Master 2 IEF spécialité professionnelle
Econométrie Bancaire et Financière
Mémoire de Recherche
La Micro-Assurance de Santé dans les pays en
développement
Encadré par : Mr Geoffroy Enjolras
Élaboré par : MAKHLOUFI Khaled
Année Universitaire
2010 / 2011
A mon frère Heni
Mes remerciements les plus sincères à
Monsieur Geoffroy Enjolras, ainsi qu'à tous ceux qui m'ont de
près ou de loin aidé à élaborer ce modeste
travail.
Table des Matières
Liste des Acronymes 4
I. Introduction : ..5
II. Pertinence de la Micro-assurance face aux risques :
..7
1. Micro-assurance, Microfinance et modèles
économétriques : 7
a/ Rôle de la micro-assurance chez les pauvres :
..8 b/ Revue de littérature des estimations de modèles de
l'offre et de la demande de MAS :...10
2. MAS : de la faisabilité à la conception
:(tentative de standardisation) : 15
a/ Démarche d'identification en MAS :
15
b/ Faisabilité et choix méthodologiques
à prendre en compte pour la conception : 17
III. Grille de lecture des modèles de MAS, limites
et perspectives : ..19
1. Caractéristiques communes, originalité
de la MAS et grille de lecture : ..20
a/ Mutuelle et micro-assurance de santé :
20 b/ Caractéristiques communes aux expériences de MAS et
grille de lecture
de ces organismes : 23
b1. Caractéristiques communes aux
expériences de MAS : 23
b2. Typologie des organismes de MAS et grille de lecture
: 24
2. Limites de ce qui peut être assuré et
perspectives de point de vue CMU : .30
a/ Limites actuarielles et économiques :
31
b/ Limites politiques : 32
c/ Atteinte de l'objectif de la CMU par les dispositifs
de MAS :
Difficultés et perspectives : 33
IV. Etude Économétrique : croissance et
rentabilité du marché des
Mutuelles de santé dans certains pays africains :
|
.35
|
1. Spécification de modèles
économétriques de la demande et de l'offre :
|
36
|
2. Résultats de l'estimation de la demande et de
l'offre :
|
.39
|
|
V. Conclusion :
|
.47
|
VI. Bibliographie :
|
..48
|
VII. Annexes :
|
..53
|
|
Liste des acronymes :
AMO : Assurance Maladie Obligatoire CGAP : Consultative
Group to Assist the Poor
CHI : Community Health Insurance CMU : Couverture Maladie
Universelle
GRET : Groupe de Recherche et d'Echanges
Technologiques
HMI : Health Micro-Insurance
ILO : International Labour Office IMF : Institution de
MicroFinance MAS : Micro-Assurance de Santé MIA : Micro Insurance
Academy
ONG : Organisation Non Gouvernementale
SEWA : Self Employed Women's Association
(Inde)
SKY : «Sokapheap Krousat Yeugn», Acronyme khmer
: santé pour nos familles.
STEP : Strategies and Tools against Social Exclusion and
Poverty UTM : Union Technique de la Mutualité malienne
I. Introduction :
Apparu en 1999 dans un article ayant pour titre : "
Micro-Insurance : Extending Health Insurance to the excluded" (Dror et
Jacquier, 1999), le terme micro-assurance à l'instar de microfinance,
est utilisé de manière constante. Les expériences pilotes
et les programmes de développement se focalisant sur l'assurance maladie
communautaire - comme principal produit de la micro-assurance - se sont
multipliés partout en Afrique de l'ouest (Sénégal, Mali,
Guinée, Burkina Faso, Bénin, Togo, Cameroun, Niger, Mauritanie,
Ghana...), en Afrique de l'est et centrale (Rwanda et RD Congo), en Afrique du
Sud, en Asie (Chine, Inde, Nepal, Bengladesh, Cambodge, Lao PDR, Philippines,
Indonésie) et en Amérique Latine. Utilisant aussi des techniques
de la réassurance (Dror et al, 2003) et se combinant à d'autres
services de microfinance et de distribution de soins, ces expériences
possèdent des points communs malgré leurs formes très
variables. Certains auteurs spécialistes, ont classé les
expériences existantes en modèles et en classifications selon des
critères bien déterminés. Mais plutôt qu'une
nouvelle typologie restrictive, « une grille de lecture même a
été proposée afin de se retrouver dans le foisonnement des
expériences existantes ..., et d'appréhender au mieux les
caractéristiques et l'originalité des régimes d'assurance
pris dans leur contexte. » (Letourmy et Pavy-Letourmy, 2005). Cette grille
comprenait deux volets : un technique et un autre se focalisant sur les
objectifs ayant motivé les lancements des nombreux projets dans le
monde. Pour faire le tour des appellations proches, « dans la
littérature anglophone, les termes Community Health
Insurance (CHI) et Community-Based Health
Insurance sont utilisés plus fréquemment que le
descriptif Mutual Health Organisation, ayant pour
équivalent français l'appellation Mutuelle de
Santé, qui est très répandue en Afrique
francophone et soulignant à son tour une dynamique sociale. En Afrique
de l'ouest, le schéma de management considère plus la dimension
participative de la communauté. En Afrique de l'est, c'est la dimension
financière de la CHI qui attire plus l'attention.»(Notre traduction
en français d'un extrait de l'article de Criel et al, 2010).
L'utilisation du terme Health Micro-Insurance (HMI)
par Dror et Jacquier a trait à la dimension financière de la CHI.
Mais pourquoi appuyer et développer la micro-assurance de
santé(MAS), et quels intérêts ou connexions avec d'autres
activités de microfinance ou distributions de soins ? Les
réponses vont être détaillées dans le corps de ce
modeste travail. «De nos jours, nous observons une grande
hétérogénéité dans les conceptions
institutionnelles et les modèles organisationnels des dispositifs de la
CHI mis en oeuvre dans le continent tant africain qu'asiatique. De même
il y a une variation énorme dans la couverture réalisée,
en termes d'effectifs et de paniers de soins.»(Notre traduction en
français d'un extrait de l'article de Criel et al, 2010). «Une
publication jointe entre le Bureau International de Travail (ILO) et «the
Munich Re Foundation» sur la micro-assurance, a remplacé
l'appellation
des « exclus du secteur formel ou de l'AMO»
par «les individus à revenus faibles», et institué deux
objectifs essentiels de la micro-assurance : l'extension du champ de la
protection sociale des pauvres et la création d'un nouveau marché
pour l'assurance commerciale par le nouveau produit de micro-assurance de
santé.» (Notre traduction en français de l'article de
Churchil, 2006). L'idée est de discuter sous quelles conditions et
comment intègrer les MAS au sein de la politique nationale d'un pays
pour être sur le chemin vers l'objectif de la couverture maladie
universelle? Surtout que «les projets de CHI en Afrique sont rarement
lancés en adéquation avec les politiques nationales de
santé des pays. Les schémas de CHI dans la majeure partie des
pays africains, sont les résultats d'initiatives locales pour constituer
des projets dépendants largement du financement et du soutien
extérieur.»(Notre traduction en français d'un extrait de
l'article de Criel et al, 2010). Figurant encore parmi le menu des
interventions de «microfinance» pour réduire la
pauvreté - la pauvreté temporaire des périodes
immédiatement postérieures à des situations de crise et la
pauvreté chronique à plus long terme - l'accès à
l'assurance ou plus précisément à la MAS, permet-il
d'être sur le chemin de la couverture maladie universelle dans des pays
où une AMO est absente ?
Donc pour faire le tour de ces points et d'autres, ce
travail a pour ambition d'étudier la pertinence de la micro-assurance
face aux risques - surtout la croissance du marché de point de vue de
l'offre et de la demande - dans les pays en développement (II) de se
concentrer sur une grille de lecture des divers dispositifs de micro-assurance
de santé, et sur les limites qui freinent leur mise en oeuvre ainsi que
l'impact de ces dispositifs sur l'atteinte de l'objectif de la CMU (III), et de
finir avec une petite étude économétrique pour tester les
hypothèses sur la rentabilité et la croissance du marché
de ce nouveau produit (IV).
II. Pertinence de la Micro-assurance face aux risques
:
Par une analyse de la littérature sur les
expériences de MAS dans le monde et d'informations
détaillées sur les projets montés dans plusieurs pays, on
va essayer dans un premier lieu, de rendre compte de la relation entre
micro-assurance et microfinance. Pour en tirer les messages
intéressants, on va ensuite essayer de discuter la ou les
réponses que la micro-assurance pourra fournir comme couverture contre
les risques naturels. Mais jusqu'à quand la micro-assurance et plus
précisément celle de santé (MAS) va-t-elle rester
prisonnière du cadre expérimental ? Est-ce de la nature
même du caractère « micro » de ce service ou bien la
faisabilité ou l'identification en MAS pour aborder un nouveau terrain,
qui ne peuvent se surpasser du décryptage du contexte en question afin
de répondre aux questions-clés et des éléments dans
lesquels le programme doit se situer ? Une standardisation des
procédures d'identification, de faisabilité et de conception
n'est donc pas possible ou encore quand elle existe, va souffrir de plusieurs
nuances et insuffisances ?
1. Micro-assurance, Microfinance et modèles
économétriques :
On a jugé utile de situer brièvement la
MAS par rapport aux services de la « microfinance» et ce en se
référant au site du CGAP. Le terme « Microfinance »
désigne l'offre de services financiers aux ménages à
faibles revenus : prêts, épargne, assurance ou services de
transfert. La plupart des bailleurs de fonds ont limité l'essentiel de
leurs interventions à une seule de ces prestations, à savoir le
microcrédit. Bien que le crédit ne crée pas en
lui-même de potentiel économique, il peut le libérer,
permettant ainsi aux pauvres d'utiliser leur capital humain et productif de
façon plus rentable. Au-delà du crédit, les pauvres font
appel aux services d'épargne et d'assurance pour planifier leurs
dépenses futures importantes et pour réduire le risque
découlant des variations de revenus et des besoins soudains.
L'épargne permet aux pauvres de se protéger contre des
événements ou des crises à venir mais la micro-assurance
offre un moyen de gérer des risques spécifiques en
répartissant le coût d'événements
imprévisibles entre un grand nombre de ménages pauvres. Les
institutions de microfinance commencent à accorder plus d'importance
à la micro-assurance. Tout comme l'épargne, l'offre directe de
prestations d'assurance exige des compétences et des systèmes
importants, ainsi qu'une permanence institutionnelle (Pearce et Parker, 2010).
Le fait que le microcrédit soit fourni par un prestataire
spécialisé sur une base commerciale, est un service non financier
car tout simplement « L'octroi de crédit sans discipline n'est rien
de plus que de la charité. La charité ne suffit pas à
vaincre la pauvreté. La pauvreté est une maladie dont les effets
sont paralysants pour l'esprit et le corps. Un véritable programme de
réduction de la pauvreté aide
les gens à se prendre en charge pour tenter de
percer les murs qui les entourent » (Yunus, 1998). Puisque la
micro-assurance est une intervention figurant sur un menu d'interventions
financières permettant de générer revenus et emplois, et
de réduire dans une certaine mesure la pauvreté. Dans les lignes
qui suivent on va discuter le rôle de la micro-assurance surtout la MAS
dans la réduction de la pauvreté, puis faire une revue de
littérature des estimations économétriques des
modèles de l'offre et de la demande de MAS.
a/ Rôle de la micro-assurance chez les pauvres :
Les services de la micro-assurance peuvent englober :
la vieillesse, le décès, certains risques liés à
l'activité agricole comme la mort ou la perte d'une partie du
bétail. Pour être rigoureux dans notre analyse et éviter de
diluer sa pertinence, on va se concentrer sur la micro-assurance de
santé. Du moment où la MAS a un ou des rôles à jouer
pour réduire la pauvreté des populations cibles, ces rôles
impliquent des besoins à satisfaire et donc naturellement des facteurs
favorables à la sensibilisation des populations pour l'adhésion
à cette MAS. Par l'étude de ces facteurs de sensibilisation, on
discutera les rôles que la MAS peut jouer pour changer la vie des
pauvres.
La pertinence du projet de micro-assurance a trait
à ses apports supplémentaires par rapport à d'autres
outils financiers de gestion du risque du point de vue du ménage, comme
le crédit et l'épargne dans le cas du Cambodge, ainsi que la
complémentarité entre ces services financiers pour
sécuriser les revenus des ménages contre les coûts
catastrophiques et la décapitalisation(projet d'assurance santé
SKY mené par le GRET au Cambodge, phase d'extension prévue :
2008-2011dans le cadre du programme global STEP du ILO).
On a jugé utile de mettre en lumière la
notion de vulnérabilité. «La vulnérabilité est
définie par le degré de capacité des individus et des
ménages à faire face au risque, elle dépend de
l'exposition aux chocs, de l'ampleur du choc et de la résilience
c'est-à-dire de la capacité à gérer les
chocs»(Lepine et Petitpierre, 2006). Les coûts des soins qui sont
généralement catastrophiques, le risque maladie, la
probabilité de ce risque et avec quelle fréquence sont autant de
facteurs qui façonnent le dispositif de MAS. Mais quels sont les autres
facteurs qui favorisent la pénétration de la MAS
c'est-à-dire le fait de convaincre les populations cibles
d'adhérer ? Ces facteurs sont les suivants:
· Les personnes couvertes:
La MAS cible effectivement les exclus de la protection
sociale, plutôt que les populations pauvres. Dans la plupart des
régimes d'adhésion volontaire, la capacité
financière effective de la population joue un rôle
déterminant : ce sont les plus solvables des exclus qui
adhèrent
(Letourmy et Pavy Letourmy, 2005). «La
micro-assurance de santé ne s'adresse pas tant aux pauvres qu'aux
exclus, qui sont ceux qui souffrent d'une participation et d'un accès
inapproprié à la vie sociale»(Dror et Jacquier, 1999).
Certains exemples prouvent ce constat : les régimes d'assurance UMASIDA
en Tanzanie, SEWA (un syndicat créé en 1972 pour les femmes du
secteur informel) en Inde s'adressent à des travailleurs ou
travailleuses du secteur informel, organisés en coopératives ou
syndicats. L'Association Por Salud de Barillas au Guatemala s'adresse aux
habitants de la commune de Barillas ; une région rurale isolée
constituée principalement de planteurs de café et de travailleurs
du secteur informel. Encore les populations assurées au Zimbabwe par les
régimes d'assurance à faible coût des gestionnaires
d'assurances de santé privées appartiennent à la fois aux
secteurs formel - des salariés ou des fonctionnaires dont les revenus ne
leur permettent pas d'adhérer à un régime d'assurance
classique - et informel de l'économie. On ne va pas s'intéresser
au fait que le secteur informel est le secteur qui échappe à la
légalité, et que ce secteur «informel» n'a rien
d'informel du moment où il influe fortement la sphère
économique. «L'ensemble des populations concernées peuvent
être considérées comme «pauvres», dans la mesure
où elles n'ont pas accès à certains biens et services en
raison de ressources matérielles inégales»(Dror et Jacquier,
1999). L'accessibilité financière à des soins de
qualité est entravée au même titre pour le planteur de
café guatémaltèque et l'habitant de la commune de
Barillas. «Si les dispositifs de micro-assurance ne ciblent pas tous les
pauvres, c'est parce que l'assurance suppose une capacité contributive.
Les personnes sans ressources rencontrent a priori des difficultés
à s'acquitter de leurs cotisations [...] Faut-il s'interroger sur la
capacité contributive des exclus «récupérables»
par la MAS ainsi que sur la façon dont la MAS traite les indigents ou
les «ultra-pauvres». Au sein des exclus sociaux, ce sont ceux qui
disposent le plus de ressources qui adhèrent
préférentiellement aux organismes de micro-assurance ou aux
mutuelles. Quant aux vrais indigents, ils ne profitent pas du système,
sauf dans les situations de forte cohésion sociale qui ne s'observent
que sur des territoires circonscrits (mutuelles rurales du Bénin) ou
bien s'il existe une volonté délibérée de leur
donner accès aux soins ou de les associer aux régimes, en payant
pour eux (au Bangladesh). (Letourmy et Pavy Letourmy, 2005). Exclus sociaux ou
«indigence chronique ne posent pas problème du moment où un
surplus de ressources existe et qu'une volonté de partage de ce surplus
pour élargir la sphère d'accessibilité est admise et
acceptée. Ce sont les deux principaux principes de l'objectif de la
Couverture Maladie Universelle. D'ailleurs, les dispositifs de MAS ont
facilité la CMU au Ghana et au Rwanda. (Criel et al, 2010).
· Le panier de soins offerts :
Si on va se limiter aux seules cotisations, «les
garanties offertes sont généralement modestes, car elles
dépendent des ressources des populations. La couverture des petits
risques occupe ainsi une place privilégiée. Cette tendance
s'expliquerait par divers facteurs : la rareté des hôpitaux, la
difficulté à négocier avec eux, les
préférences des populations elles-mêmes » (Letourmy et
Pavy Letourmy, 2005). Partant du fait que l'efficience allocative et technique
des fournisseurs de soins, et les besoins de santé, diffèrent
d'une région à une autre au sein d'un même pays, «plus
la population ciblée est pauvre, plus la couverture du petit risque
prend de l'importance parmi les garanties de la MAS» (Letourmy et Pavy
Letourmy, 2005). Peu d'exemples de couvertures de soins complètes ou
quasi-complètes, c'est-à-dire que l'assuré
bénéficie d'un accès à une gamme de soins. «Le
régime de l'ORT Community Multipurpose Cooperative de La Union aux
Philippines offre par exemple un panier important comprenant l'ensemble des
soins primaires et secondaires»(Letourmy et Pavy Letourmy, 2005). Ce n'est
pas uniquement la faiblesse des cotisations, mais aussi le choix des
assurés ayant des besoins «spécifiques» qui fait la
prédominance de la couverture du petit risque, si bien sûr ils ont
vraiment un mot à dire dans la définition des prestations.
