ROYAUME DU MAROC MINISTERE DE LA SANTE DIRECTION
REGIONALE DE LA SANTE A LA REGION DE RABAT-SALE-ZEMOUR-ZAIR INSTITUT DE
FORMATION AUX CARRIERES DE SANTE RABAT
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Les facteurs influençant l'exercice de la
fonction d'infirmier chef par les lauréats de 2éme
cycle Cas de CHIS de Rabat
Mémoire Présenté pour l'obtention
du Diplôme de 2ème cycle des E.P.M Section :
Surveillant des services de santé
6éme cohorte 2009-2011
Elaboré par Encadré par
Massaly fairouz Mr. Batma AbdelAli
Cadre au niveau de l'unité de formation continue Centre
National de Santé Reproductive
Rabat
Membres de jury
Mr. Chatouani Aziz Enseignant à
l'IFCS de Kenitra
Mr. Belhecen Abdnebi Cadre au niveau de
l'unité de formation continue / Service de soins
infirmiers Hôpital de spécialité de
Rabat
Juillet 2011
Résumé
Au coeur de l'organisation hospitalière, l'infirmier
chef (IC) joue un rôle déterminant dans le développement et
l'amélioration de la qualité de la prise en charge des patients.
Ces derniers deviennent de plus en plus exigeants vis-à-vis des
prestations et des services offerts, pour cela le poste d'IC comme manager
d'unité de soins est devenu incontournable. Cette fonction reste encore
sous l'influence de plusieurs facteurs. Cette étude vise à
explorer les facteurs influençant l'exercice de la dite fonction par une
population bien définie constituée des lauréats de
2ème cycle des études paramédicales.
Ce travail de recherche a été
réalisé au niveau du centre hospitalier Ibn Sina. Les
résultats ont été déduits des entretiens semi
structurés avec six lauréats de 2ème cycle occupant la
fonction d'infirmier chef et trois responsables hiérarchiques. En effet,
l'irritation de départ a été approuvée par les
résultats qui ont montré que les lauréats de
2ème cycle refusent d'exercer la fonction d'infirmier chef,
méme s'ils l'occupent pour un certain moment, ils n'ont pas l'intention
d'y rester. Les entretiens effectués ont ressorti que l'exercice de
cette fonction par les lauréats de 2ème cycle est
influencé par plusieurs facteurs ;
Facteurs institutionnels (a) les IC lauréats de
2ème cycle déclarent que les attributions de l'IC ne
sont pas claires même si elles sont régies par le règlement
intérieur du CHIS en plus de l'absence des fiches de poste qui accentue
l'ambiguïté de leurs attributions entant qu'IC ; (b) 50% de la
population à l'étude témoignent avoir acquis des
compétences au cours de la formation de 2ème cycle.
Facteurs organisationnels (a) Les
caractéristiques de l'unité de soins influencent l'exercice de
la fonction d'IC par les lauréats de 2ème cycle
puisque ces unités de soins sont caractérisées par un
manque des ressources humaines et matérielles, ces
lauréats ne bénéficient d'aucun soutien
ni d'accompagnement, en plus des exigences de rentabilité de la part de
l'administration et de la population ; (b) ces IC ont rencontré des
difficultés d'intégration avec l'équipe soignante et dans
leurs relations avec les chefs hiérarchiques ; (c) La fonction d'IC est
caractérisée par la surcharge de travail.
Facteurs professionnels. L'exercice de la fonction d'IC
est influencé par l'absence d'autonomie de prise de décision et
la manque de reconnaissance en rapport avec des responsabilités
accrues.
Facteurs individuels. La motivation, la conception de
leadership infirmier, les compétences et les traits de
personnalités du lauréat de 2ème cycle
déterminent l'exercice de la fonction d'IC.
A la lumière de ces résultats, des
recommandations ont été proposées par l'auteur en relation
avec (a) la formation ; (b) la gestion et la pratique ; (c) et la recherche.
Mots clés : facteurs influençant, infirmier
chef, lauréats de 2ème cycle, Centre Hospitalier Ibn
Sina.
Remerciements
Je tiens à exprimer mes sincères remerciements
à toute personne qui a contribué à la réalisation
de cette recherche. A ce propos je dis Merci à :
Mr. Batma AbdelAli, Merci d'avoir encadré ce travail de
recherche; et ce malgré vos préoccupations ; merci pour votre
soutien et vos orientations ;
Mr. Elmajhad Mohammed, pour ses efforts déployés
pour nous inciter à avancer dans nos études ;
Mlle Bouchra Rezzouk, pour ses conseils et ses orientations ;
L'équipe enseignante au niveau du département de
2ème cycle, Mme Elfatimi Fatima, Mlle Belayachi Ouafae, Mme
Barich Fatima et Mme Chamkal Nadia ;
L'ensemble des lauréats de 2ème cycle
et les responsables hiérarchiques, population de la dite étude,
pour leur disponibilité et leur collaboration ; sans eux ce
mémoire n'aurait jamais vu la lumière ;
Veuillez, trouvez dans la présente étude le
témoignage de ma profonde gratitude et respect.
iv
Dédicaces
Je dédie ce travail à
Ma mère, vous avez toujours été
présente et généreuse, veuillez trouver dans le
présent travail l'expression de mon amour et la profonde gratitude que
je vous témoigne pour tous les efforts et les sacrifices que vous n'avez
jamais cessé de consentir pour mon instruction et mon bien
être.
Mon père, vous avez su me soutenir, m'encourager et
m'orienter pour accomplir á bien cette formation; vos conseils
étaient une source de force qui me pousse à continuer dans les
moments les plus difficiles. Que Dieu vous réserve longue vie et bonne
santé.
Ma chère famille : Mes soeurs, mon frère, mon
oncle, ma tante, qui m'ont encouragé et soutenu par leur amour.
Mes petits neveux; Achraf et Saifddine, votre innocence me donne
de l'espoir en vie ; Que Dieu vous protège ;
Ma deuxième famille, la famille de Rafai, je vous
dédie ce travail en réponse à votre gentillesse et votre
sympathie ;
Mes ami(e)s de la 6éme cohorte, pour les
moments agréables que nous avons partagés durant ces deux
années.
Table des matières
Résumé de l'étude i
Remerciements iii
Dédicaces iv
Table de matières v
Liste des annexes vii
Liste des tableaux et graphiques viii
Liste des abréviations ix
Introduction 1
Phase conceptuelle
Problématique 3
Recension des ecrits 7
Les facteurs institutionnels 8
Les facteurs organisationnels 11
Les facteurs professionnels 14
Les facteurs individuels 15
Synthèse de la recension des ecrits 20
Cadre de référence 21
But de l'étude 22
Question de recherche 22
L'opérationnalisation des concepts 22
La phase méthodologique
Devis de recherche 25
Type de l'étude 25
Milieu d'étude 25
La population cible 25
Échantillonnage 26
Méthodes et instruments de collecte des données
27
Description du processus de collecte et analyse des
données 28
Considérations ethiques 28
vi
Phase empirique
Déroulement de la collecte des données 30
Présentation des résultats 30
Les entretiens avec les IC lauréats de
2ème cycle 30
Les entretiens avec les responsables hiérarchiques 46
Discussion des résultats 51
Les forces de l'étude 60
Les limites de l'étude 60
Recommandations 61
Recommandations pour la formation 61
Recommandations pour la gestion et la pratique 61
Recommandations pour la recherche 62
Conclusion 63
Références bibliographiques 64
Annexes
Liste des annexes
Annexe 1: Attributions de l'infirmier chef selon le
règlement intérieur de CHIS (1993)
Annexe 2 : Guide d'entretien semi-structuré avec
les lauréats de 2ème cycle Annexe 3 : Guide
d'entretien semi structuré avec les responsables hiérarchiques
Annexe 4: Article 25 du Décret n° 2-93-602 du
13 joumada 1 1414 (29 octobre 1993)
Annexe 5: l'article 2 de l'arrêté du Ministre
de la Santé n° 2360-03 du 8 Rabii II 1425 (28 Mai 2004)
Annexe 6: Autorisation de collecte de données
Liste des tableaux et graphiques
Tableau 1 : Répartition des ressources et certains
indicateurs de CHIS 25
Tableau 2 : Répartition des IC lauréats de
2ème cycle sur l'ensemble des
établissements de CHIS 26
Graphique 1 : Répartition des participants selon l'age
30
Graphique 2 : Répartition des participants selon
l'état matrimonial 31
Graphique 3 : Répartition des participants selon le profil
de base 31
Graphique 4 : Répartition des participants selon la
cohorte 31
Graphique 5 : Répartition des participants selon
l'ancienneté dans la profession infirmière 32 Graphique 6 :
Répartition des participants selon l'ancienneté dans le poste
d'infirmier chef 32
Graphique 7: Le choix de poste d'infirmier chef 33
Graphique 8: La possession d'une fiche de poste 34
Graphique 9 : Notions sur le cursus de la formation en
2ème cycle des EPM 47
ix
Liste des abréviations
ACN : Association Catholique de Nursing
Belgique
ASDE: Adjoint de Santé Diplômé d'Etat
CCTD : Centre de Consultation et de Traitement Dentaire
CHIS: Centre Hospitalier Ibn Sina
CNSR: Centre National de Santé Reproductive
CRISO : Centre de Recherche et d'Intervention en Santé des
Organisations DSI: Division des Soins Infirmiers
EPM: Etudes Paramédicales
FC : Formation Continue
FNIB : Fédération Neutre des
Infirmières de Belgique
FO : Force Syndicale
GPEC: Gestion Prévisionnelle des Emplois et
Compétences
HAS: Hôpital Arrazi de Salé
HER: Hôpital d'Enfant de Rabat HEY: Hôpital El
Ayachi de Salé HIS: Hôpital Ibn Sina
HMY: Hôpital Moulay Youssef
HSR: Hôpital des Spécialités de Rabat IC:
Infirmier Chef
IFCS: Institut de Formation aux Carrières de
Santé
IFCSR: Institut de Formation aux Carrières de Santé
de Rabat
INO : Institut National d'Oncologie MS : Maternité
Souissi
MS : Ministère de la Santé
PEH : Projet d'Etablissement Hospitalier RI : Règlement
Intérieur
RIH : Règlement Intérieur des Hôpitaux SSI :
Service des Soins Infirmiers
Introduction
Le monde des malades et des soignants ne peut être un
monde simple et binaire, qui puisse se réduire à l'univers d'une
entreprise comme les autres. Qualité et moindre coût deviennent
les maîtres mots, quelle que soit l'importance de la structure sanitaire.
Afin de juste trouver l'équilibre entre les exigences de la nouvelle
organisation de l'hôpital, les enjeux économiques et la
pénurie en personnels, le dirigeant de l'organisation
hospitalière doit suivre, en plus de sa formation professionnelle, des
formations en matière de gestion, de management, de communication et de
leadership. Ainsi, pour accomplir sa mission de garant d'une prise en charge de
qualité, il doit veiller sur la qualité de gestion des
unités de soins. Ces dernières constituent l'image de marque et
le lieu opérationnel de l'hôpital qui est dirigé par un
médecin chef conjointement avec l'infirmier chef. Ce dernier joue un
rôle primordial dans la bonne marche et l'atteinte des objectifs de
l'unité de soins. Vu que son rôle consiste à mettre en
oeuvre les orientations stratégiques de l'hôpital en les
concrétisant sur le terrain. A ce jour, il reste difficile d'obtenir une
définition commune des fonctions et compétences souhaitées
de l'infirmier chef (Stordeur, 2003). D'autant plus, la complexité de
cette fonction rend difficile le choix des personnes aptes à assumer la
responsabilité de ce poste. En effet, un grand nombre des infirmiers
chef sont nommés à l'ancienneté. Ce qui pousse à
s'interroger si l'ancienneté et l'expérience à eux-seuls
suffisent à rendre un infirmier soignant un bon gestionnaire ?
Le monde hospitalier en pleine mutation; les techniques et les
progrès de la médecine ont modifié
énormément les méthodes de travail. Cette mutation est
accompagnée par une évolution des compétences, des
pratiques et du management. C'est pourquoi la formation des cadres de
santé est devenue une priorité essentielle pour garantir la
qualité de gestion des équipes et des activités au niveau
des unités
2 de soins. Au Maroc, la question qui se pose ; est ce que ces
cadres de santé sont préparés pour occuper le poste
d'infirmier chef ou pour être dans des postes stratégiques, par
exemple, au niveau des services des soins infirmiers? Si ces cadres sont
préparés pour les deux postes, donc quelle est leur place au sein
des unités de soins gérées par des faisant fonction
d'infirmiers chef ? D'autant plus, le fait d'affecter des cadres de
santé au niveau stratégique et d'autres au niveau
opérationnel pose beaucoup d'interrogations voire de résistances
des cadres de santé affectés entant qu'infirmier chef. De
surcroît, l'infirmier chef constitue l'interface entre l'administration,
l'équipe soignante et les patients, ce qui rend ses fonctions complexes
et génèrent beaucoup de problèmes. Par conséquent,
les cadres de santé s'enfuient de cette fonction et ne veulent plus de
ces responsabilités accrues.
Afin de bien comprendre la représentation de cette
fonction chez les cadres de santé, cette étude a pour ambition de
documenter les facteurs influençant l'exercice de cette fonction par les
cadres de santé lauréats de 2ème cycle. Pour se
faire le plan de ce travail est scindé en trois parties (a) phase
conceptuelle qui traite la problématique, la recension des
écrits, le but et la question de recherche ; (b) la phase
méthodologique ; (c) la phase empirique qui présente les
résultats de l'étude, la discussion et propose par la suite des
recommandations.
Problématique
L'infirmier(e) chef est une personne qui occupe un poste au
premier niveau de gestion et qui dirige des infirmières et des
infirmiers (et d'autres employés) dispensant des soins directs (Jeans et
Rowat, 2004). En effet, l'infirmier chef doit posséder une base
scientifique de connaissances issues des sciences de l'organisation, de la
gestion et de la politique des soins infirmiers, il détient
véritablement le rôle d'un gestionnaire d'unité de soins
qui consiste à planifier, à organiser, à diriger et
à contrôler les ressources humaines et matérielles en vue
d'atteindre, avec le plus d'efficacité possible, les objectifs de
l'organisation (Hubinon, 1998).
Malgré l'importance de son rôle, dans la plupart
des cas ce poste est occupé par des personnes qui n'ont pas reçu
une formation leur permettant d'assumer la responsabilité de la fonction
d'infirmier chef. Ce poste doit être normalement occupé par un
cadre de santé ou par un lauréat de 2ème cycle
des études paramédicales (EPM), comme l'exige la circulaire
n° 122 /DAA/PE du 28/12/1976 qui stipule que la responsabilité d'un
service hospitalier doit être assurée par un cadriste ou à
défaut un Adjoint de Santé Diplômé d'Etat (ASDE).
