces armées ivoiriennes « tuer » des
soldats français et la force Licorne anéantir la flotte
aérienne ivoirienne en représailles, et les troupes
françaises « tuer » entre vingt et
cinquante-sept civils ivoiriens. Ces évènements ont
contribué à saper l'image d'impartialité du contingent
français. Même en évitant de débattre de la nature
accidentelle ou délibérée du bombardement ivoirien sur la
base française, du caractère approprié ou non de la
riposte française, il reste difficile de nier que la force Licorne
ressorte plus vulnérable de ces événements, et
probablement trop contestée, pour conserver toute l'efficacité
requise d'une force impartiale engagée dans un milieu aussi explosif que
celui de la Côte d'Ivoire.
Paragraphe 2 : L'insuffisance des moyens
d'action
Les associations humanitaires sont confrontées dans
leur fonctionnement à un manque criard de moyens d'actions. Il s'agit
pour nous de mettre en lumière la qualification du personnel qui laisse
à désirer (A), ce qui nous permettra de mieux aborder
l'insuffisance des moyens financiers et matériels (B).
A : Le personnel
insuffisamment qualifié
La crise ivoirienne de 2002 a servi de terreau fertile
à un foisonnement d'ONG sur le terrain de l'action
humanitaire. Les acteurs humanitaires se distinguent en deux catégories
qui correspondent aux différentes périodes de la crise qui
fondent leurs actions. Nous avons les urgentistes ou ONG humanitaires d'urgence
et les ONG de développement. La période d'urgence ou la
période au plus fort de la crise est celle là même qui est
favorable aux ONG parce qu'elle permet un financement rapide de tous les
projets pour faire face à la situation d'urgence née de la crise.
Presque toutes les ONG ivoiriennes humanitaires et même celles (de
développement) qui ont changé de peau pour l'occasion, ont
bénéficié de cet état de grâce. Ces ONG
ont foncé tête baissée dans l'action humanitaire sans
toutefois savoir de quoi il est question, parce que voyant à l'horizon
un gros bailleur prêts à financer des projets. Fort
malheureusement pour elles, le manque de qualification du personnel
recruté pour le travail s'est très vite
révélé sur le terrain. Cela a été la
préoccupation majeure de toutes les ONG locales du Moyen Cavally
invitées à la réunion de coordination organisée par
OCHA le 26 juillet 2007 à Duekoué. A cette réunion
à laquelle nous avons pris part pour le compte de ASAPSU (ONG ivoirienne
qui a servi de cadre à notre stage d'imprégnation), les ONG
ivoiriennes d'une seule voix ont réclamé l'aide des structures
comme OCHA et autres en matière de renforcement des capacités.
Pour elles, cette tare a des répercussions sur la qualité de
leurs activités, c'est à dire la rédaction des rapports,
l'animation et le pilotage ou monitoring des projets sur le terrain.
Les cahiers de charge à leur confier par les bailleurs,
ne sont pas souvent honorés dans les détails parce que le savoir
faire théorique et pratique font défaut, et les
conséquences sont énormes. Ces conséquences vont souvent
des blâmes à la résiliation des contrats. Certaines ONG
locales en souffrent terriblement comme c'est le cas de l'Union villageoise des
Producteurs Agro Pastoraux (UVPAP) à Guiglo qui s'est vu retirer son
financement par l'Organisation International pour les Migrations (OIM), au
motif que la crédibilité et la compétence pour le gestion
rigoureuse du projet ont fait défaut161(*). Comme on peut le constater, la qualité
à respecter les contrats dans ce milieu résulte d'une bonne
formation en la matière.
Cette tare semble connaître une correction au fur
à mesure que les renforcements des capacités se multiplient
à tous les niveaux cependant, le manque de moyens financiers et
matériels constitue encore de véritables problèmes pour
nos structures humanitaires.
B : L'insuffisance de
moyens matériels et financiers
Les ONG locales ivoiriennes font du mieux qu'elles peuvent
face aux besoins humanitaires résultant de cette situation conflictuelle
du pays. La situation économique qui leur est commune et qu'elles
traversent toutes ensemble, donne de comprendre l'intérêt
humaniste qu'elles démontrent tant la situation économique ne
facilite pas la pratique humanitaire. Ces ONG connaissent deux sources de
financement, interne et externe.
Au niveau national, il est à préciser que les
ONG ne reçoivent pas de financement de la part de l'Etat162(*), ce qui pouvait les aider
à faire face à leurs énormes difficultés de
fonctionnement. Ces financements faisant défaut, elles sont
obligées de compter sur les cotisations internes des différents
membres163(*), quand on
sait que la conjoncture économique a atteint toutes les couches
sociales. On devine aisément le décor. Cette situation les oblige
à espérer l'aide extérieure.
Les ONG locales bénéficient des fonds
extérieurs par le biais du financement d'un de leurs nombreux projets en
attente. Mais la caractéristique d'un projet est que le financement est
fait sur base du détail des différentes activités qui
constituent le projet entier. Par exemple, le projet ne prend pas en compte le
salaire de tout le personnel de l'ONG disséminé dans toutes les
sous bureaux, l'appui au local est parfois insuffisant. Mais en dépit de
toutes ces insuffisances, l'ONG doit pouvoir vivre. Elles se voient alors faire
de la gymnastique économique pour joindre les bouts. Les financements
d'urgence se font en fonction de la situation calamiteuse qui appelle une
réponse rapide. Ce sont ces situations qui permettent aux ONG locales
d'avoir des fonds et de proliférer en temps de crise. Cette situation
est vérifiable à partir du nombre d'ONG humanitaire qui a
évolué de façon exponentielle depuis le
déclenchement de la crise ivoirienne.
En conséquence de ce qui précède, on
devine aisément l'état de leurs matériels de travail. A la
réunion de coordination du 26 juillet 2007 à Duekoué, les
ONG ont fait l'état du matériel à leur disposition pour
accomplir leurs différentes missions. A part ASAPSU qui a un parc mobile
fourni (6 motos adaptées aux pistes villageoises), les autres ont de
véritables problèmes de déplacements. C'est le cas de
UVPAP qui a au total une mobylette et un vélo pour sillonner toute la
région du moyen Cavally, ce qui est vraiment pénible. Pour le
reste, ce ne sont que des vélos en mauvais état.
L'urgence ne se justifiant plus et la paix se faisant, les
centres de financement se sont déplacés. Par exemple les Nations
unies estiment que la paix étant revenue au Liberia (destination des
réfugiés), il faut créer les conditions les plus
incitatives de retour par un financement accru des projets au détriment
du point de départ des réfugiés qui est la Côte d'
Ivoire (voire en annexe tableau 1). Selon le HCR Guiglo164(*), la structure avait un
budget de 200 milliards de francs CFA en 2004 contre 900 millions en 2007.
Cette gradation descendante de financement, montre combien les structures
internationales sont affectées. On peut donc imaginer la situation
financière des ONG locales.
Au delà du manque de financement, les ONG connaissent
une autre difficulté qui est liée aux rapports qu'elles
entretiennent entre elles.
Section 2 : Les contraintes liées aux
rapports des Organismes
humanitaires
Les rapports entre les associations
humanitaires, à l'instar de liens entre ceux qui les animent sont
empreints de conflictualité. Ces conflits varient en fonction des
rapports entre les politiques et elles (paragraphe 1) et surtout en fonction de
leurs rapports personnels (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'action du politique sur les
organismes
humanitaires
Définie comme l'art de gouverner les hommes avec leur
consentement, la politique selon Platon, se distingue des autres sciences qui
lui sont subordonnées et auxquelles elle commande. Conscient de cette
faculté, le politique essaie de les assujettir en exerçant un
contrôle sur tous ceux qui évoluent dans sa sphère
territoriale. C'est le cas avec les ONG locales (A) ayant comme intention leur
utilisation politique (B)
A : La volonté de contrôle des
ONG locales par
le pouvoir politique
Investi donc de la mission première de protéger
les droits humains, on pourrait penser que l'Etat se serait réjoui et
enrichi de l'apport de la société civile et plus
particulièrement des ONG165(*) en la matière. Mais la
réalité des Etats est toute autre et donne à
réfléchir.
En effet, comme le souligne le juge Keba M'Baye,
« elles (les ONG) ne jouissent en Afrique ni d'une bonne
réputation ni d'un bon accueil de la part des gouvernants. Mais cela
tient essentiellement au fait que ces gouvernants manifestent une
hostilité déterminée à l'égard de tout
organe qui lutte pour la sauvegarde des droits de l'Homme dès que cette
lutte est portée sur le territoire sur lequel ils exercent leur
compétence »166(*).
Cette hostilité résulte par ailleurs du fait
que, jouant un rôle capital dans la protection des droits de l'Homme, les
ONG se sont imposées comme des auxiliaires précieux des organes
internationaux de promotion et de protection des droits humains et donc
comme un contre pouvoir certain à l'action des gouvernants.
Les difficultés de la part du politique concernant la
mise en oeuvre des activités des ONG se manifestent notamment par la
poursuite du harcèlement judiciaire, des pressions politiques les
menaces et intimidations167(*), les entraves législatives aux
libertés d'association et d'expression.
S'agissant de l'adoption de législations
particulièrement restrictives, cela devient de plus en plus
systématique et participe d'une volonté de neutraliser la
société civile dans son ensemble, dont le rôle est toujours
aussi peu accepté. Ce rejet est par ailleurs entretenu par la suspicion
populaire selon laquelle toutes les ONG des droits de l'Homme en Côte
d'Ivoire sont à la solde des partis politiques.
Les préjugés nourris par l'opinion publique
quant à la nature partisane des ONG de protection des droits de l'homme
sont de nature à leur conférer une
« crédibilité très
négligeable »
En effet destinataire de l'action des associations de
défense des droits de la personne, les populations surtout en Afrique,
reflètent les combats sociopolitiques sur les associations dont le seul
objectif est de dénoncer et empêcher les violations des droits et
restaurer surtout la dignité pendant les situations de crise qui sont
légion.
Le Mouvement Ivoirien des Droits de l'Homme (MIDH),
créé à la fin des années 90, n'échappe pas
à une telle perception au sein des populations compte tenu des
circonstances socio politiques de sa création liée à la
délivrance d'un certificat de nationalité au leader du RDR par le
juge ZORO BI Epiphane168(*). On comprend aisément l'intention des
gouvernants d'utiliser ces ONG à des fins politiques.
B : L'utilisation de certaines ONG à des
fins
politiques
Si le manque de moyens financiers peut porter et porte
certainement d'ailleurs atteinte à l'efficacité des ONG, par
contre on peut craindre que le financement de leurs activités par des
organismes internationaux ou même de l'Etat soit de nature à
entamer leur objectivité, leur neutralité et leur
impartialité.
En effet, les ONG du sud, les ONG africaines ou les ONG
locales se créent sans véritable projet. Elles naissent d'un
élan du coeur, d'une réaction face à un symptôme,
sans stratégie à long terme. Ensuite, elles n'ont d'autres soucis
que leur simple survie. D'où, trop souvent, cette course
effrénée aux «partenaires». Sollicités,
les bailleurs ou « partenaires » débarquent avec des
programmes «prêts-à-porter», confectionnés dans
leurs grands bureaux climatisés de Londres, Paris, Washington, ou
Bruxelles, avec des critères d'éligibilité et des
conditionnalités prédéterminées. En effet, l'aide
internationale obtenue dans ces conditions les lie totalement. Elles se
sentiront alors tenues d'analyser les situations de sorte à rester dans
les grâces de ces structures et bénéficier de leurs
largesses, toute chose qui serait préjudiciable à
l'émergence de la vérité et donc à une meilleure
jouissance et protection des droits humains. Elles se trouvent alors en train
d `exécuter toute la politique du bailleur de fonds sans
véritable marge de manoeuvre. C'est le registre dans lequel
évoluent les ONG ivoiriennes.
Au plan interne, les ONG ne jouissent pas d'une bonne
réputation. L'opinion publique les associe aux différents partis
politiques. La LIDHO est associée au FPI parti au pouvoir parce que son
fondateur Dégni-Ségui en est membre. Le MIDH est associé
au RDR parti d'opposition, principal adversaire du FPI. Tous leurs actes, ainsi
que ceux de leurs alliés ONG sont vus dans le sens de faire plaisir
à leurs différents parrains politiques.
La Cellule Solidarité et action humanitaire a voulu,
pour une meilleure couverture du pays entier associer les ONG ivoiriennes
à son entreprise en leur indiquant ce qu'il fallait faire. Cette
proposition s'est soldée par un échec parce qu'un nombre d'entre
elles a vu en ce geste l'achat de leur silence, une ingérence des
politiques de l'Etat dans leurs activités qui exigent la
neutralité.
Cela dit, cette utilisation des ONG à des fins
politiques constitue une entrave à l'action humanitaire, dans la mesure
ou au lieu de servir la cause des populations en danger, les ONG ne font que
satisfaire aux exigences de leurs parrains.
L'actualité du moment illustre très bien la
dérive de la pratique humanitaire et les effets pervers de sa
politisation. Quand bien même l'exemple n'est pas ivoirien, il convient
tout de même de le relever. En effet, le 25 octobre 2007 l'Arche de
Zoé, une ONG humanitaire française, par une opération
baptisée « Children Rescue », a voulu exfiltrer 103
enfants de l'est du Tchad. Elle a été arrêtée par
les autorités tchadiennes au motif que cette ONG évoluait dans
l'illégalité et faisait un commerce d'enfant. Des informations,
il ressort que l'exfiltration était motivée par une adoption de
ces enfants par des familles en France. Ce que les autorités
françaises, par le biais du Président Nicolas Sarkozy, avaient
qualifié d' « illégale et
inacceptable ». Quel était le but réel de cette
ONG ? On peut imaginer parfois ce que certaines ONG douteuses, perverses
peuvent faire sous le couvert de l'humanitaire tant que leurs jeux pervers
n'ont pas encore été découverts.
La tournure politique que prend cette affaire donne de
s'inquiéter. La caution que les autorités françaises
apportent à cette affaire, inquiète toute la communauté du
« sud ». Bien qu'ayant qualifié ces
opérations d'« illégale et
inacceptable », les autorités françaises se
refusent à l'idée que leurs compatriotes soient jugés au
Tchad. Le ministre des affaires extérieures, Bernard Kouchner ancien
directeur de MSF et auteur de l'ingérence humanitaire, est l'un des
défenseurs de cette thèse. Sa déclaration choquante sur
RFI exprime mieux sa pensée : « on ne peut pas
considérer que le Tchad existe dans sa justice »169(*). Serait ce le sens qu'il a
voulu donné à « l'ingérence
humanitaire » ? Après une pression sur le Tchad pour
libérer les journalistes juste avant qu'il n'atterrisse, Le
Président Sarkozy boucle la boucle par cette phrase :
« j'irai à nouveau chercher les français au Tchad quoi
qu'ils aient fait ». Comme quoi ces ONG du nord sont les paravents
des politiques et n'ont aucunement peur de poser des actes amoraux puisqu'elles
ont leurs soutiens. A partir de ces faits, on peut aisément deviner la
teinture des rapports entre ces ONG du nord et celles du sud et surtout
l'impact que cela a sur l'action humanitaire.
Paragraphe 2 : L'impact des rapports entre
organismes du nord et
du sud sur la pratique humanitaire
Les relations entre
organismes du nord et ceux du sud devraient en principe épouser les
termes d'un partenariat vrai. Cependant l'objet de ces rapports qui s'analysent
en financement des par les autres, les met dans une relation de subordination
(A) dans laquelle les plus faibles se trouvent être les paravents des
plus forts, puisqu'ils ne font qu'exécuter les volontés des plus
nantis (B).
A : Les organismes du sud et les
organismes
du nord : d'une relation de subordination
Les ONG ivoiriennes, pour leur financement ont recours aux
partenaires170(*) souvent de la façon la plus
déshonorante possible. En effet, la réalité de ces ONG
reste qu'elles sont prêtes à tout pour répondre aux
conditionnalités prédéterminées par les bailleurs.
Pour ce faire elles se lancent « aveuglement »
dans une sorte de partenariat dont les clauses ne sont pas à discuter.
Indépendamment de la sincérité des engagements de chaque
partenaire et de la qualité de leurs relations, le partenariat devient
délicat et complexe parce que fondé sur une
inégalité de fait. C'est toujours le
« Nord » qui détient les ressources et le
« Sud » prêt à recevoir.
L'égalité ne saurait cependant être un état de fait,
elle doit ambition de résultat, d'attitude et de comportement
(écoute, dialogue, négociation, crédibilité,
respect des différences) de part et d'autre.
La configuration actuelle de notre monde répond
à une relation de dominants à dominés avec pour toile de
fond le matérialisme qui en est le catalyseur. Dans cette vision des
relations et des rapports humains, la notion de pouvoir inhérent aux
relations humaines surtout à celles d'échange inégal
aboutit inévitablement à une relation de subordination. Les
enjeux des partenaires n'étant pas égaux, il est évident
qu'un acteur du « Sud » dont les activités
dépendent de financements extérieurs, soit plus vulnérable
et se sente lié par les réactions de son partenaire du Nord.
Ainsi les ONG du Sud frémissent au moindre toussotement de
celles du Nord. Tout est orienté par le regard du Nord avec
l'arrière-pensée que ceux du Sud ne savent pas gérer. Une
telle analyse est peut être trop sévère de notre part mais
les rapports entre certaines ONG ivoiriennes et leurs bailleurs
légitiment cette position, c'est le cas des relations entre OIM et
UVPAP171(*).
Par ailleurs, les mouvements de défense sont
considérés dans l'opinion publique nationale comme
internationale, selon l'image qu'ils projettent comme s'inscrivant dans
une dynamique alimentaire. La plupart de ces ONG ne pensent qu'à
obtenir de l'argent et réduisent les rapports Nord-Sud à un
simple transfert de fonds. C'est cela qu'il faut modifier en commençant
par se demander: ce qu'on peut construire ensemble. Quelle aide le Nord peut-il
recevoir de notre part pour qu'ensemble les valeurs d'éducation, de
culture, de dignité humaine puissent connaître un respect
universel? Quels réseaux mettre en place pour qu'ensemble, nous ne
construisions pas seulement une région, la pauvre, celle du Sud, de
l'Afrique, mais un monde différent, fondé sur
l'équité et la solidarité?
De ces relations conflictuelles sourdre une
préoccupation majeure, celle du rapport de pérennité. Les
relations observées aujourd'hui, c'est-à-dire le manque de
coopération et les conflictualités inutiles, donnent de
comprendre la difficulté future qui adviendrait après le
départ des ONG du nord. Ne serait-il pas intéressant que les ONG
du Nord développent aussi des attitudes de transparence par rapport
à leurs partenaires et qu'elles ressemblent moins à des
dictateurs dont les organismes du sud semblent être les paravents.