«L'accès à ces services de base dépasse
déjà la capacité contributive individuelle des
ménages et la mutualisation du risque est intéressante dès
le niveau primaire»(Letourmy et Pavy Letourmy, 2005). Le moment est venu
pour traiter la question de couverture des risques naturels par la
micro-assurance.
b/ Revue de littérature des estimations de
modèles de l'offre et de la demande de MAS :
L'assurance permet de gérer le risque, elle ne
permet pas de réduire facilement les risques liés aux
évènements cycliques à fort degré de certitude et
faible coût, ni aussi les risques covariants à faible
probabilité mais à coûts très élevés
tels que les catastrophes naturelles. Dans le cadre des dispositifs de MAS,
«le choix des risques de santé couverts peut privilégier le
gros ou le petit risque» (Lepine et Petitpierre, 2006). Cette
responsabilité collective -qui est entre autres le résultat de
l'offre et de la demande des services de MAS- dépend de la
capacité à payer (Willingness to pay), de l'offre de soins
disponible et de leurs qualités, de l'accessibilité
financière et géographique...Dans ce qui suit, On va se focaliser
sur les variables ayant trait à l'évaluation et au contrôle
de la durabilité financière (la fonction d'offre) et à la
croissance de la demande (fonction de demande), par les membres d'une
communauté ou d'une population cible des prestations des MAS. Par une
revue concise des papiers et études ayant estimé des
modèles expliquant la fonction d'offre ou de demande des
services de MAS, on va mettre en lumière des
variables explicatives et des variables de contrôle des deux
modèles économétriques.
· La fonction d'offre de MAS :
1- Les variables explicatives : Ces variables
indépendantes sont d'intérêt. Leur intérêt ou
effet sur l'offre ou la viabilité financière de la MAS, a
été prouvé par une estimation économétrique
dans un papier de recherche ou une étude. Ainsi on peut trouver comme
variables indépendantes expliquant la croissance et la
rentabilité de l'offre des MAS : - Le nombre de mutuelles, le
nombre de cotisants, les bénéficiaires qui peuvent être
présentés par : le nombre de patients par jour, le nombre
d'infirmières par jour ou le nombre de consultations par jour. (Ouattara
at al, 2003) et le taux de croissance du nombre d'affiliés (Atim,
2000).
- L'augmentation des ressources humaines des
centres de santé, l'augmentation du nombre de centres de santé et
l'accroissement des tarifs des prestations de soins. (Letourmy et PavyLetourmy,
2005)
- La fréquence d'évaluations :
les projets de MAS qui ont réussi et qui ont perduré sont la
plupart du temps ceux qui ont fait l'objet d'évaluations
fréquentes. (Gotsadze et Bennett, 2003)
- La disponibilité des informations sur
les clients et les coûts bas des transactions. (Zeller et Sharma,
1998)
- L'accessibilité géographique
et financière aux soins, l'efficience (avec les moindres coûts) et
la qualité des soins délivrés par les fournisseurs de
santé. (Bhat et Mavalankar, 2001) avec leurs études sur les MAS
en Inde.
- La confiance des membres assurés en
les organismes de MAS et la viabilité financière du dispositif de
MAS. (Bhat et Jain, 2006).
- Le nombre suffisant de bons gestionnaires
dans le marché de la MAS (Berman et Khan, 1993).
2- Les variables de contrôle : Atim (2000) propose
un système de contrôle financier et une approche globale au
contrôle des mutuelles au Ghana.
Remarque : Tx est l'abréviation de Taux ;
Dép pour Dépenses.
Tableau 1 : Indicateur Définition /
exemples
Développement des institutions
Taux de participation aux réunions Nombre de
participants / nombre prévu
Paiement des échéances Montant perçu
/ montant total prévu
|
% d'affiliés ayant des arriérés
Nombre d'affiliés à jour de paiement / effectif total
|
Tx de couverture de la populat° cible Nombre
d'affiliés / effectif total de la populat° cible
|
Réalité des services offerts
|
Tx de couverture assuré par organisme % du total
des coûts des soins remboursés par la MAS
|
Qualité des soins exples :( délai
d'attente, hygiène, médicaments disponibles)
|
Efficacité
|
Tendance des dépenses de santé /
affilié Dép Totales de santé / nombre
d'affiliés
|
Tendance des Dép de santé /
catégorie % des dépenses par type de service (exples
:
de services consultations, admissions,
médicaments)
|
Performance financière
|
Ratio de solvabilité à Long Terme Total
dettes extérieures / contributions affiliés
|
Ratio des créances aux Dép courantes
Créances / Dépenses annuelles
|
Ratio de couverture des Dépenses Réserves /
ratio des dépenses annuelles
|
Source : d'après Atim, 2000
À noter que la demande de services de MAS par
des clients cherchant à s'assurer peut aussi faciliter l'offre de ces
mêmes services par les compagnies d'assurance. Comme tout produit, du
moment où il y a une demande croissante, l'offre peut suivre le rythme
facilement.
· La fonction de demande des services de MAS
:
L'assurance de santé communautaire demeure un
terrain non largement exploré (Bhat et Jain, 2006).On va utiliser
indifféremment les termes prestations ou services de MAS, puisque dans
plusieurs cas, l'organisme de micro-assurance de santé est
lui-même un fournisseur de soins de santé aux affiliés. En
se basant une autre fois sur les papiers publiés par les divers
chercheurs, la croissance de la demande des services de MAS peut être
expliquée par des variables explicatives et des variables de
contrôle.
1- Les variables explicatives la fonction de demande
:
- Le revenu élevé de
l'assuré (Scotton, 1969) et (Savage et Wright, 1999).
- Les dépenses de soins de
santé (Chernew, Cutler et al, 2002) : La demande pour l'assurance
augmente d'autant que les coûts de soins augmentent à cause du
risque des coûts catastrophiques et donc de paupérisation
(Feldstein, 1973).L'élévation des coûts de soins est aussi
dûe aux innovations technologiques dans le domaine médical ayant
pour effet l'augmentation de la demande pour l'assurance (Nyman, 1999). Mais
les réponses aux
changements technologiques diffèrent suivant
que les personnes appartiennent à différentes classes de revenus.
Les individus à revenus faibles achètent l'assurance pour
protéger en premier lieu leur santé (Kronick et Gilmer,
1999).
- Le prix de l'assurance qui est
composé par la prime pure, les frais de gestion et la marge
bénéficiaire de l'organisme d'assurance. A noter que le prix de
l'assurance explique négativement la demande pour l'assurance (Bhat et
Jain, 2006). Malgré que peu d'études aient essayé
d'estimer l'élasticité prix à la demande, à cause
du manque d'informations sur les prix et aussi des variations limitées
des prix dans les marchés d'assurance régulés, Butler
(1999) a tenté de contourner ce problème par une notion de
«prix effectif» en se basant sur les informations des caisses
d'assurance.
- Les caractéristiques
socio-économiques du ménage : âge, niveau
d'éducation, emploi,...
* L'éducation : les individus les mieux
éduqués sont mieux informés sur les prestations et les
bénéfices de s'assurer ou non, ce qui diminue leur
probabilité de recourir à n'importe quelle assurance (Grossman,
1972) et (Muurinen, 1982). De plus les individus les mieux
éduqués ont une espérance de vie plus longue (le
«gradient social» de Michael Marmot, 2006).
L'effet indirect de l'éducation est qu'elle a
un effet positif sur le revenu du ménage en l'augmentant (Van De Ven et
Van Praag, 1981), ce qui a un effet positif sur la probabilité d'achat
d'une assurance santé.
* L'âge a un effet important positif sur la
probabilité de s'assurer (Savage et Wright, 1999).
* Le genre a un effet sur la consommation des soins de
santé et donc sur la demande d'assurance : Sindelar (1982) a noté
que la forte consommation des soins de santé par les femmes peut
être expliquée par l'accroissement du besoin en soins durant les
années de reproduction.
* La situation maritale : les personnes mariées
ont plus de probabilité de s'assurer (Cameron et McCallum,
1995).
* La taille de la famille du ménage (parents et
enfants à charge surtout) a une influence faible sur la demande pour les
services de l'assurance santé. (Cameron et Trivedi, 1991)
- L'état de santé des membres
de la famille du ménage influence positivement la demande pour
l'assurance. Les variables telles que (Hospitalisation, les consultations chez
les médecins) sont utilisées dans la littérature comme des
«proxy» de l'état de santé (Hopkins et Kidd, 1996),
(Barrett et Conlon, 2003). Les dépenses de soins de santé par
rapport aux dépenses totales du ménage peuvent donner une
meilleure idée sur la charge de santé du
ménage.
- La sélection adverse : les individus
à hauts risques «mauvais risques» trouvent l'assurance
attractive et bénéfique et donc la demandent plus que les
individus à risques faible ou moyen. (Cutler et Zeckhauser,
1999)
- La perception du risque par les individus
est un facteur déterminant de la demande pour l'assurance. Telle que
l'appartenance à un groupe risqué, exemple : malades atteints par
le cholestérol. (Hopkins et Kidd, 1996) et (Butler, 1999) ont conclut
par exemple que les fumeurs ne sont pas trop attachés à conclure
une assurance maladie. Ces auteurs ont utilisé dans leurs études
le fait de fumer comme un «proxy» de l'aversion au
risque.
- L'utilité espérée de
l'assurance : par référence à la (Théorie de
l'aversion au risque et rationalité du consommateur). Le gain
d'utilité est lié aux besoins en soins de santé, aux
vulnérabilités à cause de l'âge, à la nature
du travail, à la situation maritale et à l'état de
santé préexistant (Hopkins et Kidd, 1996). Cette utilité
est une fonction associée au choix du régime qui maximise
l'utilité espérée (Cameron et Trivedi, 1991).
2- Les variables de contrôle : Il faut
préciser qu'il y a des variables de contrôle qui influencent en
même temps la fonction de demande et la fonction d'offre de
MAS.
Remarque : Tx est l'abréviation de Taux ; Nbre
pour Nombre.
Tableau 2 : Indicateur
Définition/exemples
Réalité des services offerts
|
Tx d'utilisation des services de santé par
affilié : Nombre de consultations dans le système /
nombre d'affiliés
|
Tx de couverture assuré par organisme : % du
total des coûts des soins remboursés par la MAS
|
Tx de morbidité parmi les affiliés : Nbre
de cas de maladie parmi les affiliés / Nbre
d'affiliés
|
Tx de mortalité parmi les affiliés : Nbre
de décès parmi les affiliés / Nbre
d'affiliés
|
Qualité des soins : exples :( délai
d'attente, hygiène, médicaments disponibles)
|
Source : d'après Atim, 2000
Pour sa part, Giesbert (2008), propose quelques
variables de contrôle suite à son étude portant sur la
demande pour la micro- assurance de santé dans les villages de Brakwa et
Benin (deux régions rurales) au Ghana. La fonction de demande peut aussi
être influencée par :
- Les caractéristiques
socio-démographiques : nombre d'années de scolarité, le
fait que le chef de famille est une femme.
- La vulnérabilité au risque
maladie (être malade ou mort suite à une maladie), plus
précisément quelle importance occupe le risque maladie en
comparaison aux autres risques comme : le risque d'incendie, d'inondation, du
vol d'argent, de la perte du travail, de décès...
- L'utilisation des services financiers de
microfinance et des banques commerciales : montrent que l'utilisation de ces
services n'est pas exclusive pour l'utilisation de la micro-assurance. les
calculs de pourcentages de Giesbert (2008) basés sur un
échantillon qualifié de représentatif de la population des
deux villages au Ghana, montrent que 36,4% des interrogés dans
l'étude épargnent de l'argent, 16,0% ont recours à des
emprunts, 7,6% sont inscrits dans une micro-assurance et 62,4% n'ont recours
à aucun des ces services financiers.
- L'existence d'une concurrence entre les
MAS.
On remarque que généralement tous les
dispositifs de MAS ou d'assurance maladie communautaire doivent passer par le
stade expérimental. Est-ce qu'un tel passage est inévitable ? Les
lignes qui suivent vont résumer une tentative de
standardisation.
2. MAS : de la faisabilité à la conception
: (tentative de standardisation) :
La MAS comme service financier obéit aussi
à la nécessité d'un autre service non financier venant
s'ajouter à d'autres garanties de réussite. Fixer des garanties
de réussite veut dire fixer une sorte de référentiel
portant sur les démarches d'identification, de faisabilité et de
conception des projets de MAS.
a/ Démarche d'identification en MAS :
Le GRET, à la lumière de son projet SKY,
a tenté de standardiser les étapes de montage d'une unité
de micro-assurance de santé et d'expliquer le fait qu'un tel montage ne
peut pas se surpasser d'un passage par le cadre expérimental et que
parfois même l'expérience mise en place peut échouer. Ceci
est du au fait que le principe de l'assurance - payer pour un risque potentiel
à mutualiser - est peu évident au départ pour les
adhérents potentiels aux dispositifs de MAS. De plus, faute de
références fiables sur les pathologies et leur prévalence,
une réelle démarche expérimentale doit être mise en
oeuvre pour construire les références sur les pathologies en
même temps que le produit est expérimenté, pour
gérer le dilemme entre un tarif trop haut qui décourage les
familles et un tarif trop bas qui handicape la montée vers un
équilibre financier à terme. (Duffau et al, 2008). Bref, cette
liberté - faisant partie d'une stratégie de communication et
d'une sorte de «marketing social» - est censée attirer les
adhérents potentiels. Donc, c'est la diversité des contextes qui
impose l'expérience et l'identification des éléments pour
répondre à deux questions de base :
«1- Quel type d'assurance santé veut-on
mettre en place ?
2- Quelle couverture veut-on proposer et avec quels
prestataires de soins ?
L'enjeu de l'identification et de la
faisabilité est de récolter les informations nécessaires
sur les politiques de santé et l'intérêt pour la
micro-assurance, sur l'offre de soin disponible et sa qualité, sur la
capacité contributive des familles et leur comportement en
matière de santé.» (Duffau et al, 2008).
Généralement les MAS se faisant dans le
cadre de projets de développement ; qui tendent à
considérer qu'ils arrivent en terrain vierge avec leur lecture des
réalités locales en termes d'absence et de manque. Donc
«L'offre nouvelle apportée par l'intervention ne vient pas combler
un vide, elle va s'insérer dans un ensemble préexistant,
élargissant la gamme des choix» (Lavigne Delville, 2001). Comme en
microfinance, et pour montrer la complémentarité des
étapes ou des couches, il est légitime d'effectuer une mission
d'identification pour juger de la pertinence de la mise en place d'un programme
d'assurance avant de définir comment intervenir : la
faisabilité.
L'identification appelée aussi - « mission
exploratoire ou étude préalable» (Duffau et al, 2008) -
permet par un premier décryptage du contexte, de définir des
pistes d'actions pertinentes par rapport à ce même contexte, par
rapport à la population cible et à l'exigence de
technicité sur le thème concerné. Elle permet de
préciser des orientations stratégiques majeures du futur projet
c'est-à-dire le champ des possibles, sa zone d'intervention, ses
acteurs, «ses grandes références techniques et
méthodologiques» (Creusot, 2004). Naturellement un accord politique
de principe avec un premier noyau d'acteurs sera recherché - pouvant
renseigner sur la volonté politique - notamment sur les grands objectifs
et les orientations de l'action. Lorsque les choix méthodologiques
seront pris, le lancement du projet expérimental aura lieu et les
informations disponibles seront affinées avec le temps «notamment
la prévalence des pathologies et aussi pour ajuster le modèle mis
en place, aboutissant ainsi à un dispositif d'assurance maladie de
qualité» (Duffau et al, 2008). Reste à préciser les
trois aspects de la démarche de l'identification. Autrement sur quels
points, porte l'analyse du contexte ? Quelles questions-clés de la MAS
il faut creuser ? Et enfin quels partenariats ou alliances il faut
considérer ?
L'analyse du contexte commence par une revue
d'ensemble portant sur les points suivants : «Compréhension des
données clés du pays...et analyse de la politique de
santé, analyse du contexte de l'assurance pour savoir à quelles
conditions peut-on être autorisé à mener un projet
expérimental ; quelle est la tutelle gouvernementale de l'assurance
santé c'est-à-dire (quel ministère...l'arsenal des textes
de loi récents régissant (la sécurité sociale,
l'assurance...) et leurs degrés de mise en oeuvre, existe-t-il des
partenaires techniques possibles parmi les compagnies d'assurance internes ou
externes au pays, quelle population est déjà couverte et comment,
le cas échéant ; y a-t-il eu des expériences
antérieures en micro-
assurance santé ou autre mécanisme de
couverture du risque maladie ? »(Duffau et al, 2008).
Nécessité est d'approfondir certaines questions après
cette analyse sommaire de l'environnement qu'on cherche à
accéder. Ces questions ont un caractère déterminant pour
le futur de la MAS s'il elle sera mise en place à savoir : Est-ce qu'il
existe un besoin réel de couverture en santé des ménages
et des familles ? Qu'en est-il de l'existence des conditions minimales
permettant le lancement et le développement ultérieur d'un
programme d'assurance telles que ( les fournisseurs de soins offrant des
services de qualité contrôlable, le cadre légal , le
degré d'alignement avec la politique nationale de santé , les
soutiens des institutions à l'échelle locale et nationale),
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants déjà présents sur
les zones envisagées proposant des services similaires ou connexes pour
prévenir une concurrence éventuelle et pourquoi pas profiter de
leur connaissance et de leur expérience dans le milieu ?