Or, d'après les résultats d'une étude
réalisée par Guejdad (2008) sur les stratégies
d'intégration des lauréats1 du 2ème
cycle, il s'est révélé que seulement 5 % parmi eux
occupent la fonction d'infirmier chef au niveau d'une unité de soins
hospitalier et aucun lauréat n'exerce cette fonction au niveau
ambulatoire. Ces résultats sont appuyés par une autre
étude effectuée au niveau de l'hôpital Ibn Sina de Rabat,
qui a montré que seulement 24% des infirmiers chefs occupant ce poste
ont suivi une formation au niveau de l'école des cadres ou au
2ème cycle des études paramédicales, ce qui a
leur
1 Cette étude a concerné les lauréats de la
deuxième cohorte
4 permis d'acquérir un certain niveau de connaissances
dans le domaine de la gestion de l'unité de soins (Djoumbe, 2008).
La position des cadres de proximité (infirmier chef)
dans les hôpitaux est considérée par certains auteurs comme
une des plus difficiles à retenir (Coudray, 2004). La méme
auteure ajoute que l'impression laissée par les échanges avec
certains cadres de santé est celle d'une activité
écartelée, stressante et laissant peu de part à
l'autonomie. En outre, les infirmiers chefs constituent la catégorie la
plus vulnérable car ils s'investissent dans l'exécution des
taches peu structurées et peu planifiées (Montésinos,
1992). Leur statut n'est pas reconnu et cela peut entraîner une
difficulté à se positionner, à trouver leur place
auprès de l'équipe mais aussi à se faire reconnaître
comme étant chargé de l'encadrement de l'unité de soins
(Haller, 2004). Cette situation accentue la difficulté à
reconnaitre le leadership infirmier dans l'environnement intra et extra
hospitalier et produit une résistance au changement (Brissette,
2006).
En 2001, Debiche a avancé que la fonction d'IC est
toujours en pleine mutation et suscite des craintes qui se traduisent notamment
par une crise d'identité, pouvant amener à un problème de
reconnaissance de la part des autres acteurs de l'hôpital. Selon le
méme auteur, cette situation peut aboutir à un
désinvestissement de la fonction, se manifestant par une baisse
importante de candidatures au poste d'IC, laissant présager pour
l'avenir un manque de personnel d'encadrement des unités de soins. En
plus, les cadres infirmiers se sont retrouvés isolés avec des
nouvelles compétences auxquelles ils n'étaient pas toujours
préparés (Debiche, 2001).
Le système hospitalier a un besoin impératif en
cadres formés et aptes à réussir les changements dont ils
sont plus que jamais la clé de voûte (FO-Santé
Documentation, 2011). De ce fait, le poste d'infirmier chef doit être
occupé par une
5 personne ayant reçu une formation lui permettant
d'acquérir des compétences en management et gestion des soins
infirmiers comme le souligne Haller (2004) ; le diplôme contribue
à asseoir une reconnaissance, à légitimer un
positionnement et à aider au développement des
compétences.
Le centre hospitalier Ibn Sina (CHIS) de Rabat vit ce
problème. Ce centre hospitalier de référence à
l'échelle national étant donné la multitude des
prestations et le grand nombre des unités de soins impose la
création des postes d'IC correspondants mais, les entretiens
préliminaires avec certains lauréats de 2ème cycle,
exerçant au niveau de CHIS de Rabat, ont montré que la
majorité d'entre eux refuse d'occuper le poste d'infirmier chef, par
contre ils préfèrent une fonction au niveau du service des soins
infirmiers (SSI). Ce constat est appuyé par les responsables de CHIS de
Rabat, qui critiquent la sélectivité et le refus de certains
lauréats de 2ème cycle des postes vacants au sein du
CHIS, qui correspondent à leur profil et aux compétences acquises
au 2ème cycle notamment celui de l'infirmier chef (Mouloudi,
2010). Ceci malgré que l'article 2 de l'arrêté du
Ministère de la Santé n° 2360-032 a
souligné que l'enseignement dispensé au niveau du
2ème cycle des IFCS a pour objectifs de préparer des
cadres paramédicaux, qui selon leurs spécialités et leurs
domaines d'intervention, seront capables de : (a)Gérer les unités
de soins et les ressources qui s'y rattachent; (b) Animer des équipes de
travail et y raviver le sens de responsabilité, d'autonomie et la
volonté de changement; (c) participer à l'élaboration,
à la mise en oeuvre et à l'évaluation des
stratégies pédagogiques et de soins....
Au Maroc aucune étude n'a été
réalisée à propos des infirmiers chefs lauréats de
2ème cycle. Une telle étude revêt une importance
capitale, du fait que l'infirmier
6 chef est un chaînon stratégique du service
infirmier (Montésinos, 1992), dans lequel le lauréat de
2ème cycle sera en mesure de mener un grand changement. Pour
cela, cette étude vise à documenter, auprès de cette
population, les facteurs influençant l'exercice de leur fonction entant
qu'infirmier chef au niveau de CHIS de Rabat. En outre, pour dévoiler la
représentation réelle de cette fonction, il est nécessaire
de la chercher auprès des lauréats de 2ème
cycle, qui sont des acteurs censés la valoriser et la faire reconnaitre
auprès des autres professionnels de santé et auprès des
patients.
7
Recension des écrits
Le rôle de l'IC est composé de deux volets (a) le
volet stratégique dont il participe aux choix
organisationnels en tant que porteur de vision et responsable d'objectifs de
performance, il agit comme moteur du changement en tant
qu'accompagnateur de ceux qui font le changement, et aussi comme pivot des
communications en tant que lien privilégié entre la direction et
le terrain ; (b) et le volet opérationnel dont il gère des
équipes, de la qualité et des
résultats, des communications, des
ressources matérielles, financières et informationnelles,
du changement et de soi même (l'Agence de la santé et des
services sociaux de Montréal, 2010). En outre, une recension des
écrits a permis de circonscrire le travail d'IC dans trois dimensions ;
clinique, administratif et managérial (Villeneuve, 2005). Au Maroc, le
règlement intérieur des hôpitaux (2010) stipule dans
l'article 32 que les IC des unités de soins ou des services sont
chargés de ; (a) organiser et superviser le travail des infirmiers, des
techniciens et du personnel de soutien au sein des départements ou des
services; (b) évaluer les besoins des patients et s'assurer que les
soins et les prestations requis sont dispensés conformément aux
prescriptions médicales ; (c) veiller sur la qualité des soins
infirmiers dans le respect des procédures et des règles
professionnelles, d'éthique et de déontologie; (d) et assurer
l'encadrement des stagiaires infirmiers et techniciens de santé
stagiaires. De même, le règlement intérieur de CHIS formule
les mêmes attributions mais encore plus détaillées (voir
annexe 1).
Il n'existe pas d'études qui traitent en
globalité les facteurs influençant la fonction d'IC. Au canada,
Villeneuve (2005) a souligné l'absence d'un modèle
intégrateur des facteurs de contingence sur le travail d'IC, car la
recherche en ce domaine est très peu développée et
notamment les études empiriques. C'est
8 pourquoi, la même auteure a réalisé une
étude sur les facteurs organisationnels influençant la fonction
d'IC. Son étude a soulevé les facteurs suivants ; la forme
organisationnelle, les 4R (rôles, responsabilités, relations et
ressources) et la centralisation/décentralisation des décisions
qui permet de mieux comprendre la forme que prend le travail de l'IC. En outre,
Mintzberg (1984) a traité les facteurs influençant le travail des
cadres d'une façon générale. Il a relaté les
facteurs liés à l'environnement organisationnel, ceux liés
au poste occupé par le cadre, et ceux liés au cadre
lui-même. Parallèlement, Au Maroc, Bidaran (2006) a
étudié les facteurs influençant la fonction d'encadrement
de l'IC au niveau de l'HIS de Rabat. Les résultats obtenus ont
indiqué l'existence des facteurs d'ordre individuel (compétence,
motivations...), institutionnel (la réglementation...), relationnel
(relation hiérarchique, autorité, responsabilité....),
organisationnel (charge de travail, délégation des
tâches...), et professionnel (l'absence d'une politique
claire en soins infirmiers, ainsiqu'une culture professionnelle).
Toutefois, Bidaran s'est contentée d'étudier
seulement la fonction d'encadrement, malgré que
l'exercice de la fonction d'IC englobe en plus de l'encadrement plusieurs
volets relatifs à l'organisation, l'animation, la coordination, le
contrôle et la recherche (Debiche, 2001).
Les résultats de la consultation des différentes
études ont permis de mettre en exergue les facteurs déterminants
la fonction d'IC en quatre catégories : institutionnels,
organisationnels, professionnels et individuels.
Les facteurs institutionnels
Certains auteurs ont évoqué la
réglementation comme facteur prédictif, en déclarant que
les IC sont à peu près ignorés par les textes quant
à leur fonction (Desnouveaux, 1994 ; Thivet Griesmar, 2009). D'ailleurs,
en France, dans les textes législatifs et réglementaires il
n'existe pas de cadre précis de définition des fonctions de l'IC
(Debiche, 2001). Ainsi, le même auteur ajoute que cette situation peut
9 confronter l'IC à des difficultés à se
situer entant que manager d'une unité de soins. D'autres auteurs pensent
que le flou des textes législatifs oblige les IC à travailler
dans l'incertitude, ce qui modifie par conséquent la
représentation qu'ils se font de leur métier et du regard
porté par les autres professions (Plaetevoet, 1999 ; Chauvancy, 2008 ;
Thivet Griesmar, 2009).
Dans le même cadre, Montésinos (2002) a
évoqué le terme de confusion des tâches et des rôles
qui règne dans les services où la confusion des rôles est,
ainsi dit, institutionnalisée. Ainsi d'après l'étude de
bidaran(2006) aucun cadre infirmier chef ne qualifie sa mission de claire.
Subséquemment, l'ambigüité de la définition du
travail de l'IC se traduit par la diminution du nombre des IC sur le terrain
(Villeneuve, 2005).
D'autre part, la formation des cadres de santé
constitue un facteur déterminant. Plaetevoet (1999) a
démontré une différence de perception de la fonction d'IC
selon la présence ou l'absence de certificat de cadre de santé.
En effet, l'entrée de la formation, en France, comme véritable
levier du changement et plus encore de la logique compétence, conduit le
cadre de santé à devenir un véritable gestionnaire des
soins et . .des compétences humaines (Thivet Griesmar, 2009). En effet,
l'arrêté du 18 Aout 1995 stipule que:
La formation contribue à assurer
l'efficacité et la pertinence du rôle de l'encadrement dans
l'exercice des responsabilités des cadres de santé en
matière de gestion des équipes et des activités. Elle a
pour objectif de préparer les étudiants à l'exercice des
fonctions d'animation et de gestion, en leur apportant les concepts, les
savoirs et les pratiques nécessaires, et en favorisant leur application
à leur domaine professionnel.
Dans le même contexte français, la qualité
et l'adéquation de l'actuelle formation en IFCS sont globalement
critiquées, sinon dénoncées, même si une
véritable évaluation n'en a jamais été faite
(Yahiel et Mounier, 2010). Ainsi, selon les mêmes auteurs, les critiques
qui ont été évoqué sont ; (a) la formation actuelle
est trop
10 éloignée de la réalité du
métier de cadre; (b) la formation a mis à l'oeuvre des
dispositifs pédagogiques difficilement conciliables avec un
apprentissage s'adressant à des professionnels adultes, ayant de
surcroit déjà exercés durant plusieurs années ; (c)
les enseignements sont trop théoriques, pas assez contextualités
et restent souvent au stade des principes et des concepts ; (d) les outils
pédagogiques et les modes d'enseignements ne sont pas adaptés ;
(e) les équipes pédagogiques peinent assez souvent à
trouver leur juste place dans un contexte de double réforme, de
l'hôpital et des formations universitaires. Pourtant, les mémes
auteurs, s'accordent à reconnaître le rôle crucial et la
grande qualité des professionnels qui sont issus de cette formation,
singulièrement leur capacité d'adaptation et de conduite des
changements aussi profonds.
Toujours en France, une enquête d'évaluation de
l'impact de la formation des cadres de santé réalisée en
2010, a révélé que 90% des cadres enquêtés
estiment avoir été le moins préparés pour certains
activités, en évoquant la gestion des relations humaines et plus
particulièrement la gestion des conflits, des groupes, des relations
interpersonnelles, des jeux d'acteurs et des relations avec la
hiérarchie.
Riendhalt (n.d) ajoute que la formation des cadres de la
santé ne peut suffire en elle-même à former des bons
cadres, conformes aux attentes de la fonction. La même auteure explique
que même si un texte de loi favorise la nomination des cadres
diplômés, les établissements publics continueront de faire
appel à des infirmiers chef faisant fonction. Ainsi, la même
auteure explique que par manque de personnel cadre de santé, un
infirmier ayant de l'ancienneté et de l'expérience du service est
sollicité, de manière très directive, à prendre le
relais et à remplacer un cadre de santé. A ce propos, certains
auteurs s'interrogent sur la nécessité de former des cadres quand
les hôpitaux tendent à généraliser le recours aux
faisant fonction d'IC,
11 et se demandent pourquoi recourir à des faisant
fonction non formés, si la fonction de l'IC est difficile à
exercer aujourd'hui (Charon, 2002 ; Riendhalt, n.d).
Au Maroc, la formation des infirmiers gestionnaires a
commencé en 1963 avec l'instauration de la filière majorat des
services hospitaliers au niveau de l'école des cadres. En 1993, le
Décret n° 2-93-602 portant la création des IFCS a mis en
exergue la formation en premier cycle et en deuxième cycle, mais la
formation au 2ème cycle n'a débuté qu'en 2002.
Brissette (2006) a souligné que la formation au 2ème
cycle des EPM est indispensable pour contribuer au développement du
rôle professionnel infirmier au Maroc par l'application des connaissances
et des habiletés nécessaires non seulement pour évoluer
vers ce rôle autonome mais également le réussir. Toutefois,
dans le dit contexte, aucune étude n'a été faite pour
évaluer l'influence de cette formation sur la fonction d'IC.
Les facteurs organisationnels
Villeneuve (2005) a affirmé que les facteurs
organisationnels au niveau de l'établissement exercent une influence
prédominante sur l'exercice managérial de l'IC. Vu que les
unités de soins sont devenues des structures très complexes
à manager et peuvent conduire les IC à ressentir des pressions
(Vonau, 2008). Plusieurs auteurs considèrent les missions de l'IC
complexes tant pour lui-même que pour les professionnels qu'il encadre
(Montésinos, 2002; Chauvancy, 2008 ; Thivet Griesmar, 2009). Les IC
vivent de plus en plus une situation de désengagement, de burn out dont
les raisons sont en relation avec la politique de rentabilité faire plus
et mieux avec peu de moyens et la perte des repères institutionnels et
organisationnels (FO- santé documentation, 2011). De leur part, Jeans et
Rowat (2004) ont mis en lumière les conditions difficiles et stressantes
du travail des IC. C'est pourquoi, une enquête réalisée par
le CRISO (2008) a confirmé que la majorité des cadres de
santé se perçoivent en situation de surcharge de travail. Pour la
plupart des cadres de santé,
12 la surcharge est liée à la difficulté
de se centrer sur les dimensions essentielles de leur rôle (Chartier,
Desjardins et Gagnon, 2011). Mais aussi, l'évolution de l'environnement
organisationnel de l'hôpital exige des IC des capacités
importantes d'appropriation et d'anticipation (Charon, 2002).