B : Les organismes locaux comme paravent des
organismes internationaux
Financées par les organismes internationaux dans des
conditions qui frôlent souvent l'humiliation, les ONG locales ou
nationales utilisées à des fins individuelles ou politiques se
trouvent être à la merci de ces organismes. La
réalité du terrain comme on le remarque avec les ONG ivoiriennes,
est que ces ONG traduisent sur le terrain les humeurs des organismes
internationaux. La couleur des rapports entre ONG nationales d'une part et la
collaboration d'autre part entre ONG nationales et internationales est le
reflet des rapports entre bailleurs de fonds. Les bailleurs ne
s'entendent172(*) pas
sur le financement des ONG, ce qui rend leur collaboration difficile surtout
à cause des instructions qu'ils donnent à leurs
bénéficiaires.
En effet, dans le Moyen Cavally des programmes sur les
déplacés de guerre sont en cours d'exécution. Ces
différents programmes sont concomitamment pilotés par le HCR,
OIM, Danish refugee council (DRC), Conseil Norvégien des
réfugiés (NRC) qui ont pour la plupart des bailleurs comme ECHO,
UNICEF et autres. Toutes ces structures nous ont confié, par le biais de
leurs directeurs, qu'aucun échange d'information n'est autorisé
entre elles quand bien même elles ont les mêmes bailleurs. Cette
situation, selon OCHA participe pour beaucoup dans l'échec des
programmes. Pour ainsi dire la « guéguerre » entre
bailleurs retentit négativement sur l'action humanitaire. Les exemples
sont légion à ce niveau. L'ONG ASAPSU et Solidarités sont
deux structures qui exécutent des programmes (PUR 3 :
réhabilitation des pompes hydrauliques villageoises et assainissement).
ASAPSU soustraite avec UNICEF qui elle financée par ECHO pendant que
Solidarités est directement financement ECHO. Cela n'a pas suffit aux
deux structures pour accorder leurs violons parce que toutes deux ont
reçu des instructions fermes de leurs bailleurs directs. Cela a eu pour
conséquence des palabres inutiles sur des points d'eau à
réparer, alors que si des échanges d'information étaient
faits plus tôt, on allait éviter cette situation
désagréable173(*).
Au delà de la « guerre » entre les
bailleurs qui, certainement, rend difficile la pratique humanitaire, les ONG
locales se cachent derrière leurs bailleurs ou se servent d'eux pour
accomplir leurs basses besognes. Les mouvements de défense sont
considérés comme s'inscrivant dans une dynamique alimentaire. En
effet, les droits humains seraient qu'un paravent pour obtenir des fonds des
partenaires étrangers, fonds qui connaîtraient une affectation
autre que celle qui devrait être les siennes, laissant ainsi des pauvres
qui étaient sensés les recevoir, mourir de faim et de froid.
Le sentiment le plus triste reste que certaines ONG tirent
argument de la souffrance réelle des gens pour justifier leur existence
et accroître leur part de marché. Leur pérennisation
devient leur principale raison d'être, et leurs vrais
bénéficiaires, un prétexte. Beaucoup d'ONG ne sont des
associations que par leur statut fiscal privilégié et l'absence
de distribution de dividendes, mais leur démarche commerciale les
éloigne de leur objet pour en faire de vraies entreprises. Ce constat
n'est que l'avant goût de ce que peut être l'influence
négative des politiques sur l'action humanitaire.
Chapitre deuxième : les contraintes
politiques et l'influence négative des
médias
sur la crise humanitaire
L'analyse de la pratique humanitaire révèle le
glissement de l'action humanitaire sur le terrain des obligations à
imposer aux Etats contre leur gré créant ainsi des situations
juridiques nouvelles (section 1) auxquelles il faut associer l'influence
incendiaire des médias sur la crise (section 2).
Section 1 : L'humanitaire comme facteur de
perméabilité juridique et
politique nouvelle
L'action humanitaire, telle quelle est pratiquée dans
son évolution, se trouve être en contradiction avec l'un des
principes essentiels du droit international public : le principe de non
immixtion dans les affaires intérieures des Etats. Cette contradiction
prend d'une part la forme d'un droit ou devoir d'ingérence politique et
humanitaire (paragraphe 1) et d'autre part la forme d'une opération de
maintien de la paix (paragraphe 2)
Paragraphe 1 : Le droit et le devoir
d'ingérence face à la
souveraineté de
l'Etat
L'intervention humanitaire, viole la souveraineté de
l'Etat dès l'instant qu'elle est appréciée sous l'angle de
l'ingérence politique (A) ou humanitaire (B).
A : L'ingérence politique comme violation
de la
souveraineté
Les Etats sont entre eux dans une relation
d'égalité souveraine174(*).C'est pour les protéger contre toute forme
d'ingérence que le système de la sécurité
collective a été construit dans le cadre des Nations unies. Le
paragraphe 4 de l'article 2 de la Charte des Nations unies exige que
« les membres de l'organisation s'abstiennent, dans leur relation
internationale, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force
soit contre l'intégrité du territoire ou l'indépendance
politique de tout Etat, soit de tout autre manière incompatible avec les
buts des Nations unies ».
Cependant ce qui fait la force de l'humanitaire est aussi ce
qui en fixe la limite : le refus du sacrifice. La préservation de la vie
humaine est son unique horizon, sa seule légitimité. Cela
implique parfois d'entrer en tension, voire en conflit, avec le pouvoir
politique. L'action humanitaire est intrinsèquement politique par sa
nature même, puisque qu'elle est la prise en charge des
conséquences humaines de toutes les formes de violences, sociales et
politiques. Par cela même l'humanitaire est toujours confronté
à la politique aussi nationale qu'internationale. Mais tout de
même selon Javier Solana175(*) « l'action humanitaire et les efforts
politiques se renforcent mutuellement ».
Aussi bien par son histoire que par sa géographie,
l'action humanitaire est depuis ses origines, confrontée à la
politique. Sa géographie est celle des crises politiques majeures des
Etats indépendants et souverains. La politique «se manifeste par
ses insuffisances ou par ses excès176(*) », qu'il s'agisse de désastres
économiques ou de violences collectives. Dans un tel cas, le politique
international décide de s'ingérer pour sauver les Hommes
restés sans défense dans des conditions ou l'Etat lui-même
n'arrive plus à assumer les prérogatives liées à sa
souveraineté.
L'ingérence est en effet clairement contradictoire avec
les principes fondamentaux du droit international public, au premier rang des
quels la souveraineté exclusive de l'Etat sur son territoire dont
l'apanage revient exclusivement au gouvernement. Cependant, la survenue
d'événements marquants et la consécration des «
droits universels de l'Homme » par les Nations Unies sont venus
affaiblir la toute puissance de la souveraineté étatique. Les
droits de l'Homme sont en effet exclus de la compétence exclusive des
Etats. Dans la conception d'une communauté internationale et des droits
et libertés fondamentales de l'Homme, supérieurs à toute
autre norme, les frontières nationales ne sauraient constituer une
limite à la protection des individus.
Sur ce point, la question fortement controversée par la
doctrine divise, les partisans et opposants de la primauté de la
protection des droits de l'Homme sur le respect du principe de non
ingérence et naturellement de la souveraineté. Les deux
thèses se réfèrent à la fois au droit conventionnel
et au droit coutumier. Des théoriciens et praticiens comme Mario
Bettati, Zourek optent en faveur de le prévalence du respect des droits
de l'Homme sur celui de la non ingérence, tandis que des auteurs comme
Binschedler, se prononcent dans le sens inverse. Mais le rapport de la
pratique est à la tendance naturelle au développement de
l'ingérence, qui accompagne le développement des relations
internationales et la constitution d'une « communauté
internationale177(*) ».
Les droits de l'Homme selon Boutros Boutros Ghali, par leur
« nature, abolissent la distinction traditionnelle entre l'ordre
interne et l'ordre international. Ils sont créateurs d'une
perméabilité juridique nouvelle. Il s'agit donc de ne pas les
considérer ni sous l'angle de la souveraineté absolu ni sous
l'angle de l'ingérence politique 178(*)». Mais au contraire il
faut comprendre que les droits de l'Homme impliquent la collaboration et la
coordination des Etats et des organisations internationales.
L' exemple de la Côte d'Ivoire nous oblige à
pousser loin l'analyse. En effet, il est à remarquer qu'un accord
militaire lie toujours la Côte d'Ivoire à la France. Ce accord
prévoit que la France intervienne aux cotés de la Côte
d'Ivoire en cas d'attaque étrangère dirigée contre elle.
Et c'est en vertu de cet accord que le Président de la République
a sollicité l'aide de l'armée française pour l'aider
à juguler cette crise. Cependant au regard des attitudes des soldats
français179(*)
sur le terrain, même si cela entrave gravement l'action humanitaire,
sommes nous en droit de parler d'ingérence ?
Le professeur Monique Chemillier-Gendreau dans son analyse,
trouve que les « contrats » ou
« accords » entre Etats qui résultent de leur
volonté, leur confère un droit « de regard ».
Et l'application de ce droit de regard ne peut-être qualifiée
totalement de non respect de la souveraineté encore moins
d'ingérence parce qu'elle n'est que la suite logique du
contrat. Ainsi «se dessine un chemin étroit
entre le respect de souveraineté de l'Etat en soi et le respect des
engagements pris par l'Etat dans l'exercice de leur propre souveraineté
et qu'il serait enclin à vite oublier par la suite180(*) ».
Cependant au nom de la souveraineté, les autres Etats
ne sauraient baisser les bras et se réfugier derrière ce
principe. Ce serait fuir leurs responsabilités et laisser à leurs
tristes sorts, des populations entières menacées de massacres et
de terreurs par un Etat dont de graves barbaries échappent à sa
souveraineté. Cela autorise t-il cependant une ingérence
humanitaire?
B : L'ingérence humanitaire et la
souveraineté de
l'Etat
L'expression « droit » ou
« devoir d'ingérence » à laquelle on a
rapidement accolé le qualificatif d'humanitaire, est apparue à la
fin des années 80 sous la plume de Mario Bettati, professeur de droit
international public à l'Université Paris II, et de Bernard
Kouchner, homme politique français qui fut l'un des fondateurs de
Médecins sans frontières. Ils voulaient s'opposer, selon
l'expression du second, à la théorie archaïque de la
souveraineté ou de l'égalité souveraine des Etats,
sacralisée en protection des massacres.
La formule de devoir d'ingérence se veut provocatrice,
suggérant que la souveraineté des Etats, principe sacro-saint de
l'ordre international, se trouve subordonnée à l'impératif
de solidarité entre les hommes, celle-ci justifiant, dans des cas graves
« l'ingérence », c'est-à-dire l'intervention
extérieure pour aider les victimes. Pour les défenseurs soucieux
de la souveraineté étatique, le mot ingérence est
inacceptable, conférant à une hypothétique
communauté internationale, le droit d'agir à
l'intérieur des Etats ; il ne saurait y avoir une assistance, que si
celle-ci réclame l'accord de l'Etat concerné.
Dans la crise ivoirienne, « l'ingérence
politique » a été facteur de blocage du processus
de paix. Le chef de l'Etat, dans ses nombreuses adresses à la nation
s'est toujours opposé aux résolutions du Conseil de
sécurité qui selon lui entament la souveraineté de l'Etat.
La Constitution reste la seule boussole de l'Etat. La question devient de
savoir s'il est légitime d'intervenir au sein d'un Etat sans son
consentement ? La communauté ne serait-elle pas une fiction, sous le
masque de laquelle se dissimulent les plus puissants ?
Au delà de cette vision de l'ingérence qui
n'accuse que les pays puissants qui en sont pour la plupart les auteurs, serait
il humain de fermer les yeux sur une telle action au nom d'un
« prétendu droit souverain » ?
Un Etat, « est-il en droit d'espérer le
respect absolu de la communauté internationale, sil ternit la belle
idée de souveraineté en en faisant ouvertement un usage que la
conscience universelle et que le droit reprouve » ? Pour le
Secrétaire général des Nations unies Boutros Ghali,
« lorsque la souveraineté devient l'ultime argument
invoqué par les régimes autoritaires pour porter atteinte aux
droits et libertés des hommes, des femmes, des enfants à l'abri
des regards alors .... cette souveraineté là est
déjà condamnée par l'histoire181(*) ».
Autrement dit la question récurrente aujourd'hui reste
de savoir si un Etat peut se cacher derrière sa souveraineté pour
violer impunément les droits de l'Homme ?
Le Secrétaire général Boutros, estime
qu'aujourd'hui « les droits de l'Homme, pensées à
l'échelle universelle nous confrontent à la dialectique la plus
exigeante qui soit : la dialectique de l'identité et de
l'altérité, du moi et de l'autre. Ils nous enseignent sans
détour que nous sommes tout à la fois identiques et
différents ... les droits de l'Hommes constituent le
langage commun de l'humanité grâce auquel tous les peuples
peuvent, dans le même temps, comprendre les autres et écrire leurs
propres histoires ».
Au regard de ce qui a été évoqué,
la Côte d'ivoire peut-elle faire fi de tous ces principes et se cacher
derrière sa souveraineté pour violer impunément les droits
des ivoiriens?
Pour le professeur Monique Chemillier-Gendreau,
« l'expression ingérence humanitaire tente de manier deux
termes dont le premier est marqué d'une connotation négative et
le second d'une charge très positive accentuée par un fort effet
de mode dû au soutien médiatique. Le tout forme un assemblage
indéfrichable du point de vue conceptuel, une aberration du point de vue
juridique et sans doute une des plus importante opération
idéologique de notre époque ». Ce point de vue
n'est pas erroné dans la mesure où le terrain de la pratique
dresse le lit d'un cafouillage ou l'intention première de l'action se
trouve dévoyée182(*), quand bien même la définition de
l'action reste d'une clarté limpide.
Charles Rousseau définit l'intervention humanitaire,
comme étant l'action exercée par un Etat contre un gouvernement
étranger « dans le but de faire cesser les traitements
contraires aux lois de l'humanité qu'il applique à ses propres
ressortissants »183(*). L'objectif du droit d'assistance humanitaire est de
dépasser le principe d'ingérence sans pour autant remettre en
cause la souveraineté de l'Etat184(*).C'est bien dans cet esprit que Mario Bettati pense,
qu'il s'agit « d'aménager un nouvel espace juridique où
se trouverait indissolublement liés la légitimation de
l'intervention humanitaire et le principe fondamental de l'indépendance
et de la non soumission de l'Etat à l'égard de
l'extérieur185(*). Or il est pratiquement impossible de séparer
les mobiles humains de l'intervention des mobiles politiques puisque la
décision d'intervention est politique. L'inquiétude est
fondée quand l'auteur de l'ingérence s'avère indigne de
cette mission en contrevenant aux principes fondamentaux de la Charte des
Nations unies, et lorsque loin d'être les protecteurs de la personne
humaine il en devient le bourreau. La réalité aujourd'hui des
opérations de maintien de la paix, quand bien même, elles se font
avec l'accord de l'Etat, la pratique montre quelles s'inscrivent toujours en
marge du respect de la souveraineté de l'Etat d'accueil. Ce
dérapage jette un discrédit sur le bien fondé de l'action
et sur l'intention de l'auteur au point de le qualifier d'envahisseur, comme
les soldats de la Licorne en ont eu la réputation ternie.
Paragraphe 2 : Les opérations de maintien de
la paix et ONG
humanitaires : cohabitation
difficile
Les rapports entre Opérations de Maintien de la Paix et
ONG humanitaires sont à l'image de ceux qui les animent
conformément aux intérêts et buts à servir. Ces
rapports qui s'analysent en une confusion des rôles (A), font
certainement jaillir une image ternie de l'action humanitaire du fait de
l'impact des actions des militaires sur l'humanitaire (B)
A : Le chevauchement des opérations de
maintien de
la paix et ONG
humanitaires
L'opération de maintien de la paix est une
activité qui consiste à modérer, à donner une
chance à la paix, à réduire l'intensité des impacts
d'un conflit par une tierce partie qui s'impose militairement entre les
belligérants, soit de par leurs volontés soit sans leurs accords,
c'est le cas de l'ONU CI. L'opération de maintien de la paix n'a pas
été prévue par la Charte des Nations unies. C'est par
interprétation de la Charte que ces opérations ont trouvé
leur place, au point qu'aujourd'hui la doctrine reste partagée quant
à leur fondement. Pour certains, elles sont placées sous le signe
du chapitre VII186(*),
pour d'autres le chapitre VI187(*). C'est une opération qui est apparue comme un
mécanisme ad hoc créé par le Conseil de
Sécurité pour répondre aux situations pour lesquelles les
méthodes pacifiques de règlement des différends
ont échoué sans qu'il soit possible de faire intervenir le
chapitre VII avec l'usage de la force.
C'est une opération qui est caractérisée
par la neutralité. Ce caractère a exigé la mise
à part des grandes nations et faire la part belle aux nations moins
puissantes pour ce qui est des contingents militaires188(*). Le maintien de la paix
n'est pas l'apanage du Conseil de Sécurité des Nations unies.
Dès qu'une organisation est dûment constituée et
bénéficie de la neutralité, elle est apte à le
faire. Les grandes puissances le font également. C'est le cas de
la France en Côte d'Ivoire par le biais de l'opération Licorne aux
premières heures de la crise à la demande du chef de l'Etat avant
de passer sous mandat onusien.
Cependant depuis la fin de la guerre froide, l'action
humanitaire a connu une double évolution. D'une part, elle se
déploie sur des terrains restés jusqu'alors fermés
à toute intervention extérieure, c'est-à-dire celui de
l'Etat et d'autre part les militaires font leur entrée sur cette
scène en tant que acteur. Cette nouvelle donne survient à une
période où les ONG se voient reconnaître une place sur la
scène internationale, naguère territoire exclusif des Etats. La
scène humanitaire devenue exiguë, les différentes
intentions, intérêts et objectifs qui guident chaque acteur
humanitaire, crée une situation presque invivable qui retentit sur la
qualité des actions sur le terrain.
Certains humanitaires (ONG) s'offusquent de la présence
des militaires sur leur terrain. Pour elles, la vocation première des
militaires reste la défense de l'Etat et non l'intérêt
vital des victimes. Pour MSF (Médecin Sans Frontière), le
militaire devrait être le moyen permettant d'atteindre les objectifs
humanitaires et non des concurrents sur le terrain. Pour répondre
à la question de savoir si les armés risquent de devenir de vrais
concurrents sur le marché ? Jean Christophe Rufin189(*) ancien vice président
de MSF, pense que les armées par définition disposent des
ressources de l'Etat, alors que les ONG en grande partie comptent sur des
ressources privées. Ce qui pose problème c'est surtout la
différence de mandat et de tradition. Les ONG sont liées par la
neutralité et l'indépendance grâce auxquelles elles peuvent
atteindre les victimes. Ce que les militaires n'ont pas. Ce faisant, ce
chevauchement des acteurs crée une antipathie naturelle entre militaires
et ONG. C'est le cas avec MSF depuis le Biafra jusqu'en Côte d'Ivoire.