« La faisabilité part des conclusions de
l'identification, elle en approfondit les hypothèses afin de
définir les modalités de mise en oeuvre du projet (options
institutionnelles, phasage du projet, choix d'une méthodologie,
dimensionnement humain et financier). Elle doit également veiller
à la cohérence du projet au regard du contexte (cohérence
externe) et de sa logique d'intervention (cohérence interne)»
(Duffau et al, 2008). Ainsi quels outils à prendre en compte pour
achever la phase de la faisabilité et par la suite la conception de la
MAS ?
b/ Faisabilité et choix méthodologiques
à prendre en compte pour la conception:
Comme expliqué plus haut, l'approfondissement
de l'analyse peut commencer en se basant sur le plan de travail
préparé issu de l'identification. Les détails de la
démarche à suivre ou des points à approfondir n'est pas
l'objet de ce travail, d'autant plus qu'on ne va rien ajouter à la
littérature qui s'élargit constamment en essayant de normaliser
le plus possible ces projets «pilotes». Se référant de
notre côté à une tentative de standardisation (projet SKY)
du GRET, sans perdre de vue naturellement l'adaptation en fonction de
l'état des lieux et des contextes propres à chaque pays, les
lignes qui suivent vont mettre en lumière les points essentiels à
traiter au cours de la faisabilité et les outils à prendre en
compte pour la conception.
· Préparation de la faisabilité:
outils à prendre en compte :
D'une manière relativement séquentielle,
les trois questions clés traitées lors de l'identification
seront approfondies en profitant parfois des occasions pour traiter
plusieurs
points se rattachant à plus d'une question
simultanément. Ainsi il convient de traiter minutieusement:
- L'offre de soins : analyse des structures
de santé et du niveau de qualité des soins, analyser le
dispositif sanitaire et l'offre de soins, sa disponibilité et sa
qualité. Autrement enquêter sur la couverture géographique
du dispositif existant, la qualité perçue par les familles, les
infrastructures de soins, la qualité de l'accueil, l'évaluation
de la qualité réelle et analyse objective des pratiques de
santé, quels types de structures vont être enquêtées
? Définir un niveau de qualité minimum de l'offre de soins,
analyse de la tarification des services offerts, évaluer et
définir le champ de l'enquête pour planifier les ressources
techniques, humaines et financières à mettre en oeuvre, comment
gérer les difficultés rencontrées surtout celles ayant
trait au manque de fiabilité des chiffres et données des
structures de soins ? Faut-il se fier à l'avis personnel ? Comment
interpréter les données recueillies ?
- Les politiques de santé et
l'intérêt des autorités sanitaires (relevant des
différents ministères- santé, travail, finances...) pour
la micro-assurance de santé. Si des programmes de protection en
santé étaient repérés pendant l'identification, il
faut approfondir leur compréhension (population cible, services
couverts, système de paiement, mode de contractualisation avec les
institutions sanitaires, etc). Dans le cas d'absence de ces programmes de
protection sociale et de méconnaissance du concept d'assurance, il faut
assurer une compréhension minimale des principes d'assurance, une
identification de complémentarité entre les systèmes et
que les autorités nationales et locales en charge de la tutelle du
projet adhérent à la démarche de l'opérateur et lui
apportent soutien dans la durée.
- L'existence d'un besoin et d'une demande :
enquêtes socio-économiques et sur les comportements des familles
face aux soins (recours aux soins, capacité contributive et
«tolérabilité» de la prime c'est-à-dire le
montant que les familles sont effectivement prêtes à payer pour
l'assurance) (Duffau et al, 2008). Les moyens minimums nécessaires, la
logistique et le coût estimé vont dépendre majoritairement
de la taille de la zone couverte par le projet de MAS. En fonction des
contraintes précisées par les phases d'identification et de
faisabilité, plusieurs choix méthodologiques sur le futur du
projet restent à diagnostiquer. Ces choix feront l'objet de la
transition à la conception.
· Choix méthodologiques pour une
conception de la MAS :
Les orientations éventuelles à analyser
sont entre autres guidées par le capital d'expériences et de
savoir-faire de l'opérateur chargé du dispositif du programme de
MAS, ainsi que de son professionnalisme à lire et récapituler la
réalité du contexte. Pour montrer le lien entre les
deux précédentes étapes et les
choix stratégiques à décider et par lesquels la conception
du projet d'assurance va débuter effectivement et vont l'influencer
constamment, deux exemples sont donnés :
- Les choix de la contractualisation avec les
fournisseurs de soins (même si c'est de la médecine
«traditionnelle») ainsi que de la base de tarification des services
offerts seront faits à la lumière des conclusions sur l'offre de
soins.
- La compréhension des habitudes ou
des traditions de santé des ménages vont renseigner sur
l'accessibilité géographique et donc intégrer ou non les
frais de transports par exemple dans les frais couverts par l'assurance pour
attirer la population cible.
Les choix peuvent concerner aussi «le mode de
paiement des primes, le type de gouvernance du dispositif d'assurance
santé, la stratégie de lancement, les actions d'accompagnement,
etc... Les programmes d'assurance oscillent toujours autour du délicat
équilibre à trouver entre l'étendue et la qualité
des services offerts et le prix de la prime qui doit rester accessible au plus
grand nombre» (Duffau et al, 2008). Ces dispositifs de MAS sont souvent
montés sous couvert des programmes de développement, sous forme
d'une aide bilatérale ou multilatérale aux pays
bénéficiaires. Mais sont-ils une «mode» ou des
solutions «prêt-à-porter» tentant vainement de semer les
graines de la participation à la vie sociale et à faire
comprendre les autorités gouvernementales qu'elles ne peuvent ni
décider le sort des citoyens ni prétendre connaître ce qui
est le mieux ou non pour leur vie quotidienne ? Une lecture des modèles
de MAS sera proposée dans la partie suivante.
III. Grille de lecture des modèles de MAS,
limites et perspectives :
En se basant sur une large littérature des
expériences de MAS dans plusieurs pays surtout : Ghana, Chine, Inde,
Sénégal, Mexique, Philippines, Tanzanie, Chili, République
de Corée, Jordanie, Uganda, Guatemala, Burkina-Faso...Et «sur trois
études de cas concernant : le Mali [l'étude porte sur les
mutuelles de santé, une analyse plus précise de la mutuelle
Kènèya So créée par l'institution de microfinance
Nyéta Musow. L'expérience est positive mais demeure
limitée]. L'Afrique du sud [cette deuxième étude porte sur
la contribution d'entreprises commerciales privées «PROPARCO»
aux objectifs de la micro-assurance de santé.
Le contexte sud-africain se caractérise par un
marché de l'assurance maladie saturé et un système de
soins dual, l'un pour les couches favorisées et l'autre pour les
personnes démunies. Les opérateurs privés d'assurance ont
bâti leur activité pour une clientèle disposant de revenus
satisfaisants et ils ont du mal à l'adapter à une
clientèle à plus faible revenu. Une raison est liée
à la tendance du secteur privé de l'assurance à
privilégier la surenchère
technologique et les activités
financières, ce qui augmente les coûts de transaction et interdit
la baisse des tarifs des primes]. Et le Bangladesh [étude de trois
organisations non gouvernementales(ONG) : Bangladeshi Rural Advancement
Committee(BRAC), Grameen Kalyan(GK) et Dushta Shasthya Kendra(DSK). Elles
animent des programmes de développement pour les populations pauvres, en
milieu rural pour BRAC et GK, et en milieu urbain pour DSK. Ces programmes
possèdent un volet santé important complété par des
produits de micro-assurance maladie. Les ONG ont réussi à
créer des relations fortes avec les populations ciblées. Ensuite,
elles réalisent toutes un effort important en faveur des
catégories vulnérables : les femmes et les personnes très
pauvres. Cette étude montre que, même si certaines grandes
organisations travaillent en direction des communautés démunies,
elles possèdent des stratégies entrepreneuriales précises
qui ne s'accordent pas complètement avec une gestion participative des
activités de terrain» (Letourmy et Pavy Letourmy,
2005).
1. Caractéristiques communes, originalité
de la MAS et grille de lecture :
On va dans ce qui suit analyser la différence
entre une mutuelle et MAS, puis résumer les caractéristiques
communes des expériences et enfin mettre en lumière une grille de
lecture des organismes de MAS.
a/ Mutuelle et micro-assurance de santé :
La diversité et le nombre qui ne cesse
d'augmenter des «expériences» de MAS, témoignent d'une
certaine créativité, d'une popularité d'un dispositif
devenu déjà à la mode. Une certaine confusion entre MAS et
mutuelle existe. Y-a-t-il vraiment une différence de fond ou elle
réside juste au niveau de l'appellation ?
· Qu'est ce qu'on entend par Micro-assurance de
santé ?
Trouver une définition dans la
littérature n'est pas une affaire simple. Les pères du concept ;
appartenant au ILO à l'époque ; dans leur article publié
en 1999, conçoivent «la micro-assurance comme une entreprise
autonome, indépendante des opérateurs extérieurs ou de
lignes de crédit permanentes [...] Le mot micro fait
référence au niveau social de l'interaction. Il s'agit de
régimes plus petits que les régimes nationaux et le mot assurance
fait référence à l'instrument économique»
(Dror et Jacquier, 1999). Le nouveau concept «générique ou
basique» concerne «les régimes volontaires de groupes pour
l'auto-assistance
en matière d'assurance maladie sociale...la
motivation des assurés est parfois contraste avec les sentiments
altruistes des personnes adhérant à une société
amicale» (Dror et Jacquier, 1999). En se référant à
plus de détails du même article et aux conclusions
développées par (Letourmy et Pavy Letourmy, 2005) pour cerner le
concept, la MAS vient en complément aux stratégies des
sociétés d'assurance, puisque par ce dispositif, les assureurs
auront la possibilité d'offrir un service adapté à une
clientèle qui mène des conditions de travail et de vie
particulières. Encore, il est tout à fait naturel de faire appel
aux techniques de l'assurance pour traiter : la sélection adverse, le
risque moral, l'asymétrie d'information, la mutualisation des risques,
le passager clandestin, l'escalade des coûts et la sous-assurance.
L'adhésion des exclus sociaux n'est pas uniquement pour un motif
économique, mais aussi dans le cadre d'une dynamique communautaire et
une responsabilité collective pour décider librement et de
manière autonome. Ce choix porte principalement sur les prestations et
les risques couverts pour le groupe des assurés. Le choix des risques
couverts gros ou petits, distingue la MAS de l'assurance à but lucratif
(caractérisée par la distribution des dividendes et la vente des
actifs lors de la liquidation), et aussi de l'assurance sociale. Selon le
document de la plate-forme d'Abidjan(1998) auquel Dror et Jacquier ont fait
référence, « la nature démocratique, volontaire,
autonome, participative, communautaire et désintéressée de
la micro-assurance a été reconnue» (Dror et Jacquier, 1999).
Ce sont les mêmes principes des mutuelles de santé, où
réside donc la différence ?
· La mutuelle de santé:
«Une mutuelle est un groupe de personnes qui
s'organisent pour faire face, au moyen de leurs seules cotisations, aux
conséquences d'un risque social qui les menace ainsi que leurs familles.
C'est une notion qui ne s'applique pas uniquement à un organisme visant
la protection contre la maladie. Les mutuelles se définissent comme des
sociétés de personnes, par opposition aux sociétés
de capitaux. Elles sont censées tirer leur identité du respect de
cinq grands principes : la non-lucrativité ; la solidarité ; le
volontariat ; la démocratie ; l'indépendance» (Letourmy et
Pavy Letourmy, 2005). Les mutuelles répandues surtout en Afrique de
l'Ouest francophone, sous l'effet d'opérateurs d'appui français.
Elles «constituent apparemment une forme de micro-assurance [...] En
pratique, trois éléments caractérisent les mutuelles de
santé :
- Les adhérents bénéficient
d'un mode d'accès privilégié aux soins, un régime
d'assurance maladie volontaire. C'est parfois une offre de soins
«maison», exemple d'un centre de soins ;
· Pour relier les entités de base, les
mutuelles sont censées constituer des unions ou des
fédérations.
· L'approche mutualiste se veut explicitement
sociale et politique c'est-à-dire atteindre une capacité
d'influence sur la politique nationale de santé ou de protection sociale
dans le pays. Exemple de l'UTM au Mali.
Tableau 3 : Comparaison conceptuelle entre mutuelle et
MAS
Mutuelle de santé Organismes de micro-assurance de
santé
· La volonté de départ est de
regrouper des personnes pour faire face aux conséquences d'un risque de
mauvaise santé. D'autant plus que ce n'est pas systématique que
le régime d'assurance d'une mutuelle soit volontaire.
· Une approche globale de la couverture des risques
liés à la santé, à titre d'exemple
et à priori aucune condition à
respecter pour organiser des actions de prévention dès lors que
les adhérents le souhaitent et y mettent les moyens.
· Une approche plus restrictive, faisant
référence aux besoins sociaux des adhérents. Si des
actions de prévention seront programmées, elles doivent passer
par une sélection allant de pair avec l'efficience de l'activité
entière. Ces actions devraient être mises en balance avec une
spécification alternative des garanties : une exclusion de certains
risques de santés liés à des problèmes de
santé particuliers.
· Les organismes de MAS peuvent fonctionner en
réseaux.
· La question d'influence sur la politique
nationale de santé ou de protection sociale n'est pas explicite. Les
fonctions techniques qui ne peuvent être assurées par des
entités de base telles que (la sécurité financière,
la gestion, utilisation d'un médecin conseil) sont assurées par
des formules diverses. Exemple : la mise en place d'une réassurance
selon une formule sans but lucratif dans le cadre du Social Re de l'ILO aux
Philippines.
· L'objectif prioritaire de monter un dispositif
d'assurance viable financièrement.
- La gouvernance des mutuelles est
exercée par les cotisants via un système de représentation
;
- Les mutuelles sont destinées
à constituer des unions et des fédérations. Elles
s'inscrivent donc dans un mouvement social qui représente à la
fois un mode de développement technique et une représentation
politique» (Letourmy et Pavy Letourmy, 2005). Après avoir
présenté les quelques aspects typiques aux mutuelles et MAS, on
va essayer de dégager la vraie différence. Toujours en se
référant aux travaux de Letourmy père et fille(2005), les
différences ont trait aux points suivants :
· Les mutuelles ne ciblent pas de
catégories particulières. Certaines mutuelles couvrent des
catégories de population plus aisées et à effectif
important. Naturellement, les garanties qu'elles offrent sont hors de
portée de populations à faible revenu. Certaines mutuelles ne
relèvent pas de la MAS. Exemple des fonctionnaires se regroupant en
mutuelles en Afrique de l'Ouest, en absence de régimes
obligatoires.
· La MAS s'adresse aux catégories
«exclues» (Dror et Jacquier), en fait à une population du
monde rural et du secteur informel. Implicitement, les entités de base
ne vont pas regrouper des effectifs importants sauf exception.
Source: Letourmy et Pavy Letourmy, 2005
A vrai dire, et puisque certains caractérisent
le MAS : «la simplicité, l'accessibilité financière,
la proximité et l'autogestion» (Letourmy et Pavy Letourmy, 2005).
Mais certaines formes de micro-assurance font exception à ces principes.
Certaines mutuelles relèvent de la MAS. Sur le terrain, certaines
différences disparaissent et parce que sur le plan technique mutuelles
et MAS utilisent exactement les mêmes outils, la seule différence
qui peut surgir est purement idéologique. Les deux notions ne
résument tous les dispositifs à base communautaire. Les lignes
qui suivent vont résumer les points qui caractérisent toutes les
expériences, et les différents modèles existants sur le
terrain.
b/ Caractéristiques communes aux expériences
de MAS et grille de lecture de ces organismes :
Malgré le nombre important des
expériences éparpillées dans le monde, la MAS est à
notre sens une invention économique inspiré de la microfinance et
ces différents dispositifs montés présentent certains
points communs se rattachant aux finalités, aux modes de financement et
aux mécanismes utilisés. Sur quels critères certains
auteurs se sont basés pour classer ses dispositifs et quelle est la
grille de lecture proposée par Letourmy père et fille
?
b1. Caractéristiques communes aux
expériences de MAS :
· Concernant les finalités
recherchées a priori les expériences montées ont pu
:
- Collecter des ressources privées des
ménages destinées à gérer le risque de maladie, et
leur permettre de se prévenir contre les dépenses de soins
imprévues et catastrophiques. Par cette collecte, le dispositif
d'assurance permettra une mutualisation des risques et une meilleure
exploitation des capacités à payer des adhérents
démunies.
- Les individus qui ont contracté une
assurance maladie peuvent avoir accès à une offre de soins
dont la qualité minimale est garantie par des procédures de
contractualisation et
implicitement d'accréditation.
«L'utilisation de l'offre de soins augmente en conséquence, comme
cela a pu être constaté à maintes reprises»(Criel et
al, 1999).
- La nouveauté du concept d'assurance
pour les populations visées, fait de l'adhésion volontaire un
principe. L'idée de perte des cotisations en cas de non-survenue du
risque n'est pas facilement admise par la population. L'affiliation obligatoire
n'est pas facile à poser. Conséquence, l'affiliation peut
être remise en cause à tout moment et le nombre d'assurés
ne peut pas être aisément important. (Letourmy et Pavy Letourmy,
2005)
* La mutualisation des risques est un but et un outil
commun à toutes les expériences. «La mutualisation des
risques non liés entre eux permettent la division statistique entre un
grand nombre de cas» (Dror et Jacquier, 1999).
* Le financement à base communautaire est
fondé sur le principe du paiement de cotisations en échange de
prestations. Depuis l'institution des politiques de recouvrement des
coûts, la population doit participer aux frais de santé par
l'intermédiaire de l'assurance de santé. (Letourmy et Pavy
Letourmy, 2005)
b2. Typologie des organismes de MAS et grille de
lecture :
Il n'y avait pas un consensus sur les classifications
«restrictives» des expériences décentralisées et
participatives d'assurance maladie, vue l'originalité de certaines
d'entre elles. On y trouve une distinction basée sur une approche
sociale d'Atim(1999), et une autre économique basée sur les
relations entre les différents agents entre eux et sur le mode
d'organisation (McCord, 2000). Les exemples respectifs à chaque
modèle sont fournis par (Letourmy et Pavy Letourmy, 2005),
excepté le modèle MIA (Massat, 2008).