Au niveau des établissements hospitaliers deux
bureaucraties peuvent coexister (a) la bureaucratie mécaniste qui repose
sur le pouvoir en lien avec le statut et la fonction, qui peut rendre l'IC
exécutant des décisions administratives, médicales ou de
celles émanant de la direction des soins infirmiers; (b) la bureaucratie
professionnelle basée sur les principes d'expertise, de formation et de
qualification, et dont l'IC peut être acteur au sein du SSI (Mintzberg,
1982). Ainsi, l'IC peut se trouver confronté à ces deux types de
bureaucratie (Debiche, 2001).
En 1994, une étude réalisée par les
associations des directions de département infirmier3 affirme
que l'IC est victime des multiples pressions, notamment hiérarchiques,
qu'ils soient infirmière, médicale ou administrative. L'IC en
ressent un sentiment d'insatisfaction et de dévalorisation de son
rôle ce qui peut se traduire par de la révolte et/ou de
l'accablement. Certains auteurs pensent que la place de l'IC, qui se trouve
à l'interface des logiques médicales, administratives,
politiques, associations des usagers, personnes soignées et soignantes,
rende ses missions complexes voire paradoxales (Peyré, n.d; Romani,
2008; Thivet Griesmar, 2009).
Pour les IC le mode de fonctionnement reste très
hiérarchique et bureaucratique, la notion de contrôle est
unanimement ressentie comme pesante (Desnouveaux, 1994; Plaetevoet, 1999).
D'ailleurs, le RI de CHIS dans l'article 40 stipule que le chef de la formation
exerce le pouvoir hiérarchique sur l'ensemble du personnel de
3 Etude réalisée par ACN (association
catholique de nursing Belgique), FNIB (fédération neutre des
infirmières de Belgique) sur la charge de travail de
l'infirmière-chef
13 sa formation y compris l'IC. Ainsi, le malaise des IC est
conséquence des contraintes qu'ils subissent sous les impacts des
hiérarchies administratives et médicales.
Montésinos (2002) a évoqué la triple
hiérarchie des IC ; (a) La hiérarchie professionnelle
présentée par le service infirmier ; (b) la hiérarchie de
service dont le médecin chef est le patron ; (c) et la hiérarchie
administrative dont le directeur de l'hôpital mais qui est aussi
manifesté par chaque directeur des services administratifs. Il a
ajouté que chacune de ces trois hiérarchies attend de l'IC des
prises de positions différentes et parfois contradictoires. Chacune
exerce à sa façon des contraintes pour peser sur le comportement
de l'IC. Le même auteur ajoute que pour atteindre un objectif
précis, pour conduire un ensemble d'activités et pour diriger un
groupe, il est nécessaire de n'avoir qu'un seul chef. Or, l'IC se trouve
au carrefour de trois hiérarchies, ceci est manifestement inconfortable
et fréquemment conflictuel (Montésinos, 2002). Au Maroc, dans
l'étude de Bidaran (2006), le fait d'avoir une double hiérarchie
(médicale et infirmière) constitue un problème pour 43%
des IC enquêtés.
D'autant plus, la relation de l'IC avec les médecins
est tributaire des caractéristiques de ces derniers qui peuvent
être soit ; (a) élus, objets inconditionnels de tous les
sentiments positifs ; (b) soit reprouvés, boucs émissaires qui
cristallisent l'agressivité ; (c) soit les plus nombreux, ceux qui
provoquent l'ambivalence des IC (Montésinos, 2002). D'autre part,
parlant de sa relation avec son équipe, Mucchilli (1998)4 a
démontré que la reconnaissance est impossible entre les IC et
l'équipe soignante, les deux parties s'accusent réciproquement,
ce qui place ces acteurs dans une situation conflictuelle et les rend
enfermés dans un cercle vicieux. Ainsi, ces relations avec les
différentes logiques peuvent être parfois conflictuelles (Thivet
Griesmar, 2009).
14
Les facteurs professionnels
De nombreux facteurs rapportés par les études
sont liés à la fonction d'IC elle-même. En effet, les
exigences d'efficience rendent la mission de l'IC parfois délicate et
demandent des responsabilités accrues et grandissantes vis-à-vis
des équipes, de l'institution, de la profession, de la
société, et surtout du malade (Chauvancy, 2008;
Thivet Griesmar, 2009). Chauvancy (2008) ajoute que les IC se sentent peu
épaulés, non reconnus et responsables. Ils sont livrés
à eux-mêmes, insuffisamment et/ou non encadrés par
l'équipe cadre de l'hôpital (Bacheick, 1993)5. De
surcroit, l'IC est doublement responsable, il engage sa responsabilité
juridique et personnelle (Plaetevoet, 1999). Par conséquent, vu la
multiplication de ses tâches et ses responsabilités, l'IC
s'éloigne du soin, des équipes et du patient (Thivet Griesmar,
2009).
En 2002, Montésinos a dévoilé la
dissymétrie qui existe entre la responsabilité et
l'autorité ; au niveau des unités de soins, les IC sont
responsables de tout et n'ont d'autorité sur rien. Parce que, le
même auteur explique que les IC doivent répondre à des
choses à propos desquelles ils ne disposent pas de l'autorité
correspondante. Il a précisé que le fait de responsabiliser une
personne de l'ensemble de l'activité de l'équipe, favorise la
mise en place des conditions de l'irresponsabilité. Pourtant, le
règlement intérieur de CHIS dans l'article 40 stipule que l'agent
responsable d'un service ne peut se décharger des responsabilités
qui lui incombent par la responsabilité propre de ses
subordonnés.
Plaetevoet (1999) a démontré que l'autonomie ne
saurait exister sans responsabilité, paradoxalement, l'IC a une zone
d'autonomie limitée en raison d'un contrôle excessif des
responsables hiérarchiques et d'un rôle mal défini. Selon
le même auteur, les IC sont perçus, par les cadres infirmiers
supérieurs, incapables
5 Cité par Karama (2001)
15 d'être autonomes, car leur autonomie est souvent
tributaire de l'attitude et du comportement du supérieur
hiérarchique. Dans la majorité des établissements
hospitaliers les IC ne prennent pas part à la sélection et n'ont
pas le choix des agents qu'ils vont recruter et avec qui ils vont travailler
(Vonau, 2008). Selon Plaetevoet (1999), la situation de faible autonomie voire
de dépendance de l'IC est due à la hiérarchie qui exerce
un contrôle sur ses actions et ne lui donne pas suffisamment
d'initiative.
Certaines études rapportent que les IC se plaignent de
la non reconnaissance de leur travail de la part de l'administration et le
corps médical (Jeans et Rowat, 2004; Chauvancy, 2008; Thivet Griesmar,
2009). Par conséquent, en occupant un niveau hiérarchique peu
valorisé, jouissant d'un prestige limité,
bénéficiant de rémunérations dérisoires par
rapport à leur niveau de formation et aux responsabilités
qu'elles assument, les IC doutent d'eux-mêmes et de leur
avenir6. Au même temps, Chauvancy (2008) pense que les IC sont
valorisés comme partenaires du corps médical et managers
chargés de la conduite du changement.
Les facteurs individuels
L'attractivité de la fonction d'IC reste trop faible,
certains auteurs pensent que la plupart des soignants sont peu attirés
par le management qui d'ailleurs les coupent des soins, ce qui constituent leur
vocation professionnelle (Jeans et Rowat, 2004; Peyré, n.d; Reinhardt,
n.d). Cependant, Ducret (2005) a relaté dans son étude que les
cadres de santé reconnaissent leur motivation qui dépend de la
reconnaissance aux efforts fournis. Au Maroc, Saddam (2008) a rapporté
dans son étude que seulement 10% des IC veulent rester dans leur poste
ce qui reflète sûrement une insatisfaction vis-à-vis de
leur rôle et pose beaucoup de questions sur l'avenir de cette
fonction.
6 Etude réalisée par ACN (association
catholique de nursing Belgique), FNIB (fédération neutre des
infirmières de Belgique) sur la charge de travail de
l'infirmière-chef
16 Une autre étude a confirmé que 52,17% des IC
ont été motivés à accéder à ce poste
parce qu'ils cherchaient l'autonomie et 43,48% cherchaient à être
un acteur dans les échanges interdisciplinaires (Bidaran, 2006).
Certaines études ont démontré que les IC
vivent une réelle crise identitaire ; ils sont à la recherche de
leur identité professionnelle (Montésinos, 2002 ; Chauvancy,
2008). De sa part, Thivet Griesmar (2009) avance que l'IC n'existe que parce
qu'il est cadre de santé, mais c'est le soin qui lui confère son
identité. Selon la même auteure, une identité bien
définie de la profession infirmière semble encore en
construction. De nombreux professionnels s'accordent à dire que les
infirmiers qui exercent dans des services très spécifiques ont
une propension à faire reconnaitre leur spécificité
plutôt que la profession dans son aspect générique (Dufour,
2006). Pour certains infirmiers, encadrer en dehors de sa filière reste
un challenge et génère le sentiment de la perte de
l'identité infirmière alors que c'est de cette méme
profession qu'est née la fonction de
l'IC.7
Un autre volet individuel concerne le développement de
leadership infirmier chez les IC. En 1994, une étude8 affirme
que l'IC est le mieux placé pour devenir un auteur et/ou acteur de
changement afin d'améliorer en pratique la qualité et
l'organisation des soins au malade, le fonctionnement des services et l'image
de marque de l'hôpital. La même étude ajoute que certains IC
jouent un rôle d'exécutants, se contentant de faire appliquer les
prescriptions médicales et les notes administratives. D'autres, au
contraire, émettent des avis, participent aux décisions,
construisent des projets avec leurs équipes et en collaboration avec
certains professionnels. Si tant de différences existent dans la
façon d'encadrer une équipe de
7 Le processus de professionnalisation du cadre de
santé : Cadre de santé ou Cadre de soins ? Article de Laurent
QUENEC'HDU. Téléchargé de :
www.cadredesante.com.
8 Etude réalisée par ACN (association catholique
de nursing Belgique), FNIB (fédération neutre des
infirmières de Belgique) sur la charge de travail de
l'infirmière-chef
17 soins, donc ces professionnels ont la possibilité de
faire des choix. Ce sont donc des acteurs possédant une certaine marge
de manoeuvre et de liberté dans une organisation (Desnouveaux, 1994).
Le défit que les organisations doivent le plus
impérativement relever n'est pas la pénurie
généralisée des talents, mais la disette de leadership
chez les IC (Jeans et Rowat, 2004). Puisque, selon les mêmes auteurs,
dans le département infirmier, le leadership infirmier est devenu plus
complexe, requérant connaissances et expertise, pensée critique
et facultés relationnelles particulières. Cette complexité
des rôles détenus par les leaders en soins infirmiers rend plus
difficile le choix de personnes qualifiées pour occuper les postes de
leader et particulièrement au niveau de la base (Stordeur, 2003).
L'auteur ajoute que les IC occupant une fonction charnière dans
l'hôpital par leur dynamisme, leur leadership et leur compétence
font souvent la différence au niveau du climat organisationnel.
L'IC adopte préférentiellement un style de
leadership en fonction des caractéristiques de sa personnalité,
de la formation qu'il a suivi, des expériences qu'il a vécu, mais
aussi des caractéristiques de l'équipe avec laquelle il travaille
(Stordeur, 2003).
L'IC est avant tout un manager, avec un rôle clef qui
consiste à concevoir, fédérer, piloter et décider.
Être IC ce n'est pas seulement un statut, se sont d'abord des
compétences et des responsabilités. En effet, il peut être
un excellent technicien, un gestionnaire hors pair mais un piètre
manager9.
Peyré (n.d) ajoute que la fonction de l'IC exige des
capacités d'adaptation, un sens développé des
responsabilités, des attitudes professionnelles de base indispensables,
des savoirs techniques, des connaissances en matière de santé
publique, des capacités de communication écrite et orale.
18
Jeans et Rowat (2004) ont cité quelques facteurs
entravant ou facilitant l'acquisition des compétences pour les IC ; un
milieu de travail favorable, des attentes claires et raisonnables, un
équilibre travail-vie, une charge de travail raisonnable,
l'accessibilité à des programmes de formation en gestion,
l'expérience.... De même, ils ont ressorti dans leur étude
que les compétences les plus importantes pour les chefs de la profession
infirmière sont la responsabilité à l'égard de
l'exercice de la profession, la communication, la création
d'équipe, la résolution des conflits et le leadership.
Desnouveaux (1994) précise que toute gestion
rationnelle, efficace et visant l'évolution de la qualité des
soins nécessite de la part de l'IC; (a) des capacités
d'adaptation et d'adaptabilité; (b) des capacités de diagnostic
et d'analyse; (c) des capacités d'évaluation ;
(d) et des capacités de communication.
En France, L'arrêté du 18 août 1995 relatif
au diplôme de cadre de santé stipule que le bon fonctionnement des
structures de santé hospitalières dépend largement de la
place des cadres de santé et de leurs compétences, qui est
déterminante pour la qualité des prestations offertes tant aux
patients qu'aux étudiants.
En effet, Boyatzis (1982)10 a identifié les
compétences du cadre comme facteur influençant son travail. De
même, l'auteure française Thivet Griesmar (2009) a
démontré que la fonction qu'exercent les IC maintenant est
similaire à celle exercée auparavant mais avec une dimension plus
importante en matière de gestion qu'ils ne maitrisent pas forcement en
lien avec plusieurs causes dont le manque de compétences. Par exemple,
il a été fréquemment rapporté que les jeunes cadres
ne
19 savaient pas faire des plannings ou n'en comprenaient pas
les principes de base, comme le roulement (Yahiel et Mounier,
2010)11.