Ces rapports empreints de conflictualité, exigent des ONG de parvenir
à une redéfinition explicite des rôles, et ce dans un
contexte de « dérive de l'humanitaire provoquée par la
grande confusion des opérations militaro-humanitaires de cette
dernière décennie »190(*).
Le chevauchement des acteurs humanitaires tend à
compromettre la qualité de leurs actions. La crainte de l'assimilation
de l'humanitaire au militaire est un aspect très récurrent dans
les réserves évoquées à une coopération
entre ONG et Service de Santé des Armées (SSA). L'image la plus
éloquente de confusion reste celle que MSF diffuse partout pour
illustrer la qualité de leur rapport : « l'aide humanitaire,
ce n'est pas les soldats américains, au Kurdistan, avec le flingue d'un
côté et le stéthoscope de l'autre. Il faut
caractériser ces opérations pour éviter que, par
défaut, on les catalogue d'humanitaires, pour ne pas confondre blouse
blanche et uniforme »191(*) .
Si les ONG sont tant réticentes à une quelconque
coopération, c'est parce que la bévue des militaires retentit sur
elles et compromet leurs actions. C'est du moins ce qui a été
constaté après les évènements de novembre 2004 et
de janvier 2006 auxquels il faut ajouter les pillages de la BECEAO et les cas
de viols à Bouaké pour lesquels le contingent marocain de l'ONU
CI a été mis en examen en juillet 2007.
B : L'impact de l'action des militaires sur
l'humanitaire
La théorie réaliste des relations
internationales induit que l'action des Etats soit motivée par leurs
seuls intérêts. Ainsi dans ce monde nouveau où les Etats
semblent d'avantage soucieux qu'auparavant de voir leur action internationale
revêtir une certaine légitimité, l'humanitaire constitue
une des justifications possibles sur le territoire d'un tiers192(*). La question devient alors
de savoir si le label humanitaire n'aurait été dans ce cas
là usurpé ?
Pour Mario Bettati, « l'humanitaire est devenue
une poursuite de la guerre par d'autres moyens ». Cette
position ne fait que renforcer l'idée selon Xavier Zeebrek que les
opérations militaires servent de paravent à l'inaction politique
et militaire. Pour lui, l'équité et l'universalité de la
démarche humanitaire sont mises à mal par l'indignation
sélective qui motive les interventions humanitaires d'Etat.
Le conflit ivoirien a aussi servi de terrain d'application.
Les différents actes de l'ONU CI et de la Licorne ont à des
moments cruciaux porté préjudice aussi à la population
civile, aux humanitaires et aux militaires eux même. L'illustration la
plus complète reste les évènements de novembre 2004. En
effet les événements de novembre 2004 qui ont vu les forces
armées ivoiriennes « tuer » des soldats
français, la force Licorne anéantir la flotte aérienne
ivoirienne en représailles sur ordre de la Présidence
française alors qu'ils sont sous mandat onusien. Cet acte a eu pour
conséquence majeure la mort d'innocents civils et militaires, la chasse
aux humanitaires, aux expatriés et les pillages les plus spectaculaires
dans l'histoire du pays. Ces événements ont tellement
marqué la population ivoirienne qu'à la moindre étincelle,
elle réagit de la façon la plus sauvage. Ainsi, à Guiglo
lors des événements de janvier 2006, la cible première de
la population a été le contingent bangladais qui,
débordé, a fait feu, occasionnant la mort de trois personnes. La
riposte a été lourde de conséquence, tous les humanitaires
ont été chassés sans distinction avec à l'appui le
pillage total des moyens de travail, laissant ainsi la masse appelant
assistance à son triste sort pendant plus d'un mois. Ces actes auraient
peut être pris une proportion moindre si les médias
s'étaient garder d'envenimer.
Section 2 : L'influence incendiaire des
médias sur la crise
La communication est devenue une exigence des temps
modernes193(*), un
défi. Cette mutation rend les médias incontournables dans la
gestion des nations, de leur histoire et de leur guerre. L'analyse de la
pratique a montré que les médias ivoiriens sont restés
attachés à leurs émotions partisanes à forte
coloration politique (paragraphe 1) pendant que les médias
internationaux s'en ont fait l'écho de leurs commanditaires (paragraphe
2)
Paragraphe 1 : Le caractère très
partisan et séparatiste des médias
Nationaux
Comme toute presse aussi jeune que pauvre, la presse
ivoirienne s'est trouvée à un moment crucial de son histoire,
tiraillée entre la politique et l'éthique (A) dont les
conséquences ont été plus qu'incendiaires, traduisant
ainsi son manque de professionnalisme et son irresponsabilité (B)
A : La partialité politique des
médias ivoiriens
Mahatma Gandhi affirmait que « Le journalisme
devrait seulement viser le bien commun. La presse a du pouvoir. Mais, de
même qu'un torrent sortant de son lit dévaste les cultures sur son
passage une plume incontrôlée est une plume
destructive ». Une presse non canalisée conduit à
des dérives.
Il est un fait que les médias peuvent et sont
utilisés aux fins de manipulations des débats politiques et
toutes leurs publications s'y intéressent largement. Il est cependant
un risque permanent que la politique prenne totalement possession des
médias à des fins égoïstes autres que celles de
servir le peuple en s'écartant de l'éthique et de la
déontologie.
La politisation des médias en Côte d'Ivoire, se
traduit par une configuration manichéenne de l'espace
médiatique194(*).
Une dualité qui se manifeste surtout dans la presse écrite,
sujette à des conflits virulents sur des questions politiques. Elle se
traduit par une constante opposition entre les thèses de barbarie
et de diabolisation, entre manipulation et répression.
L'affiliation des médias à des partis d'opposition n'était
pas le véritable problème. Ce qui l'est par contre, c'est le
manque de maturité professionnelle (irrégularité de la
périodicité, problèmes techniques...) et journalistique
(non vérification des informations, injures voire délation...).
Dans la fracture du tissu social, dans l'exacerbation des rivalités
politiques, religieuses et tribales, dans la dissémination de la haine,
pour tout dire dans la dégradation des relations entre les ivoiriens,
les médias ont une grande part de responsabilité. Ils ont par
leurs écrits, contribué certainement à lézarder le
mur de la cohésion sociale et de l'unité nationale, à
accroître le fossé entre les ivoiriens. Pouvaient-ils faire
autrement quand on sait qu'ils sont prisonniers de leur environnement ?
La longue nuit du parti unique et de la pensée unique a
consacré le triomphe de la presse de révérence. Les
journalistes ivoiriens qui portaient la muselière ont cultivé la
langue de bois. Se confinant dans un rôle de simple exécutant, de
caisse de résonance et de boites aux lettres, ils écrivent sous
la dictée de leurs partis et surtout des tenants du pouvoir.195(*)
La floraison des titres, consécutive à
l'instauration du multipartisme en 1990 a accouché du printemps de la
presse. Car le bâillonnement des médias publics et leur mise
exclusive au service du régime du Parti Démocratique de
Côte d'Ivoire Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA) en
place, ont conduit l'opposition à se doter d'organe de presse pour
véhiculer leurs idées et faire la promotion de leurs
activités. Ainsi est née la presse de la propagande ou militante
qui a flirté avec le journalisme de poubelle. Les journalistes sont
avant tout des militants dont la mission est d'abattre l'adversaire politique.
De ce fait à travers les journaux interposés, les hommes
politiques continuent de régler leurs comptes, au mépris des
règles de déontologie. C'est la consécration du manque de
professionnalisme et de l'irresponsabilité du journalisme ivoirien. Le
renoncement à la liberté et à l'objectivité des
journalistes viendrait aussi de leur situation matérielle. Dans un
environnement économique difficile, les médias optent pour un
tuteur, et les journalistes, peu ou non payés, deviennent
vulnérables et manipulables à souhait. « L'homme qui a faim
n'est pas un homme libre ! » avait dit le Président
HOUPHOUET-BOIGNY.
L'Histoire aura donné raison, cette fois, au
Président Henri Konan BEDIE, qui en son temps, a déclaré
qu' « il existe en Côte d'Ivoire une presse poubelle qui menace
la stabilité du fait qu'elle n'utilise que la provocation et la
diffamation 196(*)». S'il est vrai que les organisations
professionnelles locales ont elles-mêmes pris conscience des
dérives dans lesquelles la politique a entraîné les
médias ivoiriens, il leur est pourtant difficile d'y renoncer. Les
journaux ne sont, pour la plupart d'entre eux, que des moyens de lutte
politique, à travers lesquels les hommes politiques règlent leurs
comptes. Alfred DAN MOUSSA197(*) résume ainsi la situation : «
Certains leaders politiques soutiennent, en public, la liberté de
presse et le respect de la déontologie pour, ensuite, retourner
très vite leur veste dans les salons privés, en finançant
des journaux décriés en public et en recevant à
déjeuner et à dîner leurs patrons et leurs
journalistes ».
L'insécurité grandissante dans le milieu
humanitaire du fait des médias a rendu l'action humanitaire plus
difficile. Les attentas et les violences contre le personnel humanitaire et
l'hostilité de certaines parties au conflit à l'accès des
zones conflictuels restent les défis les plus majeurs à relever.
Le professionnalisme des médias, s'il avait été
observé aurait pu changer la donne.
B : Le manque de professionnalisme et
de responsabilité
des médias
Tous les observateurs ont constaté que les
médias ivoiriens manquent, dans l'ensemble, de professionnalisme. Les
manquements « ... à l'éthique et à
la déontologie professionnelles sont monnaie courante dans le pays.
Plusieurs titres n'hésitent pas à publier des articles à
caractère raciste et xénophobe, mettant en danger la
sécurité de nombreuses personnes, aussi bien civiles,
humanitaires que politiques. Ces médias jettent constamment de l'huile
sur le feu en publiant des éditoriaux incendiaires et des articles
va-t'en-guerre »198(*). Et ceci s'explique par plusieurs raisons : le
manque de moyens financiers, de formation et de contrôle.
Le manque de professionnalisme s'explique aussi par des
lacunes au niveau de la formation. Le pluralisme des médias
instauré en 1990 a entraîné une explosion du nombre de
titres et donc de journalistes. En conséquence, ceux-ci ont dû se
former sur le tas. Ils n'ont pas eu de formation de base en journalisme
et ont souvent un niveau de connaissances générales bas et
très douteux. L'une des conséquences de ces faiblesses est la
pratique quotidienne de la rumeur et la recherche de sensationnel. Certains
journaux se nourrissent des rumeurs et s'efforcent de l'alimenter. La presse
serait, par exemple, « la cause de 75 % de la psychose d'un coup
d'Etat en Côte d'Ivoire »199(*). Les conséquences de ce manque de
professionnalisme et de responsabilité ne seront pas toutes à
égrener tant les violations sont légions. Les
évènements de novembre 2004 ont largement servi d'exemple.
Après les « attaques de l'Hôtel Ivoire », les
médias nationaux ont relayé l'information selon laquelle, la
France par le biais des actes des soldats de la Force licorne,
procéderait au renversement du regime politique et à une autre
forme de colonisation. Cette information n'a pas manqué de faire
naître un regain de sentiment anti-français. Tout le volet
humanitaire de la Licorne en cours s'est trouvé compromis. Les
conséquences se sont étalées aux organisations
humanitaires à Abidjan et à l'ouest du pays. Elles ont
été accusées d'être de connivence, ce qui a
valu la destruction de leurs différents sites, laissant ainsi la masse
appelant assistance à son propre sort sans vivres ni médicaments.
C'est dommage et regrettable que le pouvoir fédérateur des
médias ait été transformé en pouvoir destructeur.
Le problème de la presse est tellement préoccupant que dans un de
ses discours le Président de la République Laurent Gbagbo
affirmait en mai 2001 : « J'ai une solution pour tout, mais rien
pour la presse... ». On aurait pensé que l'existence des
organes de régulation aurait permis de résorber le
problème, mais hélas.
En effet la Côte d'Ivoire s'est dotée d'un
certain nombre d'organe de régulation à l'effet de
remédier à cette tare. La Commission nationale de la presse (CNP)
a été crée pour le respect certaines dispositions
légales, la création d'un journal, sa propriété,
ses ressources et son pluralisme. L'observatoire de la liberté de la
presse, de l'éthique et de la déontologie (OLPED) sert à
renforcer le Code de déontologie des journalistes, assurer le respect
d'une certaine éthique professionnelle, la liberté de presse, la
sécurité des journalistes et la professionnalisation de la
presse. Le Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA) assure
l'égalité de traitement des différentes tendances
politiques dans les médias, durant les périodes
électorales surtout200(*). On peut le constater les instances de
régulation des médias n'ont donc pas de réel pouvoir de
sanction, ce qui a conduit à un échec.
Un changement de stratégie semble porter
fruit en ce moment. Les dirigeants ivoiriens, sous la pression des
dénonciations internationales (Reporter Sans Frontière, ONU,
etc.), ont mis le problème de la presse au centre de leurs
priorités, dans le cadre des politiques de restauration de la paix, de
projets post-conflit. Cette prise de conscience s'est manifestée lors de
la table ronde de Marcoussis et dans la réponse du nouveau gouvernement
ivoirien à l'appel de l'OLPED201(*). Se fondant sur la condamnation par l'ONU et
à Marcoussis des incitations à la haine de certains médias
ivoiriens, l'OLPED va demander au gouvernement de réconciliation
nationale de reprendre l'économie générale du
régime de presse, de renforcer les autorités de régulation
et de favoriser l'indépendance financière des médias. Ce
qui est fait depuis 2003 par l'adoption de nouveaux statuts et de nouvelles
lois réglementant les médias. Le gouvernement dirigé par
le Premier ministre Seydou Diarra s'était engagé sur cette voie.
Cela est perceptible dans son discours « ... II est incontestable
que la presse et les médias ont joué un rôle primordial
dans la crise qui, depuis de longues années, a couvé, puis a fini
par exploser dans notre pays. Quant à nos amis de la presse
privée, je souhaite voir votre cahier des charges s'ennoblir d'une
nouvelle obligation : celle de quitter les sentiers de la presse qui
divise pour emprunter ceux de la presse qui réconcilie... A cet
égard, le gouvernement favorisera l'éclosion d'une presse
nouvelle, financièrement indépendante et
bénéficiant du soutien des partenaires de développement
internationaux... »202(*).Nous nous réjouissons de la prise de
conscience à ce niveau, avec l'espoir que les médias
internationaux changerons de fusil d'épaule.
Paragraphe 2 : L'analyse tendancieuse de
la crise par les médias
Internationaux
Tout comme les médias ivoiriens, les médias
internationaux ont donné la nette impression d'être à la
solde d'un quelconque groupe dont les intérêts politiques et
économiques sont défendus (A), en donnant une image toute
différente de la réalité du terrain (B).
A : Une vue de l'extérieur
différente de la réalité
Ivoirienne
La presse, quatrième pouvoir, doit prendre conscience
de son rôle et de sa place dans la société, d'où la
nécessité d'un contre pouvoir pour éviter les abus de la
liberté, préjudiciable à l'équilibre de la
société et souvent de la dignité humaine203(*). Les journalistes disposent
entre les mains d'instruments qui peuvent être des outils pour construire
comme des armes pour détruire. La presse ne sert utilement la
démocratie et le progrès social auxquels tout peuple aspire, que
si les informations qu'elle diffuse reposent sur les principes
d'honnêteté, de vérité des faits, de
l'éthique, de respect de la dignité humaine et surtout quand elle
se garde de réciter les propos haineux et mesquins des hommes
politiques, en propageant une image erronée de la réalité
du terrain.
La Côte d'Ivoire en a fait les frais. Les
différentes forces politiques ont transposé le
théâtre des batailles politiques sur l'esplanade de la presse.
Sans se soucier du rôle de la presse et de son importance dans la
société moderne, les politiques ont fini par obstruer le canal
d'expression entre le peuple et les gouvernants. Les politiques par le biais
des journalistes ont survolté l'opinion publique de sorte que la
présence des humanitaires était considérée comme
une menace. Le 12 décembre 2002, le CICR s'est insurgé contre le
fait que Radio France Internationale (RFI) l'ait accusé dans une de ses
éditions matinales, d'avoir collecter 150 cadavres et
dénoncé des exécutions sommaires commises dans la
région de Man. Cette situation lui a valu momentanément une
interdiction dans la zone. D'où cette mise au point de l'organisation
humanitaire contre la Radio française : « Nous tenons
à porter à votre connaissance que le CICR n'a jamais
avancé un chiffre exact sur le nombre de corps collectés, et ne
s'est jamais non plus prononcé sur la cause de ces décès
...Cette information diffusée par RFI a remis en cause la confiance
établie avec les populations et entache notre crédibilité.
En conséquence, aux responsables de RFI de prendre toutes les mesures
nécessaires pour éviter à l'avenir, d'informer, de
manière erronée »204(*).
La plupart des médias français, la BBC et TV5
ont été accusés par l'opinion publique ivoirienne d'avoir
pris fait et cause pour les rebelles, en diffusant des informations
parcellaires ou tronquées. Ainsi Le 3 janvier 2003, le matin du jour de
la visite du ministre français Dominique de Villepin à Abidjan,
France 2, télévision publique française, a diffusé
les propos d'un journaliste traitant le Président Gbagbo de «
président sortant ». Ce qui n'a pas manqué de provoquer un
incident diplomatique, puisque les « Patriotes » accusant le ministre
d'avoir lui-même tenu ces propos, voulaient en découdre avec lui
devant la résidence du Chef de l'Etat à Coccody.
Les rumeurs et fausses informations ont valu à RFI une
interruption sur les ondes Fréquences de Modulation (FM) en mars 2004
avant d'y revenir. Le clou de l'analyse erronée des informations fut la
démission fracassante du jeune Camerounais Théophile Kouamouo.
Cela a révélé au grand jour le malaise de toute la presse
française, dans le traitement de l'information sur la crise ivoirienne.
A propos d'un article intitulé « Laborieuses tractations pour
une trêve en Côte d'Ivoire » paru dans Le Monde sous sa
cosignature, le journaliste a affirmé ne pas se reconnaître dans
aucune phrase. Aussi a-t-il pris la décision de rompre son contrat. Je
ne pouvais pas accepter «... d'être embrigadé dans une
mascarade dont je devine l'objectif et à laquelle je ne voudrais pas
être mêlé. A travers cette décision, j'espère
faire réfléchir certaines personnes. A savoir si un jeune
journaliste qui n'a que quatre années d'expérience et qui a la
chance de travailler pour l'un des plus grands de la planète
démissionne de son poste à un moment où il peut se faire
de l'argent205(*). Ce
geste nous invite à nous interroger sur la manière dont
l'actualité, a été systématiquement
massacrée pendant cette crise, pour des objectifs que nous ignorons,
peut être politiques ou économiques.
B : Une analyse guidée par les
intérêts politiques et
économiques
Selon le Professeur Mario Bettati,
« l'humanitaire est devenue une poursuite de la guerre par
d'autres moyens ». Cette pensée dévoile le but
pour lequel certains médias ou les sont utilisés dans le
traitement des informations dans les Etats en guerre en général
et de façon particulière en Côte d' Ivoire.
