3.2 Différents acteurs oeuvrant dans le secteur
agricole
Etant donné que notre étude a porté sur
la déforestation de la réserve de biosphère de Luki, les
activités concernées par notre étude sont certes
l'agriculture, la carbonisation, le sciage de long, la chasse et la
cueillette.
Quant à l'agriculture, nous avons identifié les
différents acteurs oeuvrant dans ce secteur et les avons
catégorisé selon leur statut.
Il ressort que parmi eux, il y avait des métayers,
simples paysans ainsi que des ayant-droits. En effet, le tableau 3 expose les
catégories d'acteurs par village.
19
Tableau 3 : Catégorisation des
agriculteurs (planteurs) par village
Villages
|
Catégorie des planteurs
|
Mét1
|
Spay2
|
Adr3
|
MONZI I
|
2
|
4
|
-
|
MONZI II
|
-
|
7
|
-
|
NGAKA
|
-
|
5
|
-
|
KITSHAKATA
|
-
|
6
|
-
|
KIMUNFU
|
-
|
5
|
1
|
Total
|
30
|
Légende :
1métaye ;
2simple paysan ;
3ayant-droit
Comme peut le témoigner le Tableau 3, les
métayers et les ayant-doits enquêtés sont moins nombreux et
ne représentent à peine que 1/10 de simples paysans.
3.3 Activités de la population locale
La population vivant dans et autour de la réserve de
biosphère de Lukirecourent principalement à
l'agriculture, à la carbonisation, à la chasse, au sciage de long
et la cueillette pour survivre.
Le tableau 4 illustre toutes les activités courantes de
nos enquêtés. Tableau 4 : proportion des
enquêtés impliqués dans les différentes
activités
Villages
|
Activités réalisées
(%)
|
Agr1
|
Carb2
|
Chs3
|
Scl4
|
Cueil5
|
MONZI I
|
16,6
|
0,0
|
3,3
|
0,0
|
0,0
|
MONZI II
|
23,3
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
NGAKA
|
16,6
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
KITSHAKATA
|
20,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
KIMUNFU
|
16,6
|
0,0
|
3,3
|
0,0
|
0,0
|
Total
|
93,4
|
0,0
|
6,6
|
0,0
|
0,0
|
Légende: 1Agriculture ;
2 Carbonisation ; 3 Chasse ; 4
Sciage en long ; 5 Cueillette
Les personnes ayant fait l'objet de notre enquête sont
essentiellement des planteurs représentant jusqu'à concurrence de
93,4% contre 6,6% des chasseurs sur l'ensemble des cinq secteurs
d'activités identifiées.
Cependant, la carbonisation, le sciage en long et la
cueillette ne sont pas négligés par cette population locale bien
qu'il n' y a absolument aucun chiffre disponible pour chacune de ces trois
activités. En d'autres termes, la population locale pratique aussi bien
la carbonisation, le sciage en long que la cueillette mais malheureusement,
aucun acteur de ces trois secteurs n'a été identifié lors
de notre enquête sous peine d'être traduit en justice selon leur
conception.
Pourtant, nous avons enregistré beaucoup de produits
forestiers entre autres la braise, le bois de chauffe, les animaux issus de la
chasse et les planches à chaque visite des différents villages
longeant la route asphaltée Boma-Matadi.
D'ailleurs, les informations recueillies sur place ont pu
révéler que la plupart de carbonisateurs utilisent
généralement les essences précieuses telles que
Terminalia superba (Limba), Prioria balsamifera (Tola),
Gilbertiodendron mayombense (Posa), Milicia excelsa (Iroko),
etc....
Malgré l'interdiction formelle de WWF et de l'INERA,
plusieurs points de vente des gibiers se situent actuellement aux abords
immédiats de la réserve, principalement le long du tronçon
routier Kinzao-Mvuete-Manterne. Une véritable économie
cynégétique cesse de se développer aux alentours de la
réserve. Les scieurs de long, clandestins, sont nombreux et ceux des
enclaves exercent leurs activités voire même dans la
réserve et pourtant les limites sont très connues.
Il est nécessaire de connaître la superficie
utilisée par tous les acteurs du secteur agricole mais nous signalons
avant tout que les ayant-droits ont été indemnisés par les
autorités coloniales à la création de la réserve en
1937 tout en délimitant la superficie leur octroyée tandis que
les métayers ont bénéficié des étendues de
la part de l'INERA.
Signalons par la suite que les métayers et ayant-droits
sont mis en ensemble (regroupés) pour déterminer la part qui leur
revient car soit disant que les simples paysans recourent
généralement au fermage auprès de ceux-ci. D'où, le
tableau 5 en expose l'historique.
21
Tableau 5 : Superficie utilisée par les
acteurs du secteur agricole
Village
|
Superficie octroyée et cultivée (ha)
|
Simples paysans
|
Métayers et Ayant-droits
|
MONZI I
|
5,5
|
25,0
|
MONZI II
|
17,5
|
0,0
|
NGAKA
|
6,5
|
60,0
|
KITSHAKATA
|
7,0
|
0,0
|
KIMUNFU
|
11,0
|
10,0
|
Moyenne/personne
|
1,8
|
23,7
|
En ce qui concerne la superficie octroyée ou
utilisée, les quatre métayers et ayant-droits
enquêtés ont chacun en moyenne 23,7 ha tandis que les vingtquatre
simples paysans enquêtés ont en moyenne 1,8 ha à chacun.
Ces derniers recourent, disaient-ils, au fermage auprès des
métayers et ayant-droits pour leur survie.
En plus de nos préoccupations ci-haut
énumérées pour le secteur agricole, il nous a
impérativement paru utile de savoir également auprès de
nos enquêtés de ce secteur le type d'agriculture pratiquée
pour vérifier réellement si celle-ci est à la fois
itinérante et sur brûlis ou non. Le tableau 6 décrit le
type d'agriculture pratiquée au niveau de la réserve.
Tableau 6 : Type d'agriculture pratiquée
par la population enquêtée.
Villages
|
Type d'agriculture pratiquée (%)
|
Itinérante sur brûlis
|
Itinérante sans brûlis
|
MONZI I
|
17,8
|
0,0
|
MONZI II
|
17,8
|
7,0
|
NGAKA
|
17,8
|
0,0
|
KITSHAKATA
|
21,4
|
0,0
|
KIMUNFU
|
17,8
|
3,5
|
Total
|
93
|
7
|
Il ressort du tableau 6 que 93 % de nos enquêtés
font l'agriculture itinérante sur brûlis tandis que 7 % seulement
d'entre eux recourent à l'agriculture itinérante sans
brûlis. Leurs productions principales sont la banane, le maïs,
l'arachide, le manioc, l'igname.
Les cultures de maïs, arachide, manioc et ignames sont
faites dans un même champ après défrichage puis
brûlage tandis que le bananier est séparément
cultivé sans pratique du brûlis.
Ces résultats nous permettent de conclure que ce mode
d'exploitation agricole contribue à la déforestation et au
réchauffement climatique global en facilitant la fuite de carbone dans
l'atmosphère comme l'estime la FAO (1992). Une solution
complémentaire devrait être trouvée en vue de
détourner la population locale de ses anciennes pratiques.
|
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