Au Maroc le programme de 2éme cycle des EPM,
section surveillant des services sanitaires, prescrit par le ministère
de la santé, a été élaboré sur la base des
tâches professionnelles qui doivent être réalisées
sur le terrain en étroite collaboration avec les professionnels du
terrain. Les compétences que doit avoir le surveillant des services
sanitaires sont identifiées dans six axes de formation; (a)Gestion des
soins : la capacité de maîtriser les modes de gestion des soins;
la capacité de concevoir et gérer l'utilisation des outils et
supports de gestion des soins au niveau de la structure ; ainsi que la
capacité d'évaluer la demande de soins ; (b) Gestion des
ressources: la capacité de déterminer les besoins de la structure
en ressources ; la capacité de mobiliser et gérer les ressources
de la structure de soins ; la capacité d'identifier et de
résoudre les problèmes inhérents à la gestion de la
structure et la capacité d'évaluer l'utilisation et la
productivité de la structure de soins ; (c)Gestion de l'environnement :
capacité de mettre en place et de gérer un système
garantissant l'hygiène et la sécurité au niveau de la
structure de soins ; (d) Recherche : capacité d'élaborer des
projets de recherches pertinents par rapport à des priorités et
d'en assurer le plaidoyer auprès des institutions concernées ;
d'identifier ses insuffisances, d'exprimer ses besoins en formation /
perfectionnement et d'exploiter toutes les opportunités pour y
répondre ; et d'encadrer et de soutenir les étudiants du
1er cycle des IFCS dans les travaux de recherche qu'ils
mènent ; (e)Management et communication : Avoir la capacité de
représenter une organisation et la capacité et habiletés
de synthétiser et d'appliquer
20 les techniques de management et de gestion à
l'intérieur de cette organisation de santé ; (f)
Approfondissement des compétences cliniques.
Synthèse de la recension des écrits
Il ressort des écrits que l'IC exerce des
activités principalement au niveau de l'unité de soins, lieu
stratégique de l'organisation hospitalière. Il remplit la
fonction d'interface entre le département médical, administratif,
le soignant et avec le malade et sa famille. C'est une fonction
caractérisée par la complexité vu la multitude des
rôles qui en découlent. Elle exige des compétences pour
réussir à répondre à la fois aux besoins des
patients et leurs familles et aux objectifs stratégiques de
l'organisation hospitalière. Cette fonction occupe une place
déterminante au sein de l'établissement hospitalier vu son impact
sur la qualité de prise en charge des patients. Malgré cela, elle
reste méconnue par le personnel soignant et peu d'intérêt
lui est accordé. En effet, la revue de littérature a
étudié plusieurs facteurs susceptibles d'influencer la fonction
de l'IC. Par conséquent, l'auteure de la présente étude
les a regroupé en quatre catégories ; les facteurs
organisationnels (la relation hiérarchique et fonctionnelle de l'IC,
l'environnement organisationnel dont il travaille et sa charge de travail ),
les facteurs institutionnels (la réglementation, la formation), les
facteurs professionnels (les responsabilités de l'IC, son autonomie et
la reconnaissance) et les facteurs individuels (les compétences de l'IC,
sa motivation, le leadership infirmier et l'identité professionnel).
-Relation hiérarchique -Relation fonctionnelle
-L'environnement organisationnel
- Charge de travail
-La motivation
-L'identité professionnelle - Le leadership
-Les compétences
Facteurs organisationnels
Facteurs individuels
L'exercice de la fonction d'IC par les lauréats de
2ème cycle des EPM
-La réglementation -La formation
-L'autonomie
-La reconnaissance -La responsabilité
Facteurs institutionnels
Facteurs professionnels
Cadre de référence
But de l'étude
Décrire les facteurs influençant l'exercice de la
fonction d'infirmier chef par les lauréats de 2ème
cycle au niveau de CHIS de Rabat.
Question de recherche
Quels sont les facteurs qui influencent l'exercice de la fonction
d'infirmier chef par les lauréats de 2ème cycle au
niveau de CHIS de Rabat ?
L'opérationnalisation des concepts
La fonction
Ensemble des obligations et devoirs inhérents à
l'exercice d'infirmier chef. Infirmier chef
Une personne chargée de la gestion d'une unité de
soins ou d'un service médico-technique conjointement avec le chef de
service.
Les lauréats de 2ème cycle
Les personnes qui ont réussi leur formation au niveau de
2ème cycle des études paramédicales.
La réglementation
C'est l'ensemble des articles du règlement
intérieur du CHIS et de RIH régissant les attributions de
l'IC.
La formation
C'est l'ensemble de connaissances théoriques et pratiques
acquises lors de la formation de 2ème cycle.
L'environnement organisationnel
Le contexte organisationnel dont lequel exerce l'IC
lauréat de 2ème cycle ses fonctions.
La relation hiérarchique
La relation qu'entretient l'IC lauréat de 2
éme cycle avec le chef de service, le SSI et le directeur de
l'hôpital.
La relation fonctionnelle
La relation qu'entretient l'IC lauréat de
2ème cycle avec l'équipe soignante. Charge de
travail
L'intensité de l'effort fourni par le travailleur afin
de répondre aux exigences de la tâche dans des conditions
matérielles déterminées, en rapport avec son état
et les divers mécanismes en jeu dans son travail (Teiger, Laville et
Duraffourg, 1973; Tort, 1974).
L'autonomie
La capacité pour l'IC lauréat de
2ème cycle de gérer ses propres limites, de se
gouverner soi-même à partir de ses propres normes et prendre des
décisions éclairées avec une notion de
responsabilité pour les décisions (Hesbeen, 2002).
La responsabilité
L'ensemble des obligations de l'IC lauréat de
2ème cycle, de répondre de ses actions ou de celles
des autres, d'être garant de quelque chose, elle peut être
personnelle ou réglementaire.
La reconnaissance
Appréciation ou jugement posé sur la
contribution de l'IC lauréat de 2ème cycle, tant en ce qui touche
le procédé de travail que l'investissement personnel et
l'engagement. Elle consiste aussi à évaluer les résultats
de son travail et à les souligner et valoriser son expertise et son
expérience professionnelles.
Les compétences
l'ensemble des connaissances (savoir), des habiletés
(savoir-faire), des comportements et des attitudes (savoir-être)
nécessaires pour occuper la fonction d'IC.
L'identité professionnelle
Sentiment d'appartenance de lauréat de
2ème cycle à la profession infirmière. La
motivation
Selon Alderfer (1969) et Herzberg (1959), la motivation au
travail s'intéresse aux facteurs et au processus de ce comportement. Les
facteurs sont les besoins ou encore les aspirations qui poussent l'individu
à développer des efforts dans son travail. Dans la
présente étude c'est l'ensemble des facteurs qui poussent les
lauréats de 2ème cycle à postuler au poste
d'IC.
Le leadership
La capacité de cadre infirmier à diriger les gens
et les organisations pour atteindre un objectif défini.
Devis de recherche
Type de l'étude
C'est une étude descriptive qualitative de niveau I,
qui vise à décrire les facteurs influençant l'exercice de
la fonction d'IC par les lauréats de 2ème cycle au
niveau de CHIS de Rabat.
Milieu d'étude
Cette étude est réalisée au niveau de
CHIS de Rabat. C'est un établissement hospitalier universitaire de
référence à vocation nationale, de recherche,
d'enseignement et de soins dans le domaine médical et soins infirmiers.
Il est doté de la personnalité morale et de l'autonomie
financière. Il est composé de dix structures hospitalières
et une direction.
Tableau 1: Répartition des ressources et certains
indicateurs de CHIS
lits
|
Professionnels de santé
|
Consultations/ an
|
Interventions chirurgicales /an
|
Accouchements/an
|
2.458
|
6.069
|
417.685
|
30.477
|
22.320
|
Source : Direction de CHIS, 2010
Il a comme objectifs d'assurer (a) Une meilleure
qualité de soins ; (b) Une meilleure formation des étudiants ;
(c) Une pertinence dans la recherche scientifique ; (d) Une meilleure
intégration dans les projets structurants du Ministère de la
Santé.
Il a été choisi comme site d'étude parce
qu'il est accessible et dont la population à l'étude est
disponible.
La population cible
a) L'ensemble des lauréats de 2ème
cycle exerçant la fonction d'IC au niveau de CHIS de Rabat. Le
problème a été soulevé chez cette population dans
l'étude faite par Mouloudi (2010) et appuyé par les entretiens
préliminaires.
b) Les supérieurs hiérarchiques des lauréats
de 2ème cycle : un chef de SSI, deux chefs de service.
Les critères d'inclusion. Les lauréats de
2ème cycle exerçant la fonction d'IC au niveau de CHIS
de Rabat.
Les critères d'exclusion a) Les lauréats
de 2ème cycle occupant d'autres fonctions que celle d'IC; b)
les IC qui n'ont pas reçu une formation au niveau du 2ème cycle
des EPM.
Échantillonnage
Le groupe 1. Vu que la population est formée
d'IC exerçant au méme milieu et vu que le chercheur a de bonnes
raisons de croire que la population est plutôt homogène en ce qui
concerne les variables à l'étude, un échantillon de taille
réduite peut être suffisant pour répondre au but de
l'étude (Fortin, 1996). L'auteure de la dite étude a
procédé au recensement de l'ensemble des lauréats de
2ème cycle exerçant la fonction d'IC au niveau de CHIS
de Rabat, qui sont au nombre de 8. Ils sont répartis sur l'ensemble des
établissements de CHIS comme suit :
Tableau 2: Répartition des IC lauréats de
2ème cycle sur l'ensemble des établissements
de CHIS
l'établissement
|
HIS
|
MS
|
HER
|
INO
|
HMY
|
CNSR
|
CCTD
|
HSR
|
DSI
|
HEY
|
HAS
|
Nbr de lauréats
|
7
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
%
|
87,5
|
_
|
_
|
12,5
|
_
|
_
|
_
|
_
|
_
|
_
|
_
|
Source : direction de CHIS, 2011
Le groupe 2. La méthode choisie est
l'échantillonnage non probabiliste par choix raisonné. Ainsi, le
chercheur sélectionne les participants les plus représentatifs.
La sélection repose sur le choix des sujets susceptibles de satisfaire
les besoins de chercheur en matière d'information.
Méthodes et instruments de collecte des données
Vu le caractère qualitatif de l'étude l'auteur a
opté pour l'entretien semi directif. L'utilisation de l'entretien est
appropriée à chaque fois que l'on cherche à
appréhender et à rendre compte de systèmes de valeurs, de
normes, de représentations et de symboles propres à une culture
ou à une sous-culture (Michelat, 1975).
Thivet Griesmar (2009) affirme que les méthodes
d'entretien se caractérisent par (a) Un contact direct entre
l'interlocuteur et l'enquêteur ; (b) Une assez faible directivité
; (c) Un échange et la mise en place d'une relation. La même
auteure ajoute que le sujet répond dans ses propres termes et avec son
propre cadre de référence aux questions, l'entretien suppose donc
la mise en oeuvre de processus fondamentaux de communication et d'interaction.
Cela nécessite de connaitre parfaitement la thématique de
recherche, d'envisager des questions de relance et de favoriser la
reformulation. En plus l'entretien semi-directif donne la possibilité
pour la personne enquêtée d'être moins limitée dans
son expression (Micheau, 1996).
Des entretiens semi-structurés avec les IC
lauréats de 2ème cycle, exerçant au niveau de
CHIS de Rabat, ont été menés à l'aide d'un guide
d'entretien (voir annexe 2) élaboré par l'auteure qui a
été pré-testé chez deux IC et validé par des
personnes ressources. Ces entretiens visent à comprendre comment ces
lauréats perçoivent les facteurs influençant la fonction
de l'IC.
Le guide d'entretien est établi de façon
à ressortir quatre grands thèmes (a)la perception des IC
lauréats de 2ème cycle vis-à-vis de la fonction
et des rôles de l'infirmier chef ; (b) les difficultés
rencontré durant l'exercice de cette fonction ; (c) les facteurs
influençant cette fonction ; (d) les suggestions. En plus, afin de
compléter les informations récoltées par les IC
lauréats de 2ème cycle, des entretiens semi
structurés sont réalisés avec des responsables au niveau
de CHIS à l'aide d'une
28 grille d'entretien (voir annexe 3). Cette grille englobe
six thèmes (a) la perception de la fonction d'IC ; (b) la formation au
niveau de 2ème cycle ; (c) les compétences des
lauréats de 2ème cycle ; (d) l'engagement des
lauréats de 2ème cycle ; (e) les facteurs
influençant cette fonction ; (f) les suggestions.
Description du processus de collecte et analyse des
données
Au préalable une autorisation administrative (voir
annexe 6) nécessaire à toute intervention en milieu
d'étude a été obtenue par la direction de l'IFCSR. Cette
autorisation a facilité l'accès à la population cible, qui
a reçu toutes les explications nécessaires sur l'objet, les
finalités et les procédures de l'étude. Des entretiens
semi-directifs sont effectués avec les lauréats de
2ème cycle selon leur disponibilité, d'une
durée moyenne de 30 minutes. Ces entretiens sont ensuite
enregistrés et retranscrits.
Le traitement des données recueillies est
effectué à travers l'exploitation des verbatim des
interviewés. Ainsi, il a été jugé indispensable de
structurer les données recueillies et les représenter sous forme
de thèmes et sous thèmes, qui sont ensuite analysés et
discutés. Enfin quelques recommandations, en relation avec les
résultats de l'étude, sont proposées par l'auteure.
Considérations éthiques
Dans chaque recherche il est indispensable de prendre toutes
les dispositions nécessaires pour protéger les droits et
libertés des participants aux recherches (fortin, 1996). Pour cela
l'auteure de la dite étude a été amenée à
respecter certains aspects éthiques (a)Droit à
l'autodétermination; chaque personne de la population à
l'étude aura la liberté totale de participer ou non à
cette étude; (b) Droit à l'anonymat et la confidentialité;
en effet, l'identité de participant n' a pas été
reliée à ses réponses, et ses propos recueillis ont
été traité de manière confidentielle ; (c)
Consentement libre et éclairé; avant de procéder à
la collecte des données, un premier contact a eu
lieu avec chaque participant pour l'informer sur la nature, le
but, la durée de l'étude
et les méthodes utilisées, ainsi un consentement
verbal de chaque participant a étéindispensable.
Déroulement de la collecte des données
La collecte des données a été
effectuée au niveau des établissements de CHIS de Rabat. Les
entretiens se sont réalisés sur une période allant du 10
Mai jusqu'au 20 Juin 2011. Six entretiens ont été
effectués avec les lauréats de 2ème cycle. La
collecte des données a été consolidée par trois
entretiens avec des responsables au niveau des deux sites (un chef de SSI, deux
chefs de service).
Présentation des résultats
La présentation des résultats portera deux volets
(a) entretiens avec les IC lauréats de 2ème cycle ;
(b) entretiens avec les responsables.
Les entretiens avec les IC lauréats de
2ème cycle
Les entretiens avec les IC lauréats de
2ème cycle ont permis de ressortir plusieurs résultats
que l'auteure de cette étude a choisi de les restructurer et les
présenter sous forme de thèmes et sous thèmes.
Caractéristiques socioprofessionnels.
Le genre La répartition des enquêtés
par sexe reflète que tous les participants à cette étude
sont du sexe masculin.
L'âge
D'après le graphique l'âge des participants
fluctuait entre 30 et 49 ans.