Le nouveau monde dans la spirale du matérialisme a
contribué à ternir l'image de marque des médias. Leurs
fonctions sociales ont été dévoyées, au fil du
temps, par les groupes industriels. Miroir de toutes les opinions et de toutes
les idées, la presse fut le prolongement de l'institution parlementaire.
La démocratie impliquant la participation de tous, il était vital
d'aménager un espace utile , un espace de transition entre les
électeurs et leurs représentants, espace où chacun faisait
l'apprentissage du dialogue et de la réalité de l'autre. Le
succès de la démocratie est, dans cette perspective, le
succès de la presse. Cependant l'entrée en scène des
trusts, des grandes entreprises financières qui contrôlent le
monde a contraint les médias à demeurer à leur solde.
Cela a été possible car les médias engloutissent
d'importants moyens financiers qu'ils n'ont pas généralement. Ce
constat n'est guère surprenant parce que, selon Ignacio Ramonet :
« certains grands médias sont désormais aux mains des
marchands de canon ». Et puis, ajoute le sociologue Pierre
Bourdieu que la presse et l'édition sont dominés par les
puissances d'argent qui travaillent délibérément la
réalité sociale, imposent la pensée unique et la vision
libérale du monde, font le jeu de l'impérialisme américain
et accélèrent le processus d'aliénation des masses. La
Côte d'Ivoire n'a été qu'une victime de plus et non la
dernière. Son immaturité politique et médiatique l'y ont
conduit.
Le contexte d'intérêt politique et
économique qui accompagne l'humanitaire moderne, donne à
réfléchir sur la dimension éthique de cette pratique. Des
deux facteurs, la dignité de l'Homme qui préside à
l'Universalité des droits Humains et les intérêts mesquins
(politiques et économiques) qui servent de prétextes aux
impérialistes dans toutes actions dans lesquelles ils s'engagent, on se
demande quelle valeur devrait en principe prévaloir sur l'autre ?
Comment est-on arrivé à une telle vision des choses où les
Hommes dans leurs souffrances ne sont que des pions pour assouvir des desseins
machiavéliques très souvent inavoués ?
L'humanité peut-elle survivre à une telle parodie ? A quand
la fin de cela, de ce manque d'humanité au profit des
intérêts économiques ?
Conclusion
Aujourd'hui, nul ne doute que les violations les plus graves
des droits fondamentaux de l'individu se produisent dans les conflits
armés. Les conflits armés et les circonstances qui les entourent
restent malheureusement une réalité et exigent des mesures qui
ménagent un certain équilibre entre les nécessités
militaires et les exigences d'humanité. Le droit humanitaire et ses
mécanismes de mise en oeuvre (action humanitaire), donnent des
réponses à cette pesée d'intérêt par la
préservation de la dignité humaine.
Ainsi par devoir moral d'assistance au genre humain et
conformément à leur mandat tous les acteurs de la vie humanitaire
(le CICR et les autres structures et organisations humanitaires) sont
invités à oeuvrer dans la recherche des solutions et alternatives
qui «contribueraient à arracher aux spasmes et aux angoisses de
la mort, quelques malheureuses victimes de la tyrannie et de l'ignorance,
également fatales... des Hommes et des catastrophes naturelles,
avec pour seule récompense la préservation de la dignité
humaine 206(*)».
Cependant, cette entreprise noble rencontre des obstacles et
limites qui heurtent souvent toute morale et choquent tous les principes qui
ont toujours gouverné le respect de la dignité humaine,
c'est-à-dire les différentes conventions du DIH.
La contribution du présent essai à l'action en
faveur des droits de l'Homme, surtout en faveur du droit des victimes de guerre
et de catastrophe naturelle, résultera de la stigmatisation des
insuffisances et des difficultés rencontrées par les humanitaires
tout au long de leur mission en Côte d'Ivoire durant ce conflit. Ces
difficultés dans l'exercice de la mission sacerdotale des humanitaires,
trouvent leurs origines dans les carences du système juridique et
judiciaire de l'Etat et dans l'amateurisme et les desseins inavoués de
certaines structures humanitaires mues par la conservation de certains
intérêts politiques et économiques. Au surplus, l'emprise
politique des médias et l'attitude peu morale de la population
empreinte de pauvreté exacerbée par l'intensité de la
crise dans son étendue et sa durée, a favorisé ces
difficultés.
Ainsi tout au long de cette étude, nous avons
essayé de relever, d'analyser et de comprendre les facteurs qui sont les
sources réelles des difficultés sur le terrain humanitaire en
Côte d'Ivoire. Cela dit, plus que de simples défaillances, les
évènements majeurs en Côte d' Ivoire depuis le
déclenchement de la crise, ont démontré que l'action
humanitaire même estampillé du sceaux de l'humanisme, n'est pas
à l'abri des effets pervers de la politique et de toute sorte de
dysfonctionnements, qui le plus souvent sont tragiques pour la masse appelant
assistance.
Fort heureusement, le climat politique connaît un
adoucissement, une décrispation depuis les accords de Ouagadougou depuis
mars 2007. Certes, il est vrai que des soubresauts existent encore, mais
visiblement on s'oriente vers la résolution de la crise, vers la paix,
donc vers la levée totale des contraintes humanitaires.
Il convient de relever que cette entreprise n'a pas
été facile et de tout repos. Toutes ces difficultés qui
ont émaillé cette étude et les insuffisances
relevées, nous autorisent à faire certaines recommandations
à l'Etat de Côte d'Ivoire et aux Nations Unies.
I/ A la Côte d'Ivoire :
- Elle devra faire un toilettage, faire une remise à
jour de la loi n° 60-315 du 20 septembre 1960 relative aux associations.
En effet cette loi aussi vague, se trouve inappropriée pour servir de
base juridique à la création des ONG en général et
en particulier les ONG à caractère humanitaire. Un cadre
spécial de création des ONG humanitaires est à
souhaiter.
- La Côte d'ivoire devra faire encore des efforts dans
la mise en oeuvre du DIH, par la ratification des différents instruments
internationaux qui attendent.
- Elle devra donner plus de pouvoirs aux structures de mise en
oeuvre, soit en les dotant d'un financement à la hauteur de leurs
taches, soit en leur attribuant des locaux et éviter ainsi de les
inféoder à des ministères. Ce qui les rend inefficaces.
II/ A l'ONU
- La paix est une aspiration, elle ne s'impose pas ni de
l'extérieur ni de l'intérieur. Elle est l'émanation
directe de la volonté des belligérants d'aller à cette
paix. Les Nations Unies, conformément à leur mission de paix,
devront tenir très souvent des solutions proposées par les
parties au conflit, pour éviter de cristalliser les positions de part et
d'autre.
- Les opérations de maintien de la paix, quand elles
sont le fait des grandes puissances, l'ONU devra être un peu plus
regardant, surtout quand elles sont sous mandat onusien, pour éviter
certains de pouvoir, ou se faire justice parce qu'elles en ont les moyens.
- Sur les mandats et les règles d'engagements des
Forces internationales en mission : leurs formulations doivent être
d'une précision et d'une clarté limpide, que les tâches
dévolues aux contingents envoyés en mission humanitaire soient
détaillées. Une précision doit être faite sur les
critères de nécessité et de proportionnalité qui
doivent guider les soldats quant à l'usage de la contrainte.
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- Diégou Bailly J. les médias dans le conflit
ivoirien, in Perspectives : Côte d'Ivoire consolidation
d'une paix fragile, actes du colloque international sur la Côte
d'Ivoire Université St Paul Ottawa fev 2004, Partenariat Afrique Canada.
P38
- Discours du Secrétaire général, M.
Boutros Boutros-Ghali, prononcé à l'ouverture de la
conférence mondiale sur les droits de l'Homme, Vienne, 14 juin 1993
- Djédjé Marie Adèle « le
HCR continu d'accueillir les réfugiés » in
Fraternité Matin n°11371 du 1er octobre 2002 p6
- Douk, Lesou Patrice, « La Côte d'Ivoire doit
se donner un plan d'action humanitaire » in
Fraternité Matin n°11266 du 29 mai 2002 p6
- Elimane Fall, « Que peut faire le GTI
? » in Jeune Afrique n° 2354du 19 février 2006
- Éric Goemaere (Directeur de Médecins sans
frontières Belgique) et François Ost (Professeur aux
Facultés universitaires Saint-Louis), « L'action
humanitaire : questions et enjeux » in La Revue
Nouvelle, novembre 1996,
- Etudes, vol 384 n°2 février 200 p149 les
ambiguïtés de l'humanitaire Faily, Didier
- Ferro Bi Bally « raison d'Etat et
patriotisme » in Fraternité Matin
n°11365 du 24 septembre 2002 p7
- Firmin Yoha, « Désarmement des groupes
paramilitaires : Tout sur l'existence des milices à
l'Ouest », L'Inter n°2422, 7 juin 2006, pp.4-5
- Franck Zagbayou « droit humanitaire un appel pour
consolider la zone de réfugié de Côte d'Ivoire »
in Fraternité Matin n°11354 du 11 septembre 2002
p7
- Gneproust Kouadio marceline « traitement de
l'information par les médias étrangers » in
Fraternité Matin n°11365 du 24 septembre 2002 p2 et 3
in Fraternité Matin
- Jamal Krafess, l'influence de la religion musulmane dans
l'aide humanitaire, in Revue internationale de la Croix Rouge volume
87 sélections françaises 2005
- Jean-Dominique Geslin « Kofi Annan tire sur
la sonnette d'alarme (crise humanitaire aigu) » in Jeune
Afrique n° 2224 du 29 juillet 2003 p32
- Kamagaté Ibrahima B. « Crise ivoirienne, La
présence de l'ONUCI menacée », in
Fraternité Matin jeudi 14 décembre 2006
- Kazony Charles « « télé
mutin » met les rebelles en vedette » in
Fraternité Matin n°11401 du 6 novembre p11
- Kodjo Elvis « déclaration reprenant
résident de UNICEF en Côte d'Ivoire : la guerre sera lourde
de conséquence pour les enfants » in
Fraternité Matin n°11383 p10
- Kodjo Elvis « mme McAskie est
préoccupée par la situation humanitaire de l'ouest »
in Fraternité Matin n°11541 du 23 avril 2003
p3
- Kodjo Elvis «interview du ministre des droits de
l'homme, mme Wodié : rendons la guerre propre »
in Fraternité Matin n°11386 du 18 octobre 2002 p4
- Kohon Landry « notre pays n'est pas à
l'abri d'une catastrophe humanitaire » in
Fraternité Matin n°11520 du 2 avril 2003 p3
- Kouablé Clarisse Gueu, le statut de la Cour
pénale internationale devant le Conseil Constitutionnel ivoirien :
commentaire de la décision cc n°002/cc/SG du 17 décembre
2003 relative au contrôle de conformité du traité de Rome
de la Cour pénale internationale à la Constitution ivoirienne du
1er août 200, in Revue ivoirienne de droit n° 38-2007
p112-149
- Kouamouo Théophile « Dans l'ouest, les
forces licornes brouillent les pistes ; selon RFI les civils tués
sont « des Dioula musulmans » in
Fraternité Matin n°11501 du 11 mars 2003 p11.
- Kouamouo Théophile « le correspondant du
quotidien Le Monde démissionne suite à la manipulation de
l'information » in Fraternité Matin
n°11378 du 9 octobre 2002 p6
- Kra Ernest Simon « situation des
déplacés, pas catastrophique mais... » in
Fraternité Matin n°11384 du 16 octobre 2002
- Kraidy et Tanoh Benoit « manipulation de
l'information » in Fraternité Matin
n°11378 du 9 octobre 2002 et 11 manipulation de l'information
- le CNCA dénonce les dérives de la presse
étrangère in Fraternité Matin
n°11366 du 25 septembre 2002 p9
- Le courrier Afrique caraïbe pacifique, union
européenne n°182, p10-12 Le retrait de l'aide humanitaire :
une arme pour le nouveau Soudan
- Le monde diplomatique, n°529 avril 1998, p32
- Lébry léon Francis « critique de la
mission de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Côte d'Ivoire
après la table ronde de Paris » in
Fraternité Matin n°11486 du 21 février 2003
P.11
- Lettre d'information du Gouvernement « situation
humanitaire » in Fraternité Matin
n°11387 du 19 octobre p9
- lettre de l'IDDH n°13, janvier- février- mars
2007
- Lettre de l'IDDH n°7 juillet septembre 2005
- Marc Yevou, « Démantèlement des
milices : les chefs en campagne d'explication »,
Fraternité Matin n°12492 du 28 juin 2006, p.12
- Marc Yevou, « Vingt mille miliciens
déposent les armes », in Fraternité
Matin n°12492, p.11
- Marie Adèle Djédjé
« interview du ministre des droits de l'homme dans lequel il expose
la politique gouvernementale des droits de l'Homme » in
Fraternité Matin n°12629 du 12 décembre 2006 p2, 3,
et 4
- MELEDJE DJEDJRO « Les rapports entre le droit
international et le droit interne : application à l'ordre juridique
ivoirien », pp 1-9, Séminaire technique organisé au
CIREJ par la commission interministérielle de mise en oeuvre du DIH, mai
1998
- MELEDJE Djedjro, «Responsabilité des acteurs
politiques sous thème du cadre institutionnel
intermédiaire » Forum de dialogue national
organisé en septembre 2006 à Grand Bassam
- Monique Chemillier-Gendreau, ingérence humanitaire,
Commentaire in Afrique Contemporaine n°180, 1996 p 229-241
- N'Gouan Patrick, les dynamiques de la société
en Afrique de l'Ouest, p.6 (colloque scientifique international sur les droits
de l'homme, CERAP, Abidjan 13, 14 et 15 Mars 2006
- N'Guema Isaac, « Violence, droits de l'homme et
développement en Afrique », Revue juridique et politique,
indépendance et coopération, mai-septembre 1995, p. 283
- Négociations politiques inter congolaises commission
humanitaire, sociale et culturelle (résolution relative au programme
humanitaire d'urgence pour la RDC du 25 février au 11 avril 2002)
- Olara Otunnu, déclaration présentée
à l'occasion du vingt-sixième sommet ordinaire des chefs d'etat
et de gouvernement de la CEDEAO, vendredi 31 janvier 2003, Dakar,
sénégal
- OLPED « communiqué de OLPED, circulation
des journaux » in Fraternité Matin
n°11372 du 2 octobre 2002 p4 183e
- Ouedrogo Issoufou « interview de l'ambassadeur de
France à ougadougou au journal sidwaya, 3 opérations
d'évacuation (Bouaké, Korogho Man et Danané »
in Fraternité Matin n°11437 du 21 et 22
décembre 2002 p8
- Ouedrogo Issoufou « les inquiétudes de la
Croix rouge par rapport à la situation humanitaire en Côte
d'Ivoire » in Fraternité Matin n°11437
- Pascal Soro, « Démantèlement
des milices : Maho Glofiéi ne se sent pas
concerné », in Fraternité Matin n°12474
du 7juin2006, p.12
- Pascal Soro, « Démantèlement
des milices : Maho Glofiéi ne se sent pas
concerné », Fraternité Matin n°12474 du
7juin2006, p.12
- Pepe Michèle « 10 milliards pour éviter
une tragédie humanitaire » in
Fraternité Matin n°11415 du 23 et 24 novembre 2002 p9
- Pierre Franklin TAVARES, « pourquoi ces coups
d'Etat en Afrique », in le monde Diplomatique janvier
2004
- Philippe Leymarie, « Ces guerres qui usent
l'Afrique », Le Monde diplomatique avril 1999, pp 16-17
- Revue tiers monde vol 38 n°151 juillet 1997 p642, le
triomphe ambigu de l'aide humanitaire
Séoul, République de Corée, 16-18
novembre 2005 sur le thème « Défis de l'action
humanitaire dans les situations de conflit armé et de violence
interne »
- Thorin, Valerie « droits de l'Homme : le
rapport qui accuse le MPCI » in Jeune Afrique l'Intelligent
n°2199 du 2 au 8 mars 2003 p12, 13
- UNITAR diplomatie multilatérale et gestion des
affaires internationales (formation à la carte des agents
humanitaires
- Youssouf Sylla « les populations affamées
en appellent à l'aide humanitaire » in
Fraternité Matin n°11383, p14
- Youssouf Sylla « les soldats français
évacuent leurs ressortissants et ceux des autres
communautés » in Fraternité Matin
n°11367 du 27 septembre 2002 p7
- Zagbayou Franck « mme Wodié dénonce
le rapport de l'ONU » in Fraternité Matin
n°11489 du 25 février 2003 P.12 et P.13
- Zagbayou Frank « les députés
s'engagent à sauvegarder la dignité et la personne
humaine » in Fraternité Matin n°11275
du 8 et 9 juin2006 p2
C- Mémoire et Thèses
- DIARRA Rosalie, rapport de formation continue en droit et
action humanitaire sur le thème : La mise en oeuvre du DIH :
le cas de la commission interministérielle Nationale pour la mise en
oeuvre du DIH en juin 2006 au CERAP/IDDH
- KRA Kouamé Justin, L'internationalisation des
conflits armés internes en Afrique, Mémoire de DEA - Droit
public, Université de Cocody, 2002-2003,
- KONAN Kouadio Aimé, la prohibition de l'exploitation
militaire des enfants soldats : cas de la Sierra Léone, du Liberia
et de la Côte d'Ivoire, mémoire de fin de cycle DESS Droits de
l'Homme, 2005-2006 au CERAP/IDDH
- OUATTARA Abou, Mémoire de DEA sur le thème les
réfugiés dans la crise ivoirienne, Université de Cocody,
UFR des Sciences Juridique, administrative et Politique, 2005
- TSAGARIS Koustantinos, Le droit d'ingérence
humanitaire, mémoire de DEA présenté par à
l'Université de Lille II septembre 2001
II- Sources textuelles
A- Textes officiels
1- Droit international
- Code lieber
- les Conventions de Genève de 1864 et 1949 sur le
droit international humanitaire
- Les protocoles additionnels aux Conventions de Genève
de 1949 sur le droit international humanitaire de 1977 et 2005
- les Conventions de Viennes sur le droit des traités
internationaux de 1969
- Résolutions du Conseil de
Sécurité des Nations Unies
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution 1464(2003) sur la Côte d'Ivoire, 4700e
séance, 4 février 2003
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution 1498(2003) sur la Côte d'Ivoire, 4804e
séance, 4 août 2003
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1479(2003) sur la Côte d'Ivoire, 4754e
séance, 13 mai 2003
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1528(2004) sur la Côte d'Ivoire, 27
février 2004
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1572(2004) sur la Côte d'Ivoire, 15 novembre
2004
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1584(2005) sur la Côte d'Ivoire, 1er
février 2005
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1594(2005) sur la Côte d'Ivoire, 4 avril 2005
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1600(2005) sur la Côte d'Ivoire, 4 mai 2005
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1603(2005) sur la Côte d'Ivoire, 3 juin 2005
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1609(2005) sur la Côte d'Ivoire, 24 juin 2005
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1632(2005) sur la Côte d'Ivoire, 18 octobre
2005
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1633(2005) sur la Côte d'Ivoire, 21 octobre
2005
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1643(2005) sur la Côte d'Ivoire, 15
décembre 2005
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1652(2006) sur la Côte d'Ivoire, 24 juin 2006
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1657(2006) sur la Côte d'Ivoire, 6 février
2006
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1682(2006) sur la Côte d'Ivoire, 2 juin 2006
- Conseil de sécurité des Nations unies,
Résolution S/RES/1721(2006) sur la Côte d'Ivoire, 1er
novembre 2006
2- Droit interne
- Loi du 12/08/1949, conventions de Genève et
protocoles additionnels JORCI ncode public et administratif Burkina Faso p581
p593 p596 p670 p663
- Loi n°91-886 du 27/12/1991, autorisant la
République de Côte d'Ivoire à adhérer à la
Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples, adoptée à
Nairobi en juin 1981. JORCI n°20 du 14/05/1992, p417
- Loi n° 91-883 du 27/12/1991, Culture et Francophonie
autorisant l'adhésion de la République de Côte d'Ivoire aux
internationaux relatifs aux droits de l'Homme : Pacte international
relatif aux droits civils et politiques, Pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels, JORCI n°19 du 07/05/1992,
p393
- décret n° 96-574 du 31 juillet 1996 portant
règlement de service et de discipline générale dans les
Forces Armées nationales
- Décret n°98-614 du 11/11/1998, portant
organisation du ministère de la justice et des droits de l'Homme. JORCI
n°49 du 03/12/1998 p1244
- Constitution de la République de Côte d'Ivoire
du 1er août 2000
- Décret n°2001-365 du 27/06/2001, portant
création d'un comité de suivi de l'application des instruments
internationaux relatif aux droits de l'Homme, JORCI n°35 du 30/08/2001,
p730
- Loi n°2002-547 du 31/12/2002 autorisant la
République de Côte d'Ivoire à ratifier le protocole relatif
à la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples, JORCI
n°2003-07 du 12/02/2003, p110
- Loi n°2004-302 du 03/05/2004, portant création
de la commission nationale des droits de l'Homme en Côte d'Ivoire. JORCI
n° 2004-02 NS du 30/12/2004, p54
B- Rapports
Rapport OCHA
- United Nations Office for the Coordination of Humanitarian
Affairs (OCHA) Afrique de l'Ouest : Rapport sur la situation humanitaire No
25, Avril 2006, 30 Avril 2006
- Projet d'une stratégie inter-agences pour les
personnes déplacées, 11/07/2006
- Bulletin d'information humanitaire Août 2002
- UN-OCHA : Rapport sur la Situation Humanitaire N°
2 Mars 2004
- OCHA : Rapport sur la situation humanitaire :
11-7-2005.