· Atim(1999) a proposé une typologie
des MAS qu'on distingue en cinq catégories, basée sur
les liens entre les individus. On trouve :
- «Traditional Social
Solidarity Networks» (les assurances basées sur un
réseau traditionnel de solidarité sociale : la population cible
est un clan ou une ethnie. Exemple : la Mutuelle Famille Babouantou de
Yaoundé au Cameroun ;
- «Inclusive Mutual Health
Association or Movement» (les associations d'aide mutuelle ou
mutuelles de santé) : la base du recrutement est plus large, parce
qu'elle est constitué par des communautés rurales ou urbaines
regroupées dans le cadre d'une entreprise, d'un syndicat ou d'une
association professionnelle. Les distinctions de type ethnique, clanique ou
autre ne sont pas prises en compte. Exemple : la mutuelle Umasida en Tanzanie
;
- «Simple or Low
Participation Model of Community Financing» (Assurance
à financement communautaire simple): ce type d'assurance correspond plus
à une initiative issue d'une structure de soins dans le cadre de la
politique de recouvrement des coûts, qu'une initiative communautaire.
Pour cette raison, l'appropriation du régime d'assurance par les
assurés est faible puisque leur participation à ce même
régime l'est aussi ;
- «Complex or High
Participation Community Financing Model» (l'assurance
à financement communautaire avec gestion participative : la
communauté est impliquée dans la gestion active du régime
d'assurance au moins en ce qui concerne les soins primaires (centres de
santé) en collaboration avec l'offre de soins via des structures
participatives. Exemple : l'assurance SEWA est gérée en partie
par ses membres pour le premier niveau de soins ;
- «Medical Aid
Society» (les sociétés d'aide médicales)
:
Elles représentent la forme la plus
perfectionnée du mouvement social d'aide mutuelle. L'organisation de
tels régimes d'assurance se fait sur une grande échelle, surtout
en termes d'effectifs. La gestion est professionnelle et utilise des techniques
du secteur privé commercial. Exemple : les produits d'assurance maladie
du gestionnaire de Medical Schemes Medscheme en Afrique du Sud.
· Une deuxième typologie a
été proposée par McCord(2000), en distinguant quatre
modèles de MAS :
-
«Partner-Agent-Model»(le modèle
d'assurance basé sur un partenariat entre deux agents financiers) :
à titre d'exemple un partenariat entre un assureur et une institution de
microfinance, ou une ONG proche d'une communauté. Les deux agents
travaillent de façon à obtenir des avantages réciproques.
L'assureur («Partner») utilise le réseau de l'IMF pour
être en contact rapide et facile avec les clients de l'IMF et sur son
terrain. D'un autre côté, l'IMF («Agent») utilise les
services de l'assureur pour permettre un meilleur accès surtout
financier aux soins de santé à ses clients et ainsi les attirer
et réduire encore le risque de non remboursement des crédits
qu'elle a octroyés. Donc en pratique, «le Partner supporte tout le
risque, et par la même décide généralement du panier
de soins couvert et du montant de la prime d'assurance. L'Agent fait le lien
avec les assurés (marketing du produit, collecte de la prime, paiement
et règlement du contentieux). Reste à préciser que le
rôle de médiateur que l'Agent joue, entre l'assureur et la
population assurée peut générer des conflits
d'intérêt qui rendent sa position ambiguë. Car il doit
à la fois défendre les intérêts des assurés
(ses clients),
et représenter l'assureur lorsqu'il s'agit de
modifier le panier de soins ou le montant de la prime et éventuellement
de régler des problèmes de fraude» (Massat, 2008). Exemple :
en Ouganda : le partenariat entre «Nsambya Hospital Healthcare Plan»
(NHHP : une entité semiautonome de l'hôpital de Nsambya, qui
s'occupe de la partie assurance proposée par la structure de soins) et
l'institution de microfinance Finca qui fournit au NHHP son effectif de
clients.
- «Community-Based-Model»(le
modèle d'assurance de santé à base communautaire)
:
Dans ce cas, les assurés sont à la fois
propriétaires et gestionnaires du plan d'assurance santé. On va
encore saisir cette occasion pour présenter, à titre d'exemple
l'originalité d'un modèle développé par la MIA (New
Delhi en Inde), et qui se range dans la catégorie de l'assurance
communautaire. On a incité encore à présenter cette
expérience vue sa logique qui va de pair avec l'objet de ce modeste
travail qui est essentiellement l'impact de la MAS sur la CMU.
Ainsi, ces modèles sont à but
non-lucratif, volontaires (c'est-à-dire les assurés
élisent parmi eux un groupe de membres volontaires, responsables de
l'ensemble de la gestion du plan d'assurance), et répartissant le risque
selon un principe de solidarité. Ce groupe volontaire conçoit,
développe, met en place et négocie les contrats avec les
prestataires de soins. Il vend et gère les différents produits
d'assurance, d'où la nécessité d'un important
investissement pour la formation de l'équipe des gestionnaires
volontaires.
D'après un rapport de stage effectué par
Massat P. à la MIA en 2005, on a pu résumer les remarques et les
conclusions suivantes :
Dans ce type d'organisation, le manque d'expertise en
matière d'assurance est généralement compensé par
une cohésion très forte fondée sur les liens sociaux
préexistants dans la communauté (c'est souvent un village ou un
groupe de villages voisins qui décident de s'assurer), et par une
implication et une responsabilisation des membres très importante. Toute
la communauté est responsable de chaque étape de la
création et de la gestion de l'assurance, de la définition du
panier de soins couvert, jusqu'au remboursement des assurés.
Conséquences de cette proximité entre
l'assurance et les assurés sont : en premier lieu, la maximisation de
l'intérêt qu'ont les assurés à la bonne marche et
à la pérennité de l'organisation ; puisqu'ils sont
à la fois les seuls gestionnaires et les seuls
bénéficiaires. La communauté a une forte incitation
à faire en sorte que l'assurance se porte bien. La population
assurée partage les pertes comme les profits, ce qui accroit encore son
implication.
Enfin et de par son fonctionnement, les coûts
d'une assurance «mutuelle» ou communautaire sont
généralement plus faibles que dans un autre modèle,
puisqu'une partie de l'information essentielle circule de manière
informelle (tout le monde dans un village sait si une personne est vraiment
malade ou non, ou si quelqu'un n'a pas payé sa cotisation annuelle,
etc.). De
plus, moins d'argent est perdu dans des comportements
de fraude, de hasard moral ou de sélection adverse.
En revanche, la taille souvent petite des mutuelles et
assurances communautaires est une limite importante à leur
soutenabilité, puisque les décaissements de l'assurance peuvent
fluctuer grandement d'une période sur l'autre (sur un petit
échantillon, la Loi de grands nombres et le Théorème
Central Limite ne s'appliquent pas, ce qui rend les dépenses largement
imprévisibles). De plus, la communauté assurée
étant généralement relativement pauvre, l'assurance ne
dispose pas de réserves suffisantes pour faire face à des
dépenses anormalement élevées. Le seul recourt contre ces
dépenses catastrophiques est le partage du risque sur un pool plus
large, soit par le pooling avec d'autres mutuelles, soit, et c'est ce que
recommande la MIA, par la réassurance de la tranche supérieure
des coûts.
Ce qui le rend la MIA particulière se
définit sur trois axes : l'Inclusion et le Community Rating,
l'affiliation « en bloc », et la réponse aux Besoins
spécifiques de la population.
Pour commencer, le modèle de la MIA part d'une
logique inclusive plutôt qu'exclusive. Conformément à la
logique première de solidarité, ce modèle vise en premier
lieu une amélioration des conditions de vie de la communauté
toute entière. L'exclusion des plus gros risques (les personnes
âgées et les gens très malades) n'allègerait pas le
poids qui pèse sur l'ensemble de la communauté lorsqu'il s'agit
de payer les soins, puisqu'au final la communauté, ou du moins certains
de ses membres, devront payer de leur propre poche. L'objectif de la MIA est
donc de trouver une solution assurantielle permettant à toute la
communauté de se prémunir contre les dépenses de
santé élevées, voire catastrophiques, ce qui passe
nécessairement par une inclusion de tous ses membres.
En suivant toujours cette logique communautaire, la
MIA privilégie le Community Rating (une prime d'assurance unique pour
l'ensemble de la communauté) à une prime d'assurance basée
sur le risque individuel.
Ensuite, la MIA insiste pour que la décision
d'adhérer, c'est-à-dire de créer l'assurance, soit prise
par l'ensemble de la communauté. Il faut que ce soit une décision
collective, dument réfléchie, et prise de façon (plus ou
moins) démocratique. L'intérêt est double. D'une part, on
ne risque pas de voir certains membres, hostiles au projet, tenter de saborder
l'assurance en fraudant sciemment, par exemple. On ne s'assure que si tout le
monde est d'accord et prêt à faire des efforts pour rendre
l'assurance soutenable. D'autre part, on maximise la taille du pool puisque
100% de la communauté est assurée, ce qui permet une meilleure
répartition du risque. En outre, cela suit la même logique
communautaire dont il était question plus haut.
Enfin, et c'est un des points forts de ce
modèle, on cherche des solutions aux besoins spécifiques de la
population qui veut s'assurer. Au lieu de proposer un panier de
soins
couverts standard, le choix est laissé aux
futurs assurés de déterminer ce qu'ils veulent assurer et
à quel prix. Pour cela, un outil a été mis au point qui
permet à la communauté de décider facilement et en
connaissance de cause, même pour les membres analphabètes. Il
s'agit du CHAT (Choosing Health plan All Together). Cet outil permet de trouver
une solution à la fois satisfaisante pour les assurés en termes
de couverture, réaliste du point de vue de l'assurance puisque ce qui a
été choisi l'a été en fonction de l'offre de soins
locale, et viable parce que la communauté ne choisit une police
d'assurance que si elle peut (a priori...) se l'offrir. Concernant les
principes de base de la MIA on peut voir son site internet (MIA,
2010).
-«Full Service
Model» (le modèle d'assurance) :
Dans ce cas, une entité unique et
indépendante prend en charge l'ensemble des éléments
relatifs à la mise en oeuvre et à la gestion d'un produit
d'assurance maladie, depuis la conception du produit à la gestion de la
garantie en passant par la recherche de clients. L'équipe gestionnaire
est constituée par des professionnels. L'assurance assume seule les
risques du produit, sans qu'elle ne reçoive aucun
bénéfice. C'est ce point qui la distingue des assurances
privées classiques. Des réserves doivent être
constituées pour minimiser naturellement les risques
santé.
- «Provider
Model» (le modèle d'assurance de santé
intégrée à l'offre de soins) :
Le fournisseur de soins propose lui-même un
produit d'assurance à ses patients, collectivement ou de manière
individuelle. Le plan d'assurance propose un panier de prestations
correspondant aux soins disponible dans la structure de soins. Le prestataire
qui est lui-même assureur assume donc les risques du produit, et les
garanties proposées reposent souvent sur un système par
capitation. Exemple : le Nkoranza Community Health Insurance Scheme ; une
assurance maladie lancée par la direction de l'hôpital catholique
de Nkoranza au début des années 1990, couvrant les soins
dispensés dans l'établissement.
Les réalités du terrain, du contexte
local changeant, des caractéristiques techniques assurantielles, du
niveau de professionnalisation des équipes chargées de
gérer les régimes d'assurance, la présence des
caractéristiques d'une assurance privée classique à but
lucratif et enfin le développement parallèle d'activités
de microcrédit pour renforcer la capacité à payer des
cotisations des bénéficiaires, ont rendu les classifications des
expériences de MAS difficiles. Certaines assurances communautaires ne
sont même pas fidèles au mouvement social d'aide mutuelle, vu le
but lucratif recherché. Afin de contourner cette typologie
restrictive, une grille de lecture des expériences
a été proposée par (Letourmy et Pavy Letourmy,
2005).
· Grille de lecture des dispositifs
montés de MAS :
La grille comprend deux volets. Un volet technique se
basant sur trois dimensions essentielles pour caractériser le
régime d'assurance en question. Un second volet renvoyant aux objectifs
ayant motivé le lancement des expériences.
- Le volet technique
:
Ce volet est constitué par les principales
variables dans les différentes expériences
décentralisées et participatives d'assurance maladie à
savoir : la population visée par le régime d'assurance ; les
garanties proposées ; et les modalités d'organisation de
l'organisme assureur. On va se concentrer sur la variable mode d'organisation,
qui regroupe à son tour trois éléments : le statut
juridique, le mode de gouvernance et l'association à une autre
activité.
En ce qui concerne le statut juridique, les organismes
proposant des services de MAS sont de nature privée et, très
souvent à but non lucratif. Exception pour certains d'entre eux qui ont
pu sous-traiter une partie des opérations liées à leur
activité à des sociétés commerciales
privées. Le modèle de mutuelle ne débouche pas
forcément sur de la micro-assurance, et les Medical Schemes
sud-africains sont un exemple parmi d'autres.
Ensuite et pour le mode de gouvernance, l'association
de représentants des communautés à la gestion et à
la prise de décision constitue une des caractéristiques de la
micro-assurance, compte tenu de la vocation sociale de ces organismes. La
participation des représentants a été codifiée par
les mutuelles. On ne voit pas vraiment une décision appartenant aux
représentants des communautés, si l'activité d'assurance
est greffée sur d'autres activités gérées par une
organisation professionnelle. Si une ONG propose à des villageois de
mettre en place une assurance maladie, c'est cette ONG qui prend les
décisions.
Enfin l'association à une autre
activité, on retiendra globalement deux formes générales
d'association de l'assurance santé à une autre activité :
soit une articulation entre deux activités, proche du concept de
Partner-Agent développé par McCord, soit une intégration
entre deux activités.
- Les objectifs des
projets:
Les objectifs potentiels et leur
hiérarchisation diffèrent selon les partenaires au
développement bailleurs de fonds, les projets montés et
l'institution chargée de gérer l'assurance maladie. Cinq
catégories d'objectifs peuvent être distinguées
:
1- Les plus apportés au fonctionnement du
secteur des soins de santé : L'assurance maladie est censée
améliorer l'accessibilité financière aux soins
coûteux et par la même occasion fournir des ressources stables aux
formations de santé (centres de santé et hôpitaux).
Généralement en rassemblant des effectifs importants, les
régimes obligatoires, les mutuelles ou les réseaux de
micro-assurance peuvent avoir des exigences sur la qualité des
prestations et l'efficience technique ou même allocative, et ils ont les
moyens de les faire valoir.
2- La contribution à étendre la
protection sociale : les MAS étaient une réponse à
l'absence d'assurance maladie ou de régimes de sécurité
sociale en faveur de populations particulières. C'est la population
évoluant dans le secteur de l'économie informelle qui est
visée prioritairement. Les prestations doivent répondre d'abord
aux besoins différenciés des divers groupes sociaux, et donc
s'inscrire dans un système assez décentralisé de
protection sociale. L'engagement de l'ILO en faveur de la micro-assurance
marque une évolution remarquable en matière d'extension de la
protection sociale. Le programme STEP mis en place à la fin des
années 1990, constitue l'outil pratique d'appui à cette nouvelle
forme d'extension de la protection sociale. La coopération
française a fait un constat analogue et a défendu le concept de
mutuelle pour assurer l'extension de la protection sociale dans le secteur
informel (Foirry et al, 2000).
3- La participation à la lutte contre la
pauvreté : Par le passage d'une démarche de secours a posteriori
aux groupes tombés dans la pauvreté à une approche de
prévention et de gestion du risque des dépenses de santé
en faveur des populations vulnérables. Ces groupes pourront prendre en
charge leurs besoins en soins de santé.
4- La promotion de la démocratie : En termes
politiques, la gestion participative et décentralisée est
considérée comme un élément de promotion de la
démocratie. Les relations entre l'Etat et la société
civile doivent se modifier et les pouvoirs publics doivent exercer un
rôle d'animateur ou de régulateur (stewardship) auquel ils doivent
se préparer.
5- L'extension du marché de l'assurance dans
les pays en développement : Cette attente à l'égard de la
micro-assurance a été exprimée par le CGAP et
mérite l'attention, malgré que la MAS ne fournit pas
généralement de produits d'assurance très rentables, ni de
disponibilités pour l'investissement.
2. Limites de ce qui peut être assuré et
perspectives de point de vue CMU :
Une protection financière universelle ou une CMU
veut dire assurer toute la population contre le risque maladie ou les
coûts dits catastrophiques. Cette couverture suppose une «
assurance appropriée» (Musgrove, 1999). On va se baser sur les
conclusions et les analyses de Dror et
Vaté (2003). Les auteurs se sont posé la
question fondamentale : où tracer la limite des risques assurables ? Et
plus précisément du risque de santé défini par
toute situation dans laquelle l'état de santé d'un individu ou
d'un groupe est exposé à une dégradation possible. Les
deux auteurs ont donc caractérisé le problème de ce qui
est assurable au moyen de trois limites qui se complètent :
actuarielles, économiques et politiques. On va discuter après la
présentation de ces limites, les perspectives ou l'impact de la MAS sur
l'objectif de la CMU.
a/ Limites actuarielles et économiques :
· Limites actuarielles (Caractéristiques
du risque) :
Un risque n'est pas assurable si ses
caractéristiques statistiques ne sont pas en conformité avec les
exigences du calcul actuariel, c'est-à-dire que : les
évènements facteurs du risque doivent être
aléatoires, et les risques en question doivent être à la
fois observables (étendue des garanties et donc leur coût, et la
probabilité des évènements susceptibles d'entraîner
ce coût), et diversifiables (dans le temps entre les périodes et
géographiquement par la réassurance). Ces deux conditions
permettent à l'assureur de déterminer une compensation
statistique ; donc calculer sa prime et juger la viabilité
économique.
D'un côté, les théoriciens et les
professionnels de l'assurance considèrent que la nature aléatoire
des risques de santé tient à six conditions :
- L'évènement est possible : il
n'est ni certain ni impossible.
- Le risque est non spéculatif : une
réalisation de ce risque ne sera pas favorable à l'assuré
(contrairement aux paris ou à la spéculation).
- L'évènement est imaginable : il
est possible d'en imaginer, même de manière imparfaite, les
conséquences en termes de nature comme en termes de
coût.
