III. SCHEMA DE GESTION INTEGREE DES RESSOURCES EN EAU
DANS LES NIAYES
Le schéma de gestion intégrée des
ressources en eau va se baser sur un effort d'intégration totale de tous
les acteurs c'est-à-dire une intégration des systèmes
humains. Ainsi on aura une intégration intersectorielle (alimentation
humaine, agriculture, pêches, industrie, nature et faune) mais aussi une
intégration des dimensions politiques, administratives,
économiques, sociales et environnementales (Ministère de
l'environnement Québec, 2004). Dans les Niayes, l'intégration des
acteurs locaux est indispensable car plusieurs d'entre eux font le méme
travail. Il y a plusieurs entités de gestion de l'eau des forages
(ASUFOR, CGF), plusieurs associations de jeunes réparties en ASC et
amicales, plusieurs groupements de femmes (GPF, GIE etc.) et plusieurs ONG et
associations de maraîchers. Une typologie de ces institutions est
indispensable pour une meilleure coordination des interventions. De ce fait,
des fédérations regroupant tous les mêmes types d'acteurs
permettront une meilleure synergie des actions. Donc le modèle
collaborationniste qui a été proposé par le
ministère de l'environnement du Québec revét une
importance capitale car il permet de cerner les problèmes
environnementaux dans toute la zone.
Partenaires Employés Public
|
![](Approche-participative-dans-la-gestion-integree-des-ressources-en-eau-de-la-zone-des-Niayes-de-Da31.png)
ACTEUR A ACTEUR B
AUTORITE
SOLUTION
ACTEUR C
Figure 17: Modèle de planification
collaborationniste
On propose le schéma gestion intégrée des
ressources en eau suivant pour la zone des Niayes. Dans le PGIRE Niayes,
l'État, les acteurs clés et les usagers de l'eau seront au
méme niveau pour une meilleure participation de tous. Dans les niveaux
suivants, on aura la connaissance et la gestion des ressources, le cadre
institutionnel, le cadre législatif et réglementaire et enfin le
cadre financier.
PGIRE NIAYES
![](Approche-participative-dans-la-gestion-integree-des-ressources-en-eau-de-la-zone-des-Niayes-de-Da32.png)
Etats et acteurs
Principaux usagers
![](Approche-participative-dans-la-gestion-integree-des-ressources-en-eau-de-la-zone-des-Niayes-de-Da33.png)
![](Approche-participative-dans-la-gestion-integree-des-ressources-en-eau-de-la-zone-des-Niayes-de-Da34.png)
Connaissance et Gestions des Ressources en Eau
![](Approche-participative-dans-la-gestion-integree-des-ressources-en-eau-de-la-zone-des-Niayes-de-Da36.png)
|
Le cadre législatif et réglementaire
|
![](Approche-participative-dans-la-gestion-integree-des-ressources-en-eau-de-la-zone-des-Niayes-de-Da38.png)
Réforme du cadre financier
![](Approche-participative-dans-la-gestion-integree-des-ressources-en-eau-de-la-zone-des-Niayes-de-Da39.png)
Figure 18: Schéma PGIRE Niayes
1. CONNAISSANCES ET SENSIBILISATION SUR LES RESSOURCES EN
EAU
Une meilleure connaissance des ressources en eau de la zone
reste très importante car elle va permettre de bien gérer
l'exploitation de la ressource. En effet plusieurs études sont faites
sur la zone aussi bien dans le domaine des eaux de surface que pour les eaux
souterraines. La DGPRE a fait des études sur les aquifères de
Dakar et du littoral nord, mais aussi de nombreux étudiants ont
travaillé dans la zone. Si tous ces documents sont centralisés,
cela permettra une meilleure analyse de la zone géographique. Les
études déjà faites ont montré que la zone des
Niayes est une zone très fragile en ce moment. La nappe s'abaisse
considérablement, on note une perte de biodiversité
extraordinaire et tout ceci combiné avec les changements climatiques
menacent l'équilibre de l'écosystème des Niayes.