L'état matrimonial
On constate que la majorité des participants (83%) sont
mariés. Le profil de base
60% des interviewés sont des infirmiers polyvalents. Le
reste est partagé équitablement entre le profil d'infirmier en
anesthésie et celui en psychiatrie.
La cohorte
32 33%, et 17% de la 4ème cohorte
(2007-2009). Alors qu'il n'y a aucun lauréat de la 1ère et la
2ème cohorte exerçant la fonction d'IC au niveau du
centre hospitalier Ibn Sina.
L'ancienneté dans la profession infirmière
Ce graphique montre que l'ancienneté de 83% des
participants ne dépasse pas 15 ans, alors que seulement 16,66% ont plus
de 15 ans d'ancienneté. L'ancienneté dans la fonction d'IC
L'ancienneté des participants entant qu'IC ne
dépasse pas 2 ans pour 83%, puisque 50% des participants sont des
lauréats de la 5ème cohorte.
Le choix du poste d'infirmier chef
La grande majorité des IC n'ont pas fait ce choix, ils
ont été nommés dans ce poste. Un parmi eux a relaté
« On a accepté, si non ils vont créer pour nous un poste
virtuel qui n'a aucun apport ou attributions... ». Si le choix est
entre être IC ou être dans un poste virtuel qui n'a aucun apport ou
attributions. Il préfère le premier choix, puisque dans ce poste
il peut utiliser tous les outils de gestion appris au cours de la formation au
niveau de 2ème cycle des EPM. Un autre a ajouté
« la direction avait une vision que les lauréats de
2ème cycle occupent des postes au niveau des unités de
soins...j'ai accepté ce poste d'IC à condition qu'il y ait des
stratégies d'accompagnement ». En plus, un participant a
déclaré « j'ai lutté le maximum pour refuser ce
poste, mais il n'avait pas de choix que d'accepter ». Tous ces
lauréats ont été affectés au niveau de ce poste
d'IC depuis leur départ du 2ème cycle. Mais il y avait
une exception pour un parmi eux. Ce dernier, au début, a
été affecté entant que surveillant chargé d'une
mission pour un certain temps. Après sous l'impact des propositions et
des sollicitations répétées du chef de service, où
il avait la mission, il a accepté le poste d'IC, à condition que
la nomination soit infirmier chef par intérim.
Modalités d'accès au poste d'IC. Tous les
participants ont accédé à ce poste par nomination directe.
Un parmi eux a déclaré « après ma nomination, le
poste a été mis à la candidature. Par conséquent,
j'ai postulé à ce poste et j'ai été admis
».
Possession d'une fiche de poste
83% des participants n'ont pas reçu une fiche de poste.
A l'exception d'un seul qui a révélé qu'il possède
une fiche de poste, mais il ne l'utilise pas. Ils ont témoigné
que le fait de ne pas avoir des fiches de poste validées engendre une
anarchie dans l'exercice de la fonction d'IC.
La perception de la fonction d'IC. Cette fonction est
perçue par les lauréats de 2ème cycle sous plusieurs
aspects :
a) Le représentant de l'administration et le premier
responsable devant l'administration. En effet, un participant a dit «
puisque le chef du service est le représentant de la faculté
de médecine, c'est l'IC qui est responsable devant l'administration
». Alors qu'un autre a avancé que « c'est une
fonction qui génère beaucoup de problèmes...parce que la
direction et les patients responsabilisent l'IC au niveau de l'unité de
soins... » ;
b) L'intermédiaire et l'interface entre
l'administration, l'équipe soignante et les patients « C'est
l'intermédiaire entre l'administration, les patients et l'équipe
soignante. Il travaille entre les trois logiques; il constitue l'interface...
»;
c) Une fonction opérationnelle, en déclarant
que « C'est une fonction quinous laisse
débordés par le quotidien... » ;
d) Le gestionnaire (conjointement avec le chef de service) de
l'unité de soins, un parmi eux a témoigné que l'IC
gère l'unité de soins sur tous les plans « c'est
35 l'exemple d'une femme au foyer qui se charge du
ménage, des enfants, de la cuisine, de faire le marché, de
tout... C'est le cas de l'IC...il doit veiller sur la bonne marche du
service... ». Cependant, un autre a déclaré que l'IC
est « la colonne vertébrale de l'hôpital... C'est le
coeur, c'est le levier incontournable de toute structure sanitaire...
».
Le rôle de l'IC. Un des participants
présume que le rôle de l'IC est bien clair « ...le
règlement intérieur de CHIS et celui des hôpitaux
précisent bien les attributions de l'IC et du surveillant des soins...
». Un autre ajoute que ces attributions sont diversifiées
« les attributions de l'IC selon le règlement intérieur
de CHIS sont multiples... Mais, au niveau opérationnel l'IC assure plus
que ses attributions ... Il fait le travail de superviseur, de surveillant, de
technicien de maintenance... c'est lui qui gère tout le
service...». La même évocation soulevée par un
autre « ...il assure même des activités qui ressortent
des attributions du médecin chef. Par exemple s'il y a un
problème urgent ou un courrier qu'il faut envoyer immédiatement,
je ne vais pas attendre le chef de service pour prendre la décision, je
fais ce qu'il faut faire... ». Un participant trouve que le fait que
l'IC résoude les problèmes tout au long de la journée est
une perte de temps « ... je me trouve seul face aux
problèmes...c'est une perte de temps, ce sont des faux problèmes,
auxquels l'IC n'est pas censé de consacrer beaucoup de temps. Mais, dans
la réalité l'IC ne fait que ça, régler les
problèmes quotidiens ».
Les entretiens avec les IC lauréats de
2ème cycle ont permis de décortiquer le rôle de
l'IC en plusieurs volets
a) La gestion des soins pour quelques uns l'infirmier
chef gère le service, planifie le travail et entant que responsable il
veille à la continuité du service.
b) La gestion des RH son rôle consiste à
gérer le personnel infirmier de l'unité de soins « il
vérifie l'absence et gère les congés... ». Un
autre IC rajoute que son rôle
36 comporte la gestion du personnel, la planification,
l'encadrement, la supervision et l'évaluation de leur rendement.
Cependant, un troisième juge que son rôle est centré sur la
gestion des conflits «...il gère les conflits... Sûrtout
avec la population... ».
c) La gestion du patrimoine deux participants ont
circonscrit cette activité aux médicaments et le matériel
« ...Il gère le patrimoine, tout ce qui concerne le
matériel et les médicaments... La pharmacie, prévision,
commande, acquisition,...et stockage...» alors qu'un
troisième a évoqué la gestion des ressources
financières.
d) Le travail technique un parmi les IC à
l'étude a avancé « ...par manque de personnel je suis
obligé pas mal de fois de travailler dans le service, de faire le
travail clinique... ».
e) La gestion des patients ce volet est
évoqué par tous les participants « l'IC s'occupe de la
gestion des patients... tout ce qui est admission, hospitalisation, sortie...
restauration... ». Par ailleurs, un interviewé pense que
certains aspects de gestion des patients ne font pas partie de ses attributions
« je gère les RDV... qui font partie normalement des
responsabilités du médecin... »
f) La gestion du système d'information deux
participants ont évoqué cette activité « ... l'IC
gère l'information, tout ce qui est information qui arrive de
l'administration ou qui sort de ce service, tout passe par l'IC. Les fiches,
les relevés.... tout ce qui relève du système
d'information...notamment en rapport avec l'activité du service et tout
ce qui est statistiques et aussi la gestion de l'archive... ».
j) Un rôle de coordination un des participants
conçoit que le rôle de l'IC consiste sûrtout à
coordonner entre les différentes logiques « ...L'IC comme j'ai
déjà dit, c'est l`intermédiaire...il a un rôle de
coordination entre les équipes et l'administration... ».
Les problèmes rencontrés au moment de la
prise du service. Tous les participants ont déclaré qu'ils
ont rencontré des problèmes au moment de la prise de service
entant qu'IC. Un ensemble de difficultés a été
soulevé:
a) L'intégration au sein de l'unité de
soins Quatre participants ont soulevé des difficultés
d'intégration au sein de l'équipe soignante surtout
infirmière. Le premier a avancé que < j'ai
rencontré des problèmes avec le personnel du service, se sont des
anciens infirmiers qui vont bientôt arriver à la fin de leurs
carrières. Ils ne font que ce qu'ils leur semblent raison pour eux...
", Il a ajouté qu'ils résistent au changement et non
disciplinés sur le plan d'horaire. Il a relaté aussi que le
problème persiste encore avec l'équipe de nuit < ...
surtout je trouve des problèmes avec l'équipe de nuit, qui ne
veut pas s'impliquer, pour eux leur tâche consiste à travailler la
nuit sans aucune relation avec les autres équipes, même pour les
réunions ou les formations, ils refusent de s'y présenter...
". Un deuxième participant relève le même
problème en disant < ...c'est un environnement nouveau...
J'étais comme un intrus ". Alors qu'un infirmier chef ajoute que
< ...la plupart des infirmiers préfèrent que l'IC soit un
parmi eux, qui a déjà exercé entant que soignant avec
eux... ". En plus, le dernier interviewé ajoute <
...auparavant, j'ai trouvé le service submergé par les
problèmes. Afin que je puisse régler ces dysfonctionnements, j'ai
rencontré beaucoup de résistance de la part du
personnel...". Ces entretiens ont permis de conclure que le
problème d'intégration est représenté par la
résistance de l'équipe soignante au changement que la plupart des
lauréats de 2ème cycle veulent créer en prenant
la responsabilité de l'unité de soins.
b) Relation avec la hiérarchie deux
participants ont déclaré avoir des difficultés avec le
chef de service < ... lorsque le chef du service a une vision
différente de celle de l'IC,... L'IC ne peut rien faire. Ce qui peut
créer beaucoup de conflits entre les deux... », < ...
Si l'IC a la responsabilité de gérer le personnel infirmier,
parfois on
38 trouve que le chef de service, qui intervient contre
l'IC, ce qui rend les interventions de l'IC très timides... ". En
effet, ce problème a été relié à
l'autorité de chef de service et au manque d'autonomie pour l'IC.
c) Absence de soutien et d'accompagnement Ce
problème a été soulevé par trois participants.
Ainsi, un interviewé a relaté que « ...Ici il y a aucun
accompagnement de la part de l'administration ou de SSI... on est seul, ce qui
fait on est heurté aux problèmes du service et de l'organisation,
il faut faire un grand effort pour savoir ce que je dois faire... ».
Un autre ajoute « ... lorsque je pose un problème au directeur
ou au chef du service, ils me demandent de se débrouiller...donc je me
trouve seul face aux problèmes...". D'autant plus, le manque
d'accompagnement est accentué par l'ambigüité des
attributions de l'IC « ...En plus, je dois fournir des efforts pour
connaitre mes attributions et ce que je dois faire... ", « ...Les
tâches de l'IC ne sont pas bien définies... ", « ... il faut
noter aussi qu'il n'y a pas un champ réglementaire qui délimite
les attributions de chacun. ". D'après ces déclarations, le
fait de n'avoir aucune stratégie d'accompagnement ni de soutien de la
part de l'administration constitue une difficulté pour les
lauréats de 2ème cycle nouvellement recrus au poste
d'IC.
d) Problèmes dus aux caractéristiques de
l'unité de soins le fait d'être affecté au niveau d'une
unité de soins d'une grande capacité litière
submergée par les problèmes du quotidien constitue un obstacle
« ...vu la capacité du service et les problèmes du
quotidien, tout le monde travaille dans le désordre ...", « ...par
exemple, lorsque je viens le matin, j'aurai l'intention de travailler selon un
planning préétablit, avec des objectifs précis à
réaliser. Mais, une fois dans le service, je n'arrive pas à
réaliser le planning, parce que le quotidien m'exige à travailler
sans planification et à gérer le quotidien ...".
e) Manque de ressources le manque de ressources
matérielles constitue pour un participant un problème majeur
« ... Premièrement, comme vous le voyez ... Je n'ai pas de
bureau. Le minimum des choses...ils m'ont chargé d'une unité de
soins, sans ressources, ni matérielles, ni humaines ni
financières... c'est à moi de se débrouiller avec le
strict minimum ... je dois militer pour avoir les ressources avec lesquelles je
dois travailler... ". Alors que deux autres ont relaté que la
pénurie en personnel infirmier leur exige de travailler entant que
soignants « ...par manque de personnel je suis obligé pas mal
de fois de travailler entant qu'infirmier praticien... ", « ...au
début il y avait un problème de pénurie en personnel, donc
j'étais dans l'obligation de travailler avec les infirmiers existants
surtout en cas d'absence de quelques personnel...".
Les facteurs influençant l'exercice de la fonction d'IC
par les lauréats de 2ème cycle d'après les
entretiens réalisés avec les IC, plusieurs facteurs ont
été soulevés :
a) La réglementation Un interviewé a
souligné l'absence d'une réglementation claire qui régie
et délimite la fonction et les attributions de l'IC au sein de
l'unité de soins. Il ajoute en expliquant « ...il n'y pas un
manuel ou un guide de l'IC qui contient les procédures à suivre
en cas d'une situation précise...». Un autre déclare
que le manque d'organisation est due à l'absence d'un champ
réglementaire qui délimite les attributions de chacun
«...Les tâches de l'IC ne sont pas bien définies....Par
exemple, si l'IC a la responsabilité de gérer le personnel
infirmier, parfois on trouve que le chef de service, qui intervient contre
l'IC, ce qui rend les interventions de l'infirmier chef très
timides...». Pour ces interviewés, les attributions de l'IC ne
sont pas claires méme si elles sont réglementées par le
règlement intérieur de CHIS.
b) La formation Quoique la formation au niveau du
2ème cycle est perçue, pour 50% des
interviewés, comme facteur positif pour l'exercice de la fonction
d'IC,
40 d'autres la perçoivent autrement. Un participant a
avancé que « La formation nous donne l'estime...Moi
j'étais un IC avant d'accéder à cette formation...j'ai
trouvé une grande différence entre les deux
expériences...cette formation a une grande valeur ajoutée pour la
carrière de l'infirmier... », « Au niveau du service, je me
sens comme un référent, une personne ressource dans la gestion et
le management ". Un autre partisan pour cette idée « Le
lauréat de 2ème cycle est formé pour occuper ce
poste...parce que les modules dispensés au niveau du
2ème cycle sont axés surtout sur la gestion de
l'unité de soins... ". Un autre ajoute que « ...un
lauréat de 2ème cycle acquit beaucoup sur la gestion,
le management et les outils de planification...". Au même temps un
participant pense que cette formation les prépare pour être au
niveau stratégique « on est formé pour être au
niveau du SSI et pas au niveau opérationnel...". Toutefois, un
autre a témoigné que «...la formation au niveau de
2ème cycle ne donne pas de recettes magiques pour toutes les situations
qu'on confronte au niveau du terrain. Le seul surplus de cette formation est
l'utilisation de l'outil informatique...moi je pense que la formation au niveau
de 2ème cycle n'a aucun apport au niveau du terrain...Sauf
sur le plan comportemental...". Un autre consolide la même
conception « ...il ne suffit pas d'avoir les outils de gestion, mais
il faut savoir comment les exploiter...dans un terrain un peu complexe... par
exemple, on n'a pas reçu des cours en matière des relations de
l'IC avec l'ensemble des professionnels ". Alors qu'un interviewé
pense que « ...la formation au niveau du 2ème cycle n'a
d'apport que sur le plan de la méthodologie de travail .... Parce qu'on
trouve la plupart des lauréats de 2ème cycle
travaillent d'une façon scientifique... en plus, ils maitrisent
l'utilisation de l'outil informatique... », il rajoute que «
les modules dispensés au niveau du 2ème cycle ne
s'adaptent pas et le besoin de terrain... on ne peut pas concrétiser les
savoirs acquis, parce que l'organisation hospitalière au Maroc est
très complexe... ».
c) L'environnement organisationnel Un des participants
a témoigné que les conditions au niveau de l'hôpital sont
défavorables pour faire valoir cette fonction. Il a ajouté «
...selon mon expérience, il y avait pas d'accompagnement de la part
de la hiérarchie... ». Le manque de soutien et
d'accompagnement est soulevé aussi par un autre interviewé «
....le lauréat de 2ème cycle est laissé
tout seul face aux problèmes de gestion du service...il y a pas un
soutien... je peux dire même que les décideurs ne facilitent pas
les choses pour le bon fonctionnement du service... ". Il continue en
expliquant « ... il n'y a pas un appui de la part de
l'administration...ils m'ont chargé d'une unité de soins, sans
ressources, ni matérielles ni humaines ni financières.... et
c'est à l'IC de se débrouiller avec le strict minimum...je dois
militer pour avoir les ressources avec lesquelles je dois travailler... ".