- Côte d'Ivoire : OCHA Rapport Hebdomadaire No. 41, 15
octobre 2006
- OCHA rapport hebdomadaire n°43 2 novembre 2006
Rapport Amnesty international
- Médecins sans frontières (Discours de Thomas
Linde, Directeur général de Médecins Sans
Frontières Suisse, lors de la conférence de presse annuelle 2003)
- Réunion internationale sur le Code de bonne conduite
en matière d'assistance humanitaire Stockholm, 16 et 17 juin 2003
- Rapport du 31/07/2003 -
CÔTE D'IVOIRE - Une suite de crimes impunis du massacre des gendarmes de
Bouaké, aux charniers de Daloa, de Monoko-zohi et de Man
- Rapport annuel
Janvier-Décembre 2003 - Côte d'Ivoire
- Rapport du 08/04/2004
- CÔTE D'IVOIRE - Répression aveugle et disproportionnée
d'une manifestation interdite
- Rapport du 02/08/2004 -
Côte d'Ivoire: La Lumière doit être faite sur les
allégations de charniers à Korhogo
-
09/11/2004 - CÔTE D'IVOIRE: La recrudescence des violences contre les
civils et les incitations à la xénophobie doivent
immédiatement cesser
-
08/03/2005 - CÔTE D'IVOIRE. La récente rupture du cessez-le-feu
peut conduire à une reprise du conflit
-
15/04/2005 - CÔTE D'IVOIRE. Un an après son enlèvement, le
sort de Guy-André Kieffer demeure inconnu
-
06/06/2005 - CÔTE D'IVOIRE. Il est urgent de désarmer les
milices
- rapport n° AFR 31/013/2005, 26 Octobre 2005, Amnesty
international, un avenir lourd de menace.
-
19/01/2006 - CÔTE D'IVOIRE Des journalistes menacés de mort et de
viol en présence de forces de sécurité ivoiriennes
-
31/01/2006 - CÔTE D'IVOIRE Protégez les journalistes
Rapport ONUCI
- L'ONUCI, un rapport accablant sur les prisons ivoiriennes18
aout 2006
- Les risques de dérives de communication des
associations de Droits de l'Homme
- L'ONUCI dresse un rapport pour les mois de mai, juin et
juillet 14 Octobre 2005
- ONUCI, Rapports sur les droits de l'homme en Côte
d'Ivoire, n°5 juin 2006
- ONUCI, Rapports sur les droits de l'homme en Côte
d'Ivoire, n°4 février 2006
- ONUCI, Rapports sur les droits de l'homme en Côte
d'Ivoire, février 2005
- ONUCI, Rapports sur les droits de l'homme en Côte
d'Ivoire, mars 2005
- ONUCI, Rapports sur les droits de l'homme en Côte
d'Ivoire, octobre 2005
Rapports du Groupe de suivi tripartite
- n°
S/2004/667
16 août 2004
- n°
S/2004/716
7 septembre 2004
- n°
S/2004/748
20 septembre 2004
- n°
S/2004/800
7 octobre 2004
- n°
S/2004/878
1 novembre 2004
- n°
S/2004/944
2 décembre 2004
- n°
S/2004/976
17 décembre 2004
- n°
S/2005/82
11 février 2005
- n°
S/2005/611
28 septembre 2005
Rapports du Secrétaire
général
- Observatoire pour la protection des défenseurs des
droits de l'Homme : les défenseurs des droits de l'Homme en
première ligne, rapport 2004
- n°
S/2004/3
6 janvier 2004
- rapport du 29/04/2004 de la commission d'enquête sur
la répression de la marche du 25 mars 2004 à Abidjan
- n°
S/2004/443
2 juin 2004
- n°
S/2004/697
27 août 2004
- n°
S/2004/962
9 décembre 2004
- n°
S/2005/135
2 mars 2005
- n°
S/2005/186
18 mars 2005
- n°
S/2005/398/Add.18
17 juin 2005
- n°
S/2005/398
17 juin 2005
- n°
S/2006/2
3 janvier 2006
- n°
S/2006/222
11avril 2006
- n°
S/2006/532
17 juillet 2006
- n°
S/2006/821
17 octobre 2006
- n°
S/2006/835
25 octobre 2006
- n°
S/2006/939
4 décembre 2006
Rapport et revue CICR
- CICR, Rapport biennal du Service consultatif 2000-2001 sur
la mise en oeuvre nationale du DIH
- n°833 vol 81 mars 1999
- n°841 vol83 mars 2001
- n°844 vol83 décembre 2001
- n°846 vol84 juin 2002 Débat humanitaire droit
politique
Human Rights Watch
- Bureau of democracy, human rights and labor, Côte
d'Ivoire: country reports on human rights practices-2004, February, 28, 2005
- Côte d'Ivoire rapport du 31/12/2004
- Human Right Watch : Rapport mondial du 31
décembre 2005 sur la crise Ivoirienne
- Human Rights Watch, « Côte d'Ivoire :
le coût de l'impasse politique pour les droits
Rapport mondial 31/12/2005
- 01/2004 - Côte
d'Ivoire : panorama des droits humains
- 26/03/2004 -
Côte d'Ivoire : Les forces de sécurité usent de violence
pour réprimer une manifestation
- 11/11/2004 -
Côte d'Ivoire : contrôler les milices, faire cesser les incitations
à la
29/07/2004 - Le
sommet d'Accra doit décider de mesures concrètes sur les crises
en Côte d'Ivoire et au Darfour
- violence
- 30/03/2005 -
Côte d'Ivoire - Les anciens enfants soldats sont recrutés pour la
guerre
- 03/05/2005 -
Côte d'Ivoire - Les milices pose toujours une menace pour les civiles
- 27/10/2005 -
Côte d'Ivoire : le gouvernement recrute des enfants soldats au
Libéria
- 19/01/2006 -
Côte d'Ivoire: Le gouvernement doit reprendre les milices en main
Prévention Génocide
- 05/05/2004 - Benoît
Scheuer (président de l`ONG «Prévention
Génocides») : "Le régime fait le marketing de la haine"
Rencontre Africaine Pour la Défense des Droits
de l'Homme
- 28/07/2004 - Accra III -
Moment d'inflexion stratégique
- 04/05/2004 -
Côte d'Ivoire - Le seuil critique de l'intolérable franchi
- 18/06/2004 La xénophobie en Côte
d'Ivoire : à quel saint se fier ?
Reporters sans Frontières
-
Côte d'Ivoire - Rapport annuel 2005
- 05/2005 -
Côte d'Ivoire:
Il est temps
de « désarmer les esprits, les plumes et les micros »
- 10/11/2004 -
Intoxication, libre antenne, incitation à l'émeute: la
dérive propagandiste des médias d'Etat d'Abidjan
- 05/11/2004 - Jeudi
noir pour la liberté d'expression à Abidjan
- Rapport annuel 2004:
Côte d'Ivoire
III- Sites visités
- www.grip.org
- www.icrc.org
-
http://elap.unitarpoci.org/fr/cours
-
http://www.msf.fr/documents/base
- http//fr.wikipedia.org/wiki/maintien-de-la-paix
-
www.ladocumentionfrançaise.fr/dossier
-
http://www.reliefweb,int/rw.ns
- http://ipsnews,net/fr/note
- http/web,amnesty,org/report 2004/civ
- www.amnesty,fr/index.php
-
http:/www,etat,sciencespobordeaux,fr/institutionnel/cotivoire
-
http://ochaonline2.un,org/cotedivoire
- www.african-union.org
- www.fratmat.net
-
www.internal-displacement.org
- www.jeuneafrique.com
-
http://www.crdi.ca/booktique
Annexes
Cette carte montre le découpage de la Côte d'Ivoire
en deux zones
Cette carte montre le flux des « déplacés
de guerre » depuis le début de la crise
Table des matières
SOMMAIRE
PRINCIPALES ABREVIATIONS
RESUME
INTRODUCTION....................................................................................
05
Première partie : LES CONTRAINTES LIEES A
L'ENGAGEMENT DU DROIT
IVOIRIEN A L'EGARD DU
DIH...........................................19
Chapitre 1 : Les difficultés liées
à la réception et à l'incorporation du DIH dans
l'ordre juridique
ivoirien.......................................................20
Section 1 : La difficile réception du DIH dans
l'ordre juridique ivoirien............... 20
Paragraphe 1 : La procédure de réception comme
une entrave à
l'action
humanitaire..................................................20
A : La procédure de réception des
engagements
Internationaux..........................................................21
B : Le malaise dans la détermination des
autorités
étatiques chargées du contrôle de
constitutionnalité
des normes
internationales............................................23
Paragraphe 2 : Une réception insuffisante des textes
internationaux............24
A : Une insuffisance des textes nationaux en matière
Humanitaire............................................................24
B : Une politique humanitaire défaillante
...............................26
Section 2 : Une incorporation lacunaire des normes
internationales
dans l'ordre juridique
ivoirien.........................................27
Paragraphe 1 : La contrariété des normes
constitutionnelles avec
les exigences du
DIH................................................27
A: La contrariété de la Constitution avec le statut
de Rome............27
B: La timidité de la Constitution vis-à-vis des
exigences du DIH ....28
Paragraphe 2 : La contrariété des dispositions
législatives et
règlementaires avec les
exigences du DIH......................30
A : La contrariété des dispositions
législatives avec les
exigences du
DIH.................................................30
B : La contrariété des dispositions
règlementaires
avec les exigences du
DIH.............................................32
Chapitre deuxième : La
défaillance du système de répression et du système
interne
de
régulation humanitaire
.............................................34
Section 1 : Un système défectueux de
répression des violations
nationales et internationales du
DIH ...........................................34
Paragraphe 1 : L'application difficile des
lois......................................34
A : Le manque de volonté
étatique.........................................34
B : L'analphabétisme et la faiblesse du recours
à la
justice par la
population..........................................36
Paragraphe 2 : L'impunité en train de devenir une
norme en Côte
d'Ivoire............................................................37
A : La généralisation de la
corruption....................................37
B : Des enquêtes
inachevées................................................39
Section 2 : Le système ivoirien de
régulation humanitaire
quasi-inexistant............................................................41
Paragraphe 1 : La quasi inactivité de la Commission
Interministérielle.........41
A : D'une léthargie à une
reprise timide des activités
à la faveur de la crise
...................................... .........41
B : Les entraves au fonctionnement de la
commission.................42
Paragraphe 2: La Cellule Solidarité et action
humanitaire........................43
A : Le cadre de création de la
Cellule....................................43
B : Le rôle confus de la cellule
...........................................44
Deuxième partie : LES ENTRAVES A LA PRATIQUE
HUMANITAIRE DU
FAIT DES ACTEURS DU
CONFLIT..................................... ....46
Chapitre premier: L'impact de la difficile
construction de l'Etat de
droit sur la pratique
humanitaire.................................................47
Section 1 : L'impact de l'effondrement de
l'Etat de droit sur l'action
Humanitaire.........................................................................47
Paragraphe 1 : L'autorité de l'Etat
amoindrie......................................47
A : Le territoire national divisé en
deux.................................48
B : La perte de sa fonction de souveraineté sur
l'étendue du
territoire
national..................................................49
Paragraphe 2 : La limitation du principe de libre
circulation...........................52
A : La limitation de la libre circulation des
personnes..................52
B : La limitation de la libre circulation des biens
et services..........54
Section 2 : L'atmosphère
d'insécurité du fait des
acteurs..................................56
Paragraphe 1 : L'insécurité des populations
civiles................................56
A : Les
exécutions sommaires qui échappent au
contrôle de
l'Etat......................................................... 56
B :
L'insécurité en zone de confiance et en zone
rebelle...............57
Paragraphe 2 :
L'insécurité du personnel
humanitaire..............................59
A :
L'insécurité sur le théâtre des opérations
militaires................ .60
B :
L'insécurité des humanitaires en zone
libre...........................61
Chapitre deuxième: Les
réalités socio économiques comme frein à l'action
humanitaire et
l'influence de l'évolution de la situation
politique sur les
contraintes..................................................63
Section 1 : L'effet subversif des
réalités socioéconomiques sur la
pratique
humanitaire............................................................63
Paragraphe 1 : Les limites de l'approche
victimaire de certains
acteurs
.............................................................. 63
A : La double
casquette civil/militaire..................................63
B : La suspicion sur les réfugiés
libériens en Côte
d'ivoire du fait
de la situation à l'ouest.............................65
Paragraphe 2 : La protection des intérêts
et le soutien des
populations aux
programmes humanitaires.........................66
A : La protection des intérêts
économiques internationaux..........66
B : La
participation des populations aux
programmes
humanitaires..............................................68
Section 2 : la dérive de l'aide humanitaire et
l'impact l'évolution politique
sur les contraintes
humanitaires...............................................69
Paragraphe 1 : L'aide humanitaire comme ressources
économiques............69
A : L'aide comme moyen de
contrôle....................................70
. B : L'aide comme moyen de prédation
économique....................71
Paragraphe 2 : L'incidence de l'évolution de la
situation politique
sur les contraintes
............................................................72
A : De Lomé à
Ouagadougou..............................................72
B : Ouagadougou : l'impact de la
volonté de paix sur
la pratique
humanitaire..................................................74
Troisième partie : LES
OBSTACLES EXTERIEURS AUX ACTEURS
DU
CONFLIT..........................................................................75
Chapitre premier: Les limites
spécifiques aux organismes et agences
Humanitaires....................................................................76
Section 1 : Le dysfonctionnement interne des organismes
humanitaires...............76
Paragraphe 1 : Le non respect des
principes du DIH par les
organismes
humanitaires................................................76
A : La rupture du
principe de neutralité et d'indépendance...........76
B : La rupture du
principe d'impartialité...................................78
. Paragraphe 2 : L'insuffisance des
moyens d'action .................................80
A : Le personnel insuffisamment qualifié
..............................80
B : L'insuffisance de moyens matériels et
financiers..................81
Section 2 : Les contraintes liées aux rapports
des Organismes
humanitaires
.........................................................83
Paragraphe 1 : L'action du politique sur les organismes
Humanitaires........................................................83
A : La volonté de contrôle des ONG
locales par
le pouvoir
politique....................................................83
B : L'utilisation
de certaines ONG à des fins politiques.............. .84
Paragraphe 2 : L'impact des rapports entre organismes du
nord et
du sud sur la
pratique humanitaire ................................86
A : Les organismes du sud et les organismes
du
nord : d'une relation de subordination
......................86
B : Les organismes locaux comme paravent
des
organismes
internationaux........................................88
Chapitre deuxième : les
contraintes politiques et l'influence négative des
médias
sur la crise humanitaire.......................................90
Section 1 : L'humanitaire comme facteur de
perméabilité juridique et
politique
nouvelle....................................................................90
Paragraphe 1 : Le droit et le devoir d'ingérence
face à la
souveraineté de
l'Etat..............................................90
A :
L'ingérence politique comme violation de la
Souveraineté...........................................................90
B : L'ingérence humanitaire et la
souveraineté de
l'Etat.................................................................92
Paragraphe 2 : Les opérations de maintien de la
paix et ONG
humanitaires : cohabitation difficile.............................95
A : Le chevauchement des
opérations de maintien de
la paix et
ONG humanitaires ...................................95
B : L'impact de
l'action des militaires sur l'humanitaire...............97
Section 2 : L'influence incendiaire des médias
sur la crise................................98
Paragraphe 1 : Le caractère très partisan
et séparatiste des médias
Nationaux............................................................98
A : La
partialité politique des médias
ivoiriens.........................101
B : Le manque de
professionnalisme et
de
responsabilité des
médias....................................101
Paragraphe 2 : L'analyse
tendancieuse de la crise par les médias
Internationaux........................................................103
A : Une vue de l'extérieur différente de
la réalité
Ivoirienne..................................................................103
B : Une analyse guidée par les
intérêts politiques et
Economiques..............................................................105
CONCLUSION
........................................................................................107
* 1 Derriennic Jean-Pierre,
Les guerres civiles, Presses de sciences politiques, Paris, 2001,
p.13
* 2 Selon Derriennic, la
guerre est le fait d'un être rationnel, donc capable de concevoir des
buts à ses actions et d'entrer en conflit avec ses semblables pour des
enjeux divers. Elle est le fait d'un être physique, donc à
même d'exercer et de subir la violence. Elle est enfin le fait de
l'être social à même de coopération et
d'organisation, sans quoi la violence resterait individuelle et
dispersée. p.14
* 3 Pr. Acka Sohuily
Félix, « Guerre pour la paix en Afrique, de quel
droit ? » Colloque international sur les droits de l'homme en
Afrique de l'Ouest ; CERAP ; Abidjan ; 13-15 mars 2006, p. 2
* 4 Kra Kouamé Justin,
L'internationalisation des conflits armés internes en Afrique,
Mémoire de DEA - Droit public, Université de Cocody, 2002-2003,
p.2
* 5 Philippe Decraene,
« Panorama des problèmes politiques et militaires de l'Afrique
de l'Ouest », Afrique contemporaine : dossier Afrique de
l'Ouest, n°191, juillet-septembre 1999, p.3
* 6Bationo Emmanuel,
in Perspectives : Côte d'ivoire, consolidation d'une
paix fragile, Partenariat afrique-Canada, Actes du colloque
international sur la côte d'ivoire, Université Saint-paul ,
Ottawa, février 2004 , pp. 1-7
* 7 Par cette expression nous
faisons allusion à toute la bande qui à elle seule a
réussi avec sa passion guerrière à déstabiliser
toute la sous région. Ce sont Sam Bockarie alias Mosquito, Johny Paul
Koroma (chef de la junte militaire qui a fait tombé le Président
Tejan Kaba de la Siéra Léonne), et Sam Hinga Norman qui a
été chef des miliciens Ka majors chasseurs traditionnels de la
Sierra Léone (voire l'arrêt Sam Hinga Norman du tribunal
spécial de la Sierra Léone).