Un meilleur suivi des eaux de surface et des eaux souterraines
permettra de connaître le potentiel hydraulique de la zone. Il faut aussi
mettre en place un système de suivi des données climatiques dans
toute la zone car ces données sont très lacunaires et ne
garantissent pas une analyse fiable pouvant être pris en compte lors des
programmes d'aménagement.
Les facteurs anthropiques jouent un très grand
rôle dans cette dégradation de l'écosystème. Ce sont
les hommes qui habitent la zone des Niayes qui remblaient les
dépressions, coupent la bande de filao du littoral nord, exploitent les
eaux des nappes sans aucun contrôle. Donc dés le début du
processus, il faut une forte sensibilisation des ces derniers pour qu'ils
puissent connaître les risquent qu'ils encourent si les Niayes venaient
à disparaître. Notre visite de terrain dans les communautés
rurales de Darou Khoudoss nous a permis de voir beaucoup de dépressions
abandonnées après plusieurs années d'exploitation. Une
dégradation des sols est observée avec l'excès de pompage
qui attire le biseau salé.
La première mesure à prendre c'est de mieux
connaître la zone et de sensibiliser la population. La consultation et la
sensibilisation des usagers de l'eau se fera à travers des ateliers qui
seront initiés dans chaque communauté rurale de la zone. Les
collectivités locales à travers leurs conseillers et les
étudiants de chaque localité pourraient être formés
pour qu'ils puissent servir de relais dans toute la zone. Ces actions se feront
en étroite collaboration avec les associations de jeunes de femmes mais
aussi des maraîchers et autres agriculteurs de la zone.
2. LE CADRE INSTITUTIONNEL
Depuis le début de la mise en place du PAGIRE au
Sénégal, la DGPRE a joué un rôle
considérable. A travers cette direction, une agence chargée
spécifiquement de la zone éco géographique des Niayes (le
littoral nord) pourrait être mise en place. Les agents qui vont
travailler dans cette agence pourraient être formés sur les outils
de la GIRE. Ces agents travailleront en étroite collaboration avec la
DGPRE, les autres directions du ministère de l'hydraulique mais aussi
avec le PNES et les collectivités locales pour une gestion
intégréeet durable. Une institution forte et bien
structurée avec des agents maitrisant les enjeux de la GIRE et ayant une
connaissance aigue de la zone des Niayes permettra une revitalisation rapide de
cette zone. A travers cette institution, des études beaucoup plus
poussées peuvent être faites pour une meilleure gestion de l'une
des zones éco-géographiques les plus importantes du pays.
3. CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE
La mise en oeuvre efficace du PGIRE Niayes nécessite que
les parties prenantes parviennent à un consensus sur la
légitimité des décisions et des actions des institutions.
L'institution mise en place sera chargée d'appliquer les lois et
règlements en matière d'eau au Sénégal.
Pour améliorer la qualité de l'eau et diminuer
l'exploitation excessive des nappes, il faut avoir une législation
appropriée qui imposera à chaque usager de prendre des mesures
pour l'utilisation de l'eau dans la zone.
Lors de l'élaboration du PAGIRE au Mali et au
Sénégal en 2009, il a été noté que le code
de l'eau du Sénégal datant de 1981 n'est plus adapté
à l'organisation moderne du pays et ne répond plus aux ambitions
de développement socio-économique. Ce code ne répond plus
aux principes et objectifs de la GIRE car il est profondément
centraliste et donne peu de place aux autres acteurs de développement
dans le domaine de l'eau. Il ne prend pas en compte les nouvelles dynamiques de
développement résultant de la décentralisation. Mais aussi
les principes de concertation et de subsidiarité et de gestion durable
de la ressource eau sont ignorés dans ce code.
Le nouveau code de l'eau en projet doit impliquer les objectifs
de la GIRE pour une meilleure gestion de l'eau dans tout le pays en
général mais plus particulièrement dans la zone fragile
des Niayes. Ce nouveau code doit intégrer les principes de
développement durable, intégrer les OMD mais aussi
intégrer les différents usagers par une approche participative.
L'intégration des principes de la GIRE dans le nouveau code de l'eau, va
contribuer indéniablement à contribuer à l'atteinte des
Objectifs du Millénaire pour le Développement.