Un participant qui réclame « ... le problème de
l'informatisation du service influence aussi ...je n'ai pas d'outil
informatique... ».
Cependant, un participant déclare que si le SSI est
composé des lauréats de 2ème cycle, surtout le chef du
SSI, qui partagent la même vision et le même langage avec l'IC, ce
qui facilite la collaboration entre les deux. Mais, il ajoute « ...si
le chef de SSI ne partage pas le même langage avec l'IC lauréat de
2ème cycle, ce dernier ne bénéficie pas
d'accompagnement ni de soutien...". Au même temps, continue un autre
interviewé « le personnel est exigent, l'administration est
exigeante ...cette exigence influence notre fonction. Ils demandent de nous
plus ce qu'on avait à donner. De même, pour nous, on demande d'eux
ce qu'ils ne peuvent pas, selon eux, réaliser. Donc toujours il y a une
situation conflictuelle puisque il existe une contradiction entre ce qui est
demandé et ce qu'on demande ». De surcroit, la place de l'IC
entant qu'interface entre l'administration et la population, accentue ses
responsabilités envers les deux logiques « ... L'IC se retrouve
en conflit avec l'administration et en confrontation avec la population...
", « ... Par conséquent, la
42 population accuse et responsabilise l'IC en cas de
conflits... Parce que les patients sont devenus très exigeants
même agressifs parfois ... ".
d) La relation hiérarchique Deux participants
ont exprimé des difficultés dans leurs relations avec le chef
hiérarchique soit médical ou infirmier. Un infirmier chef a
relaté que « Le problème d'hiérarchie est une
énorme contrainte pour l'exercice de cette fonction... », Il
explique que l'IC n'a pas de pouvoir pour se positionner et que le service
fonctionne selon la conception du chef de service. Par conséquent, il
ajoute « ...les lauréats de 2ème cycle,
nouvellement recrus, peuvent avoir des conflits avec les chefs de service...".
Cependant, un autre pense que le fait d'avoir une triple ligne
hiérarchique, le chef du service immédiat, le chef du SSI et le
directeur, engendre une anarchie dans l'exercice de la fonction d'IC «
... ce qui fait on ne sait pas qu'est le chef hiérarchique ? Le chef
du service, le SSI ou... le directeur de l'hôpital ? ".
e) La charge de travail Quatre interviewés ont
soulevé ce facteur de charge de travail. D'ailleurs, un lauréat
de 2ème cycle a révélé «
...pour moi l'IC a une surcharge de travail... Surtout s'il n'y a pas de
personnes compétentes auxquelles il peut déléguer ses
tâches...ils n'ont pas de notions sur la gestion, la
communication....donc, l'IC doit faire tout... ", il ajoute que
«...le seul inconvénient de ce poste c'est la charge de
travail... je suis débordé par le travail... ». Alors
qu'un autre avance « pour la charge de travail...ça reste
subjectif, parce qu'il n' y a pas des études faites la dessus...".
Au contraire, un participant a déclaré qu'il n'a pas de
charge de travail.
f) La responsabilité Trois participants
considèrent que les responsabilités de l'IC sont grandes et
multiples « ...ces responsabilités sont multiples... parce que
même si le chef de service est le premier responsable au niveau de
l'unité de soins....le chef de service délègue,
informellement, toutes ses responsabilités à l'IC ».
D'ailleurs, un
43 autre a révélé que « l'IC
égal beaucoup de responsabilité et un peu de pouvoir,
mathématiquement on peut dire qu'il a 99% de responsabilité et 1%
de pouvoir... ". Par conséquent, un participant explique que «
... les lauréats de 2ème cycle ne veulent pas de
cette responsabilité... surtout s'il s'agit de gérer un grand
service...».
g) L'autonomie Deux participants s'accordent que l'IC
souffre de la dépendance au chef de service «....il n'a pas
d'autonomie de décision dans l'exécution de ces
attributions...,l'IC doit toujours suivre la conception du chef de service.
Normalement, l'infirmier chef doit avoir une autonomie... ". Ils ajoutent
que « il est toujours sous l'autorité de chef de service
". En plus, ils réclament que «...même la
réglementation donne tout le pouvoir de décision au chef de
service... Malheureusement, il y a des chefs de service qui prennent des
décisions sans recourir même à l'avis des IC, qui sont
normalement, responsables comme eux dans le service... ", «L'IC
est un gestionnaire, il peut prendre l'initiative et prendre de
décisions, mais il n'a pas de pouvoir... ". Un autre a
déclaré que « ...Il ne faut pas penser que c'est
dévalorisant d'être IC sous l'autorité du chef de
service... par contre... le chef de service s'il trouve un lauréat de
2ème cycle compétent, il lui délègue
tout son pouvoir... Le service devient sous l'autorité de l'IC...
".
h) La reconnaissance Trois interviewés ont
évoqué la reconnaissance comme facteur influençant
l'exercice de leur fonction. Un participant a rapporté que la
reconnaissance de ses efforts constitue un facteur motivant « ... le
chef de service, la direction et même le SSI reconnaissent les efforts
que je déploie ... c'est un facteur motivant ...". Or, un
interviewé conçoit cette reconnaissance insuffisante par rapport
à ses responsabilités « Même si le chef de service
reconnait bien mes efforts... Mais ça ne suffit pas.... cette
reconnaissance est insuffisante par rapport aux responsabilités de
l'IC ». Alors qu'un autre déclare qu'il y a pas de
reconnaissance
44 « Il y a même pas de reconnaissance, si le
travail est bien fait c'est grace au chef de service, s'il y a des
problèmes c'est l'infirmier chef... ».
i) La motivation Un seul IC qui a relaté que
l'exercice de la fonction ne bénéficie que d'une faible, voire
aucune, motivation matérielle.
j) La personnalité la personnalité du
lauréat de 2ème cycle a été
soulignée comme facteur influençant l'exercice de sa fonction
entant qu'IC. Un infirmier chef explique que la personnalité du
lauréat de 2ème cycle conditionne son travail
« un IC de forte personnalité peut se positionner facilement au
sein de l'unité de soins... ».
k) Les compétences Trois participants ont
avancé que les compétences acquises au 2ème
cycle permettent aux lauréats d'occuper des postes de
responsabilité au niveau stratégique. Un parmi eux affirme que
« Normalement, le cadre infirmier lauréat de
2ème cycle doit être affecté au niveau du
pôle d'encadrement et de supervision et pas au niveau des unités
de soins. Ce n'est pas sa place... », il ajoute : « les
cadres infirmiers sont une denrée rare, il faut profiter de leurs
compétences au niveau des pôles de décision, de supervision
et d'encadrement ». Tandis qu'un autre pense que la formation de
2ème cycle ne prépare pas des IC compétents
« ... je ne pense pas que la formation de 2ème cycle
prépare des IC compétents ... Mais surtout se sont des acteurs
qui doivent être au niveau stratégique... », il explique
que « ...je préfère travailler dans un poste
stratégique où je peux développer mes compétences
... ». Un autre interviewé se demande pourquoi être
infirmier chef tandis que ses collègues sont au niveau
stratégique, puisqu'ils ont les mêmes compétences «
...pourquoi affecter des lauréats de 2ème cycle au
niveau opérationnel et d'autres au niveau stratégique ? Sur quels
critères ils se basent puisque ces lauréats ont les mêmes
compétences ... Cette situation démotive les gents à
occuper ce poste d'IC ». Alors qu'un autre participant a
affirmé que le lauréat de 2ème cycle IC risque
de ne pas devenir un bon gestionnaire «... entant qu'IC il doit faire
l'interface entre
45 l'équipe soignante et l'administration ... C'est
très difficile de trouver le mi chemin entre les deux logiques...il doit
choisir entre les deux ... Soit être social et relationnel ... Soit
être un administratif... C'est difficile d'être accepté par
les deux logiques... ».
Suggestions des participants. Un nombre de suggestions
ont été proposées par les lauréats de
2ème cycle soit pour développer la fonction d'IC, soit
pour améliorer leurs conditions de travail entant qu'acteurs de
changement.
a) Le soutien et l'accompagnement Les participants ont
manifesté un grand besoin en matière d'accompagnement «
... un lauréat de 2ème cycle nouvellement
affecté dans un poste de responsabilité, il faut qu'il
bénéficie d'un accompagnement... » ;
b) L'affectation un lauréat de
2ème cycle propose « ...Normalement, le cadre
infirmier lauréat de 2ème de cycle doit être
affecté au niveau du pôle d'encadrement et de supervision et pas
au niveau des unités de soins ». Alors qu'un autre
suggère à ses collègues d'occuper le poste d'IC «
... personne ne peut valoriser cette fonction comme les lauréats de
2ème cycle... il faut que nos collègues de
2ème cycle prennent conscience de ça et avoir l'audace
et le courage pour être un vrai acteur de changement au niveau de
l'unité de soins... ». Un participant ajoute « Moi je
suggère que les lauréats de 2ème cycle doivent
être affectés aussi bien au niveau de SSI qu' au niveau des
unités de soins, pour avoir une coordination entre le SSI et les IC afin
d'améliorer la qualité de prise en charge ». Un autre
ajoute « si la direction veut affecter les lauréats de
2ème cycle entant qu'IC ... ces postes doivent être au
niveau des grandes unités de soins ou des pôles ... pour que les
efforts du lauréat de 2ème cycle seront reconnus et
valorisés ... ».
c) La réglementation un participant
suggère de revoir les attributions de l'IC « ...Normalement,
l'IC doit avoir une autonomie de décision dans l'exécution de ces
attributions. Puisque ses responsabilités sont grandissantes, il doit
être sur même pied d'égalité avec le chef de service.
A mon avis, tout ce qu'est infirmier
46 dépend de l'infirmier chef et tout ce qu'est
médicale relève du chef de service ", il ajoute «
Il faut créer des conditions de travail favorables pour l'infirmier
chef, bien définir ces attributions, avoir un pouvoir reconnu et des
tâches claires ... ". Un autre propose « ... il est
nécessaire de revoir les attributions de l'IC au niveau de
règlement intérieur de CHIS... je pense qu'elles sont bien
précisées au niveau de RIH ...elles sont plus claires ...il faut
que ses attributions soit en relation avec le patient... il faut renforcer la
relation de l'IC avec le patient ... ».
d) La formation un interviewé pense que c'est
judicieux de faire des études profondes à propos de la fonction
d'IC « ...il faut effectuer des études sur la fonction d'IC...
afin de mieux connaitre les contraintes de son exercice... ». Un
lauréat de 2ème cycle souligne la nécessité de
l'autoformation et la FC « le lauréat de 2ème
cycle doit militer pour concrétiser le savoir acquis au cours de la
formation et faire des autoformations afin de s'améliorer et
développer ses compétences ".
Les entretiens avec les responsables hiérarchiques
La perception de la fonction d'infirmier chef. L'IC est
perçu par un participant comme étant l'interface entre
l'administration, l'équipe soignante et les patients « ...
c'est un acteur qui se trouve entre les trois logiques ; représentant de
l'administration, interlocuteur de l'équipe soignante.... et c'est le
point de recours focal pour les patients ». Il ajoute que c'est une
fonction fondamentale « ... c'est une fonction vitale pour la
continuité du système ». Un autre ajoute «
....il veille sur le fonctionnement administratif de l'unité de
soins ". De surcroit, il a été remarqué durant un
entretien qu'un responsable nomme l'IC par infirmier major. En effet, cet
interviewé a insisté sur l'obligation de changer cette
appellation d'infirmier major « ...l'appellation de l'infirmier major
devra être changée par cadre infirmier ou cadre
supérieur... ".
47
La formation des lauréats de
2ème cycle. Les 2/3 des responsables
interviewés connaissent bien le cursus de formation au niveau de
2ème cycle.
La formation représente pour un interviewé un
surplus pour les infirmiers « ...je comprends que le
2ème cycle est destiné à renforcer la formation
de base des infirmiers... », « ...on les prépare
à être plus gestionnaires et à utiliser des méthodes
modernes et scientifiques... », Il rajoute que «
...après cette formation, les lauréats occupent des postes de
responsabilité, de surveillant général et d'infirmier
major... ». Un autre ajoute que « ...C'est une formation
intéressante, son programme est consistant...Qui permet au
lauréat de 2 éme cycle d'acquérir des
compétences importantes ». Il continue que cette formation est
plus théorique et c'est difficile de l'intégrer sur le terrain
« cette formation ne permet pas au lauréat de s'intégrer
facilement sur le terrain. Parce qu'il y a pas une adéquation entre la
formation et les besoins et les exigences du poste où le lauréat
est affecté ».