* 8 AYOUN N'Dah
Pierre, « La crise de l'Etat et ses conséquences sur les
droits de l'homme en Afrique de l'ouest », Actes du colloque
international sur les droits de l'homme en Afrique de l'ouest
précité, p. 2
* 9 N'Guema Isaac,
« Violence, droits de l'homme et développement en
Afrique », Revue juridique et politique, indépendance et
coopération, mai-septembre 1995, p. 283
* 10 CICR, les droits de
l'Homme et le CICR : le droit international humanitaire, Suisse 1993 p
2.
* 11 Brauman Rony, L'action
humanitaire, Paris Flammarion, 1995
* 12 Blondel J. L,
« la signification du mot humanitaire au vu des principes
fondamentaux de la Croix Rouge et du Croissant Rouge ». in RICR
n° 780 novembre décembre 1989, p532 - 540.
* 13 Brauman, Rony L'action
humanitaire,. Dominos Flammarion, 2000 p 29
* 14 Xavier Zeebroek,
Militaires - Humanitaires, à chacun son rôle. Paris :
complexe, 2002 les livres du GRIP p 1-10
* 15 Op. cit.,
Militaires - Humanitaires p. 1-10
* 16 Brauman Rony, ancien
militant maoïste, il a été président de
Médecins sans Frontières de 1982 à 1994,
fondateur de Liberté sans Frontières
* 17 Brauman Rony, population
en danger, Hachette 1992
* 18 Xavier Zeebroek,
Militaires - Humanitaires, à chacun son rôle. Paris :
complexe, 2002 (les livres du GRIP) p 1-10
* 19 L'effet
dévastateur s'entend ici des conséquences dramatiques tant au
niveau humain que matériel. Cet effet se ressent plus au nord et
à l'ouest du pays, c'est à dire de façon
générale dans les zones sous contrôle rebelle.
* 20 C'est le cas de
Koharo, petit village yacouba installé au coeur de la région
Guéré (la région de Bloléquin dans le Moyen
Cavally). Pour l'histoire, une lutte hégémonique a vu chasser
d'un village yacouba de Zouon houein, le chef déchu avec ses notables
qui lui sont restés fidèles. Ceux ci se sont vus accorder asile
par les Guérés pour fonder ce village. La guerre ethnique
éclatée entre Yacouba et Guérés, le village s'est
vu rayé de la carte par les Guérés sans même tenir
compte de l'asile qu'ils leur ont accordé. La situation de ce petit
village a interpellé tous les humanitaires qui se sont penchés
sur leur cas. Aujourd'hui le village commence à renaître comme un
phoenix de ses cendres.
* 21 C'est le cas de
Bahoubly (petit village de la localité de Péhé sous
préfecture de Toulépleu dans le Moyen Cavally) Aux
premières heures de la crise, les insurgés ont enterré
vivant plus de 47 personnes dans une fosse qui a servi à la construction
d'une maison en terre. Les habitants, après la guerre ont
érigé un monument sur le site pour conjurer le mauvais sort et
aussi avoir toujours en mémoire ce drame. Ces informations ont
été recueillies sur le site auprès des villageois lors du
retour des déplacés.
* 22 Les allochtones
(Guinéens, maliens, burkinabés et autres peuples ivoiriens) ont
été expropriés de leurs champs et ont été la
cible de tueries sauvages. Ils ont été recueillis à Guiglo
au camp CATD (centre d'accueil temporaire des déplacés) jusqu'en
2007 date à laquelle l'OIM a commencé à les accompagner
après que leurs différents tuteurs aient accepté de les
recevoir à nouveau suite à une sensibilisation préalable
à la cohésion sociale. Dans le cadre de notre stage nous avons
participé à une de ces opérations le 06 août 2007
dans la région de Péhé Bloléquin.
* 23 Extrait du Discours du
Secrétaire général des Nations unies, M. Boutros
Boutros-Ghali, prononcé à l'ouverture de la conférence
mondiale sur les droits de l'Homme sur le thème : Les défis
du CICR et du DIH, Vienne, 14 juin 1993
* 24 Genèse 1 et 2 dans
l'ancien testament de la Sainte Bible
* 25 Au temple de
Jérusalem, les lévites étaient chargés de chant, de
la préparation des sacrifices et de la police intérieure (voire
TOB p1486)
* 26 Les Samaritains
constituaient une population d'origine mélangée (juif et les
autres peuples) occupant la région située entre la Judée
et la Galilée. Depuis le retour d'exil, les juifs les tenaient à
l'écart. (Mathieu 10 versets 5)
* 27 1 Corinthiens 13
* 28 La lettre de l'IDDH
n°7 juillet septembre 2005 p6 - 8
* 29 Krafess Jamal,
l'influence de la religion musulmane dans l'aide humanitaire, in Revue
internationale de la Croix Rouge volume 87 sélections
françaises 2005
* 30 Coran, sourate 13,
verset 29.
* 31 Al-Souyouti, Al-Jami'
Al-Kabir (Le grand répertoire), hadith N° 9, vol. 1,
éd. Dar Al-Kitab Al-Masri,
le Caire, p. 409.
* 32 Al-Souyouti, Al Jami'
Al-Saghir, hadith N° 4804.
* 33 Brauman Rony, L'action
humanitaire, Paris Flammarion, 1995
* 34 Article 26 de la
Convention de Vienne sur le droit des traités énonce le principe
« pacta sunt servanda » selon lequel les
traités doivent être respectés par les parties qui les ont
conclus.
* 35 Art 85 de la
constitution ivoirienne dispose que « Les traités de
paix, les traités ou accords relatifs à l'organisation
internationale, ceux qui modifient les lois internes de l'Etat ne peuvent
être ratifiés qu'à la suite d'une loi ».
* 36 Un traité ou une
disposition d'un traité est self executing lorsque son application
n'exige pas de mesures internes complémentaires. Il résulte de
cette définition que des mesures particulières préalables
sont inutiles. Ce commentaire est celui de Patrick Daillier et d'Alain Pellet
in Le droit international public (Nguyen Quoc Dinh)
* 37 La Constitution ivoirienne
en son article 87 dispose que « les traités ou accords
régulièrement ratifiés ont, dès leur publication,
une autorité supérieure à celle des lois,
... »
* 38 Alain Didier Olinga
« l'application directe de la convention internationale sur le droit
des enfants devant le juge français » in revue
trimestrielle des droits de l'Homme n°24 - 1er octobre
1995 p673-714 (Bruylant et Nemesis)
* 39 Doyen MELEDJE DJEDJRO
« Les rapports entre le droit international et le droit
interne : application à l'ordre juridique ivoirien », pp
1-9, Séminaire technique organisé au CIREJ par la commission
interministérielle de mise en oeuvre du DIH, mai 1998
* 40 Les articles 86 et 87
disposent que « Si le Conseil Constitutionnel, saisi par le
Président de la République, ou par le Président de
l'Assemblée Nationale ou par un quart au moins des
députés, a déclaré qu'un engagement international
comporte une clause contraire à la Constitution, l'autorisation de le
ratifier ne peut intervenir qu'après révision de la
Constitution », « Les traités ou Accords
régulièrement ratifiés ont, dès leur publication,
une autorité supérieure à celle des lois, sous
réserve, pour chaque Traité ou Accord, de son application par
l'autre partie »
* 41 DEGNI-SEGUI
René, Droit administratif général, tome 2 Editions CEDA
Abidjan, Avril 2003 p300. Pour le Professeur, « d'un coté,
affirmer la supériorité de la constitution sur le traité,
c'est mettre en cause une règle fondamentale de l'ordre international,
pacta sunt servanda et du coup la société
internationale et les rapports qu'il régente. De l'autre coté
prescrire la supériorité du traité sur la constitution,
c'est vider la norme internationale de sa substance, c'est nier la
souveraineté même de l'Etat. La souveraineté implique en
effet la super ordination et l'exclusion de toute subordination. Aussi la
solution retenue par le constituant a-t-elle été d'éviter
la contradiction ».
* 42 DEGNI-SEGUI René Op
cit p 125
* 43 L'art 84 dispose que
« le Président de la République négocie et
ratifie les Traités et Accords internationaux »
* 44 La
délégation de pouvoir par le Chef de l'Etat en la matière
est prescrite par le décret n°61-157 du 18 mai 1961 portant
ratification et publication des engagements internationaux souscrits par la
Côte d'Ivoire.
* 45 L'illustration la plus
parfaite reste l'exemple donnée par l'article 59 nouveau Code de
procédure pénale, qui autorise les perquisitions de jour comme de
nuit
* 46 Zagbayou Franck
« les députés s'engagent à sauvegarder la
dignité de la personne humaine » in Fraternité matin
n°11275 du 08 et 09 juin 2006 p2
* 47 Le mardi 4
décembre 2007, à la tribune « ça nous
intéresse », une émission de la
Télévision ivoirienne Première chaîne, le
président des ONG de Côte d'Ivoire Tapé Mambo a
fustigé cette loi tout en indiquant qu'on ne peut pas parler de ONG en
Côte d'Ivoire mais d'association puisque la loi de 1960 ne permet pas
cela. A cet effet, une proposition de loi est sur la table des
députés pour corriger cet état de fait.
* 48 Le 18 avril 2003, la
Côte d'Ivoire a déposé une déclaration auprès
de la Cour pénale internationale reconnaissant la compétence de
celle-ci pour les crimes commis sur son territoire depuis le 19 septembre 2002.
C'est en février que le Greffe de la Cour a confirmé que cette
déclaration avait été bien reçue.
* 49Le Statut de la cour
pénale internationale adopté du 15 au 17 juillet 1998 à
Rome en Italie et entré en vigueur le 1er juillet 2002
* 50 Art 27 du statut de
Rome « ...s'applique à tous de manière égale,
sans aucune distinction fondée sur la qualité officielle. En
particulier, la qualité officielle de chef d'État ou de
gouvernement, de membre d'un gouvernement ou d'un parlement, de
représentant élu ou d'agent d'un État, n'exonère en
aucun cas de la responsabilité pénale au regard du présent
Statut, pas plus qu'elle n'exonère le gouvernement ou constitue en tant
que telle un motif de réduction de la peine. Les immunités ou
règles de procédure spéciales qui peuvent s'attacher
à la qualité officielle d'une personne, en vertu du droit interne
ou du droit international, n'empêchent pas la Cour d'exercer sa
compétence à l'égard de cette personne ».
* 51 CNSP désigne la
junte militaire dirigée par le général Robert GUEI, ayant
pris le pouvoir et qui a été à la base de la naissance de
la 2e république par l'adoption référendaire de la
présente constitution.
* 52 Kouablé Clarisse
Gueu, le statut de la Cour pénale internationale devant le Conseil
Constitutionnel ivoirien : commentaire de la décision cc
n°002/cc/SG du 17 décembre 2003 relative au contrôle de
conformité du traité de Rome de la Cour pénale
internationale à la Constitution ivoirienne du 1er août
200, in Revue ivoirienne de droit n° 38-2007 p112-149
* 53 Doyen MELEDJE Djedjro,
«Responsabilité des acteurs politiques sous thème du cadre
institutionnel intermédiaire », Forum de dialogue
national organisé en septembre 2006 à Grand Bassam
* 54 Le
précédent posé par l'affaire Essoh Lath ne donne pas
d'assurance quant à lever l'immunité diplomatique. En effet,
l'Assemblée Nationale à qui il était demandé de
lever l'immunité parlementaire d'un député de la
majorité au pouvoir, soupçonné d'avoir assassiné sa
concubine, refuse en raison des liens de parenté existant entre le de
cujus et le Ministre de la justice. L'un des parlementaires, ancien Ministre,
déclare sans détour en juillet 1993 : c'est envoyer un
député à l'abattoir que de laisser la justice suivre son
cours. Voir le commentaire du professeur Dégni-Ségui, Les droits
de l'Homme en Afrique Noire Francophone, théorie et
réalité .p150
* 55 Le Conseil
constitutionnel ivoirien par décision cc n°002/cc/SG du 17
décembre 2003 relative au contrôle de conformité du
traité de Rome portant Statut de la Cour pénale internationale
à la constitution ivoirienne de 2000, déclaré la
constitution non conforme. Ce qui induit sa révision si la Côte
d'Ivoire veut ratifier le traité. La situation du moment donne de
constater que cette révision n'est à l'ordre du jour.
* 56 Larry
MINEAR « Ethique et sanctions » in des choix
difficiles, les dilemmes moraux de l'humanitaire, Paris, Editions Gallimard,
1999, p297-319
* 57 Aux termes de l'article 36
du décret n° 96-574 du 31 juillet 1996 portant règlement de
service et de discipline générale dans les Forces Armées
nationales, « Le chef assume l'entière responsabilité
de l'exécution et des conséquences des ordres qu'il a
donnés. Sa responsabilité ne peut qu'être
dégagée qu'en cas de faute personnelle de son subordonné
et reconnue par les instances compétentes, militaires ou
judiciaires »
* 58 Rapport de ONUCI sur le
système judiciaire de la Côte d'Ivoire 28 Juin 2007. Ces chiffres
et commentaires sont tirés de ce rapport
* 59 Pour la formation des
magistrats un décret a été pris 03 février 2005
portant formation d'un institut national de formation judiciaire (INFJ). Elle
comprend 4 écoles, (école : de la magistrature ; des
greffes ; de l'administration pénitentiaire et de l'éducation
surveillée; de la formation continue), voir le rapport de ONUCI sur le
système judiciaire de la Côte d'Ivoire 28 Juin 2007
* 60 La conférence
générale de l'UNESCO réunie en 1958, définie
l'analphabète comme une personne incapable de lire et écrire en
le comprenant un exposé simple et bref des faits en rapport avec sa vie
quotidienne. Pour l'auteur, le taux d'analphabétisme chez les adultes
était de 96% en 1962, de 89% en 1970, il atteint actuellement les
51,4%.Mais le contenu de cette notion a évolué, elle
désigne tout individu «incapable d'exercer toutes les,
activités pour lesquelles l'alphabétisation est nécessaire
au bon fonctionnement de son groupe et de sa communauté et aussi pour
lui permettre de continuer à lire, écrire et calculer, en vue de
son propre développement et de celui de sa communauté».
* 61 TANO Yolande,
«l'inaptitude juridique de l'analphabète» in Studi
Giuridici italo-ivoriani, Atti del convegno Macerata 21-23 marzo 1991,
Milano Dott A. Giuffrè editore, 1992 p 253. Le système juridique
moderne est fondée sur l'écrit... il est évident que
l'analphabète est désavantagé en raison de son
état. Se sentant inapte à la chose de droit, il
préfère se détourner de la justice moderne au profit de
celle villageoise.
* 62 DEGNI-SEGUI R op cit
p148
* 63 Kéba M'Baye, Le
droit en déroute, liberté et ordre social, ED. de la
Balonière, 1969, p90
* 64 Arrêt de la Cour
Suprême de Côte d'Ivoire, Chambre Administrative du 8
février 1985 : annulation des résultats de l'examen du
Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat et la lettre
administrative du Président de la République aux Garde des Sceaux
Ministre de la Justice le 18 septembre 1985 (lettre n°662/PR/CAB)
* 65 Rapport des Nations Unies
sur le système judiciaire en Côte d'Ivoire 28 juin 2007
* 66 Le Président de
la République (exécutif) préside le conseil
supérieur de la magistrature, il nomme les magistrats le budget du
conseil dépend de l'exécutif. Jusqu'en 2000 (constitution de
1960) on parlait de autorité judiciaire ce que la constitution de 2000 a
corriger en employant pouvoir judiciaire.
* 67 L'affaire
Sébastien Zéhi Sébastien contre la poste de Côte
d'Ivoire qui a deffrayé la chronique toute l'année 2006 et
2007
* 68 Kohon Landry in
Fraternité Matin n°12795 du 03 juillet 2007 p5 :
« l'infirmier major Ouattara Kimon J. et le surveillant
Palé de la Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan (MACA) ont en
échange de 50 millions de francs CFA, ont fait évadé 4
Srilankais condamnés par la justice ivoirienne pour
malversation»
* 69 Ce développement
a été tiré du discour de Peter Takirambudde, directeur
exécutif à la Division Afrique Human Rights Watch à New
York, le 7 octobre 2004 à l'occasion d'un forum sur la Côte
d'Ivoire.
* 70 Selon le rapport 2006
de Transparency International, la Côte d'Ivoire serait le
neuvième pays le plus corrompu au monde ex aequo avec 5
autres pays d'Asie et d'Afrique, et le sixième pays le
plus corrompu en Afrique derrière la Guinée, le Soudan, la RDC,
le Tchad et la Guinée Equatoriale
* 71 Voir l'article du Doyen
MELEDJE DJEDJRO, op cit
* 72 Voir à ce propos
le rapport présenté par DIARRA Rosalie en formation continue en
droit et action humanitaire sur le thème : La mise en oeuvre du
DIH : le cas de la commission interministérielle Nationale pour la
mise en oeuvre du DIH en juin 2006 au CERAP/IDDH
* 73 Par décret n°
2006-003 du 25 janvier 2006 portant attribution des membres du gouvernement,
par l'arrêté n° 38/MSVG/CAB du 4 juillet 2006 modifiant
l'arrêté n°1/MSSSS/CAB du 25 novembre 2002, le
ministère de la solidarité et des victimes de guerre a
relancé l'action de cette Cellule par extension vers les personnes
vulnérables et les populations sinistrées.
