4.3. UTILISATIONS DES PFNL DANS LES AFC
La majorité des paysans interviewés pensent que,
toutes les plantes, tous les organismes présents dans la
cacaoyère sont utiles, car il suffit d'en savoir l'utilisation. Les
arbres trouvés dans leurs parcelles procurent prioritairement l'ombrage
aux cacaoyers, un supplément alimentaire au ménage, les produits
médicinaux et des services divers. Cette observation s'est
vérifiée dans la mesure où les utilisations de la
même espèce différaient dans la même région et
parfois dans le même village. Les espèces végétales
trouvées dans les AFC sont principalement utilisées comme source
d'alimentation, plantes médicinales, aphrodisiaques et dans les services
divers.
La figure 3 présente les proportions des
différentes utilisations des PFNL dans l'ensemble des 3 régions
et dans la zone d'étude. Il apparaît sur cette figure que, quelle
que soit la région, l'alimentation constitue l'utilisation majeure des
PFNL dans les AFC. On remarque aussi que les proportions de cette utilisation
décroissent progressivement de la Lékié à la Mvila
avec les valeurs de 55 %, 44 % et 42 % respectivement à Okola, Mfou et
Ebolowa. Ceci pourrait s'expliquer par le fait de la pression
démographique et de la proximité du grand marché de
Yaoundé qui amène les paysans de la Lékié à
conserver sur leurs parcelles des plantes rentables tant pour le ménage
que pour la commercialisation. L'usage alimentaire est suivi de l'usage
médicinal (37 %) dans l'ensemble de la zone d'étude. Ce taux
montre que les paysans, face à la pauvreté, ne peuvent pas
couvrir leurs besoins sanitaires dans les structures conventionnelles qui sont
relativement chers par rapport à leur
pouvoir d'achat. Ils prélèvent ainsi les plantes
médicinales dans leurs champs en fonction des propriétés
qu'ils maîtrisent. Ces deux utilisations majeures sont suivies par les
aphrodisiaques et les services divers.
Okola
7% 4%
34%
55%
Alimentaire Médicinal
Service Aphrodisiaque
Ebolowa
19%
42%
37%
2%
Alimentaire Médicinal
Service Aphrodisiaque
Mfou
14%
2%
44%
40%
Alimentaire Médicinal
Service Aphrodisiaque
Zone d'étude
14%
46%
37%
3%
Alimentaire Médicinal
Service Aphrodisiaque
Figure 3 : Principales utilisations des PFNL par site
et dans la zone d'étude.
Le taux relativement élevé des services dans les
régions de Mfou et Ebolowa par rapport à la région d'Okola
s'expliquerait par la richesse relative de ces zones en plantes locales qui se
justifie par le faible taux de dégradation de la
végétation naturelle. La région de Mfou présente
des caractéristiques intermédiaires entre les deux zones
extrêmes. Les annexes 5 et 6 présentent le nombre de
relevés et la fréquence des utilisations des espèces
productrices des PFNL en fonction des types végétaux.
Le tableau XV suivant résume le rapport entre les
utilisations des PFNL et les types végétaux. Il confirme un peu
les observations faites ci-dessus. Ce tableau montre encore que l'usage
thérapeutique constitue la principale utilisation des PFNL dans les
agroforêts à base de cacaoyers, soit 66,41 % des espèces
inventoriées suivi respectivement par les services (32,29 %),
l'alimentaire
(28,39 %) et enfin les plantes stimulantes (5,47 %). Quel que
soit le type végétal, l'usage alimentaire vient en
troisième position. Ceci ne corrobore pas la conclusion de Tchatat
(1996) qui dit que le cortège floristique des jardins de case est
composé en majorité d'espèces alimentaires. Une analyse de
chaque type végétal montre que cette tendance est
respectée pour les arbres et les herbes inventoriées.
