Le climat de la province de la Tapoa est de type
Nord-soudanien et se caractérise par l'alternance d'une saison
sèche et d'une saison pluvieuse. Ces saisons sont de durées
différentes et très variables généralement de sep
à neuf mois et de trois à cinq mois respectivement. La saison
sèche elle-même comprend une saison sèche froide et une
saison sèche chaude.
- La saison sèche froide
(novembre-mars) correspond à la période de la saison sèche
pendant laquelle le temps est frais. Les mois les plus frais sont les mois de
janvier et février et la température minimale moyenne
enregistrée est d'environ 15°C à Diapaga.
- La saison sèche chaude (avril- mai)
est la période la plus chaude de l'année avec des
températures moyennes maximales tournant autour de 35°C et des pics
dépassant parfois 40°C.
- La saison pluvieuse (ou hivernage) est la
période de survenue des averses, elle correspond à la saison
agricole. La courbe de la figure III-1 montre une répartition
inégale des précipitations dans le temps qui se concentrent
pendant et autour du mois
d'août. A côté de cette variabilité
temporelle, il est aussi observé d'un endroit à l'autre une
variabilité spatiale.
- Notons par ailleurs que la saison
sèche se caractérise par des vents venant du nord-est
chargés de poussière (harmattan) tandis que la saison pluvieuse
est surtout marquée par des vents de mousson qui repoussent le front
intertropical vers le nord et qui sont à l'origine des
précipitations.
PH
PA
Figure III-1 : Bilan hydrique et période active de
végétation de l'année 2009 de la province de la Tapoa
(Sources : DPAHRH/Tapoa et DMN).
PH : période humide ;
PA : période active de végétation ; ETP :
évapotranspiration potentielle.
La période active de végétation
correspond par définition à la période pendant laquelle la
pluviosité mensuelle est supérieure à la moitié de
l'ETP (FAO, 1978). Durant l'année 1999 (figure III-1) elle a
été de trois mois et demi, soit de mi-juin à septembre.
Elle se superpose presque à la saison pluvieuse et l'on considère
qu'en cette période, les besoins des plantes sont couverts. La
période humide qui correspond à la période pendant
laquelle la pluviosité est supérieure à l'ETP a
été, quant à elle, d'environ deux mois allant de
mi-juillet à miseptembre. Rappelons que l'ETP correspond à la
quantité totale d'eau rejetée dans l'atmosphère par la
transpiration de la végétation (phénomène
physiologique) et l'évaporation du sol humide (phénomène
physique) (Breman et De Ridder, 1991).
La pluviosité est donc un facteur déterminant
pour l'activité de la végétation et pour la
productivité primaire des milieux (Schnell, 1971), d'où
l'importance de suivre son évolution pendant un temps suffisamment long
afin de comprendre les fluctuations de la disponibilité
fourragère. Dans notre zone d'étude et pendant la période
allant de 1997 à 2008 (figure III-2), les hauteurs d'eau annuelles
enregistrées ont varié entre 652,8 mm en 2001 et 1113 mm en 1999,
la moyenne de toute la période se situant à 791,3mm pour un
nombre moyen de jours de
48
pluies de 43. Le nombre d'années enregistrant des
hauteurs d'eau annuelles inférieures à la moyenne de la
période est plus élevé (sept années sur douze) que
celles pour lesquelles les écarts à la moyenne sont positifs. La
région est donc engagée dans un processus chronique de baisse de
la pluviosité qui est du reste confirmé par la courbe de tendance
mais aussi par les travaux de Santoir (1999) et Kpoda (2010) portant
respectivement sur l'expansion de l'élevage dans la zone et sur la
vulnérabilité et l'adaptation des éleveurs aux changements
climatiques. Le premier auteur montre en effet que la tendance à la
baisse est assez ancienne et qu'entre 1920 et 1960, l'isohyète 900 mm
qui matérialise la limite nord de la zone soudanienne (limite d'avec la
zone soudano-sahélienne) s'est déplacée de plus de 200 km
vers le sud (carte III-3).