* 74 Rapport
d'étude : « l'exploitation des enfants dans le
contexte de la crise militaire et politique en Côte d'Ivoire :
situation particulière dans les zones d'accueil des
déplacés et des réfugiés » BIT, HCR,
IPEC, LUTRENA 2006 p 94-98
* 75 Extrait du Discours du
Secrétaire général des Nations unies, M. Boutros
Boutros-Ghali, prononcé à l'ouverture de la conférence
mondiale sur les droits de l'Homme sur le thème : Les défis
du CICR et du DIH, Vienne, 14 juin 1993.
* 76 Pr. Acka Sohuily
Félix, « Guerre pour la paix en Afrique, de quel
droit ? » Colloque international sur les droits de l'homme en
Afrique de l'Ouest ; CERAP ; Abidjan ; 13-15 mars 2006, p. 2 ,
le professeur faisait allusion à une à une citation de Thierry
Hentsh « la guerre est un cancer à l'aisselle du
continent » .
* 77 Idinama Kotoudi,
« Comprendre et traiter la crise en Côte d'ivoire »,
Institut Panos Afrique de l'Ouest, Faits et documents, novembre 2004, 172 p.
en septembre 2002, la mutinerie dite des « Zinzins » et des «
Bahéfouets », des noms de guerre de 700 soldats recrutés
sous GUEI et qui doivent être démobilisés dans le cadre de
la restructuration des forces armées. Ils ont été à
l'origine de la rébellion dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002.
* 78 Honoré GUIE
« les causes intrinsèques du conflit ivoirien : Les
questions de nationalité, d'immigration et
d'éligibilité ». Actes du colloque international sur la
Côte d'Ivoire, Université Saint-Paul, Ottawa (Février
2004), Perspectives, partenariat Afrique Canada : Côte d'Ivoire
consolidation d'une paix fragile. P 18-26.
* 79 le 28 novembre le
Mouvement patriotique Ivoirien du Grand Ouest (MPIGO) et le Mouvement pour la
Justice et la Paix (MJP) ont pris les villes de Man et de Danané, dans
l'Ouest du pays
* 80 Ruth
Marshall-Fratani, « Liaisons dangereuses : Les
implications régionales de la guerre
ivoirienne »
Actes du colloque international sur la Côte d'Ivoire,
Université Saint-Paul, Ottawa (Février 2004), Perspectives,
partenariat Afrique Canada : Côte d'Ivoire consolidation d'une paix
fragile. P 25-35.
* 81 Dans les zones sous
occupation rebelle, Il faut noter que cette zone comprend : la zone sous
contrôle du MPCI au Nord et celle sous contrôle du MPIGO et MJP
à l'Ouest. Le MJP et le MPIGO sont sous la tutelle du MPCI et pour des
raisons politiques, tous ces groupes rebelles ont fusionné en Forces
Nouvelles
* 82 Le premier cessez le feu a
été l'oeuvre du Sénégal par le biais de son
ministre des affaires étrangères Ousmane Cheick Gadio le 17
octobre 2002
* 83 Le principe Uti
possidetis juris. a été défini comme règle de
transmission au nouvel Etat des frontières laissées par le
colonisateur, Il s'agissait surtout de résoudre la question des
délimitations frontalières d'Etats à la
souveraineté nouvelle donc fragile, dont il fallait assurer la
stabilité. Ce principe a été approuvé par les
Africains par le biais de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA).
* 84 Op. cit . Uti
possidetis juris
* 85 Commission
internationale de l'intervention et de la souveraineté des
Etats :« la responsabilité de
protéger » Centre de recherches pour le
développement international, Ottawa (Ontario) Canada décembre
2001 p 21-26
http://www.crdi.ca/booktique.
* 86 Op cit Commission
internationale p9-12
* 87 Éric Goemaere
(Directeur de Médecins sans frontières Belgique) et
François Ost (Professeur aux Facultés universitaires
Saint-Louis), « L'action humanitaire : questions et
enjeux » in La Revue Nouvelle, novembre 1996, p 76-96
* 88 La « zone de
confiance » est une zone tampon créée en juin 2003 pour
séparer les combattants des Forces Nouvelles occupant la moitié
Nord de la Côte d'Ivoire, des troupes gouvernementales, contrôlant
la moitié Sud. C'était une ligne imaginaire qui allait d'Est en
Ouest sur 600 km, elle estimée à environ 12 000 à
20 000 km² (soit entre 4 et 6 % du territoire ivoirien) et sa
population à environ un million d'habitants (soit environ 6 % de la
population du pays). Cette ligne était destinée à
séparer les ex-belligérants (rebelles et forces loyalistes) et a
permis, petit à petit, le rétablissement de la confiance. Les
accords de Ouagadougou ont décidé de l'éliminer pour
réunifier le pays. Cette zone est remplacée par une ligne verte
(14 septembre 2007) qui est placée sous la responsabilité de
forces de défense et de sécurité ivoiriennes
réunifiées (brigade mixte du centre de commandement
intégré) tandis qu'une présence internationale
d'observation est temporairement maintenue, mais devrait être peu
à peu réduite jusqu'à disparaître d'ici à la
fin de l'année 2007, si le processus de réunification du pays se
poursuit sans encombre.
* 89 Côte d`Ivoire : OCHA
Rapport Hebdomadaire No. 43 « le Président Gbagbo aurait
écrit au Secrétaire Général des Nations Unies Kofi
Annan. Dans cette lettre, le Président Gbagbo informe le
Secrétaire Général des Nations Unies que « toute
(...) mesure qui tendrait à transférer les pouvoirs relevant des
attributions du Président de la République élu au Premier
ministre, notamment les nominations aux emplois civils et militaires, la
signature des décrets et des ordonnances ainsi que la promulgation des
lois constituera une suspension de la constitution ivoirienne. L'organisation
des Nations Unies (...) violera ainsi sa propre charte et se rendra coupable
d'une atteinte à la souveraineté de mon pays. Cela ne sera pas
accepté par le gouvernement de la Côte d'Ivoire dont je suis le
représentant légal et légitime. »
* 90 Rapport de Amnesty
international sur les événements de 2004 et de 2006 (Index
AI : AFR 31/005/2006)
* 91 Article 13
alinéa 1 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de
1948 dispose que « Toute personne a le droit de circuler librement et
de choisir sa résidence à l'intérieur d'un
Etat » et art 12 de la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des
Peuples « Toute personne a le droit de circuler librement et de
choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat, sous
réserve de se conformer aux règles édictées par la
loi »
* 92 Discours de Jakob
Kellenberger, Président du Comité international de la
Croix-Rouge, prononcé à Washington, à l'Université
de Georgetown, 19 octobre 2006.
www.icrc.org
* 93 Le ministre des loisirs
et des sports était à Bouaké dans le cadre de
l'organisation d'un tournoi de football, il a été enlevé
par les rebelles pour servir d'otage. Après quelques jours de
captivité, le ministre a du regagner Abidjan par la ruse selon ce qu'il
a confié à fraternité matin n°11371 du 1er
octobre 2002 p9.
* 94 Selon le manuel
d'application des principes directeurs relatifs aux déplacements
internes, OCHA 1999 p6, « les personnes déplacées
à l'intérieur de leur propres pays sont des personnes qui,
individuellement ou en groupes ont été forcées ou
obligées de quitter leur foyer ou leur lieu de résidence
habituel, notamment par suite de conflit armés, de violence
généralisée, de violation des droits de l'Homme ou de
catastrophes naturelles ou d'origine humaine, ou pour éviter les effets
de telles situations, et qui n'ont pas traversé une frontière
nationale internationalement reconnue ». Selon ce manuel les
déplacés doivent jouir d'un traitement social. Ce sont ces
principes que OCHA diffuse à travers ce Manuel.
* 95Article de Ahoua Guy
Martial Able sur Les rencontres de Niamey sur le Thème :
Citoyenneté, droits humains et consolidation de la paix ;
Violations des droits humains en Côte d'Ivoire dans le contexte de
conflit armé (19 septembre 2002 - juillet 2004), « les
arrestations des voyageurs sous prétexte qu'ils sont des rebelles qui
veulent infiltrer la zone gouvernementale. Il y a plusieurs cars comprenant des
étrangers en partance pour Abidjan qui ont du fait retour à la
case de départ » http.//www.niamey.m2014.net/rubrique.
* 96 Op cit Ahoua Guy
Martial Able sur Les rencontres de Niamey « L'impossible retour de
certaines populations ivoiriennes déplacées des zones forces
nouvelles suites aux arrestations de certains voyageurs qui sont pris comme des
agents secrets du président Gbagbo qui viennent infiltrer la zone par
les combattants des forces nouvelles
* 97 AFP « 170
élèves étrangers bloqués dans une
école » in Fraternité Matin 116364 du
23 septembre 2002, p5
* 98 Ouedrogo Issoufou
« interview de l'ambassadeur de France à Ouagadougou au
journal sidwaya, 3 opérations d'évacuation (Bouaké,
Korhogo Man et Danané dans la crise ivoirienne » in
Fraternité Matin n°11437 du 21 et 22 décembre 2002
p8
* 99 Youssouf Sylla
« les soldats français évacuent leurs ressortissants et
ceux des autres communautés » in
Fraternité Matin n°11367 du 27 septembre 2002 p7
* 100 OCHA Rapport
Hebdomadaire No. 43
* 101 Article 23 IVe
convention de Genève « Chaque Haute Partie contractante
accordera le libre passage de tout envoi de médicaments et de
matériel sanitaire ainsi que des objets nécessaires au culte,
destinés uniquement à la population civile d'une autre Partie
contractante, même ennemie. Elle autorisera également le libre
passage de tout envoi de vivres indispensables, de vêtements et de
fortifiants réservés aux enfants de moins de quinze ans, aux
femmes enceintes ou en couches. »
* 102 L'art 55 de la IVe
convention dispose que « ... la Puissance occupante a le devoir
d'assurer l'approvisionnement de la population en vivres et en produits
médicaux ; elle devra notamment importer les vivres, les fournitures
médicales et tout autre article nécessaire lorsque les ressources
du territoire occupé seront insuffisantes. ... Sous réserve des
stipulations d'autres conventions internationales, la Puissance occupante devra
prendre les dispositions nécessaires pour que toute réquisition
soit indemnisée à sa juste valeur.
* 103 Alakagni Hala
« 900km en 6 jours pour atteindre Bouaké,
Katiola et Dabakala ; convoi humanitaire organisé par la
coordination des cadres des élus du grand centre » in
Fraternité Matin n°11400 du 5 novembre 2002 p6 et 7
* 104
Déclaration par Pierre Krähenbühl, directeur
des Opérations au CICR au Conseil des Délégués du
Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sur le
thème Défis de l'action humanitaire dans les situations de
conflit armé et de violence interne à Séoul,
République de Corée, 16-18 novembre 2005
* 105 A la suite de
l'entretien que le chef du sous bureau ASA nous accordé, il ressort que
les vivres acheminés par la cellule urgence et action humanitaire
(cellule gouvernementale) ont été entreposés à la
mairie de Guiglo, aux vues et aux sues de tous les vivres se sont
retrouvés sur le marché. Nous avons approché ces
autorités pour en savoir plus mais une fin de non recevoir nous a
été opposée catégoriquement. On peut deviner
aisément ce qui s'est passé.
* 106 A plusieurs reprises les
convois de PAM ont été bloqués et pillés par des
villages au motif que la distribution à leur niveau ne les satisfait pas
alors que le camion doit desservir d'autres villages. L'un des derniers remonte
au mois de septembre dans le Moyen Cavally
* 107 Aux termes de l'article
6 de la constitution ivoirienne, « L'Etat assure la protection des
enfants, des personnes âgées et des personnes
handicapées »
* 108 Certains Etats avec
la Côte d'Ivoire, à la conférence de Niamey se sont
proposés en cas de conflit armé, de faciliter l'accès aux
civils en cas de besoin et d'assurer leurs sécurité, c'est du
moins ce qui ressort de cette Conférence sur le droit international
humanitaire pour la protection des populations civiles en cas de conflit
armé en Afrique Niamey, 18-20 février 2002 point 14
de la déclaration finale
* 109 Rapport d'Amnesty
International sur la Côte d' Ivoire pour l'année 2005
* 110 Voir rapport de Human
Rights Watch sur la situation sécuritaire en zone rebelle.
www.hrw.org
* 111 OCHA Rapport
Hebdomadaire No. 10 du 05 au 11 mars 2007
* 112 Le cas du ZOU
(sous-préfecture située dans le département de Bangolo
dans les 18 montagnes) est celui qui préoccupe le plus tous les
humanitaires à l'ouest de la Côte d'Ivoire, la situation
particulière qui y règne ne permet pas l'accès total aux
sinistrés. Pour l'histoire, les autochtones Guéré ayant
attaqué leurs hôtes (Burkinabés) se sont vus chassés
de leur territoire parce que ceux ci se sont fait aidés par la
rébellion qui a épousé leur cause. Vainqueurs, ils ont
confisqué les butins de guerre. Soupçonnés d'être de
mèche avec la rébellion, les allochtones (Burkinabés) se
sont repliés dans les champs et dans la partie nord du ZOU pendant que
certains Guérés qui sont restés ont fuit vers la partie
sud, créant du coup une ligne de non franchissement au risque
d'affrontements meurtriers pour ceux qui s'engageraient sur la voie des champs.
Ces populations ont trouvé refuge à Guiglo et Toulépleu
où elles ont occupé et confisqué les plantations des
autres autochtones (Guérés) chassés par la guerre. La paix
se faisant avec les accords de Ouagadougou et avec le travail l'OIM
(Organisation Internationale pour les Migrations), les autochtones
Guérés de Guiglo et de Toulépleu ont accepté de
renter et par la même occasion de rétrocéder les champs des
allogènes chassés qui résidaient au (CATD 1 et 2 camps
temporaires créer pour recevoir les déplacés
burkinabés de Guiglo et de Toulépleu). Les champs
rétrocédés, les guérés de Guiglo n'arrivent
pas à accéder à leurs plantations parce que occupés
par les déplacés du ZOU (autochtones Guérés) qui
refusent pour la plupart de rentrer sur leurs terres. Les préalables
posés se résument en la réhabilitation de leurs champs qui
ont été saccagés par les burkinabés (des
plantations de cacao et café ont été détruites au
profit d'autres cultures). Il y règne une situation sécuritaire
délétère qui risque de compromettre tous les efforts
déjà consentis par les humanitaires. Pour la conception d'un
projet de cohésion sociale nous y avons mené des
enquêtes.
* 113 La bataille de
Solferino a été le motif fondateur du CICR en 1864
* 114 En septembre 2OO7, 10
soldats de l'Union Africaine ont trouvé la mort dans une attaque
délibérée dirigée contre eux ; il en a
été de même en Côte d'Ivoire où par des
frappes aériennes l'aviation ivoirienne a fait des morts dans les rangs
des soldats de la Licorne cantonnés à Bouaké. Cela a
été l'élément déclencheur des tensions qui
ont régné jusqu'au 10 novembre 2004.
* 115 Les jeunes patriotes
sont ceux qui par leurs actions ont soutenu le gouvernement en place avec
à leur tête Blé goudé ancien secrétaire
général de la FESCI.
* 116 Rapport d'Amnesty
international sur les événements de 2004 et de 2006
* 117 Rapport de Amnesty
international sur les événements de 2004 et de 2006 :
À propos de ces pillages, le gouverneur militaire de région du
Moyen Cavally a indiqué : «Après le départ des
soldats onusiens, il y a eu des actes de pillage, les gens se sont
attaqués à tout ce qui représentait l'ONU. L'armée
ne pouvait rien faire pour contenir la foule. Elle ne dispose pas de
matériel non létal. Les actes de pillage ont aidé à
l'extraction des soldats onusiens dans la zone de confiance.»
* 118 L'entretien que nous
a accordée le lieutenant Zou le 13 août 2007
(officier de liaison entre l'armée ivoirienne et les structures des
Nations unies civiles comme militaires), nous a permis de comprendre l'ampleur
du calvaire subi par les humanitaires pendant ces tristes moments. Nous avons
pu apprécier les services de ce soldat valeureux.
* 119 Fraternité matin
n° 11384 du16 octobre 2002
* 120
Déclaration par Pierre Krähenbühl, directeur
des opérations du CICR à l'occasion d'une réunion tenue
au Forum humanitaire de haut niveau, Palais des Nations, Genève - 31
mars 2004)
* 121 L'indice de
sécurité en Côte d'Ivoire a atteint la phase 3 selon
le Président de la République dans son discours à la
tribune des NU le 26 septembre 2007, où il plaidé que les NU
revoient à la baisse cet indice en fonction de l'évolution de la
situation politique avec les accords de Ouagadougou.
* 122 Béatrice
pouligny, L'humanitaire non gouvernemental face à la guerre : Evolutions
et enjeux, CERI, Paris, 29-30 mai 2000
* 123 Le droit international
humanitaire trouve fondement dans la distinction entre combattant et non
combattant.
* 124 Par l'ouest du pays nous
entendons les régions du Moyen Cavally et des 18 montagnes.
* 125 Selon l'analyse de Ruth
Marshall, la situation particulière à l'ouest, La
régionalisation de la guerre en Côte d'Ivoire montre que le «
système de conflit » qui s'est cristallisé à partir
de la guerre au Libéria depuis 1989 a encore gagné du terrain.
L'opposition entre les (Krahns ethnie soeur des Wê guéré
en Côte d'Ivoire)du LURD fidèles à feu Samuel Doe et le
LIMA( a forte consonance Yacouba, une ethnie ivoirienne) du MODEL proche de
Prince Johnson, s'est transposée en Côte d'Ivoire entre ces deux
ethnies, exacerbée par le conflit foncier rural.
* 126 Op cit Ruth Marshall
Fratani, liaison dangereuse
* 127 L'analyse de Ruth
Marshall Fratani abouti à cette conclusion de qui d'ailleurs est
confirmée tant par les humanitaires que par les miliciens de Mao
Glofiéhi et du Pasteur Gami qui ont eu à les côtoyer sur
les fronts de guerre. Ces milices à l'ouest sont étoffées
en majorité de combattants libériens.
* 128 Cet estimation est le
fait des combattants de Mao Glofliéi qui ont bien voulu se
prêtés à nos questions. Certains humanitaires sans
officiellement le confirmé en font allusion c'est le cas de certains
chefs de sous bureau qui pour des questions de sécurité nous
voulons bien taire les noms.
