6.2.3. Identification des autres ressources et des
contraintes non fourragères
Une de nos hypothèses fortes était que les
itinéraires choisis par les éleveurs et le comportement
spatio-temporel des animaux sont déterminés par la qualité
des parcours et leur distribution dans l'espace. La qualité
dépend de la valeur (qualité intrinsèque et
quantité) du fourrage offert, mais aussi de l'accessibilité de ce
fourrage, de la présence de points d'eau, de l'absence de risques
sanitaires (épidémies, lieux maudits, etc.) (Lhoste &
Milleville, 1986 ; Guillaud, 1994 ; Lericollais & Faye, 1994 ; Bary, 1998 ;
Kagoné, 2000 ; Riegel, 2002 ; Vall et
al. 2009) et de l'absence d'interdits particuliers de
nature coutumière (bois sacré, etc.) ou légaux (aires
protégées, zones sous gestion particulière).
En conséquence nous avons procédé
à l'inventaire exhaustif et au géoréférencement
(GPS, bibliographie) des éléments suivants dans le terroir : les
aires protégées voisines, les zones villageoises de chasse, les
points d'eau, les pistes à bétail officielles, etc.
Pour les points d'eau, on a précisé leur nature
(puisard, puits traditionnel, puits moderne, forage, mare, rivière,
etc.), les types d'usage dont ils font l'objet (abreuvement des troupeaux et/ou
alimentation humaine) la durée de disponibilité de l'eau dans
l'année.
Enfin, dans une perspective de SIG, une base de données
de départs des feux dans le terroir durant la période de suivi
(2008 et 2009) a été acquise grâce à un partenariat
établi dans le cadre du projet CORUS
607586.
6.2.4. Analyse des données : approche de
système d'information géographique (SIG)
Des cartes des circuits pastoraux quotidiens ont
été réalisées par saison et par troupeau suivant
l'approche des systèmes d'information géographiques (Brunet et
al. 1998) et en utilisant le logiciel MapInfo 7.5. Chaque thème
étudié, considéré comme facteur déterminant
dans le comportement des troupeaux sur les différents secteurs du
parcours, a constitué une « couche d'information ». Au fond
cartographique, représenté par la carte des unités
paysagères pastorales écologiques87, ont ainsi
été superposées diverses « couches »
représentant les itinéraires quotidiens des troupeaux et par
saison, la distribution des points d'eau et leur état (type d'usage,
présence ou absence d'eau), les dates de départ des feux, les
pistes à bétail formelles, etc.
Pour estimer l'importance de chaque unité pastorale
pour les animaux du troupeau, nous avons comptabilisé
séparément le temps de déplacement sans broutage d'une
part et celui consacré au broutage, à l'abreuvement, au
repos-rumination d'autre part. Ceci a permis d'estimer la vitesse du troupeau
sur chacune de ces unités. En effet, un troupeau peut simplement
traverser une unité parce qu'elle se trouve sur le plus court chemin
pour rallier un autre site où se trouve la ressource (pâturage,
point d'eau) qui est convoitée, ce qui n'est pas forcément une
indication de l'intérêt particulier de celle-ci.
Par ailleurs, une analyse comparative (test statistique de
Kruskal-Wallis) a été réalisée entre les temps mis
par types d'activité du troupeau et par éleveur pour toutes les
saisons.
L'analyse du comportement des troupeaux qui s'appuie finalement
sur leurs itinéraires et les résultats des analyses statistiques
s'intéresse à la concordance ou non88 entre ceux-ci
avec
86 Le projet CORUS 6075 a été
conçu autour de notre sujet de thèse dont il a assuré, par
ailleurs, le financement du volet collecte de données. D'autres
thèses notamment celle de Caillault Sébastien de
l'Université de Caen sont conduites dans le même projet. Ce
dernier s'est intéressé à la dynamique des feux à
l'ouest et à l'est du Burkina Faso et une base de données mise en
place à cet effet nous a été bénéfique.
87 Nous aurions pu aussi partir des unités
paysagères localement définies (carte pastorale participative)
étant entendu que les équivalences entre celles-ci et les
unités écologiques ont pu être établies.
88 Nous ne perdons cependant pas de vue sur le fait
qu'un suivi de 3 jours est insuffisant pour tirer des conclusions
générales surtout pour des études de cas-types comme c'est
le cas ici.
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les déclarations faites par les éleveurs pendant
les différents entretiens et cherche à expliquer les
écarts éventuels observés.
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