- Le risque est exogène :
l'évènement n'est pas attendu, et par conséquent on ne
peut déterminer sa réalisation à l'avance. La
réalisation du risque ne peut dépendre de la seule intention de
l'assuré, mais elle peut se produire par suite d'une action
effectuée par l'assuré sans intention ni malice.
- Le risque est futur : l'assurance ne peut
couvrir un risque déjà réalisé.
- Le risque est non présumé : On
doit écarter aussi les risques chroniques ou ceux liés à
des causes qui se sont réalisées.
D'un autre côté, la compensation statistique
des risques comprend deux aspects :
- L'unification et la diversification des
risques : hypothétiquement un certain nombre de gens sont
disposés à payer pour s'assurer contre un risque qui n'affectera
que quelques individus.
En unifiant les risques, l'assureur applique la loi des
grands nombres pour calculer une prime actuarielle et déterminer une
marge de sécurité afin de limiter son propre risque de faillite.
Dans le cas tunisien, on peut discuter le montant d'une cotisation ou une sorte
de participation qu'un citoyen n'exerçant pas une activité
professionnelle pourra payer pour se couvrir contre le risque maladie. (Dror et
Vaté, 2003)
· Limites économiques (souscription de
l'assuré et engagement de l'assureur) :
Sans entrer dans les détails techniques qui ne
sont pas d'ailleurs l'objet de ce travail et qui demandent encore des
études spéciales et très pointues, l'assuré a
intérêt à ce que la prime soit la moins
élevée possible mais à ce que cette même prime
garantit une viabilité financière. Naturellement, on ne peut pas
parler de couverture universelle sans engagement de la caisse d'assurance
maladie. La couverture de toute la population a un impact sur le calcul
statistique du montant de la contribution. Cette prime ne doit pas être
élevée ou considérée comme excessive aux yeux
d'individus vivant dans des conditions sociales et économiques
difficiles. - Les conséquences d'une asymétrie
d'information (risque moral, sélection adverse) occupent une place
importante dans la théorie de l'assurance. L'information a un rôle
essentiel dans la détermination de l'assurabilité des risques et
dans le fonctionnement des transactions d'assurance (offre et demande de
soins).
- En théorie, lorsqu'un risque
satisfait aux conditions actuarielles d'acceptation, il n'y a pas d'obstacles
économiques. Dans la réalité, les critères
actuariels et économiques d'acceptation sont rarement binaires. Exemple
: couvrir la population sans exigence d'un examen médical
préalable. (Dror et Vaté, 2003)
b/ Limites politiques :
Les limites étant l'expression de choix faits
par les pouvoirs publics, elles peuvent être restrictives - en
interdisant une assurance de certains risques qui serait contraire à
l'intérêt public (une assurance contre les amendes) - ou
expansives (des risques doivent être assurés dans
l'intérêt de la société en général :
exemple de l'assurance santé universelle). Seule une intervention des
pouvoirs publics peut permettre la couverture de risques qui autrement ne
seraient pas assurables, en imposant cette couverture, en versant des
subventions à la caisse d'assurance ou en mettant en place une
réassurance. La micro-assurance était une réponse à
plusieurs besoins et le montage de ces dispositifs était en
lui-même un défi. On va dans ce qui
suit discuter les difficultés de la mise en place
des entités de MAS ainsi que les perspectives du point de vue atteinte
de l'objectif de la CMU.
e/ Atteinte de l'objectif de la CMU par les dispositifs de
MAS : difficultés et perspectives :
Dans un autre papier sur les régimes
d'assurance maladie communautaires, Carrin G. (WHO, 2003), a
évoqué la «protection financière universelle»,
terme qui reflète plus clairement le véritable objectif de la
couverture universelle. Pourquoi de nombreux pays notamment à revenus
faibles et intermédiaires, ont des difficultés à instaurer
cette protection financière universelle ? Et est-ce qu'il y a de
réelles perspectives pour atteindre ou même être sur le ou
les chemin(s) vers la CMU ?
· Difficultés de mise en oeuvre d'une CMU
dans les pays à revenus faible et moyen :
Vu qu'on s'intéresse précisément
aux régimes de micro-assurance santé ou d'assurance maladie
communautaire, qui s'adressent principalement au secteur informel. On va
présenter les principaux obstacles à la
généralisation de la protection financière universelle
à travers la MAS tel que Langenbrunner, Preker et Jakab (2003) les ont
présentés :
- Outre le «niveau absolu» faible
de ressources mobilisables dans les pays à revenus faible et moyen, une
grande partie de la population travaille dans le secteur «informel»
(emplois saisonniers et irréguliers, travailleurs non
déclarés, faiblesse du contrôle des services de la
sécurité sociale et corruption, ignorance des textes
législatifs du droit social). Il est difficile voire impossible de
mettre un système de collecte et de recouvrement des cotisations
sociales ou d'assurer la régularité d'un flux de revenu pour les
caisses d'AMO.
- Les fonds collectés dans un contexte
de faibles niveaux de revenus lorsqu'ils existent, sont
généralement fragmentés selon les niveaux de revenus, ce
qui empêche d'assurer des transferts efficaces entre les classes
aisées et celles à revenus faibles (allocations), des
bienportants vers les malades (assurance) et des périodes actives vers
les inactives (épargne). Autrement, l'unification des fonds a de fortes
chances d'échouer.
A signaler que la MAS n'est pas une réponse
face à certains risques de santé. Une discussion de la
micro-assurance doit être accompagnée d'une mise en garde : le
produit peut être le plus utile dans les situations où il est
particulièrement difficile à le mettre en place : régions
à haut risques de catastrophes naturelles ou, plus récemment,
populations où le VIH et le sida sont endémiques.
Malheureusement, l'assurance est un outil bien imparfait pour faire face aux
risques ou aux problèmes prévisibles de toute une population
(Pearce et Parker, 2010).
L'intérêt croissant que connaît le
financement communautaire et plus particulièrement la MAS est du
à ces obstacles et autres plus spécifiques à chaque pays
car on pense qu'il permet plus facilement d'identifier la population de
contribuables et de percevoir les contributions (Preker et al, 2002), autrement
de capter les capacités à payer des populations
«pauvres». Ceci étant quelles sont les perspectives en termes
de couverture universelle ?
· Perspectives:
Les relations entre l'Etat et les régimes
d'assurance maladie ne doivent pas être à sens unique
c'est-à-dire que tous les deux ont un rôle à jouer. Ce
«lien» ne sera possible qu'une fois que seront remplies certaines
conditions de départ. D'abord, les régimes d'assurance-maladie
communautaires doivent être considérés comme un instrument
national pour une meilleure protection financière plutôt que des
entités isolées. En d'autres termes, il faut créer un
partenariat en vertu duquel le soutien technique et financier de l'Etat devient
naturel. Deuxièmement, une interconnexion entre les régimes
d'assurance-maladie obligatoire -s'il
existe bien sûr un système d'AMO dans le pays en
question- et communautaire et l'Etat est essentielle. La dynamique
de l'assurance sociale est différente d'un pays à l'autre, et
donc la prévision de la rapidité de l'amélioration de la
protection financière au niveau national est très difficile. Les
régimes d'assurance-maladie communautaire ont généralement
donné jusqu'à présent des résultats modestes,
surtout en termes d'affiliation (Carrin, 2003). Une des principales raisons est
que de nombreux régimes sont apparus il y a relativement peu de temps et
ont encore besoin de temps pour se développer. Il est très
probable que les régimes d'assurance-maladie communautaire auront au
mieux un rôle de complément. L'Etat doit donc, définir leur
place dans le cadre d'une politique nationale de financement de la santé
permettant à ces régimes d'assurance de contribuer à
l'objectif de protection financière universelle. (Carrin,
2003).
Parmi les expériences de MAS
considérées réussies par plusieurs spécialistes:
«Ghana et Surtout Rwanda sont considérés comme de bons
exemples en Afrique montrant que, la volonté politique, les plans
d'action clairs, la portée nationale des implémentations au-
delà de l'établissement de projets pilotes non coordonnés
avec la politique nationale du pays, l'existence d'une structure de
régulation, et -enfin et pas finalement- l'acceptation claire de la
nécessité de subventionner en partie ou totalement les primes
pour les plus pauvres dans la société, sont autant de facteurs
essentiels. Dans ces conditions, CHI au Ghana ou la
Mutuelle de Santé au
Rwanda, contribuent aujourd'hui significativement dans la progression de
ces
pays vers la couverture universelle (universal
coverage).» (Notre traduction en français d'un extrait du papier de
Criel et al, 2010).
Pourquoi on a présenté la MAS comme une
alternative pour atteindre l'objectif de la CMU ? Pourquoi on voulait
s'inspirer des régimes communautaires ? L'idée des
systèmes de MAS ne pourrait-elle être une manière de
contourner la rigidité du système basé sur l'exercice
d'une activité professionnelle (inspirée de la réforme de
la sécurité sociale entreprise par Bismarck en 1883) ? Dans son
papier sur les régimes d'assurance maladie communautaires (Carrin,
2003), l'auteur a précisé qu'il faut encore du temps pour que ces
régimes ou ces dispositifs se développent et auront au mieux le
rôle de complément en contribuant à atteindre un objectif
tant difficile et recherché par les pays. Est-ce par
développement, on entend surtout une rentabilité
financière et économique des «sociétés»
de MAS implantées dans plusieurs pays et l'accroissement de leur nombre
? Cette dernière partie est une étude économétrique
concernant un échantillon d'entités de micro-assurance dans
certains pays africains. Quelles conclusions pourront être fournies par
la régression?
IV. Etude économétrique : croissance et
rentabilité du marché des
Mutuelles de santé dans certains pays africains
:
À la lumière d'une revue de la
littérature des estimations économétriques de
modèles d'offre et de la demande au point (II. 1. b/), et de la base de
données dont on dispose, on se propose de faire la régression de
deux modèles d'offre et de demande. Les données ont
été collectées et compilées par la concertation
(Source : Inventaire permanent - Afrique - 2006 - Concertation). Les
données sont récoltées principalement pendant 2006 et
2007, et concernent des mutuelles dans les pays suivants : Burundi, Cameroun,
Gabon, France, Niger, Burkina Faso, Sénégal, Rwanda,
Bénin, Togo, Congo la République Démocratique, Côte
d'Ivoire, Mali et la Mauritanie (une seule mutuelle : Mutuelle communautaire de
santé de Darnaim). On va tenter d'expliquer les facteurs
déterminants pour la communauté pour accepter ou refuser
l'adhésion à une Mutuelle, ainsi que les facteurs
nécessaires pour parler du développement de ces mutuelles. On va
estimer les modèles d'offre et de demande pour 2006 et 2007
séparément afin de pouvoir mettre en lumière certaines
différences entre les deux modèles. Les régressions
économétriques seront faites sous le logiciel STATA/SE®
10.0. Concernant ce logiciel paru en janvier 1985, il existe plusieurs
versions. Stata pour désigner Statistics/Data Analysis et SE pour
Special Edition (une version large, maximum 5000 variables). Les autres
versions sont :
* SS (Small Stata) : maximum 99 variables et 12000
observations. * IC (InterCooled Stata) : une version standard.
* MP (Multiprocessor Stata) : une version large comme SE,
plus de 32767 Observations.
1. Spécification de modèles
économétriques de la demande et de l'offre :
· Modèle de la demande :
Les variables d'intérêt qui vont entrer en
jeu pour définir le pouvoir explicatif du modèle seront les
suivantes et ce pour les deux années de l'inventaire 2006 et 2007
:
- Bendroit : Le Nombre de bénéficiaires
en cours de droit pour 2006 ou 2007 : la variable expliquée
(dépendante) : en cours de droit veut dire que les adhérents
représentent une demande intéressée pour les services de
la mutuelle.
- Txcot : le montant de la cotisation payé par
l'adhérent à la mutuelle.
- Insfem : le nombre de bénéficiaires
inscrits à une mutuelle de sexe féminin.
-Inshom : le nombre de bénéficiaires
inscrits à une mutuelle de sexe masculin.
A ce niveau, on aurait pu calculer un ratio : % des
hommes inscrits ou % des femmes inscrits dans la mutuelle et ce pour normaliser
les données se rapportant au genre et donc éliminer l'effet
taille, mais dans plusieurs cas la valeur des inscrits est égale
à zéro, et donc on ne peut pas diviser sur
zéro.
- Wlinf : le fait que l'assuré travaille dans le
secteur informel ou non. Cette information sera utilisée comme un proxy
sur le revenu de l'assuré.
- Cotann : la fréquence du paiement de la
cotisation en une seule fois par an.
- Convprest : Existence ou non d'une convention entre la
mutuelle et les prestataires de soins de santé.
- Tranloc : la prise en charge ou le remboursement des
frais du transport local par la mutuelle aux assurés. Cette variable
peut renseigner sur l'accessibilité géographique aux soins de
santé. Mais en raison du manque de données, on va juger de la
pertinence de l'inclusion ou non de cette variable dans notre
modèle.
- Tierpay : le mode de prise en charge par la mutuelle en
tant que tiers payant. Pour voir l'importance de ce mode par rapport aux
autres.
- IMF : l'existence d'une institution de microfinance
qui délivre aussi les services de l'assurance maladie en plus des
autres services financiers : prêts, épargne et assurance.
En
fonction de la disponibilité des données,
on va juger la possibilité d'inclusion ou non de cette variable dans
notre modèle.
Le modèle demande retenu dans la régression
est :
Bendroit = Txcot + Insfem + Inshom + Wlinf + Cotann +
Convprest + Tierpay + ji
· modèle de l'offre :
De la même façon, les variables
d'intérêt qui vont entrer en jeu pour définir le pouvoir
explicatif du modèle seront les suivantes et ce pour les deux
années de l'inventaire 2006 et 2007 :
- Txrecouv : le taux de recouvrement moyen : est la
variable expliquée (dépendante), c'est aussi le % du total des
dépenses engagées par la mutuelle et couvertes par les recettes
de son activité d'assurance. Cette variable est un bon indicateur de la
viabilité financière.
- Depmal : le montant total des dépenses de la
mutuelle en prestations maladie pour l'exercice décrit.
- Logges : la mutuelle utilise ou non un logiciel de
gestion et/ou de suivi de son activité. - Rur : l'appartenance ou non
des adhérents au milieu rural.
- Cotatt : total des cotisations attendues pendant
l'exercice décrit.
- Cotperc : total des cotisations perçues pendant
l'exercice décrit.
À remarquer qu'à l'aide des deux
variables cotisations attendues et cotisations perçues, on peut calculer
l'indicateur : Paiement des échéances = Montant cotisations
perçues / Montant des cotisations attendues pendant le même
exercice. On peut donc intégrer l'indicateur Paiement des
échéances («Payech») dans notre modèle. Dans le
cas où les cotisations attendues sont nulles, il n'y aura pas
naturellement de cotisations perçues, et donc Payech prend la valeur
zéro.
- Appfed : la mutuelle appartient ou non à une
fédération de mutuelles. Et en fonction de la
disponibilité des données, on va juger la possibilité
d'inclusion ou non de cette variable dans notre modèle.
- Partorg : Partenariats avec d'autres organisations
(hors prestataires de soins) : cette variable sera utilisée pour
apporter plus de pouvoir explicatif au modèle au cas où la
variable «Appfed» sera supprimée faute de données
disponibles. Autrement la variable «Appfed» sera remplacée par
la variable «Partorg».
Ainsi le modèle offre est : Txrecouv = Depmal +
Logges + Rur + Payech + Partorg + ~ Remarque : On ne doit pas
oublier le terme d'erreur (jt) à ajouter aux variables
explicatives des deux modèles (offre et demande).
· Choix de la méthode d'estimation
:
Suite à plusieurs régressions de
modèles économétriques : modèles avec variables
explicatives retardées, modèles de panel à effets fixes et
à effets aléatoires, moindres carrés ordinaires (MCO),
l'estimateur MCO sur des séries transformées en écart
à la moyenne individuelle des variables (explicatives et
expliquées) : l'estimateur WITHIN (théorème de
Frish-Waugh-Lovel). On ne va pas retenir les modèles d'offre et de
demande avec variables explicatives retardées. Concernant le
modèle de la demande (R2 = 0.1994 et Prob > F = 0.0000,
modèle n'est pas bien spécifié) et le modèle de
l'offre aussi (R2 = 0.0818 et Prob > F = 0.0000, malgré le
nombre important de variables explicatives, le modèle n'est pas bien
spécifié). On a jugé pertinent de garder les
modèles de panel à effets fixes avec MCO, pour l'estimation de
l'offre et de la demande des services de mutuelles de notre échantillon.
Les données de panel permettent de tenir compte de
l'hétérogénéité des observations,
d'exploiter plus d'observations et de saisir les effets spécifiques
à court terme et à long terme de l'échantillon. Pour tenir
compte de l'hétérogénéité, la plupart des
économètres ont recourt à des modèles d'estimation
avec effets fixes et avec effets aléatoires qui posent
l'hypothèse d'éxogénéité stricte des
variables explicatives par rapport aux résidus ou encore cov (Xit,
JLit) = 0. Les autres hypothèses nécessaires
pour une analyse MCO valide sont des termes d'erreur homoscédastiques et
non autocorrélés. On ne va pas trop s'attarder sur les
détails théoriques des modèles statiques de panel à
effets fixes et à effets aléatoires. En revanche, du fait de la
transformation en écart à la moyenne individuelle, n'importe
quelle variable explicative qui serait constante dans le temps pour chaque
individu est éliminée : à titre d'exemple pour le
modèle de la demande, les variables suivantes (Wlinf, Cotann et
Convprest) ont été omises dans la régression de toutes les
variables (explicatives et expliquée) après leur transformation
en écart à la moyenne individuelle. On a remarqué qu'il
n'y a pas une différence importante entre la méthode de panel
avec effets fixes et la régression MCO et l'estimateur WITHIN pour le
modèle de la demande (R2 = 0.6245, mauvaise
spécification du modèle à cause des variables omises :
test de Ramsey-Reset Prob >F = 0.7407 > au seuil de 10%), et donc on a
gardé le modèle de panel à effets fixes avec MCO pour
estimer l'offre et la demande des services de mutuelles de
santé.
