Section 3.07 Conclusion
L'estimation de la biomasse des individus passe le plus
souvent par l'utilisation d'équations qui estiment soit le volume soit
plus directement la biomasse. Ces équations expriment la biomasse totale
en fonction des dimensions de l'arbre, c'est-à-dire son diamètre
ou sa hauteur et plus rarement avec la surface terrière. Le besoin de
connaître la biomasse s'articule à la conception des plans
d'aménagement des forêts et l'estimation du potentiel en bois. La
satisfaction des besoins énergétiques à partir du bois
énergie requiert une connaissance des stocks de bois. La surveillance de
l'état et de la dynamique des forêts nécessite une
connaissance de la production de biomasse. Plus récemment, avec les
enjeux liés aux changements climatiques, et plus
particulièrement, le principe des MDP-forêterie, l'estimation de
la biomasse des formations forestières permet d'apprécier les
stocks de carbone et le potentiel de séquestration du carbone
atmosphérique (cf. chapitre 2).
L'observation principale qui ressort de ce chapitre est que la
structure des formations étudiées influe très fortement
sur les stocks de carbone. Le principal élément qui
influence les différences de stocks de carbone est le nombre
d'individus de gros diamètre. Ainsi les
différences sur le taux de couverture présente
moins d'impacts que le nombre des grands arbres.
Cette partie a permis de fournir des estimations basées
sur des données de terrain in situ qui peuvent constituer une
base de travail pour les inventaires nationaux des GES et pour les calculs de
ligne de base dans le cadre des projets MDP. Il faut toutefois noter que les
données sur les stocks de carbone des savanes sont de loin
inférieures à celles des formations denses de forêts
tropicales.
La contribution de la biomasse sur pied sur la biomasse totale
est beaucoup plus significative au niveau des formations boisées des
zones à fortes précipitations (> 800 mm/an) avec selon IPCC
(root to shoot ratio) un rapport de 0,8. Ce ratio est proche de 1 dans
les formations xériques comme celles du Ferlo par exemple. Une recherche
complémentaire devrait permettre de confirmer ces facteurs de
conversion. En termes de proportion, Lufafa et al. (2008) estiment
qu'on a près 10 fois plus de carbone dans les sols que la
végétation sur pied. Cette situation s'explique par
l'exploitation du bois des jachères, mais surtout le nettoyage des
champs avant chaque hivernage.
Les analyses montrent que le taux moyen de carbone de la
biomasse est de 49 %. L'analyse de la biomasse des savanes soudaniennes et
soudano-guinéennes ont un réel potentiel, mais les contraintes
liées aux facteurs humains et naturels font qu'une très grande
partie de la biomasse produite chaque année est perdue. Quelques
espèces à croissance rapide et qui se reproduisent bien sont le
moteur de la dynamique de carbone dans ces zones. Les projections faites
à l'échelle de projets MDP montre des avantages relativement
faibles qui pourraient décourager l'engagement dans le secteur des
projets MDP foresterie.
Concernant la dynamique du carbone, à l'absence d'autres
facteurs humains tels que les feux de brousse, la vitesse d'accumulation de la
biomasse est largement dépendante de la pluviométrie, mais aussi
de plusieurs facteurs humains de dégradation de la
végétation. Le suivi des parcelles révèle que
certaines espèces ont une croissance plus rapide (Detarium
senegalense, Bombax costatum, Anogeissus leiocarpus), mais les effectifs
d'autres espèces expliquent la contribution significative aux stocks de
carbone (Pterocarpus erinaceus, Terminalia macroptera, Combretum
glutinosum). Cependant les individus de grands diamètres (>20
cm) concentrent une large partie des stocks de carbone.
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