4.5- Marquage foncier
La plantation d'arbres dans les paysages agraires de l'Afrique
noire d'une manière générale et du Sénégal
en particulier permet de marquer le domaine concerné. Ce marquage
foncier par l'arbre peut être assimilé à la signification
du bornage des propriétés foncières chez les occidentaux.
C'est dans ce sens que PELISSIER, parlant de l'Afrique, a affirmé que
« le paysage végétal est l'empreinte visible des droits
fonciers, par nature inaliénables, détenus par les premiers
défricheurs et par leurs descendants. Si, en droit traditionnel, la
terre porte seulement des droits d'exploitation, le concept de
propriété s'applique intégralement à l'arbre. Mais
surtout l'exploitation de l'arbre signifie le droit à l'exploitation du
sol: elle en est le signe et, si nécessaire, la preuve juridique. De
même, c'est l'appropriation de l'arbre qui précède et
entraîne celle de la terre ». (PELISSIER, 1980).
4.6- Acteurs, projets, stratégies et logiques
d'acteurs
Selon Frédéric DEBUYST, « les acteurs sont
les individus et groupes sociaux qui interviennent, à plus d'un titre,
dans une action et se sentent impliqués dans les objectifs de
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Mémoire Master Amadiane DIALLO
cette action. » Ces acteurs, pense-t-il,
agissent ou réagissent positivement ou négativement á des
décisions ou objectifs. Il en distingue deux types: les acteurs
institutionnels qui disposent d'une autorité légitime ou d'un
pouvoir accordé et les acteurs non-institutionnels qui n'ont pas ces
prérogatives.
Phillipe DE LEENER lui fait une différenciation entre
les acteurs directs et indirects, visibles et invisibles, agis et agissant. Par
rapport à l'action, les acteurs agissant sont proactifs alors que ceux
agis sont réactifs.
Pour le même auteur, un projet est
caractérisé par deux dimensions et quatre espaces. Les deux
dimensions sont l'action c'est-á-dire « le faire » et la
structure composée de l'organisation ("comment être
ensemble") et de l'institution ("pourquoi être
ensemble").
Concernant les quatre espaces, il s'agit de :
? cadre institutionnel du projet : chef, agents, comptables,
service financier par exemple ? population-cible : catégories d'acteurs
concernés
? Interface entre projet et population-cible : réunions,
ateliers, lieux physiques particuliers
? autres acteurs de l'environnement du projet: exemple des
ONGD du Nord et bailleurs qui définissent les critères
d'éligibilité de projets.
Dans son cours intitulé « Conception et
évaluation économique de politiques et projets »,
André NSABIMANA définit la notion de projet comme étant
« l'ensemble des actions et des interventions que des personnes (ou
une organisation humaine) réalisent afin de provoquer des changements et
atteindre des résultats ».
Pour Frédéric DEBUYST, la stratégie peut
être définie comme « la conception et le mode
d'actualisation de ressources combinées en vue d'un but ». Il
en distingue deux types que sont : les stratégies relationnelles qui
« répondent à des options et logiques d'intervention/actions
concernant les acteurs - directement impliqués, alliés ou
adversaire » et les stratégies de réalisation qui, par
contre, concernent « les voies et contenus des réalisations
pour la poursuite des objectifs ».
Le concept de « logiques d'acteurs » permet
d'appréhender le comportement des acteurs sur un territoire et parfois
de prévoir leurs réactions à l'introduction de nouveaux
projets sur l'espace considéré. En effet, Frédéric
DEBUYST, parlant des logiques d'acteurs affirme que: « les acteurs
sont mues par des motivations propres, liées à leur trajectoire
personnelle,
épousent des intérêts,
commandés en partie par leur position sociale, leur insertion dans une
institution ou organisation sociale, etc. En marge des objectifs qu'ils
explicitent, ils orientent, eux aussi, leurs actions en fonction d'objectifs
implicites correspondant à leurs intérêts
réels». Il pense que l'acteur, ne cherchant pas coûte
que coûte la meilleure solution à tout problème, choisit la
solution qui correspond à un seuil minimal de satisfaction.
D'autre part, Michel Crozier analyse le comportement des
acteurs selon deux grands principes :
? « Le comportement d'un acteur, a toujours un sens
rapporté à son contexte : il ne peut pas être rationnel par
rapport à des objectifs définis, l'acteur est rationnel par
rapport à des contraintes et des opportunités d'une part, par
rapport au comportement des autres d'autre part.
? La rationalité limité : il est illusoire
de penser que chaque acteur cherche la meilleure solution à tous les
problèmes. »
Philipe DE LEENER et DUPRIEZ ont quant à eux introduit
la notion de « boussole intérieure » qui
suggère de partir de l'idée que « les acteurs, qu'ils
soient paysans, chercheurs ou développeurs, sont à tout moment
partagés entre plusieurs objectifs qui peuvent se révéler
mutuellement exclusifs et dont il faut donc pourtant tenir compte ».
C'est l''ensemble des objectifs, éventuellement contradictoires,
que le paysan poursuit à travers une même activité ou une
méme production qui constitue ce qu'ils appellent sa boussole
intérieure. Selon toujours DE LEENER, cette « boussole est
d'autant plus complexe qu'il s'implique dans des activités
différentes ». Il donne l'exemple du paysan confronté
à plusieurs choix d'emblavures poursuivant des objectifs
contradictoires. Il est obligé de privilégier tel objectif
plutôt que tel autre pour s'en sortir. Toutefois, méme s'il
accorde la priorité à un objectif, cela ne signifie pas pour
autant qu'il sacrifiera ses autres objectifs cruciaux tels que nourrir la
famille ou protéger la terre ou encore maintenir la paix sociale. Au
contraire, poursuit l'auteur « il va tenter de forcer un compromis
entre les différents objectifs. Il visera ce qu'on appelle un
optimum circonstanciel qui tient compte autant que faire se peut des autres
objectifs qu'il poursuit. Cet optimum dépend des circonstances,
c'est-à-dire de sa situation précise lorsqu''il prend sa
décision, des paris qu'il fait sur l'avenir, des risques qu'il est
prêt à accepter, de la perception qu'il a des contraintes du
moment, etc. En dosant ses efforts et en répartissant ses facteurs de
production entre ses différentes spéculations sur un même
champ, il tentera de réussir sur tous les tableaux. »
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Mémoire Master Amadiane DIALLO
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