Les compétences d'un infirmier chef lauréat
de 2ème cycle. Deux interviewés
témoignent que les lauréats de 2ème cycle IC
sont bien formés sur le plan gestion « ...Honnêtement,
ils sont bien formés ... on sent une différence entre eux et ceux
qui n'ont pas fait cette formation...sur le plan de vocabulaire utilisé,
c'est un vocabulaire plus technique....on sent une différence dans les
outils de gestion utilisés... », « ... il est compétent
sur le plan de gestion .... Je trouve beaucoup de différence entre lui
et l'IC précédant sur le plan des outils de gestion....les autres
IC n'ont pas des notions sur la gestion... ». Un autre ajoute «
Certes, ils ont des
48 compétences. Mais sur le plan de savoir et pas
le savoir faire ". En outre, il a relié l'acquisition des
compétences, surtout le savoir faire, à plusieurs facteurs «
... le lieu d'affectation et la relation avec le chef de service jouent un
rôle important qui peut influencer le développement des
compétences du lauréat ...en plus de sa personnalité, son
caractère, sa motivation, son estime de soi... », il continue
que la conception de leadership influence d'une façon
déterminante le développement des compétences chez le
lauréat de 2ème cycle «...la présence
d'un leadership infirmier soit chez ce lauréat soit chez son chef
hiérarchique infirmier peut avoir des effets sur ses compétences
... ". Il ajoute que « c'est judicieux d'avoir la fonction d'IC
occupée par des personnes qui ont acquis beaucoup en matière de
gestion, de management et de communication ... ".
L'engagement des lauréats de
2ème cycle pour développer la fonction
d'IC. Deux interviewés pensent que les lauréats de
2ème cycle sont engagés pour développer cette
fonction « ...selon mon expérience... oui, ils sont
engagés... ". En revanche, un interviewé rapporte le
contraire «... Je ne pense pas qu'ils ont un engagement pour
développer cette fonction. Parce que les lauréats de
2ème cycle viennent avec une conception d'être
affectés au niveau des postes stratégiques comme le SSI
», il rajoute que ces IC n'ont pas accédé à cette
fonction par conviction personnelle « S'il y a quelques
lauréats de 2ème cycle qui travaillent entant qu'IC,
c'est qu'ils n'avaient pas le choix... C'est l'administration qui leur impose
ce poste...Ca n'était pas par motivation personnelle... ». Par
conséquent, il explique « ...une fois dans ce poste, ils ne
cherchent pas à concrétiser leur acquis de la formation....
Certes, je suis conscient que c'est difficile....Mais, malheureusement on ne
sent pas cet engagement de leur parts ". Toutefois, cet interviewé
pense que la politique de l'administration visant à affecter les
lauréats de 2ème cycle au niveau opérationnel
est une stratégie judicieuse.
49 Les facteurs influençant la fonction d'IC
exercée par les lauréats de 2ème cycle
a) La réglementation un responsable
déclare que la réglementation est caractérisée par
l'absence d'un statut et d'un ordre des infirmiers qui délimite cette
fonction « le statut de l'IC n'est pas bien clair... et meme l'absence
d'un ordre des infirmiers influence la profession infirmière en
général y compris la fonction d'IC». Il ajoute que le
fait de continuer à appeler l'IC par infirmier major retentit
négativement sur l'exercice de cette fonction par les lauréats de
2éme cycle «...vu leurs compétences...il faut
changer l'appellation de l'infirmier major par cadre supérieure ou cadre
de santé ...... ». Ce responsable pense que
les attributions de l'IC ne sont pas claires « ... je crois qu'on
demande à l'infirmier major de faire parfois plus que ses
attributions ...... je pense que ce n'est pas de
son rôle de se débrouiller tout seul pour régler tous les
problèmes au niveau du service », Il ajoute que «
l'infirmier major ne peut pas tout gérer... C'est impossible... mais, il
fait tout parce que ses attributions ne sont pas bien claires...elles sont
vagues... ».
b) La formation Un interviewé rapporte que la
formation constitue un facteur positif pour l'exercice de la fonction d'IC par
les lauréats de 2ème cycle. Alors qu'un autre ajoute
« ...... mme si je n'ai pas de notions sur
le cursus de cette formation.... mais, je pense qu'elle joue un rôle
important puisqu'elle influe l'exercice de la fonction d'IC par ces
lauréats ...... »
c) Les caractéristiques de l'unité de
soins: un interviewé a soulevé les caractéristiques de
l'unité de soins comme facteur influençant l'exercice de la
fonction d'IC « ...La réussite du lauréat de
2ème cycle entant qu'IC dépend de l'unité de
soins et du chef de service ...... ».
d) La charge de travail un responsable pense que l'IC
a une surcharge de travail « l'IC a une charge administrative et une
charge clinique... », il ajoute «... on ne peut pas demander
tout de l'infirmier major.... c'est impossible qu'il puisse faire un
50 énorme travail tout seul... Gérer les
médicaments, gérer les RDV... gérer toute une
unité.».
e) La reconnaissance en interviewant un responsable,
il déclare que l'IC ne bénéficie pas de la reconnaissance,
malgré ses responsabilités grandissantes « si le
système marche bien, tant mieux, personne ne reconnait les efforts de
l'IC...mais, si ça marche pas c'est l'infirmier major qui est
responsable...".
f) L'engagement et la motivation des lauréats de
2ème cycle deux responsables ont soulevé ce
facteur « ...il est intéressant aussi de parler de leur
motivation personnelle pour occuper ce poste... parce que s'ils ne sont pas
motivés ça influence négativement sur cette fonction...
".
g) La personnalité deux participants ont
rapporté que la personnalité du lauréat de
2ème cycle joue un rôle important « ....Ca
dépend surtout de la personnalité de lauréat de
2ème cycle qui influence énormément son
exercice de cette fonction... ".
h) Les compétences un seul interviewé a
relevé ce facteur en déclarant que les compétences ne sont
pas identiques chez tous les lauréats de 2ème cycle
« on ne peut pas dire que tous les lauréats de
2éme cycle sont compétents... c'est relatif ...mais la
compétence marque l'exercice de l'IC. ».
Les suggestions des responsables interviewés
a) La réglementation un responsable propose
d'avoir un statut de l'IC « ... il faut avoir un statut pour
l'infirmier major clairement définit de telle façon à le
protéger ... ». Il suggère aussi qu'il faut changer
l'appellation de l'infirmier major « ... l'appellation de l'infirmier
major devra être changée par cadre infirmier ou cadre
supérieur... ce n'est pas une question de le mettre en valeur par
l'appellation... c'est une question de créer un statut
général de la fonction, différent de celui de surveillant
général et différent de celui de l'infirmier praticien...
", il ajoute « ...vu les compétences des lauréats
de 2ème cycle... il faut changer
51 l'appellation de l'infirmier major par cadre
supérieure ou cadre de santé... ». Il propose de revoir
les attributions de l'IC « ... je pense qu'il faut concevoir des
statuts d'infirmiers chef...dont il faut préciser les attributions de
l'infirmier major adjoint et celles du cadre de santé supérieur
qui doit être un lauréat de 2ème cycle au niveau
de l'unité de soins ...... ». Par conséquent, il
suggère de créer un ordre des infirmiers « ...il faut un
ordre des infirmiers...comme l'ordre des médecins... parce que c'est une
profession qui a sa particularité...l'ordre est l'organe le plus
compétent pour protéger les droits des infirmiers....c'est lui
qui va offrir aux infirmiers un statut général pour
éclaircir et préciser les attributions de chaque poste y compris
celui d'infirmier major...».
b) L'affectation un responsable propose de renforcer la
fonction d'IC par les lauréats de 2ème cycle
« je trouve que c'est une stratégie pertinente d'affecter des
lauréats de 2ème cycle au niveau des unités de
soins... Je pense que c'est judicieux d'avoir la fonction d'infirmier chef
occupée par des personnes qui ont acquis beaucoup en matière de
gestion, de management et de communication. Mais, il faut parallèlement
avoir un engagement de ces acteurs ».
Discussion des résultats
Les résultats de cette étude ont
été analysés en se référant à la
question de recherche et aux éléments du cadre de
référence, et en les confrontant avec l'ensemble des
écrits concernant le même sujet.
Le choix du poste
L'étude a montré que les lauréats de
2ème cycle n'ont pas choisi ce poste d'IC. Par
conséquent, ils ont y accédé par nomination directe. Ce
constat rejoigne parfaitement celui de Debiche (2001) lorsqu'il déclare
qu'une baisse importante de candidatures au poste d'IC est le résultat
d'un désinvestissement du personnel
52 d'encadrement des services de soins. Ce résultat mis
en question la motivation des lauréats de 2ème cycle
à occuper ce poste.
La perception de la fonction d'IC
La fonction d'IC est perçue par les lauréats de
2ème cycle comme étant une fonction
opérationnelle constituant l'interface entre l'administration,
l'équipe soignante et les patients. En plus, les lauréats de
2ème cycle pensent que l'IC est le premier responsable de la
gestion de l'unité de soins, puisque il représente
l'administration. Ce résultat confirme ce qui a été
rapporté par Jeans et Rowat (2004) « L'infirmier(e) chef est
une personne qui occupe un poste au premier niveau de gestion et qui dirige des
infirmières et des infirmiers (et d'autres employés) dispensant
des soins directs ». Ces résultats sont appuyés aussi
par les entretiens avec les responsables. De même Ponte (2007) avance que
le cadre d'exercice de l'infirmier chef engendre des responsabilités
dont il doit par ailleurs comprendre les mécanismes, afin de tout mettre
en oeuvre pour qu'il ne peut être mis en cause.
Le rôle de l'IC
La description des rôles de l'IC est
prédominée par la gestion des patients, la gestion des soins et
des RH. Alors que son rôle clinique et entant que coordinateur entre les
différentes logiques n'ont été
révélés qu'une seule fois. Ces résultats ont
circonscrit le rôle de l'IC dans le volet opérationnel comme le
stipule le RIH(2010) et le RI de CHIS (1993). Par ailleurs, les écrits
ont montré qu'en plus de ce rôle, l'IC assure un rôle
stratégique dont il participe aux choix organisationnels en tant que
porteur de vision et responsable d'objectifs de performance,
il agit comme moteur du changement en tant qu'accompagnateur de ceux
qui font le changement, et aussi comme pivot des communications en tant que
lien privilégié entre la direction et le terrain (l'Agence de la
santé et des services sociaux de Montréal, 2010).
53
Les facteurs influençant l'exercice de la fonction d'IC
Les facteurs institutionnels
a) La réglementation la présente
étude montre que les attributions de l'IC ne sont pas claires, en plus
de l'absence d'un statut qui délimite cette fonction. La population
à l'étude témoigne que malgré que la fonction d'IC
soit régie par le règlement intérieur de CHIS, ses
attributions ne sont pas opérationnelles. Ces lauréats de
2ème cycle ajoutent que le fait de ne pas avoir des fiches de poste
accentue l'ambiguïté de leurs attributions entant qu'IC. Ce
résultat s'accorde avec des études effectuées en France,
au Canada ainsi qu'au Maroc. Ces recherches révèlent que le flou
des textes législatifs oblige les IC à travailler dans
l'incertitude (Plaetevoet, 1999; Chauvancy, 2008; Thivet Griesmar, 2009). En
plus, dans la présente étude, un responsable témoigne que
le fait de continuer d'appeler l'IC par infirmier major influence
négativement sur l'exercice de cette fonction par les lauréats de
2éme cycle. Par contre, aucun écrit n'a
rapporté que l'appellation de l'IC influence cette fonction. Ce constat
peut être expliqué que dans les pays occidentaux l'IC est
appelé par ; cadre de santé, infirmier chef, cadre de
proximité... Mais au Maroc, malgré que dans les textes
réglementaires l'appellation d'infirmier major est changée par
infirmier chef, mais sur le terrain, cette dénomination de major est
encore fortement utilisée.
b) La formation en France, Thivet Griesmar (2009) a
souligné que la formation conduit le cadre de santé à
devenir un véritable gestionnaire des soins. Ce qui a été
confirmé par 50% de la population à cette étude, qui
déclarent avoir acquis des compétences au cours de la formation
de 2ème cycle. Cette déclaration a été
consolidée par les responsables interviewés dont 2/3 connaissent
bien le cursus de formation de 2ème cycle. Néanmoins,
un responsable conçoit que cette formation est très
théorique. De même, pour certains lauréats
interviewés, cette formation n'a d'apport sur le terrain que sur le plan
de la méthodologie de travail. Cette formation
54 ne permet d'acquérir que le savoir et non le savoir
faire. Parallèlement, d'autres auteurs, en France, critiquent la
qualité et l'adéquation de l'actuelle formation en institut de
formation des cadres de santé (Yahiel et Mounier, 2010). Les mêmes
auteurs ajoutent que les modules enseignés sont théoriques et
restent souvent au stade des principes et des concepts De même, Riendhalt
(nd) ajoute que la formation des cadres de la santé ne peut suffire en
elle-même à former des bons cadres, conformes aux attentes de la
fonction.
Les facteurs organisationnels
Villeneuve (2005) a montré que les facteurs
organisationnels exercent une influence prédominante sur l'exercice
managérial de l'IC. Parallèlement, les résultats de la
présente étude affirment que les caractéristiques de
l'unité de soins constituent un facteur agissant sur l'exercice de la
fonction d'IC par les lauréats de 2ème cycle. Cette
étude corrobore les écrits de plusieurs auteurs qui
considèrent les missions de l'IC complexes du fait qu'il exerce dans des
conditions défavorables (Montésinos, 2002; Jeans et Rowat, 2004;
Chauvancy, 2008; Vonau, 2008; Thivet Griesmar, 2009). Ces conditions sont
expliquées, selon la population à l'étude, par le manque
des ressources humaines et matérielles, le manque de soutien et
d'accompagnement de la part de la hiérarchie, en plus des exigences de
rentabilité de la part de l'administration et de la population. En
outre, la politique de rentabilité faire plus et mieux avec peu de
moyens et la perte des repères organisationnels engendrent une situation
de désengagement et de burn out chez les IC (FO, 2011). En plus, la
place de l'IC entant qu'interface entre l'administration et la population,
accentue ses responsabilités envers les deux logiques.
Une enquête réalisée par le CRISO (2008) a
confirmé que la majorité des cadres de santé se sentent en
situation de surcharge de travail. Pour la majorité des cadres de
santé, cette surcharge est liée à la difficulté de
se centrer sur les dimensions
55 essentielles de leur rôle (Chartier, Desjardins et
Gagnon, 2011). De même, deux participants à cette étude se
perçoivent surchargés par le travail, vu qu'ils exercent dans un
contexte qui souffre d'une pénurie en personnel infirmier. Un
responsable a soulevé que la fonction d'IC est
caractérisée par la charge de travail.
Certains lauréats de 2ème cycle ont
exprimé des difficultés dans leurs relations avec le chef
hiérarchique soit médical ou infirmier. Ils expliquent ce fait
par le pouvoir qui leur manque pour se positionner par rapport aux chefs
hiérarchiques. D'ailleurs, le fait d'avoir une triple ligne
hiérarchique, engendre une anarchie dans l'exercice de la fonction d'IC.