S'agissant de la zone spécifique des Niayes un statut
juridique doit être érigé pour sa meilleure protection.
Dans la Niaye de Dakar une interdiction de construire est impérative
pour protéger les quelques lacs qui restent dans la zone et la
végétation qui sert de poumon vert. Les personnes ayant construit
dans les zones de recharge des eaux de pluies doivent être
déguerpies et relogées dans d'autres quartiers bien assainis.
Une brigade de surveillance des eaux doit être
créée pour le contrôle de l'exhaure dans les zones
maraîchères des Niayes car on assiste à un pompage excessif
et incontrôlé des eaux souterraines.
Dans la zone des Niayes, il faut revoir les autorisations de
prélèvements et de rejets de l'eau. Des considérations
économiques doivent être prises en compte : il faut fixer les
tarifs de manière à inciter les usagers à utiliser l'eau
avec efficience et modération dans leurs différentes
activités. Par exemple si un maraîcher sait que le gaspillage qui
résulte de son mode d'arrosage va hausser sa facture d'eau à la
fin du mois, il va utiliser l'eau d'une manière rationnelle pour ne pas
augmenter le prix à payer.
Les considérations environnementales ne doivent pas
être en reste. Le principe « Pollueur-Payeur » (PP) doit
être appliqué. Ce principe peut inciter les potentiels pollueurs
(industries) à réduire la pollution en épurant sur place
leurs eaux usées en conformité avec les normes établies
avant de déverser les effluents. TSHIBAMBA, 2006 a proposé
d'appliquer le principe PP aux usagers domestiques. Il propose que le coüt
de l'épuration des eaux usées puisse être automatiquement
facturé aux usagers, de préférence sur la base des
quantités d'eaux consommées. Cette proposition est
intéressante car elle incitera en méme temps les usagers à
réduire leurs consommations en eau potable.
4. REFORME DU CADRE FINANCIER
Le financement des activités de l'eau est fortement
tributaire des ressources financières extérieures (85%) PAGIRE,
2009. Au Sénégal l'eau ne finance pas encor l'eau. C'est l'Etat
avec ses partenaires qui compensent le gap de financement. Avec l'augmentation
de la population sénégalaise en général et celle
des Niayes en particulier les besoins en investissements vont monter en
puissance. Pour répondre à cette situation de
précarité, le PGIRE Niayes peut permettre la mise en place
d'instruments nécessaires à l'autofinancement partiel du secteur
de l'eau. Il faut reconnaître que l'efficacité économique
optimale serait obtenue en percevant auprès des usagers le coüt
économique intégral de l'eau méme si celleci reste
très difficile à réaliser dans un premier temps. Pour une
viabilité financière des projets, sans qu'il soit
nécessaire de prendre les subventions de l'Etat, le tarif unitaire moyen
appliqué à l'usager doit être égal au coüt
financier unitaire de production et de distribution de l'eau.
Donc la création de redevances eau
équilibrées reste importante pour le financement des projets eau.
Mais ces instruments économiques et financiers doivent être
intégrés dans la réglementation et les lois du code de
l'eau pour que son application soit effective.
Le territoire des Niayes est hétérogène
car il est partagé entre plusieurs communautés rurales. Chaque
collectivité locale a des intéréts particuliers dans la
zone donc l'intégration du territoire va être difficile. Mais pour
une meilleure intégration des acteurs il faut créer d'abord un
cadre de concertation de toutes les collectivités locales. Ce cadre
permettra à chacun de connaître les problèmes de l'autre et
essayer de les résoudre ensemble. Il peut permettre aussi aux autres
collectivités locales de ne pas répéter les mêmes
erreurs qui ont entrainé une dégradation des ressources dans une
autre localité. Ensuite, il faut harmoniser tous les projets et
programmes qui entrent dans le cadre de la gestion des ressources naturelles en
général et
de l'eau en particulier. Enfin, avec la participation de tous
les acteurs locaux, mettre en place une convention relative au statut juridique
des Niayes avec une législation facilement adaptable en tenant compte
des usages et coutumes des populations autochtones comme
préconisé par la GIRE.
|