Tableau XV : Relation entre les types
végétaux et les utilisations des PFNL
Utilisations
|
Arbres
|
Arbustes
|
Lianes
|
Herbes
|
Total
|
|
espèces
|
%
|
espèces
|
%
|
espèces
|
%
|
espèces
|
%
|
espèces
|
%
|
Alimentation
|
80
|
34,19
|
4
|
25,00
|
10
|
19,61
|
15
|
18,07
|
109
|
28,39
|
Médicinal
|
136
|
58,12
|
9
|
56,25
|
44
|
86,27
|
66
|
79,52
|
255
|
66,41
|
Service
|
85
|
36,32
|
11
|
68,75
|
9
|
17,65
|
19
|
22,89
|
124
|
32,29
|
Aphrodisiaques
|
15
|
6,40
|
1
|
6,25
|
3
|
5,88
|
2
|
2,41
|
21
|
5,47
|
Total
|
234
|
|
16
|
|
51
|
|
83
|
|
384
|
|
En revanche, l'analyse des arbustes montre que les services
priment sur les usages médicinaux et alimentaires. Pour les lianes,
l'utilisation médicinale vient en première position (86,27 % des
espèces), suivie par l'alimentaire (19,61%), les services (17,65 %) et
les aphrodisiaques (5,88 %). La particularité des arbustes se situe au
fait que les proportions des autres utilisations ne sont pas
négligeables. Ceci suggère que les arbustes soient les types
végétaux les plus polyvalents dans les AFC ; leur conservation
dans les cacaoyères par les paysans ne relève pas du hasard.
L'utilisation seconde des herbes est alimentaire. Ces chiffres confirment les
conclusions de la majorité des auteurs (Tchatat, 1996 ; Van Dijk, 1999 ;
Sonwa et al., 2001a ; Mbolo, 2002 ; etc.) qui pensent que les
PFNL sont des sources alimentaires et médicinales, des services divers
et procurent des revenus aux populations locales (Ndoye et al., 1998).
Les aphrodisiaques se recrutent plus parmi les lianes et les arbustes. Le taux
relativement faible des services s'expliquerait par le fait que les paysans
pour subvenir à leurs besoins ont souvent recours aux ressources
provenant des autres écosystèmes tels que les jachères, la
forêt secondaire voire même la forêt primaire. La peur de la
destruction des pieds de cacaoyer qui pourrait résulter de la chute des
arbres expliquerait également ce faible taux.
4.3.1 Plantes al imenta ires des Agroforats a base de
cacaoyers
Les plantes alimentaires des AFC produisent principalement les
fruits de bouche ou fruits consommés directement sans cuisson tels que
(Persea americana, Dacryodes edulis, Mangifera indica Citrus spp.
Trychoscypha spp., Irvingia gabonensis, etc.), les condiments et
épices
(Ricinodendron heudelotii, Irvingia gobonensis, Piper
guineense, Tetrapleura tetraptera, etc.), les légumes (Vernonia
amygdalina, Hilleria latifolia, Crassocephalum biafrae), des boissons
(Elaeis guineensis, Musanga cecropioides, Tetracera sp.), certaines
sont utilisées dans la fermentation du vin de palme (Garcinia kola,
Garcinia lucida, Paulinia pinnata), d'autres sont des hôtes des
chenilles comestibles.
4.3.1.1 Les arbres fruitiers
Les données d'inventaire révèlent 32
espèces différentes d'arbres fruitiers identifiés dans
toute la zone d'étude soit, 26 espèces dans la région
d'Ebolowa, 24 espèces à Mfou et 22 dans la région
d'Okola.
Une analyse spécifique de ces données montre
que, Dacryodes edulis, Persea americana Mangifera indica, Elaeis
guineensis, Citrus sinensis, Citrus reticulata et Cola acuminata sont les
espèces domestiquées les plus fréquentes dans les AFC.
Concernant les Fruitiers locaux, Myrianthus arboreus, Irvingia gabonensis,
Trychoscypha acuminata et vitex grandifolia sont les plus
fréquents. Ces données montrent que 66,58 %, 78,88 %, 89,88 % et
79,38 % des arbres fruitiers sont introduits respectivement dans les
régions d'Ebolowa, Mfou, Okola et l'ensemble de la zone d'étude,
contre 33,42 %, 21,12 %, 10,12 % et 20,62 % pour les arbres fruitiers locaux.
Ces chiffres montrent qu'en général les arbres fruitiers
trouvés dans les AFC sont en majorité introduits. La
région d'Okola apparaît comme une zone où les cacaoculteurs
ont intégré l'habitude de la plantation des arbres par rapport
aux autres régions. Ceci pourrait s'expliquer par le manque de terre, la
densité de la population et L'accès relativement facile au
marché de Yaoundé qui amènent les paysans à
intensifier leur production.
|
|