Ces révélations confirment les écrits de Desnouveaux
(1994), Plaetevoet (1999) et Montésinos (2002) qui affirment que le mode
de fonctionnement reste très hiérarchique et bureaucratique pour
les IC, par conséquent, la notion de contrôle est unanimement
ressentie comme pesante. Ainsi, le malaise des IC est une conséquence
des contraintes qu'ils subissent sous l'impact des hiérarchies
administratives et médicales.
Les participants à cette étude ressentent une
difficulté d'intégration au sein de l'équipe soignante
semblablement aux écrits de Mucchilli ( 1998) qui a
démontré que les deux parties s'accusent réciproquement,
ce qui place ces acteurs dans une situation conflictuelle et les rend
enfermés dans un cercle vicieux. Cette situation peut être
expliquée par une différence générationnelle du
fait que le personnel soignant infirmier a plus d'ancienneté que les
lauréats de 2ème cycle dont 83% ne dépasse pas
15ans d'ancienneté. En plus, le fait que le lauréat de
2ème cycle ne soit pas un membre de l'équipe soignante
renforce la résistance et donne à cette équipe un
sentiment d'insécurité et de méfiance.
Les facteurs professionnels
a) La responsabilité conformément aux
études précitées dans la revue de littérature, les
responsabilités grandissantes influencent l'exercice de la fonction
56 d'IC par les lauréats de 2ème
cycle. C'est pourquoi, ces derniers s'enfuient de cette fonction, afin qu'ils
n'assument pas des responsabilités accrues vis-à-vis des
équipes, de l'institution, de la profession, de la société
et surtout du malade. Les résultats de cette étude montrent que
par rapport à ses responsabilités l'IC ne bénéficie
d'aucun pouvoir. Ce constat a été évoqué aussi par
Montesinos (2002) : « les IC sont responsables de tout et n'ont
d'autorité sur rien ».
b) L'autonomie la plupart des lauréats
interviewés pensent qu'ils n'ont pas d'autonomie de prise de
décision. En plus, ils témoignent que les décisions qu'ils
prennent sont tributaires de la conception du chef de service. Ce qui confirme
que l'IC a une zone d'autonomie limitée en raison d'un contrôle
excessif des responsables hiérarchiques et d'un rôle mal
défini (Plaetevoet, 1999). Tandis qu'un participant à cette
étude a révélé que l'autonomie de l'IC est
dépendante de ses compétences et pas de l'autorité du chef
de service.
c) La reconnaissance Certaines études
rapportent que l'absence de la reconnaissance des efforts de l'IC de la part de
l'administration et le corps médical constitue un facteur
démotivant (Jeans et Rowat, 2004; Chauvancy, 2008; Thivet Griesmar,
2009). De même les résultats de la présente étude
montrent que la reconnaissance du travail de l'IC est insuffisante voir
absente. Alors, un participant avance que la reconnaissance de ses efforts de
la part de la hiérarchie constitue un facteur motivant. Ce qui est
appuyé par des auteurs qui affirment que la reconnaissance au travail
créant un sentiment de fierté, de plaisir et de motivation
(Lévy-Leboyer, 2001 ; Rivaleau, 2003). Donc, la reconnaissance peut
influencer, positivement ou négativement, l'exercice de cette
fonction.
Les facteurs individuels
a) La motivation Ducret (2005) a relaté dans son
étude que les cadres de santé relient leur motivation à la
reconnaissance par la hiérarchie de leurs efforts fournis.
57 Ce facteur a été soulevé
indirectement, par les lauréats de 2ème cycle
lorsqu'ils ont déclaré qu'ils n'ont accepté ce poste d'IC
qu'après une longue résistance. De même, les responsables
interviewés ont rapporté que le fait que les lauréats de
2ème cycle ne soient pas motivés ni engagés
dans ce poste d'IC, influence négativement sur l'avenir de cette
fonction. Ce qui concorde parfaitement avec les résultats de
l'étude réalisée par Saddam (2008) qui a conclut que cette
démotivation pose beaucoup de questions sur l'avenir de cette fonction.
En plus, dans la présente étude, un interviewé a
déclaré que l'exercice de la fonction d'IC ne
bénéficie que d'une faible, voire aucune, motivation
pécuniaire.
b) L'identité professionnelle malgré que
certaines études ont démontré que les IC vivent une
réelle crise identitaire (Chauvancy, 2008; Montésinos, 2002). Les
résultats de la présente étude n'ont pas soulevé
l'identité professionnelle comme facteur influençant l'exercice
de la fonction d'IC par les lauréats de 2ème cycle. En
effet, aucun participant n'a relevé que son profil de base influence sa
fonction.
c) Le leadership ce facteur n'a été
soulevé qu'en rapport avec le développement des
compétences des lauréats de 2ème cycle en
exerçant la fonction d'IC. Un responsable déclare que la
conception de leadership infirmier, soit chez le lauréat de 2ème
cycle soit chez son chef hiérarchique infirmier, influence d'une
façon déterminante le développement de ses
compétences entant qu'IC. Les lauréats de 2ème cycle
pensent que c'est difficile d'exercer le leadership entant qu'IC. Pareillement,
selon Jeans et Rowat (2004) les organisations sanitaires souffrent d'une
disette de leadership chez les IC. Par contre, les résultats de
l'étude réalisée par les associations des directions de
département infirmier12 (1994) affirment que l'IC est le
mieux placé pour devenir un auteur et/ou acteur de changement afin
d'améliorer en
12 Etude réalisée par ACN
(association catholique de nursing Belgique), FNIB (fédération
neutre des infirmières de Belgique) sur la charge de travail de
l'infirmière-chef
58 pratique la qualité et l'organisation des soins au
malade, le fonctionnement des services et l'image de marque de l'hôpital.
En somme, il est possible de conclure que le développement de leadership
infirmier au niveau de l'unité de soins influence l'exercice de la
fonction d'IC par les lauréats de 2ème cycle.
d) Les compétences Dans la présente
étude, la compétence des lauréats de 2ème cycle
entant qu'IC s'est considérée comme facteur déterminant
l'exercice de cette fonction. En effet, la majorité des participants sur
estiment leur compétences, ils pensent qu'ils ont des compétences
leur permis d'être au niveau stratégique. Ils ajoutent que c'est
très difficile de concrétiser leurs compétences au niveau
opérationnel. De même, ce résultat confirme celui de
Boyatzis (1982)13 lorsqu'il a identifié les
compétences du cadre comme facteur influençant son travail.
De plus, Jeans et Rowat (2004) ont ressorti dans leur
étude le leadership parmi les compétences les plus importantes
pour les chefs de la profession infirmière. Ce point a été
révélé dans la dite étude, lorsque les
lauréats de 2ème cycle pensent que c'est difficile
d'exercer le leadership entant qu'IC. Ce qui est consolidé par un
responsable qui a rapporté que le leadership influence d'une
façon déterminante le développement des compétences
chez le lauréat de 2ème cycle.
Les résultats des entretiens avec les responsables ont
ressorti aussi les compétences comme facteur. De telle façon,
qu'ils ont témoigné que les lauréats de 2ème cycle
IC sont compétents sur le plan de gestion. Ils ajoutent que
l'acquisition de ces compétences, surtout le savoir faire, dépend
des caractéristiques de l'unité de soins, du chef
hiérarchique et des caractéristiques personnelles du
lauréat du 2ème cycle. Ces propos trouvent leur explication chez
Jeans et Rowat (2004) qui ont cité quelques facteurs entravant ou
facilitant l'acquisition des compétences pour les IC ; un milieu de
travail favorable, des attentes claires et raisonnables, un équilibre
59 travail-vie, une charge de travail raisonnable,
l'accessibilité à des programmes de formation en gestion,
l'expérience....
e) La personnalité les entretiens ont ressorti
que la personnalité du lauréat de 2ème cycle influence
l'exercice de sa fonction entant qu'IC. Par contre, ce facteur n'a pas
été cité par les écrits en relation avec l'IC.
Toutefois, un ensemble de travaux en psychologie rapportent que les traits de
la personnalité influent indirectement sur la performance au travail. Le
lien entre la personnalité et la performance au travail montrent que
deux dimensions, la droiture et la stabilité émotionnelle, sont
positivement corrélées avec les différents types de
performance (Charles-Pauvers, Commeiras, Peyrat-Guillard et Roussel, 2006).
Synthèse de la discussion
Le contexte institutionnel et organisationnel dans le quel
exerce les lauréats de 2ème cycle entant qu'IC se
caractérise par la complexité. Le rôle et les attributions
mal définis de l'IC poussent ces acteurs à travailler dans
l'incertitude. Malgré qu'ils ont des compétences non
négligeables grâce à la formation qu'ils ont reçu,
il est nécessaire de signaler qu'ils trouvent des difficultés
à adapter leurs acquis qui ne répondent pas aux exigences de la
fonction. D'autant plus, les conditions organisationnelles au niveau des
unités de soins n'offrent pas aux lauréats de 2ème cycle
un environnement propice pour l'exercice de la fonction d'IC en exploitant les
savoirs acquis au cours de la formation. De même la triple
hiérarchie au quelle l'IC est soumis déstabilise ces cadres de
santé. Cette situation est accentuée par ses relations
fonctionnelles avec l'équipe soignante et la population qui se
caractérisent dans la plupart du temps par la conflictualité. De
plus, la position de l'IC entre ces trois logiques ; les chefs
hiérarchiques, l'équipe soignante et la population augmente ses
responsabilités et le place dans une situation
caractérisée par une surcharge de travail.
L'infirmier chef assume des responsabilités
grandissantes, mais il ne jouisse que d'une faible reconnaissance reliée
à une absence d'autonomie dans la prise des décisions. Get
état semble pour les lauréats de 2ème cycle
démotivant et retentit négativement sur l'attractivité de
cette fonction. De même les facteurs individuels des lauréats de
2ème cycle déterminent leur exercice de la fonction
d'IC. Les caractéristiques personnelles tel que la motivation,
l'engagement et les traits de personnalité, différent d'un
infirmier chef à un autre, ce qui engendre une dissimilitude dans la
gestion de l'unité de soins. Il faut noter aussi que la plupart des
participants à cette étude surestiment les compétences des
lauréats de 2ème cycle. Ils relient le
développement des compétences de ces acteurs entant qu'IC au
développement de leadership au niveau des unités de soins. En
somme le leadership et les compétences des lauréats de
2ème cycle agissent d'une façon déterminante
sur la fonction d'IC.
Les forces de l'étude
Gette étude présente autant de forces que de
limites ; (a) La premier étude traitant la fonction d'IC exercée
par les lauréats de 2ème cycle ; (b) Elle a mis en
focus la problématique de l'exercice de la fonction d'IC par les
lauréats de 2ème cycle ; (c) l'instrument de collecte
des données a permis aux participants d'exprimer leurs avis tout en
respectant l'anonymat; (d) l'étude a été fondée sur
des études théoriques et empiriques ; (e) Les résultats de
l'étude ont permis de proposer des recommandations
opérationnelles.
Les limites de l'étude
Gette recherche a présenté plusieurs limites (a)
l'ancienneté des participants entant qu'IC n'a pas permis d'avoir une
idée claire sur le contraintes et les facteurs influençant
l'exercice de cette fonction ; (b) l'utilisation d'un seul outil de collecte de
données ; (c) la non disponibilité de plusieurs responsables ce
qui a retenti sur la
61 durée de la collecte des données ; (d)
l'échantillon restreint et la limitation de l'étude au contexte
de CHIS, ce qui ne permet pas sa généralisation.
Recommandations
A la lumière des résultats de la dite étude,
des pistes d'amélioration ont
étéproposées, en tenant compte des suggestions
des participants.
Recommandations pour la formation
Revoir les modules dispensés au niveau de
2ème cycle afin de les adapter aux besoins du terrain et aux
exigences de l'environnement du travail ;
Créer une filière, en plus de la section SSS, au
niveau du département de 2ème cycle relative à la
formation des infirmiers chefs ;
Faire des études approfondies sur l'apport de la formation
de 2ème cycle soit au niveau opérationnel ou au niveau
stratégique ;
Organiser des portes ouvertes et des forums afin d'informer le
public sur le programme de formation des lauréats de
2ème cycle et leurs champs d'activités.
Recommandations pour la gestion et la pratique
Mettre en place une politique d'accompagnement des
lauréats de 2ème cycle, afin de faciliter leur
intégration dans l'exercice de la fonction d'IC ;
Instaurer un système de nomination au poste d'IC en se
basant sur l'appel à la candidature et en procédant à des
entretiens permettant d'évaluer les compétences et les aptitudes
du candidat ;
Elaborer et diffuser des descriptions de poste des IC, et
dynamiser le Référentiel des Emplois et de Compétences
(REC);
Clarifier le rôle des IC, en se référant
aux descriptions de postes et aux attributions de l'IC citées dans le
règlement intérieur de CHIS, à la lumière
desquelles il faut concevoir une fiche de poste commune pour tous les IC ;
Mettre en place un statut de la profession infirmière
définissant entre autres les responsabilités des infirmiers chefs
;
Créer au niveau de règlement intérieur de
CHIS, un statut pour les lauréats de 2ème cycle
définissant leurs missions et leurs fonctions ;
Instaurer des systèmes de reconnaissance et
récompense au profil des IC afin de motiver les lauréats de
2ème cycle de s'engager plus dans cette fonction ;
Organiser périodiquement des réunions des IC avec
le staff de SSI et les chefs de service, afin d'améliorer la
coordination entre les trois acteurs et déceler les dysfonctionnements
et les actions à prendre en commun dans les unités de soins ;
Recommandations pour la recherche
Refaire une étude similaire au niveau national, afin de
généraliser les résultats ;
Faire des études de la charge de travail des infirmiers
chef afin d'adapter les indemnités à la charge de travail
estimée.
Faire des études corrélationnelles des
différents facteurs influençant l'exercice de la fonction
d'infirmier chef par les lauréats de 2ème cycle.
Conclusion
Le bon fonctionnement des structures de santé, qu'elles
soient hospitalières ou ambulatoires, dépend largement de la
place des cadres de santé et de leurs compétences, qui sont
déterminantes tant pour la qualité des prestations offertes aux
patients qu'à la qualité d'encadrement de l'équipe
soignante. Cependant, malgré la vision de l'administration de
l'hôpital marocain à renforcer les unités de soins par des
infirmiers chefs qui ont suivi une formation diplomante, le poste d'infirmier
chef mérite encore une attention particulière de la part des
décideurs.
L'importance de cette fonction est bien claire, les attentes
des différents professionnels vis-à-vis de l'IC sont multiples,
en contre partie, les attentes de ce dernier et ses ambitions ne sont pas
toujours prise en considération. Ce qui pousse à poser beaucoup
de questions sur l'avenir de cette fonction.
La qualité de prise en charge des patients au niveau
des unités de soins est tributaire de développement de la
fonction d'infirmier chef. Ainsi, afin d'évoluer par cette fonction une
réflexion au niveau stratégique s'avère nécessaire
sur tous les volets déterminants de ce poste ; institutionnel,
organisationnel et professionnel.
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