Figure III-2 : Variation interannuelle de la pluviosité
et du nombre de jours de pluies dans la commune de Tansarga entre 1997 à
2008 (sources : DPAHRH et DMN)
Kpoda (2010), s'appuyant sur les normales 1941-1970 et
1971-2000 dans les communes de Diapaga (50 km au nord de notre terroir) et de
Kantchari (100 km plus au nord) confirme le discours tenu par ailleurs par les
éleveurs eux-mêmes sur le climat qui tendrait à
s'assécher. Il a montré (figures III-3 & III-4) que de la
première à la deuxième normale, il y avait une chute de la
pluviosité moyenne (de 869 mm à 748 mm à Diapaga et 813 mm
à 674 mm à Kantchari) plus importante à Kantchari (17,1%)
qu'à Diapaga (13,7%) accompagnée d'un recul du moment de la
survenue des premières pluies et, par voie de conséquence, de la
période de début d'activité de la
végétation. L'auteur observe par ailleurs que les saisons
pluvieuses, qui s'installent progressivement dans le sens sud-nord, sont de
plus en plus capricieuses (forte variabilité) et de moins en moins
longues.
Chapitre III. Caractères physiques, humains
et socio-économiques
1200
400
200
0
3941 3942 1943 1944 1945 1946 3947 1948 3949 1950
1951 1952 1953 1954 1955 1956 3557 1958 1959 1960 3.961 3962 3963 3964 3965
3966 3967 3968 3969 1970
Années
Haters (rrrri
1000
800
600
Diapaga (mm) Moy. Diapaga (mm) Kantchari (mm) Moy. Kantchari
(mm)
Figure III-3. Évolution des hauteurs annuelles de pluies
de la normale 1941-1970 (source : Kpoda, 2010).
1971 1972 1973 1974 1975 195 1977 1978 1979 1933 1931
1932 1933 1934 1935 1595 1937 1593 1933 1930 1931 3592 1933 1934 1935 1936 1997
1933 1939 20:0
Années
Hatear(mr)
1400
1200
1000
800
400
600
200
0
Diapaga (mm) Moy. Diapaga (mm) Kantchari Moy. Kantchari (mm)
Figure III-4. Évolution des hauteurs annuelles de pluies
de la normale 1971-2000 (source : Kpoda, 2010).
Par ailleurs, les moments de sécheresse entre les deux
périodes de référence (1941- 1970 et 1971-2000) sont
devenus plus fréquents et ont tendance à être plus longs
(tableau III-1); parallèlement, les précipitations de faible
ampleur (0 - 20 mm) prennent un peu d'importance au détriment de celles
à ampleur moyenne (20 - 40 mm). Enfin, l'auteur a noté une
tendance à l'accroissement des températures moyennes mensuelles
entre les deux normales.
Tableau III-1. Caractéristiques des séquences
climatiques sèches sur les normales 1941-1970 et 1971-2000 pour une
saison pluvieuse (source : Kpoda, 2010).
Normale Stations Séquence sèche de
Total
7 jours ] 7-10 Jrs] ] 10-15 jrs] > 15 jrs
Diapaga 12 4 4 2 22
1941-1970
49
Kantchari 14 6 3 3 26
50
Diapaga 12 14 6 5 37
1971-2000
Kantchari 15 9 3 4 31
La variabilité climatique et la péjoration
climatique ainsi observées montrent que la zone est vulnérable et
menacée par un assèchement de son climat. Signalons cependant que
cette baisse n'est pas continue (Kièma S., 2007) et que par moments,
comme entre 1990- 1996, on observe une remontée des moyennes
pluviométriques annuelles (Santoir, 1999).
Notons enfin que l'insolation tourne entre 7-8 h/jour en moyenne
tandis que l'humidité de l'air est soit moyenne, soit faible (Kuela,
2000).
Carte III-3. Variation en latitude de l'isohyète 900 mm
(source : Santoir, 1999)