- Le modèle d'estimation avec effets
fixes : ou modèle de la covariance : les variables expliquées de
l'offre et de la demande peuvent s'écrire ainsi :
Bendroit(it) = (f30 +
öi) + f (Xit, f31) +
JLit = f30i + f (Xit, f31) +
JLit (1)
Txrecouv(it) = (f30 +
öi) + f (Xit, f31) +
JLit = f30i + f (Xit, f31) +
JLit (2)
Ott i et t représentent respectivement la mutuelle
de santé et l'année d'observation de la variable expliquée
et des variables explicatives (2006 et 2007).
Si : spécifie des effets individuels
inobservables et constants dans le temps, non aléatoires qui modifient
simplement la valeur de la constante (30 dans
l'équation précédente selon la valeur de i.
L'élément fixe peut être corrélé avec les
variables explicatives.
g : le terme d'erreur ou résidu.
X : vecteur des variables explicatives.
(3 : (P0, (1) : le
vecteur des paramètres à estimer.
- Le modèle d'estimation avec effets
aléatoires : ou modèle à erreurs composées : lors
de l'estimation à partir du modèle à effets fixes, on
avait décomposé la constante en effets spécifiques
individuels inobservables. Dans le cadre du modèle à effets
aléatoires, on fait l'hypothèse que ces effets individuels sont
une variable aléatoire nulle en moyenne. On effectue alors une
décomposition du résidu entre git et
wit. L'hypothèse d'homogénéité
totale est donc rejetée. Les équations
s'écrivent:
Bendroit(it) = (30 + f (Xi,
(31) + wit + git
(3)
Txrecouv(it) = (30 + f (Xi,
(31) + wit + git
(4)
Ainsi, l'élément aléatoire est
représenté par wit qui n'est plus un effet
constant et n'est pas corrélé avec les variables explicatives. Le
modèle suppose que git et wit sont
véritablement aléatoires. Les hypothèses de base dans ce
modèle supposent que git et wit sont
centrés, c.à.d. d'espérance nulle, homoscédastiques
et d'écart-type égal à ow et
qu. Ils sont indépendants et non corrélés
l'un avec l'autre. Lorsque la variance de w et u est
différente pour chaque observation et lorsqu'il y a une
corrélation non nulle entre les deux termes, on peut estimer ce
modèle par la méthode des moindres carrés
généralisés (MCG).
Si les caractères individuels inobservables
(wit) ne sont pas corrélés avec les variables
explicatives, quels que soit la période ou les mutuelles,
c'est-à-dire si Cov (Xit, wit) = 0, la méthode
des effets aléatoires est plus efficiente que la méthode à
effets fixes.
2. Résultats de l'estimation de la demande et de
l'offre :
· Résultats des régressions de la
demande : (Voir Annexes pour les tableaux des régressions) :
Tableau 4 : Spécification du modèle
:
Variables explicatives
|
MCO
|
EFFETS FIXES
|
EFFETS
|
|
|
|
ALEATOIRES
|
txcot
|
-0.1971859
|
0.0008849
|
0.0007184
|
insfem
|
-0.4449882
|
-0.3198637
|
-0.3066109
|
inshom
|
0.0976121
|
0.5508696 0.5087155
|
wlinf
|
-116161.5
|
(omitted) -76374.74
|
cotann
|
-25855.04
|
(omitted) -12566.09
|
Convprest
|
18084.64
|
(omitted) 4894.395
|
tierpay
|
48390.69
|
541.2878 550.6772
|
_cons
|
77104.98
|
11647.37 81272.4
|
R2
|
0.1896
|
0.6245 0.0967
|
Prob>F U_i=0
|
|
0.0000
|
Hausman
|
|
Prob>chi2 =0.0000
|
Source : nos propres régressions
- Comparaison entre modèle à
effets fixes et modèle à effets aléatoires :
La pertinence de l'introduction des effets
spécifiques doit toujours être testée ; on teste la
significativité jointe des coefficients associés à
l'ensemble des «effets-Mutuelles», par un F-test : tester l'impact
des variables constantes dans le temps. STATA le fait figurer sous le tableau
de résultat en effet fixe. Pour ce on utilise le :
Test d'Hausman : on va comparer les coefficients des 2
modèles (effets fixes et effets aléatoires). L'hypothèse
testée est qu'il n'existe pas de différence systématique
entre les coefficients estimés à partir du modèle à
effets fixes ou à partir du modèle à effets
aléatoires. H0 : Absence de décision
H1 : Le modèle à effets fixes est
accepté
Conclusion du test : le p-value que nous donne STATA
indique la probabilité de se tromper en H0. P-value = 0.0000 < au
seuil de 10%, on rejette H0 et on conclut à l'utilisation du
modèle à effets fixes. De plus Cov (Xit, wit) =
- 0.1169 différente de zéro ; la méthode à effets
fixes est nécessaire sinon les coefficients estimés seraient
biaisés. Les coefficients obtenus à l'aide du modèle
à effets fixes sont sans biais. Le modèle à effets
fixes(WITHIN) est dans ce cas l'estimateur BLUE (Best Linear Unbiaised
Estimator).
- Comparaison entre les MCO et le modèle
à effets fixes :
H0 : Effets individuels sont nuls
H1 : Les effets individuels ne sont pas nuls
À un seuil de 10%, le p-value du test de Fisher
est 0.0000 < 0.10, donc on peut rejeter H0 et on conclut que les effets
individuels ne sont pas nuls, mais on peut aussi accepter les MCO. On va
appliquer une régression linéaire MCO.
- Test de Normalité des résidus
:
En se référant à la loi des
grands nombres et au théorème centrale limite, on peut faire
l'hypothèse de la normalité des résidus. Si le nombre
d'observations augmente suffisamment, la distribution des résidus tend
vers une distribution normale, et la moyenne empirique tend vers
l'espérance mathématique.
- Test d'Homoscédasticité :
hypothèse de la constance de la variance des résidus : test de
White :
H0 : Homoscédasticité
H1 :
Hétéroscédasticité
La statistique du test est un F de Fisher, le p-value
(= 0.0000) qui lui est associé est la probabilité de ne pas
rejeter H0. F calculé = 10.79 > F lu dont la valeur maximale est 3.84
: quelque soit le nombre de contraintes, vu que ddl = 355 (362 (observations) -
7 variables explicatives). On rejette H0 avec un risque de
1ère espèce a = 5%, et on conclue
à une hétéroscédasticité.
- La correction de White : permet d'utiliser
les MCO en présence d'hétéroscédasticité,
elle consiste en une pondération des variables. Après cette
correction, on constate que les coefficients (non affectés par ce
problème) restent inchangés, à l'inverse des écarts
types qui sont corrigés, et donc on peut retrouver des procédures
de tests solides.
- Test d'Autocorrélation: Test de Breusch
Godfrey : l'origine du problème sera une variable omise non
corrélée avec les variables explicatives.
H0 : absence d'autocorrélation
H1 : les résidus sont
autocorrélés.
La variable temps s'étalant sur deux
années, T*R2 = 2*0.3239 = 0.6478 < 3.84 (X2 lu
dans la table à 1 ddl). On ne peut pas rejeter H0 pour un risque de
1ère espèce a = 5%, on conclue qu'il
n'y a pas d'autocorrélation entre les termes d'erreurs.
- Test de spécification : Ramsey-Reset
:
Ho: pas de variables omises.
H1 : mauvaise spécification du
modèle.
F calculé = F(3, 328) = 55.48 et Prob > F =
0.0000 .
Le nombre de ddl = 362 - 7 = 355 ; et quelque soit le
nombre de restrictions, F lu a une valeur maximale = 3.84. Ainsi F
calculé > F lu. On peut rejeter H0, il se peut qu'il y a une variable
omise ou une mauvaise spécification du modèle. Comme on l'a
expliqué plus haut, on a voulu intégrer certaines variables se
rapportant à l'accessibilité géographique, aux autres
services de microfinance ou encore au rôle de la publicité sur la
demande des services de
mutuelles de santé. Mais faute de données
nécessaires, on n'a pas pu les ajouter aux variables
explicatives.
- Endogénéité : Le
problème se pose si une variable explicative est
soupçonnée d'endogénéité,
c'est-à-dire corrélée avec l'écart
aléatoire. Or on ne peut suspecter aucune des variables explicatives
d'endogénéité. On ne peut pas traduire un changement dans
la relation de causalité entre nos 7 variables explicatives et la
variable expliquée «bendroit»(effet de feed-back).
Tableau 5 : Analyse de l'impact des déterminants
de la demande des services des mutuelles sur le nombre d'inscrits
bénéficiaires des droits aux services
Variables explicatives
|
coefficients
|
Student
|
p- value
|
txcot
|
-0.1971859
|
-1.22
|
0.225
|
insfem
|
-0.4449882
|
-0.07
|
0.943
|
inshom
|
0.0976121
|
0.02
|
0.981
|
wlinf
|
-116161.5
|
-7.24
|
0.000***
|
cotann
|
-25855.04
|
-2.50
|
0.013*
|
convprest
|
18084.64
|
0.77
|
0.441
|
tierpay
|
48390.69
|
3.67
|
0.000***
|
_cons
|
77104.98
|
3.07
|
0.002**
|
Source: nos propres régressions
Pour des statistiques descriptives, voir
Annexes.
Toute chose étant égale par ailleurs. La
variabilité du nombre de bénéficiaires ayants droit aux
services de mutuelles est expliquée à 18.96% (MCO) et à
62.45% (effets fixes) par la variabilité du montant de la cotisation,
des inscrites en mutuelles, des inscrits masculins, de l'appartenance au
secteur informel ou non, de la fréquence de paiement de la cotisation
une fois par an, du fait que la mutuelle est conventionnée avec un
prestataire de soins et du mode de prise en charge par la mutuelle en tant que
tiers payant. Le nombre de bénéficiaires ayants droit
reflètent une demande intéressée aux services offerts par
la mutuelle de santé.
- Effets marginaux de certaines variables
:
Lorsque pour une année, le montant de la
cotisation baisse pour tendre vers zéro, et qu'il n'y aura pas de
nouveaux inscrits (hommes et femmes), le nombre de bénéficiaires
ayants droit aux services tend vers 1564.
Lorsqu'en moyenne 2.25 femmes seront inscrites, le
nombre de bénéficiaires en droit baisse d'une unité. En
revanche pour 10.30 personnes de sexe masculin nouvellement inscrites, le
nombre de bénéficiaires en droit augmente d'une
unité.
Les coefficients attribuables aux : montant de la
cotisation (en Franc CFA), aux inscrits à la mutuelle de sexe
féminin, aux inscrits de sexe masculin et caractère de convention
avec un fournisseur de soins de santé, ne sont pas significativement
différents de zéro.( p-value> 5%). Toute chose étant
égale par ailleurs, si une mutuelle adopte le mode de prise en charge
«tiers payant», elle peut voir le nombre de
bénéficiaires ayants droit augmenter de 48391. Lorsque cette
même mutuelle conclut une convention avec un prestataire de soins, le
nombre de bénéficiaires ayants droit peut croître de
18085.
· Résultats des régressions de
l'offre : (voir Annexes) :
Tableau 6 : Spécification du modèle
:
Variables explicatives MCO EFFETS FIXES
EFFETS
ALEATOIRES
depmal logges rur
payech partorg _cons
|
1.06e-08 0.1823536 0.1880172 -1.000854
1.357199
.324838
|
-1.67e-08 (omitted) (omitted) 0.9602815 0.9412221
-0.2253838
|
1.90e-08 0.2620777 0.3375233 0.9547098 0.9370785
-0.9711391
|
R2 0.0412 0.8276
0.0458
Prob>F U_i=0 0.0000
Hausman Prob>chi2 =0.0014
Source : nos propres régressions
On ne va pas réexpliquer les détails et
l'intérêt des tests statistiques.
- Test d'Hausman : L'hypothèse
testée est qu'il n'existe pas de différence systématique
entre les coefficients estimés à partir du modèle à
effets fixes ou à partir du modèle à effets
aléatoires.
H0 : Absence de décision
H1 : Le modèle à effets fixes est
accepté
Conclusion du test : P-value = 0.0014 < au seuil de
10%, on rejette H0 et on conclut à l'utilisation du modèle
à effets fixes. De plus Cov (Xit, wit) = - 0.3999, est
différente de zéro ; la méthode à effets fixes
est nécessaire car les coefficients obtenus à l'aide du
modèle à effets
fixes sont sans biais. Dans ce cas l'estimateur WITHIN
est BLUE : convergent, à variance minimale parmi les autres estimateurs
du paramètre et sans biais.
- Comparaison entre les MCO et le modèle
à effets fixes :
H0 : Effets individuels sont nuls
H1 : Les effets individuels ne sont pas nuls
À un seuil de 10%, le p-value du test de Fisher
est 0.0000 < 0.10, donc on peut rejeter H0 et on conclut que les effets
individuels ne sont pas nuls, mais on peut aussi accepter les MCO, vu qu'avec
la transformation «xtdata», (le R2 = 0.0453, un Skewness =
0 et les variables «logges» et «rur» sont omises à
cause de l'autocorrélation). On va appliquer une régression
linéaire MCO.
- Test de Normalité des résidus
:
En se référant à la loi des grands
nombres et au théorème centrale limite, on peut faire
l'hypothèse de la normalité des résidus.
- Test d'Homoscédasticité : test
de White :
H0 : Homoscédasticité
H1 :
Hétéroscédasticité
La statistique du test est un F de Fisher, le p-value
(= 0.0100) qui lui est associé est la probabilité de ne pas
rejeter H0. F calculé = 3.08 < F lu = 3.84 : pour une contrainte, vu
que ddl = 357 (362 (observations) - 5 variables explicatives). On ne peut pas
rejeter H0 avec un risque de 1ère espèce
a = 5%, et on conclue à une
homoscédasticité.
- La correction de White : malgré la
conclusion à une homoscédasticité, on a
réalisé cette correction qui consiste en une pondération
des variables. Après cette correction, on constate que les coefficients
et les écarts types ont changé, et donc on peut confirmer
l'homoscédasticité des résidus car normalement des
coefficients non touchés par
l'hétéroscédasticité doivent rester
inchangés après cette correction.
- Test d'Autocorrélation: Test de Breusch
Godfrey :
H0 : absence d'autocorrélation
H1 : les résidus sont
autocorrélés.
La variable temps s'étalant sur deux
années, T*R2 = 2*0.0002 = 0.0004 < 3.84 (X2 lu
dans la table à 1 ddl : l'ordre de l'autocorrélation que l'on
teste). On ne peut pas rejeter H0 pour un risque de 1ère
espèce a = 5%, on conclue qu'il n'y a pas
d'autocorrélation entre les termes d'erreurs. En effectuant la
correction de l'autocorrélation des variables explicatives on a obtenu
un R2 = 0.1409.
Test de spécification : Ramsey-Reset :
Ho: pas de variables omises.
H1 : mauvaise spécification du
modèle.
F calculé = F(3, 311) = 24.66
Prob > F = 0.0000
Le nombre de ddl = 362 - 5 = 357 ; et quelque soit le
nombre de restrictions, F lu a une valeur maximale = 3.84. Ainsi F
calculé > F lu.
On peut rejeter H0, il se peut qu'il y a omission de
variables ou une mauvaise spécification du modèle. On a voulu
intégrer certaines variables supplémentaires se rapportant
à l'appartenance de la mutuelle à une fédération de
mutuelles ou le recours à une caisse de réassurance. Mais faute
de données nécessaires, on n'a pas pu les ajouter aux variables
explicatives.
- Endogénéité : on ne peut
suspecter aucune des variables explicatives d'endogénéité.
Tableau 7 : Analyse de l'impact des déterminants de l'offre des services
des mutuelles sur leurs taux de recouvrement (équilibre
financier)
Variables explicatives
|
coefficients
|
Student
|
p- value
|
depmal
|
1.06e-08
|
2.86
|
0.005**
|
logges
|
0.1823536
|
0.27
|
0.790
|
rur
|
0.1880172
|
0.25
|
0.804
|
payech
|
-1.000854
|
-1.21
|
0.226
|
partorg
|
1.357199
|
1.62
|
0.107
|
_cons
|
0.324838
|
0.29
|
0.772
|
Source: nos propres régressions
Pour des statistiques descriptives, voir
Annexes.
Toute chose étant égale par ailleurs. La
variabilité du taux de recouvrement des dépenses des mutuelles
est expliquée à 4.12% (MCO) et à 82.63% (effets fixes) par
la variabilité du montant de ses dépenses en prestations de
santé, de l'utilisation ou non d'un logiciel de gestion et/ou de suivi
par la mutuelle, de l'appartenance des inscrits à la mutuelle au milieu
rural ou urbain, du pourcentage de paiement des échéances (total
cotisations perçues / total cotisations attendues durant un exercice),
et du partenariat entre la mutuelle en question et une autre organisation hors
prestataires de soins. Ce taux de recouvrement donne une idée sur la
soutenabilité de l'équilibre financier d'une mutuelle de
l'échantillon.
- Effets marginaux de certaines variables
:
Lorsque pour une année, le montant des
dépenses de maladie de la mutuelle augmente d'une unité
monétaire, - toute chose étant égale par ailleurs - la
mutuelle pourra voir son taux de recouvrement croître de
1.06e-08 en pourcentage. L'effet est faible, mais renseigne sur un
sens de croissance normalement contraire. En effet, pour collecter des
cotisations auprès des
adhérents, la mutuelle doit au préalable
son utilité ; rembourser les dépenses de santé de ses
assurés.
De la même manière, l'utilisation d'un
logiciel de suivi ou de gestion par la mutuelle et l'appartenance des
adhérents au milieu rural, contribuent chacune à 18.2% et 18.80%
dans le taux de recouvrement des dépenses de la même
année.
Le partenariat avec une organisation hors prestataires
de soins, a l'impact positif le plus important sur l'augmentation du taux de
recouvrement annuel de la mutuelle, soit un effet multiplicateur de 1.35% d'une
année sur l'autre.