* 129 La situation des
déplacés est tellement alarmante que le représentant
spécial du Secrétaire général de l'ONU pour les
droits de l'homme et des personnes déplacées, l'Allemand Walter
Kälin, a demandé au gouvernement ivoirien de
« prendre les mesures nécessaires » pour
assurer la sécurité des déplacés en Côte
d'Ivoire. Selon lui, ces personnes déplacées « ont
été victimes, tout au long de la crise, de violations graves des
droits de l'homme de la part de toutes les parties en conflit et d'autres
acteurs impliqués ». Rapport de l'ONU avril 2006
* 130 Ouattara Abou,
Mémoire de DEA sur le thème les réfugiés dans la
crise ivoirienne, Université de Cocody, UFR des Sciences Juridique,
administrative et Politique, 2005, p 44. « en 2002 et 2003, les
autorités et populations de Grand Lahou ont refusé d'offrir un
site pour la relocalisation des réfugiés au motif qu'ils
transportent la guerre chez eux.
* 131, 7000 Burkinabé
déplacés se trouvent au Centre d'Assistance Temporaire des
Déplacés à proximité de « peace
town » camp des réfugiés à Guiglo.
* 132 Rapport de Human wrights
de mai 2005 sur le conflit ivoirien www.hrw.org
* 133 Pierre Franklin TAVARES,
« pourquoi ces coups d'Etat en Afrique », in le monde
Diplomatique janvier 2004
* 134 Dans une interview
à ONUCI FM en septembre 2007, l'ambassadeur de France en Côte
d'Ivoire, André Jarnier confiait qu'en 2006, la France a
contribué à 50% de la recette fiscale et de 30% du PIB de la
Côte d'Ivoire par le biais des entreprises françaises
implantées sur son sol. Chose qui confirme le contrôle total de
l'économie ivoirienne
* 135
Déclaration de Pierre Krähenbühl, directeur des
Opérations au CICR au Conseil des Délégués du
Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge - Séoul,
République de Corée, 16-18 novembre 2005 sur le thème
« Défis de l'action humanitaire dans les situations de conflit
armé et de violence interne ». Le directeur fustige l'attitude
des grandes firmes internationationales qui tiennent en otage des Etats en leur
imposant leurs seules volontés dans le sens de la conservation de leurs
interêts économiques.
* 136 Pierre Franklin TAVARES,
« pourquoi ces coups d'Etat en Afrique », in le monde
Diplomatique janvier 2004
* 137 Yves Ekoué
Amaïzo est un économiste à la Banque mondiale. L'analyse
qu'il fait de la crise ivoirienne est à titre personnelle.
* 138 Yves Ekoué
Amaïzo, op cit
* 139 Idinama Kotoudi,
« Comprendre et traiter la crise en Côte d'ivoire »,
Institut Panos Afrique de l'Ouest, Faits et documents, novembre 2004, 172 p.
* 140 Chauveau J.P et Al,
Les transferts coutumiers des droits entre autochtones et
« étrangers ». Evolution et enjeux
actuels de la relation de « tutorat ». In Rapport
final du programme de recherche Européen, Claims (changes in land
Access institution and markets) Londres IIED, 2006, p.1
* 141 Rapport
présenté par GAOULI BI Anicet Paterne (Chaire UNESCO pour la Paix
- Université de Cocody, Abidjan) sur le thème « tutorat
et onflits fonciers ruraux dans l'ouest ivoirien : le cas de Fengolo dans
la sous-préfecture de Duekoué » Le Guéré
est l'individu qui adore la pratique de la chasse au détriment de la
culture. Il serait alors anormal de le traiter de paresseux. Cependant dans les
années 1980, ils ne se sont pas empêcher de céder toutes
leurs terres à des Baoulé et Burkinabé qui eux
étaient habitué à la pratique de la culture de rente.
* 142 Dans la plupart des
missions effectuées avec ASAPSU pour la réhabilitation des pompes
hydrauliques villageoises (programme PUR 3 lancé par UNICEF qui prend en
compte la réhabilitation des pompes affectées par la guerre sans
l'apport communautaire du village) dans le moyen Cavally, nous avons souvent
été surpris par les réactions des villageois face à
l'aide à leur demander pour transporter certains matériels du
camion à la pompe à réparer :
« combien de francs voulez vous nous payer pour ce
travail ? » alors qu'il s'agit de leur apporter gratuitement de
l'eau potable qu'ils n'avaient plus depuis près de 4 ans.
* 143 Il est fait allusion au
détournement de l'aide humanitaire au Kosovo et dans bien d'autres
pays
* 144 La situation à
l'ouest illustre bien ce tableau noir. Les milices pro gouvernementales d'auto
défense (celles dirigées par Mao Glofiéï, Pasteur
Gami et autres) recevaient régulièrement des vivres des
autorités gouvernementales et des cadres de la région. Pour avoir
à leur solde les enfants soldats et certaines populations, elles
confisquaient toutes l'aides convoyées par l'Etat aux sinistrés
et aussi celles convoyées parles humanitaires afin d'avoir le
contrôle total de la zone.
* 145 Commentaire de
Véronique Lassailly-Jacob Géographe, in Les paradoxes de l'aide
alimentaire dans les camps de réfugiés en Afrique,
Université de Poitiers
http://fig-st-die.education.fr/
http://www.hcci.gouv.fr/ on
parle de aide humanitaire parce qu'une situation économique sociale est
devenue difficile à vivre
* 146 Les accords de
Marcoussis pour la partie gouvernementale lui ont été
imposés, ce qui a motivé son manque de sincérité
dans l'application. Cf. L'adresse du Chef de l'Etat pour présenter les
accords de Ouaga.
* 147 Youssouf Sylla
« les populations affamées en appellent à l'aide
humanitaire » in Fraternité Matin
n°11383, p14
* 148 Alakagni Hala
« 900km en 6 jours pour atteindre Bouaké, Katiola et
Dabakala ; convoi humanitaire organisé par la coordination des
cadres des élus du grand centre » in
Fraternité Matin n°11400 du 5 novembre 2002 p6 et 7
* 149 Monsieur Zabavi,
directeur du sous bureau GTZ CFR (centre de formation et de réinsertion)
Guiglo nous a accordé une rencontre le 16 septembre 2007 au cours de la
quelle il s'est prêté à nos questions.
* 150 Dans les heures qui
ont suivi le départ des troupes de l'ONUCI, tous les bâtiments
onusiens de Guiglo ont été pillés. Un témoin a
raconté à Amnesty International : «Les bâtiments
appartenant à OCHA, au PAM ont été pillés, les gens
transportaient tout ce qu'ils trouvaient : le riz, l'huile, les militaires se
sont servis également. Certains par la suite ont essayé de
revendre des climatiseurs. Les gens cherchaient le maximum, certains
remplissaient des voitures, d'autres des taxis, des pousse-pousse et des
vélos, d'autres portaient les marchandises sur la tête. Sur place,
des gens vendaient le matériel, les prix variaient en fonction de la
quantité disponible. Ces pillages ont amené le calme et les morts
étaient vite oubliés.»
Rapport d'Amnesty International sur les
évènements de 2004 et de 2006 à Abidjan, Daloa et Guiglo.
* 151 Idinama Kotoudi,
« Comprendre et traiter la crise en Côte d'ivoire »,
Institut Panos Afrique de l'Ouest, Faits et documents, novembre 2004, 172 p
* 152 Op. cit. Idinama Kotoudi
* 153 Op. cit. Idinama
Kotoudi
* 154 Op. cit. Idinama
Kotoudi
* 155 Par
Houphouëtiste il faut entendre le bloc politique contre le parti au
pouvoir c'est à dire le Front Populaire Ivoirien. Ce sont le PDCI, le
MFA, l'UDPCI, le RDR et le bloc rebelle c'est à dire MPCI.
* 156 Les points 4, 5, 6
et 7 du chronogramme de mise en oeuvre de l'accord de Ouagadougou
« 4. Formation du Gouvernement (05) semaines après la
signature de l'Accord, 5. Suppression de la zone de confiance et mise en place
des unités mixtes (01) semaine après la formation du Gouvernement
6. Démantèlement des milices (02) semaines après la
formation du Gouvernement et dure deux semaines, 7.Regroupement (rassemblement
par unité des ex-combattants dans les sites de regroupement et stockage
des armes sous la supervision des Forces Impartiales).
* 157 Au cours de
l'entretien que nous a accordé Monsieur Filipe TOME (Directeur du sous
bureau CICR de Guiglo) le 10 septembre 2007, il a insisté sur une image
qui selon lui est capitale pour toute structure qui se veut humanitaire.
« Au CICR nous préparons les tables de négociations
sans réserver de siège pour nous même », c'est
dire tout simplement tout humanitaire doit se garder de prendre une position
politique au risque de compromettre son action humanitaire
* 158 Voir le système
de son financement de l'ONG sur son site
www.paris.msf.org .
* 159 MSF, pendant la
crise, a permis de remettre sur les rails certains hôpitaux des zones
rebelles. C'est dans ce cadre qu'elle était à l'hôpital
général de Man, mais le fait de prendre des position politiques
contre le conseil général, lui valu une expulsion de la ville.
Mais on comprend aisément sa position quand on se réfère
aux circonstances qui présidé à sa création, qui
constituent un acte de contestation contre le respect de neutralité par
le CICR pendant la guerre de Biafra.
* 160 Youssouf Sylla
« les soldats français évacuent leurs ressortissants et
ceux des autres communautés » in
Fraternité Matin n°11367 du 27 septembre 2002 p7
* 161 Union villageoise des
producteurs agro pastoraux (UVPAP) est une ONG ivoirienne qui pour la
situation s'est vue transformer en humanitaire. C'est dans ce cadre que la
structure des Nations unies pour la migration OIM a conclu un accord de
sous-traitance avec elle. Ce contrat a consisté pour l'essentiel
à faire un travail préparatoire à la cohésion
sociale au retour des déplacés de guerre, installés au
CATD 1 et 2 à Guiglo. Au terme de quelques mois de travail, OIM a fait
circuler des e-mails à tous ses partenaires pour signifier la rupture
de son contrat avec UVPAP au motif que l'ONG n'a pas respecter les clauses du
contrat. Selon OIM, le non respect des engagements est dû à la non
qualification des agents de terrain qui du reste sont qualifiés pour les
activités pastorales. ASAPSU qui nous a servi de cadre de stage fait
partie de ceux qui ont reçu ces mails.
* 162 Le Ministre
Guikahué quand il avait en charge le ministère de la
santé, permettait aux ONG surtout celles qui évoluaient dans
le domaine de la pandémie du SIDA, de recevoir certaines
indemnités pour les aider dans leur lutte contre la pandémie.
* 163 Dr N'Gouan Patrick,
les dynamiques de la société en Afrique de l'Ouest, p.6 (colloque
scientifique international sur les droits de l'homme, CERAP, Abidjan 13, 14 et
15 Mars 2006. Le docteur N'GOUAN est Président de la LIDHO. C'est cette
ONG qui préside actuellement la société civile ivoirienne.
En tant que membre d'une ONG locale, il a pu attester de la pauvreté des
ONG ivoiriennes. Pour lui toutes ces ONG locales ne peuvent en aucun cas
compter sur les cotisations internes des membres qui sont déjà
trop pauvres du fait de la conjoncture économique qui est de principe
dans le pays
* 164 Ces informations nous
ont été données par Monsieur Guitroh Joseph du HCR Guiglo
lors de l'entretien qu'il nous a accordé le mercredi 10 octobre 2007 au
siège du HCR.
* 165 La situation de crise
que la Côte d'Ivoire vit depuis 2002, a permis à toutes les ONG
de défense des droits de l'Homme et surtout de développement de
se muer pour la plupart et pour l'occasion en ONG humanitaires. Cela dit,
toutes les analyses faites sur les ONG concernent autant les ONG de
défense des droits de l'Homme que les ONG humanitaires de source ou
d'occasion
* 166 Kéba M'baye,
Les droits de l'homme en Afrique, pp 118 - 119
* 167 Côte
d'Ivoire : Menace et intimidations à l'encontre du MIDH,in
observatoire Observatoires pour la protection des défenses des droits de
l'homme rapports annuel 2004 pp 40 - 41.
* 168 Le juge ZORO BI Epiphane
est le président fondateur du MIDH, suite à la forte pression
qu'il subissait après qu'il ait délivré un certificat de
nationalité au leader du RDR, il a démissionné pour fonder
le MIDH. Exilé en Belgique, il a rendu le tablier à Amourlaye
Touré
* 169 Cette
déclaration a donné lieu à un débat sur la radio
RFI dans émission du 06 novembre 2007 à 8h45.
* 170 Les partenaires sont
ceux qu'on appel généralement bailleurs de fond. Ce sont d'une
part les ONG et organismes humanitaires internationaux qui traitent directement
avec les ONG locales et d'autre part les structures spécialisées
comme ECHO (Europeen commission of humanitarian office)
* 171 Rapports UVPAP entre OIM
Op. cit.
* 172 Des entretiens avec les
principales ONG nationales comme internationales évoluant à
l'ouest, il ressort que ces ONG sont unanimes sur ce constat de
mésentente du fait des rapports des différents bailleurs qui pour
elles les détournent du bon chemin celui de l'humanitaire
* 173 Le conflit entre
ASAPSU et Solidarités a connu un dénouement heureux autour d'une
table de négociation le mardi 24 juillet 2007 sur initiative de ASAPSU
en son siège à Guiglo. Cette rencontre a permis aux deux
structures d'harmoniser leurs différents programmes. Nous avons eu la
chance de participer à cette rencontre
* 174 Le professeur Monique
Chemillier-Gendreau pense que ce principe qui est censé marqué un
équilibre entre les Etats, est largement fictif dans la mesure où
il ne vaut que pour les Etats faibles. Commentaire in Afrique
Contemporaine n°180, 1996 p 229-241
* 175 Dr Francisco Javier
Solana Madariaga est le Haut Représentant pour la
politique
étrangère et de sécurité commune (PESC) et le
secrétaire général à la fois du
Conseil
de l'Union européenne (UE) et de l'
Union de
l'Europe occidentale (UEO). Après une carrière de
physicien, il a
été Secrétaire Général de l'
OTAN
(
1995-
99).
* 176 Op. Cit. Monique
Chemillier-G
* 177 Voire l'analyse du
professeur Dégni-Ségui sur ce point, Les Droits de l'Homme en
Afrique Noire Francophone, théorie et réalité p 18 - 24
* 178 Extrait du Discours
du Secrétaire général des Nations unies, M. Boutros
Boutros-Ghali, prononcé à l'ouverture de la conférence
mondiale sur les droits de l'Homme, Vienne, 14 juin 1993
* 179 Si un bilan doit
être fait des activités des forces françaises en
Côte d'Ivoire, on serait tenté de porter un jugement positif
cependant à travers plusieurs actes cette armée s'est
disqualifiée en s'inscrivant dans le non respect des rôles qui
sont les siennes.
* 180 Monique Chemillier-G,
Op. Cit.
* 181 Extrait du Discours
du Secrétaire général des Nations unies, M. Boutros
Boutros-Ghali, prononcé à l'ouverture de la conférence
mondiale sur les droits de l'Homme, Vienne, 14 juin 1993
* 182 Le disant, nous
faisons référence à ce qui se passe au Tchad avec l'ONG
Arche de Zoé qui, sous le couvert de l'humanitaire a procéder
à l'enlèvement de 103 enfants tchadien destinés à
l'adoption en France par certaines familles et cela sans autorisation de l'Etat
tchadien alors que l'ONG n'est pas une structure d'adoption.
* 183 Rousseau C, Droit
international public, Sirey, 1980, tome IV, p49
* 184 Le droit
d'ingérence humanitaire, mémoire de DEA présenté
par TSAGARIS Koustantinos, à l'Université de Lille II septembre
2001, p 17
* 185 BETTATI Mario, le droit
d'ingerence. Mutation de l'ordre international, Paris, Editons Odile Jacob,
mars 1996, p9
* 186 Le chapitre VII de la
Carte des Nations unies est relatif au règlement pacifique des
différends actions en cas de menace contre la paix, de rupture de la
paix et d'acte d'agression
* 187 Chapitre VI -
Règlement pacifique des différends. Ces deux chapitres sont les
attributions du Conseil de sécurité.
* 188 C'est le cas du
contingent BANBAT en Côte d' Ivoire, fourni le Bengladesh
* 189 Son analyse est
tirée de, Militaires - Humanitaires, à chacun son rôle.
Paris : complexe, 2002 (les livres du GRIP)
* 190 Jean-Luc
Bodin, « Humanitaire : une valeur à la hausse ou à
la baisse ? », Action Contre la Faim le journal, octobre 1999, no
6, p. 1.
* 191 Rony Brauman,
cité par Isabelle Célerier, Les Médecins humanitaires,
Hachette, Paris, 1995, p. 45.
* 192 Commentaire de J
Christophe Rufin in Militaires - Humanitaires, à chacun son rôle.
Paris : complexe, 2002 (les livres du GRIP) p 175- 187
* 193 AYOUN N'DA Pierre,
Moderniser l'Etat africain, les éditions du CERAP, Abidjan 2003
* 194 Diégou Bailly J.
les médias dans le conflit ivoirien, in Perspectives :
Côte d'Ivoire consolidation d'une paix fragile, actes du colloque
international sur la Côte d'Ivoire Université St Paul Ottawa fev
2004, Partenariat Afrique Canada. P38
* 195 Fero Bailly in le
jour n°1974 du mardi 16 octobre 2001 p.4, a exposé de
l'état de la presse ivoirienne dans le cadre du forum de la
réconciliation nationale
* 196 Idinama Kotoudi, Comprendre et
traiter la crise en Côte d'ivoire, Institut Panos Afrique de l'Ouest,
Faits et documents, novembre 2004, 172 p. commentaire fait à la page
50
* 197 Alfred Dan Moussa est
journaliste et Président de l'Observatoire de la liberté de la
presse, de l'éthique et de la déontologie en Côte d'Ivoire
(OLPED)
* 198 Dans cet article de
Reporters sans frontières, du 16/01/ 2003, il a été
question de fustiger l'élan génocidaire que prenaient les
médias ivoiriens dans la couverture de la crise.
* 199 Rapport de Reporters
sans frontières sur la crise ivoirienne en 2002
* 200 La lettre de l'IDDH
n°13, janvier- février- mars 2007 p6
* 201 Voir communiqué
de l'OLPED du 14 janvier 2003
* 202 Discours du Premier
ministre Seydou Diarra, lors du deuxième Conseil des ministres du
gouvernement ivoirien de réconciliation, le 20 janvier 2003
* 203 AYOUN N'DA Pierre,
op. cit, p. 91-100
* 204 Diégou Bailly J.
les médias dans le conflit ivoirien, in Perspectives :
Côte d'Ivoire consolidation d'une paix fragile, actes du colloque
international sur la Côte d'Ivoire Université St Paul Ottawa fev
2004, Partenariat Afrique Canada. P38
* 205 Op. cit. Commentaire de
Diégou Jérôme in perspective p39
* 206 Cesare Beccaria, le
traité des délits et des peines, 1764, anthologie des droits de
l'homme, édition Nouveaux Horizons 1989, P.101.
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