Tous les coefficients attribuables aux variables
explicatives exception faite du montant des dépenses se rapportant au
remboursement des prestations de santé, ne sont pas significativement
différents de zéro.( p-value> 5%).
· Commentaires et discussion :
La taille de notre échantillon est dans une
certaine mesure acceptable mais elle pose le problème du manque
d'observations concernant certaines variables qui peuvent constituer
l'originalité en quelque sorte de nos régressions à savoir
: la prise en charge du transport local par la mutuelle (qui renseigne sur
l'accessibilité géographique aux soins de santé), une
variable renseignant sur le marketing social ( campagne de publicité
pour informer la population cible sur les services de la mutuelle et son
existence même) du point de vue le modèle de la demande, et aussi
le recours de la mutuelle à un organisme de réassurance pour le
pooling du risque ; et ce du point de vue de l'offre des services de
micro-assurance de santé. Comme on a expliqué plus haut, la
différence entre les caisses de micro-assurance de santé et les
mutuelles de santé est idéologique.
Le cadre d'étude nous limite dans une approche
globale des résultats par inférence ; par contre elle peut sous
estimer les effets individuels tels que les données socio culturelles
puisque la plupart des pays étaient des pays africains, à revenus
faible et moyen. On
On aurait aimé introduire une variable
informant sur l'impact de la volonté politique sur l'offre et la demande
des services de MAS, malgré l'instabilité politique de certains
de ces pays africains. Les données sur la vie «politique» si
elles sont disponibles, ne suivent pas une loi normale ou sont
incomplètes.
Les résultats obtenus sont en concordance avec
ceux obtenus par la littérature économétrique sur les
dispositifs de micro-assurance de santé, dans son approche
descriptive.
V. Conclusion :
Les mutuelles de santé et les fonds ou caisses
ciblant une population à capacité financière faible, ont
existé avant 1999, année d'apparition de la terminologie «
micro-assurance». Les dispositifs de MAS n'ont cessé de se
développer, de murir, de se diversifier au point où certains
auteurs ont proposé une grille de lecture des différentes
expériences existantes. Des tentatives de standardisation ont
été formulées, pour contourner le passage des MAS par le
laboratoire des expériences pilotes, mais les difficultés
demeurent encore.
Du moment où le secteur informel n'a
cessé de gagner du terrain dans la sphère économique, et
que l'Assurance Maladie Obligatoire basée sur le travail
déclaré et la cotisation obligatoire a montré ses limites
face à l'évasion «sociale», la MAS est donc d'une
utilité vitale» pour appuyer le financement des systèmes de
santé. La MAS n'est pas une invention venant se mettre à la place
de l'assurance maladie obligatoire puisqu'elle aussi met relation travail et
cotisation. La MAS et l'AMO ne peuvent que se compléter et ne pas
évincer l'un l'autre !
Parvenir à une CMU ou une protection
financière universelle contre les coûts de santé dits
catastrophiques par l'assurance maladie communautaire ou la MAS [cas du Ghana
et du Rwanda (Criel et al, 2010)] est un défi majeur voire un rêve
pour certains pays en développement. Dans certaines régions, la
micro-assurance a permis à des familles de ne pas plonger au dessous du
seuil de la pauvreté, et a constitué un nouveau produit pour
l'assurance commerciale voire la réassurance (MIA à New Delhi).
Les mêmes dispositifs de MAS ont contribué au financement des
systèmes de santé et à l'incitation des fournisseurs de
soins de santé à améliorer la qualité de leurs
services.
La micro-assurance de santé pourra pour y
parvenir dénouer la condition du travail pour avoir droit à
l'assurance santé, et le problème du taux total englobant touts
les cotisations donnant droit aux différentes prestations
sociales.
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Insurance: a Critical Evaluation of Voluntary, non-profit Insurance Schemes
with Case Studies from Ghana and Cameroon», in Social Science and
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Mutual Health Organizations in Ghana», Bethesda, Md.: Abt Associates Inc,
Partnerships for health reform project.
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1989-95», Economic Record vol.79, pp.246- 279.
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Bhat R. and Mavalankar D. (2001), «Health Insurance
in India: Opportunities, Challenges and Concerns», In «Indian
Insurance Industry: Transition and Prospects» by Srivastava D.C. and
Srivastava S. (eds.), New Century Publications, New Delhi.
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Butler J.(1999), «Estimating Elasticities of Demand
for Private Health Insurance in Australia», National Centre for
Epidemiology and Population Health, ANU Canberra.
Cameron C.A. and Trivedi P.K.(1991), «The role of
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Public Economics vol. 45(1), pp.1-28.
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services» In (ed.) H. Lapsley, «Economics and Health: 1995,
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University of New South Wales.
Carrin G., (2003), «Régimes
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VII. Annexes:
Modèle de la demande des services de
Mutuelles:
Bendroit(it) = f (txcot, insfem, inshom, wlinf, cotann,
convprest, tierpay) + uit . sum bendroit
Variable
|
Obs
|
Mean
|
Std. Dev.
|
Min
|
Max
|
bendroit
|
361
|
12089.58
|
85710.44
|
0
|
820295
|
. sum txcot
Variable
|
Obs
|
Mean
|
Std. Dev.
|
Min
|
Max
|
txcot
|
362
|
6873.959
|
29980.29
|
0
|
266712
|
. sum insfem
Variable
|
Obs
|
Mean
|
Std. Dev.
|
Min
|
Max
|
insfem
|
362
|
1699.729
|
18579.98
|
0
|
352862
|
. sum inshom
Variable
|
Obs
|
Mean
|
Std. Dev.
|
Min
|
Max
|
inshom
|
362
|
2147.82
|
27820.27
|
0
|
529293
|
. tis annee
. iis id
. xtreg bendroit txcot insfem inshom wlinf cotann
convprest tierpay, fe note: wlinf omitted because of collinearity
note: cotann omitted because of collinearity
note: convprest omitted because of
collinearity
Fixed-effects (within) regression Number of obs =
339
Group variable: id Number of groups = 216
R-sq: within = 0.6245 Obs per group: min = 1
between = 0.0001 avg = 1.6
overall = 0.0001 max = 2
F(4,119) = 49.48
corr(u_i, Xb) = -0.1169 Prob > F = 0.0000
bendroit
|
Coef
|
Std Err.
|
t
|
P>|t|
|
[95% Conf. Interval]
|
txcot
|
.0008849
|
.0051284
|
0.17
|
0.863
|
-.0092698 .0110397
|
insfem
|
-3198637
|
.1012899
|
-3.16
|
0.002
|
-.5204279 -.1192995
|
inshom
|
.5508696
|
.0824549
|
6.68
|
0.000
|
.3876006 .7141387
|
wlinf
|
(omitted) (omitted) (omitted)
|
cotann
|
convprest
|
tierpay
|
541.2878
|
59.40769
|
9.11
|
0.000
|
423.6546 658.9209
|
_cons
|
11647.37
|
93.90184
|
124.04
|
0.000
|
11461.44 11833.31
|
sigma_u sigma_e rho
|
83185.228 39.517235 .99999977 (fraction of variance
due to u_i)
|
F test that all u_i=0: F(215, 119) = 6.4e+06 Prob > F
= 0.0000
. estimates store fixed
. xtreg bendroit txcot insfem inshom wlinf cotann
convprest tierpay, re Random-effects GLS regression Number of obs =
339
Group variable: id Number of groups = 216
R-sq: within = 0.6229 Obs per group: min = 1
Between = 0.0967 avg = 1.6
overall = 0.1137 max = 2
Random effects u_i ~ Gaussian Wald chi2 (7) =
207.53
corr(u_i, X) = 0 (assumed) Prob > chi2 =
0.0000
bendroit
|
Coef
|
Std Err.
|
z
|
P>|z|
|
[95% Conf. Interval]
|
txcot
|
.0007184
|
.0052836
|
0.14
|
0.892
|
-.0096373 .0110741
|
insfem
|
-3066109
|
.1042986
|
-2.94
|
0.003
|
-.5110325 -.1021893
|
inshom
|
.5087155
|
.08406
|
6.05
|
0.000
|
.343961 .6734701
|
wlinf
|
-6374.74
|
17786.14
|
-4.29
|
0.000
|
-111234.9 -41514.56
|
cotann
|
-2566.09
|
12376.08
|
-1.02
|
0.310
|
-36822.76 11690.58
|
convprest
|
4894.395
|
30339.13
|
0.16
|
0.872
|
-54569.21 64358
|
tierpay
|
550.6772
|
61.18269
|
9.00
|
0.000
|
430.7613 670.593
|
_cons
|
81272.4
|
31044.56
|
2.62
|
0.009
|
20426.18 142118.6
|
sigma_u
|
75429.219
|
sigma_e
|
39.517235
|
rho
|
.99999973 (fraction of variance due to u_i)
|
. hausman fixed
|
---- Coefficients ----
|
|
|
|
(b) (B)
|
(b-B)
|
sqrt(diag(V_b-V_B))
|
|
fixed .
|
Difference
|
S.E.
|
Txcot
|
.0008849 .0007184
|
.0001665
|
-
|
Insfem
|
-.3198637 -.3066109
|
-.0132528
|
-
|
Inshom
|
.5508696 .5087155
|
.0421541
|
-
|
tierpay
|
541.2878 550.6772
|
-9.389402
|
-
|
b = consistent under Ho and Ha; obtained from xtreg B =
inconsistent under Ha, efficient under Ho; obtained from xtreg Test: Ho:
difference in coefficients not systematic
chi2(4) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B)
= 244.30
Prob>chi2 = 0.0000
(V_b-V_B is not positive definite)
. regress bendroit txcot insfem inshom wlinf cotann
convprest tierpa
Source
|
SS df MS
|
Number of obs = 339 F( 7, 331) = 11.06
Prob > F = 0.0000
R-squared = 0.1896
Adj R-squared = 0.1725 Root MSE = 80419
|
Model
|
5.0080e+11 7 7.1543e+10
|
Residual
|
2.1407e+12 331 6.4673e+09
|
Total
|
2.6415e+12 338 7.8150e+09
|
bendroit
|
Coef
|
Std Err.
|
z
|
P>|z|
|
[95% Conf. Interval]
|
txcot
|
-1971859
|
.1620467
|
-1.22
|
0.225
|
-.5159572 .1215855
|
insfem
|
-4449882
|
6.194993
|
-0.07
|
0.943
|
-12.63151 11.74153
|
inshom
|
.0976121
|
4.130537
|
0.02
|
0.981
|
-8.027802 8.223026
|
wlinf
|
-16161.5
|
16049.43
|
-7.24
|
0.000
|
-147733.3 -84589.76
|
cotann
|
-5855.04
|
10321.5
|
-2.50
|
0.013
|
-46159.05 -5551.033
|
convprest
|
18084.64
|
23465.62
|
0.77
|
0.441
|
-28075.91 64245.18
|
tierpay
|
48390.69
|
13173.49
|
3.67
|
0.000
|
22476.37 74305
|
_cons
|
77104.98
|
25087.07
|
3.07
|
0.002
|
27754.77 126455.2
|
. predict residu4, resid
(23 missing values generated) . gen residu5 = residu4^2
(23 missing values generated)
. regress residu5 txcot insfem inshom wlinf cotann
convprest tierpay
Source
|
SS df MS
|
Number of obs = 339
F( 7, 331) = 10.79
Prob > F = 0.0000
R-squared = 0.1858
Adj R-squared = 0.1686 Root MSE = 4.0e+10
|
Model
|
1.2107e+23 7 1.7296e+22
|
Residual
|
5.3062e+23 331 1.6031e+21
|
Total
|
6.5169e+23 338 1.9281e+21
|
bendroit
|
Coef
|
Std Err.
|
t
|
P>|t|
|
[95% Conf. Interval]
|
txcot
|
-14306.1
|
80678.16
|
-1.42
|
0.157
|
-273012.7 44400.5
|
insfem
|
-21744.3
|
3084299
|
-0.20
|
0.840
|
-6689044 5445556
|
inshom
|
308706.3
|
2056469
|
0.15
|
0.881
|
-3736691 4354103
|
wlinf
|
-.96e+10
|
7.99e+09
|
-7.46
|
0.000
|
-7.53e+10 -4.39e+10
|
cotann
|
-.09e+10
|
5.14e+09
|
-2.12
|
0.035
|
-2.10e+10 -7.1e+08
|
convprest
|
2.34e+10
|
1.17e+10
|
2.00
|
0.046
|
4.15e+08 4.64e+10
|
tierpay
|
2.03e+10
|
6.56e+09
|
3.10
|
0.002
|
7.45e+09 3.32e+10
|
_cons
|
2.80e+10
|
1.25e+10
|
2.24
|
0.026
|
3.43e+09 5.26e+10
|
. regress bendroit txcot insfem inshom wlinf cotann
convprest tierpay, robust Linear regression Number of obs = 339
F( 7, 331) = 1.75
Prob > F
|
=
|
0.0972
|
R-squared
|
=
|
0.1896
|
Root MSE
|
=
|
80419
|
bendroit
|
Coef.
|
Robust Std. Err.
|
t
|
P>|t|
|
[95% Conf. Interval]
|
txcot
|
-.1971859
|
.1671438
|
-1.18
|
0.239
|
-.525984 .1316122
|
insfem
|
-.4449882
|
4.96963
|
-0.09
|
0.929
|
-10.22103 9.331053
|
inshom
|
.0976121
|
3.300771
|
0.03
|
0.976
|
-6.395522 6.590746
|
wlinf
|
-116161.5
|
43435.85
|
-2.67
|
0.008
|
-201606.6 -30716.38
|
cotann
|
-25855.04
|
9949.651
|
-2.60
|
0.010
|
-45427.57 -6282.52
|
convprest
|
18084.64
|
24978.26
|
0.72
|
0.470
|
-31051.52 67220.79
|
tierpay
|
48390.69
|
18627.91
|
2.60
|
0.010
|
11746.67 85034.7
|
_cons
|
77104.98
|
25509.76
|
3.02
|
0.003
|
26923.29 127286.7
|
. ovtest
Ramsey RESET test using powers of the fitted values of
bendroit Ho: model has no omitted variables
F(3, 328) = 55.48
Prob > F = 0.0000
Number of obs
|
|
= 339
|
F( 7, 331)
|
=
|
11.06
|
Prob > F
|
=
|
0.0000
|
R-squared
|
=
|
0.1896
|
Adj R-squared
|
=
|
0.1725
|
Root MSE
|
=
|
80419
|
. regress bendroit txcot insfem inshom wlinf cotann
convprest tierpa
Source
|
SS
|
df
|
MS
|
Model
|
5.0080e+11
|
7
|
7.1543e+10
|
Residual
|
2.1407e+12
|
331
|
6.4673e+09
|
Total
|
2.6415e+12
|
338
|
7.8150e+09
|
Bendroit
|
Coef.
|
Robust Std. Err.
|
t
|
P>|t|
|
[95% Conf. Interval]
|
txcot
|
-.1971859
|
.1620467
|
-1.22
|
0.225
|
-.5159572 .1215855
|
insfem
|
-.4449882
|
6.194993
|
-0.07
|
0.943
|
-12.63151 11.74153
|
inshom
|
.0976121
|
4.130537
|
0.02
|
0.981
|
-8.027802 8.223026
|
wlinf
|
-116161.5
|
16049.43
|
-7.24
|
0.000
|
-147733.3 -84589.76
|
cotann
|
-25855.04
|
10321.5
|
-2.50
|
0.013
|
-46159.05 -5551.033
|
convprest
|
18084.64
|
23465.62
|
0.77
|
0.441
|
-28075.91 64245.18
|
tierpay
|
48390.69
|
13173.49
|
3.67
|
0.000
|
22476.37 74305
|
_cons
|
77104.98
|
25087.07
|
3.07
|
0.002
|
27754.77 126455.2
|
. predict residu6, resid
(23 missing values generated)
. gen rresidu6 = residu6[_ n-1]
(24 missing values generated)
. regress residu6 rresidu6 txcot insfem inshom wlinf
cotann convprest tierpa
Number of obs
|
|
= 320
|
F( 7, 331)
|
=
|
18.63
|
Prob > F
|
=
|
0.0000
|
R-squared
|
=
|
0.3239
|
Adj R-squared
|
=
|
0.3066
|
Root MSE
|
=
|
65356
|
Source
|
SS
|
df
|
MS
|
Model
|
6.3652e+11
|
8
|
7.9565e+10
|
Residual
|
1.3284e+12
|
311
|
4.2714e+09
|
Total
|
1.9649e+12
|
319
|
6.1596e+09
|
residu6 | Coef. Std. Err.
+
rresidu6| .5777769 .0498382
txcot | .1063601 .1345919
insfem| 1.936321 6.854951
inshom| -10.33042 7.738755
wlinf | -11670.37 14181.53
cotann | 6432.463 8856.809 convprest | -2410.942
19787.15
tierpay | -388.4665 11246.15
_cons | 13372.52 21877.29
t
|
P>|t|
|
[95% Conf. Interval]
|
11.59
|
0.000
|
.4797141
|
.6758397
|
0.79
|
0.430
|
-.1584658
|
.371186
|
0.28
|
0.778
|
-11.55163
|
15.42427
|
-1.33
|
0.183
|
-25.55736
|
4.896515
|
-0.82
|
0.411
|
-39574.25
|
16233.52
|
0.73
|
0.468
|
-10994.38
|
23859.31
|
-0.12
|
0.903
|
-41344.55
|
36522.67
|
-0.03
|
0.972
|
-22516.64
|
21739.71
|
0.61
|
0.541
|
-29673.71
|
56418.75
|
. prais bendroit txcot insfem ins hom wlinf
cotann convprest tierpay , robust
Number of gaps in sample: 215 (gap count
includes panel changes)
(note: computations for rho restarted at each
gap)
1teration 0: rho = 0.0000
1teration 1: rho = 0.9974 1teration
2: rho = 0.9999 1teration 3:
rho = 1.0000 1teration 4: rho =
1.0000 1teration 5: rho =
1.0000
1teration 6: rho = 1.0000
Prais-Winsten AR(1) regression
-- iterated estimates Linear regression
Number of obs = F( 8, 331) =
Prob > F =
R-squared =
Root MSE =
|
339 92.51 0.0000
0.1413 260.83
|
Semirobust
Std. Err.
|
t
|
P>Iti
|
[95% Conf. 1nterval]
|
.0079714
|
-0.81
|
0.416
|
-.0221733
|
.0091888
|
.396713
|
-0.53
|
0.597
|
-.990221
|
.5705723
|
.3403639
|
0.33
|
0.741
|
-.5570809
|
.7820175
|
43691.54
|
-1.92
|
0.056
|
-169662
|
2234.228
|
7716.224
|
-1.78
|
0.076
|
-28901.62
|
1456.425
|
29619.47
|
0.28
|
0.780
|
-49992.26
|
66540
|
76.01712
|
8.73
|
0.000
|
514.352
|
813.4272
|
38022.54
|
2.27
|
0.024
|
11452.35
|
161045
|
Coef.
bendroit
txcot
-.0064923
insfem
ins hom
-.2098243
.1124683
wlinf
cotann
-83713.87
- 13722.6
8273.87
663.8896
convprest tierpay
!cons
rho
86248.65
. 9999913
Durbin-Watson statistic (original)
0.001063
Durbin-Watson statistic (transformed)
0.811749
Modèle de l'offre des Mutuelles: . sum
txrecouv
Variable
|
Obs
|
Mean
|
Std. Dev.
|
Min
|
Max
|
txrecouv
|
362
|
1.695746
|
9.10259
|
0
|
100
|
. sum depmal
Variable
|
Obs
|
Mean
|
Std. Dev.
|
Min
|
Max
|
depmal
|
362
|
1.27e+07
|
7.99e+07
|
0
|
9.00e+08
|
. sum payech
Variable
|
Obs
|
Mean
|
Std. Dev.
|
Min
|
Max
|
payech
|
342
|
.7453216
|
.3761493
|
0
|
1.4
|
. xtreg txrecouv depmal logges rur payech partorg,
fe
note: logges omitted because of collinearity
note: rur omitted because of collinearity
Fixed-effects (within) regression Number of obs =
320
Obs per group: min =
|
1
|
avg =
|
1.5
|
max =
|
2
|
Group variable: id Number of groups = 207 R-sq: within
= 0.8276
between = 0.0451
overall = 0.0233
corr(u_i, Xb) = -0.3999
txrecouv | Coef.
+
|
Std. Err.
|
t
|
P>|t|
|
F(3,110) = 176.01
Prob > F = 0.0000
[95% Conf. Interval]
|
depmal | -1.67e-08
|
3.97e-08
|
-0.42
|
0.675
|
-9.55e-08
|
6.21e-08
|
logges | (omitted)
|
|
|
|
|
|
rur | (omitted)
|
|
|
|
|
|
payech | .9602815
|
.0429814
|
22.34
|
0.000
|
.8751024
|
1.045461
|
partorg | .9412221
|
.0467686
|
20.13
|
0.000
|
.8485377
|
1.033907
|
_cons | -.2253838
|
.5410685
|
-0.42
|
0.678
|
-1.297655
|
.846887
|
+
sigma_u | 7.365344
sigma_e | .04663564
rho | .99995991 (fraction of variance due to
u_i)
F test that all u_i=0: F(206, 110) = 21165.05 Prob > F
= 0.0000
. estimates store fixed
. xtreg txrecouv depmal logges rur payech partorg,
re
Number of obs =
|
320
|
Number of groups =
|
207
|
Obs per group: min =
|
1
|
avg =
|
1.5
|
max =
|
2
|
Random-effects GLS regression Group variable:
id
R-sq: within = 0.8263
Between = 0.0458
overall l = 0.0269
Random effects u_i ~ Gaussian Wald chi2(5) =
524.29
corr(u_i, X) = 0 (assumed) Prob > chi2 =
0.0000
txrecouv | Coef. Std. Err.
+ depmal | 1.90e-08 5.92e-09
logges | .2620777 1.029565
rur | .3375233 1.125442 payech | .9547098 .0432859
partorg | .9370785 .0472341
_cons | -.9711391 1.147288 + sigma_u |
6.6806046
sigma_e | .04663564
z
|
P>|z|
|
[95% Conf. Interval]
|
3.21
|
0.001
|
7.39e-09
|
3.06e-08
|
0.25
|
0.799
|
-1.755832
|
2.279987
|
0.30
|
0.764
|
-1.868302
|
2.543349
|
22.06
|
0.000
|
.869871
|
1.039549
|
19.84
|
0.000
|
.8445014
|
1.029656
|
-0.85
|
0.397
|
-3.219783
|
1.277505
|
rho | .99995127 (fraction of variance due to
u_i)
. hausman fixed
Note: the rank of the differenced variance matrix (2)
does not equal the number of coefficients being tested (3); be sure this is
what you expect, or there may
be problems computing the test. Examine the output of
your estimators for anything unexpected and possibly consider scaling your
variables so that the coefficients are on a similar scale.
---- Coefficients ----
| (b) (B) (b-B) sqrt(diag(V_b-V_B))
| fixed . Difference S.E.
+
depmal | -1.67e-08 1.90e-08 -3.57e-08
3.93e-08
payech | .9602815 .9547098 .0055717 .
partorg | .9412221 .9370785 .0041436 .
b = consistent under Ho and Ha; obtained from
xtreg
B = inconsistent under Ha, efficient under Ho; obtained
from xtreg
Test: Ho: difference in coefficients not
systematic
chi2(2) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B)
= 13.13
Prob>chi2 = 0.0014
(V_b-V_B is not positive definite)
. regress txrecouv depmal logges rur payech
partorg
Source | SS df MS Number of obs = 320
+ F( 5, 314) = 2.70
Model | 407.42024 5 81.484048 Prob > F =
0.0210
Residual | 9482.72946 314 30.1997754 R-squared =
0.0412
+ Adj R-squared = 0.0259
Total | 9890.1497 319 31.0036041 Root MSE =
5.4954
txrecouv | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf.
Interval]
+
depmal | 1.06e-08 3.69e-09 2.86 0.005 3.29e-09
1.78e-08 logges | .1823536 .6830243 0.27 0.790 -1.161529
1.526236
rur | .1880172 .757224 0.25 0.804 -1.301857 1.677892
payech | -1.000854 .8247842 -1.21 0.226 -2.623657 .6219481 partorg | 1.357199
.8401453 1.62 0.107 -.2958265 3.010225 _cons | .324838 1.117904 0.29 0.772
-1.874692 2.524368
. predict residu10, resid
(42 missing values generated) . summarize residu10,
detail
1% 5%
|
Residuals
Percentiles Smallest
-4.283229 -10.19489
-1.953269 -10.19489
|
|
10%
|
-1.264102
|
-4.933321
|
Obs 320
|
25%
|
-.7451477
|
-4.283229
|
Sum of Wgt. 320
|
50%
|
.0999992
|
|
Mean -9.37e-09
|
|
|
Largest
|
Std. Dev. 5.452194
|
75%
|
.2012891
|
1.285645
|
|
90%
|
.4724982
|
1.305645
|
Variance 29.72642
|
95%
|
.6400636
|
1.307613
|
Skewness 16.62632
|
99%
|
1.285645
|
95.12834
|
Kurtosis 291.5051
|
. gen residu11 = residu10^2 (42 missing values
generated)
. regress residu11 depmal logges rur payech
partorg
Source | SS
+
Model | 3811003.62 Residual | 77822877.4 +
Total | 81633881
df
|
MS
|
Number of obs = F( 5, 314) =
|
320
3.08
|
5
|
762200.723
|
Prob > F
|
=
|
0.0100
|
314
|
247843.559
|
R-squared
|
=
|
0.0467
|
|
|
Adj R-squared
|
=
|
0.0315
|
319
|
255905.583
|
Root MSE
|
=
|
497.84
|
residu11 | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf.
Interval]
1.04e-06
|
3.35e-07
|
3.11
|
0.002
|
3.81e-07
|
1.70e-06
|
27.43666
|
61.87612
|
0.44
|
0.658
|
-94.30757
|
149.1809
|
11.13803
|
68.59798
|
0.16
|
0.871
|
-123.8318
|
146.1078
|
-123.7671
|
74.71836
|
-1.66
|
0.099
|
-270.779
|
23.24485
|
77.97637
|
76.10993
|
1.02
|
0.306
|
-71.77356
|
227.7263
|
29.64055
|
101.2725
|
0.29
|
0.770
|
-169.618
|
228.8991
|
+ depmal | logges |
rur | payech | partorg | _cons |
. regress txrecouv depmal logges rur payech partorg,
robust
Linear regression
Number of obs =
320
|
F( 5, 314)
|
=
|
5.36
|
Prob > F
|
=
|
0.0001
|
R-squared
|
=
|
0.0412
|
Root MSE
|
=
|
5.4954
|
|
|
txrecouv | Coef.
+ depmal | 1.06e-08 logges | .1823536
rur | .1880172 payech | -1.000854 partorg | 1.357199
_cons | .324838
Robust Std. Err.
t
|
P>|t|
|
[95% Conf. Interval]
|
1.16e-08
|
0.91
|
0.364
|
-1.23e-08
|
3.34e-08
|
.3079377
|
0.59
|
0.554
|
-.4235285
|
.7882357
|
.146811
|
1.28
|
0.201
|
-.1008405
|
.4768749
|
1.305616
|
-0.77
|
0.444
|
-3.569716
|
1.568007
|
.8632804
|
1.57
|
0.117
|
-.3413459
|
3.055745
|
.3857792
|
0.84
|
0.400
|
-.434201
|
1.083877
|
|
. ovtest
Ramsey RESET test using powers of the fitted values of txrecouv
Ho: model has no omitted variables
F(3, 311) = 24.66
Prob > F = 0.0000
. regress txrecouv depmal logges rur payech
partorg
Source | SS df MS Number of obs = 320
+ F( 5, 314) = 2.70
Model | 407.42024 5 81.484048 Prob > F =
0.0210
Residual | 9482.72946 314 30.1997754 R-squared =
0.0412
+ Adj R-squared = 0.0259
Total | 9890.1497 319 31.0036041 Root MSE =
5.4954
txrecouv | Coef. Std. Err.
+ depmal | 1.06e-08 3.69e-09 logges | .1823536
.6830243
rur | .1880172 .757224 payech | -1.000854 .8247842
partorg | 1.357199 .8401453 _cons | .324838 1.117904
t
P>|t|
|
[95% Conf. Interval]
|
2.86
|
0.005
|
3.29e-09
|
1.78e-08
|
0.27
|
0.790
|
-1.161529
|
1.526236
|
0.25
|
0.804
|
-1.301857
|
1.677892
|
-1.21
|
0.226
|
-2.623657
|
.6219481
|
1.62
|
0.107
|
-.2958265
|
3.010225
|
0.29
|
0.772
|
-1.874692
|
2.524368
|
|
. predict residu12, resid
(42 missing values generated)
. gen rresidu12 = residu12[_n-1]
(43 missing values generated)
. regress residu12 rresidu12 depmal logges rur payech
partorg
Source | SS
|
df
|
MS
|
Number of obs = 297
|
+
|
|
|
F( 6, 290)
|
= 0.01
|
Model | 1.47375498
|
6
|
.24562583
|
Prob > F
|
= 1.0000
|
Residual | 9467.7714
|
290
|
32.6474876
|
R-squared
|
= 0.0002
|
+
|
|
|
Adj R-squared = -0.0205
|
Total | 9469.24515
|
296
|
31.9906931
|
Root MSE
|
= 5.7138
|
residu12 | Coef.
|
Std. Err. t P>|t|
|
[95% Conf. Interval]
|
|
|
+
rresidu12 | .0053267 .0598405 0.09 0.929 -.11245
.1231033 depmal | -5.98e-11 3.86e-09 -0.02 0.988 -7.65e-09 7.53e-09 logges |
.0369564 .7466474 0.05 0.961 -1.432578 1.506491
rur | -.0163634 .8398714 -0.02 0.984 -1.66938
1.636653 payech | -.1283227 .9005571 -0.14 0.887 -1.900779 1.644134 partorg |
.1069494 .9181869 0.12 0.907 -1.700206 1.914105 _cons | .0351771 1.232258 0.03
0.977 -2.390125 2.46048
. prais txrecouv depmal logges rur payec h
partorg, robust
Number of gaps in sample: 206 (gap count includes panel
changes)
(note: computations for rho restarted at each gap)
1teration 0: rho = 0.0000 1teration 1: rho =
0.4416 1teration 2: rho = 0.7638 1teration 3:
rho = 0.9290 1teration 4: rho = 0.9828
1teration 5: rho = 0.9953 1teration 6: rho =
0.9982 1teration 7: rho = 0.9988 1teration 8:
rho = 0.9990 1teration 9: rho = 0.9990
1teration 10: rho = 0.9990 1teration 11: rho =
0.9990 1teration 12: rho = 0.9990
Prais-Winsten AR(1) regression
-- iterated estimates Linear regression
Number of obs
=
|
320
|
F( 6, 314)
|
=
|
129.68
|
Prob > F
|
=
|
0.0000
|
R-squared
|
=
|
0.1409
|
Root MSE
|
=
|
.2442
|
|
Semirobust
Coef. Std.
Err.
1.97e-08
2.24e-08
.2470148 .3376503
. 3318951 .3011336
. 9173285 .046247
. 9000429 .057686
-.9149577 .2316476
. 9990306
t
|
P>ItI
|
[95% Conf.
|
1nterval]
|
0.88
|
0.379
|
-2.43e-08
|
6.37e-08
|
0.73
|
0.465
|
-.4173283
|
.9113578
|
1.10
|
0.271
|
-.2605997
|
.9243899
|
19.84
|
0.000
|
.8263353
|
1.008322
|
15.60
|
0.000
|
.7865428
|
1.013543
|
-3.95
|
0.000
|
-1.370735
|
-.4591799
|
txrecouv
depmal logges
rur
payec partorg _cons
rho
Durbin-Watson statistic (original)
0.018083
Durbin-Watson statistic (transformed)
0.069279
. regress bendroit txcot insfem ins hom wlinf
cotann convprest tierpay
Estimateur WITHIN pour la demande : transformation
Frish-Waugh-Lovel :
. xtdata bendroit txcot insfem ins hom wlinf
cotann convprest tierpay, fe
note: wlinf omitted because of collinearity note: cotann
omitted because of collinearity note: convprest omitted because of
collinearity
SS df MS
309068.185 4 77267.0462
185831.815 334 556.382681
494900 338 1464.20118
Number of obs
|
=
|
339
|
F( 4, 334)
|
=
|
138.87
|
Prob > F
|
=
|
0.0000
|
R-squared
|
=
|
0.6245
|
Adj R-squared
|
=
|
0.6200
|
Root MSE
|
=
|
23.588
|
Model Residual
Source
Total
Coef. Std.
Err. t
. 0008849 .0030611 0.29
-.3198637 .0604598
-5.29
. 5508696 .0492172
11.19 (omitted)
(omitted)
(omitted)
541.2878 35.46034
15.26
11647.37 56.04984
207.80
P>ItI
|
[95% Conf. Interval]
|
0.773
|
-.0051366
|
.0069064
|
0.000
|
-.4387936
|
-.2009337
|
0.000
|
.4540549
|
.6476844
|
0.000
|
471.534
|
611.0415
|
0.000
|
11537.12
|
11757.63
|
|
bendroit
txcot insfem ins
hom wlinf cotann convprest tierpay _cons
. predict residu1, resid
. summarize residu1, detail
Residuals
Percentiles Smallest
1% -67.48943
-238.7236
5% -.9733983
-117.2276
10% 1.82e-12
-84.80728
25% 1.82e-12
-67.48943
50% 1.82e-12
Largest
75% 1.82e-12
67.48943
90% 1.82e-12
84.80728
95% .9733983 117.2276
99% 67.48943 238.7236
Obs
|
339
|
Sum of Wgt.
|
339
|
Mean
|
1.59e-12
|
Std. Dev.
|
23.44778
|
variance
|
549.7983
|
Skewness
|
-2.04e-13
|
Kurtosis
|
69.48069
|
|
Estimateur WITHIN pour l'offre :
. xtdata txrecouv depmal logges rur payec h
partorg, fe
. regress txrecouv depmal logges rur partorg
note: logges omitted because of collinearity note: rur omitted because of
collinearity
SS df MS
.062809628 2 .031404814
1.32484037 323 .004101673
1.38764999 325 .004269692
Number of obs
|
=
|
326
|
F( 2, 323)
|
=
|
7.66
|
Prob > F
|
=
|
0.0006
|
R-squared
|
=
|
0.0453
|
Adj R-squared
|
=
|
0.0394
|
Root MSE
|
=
|
.06404
|
|
Model Residual
Source
Total
txrecouv
Coef. Std.
Err. t P>ItI [95% Conf. Interval]
6.36e-08
5.44e-08
(omitted) (omitted)
-.0628895 .0177685
. 0527019 .7305845
1.17
|
0.243
|
-3.54
|
0.000
|
0.07
|
0.943
|
-4.33e-08
|
1.71e-07
|
-.097846
|
-.0279329
|
-1.384603
|
1.490007
|
depmal logges rur partorg _cons
.
1% -.2880782 -.3805699
5% -.0274953 -.3786813
10% -.020285 -.3541501
25% -.0052701 -.2880782
50% 0
Largest
75% .0052701 .2880782
90% .020285 .3541501
95% .0274953 .3786813
99% .2880782 .3805699
Obs
|
326
|
Sum of Wgt.
|
326
|
Mean
|
0
|
Std. Dev.
|
.0638469
|
variance
|
.0040764
|
Skewness
|
0
|
Kurtosis
|
26.57714
|
predict residu1, resid
. sum residu1, detail
Residuals
Percentiles Smallest
|